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[OS][FI] Au nom des siens

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Messagepar Jagen Eripsa » Mer 14 Sep 2016 - 8:58   Sujet: [OS][FI] Au nom des siens

Chose promise, chose due ! Je voulais publier une petite nouvelle pour les deux ans du lancement de la Fédération Impériale, c'est chose faite ! Avec deux jours de retard, certes, mais ce n'est pas une petite nouvelle...


Au nom des siens

 
Avec dextérité, le jeune homme arracha un petit carré de collant double-face et l’installa au sommet du tuyau rafistolé qui lui servait de manche improvisé.
— Et maintenant, la touche finale ! s’exclama-t-il avec enthousiasme.
Il attrapa le petit holoprojecteur posé sur la table à côté de lui et le plaça sur l’autre face du collant. Il activa l’engin, et une pancarte virtuelle apparut devant lui.
À GUERRE FUTILE MORTS INUTILES.
Le message était simple, à la fois clair et concis. Satisfait, il s’autorisa un sourire de contentement, et sentit alors sa mère derrière lui.
— C’est très bien, approuva Madalayn avec fierté.
Un compliment d’apparence banale, mais qui le satisfaisait parfaitement. C’est d’elle qu’il tenait ses convictions politiques et cette volonté d’engagement qui le poussait à présent à s’impliquer dans l’avenir de son monde.
— Mais tu aurais dû finir ça plus tôt, le gronda-t-elle sans sévérité. Tu vas être en retard.
— Non, ça ira. J’ai vu avec Ollie et Stam, ça devrait aller. Je dois rejoindre Siv sur la Place du Marché dans une heure, j’ai largement le temps.
— Il ferait mieux de chercher de quoi vivre, grommela alors son père depuis la pièce voisine.
Carth se leva alors de sa chaise, en retenant à grand-peine un soupir d’agacement. Il rejoignit en quelques enjambées le salon où son père était installé dans un fauteuil, en train de regarder de vieilles séries de l’Holonet.
— C’est ce que je fais, et mieux que toi, se défendit-il. Si la guerre s’arrête, tout redeviendra comme avant… Et nous pourrons relancer l’entreprise ! Reprendre le commerce !
— Nous n’avons plus rien, rappela Hadrian Poldrei avec aigreur. Nos cinq vaisseaux ont été saisis… Et je suis trop vieux pour reprendre tout à zéro. Toi, par contre, tu es jeune et tu peux encore faire autre chose.
— Avec des études d’archiviste, je n’irai pas loin ici… Je n’ai pas le niveau requis pour enseigner.
— Alors, quitte la planète ! Va ailleurs !
— Non. Siv aime autant Polcaphran que moi, et je n’ai pas l’intention de quitter… Eh bien, ni l’une, ni l’autre.
— Laisse-le, rouspéta Madalayn à l’intention de son époux, avant de se tourner vers son fils. Tu veux que je te dépose ? J’ai deux-trois courses à faire ce matin.
La jeune sœur de Carth en profita pour entrer dans la cuisine.
— Moi, je suis partante, annonça-t-elle d’emblée. B’jour, Carth.
— Salut sœurette, répondit-il avec une embrassade affectueuse. Tu viens à la manif’ ?
— La foule, c’est pas pour moi…
Kyrane prit le dernier toast sur la table, vestige d’un petit-déjeuner plus frugal qu’ils ne l’étaient avant-guerre, et le croqua à pleines dents.
— Ch’aimerais bien voir chi les rechtrichtions chont levées chur les pièches détachées.
Elle était passionnée de mécanique et pestait depuis des mois sur l’arrêt des ventes de tous ces objets que les nouveaux décideurs séparatistes considéraient comme des « armes potentielles ».
— Ça m’étonnerait, dit Carth, fataliste. Surtout avec la manif’ prévue.
— Quelle idée aussi de provoquer Jaderan, dit-elle après avoir terminé sa bouchée.
— Il n’a pas…
— J’veux dire, c’est un con, on est d’accord là-dessus, mais autant ne pas lui donner de raisons pour faire pire.
— Polcaphran a toujours privilégié la démocratie au pouvoir personnel, rappela son frère, et ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer. Nous serons tellement nombreux que le Conseil de Gouvernance de Palder Jaderan n’aura pas d’autre choix que de se plier à la vox populi.
— Tu rêves, lança son père. Les Séparatistes ne se laisseront pas faire.
— Ils n’auront pas le choix, répliqua Carth en plongeant ses yeux gris d’acier dans ceux, identiques, de son père. Leur légitimité vient de leur prétention à respecter la voix du peuple… Alors nous leur montrerons notre volonté. Polcaphran va être un exemple de démocratie… Et, qui sait ? Peut-être montrerons-nous le chemin de la paix au reste de la Galaxie ?
Hadrian ne répondit pas d’emblée. Son regard était chargé de tristesse.
— Je suis partagé, confessa-t-il finalement. D’un côté, j’aimerais te voir prendre conscience de la réalité, perdre tes illusions… De l’autre, je te souhaite de garder encore longtemps cet idéalisme. Tu en auras besoin.
— Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir !
Sa mère s’approcha et lui fit signe de se pencher pour l’embrasser.
— Fais attention à toi, lui conseilla-t-elle.
— Promis.
Il salua son père, sa sœur et sortit d’un pas tranquille.
Au bout de quelques mètres dans la rue, il se rendit compte qu’il n’était pas seul. Il se retourna brusquement pour se retrouver face à face avec un jeune adolescent qui le suivait de près.
— Tu ne devrais pas être en cours ? dit Carth avec une pointe d’amusement.
— Ça ne sert à rien, répondit Jeyran sans se démonter.
Âgé de quinze ans – la moitié de l’âge de Carth –, le benjamin de la fratrie Poldrei rejoignit le côté de son frère.
— Je veux aller à la manif’, annonça-t-il avec ferveur.
— Non, répondit Carth par provocation.
— Non ?
— Tu n’as pas l’âge.
— J’ai plein d’amis qui y seront.
— Sans être pleinement des citoyens ! Je vois déjà les accusations de la presse demain : « les Pacifistes enrôlent des gamins immatures » !
— Je ne suis pas immature ! cria Jeyran.
— Mais tu viens de prouver le contraire, frérot.
Carth s’arrêta pour le regarder de haut. Il s’était toujours positionné en modèle pour lui… Comment le convaincre de réagir différemment maintenant ?
— Allez, viens, dit-il pour couper court à la discussion. Mais suis-moi de près.
Sans un mot de plus, ils rejoignirent la station de métro aérien numéro quinze du Quartier Nadomei pour attendre la rame qui devait les mener jusqu’au centre-ville. Assis sur le quai, ils virent passer une patrouille de droïdes de combat B1, accompagnée de trois B2 d’allure rustaude.
— Ils ont l’air sur les nerfs, commenta Jeyran.
— Ils le sont, confirma Carth.
— Que se passe-t-il ?
— Ce ne sont que des rumeurs…
— Allez, dis.
— Il paraît que le capitaine de l’ancienne Garde Gouvernementale a déserté. On dit qu’il veut organiser une résistance armée contre Jaderan… ajouta Carth avec une pointe de réprobation.
À ses yeux, un tel mouvement ne ferait qu’affaiblir le message de paix porté par les Pacifistes Polcaphréens.
— Whaouh… C’est que la situation craint vraiment…
— Ouais.
— Comment s’appelle-t-il, ce garde ?
Il fallut quelques instants à Carth pour s’en souvenir.
— Garind, dit-il. Il s’appelle Thalas Garind.
 
