Bonjour à tous !
Vous le savez peut-être, la production du premier Star Wars n'a pas été de tout repos pour George Lucas et ses équipes. Quand le film débarque en salles, en mai 77, il est passé par plus de quatre ans de galères interminables, tous les éléments, de la météo aux dirigeants du studio, semblant bien décidés à mettre des bâtons dans les roues de cet étrange film de SF, qui ressemblait alors au délire puéril d'un gamin à qui on aurait confié une caméra. Jusqu'à ce qu'au bout de ce processus fastidieux et douloureux, le film sorte enfin en salle, que la magie opère, et amène le succès qui nous rassemble ici, aujourd'hui.
L'histoire de cette production chaotique, c'est ce que propose de racontre Les Guerres de Lucas, une bande-dessinée sortie le mois dernier, signé par les auteurs français Laurent Hopman et Renaud Roche.
D'abord, la (magnifique) couverture et un bref synopsis :
Synopsis :
Cette bande dessinée met en scène l’invraisemblable épopée de George Lucas, enfant rebelle passé à côté de la mort, prodige du nouvel Hollywood et visionnaire indomptable.
La critique sans spoiler d'Adanedhel
(enfin, je sais pas, c'est un spoil de dire qu'il réussi à sortir le film et que c'est un méga carton ?)
Le moins qu'on puisse dire, c'est que cette plongée dans les coulisses du film est absolument passionnante, et mise en scène avec une vraie force et une énergie communicative ! Si on est déjà au fait de l'histoire de la production, on reste happé par la force du récit, et on ne manque pas d'apprendre certaines anecdotes au passage (ce fut mon cas), d'autant que le livre est très bien documenté (et cite ses sources !), et si on en connait peu en dehors des films eux-mêmes, je suis persuadé que c'est une excellente manière de découvrir ce qui peut se cacher derrière cet univers qui nous a tant fait rêver !
Une production qui tombe de Charybde en Scylla puis à nouveau en Charybde
Le tour de force du livre, c'est de parvenir à retranscrire le plus fidèlement possible la genèse chaotique de Star Wars grâce à son travail de documentation, tout en restant plaisant et léger à lire grâce à des dialogues ciselés. Chaque scène est courte et va à l'essentiel, c'est donc réellement ces dialogues percutants alliés au style graphique très expressif qui donnent toute l'attache qu'on peut avoir pour les personnages.
Lucas et ses équipes jouent tellement de malchance, enchaînent tellement de soucis de tournage, d'effets spéciaux, de budget (couplés aux producteurs frileux face à une ambition qu'ils ne comprennent pas)... que c'en devient presque invraisemblable ! On dit parfois que le réel est moins réaliste que la fiction, c'en est je crois un bon exemple ! Et même si toutes les productions cinématographiques ne sont pas aussi malchanceuses (beaucoup se déroulent (un peu) mieux, certaines sont même bien pires), c'est un livre qui rappelle également qu'au vu de toutes les personnes impliquées et du temps de gestation extrêmement long, chaque film qui arrive à sortir et qui tient debout est un petit miracle en soi, d'autant plus quand il essaye d'aller contre le courant établi, comme c'était le cas de La Guerre des Etoiles !
C'est un beau travail d'équilibriste pour romancer les faits, investir le lecteur dans cette histoire tout en restant proche du déroulé réel. Même en connaissant parfaitement la fin et le succès triomphale qui attendait le film, je me suis retrouvé très touché voire ému à plusieurs moments de ce voyage (il y avait quelque chose de grisant de voir les efforts de cette équipe enfin récompensés, et le passage sur la composition musicale de John Williams m'a particulièrement marqué !).
Des personnages plus vrais que nature
Bel équilibre aussi au niveau des personnages. Evidemment, Lucas prend en majorité la lumière, mais le livre laisse aussi la part belle à tous ses collaborateurs, ses amis, les gens qui ont travaillé avec lui sur le film, qu'ils aient cru au projet ou pas... Parmi les fans, autour de Lucas, il y a souvent deux écoles, ceux pour qui il est LE créateur, le génie absolu et intouchable sans aucune faille ni défaut, et ceux qui chercheraient à le déposséder de sa création, qui considèrent que la réussite de Star Wars est bien plus du fait de Gary Kurtz, Marcia Lucas, Irvin Kershner ou du Père Noël (je caricature, mais à peine). La BD nous montre bien à quel point oui, l'entourage de Lucas a été crucial dans la réussite du film, à chacune de ses étapes, mais aussi à quel point c'était sa vision, son univers, et sa détermination qui ont pu mener le projet à son terme malgré la cascade d'imprévus et de complications rencontrés.
