Voici donc l'antépénultième chapitre de mon roman. Il en reste donc deux.
Ce chapitre est un peu long, à dire vrai, c'est le plus long du livre : 22 pages format A5. Il est intense et essentiellement composé d'action pure et dure et d'un beau duel.
Il reste donc un dernier chapitre de dénouement, le prochain puis un chapitre en forme d'épilogues au pluriel pour conclure.
Mitth a décroché à l'occasion de ses partiels... j'espère qu'ils se sont bien passés et qu'il trouvera à l'occasion de vacances bien méritées le temps de raccrocher à sa lecture...
... sinon, il me reste Notsil comme fidèle lectrice
S'il y en a d'autres qui lisent "silencieusement", qu'ils n'hésitent pas à poster un petit mot ici, ça fait toujours plaisir.
contre 80 fois pour le tome 1.
Néanmoins, je n'ai pas de retour des lecteurs (hormis 2 commentaires sur le site et 1 sur Calameo) et cela m'attriste un peu... dommage.
Calameo, PDF et EPUB mis à jour évidemment, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum.
Rita, aplatie sur le sol comme si elle avait voulu ne plus faire qu’un avec lui, consulta pour la énième fois son databracelet. Elle releva ensuite les yeux vers la silhouette sombre qui se détachait sur le ciel encore étoilé qui virait du noir au gris sombre. À cinq ou six mètres de sa position, la sentinelle, assise les jambes croisées au bord de la pointe rocheuse qui surplombait le défilé, paraissait sombrer dans une douce mais puissante somnolence. La nuit avait dû être longue. Elle voyait l’homme dodeliner régulièrement du chef jusqu’à ce que son menton s’affaisse sur sa poitrine. Alors, dans un sursaut, sa tête se redressait et il massait longuement sa nuque enraidie par la fatigue. Parfois, le guetteur se relevait et faisait les cent pas sur l’étroit aplat rocheux afin de dompter tant bien que mal l’engourdissement qui le taraudait, observant désespérément vers l’est en quête des premières lueurs du soleil, symbole de la prochaine relève. Enfin il se rasseyait et le manège recommençait sous le dictat de l’endormissement.
Une nouvelle fois, le sergent consulta l’heure. Ni trop tôt, ni trop tard : l’attaque devait être menée simultanément sur tous les points de surveillance patiemment relevés par les éclaireurs qui avaient passé plusieurs jours à espionner les Kiathes.
Plus que quelques secondes.
Rita extirpa en silence le couteau du fourreau aménagé dans la jambe de sa tenue de combat et le glissa entre ses dents. Le moment était venu de sortir des fourrés qui la dissimulaient à la vue du bandit. Comme un serpent se faufilant dans l’herbe, elle se tortilla pour ramper dans sa direction, en prenant bien soin de ne froisser aucune brindille et de ne faire rouler aucun caillou. Le visage noirci par son maquillage de commando, on ne voyait que ses prunelles émeraude qui luisaient sous la lune.
Centimètre après centimètre elle glissa, aplatie sur le sol, poussant alternativement sur ses jambes, les mains à plat sur la roche, les yeux rivés sur sa proie. Le décompte final s’achevait dans sa tête de façon automatique avec une rigueur toute professionnelle. Plus que dix secondes et tout autour de la zone montagneuse, le même scénario allait se reproduire pour neutraliser les vigies des Kiathes. Il lui fallait grignoter encore quelques centimètres avant de pouvoir bondir sur l’homme.
Sans que rien ne puisse le laisser prévoir, la sentinelle se releva à cet instant précis, pivotant le torse pour s’aider d’une main. Dans sa vision périphérique elle entrevit instantanément le danger représenté par la masse sombre incongrue. Avec la rapidité d’un diable sortant de sa boite, l’homme se remit sur pied. Ses doigts cherchèrent fébrilement la détente pendant que ses mains relevaient le fusil vers l’agresseur.
Rita n’avait plus le choix. Elle était encore à presque trois mètres de sa cible, trop loin pour un combat au corps à corps. Malgré sa surprise, le Kiathe lui faisait face et allait donner l’alerte. Le sergent lança son couteau qui fila à toute vitesse pour s’enfoncer silencieusement dans la gorge de la vigie, stoppant net le cri qui venait de naître sur ses lèvres. Sous le choc, cette dernière laissa tomber son arme et porta les mains à son cou. Le fusil rebondit sur le sol avec un bruit qui parut résonner comme le tonnerre dans l’esprit de Rita. Il glissa sur la pente raide pour tomber en contrebas dans une rainure de la falaise, fort heureusement moussue, où sa course s’arrêta en silence.
Puissant, le Kiathe venait d’arracher le couteau de sa gorge, laissant un flot de sang se déverser de la blessure béante. Comme une bête aux abois, il se jeta sur son agresseur l’arme en avant avec une rage muette que quelques gargouillis sinistres accompagnèrent. Rita reçut le choc de son mieux et roula à terre avec le bandit, tentant de maîtriser par le poignet la main qui tenait le poignard. L’homme était lourd, mais la femme avait reçu l’entraînement adéquat pour ce type d’affrontement. Avec souplesse, elle parvint à se glisser dans le dos de son adversaire et le ceignit à la taille à l’aide de ses jambes qu’elle referma sur lui. En même temps, elle lui immobilisait le cou par une clé à l’aide de ses bras, exerçant une torsion vers la gauche. Instinctivement, l’homme fit un effort surhumain pour contrer la prise et banda ses muscles pour tourner la tête de toutes ses forces en sens inverse. Une fraction de seconde plus tard, Rita mettait toute sa puissance pour accentuer le mouvement d’auto-défense de sa victime dans un mouvement de gauche à droite. Sous les deux forces conjuguées, les vertèbres cervicales du Kiathe cédèrent dans un craquement lugubre. Elle sentit le corps de l’homme se raidit puis devenir tout mou. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’elle ne lâche prise et se dégage du poids inerte que sa victime était devenue. Deux doigts posés sur sa veine jugulaire lui permirent de vérifier qu’elle était bien morte. Alors elle passa les bras sous ses aisselles et la traîna jusqu’à la position initiale dans laquelle elle l’avait trouvée montant la garde. Puis elle s’éloigna à la recherche d’une branche qu’elle trouva rapidement et passa dans le dos des vêtements du mort après l’avoir assis.
Son travail accompli, elle se recula de quelques pas pour s’assurer que l’homme tenait la position tout seul. Cela ferait illusion un certain temps si nécessaire… du moins jusqu’à ce que la relève n’arrive. Pressant le bouton de son communicateur, elle chuchota.
— Alpha zéro de bravo trois, nettoyage terminé.
Dans la foulée, d’autres messages signalèrent à leur tour le succès de la phase d’élimination des sentinelles. Rigo se frotta les mains.
— Allons-y, fit-il aux officiers qui se trouvaient rassemblés autour de lui.
Un détachement s’éloigna vers les dragonnaux et les mantas alors qu’une grosse partie de la colonne s’était déjà mise en marche vers le défilé qui menait au repaire des Kiathes. Le premier avait pour mission d’anticiper l’assaut en se posant sur la plaine forestière où débouchait le tunnel de repli des Kiathes… ce même tunnel qu’avait emprunté leur chef et Iella. Le groupe devait y pénétrer et se tenir prêt à envahir le repaire par cet accès dès que la porte s’ouvrirait. Le reste de l’expédition devait investir la place par l’entrée principale, au fond du défilé, dès que Sali en aurait abaissé le sas. Cette dernière avait pris place sur Kro’Moo accompagnée de trois autres dragonnaux et de quelques commandos chargés de la couvrir dans son infiltration.
