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[en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier Jedi

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Messagepar AJ Crime » Dim 07 Déc 2008 - 14:08   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier Jedi

Chose promise, chose due, voici les deux scènes suivantes du chapitre trois. A la semaine prochaine pour la prochaine salve... Si cela vous interesse encore !


III


Une intense colère brouillait les sens du Ladish. Seul dans son magnifique bureau dont la baie de transparacier s’ouvrait sur les buildings grouillant d’activité, il regardait fixement l’écran de son Holonet. Un journaliste indépendant – Carieda VIII aurait aimé en remplir ses prisons – revenait sur les évènements qui secouaient le Dictat et les colonies depuis plusieurs semaines. L’annonce d’un évènement d’importance avait attiré son attention. Ce journaliste se trouvait à Coronet City même, devant le palais du gouverneur à moitié détruit par l’assaut de ses maudits Révolutionnaires Anarchistes. Cet homme critiquait ouvertement la politique du Dictat, semble-t-il en toute impunité. Les gros doigts du Ladish tambourinaient nerveusement sur le bureau. Les yeux rivés sur l’Holo, il attendait le reportage.

« - Et maintenant, dit enfin le journaliste, vous allez pouvoir entendre en direct la déclaration du ministre aux affaires Corelliennes, du gouvernement indépendant : »

L’image changea, montrant le ministre Gen Hetro en grande tenue dans le bureau du directoire Corellien. La respiration du Ladish se bloqua. Pour l’occasion, le chef fantoche du gouvernement indépendant avait revêtu un uniforme de la garde Corellienne. Cette simple incartade à l’étiquette envoyait sans ambigüité un message à tous les politiciens avant même qu’il n’ouvrit la bouche pour lancer dans tout l’univers sa déclaration.

« - Moi, Gen Hetro, avec l’accord de mon gouvernement, me proclame seul et unique représentant du système Corellien. Aujourd’hui, nous rejetons officiellement le protectorat du Dictat. Nous, par la présente déclaration, refusons que les troupes d’occupation demeurent une minute de plus dans notre système. Le Ladish ne dupe personne, le protectorat n’est que la façade d’un blocus pour nous imposer des punitions économiques quant au développement de notre technologie hyperspatiale depuis dix longues années après que nous ayons commencé à la vendre à d’autres représentants que ceux de sa majesté. »

- Faites le taire, grommela Carieda seul dans son bureau.

« - Je ne serai plus votre laquais, monsieur ! Et je vous prie de me traiter comme un chef d’état indépendant ainsi que tout mon gouvernement qui me suit dans cette déclaration d’indépendance véritable. Vous nous avez tenus sous votre joug pour les richesses et technologies que nous possédons et développons. Aujourd’hui, j’appelle tous les Corelliens, quelle que soit leur espèce, où qu’ils se trouvent de cesser de prêter leur service au Dictat. Je vous demande à tous de rejoindre notre terre, notre armée et de préserver en premier lieux nos biens. »

La mâchoire inférieure du Ladish lui en tomba, amortie par son double menton.

« - Nous possédons nombre de ressortissants dans votre armée, ils vous quitteront bientôt avec armes et bagages pour renforcer nos lignes. Vous nous accusez implicitement de mettre le feu aux poudres alors que vous disposez vous-même les barils, monsieur. Vous traitez toutes les colonies de terroristes alors que nous avons toujours composé avec vous autant que nous le pouvions. Aujourd’hui, je vous assure que le Mouvement Révolutionnaire Anarchiste n’existe plus. Ils font partie intégrante de notre dispositif militaire que nous venons de laver de l’ensemble de vos taupes.
« Je ne doute pas que d’autres colonies rejoindront notre étendard. Laissez nous vivre en paix et nous traiterons d’égal à égal avec votre administration et entretiendrons des relations commerciales équitables. Retirez vos troupes de notre système stellaire. Nous ne reconnaissons plus votre domination ! »

Le journaliste reprit la parole mais le Ladish ne s’intéressa pas à cette langue de vipère. Ses doigts hargneux tambourinèrent sur les touches de son communicateur pour ouvrir un canal. Une voix lui répondit enfin, pas suffisamment promptement à son goût :

- Ici le Général Karmikov, je vous écoute…
- Carieda ! Qu’est ce que c’est que ce foutoir ?

Un long blanc lui répondit avant qu’une voix penaude lui réponde :

- Vous savez déjà pour Alderaan ?
- Quoi, Alderaan ! Expliquez-vous immédiatement Karmikov !
- Un vaisseau Corellien à l’équipement high-tech vient de casser notre blocus par la force. Nous ne savons pas encore comment, ni pourquoi, nous pensons que…
- C’est le bouquet ! Carieda criait dans le Stentophon à plein poumon. Fermez-là andouille ! Je vous mets à pied pour les mois standards qui viennent, allumez votre Holo et ne reparaissez devant moi que lorsque vous aurez des informations pertinentes à me donner, bougre d’imbécile !

Le Ladish rompit férocement la liaison avant de composer aussitôt un nouveau numéro.

- Chancelier aux armées ? Éructa-t-il sans lui laisser le temps de se présenter.
- Oui, mon seigneur, répliqua la voix teintée de respect.
- Vous allez coordonner tous nos moyens. Je vous donne délégation pour agir dans tout le Dictat ainsi que dans les colonies. Rappelez l’ensemble des réservistes et armez tous nos vaisseaux de combat en état, même ceux mis en réserve. Je veux connaître dans moins d’une heure nos capacités militaires disponibles. Toutes nos forces disponibles doivent converger vers le système Corellien pour les pacifier aussi vite que possible. Envoyer-moi les corps expéditionnaires sur Alderaan, Karmikov vous dira pourquoi : Ils ont une enquête à y mener et de préférence sans y prendre de gants.
- Je comprends que vous déclarez l’état de guerre, votre grandeur ?

Le Ladish réfléchit quelques secondes avant de lâcher :

- Exactement ! Faites renouveler les vœux de service de tous les Corelliens, exécutez tout ceux qui ne font ne serai-ce qu’hésiter.
- Il en sera fait ainsi, mon seigneur. Notre armée n’aura aucun mal à mater les insurgés.
- J’y compte bien ! conclut-il avant de couper la liaison à nouveau.

Carieda VIII ferma les yeux, essoufflé. L’Holonet continuait ses programmes mais son cerveau en ébullition ne percevait plus l’information. Il venait de déclencher une guerre totale, la situation empirait d’heure en heure et il se demandait comment ils avaient pu en arriver là.

Il composa le code de sa secrétaire qui ne s’étonna nullement de devoir préparer dans l’urgence une session parlementaire.


*******


L’Émissaire Reb Trum poursuivait sa mission sur Bilbringi le cœur lourd. Ses disciples et lui ne pouvaient en aucun cas quitter la fournaise de la capitale, Grisentis. Le dispensaire ne les occupait presque plus, la présence presque permanente des soldats du Dictat éloignait le petit peuple en mal de soins. Les relations diplomatiques de l’Émissaire se résumaient à quelques entrevues sans importance avec le gouvernement local. Malgré tout, ils bénéficiaient d’une relative liberté de mouvement et on ne leur restreignait pas l’accès aux informations parcimonieuses qui leur parvenaient.

Les colonies et le noyau voguaient sur les chemins de la guerre. Trum ne pouvait que le déplorer en tant que Bourtiste, mais son naturel de Vulptereen l’appelait à la résistance. Le Fluide lui apportait la sérénité dont il avait besoin, mais lui révélait aussi que son heure approchait. Il attendait d’ailleurs patiemment dans son bureau, étouffant de chaleur.

Il perçût l’approche de l’un de ses Pawindés bien avant de l’entendre frapper discrètement à la porte. Sans un mot, il l’invita à faire entrer leur invité. La porte s’ouvrit. Le jeune homme vêtu de blanc laissa passer un humain à la musculature entretenue tiré à quatre épingles dans un uniforme Dictatorial. Trum savait que cette entrée silencieuse inquiétait toujours le commandant. Il l’accueillit sans brusquerie mais de son habituelle voix de basse, impressionnante, barbare :

- Commandant Zahan ! Je vous attendais.

L’autre s’immobilisa de surprise, rendant ridicule son salut militaire.

- Pas de ça entre nous, voulez-vous ! le reprit le Bourtiste. Bonjour, tout d’abord.
- Heu, bonjour Émissaire, répondit le militaire avec beaucoup de circonspection. Vous êtes déjà au courant ? Vous ne disposez pas de l’Holonet ici !

Un Vulptereen ne pouvait pas sourire avec sa longue mâchoire dépourvue de lèvres et déformée par ses défenses. Mais ses yeux pétillèrent pour montrer sa réaction guillerette.

