Épisode final de la saison… et semble-t-il de la série,
L’Acolyte a une lourde tâche, celle de redorer le blason de la série tout en faisant en sorte de boucler l’intrigue de cette donc première et semble-t-il unique saison. L’épisode remplit globalement sa fonction de façon satisfaisante, mais ce n’est pas toujours très fin, pas toujours bien écrit et des décisions sont toujours prises de façon étonnante, davantage pour justifier la suite que par respect de la crédibilité des personnages.
Le retour sur Brendok est totalement justifié, même si je continue de penser que les différents flash-backs auraient sans problème été davantage intégrés ici, dans cet épisode, plutôt que de prendre du temps de développement, notamment sur tout ce qui tourne autour d’Osha et de Mae. Si on avait assez vite vu venir le changement d’allégeance (hey, on l’a vu le code couleur, c’est bon

), Mae demeure définitivement incompréhensible. Voilà qu’après avoir été l’élève d’un Sith pendant sans doute un certain nombre d’année et qu’après avoir abattu un Maître Jedi et poussé un autre au suicide, elle décide… que Sol doit passer en jugement auprès de ses pairs et de la République. Oui, voilà, elle a manifestement foi en le système judiciaire de ses ennemis jurés ! Mais ça n’a absolument aucun sens !
Enfin, si, ça en a un : celui de montrer une opposition avec Osha, qui est donc devenue une vraie méchante, au point d’étrangler à distance Sol avec la Force. Bon point sur la fin du parcours narratif du personnage, avec une série qui n’a donc manifestement pas peur de sacrifier ses personnages principaux, sauf que là encore ça n’a que très peu de sens : on sait qu’Osha a des capacités, mais rien dans la série ne nous a montré qu’elle avait un tel niveau de maîtrise. Oui, c’est choquant, mais bon Sol semble presque se laisser faire, et tout dans la scène semble retranscrire un manque de crédibilité : est-ce le jeu d’Amandla Steinberg, qui en gros prend un air vide tout en serrant vaguement le point ? La réalisation ? La musique ? Tout ça à la fois ? Quand Vador étrangle l’amiral Motti dans
Un Nouvel Espoir, on y croit. Là, c’est à la limite du mal joué. Il est presque inconcevable que la scène la plus forte de l’épisode manque à ce point de grandeur, d’une musique déchirante, d’un ralenti, de quelque chose bon sang ! Impliquez-nous !
Heureusement que Qimir est là. Le personnage fait toujours autant le show, porte la série à bout de bras au vu des révélations sur son passé (on y reviendra), ses propositions d’alliance, une potentielle romance (oh non, pitié…) et surtout, surtout, la présence de son Maître ! Ça pourrait être génial si ça n’était pas une obscure figure cachée dans l’ombre de la « planète-mystérieuse TM » (et que fait-il là?) qui n’apparaît en partie qu’une ou deux secondes et ne dit rien, on le reconnaît grâce à ses yeux jaunes caractéristiques des Sith. Et là, je vais sortir de la série à proprement parler, mais il est tout bonnement inadmissible que ce soit à la scénariste-créatrice de la série de nous révéler son identité hors série ! Soit c’est pertinent, et alors il fallait mettre une scène entre Qimir et lui. Soit ça ne l’est pas, et donc autant attendre la suite pour nous le révéler. Là, franchement, quel est l’intérêt de cette scène, à part de montrer qu’un mec mystérieux observe de pas si loin que ça ?