*  * 
  Ils arrivèrent sur la place des Institutions alors que les écrans publicitaires annonçaient onze heures.
L’immense esplanade devant le siège du Parlement Polcaphréen – l’ancien organe législatif local, renversé par le despote Jaderan – était noire de monde ; il devait bien y avoir cent mille personnes rien qu’ici, et de nombreuses autres dans les rues adjacentes.
Carth se faufila tant bien que mal jusqu’au groupe de tête, suivi par Jeyran. Il croisa quelques-unes de ses connaissances, qu’il salua rapidement ; la plupart des gens présents ici étaient plus jeunes que lui, encore étudiants. Il arriva enfin au cœur névralgique du rassemblement, où se tenaient déjà ses amis organisateurs.
Olliger Fexmond et Stamarie Lisbey consultaient un plan holographique tout en discutant des derniers détails. À côté d’eux se tenait une jeune femme un peu ennuyée, aux longs cheveux châtains et aux traits doux, semblait chercher quelqu’un. Son regard s’éclaira quand elle croisa celui de Carth.
— Tu as reçu mon message ! s’exclama l’aîné des Poldrei en courant vers elle.
Il la prit dans ses bras et la souleva, comme il aimait tant le faire, avant de répondre à son baiser passionné.
— Désolée de ne pas avoir répondu, dit Siv quand il la reposa. J’ai l’impression que ça capte mal aujourd’hui.
— Oui… murmura le jeune homme, soupçonneux.
Il savait qu’un blocage total des communications par le gouvernement n’aurait fait que brusquer l’opinion, mais un ralentissement du réseau… C’était une stratégie assez fine et difficilement repérable.
Ne verse pas non plus dans la paranoïa, se rabroua-t-il intérieurement. Il y a des dizaines de milliers de personnes ici, les relais doivent être surchargés.
— Je pensais passer par la place du Marché, mais mon frère est venu avec…
Il se retourna pour désigner Jeyran, mais celui-ci avait disparu entretemps.
— Euh, bref… Il était avec moi. Et j’ai loupé la correspondance…
— Pas grave, le rassura-t-elle brièvement.
— Carth ! s’exclama alors Olliger, qui venait seulement de se rendre compte de sa présence.
Stamarie, surprise, leva immédiatement la tête.
— Eh bien, c’est pas trop tôt ! le houspilla-t-elle. J’ai cru que nous allions devoir commencer sans toi.
Elle s’approcha et l’attrapa par le bras pour le ramener vers l’hologramme. Avec un regard d’excuse pour Siveline – qui avait l’air de trouver la scène très drôle –, il rejoignit ses amis pour terminer la planification.
— L’itinéraire n’a pas changé depuis hier soir ? bâilla-t-il en jetant un coup d’œil à gauche et à droite – il n’arrivait toujours pas à localiser Jeyran.
— Non, toujours pas, confirma Ollie. Place des Institutions, avenue de Malrinn, avenue de la République, boulevard de la Concorde Galactique et esplanade du Souvenir. Le trajet classique de l’avant-guerre.
— Sauf que c’est Jaderan qui commande à présent, rappela Carth en fronçant les sourcils. Que sait-on du déploiement des forces de sécurité ?
— Il n’y aura aucun membre de la Garde Polcaphréenne, affirma Stam. Uniquement des droïdes.
— Alors, les rumeurs sur la défection de Garind sont vraies ?
— Elles sont en-dessous de la réalité. La moitié au moins de l’ancienne Garde Gouvernementale est en cavale.
Poldrei siffla de surprise.
— Eh bien, voilà qui est intéressant…
— Ça va donner du travail aux Séparatistes, se réjouit Ollie.
— Et ça risque aussi de braquer Jaderan, tempéra Carth. Il vaudrait mieux que nous jouions la carte de l’apaisement.
— Pas sûr que la manif’ soit perçue dans ce sens…
— Nous allons montrer à la Galaxie toute entière que nous sommes capables de débattre et de discuter en toute sérénité, assura Poldrei. Mais pour cela, il faut que nous empêchions d’éventuels débordements. Qu’en est-il du service d’ordre ?
Ils continuèrent à discuter des détails de l’organisation pendant encore un bon quart d’heure ; chaque point était minutieusement vérifié avant le lancement du défilé. Ils en étaient à la couverture vidéo quand Jeyran fit finalement son apparition, accompagné de deux garçons de son âge.
— Alors, ça démarre quand ? demanda-t-il à son aîné avec l’enthousiasme et l’excitation de la jeunesse.
— Bientôt, assura Carth. Ollie a juste oublié de placer un opérateur holovid sur l’avenue de Malrinn… expliqua-t-il en désignant Fexmond, comlink à l’oreille.
— Il s’est décommandé !  murmura son ami, énervé, en prenant garde à ce que son  correspondant n’entende rien.
— C’est si important ? demanda l’un des deux ados.
— Plutôt, oui, confirma Carth. Il faut que la marche soit retransmise dans les autres villes de Polcaphran… En direct ou en différé, ça n’a pas d’importance ; l’essentiel, c’est qu’ils sachent que les Pacifistes n’abandonnent pas.
— Je peux le faire, assura le jeune garçon. J’ai une holocam – il sortit un cylindre de cinq ou six centimètres de diamètre de sa poche – et je sais m’en servir.
Carth ne mit guère longtemps à se décider. 
— Ollie, attends ! interpella-t-il son ami. On en tient un. Donne la fréquence à… ?
L’ado mit quelques instants avant de comprendre qu’on s’adressait à lui.
— Euh… Tavill ! Edwin Tavill.
— D’accord, dit Fexmond en raccrochant son comlink à sa ceinture. C’était un imbécile, de toute façon.
— Un partisan de Jaderan ? supputa Carth.
— Pire, un fan du vieux Palps. Et complètement parano avec ça.
Il tendit un morceau de flimplast à Edwin.
— Tiens, connecte-toi à cette fréquence dès que tu seras en position sur les toits, lui ordonna-t-il. Et préviens-moi quand tu entreras dans le bâtiment. On lancera la marche à ce moment-là.
— Entendu !  s’exclama avec enthousiasme l’ado. Jeyran, Ardin, vous venez ?
— D’ac’ ! répondit le dénommé Ardin avec la même fougue.
— Je reste là, dit Jeyran avec fermeté.
