J’ai personnellement une profonde affection pour le Y-Wing : sa forme sortie de l’imagination féconde de Ralph McQuarrie, la vaillance presque « donquichottesque » de ses pilotes durant l’assaut sur l’Étoile Noire dans A New Hope… « Donquichottesque » est bien l’adjectif congruent car il est patent dans les films que le Y-Wing n’est pas ce qu’on fait de mieux en terme de vaisseau de combat intergalactique : c’est déjà un vaisseau dépassé. Le Y-Wing dans X-Wing est à l’image de ce constat et on n’a pas fait de la vieille grand-mère fatiguée une jouvencelle fraîche attirante. Le Y-Wing ne tire pas bien avec 2 d’attaque et esquive encore plus mal avec un chiffre digne d’un dewback souffreteux : 1 dé à lancer.
Sa roue exécrable ne lui permettra pas pour autant de sortir des arcs de tir ennemis puisque le Y-Wing a eu la primeur dans le jeu d’être le premier vaisseau à avoir des manœuvres rouges stressantes sur des manœuvres banales. Ainsi un simple virage sur serré de 3 ou une poussée tout droit de 4 lui occasionnent un point de stress. Il n’est pas étonnant qu’il ne souffre pas d’un prix d’escadron trop cher : sorti tout droit des entrepôts poussiéreux de l’Alliance Rebelle, le pilote de l’escadron Or ne coûte que 18 points. Comme le vieux rafiot est tout de même assez solide avec ses cinq points de coque et ses trois boucliers, on commence à imaginer de pouvoir le mettre sur une table de jeu.
Et ce, surtout si l’on s’intéresse à la barre d’améliorations du Y-Wing. Les deux places pour les torpilles ne sont pas décisives à moins peut-être de mettre la main sur l’amélioration « extra-munition » vendue séparément. L’emplacement pour un droïde est déjà plus intéressant et certains droïdes s’avèrent assez efficaces pour le Y-Wing comme l’Astromech R2 – qui donne plus de manœuvres vertes à une roue de manœuvres assez ingrate –, ou R5-D8 – qui permet de réparer les dégâts encaissés en défaussant une carte de dommage. Car les dommages ne vont pas manquer de tomber sur le Y-Wing comme la vérole sur le bas clergé breton…
Mais la plus intéressante des nouvelles améliorations dont profite le Y-Wing est la tourelle qui lui permet de tirer à 360°… une opportunité salutaire lorsqu’on se déplace comme une vieille planche à repasser. Mais il faut évidemment en payer le coût. La chose est tout particulièrement à noter car la tourelle proposée dans l’extension, la tourelle à canons ioniques, n’est pas donnée : 5 points d’escadron. Elle a toutefois la faculté d’occasionner non seulement un point de dégât mais aussi un point de « ionisation » sur le vaisseau ennemi touché. Au tour suivant ce dernier se défaussera du marqueur ionique en faisant une seule et unique manœuvre impérative de 1 tout droit. Une situation qui ne plait à personne…
Jusqu’ici, on pouvait dire que l’extension Y-Wing était parfaitement pensée en terme d’équilibre de jeu, avec des points forts et des points faibles bien définis. C’est dans le choix des pilotes nommés que FFG a quelque peu buté sur une marche. Horton Slam et Dutch Vander sont des pilotes avec une bonne voire excellente valeur de pilotage et des pouvoirs intéressants. Malheureusement, par un mystère dont FFG a le secret, ils sont tous les deux dénués de talents de pilote d’élite ce qui les bride totalement. Généralement on préfère donc aligner des Y-Wing génériques, avec une tourelle quasiment obligatoire qui grossit déjà le prix d’escadron.
Ceci explique peut-être que ce vaisseau ne soit jamais devenu un must sur les tables de jeu de X-Wing. On le trouve surtout dans les parties amicales, où le fluff et le fun l’emportent sur la volonté de performance. Conscient de la chose, FFG proposera dans une extension consacrée aux racailles et aux bandits, un toilettage bienvenu au cher Y-Wing.