- Auteur : Karen Traviss
- Illutration de Jason Felix & David Stevenson
- Format : Hardcover (VO) - Poche (VF)
- Date de parution : 29 Mai 2007 (VO) - 10 Décembre 2009 (VF)
- Nombre de pages : 367
- Numéro ISBN : 0345477405 (VO) - 2265087742 (VF)
- Prix : 25,95$ (VO) - 8,90 € (VF)
La quatrième de couverture est disponible
ici.
Pour apporter la paix et l’ordre dans la galaxie, Jacen Solo est prêt à sacrifier n’importe quoi… ou n’importe qui. Désormais, le moment de choisir est venu. La Guerre Civile fait rage alors que l’Alliance Galactique menée par Cal Omas et Luke Skywalker affronte Corellia et les planètes rebelles qui ont pris parti pour elle. Han et Leia Solo sont toujours en fuite et suspecté de meurtre, poursuivi par leur propre fils dont les méthodes de plus en plus autoritaires à la tête de la Sécurité de l’Alliance Galactique amènent Luke et Mara Skywalker à craindre qu’il plonge vers le Côté Obscur.
Tout ce que Jacen souhaite est la paix pour tous et il est prêt à tout pour ça. Alors que sa famille voit en lui un nouveau Dark Vador qui se profile, les troupes et les citoyens l’adorent. Mais pour mettre fin au bain de sang, quel sacrifice peut être trop grand ? C’est la question qui obsède Jacen qui a déjà beaucoup concédé pour suivre les enseignements de Lumiya. Malgré cela, il lui reste un dernier test à subir avant d’accéder au véritable pouvoir d’un Seigneur Sith. Il ne craint pas d’assassiner, il s’est préparé pour cela. En revanche, l’identité de la personne qu’il devra sacrifier le trouble au plus au point.
Alors que les fils de la destinée se resserrent, les décisions qui seront prises vont briser pour toujours des familles et projeter une ombre menaçante sur le futur.
Ben Skywalker, Officier Junior de la
Garde de l'Alliance Galactique (humain)
Boba Fett;
Mandalore et chasseur de primes préretraité (humain)
Cal Omas; Chef d'Etat,
Alliance Galactique (humain)
Cha Niathal; Amirale de l'Alliance Galactique (femelle Mon Calamari)
Dinua Jeban; Soldat Mandalorien (humaine)
Dur Gejjen; Premier Ministre de Corellia (humain)
Ghes Orade; Soldat Mandalorien (humain)
Goran Beviin; Soldat Mandalorien (humain)
Jacen Solo; Chevalier Jedi (humain)
Jaina Solo; Chevalier Jedi (humaine)
Jori Lekauf; Caporal de la Garde de l'Alliance Galactique (humain)
Leia Organa Solo; Chevalier Jedi, Copilote du
Faucon Millenium (humaine)
Lon Shevu; Capitaine de la Garde de l'Alliance Galactique (humain)
Luke Skywalker; Grand Maître Jedi (humain)
Lumiya, Dame Noire des Sith (humaine)
Mara Jade Skywalker; Maître Jedi (humaine)
Medrit Beviin; Soldat Mandalorien (humain)
Mirta Gev; Chasseuse de Primes, Petite-fille de
Boba Fett (humaine)
Novoc Vevut; Soldat Mandalorien (humain)
- Sur la 4ème de couverture :
Pour apporter la paix et l’ordre à une galaxie en guerre, Jacen est prêt à sacrifier n’importe quoi… ou n’importe qui. Désormais, le moment du choix est venu.
Chapitre Un
Il choisira le destin des faibles.
Il vaincra et brisera ses chaînes.
Il choisira comment il sera aimé.
Il se renforcera par le sacrifice.
Il créera un animal de compagnie.
Il se renforcera par la douleur.
Il équilibrera la paix et le conflit.
Il connaîtra la fraternité.
Il se recréera lui-même.
Il immortalisera son amour.
- « Thèmes Communs des Prophéties Enregistrés dans la Symbologie des Fanions Tissés, » par le Docteur Heilan
Rotham, Université des Etudes Culturelles Pangalactiques. Appel aux études : l’université accepte les soumissions des khipulogistes et des analystes d’enregistrements sur fibres sur le sujet des fanions de l’Artefact de Lorrd demeurant non traduits.