Edwin, voyant le regard de son ami, ne tenta même pas de discuter et s’enfonça dans la foule, suivi d’Ardin.
— Tu aurais dû les suivre, marmonna Carth.
— J’veux voir ça de près, frérot.
— Et moi, je commence à en avoir assez de ton arrogance, soupira l’aîné. Ollie, Stam, j’y vais. Prévenez-moi dès qu’on y va.
— C’est noté ! s’exclama Lisbey.
Elle était concentrée sur le mode d’emploi de son mégaphone et ne semblait pas prête à noter quoi que ce soit. Ollie, lui, passait un autre appel.
Gagné par l’impatience, Carth se détourna et alla rejoindre Siv, qui commençait à sérieusement s’ennuyer à force d’être mise à l’écart.
— Désolé, chérie, s’excusa-t-il avant de l’embrasser sur la joue. Tu connais Stam ; une fois qu’elle a une idée en tête, il est difficile de la détourner.
— Ouais, je sais. Tu as retrouvé ton fuyard ? ajouta-t-elle en voyant Jeyran qui suivait son frère.
— C’est plutôt l’inverse !
Ils discutèrent tranquillement pendant les minutes qui suivirent, et Carth sentit ses inquiétudes s’envoler. Siveline était… Rafraîchissante. Il se sentait bien en sa compagnie. Après quatre ans de relations, ils auraient aimé s’installer ensemble, mais la guerre puis l’instauration de la dictature avaient retardé ce rêve simple. Pour l’heure, Carth manquait cruellement de ressources et ne pouvait même pas envisager cette dépense supplémentaire.
Une trompe s’éleva finalement de la foule, signal du départ.
— Évidemment, elle ne m’a pas prévenu… sourit-il en sortant son holoprojecteur
À GUERRE FUTILE MORTS INUTILES. Le slogan s’affichait au-dessus de lui. Siveline semblait ravie.
— Ça sonne bien, lança-t-elle, enjouée.
Il aperçut, à une dizaine de mètres de là, Stam grimpant sur les épaules d’Ollie, un mégaphone à la main :
— LIBERTÉ DE NEUTRALITÉ ! hurla-t-elle dans l’appareil. LE COUP D’ÉTAT NE PASSERA PAS !
Le slogan fut repris en cœur par la foule, qui se mit en marche.
Une véritable marée humaine déferlait à présent dans les rues d’Heduris ; des dizaines de milliers d’hommes et de femmes marchaient dans la même direction, scandant à tue-tête les slogans que criait Stam.
La densité était telle que les épaules se cognaient lors de l’avancée, lente. Suant à cause de la chaleur dégagée par la foule, Carth veillait à préserver sa petite amie et son frère des bousculades inévitables lors de mouvements de cette ampleur.
Il y avait une véritable euphorie régnant parmi les marcheurs. Toutes les peines des mois écoulés semblaient s’être volatilisées ; et Carth avait par moment l’impression d’être revenu aux temps bénis de la paix galactique, quand l’idée même d’une guerre semblait totalement fantasque et dénuée de sens. Comme les autres, il scandait le slogan :
— LI-BER-TÉ ! DE NEU-TRA-LITÉ ! LE COUP D’ÉTAT ! NE PA-SSERA PAS !
Le simple fait de pouvoir exprimer ces mots était une victoire, une brèche dans la chape de duracier qui était tombée sur Polcaphran ces derniers temps. Il sentait qu’ensuite plus rien ne serait comme avant.
Les vibrations de son comlink attirèrent alors son attention.
Rejoins-nous, il y a un problème. Le message d’Ollie l’inquiéta immédiatement.
La foule était à présent pleinement engagée dans l’avenue de Malrinn mais ralentissait peu à peu… Comme si quelque chose bloquait sa progression.
— Restez là, ordonna-t-il à Siveline et Jeyran d’une voix tendue. Je reviens.
Sans attendre, il entreprit de se faufiler dans les rangs denses des manifestants, quitte à jouer des coudes.
À force de bras il finit par arriver en première ligne et comprit immédiatement pourquoi la marche n’avançait plus : une rangée de droïdes B2 bloquait le passage, véritable muraille de métal inflexible. Au centre la rue, Stam débattait férocement avec un non-humain à l’allure sinistre.
Les humains étant presque la seule espèce pensante vivant sur cette planète, Carth n’eut aucun mal à identifier ce kalee portant un uniforme séparatiste : c’était le commandant de la garnison. Il en avait entendu parler, mais ignorait son nom.
Il se fraya un chemin jusqu’à eux et entendit Stam s’énerver.
— …prévu par la Constitution !
— Que se passe-t-il ? demanda-t-il, conciliant.
Le non-humain le remarqua et tourna brusquement sa tête vers lui. Son regard jaunâtre, reptilien, était effrayant ; il eut l’impression d’être jugé comme un simple morceau de viande.
— Restez dans les rangs, ordonna-t-il d’une voix rauque. Il n’y aura pas d’autre avertissement.
Il revint vers Stam.
— Vous êtes en état d’arrestation, lui annonça-t-il. Pour tentative de sédition.
— De la part d’un séparatiste, ça la fout mal, cracha la jeune fille.
En une fraction de seconde, le kalee leva son arme et tira.
— NON ! hurlèrent ceux qui virent la scène.
Carth comprit immédiatement que les sphères bleues projetées par l’arme étaient des rayons paralysants, mais les autres n’étaient pas forcément au courant. Avant qu’ils aient eu le temps de réagir, le commandant avait également frappé Ollie.
— J’emporte ces deux-là, dit-il en attrapant sans ménagement les amis de Carth au moyen de ses bras inférieurs. Vous avez dix minutes pour vous disperser en ordre.
— Assassin ! hurla une jeune fille à quelques mètres de là.
Le mot eut l’effet d’un électrochoc et trois garçons qui se pensaient sans doute plus forts et plus malins que les autres tentèrent d’attraper le kalee pour le forcer à libérer ses prisonniers. Voyant que leur chef était en danger, les droïdes frappèrent.
D’un revers de bras, l’un des B2 envoya voler un assaillant, assez massif, qui s’écrasa contre Carth. Il eut le souffle coupé sur l’instant et bascula en arrière, sans personne pour le retenir. Sa tête frappa alors le sol et il perdit conscience.
Avant de basculer dans le néant, il entendit des coups de blaster.
Non ! Non !
 