Vers l’est, les premières lueurs de l’aube n’allaient pas tarder à faire leur apparition. Il fallait à présent agir vite !
*
* *
Plus de trois mille hommes avançaient en rangs serrés sur le plateau rocheux en direction de l’arche de pierre qui traversait le précipice gardien de la forteresse. Vu depuis l’YT-1100 d’Hiivsha, c’était un très beau spectacle. Les tous premiers rayons du soleil donnaient à celui-ci un contraste particulier presque féérique. Assis dans le siège du copilote, le vieux duc, qui avait promis de ne toucher à aucune commande de vol, n’en perdait pas une miette. Calem, monté sur Galinthorn était à la tête d’une cinquantaine de dragonnaux qui tournoyaient dans un ciel purifié et libre de tout ennemi, tandis qu’Isil marchait en tête de cette marée humaine aux côtés du commandant Roc’Hart.
Des démineurs s’étaient assurés durant la nuit que le pont naturel n’avait pas été piégé, risque minime vu la grosseur de l’arche que les millénaires avaient sculptée dans le granite le plus dur. Dans la forteresse, les hommes-serpents étaient en état de siège, rassemblés sur les murailles et dans la cour principale.
— Capitaine Inolmo, appela la voix du roi dans l’intercom du
Choupy IV, vous avez carte blanche pour abattre ces fichues portes !
— Bien reçu, répondit le pilote de l’YT-1100, nous y allons.
Le cargo effectua un large virage pour une présentation en très basse altitude et en face des lourds battants de blindacier puis à l’aide de ses stabilisateurs anti-gravité, s’immobilisa maladroitement à une trentaine de mètres du sol, de l’autre côté du ravin. La cible étant fixe, il n’y avait aucune contre-indication à utiliser le contrôle automatique des tourelles et Hiivsha appuya sur le bouton de tir. Des traits rougeoyants s’échappèrent des turbolasers et allèrent s’écraser sur les portes qui tremblèrent sous l’impact, mais tinrent bon.
— Elles sont plus épaisses que je ne le supposais, grogna le contrebandier dans son micro.
— C’est un ancien blindage, répondit la voix du roi, comme on n’en fait plus sur Édéna. Vous avez de la puissance en réserve ?
— Inutile de s’acharner sur les battants. Ce qui fait qu’une porte résiste, c’est aussi son chambranle.
Hiivsha modifia le réglage de son viseur et recommença à tirer sur le pourtour des lourds vantaux. Les pierres volèrent en éclat sous les impacts en produisant d’épaisses volutes de débris. Les tourelles crachaient leur feu sans discontinuer provoquant l’éclatement de la muraille au niveau des puissants gonds. Petit à petit, le mur se lézardait et s’effritait. Enfin le tir s’arrêta. Les portes étaient toujours debout. Une trappe s’ouvrit sous le ventre du cargo et une sorte de rampe métallique se déploya vers le bas portant de courts objets oblongs à empennage. Une pression du doigt sur un bouton et le premier missile s’envolait dans un sifflement pour exploser dans une boule de feu éblouissante contre les battants récalcitrants. Le tonnerre de la déflagration roula entre les montagnes tandis que dans un fracas épouvantable, les lourdes portes quittaient leur logement pour s’effondrer d’un seul tenant à l’intérieur de la forteresse.
Aussitôt, à travers l’épais nuage de poussière soulevé par l’impact des panneaux d’acier sur le sol, une rumeur monta de la forteresse, alors même que les premiers éléments des troupes royales s’engageaient sur le pont naturel qui traversait le précipice. Hiivsha reprit de l’altitude. De son cockpit, il put voir une sorte de marée noire se déverser du trou béant que les portes vaincues avaient laissé dans les remparts. Une foule anarchique de créatures effectuait une sortie pour aller à la rencontre de son adversaire à l’intérieur même de son bouclier de protection. Aussitôt, les dragonnaux cessèrent de décrire des cercles dans les airs et se rassemblèrent en groupes d’attaque de cinq animaux chacun, piquant successivement vers l’entrée nord du pont. Depuis
Choupy IV, le duc Nathil observait le spectacle complètement subjugué.
D’en haut en effet, les deux masses compactes faisaient penser à des vagues allant à la rencontre l’une de l’autre. Calem et les autres dragonnaux entrèrent en lice avant que les hommes-serpents n’atteignent le milieu de l’arche et leur feu décima les premiers rangs sans parvenir pour autant à arrêter le déferlement des créatures. Au même moment, les troupes royales parvenaient elles-aussi au centre du pont naturel.
Jouant du sabre-laser, Isil interceptait tous les tirs venant en sa direction pour les renvoyer vers l’ennemi. Autour d’elle, une myriade d’éclairs bleutés allait et venait dans le plus pur désordre. Des cris retentirent poussés par des hommes et des reptiles bipèdes blessés qui s’effondraient sur le sol quand ils ne basculaient pas dans le vide pour ceux qui se trouvaient au plus près du bord.
Un instant plus tard, les deux masses noires effectuaient leur jonction dans une grande clameur et le centre de la puissante passerelle de roche devint le théâtre d’un combat acharné.
Isil, en tête des troupes, lança une première vague de Force qui repoussa l’ennemi sur une trentaine de mètres par le centre, provoquant la chute d’un grand nombre d’hommes-serpents dans le précipice. Profitant de l’espace ainsi creusé dans les rangs adverses, elle s’y engouffra, suivie par le colonel Roc’Hart, bien décidé à demeurer en première ligne afin de galvaniser les hommes comme il l’avait toujours fait par le passé. De ce fait, les troupes royales pénétrèrent dans la masse ennemie comme un coin dans une bûche de bois, divisant les forces adverses en deux en les repoussant sur les bordures dangereuses du pont.
Bientôt, l’air fut saturé de cris stridents de combattants chutant dans le ravin. La bataille faisait rage et le sabre d’Isil merveille. L’élan de l’ennemi avait été stoppé et celui-ci piétinait, agglutiné sur une position de recul. Intelligemment, les forces royales occupaient le centre de la passerelle et progressaient lentement au fur et à mesure que les hommes-serpents tombaient sur le sol ou dans le vide. Dépassée par les hommes du régiment des Dragons Noirs — le lieutenant-colonel Xuon en tête — dont l’enthousiasme cachait peut-être le désir de racheter la conduite de leur ancien chef de corps, Isil ne pouvait lancer une deuxième vague de Force qui aurait balayé amis et ennemis indistinctement. Pour résoudre son problème, la Padawan effectua au-dessus de la mêlée un grand saut, tournant plusieurs fois en boule sur elle-même, afin de retomber plus avant que les éléments de tête du premier régiment. Entourée d’ennemis, elle combattit sur tous les fronts, à grands coups de sabre, tournoyant comme une tornade, évitant souplement les coups de lance et les tirs à bout portant. Puis, lorsqu’elle eut enfin une seconde de répit, Isil étendit la main pour lancer une nouvelle vague de Force qui creusa de nouveau les rangs adverses jusqu’à la bordure nord du ravin. Ce que voyant, l’ennemi décida de rebrousser chemin. Les rangs qui se trouvaient encore à l’abri de la mêlée mais harcelés par les piqués meurtriers des dragonnaux, firent volte-face pour retourner se mettre à l’abri de la forteresse, suivis par ceux qui combattaient sur le pont et qui le purent.