Sphère de méditation Sith, en route pour Coruscant
C’était bizarre d’avoir à faire confiance à un vaisseau. Ben Skywalker était seul dans le vaisseau qu’il avait trouvé sur Ziost, lui faisant confiance pour comprendre qu’il souhaitait qu’il le ramène à la maison. Pas d’instruments de navigation, pas de contrôles, pas de siège de pilotage… rien. A travers les cloisons, il pouvait voir les étoiles comme de faibles points de lumière, mais il avait arrêté d’être dérangé par la transparence du vaisseau. La coque était là. Il pouvait la voir et ne pas la voir. Il sentait qu’il était au cœur d’une gemme fantomatique rouge poursuivant son chemin vers le noyau.
Et il n’y avait pas de manche ou d’outil de contrôle physique, il devait donc penser ses ordres. Le vaisseau étrange, plus une boule de pierre rouge brute qu’un véhicule sorti d’un chantier, répondait à la Force.
Ne peux-tu pas aller plus vite ? Je serais devenu un vieil homme d’ici qu’on arrive.
Le vaisseau se sentit instantanément ennuyé. Ben écouta. Dans son esprit, le vaisseau lui parla dans une voix masculine qui n’avait ni son ni forme réelle, mais il parla : et il n’était pas amusé par son impatience. Il lui montra de violents traits de lumière provenant d’un point central dans le vide noir, la vision qu’a un pilote de l’hyperespace, puis une explosion.
« D’accord, donc tu vas aussi vite que tu peux… » Ben sentit la brève satisfaction du vaisseau face à la compréhension de son idiot de pilote. Il se demanda qui l’avait construit. Il était difficile de ne pas penser à lui comme à quelque chose de vivant, comme les vaisseaux Yuuzhan Vongs, mais il s’arrêta à le considérer comme un droïde, un artefact avec une personnalité et, oui, des émotions. Comme Shaker.
Désolé, Shaker. Désolé de te laisser pour tenter de comprendre tout ça.
Le droïde astromécano s’en sortirait bien, il le savait. Ben l’avait laissé sur Drewwa. C’était là d’où venait Shaker, comme Kiara, et ainsi ils étaient tous les deux à la maison désormais. Les astromécanos étaient de bonnes unités, fiables et sensibles, et Shaker la conduirait à quelqu’un pour prendre soin d’elle, pauvre gosse…
Son père mort et sa vie fichue. Ils avaient juste été utilisés pour m’attirer sur Ziost afin que quelqu’un essaye de me tuer. Pourquoi ? M’étais-je d’ores et déjà fais tant d’ennemis ?
Le vaisseau se sentit irrité de nouveau, laissant l’impression à Ben qu’il était en train de se plaindre, mais il ne dit rien. Ben n’aimait pas voir ses pensées examinées. Il fit un effort conscient pour contrôler son esprit vagabondant. Le vaisseau comprenait sa volonté, exprimée ou non, et il n’était pas sûr de quelles pourraient en être les conséquences. Pour l’instant, il se sentait envahi, et le soulagement de trouver le vaisseau ancien et de parvenir à s’échapper de Ziost avec avait laissé la place à la crainte, à la colère et au regret.
Et à l’impatience. Il avait un comlink, mais il ne voulait pas faire connaître sa présence au cas où d’autres vaisseaux le poursuivraient. Il en avait détruit un. Cela ne signifiait pas qu’il n’y en avait pas d’autres.
L’Amulette n’était pas si importante, alors pourquoi suis-je devenu une cible ?
Le vaisseau n’irait pas plus vite s’il avait un siège et un manche pour s’occuper, mais il ne se sentirait pas si perdu. Il pouvait presque entendre Jacen lui rappeler que l’habilité physique était fréquemment déplacée, et qu’il avait besoin de développer une meilleure discipline mentale pour se placer au dessus de l’agitation. Un esprit non apaisé n’était pas réceptif, disait-il.
Ben étendit ses jambes pour débloquer un genou endolori, puis se réinstalla jambes croisées afin d’essayer de méditer. Cela allait être un long voyage.
Les cloisons et la coque étaient d’une teinte ambrée vivace, et de temps en temps, les surfaces semblaient brûler d’un feu contenu au sein des matériaux. Quiconque l’avait construit avait une obsession à propos des flammes. Ben tenta de ne pas penser aux flammes au cas où le vaisseau l’interpréterait comme un ordre.
Mais il n’était pas si stupide. Il pouvait presque penser à sa place.
