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L'Echec

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Messagepar Kléber Valéra » Mer 12 Déc 2012 - 23:00   Sujet: L'Echec

Attention, le texte qui va suivre présente de très nombreuses informations et détails sur les Yuuzhan Vong et la période du Nouvel Ordre Jedi, dont certaines sont des révélations importantes et censées apporter de véritables retournements de situation dans les romans de la-dite période. Aussi, si vous n’avez jamais lu cette sous-série de romans Star Wars, vous prenez le risque de vous auto-spoilier : SOYEZ VIGILANTS ! Ce serait vraiment dommage, car si cette sous-série est décriée par certains comme étant trop éloignée de Star Wars pour être du Star Wars, je pense personnellement qu’elle est d’une grande qualité scénaristique et qu’il serait dommage de gâcher le plaisir de la lecture, en lisant d’abord le texte ci-après. Je vous conseille donc d’abord de rattraper votre retard en lisant le NOJ (dans l’ordre de préférence), puis de revenir à « l’Echec »…

* * *


STAR WARS
L’Echec

- Kléber Valéra -




Je préfère mourir ici, avec Onimi. Depuis le début, lui et moi, nous avons toujours été différents des autres.



Ce furent-là ses dernières paroles, ou presque.

Nom Anor avait toujours le regard fixé sur ce qui faisait office de hublot. A travers ce sas bio-technologique, il voyait un petit groupe d’humains s’enfuir au loin. Ils tournèrent à l’angle de la coursive, et Nom Anor ne les vit plus du tout. Il recula de quelques pas. De toute façon, il ne verrait plus rien à travers cette porte, il était condamné.
Parce qu’il avait échoué.

Il revint en arrière.
Il ne jeta pas un regard, lorsqu’il croisa le corps sans vie de Shimrra, celui qui avait pourtant été, il y a quelques minutes encore, le Seigneur Suprême du peuple le plus puissant de toute cette galaxie et de toute la leur. Il ne jeta pas non plus un regard à la masse informe que formait celui d’Onimi. La misérable créature était parfaitement hideuse, alors que dans la mort, Shimrra resplendissait encore de sa gloire de Seigneur Suprême. D’autant plus étonnant quand on savait les rôles véritables que chacun avait tenu dans cette guerre.
La pièce était assez richement décorée –pour les standards Yuuzhan Vong. Mais en comparaison des standards de cette galaxie, des quelques lieux transpirant l’opulence qu’il avait pu fréquenter avant l’invasion, cette décoration n’était rien. Spartiate et froide.
Il s’assit sur le trône dans le fond de la pièce. Pas pour y mourir –car il était déjà mort- en se prenant pour un seigneur puissant. Simplement, pour réfléchir posément. On était souvent mieux assis pour penser…

Oui, c’était un échec. En ce moment-même, il aurait dû être le préfet dirigeant la capitale de la plus grande nation de l’univers connu. Au lieu de cela, il était assis sur un trône qui ne voulait plus rien dire, dans une salle vide, elle-même dans une capsule spatiale –le Coffre- qui était sur le point d’exploser d’une minute à l’autre. Ses actions, tout ce qu’il avait fait depuis plusieurs dizaines d’années pour en arriver au poste qu’il pensait avoir largement mérité, n’avaient mené qu’à cette impasse explosive.
Il songea à ce passé.
Il avait été élevé dans une des castes les plus importantes de la société yuuzhan vong, promis d’office à de hautes responsabilités. Mais son destin avait été unique, et il avait dépassé de loin la condition qu’il lui était réservée au départ.

Il était devenu rapidement intendant, et sans aucune difficulté. Et ce bien qu’il donna aussi assez souvent dans la science expérimentale, aussi habilement que les modeleurs chevronnés. Après tout, c’est à lui qu’on devait de nombreuses technologies de guerre comme le grimage ooglith –qui avait, soit-dit en passant, grandement facilité l’invasion.
Il obtint peu après la distinction qui lui permit d’accomplir sa véritable destinée, et de devenir si grand : il fut nommé exécuteur de l’Imperium yuuzhan vong.
A ce titre, il fut envoyé parmi les premiers dans la galaxie des infidèles, afin de saper de l’intérieur toutes les puissances politiques capables de ralentir l’invasion, et aussi de pouvoir agir le plus secrètement possible le moment venu.
A cette époque, il était seul. En un temps où l’invasion, qui devait mener à une guerre, n’existait pas encore, il était le seul à déjà se battre dans l’ombre. Un seul guerrier contre toute une galaxie, qui ignorait qu’elle allait mourir pour mieux renaître dans la gloire des Yuuzhan Vong.
Cela lui rappela un conte que l’on racontait aux jeunes guerriers, alors qu’ils n’avaient en général pas plus de cinq ans.

