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Andor : Avis 100% spoilers sur les trois premiers épisodes !
 
Les petites histoires forgent la Grande...
23/09/2022

STOP ! Avant de vous laisser à ma critique 100% spoilers et tout autant subjective, je vous invite à consulter le nouveau sondage sur le site sur lequel vous allez vous aussi pouvoir partager votre avis ! N'hésitez pas à aller lire la critique de mon camarade Obiwan Keshnobi qui a pu voir les épisodes 1 à 4 en avant-première et qui vous offre son ressenti global ici

Bonne lecture !


Un peu de contexte, après un The Mandalorian qui a tapé très fort avec un duo immédiatemment devenu iconique et un storytelling consistant en de petites histoires indépendantes amenant à un final ambitieux, un Livre de Boba Fett parsemé de bonnes idées mais dont le tout m'a laissé un goût amer de déséquilibres et de promesses non-tenues et un Obi-Wan Kenobi relativement faible en terme de qualité d'écriture et en déça du grandiose que nous aurions pu attendre suite à l'annonce en grande pompe du projet, mon sentiment global sur la franchise TV Star Wars étaIt plutôt pessimiste. La pente me semblait glissante, apportant des projets aux qualités (très) variables et qui ne semblaient ni tenir tête au phénomène du tout premier (Mando) ni à la concurrence rude (House Of The Dragon, Rings Of Power pour ne citer que ces deux là). Or, la franchise que nous aimons tant et qui nous réunit ici a placé son avenir courtermiste dans les mains des séries TV live (notamment après le report de Rogue Squadron).

Le cinéma s'éloigne de l'horizon pour quelques temps laissant le lourd fardeau de faire (sur)vivre la licence sur les épaules du petit écran. Il est donc tout à fait logique d'attendre beaucoup de choses de ces séries live. Elles doivent créer l'attente, enthousiasmer le public, être digne des événements monstrueux que sont les films au cinéma. Il s'agit de Star Wars tout de même : 11 films au compteur en plusieurs décennies (et c'est là que la comparaison que l'on retrouve souvent avec Marvel ne peut plus se faire car le nombre de films et de séries live de la maison des idées dépasse largement celui de SW et en beaucoup moins de temps).

Ainsi, je découvre Andor dans un contexte particulier, celui d'inquiétude pour cette licence que j'aime tant. Entre début et risque de "Star Wars fatigue" pour les uns et enthousisasme pour les autres, la période me semble cruciale pour Star Wars, tant un parfum de moment charnière semble s'en dégager.

Alors, ce show va-t-il me rassurer ? Début de réponse ci-dessous avec mon avis global sur les trois premiers épisodes : 

Une ambiance radicalement différente


Un bordel. Littérallement un bordel ! La série démarre dans une maison des plaisirs ! Le ton est donc donné : nous ne sommes pas dans du Star Wars édulcoré. Nous retrouvons cette réalisation "froide" (ce n'est pas une critique au contraire) de Rogue One. Ici, point de magie, point d'espoir en une lumière des Jedi, il n'y a que la dure réalité des tout aussi dures conditions d'existence. 

Nous suivons donc Cassian (Kassa) Andor dans un périple mystérieux à la recherche de sa soeur qui le confronte, dans une ville dominée par une corporation, à deux agents de sécurité qui n'attendent qu'une chose, à savoir, l'occasion de réaliser une bonne vieille bavure policière.

Et c'est dans ces premières minutes que le show nous montre sa teneur : Cassian tuera les deux gardes. L'un par accident. L'autre par nécessité pour sa survie. Il doit donc fuir et nous allons découvrir l'étendue de la solitude de ce personnage, traumatisé par ce qu'il aura vécu dans son enfance (hâte d'avoir la suite de ces scènes de flashbacks !), mais également son entourage qui semble parfois exaspéré par lui bien que lui portant une affection sincère. L'homme est donc ambivalent, capable de tisser des liens sociaux qui semblent profonds mais qui se peuvent se tranformer tout aussi vite en exploitation par intérêt tant il demande de l'aide et des faveurs. Beaucoup de ces amis en ont marre de lui, entre argent et services rendus, la réputation de Cassian est faite : c'est un profiteur. 

Des personnages justes 


On sent tout de même que ce comportement d'Andor vient du fait qu'il vit constamment sur la brèche. L'homme est déjà brisé (après tout il affirme avoir commencé "le combat" depuis ses 6 ans). Ses traumas le hantent. Sa planète natale, détruite par une surexploitation minière impériale, n'est jamais loin dans son esprit. Et la fin du troisième épisode nous le prouve, juxtaposant sa fuite de Ferrix à son sauvetage sur Kenari.

Mais malgré ses cassures et sa solitude, il doit trouver de l'aide pour fuir le meurtre des deux agents. Bix semble pouvoir le faire. Le lien qui l'unit à Cassian est tangible. L'alchimie entre les deux acteurs fonctionnent totalement. De son côté, sa mère, Maarva, ressent une tendresse profonde pour ce gosse qu'elle a sauvé il y a des années, dommage que ces trois épisodes ne s'attardent pas plus sur elle et sa relation avec Cassian (peut-être en apprendrons nous plus plus tard).

