Le Pouvoir de la Force, de Sean Williams
Depuis plus de quinze ans, Dark Vador élève dans le plus grand secret un apprenti, surnommé Starkiller, dans les voies du Côté Obscur. Aujourd'hui, enfin, Starkiller est prêt à traquer les ennemis de l'Empire au nom de son Maître... Mais qu'arriverait-il si son Maître le trahissait, pour finalement le sauver et le pousser à rassembler les ennemis de l'Empereur ? Et s'il les convainquait de se former une Rébellion, une Alliance entre eux ? Et si, finalement, Starkiller choisissait par lui-même, sans avoir de compte à rendre au Seigneur Noir ?
Le Pouvoir de la Force, c'est avant-tout un jeu vidéo extrêmement réussi, se déroulant peu de temps avant les événements de l'
Episode IV et censé nous narrer, à travers le parcours de l'Apprenti secret de Dark Vador, les circonstances de la création de l'Alliance Rebelle. Comme je l'ai dit, le jeu est réussi, on prend plaisir à déchaîner les pouvoirs de la Force à travers des niveaux face aux hordes d'ennemis qui se ruent sur notre avatar virtuel, faisant fi de toute cohérence scénaristique au niveau de la gestion des pouvoirs. Car, dans un jeu, si ce n'est pas visuel ou spectaculaire, fatalement, l'ennui finit par se pointer. C'est pourquoi moins intéressant si ces séquences sont lues. Hélas, c'est tout le drame de ce roman...
C'est bien simple : rien n'est réussi dans ce roman. L'intrigue est laborieuse, prétexte à d'innombrables allers et retours, les chapitres se suivent et se ressemblent : Starkiller arrive sur une planète, atomise à tour de bras en se frayant un chemin, affronte le boss, revient à son vaisseau, repart, petite discussion gênée avec Juno et/ou Proxy et/ou (insère ici le nom de n'importe quel personnage secondaire) et se voit confier un nouvel objectif, et rebelote, au point que très vite, le lecteur vire à la lassitude... C'est comme d'entendre quelqu'un jouer à un jeu, de le voir jouer, mais jamais au grand jamais de vivre le truc. Déception.
La caractérisation des personnages est elle aussi aux abonnés absents. Il n'y a guère que Juno qui s'en tire un peu mieux que les autres, ce qui n'est pas difficile vu le vide les concernant... à commencer par Starkiller. L'Apprenti secret est monolithique, ne se remet pas en question, jusqu'au moment où le scénario dit que si, c'est le moment de le faire et là, ça y est, il percute qu'il est amoureux de Juno. Heureusement qu'il le dit, parce qu'à aucun moment on ne peut espérer s'en rendre compte... Le fait que le personnage n'ait que peu de personnalité dans le jeu pouvait se comprendre (après tout, c'est au joueur de se forger son opinion sur ses motivations) mais dans un roman, là où on doit avoir de la subtilité, du développement psychologique, histoire de nous faire passer la pilule de l'abus de pouvoir de la Force... ben non.
Quant à la création de l'Alliance Rebelle, elle est d'une incohérence au point qu'elle donne envie de pleurer. Kota a soi-disant des nouvelles de Bail Organa qui lui demande de sauver sa fille... sauf que sitôt Leia sauvée, on découvre qu'Organa a disparu depuis des semaines ! Maris Brood ne sert à rien ! L'Empire capture tout le monde sur Corellia mais, après avoir été sauvés par Starkiller, tout ce petit monde continue visiblement à vivre sa vie, comme si de rien n'était... Mais le pire, dans ce roman, vient de la survie de Starkiller dans l'espace, après que Vador l'ait « trahi » une première fois face à l'Empereur. Déjà, dans le jeu, sa survie était peu crédible. Dans le roman, c'est pire : les personnages ont conscience que quelque chose est arrivé à Starkiller, mais tout le monde donne l'impression de n'en avoir rien à faire. C'est incompréhensible.
En fait, c'est tout le roman qui est incompréhensible. Narration façon jeu vidéo, absence de développement des personnages, dialogues creux, incohérences et vides scénaristiques bien placés histoire d'éviter que le lecteur ne réfléchisse trop... ça fait beaucoup, trop pour un seul roman.
Le Pouvoir de la Force, c'était à la base un jeu. Alors allez-y, jouez au jeu, éclatez-vous mais ne lisez par le roman, vous serez plus que déçu !
Note : 30%
En avant pour la suite, dès fois que...