Il chercha dans sa tunique et sentit l’Amulette, cette chose stupide et sans valeur qui ne semblait pas un instrument détenant un grand pouvoir Sith après tout, juste une pierre de bel aspect que le père de Kiara devait livrer. Maintenant, cet homme était mort, à cause de Ben, et le pire était que Ben ne savait pas pourquoi.
J’ai besoin de trouver Jacen.
Jace n’était pas stupide non plus, et il était difficile de croire qu’il avait été dupé à propos de l’Amulette. Peut-être était cela faisait-il partie d’un plan plus large, et si c’était le cas Ben espérait qu’il valait la vie de Faskus et la misère de Kiara.
C’est ma mission : placer l’Amulette de Kalara entre les mains de Jacen. Rien de plus, rien de moins.
Jacen pouvait être n’importe où en ce moment : dans ses bureaux de Coruscant, en première ligne d’une bataille quelconque, chassant des individus subversifs. Peut-être que ce vaisseau contrôlé par la Force pouvait-il s’en servir pour le localiser. Il serait aux holo-infos. Il l’était toujours : Colonel Jacen Solo, Chef de la Garde de l’Alliance Galactique, héros public omniprésent repoussant les menaces de la galaxie. D’accord, je m’apitoie sur mon sort. Arrête ça. Il ne pouvait pas poser ce vaisseau sur une avenue de Coruscant et aller s’en aller comme si c’était juste un chasseur TIE qu’il avait récupéré. Les gens poseraient des questions embarrassantes. Il n’était même pas sûr de ce que c’était. Et cela signifiait que c’était à Jacen de le déterminer.
« D’accord, « dit Ben à voix haute. « Peux-tu trouver Jacen Solo ? As-tu un moyen de scanner les comlinks ? Peux-tu le trouver dans la Force ? »
Le vaisseau suggéra qu’il devrait être capable de le faire lui-même. Ben se concentra sur le visage de Jacen dans son esprit, et essaya de visualiser le Anakin Solo, ce qui fut plus difficile qu’il ne le pensait.
Le vaisseau sphère sembla l’ignorer. Il ne pouvait sentir sa voix, même lorsqu’il ne s’adressait pas à lui ou ne réagissait pas à lui, il y eu un faible bruit de fond dans son esprit qui lui donna l’impression que le vaisseau était en train de fredonner, comme quelqu’un occupé avec une tâche répétitive.
« Peux-tu le faire ? » S’il ne peut pas, j’essaierais de le faire atterrir dans la base du GAG en croisant les doigts. « Tu ne veux pas que les ingénieurs de l’Alliance Galactique te démonte autour avec des hydrospanners, je parie. »
Le vaisseau lui dit d’être patient, et qu’il n’avait rien qu’un hydrospanner puisse démonter de toute façon.
Ben s’occupa en essayant de localiser Jacen avant le vaisseau. Mais l’astuce de Jacen pour se cacher dans la Force était devenue permanente, Ben découvrit qu’il était impossible de le traquer à moins qu’il veuille être trouvé, et au moment présent il n’y avait aucune trace de lui, ni un soupir ni un écho. Ben pensa avoir plus de chance en persuadant le vaisseau de passer en revue les canaux des holo-infos, ou alors il était tellement vieux qu’il ne disposait pas de la technologie pour trouver ces fréquences.
Ah, dit le vaisseau.
L’esprit de Ben fut envahi par une intense sensation de découverte. Le vaisseau est sortit de l’hyperespace un instant et a semblé scanner les alentours, puis il sembla qu’il avait trouvé quelque chose. Le champ d’étoiles, visible d’une certaine manière, même à travers la coque rocheuse, était toujours là. Il se déplaça à mesure que le vaisseau changeait de trajectoire et passait de nouveau dans l’hyperespace. Il irradiait une certaine satisfaction joyeuse, presque… de l’excitation.
« Tu l’as trouvé ? »
Le vaisseau répondit qu’il avait trouvé ce qu’il recherchait. Ben décida de ne pas s’engager dans une discussion sur la manière dont il a pu trouver un Jacen masqué dans la Force.
« Bien, fais-moi savoir quand on sera à une distance de dix milles klicks, » dit Ben. « Je pourrais me risquer à utiliser le comlink à ce moment là. »
Le vaisseau ne répondit pas. Il fredonna joyeusement pour lui-même, silencieux mais remplissant l’esprit de Ben avec d’anciennes harmonies d’un genre qu’il n’aurait jamais imaginé entendre sous forme de sons.