Ce n'est pas évident, d'ailleurs, d'avoir comme personnage principal un individu aussi réservé, dont la tête bouillonne d'idées mais qui a du mal à communiquer sa vision, autant sur papier qu'aux gens autour de lui, qui ressent les choses intensément mais les exprime peu, et là dessus encore les dessins de Renaud Roche, avec toutes les nuances qu'ils sont capables de capter dans ce style presque caricatural, sont exemplaires pour donner vie à ce George Lucas (c'est, en tous cas, un portrait dans lequel on se projette facilement, d'autant plus si on est très introverti).
Un livre dense, très dense... trop dense ?
Un défaut, parce qu'il en faut bien un quand même, 200 pages c'est déjà pas mal... mais j'aurais vraiment aimé que ce soit un peu plus long ! Parce qu'il reste des tonnes de choses à raconter sur cette période très riche, mais aussi parce que, comme mentionné plus haut, beaucoup de scènes passent très vite, vont directement à l'essentiel et sont ainsi condensées en quelques répliques clef. La BD a tellement à raconter et veut tellement en raconter que malgré son nombre de page, tout passe très vite, on ne s'appesantit que rarement sur les évènements... c'est un choix qui permet de brosser à la fois la vie de Lucas avant la production et la prod du film en elle-même, ça donne au livre une incroyable densité et un rythme frénétique (je l'avais prévu pour deux soirs de lecture, je l'ai finalement lu d'une traite !), tout s'enchaîne sans temps mort (comme Lucas lui-même l'a sans doute vécu de 1973 à 1977), mais c'est légèrement frustrant, on aurait parfois envie que les scènes durent plus longtemps, rien qu'un peu, pour ajouter un soupçon de vie au récit.
En bref, c'est un travail documenté et passionnant qui permet de prendre la mesure de toutes les galères qu'a connu la production du film à l'époque où personne n'y croyait (en dehors d'un certain Steven Spielberg ;) ), servi par des dessins qui arrivent à saisir les traits de chaque visage pour le rendre instantanément reconnaissable et d'une grande expressivité. Une BD qui livre une grande exhaustivité sur la jeunesse de Lucas et surtout sur la production du film... exhaustivité qui vient au prix d'un rythme un peu trop effréné qui ne se pose jamais vraiment. C'est en tous cas un immanquable si on est intéressé dans la manière dont a été créé Star Wars, et à l'approche des fêtes, je ne crois pas me tromper en disant que c'est un cadeau parfait à offrir aux fans (et même moins fans) de la saga !
Note : 95%
Les Guerres de Lucas est paru le 04 Octobre 2023 aux éditions Deman.
On se retrouve pour en parler sur le forum !
Kasper a écrit:C'est pour ça qu'il a fait les éditions spéciales, non ? Il a essayé de revenir sur sa frustration et montrer ce qu'il voulait.
Kasper a écrit:Il y a un passage qui me turlupine. Lucas a vraiment dit "Tant que ce film plaira à ceux qui sont comme moi" ? Ou c'est une invention pour l'enfermer dans une image qui n'est pas la sienne ? Je serai curieux de savoir ce qu'il en pense maintenant et ce qu'il entendait par là, à cette époque.
D'ailleurs il avait envisageait de faire une suite de façon télévisuelle si le film n'avait pas assez de succès pour assurer une suite en salle (la légende veut que Splinter of the Mind's Eye se Alan Dean Foster soit basé sur un synopsis de Lucas pour une telle suite)
darkfunifuteur a écrit:c'est carrément ADF et Lucas qui le disent en ITW![]()
on a des ITW traduites qui trainent dans les mags et le SW mag a même une retranscription d'une réunion de travail d'ADF avec Lucas et Lipincott.
darkfunifuteur a écrit:la BD est pas tout à fait exacte sur la novélisationils semblent dire qu'elle sort après le film alors qu'elle était sorti bien avant (nov 76 ) et c'était vraiment bien vendue. Les premiers numéros du comics aussi étaient sortis un moi avant.
J'ai pas creusé la question mais y a eu de la promotion, des critiques, des articles sur la sortie de la novélisation fin 76 début 77 ?