Il était une fois, un clan qui vivait isolé sur une planète de l’Empire galactique yuuzhan vong. Un jour, Yun-Yuuzhan voulut tester la foi de ce clan. Il leur envoya un Yuuzhan Vong qui tenta de les convaincre que les dieux n’existaient pas. Au début, leur foi demeura forte et sans faille, mais avec le temps, ils commencèrent à écouter le faux prophète. Le clan finit par croire rapidement et ce qu’il disait –bien sûr, Yun-Yuuzhan ne les avait pas choisis par hasard. Et le clan renia tout, jusqu’à son appartenance aux Yuuzhan Vong. En lieu et place, ils se firent appeler les Harla Vong, en référence à Yun-Harla, déesse de la supercherie. Ainsi, ils voulaient signifier que les dieux n’étaient à leurs yeux rien de plus qu’une supercherie.
Yun-Yuuzhan vint alors parler à l’oreille du Seigneur Suprême Fergron, et lui dit ceci :
« Fergron, les Harla Vong se sont éloignés de la vérité. Je les ai tentés et ils ont succombé sans résister aux paroles hérétiques de mon messager. Tu dois punir leur trahison sur le champ, car telle est ma volonté. »
Le Seigneur Suprême Fergron envoya immédiatement des guerriers terrifiants dans des vaisseaux spatiaux, pour se rendre sur la planète des Harla Vong. Les vaisseaux se posèrent, et les guerriers se ruèrent à l’extérieur pour massacrer les infidèles.
Mais quand ils arrivèrent en bordure de la ville des Harla Vong, Yun-Yuuzhan apparut à l’armée furieuse et la stoppa.
« Ne courrez pas ainsi vers ces traîtres à leur sang. Ils possèdent une arme qui pourrait tous vous tuer en un instant. Pour les détruire comme ils le méritent, vous devrez être patients et mesurer chacune de vos actions. Faites demi-tour, et réfléchissez. »
Puis il disparut. Les guerriers retournèrent aux vaisseaux et y installèrent un camp.
Et alors que tous auraient dû réfléchir à un plan pour offrir aux Harla Vong une mort encore trop belle pour eux, comme aurait souhaité Yun-Yuuzhan, certains commencèrent à se poser des questions. Ils disaient :
« Une arme ? Quelle sorte d’arme peut-être si terrible pour que Yun-Yuuzhan vienne en personne nous arrêter sur le champ de bataille avant que nous attaquions ? Si notre Père Tout-Puissant se déplace pour nous, c’est que le danger est incommensurable. »
Et alors les soldats se mirent à penser qu’ils ne voulaient pas mourir. Et ils commencèrent à se dire qu’il était peut-être préférable de quitter la planète.
Puis un soldat se leva dans l’assemblée des guerriers.
« Vous ne voulez pas mourir ici ? Parce que c’est une terre d’infidèles ? Faites-donc. Restez au camp ! Si je dois mourir aujourd’hui, peu importe que ce soit sur une terre d’infidèles. Si je meure en tuant les Harla Vong, si je meure pour servir Yun-Yuuzhan, alors mon nom sera éternellement glorieux. Restez ici ! Moi, je pars. »
Il se dirigea seul hors du camp. Il se faufila en douce à l’intérieur de la ville des Harla Vong.
Il les tua tous. Tous, les uns après les autres. Et aucune arme terrifiante ne fut utilisée contre lui. Il terrassa tous les infidèles à lui seul, puis en mourut d’épuisement. Et son nom devint éternel.
Il s’appelait Remor.

A l’époque où il était un comploteur lancé dans la galaxie des infidèles, Nom Anor se sentait un peu comme le légendaire Remor. Seul et sans pitié, déjà en guerre alors que les autres étaient encore assis dans des vaisseaux à se demander s’il était judicieux d’attaquer ou non.
Aujourd’hui, évidemment, il ne se faisait pas les mêmes illusions. Si on se souvenait un jour de son nom, ce ne serait pas un nom auréolé de gloire.
Un signe supplémentaire de son échec.