Le rouleau-compresseur royal se remit en route, éliminant les derniers résistants demeurés sur le pont avant de s’avancer vers l’entrée de la citadelle.
À l’intérieur de celle-ci, les créatures semblaient à présent avoir adopté une autre stratégie plus défensive en prenant position à l’abri des murs, des bâtiments munis de meurtrières et de nombreuses barricades constituées à la hâte. Il était évident que l’ennemi avait l’intention de vendre chèrement sa peau.
Les attaques venant du ciel devenaient plus hasardeuses, moins efficaces sur des cibles dissimulées qu’en terrain plat et dégagé. Déjà, quelques dragonnaux touchés avaient dû regagner leur base ou s’étaient écrasés sur les flancs des pics rocheux qui entouraient l’immense ouvrage fortifié.
À peine l’avant-garde de l’armée royale eut-elle atteint l’entrée béante de la muraille, qu’un déluge de tirs s’abattit sur elle rendant mortel le passage des anciennes portes.
— Ça va être compliqué d’entrer là-dedans, cria Roc’Hart dans son communicateur. Les créatures se sont retranchées, bien à l’abri des fortifications. Nous n’avons pas assez d’hommes équipés de boucliers individuels pour forcer le passage correctement. Beaucoup d’entre eux étaient en première ligne sur le pont et un certain nombre sont tombés avec leur équipement dans le précipice.
Hiivsha qui écoutait attentivement les communications, haussa un sourcil interrogateur. Le duc prévint sa question.
— Les boucliers anti-énergie, expliqua Nathil, ne font pas partie de l’équipement standard des militaires et sont réservés aux forces spéciales antiémeutes. Ce sont des protections complexes qui sont produites en petites quantités par les rares industries de guerre encore actives sur Édéna. Évidemment, il eut été plus pratique de pouvoir en doter chaque homme… au lieu de cela, ils n’ont que leur tenue de combat. Celle-ci peut absorber une certaine quantité d’énergie… mais elle devient vite inefficace dans une bataille de cette ampleur.
Le contrebandier hocha silencieusement la tête pour indiquer qu’il avait compris le problème.
— Mais le bouclier ? hasarda-t-il au bout de quelques secondes.
— Il s’arrête aux murailles… On ne peut l’avancer à l’intérieur de la forteresse car il placerait de fait les hommes-serpents qui se trouvent sur les remparts à l’intérieur de celui-ci. Ces derniers pourraient alors tirer sur les troupes situées aux pieds des murs et faire un carnage.
— Alors, comment entrer dans la citadelle et minimiser les pertes ?
*
* *
Après avoir posé leurs dragonnaux en bas de la vallée au nord-est du repaire des Kiathes, les hommes du commandant Kalker évoluèrent à travers les méléacés qui occupaient l’essentiel du plateau menant au tunnel par lequel Sali avait quitté le repaire des bandits un mois auparavant. Les deux pics jumeaux qui dominaient la forêt ressemblaient à quelques géantes sentinelles pétrifiées. Chaque tronc offrait une cachette pour les hommes qui progressaient par bonds, invisibles dans l’obscurité des sous-bois. Une analyse minutieuse effectuée à l’aide de détecteurs sophistiqués, avait permis de localiser cinq hommes qui montaient la garde au niveau de la caverne de sortie, là où paissaient quelques dragonnaux. Entre la lisière de la forêt et la grotte, s’étendait une pente d’herbe rase et de bruyères parsemée de blocs de pierre détachés des flancs de la montagne qui avaient roulé au hasard du terrain. Il était évident que le groupe se ferait repérer sur cette lande, aussi, le commandant Kalker avait-il stoppé son détachement à l’abri des derniers arbres. De plusieurs gestes sobres, il venait de désigner cinq gardes royaux à qui il avait montré l’entrée de la caverne. Silencieusement, les soldats s’allongèrent dans l’herbe et se mirent à ramper vers les pierres les plus proches puis vers d’autres rochers en direction de leur objectif.
Parvenus à une centaine de mètres de la grotte deux d’entre eux se postèrent, chacun dans l’ombre d’un gros bloc de pierre, saisissant le fusil de précision qu’ils portaient sur leur dos. Allongés, immobiles, l’œil rivé à leur lunette de tir, ils patientèrent le temps que les trois autres achèvent leur reptation entre les touffes de bruyère en direction des vigies. L’assaut ne dura que quelques secondes soigneusement coordonnées, chacun avec sa technique. Une main sur la bouche pendant que le poignard s’enfonçait dans le dos au niveau du cœur ou sectionnait la carotide en ouvrant une horrible plaie béante autour de la gorge, ou encore un simple tir de précision dans la tête d’un bandit… au bout de ce court laps de temps, Kalker put ordonner à ses hommes de s’élancer vers la caverne pendant que les éclaireurs s’assuraient de l’absence d’autres ennemis dans les environs.
Dans le même temps où le groupe Kalker évoluait, le capitaine Rigo avait progressé par le sud-ouest à travers le défilé nettoyé des sentinelles postées par les Kiathes. Avec d’infinies précautions ils investirent le petit cirque rocheux qui s’étalait au pied de la tanière de Jazor Arato. Il restait encore une sentinelle tout en haut de la falaise, dans un endroit inaccessible, hormis par la voie des airs.
À l’horizon, à l’est, l’extrême pâleur de l’aurore laissait présager l’arrivée imminente de l’astre du jour. La vigie bailla à s’en décrocher la mâchoire en étirant ses bras ankylosés par la fatigue.
Dans une heure la relève, se dit-il in petto en pensant déjà au matelas sur lequel il allait pouvoir se reposer.
Une minute plus tard, le premier rayon de soleil venait le frapper en pleine rétine et il cligna des yeux en détournant son regard puis se retourna vers le cirque dont les formes commençaient à réapparaître dans le jour levant.
Haut dans le ciel, une forme noire tournoyait, mais il ne la voyait pas. Regardant en contrebas vers le défilé qui permettait d’accéder au repaire, il lui sembla apercevoir une ombre se mouvoir derrière un rocher. Clignant des yeux, il se pencha pour s’en assurer mais ne put en voir plus.
Sans doute un animal, songea-t-il.
Il souffla dans ses mains. La fraîcheur du petit matin se faisait ressentir jusqu’au bout de ses doigts. Lentement, il fit demi-tour et leva une main devant ses yeux pour atténuer la clarté du soleil dont le disque apparaissait à présent intégralement au-dessus de l’horizon. Qu’est-ce qui se mouvait donc dans le ciel ainsi ? La tête légèrement en biais pour éviter un total éblouissement, il chercha à identifier les trois points noirs qui arrivaient en face de lui.
Au moment où il comprit, il perçut en même temps une présence incongrue au-dessus de lui et leva les yeux, juste à temps pour apercevoir une paire de bottes qui percutèrent violemment son visage. La seconde d’après, Sali effectuait un roulé-boulé sur le sol rocheux pour se réceptionner pendant que l’homme s’affaissait, plongé dans l’inconscience. Les points noirs s’amplifièrent jusqu’à ce que les trois dragonnaux ne se posent sur le haut de la falaise. Neuf soldats en descendirent sous l’œil attentif de Kro’Moo qui continuait sa ronde de surveillance dans les airs.