*  * 
  — Lyn ! Lyn ! J’en ai trouvé un !
Le son presque cristallin de cette voix tira Carth de sa léthargie ; désorienté, il ouvrit les yeux et, aussitôt, retint son souffle.
Au centre de son champ de vision se trouvait le visage immaculé d’une jeune fille d’une vingtaine d’années, aux cheveux châtains tirés derrière sa tête par un bandeau argenté. Qu’elle était belle, avec ses yeux couleur noisette et ce teint de marbre qui n’était troublé que par de rares grains de beauté ! Ses traits fins exprimaient la joie, l’excitation de la tâche accomplie, et pendant quelques instants le jeune homme oublia où il était… Et ce qui s’était passé.
Une autre demoiselle, à l’abondante crinière blonde, arriva très rapidement et se pencha à son tour sur le blessé.
— Assommé, diagnostiqua-t-elle immédiatement en voyant son regard béat et complètement désorienté.
Elle leva sa main devant le visage de Carth :
— Combien de doigts ?
— Euh… Trois ? dit-il après un temps d’hésitation.
— Correct, répondit-elle avant de se tourner vers l’autre. Il n’est que légèrement commotionné.
Avec un air de découragement, elle ajouta :
— C’est une sacrée chance, compte tenu de ce qui est arrivé aux autres.
— Les autres ? répéta Carth, alarmé. Quels autres ?
Ses interlocutrices échangèrent un regard gêné.
— Vous ne vous souvenez de rien ? demanda celle qui l’avait découvert.
— Je…
C’est alors qu’il remarqua que ses vêtements étaient tâchés de sang et de cendres.
Il se redressa brusquement, prenant conscience de l’endroit où il se trouvait. L’avenue de Malrinn, telle qu’il ne l’avait jamais vue. Non pas encombrée de véhicules à répulsion et de piétons affairés…
…Mais couverte de cadavres.
— NON ! cria-t-il en cherchant à se relever.
La tête lui tournait, mais il n’y prêtait guère attention. Seule comptait l’horreur, l’horreur absolue qu’il avait sous les yeux, qu’il venait de vivre, qu’il vivait encore.
— T… Tous morts… balbutia-t-il.
— Il y a des blessés, répondit Lyn. Quelques-uns.
Sa première pensée ne fut pas pour ses amis, ou son « amie », mais pour le jeune garçon dont il avait la charge.
— Mon frère. Jeyran. Où… Où est-il ?
Il savait qu’il ne se le pardonnerait jamais si quelque chose lui était arrivé… S’il était…
— Je l’ignore.
— Nous allons le retrouver, promit alors la première femme, s’attirant immanquablement les foudres de l’autre.
— Thalie !
— Ça fait partie de l’assistance, se défendit-elle. Tu vois bien dans quel état est…
Elle s’interrompit, voyant que le blessé n’était plus là.
Carth enjambait les cadavres. Il enjamba d’abord le corps de celui qui lui était tombé dessus, avant qu’il ne sombre dans l’inconscience ; il était couvert de blessures et semblait avoir été piétiné par les droïdes de combat. Peut-être lui avait-il inconsciemment sauvé la vie…
De toute évidence, les tirs qu’il avait entendus n’étaient que les premiers d’un véritable massacre. À mesure qu’il s’éloignait du lieu où il avait gît, le nombre de morts au mètre carré baissait ; sans doute y avait-il eu un mouvement de foule provoqué par la panique.
Peut-être qu’ils ont réussi à s’échapper… Peut-être qu’ils sont encore en vie…
L’adrénaline et la peur le faisaient avancer, et il priait à chaque pas pour ne pas apercevoir de visage familier.
Il dépassa l’endroit où il les avait quittés sans les apercevoir. L’espoir naquit dans son cœur, éphémère flamme de réconfort.
Puis il s’éteignit aussi soudainement qu’il avait jailli.
Ils gisaient à une dizaine de mètres de là, ensemble. Jeyran avait les yeux ouverts, fixant un ciel qu’il ne pouvait plus voir. Une large blessure traversait son ventre de part en part. Siveline, elle, semblait endormie ; mais quand il approcha, il vit la marque provoquée par la poigne d’une des machines de mort séparatistes. Elle avait eu le cou brisé.
Il tomba à genoux, incapable de parler.
Les jeunes filles l’avaient suivi. Grâce à un petit boîtier, Lyn scannait les corps à la recherche de traces de vie, visiblement sans succès. Ailleurs dans la rue, d’autres médics improvisés faisaient de même. Mais Thalie s’était précipitée vers lui, et se pencha à ses côtés.
— Je suis désolée, murmura-t-elle en lui posant une main réconfortante sur l’épaule.
— C’est ma faute… balbutia-t-il. Ma faute. Ils étaient venus avec moi… Ils ont peut-être voulu m’attendre…
— Même s’ils avaient fui, ça ne les aurait pas forcément épargné, répondit Lyn en arrivant. Les Séparatistes sont comme possédés ; ils poursuivent les fuyards à travers toute la ville.
Carth n’y prêta guère attention.
— Comment vais-je annoncer la nouvelle à mes parents ? se lamenta-t-il.
— Je peux vous aider, proposa Thalie. Où habitent-ils ?
— Dans le quartier Nadomei.
À voir l’expression choquée des deux jeunes femmes, il comprit que quelque chose n’allait pas.
— Quoi ? Que se passe-t-il ? demanda-t-il, la peur au ventre.
— Palder Jaderan veut faire un exemple, déclara Lyn en pesant ses mots. Vous savez d’où venaient les chefs de la manifestation ?
Il le savait parfaitement. Ollie, Stam et lui se connaissaient depuis leur plus jeune âge…
Il se tourna dans la direction qu’il savait être celle du quartier Nadomei : de la fumée s’en élevait vers les cieux.
Son regard se posa à nouveau sur Jeyran et Siveline. Il ne pouvait plus rien faire pour eux. Et maintenant…
Sans avertissement, il se mit à courir en direction de son foyer.
— Non ! cria Thalie. Attendez ! C’est trop dangereux !
Mais il n’y prêta pas attention. Il devait savoir. Il devait être sûr.
 