Cabine du Colonel Jacen Solo, Star Destroyer Anakin Solo, déplacement en direction de 000-Coruscant par le système Construum
Personne parmi l’équipage de l’Anakin Solo ne semblait trouver surprenant que le vaisseau effectue un extraordinaire détour pour rentrer à Coruscant.
Jacen ressentait une patience résignée générale. C’est ce qu’ils attendaient du responsable de la Garde de l’Alliance Galactique, et ils ne posaient pas de questions. Il sentait également Ben Skywalker, et la moindre parcelle de sa concentration était requise pour se focaliser sur son apprenti et le localiser.
Il va bien. Je le sais. Mais quelque chose ne s’est pas passé comme prévu.
Jacen se focalisa sur un point de lumière bleue situé sur la coque. Il sentit Ben dans un coin de son esprit à la manière dont on sent une odeur familière mais difficile à cerner, d’un genre clairement distinct au point d’être immanquable. En bonne santé, vivant, mais quelque chose ne collait pas. La perturbation dans la Force, une irritation au fond de sa gorge qu’il n’avait jamais ressenti auparavant, rendait Jacen anxieux, ces derniers temps il n’appréciait pas les éléments inconnus. C’était un contraste fort avec l’époque où il vagabondait dans la galaxie à la recherche d’ésotérisme et de mystère au service d’une meilleure connaissance de la Force. Récemment, il voulait de la certitude. Il voulait de l’ordre, et un ordre qu’il construisait lui-même.
Je ne dirigeais pas une galaxie chaotique à l’époque. Les temps ont changé. Je suis responsable de mondes entiers désormais et plus seulement de moi-même.
La mission de Ben a du l’amener… où exactement ? Ziost. Localiser un garçon de quatorze ans, même pas un vaisseau, cinquante-cinq kilos d’humanité dans le large corridor de la Route Commerciale Perlermienne était une gageure, même avec l’aide de la Force.
Il a un comlink sécurisé. Mais il ne l’utilisera pas. Je lui ai appris à conserver les transmissions à un niveau minimal. Mais Ben, si tu es en danger, tu dois briser le silence…
Jacen attendit, cherchant au-delà des écrans et des affichages qui reflétaient ceux des consoles d’opérations au cœur du vaisseau. Il avait commencé à perdre l’habitude d’attendre que la Force lui apporte des révélations. C’était difficile à faire après avoir autant pris les choses en mains et forcé le destin ces derniers mois.
Quelque part à bord de l’Anakin Solo, il sentit la présence de Lumiya, comme un remous tourbillonnant et érodant les berges d’une rivière. Il se laissa aller et magnifia sa présence dans la Force.
Ben… Je suis là Ben…
Plus Jacen laissait la Force l’emporter – et c’était désormais dur de se laisser aller et emporter, bien plus dur que de mobiliser son pouvoir – plus il sentait Ben l’accompagner. Puis… puis il eu l’impression que Ben le recherchait.
Il avait quelque chose avec lui. Ce ne pouvait être l’Amulette bien sûr. Il serait énervé que je l’aie envoyé faire un exercice au milieu d’une guerre. Il faudrait que je lui explique très, très prudemment.
C’était devenu difficile de le soustraire à l’influence de Luke et Mara récemment, de lui donner de l’espace pour s’épanouir. Ben n’était plus le fiston des Skywalker désormais. Il prendrait la suite de Jacen un jour, et ce n’était pas une responsabilité pour un enfant trop protégé que l’on n’aurait jamais laissé se tester loin de l’ombre envahissante de son Grand Maître Jedi de père.
« Arrêt total. » Le pont était plongé dans la pénombre, éclairé par la lueur de faibles lumières vertes et bleues produites par l’affichage de rapports sur le statut du vaisseau qui rendaient blafards les visages d’un équipage soigneusement choisi et totalement loyal. Jacen marcha jusqu’à la baie d’observation principale et fixa les étoiles comme s’il pouvait voir quelque chose. « Gardez cette position. Nous attendons… un vaisseau, je pense. »
Le Lieutenant Tebut, l’officier de garde sur le pont, jeta un regard à la console sans réellement lever sa tête. Cela lui donnait un air de désapprobation, mais c’était simplement une habitude. « Si vous pouviez préciser ceci, sir… »
« Je ne sais pas quel genre de vaisseau, » dit Jacen, « mais je le saurais quand je le verrais. »
« Comme vous le souhaitez, sir. »
Ils attendirent. Jacen était conscient de la présence de Ben, de manière bien plus précise et intense maintenant, de l’humeur générale de routine dans le vaisseau, et de l’impression sous-jacente d’agitation propre à Lumiya.