C’était durant cette période d’infiltration en territoire ennemi qu’il avait eu l’idée des brigades de la paix. Une merveilleuse organisation, qui comptait essentiellement sur la lâcheté de ce peuple, et qui avait, aussi, grandement accéléré l’invasion.
Tout cela pour en arriver finalement à un poste politique non négligeable : « Nom Anor, roi de Rhommamool ».
Une pantomime. Malgré son statut de leader d’une planète entière dûment acquis, à aucun moment il ne s’était considéré comme roi. Il était juste un excellent acteur, dont le but était d’attirer l’attention pour la détourner du véritable endroit intéressant de cette galaxie : le « vecteur prime », le vecteur d’invasion. Mais jamais son titre ne lui avait fait perdre la tête d’une quelconque manière.
D’ailleurs, à quoi bon se contenter d’un titre aussi futile que gouverneur d’une planète entière ? Quand on pouvait devenir, par ses actions héroïques en temps de guerre, chef de tout un secteur de la galaxie conquise…
Roi de Rhommamool… Un rôle, rien de plus.
Et puis, enfin, il avait pu sortir de l’ombre, et révéler son vrai potentiel. Quand la guerre avait officiellement débuté, il avait pu dire qui il était : montrer à cette galaxie comme aux siens qu’il était voué à gagner.
Et il n’avait cessé de grimper dans l’estime de ses supérieurs pendant trois ans de suite, enchaînant les succès, menant toujours les Yuuzhan Vong au plus près de leur victoire totale. Sans exagérer, il était probablement pour beaucoup dans la prise de Coruscant, et donc dans la création de la nouvelle Yuuzhan’tar, capitale de l’Imperium.
Et puis, il y avait eu… Ebaq 9. Du jour au lendemain, tout avait changé.

Ebaq 9… Cette terrible bataille.
Elle n’était ni plus atroce, ni plus longue qu’une autre. Mais les conséquences avaient été terribles pour Nom Anor. Car elle avait débouché sur la mort de Tsavong Lah. Ça avait été le périgée de la suite de défaites qu’avait subi l’Imperium après la création de cette « Alliance Galactique » dans le camp ennemi. Et puisqu’il n’y avait pas d’autre coupable, et que Tsavong Lah n’était plus là pour le protéger du courroux divin, Nom Anor était d’un coup tombé en disgrâce. Shimrra avait décidé qu’il serait puni. Nom Anor était donc passé du statut d’exécuteur respecté à celui de proie la plus traquée de l’Imperium, chassé comme un vulgaire pestiféré. Evidemment, il ne s’était pas laissé prendre : ça aurait été contraire à son instinct de conservation sans faille.
Mais bien qu’il ait pu échapper aux guerriers qui le poursuivaient, à l’époque, ça avait quand même marqué le début de son échec.

Nom Anor, devant vivre parmi les rebuts de la société. Lui, un chef né, réduit à l’état d’esclave, à vivre parmi les honteux de Yuuzhan’tar chez qui il avait trouvé refuge.
Ultime infamie.

Mais même rejeté et brisé, Nom Anor n’avait pas voulu se laisser aller. Il n’était tout simplement pas taillé pour l’échec. Il était de la race des vainqueurs, et il gagnerait, fut-ce au prix de son âme.
Il avait intrigué dans l’ombre, cette fois au sein de son propre peuple. Du moins, au sein de ceux de son peuple auprès desquels sa voix pouvait encore se faire entendre : les humiliés. Là, caché dans les tréfonds de la nouvelle capitale yuuzhan vong, perdu dans ses méandres obscurs, il était devenu le leader des brisés, chef incontesté de ceux que les dieux avaient abandonnés.