Avec des gestes précis, l’adjudant-chef Fagor enfonça dans l’oreille de la princesse un minuscule appareil.
— Avec ça, Votre Altesse, vous nous entendrez sans porter de communicateur. Vous appuyez légèrement dessus pour parler. Une autre pression coupe le micro.
— Compris, fit Sali en testant l’oreillette.
Le sous-officier enfonça ensuite un piton dans le roc et déroula une corde le long de l’à-pic encore plongé dans l’ombre la plus vive. Selon les indications fournies par Sali, l’ouverture dans la falaise la plus proche de la cascade donnait dans une remise qui contenait des tonneaux de vin et d’alcool. C’est vers elle que la princesse se mit aussitôt à descendre en rappel avec l’aisance d’une alpiniste chevronnée. Les huit autres militaires plantèrent également leur piton et y accrochèrent leur corde en se répartissant sur toute la largeur de la façade du repaire, prêts à se lancer à leur tour dans le vide à la première alerte.
En quelques secondes, Sali parvint au niveau d’une des trouées qui servait de fenêtre et risqua une tête pour s’assurer que la remise était déserte. Enjambant la paroi, elle se laissa glisser à l’intérieur de la pièce creusée dans la montagne, le cœur battant. Une fois dans la place, elle posa à terre un petit sac, enleva ses bottes et défit la fermeture de sa combinaison intégrale noire qu’elle ôta rapidement. Du sac elle sortit une tunique défraîchie comme en portaient certaines prisonnières « favorites » lors de sa captivité et l’enfila. Puis elle fixa un petit pistolet entre ses cuisses et secoua vigoureusement ses cheveux avec les mains pour les désordonner un peu. Du bout d’un doigt, elle alluma le micro de son oreillette.
— Je suis dans la place, rien à signaler. Je vais tâcher de gagner la salle de contrôle au plus vite, tenez-vous prêts à entrer.
Puis elle coupa son micro.
Après avoir dissimulé ses affaires derrière un tonneau, elle tourna précautionneusement la poignée de la porte de la remise et traversa une cuisine qui donnait sur la grande salle de banquet dans laquelle elle s’était battue.
La pièce sentait le vin et la transpiration et sur les côtés, quelques bandits affalés sur le sol ronflaient encore, certain tenant dans leurs bras une ou plusieurs compagnes « forcées », pour la plupart dépenaillées lorsqu’elles n’étaient pas purement et simplement nues.
Sali retint une grimace évocatrice à la pensée de sa courte captivité dans ces lieux.
Soudain, alors qu’elle quittait la grande salle pour s’aventurer dans l’un des nombreux couloirs du refuge, une main puissante s’abattit sur son bras.
— Hé là, toi, qu’est-ce que tu fabriques ?
*
* *
À la forteresse du Désert de Sang, la bataille entrait dans une nouvelle phase. La voix de Calem venait de retentir dans les communicateurs.
— À tous les dragonnaux, concentrez vos tirs sur les remparts…
Choupy IV, votre aide sera également la bienvenue.
Plusieurs «
reçus » répondirent au monarque et les formations aériennes se remirent en ordre pour organiser le mitraillage des murailles. Les turbos-lasers destructeurs de l’YT-1100 se remirent à aboyer.
L’enfer s’installa sur les hauteurs de l’enceinte cependant que l’entrée de la place-forte restait interdite pour les troupes au sol à cause d’un tir nourri qui ne faiblissait pas. Tant bien que mal, les hommes-serpents essayaient de se faire tout petits contre les créneaux, mais les chemins de ronde n’offraient que peu de protection au feu venu du ciel.
Au terme d’un long pilonnage systématique, les remparts étaient devenus déserts. Les créatures s’étaient mises à l’abri dans les fortifications. Venues du sud, une cohorte de breeay mantas s’invita soudain à la fête, bravant le feu ennemi, pour déverser des grappes de soldats munis de bottes anti-gravité qui prirent rapidement position sur l’enceinte abandonnée par l’ennemi. Depuis le cargo, on les voyait courir sur les chemins de ronde comme des fourmis aux abords d’une fourmilière, se précipitant dans les tours qui ponctuaient les murailles à intervalles réguliers pour en déloger l’adversaire. Le combat était âpre et s’achevait souvent au corps à corps. Juchées sur les créneaux, les forces royales pouvaient à présent tirer en contrebas sur les hommes-serpents planqués derrière les barricades de la vaste place d’armes de la citadelle. L’ennemi était pris en tenaille.
Le colonel Roc'Hart donna l’ordre de faire avancer le générateur de bouclier situé à l’arrière sur le plateau rocheux puisque les hommes-serpents ne tenaient plus les remparts. Ainsi, une première vague de gardes royaux put enfin pénétrer dans la citadelle pour déloger les ennemis les plus proches. Pour appuyer les hommes, Isil fit appel à la Force afin de détruire les obstacles derrière lesquels les créatures se protégeaient, semant le désarroi dans les rangs adverses. Les survivants battirent en retraite vers les bâtiments annexes et le château central, édifice de cinq étages abritant sans aucun doute les appartements de Dark Zarek qui brillait par son absence.
— Je me demande où est notre ami Sith, railla Roc'Hart sans cesser de tirer.
— Je ne peux pas sentir sa présence, observa la Padawan et cela ne cesse de m’inquiéter. Où qu’il se cache, il faut le trouver.
— Sans doute dans le bâtiment principal, suggéra le colonel.
— Peut-être… le meilleur moyen de le savoir est d’y aller…
— Dans ce cas, je vous donne la première compagnie des Dragons.
Dans son communicateur, Roc’Hart lança quelques ordres brefs et quelques cent soixante-dix hommes rescapés de ladite compagnie qui avait souffert sur le pont vinrent se regrouper autour de la Jedi cependant que progressivement, la place d’arme prenait une coloration résolument royaliste. Différents groupes de combats furent constitués pour investir les nombreux édifices de la citadelle. Isil s’élança à la tête du sien vers le château, protégeant de son mieux les hommes rassemblés derrière elle à partir du moment où ils quittèrent l’abri du bouclier d’énergie.
À l’arrière, une file de mantas sanitaires venues du royaume d’Austra décollaient en direction d’Édinu pour rapatrier les blessés qui transitaient par l’hôpital de campagne déployé sur le plateau, ainsi que les cadavres des soldats tombés au champ d’honneur. Des renforts avaient également été envoyés par le roi Tyendal, le père de Sali, pour faire face à toute éventualité mais ils étaient basés sur la plaine d’Amar au sud de la capitale et tenus en réserve.
*
* *
La main de la brute semblait vouloir broyer le bras de Sali qui grimaça sous la douleur. C’était un colosse de deux mètres de haut, au crâne entièrement rasé et tatoué à l’image de celui de son chef, et dont le visage ne reflétait pas l’intelligence.
— Je… je cherche les toilettes, gémit la princesse en faisant profil bas.
— T’es déjà debout ? continua l’homme en la secouant comme un prunier, je t’ai pas remarquée hier soir… un brin de fille comme toi j’aurais dû… t’es tout à fait à mon goût.
De l’autre main, il la saisit par la gorge et la plaqua contre le mur en approchant son visage hideux du sien.