On va là encore laisser de côté Basil qui fait tout pour ralentir Sol lorsqu’il veut rattraper Mae (oui, le même Basil qui s’en était pris à Mae deux épisodes plus tôt, oui, le même Basil qui, plus tard dans l’épisode va la pister pour les Jedi… voilà encore un personnage aux motivations incompréhensibles, on commence à en avoir l’habitude à présent), pour revenir sur Vernestra, qui dans cet épisode va nous offrir un festival de mauvaises décisions assumées. Là voilà donc qui comprend tout sur Brendok, bon, pourquoi pas, et qui décide de mentir dans sa version officielle au Sénat. Et là, narrativement, c’est un régal : il s’agit donc d’expliquer aux représentants et au sénateur Rayencourt (génialement incarné par David Harewood, et rien que pour ça je suis triste qu’il n’y ait pas de saison 2) que tous ces meurtres ont été commis non pas par un ancien ennemi des Jedi, non pas par un ou des individus anonymes menant une cabale, non, non, pensez-vous : c’est mieux de dire qu’un Jedi a perdu l’esprit et assassiné ses proches avant de se suicider ! C’est d’un cynisme absolu et c’est totalement contre-productif au vu de la loi actuellement discutée au Sénat qui vise, justement, à davantage encadrer les Jedi ! Et je m’en moque qu’on nous montre une Vernestra finalement pas dupe, elle qui accorde à Sol des funérailles dignes d’un Jedi… pour mieux rouler son nom dans la boue. Cette honte. C’est ça, l’Ordre Jedi ?
Et là, vers la fin, le scénario se surpasse : Qimir est capable d’effacer la mémoire de Mae. C’est fait en trois secondes sans aucun effort (il a tous les talents cet homme)… tout cela pour qu’on nous montre bien que très très vite (genre, dès le premier épisode d’une éventuelle saison 2) ses souvenirs seront de retour, tant Vernestra lui apprend tranquillement tout ce qu’elle a à savoir. Et Osha, toujours aussi douée de raison, décide de sacrifier son lien avec sa sœur… pour devenir l’acolyte de Qimir. Mais pourquoi au juste ? Ne pouvait-elle pas décider de partir avec elle, de tout abandonner ? Ne pouvait-elle pas s'allier avec sa sœur pour se débarrasser de Qimir et repartir ainsi de zéro avec elle ? Est-elle dévorée par le côté obscur ? Si oui, n’aurait-il pas fallu nous le montrer ? Car là, le sabre-laser est devenu rouge, Osha est mauvaise, ça y est, mais à part ça, elle est plutôt détente et calme.
Je retiendrai cependant la scène de la corruption du sabre-laser de Sol, très belle visuellement, tout comme le combat entre Sol et Qimir. Mais pour le reste,
The Acolyte m’aura laissé méchamment sur ma faim.
De manière générale, la série aura pêché par son rythme d’une extrême lenteur et ses facilités narratives... agaçantes ? L’impression tenace qui ressort de mon visionnage, c’est que cela aurait donné un film plutôt réussi étalé sur deux heures seulement, mais que ce film a été étiré pour remplir 8 épisodes, d’autant plus que le scénario donne l’impression de ne pas avoir été finalisé, tant certains personnages semblent, sur le long terme, à côté de la plaque. Bien malin celui qui aura compris ce qu’au final, Mae voulait et a obtenu, elle qui passe quand même pour le dindon de la farce. Bien malin celui qui aura réussi à apprécier le personnage de Vernestra Rwoh, menteuse et manipulatrice. Bien malin semble être Qimir, bien à l’abri grâce à la déesse scénariste, lui qui prend des risques inconsidérés si le Sith qu’il prétend être doit rester invisible aux yeux de l’Ordre Jedi… Alors que quelque chose de plus compact et mieux écrit, mieux mis en scène, mieux joué, avait le potentiel certain pour être le premier film d’une trilogie, carrément, tant le potentiel est là.
Mais ce potentiel a été gâché. L’annonce de l’annulation ne m’étonne hélas guère, et je la comprend. Ce qui m’étonne, en revanche, c’est la quantité de haine qu’a reçue la série pour ses héroïnes, son couvent de sorcières, les commentaires sur fond de racisme et de misogynie inacceptables… alors même que critiquer la série pour son scénario, son rythme ou sa réalisation, ça c’était légitime, ça c’était pertinent.
The Acolyte aurait mérité mieux.
J’espère maintenant que nous aurons une conclusion à cette histoire, d’une façon ou d’une autre.
Note : 60 %