Il s’agit ici de ma première critique d’un ouvrage d’analyse d’une œuvre. Je dois même avouer qu’il s’agit de ma première lecture de ce type d’ouvrage (dédié à Star Wars ou pas) ; après lecture, ce type de livre ne fait plus aussi peur qu’avant.
L’ensemble de l’ouvrage est facile de compréhension et quand un mot trop « savant » apparait celui-ci est très rapidement expliqué. De même si certaines références lors des comparaisons peuvent nous paraitre obscures, d’autres font partie de l’imaginaire collectif (Seigneur des Anneaux en tête). L’auteur nous livre donc une lecture rapide malgré 200 pages d’un sujet qui ne nous semble pas forcément abordable.
Attaquons maintenant le vif du sujet : Star Wars pris sous le prisme de l’analyse purement littéraire de son histoire.
Un premier constat me dérange, problème qui s’avérera fondé par la suite, l’organisation du livre. Pourquoi avoir choisi pour les six premiers films une analyse chronologique in universe des œuvres (comprenez 1-2-3-4-5-6) puis par ordre de sortie pour les deux dernières (l’Episode VII et Rogue One). En effet le livre est découpé de la manière suivante : 1-2-3-4-5-6-7-RO. J’aurais pu le comprendre ou disons-le simplement l’accepter. Cependant ce qui me chiffonne c’est d’analyser la narration de la prélogie en prenant en compte ce qu’on attendait d’elle par rapport à la trilogie (ce qui aurait pu placer ladite analyse suite à celle de la trilogie et non pas avant) mais surtout analyser la trilogie en fonction de ce qu’on sait de la prélogie (ce qui justifie le positionnement de la trilogie après la prélogie). Pourquoi analyser le scénario des films des années 70 et 80 en prenant en compte ceux de films par encore sortis ? J’avoue que cela me dérange car l’histoire même de la prélogie n’était pas encore sculptée dans le marbre dès 1977 dans la tête de Lucas.
Enfin, analyser les films de l’ère Disney en fonction de la prélogie et de la trilogie fait totalement sens, mais pourquoi avoir refusé l’analyse de l’Episode IV (dont un des plus gros points noirs est corrigé) par rapport à ce que nous apprend Rogue One ?
Parlons maintenant des analyses en tant que telles. Peu importe l’angle adopté, l’analyse reste très complète, bien documentée (à peut-être deux ou trois erreurs que Mich a pu lister, ou des choses propres à l’Univers Etendu que les profanes ne remarqueront pas). Là encore un problème me chiffonne, c’est justement l’angle qui est pris pour analyser chaque film. On sent que l’auteur choisit délibérément un angle qui dans certains cas va mettre en valeur certains films (l’Episode V en tête) et en dévaloriser d’autres (Episode I). En effet l’ensemble de la prélogie est analysé par rapport à sa capacité à répondre aux interrogations principales de la trilogie. L’Episode I n’en apportant aucune est donc descendu, l’Episode II en apportant quelques-unes est plus apprécié et le III répondant à tout ce qu’il reste est aimé.
La trilogie elle dans son analyse, qui même si elle possède des références via la prélogie, se voit décortiquée en tant que telle. On va s’attarder sur son histoire propre, ses personnages, ses événements fondateurs. On va davantage s’intéresser à sa trame scénaristique : situation initiale, événement perturbateur, péripéties, personnages, évolution, dénouement, conclusion. La question que je me pose est donc la suivante : qu’est-ce que ça aurait pu donner de faire la même analyse sur la prélogie, sans prendre en compte l’existence de la trilogie et ses questions qui étaient auparavant sans réponse ?
C’est ce qui est plus ou moins fait pour l’Episode VII (un peu moins pour Rogue One qui voit davantage son apport à la galaxie étudié que son histoire). Le Réveil de la Force sera à la fois analysé comme suite de la trilogie mais aussi réellement comme film en tant que tel (ce qui se comprend car les rares personnages des films précédents sont très peu présents, sauf Han Solo bien sûr, de plus le film souffre d’une très longue ellipse).
Pour conclure, même si j’ai pointé du doigt ce qui me semble être les deux défauts majeurs de cet ouvrage, l’ensemble des études repose sur des bases solides, sont bien construites et très justes. L’analyse est là, elle est excellente, fait sourire quelques fois à mon plus grand plaisir, et offre un œil nouveau sur certains aspects de la saga.