Y a des livres ils ne sont pas faits pour toi. Tant pis tu te dis que tu n'étais pas le public, ce n'est pas une raison pour le descendre.
Il y a des livres, ils ne sont pas passionants. Leurs histoires ont beau ne pas être révolutionnaires, on ne peut pas dire qu'ils soient mauvais pour autant.
Il y a des livres aux styles d'écritures un peu déroutants. Mais ça doit bien plaire à certains, sinon ça n'existerait pas ?
Et puis il y a des livres comme ce The Glass Abyss qui sont juste à côté de la plaque.
Un petit rappel et je développe :
The Glass Abyss
Le Maître Jedi Mace Windu se rend sur une planète dangereuse et isolée pour une mission qui défie même ses prouesses mortelles, dans le but de répondre à la dernière volonté de Qui-Gon.
Les Jedi sont sous le choc de mort soudaine de Qui-Gon Jinn des mains d'un Sith. Les sentiments du Maître Jedi Mace Windu à l'égard de Qui-Gon ont toujours été compliqués, et la mort n'y a rien simplifié. Même s'ils étaient souvent en désaccord, Mace appréciait le point de vue unique de Qui-Gon, et leur dévouement commun à la Force faisait d'eux des alliés. Sans Qui-Gon et ses opinions peu orthodoxes, Mace se sent déséquilibré.
Tout en réfléchissant sur l'héritage de son ami disparu, Mace est surpris de recevoir un dernier message de Qui-Gon, destiné à lui être remis en cas de sa disparition. Le message contient une ultime requête : un appel pour aider Metagos, planète de la Bordure Extérieure.
De nombreuses années plus tôt, une violente éruption solaire a transformé la surface de la planète désertique en un paysage de verre irradié, aussi beau que dangereux. Aujourd'hui, la plupart des habitants qui ont survécu vivent sous terre, où des clans rivaux s'affrontent pour contrôler les ressources limitées de la planète. Alors qu'il n'était qu'un jeune Jedi, Qui-Gon a protégé le clan agricole Sa'ad des factions les moins scrupuleuses de la planète. Les Sa'ad pratiquent l'art du tissage des rêves, gardant leur esprit éveillé pendant le sommeil afin de communiquer et de coexister avec les créatures sauvages qui les entourent. Qui-Gon avait autrefois juré de revenir s'ils avaient à nouveau besoin de son aide, mais il incombe désormais à Mace de tenir cette promesse. Le chef des Sa'ad, KinShan Nightbird (OiseaudeNuit en VF ?) a en effet demandé l'aide des Jedi pour libérer Megatos des seigneurs du crime qui menacent d'éradiquer le mode de vie de son peuple.
Afin d'honorer les dernières volontés de Qui-Gon, Mace se rend à Metagos et infiltre les ennemis des Sa'ad. Mais alors que le Maître Jedi enquête sur un réseau complexe d'adversaires et d'alliés, Mace va se retrouver poussé jusqu'aux limites du Code Jedi, remettant en question ses croyances et sa relation avec la Force elle-même.
La critique sans spoilers de Lain-Anksoo
Qui-Gon Jinn laisse à titre posthume une mission à achever. C’est par un message en provenance d’outre-tombe (oui d’outre-tombe) que le vieux sage envoie son … ami ? collègue ? patron ? Mace Windu, sur une mystérieuse planète pour défendre un mystérieux peuple face à des mystérieux ennemis.
Ancien auteur = ancien style ?
Avant ce roman, Steven Barnes avait écrit dans l’Univers de Star Wars, Cestus Deception, en 2004. Il y a 20 ans ! A l’époque ce roman avait fait sensation du fait de son, comment être gentil, manque de panache. C’était un roman qui inaugurait déjà ce que serait un grand nombre des productions Guerre des Clones des décennies à venir : des histoires lisses, sans saveur qui n’apportent rien.
Et voici qu’aujourd’hui, à 72 ans, Mr Barnes remet le couvert avec un roman sur nul autre que Mace Windu. On reviendra sur le bonhomme, il y a beaucoup, mais vraiment beaucoup, à dire, pour nous pencher dans un premier temps sur le style de ce roman « old school ».
Pour ceux qui ont plongé dans la littérature Star Wars avec le rachat par Disney vous n’avez pas connu une époque disons plus dense. Une époque pendant laquelle si un roman Star Wars vous tombait sur le pied vous finissiez aux urgences.
Il y a 20 ou 30 ans il était plutôt commun de trouver des romans Star Wars dont le style se rapprochait des cadors du 20e siècle à savoir les Asimov, Herbert et autre K. Dick. Je parle des ces livres qui racontent et décrivent plus qu’ils ne parlent. Aujourd’hui les longues descriptions de chaque pierres et chaque cours d’eau des planètes luxuriantes ou les introspections à la troisième personne d’un personnage, ont laissé place à des dialogues ou des phrases plus courtes. Dans certains livres plus orientés jeunesses on a d’ailleurs presque plus que des dialogues entre quelques brèves descriptions. Prenons une autrice « old school » comme Robin Hobb dans ses livres même certains dialogues sont décrits, au lieu d’avoir un personnage A qui dit à un personnage B « - aujourd’hui j’ai mangé du lard », l’autrice écrira « Personnage A raconta à personnage B qu’il avait mangé du lard aujourd’hui ». Le dialogue est absent, son propos est décrit.