- Je savais que vous vous présenteriez à moi, remarqua-t-il. J’ignore ce qui se passe loin d’ici, mais votre venue m’est connue alors même que ce conflit démarrait sous l’impulsion de votre maître.
- Le Dictat n’est plus mon maître, asséna le commandant.
- Vous portez encore ses couleurs ! Mais venez-vous assoir, nous prendrons bien le temps de discuter un peu, invita poliment le Bourtiste.
- Vous ne m’en voulez pas pour vous avoir retenu ici et fait surveiller ?

Trum se rassit derrière son bureau bancal.

- Les choses sont ainsi faites. La patience est ma façon de vivre. Et je n’attendais vos doléances que bien plus tard. Je suis prêt à vous écouter.

Ragaillardi, Zahan prit une longue inspiration, décroisant ses jambes pour se sentir plus à son aise face à ce non humain qu’il respectait :

- Nous manquons pourtant cruellement de temps. Il y a moins d’une heure standard le ministre Corellien a déclaré l’indépendance de mon système et nous a appelé à le rejoindre au plus vite. Quelques instants avant, j’avais reçu un message, comme tous les Corelliens, pour que je me prépare à trahir le Dictat en prenant tout ce que je pouvais. Mon détachement est en majorité composé d’humains Corelliens, nous avons mis hors d’état de nuire les Coruscantis et les troupes loyales au Dictat. Je possède donc un destroyer de classe D3a, vieillissant mais bien armé et entretenu. Je ne voulais pas partir sans vous proposer de vous déposer sur Tython au passage. Mon peuple défend ardemment la congrégation et se sera avec plaisir que je vous emmènerai avec moi, quelle que soit votre destination.

L’Émissaire s’attendait à une requête, ou à tout autre chose que cette aide providentielle. Après une courte réflexion, et une légère contemplation pour se plonger dans le Fluide et en attendre une réponse, il dit :

- Tython vous obligera à un long détour. Cela est-il compatible avec vos nouveaux ordres ?
- Je vous dois l’assistance. Je suis le commandant de ce détachement et cela est ma décision irrévocable. Nous partirons dès que vous serez prêt. Le Ladish ne devrait pas importuner Bilbringi de si tôt.
- Nous vous suivons commandant !

Zahan sursauta devant le ton décidé, le Vulptereen se trouvait déjà debout, lui montrant la porte pour le suivre. Un grand sourire s’épanouit sur son visage. Il était profondément satisfait de cet entretien qu’il imaginait bien plus difficile, honteux d’avoir dû retenir les honorables membres de la congrégation.

Les trois autres Bourtistes les rejoignirent alors qu’ils passaient la porte du dispensaire. L’un deux ferma la porte, laissant la clé en évidence dans la serrure de la porte brinquebalante. Il comprit aussitôt le message, le dispensaire restait toujours ouvert pour les nécessiteux, leur départ n’y changerait rien. Le commandant les fit monter dans son véhicule, les y accompagnant, ses hommes surveillant les alentours. Les Bourtistes sentirent une profonde tension de la part de leurs protecteurs. Des dangers pouvaient encore les atteindre.

Quelques minutes plus tard, ils stoppèrent devant l’entrée de l’astroport. Deux hommes de leur garde rapprochée suffirent à porter leurs bagages. Les deux Pawindés marquèrent un temps d’arrêt devant les corps d’une dizaine de soldats étendus entre le perron et le hall du plus vaste bâtiment de la planète. Des impacts de projectiles témoignaient de combats récents. Le commandant ne put s’empêcher de s’expliquer, quelque peu contrit devant leur réaction :

- Des loyalistes ont réussi à se rassembler là avec la ferme intention de mettre fin à notre action. Nous les avons combattus, les survivants sont actuellement aux arrêts. Nous n’aurons plus d’opposition.

Les Bourtistes restèrent silencieux, l’inquiétude montant d’un cran. Ils savaient qu’ils croiseraient les méfaits de la guerre, mais de se retrouver ainsi au milieu des corps baignant dans leur sang marqua les esprits des deux plus jeunes. Une résolution nouvelle naquit dans leurs cœurs. Le commandant Zahan se tourna vers eux :

- Je vous confie à cette section. Ils vous escorteront à la navette qui vous conduira jusqu’au Trépidant actuellement en orbite. J’ai encore quelques affaires à régler avant de quitter cette zone. Nous nous retrouvons là-haut.
- Encore merci commandant, répliqua l’Émissaire Trum avant qu’ils ne se quittent.

Ne remplissant aucune formalité d’usage, ils se retrouvèrent aussitôt sur le tarmac. Quelques vaisseaux de petites tailles y stationnaient, banals. Le Maître Bourtiste tiqua, interrogeant à haute voix :

- Émissaire, je ressens l’imminence d’un danger. Pas vous ?
- C’est assez vague.

Le Vulptereen se tourna vers le lieutenant alors qu’ils passaient à proximité d’un vaisseau couturé de réparations d’urgences.

- Nous devrions être prudents, lança-t-il.

L’officier fit un signe à ses hommes qui changèrent de disposition. Leurs armes prêtes à faire feu.

La trappe d’accès du vaisseau s’ouvrit sur leur droite en grinçant. Quelques armes se pointèrent dans cette direction. Elle resta à demie ouverte alors qu’une trilogie de têtes casquées se montrait.

- Il y a bien des Bourtistes, s’exclama l’un d’entre eux.

Aussitôt, ils commencèrent à les canarder de balles et de carreaux. S’immergeant aussitôt dans le Fluide les Bourtistes dressèrent des barrières de protection pour ralentir ou dévier les projectiles. Deux soldats s’effondrèrent avant qu’ils ne commencent à répliquer. Le lieutenant aboya un ordre et ils dégagèrent l’entrée du vaisseau pour se mettre à couvert. Les agresseurs en profitèrent aussitôt pour finir de descendre la porte d’accès. Ils purent prendre pied sur le parking, échangeant un feu continu avec les soldats.

- Contrebandiers ! s’exclama le lieutenant. Feu à volonté !

L’Émissaire Trum se demanda ce que de tels hommes trafiquaient ici, et ne s’expliqua pas pourquoi ils s’en prenaient à eux ; la congrégation semblait être leur cible prioritaire. Il rassembla autant d’énergie qu’il le put pour détourner les projectiles, protéger ses ouailles et les Corelliens qui les accompagnaient. Le Fluide le renseignait efficacement sur les trajectoires mortelles, coulant en lui comme une rivière d’eau claire.

Un ennemi tomba à terre en hurlant. Effrayés, les Pawindés perdirent de leur concentration. Trois autres pirates descendirent, prenant aussitôt part à l’échauffourée, renforçant leur puissance de feu. Encadrés par les militaires, les quatre Bourtistes occupaient une position centrale, reculant vers la proue du vaisseau pour se rapprocher de leur navette. Intervenant une nouvelle fois, le Maître un peu en retrait s’exclama :

- Ils vont utiliser de la grosse artillerie !

Il ne savait pas lui-même ce que cela signifiait, mais son instinct ouvert à la contemplation lui dictait ces paroles. Le vieux Vulptereen, qui en avait vu d’autres, se concentra plus intensément. Il aperçut l’un des agresseurs se faufiler entre deux de ses congénères pour épauler un long tube noir et faire feu au jugé dans leur direction. Ses deux compères s’effondrèrent avant qu’il ne recule pour se mettre à couvert.

Un missile jaillit dans leur direction dans un lourd nuage gris de fumée.

- Courez ! ordonna le lieutenant. Tous à la navette.

L’Émissaire resta de marbre. Le temps se dilata, ses sens enregistrant l’évolution de l’arme qui réduisait l’espace à une vitesse étonnante. « N’essaye pas, fais le ! » pensa-t-il alors qu’il poussait sur la chose chargée d’une sombre aura de mort. Elle passa en hurlant au-dessus de leurs têtes, crachant une fumée à l’odeur piquante, désagréable, menaçante. En un éclair, il comprit comment la déplacer dans l’espace et agit sur ses gouvernes miniatures pour lui faire décrire un virage serré vers l’extérieur de la coque.

Aveugle, le missile s’orienta inexorablement vers la passerelle largement ouverte. Quelques secondes suffirent pour qu’il soit avalé par le vaisseau, détonnant immédiatement. Un souffle chaud, charriant une nuée de shrapnels de duracier balaya les contrebandiers et l’Emissiaire. Il ne survécut que grâce à son bouclier d’énergie. Soulevé par l’explosion, il roula bientôt sur le permabéton, s’arrêtant non loin de leurs gardes allongés sur le sol. Prompt à réagir, le lieutenant se releva et se jeta sur Trum. L’étonnement de le trouver encore en vie se peignit sur son visage, interdit.

- Relevez-vous ! dit-il sans trop y croire. Ça pourrait encore sauter, leurs soutes doivent contenir du carburant.

Le groupe se remit difficilement sur leurs jambes flageolantes. Le vaisseau des pirates reposait sur la poupe, incliné, déchiré, enflammé. Ils ne demandèrent pas leur reste pour fuir vers la sécurité de la navette. Des Corelliens en étaient descendus, inutiles. Les Bourtistes surprirent des regards impressionnés, troublés ou admiratifs.

