Un petit Club Med Impérial, ça vous tente ?
Tony Gilroy nous a prévenu dans un récent article : cet épisode est "à part". En effet, il ne fait pas partie de la structure en arc que nous avons eu pour l'instant (1-3 et 4-6). Il est donc une sorte de plaque tournante. Il y aura un avant et un après tant il semble évident que le reste de la saison va prendre pied sur ce qui est montré ici.
Nous avons donc un magnifique épisode à l'importance flagrante à analyser aujourd'hui ! Entre Coruscant et Club Med Impérial, voici ma critique 100% spoilers et tout aussi subjective !
Mais avant de vous laisser à la lecture de ma critique, je vous invite chaudement à consulter semaine après semaine les actualités de mon camarade Dago qui vous liste tous les clins d'oeil à l'univers Star Wars dans les différents épisodes. Voici son travail pour l'épisode de la semaine dernière (ici).
Bonne lecture !
Back to Ferrix
Personnellement, j'avais hâte d'un retour sur Ferrix. Les trois premiers épisodes nous ont introduit cet endroit digne d'un Peaky Blinders galactique ! Une planète (ou en tout cas une ville) ouvrière, dans un secteur de libre échange, contrôlée par une police corpo des plus déplaisantes. L'endroit ressemble à s'y méprendre à un faubourg ouvrier de la révolution industrielle et, si vous retrouvez mes premières critiques, j'ai adoré cet aspect si pertinent quant à l'objectif d'évoquer la naissance d'une révolution.
Les personnages de Bix ou encore de Brasso mais aussi Maarva ont également attisé ma curiosité (mention spéciale pour Bix et Brasso) et du fait, grâce aux acteurs et actrices, d'une interprétation juste les rendant attachants.
Ainsi, je suis heureux d'avoir revu Bix, visiblement encore sous le choc de la descente de l'équipe de Syril Karn et du meurtre de Tim. Elle est d'ailleurs toujours blessée (restes des bavures ou heurts récents ?). Il était important que nous ayons quelques scènes supplémentaires entre elle et Cassian car, nous l'avions compris, ces deux là on un passé commun qui semble lourd et surtout ... pas si passé que cela !
La tension amoureuse est là et avec une seule séquence, entre souvenirs partagés, codes sonores et adieux douloureux, je me prends à espérer de vite les revoir à nouveau réunis. J'espère que la suite de la saison va creuser cette relation.
Le retour au bercail est l'occasion de revoir Maarva, la mère adoptive de Cassian. Leur relation manquait à mon sens de développement et nous en avons davantage ici. Comment Cassian, avec une mère pareille, peut-il ne pas devenir un révolutionnaire ? Comment ne pas comprendre le lien qui les unit quand nous avons un aperçu de ce que la République/Empire a fait au père adoptif de Cassian ? On sent le déchirement de ne pas pouvoir partir avec son protégé dans les yeux de Maarva. On sent sa volonté de se battre, ici et maintenant et de ne plus se laisser faire. J'ai d'ailleurs, à ce titre, trouvé touchante l'évocation du passage récent de Maarva, sourire aux lèvres, sur le lieu de la pendaison de son ancien conjoint. Cette scène, même si elle ne nous est pas montrée, est tellement évocatrice !
J'ai également trouvé touchante l'honêteté, la "common decency" (#Orwell) de Cassian qui, bravant le danger quasi-constamment, rentre sur Ferrix, certes pour faire ses adieux et récupérer sa mère au passage, mais aussi pour rembourser les dettes qu'il a contracté auprès de ses camarades. Cela le différencie grandement de son "alter-ego maléfique" de l'épisode précédent, Arvel Skeen, que je vois comme ce que Cassian aurait pu être. Ils ont tous les deux vécu une enfance qui semble assez similaire mais il reste à Cassian, sûrement grâce à Maarva, Bix et les autres, un semblant d'humanité qu'Arvel a, lui, perdu (...pour de bon).
République impériale
Avant de passer à ce qui se déroule sur Coruscant, je tiens à m'attarder sur les flash-backs de Cassian et Maarva du jour où son père adoptif est arrêté et pendu.
Pour cela, rappelons l'objectif de Lucas lors de l'écriture de la prélogie : nous montrer comment une République peut devenir son exact opposé.