 
*  * 
  Dans le ciel de Polcaphran, seul Anafan le Rouge brillait encore et éclairait d’une lueur couleur de sang les frégates séparatistes qui survolaient à présent les bâtiments tenant encore debout dans cette partie d’Heduris.
Le quartier Nadomei était en ruines. Les bâtiments de pierre n’étaient plus que gravats, et ceux de métal, pourtant plus solides, se trouvaient dans le même état. Dans les avenues encombrées de décombres, les patrouilles de droïdes de combat allaient et venaient, chacune suivie par un char d’assaut sur répulseur. Le bruit sinistre, mélange de claquements métalliques et de grincements de répulseurs, jetait sur la scène une ambiance funeste, qui s’accordait bien avec les charognards survolant les habitations dévastées.
Carth ne pensait pas. Il ne pensait plus. Seul son instinct était en marche pour le moment, mû par une obsession : retrouver son foyer.
Il avait bien entendu les avertissements des jeunes secouristes. Il voyait bien la dévastation qui régnait autour de lui… Mais son cerveau était bloqué, obsédé par cette idée… Il devait vérifier…
Les rues n’avaient plus rien à voir avec ce qu’elles étaient le matin même. Il reconnaissait à peine quelques signes distinguant les pavillons les uns des autres…. Ici l’épave d’un speeder noir et or hors de prix, acheté trois ans plus tôt par M. Veiroy… Lequel gisait à côté, sur le cadavre de son épouse. Là les fleurs entretenues des années durant par la veuve Golniak, écrasées par le champ répulsif du char qui avait éventré sa maison…
Au terme d’une progression difficile, émaillée de plusieurs arrêts où il s’était caché dans les décombres pour échapper aux patrouilles, il arriva devant son domicile.
Il fit un pas et sentit un objet métallique sous son pied droit. Sept lettres étaient visibles sur cette plaque cuivrée.
« POLDREI ».
Il avait passé toute son enfance, toute sa vie ici. Rien ne l’avait préparé à voir la plaque couronnant la porte d’entrée au sol, noircie, son nom se lisant à peine.
Il passa le seuil et enjamba ce qui restait de la porte d’entrée et rejoignit les ruines du salon.
Ils étaient là, allongés côte à côté, le visage apaisé contrastant avec les impacts de blasters sur leur poitrine. Hadrian, Madalayn, Kyrane.
Son père, sa mère, sa sœur.
Son frère, sa petite-amie.
Il avait tout perdu.
Il tomba à genoux.
À cet instant, il n’avait qu’une seule envie ; les rejoindre. Peut-être pourrait-il se faire remarquer par la patrouille… Mourir à côté d’eux, là où il avait vécu…
Non… Il ne leur ferait pas ce plaisir… Il pouvait lui-même mettre un terme à ses jours… Oui… Il y avait le fusil blaster de son père, dans la cache, sous le canapé…
Il avait une arme, comprit-il alors. Cette prise de conscience provoqua en lui un véritable électrochoc.
Il contourna les dépouilles de sa famille et rejoignit le canapé, éventré, qu’il bascula sans ménagement. La trappe était à peine visible, mais il entreprit de l’ouvrir.
Il n’aimait pas les armes, mais il savait comment les manier ; le commerce spatial n’était pas sans dangers, et il devait pouvoir se défendre à chaque instant. Quand il parvint à ouvrir le compartiment, il attrapa le vieux DC-11 de son père et vérifia sa charge.
Il était opérationnel, ses réserves d’énergie au maximum. Il l’arma, puis jeta un dernier coup d’œil à sa famille étendue sur le sol.
À tout de suite, songea-t-il, résolu.
Il ressortit de sa maison ravagée et regarda autour de lui. Il repéra tout de suite sa cible ; à une cinquantaine de mètres, une patrouille de droïdes s’éloignait de lui.
Il marcha d’un pas ferme, suffisamment rapide pour gagner du terrain sur ces machines effroyables. Quand il ne fut plus qu’à vingt mètres de ses ennemis, il leva son arme.
Et tira.
La première rafale emporta la tête du droïde le plus proche de lui. La machine continua à avancer sur quelques pas, mais ses congénères, comprenant lentement que les paramètres de situation venaient d’évoluer, arrêtèrent leur progression et firent demi-tour.
Le temps qu’ils se soient retournés, Carth en avait déjà dégommé deux autres et s’était réfugié derrière un muret encore debout. Il se pencha sur le côté et abattit encore deux droïdes. Il en restait vingt, donc cinq B2 lourdement blindés.
Et ils connaissaient à présent sa position. Ils ouvrirent le feu sur le muret, qui ne tiendrait guère longtemps.
Il allait mourir, et ça ne le dérangeait pas. Il voulait juste en emporter le plus possible avec lui.
Il vérifia son chargeur ; il avait à peine perdu en puissance. La batterie était pleine d’énergie.
Une énergie potentiellement instable… songea-t-il avec intérêt.
Cela lui rappelait un vieil holofilm tourné par la star du Teras Käsi, Phow Ji… Un des alliés du héros employait cette méthode pour se débarrasser d’un bataillon de mercenaires….
Il ôta son chargeur et le plia légèrement jusqu’à entailler la coque.
Il ressentit aussitôt la brûlure, signal que la situation allait passablement se dégrader.
D’un rapide geste du bras, il le balança par-dessus le muret vers le groupe de droïdes.
Par-dessus les rafales de blaster, il entendit un petit choc métallique, suivi d’un autre sur le sol.
Puis il y eut l’explosion. Un souffle brûlant, un vacarme fracassant amplifié par le bruit des cellules énergétiques internes des droïdes qui volaient en éclat à leur tour. Un choc tellement violent…
Mais bref. Moins de dix secondes plus tard, le silence était revenu, à l’exception du crépitement de quelques flammes.
Carth se risqua à un nouveau regard. Tous les squelettiques B1 étaient en miettes. Ne restaient que les B2, qui avaient perdu une partie de leur blindage par endroit. Avec une bonne arme, il aurait peut-être pu en venir à bout.
Mais il n’avait plus d’arme. Plus rien pour se défendre. Il n’y avait plus que lui…
