Quoi penser de fanfilm ? A première vue, il ne brille pas par son intrigue : deux jedi contre un sith (ou vaguement assimilé), qui s’affronte dans une forêt, voilà exactement le genre de concept, dit on dans les milieux ciné-fanfilm-philiques les plus huppés, qu’il faut absolument dépasser. Et pourtant, Versus confirme que l’interet d’un film ne se situe pas dans son scénario mais dans la manière dont on traite son sujet.
Bon personnellement, je ne suis vraiment pas fan de cette « catégorie » de fan-film, celle des trips mystiques de Jedi, qui s’éloignent vraiment loin, loin de l’esprit de la guerre des étoiles. Mais cela ne m’empêche pas de voir les nombreuses qualités de Versus.
Un scénario aussi simpliste est sans doute du autant à une volonté esthétique du réalisateur qu’à des moyens limités. Pourtant, avec peu de personnages, peu d’effets et un cadre banal, il a su tirer le maximum de potentiel de ce qu’il avait entre les mains en développant à un niveau relativement élevé le filmage, le montage, et même l’utilisation de la musique.
Pour ce qui est du filmage, je n’ai pas vraiment vu d’erreurs : les plans sont vraiment bien cadrés. Je ne sait pas exactement comment ils ont réalisés leur travelling, je soupconne une caméra portée à la main. Si c’est le cas, elles comptent parmi les plus belles caméras portées que j’ai vu dans un fanfilm. Il y a vraiments des mouvements très fluides, et le filmage de la course à travers bois est vraiment impressionnant (sans doute réalisé de derrière une moto ou sur une voiture, sans que l’on puisse vraiment le voir à l’écran. En l’abscence de décor de vaisseau spatial, un simple décor noir et un petit effets de lumière nous en montre l’existence, avec beaucoup de grâce (trop de grâce pour un starwars, sans doute ?)
Le montage : il est vraiment très bien fait. On sent bien que le réalisateur l’a paufiné et en a fait un aspect vraiment essentiel de son travail. Au dela d’un simple copier coller d’une succession de plan, l’enchaînement, le rythme donné au film sont partie intégrante de l’esprit et du discous du film. Tout cela est bien plus parlant, à nos yeux, que les quelques plans de dialogues du début du film, assez hésitants et maladroits.
Quand à la musique, il est devenu assez rare que Duel of the Fate trouve une place juste dans un fan-film. C’est le cas, selon moi, dans Versus, prenant le courage de ne pas en faire sa musique finale, et j’attendais depuis longtemps que quelqu’un utilise un peu la BO du seigneur des anneaux.
Quels sont les défauts de ce film ? Bien que je considère qu’autant de style montre du savoir-faire, voir du talent, l’ensemble est un peu trop appuyé, voir carrément lourd. Un peu de légerté n’aurait pas fait de mal. En faisant fi d’un scénario plus complexe, d’acteurs trop nombreux, de dialogues qui font en général sourire quand ils n’appellent pas à la pitié, le réalisateur se focalise sur le montage et le filmage, et c’est la dessus que notre intention de spectateur se focalise aussi. Le problème est que ce montage est beau mais se dépasse pas lui même. À la moitié du film, on à tous compris comment fonctionnait visuellement le film, et comme le scénario est déjà grosso modo connu de tous, il n’y a plus vraiment de surprise.
Exemple type : les deux personnages, en plein combat, se figent soudainement dans un face à face tendu. En premier lieu, c’est un effet qui à du charme, mais qui est loin d’être original, ce n’est pas à proprement parlé un défaut. Ce qui est dommage, c’est que cette situation se retrouve à plusieurs reprises dans ce film. Bref, passé l’émerveillement, on s’en lasse.
Dans l’ensemble, le film reste lent, bien que le montage et que ce que contiennent les plans soient rapides : la course dans forêt dure et perd de son intensité. Le duel final traîne véritablement en longueur. Versus aurait du durer deux fois moins longtemps pour garder toute son intensité.
Notons également une corégraphie de sabres assez molle, en comparaisdon de d’autres fanfilms moyennement réussis au niveau esthétique mais mieux corégraphié. Difficile, j’imagine, de pauffiner les deux en même temps.
En définitif, même si le résultat est, à mon gout, un peu trop pompeux, c’est plutôt une experience positive, voir très. Il manque hélas une utilisation vraiment astucieuse et mesurée d’un tel filmage et montage, au dela d’une simple démonstration de style. J’espère vraiment que pour le prochain, ces défauts seront écartés, le réalisateur à vraiment les cartes en mains pour faire un film vraiment passionnant. En tout cas, Versus méritait bien une critique un peu développée. Qui aime bien châtie bien !