— Tu te rends compte ? On a failli ne pas se trouver toi et moi, lança-t-il d’une voix rauque en esquissant ce qui devait correspondre à un sourire mais qui n’était qu’une horrible grimace.
Il essaya de l’embrasser mais Sali détourna instinctivement la tête d’un mouvement de dégoût. Du bout des doigts, elle essaya de desserrer l’étreinte qui commençait à l’empêcher de respirer. De l’autre main, le géant s’insinua dans l’échancrure de sa robe et se mit à écraser douloureusement sa poitrine avec un feulement de plaisir.
— Vous me faites mal, se plaignit la princesse le cœur emballé par la peur et l’aversion que lui inspirait le bandit. Et si nous allions plutôt dans un endroit tranquille, vous et moi, hein ? Je saurais me montrer très gentille… je ferai tout ce que vous voudrez… je suis sûre que vous voulez faire plein de choses avec moi...
— Tu veux aller où ?
Sali tendit la main vers un couloir annexe.
— Par là… il y a un magasin à provision… on y sera seuls…
Elle sentit à son grand soulagement l’étreinte se desserrer.
— Bonne idée, s’exclama le Kiathe avec l’air d’un parfait imbécile. Viens donc poupée, j’ai plein d’idées pour jouer avec toi.
Il posa sa grosse main sur la nuque de Sali obligée de marcher légèrement courbée sous la pression jusqu’à la porte d’une remise dans laquelle le colosse la poussa avant de s’y enfermer avec elle. La porte était épaisse, si elle criait, il y avait peu de chance que quelqu’un l’entende.
Le colosse sourit de tous ses chicots et posa brutalement sa bouche sur celle de la jeune fille qui se débattit avec répugnance.
— Eh… doucement, gros lourdaud… si tu me veux, va falloir me mériter… une femme, ça se fait attendre.
Il gratta son crâne lisse.
— Ah ? Moi j’ai l’habitude de les prendre tout de suite… tiens, regarde… sur cette table, ce sera parfait. Déshabille-toi ou j’arrache tes vêtements.
— Mais attends, je te dis, répéta Sali en le repoussant par le torse, laisse-moi d’abord te montrer de quoi je suis capable dans les préliminaires…
Ce faisant, cachant son écœurement, elle lui donna en une caresse un aperçu de ce dont elle parlait.
— Aaah… gémit le géant en pesant sur les épaules de la princesse pour la forcer à s’accroupir… ce qu’elle attendait impatiemment.
Tandis qu’elle lui donnait le change de la main gauche, elle s’empara de l’autre du petit pistolet fixé contre l’intérieur de sa cuisse. Le géant sentit quelque chose de dur s’enfoncer au bas de sa précieuse anatomie puis Sali tira et souplement se déplaça afin de ne pas rester dans la trajectoire de l’imposante masse qui s’écroulait.
— Et ça… ça te plaît, gros porc ? maugréa-t-elle en lui crachant dessus. Tiens, j’espère que c’était la dernière fois que t’envisageais de violer quelqu’un !
Comme s’il l’avait entendu, l’homme bougea en grognant. Il reprenait déjà ses esprits. Sali hésita. Le temps lui était compté. Elle devait au plus vite gagner la salle de contrôle d’où elle pourrait faire descendre les plateformes du sas d’entrée et déverrouiller la porte du tunnel arrière. Prenant une grande inspiration, elle tira dans la tête du colosse avec une pointe de regrets.
— Désolée, laissa-t-elle tomber pour toute oraison avant de ressortir de la remise avec précaution.
Elle avait de nouveau dissimulé son arme entre ses cuisses et progressa rapidement dans les couloirs. Les quelques Kiathes qu’elle croisa ne prêtèrent pas attention à elle. Parvenue devant la salle de contrôle, elle prit soin de bien écarter le corsage de sa tunique, dégageant de façon provocante la naissance de ses seins, armes suprêmes de la femme songea-t-elle, puis frappa à la porte qui s’entrouvrit.
— Qu’est-ce que tu veux ? grogna un petit homme aussi malingre et petit que son agresseur précédent était grand.
Elle se pencha légèrement pour faire bailler sa robe. Le petit homme ouvrit de grands yeux ronds en louchant.
— Jazor a pensé que vous deviez vous ennuyer tout seul ici et m’a chargée de venir vous distraire… autant que vous le souhaitez.
Le bandit ricana.
— Je suis pas tout seul, y’a aussi Erz avec moi… mais tu peux entrer ma jolie… si le capitaine veut qu’on s’amuse… on va s’amuser un peu.
Il s’effaça pour la laisser entrer puis referma la porte derrière lui.
En fait de salle de contrôle, c’était une petite pièce minable dans laquelle deux vieux écrans renvoyaient les images parasitées de deux caméras, l’une pointée vers la porte du couloir du nord-est, l’autre vers le sas des plateformes d’accès au repaire.
Erz était un gros barbu rouquin de taille moyenne affalé dans un vieux fauteuil tout disloqué, les pieds sur une table en ruine. Quand il vit entrer Sali, son visage s’éclaira d’un sourire concupiscent.
— Comment tu t’appelles, belle plante ? demanda-t-il en la dévorant des yeux.
— Sali, répondit la princesse en se penchant en avant pour récupérer son arme.
Lorsqu’elle se redressa, elle tenait fermement le pistolet dans ses deux mains les bras tendus, braqué sur l’homme assis. Elle tira une fois. Le fauteuil recula de deux mètres et le menton d’Erz s’affaissa sur sa poitrine.
— Qu’est-ce que… eut le temps de s’exclamer le petit homme juste avant le second tir de Sali.
Il s’écroula sur le sol et la princesse se précipita sur le tableau de commande à vrai dire fort simple de la pièce. Outre un micro qui devait fonctionner sur une boucle interne, deux interrupteurs trônaient. L’un marqué « entrée », l’autre « tunnel ».
La princesse enclencha son oreillette.
— J’ouvre les issues, annonça-t-elle sobrement, il faudra envoyer immédiatement du monde à la salle de contrôle si vous voulez redescendre les plateformes, car depuis celles-ci, vous ne pouvez que les remonter.
— Restez où vous êtes, Sali, s’exclama la voix du capitaine Rigo, on vient vous rejoindre.
Mais déjà la princesse avait coupé son micro. Aussitôt, elle actionna les interrupteurs. Par les caméras elle entrevit la porte nord-est qui s’ouvrait poussée par le commandant Kalker et ses commandos ainsi que les plateformes de la grotte du défilé qui s’enfonçaient dans le vide.
Sans ajouter un mot, elle ressortit de la salle dont elle repoussa la porte après en avoir bloqué la serrure en position ouverte. Puis elle tourna à gauche dans le couloir. Quelques Kiathes commençaient à aller et venir dans les galeries, la tête visiblement embrumée par une veillée plus qu’alcoolisée et personne ne s’occupa d’elle. Quelques secondes plus tard, après avoir tourné et retourné dans les galeries, elle montait les étroits escaliers isolés qui menaient vers les quartiers de Jazor Arato.
