Ahsoka a retrouvé Sabine et surtout Ezra ! Passées les émouvantes retrouvailles, l’heure est grave : le Grand Amiral Thrawn est sur le départ et, pour gagner du temps, le Chiss va tout tenter, bien conscient du danger que peut représenter l’ancienne apprentie d’Anakin Skywalker désormais associée à l’homme qui a provoqué son exil pendant près d’une décennie. Morgan Elsbeth va donc se dévouer pour ralentir la togruta, une Morgan Elsbeth qui va pleinement embrasser l’héritage de ses ancêtres, les Sœurs de la Nuit…
Dernier épisode pour la série
Ahsoka, du moins pour la saison 1 puisqu’à l’heure actuelle la série n’a pas encore été renouvelée pour une saison 2. Et pourtant, dans ses dernières minutes, la série va proposer un certain nombre de pistes, d’ouvertures vers une suite inévitable, sous une forme ou une autre, pour l’ensemble du casting. Mais on y reviendra plus tard.
Dans un premier temps, place à l’action, une action qui va rythmer une bonne partie de l’épisode. L’heure n’est plus à l’émotion des retrouvailles, n’est plus aux reproches : notre héroïque trio va tout tenter pour stopper Thrawn et l’empêcher de revenir dans notre galaxie. Et l’épisode souffre hélas d’un problème ma foi fort étonnant et pourtant assez prévisible : il est bien trop court pour tout ce qu’il a à raconter, et va donc faire l’économie de certaines scènes, voire même de certains personnages, un choix assez étonnant lorsqu’on voit que celui-ci dure 40 minutes donc (entre le résumé et le générique de fin), alors même que le premier épisode en prenait 10 de plus et que là, pour le coup, ce rab de 10 minutes aurait été foncièrement utile.
Ce manque de temps, ce sont les personnages de Shin Hati et Baylan Skoll qui en paient le prix fort, puisque tous deux n’apparaissent chacun que dans une seule scène qui dure, quoi, 10 secondes pour chacun d’eux, histoire de montrer ce qu’ils deviennent. Et là, c’est terrible, car ce sont les deux nouveaux personnages introduits par la série, deux antagonistes, dont un, Baylan, a été construit sur ses motivations, une certaine forme d’ambiguïté, un sens moral certain, et Baylan donc apparaît dans une seule séquence certes visuellement très belle mais qui pose un triple problème.
- Le premier, et là la série n’y est pour rien, c’est le décès de l’acteur Ray Stevenson, qui condamne le personnage à soit disparaître, soit être recasté mais en l’état, le voyage du personnage n’est clairement pas terminé. Mais ça, comme je le disais, le show n’y est pour rien.
- Le deuxième, c’est cette volonté qu’ont la plupart des scénaristes de licence (et ça ne se limite pas à Star Wars) de construire, construire, construire, sans jamais trop dévoiler, sans jamais révéler. Cela fait donc, globalement, 4 épisodes que concrètement Baylan ne sert plus à rien, semblant être devenu passif alors même qu’il avait atteint le lieu où il souhaitait aller, pour un objectif tout aussi nébuleux qu’au début de la série. Un indice est donné certes, mais clairement, il faudra attendre la saison 2 ou une autre suite (Roman ? Comic-book ? Film de Dave Filoni?) pour en apprendre davantage… et ça, c’est regrettable. Là, pour ce personnage, il manque clairement une scène un peu grandiose, un peu épique, qui présenterait la position dans laquelle on le trouve à la fin de la série.
- Car oui, avec le troisième problème de cette scène, on touche à ce qui est peut-être un écueil majeur de la série :
Ahsoka est-elle accessible ? Il valait mieux avoir vu
Rebels mais là, quiconque n’a pas vu l’arc Mortis de
The Clone Wars et ne s’en souvient pas (parce qu’il a été diffusé il y a maintenant quoi, 10 ans ? 12 ans ?) ou ne dispose pas d'un Master 2 Mythologie Star Wars va se moquer totalement de cette scène. Bien sûr, le vieux briscard va adorer et va bien remarquer qu’il manque quelque chose, ce qui va lui faire se poser un certain nombre de questions… mais il aurait fallu, pour que tout le monde en profite bien, peut-être rappeler qui était ces personnages. Peut-être profiter du rêve d’Ahsoka dans l’épisode 5 pour nous glisser un subtil rappel ?
Bon, je parle beaucoup de Baylan Skoll, mais c’est qu’il me semble que la série misait beaucoup sur lui au début, d’où ma, je pense, légitime frustration. Mais cet épisode va confirmer ce que je craignais depuis l’apparition de Thrawn dans la série : l’incapacité à retranscrire le génie militaire du personnage sans pour autant faire passer les héros de la série pour des nullos. Alors le bon point, c’est que les héros ne sont jamais ridiculisés, le problème c’est que Thrawn, lui, n’en impose aucunement.