Avant l’invasion, déjà, certains murmures suggéraient que les dieux ne soutenaient plus le peuple, voire même parfois que ceux-ci n’avaient jamais existé. De simples ragots faciles à supprimer, nés avant tout de l’état déplorable de la société yuuzhan vong de l’époque. La biotechnologie vong était mourante, et apportait avec elle la mort lente mais inéluctable de la race. Mais quand, deux ans plus tôt, le jeune jedi Anakin Solo avait aidé un général Yuuzhan Vong à retrouver son honneur perdu, les murmures s’étaient amplifiés. Pour ceux qui croyaient à cette histoire, il était inconcevable que ces jeedai que l’on présentait comme des ennemis absolus des Yuuzhan Vong, et donc des dieux, puissent comprendre des sentiments aussi profondément enracinés dans les croyances -encore plus que la religion- comme l’honneur. Ils ne pouvaient pas être des ennemis, en tout cas pas aux yeux de nombreux humiliés.
Mais cette nouvelle vague d’hérésie aurait pu être à nouveau facilement annihilée, si le Seigneur Suprême avait voulu s’en donner la peine.
Il n’avait pas réagi. Nom Anor s’était chargé d’enfoncer le clou planté sous son pied.
Secrètement, il avait établi un réseau dans les bas-fonds de la capitale, et avait cristallisé le mouvement hérétique, jusqu’à ce que Shimrra ne puisse plus rien faire contre lui, même s’il l’avait voulu.
Yu’shaa, le prophète. C’était le nom qu’il s’était donné en ce temps pas si lointain. Lui, Nom Anor, prophète d’une nouvelle religion qui vénérait les jedi. Une religion en laquelle il ne portait pas plus foi qu’en ses propres dieux, évidemment.
Alors… Pourquoi ?
Kunra, son second à l’époque, et le seul à l’avoir jamais reconnu comme étant l’ancien exécuteur yuuzhan vong, lui avait posé cette question une fois.
« Yu’shaa, pourquoi faire tout cela ? Pourquoi vouloir être le prophète auprès de tout ces humiliés ?
-« Ces » humiliés ? Je suppose que tu ne te considères pas comme l’un des leurs, Kunra ?
-Bien sûr que non. Un jour prochain je retrouverai ma gloire passée.
-Mais regarde où tu es. Tu es, de fait, un humilié. Aujourd’hui et à jamais.
-Oui… Comme vous, « exécuteur », l’avait-il raillé en insistant sur son ancien titre. »
Mais Nom Anor avait répondu comme si l’insulte ne l’affectait pas.
« Oui, comme moi. Je suppose. »
Il n’avait rien ajouté.
« Alors, c’est pour cela que vous faites tout ça ? Parce que vous savez que vous êtes un humilié, et que vous vous sentez proche d’eux ?
-Je suis le prophète parce que quelle que soit ma situation, je serai toujours le vainqueur. Il ne peut en être autrement.
-Magnifique victoire. J’applaudis des deux mains, Yu’shaa… »
Kunra avait eu raison. Nom Anor avait effectivement été victorieux de cette période courte mais marquante de sa vie, puisqu’il avait bel et bien à lui seul, ou presque, transformé un mouvement négligeable en raz-de-marée terrifiant. Mais cette victoire avait une fois de plus contribué à son échec final.

