Praelstyn : Saccage
Shughart la regardait, tout à la fois tendre et aussi immuable que du marbre. Serein. Imperturbable malgré les secousses de la navette, fondant sur sa proie tel un aigle, prise dans un barrage d'artillerie anti-aérienne. Par le hublot, on voyait le monde capital de la République. Vaste labyrinthe d'immeubles, tout l'inverse de son monde natal, Dromund Kaas. L'anxiété se faisait sentir parmi les soldats de l'escouade les accompagnant. Les tirs se faisaient plus précis. La navette franchit la dernière couche de nuage telle une flèche d'argent. Un autre transport fut foudroyé par les tirs venant du sol, explosant dans une gerbe de feu et de métal. Les hommes du commando d'appui. Praelstyn pouvait sentir leur vies, toutes les vies, s'éteindre autour d'elle. Le chaos qui régnait au "sol". Son époux savourait le moment, félin, ses yeux d'or brillant d'une gourmandise inédite alors. La lumière du drop de la soute passa de l'orange au rouge quand le pilote annonça "ETA LZ 1 MIKE *". Les plus longues secondes de sa vie. Une lourdeur incroyable dans ses membres. La fureur qui monte en elle. Trois clignotements verts. Les passagers se cramponnèrent.
L'impact fut d'une violence inouïe. La navette déchira le flanc de l'immeuble de la Force de Réaction Rapide Hermès dans un fracas de férobéton contre le duracier de la navette. Le crissement d'une bête sauvage que l'on égorge. Le fracas ballota l'équipage dans tous les sens pendant plusieurs secondes, avant que la navette ne s'écrase sur le sol et finisse sa course contre un walker ennemi. Les flammes, les vapeurs toxique. Instantanément, l'adrénaline coulait à flot dans ses veines. Alors que son mari hurlait les ordres aux troupes, le capitaine activa ce que dans l'infanterie on appelle "le détonateur de l'homme mort", un charge qui se déclenche aléatoirement lorsque le rythme cardiaque du porteur est à zéro. La vision de Praelstyn devint un long flou. En un éclair, elle était sortie de la carcasse de métal. La soif de sang l'envahit. Instinctivement, ses sabres paraient les premiers tirs ennemis. La Force guidant ses mouvement, elle remit un sabre à sa ceinture et de sa main libre se concentra sur les caissons de munitions alentour, les projetant un vent de feu sur les forces de la République. Du coin de l'œil elle vit Shughart empoigner un rodien à la gorge d'une main, l'alien blêmit instantanément, sa vie le fuyant. Parant une volée de tir de son sabre, puis le seigneur projeta le corps sans vie sur un groupe de Républicains paniqués. De leur coté, les soldats de choc formaient déjà trois groupes cohérents, l'équipe feu couvrant les sapeurs déjà au travail pour armer une charge de baradium. En l'espace d'une minute, les assaillants avaient progressé de plusieurs pièces pour atteindre le cœur du bâtiment. "Capitaine, avec moi" hurla-t-elle, sentant la Force se voiler. Trois Jedi se trouvaient au dessus d'eux.
La troisième équipe la suivit sous le feu ennemi, répliquant coup pour coup. En face, l'opposition se fit plus dure, les renforts arrivant rapidement. Elle désigna le plafond du hangar, un tir lui frôlant la tête, l'autre renvoyé au genou d'un adversaire. Ses camarades se ruant sur lui pour le mettre à couvert, Shughart déclenchant une pluie d'éclairs. L'odeur de la chair brulée se mêla aux cris de souffrance. Un impérial empoigna un lance missile compact et fit feu sur le plafond. L'explosion déchira le chaos ambiant et une pluie de décombres ensevelit les derniers troopers de la QRF. Shughart et elle saisirent les grappins qu'on leur tendait déjà et, à travers le trou béant, s'élevèrent deux étages plus haut. Les troupes d'assaut, sous la direction du capitaine, passaient à la pièce suivante quand une première explosion fit trembler tout le bâtiment. Les sapeurs venaient de déclencher la première charge.