*
* *
La partie certainement la plus difficile commençait à la forteresse du Désert de Sang. Celle du grand nettoyage comme l’avait annoncé le colonel Roc’Hart. Les édifices de la citadelle étaient autant d’abris pour des hommes-serpents submergés et sur une défensive désespérée. Chaque bâtiment, chaque étage, devait être pris de force et purgé méticuleusement de ces créatures qui, malgré tout, commençaient à se rendre par-ci, par-là, lorsqu’elles se sentaient poussées dans leurs derniers retranchements.
Isil avait réussi à forcer l’entrée du château central de la place-forte et le grand hall leur appartenait désormais. Le combat faisait fureur dans les étages, mais l’ennemi subissait des pertes irrémédiables. De plus il reculait dans ce qui était forcément un cul-de-sac.
Rien ne pouvait arrêter l’ascension de la Padawan qui s’avançait témérairement dans l’espace confiné des escaliers, jouant du sabre-laser en experte pour s’en servir de bouclier. Alors qu’elle parvenait sur le palier du quatrième étage, deux hommes-serpents émergèrent d’un placard juste derrière elle. Au moment où elle se retournait, deux traits rougeoyants leur trouèrent le cerveau. Isil se mit à sourire.
— Qu’est-ce que tu fais ici, toi ? dit-elle d’une voix qui résonna dans la cage d’escalier.
— Comment tu m’as reconnu ? demanda Hiivsha caché derrière un pilier un peu plus bas d’un ton faussement ingénu.
— Ton blaster n’a pas vraiment la même couleur énergétique que les armes des édéniens. Ça se remarque comme le nez sur la figure !
— Je suis démasqué alors, conclut-il en arrivant à sa hauteur. Tu as trouvé Dark Zarek ?
— Non, et ça commence vraiment à m’inquiéter. Sa présence aurait tout aussi bien pu faire basculer l’issue de la bataille alors que sans lui, ces reptiles bipèdes ne font évidemment pas le poids. Ça ne me dit pas ce que tu fais ici…
Hiivsha sourit.
— Je m’ennuyais à bord de Choupy, alors j’ai atterri et j’ai suivi la piste des plus gros tas de cadavres d’hommes-serpents pour te retrouver… tu me manquais un peu.
— C’est gentil, admit malgré elle la Padawan dont le visage s’éclaira un instant. Mais prends garde à toi, ce n’est pas tout à fait fini… si nous tombons sur Zarek… laisse-moi faire.
— On verra…
Il lui adressa un clin d’œil et la suivit dans la montée du dernier étage, en faisant feu sur chaque ennemi qui se montrait. L’un des groupes de la première compagnie des Dragons les suivait, les autres étaient disséminés dans tout le château pour en chasser les indésirables récalcitrants.
Après avoir tranché les bras de deux hommes-serpents qui tentaient de l’empêcher de prendre pied sur le palier du dernier étage, Isil se retourna vers les Dragons.
— Fouillez chaque pièce et si vous trouvez Dark Zarek, prévenez-moi aussitôt !
Elle-même s’engagea dans un long couloir, suivie d’Hiivsha et de quelques hommes. Parvenus au milieu, ils débouchèrent dans une sorte de vestibule circulaire sur lequel donnait deux portes, l’une étroite, l’autre à l’opposée du cercle, double. Derrière la première, un étroit escalier de pierre descendait en colimaçon. La Padawan considéra la seconde.
— Les appartements de Zarek je suppose, dit-elle en donnant ordre par geste aux soldats présents de se répartir de chaque côté de l’entrée.
— Le moment de vérité ? laissa tomber Hiivsha en levant son blaster.
— Nous allons bien voir.
Elle tourna la poignée mais la porte était fermée à clé. D’une poussée maîtrisée de la Force, Isil força le ventail qui s’entrouvrit dans un craquement de chambranle arraché.
— Tenez-vous prêts, murmura-t-elle en posa la main sur le battant qu’elle fit pivoter sur ses gonds.
Ils entrèrent dans une vaste pièce au centre de laquelle trônait une belle table de bois massif entourée de chaises. Visiblement, une salle à manger. Au fond, dans une grande cheminée, un feu crépitait paisiblement à l’abri des rumeurs atténuées qui montaient du reste de la Citadelle où les hommes-serpents continuaient à se rendre par petits groupes. De cette pièce, ils passèrent dans un bureau désert puis s’engagèrent dans un court couloir qui donnait sur deux autres portes. La première était ouverte et débouchait sur une immense chambre à coucher somptueusement décorée et meublée qui ne pouvait être que celle du maître des lieux. Il n’y avait personne. La seconde était fermée à clé.
— Laisse-moi faire pour changer, suggéra le contrebandier en pointant son blaster vers la poignée.
Plusieurs coups partirent de son arme et la serrure céda. Il poussa le battant du pied en entra en même temps que la Padawan qui se tenait sabre allumé prête à toute éventualité.
Ils se retrouvèrent dans une chambre, plus modeste certes que la précédente, mais agréablement parée et équipée de jolis meubles fins. Au fond, à l’opposé des fenêtres se trouvait un grand lit surmonté d’un baldaquin de soieries rosées vers lequel ils s’avancèrent.
Isil, bouche bée, ne put retenir une exclamation.
— Par tous les Sith cornus, que fais-tu ici ?
*
* *
Sali ne répondant plus aux appels lancés dans son oreillette, l’adjudant-chef Fagor donna l‘ordre à son commando de descendre en rappel le long de la falaise et une poignée de secondes plus tard, il pénétrait avec ses hommes dans la grande salle commune du repaire des Kiathes en ouvrant le feu sur chaque ennemi présent trouvé les armes à la main.
Tandis que des rumeurs envahissaient le labyrinthique refuge troglodytique, faites de cris et de bruits de tirs mélangés, Sali poussait la porte non verrouillée des appartements du capitaine Arato.
Ce dernier, debout à l’autre bout de la pièce, ne put cacher sa surprise en la voyant ainsi sur le seuil de la pièce arme au poing.
— Corne de brama ! Iella, ma belle, par tous les diables, que viens-tu faire ici ? Et comment es-tu… mais que se passe-t-il dehors ?
Il lançait des regards inquiets par-dessus l’épaule de l’intruse.
— Jazor, vous êtes en état d’arrestation au nom du roi ! Le moment de payer pour tous les crimes que vous avez commis est arrivé !
— En état d’arres… le diable m’emporte, comment…
Sa surprise était grande et visiblement, il avait du mal à comprendre ce qui était en train de se passer.
— La Garde Royale a investi votre repaire, Jazor, expliqua Sali, c’en est fini des Kiathes, vous comprenez ? Aussi, je vous demande de vous rendre et de ne rien…
Les yeux du bandit se portèrent de nouveau derrière elle et il cria en tendant une main dans un geste de prévention.
— Marco, non !
La princesse se retourna et tira d’instinct. Le lieutenant d’Arato se figea sur place, le poignard qu’il tenait dans une main levé, les yeux tout ronds et la bouche ouverte, puis il tomba en arrière et dévala les escaliers.
Mettant à profit cette interruption, Jazor avait décroché du mur l’une des nombreuses armes blanches qu’il collectionnait, une rapière, et avait fait trois pas vers Sali. Lorsqu’elle se retourna vers lui, la fine lame fouetta l’air et arracha le pistolet des mains de la jeune fille, l’envoyant s’écraser sur le mur à l’autre extrémité des lieux. La pointe effilée s’approcha du menton de Sali qui fut obligée d’effectuer deux pas de côté pour s’éloigner du seuil de la pièce et reculer. Jazor en profita pour refermer la lourde porte et en pousser le verrou.