Il ne suffit pas de montrer le personnage froid et calme pour le caractériser. Il parle d’une voix douce, mais ça, ce sont les clichés : en trois épisodes, il aurait dû en imposer. Nous faire trembler. Nous surprendre par ses stratégies audacieuses. Et là, patatras, c’est tout sauf ça. Déjà, dans le précédent épisode, le voir rappeler ses troupes et claironner qu’il s’agit presque d’une victoire, c’était un mauvais signal, mais là, dès le début de l’épisode, comprenant que les Jedi se sont lancés vers le
Chimaera (« et ben oui, tu croyais quoi, qu’ils allaient faire un barbecue et te laisser repartir ? »), envoie deux TIE pour les stopper. Deux. TIE. Deux. Le plus grand stratège de l’Empire.
Mais évidemment que non ! Ahsoka est venue avec son vaisseau ! C’est une Jedi, qui peut piloter pendant qu’un autre Jedi peut se charger des canons ! Deux p****** de TIE !
Quelle surprise, vraiment, de les voir être détruits ! Il envoie des troupes qui se sacrifient, ils n’hésitent pas à les abandonner ou à les achever, il papote tranquillement avec les Jedi qui sont lancés à leur poursuite, bref, ce n’est pas, à mon sens, le Thrawn des romans, de l’Univers
Légendes, voire même, encore plus problématique, celui de la série
Rebels. Ce n'est certainement pas le Thrawn des romans de Zahn se déroulant dans l'univers Officiel. Et il y a vraiment quelque chose de terrible à voir ainsi cet adversaire majeur de la saga Star Wars être réduit à cette vision parcellaire de lui-même…
… d’autant plus qu’il accepte de s’associer à un procédé certes visuellement très réussi (les nightroopers!), mais j’imagine tellement mal Thrawn adhérer à ce type de traitement, lui, le spécialiste encore une fois, le stratège ! Alors qu’on aurait vraiment pu justifier son incapacité à éliminer Ahsoka par, par exemple, le chaos dont elle fait preuve, son manque de logique, bref le fait qu’elle était autrefois la padawan d’Anakin Skywalker et il y a, à un moment, vaguement une réplique qui nous le rappelle mais qui, à elle seule, ne peut justifier tout et son contraire. Thrawn n’en impose pas. Il est censé être l’adversaire ultime du FiloniFavreau-verse et là, tel quel, ça ne se voit pas.
Pas encore, peut-être, j’espère même.
Et puis continuons encore, sur des détails mais qui s’accumulent et qui font qu’à un moment, c’est trop. Ezra qui refusait dans l’épisode précédent son sabre-laser pour mieux s’en construire un nouveau dès le début de l’épisode, Ahsoka qui semble un peu lente dans ses combats face aux troopers, ou encore Sabine qui débloque enfin ses pouvoirs. Sur ce point, la première utilisation est superbe, logique, mais la deuxième (le bond dans la Force d’Ezra), ça va bien trop vite, on dirait qu’elle a franchi un niveau dans un jeu vidéo et qu’elle a débloqué toutes les capacités d’un coup. A côté de ça, Luke dans
L’Empire contre-attaque, c’est un tocard !
Et on se doute tous très bien que, dans une éventuelle saison 2, comme par magie, elle aura régressé. On mettra ça sur le compte de l'adrénaline...
Alors je critique, je critique, je dégomme même mais paradoxalement j’ai passé un excellent moment. Il y a un rythme évident, de l’humour, des affrontements, une conclusion quant à l’opposition entre Morgan et Ahsoka (même si je trouve dommage que Morgan n’ait pas été une sorcière augmentée dès la rencontre avec les Matriarches), c’est prenant, les scènes avec les nighttroopers à l’uniforme noir sont sublimes (et je suppose donc que le fameux Marok était l’un d’eux, même si on n’en entend plus parler depuis son « décès »), les retrouvailles entre Ezra et Chopper sont d’une rare émotion (même si là encore, il manque une scène nous expliquant comment Ezra a pu quitter comme ça le
Chimaera…
mais vu qu’on nous a fait l’impasse sur comment il s’était échappé suite à l’arrivée sur Peridea...) et là, en toute honnêteté, on voit à quel point Filoni aime ses personnages, cette petite famille certes dysfonctionnelle mais tellement attachante. Même s’il manque Zed, finalement.
Visuellement, il n’y a rien à redire, c’est sublime. Sabre-lasers, vaisseaux, affrontements, décharges de turbolasers vers un trio qui tente d’y échapper, ça, c’est mon Star Wars !
Au final donc, que dire de cette (première?) saison d’
Ahsoka ? C’est pour moi la meilleure série live-action que j’ai pu voir depuis le lancement de Disney+ et qui a su caractériser à la perfection ses personnages principaux, tout en ouvrant de nouvelles perspectives. Le cahier des charges est atteint, en partie toutefois car tout ce petit monde n’est pas encore réuni. Reste que la série a pour moi échoué à nous (re)présenter le Grand Amiral Thrawn, menace ultime de tout ce pan de la saga et qui en impose finalement bien peu dans les trois épisodes dans lesquels il apparaît. Dommage, en espérant que la suite rattrapera cet écart originel !
Note : 80 %