Il soupira. Il leva les yeux vers les murs de corail yorik qui l’entouraient.
Peut-être aurait-il du rester leur prophète, au fond… Les humiliés : c’étaient eux qui avaient gagné. Il avait eu le choix, à un moment donné : reprendre sa place parmi les puissants, ou rester le chef religieux de la caste montante. Et il avait choisi de reprendre sa place. Il avait même obtenu un rang plus élevé que celui qu’il avait quitté, celui de préfet de Yuuzhan’tar, pour la raison qu’il avait tué la planète vivante qui détenait probablement les secrets des origines de son espèce.
Mais quand il réfléchissait aux conséquences que cela avait engendré, il avait incontestablement fait le mauvais choix. Pas pour ce qui était du meurtre d’une planète entière, bien sûr. Ça, c’était quantité négligeable à ses yeux. Mais avoir un rôle dans un gouvernement yuuzhan vong qui allait être annihilé était une idée stupide.
Bien entendu, s’il avait pu deviner, il y a moins d’un an, que la situation de son peuple s’inverserait totalement, il aurait choisi de rester parmi les honteux. Mais voilà : même lui, le maniganceur de première classe, n’avait pas vu le coup venir. Et il s’était fait prendre au piège.
Son échec était d’autant plus cuisant qu’il en était le responsable direct. Car même s’il fallait reconnaître les qualités de l’Alliance Galactique et son regain de vitalité ses derniers mois, les Yuuzhan Vong n’auraient jamais perdu de cette manière sans les problèmes internes dus aux hérétiques qu’il avait lui-même créé.
Tsavong Lah mort. Onimi Jamaane et son bouffon. Morts également.
Qui restait-il ? La paix allait être proclamée. Les jedi ne permettraient pas que l’on punisse le peuple Yuuzhan Vong survivant, c’était évident. Qui serait leur chef ? Nas Choka ? Pourquoi pas… Ce ne serait pas Nom Anor en tout cas. Ça n’aurait jamais pu être lui.
Il regarda à travers un des hublots de la capsule volante. On voyait partout le ciel noir de l’espace, le Coffre était déjà haut dans l’atmosphère.
Nom Anor, modeleur, éclaireur, espion, acteur royal, guerrier, humilié, chef religieux, préfet, le type-même du survivant, symbole de l’opportunisme, avait complètement échoué, à cause d’un seul choix malencontreux qui avait tout changé.
Il avait eu beau se démener pour continuer à vivre du côté des vainqueurs, cette erreur-ci avait était trop grande. Et lui avait tout coûté, puisque s’il se retrouvait-là, dans un simulacre de vaisseau sur le point d’exploser, c’était justement à cause d’elle. L’erreur fatale.
Il se souvint de son ultime prophétie. Celle qu’il avait réalisé juste avant de quitter ses fidèles. Celle qui avait plus que toute autre galvanisé ses troupes, et transformer des agneaux faciles à abattre en une déferlante qui allait renverser le pouvoir en place dont il allait faire partie peu de temps après.
Il leur avait fait vent de sa si grande vision :
« Un monde planait au-dessus de nous. Sa beauté me fit trembler, sa puissance m’accabla, et je sentis en moi de l’amour et de la terreur mêlés. Quand ces émotions s’évanouirent, il resta en mon âme une sensation d’appartenance. Je sus que cette planète était vivante et qu’elle me souhaitait la bienvenue. Elle est le monde d’origine des jeedai, leur temple secret et la source de leur savoir et de leur sagesse. Et je nous ai vus, nous, les Honteux, fouler son sol avec les jeedai, unis à eux et à la planète. Dans le lointain, j’entendis les sanglots de désespoir de Shimrra, qui avait comprit que cette planète vivante serait notre salut et sa perte. Il savait qu’elle viendrait le chercher un jour, parce qu’elle serait là pour nous libérer. »
Oui, Zonama Sekot, la planète vivante qu’il croyait avoir tué, était bien revenue pour libérer les honteux Yuuzhan Vong. Et elle avait accéléré la chute de Nom Anor la girouette !
Il avait perdu, pour la toute première fois, au jeu de l’existence.
Certes, les méthodes qui lui avaient toujours permis de s’élever avaient été bien souvent douteuses. Mais vu le mal qu’il s’était donné pour faire triompher son peuple –fut-ce dans une visée initiale purement égoïste, il méritait bien plus que d’autres d’être un puissant. Et aujourd’hui, la seule puissance qui lui restait, était d’être assis sur le trône de feu le maître incontesté des Yuuzhan Vong, en sursis, jusqu’à ce que ce pseudo-vaisseau spatial explose.
L’échec de Nom Anor. Voilà tout ce que l’on saurait de lui dans les années à venir. Nom Anor, celui qui a échoué.