Et eux.
Il prit sa décision en un éclair, et se jeta aussitôt sur le droïde le plus proche.
La machine l’aperçut un bref instant, mais il était déjà dans son dos quand elle put réagir. Il voulait attirer le feu des autres droïdes sur celui-ci – et, qui sait, peut-être provoquer une réaction.
Il agrippa les épaules du B2, plus haut que lui, prenant garde à ne pas trop dévoiler son anatomie.
Le droïde tenta de le décrocher et se pencha en avant. Un instant.
Juste suffisant pour que ses congénères l’aperçoivent.
Ils tirèrent, atteignant le centre nerveux de leur allié qui s’éteignit sans comprendre ce qui lui arrivait.
Privée d’énergie, la carcasse s’affaissa sur le côté, entraînant Carth avec elle. Il se dégagea à la dernière seconde et finit affalé sur le sol, sous le nez des droïdes restants.
Et voilà, songea-t-il avec amertume. C’est la fin du chemin…
Les B2 levèrent leur bras droit, prêts à tirer.
Un petit objet se posa à leurs pieds.
Avant que Carth n’ait eu le temps de comprendre ce qui arrivait, une multitude d’éclairs bleus accompagnés d’un bruit de crépitement survinrent et frappèrent de plein fouet les droïdes, faisant exploser leurs cellules énergétiques. Le phénomène illumina la nuit tombante et brûla presque les pupilles dilatées du jeune homme.
Puis le silence revint pendant quelques instants, jusqu’à ce que les automates désormais inanimés s’affaissent enfin dans un fracas retentissant.
— C’est lui ! cria alors une voix qu’il reconnut. Venez !
La fille de l’avenue de Melrinn. La secouriste. Thalie. Elle était là, suivie d’un groupe de combattants armés.
Carth comprit alors ce qui venait de se produire. Cette escouade venait de lui sauver la vie en lançant une grenade électromagnétique qui avait littéralement grillé les droïdes.
Il avait survécu…
Il avait tout perdu…
Thalie approcha en courant et se pencha près de lui.
— Vous m’avez suivi, dit-il d’une voix faible.
— C’était la seule façon de s’assurer que vous ne fassiez pas de bêtises, lui assura-t-elle avec un sourire peiné.
Elle était magnifique, mais en cet instant cela ne comptait guère pour lui, tant sa peine était grande.
— Morts, lâcha-t-il finalement. Ils sont tous morts.
— Je suis désolée…
Deux autres personnes s’approchèrent alors ; il reconnut l’amie de Thalie, Lyn, qui suivait de près un homme à la carrure athlétique. Avec ses cheveux blonds mi-longs et son regard vert, il aurait pu facilement passer pour un sportif ou un acteur ; mais il y avait quelque chose dans son regard qui ne trompait pas. Cet homme-là voyait bien au-delà des autres ; il avait des convictions et de l’ambition.
— Nous le sommes tous, dit-il avec gravité. Ce qui s’est passé aujourd’hui, c’est un drame pour l’ensemble de Polcaphran.
Il lui tendit une main pour l’aider à se relever.
— Mais il faut aller de l’avant, maintenant. Et nous battre.
Se battre.
Il ne l’aurait jamais envisagé avant aujourd’hui.
Il aimait la paix et voulait la préserver. Mais ce qui s’était passé aujourd’hui changeait tout. Il n’y avait plus de neutralité possible ; les Séparatistes leur avaient déclaré la guerre en tirant sur une foule désarmée et en massacrant tout un quartier.
Ils lui avaient déclaré la guerre en éliminant toute sa famille et ses proches.
Il avait la rage au ventre et il voulait s’en débarrasser. Cette sensation ressentie pendant le combat… Cette opportunité de faire quelque chose, de violent, de contraire à ses principes, l’avait étonnement soulagé.
Le mal qu’on venait de lui faire… Carth sentit les larmes lui monter aux yeux rien qu’en y repensant. Sans y songer dans le détail ; juste en réalisant qu’il était seul. Il avait tout perdu.
Et je veux me venger.
Il réalisa qu’il n’avait pas été question d’autre chose. Depuis qu’il avait pris conscience du sort de ses parents et de sa sœur, que ce triste constat était venu s’ajouter à la perte de Siveline et Jeyran, à la capture d’Ollie et Stam, il pensait chercher la mort. Mais il n’en avait jamais été question. Il avait déployé tous les efforts nécessaires pour réduire en miettes le plus de droïdes possibles avant d’être emporté.
Il avait voulu se venger.
Mais à quoi cela servait-il de déchaîner sa colère sur des machines décérébrées ? Elles n’avaient aucune conscience, aucun libre-arbitre. Elles dépendaient d’un commandant séparatiste… Qui lui était en guerre contre la République, et ne reculait devant rien pour anéantir ce qui faisait face à son camp.
Le véritable problème, c’était l’adhésion de Polcaphran à ce camp.
Et il savait qui était le coupable.
— J’en suis, dit-il d’une voix rauque en acceptant la main tendue.
Il se releva grâce à cette aide bienvenue. Ses idées étaient maintenant parfaitement claires.
— À une condition.
— Je t’écoute, répondit l’homme, solennel.
— Je veux tuer Palder Jaderan de mes propres mains.
La phrase provoqua un murmure d’assentiment dans les rangs des résistants, et ne laissa que trois personnes impassibles : Thalie, Lyn et son interlocuteur. Mais si les deux derniers le fixaient avec intérêt, la première, elle, semblait étrangement triste.
— Ça peut s’arranger, assura l’homme.
Il se tourna un bref instant vers ses troupes et leur dit :
— Nous avons un nouveau membre. Bienvenue dans la Résistance, ajouta-t-il en revenant vers son interlocuteur. Tu connais déjà Lyn et Athalée, dit-il en désignant les deux jeunes femmes qui lui avaient porté assistance. Et je suis Thalas Garind. Comment t’appelles-tu ?
L’ancien chef de la Garde Gouvernementale était venu lui prêter assistance sans même le connaître… Il sentit une bouffée de gratitude monter en lui.
À présent, il avait un nouvel objectif. Une nouvelle raison de vivre.
— Poldrei, dit-il, la gorge serrée par l’émotion. Carth Poldrei.