Ainsi, quel choc (encore une fois) de voir cette armée républicaine de clones troopers être cet outil d'oppression impériale que Palpatine utilise pour arriver à ses fins. La scène sur Ferrix est à ce titre marquante. Ces clones sont là, ce sont des machines à tuer, des outils d'oppression, envoyés dans un faubourg contrôler la population et assurer la bonne tenue de la production.
Dès les premiers signes d'insurrection, ils se retournent et ... on devine la suite. Arrestations et pendaisons sur la place publique...
L'horreur de ce régime nous est donc suggérée. Ce passage est particulièrement impactant.
Back To Coruscant
Ce qui rejoint la poursuite du traitement de l'Empire en interne. L'organisation nous est présentée encore plus en profondeur, dans ses rouages de fonctionnement à travers Syril Karn, Dedra Meero et Mon Mothma.
Avec Karn, nous verrons le fondement de cette bureaucratie écrasante ! Le "Bureau des Normes et des Jauges" ! Dans son obsession de contrôle, l'Empereur aura donc concocté une structure capable de créer un système de ce type, cherchant à avoir son mot à dire et ses règles à édicter jusque dans le degré de pureté des carburants.
Syril se voit donc reléguer au bas de l'échelle, seule l'influence de ce fameux "oncle" lui permet de retrouver l'Empire. Même s'il entre par la petite porte, nous imaginons aisément que cet homme va avoir une carrière glorieuse dans l'organisation fasciste, tant il semble compatible ! La dernière scène de l'épisode lui est d'ailleurs consacrée : levant les yeux, il semble clair que la nouvelle recrue cherche à grimper.
Bien que les normes aient leur évidente importance dans un système productif où il y a des échanges interstellaires, je crois que ce passage nous est surtout présenté, dans la forme, avec cet open-space impérial de l'enfer, comme un moyen de nous faire ressentir l'étouffement de la bureaucratie impériale. Nous sommes donc toujours dans le traitement réaliste de l'Empire car, certes, il y a les troopers, l'armée, la coercition, la violence mais l'oppression peut tout autant être administrative.
Tout comme judiciaire, c'est ce que Cassian va (encore) apprendre à ses dépends. Au mauvais moment et au mauvais endroit, ce dernier va donc se faire prendre alors qu'il allait faire ses courses dans sa petite station balnéaire, digne d'un Club Med malheureusement gangréné par la présence impériale. Son air suspect lui vaudra... 6 ans de peine ! La justice est ici expéditive et n'est en réalité qu'un simulacre. Parmis les faits qui lui sont reprochés : "propos anti-impériaux". Bien que ce passage ne soit pas montré à l'écran, j'imagine tout à fait Cassian se mettre à déblatérer sa haine de l'Empire une fois compris que l'arrestation était inévitable !
Du côté du BSI, Dedra est sur la piste de l'organisation de Luthen sans le savoir. Elle outrepasse ses autorisations pour compiler des données lui permettant de comprendre qu'un schéma rebelle émerge. Toujours aussi effrayantes, les réunions du BSI sont encore une fois réussies. L'institution est violente, composée de carriéristes sans scrupules, prêts à tout pour s'élever. C'est d'ailleurs le conseil donné par le Major Partagaz, son supérieur, "faites attention à vos arrières", tout en la félicitant pour son initiative.
Nous avons donc tous les ingrédients d'une organisation délétère : compétition accrue, solidarité de façade, violence et coups bas.
Encore une fois, le traitement de l'Empire est effrayant et étrangement fascinant dans ce qu'il nous révèle de ses rouages.
Ce traitement matérialiste, d'une organisation dont le coeur est, certes, nous le savons nous spectateurs, profondément ancré dans le côté obscur de la Force, est si rafraîchissant et intéressant. Comme je l'ai évoqué dans mes précédentes critiques, nous savons que l'Empire sont les "méchants" rien que par le visuel proposé rappelant, à dessein, une imagerie fasciste. Mais il est encore plus effrayant je trouve, de développer la psyché et les motivations, les craintes, les peurs et les objectifs des humains qui le composent. Des gens, presque normaux, qui se dédient parfois corps et âmes à ce régime nauséabond.