Vraiment… Vraiment ?
Qui le saurait ? Personne. Qui peut se vanter de tout savoir de Nom Anor ? Qui peut se vanter de le connaître ? De l’avoir connu en tant que prophète ?
Personne. Personne qui soit encore vivant en tout cas. Qui donc pourrait connaître son échec ? Absolument personne.
Et puis… échec : pas tant que ça. Sa vie n’avait-elle pas été qu’une succession incroyable de victoires, toutes plus étonnantes les unes que les autres ? Qui pouvait se vanter d’avoir un passé aussi glorieux ? Personne n’avait pu accomplir ne serait-ce qu’une fraction de sa vie intense, et ne serait son erreur finale, il aurait eu une vie spectaculaire, enviée par beaucoup de personnes, Yuuzhan Vong ou non.
Oui, il y avait bien eu cet échec à la fin –le nier aurait été stupide, puisque c’est cette défaite qui l’avait amené dans la présente situation. Mais était-ce vraiment le sien, d’échec ?
Car après tout, il n’aurait jamais pu devenir chef d’une bande de honteux libérés, pas sur le long terme en tout cas. On se serait forcément aperçu tôt ou tard que le guide des nouveaux croyants était l’ancien exécuteur du pouvoir déchu, et il ne faisait aucun doute qu’il aurait été traqué par ceux qui l’adulaient. Aussi sa fuite des bas-fonds pour rejoindre Shimrra et sa cour n’avait pas été l’erreur fatale. C’était la solution logique, le choix qui n’en était pas un : l’évidence.
L’erreur avait été de se réfugier chez les honteux lors de sa fuite. Bien entendu, ce refuge avait eu quelque chose de providentiel, à ce moment-là. Mais quelqu’un avec autant de ressources que Nom Anor aurait pu, aurait dû trouver une autre échappatoire contre la menace qui le poursuivait… Et, alors, Nom Anor s’était fait Yu’shaa. Et alors, tout avait changé. Mais était-il aussi responsable de cette erreur-là ? N’avait-il pas fait qu’accélérer la croissance d’un mouvement qui aurait grandi, avec ou sans lui ? Il avait réuni, assemblé ce peuple dénigré, l’avait abreuvé de paraboles et de discours religieux. Mais ce peuple n’aurait-il pas créé cette religion anti-Shimrra quoiqu’il arrive, même sans l’intervention de Nom Anor ?
Bien sûr que si. Cela n’aurait pas pris cette forme, cette croyance n’aurait pas progressé si vite. Mais elle serait apparue tôt ou tard. Car c’est toujours ce qui arrive quand un peuple est brimé trop longtemps : il renie le pouvoir qui l’oppresse et se bat pour sa liberté, quelle que soit la méthode.
Finalement, l’erreur fatale se serait produite, avec ou sans son aide.

Cette révélation, qui aurait dû laisser un goût amer dans la bouche de Nom Anor, fut en réalité une délivrance. Car cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : il était définitivement victorieux.
Il avait toujours vaincu, écrasé tous ceux qui se mettaient en travers de son chemin. Et le seul hic dans cette série ininterrompue de succès n’était pas de son fait, mais le destin l’avait placé devant lui. Même en admettant que quelqu’un sache quelque chose de sa fin, il ne saurait être tenu responsable de son échec, puisque c’est la force implacable du destin et elle seule qui l’avait provoqué.

Lui, Nom Anor, le plus grand Yuuzhan Vong que compte l’univers, est, aujourd’hui et à jamais, le victorieux et de le plus mémorable de tous.
Il se leva du trône, puis leva les poings en l’air.
« Do-ro’ik nom anor pratte ! hurla-t-il. »
La mort n’avait plus aucune importance.