Ils ne tardèrent pas à s’envoler. Le vaisseau détruit explosa de nouveau, répandant des morceaux à la ronde. Le pilote rassura son commandant par un court contact radio.

L’Émissaire Reb Trum en tremblait encore. Il avait sciemment causé la mort de leurs agresseurs pour sauver la vie des hommes qui l’entouraient. Quelques blessures sans gravité laissait sourdre son sang, il en gouta l’amertume qu’il ne ressentait pas. Le Bourtiste réprima une toute petite pointe de honte. Il avait agi pour le bien de sa communauté, la protection des individus qui l’entouraient et s’envolait maintenant vers d’autres cieux.



IV


Leur nombre ne suffirait pas pour prendre le destroyer Vengeur par la force. A la réception du message codé provenant directement de Coronet city, ils avaient pris une décision rapide et coordonnée. Les plus chanceux quittèrent le vaisseau avec tout ce qui pouvait être volé, même des navettes de secours. Ils avaient abandonné leurs postes, le bord en subissait encore une grande désorganisation. Seule une poignée de Corelliens avaient pu prendre la fuite.

Une dizaine d’entre eux se retrouvaient agenouillés dans un hangar, mains liées dans le dos. Quelques-uns craquaient, suppliant les Dictats d’épargner leurs vies, tous les autres gardaient leur regard impassible fixé sur les étoiles floues au travers du champ de contention qui retenait l’atmosphère à l’intérieur de l’immense vaisseau.

Tout le personnel présent sursauta à la première détonation. L’un des prisonniers s’effondra sur le pont de Duracier, une marre de sang se répandant aussitôt autour de sa tête. Avec une fiabilité de métronome, ils quittèrent le destroyer les uns après les autres, donnant leur vie bien inutilement entre les étoiles. Ils espéraient que la petite cérémonie laisserait le temps à leurs compagnons d’arme de fuir.

Une fois tous abattus, les corps furent balancés dans le vide spatial comme des ordures, sans oraisons, sans prières, sans sarcophages, en disgrâce. Les ordres du Ladish ne se discutaient pas et ceux-là ne s’interprétaient pas.

La scène se renouvela ainsi un peu partout au sein du noyau profond. Quelques-uns eurent plus de chance, certains livrèrent un combat sans merci contre les Dictats dans des tentatives désespérées de mutineries, moururent en combattant ou s’emparèrent de quelques corvettes, parfois rejoints dans leur mouvement par des natifs du noyau.


*******


La situation fut tout autre dans le système Corellien. Jouant sur l’effet de surprise le plus total, les Corelliens, bien qu’en plus petit nombre, reçurent leurs ordres les premiers. Pris par surprise par les vaisseaux de l’armée locale, les destroyers du Dictat se retrouvèrent sommés de quitter le système. Les armes des insurgés parées et déjà dirigées vers eux se verrouillèrent avant même qu’ils n’activent les leurs.

Mis à contribution pour étanchéifier le blocus de leurs propres mondes, les généraux et amiraux de la flotte indigène se firent une joie de mettre en joue leurs rivaux bien mieux équipés qu’eux. La tension atteint très vite des sommets. La marine dictatoriale, en maîtresse du monde connu ne s’en laissa pas compter.

L’amiral dictatorial, ayant en charge le secteur, prit des décisions hâtives, avant même de se concerter avec son commandement et maintenir le statuquo. Ses combats passés ornaient son torse d’une quantité conséquente de médailles rutilantes. Dégingandé, grisonnant, rompus aux engagements spatiaux, inflexible, il commandait d’une main de fer sa passerelle. Présent au moment des faits, ses yeux verts brillèrent d’un éclat joyeux alors qu’il ordonnait à son officier comm :

- Passez sur les réseaux privés ! Nous ne nous laisserons pas mener ainsi. Ordonnez à toute notre flotte de faire feu sur la marine Corellienne ! Pas de quartier pour les rebelles.

Il se tourna vers son second :

- Armez immédiatement toutes nos batteries et lancez autant de torpilles qu’il faudra, ce système doit être nettoyé. Nous possédons la supériorité numérique, donnons leur une bonne leçon !
- Oui amiral, répondit le Kommites servile.

Aussitôt, une sonnerie tonitruante résonna sur tous les ponts du destroyer de classe D4d Représailles, appelant les hommes au combat. Il jeta un regard dans la fosse et blêmit instantanément. Comme pris de folie, l’officier communication venait de détruire sauvagement le matériel de ses opérateurs. Des étincelles et une fumée épaisse s’en dégageaient.

- Que signifie ce raffut ? questionna l’amiral suant de rage.

L’officier se tourna vers lui, levant un visage souriant vers le seul maître à bord. Dans le même geste, il dégaina une petite arme de point en s’exclamant :

- Je suis fidèle à ma patrie !

Comprenant que ce Corellien refuserait d’obéir, l’amiral se jeta à plat ventre en hurlant :

- Saisissez-vous de cet homme !

Deux coups de feu claquèrent, les projectiles sifflèrent au-dessus de la passerelle. Pas suffisamment prompt pour se mettre à l’abri, le second s’effondra en gémissant, touché à une épaule. Un concert de cris et de coups monta aux oreilles de l’amiral. Il risqua un coup d’œil dans la fosse, cinq hommes d’origine Corellienne affrontaient le reste de l’équipage. Ils furent rapidement mis hors d’état de nuire, deux en réchappèrent, solidement maintenus sur le pont de duracier brut.

Le destroyer oscilla sur son axe, tangua, vibra, trépigna. Des jets d’étincelles sortirent des armoires électriques, accompagnés d’une fumée blanchâtres et irritantes à l’odeur tenace du plastique brulé. Se tenant fermement au garde corps, l’amiral reprenait les choses en main :

- Rapport d’avarie et d’armement ! Envoyez-moi ces hommes aux fers, que ces traîtres y meurent lentement.

Un simple lieutenant armement fit un rapport très professionnel :

- Seul la moitié de nos systèmes d’armes sont opérationnels, monsieur. Des navettes de secours quittent notre bord en grand nombre et nos chasseurs ne sont pas encore prêt à quitter nos hangars. Des groupes d’insurgés les ont verrouillés de l’intérieur.
- Débrouillez-vous pour que nous puissions répliquer au plus vite en commençant par les vaisseaux les plus proches, hurla l’amiral.

Le Représailles se cabra, des lumières s’éteignirent, les éclairages de secours prirent aussitôt le relais, les plongeant dans une atmosphère glauque et stressante. Une grande partie du personnel se retrouva au sol. Une voix s’éleva dans la cohue, l’officier info, un Coruscanti de valeur, entama un compte-rendu avec des trémolos :

- Plusieurs ponts ont été dépressurisés et promptement isolés. Nos propulseurs subluminiques viennent de recevoir plusieurs torpilles à concussion. Nous sommes immobilisés ! Nos flottilles…

Le reste de rapport se retrouva submergé par une série de klaxonnes d’urgence. Désespéré pour la première fois de sa carrière, le vieil amiral pressa le champignon rouge qui ordonnerait l’évacuation complète de son navire, fleuron de la flotte Dictatoriale. Les yeux embués de larmes de rage, il jeta un œil par la baie de transparacier qui lui faisait face. Un cri de haine inhumain sortit de sa gorge, pétrifiant ses officiers. Il voulait encore une fois apercevoir les étoiles depuis sa position dominante, mais ne vit qu’une immonde corvette Corellienne frôler la proue rebondie de son magnifique vaisseau.

Son cerveau enregistra le flot d’énergie lumineuse et de torpilles qui fondaient sur lui. Les poumons vides, ses articulations blanchirent sur le garde corps lorsque les lasers percutèrent de plein fouet la passerelle. La baie de transparacier se déforma, fondant par endroit, laissant fuser leur atmosphère dans l’espace en un long sifflement d’agonie.

Moins véloces, les torpilles s’abattirent à la suite, perçant les blindages comme des fils à couper le beurre la matière amollie par la chaleur. Une tempête de feu priva l’immense vaisseau de ses têtes pensantes. Sans passerelle, le monstre d’acier devenait une proie facile.

La situation n’était pas bien meilleure tout autour du Représailles moribond. Les commandants les plus chanceux prirent le parti de se replier, coordonnant leur mouvement pour se rejoindre dans un secteur du système que les vaisseaux Corelliens n’occupaient pas. Un simple message ayant couvert toutes les fréquences, demandant une nouvelle fois aux troupes de Coruscant de déposer les armes. Entrelacés dans leurs rangs, l’armée Corellienne put infliger des dégâts importants à la flotte Dictatoriale. Les fiers guerriers s’enfuirent, canardés par leurs équipiers d’hier sans savoir grand-chose de la situation, les ordres du Ladish ne parvenant par encore dans cette région éloignée.