Tebut porta son doigt à l’oreille comme si elle entendait quelque chose dans son oreillette. « Vaisseau non identifié sur une trajectoire d’interception. A dix mille kilomètres hors de portée du faisceau de bâbord »
Un signal de lumière jaune se déplaça au milieu de la constellation de marqueurs de couleurs de l’holo-moniteur. La trace était petite, peut-être la taille d’un chasseur, mais c’était un vaisseau s’approchant rapidement. »
« Je ne sais pas exactement ce que c’est, sir. » L’officier semblait nerveux. Jacen fut momentanément troublé de penser qu’il inspirait désormais la peur sans raison apparente. « Il ne correspond à aucune signature de chaleur ou profil de pilotage que nous possédons. Aucune indication sur son armement. Aucun signal de transpondeur non plus. »
C’était un petit vaisseau face à un Star Destroyer. Plus qu’une menace, c’était surtout une curiosité. Mais Jacen ne considérait rien comme acquis, il y avait toujours des pièges. Cela ne semblait pas être le cas, mais il ne pouvait toujours pas identifier cette autre présence qu’il sentait. « Il ralentit, sir. »
« Informez-moi dès que vous avez un visuel. » Jacen pouvait presque sentir la localisation du vaisseau et pensa un instant positionner le Anakin Solo afin de pouvoir voir le vaisseau devenir un point dans la réflexion de la lumière de l’étoile de Contruum, avant de s’agrandir en une forme reconnaissable. Mais il n’en avait pas besoin, le système de repérage lui donna une meilleure vue. « Préparez les canons mais n’ouvrez pas le feu sauf sur mon ordre. »
« Contact à portée visuel, sir. » Tebut semblait soulagé. L’écran rafraîchi son image, passant d’une vue schématique à une image réelle qu’uniquement Jacen et elle pouvaient voir. Elle passa son doigt sur le transparacier. « Bon sang, c’est Yuuzhan Vong ? »
C’était un œil désincarné avec deux… disons des ailes, de chaque côté. Il n’y avait pas d’autres mots pour le décrire. Des membranes s’étiraient entre les joints et les vannes comme une toile. La surface, faite d’ambre mate, semblait couverte d’un réseau de veines. Durant un bref moment, Jacen se dit que c’était exactement ça, un vaisseau organique, un engin vivant avec son propre écosystème, du genre que seul les Yuuzhan Vongs, ces envahisseurs haït, avaient créé. Mais d’une certaine manière, c’était trop régulier, trop construit. Des flèches acérées jaillirent de la coque comme on ouvre une boussole, lui donnant l’apparence d’une croix stylisée.
Quelque part dans son esprit, Lumiya était en alerte.
« J’ai bien connu les Yuuzhan Vongs, » dit Jacen. « Et c’est loin d’être dans leur style. »
Le lien audio émit un son pétillant puis se déclencha.
« Ici Ben Skywalker. Anakin Solo, ici Ben Skywalker de la Garde de l’Alliance Galactique. N’ouvrez pas le feu… s’il vous plait. »
« Il y eu soulagement collectif visible sur la passerelle. Jacen se dit que le moins de personnes verraient ce vaisseau – et le plus tôt il se rendrait au hangar pour être soustrait aux yeux des curieux – le mieux ce serait.
« Vous êtes seul, Skywalker ? » Techniquement, Ben était lieutenant junior, mais Skywalker conviendrait tandis que Ben non, en tout cas plus désormais qu’il avait les responsabilités d’un adulte. « Pas de passagers ? »
« Uniquement le vaisseau, sir. »
« Permission d’aborder. » Jacen jeta un regard au personnel du pont et s’adressa à Tebut. « Eliminez l’enregistrement visuel. Traitez cet engin sous le sceau du secret. Personne n’en discute, personne ne l’a vu, et nous ne l’avons jamais pris à bord. Compris ? »
« Oui, monsieur. Je libère l’ensemble du personnel du hangar Zeta. Juste une procédure de sécurité de routine. » Tebut était comme le Capitaine Shevu et le Caporal Lekauf : totalement fiable.
