Le voici enfin le premier supplément pour Star Wars. Aux confins de l’empire qui s’avère totalement réussi. Et ce supplément n’est pas un supplément de règles ou de background, mais un scénario. Et un scénario qui, à première vue, ne paie de mine tant son thème semble éculé : il s’agit tout simplement d’un casse pour mettre la main sur une gemme de Corusca particulièrement cotée dans toute la Galaxie, le Joyau de Yavin qui donne son nom au livre. Embauchés par un fonctionnaire véreux qui souhaite se venger d’un de ses anciens financiers, les personnages doivent dérober le bijou au nez et à la barbe des autorités. Jusqu’ici il n’y a rien de franchement enthousiasmant…
Le premier intérêt réside tout d’abord dans la structure du scénario : la préparation du casse, l’étude des lieux, des protagonistes, la planification de l’intrusion… constituent la majeure partie de l’histoire à vraie dire. Disons les deux tiers des séances en fait. Certes certains événements sont incontournables comme le gala introduisant la vente aux enchères du joyau ou la recherche d’informations sur les lieux, les horaires ou les gardes à l’affût. Mais la trame reste toutefois extrêmement souple et certaines rencontres, pourtant largement développées dans le livre, peuvent être transformées ou même écartées par un maître du jeu assez expérimenté face à des joueurs créatifs. Il y a de telles ouvertures dans la structure du scénario qu’il serait dommage de la forcer pour en faire un scénario fermé et dirigiste.
Le deuxième intérêt de l’histoire réside dans le cadre : la Cité des Nuages de Bespin. On pourra trouver difficilement lieu plus inspirant pour les amateurs de Star Wars. Et ce d’autant plus que la ville mais aussi ses figures clés – dont évidemment Lando mais en fait surtout Lobot – sont longuement décrits, quartiers après quartiers. De telle sorte, que Le Joyau de Yavin est aussi un supplément sur cette cité prospérant grâce à l'exploitation du gaz tibanna. Vous imaginerez la jubilation des joueurs d’assister à l’apparition impromptue du « baron-administrateur » tout sourire venu les féliciter pour leur présence, voire leur victoire à la grande course d’airspeeders de Bespin… Le maître du jeu n’a pas intérêt à rater son interprétation évidemment. Toutefois ce sera surtout le fidèle Lobot qui s’avérera l’adversaire le plus coriace, à la tête qu’il est du réseau informatique de la ville.
Je ne vois bien que deux ombres à tout ceci. La première – mineure – est que tout le background décrit n’est plus « canon » et qu’ainsi l’historique de Lobot ne correspond plus à celle proposée dans le récent comics Lando, canon lui. Il faudra faire avec… Plus grave, la dernière partie est trop attendue et je conseille très fortement aux maîtres du jeu de la modifier en profondeur. Peut-être que le personnage d’Elaiza mérite-t-il d’apparaître plus franchement à ce moment plutôt que lors du casse. C’est du moins le chemin que j’ai suivi et qui a satisfait mes joueurs.
Ouvert, riche et inspirant, le Joyau de Yavin ne souffre que de travers tout à fait surmontables. Le savoir-faire de FFG, encore une fois patent dans les descriptions nombreuses, les explications utiles et la superbe présentation, s’est finalement exprimé pour le meilleur dans Le joyau de Yavin. Voilà bien le scénario mémorable qu’on attendait tant pour Star Wars. Aux confins de l’empire. Enfin !