Steven Barnes a grandi avec la SF très dense de la seconde moitié du 20e siècle. Des gros livres qui décrivent un monde inconnu, aux coutumes inconnues, à la faune et la flore inconnues, sur des personnages inconnus. C’est assez rare de nos jours, tout doit aller à l’essentiel.
Personnellement j’appelle ce genre, le genre « guide de jeux de rôle ». Barnes va longuement et progressivement nous décrire un monde totalement nouveau, et je dois bien l’avouer original. A la fin du roman on en ressort avec une myriade d’informations (en lien ou pas avec l’intrigue) sur cette planète. Tout ça me rappelle beaucoup ce que font les guides de jeux de rôle, donner plein d’informations (trop d’informations pour une seule partie) pour que les joueurs puissent puiser dedans pour faire leur campagne.
Pour conclure sur ce sujet, en règle générale je ne suis pas friand de ce genre. Trop d’informations peut venir noyer l’intrigue, surtout quand ça concerne une planète qu’on ne reverra jamais. J’ai souvenir en pleine lecture de Point de Rupture d’avoir tourné lancinement les pages sans en lire plus d’un mot ou deux parce que je n’avais pas besoin qu’on me décrive le moindre arbre et cailloux de Haruun Kal. Mais ici ça fonctionne pour deux raisons, la première, le monde et ses habitants sont réellement intéressants et originaux, la seconde l’intrigue est une daube.
Le genre d’intrigue et de caractérisation que je vois tous les jours dans mon travail*
On va se débarrasser tout de suite de l’intrigue : Windu vient pour découvrir qui vole des œufs de bébêtes très rares et importantes dans la culture de ce monde. La réponse est évidente dès le début mais il préfère s’infiltrer et jouer au pirate au lieu d’arrêter directement le méchant. Méchant qui parce que Windu s’est tourné les pouces à faire la teuf avec les autochtones, déclenche une guerre que le Jedi doit remporter. Pif paf boum, fin du livre. Vous l’aurez compris l’intrigue est si fade qu’on voit au travers.
Non le point sur lequel je veux m’attarder c’est Windu lui-même et il y a beaucoup à dire.
Commençons par le début du livre, Qui-Gon laisse un message à son BFF (Best Friend Forever) pour terminer une mission s’il venait à mourir. Déjà il faut ne pas connaitre grand-chose à Star Wars et son univers pour penser que Windu et Qui-Gon étaient proches. Mais soit passons.
Ensuite Windu arrive sur le monde et agi … comme Qui-Gon. Pendant les 200 premières pages j’ai eu l’impression de lire un livre sur Qui-Gon. La manière dont Windu agi ne ressemble pas du tout à tout ce que l’ont sait du personnage. Il va être curieux envers les habitants du monde, va chercher à connaitre leur culture, va faire des rites de passage pour rejoindre leur « tribu ». Il va même jusqu’à apprendre d’autre manière de concevoir la Force que celle des Jedi. Alors que Windu est LE Jedi à la vision étriquée par excellence. Celui qui place l’Ordre au-dessus de tout. Autant dire que le Windu ouvert d’esprit je n’étais pas prêt. Tout comme je n’étais pas prêt de voir un Windu danser, chanter, boire, rouler des pelles et copuler. Jamais je n’ai vu un roman qui tombe aussi peu juste sur la caractérisation de son personnage.
Mais alors le revirement à la fin du livre, j'étais encore moins prêt. On sait que Windu est un Jedi violent mais même s’il peut parfois être extrême il n’y prend aucun plaisir, c’est pour la justice et pour ramener la paix (la fin justifie les moyens, tout ça tout ça). Mais ici on a un Windu qui noir sur blanc « embrasse la haine, la colère et sa peur, il embrasse sa propre obscurité » pour arriver à ses fins (sans qu’à aucun moment on nous dit que c’est obligatoire). Le summum c’est quand, après avoir tué un ennemi, il sourit.
On passe donc d’un « Qui-Gon bis » au début du livre à un Jedi noir en à peine quelques centaines de pages. Rarement vu un si grand écart. Si le but était de nous montrer que les Jedi qui couchent, s’attachent et étudient d’autres arcanes de la Force sont destinés à sombrer et bien c’est gagné. Quand bien même le livre ne pointe jamais ce message du doigt.
Que dire de plus ?
The Glass Abyss a réussi à me faire apprécier quelque chose qu’en général je considère comme un défaut. Tout ça « grâce » à sa caractérisation abyssale du personnage de Windu et son intrigue aussi transparente que du verre. Barnes continue d’avoir des titres de livre qui résument parfaitement notre lecture.
Note : 20%
* Pour information je dirige une station d’épuration des eaux usées
Pour sombrer dans les abysses le chemin c'est par là !
Lain-Anksoo a écrit:Une critique sponsorisée et inspirée par Xxim dont je suis allé relire celle sur Cestus Deception
Purée comment le temps passe.Lain-Anksoo a écrit:dont je ne me souvenais absoluement rien de ma lecture d'il y a 15 ans. https://www.starwars-universe.com/livre ... estus.html
Lain-Anksoo a écrit:Tout comme je n’étais pas prêt de voir un Windu danser, chanter, boire, rouler des pelles et copuler.
xximus a écrit:Ce passage interpelle !
Lain-Anksoo a écrit:Tout comme je n’étais pas prêt de voir un Windu danser, chanter, boire, rouler des pelles et copuler.