Les mutineries causèrent suffisamment de soucis aux officiers supérieurs pour ne pas prendre le risque d’un affrontement direct. Certains s’y risquèrent, perdant immédiatement leurs vaisseaux, leurs équipages, leur vie. Dans cette situation particulière, les duels d’artillerie se soldèrent par une victoire écrasante des rebelles, repoussant l’envahisseur au loin. Un petit nombre de vaisseaux Dictatoriaux changèrent de camp, essentiellement de petites unités. Quelques heures suffirent pour que chacun prenne de nouvelles positions. Ils s’observaient à distance, se préparant au prochain round tel des boxeurs assis dans leur coin.


Et voilà, en espérant que vous n'ayiez pas fait une trop mauvaise lecture.
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Messagepar AJ Crime » Sam 13 Déc 2008 - 18:42   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier Jedi

Et voilà la suite pour les semaines à venir... D'autres projets d'écriture requièrent mon attention... Bonne lecture à vous et n'hésitez pas à critiquer :



V


Nadidja courrait dans la forêt. Le bruit des animaux nocturnes, prédateurs et proies, disparaissait doucement alors que l’aube sanglante teintait le ciel au-dessus de la cime des arbres. Pas un souffle ne bruissait, la nature immobile la regardait passer, sautant d’une racine à l’autre, agrippant une liane ici, utilisant une branche là pour éviter un sable mouvant. Elle connaissait parfaitement les dangers des forêts de Tython. Tout son corps ressentait le flux ininterrompu du Fluide augmenter les performances de son corps.

Un observateur attentif aurait pu l’apercevoir alors que le soleil nimbait l’environnement d’une lueur orangée. La fine silhouette évoluait à toute allure en se jouant des pièges du milieu végétal, sauvage. Au cours des derniers mois, Nadidja s’était transformée, le papillon sortant de sa chrysalide pour se muer en une femme épanouie, à la place de sa féminine beauté adolescente. Les exercices physiques auxquels elle se livrait, allongeaient ses muscles, remodelant sa chair.

La jeune femme sourit à l’instant même ou le sous bois s’éveillait. Une multitude de pépiements l’entoura d’une douce mélopée. Des insectes commencèrent à vrombir à ses oreilles. Ses sens affutés captaient les plus infimes traces de vie autour de sa position en évolution constante. Le Fluide était puissant sur Tython et elle l’utilisait à merveille.

Nadidja savait où elle devait se rendre. La clairière s’ouvrirait bientôt à ses yeux. La jeune Djay-Shla ralentit l’allure, puisant dans l’énergie qui l’entourait pour projeter ses sens plus loin devant elle. Un ou plusieurs maîtres l’attendaient dans l’éclaircie de la forêt, faisant leur possible pour masquer leur présence. La prudence voulait qu’elle en fasse de même, mais Nadidja préférait de loin tenter de les localiser. Ils le lui reprocheraient, comme d’habitude, mais elle avait une confiance aveugle dans ses capacités.

Après un saut périlleux, les semelles de ses bottes toutes neuves atterrirent dans une flaque, répandant de la boue dans un large cercle. Elle sentit le liquide visqueux coller au cuir. D’une simple impulsion, Nadidja s’envola pour se poser sur une autre racine, bondissant à nouveau pour s’élever rapidement dans les branches. Cette nouvelle tenue comblait ses attentes, elle ne ressentait plus aucune gêne dans ses déplacements, ne s’obligeait plus à retenir les plis de sa toge, s’autorisant tous les mouvements qu’elle imaginait.

Arrivant d’une position élevée, traversant les frondaisons pour déboucher dans la clairière, Nadidja surprit un premier mouvement dans un fourrée. Elle força son rythme pour sauter jusqu’à cet endroit. Le maître dut sortir de son abri pour qu’elle ne lui tombe pas littéralement dessus. Il enchaîna un demi-cercle qui l’amènerait dans le dos de la jeune fille. Si son arrivée le surprenait, il connaissait par avance la direction d’où elle surgissait.

Nadidja ne réussit pas à se retourner pour l’affronter de face. Une main se posa sur son épaule droite, l’autre l’attrapa par sa manche pour plier son bras dans son dos. La jeune femme, quelque peu essoufflée, se laissa tomber en avant, fléchissant les genoux. Dans un silence incongru, seulement troublé par le claquement des étoffes, elle pivota sur sa droite. Toujours prisonnier, son bras revint contre son flanc. De sa main gauche, elle dévia celle masculine qui tenta de la saisir à nouveau. Son adversaire se trouva un instant déséquilibré. La jeune femme en profita aussitôt pour chuter en arrière, l’attirant vers elle sur le sol.

Elle ramena les genoux vers sa poitrine, ses pieds s’appuyèrent sur les hanches du Maître que Nadidja repoussa en mobilisant autant de Fluide qu’elle put. Il se rétablit sans difficulté, se réceptionnant sur ses deux pieds sans avoir lâché sa manche droite, ce qui handicapait sérieusement Nadidja. Elle accomplit une roulade de côté, balançant sa jambe droite pour cueillir le Maître au niveau des genoux. Il se dissimulait sous sa capuche, elle ne put deviner qui se cachait sous cette bure aussi noire que la nuit. Malgré la férocité du combat, il continuait d’effacer sa présence dans le Fluide. Nadidja réussissait malgré tout à anticiper les mouvements de son adversaire au prix d’une intense concentration brouillée par le doute.

Le Maître commit alors sa première erreur, il lâcha la manche pour sauter par-dessus la jambe qui lui aurait fracturé un tibia. Nadidja se redressa aussitôt, passant sous le bras qui essayait de l‘agripper de nouveau. Nadidja pivota. Elle se trouvait maintenant dans le dos de son adversaire. Ses bras se refermèrent sur le cou du Maître. Il essaya de se libérer de sa clé vicieuse avant qu’elle ne resserre son étreinte. Peine perdue, elle avait été plus rapide que lui.

Nadidja pensait la lutte finie, mais elle sentit quelqu’un se montrer dans son dos, rassemblant du Fluide. La jeune femme ne concevait plus qu’ils soient plusieurs, l’autre était resté invisible jusqu’au moment où elle se retrouverait complètement à sa merci. Une puissante onde de force l’arracha du sol, les soulevant tous les deux dans les airs avant de les plaquer dans les herbes hautes. Elle libéra le Maître pour essayer sans succès de se remettre debout et affronter la nouvelle menace.

Une paire de botte neuves, aux bouts carrés, entrèrent dans son champ de vision.

- Très beau combat, fit une voix féminine au-dessus d’elle. Tu progresses très vite mais il te faudra penser un peu plus prudemment pour ne pas te mettre dans des situations inextricables.

L’intonation lui disait quelque chose. Une humaine, à n’en pas douter. Nadidja répondit :

- Je me doutais que vous vous cachiez. Je n’allais pas tenter de vous berner alors que je progressais vers vous. J’ai choisi d’agir vite en espérant qu’il n’y ait qu’une seule personne à m’attendre et dans le cas contraire de me débarrasser de la première opposition avant de me concentrer sur la deuxième.
- Cette tactique se défend ! remarqua la femme.

La Maître Trem ! Nadidja en fut soudain certaine. Edlydie ne lui aurait laissé aucune chance dans la maîtrise pure de l’énergie du Fluide. Les deux Maîtres agissaient comme les mâchoires d’un piège, utilisant leur art en parfaite harmonie.

- Tu as encore beaucoup à apprendre ! remarqua la Maître Trem. Tu as pourtant gagné haut la main ton billet pour Ragoon6.

Le poids du Fluide qui la clouait au sol s’allégea soudain jusqu’à disparaître. Nadidja se redressa aussitôt fixant Edlydie dans les yeux. Celle-ci ne lui laissa pas le temps de reprendre la parole :

- Tu peux rejoindre le temple, Étudiante Frailine ! Nous quitterons Tython demain soir lorsque la nuit sera profonde. Fais tes baguages et n’oublie pas de faire tes aux revoir à ton parrain – Les deux maîtres sourirent – nous partirons longtemps.

Nadidja n’ajouta rien, elle se devait d’obéir. Masquant les sentiments contradictoires qui l’agitaient, elle salua avec déférence. La jeune femme s’orienta sans peine et quitta la clairière au petit trot. Un court instant, elle pensa aux Djay-Shla qui suivraient et prit des paris sur ceux qui seraient sélectionnés pour se rendre sur Ragoon6. Mêlant contemplation et réflexion profonde, elle calma facilement sa joie de participer à l’édification de leur premier camp d’entrainement. Bien qu’une autre pensée l’obséda : Lou Osem. Elle resterait loin de son aimé Chevalier pendant une très longue période alors qu’ils prendraient tous les deux des risques incommensurables en affrontant l’infini. Nadidja pressa le pas, à la fois inquiète et malheureuse. Ne réussissant pas à oublier ces sentiments, forts, violents, indomptables, refusés par la congrégation Bourtiste.