« Bien vu, » dit Jacen. « Je vais voir si Skywalker a abordé sans problèmes. Donnez-moi accès aux écoutilles de la baie. »
Jacen suivi son chemin jusqu’au hangar, résistant à l’envie de se mettre à courir alors qu’il empruntait le plus court chemin à travers des couloirs et des échelles de duracier qui descendaient dans la section inférieure de la coque, bien loin des hangars encombrés de chasseurs. Lorsqu’il atteint le hangar Zeta, le vide constellé de l’espace était visible à travers le sas béant servant normalement à accueillir des navettes de ravitaillement, et le reflet qu’il surprit dans le volet de sécurité en transparacier était celui d’un homme chargé d’impatience et d’anxiété. Il avait besoin de se faire couper les cheveux.
Il pouvait aussi sentir Lumiya.
« Alors, qu’est ce qui vous amène ici ? » demanda-t-il, désactivant la caméra de sécurité du hangar. « L’accueil du héros ? »
Elle émergea de l’ombre d’un passage d’accès technique, le visage à moitié voilé. Ses yeux trahissaient un peu de fatigue, les paupières étaient légèrement teintées de bleu. L’affrontement avec Luke devait être la raison de cet état. « Le vaisseau, » dit-elle. « Regardez. »
A dix mètres de là, une sphère veinée remplit l’ouverture du sas, ses panneaux en forme d’ailes repliés sur l’arrière. Il plana silencieusement un instant avant de se poser doucement au milieu du hangar. Les portes se refermèrent derrière lui. Après quelques instants, le hangar fut repressurisé et une ouverture apparue dans la sphère d’où sortit une rampe.
« Ben a fait du bon travail en le pilotant, » dit Lumiya.
« Il a fait du bon travail en me localisant. »
Elle se fondit de nouveau dans l’ombre, mais Jacen savait qu’elle était toujours là à observer tandis qu’il montait la rampe. Ben sortit de l’ouverture dans des vêtements civils sales. Il ne semblait pas content de lui, au contraire, il avait l’air renfrogné et prudent, comme s’il s’attendait à des difficultés. Il avait aussi l’air plus âgé, subitement.
Jacen s’approcha et pressa les épaules de son cousin, sentant une énergie réprimée en lui. « Hé bien, on peut dire que tu ménages tes entrées, Ben. Où l’as-tu trouvé ? »
« Salut, Jacen. » Ben chercha dans sa tunique, et quand il ressortit sa main, une chaîne en argent pendait à son poing : l’Amulette de Kalara. Elle exsudait d’énergie noire comme un parfum piquant qui refuserait de partir. “Tu m’as demandé de te ramener ça, je l’ai fais.”
Jacen tendit la main. Ben plaça l’Amulette incrustée de gemmes dans sa paume, déposant la chaîne dessus. Physiquement, elle semblait ordinaire, une pièce de joaillerie plutôt lourde et vulgaire, mais elle lui donna l’impression d’un poids traversant son corps et s’écrasant dans son estomac. Il la déposa à l’intérieur de sa veste.
« Tu as bien travaillé Ben. »
« Je l’ai trouvé sur Ziost, si tu veux savoir. Et c’est là que j’ai eu le vaisseau aussi. Quelqu’un a essayé de me tuer et j’ai attrapé la première chose que j’ai trouvé pour m’enfuir. »
La tentative d’assassinat sur Ben n’interpella pas autant Jacen que l’évocation de Ziost, le monde d’origine des Sith. Jacen n’avait pas négocié cela. Ben n’était pas prêt à entendre la vérité à propos des Sith et du fait qu’il était l’apprenti, informellement ou non, de l’homme destiné à devenir le Maître de l’ordre. Jacen ne sentit aucune réaction de la part de Lumiya, mais elle devait avoir entendu ça. Elle épiait toujours.
« C’était une mission dangereuse, mais je savais que tu pouvais t’en occuper. » Lumiya, vous avez arrangé ça. Quel est votre plan ? “Qui a essayé de te tuer ?”