Praelstyn sentit le souffle de son époux sur son cou alors qu'il la tenait contre lui. Un morceau de sol venait de s'écrouler sans qu'elle n'y prenne garde. En face d'eux, les trois Jedi, sabre au poing, médusés, essayaient de comprendre. Leurs pensées étaient claires, "quel peut bien être cet être étrange à la peau rouge et au regard de braise !". Un autre était tout autant inquiet face à la haine qui émanait de la femme Sith. Le pas assuré, le duo s'approcha, tel des prédateurs. Il y eu une nouvelle secousse. Shughart fit un pas en avant.
Il engagea le combat rapidement. A deux mais, il envoya une longue et intense volée d'éclairs sur la Togruta. Ses hurlements faisaient figure de délice. Sa souffrance était palpable, elle était réelle. Son vis à vis se rua sabre au poing. Le premier coup, incliné, trouva son sabre en travers du chemin, pendant que le second allait flatter les bottes du Kaleesh. Ce dernier eut le réflexe de sortir son pied d'appui, dans un éclair de lucidité, Praelstyn lança un coup de pied au visage, virevoltant sur elle même. Désarçonné, le Kaleesh tomba lourdement au sol. Une frappe vicieusement placée, et un saignement abondant affectas le guerrier. Puis d'une roulade elle se trouva dans le dos de l'autre Jedi, qui tentait de protéger sa camarade mortellement blessée. Un humain protégeant une sale alienne, étrange, typique de la République, pensa-t-elle. Derrière lui, elle le saisit par les cheveux et asséna un coup de botte derrière l'articulation du genou. Il s'effondra. Savourant l'instant, elle glissa le sabre contre le dos du Jedi et, faisant durer son plaisir, l'alluma. Le faisceau rouge profond jaillit du torse dans un hissement à glacer les os. Elle prit soin de ne pas le tuer immédiatement, mais de le faire souffrir, l'étreinte de Force du Patriarche annihilant toute velléité de résistance. Le Kaleesh, sonné, reprenait ses esprits. Lâchant sa proie, elle fondit sur l'alien en décochant une furie de coups. Il reculait mais résistait fièrement à l'assaut. Un retour de sabre trouva son passage entre les lames de Praelstyn, lui lacérant le visage à l'œil droit. La manœuvre déclencha toute sa rage, reprenant son assaut, elle mit en défaut son adversaire. La lame violette de sa main gauche trouva le chemin de la cuisse du Kaleesh, lui sectionnant la jambe. L'odeur de chair brûlée était intense. Elle usa de la Force pour étrangler la bête et la lever haut dans les airs. La Force se concentra autour de Shughart, qui, le mains tendues vers le Jedi, le tordait dans tous les sens. Un éclair de haine fusionna les deux Sith et le corps du Kaleesh craqua terriblement, puis retomba lourdement au sol, dans une position fort peu naturelle.
Sur le canal de l'escouade, les sapeurs annonçaient déjà la dernière détonation. Focalisée sur le combat, elle n'avait pas senti les vacillements de l'immeuble. Alors qu'elle s'apprêtait à redescendre au hangar, la femme pouvait sentir l'esprit de son compagnon se délecter de la victoire. Avare en mots, il se contenta d'un sourire carnassier, emprunt de victoire. Ramassant les sabres de ses victimes, le seigneur noir s'éloigna de la Jedi agonisante, condamnée.
En contrebas, le capitaine et les soldats s'étaient déjà harnachés. Chacun portait un sac contenant un auto planeur à dépliage automatique. Suffisant pour rejoindre la plateforme de l'immeuble suivant et passer à l'objectif secondaire. Un commando lui tendit un sac. Les esprits focalisés sur la mission et les pertes. Quatre hommes manquaient, deux de chaque groupe appuis feu. Leurs morts n'avaient pas été vaines, grâce au "DHM", ils avaient emporté plusieurs hommes de la QRF.
Ses cheveux noir de jais flottaient au gré des vents d'altitude. Contemplant le précipice devant elle et le spectacle du saccage de Coruscant s'offrant à la vue de tous, Praelstyn donna l'exemple, se laissant basculer dans le vide. La voilure se déploya après quelques secondes de chute, grisantes, à plusieurs kilomètres du véritable sol de la planète. Fendant l'air au travers des explosions de l'artillerie, vulnérables mais galvanisés par la victoire, Sith et Impériaux s'abattaient déjà sur leur prochaine proie. Derrière eux, l'immeuble de la Force de Réaction Rapide disparu dans un maelstrom de feu et de cendres.
La République était à genoux.
*
Une minute avant arrivée sur zone