— Nous voilà seuls, fit-il d’une voix calme, presque enjouée, comme au bon vieux temps.
Sali regarda autour d’elle et avisa une épée en tous points similaire à celle dont le bandit s’était emparé. Elle tendit le bras et, comme Jazor ne réagissait pas, s’en saisit à son tour puis recula de nouveau pour prendre du champ.
— Pour une surprise… reprit le bandit l’arme toujours pointée vers la jeune fille, j’imagine que c’est à toi que les forces royales doivent d’avoir trouvé mon repaire ?
— Absolument… j’avais tellement envie de vous revoir…
Arato se mit à sourire sans arrière-pensée.
— Si seulement c’était vrai… tu aurais pu venir toute seule jusqu’ici, on ne t’aurait fait aucun mal, je t’en donne ma parole.
Sali sourit à son tour.
— Je ne sais pas trop pourquoi… mais je vous crois volontiers.
— La place que je t’avais trouvée ne t’a pas plu ?
La jeune fille dodelina de la tête sans arrêter de sourire.
— Il y a eu… disons… des complications. Mais sinon, ça aurait fini par être une place que beaucoup d’autres femmes auraient pu m’envier.
— Alors pourquoi me trahir ?
— Pour trahir, il faut être « avec » quelqu’un… je n’ai jamais été avec vous.
— Et toutes ces journées passées à bavarder ensemble… ces nuits si proches l’un de l’autre…
— Je n’ai pas eu le choix.
— Et maintenant, tu vas me tuer si je refuse de me rendre ?
— Je ne sais pas pourquoi… j’en serais désolée, mais… oui.
— Ah, tu vois ? Je sais qu’au fond de toi tu m’aimes bien. Voyons comment tu te sers d’une épée, même si j’ai vu comment tu as tenu tête au pauvre Marco… dommage, c’était un bon lieutenant, obéissant sans jamais poser de questions.
— Pourquoi ne pas l’avoir laissé me tuer ?
— Une femme comme toi ? Tu mérites bien des choses mais pas de mourir un coup de poignard en traître dans le dos. Bien trop intelligente… bien trop douce… bien trop jolie… et puis, Marco n’a-t-il pas tué ta mère ? Je t’ai permis de la venger… tu m’es donc redevable !
Il se mit en garde tout en parlant et Sali en fit autant. Les pointes des deux lames se frôlèrent, se touchèrent délicatement comme pour se tâter. Les épées étaient fines et les lames paraissaient trembler au bout de leur garde. Jazor engagea la première passe avec des mouvements rapides, subtils, cherchant la faille dans la défense de son adversaire. Il effectua un pas chassé pour frapper d’estoc mais la jeune fille effectua une parade élégante en bloquant la lame de son adversaire qu’elle repoussa à l’aide d’un mouvement circulaire de la sienne. Le tintement des fers se heurtant emplit la pièce. Jazor feinta puis se fendit en détendant la jambe arrière tout en projetant l’autre vers l’avant. De nouveau, Sali contra et riposta en obligeant le bandit à rompre de plusieurs pas.
— Tu te bats bien pour une femme, admit Jazor en reprenant son souffle.
— J’ai commencé l’escrime toute petite, expliqua Sali sans chercher à reprendre le combat.
Elle se contenta de tourner autour du bandit, lentement, sans le quitter des yeux.
— J’ai eu les meilleurs maîtres d’armes du royaume d’Austra, mon père y a veillé malgré sa réticence à ce que j’apprenne le maniement des armes… mais comme il n’avait pas de fils, il m’a laissé faire tout ce que je voulais.
— Un bon père alors ?
— Pas vraiment… j’ai été libre… mais il n’a jamais été là pour moi.
Jazor eut un geste de tête compréhensif.
— Ah… difficile de tout avoir… il me semble que si j’avais eu une fille, j’aurais été là pour elle… à chaque instant de sa vie.
La princesse marqua son étonnement.
— Vous n’avez pas eu d’enfant ?
— Non… ma femme est morte en même temps que le premier… en le mettant au monde…
— J’en suis navrée.
— Elle te ressemblait… de traits et de caractère…
Sali ne répondit rien et Jazor en profita pour reprendre l’assaut. De nouveau les fers cliquetèrent, patiemment, cherchant l’ouverture. Désespéré, Jazor fouetta l’air vivement plusieurs fois pour essayer de déstabiliser la jeune fille et écarter sa défense pour mieux la frapper au centre. Mais les parades de cette dernière restaient étanches. Alors que le duel se prolongeait, des coups résonnèrent contre la lourde porte.
— On dirait qu’on vient vous chercher, railla Sali.
Le bandit lança un regard inquiet vers le battant de bois massif.
— Il peut tenir… il faudra autre chose que des tirs d’énergie pour faire céder un verrou comme ça ! Plus c’est rustique, plus c’est solide…
Son arme coula sur celle de Sali en exerçant une puissante pression tout en glissant vers le fort de la lame pour l’écarter. Ce faisant, il se rapprocha d’elle.
— Sais-tu que j’ai eu un faible pour toi dès la première fois où je t’ai vue tenir tête à Marco… puis à mes hommes ? souffla-t-il.
— Alors, rendez-vous à moi, je veillerai à ce que vous ayez un procès équitable, lança-t-elle dans un violent effort pour le repousser et reprendre ses distances.
— Tu aurais été une compagne merveilleuse à mes côtés…
— Dans ce cas, pourquoi m’avoir vendue ?
— Je l’ai regretté aussitôt fait… ton absence…
Le combat reprit, désespérément équilibré. Pour chaque attaque une parade. Sali détourna la lame d’Arato d’un mouvement circulaire effectué tout en souplesse.
— Il y a un passage secret dans la pièce d’à-côté, lâcha le bandit. Laisse-moi m’enfuir, Iella.
— Je ne m’appelle pas Iella mais Sali.
— En vérité ?
Jazor rompit de nouveau le combat cependant que les coups redoublaient contre la porte.
— Sali, hein ? Comme la princesse d’Austra ?
— C’est moi, la fille du roi Tyendal, la vraie princesse d’Austra.
Jazor se frotta vigoureusement le crâne de sa main libre et grimaça.
— Je commence à comprendre pourquoi la Garde Royale est chez moi. Mauvaise pioche en quelque sorte.
— En quelque sorte, répéta Sali. Une dernière fois, Jazor, je ne veux pas votre mort, mais juste votre reddition.
— La seconde ne va pas sans la première… à la seule différence que ce sera une corde ou la lame d’un bourreau à la place de ton épée.
— Je tâcherai de vous éviter ça…
— Laisse-moi prendre ce passage secret et donne-moi cinq minutes d’avance sur les soldats… juste cinq minutes… tu me dois bien ça.
— Je ne vois pas de quoi vous parlez.
— Mes hommes ne t’ont jamais souillée ! Jamais tu n’as été choisie dans les chariots pour leur donner du plaisir durant le voyage… à qui crois-tu que tu le doives, à ta chance ou à mes ordres ? T’ai-je jamais outragée ?
— Vous voulez dire… à part me vendre à un vieil infirme ?
Le capitaine souffla de désespoir.
— Je te demande pardon, Iel… Sali.
— Cela ne ramènera pas tous ceux que vous avez tués, vous et votre bande de criminels… cela ne consolera pas toutes les femmes que vous avez violées !