« Un Bothan m’a piégé. » dit Ben. « Dyur. Il a payé un coursier pour transporter l’Amulette sur Ziost, l’a fait passer pour un voleur, et le gars en est mort. J’ai égalisé le score avec le Bothan cependant, j’ai explosé le vaisseau qui me prenait pour cible. J’espère que c’était celui de Dyur. »
« De quelle manière ? »
« Ben fit un geste du pouce par-dessus son épaule. « Il est armé. Il a l’air d’avoir n’importe quelle arme dont tu peux avoir besoin. »
« Bien joué. » Jacen eu la sensation que Ben se méfiait de la galaxie toute entière à cet instant. Ces yeux bleus avaient une teinte grise, comme si quelqu’un avait soufflé la flamme d’enthousiasme qui brûlait en lui. C’est ce qui le rendait plus vieux, se frotter à un monde hostile, un nouveau pas l’éloignant de son existence précédente, et une étape essentielle de sa formation. « Ben, considères ceci comme top secret. Le vaisseau est désormais classé, comme ta mission. Pas un mot, à quiconque. »
« Comme si j’allais écrire à Maman et Papa à ce sujet… Ce que j’ai fait en vacances, par Ben Skywalker, quatorze ans et deux semaines. » Ouch. Ben n’était plus enthousiaste et naïf, avide de plaire… mais c’était une bonne chose pour un apprenti Sith. Jacen changea de sujet, les anniversaires ont tendance à peser très lourd lorsqu’ils sont passés dans un endroit désagréable. « Comment l’as-tu piloté? Je n’ai jamais rien vu de semblable. »
Ben hausse les épaules et croisa les bras sur sa poitrine, son dos contre le vaisseau, mais il continua à surveiller comme pour contrôler qu’il était toujours là. « Tu penses à ce que tu veux faire, et il le fait. Tu peux même lui parler. Mais il n’a pas de commandes au sens propre du terme. » Il regarda par-dessus son épaule de nouveau. « Il te parle par la pensée. Et il n’a pas une très haute opinion de moi. »
Un vaisseau Sith. Ben avait piloté un vaisseau Sith depuis Ziost. Jacen résista à la tentation d’aller à l’intérieur et de l’examiner. « Tu dois retourner à la maison. J’ai dit à tes parents que je ne savais pas où tu étais, et j’ai sous-entendu qu’ils avaient pu provoquer ton éloignement en étant trop protecteurs. »
Ben eu l’air un peu renfrogné. « Merci. »
« C’est vrai cependant. Tu le sais. » Jacen réalisa qu’il n’avait pas dit ce qui comptait vraiment. « Ben, je suis fier de toi. »
Il sentit une petite lueur de satisfaction chez Ben qui s’éteignit presque aussitôt. « Je remplirais un rapport complet si tu le souhaites. »
« Dès que tu pourras. » Jacen l’emmena en direction de la sortie du hangar. « Il vaut probablement mieux que tu n’arrives pas à la maison dans ce vaisseau. Nous allons te transporter vers la planète sûre la plus proche, et tu pourras prendre un moyen de locomotion plus conventionnel sur un vol civil. »
« J’ai besoin de crédits pour les billets. J’en ai marre de voler pour obtenir ce que je veux. »
« Bien sûr. » Ben avait fait le boulot, et prouvé qu’il pouvait se débrouiller seul. Jacen réalisa que l’art de construire un homme impliquait de le pousser suffisamment fort pour l’endurcir sans se l’aliéner. C’était une subtilité qu’il explorait prudemment. Il fouilla dans sa poche pour en tirer une somme composée de pièces de crédit intraçables. « Nous y voila. Et maintenant, va manger quelque chose. »
Après un dernier regard en direction de la sphère, Ben salua formellement Jacen avant de se diriger vers les portes du turbolift. Jacen attendit. Le vaisseau le regardait : il le sentait, pas vivant mais conscient. Finalement, il entendit une démarche légère derrière lui et d’une certaine manière, le vaisseau sembla l’ignorer pour regarder ailleurs.
« Une sphère de méditation Sith, » dit Lumiya.
« Un vaisseau d’attaque. De combat. »
« C’est ancien, extrêmement ancien. » Elle marcha jusqu’à lui et plaça sa main sur la coque. Il avait l’air d’avoir fondu sur presque la moitié de sa coque, avec les ailerons – et Jacen présuma – les systèmes de la quille coincés en dessous. A cet instant, il lui faisait penser à un animal de compagnie couché devant son maître, recherchant son approbation. En fait, il avait l’air de briller comme une braise presque éteinte.