D'ailleurs, la quasi-totalité des personnages que nous suivons sont intéressants en quelques instants, notamment par une interprétation que je trouve très juste. Diego Luna arrive en un seul regard à nous faire comprendre toute l'étendue de la douleur ressentie par Cassian quand on lui évoque Kenari. Adria Arjona nous offre une Bix très humaine, tiraillée entre plusieurs possibilités. Stellan Skarsgard incarne parfaitement Luthen, sorte de recruteur/maître espion pour une Rébellion tout juste naissante. Kyle Soller est impeccable en officier psycho-rigide.

Le casting est cinq étoiles. 

Une histoire politique et engagée 


Oui. Le gros mot est sorti. N'en déplaise à certain, Star Wars a toujours été politique. La trilogie originale n'est-elle pas l'histoire d'un groupe de rebelles travaillant à détruire un régime fasciste ? Donc d'une lutte politique ?

Ainsi quelle joie de découvrir une histoire aussi engagée que celle-ci ! Je m'explique. 

Un divertissement c'est bien. Un divertissement qui a quelque chose à dire et à défendre c'est encore mieux. Comment ne pas voir les sous-textes environnementaux dans la surexploitation de Kenari ? Comment ne pas y voir une critique de la production effrénée de ressources fossiles ? Comment ne pas voir dans les échanges entre les officiers de la police-corpo, une tentative de nous montrer ce qui peut pousser certains individus à collaborer avec et à désirer un régime totalitaire ?

Nous sommes face à une histoire qui cherche à nous montrer comment une révolution peut apparaître et une révolution n'arrive jamais dans un contexte neutre. Or ici, le contexte n'a rien de neutre ! La vie sur Ferrix est rude. Dominée par une corporation, le travail y est difficile sur les chantiers de démantelement. Le parralèlle avec des faubourgs ouvriers du début de la révolution industrielle m'apparaît clairement. L'Empire est distant mais bien présent à travers l'agence de sécurité de la corporation. La population locale voit clairement la présence de ces agents comme une menace et même une insulte. Bien que ceux-ci viennent rarement dans les faubourgs.

La meilleure scène des trois épisodes à mes yeux est celle où, face à la violence brute des agents de sécurité et au risque pour l'un des leurs de se faire attraper, la population ouvrière exprime sa solidarité en se prévenant mutuellement de l'arrivée des officiels. Quelle séquence merveilleuse et quel parti pris !

Je reviens sur les policiers-corpo. Tout d'abord, à mon sens, la série évite de tomber dans l'écueil des stormtroopers déshumanisés et peu (ou pas) développés. Ici, les agents sont clairement identifiés entre une vieille garde un brin pantouflarde et une jeunesse acquise au discours impétial sur l'ordre et la sécurité (on te voit Palpatine). Ainsi, les discussions entre Syril Karn (Kyle Soller) et l'autre officier sur  la nécessité d'intervenir, sur la discipline, sur le besoin, l'envie d'ordre et d'action immédiate et punitive, nous montre comment, dans les faits, de simples personnes se retrouvent à être les rouages tangibles d'une organisation impériale clairement fasciste. Cet aspect est important car il est presque trop simple de dire que les milliers (millions) de stormtroopers ont eu le cerveau lavé, sont conditionnés ou ont carrément une puce de contrôle. Non. Je trouve hyper intéressant de développer ces personnes sincérement acquises aux valeurs impériales (fascistes) pour comprendre ce qui les pousse à embrasser cette idéologie pourtant nauséabonde.

Un lore intéressant 


Continuons dans ce qui m'a plu. Les petits détails dans la ville sont intéressants et témoignent d'un travail de fond et de réflexion pour rendre l'environnement de Cassian tangible, profond. Le simili-minaret dans lequel un ouvrier sonne une cloche pour rythmer la journée de travail, les devantures du "quartier des plaisirs", la présence de nombreux figurants et de quelques aliens, les peintures de guerre des enfants sur Kenari, leur langue, le côté rétro-technologique particulièrement présent et si "starwarsien"...

Le tout offre un monde cohérent, vivant. Je valide à 100%.

Rythme et musique 


La narration avance doucement c'est une évidence mais, plus parce que ces trois épisodes forment en réalité un tout. Comme un petit film coupé en trois parties. La partie centrale (le deuxième épisode) est donc clairement plus lent mais prend le temps de développer justement cet environnement pour ancrer l'histoire de Cassian dans une réalité que l'on sent vibrante de vérité. 

A ce titre, et avec sa musique sobre, ce show s'ancre définitivement dans une proposition radicalement originale dans la saga.

Conclusion 


Vous l'aurez compris, je suis particulièrement enthousiasmé par ces trois premiers épisodes. Ils me présentent une histoire que je me surprends à vouloir connaître et suivre avec envie et excitation. Cassian Andor, ce personnage secondaire, a le droit à une série qu'on aura pu juger inintéressante. Et pourtant, voilà l'occasion (pour l'instant saisie) de montrer que cette galaxie regorge d'histoires aux tons et enjeux différents. Une galaxie dans laquelle se côtoient parfois la Force, un Ordre de moines-chevaliers avec des épées laser et des pouvoirs magiques, des batailles spatiales gargantuesques mais aussi les intrigues politiques, la lutte contre le fascisme et la vie des milliards de milliards d'âmes luttant pour assurer leur survie face à de rudes conditions matérielles d'existence. 

Il y a de la place dans Star Wars pour Andor. Cette proposition me séduit entièrement. Bravo et vivement mercredi prochain ! 

NOTE : 95%

Parution : 23/09/2022
Source : Les épisodes
Validé par : ArnoDaveG
Section : Télévision > Andor