Cette fois, ce fut Sali qui reprit l’assaut, plus violemment qu’auparavant, avec plus de rage et de force dans le poignet.
— Vous savez, j’ai eu un Maître d’escrime nommé Arebus le Balafré.
— Je connais, répondit Jazor en essayant de contenir tant bien que mal les attaques répétées de la jeune fille. Sa réputation est planétaire. Tu as eu bien de la chance de l’avoir pour professeur… cela explique certainement ton niveau. Je suppose qu’il t’a appris quelques bottes secrètes de sa création ?
Sali sourit.
— Plusieurs… des élégantes, des… plus pragmatiques… à l’instar de celle-ci.
Comme elle finissait de parler, elle effectua une parade de prime sur une violente attaque du capitaine, ce qui la rapprocha du corps de son adversaire. Dans un brusque geste rapide comme l’éclair, elle asséna sur son menton un grand coup sec avec la garde de son épée puis, profitant de la déconcentration momentanée du bandit, elle effectua un demi-tour dans le sens antihoraire ce qui la plaça littéralement entre ses bras en écartant vers l’extérieur la lame de son arme d’un froissement de la sienne. De son talon, elle frappa de toutes ses forces sur la pointe d’un des pieds d’Arato qui lâcha un cri de douleur tandis qu’elle pivotait de nouveau de trois-quarts de cercle pour frapper un grand coup vertical de haut en bas avec la lame de son épée tout près de la garde de l’arme de Jazor. Celle-ci lui échappa de la main et tomba lourdement sur le sol. L’enchaînement n’avait duré que trois ou quatre secondes et déjà, la pointe de la rapière de Sali relevait le menton du vaincu.
— Il l’appelait, la botte de la paume et du pied… Allons, c’est fini, annonça-t-elle, vous avez perdu, rendez-vous à moi, ne faites pas l’imbécile.
Les coups résonnaient toujours contre la porte de la pièce. Se plaçant devant Sali, Jazor posa son index sur la pointe de l’épée qu’il abaissa devant son cœur.
— Enfonce-la ici, fermement et rapidement.
La jeune fille le regarda dans les yeux.
— Ne faites pas l’imbécile…
Il avança lentement en augmentant la pression de son torse contre l’arme. La princesse recula dans le même temps.
— Je vous en prie, Jazor, rendez-vous…
Il continua d’avancer jusqu’à ce qu’elle soit dos au mur, puis toujours du bout du doigt, il écarta de nouveau la lame qui s’abaissa vaincue à son tour. Arato se rapprocha de Sali, tout près d’elle et avant qu’elle puisse esquisser un mouvement, posa ses lèvres sur les siennes.
— Cinq minutes, souffla-t-il après l’avoir embrassée. J’aurais pu t’aimer, tu sais… je te promets de ne plus jamais faire du mal à quiconque… je vais partir loin et devenir un honnête commerçant… laisse-moi une chance… qui sait, peut-être je pourrai avoir des enfants… une jolie petite fille à qui j’apprendrai l’escrime ?
Il posa sa main sur la joue de la princesse immobile puis tourna les talons, traversa la salle et ouvrit la porte d’une autre pièce contigüe que Sali savait être sa chambre. En soupirant profondément, la jeune femme glissa contre le mur en deux pas latéraux pour arriver à hauteur de la porte d’entrée contre laquelle retentissaient toujours de violents coups et ouvrit le verrou.
Le capitaine Rigo, suivi de Rita et de nombreux soldats s’engouffrèrent dans les lieux. Sali désigna l’autre porte du doigt.
— Par-là, il essaye de prendre un passage secret.
Le Capitaine-Général se rua dans l’autre pièce avec ses hommes. On entendit un bref remue-ménage, quelques cris puis plus rien. Sali, toujours contre le mur, n’avait pas bougé d’un pouce. Quelques secondes plus tard, Jazor Arato réapparaissait, les mains entravées dans le dos, poussé par une Rita au regard farouche. En passant, le capitaine des Kiathes s’arrêta un instant tout près de Sali et murmura.
— Tu feras une grande reine, Sali, droite et juste… et belle à en mourir. Ton peuple t’adorera…
— Allez, avance ! l’interrompit Rita en le poussant par les épaules pour le faire sortir de la pièce.
En descendant l’escalier il ajouta à voix haute.
— … mais tu aurais fait une merveilleuse Iella !
Le capitaine Rigo s’approcha de la princesse dont le visage pâle paraîssait rêveur.
— Comment vous sentez-vous, Votre Majesté ?
— Sali, Mani… rectifia la jeune fille en souriant, et je vais bien.
Une fouille minutieuse du repaire permit de capturer tous les Kiathes qui avaient préféré se rendre plutôt que de mourir. En traversant la grande salle, Sali passa entre des rangées de bandits dont elle reconnut certains qui lui lancèrent des regards étonnés. Puis avec un pincement au cœur, elle assista à la délivrance de nombreux captifs entassés dans les sordides geôles du refuge.
Quelques heures plus tard, à l’aide de renforts en breeay mantas acheminés depuis Édinu, l’expédition reprenait la route de la capitale.
*
* *
Isil regardait d’un air incrédule les deux personnes qui se trouvaient sur le lit, assises l’une contre l’autre. L’une lui était familière et l’autre lui était inconnue, mais d’instinct elle sentit ce qui se passait et ses craintes s’amplifièrent.
— Gil ! s’exclama-t-elle au comble de la surprise.
L’adolescent tenait serré dans ses bras une jeune fille de son âge qui pointait vers les nouveaux venus un visage anxieux parsemé de tâches de rousseur.
— Isil ? s’étonna à son tour le jeune homme.
Les soldats qui avaient envahi la chambre tenaient les deux enfants en joue. Hiivsha prit les devant.
— Je crois qu’on peut baisser nos armes, suggéra-t-il en faisant un geste apaisant de la main, ils ne me paraissent pas bien dangereux.
Les militaires s’exécutèrent en silence. Isil rangea son sabre et s’approcha du jeune couple éperdu pour venir s’asseoir tout près de l’adolescent.
— Gil ? demanda-t-elle doucement, que fais-tu ici ? Qui est cette jeune fille ?
L’enfant leva vers la Jedi un regard empreint d’une tristesse fautive.
— C’est mon amie, avoua-t-il en baissant la tête comme une personne coupable de quelque chose. Elle s’appelle Selen.
— Et… que fais-tu ici ? Sais-tu qu’on te cherche partout depuis des jours ?
— C’est Zarek… ou plutôt Diva… elle avait enlevé Selen.
— Mais pourquoi ?
Gil fondit en larmes et délaissa les épaules de son amie pour se jeter au cou d’Isil.
— Pardon, se mit-il à pleurer, pardon Isil… je ne voulais pas qu’on lui fasse du mal !
— De quoi parles-tu, Gil ? Pardon de quoi ?
Au fond d’elle-même la vérité se fit jour et en une fraction de seconde elle eut une vision du futur. Une vision d’horreur et de catastrophe.
Prenant l’enfant par les épaules, elle le secoua.
— Qu’as-tu fait, Gil ? Allons, réponds vite !
Les yeux baignés de larmes qui coulaient en grosses cascades sur ses joues, l’adolescent hoqueta.
— j’ai révélé à Zarek l’entrée de la vallée du Temple d’Édin !