« Quel magnifique exemple d’ingénierie. » Les sourcils de Lumiya se levèrent et ses yeux se plissèrent Jacen imagina qu’elle souriait de surprise. « Il dit qu’il m’a trouvé. »
C’était un commentaire qui venait de lui échapper, chose rare avec Lumiya, et presque une concession. Ben avait été attaqué au cours d’un test arrangé par Lumiya, le vaisseau venait de Ziost. Au regard des circonstances, ça ne sentait pas bon. « Il vous cherchait ? »
Elle fit une nouvelle pause, écoutant une voix qu’il ne pouvait entendre. « Il dit que Ben avait besoin de vous trouver, et que lorsqu’il vous a trouvé, il m’a aussi reconnu comme une Sith et qu’il est venu à moi pour des instructions. »
« Comment m’a-t-il trouvé ? Je ne peux pas être ressenti dans la Force si je ne le veux pas, et je ne me suis pas laissé détecter jusqu’à… »
Une pause. Les yeux de Lumiya étaient remarquablement expressifs. Elle semblait très touchée par l’intérêt du vaisseau. Jacen imagina que rien ni personne ne devait avoir manifesté d’intérêt pour son bien-être depuis un très, très long moment.
« Il dit que vous avez créé une perturbation dans la Force dans le système Gilatter, et qu’une combinaison de votre… éveil et le fait que vous recherchiez le… l’enfant rouquin… et l’impression que l’équipage de votre vaisseau laisse dans la Force a permis de vous localiser avant que vous ne fassiez sentir votre présence. »
« Dis donc, il en a des choses à dire. »
« Vous pouvez le prendre si vous voulez. »
« Original, mais je ne suis pas un collectionneur. » Jacen s’écouta parler simplement pour remplir l’air, car ses pensées fusaient. Je peux être localisé. Je peux être localisé à la manière dont les personnes autour de moi réagissent, même si je suis masqué. « Il a l’air d’être fait pour vous. »
Lumiya pris une aspiration légèrement audible, et le tissu de soie bleu sombre couvrant son visage fut aspiré un instant et révéla la forme de sa bouche.
« La femme qui est plus une machine, et la machine qui est plus une créature. » Elle mit un pied sur la rampe. « Très bien, je lui trouverais une utilité. Je vais vous l’enlever des mains, et personne ne le verra plus jamais. »
Ces derniers temps, Jacen était plus intéressé par ce que Lumiya ne disait pas que par ce qu’elle énonçait. Il n’y eu pas de discussion à propos du test qu’elle avait préparé pour Ben et du fait que ça l’ait conduit sur Ziost dans un piège. Il hésita à lui demander directement, mais il ne pensait pas pouvoir écouter un mensonge ou la vérité, les deux lui resteraient sur le cœur. Il se tourna pour partir. Dans moins d’une journée, le Anakin Solo serait de retour à Coruscant et il aurait à la fois une guerre et une bataille personnelle à mener.
« Demandez-le moi, » dit-elle dans son dos. « Vous savez que vous en avez envie. »
Jacen se retourna. « Quoi ? Si vous souhaitiez que Ben soit tué, ou qui je dois tuer pour achever ma formation de Sith ? »
« J’ai la réponse pour l’un mais pas pour l’autre. »
Jacen décida qu’il y avait une ligne étroite entre un test réaliste des compétences de Ben au combat et une tentative délibérée de le tuer. Il n’était pas sûr que la réponse de Lumiya lui fournisse la réponse dont il avait besoin de toute façon.
« Il y a une autre question, » dit-il. « Et c’est combien de temps avant que j’affronte mon propre test. »
La sphère Sith grinça, assouplissant la partie supérieure de ses ailes en forme de toiles. Lumiya se tient au bord du sas et regarda alentour durant un instant, comme si elle était nerveuse à l’idée de pénétrer la coque.
« Si je savais quand, je saurais aussi qui, » dit-elle. « Tout ce que je sens, c’est une proximité, et aussi une fin. » Quelque chose sembla la rassurer, et elle fit une pause comme si elle écoutait de nouveau. Peut-être le vaisseau lui soumettait-il sa propre opinion. « Et vous le savez aussi. Votre impatience est en train de vous dévorer. »
Bien sûr que oui : Jacen voulait en finir avec tout ça, le combat, l’incertitude, le chaos. La guerre à l’extérieur était le miroir du conflit intérieur.
Lumiya disait la vérité : bientôt.
Version originale de l'extrait disponible sur le site de Random House.