*******


Lou attendait une visite en ce matin qui marquerait un tournant dans la création de son ordre. Les Djay-Shla volontaires pour un départ vers Ragoon6 passaient actuellement des épreuves de sélection dans la forêt primaire. Il pensa un instant à sa filleule mais ne s’inquiéta pas pour ses résultats. Le nombre de prétendants dépassait largement la quantité de personnel transportable par le vaisseau scientifique. Le Chevalier Osem passait en revanche beaucoup de temps avec son Maître et son parrain Dimitril à préparer leur départ pour N’Zoth. Ils avaient étudié toute la littérature disponible sur les Yevethas, leur matériel se devait d’être rassemblé dans les deux jours pour leur départ.

La Pawindé Latitce Sorkan se présenta enfin à lui. Il rangea les documents sur lesquels il travaillait. Lou se leva pour accueillir la jeune femme à la peau pâle comme une poupée de cire. Ses traits simples dessinaient un ovale presque parfait, chaque courbe de son visage s’harmonisait avec bonheur. Des cheveux châtains clairs, naturellement bouclés, cascadaient sur les épaules en vagues douces. Sa silhouette exprimait une féminité marquée mise en valeur par les vêtements civils que Latitce portait avec grâce sans être outrancière.

Le chevalier Osem lui sourit avec une simplicité déconcertante, masquant les agréables sentiments qui naissaient au creux de son ventre. Il usa de sa maîtrise, ne laissant rien paraître.

- Bonjour, dit-il. Nous ne nous connaissons pas du tout. Je sais que vous avez passé le plus clair de votre temps sur Coruscant, ceci est donc normal. J’espère que Tython ne vous déplait pas ?

Elle chercha ses paroles quelques instants en le scrutant d’un regard calme et d’un vert reposant.

- Non, je trouve la planète très agréable et calme. Je concède que l’animation de Coruscant me manque un peu mais je suis heureuse d’avoir rejoint l’ordre Djay-Shla.
- Vous savez déjà que vous ne tarderez pas à la rejoindre ?

Latitce sourit avant de répondre :

- En effet, je me suis portée volontaire. Il me semblait que ma formation et mes contacts à l’université m’ouvriraient de nombreuses portes. Je connais personnellement plusieurs précepteurs des enfants Carieda et j’ai déjà repris contact avec leurs plus hautes instances. J’ai réussi à obtenir des transmissions Holonet avec eux. Nous avons longuement discuté, sans citer la congrégation et je garderai toujours secrète la formation de notre nouvel ordre jusqu’à ce que nous entamions la lutte à visage découvert. Je suis persuadée que la majorité des universitaires partagent nos vues et feront leur possible pour m’aider. Une amie professeure, très influente, commence déjà à préparer mon arrivée pour m’intégrer le plus rapidement possible aux précepteurs des Carieda. Les services de renseignement du Ladish font très attention aux roturiers qui gravitent autour de leurs tours d’ivoire.

- Tout cela est très bien ! fit Lou. Et c’est pour cela que vous partez pour cette mission particulièrement sensible et importante. Il vous faudra être très prudente, vous ne devez en aucun cas vous faire prendre. Cela compromettrait l’ensemble de notre action.

La jeune femme opina du chef, avant de révéler de nouvelles informations :

- J’en suis bien consciente ! J’ai participé à l’élaboration de cette mission. Mais j’ai des informations que beaucoup ignorent. Prulier Carieda, le prince consort, possède des capacités à maîtriser le Fluide. Il aurait été mal venu de développer ses talents malgré l’intérêt qu’il marquait depuis la plus tendre enfance pour la congrégation Bourtiste. Si nous avions un seul sympathisant au sein de la cour, ce serait bien lui. Il est intelligent, cultivé, sait composer avec les gens qui l’entourent. Il deviendra un homme de confiance et détonne lorsqu’il se montre dans l’entourage du Ladish.

Les yeux de Lou brillèrent un instant pendant lequel il garda le silence. Il lui révéla enfin le fruit de ses pensées :

- Nous pourrions en faire usage si le besoin s’en fait sentir ! Il nous sera utile de posséder quelqu’un apte à gouverner si la famille Carieda est renversée. Il vous faudra l’expertiser pour connaître exactement ce qu’il pense de cette crise et s’il proposerait des solutions. Ne révélez pas trop vite votre provenance ! Le jeu sera de toute façon serré mais ne lui mentez pas, ce serait le meilleur moyen de nous l’aliéner en pratiquant des mensonges indignes de la congrégation. Procédez comme vous le souhaitez mais fabriquez en un atout pour les Djay-Shla !

Elle le salua avec déférence :

- Je ferai ce qui doit être fait, Chevalier !

Lou agita sa main devant lui :

- Je mérite bien moins cet honneur que vous qui possédez de plus grandes connaissances que moi et une expérience déjà bien forgée. – Il marqua un temps d’arrêt avant de dévoiler à voix basse – Je fais actuellement pression sur le conseil pour que vous ayez vous aussi cette distinction et me rejoignez sur cette marche.

Interdite, Latitce laissa tomber sa mâchoire un dixième de seconde avant de la rattraper et continuer la discussion :

- Je suis honorée que vous le pensiez ! J’espère ne pas vous décevoir et apporter ma contribution à l’ordre pour sauver nos frères. Et si je peux me permettre ? Lou lui fit signe de poursuivre. Tout le monde vous considère comme un guide, presque un prophète. Vous nous montrez une voie que beaucoup aurait voulu suivre sans jamais l’oser. Vous offrez une opportunité à la congrégation, un moyen de survie, une bouée de sauvetage. Même ceux qui s’opposent à vous trouvent votre action bénéfique. Sans votre aide, il n’y aurait peut-être plus de Congrégation. Je soupçonne d’ailleurs le groupe qui s’agrippe de toute leur force à cette marque du passé de le faire simplement pour vous obliger à vous dépasser un peu plus afin que vous ne perdiez jamais votre objectif de vue.
- Humm, fit Osem. Je ne voyais pas cela ainsi ! Mais maintenant que vous le dites. Je suis intimement persuadé que les Bourtistes restent un groupe bien uni et dépositaire des savoirs qui nous ont enfantés. Ils ont une utilité bien plus vaste que ce que vous semblez imaginer. Repensez-y lors de vos prochaines contemplations !

Latitce le regarda en baissant les yeux pour cacher la petite flamme admirative qui y brillait :

- Si cela ne tenait qu’à moi, je vous donnerais le rang de Maître !

Lou partit d’un rire dosé avec justesse, la jeune femme ne pouvait pas imaginer qu’il se moqua un seul instant de sa répartie. Il la trouvait juste drôle et de nouveau elle se détendit.

- Oh non, répliqua-t-il. J’ai encore trop besoin d’un Maître moi-même afin qu’acquérir des savoirs. Je ne peux pas encore être le dépositaire de l’âme Bourtiste. Mon savoir est encore bien trop impatient pour cela.
- Peut-être, répondit-elle pensive. Vous ne pourrez pas empêcher les Djay-Shla de vous considérer comme un Maître avant que vous n’en soyez un et de vous prendre en exemple. Beaucoup sont déjà prêts à se sacrifier pour vous.
- Je ne leur demanderai jamais cela ! se défendit Lou
- Cela est tout à votre honneur.

Un silence pesant s’abattit entre eux deux. La Pawindé Sorkan ne cacha pas la flamme et le respect qui brulait au fond de ses prunelles d’un vert d’eau envoutant. Le Chevalier Osem prit sur lui de terminer l’entretien :

- Vous connaissez parfaitement votre mission et je vous enjoins à préparer vos derniers bagages. Je crois savoir que vous partirez d’ici moins d’une semaine ?
- En effet ! fit-elle. Je dois me présenter à l’embarquement de l’astroport après demain soir pour rejoindre le transport civil qui partira dans cinq jours.
- Je vous remercie d’avance et vous offre tous mes vœux de réussite pour votre mission. N’oubliez jamais que votre vie a bien plus de valeur pour moi qu’un inutile sacrifice. Je vous laisse à vos préparatifs. Les miens sont déjà une lourde charge.

Ils se saluèrent, échangèrent un dernier sourire presque complice, avant que la Pawindé ne tourne les talons pour s’échapper dans le couloir. Les autres soucis de l’ordre repassèrent au premier plan dans l’esprit de Lou.



VI


Le système de Tython s’ouvrait à leurs yeux derrière la baie de Transparacier de l’Intrépide Galactique. Si les Corelliens découvraient émerveillés ses planètes éclairées par la lumière blafarde de son soleil rouge, Briguillon, les deux Bourtistes se sentaient enfin chez eux. Ils partageaient tous une profonde impression de toucher au but.

Les senseurs renvoyèrent des informations tout aussi agréables. Pas un seul bâtiment militaire en orbite, le système paraissait calme et totalement ouvert. Gertra, la Drall, mit aussitôt le cap sur l’astroport dont les lumières éclairaient la face nocturne. Ils ne voyaient aucune trace du malheur qui s’était abattu sur la planète. Le contrôle prit rapidement contact avec eux alors qu’ils évoluaient sur un vecteur d’approche.

