
Durant le tournage, il portait du matériel de motion-capture sur sa tête, afin que son visage puisse être remplacé par une recréation numérique du visage de Cushing.
John Knoll, chef de la création au studio d'effets spéciaux ILM et superviseur des effets visuels de Rogue One, décrit le processus comme "du maquillage en version super high-tech et nécessitant beaucoup de main d'oeuvre. Nous transformons l'apparence de l'acteur pour qu'il ressemble à un autre personnage, mais en utilisant la technologie numérique."
De nombreuses questions techniques se sont posées. Par exemple, l'éclairage utilisé dans Rogue One étant différent de celui d'Un Nouvel Espoir, l'équipe d'ILM s'est demandée s'il ne fallait pas l'ajuster pour Tarkin. Hal Hickel, superviseur de l'animation, explique qu'éclairer le personnage "comme il l'était dans Un Nouvel Espoir améliorait la ressemblance, mais ça nuisait au réalisme car il paraissait différent des autres acteurs dans la scène."
Il a également fallu que Henry étudie les tics de Cushing dans les enregistrements d'Un Nouvel Espoir. "Quand Peter Cushing fait le son "aah", il ne bouge pas sa lèvre supérieure", explique Knoll. "Il n'ouvre sa machoire qu'à moitié, et ça fait une forme carrée avec sa lèvre inférieure, qui expose ses dents du bas."
Knoll dit qu'avant que ce genre de nuances soient prises en compte, leur création "ressemblait peut-être à un membre de la famille de Peter Cushing mais pas exactement à lui."
D'après Hickel, les animateurs avaient une règle d'or : "Le réalisme devait l'emporter sur la ressemblance".
Knoll dit que des plans de secours étaient prévus si jamais la recréation numérique n'était pas convaincante : "Nous avons parlé de faire participer Tarkin aux conversations via un hologramme, ou bien de transférer ses dialogues à d'autres personnages."
Depuis la sortie du film, certains articles de presse ont jugé le procédé indigne envers Cushing. Mais Lucasfilm et ILM disent que leur recréation de l'acteur a été faite avec l'accord de ses héritiers.
Knoll dit que son équipe avait entendu "l'argument de la pente glissante", leur reprochant d'ouvrir la voie à la recréation de nombreux acteurs morts dans de futurs films. "Je ne pense pas que ça arrivera", répond-il. "Ca a été fait pour des raisons scénaristiques très solides et défendables. C'est un personnage très important pour ce genre d'histoires. C'est extrêmement intensif en main d'oeuvre et coûteux à faire. Je n'imagine pas qui que ce soit se lancer dans ce genre de choses de manière désinvolte."
Le technicien ajoute qu'il n'est pas prévu de réitérer l'expérience dans les prochains films Star Wars : "Nous ne comptons pas faire de la recréation numérique en abondance à partir de maintenant. Ca avait juste du sens pour ce film en particulier."
(image d'Un Nouvel Espoir)
L'article de New York Times aborde également la recréation numérique de Leia pour la dernière scène de Rogue One. Dans le premier plan, lorsque Leia est vue de dos, elle est jouée par Ingvild Deila. Puis, quand elle est vue de face, son visage et son costume sont des recréations numériques de Carrie Fisher à partir d'images d'Un Nouvel Espoir. La main est toujours celle de Deila.
"Pour que ce moment d'espoir tienne ses promesses, on le renforce en montrant son visage", dit Hart. "C'est la meilleure utilisation possible des effets : renforcer l'émotion de l'expérience pour le spectateur."
Les images d'archives de La Guerre des Etoiles ont également permis à l'équipe de Rogue One d'inclure Red Leader et Gold Leader sous les traits des acteurs originaux Drewe Henley et Angus MacInnes. Leurs images ont été transférées par rotoscope et insérées dans des cockpits en images de synthèse. Knoll précise toutefois qu'il a fallu faire de légères retouches numériques sur les pilotes car ils étaient "un peu sous-exposés".
Knoll nie être en possession d'une "vaste mine d'or" d'images non utilisées de La Guerre des Etoiles. "George [Lucas] était plutôt économe dans la façon dont il tournait les films à l'origine", explique-t-il. "Quand une performance le satisfaisait, il disait "Très bien ; j'ai ce qu'il faut.""