* * *



Pour la première fois après avoir terminé d’écrire une de mes histoires, je crois qu’une analyse s’impose (vous allez vite comprendre pourquoi).
Pourquoi choisir de représenter Nom Anor : tout simplement parce que c’est mon personnage préféré de tous ceux qui peuplent l’Univers Etendu de Star Wars, en comptant y compris ceux des films. Ce n’est pas très difficile à deviner : il suffit de voir quel est mon avatar sur ce forum, ainsi que ma signature, qui n’est rien de moins que la première phrase de ce « récit ». La vraie question à se poser est : pourquoi est-ce mon personnage préféré ?
Je dirais qu’il est tout simplement psychologiquement très riche. D’ailleurs, là non plus, ce n’est pas un hasard si l’essentiel de cette histoire consiste à raconter ses dernières années –soit le moment où sa vie a évolué très vite, et où il est passé par une multitude de phases psychologiques.
Evidemment, ce n’est pas la seule raison à évoquer. Il y aurait encore : le côté méchant opportuniste, le fait qu’il ait été très travaillé par les auteurs de l’UE, sa différence notoire avec la plupart des perso de l’UE (reconnaissez que certains se ressemblent quand même beaucoup !), etc.
Mais ce qui me le fait apprécier par dessus tout, je crois, est son honneur personnel. Sa force, son envie de victoire absolue, ultime, son refus de vouloir subir le moindre échec, justement. En effet, comme j’ai tenté de le retranscrire dans le texte précédent, même lorsqu’il tombe en disgrâce, il continue à être victorieux. Et le court passage, entre « l’Ultime Prophétie » et « La Force Unifiée » (il me semble) où il semble perdre la foi en ses idéaux pendant une très courte période (qui enrichit le personnage aussi : pendant cette période particulière, il tombe littéralement de son piédestal), ne fait que mettre en exergue le reste de sa vie, qui n’est qu’une suite de succès ou de recherches de succès ininterrompue.
Oui, comme je le dis ci-avant, il s’est certes retrouvé dans une situation si délicate qu’il n’avait d’autre échappatoire que la mort. Mais qui aurait pu prévoir ce qui allait se passer à la fin de la guerre ? Lui ne l’a pas vu venir, mais qui l’aurait vu ?
Bref, mon texte est juste, je pense, quand il présente Nom Anor comme un être voué à être victorieux en dépit de tout. Quitte à être un opportuniste (voire souvent, de la pire sorte). Mais il n’est pas juste en cela qu’il est, pour présenter cela, structuré de la manière suivante : Nom Anor réfléchit. Il constate son échec final, étant une conclusion à tant de victoires. Il se dit « ce n’était pas de ma faute, avec ou sans moi cela se serait produit ». Du coup, point d’échec, puisque la fin était indépendante de sa volonté.
C’est là où j’ai « foiré » l’étude du personnage.
J’en reviens à la raison principale de mon « amour » pour Nom Anor : c’est un personnage théoriquement invincible. Parce que son honneur (d’ailleurs d’autant plus étonnant qu’il le partage avec son peuple alors que cet honneur de guerrier est normalement intimement lié à la culture extrêmement religieuse des Vong ; pour lui qui est athée*) le pousse .à être le « number one ». A tel point qu’au moment ultime (cf. « La Force Unifiée »), quand on lui laisse le choix entre deux possibilités (vivre ou mourir), il préfère mourir « dignement », en sachant que vivre dans les conditions politiques qui allaient s’établir, ce serait de toute évidence pour lui, un échec obligatoire (c’était d’ailleurs ce que signifiait sa dernière réplique). Après, on pourrait philosopher sur le fait de savoir si, oui ou non, un « non-échec » équivaut à une victoire. Certains ne seraient probablement pas d’accord. Malgré tout, cette mort choisie par lui n’est pas vraiment un échec, c’est même en quelque sorte, en tout cas pour moi, tel que je vois le personnage, une consécration ultime de tout ce qu’il a été.
En d’autres termes, l’histoire ci-dessus était depuis le début vouée à l’échec**, dans la mesure où dès l’incipit, on fait le postulat que Nom Anor croit avoir échoué (ce qui est faux puisque sa mort est son ultime bravade à l’échec lui-même). Dès le début, cette histoire était mauvaise et je crois que je n’ai pas su prendre par le bon bout mon personnage préféré. Dommage, moi qui voulais tant écrire sur lui, un jour (je ne désespère pas, peut-être qu’une prochaine histoire, plus longue cette fois…).
Mon envie d’écrire a (trop) précédé ma réflexion sur le personnage.
Bref, je l’avoue, cette histoire est plus MON échec personnel que celui de Nom Anor*** !

Bon… Maintenant qu’elle est écrite, je vous en fais profiter quand même. A tout le moins, vous pourrez toujours me corriger le style, ce qui me permettra, moi, de m’améliorer pour de futures histoires, d’autres œuvres, Star Wars ou non. Mais je vous prie de ne pas juger le traitement de Nom Anor que je propose, qui est, à mon avis, en grande partie faux****.





* Je ne sais pas si c’est réussi ou non, mais c’est un peu cela que j’avais essayé de faire avec Yeg Ronkaar (cf. Les Chroniques du Cristal Noir), une sorte d’antithèse de Nom Anor. Car lui aussi est Vong, lui aussi cherche le pouvoir, lui aussi est athée, lui aussi se sent différent des siens, mais il n’a aucun honneur. Il ne comprend même pas ce que c’est (en tout cas pas dans Black Harvest).

** J’aurais dû m’en apercevoir plus tôt… Non mais franchement, une histoire où Nom Anor commence par se morfondre ? N’importe quoi ! Il aurait peut-être fallu qu’il constate froidement son échec passé, qu’il l’analyse objectivement et sans se plaindre, pour savoir à quel endroit il n’avait plus été maître de son destin. Mais alors, pourquoi même aurait-il procédé à cette analyse ?

*** Pour cette raison, je n’ai pas relu autant que d’autres histoires, et il reste probablement plus de fautes de frappe que dans d’autres, ainsi que des répétitions nombreuses, qui sont de gros défauts chez moi. J’espère juste qu’il en restera suffisamment peu pour que ça reste lisible.