L’Émissaire se replia dans une transe soudaine, sans faire attention aux communications en court. Brain et son équipage avaient déjà l’autorisation de se poser lorsque le Bourtiste les interrompit :

- Nous devrions faire le tour de la planète !
- Comment ? s’insurgea Trote. Nous sommes autorisés pour l’astroport et ils nous réservent déjà un emplacement sur le tarmac.

Tremteth marqua un long temps d’arrêt devant une opposition aussi catégorique, l’épiderme du Nosaurien se colora de nuances violacées. Il se reprit pour s’expliquer :

- Je viens d’avoir un contact avec mon temple. Ils se trouvent de l’autre côté de la planète et nous invitent à nous poser discrètement sur leur plateforme. Ils m’ont assuré qu’ils pourraient nous guider. Mes pairs ont mis au point une procédure d’arrivée furtive à l’aide du Fluide.

Fran tiqua :

- Je crains qu’il soit trop tard pour changer nos plans. Nous possédons des codes pour pouvoir utiliser les infrastructures du Dictat. Si nous modifions notre trajectoire maintenant le temple des Bourtistes apparaîtra clairement au contrôle et vous ne pourrez plus vous y cacher. Il va nous falloir aborder à Ternangoff. Nous ne pourrons pas faire mieux et il nous faudra trouver un moyen de locomotion discret pour les rejoindre.

L’Émissaire se renfrogna, gardant un calme de rigueur. Il se replongea un instant dans une légère contemplation avant de répondre :

- Je comprends tout à fait votre point de vue. Il faut que vous sachiez tout de même que les infrastructures de Tython sont spartiates et que nous éprouverons très certainement des difficultés à nous déplacer dans ses forêts.

L’exultation de l’équipage s’en trouva douchée. L’Intrépide Galactique approchait lentement de sa destination. De nouvelles complications s’ajoutaient encore à leur périple. Leur départ d’Alderaan n’était pas passé inaperçu bien qu’ils n’aient pas eu besoin de combattre.

Ressentant instinctivement la démotivation de ses hommes, le major Fran mit en avant les bénéfices de la situation :

- L’Intrépide sera très bien à Ternangoff. Nous y aurons ainsi en permanence un moyen de secours au cas où les choses tournent mal au temple. Nous bénéficierons également d’aide technique, de combustible et de tout ce que peu offrir un astroport.

Ses hommes pesèrent également le pour et le contre. Après leur trajet aventureux au travers du noyau profond, ils ne se satisfirent pas de si peu, espérant enfin profiter d’un repos mérité. Même très aguerris, la fatigue émoussait leurs réactions, ils en avaient tous conscience. Le vaisseau continua sa route dans le silence, seulement interrompu par les contacts radio obligatoires avec la régulation astroportuaire.

L’approche se déroula sans anicroche et ils furent bientôt confortablement parqués sur le tarmac. Une observation sommaire les avait renseignés sur la situation de Tython. De grands espaces séparaient les vaisseaux des particuliers stationnés un peu n’importe comment. Ternangoff ne se glorifiait pas d’un tourisme galopant. Brain espéra silencieusement qu’il ne serait pas trop voyant. En revanche, un grand nombre de cargos attendaient d’être déchargés dans une autre partie de l’astroport, ils remarquèrent tous la présence récurrente des logos de sociétés d’aide humanitaire.

Pendant la descente dans l’atmosphère, alors que le soleil sanglant se levait doucement, ils avaient tous pu voir les stigmates des combats qui avaient ravagé cette partie de la planète. Des bâtiments effondrés et à demi déblayés tranchaient entre les murs noircis par les incendies. En périphérie de la ville, des camps de fortune résistaient vaillamment aux fréquentes intempéries. De loin, la population semblait dans un dénuement total. Fran et ses hommes connaissaient les méfaits des batailles et de la guerre. Tout ce bazar ne représentait à leurs yeux, qu’un ultime exemple de ce que le Dictat savait accomplir.

L’Émissaire et son Pawindé Ornik se regardèrent. Ils percevaient bien plus clairement les douleurs de tous ces gens sur la tête desquels la congrégation, sans le souhaiter, avait fait s’abattre les foudres du Ladish. Ils se renforcèrent l’un l’autre dans le Fluide afin qu’ils puissent supporter le faible ressentiment que les deux Bourtistes percevaient contre eux.
Fort heureusement, l’équipage leur avait trouvé des tenues appropriés pour ne pas trop attirer l’attention. Tremteth ne doutait pas que des indigènes reconnaîtraient leur appartenance au temple détruit à leurs manières. Ses ruines dominaient toujours la plaine, parfaitement visibles au sommet de son éternelle colline dans la brume rosée du petit matin.


*******


Starlec Walker avait passé quinze ans au service de son seigneur, le Ladish. Les services de renseignements le baladaient de monde en monde lui confiant des missions variées d’observateur plus ou moins légales. Cela faisait maintenant quelques semaines qu’il naviguait en eaux troubles dans cette capitale humide et peu accueillante avec les étrangers. Son équipe agissait bien évidemment sans l’accord du gouvernement local qui négligeait de remarquer leur présence. Ils avaient « d’autres Banthas à faire marcher au pas ».

Le soleil rouge s’élevait au-dessus de l’horizon, prenant une douce teinte orangée. Cette lumière tamisée lui deviendrait rapidement invivable, mais il lui fallait bien obéir aux ordres. Ce type d’étoile peinait à réchauffer les planètes gravitant autour. Même à l’équateur, Walker estimait les températures justes acceptables.

D’un simple coup d’œil, il repéra son agent qui venait de passer la nuit dans le terminal de l’astroport de Ternangoff. Starlec s’en approcha aussitôt. Les yeux rougis par le manque de sommeil, l’homme sourit à son approche, l’air détendu. Walker engagea la conversation à voix basse :

- La nuit a été calme ?
- Quelques allés et venues sans grande importance, répondit l’autre d’un ton badin. Des transports ont débarqués quelques tonnes de denrées lyophilisées et des médicaments. Rien de suspect ! Deux vaisseaux indépendants se sont posés, l’un d’entre eux me semble quelque peu particulier. Très certainement une équipe de mercenaires quelconque en mal de mauvais coups. Ils n’ont pas encore débarqué mais ne devraient pas tarder à le faire.

Dressant l’oreille à ces quelques détails, il observa avec minutie les réactions de son subordonné.

- Ils possèdent des accréditations ? demanda Starlec.
- Oui ! Rien de plus que la routine habituelle dans une région aussi perturbée.

Starlec sourit en retour. Son front haut et dégarni se plissa un court instant. Il ne fit aucun geste brusque, prenant sur lui pour décontracter sa haute silhouette aux muscles secs et fiables. Il répondit d’un air détaché :

- Je vérifierai ! Tu peux aller te reposer, je prends la suite.

L’autre soupira. Ils échangèrent une simple poignée de main. Être relevé par le commandant du détachement exposait toujours à un jugement sévère. Il lui sembla avoir bien rempli sa mission et Walker n’aurait pas de reproches à lui faire. Les nuits, ennuyeuses, passaient avec une lenteur désespérante. La fatigue prendrait son dû pour la journée et il ne bénéficierait que de quelques heures pour boire un verre et peut-être lever une Thytonnienne rêveuse avant de reprendre la surveillance. Ternangoff n’offrait que peu de distractions, mais il souhaitait toujours avoir plus de temps pour s’imprégner de la faune autochtone. Il en ramenait très souvent des informations pertinentes, alliant l’utile à l’agréable.

Il quitta l’astroport au plus vite, laissant son chef vérifier tous les éléments qu’il souhaitait.

Walker jeta un regard appuyé sur le lieutenant qui s’éloignait d’un pas léger. Les méthodes étaient critiquables mais il n’en demeurait pas moins un élément de valeur. Haussant les épaules, il observa le terminal avec une acuité professionnelle. Rien de nouveau, rien d’important, rien de notable, aucune activité singulière. Starlec appréciait ces instants où il connaissait parfaitement son environnement. Il savait que la moindre note discordante lui sauterait au visage. Il fallait se fondre dans le décor pour y remarquer la moindre modification et en retirer le plus d’informations possibles en un minimum de temps. Il excellait dans cette tâche souvent rébarbative par ses longueurs, mais au combien gratifiante dans ses résultats.

Ses pas le guidaient vers la baie panoramique qui surplombait le tarmac et les rampes de lancement pour les moyens porteurs. Il vérifierait de ses yeux la présence des petits nouveaux. Non pas qu’il doutait de ses subordonnés mais mieux valait toujours un avis extérieur. Il balaya du regard les transports légers qui débarquaient du matériel avant de scanner le parking des particuliers. Son cœur s’arrêta dans sa poitrine. Ses réflexes prirent le dessus pour que son trouble ne se remarque pas de l’extérieur. Une goutte de sueur froide dégoulina le long de sa colonne vertébrale. Un frisson le secoua imperceptiblement, il le réprima dans l’instant.

