Après un
Réveil de la Force vraiment pas au niveau des attentes malgré l'introduction de personnages prometteurs, après un
Derniers Jedi bien plus ambitieux mais plombé par des invraisemblances grossières et qui ne dessinait pas de direction claire quant à la fin de cette trilogie, que vaut donc cet
Épisode IX : l'Ascension de Skywalker ? En un mot comme en cent, c'est une franche réussite ! Aussi inespérée fût-elle, cette conclusion parvient à faire atterrir sur ses pattes une trilogie vraiment mal engagée.
(La suite contient de (gros) spoilers.)
Le premier constat est que le film se concentre pleinement sur Rey et Kylo Ren. En cela il s'inscrit dans une parfaite continuité avec
les Derniers Jedi mais surtout insiste sur l'intrigue vraiment intéressante de cette nouvelle trilogie. La bataille de Starkiller (redite pas passionnante) plombait l'épisode VII et l'interminable bataille poursuite entre Résistance et Premier Ordre (invraisemblable et interminable) plombait le VIII ; dans ces deux précédents opus, l'introduction puis le développement de Rey constituait la vraie nouveauté et le vrai intérêt de l'intrigue. La leçon a été retenue ici, la bataille impliquant Finn et Poe contre le Premier Ordre restera un véritable à-côté de l'histoire de ce neuvième opus.
Le fait que Palpatine constitue l'antagoniste principal du film serait une surprise de taille si cela n'avait pas été introduit dès la première bande-annonce. Cela ressemble à un violent rétropédalage, voire à un désaveu des tentatives de créer un nouveau méchant digne de ce nom, mais cela s’avère finalement salvateur pour réussir à inscrire ce film et (enfin) cette "postlogie" dans une cohérence globale de la saga. Faire de Rey la petite-fille de Palpatine est une vraie surprise qui sonne juste et apporte une intensité dramatique bienvenue au personnage.
Plus anecdotique, j'ai été heureux de revoir C-3PO occuper un rôle central dans l’intrigue et Chewbacca tenir un rôle dramatique important (sa réaction à l'annonce de la mort de Leia est un des moments les plus poignants de toute la saga). Terminer le film sur Tatooine, à la ferme des Lars, alors que cette planète emblématique a été ignorée toute la postlogie, c’est là encore surprenant mais une évidence pour clore une nouvelle fois la boucle en bonne et due forme.
Difficile de ne pas relever, une fois encore, l’inspiration très forte prise dans feu l’Univers Etendu Légendes. Le fondateur et très décrié comics
l’Empire des Ténèbres et son Empereur cloné et ressuscité n’a jamais été aussi proche d’être directement adapté au cinéma et la flotte secrète de Palpatine pilotée semi-automatiquement évoque inévitablement la flotte Katana introduite par Timothy Zahn dans
le Cycle de Thrawn. Finalement, dans cette postlogie aussi, Lucasfilm aura continué à utiliser l’univers Légendes comme un « premier jet » à réutiliser allègrement plutôt que comme une véritable continuité alternative dont se distinguer. Je suis loin de m’en plaindre mais c’est un constat qui n’avait rien d’une évidence quand la nouvelle continuité a été créée il y a cinq ans.
Si je devais relever quelques éléments que j’ai trouvé décevants dans ce film au bilan globalement très positif, ce serait :
- Leia. Peut-être le fait de le savoir a-t-il biaisé ma vision mais j’ai vraiment eu du mal avec les scènes de Leia reconstituée numériquement à partir de scènes coupées, j’ai globalement trouvé que ça faisait toujours "faux" et m’a fait sortir du film. Par ailleurs, sa mort par "épuisement" suite à une "projection longue distance" (plus minimaliste que celle de Luke) semble assez malvenue (se sacrifier ainsi quand on a de tels responsabilités envers une Résistance qu’on incarne depuis des années, cela semble à la limite de l’irresponsable) ; le décès de Carrie Fisher fait que c’était sans doute inévitable et, du coup, cela n’est pas plus choquant que cela mais ce n’est clairement pas un des points forts du film.
- Après un Rian Johnson qui avait su prendre de la hauteur et donner de l’air à ses décors et batailles spatiales, on retrouve ici la nervosité de J.J. Abrams où, à force de bouger dans tous les sens, sa bataille finale n’a pas d’ampleur et ne marquera pas plus les mémoires que la bataille de Starkiller. Comme mentionné plus haut, je trouve que cela profite globalement au film, surtout que J.J. Abrams fait du bon boulot concernant les séquences sur Rey, Kylo Ren et Palpatine, mais un ultime Star Wars sans bataille spatiale à couper le souffle, c'est sans doute une occasion manquée.
- L’absence de planètes de la « prélogie » dans les images de victoire finales me semble vraiment mal se justifier. Compte-tenu de l’intrigue centrée sur Palpatine, une image de Naboo aurait porté une symbolique autrement plus importante que celle de Bespin par exemple.
Ces points restent des détails sans commune mesure avec les aspects beaucoup plus fondamentaux qui m’avaient gêné sur les deux opus précédents.
Un dernier mot sur la musique, très centrée sur les thèmes de Rey, de Leia, de la Résistance et de l’Empereur. Le thème introduit dans l’épisode VIII semble avoir disparu et, si on entend bien quelques nouveaux thèmes spécifiques à cet opus, ils restent discrets ; le thème de Rey est vraiment conforté comme le thème emblématique de cette postlogie là où les précédentes trilogies introduisaient au moins un nouveau thème fort par film. Le travail de John Williams reste malgré tout de haute volée et je suis impatient de m’y replonger via la bande originale.
Pour finir, j’ai vraiment été convaincu et soulagé par cette
Ascension de Skywalker. On a enfin arrêté d’avoir des scènes remake de la trilogie initiale tout en conservant de nombreuses références appuyées aux films passés (via les répliques surtout), on a un film qui a su rester ambitieux comme son prédécesseur et apporter les réponses qu’on attendait. Cet épisode IX parvient à clore la saga Skywalker de belle manière alors qu’il n’était même pas donné qu’il en fasse légitimement partie. Il y a matière à redire ou à discuter sur des détails bien sûr mais, pour moi, c’est une franche réussite et je ne boude pas mon plaisir.