Le matérialisme nous le retrouvons avec Luthen et Mon Mothma car comme le dit notre maître espion et réseauteur en chef : "une révolution, ça coûte cher". L'objectif du casse sur Aldhani était de financer cette rébellion émergente. Mon Mothma essaie aussi de la faire, avec des moyens plus "pacifiques" mais non moins dangereux. Encore une mention spéciale ici pour la réception qu'elle donne chez elle, occasion saisie de nous montrer comment elle survit, elle la rebelle, au coeur de l'Empire. Son échange discret avec son compatriote de Chandrila, l'importance de l'étiquette et de cacher ses émotions, de faire comprendre l'imprononçable, tout cela a constitué une séquence étrangement haletante appuyant l'isolement de Mon Mothma au sein de sa propre famille, Perrin, son mari, n'étant pas de son bord politique.
Rapidement certes, l'épisode continue de développer le réseau de Luthen. La partenaire de ce dernier, Kleya Marki, se grime pour se fondre dans la masse de Coruscant afin de rendre visite à Vel venue faire son rapport et prendre ses nouveaux ordres. Kleya apparaît comme particulièrement froide mais mue par le désir de faire ce qui doit être fait, méthodiquement, pour que la révolution réusisse. Elle nous est présentée comme presque plus froide encore que Luthen qui lui, rappelons-le, était particulièrement stréssé lors du casse d'Aldhani. Et c'était Kleya qui lui rappelait que ce qui est fait et fait et qu'ils verront bien le résultat.
Ici aussi, un autre penchant de tout mouvement révolutionnaire est montré. La clandestinité, l'illégalité, la difficulté et l'étendue de la tâche à accomplir entraînent inévitablement à produire des actions contestables. Quelle-est-elle ici ? Vel a pour ordre de tuer Cassian, seul lien entre Luthen et le casse. Affaire à suivre donc.
Conclusion
Nous sommes donc bien face à un épisode de transition vers la deuxième moitié de saison. Inévitable et d'une importance claire, cet épisode n'en a pas moins démontré la capacité de la série à être si fascinante malgré l'absence d'action. Sa force est son développement, de l'Empire, des personnages, des relations, des motivations, des peurs...
Cet épisode est donc à l'image des autres d'une justesse remarquable. Je suis fasciné par cette histoire ! Vivement la semaine prochaine !
Certes, nous pourrions nous poser des questions comme : comment Cassian arrive sur Ferrix malgré une présence impériale accrue ? Mais les réponses à ce genre de questions sont autant d'occasions pour les fans que nous sommes de combler ces "trous" qui ne sont absolument pas gênant dans le développement de l'intrigue, tant Cassian nous est présenté comme plein de ressources et de contacts. Ainsi, il m'est difficile de trouver des défauts, des points faibles ici. Il ne me reste donc plus qu'une chose à dire ...
NOTE : 100 %
Deedra, peu impliqué également. Je veux dire, tous ces efforts, on voit son succès et qu'elle est contente, ok. Mais pourquoi devrait-on se réjouir de son succès, se réjouir pour elle, car en quoi ce perso apporte quelque chose d'intéressant en définitive ? Très peu impliqué...
Du côté du BSI, Dedra est sur la piste de l'organisation de Luthen sans le savoir. Elle outrepasse ses autorisations pour compiler des données lui permettant de comprendre qu'un schéma rebelle émerge. Toujours aussi effrayantes, les réunions du BSI sont encore une fois réussies. L'institution est violente, composée de carriéristes sans scrupules, prêts à tout pour s'élever. C'est d'ailleurs le conseil donné par le Major Partagaz, son supérieur, "faites attention à vos arrières", tout en la félicitant pour son initiative.
Nous avons donc tous les ingrédients d'une organisation délétère : compétition accrue, solidarité de façade, violence et coups bas.
Encore une fois, le traitement de l'Empire est effrayant et étrangement fascinant dans ce qu'il nous révèle de ses rouages.