Le commandant Starlec Walker n’en revenait pas. Il n’en croyait pas ses yeux. Dans sa tête, il composait déjà son rapport pour Coruscant. Ce vaisseau ne ressemblait en rien à ce qu’il connaissait. Le long cigare reposait sur ses trains d’atterrissage comme un dangereux lombric. Il ne se tromperait pas en affirmant que le design provenait de Corel. Il jaugea les tourelles d’auto défense qui auraient pu paraître inoffensives mais transpiraient la puissance.

Starlec continua de déambuler derrière l’immense verrière de Transparacier sans fixer son regard sur ce qu’il surveillait. Il se demanda un court instant si ces occupants avaient quitté le bord. Ils ne se trouvaient pas dans le terminal, il s’en serait aperçu. L’agent s’arrêta pour acheter un Holo information à un étal sauvage. Élément de distraction essentiel lorsqu’il fallait se montrer extrêmement discret. Le temps qu’il jette un nouveau coup d’œil dehors et il vit la baie d’accès remonter doucement.

Vu d’ici, il aurait parié qu’un Drall refermait et verrouillait la porte du vaisseau. Le tissu des présomptions se tissait solidement. En file indienne, le reste de l’équipage se dirigeait vers un portique d’arrivé normalement réservé au fret. Un sourire joua sur ses lèvres, il empocherait très certainement une grosse prime et de nouveaux honneurs. Starlec s’emploierait à faire recouper des informations par ses sbires. Le lieutenant prendrait une remontrance et très certainement une punition. Il était trop tard pour intercepter le groupe qu’ils auraient pu cueillir sans peine dans le vaisseau.

Walker détailla la physionomie des membres du groupe avant qu’ils ne disparaissent dans un hangar. Il acquit ainsi la certitude qu’il affrontait des paramilitaires biens entrainés pour au moins quatre vingt pour cent d’entre eux. Les professeurs de l’académie insistaient pour que les futurs officiers du Dictat sachent juger rapidement d’une menace. Il joindrait ses hommes au plus vite, il leur fallait organiser une battue pour connaitre les raisons de leur présence et leurs identités.


*******


Tout se passait à merveille, Brain se satisfaisait de ce débarquement sans heurts. Ils se faisaient de nouveau passer pour un navire marchand. Ils transportaient à l’instant même leur matériel dans une aile peu surveillée du terminal. Il ne leur faudrait pas longtemps pour se fondre dans la populace et éviter les contrôles policiers toujours difficiles à gérer. Les Dictats se montraient circonspects et les forces de l’ordre locales s’occupaient à bien d’autres activités d’utilité publique. Une voie dégagée s’ouvrait à eux.

Le major Fran se tourna vers les Bourtistes :

- Désolé de troubler vos pensées Émissaire ! Je suis certain que vous trouverez rapidement des gens prêts à nous aider.

Tremteth se secoua de ses angoisses pour analyser et comprendre les paroles de son sauveur. L’Émissaire ne s’étonna même pas de ce que la misère pouvait vous toucher en profondeur lorsqu’elle vous frappait directement avec vos proches. Il réfléchit intensément pour répondre :

- Nous devrions nous rendre au temple !
- Non, décréta Brain d’une voix sans appel. Nous y serions bien trop à découvert. Il y a peut-être des Bourtistes en ville, vos semblables ne laisseraient pas ainsi la population dans cet état de dénuement sans essayer quelque chose. Je suis certain qu’un peu de réflexion vous permettrait de nous guider vers eux.

Tremteth émergea du brouillard qui engluait son esprit. Fran lui sourit aimablement, le regard plein de compassion. Il connaissait si bien les réactions des êtres affectés par un deuil.

- Je peux faire bien plus que cela ! répondit le Bourtiste. Mon Pawindé et moi possédons les capacités nécessaires pour prendre un contact direct avec tous les Bourtistes de Tython.
- Comme ce que vous avez fait dans l’espace ? grogna leur Selonien survivant.
- Pas tout à fait, répondit l’Émissaire. Mais nous pourrons contacter les plus éloignés ou convenir d’un rendez-vous s’il y en a encore dans Ternangoff.

Brain les bouscula un peu :

- De combien de temps avez-vous besoin ?
- Quelques minutes, tout au plus ! affirma le Bourtiste.
- Nous allons nous replier dans le fond du hangar au près des portes. Vous vous placerez derrière les conteneurs pour communiquer avec vos amis et nous monterons la garde en cas de pépin.

Les ordres de Fran furent exécutés avec précision et sans discussion. Les deux Bourtistes se sentirent portés par une détermination nouvelle. Tremteth loua silencieusement le charisme qui s’échappait de cet homme en toutes circonstances.

Quelques minutes suffirent à Tremteth pour se préparer. Il ressentait avec précision les cycles de Tython comme tous les Nosauriens savent le faire. Il prit les mains de son Pawindé dans les siennes en réunissant l’énergie qui les entourait. Le Fluide circula dans leurs corps comme une eau vive, apportant une fraicheur bienfaitrice à leurs âmes en peine. L’Émissaire utilisa Ornik tel un catalyseur pour amplifier sa conscience. Il la répandit autour d’eux, élargissant ses perceptions en un cercle toujours plus large. Il frissonna en établissant plusieurs contacts dans la cité ravagée qui les entourait. Il ne s’attendait pas à ce que les Bourtistes y soient aussi nombreux.

Un dialogue éthéré s’établit aussitôt. Constitué de concepts et d’idées plus que de mots, leur échange le galvanisa. Ils ne resteraient pas à Ternangoff bien longtemps et rejoindraient au plus vite le nouveau temple. Tremteth rompit le lien, félicita son dévoué Pawindé. Avec un grand sourire, il se retourna pour colporter les bonnes nouvelles au reste du groupe.


*******


L’esprit occupé, Lou se déplaçait dans la grande pyramide qui abritait leur temple principal. Ses pas le guidaient dans les quartiers d’habitation. La majorité des cellules se trouvaient désertées à cette heure avancée de l’après-midi. Le Chevalier, un petit sourire aux lèvres, s’arrêta devant une porte qui s’ouvrit à la volée. Une furie blonde se jeta contre son torse.

- Tu aurais pu t’annoncer, chuchota Nadidja.
- Je ne me suis pas caché, et tu m’as très bien senti venir ! Heureusement qu’il n’y a personne dans les parages, ton manque de retenu jetterait la honte sur moi, remarqua-t-il d’une voix douce.
- Entre ! répondit-elle en l’attirant à l’intérieur.

Un petit brilleur éclairait la pièce étroite d’une lumière crue. Un léger désordre y régnait, quelques affaires éparpillées sur le lit entre une armoire et un sac de voyage, bien peu de choses en fait. Une paire de bottes luisantes attendaient dans un coin.

Nadidja l’enlaça pour se serrer très fort contre lui. Pour lui seul, elle laissa ses sentiments contenus s’exprimer. Le Fluide s’agita autour d’eux, les emportant dans une douce mélopée à laquelle Lou mêla une froideur teinté de désir et de bonheur.

Le corps souple s’appuya un peu plus contre lui, alangui, brulant, aux formes agréablement excitantes. L’organisme du premier Chevalier Djay-Shla répondit en quelques secondes à ses sollicitations, il ne s’en cacha pas, poussant ses hanches contre le bas ventre ferme. La jeune femme soupira d’aise, transmettant vers son parrain ses impatientes envies. Il lui caressa le dos, les épaules, la nuque, se montrant bien plus prévenant qu’à son habitude. Nadidja frissonna plusieurs fois. Elle se laissa emporter par des vagues de plaisir. Le moment se prolongea. Ils se tenaient souvent ainsi, l’un contre l’autre, partageant leur amour réciproque, maitrisé, retenu, bridé. Nadidja voulait bien plus, il exigeait en permanence de sa filleule qu’elle respecte à la lettre les enseignements stricts des Bourtistes.

- J’ai cru que tu ne m’honorerais jamais de ta présence dans l’intimité avant mon départ, fit-elle d’une voix fluette où transparaissait une note de reproche.

Il comprit implicitement qu’elle n’employait pas « honorer » comme une politesse. Lou se refroidit un court instant, allégeant leur contact, avant de répondre d’un ton indifférent :

- Mon emploi du temps est très chargé mais si je n’étais pas venu, j’en aurais éprouvé de profonds regrets et cela est incompatible avec une utilisation vertueuse du Fluide.

Lou serra bien plus fort le tendre corps que précédemment. L’émotion de sa partenaire satura ses sens les plus sensibles.

- Tes bottes t’ont bien servies ce matin ? continua-t-il d’une voix parfaitement maîtrisée. Je tiens à te féliciter pour les résultats que tu as obtenus.

