Il y a deux ans presque jour pour jour, je sortais dépité du cinéma après avoir vu Le Réveil de la Force, qui avait à mon sens réussi l'exploit de concentrer en un même film toutes les erreurs qu’il ne fallait pas commettre. C’est donc avec une certaine appréhension que j’ai visionné ce huitième opus de la saga principale. N'y allons pas par quatre chemis, force est de constater que l’on a ici affaire à un bon, voire très bon, film. Pour autant, est-ce réellement un bon Star Wars ? Pas si sûr…
J’en conviens, les batailles spatiales sont splendides, les sabres laser s’entrechoquent, et les créatures rencontrées sont de natures variées. Mais il serait terriblement réducteur de borner l’univers de George Lucas à ces quelques codes. Star Wars, c’est avant tout un esprit dont la définition est complexe. A l’instar de la Force, il s’agit en quelque sorte d’un sentiment unique qui nous pénètre et nous entoure lors de chaque visionnage. Et je dois reconnaître qu’aujourd’hui, malgré toute mon excitation, malgré tout mon enthousiasme du moment, je n’ai rien ressenti de tel.
Le film n’est cependant pas dépourvu de qualités, loin de là. Les rebondissements foisonnent, et les prises de risques s’enchaînent. Le film est très ambitieux, c’est indéniable. JJ si tu passes par-là, tu ferais bien d’en prendre de la graine ! Le jeu d’acteur est excellent, et Mark Hamill se distingue nettement comme étant le MVP du film. Le rythme est très soutenu, aucun répit n’est laissé au spectateur, et la musique vraiment satisfaisante, exploitant à merveille une bande originale de TFA sous-utilisée à l’époque de sa sortie. Le développement des personnages est très satisfaisant, et j’ai tout particulièrement apprécié le lien de Force tissé entre Rey et Kylo Ren. Autre gros point positif : les explications et révélations sur le passé de Ben Solo. Rian Johnson offre par ce biais une nouvelle lecture de l’épisode VII et du personnage de Luke, qui apparaît sous un jour beaucoup plus sombre qu’habituellement, allant même jusqu’à me rappeler certaines planches de UE !">Dark Empire ! Quant à sa mort, la scène est si magistrale qu’elle se passe de tout commentaire !
Cependant, certaines choses fonctionnent beaucoup moins bien, et c’est presque un euphémisme de le dire. L’humour tout d’abord. S’il tombe parfois à pic, il lui arrive aussi d’être très mal dosé. Je pense notamment à ce dialogue d’ouverture surréaliste entre Poe Dameron et le Général Hux, qui est d’une lourdeur sans nom et m’a presque mis mal à l’aise ! L’humour tend également à briser l’intensité de scènes fortes en émotions (les rochers tombant sur la charrette des Gardiennes par exemple !), ce qui nous empêche de les apprécier à leur juste valeur. Dans un registre différent, la promotion à outrance de Disney destinée à mettre en valeur des personnages anecdotiques, qui donnent vraiment l’impression d’avoir été créés dans le seul but de vendre des figurines, me reste en travers de la gorge. Ceci donne en effet lieu à des personnages creux, pour lesquels chaque intervention est anecdotique. Je pense bien évidemment à Phasma et à DJ, mais également à Snoke qui aura en toute objectivité été totalement inutile à cette nouvelle trilogie.
Mais surtout, trois éléments ternissent considérablement la copie rendue par Johnson. Tout d’abord, l’apparition de Yoda via un fantôme de Force, en plus d’être très mal réalisée d’un point de vue technique, ne correspond absolument pas au sage et respectable personnage présenté dans les six premiers volets de la saga. Une tentative de fan-service qui aurait pu être réussie avec un peu de subtilité, mais se traduit finalement par un lamentable raté. Ensuite, le réveil soudain de Leia au beau milieu de l’espace, qui parvient malgré le choc à regagner le vaisseau alors qu’elle n’est pas censée maîtriser correctement la Force, est tout bonnement invraisemblable. Et d’un point de vue réalisation, la scène m’a fait penser à un plan tout droit sorti de Mary Poppins, qui ne se marrie pas du tout à un champ de bataille… Enfin, la révélation sur les origines de Rey est une énorme déception. Tout ça pour ça ? Après un film et demi de teasing, il nous est donné une explication très mal amenée et d’une platitude étonnante, à tel point que je me suis demandé si Johnson n’était pas en train de nous railler.
Finalement, Les Derniers Jedi me laisse une impression mitigée. Si cet épisode VIII possède de très nombreuses qualités, celles-ci ne suffisent pas à occulter ses défauts et invraisemblances. Plus embêtant, je n’y ai une fois encore pas retrouvé cet esprit si caractéristique qui fait que les six films de la saga originale auront toujours une place particulière dans mon cœur. Peut-être est-ce tout simplement dû au fait que cet univers de George Lucas évoqué en début de critique a disparu, au profit d’une saga beaucoup plus diversifiée en termes de genres. A nous maintenant de l’accepter. Mais suis-je vraiment prêt à le faire ? Pas si sûr… Something has passed away.