Tahl Darsten a écrit:C'est le traitement de l'Empire que je préfère, vs "c'est nous les méchants" qui bizarrement fait moins peur. Sur Reddit, quelqu'un a dit que ce qui fait peur, c'est que chacun d'entre nous peut potentiellement devenir un Syril Karn ou une Dedra Meero. Ce sont des êtres humains, qui n'ont pair l'air d'être mauvais pour l'être, ils ont juste leurs allégeances du mauvais côté (qui est le bon côté selon eux). Ils ne voient peut-être pas les conséquences de leurs décisions, ou ne veulent pas les voir sous couvert du "c'est ce qui est demandé de moi/C'est mon travail". Soyons claire, ça n'excuse rien (oui, certains se sont servi de cette excuse fut un temps).
Le petit face à face Meero/Blevin lors du meeting était jouissif... Surtout le moment où lui s'est rendu compte qu'elle l'a outrepassé (donc pas respecté les règles), mais que malgré ça, elle lui prend un secteur avec les remerciements du Major Partagaz. Et oui, elle va devoir surveiller ses arrières, parce que je pense qu'on va commencer à voir du backstabbing...
Fabien Lyraud a écrit:Le petit face à face Meero/Blevin lors du meeting était jouissif... Surtout le moment où lui s'est rendu compte qu'elle l'a outrepassé (donc pas respecté les règles), mais que malgré ça, elle lui prend un secteur avec les remerciements du Major Partagaz. Et oui, elle va devoir surveiller ses arrières, parce que je pense qu'on va commencer à voir du backstabbing...Spoiler: Afficher
Dark Reemus a écrit:Tahl Darsten a écrit:C'est le traitement de l'Empire que je préfère, vs "c'est nous les méchants" qui bizarrement fait moins peur. Sur Reddit, quelqu'un a dit que ce qui fait peur, c'est que chacun d'entre nous peut potentiellement devenir un Syril Karn ou une Dedra Meero. Ce sont des êtres humains, qui n'ont pair l'air d'être mauvais pour l'être, ils ont juste leurs allégeances du mauvais côté (qui est le bon côté selon eux). Ils ne voient peut-être pas les conséquences de leurs décisions, ou ne veulent pas les voir sous couvert du "c'est ce qui est demandé de moi/C'est mon travail". Soyons claire, ça n'excuse rien (oui, certains se sont servi de cette excuse fut un temps).
C'est là tout le sel de la propagande de Palpatine, et malgré la rébellion, malgré une importante partie de la population galactique oppressée par ses règles, l'Empire reste vu comme une bonne chose et des opportunités d'emploi pour une bonne partie du peuple. N'oublions pas qu'aux yeux des personnes qui ont postulé pour rejoindre les différentes organisations impériales telles que le BSI, l'Empire est surtout la victoire de la République face aux vilains Séparatistes, pour grossir le trait.
Et c'est certain que pour un peuple qui a vu les horreurs séparatistes sans savoir que c'était leur brave Chancelier Suprême qui tirait les ficelles, avoir une sédition renvoie immanquablement vers la peur d'une nouvelle Confédération Indépendantiste et donc un risque de nouvelle guerre. C'est moche ce que je vais dire, mais quelque part quand on voit les cartes actuellement en main de personnes comme Karn ou Meero, on peut comprendre leurs motivations. Et ça tend aussi à me rappeler l'académie - sans aucun doute impériale - que Luke voulait rejoindre dans l'épisode IV, car en dissimulant ses véritables intentions, Palpatine fournit au peuple des perspectives d'emploi et de sécurité avec l'intronisation de son Empire; quelque chose qu'on perçoit aussi chez le mari de Mon Mothma, lui qui a la chance d'être dans une situation financière lui permettant de ne pas être impacté par le coté négatif "pour le petit peuple" du haut de sa tour d'ivoire où, vu le train de vie qu'il semble mener, il ne peut vraiment pas voir le mal dans le système Impérial. Ou bien je cherche midi à quatorze heure ?
Sergorn a écrit:Vous ne rêvez pas mais vous allez bien me voir dire les mots suivants :
C'était très bien.![]()
Voilà là on est dans de la lenteur qui sert vraiment le récit et les personnages sans tomber dans l'excès. Luthen est succulent dans son cynisme, le double jeu de Mon Mothma est parfait, et les scènes au BSI absolument parfaites.
Même côté Cassian c'était sympa et j'aime beaucoup le fait qu'au fond il fait tout ça pour sa "maman".
Et bon point pour Niamosplutôt sympathique niveau design.![]()
Bref j'espère que ça va continuer dans cette lignée.
-Sergorn