******


Plusieurs petites précisions :
  • Cette nouvelle fait partie d'un cycle que je voulais lancer depuis longtemps, sobrement intitulé La Résistance Polcaphréenne. Je fais tellement de références à cette période dans mon récit principal que je voulais offrir quelques éléments de contexte permettant de mieux comprendre le personnage que je considère jusqu'ici comme ma meilleure création, Carth Poldrei (suivi de près par Celric Tavill pour qui j'ai de plus en plus d'affection). D'autres nouvelles viendront plus tard compléter cette même période.
  • Cette séquence en particulier me trotte dans la tête depuis au moins deux ans - du moins dans les grandes lignes. Elle devait initialement être relatée, plus brièvement, au début du tome 2 (c'est-à-dire pas avant deux ou trois ans au moins). Le premier paragraphe du dernier passage est d'ailleurs directement repris de mes brouillons, et légèrement adapté.
  • Le titre est une référence à une oeuvre marquante de la littérature contemporaine, Au nom de tous les miens, de Martin Gray, décédé en avril dernier. Je ne reviendrai pas sur les controverses entourant cet ouvrage ; j'indiquerai juste que l'horreur de la fiction ne peut jamais égaler celui qu'inspirent les faits réels, surtout des faits aussi tragiques que ceux relatés dans l'ouvrage précédemment mentionné.
  • Comme souvent, je glisse de nombreux petits indices dans mes textes ; alors, si vous avez une hypothèse, n'hésitez surtout pas à m'en faire part, mais utilisez des balises spoils ! ;)

Voilà, j'espère que cela vous a plu !
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Messagepar mat-vador » Mer 14 Sep 2016 - 16:20   Sujet: Re: [OS][FI] Au nom des siens

Cet extrait m'a véritablement transporté! C'est très bien maîtrisé concernant l'histoire et le style même si avec les séparatistes on pressentait que cela tournerait mal :whistle: !

J'espère que d'autres extraits seront publiés (en passant il va falloir que je me bouge le shebs et que je lise la Fédération Impériale depuis le début :siffle: !)!
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Messagepar L2-D2 » Jeu 15 Sep 2016 - 11:58   Sujet: Re: [OS][FI] Au nom des siens

Lu !

Jagen Eripsa a écrit:Voilà, j'espère que cela vous a plu !

