Avec la sortie du Firespray et du Faucon Millenium lors de la vague 2 d’X-Wing, on peut dire que le jeu a effectué un gros tournant. Ce qu’on appelle le « metagame » n’a plus été le même et, durant les tournois, les vaisseaux à gros socles dont le Firespray et le Faucon sont devenus assez vite hégémoniques, qu’ils aillent par paire ou accompagnés de petits vaisseaux comme escorte.
Les grands vaisseaux dits à « gros socles » sont en partie définis par cette notion de socle plus important que celui des chasseurs classiques. Un gros socle signifie que l’arc de tir a une envergure doublée par rapport celui des petits chasseurs. Cela serait un gros atout si la taille décuplée du socle ne faisait pas des gros socles des proies a priori faciles à toucher. Et ce d’autant plus que les gros socles sont rarement dotés d’une grosse agilité pour esquiver les tirs. Toutefois les gros socles, et tout particulièrement le Faucon Millenium, sont loin d’être faiblards.
Le Faucon Millenium compense sa faible agilité de 1 par un nombre de points de coque et de bouclier affolants : 8 et 5. De quoi encaisser 13 tirs et donc de voir venir. On constate donc que les bidouillages du vaisseau effectués par Han Solo et Chewbacca ont bel et bien été efficaces. Comme la mobilité du vaisseau est bonne avec une roue très complète et des manœuvres rouges confinées aux demi-tours, il est loin d’être facile d’abattre un Faucon. Et ce d’autant plus qu’il n’utilisera sans doute que très peu ses demi-tours rouges car il est doté d’une tourelle. Le principe de la tourelle était déjà apparu lors de la parution du Y-Wing, doté une amélioration « tourelle » que l’on pouvait acheter. Mais c’est en fait la tourelle native qui apparaît avec le Faucon qui marque une deuxième révolution pour X-Wing, après celle des gros socles. Voici le tableau : la tourelle du Faucon est incluse d’emblée sans nécessiter l’achat d’une carte amélioration et elle n’est pas limitée au niveau de sa portée. Pour finir, elle à 3 de puissance ce qui en fait un atout énorme. Avec une tourelle, on peut tirer à 360 degré et donc faciliter énormément les dilemmes de choix de manœuvre. Mener un Faucon au combat n’est pas donc le pire des casse-têtes si on évite quelques erreurs patentes, comme se jeter au milieu d’une nuée de Ties ou accumuler les traversées d’astéroïdes.
Je suis personnellement dubitatif sur cette innovation : certes les tourelles du Faucon sont totalement canoniques par rapport aux films, mais leur puissance de feu et leur capacité à tirer à 360 degré sont un énorme atout qui fait que le Faucon est présent dans un nombre impressionnant de compositions gagnantes en tournoi. On ne parle pas de compositions avec le pilote générique – le Contrebandier de la Bordure extérieure –, qui ne pilote pas le Faucon mais un simple YT 1300 : moins de points de coque et de bouclier, une tourelle ne tirant qu’avec ne puissance de 2, un VP de 1… ce pilote n’a d’intérêt que son prix très bas (27 points). Pour valoriser pour le mieux ce vaisseau, il faut y mettre le prix en choisissant un pilote nommé, certes cher, mais très rentable.
Car ces pilotes ne sont pas piqués des hannetons. À part un Lando Calrissian qui profite d’une bonne valeur de pilotage de 7, mais qui détient un pouvoir malcommode à déclencher, ils sont excellents. À tout seigneur tout honneur, Han Solo est un des meilleurs pilotes en jeu : valeur de pilotage optimale et capacité de relancer tous ses dés d’attaque s’il le désire. Une sorte d’acquisition de cible en moins souple, mais qui ne nécessite pas d’action à employer. Chewbacca est lui un pilote défensif, doté d’un pouvoir excellent : ne pas subir de dégâts critiques naturellement. Car avec 8 points de coque, le Faucon risque bien d’avoir le temps d’encaisser des critiques. Pour parfaire le tout, le vaisseau est vendu avec un ensemble impressionnant de cartes d’amélioration soit 14 cartes dont certaines en doublon et qui pourront être utilisées sur plusieurs vaisseaux donc. On trouve des améliorations offensives (un missile anti-nuée comme le « Missile d’assaut », l’équipier « Luke » qui fiabilise les tirs, l’« Ingénieur en armement » qui sera en fait surtout utile sur d’autres vaisseaux), des améliorations défensives (le titre Faucon qui permet d’avoir accès à l’action d’Évasion, « Insaisissable », « Boucliers améliorés » qui ajoute un point de bouclier) et d’autres inclassables mais presque indispensables (« Instinct de vétéran », « Moteurs améliorés »…). Certaines de ses améliorations comme « Instinct de vétéran », « Boucliers améliorés », « Je les attire » ou « Moteurs améliorés » se retrouvent sur toute une foule d’escadrons ne comprenant aucun Faucon Millenium.
On aura compris que le Faucon Millenium est un must incontournable en terme de « fluff », de « gameplay », de « metagame » et j’en passe au niveau des anglicismes. Tout joueur, même jouant exclusivement l’Empire, s’y intéressera. Du point de vue de l’équilibre du jeu, il n’est pas sûr que cette extension soit au-delà de tout reproche du fait de la puissance du vaisseau. Cela incitera FFG à donner une contrepartie impériale au Faucon avec la sortie du Decimator lors de la vague 4. Ces deux vaisseaux à gros socle et à tourelle trusteront les podiums pour le plus grand bonheur des optimisateurs et/ou maximisateurs… Mais… et le panache et le beau jeu au milieu de tout ça ?