**** Je n’ai pas relu le NOJ depuis très, très longtemps. Peut-être que je me trompe totalement et qu’en fait, cette histoire était correcte. Cependant, je pense que mes souvenirs sur notre cher hérétique de la Force sont bons, et que donc tout ceci n’a pas lieu d’être.



* * *




Je crois que je viens seulement de comprendre à quel point il est difficile de rester cohérent en utilisant des personnages déjà existants, alors que j’avais toujours pensé que c’était de la facilité que d’écrire sans avoir à tout créer. Je tire mon chapeau à la plupart des auteurs de l’UE qui le font très correctement.

Je viens de comprendre aussi que si on considère ce texte comme une short-story retraçant l’ultime instant d’un guerrier dans un Space Opera, alors j’ai complètement raté mon coup. Par contre, si l’on considère ce texte comme une auto-analyse sur l’écriture et la difficulté d’écrire dans la continuité d’une œuvre existante, alors le texte répond à peu près aux attentes du lecteur.
Donc, finalement, ce n’est pas vraiment un échec de ma part, puisque la première vision de ce texte était de toute façon condamnée à échouer, quoiqu’il arrive, et en dépit de toutes les corrections que j’aurais pu apporter. C’est donc la deuxième vision qui prévaut : ce texte est donc une victoire !
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Messagepar Notsil » Jeu 13 Déc 2012 - 9:46   Sujet: Re: L'Echec

Bah moi j'ai bien aimé ce texte.

Certes, ma lecture du NOJ date. Certes, cela ne correspond pas vraiment au personnage.

Pour ma part, ce que j'en ai retenu, c'est que c'est un personnage qui ne supporte pas l'échec et qui ne vit que pour la victoire. Du coup, il "retourne" ses échecs en victoires (ou coup du destin ou autre).

Alors que finalement, est-ce qu'on n'apprend pas davantage de nos échecs, qui nous permettent de nous remettre en question, que de nos victoires ?
Peut-on vraiment aller uniquement de victoire en victoire, sans jamais subir aucun revers de fortune ?
Est-ce que le fait d'avoir subi un échec de plein fouet ne permet pas de mieux savourer les victoires qui arrivent par la suite ?

C'est vrai que Nom Anor n'est pas quelqu'un qui a l'habitude de se morfondre, cependant, faire le point sur sa vie avant de mourir parait assez logique. Et sa phase d'auto-apitoiement ne dure pas, puisqu'il reprend le dessus en 2ème partie de ton texte.

Le seul bémol que je verrais pour ma part, c'est cette phrase de la fin :

Il se leva du trône, puis leva les poings en l’air.

Elle gagnerait à être + percutante, et le double "lever" gâche un peu l'effet à mon sens ;)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Jeu 13 Déc 2012 - 11:24   Sujet: Re: L'Echec

Bon, passons sur tes réflexions vis-à-vis de la cohérence de Nom Anor, je ne vois pas trop où est le problème... Mais le problème que j'ai avec ce texte, c'est plutôt que, alors que le sujet est original et que l'écriture est soignée, tu nous balances moins une réflexion sur la vie de Nom Anor qu'une espèce d'historique dont on a que faire :neutre: Celui qui n'a pas lu le NOJ n'a pas grand intérêt pour le personnage, et celui qui l'a lu s'ennuie. Ce n'est qu'à la fin qu'on a un début de conclusion, mais il est fait de revirements bien rapides en comparaison des développements précédents... Pourquoi ?

Pas pour y mourir –car il était déjà mort- en se prenant pour un seigneur puissant.


Pas fan de la coupure au milieu de la phrase, ça casse la narration, pourquoi pas "Pas pour y mourir en se prenant pour un seigneur puissant, car il était déjà mort" ? Si j'ai bien compris la phrase ?

comme aurait souhaité Yun-Yuuzhan


Comme l'aurait souhaité.

Peut-être aurait-il du rester leur prophète


Dû.
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Messagepar Kléber Valéra » Lun 13 Jan 2014 - 18:52   Sujet: Re: L'Echec

Compte-tenu du manque d’activité de ce topic, aussi bien de mon côté que de celui de tous les membres du forum, je vais le faire fermer par les administrateurs. Si malgré tout vous désirez encore me contacter à ce sujet, n’hésitez pas à le faire par mail, par MP, ou encore sur un autre de mes topics encore ouvert (comme les Chroniques du Cristal Noir)..

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