Mais carrément ! :oui:

Très bon récit que voilà, bien narré, bien construit, développant le passé du Carth Poldrei qu'on a pris l'habitude de suivre dans la Fédération Impériale, avec en prime des petits bonus comme la rencontre avec le père de Celric ! :oui: Mais récit tragique, également, le leader Séparatiste ne faisant visiblement pas dans la dentelle... :shock:

J'ai beaucoup apprécié la "transformation" de Carth qui, de pacifiste convaincu, devient un redoutable combattant dès lors qu'il a perdu tous ses repères. En revanche, à la lecture, j'imaginais le personnage plus proche de la vingtaine que de la trentaine : son attitude, ses relations avec ses parents... m'ont plus donné l'impression d'un jeune adulte que d'un trentenaire...

Pour les clins d’œils, agréable référence à Phow Ji que l'on voit plus tard dans les romans Medstar, et je me suis demandé, l'espace d'un instant, si tu n'allais pas nous faire apparaître en guest le Général Grievous ! :transpire: Mais j'en ai sans doute loupé !

Et voilà, maintenant, je veux en savoir plus sur ce cycle de la résistance Polcaphréenne ! :oui:
Que Monsieur m'excuse, mais cette unité D2 est en parfait état. Une affaire en or. C-3PO à Luke Skywalker

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Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 15 Sep 2016 - 13:37   Sujet: Re: [OS][FI] Au nom des siens

Merci pour vos retours ! :jap:

mat-vador a écrit:Cet extrait m'a véritablement transporté! C'est très bien maîtrisé concernant l'histoire et le style même si avec les séparatistes on pressentait que cela tournerait mal :whistle: !

J'espère que d'autres extraits seront publiés (en passant il va falloir que je me bouge le shebs et que je lise la Fédération Impériale depuis le début :siffle: !)!


Il y aura d'autres extraits, mais pas dans l'immédiat. Ces chapitres restent des "bonus" venant s'ajouter à la trame principale. ;)

L2-D2 a écrit:Très bon récit que voilà, bien narré, bien construit, développant le passé du Carth Poldrei qu'on a pris l'habitude de suivre dans la Fédération Impériale, avec en prime des petits bonus comme la rencontre avec le père de Celric!


Pas que lui ! Il était accompagné d'un de ses amis, croisé deux fois récemment... :cute:
Et il reste quelques allusions... :sournois:

L2-D2 a écrit:J'ai beaucoup apprécié la "transformation" de Carth qui, de pacifiste convaincu, devient un redoutable combattant dès lors qu'il a perdu tous ses repères.

C'est en partie lié à l'état de choc qu'il subit... Et je ne sais pas si on peut vraiment parler de "redoutable combattant". C'est surtout un combattant désespéré.

L2-D2 a écrit:En revanche, à la lecture, j'imaginais le personnage plus proche de la vingtaine que de la trentaine : son attitude, ses relations avec ses parents... m'ont plus donné l'impression d'un jeune adulte que d'un trentenaire...

Il vit encore chez eux, n'a pas d'emploi... C'est, disons, un "adulescent". :cute:

L2-D2 a écrit:Pour les clins d’œils, agréable référence à Phow Ji que l'on voit plus tard dans les romans Medstar, et je me suis demandé, l'espace d'un instant, si tu n'allais pas nous faire apparaître en guest le Général Grievous ! :transpire: Mais j'en ai sans doute loupé !


J'ai pensé l'insérer, à un moment, mais ça ne collait pas avec mon histoire. Polcaphran n'est, après tout qu'une planète de seconde zone...
Les références sont surtout liées à la trame de la Fédération Impériale. ;)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Jeu 05 Jan 2017 - 20:06   Sujet: Re: [OS][FI] Au nom des siens

Excellent :oui: :oui: :oui:

On pressent ce qui va se produire, ne serait-ce qu'au titre, je ne sais pas si c'est voulu mais toujours est-il que ça ne fait pas de mal, ça donne une dimension tragique et grinçante quant à l'idéalisme du jeune Carth ; la façon dont on passe presque d'un coup d'une ambiance manif US pour le Viêtnam en 69 à une ambiance Syrie 2011 est assez terrible et immanquablement touchante, parce qu'on s'attache vite aux personnages (en sachant ce qu'il va leur arriver :transpire: ), servis par la situation et des dialogues très vivants ! Il y a un côté réaliste à cette fan-fiction, et original dans l'univers SW (ce n'est pas souvent qu'on y représente des mouvements sociaux autres qu'insurrectionnels, je ne sais même pas si c'est déjà arrivé), c'est pas déplaisant du tout !

Le style est maîtrisé comme d'habitude, il y a juste le retour réflexif de Carth sur lui-même très rapide qui est un peu gênant, m'enfin c'est pas très grave, et nécessaire à l'histoire.

Ah, toutes ces fois où, à Star Wars Rebellion, j'ai dépêché d'impitoyables missions de répression de l'insurrection sur des planètes se soulevant contre ma tyrannie, j'ai pas de cœur :paf:

(Au passage, la réponse à la question que tu te poses sur la FI est : je sais pas, mais j'espère^^)
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Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 05 Jan 2017 - 20:30   Sujet: Re: [OS][FI] Au nom des siens

Content que ça t'ait plu Mitth' ! :)

Par contre, je ne me souviens plus de ladite question. Peux-tu me rafraîchir la mémoire s'il te plaît ? :transpire:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Jeu 05 Jan 2017 - 20:32   Sujet: Re: [OS][FI] Au nom des siens

Je parle de la question que tu t'es posé dans ta tête en lisant mon commentaire : Mitth', vas-tu venir lire la Fédération Impériale qui ne manquera pas de t'enthousiasmer ? :D
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Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 05 Jan 2017 - 20:41   Sujet: Re: [OS][FI] Au nom des siens

Ah ! :D

Eh bien, je ne peux que t'y encourager, d'ailleurs il y a un long petit répit en ce moment vu que je ne reprendrai la publication irrégulière que fin janvier...

Et puis, après tout, tu as été le premier au courant du projet et ça te plaisait bien sur le papier ! :D
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