Elle haussa les épaules avant de répliquer, agacée :

- Je ne veux pas parler de mes erreurs dans la forêt, ni du confort de mes nouveaux vêtements. Nous allons être éloignés l’un de l’autre très longtemps et je ne veux emporter de toi que le souvenir de ton âme, de ton corps, de ton odeur et de notre amour sincère.
- Je le sais, dit-il. Je ne suis pas là que pour faire la conversation ou te donner un cours.

Nadidja Frailine redressa la tête dont les cheveux blonds, détachés, lui balayèrent le dos. Ses yeux se fixèrent sur les lèvres de l’homme qu’elle aimait platoniquement depuis de longues années, bien avant sa puberté. Le Chevalier Djay-Shla ne la retint pas lorsqu’elle se hissa sur la pointe des pieds pour coller ses lèvres contre les siennes. Ce n’était pas le premier baiser qu’elle lui volait. Lou ne la repoussa pas après qu’elle eut passée quelques instants à le butiner.

Contre son torse, Lou sentait battre le cœur puissant de sa filleule au regard des Bourtistes. Le nouvel ordre ne possédait pas un tel système d’accompagnement. Il se promit de ne jamais guider ses recrues de cette façon sur les voies du Fluide. Par la pensée, il lui offrit le concept, l’assurant d’être bien plus, rompant ce serment pour en contracter un bien plus fort et secret.

Nadidja laissa la température de son corps monter de quelques dixièmes de degrés supplémentaires, picorant avec plus d’insistance les lèvres douces de celui qui proposait de devenir son amant. Elle fut tout de même surprise lorsque les lèvres de Lou s’écartèrent imperceptiblement pour lui rendre activement ses baisers. Elle passa son bras droit par-dessus son épaule, étreignant la nuque de Lou du bout des doigts. Toute à ses caresses, Nadidja ne se rendit pas compte que le bout de sa langue se glissait aux abords de la bouche masculine. Une décharge électrique parcourut son organisme lorsqu’il lui donna la sienne. Un long baiser s’ensuivit, doux, léger, superficiel, tendre, arrêtant le temps pour eux.

Ils glissaient ensemble dans le bonheur de l’amour exprimé, oubliant les dangers, leurs préoccupations, Tython, le Ladish, l’univers tout entier, même le Fluide qui décuplait leurs sensations. Ils échangeaient des caresses bien au-delà d’un simple contact physique. D’un mouvement souple, concerté, autonome, ils basculèrent sur le lit étroit au milieu du désordre. Leurs lèvres ne se séparèrent pas une seule seconde, soudées.

Le baiser devient plus passionné d’instant en instant, oublieux de la retenue légendaire des Bourtistes, des règles, de la maîtrise du corps et de l’esprit. Ils se fondirent l’un en l’autre avec une douceur proportionnelle à leurs sentiments et à la longue attente qu’ils s’étaient imposés. Le Fluide les traversait sans contrainte, ils ne faisaient plus qu’un avec l’environnement, touchant du doigt la puissance absolue sans pour autant se l’approprier. Ils auraient pu se partager la totalité de l’Énergie de l’univers à cet instant, vendant aussitôt leurs âmes, leur lien brisé à jamais. Ils s’aimèrent, isolant leurs pulsions dans une bulle de plaisirs partagés, uniques…

… Leurs corps, dénudés, échangeaient de la chaleur. Ils n’avaient pas fait l’amour au sens animal de sa définition première. Malgré tout, ils éprouvaient un bonheur immense, repus de plaisirs physiques, leurs âmes assemblées, leurs intelligences nourries de connaissances nouvelles sur eux-mêmes, sur le Fluide, sur cette force qui se décuplait au simple contact de l’être aimé, désiré, choyé.

Du bout des doigts, l’un comme l’autre effleuraient, exploraient, touchaient chaque parcelle de peau. Fatigués, ils reprenaient lentement le rythme de leurs vies, saturés de bonheur. Un pilier de souffrance s’éleva soudain entre eux. Avant même que les larmes ne coulent sur les joues de Nadidja, Lou leva la main pour les essuyer tendrement.

- Je ne veux plus partir ! déclara-t-elle, la voix cassée.

Osem la serra contre lui pendant que des sanglots forçaient ses paupières à déborder sur son épaule de larmes chaudes et salées. Il la berça, la réconfortant du mieux qu’il pouvait avant de lui chuchoter à l’oreille :

- Je sais et tu sais aussi que mon amour est immense pour toi. Quels que soient la distance, les évènements ou le temps qui nous séparera, je serai toujours auprès de toi. Si ce n’est pas matériellement, au moins par l’esprit, Lou fit une courte pause. Mais tes maîtres seraient très fâchés de voir à quel point ton contrôle se relâche.

Nadidja hoqueta :

- Je ne serai jamais aussi forte que toi à ce jeu là ! Je te déçois encore ?
- Non ! déclara-t-il de son habituel ton tranché. Quels qu’ils soient, tes sentiments exprimés me comblent d’une joie éternellement vivante. Tes larmes, tes soupirs de plaisir, ton regard, tes sourires, ta moue agacée existent pour moi et expriment tout ce que je ne pourrai que rarement te montrer.

Le silence revint pour laisser place au partage de l’esprit. Avec une douce lenteur, ils se séparèrent, réintégrant leurs corps solitaires et pourtant si proches. Ils redevinrent deux êtres distincts. Beaucoup trop d’heures s’étaient écoulées, la nuit s’étendait sur la forêt. Lou et Nadidja devaient encore préparer tant de choses pour leur départ imminent.
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Messagepar Den » Ven 12 Fév 2010 - 12:03   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier Jedi

C'est avec plaisir que j'ai poursuivi ma lecture de "premier Jedi" en commençant là où je l'avais laissée.
J'avoue que c'est toujours aussi plaisant et complet.
Ce que j'aime dans ton style, c'est cette capacité que tu as à bien décrire les choses! C'est complet, c'est certain!
Lou m'a plu dès le début de l'aventure, c'est un personnage intéressant et bien décrit! Son évolution, au cours de l'histoire, est bien marquée et lui donne une épaisseur bien vue!
Une chose est sûre, la situation des Bourtistes est intrigantes! Que va-t-il leur arriver?
Dans la seconde partie, tu nous offre une once de romantisme bien venue! J'aime bien ces scènes un peu intimistes où les personnages dévoilent une partie de leurs sentiments!
En résumé, je suis toujours comblé par le Premier Jedi! :wink:
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Messagepar AJ Crime » Mar 23 Fév 2010 - 19:52   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier Jedi

Mes dieux, Den ! tu n'avais pas fini de lire ce que j'avais sorti du premier jedi ?????? ben ça alors, tu attendais que je sois sur la fin de Dispergerum antecessor pour rappeler le topic en tête de liste ???? Ne chercherais-tu pas à me relancer pour continuer à écrire cette FF plutôt que je ne m'attaque à d'autres qui nécessitent mon travail ????

En tout cas, il faudra patienter un peu pour la prochaine scène.... j'ai beaucoup de retard en relecture qu'il me faut combler avant d'écrire celui-ci.... et recopier "chateau d'écosse"... tu te souviens, tu en avais lu le début il y a longtemps de cela.... Ca te plairait pas d'en lire d'autres chapitres ???? hein !!!!
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Messagepar Den » Mar 23 Fév 2010 - 20:12   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier Jedi

Mes dieux, Den ! tu n'avais pas fini de lire ce que j'avais sorti du premier jedi ?????? ben ça alors, tu attendais que je sois sur la fin de Dispergerum antecessor pour rappeler le topic en tête de liste ???? Ne chercherais-tu pas à me relancer pour continuer à écrire cette FF plutôt que je ne m'attaque à d'autres qui nécessitent mon travail ????
Tu as vu claire dans mon jeu! :x

En tout cas, il faudra patienter un peu pour la prochaine scène.... j'ai beaucoup de retard en relecture qu'il me faut combler avant d'écrire celui-ci.
T'inquiète pas l'ami, je serai patient! Tu as tout ton temps! :wink:

recopier "chateau d'écosse"... tu te souviens, tu en avais lu le début il y a longtemps de cela.... Ca te plairait pas d'en lire d'autres chapitres ???? hein !!!!
Tu titilles mon âme d'épouvanteur! :shock:
Oh que oui, j'aimerais lire d'autres chapitres! Je me souviens que j'avais beaucoup apprécié le début d'ailleurs! :)
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Messagepar AJ Crime » Sam 16 Oct 2010 - 20:49   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Voilà, mon roman d'anticipation fiction personnel arrive à son terme. J'en ai écrit la Version 1 après deux premières moutures qui ont abouti à une Version 0. Ainsi, peut-être certains d'entre vous se souvienne encore de moi sur SWU, le premier jedi devrait recommencer à avancer à partir de la semaine prochaine. :siffle:

Pour commencer, je vous informe, ensuite, Lundi ou Mardi, vous devriez avoir un gros résumé des épisodes précédents pour remettre en mémoire ce que les fainéants ne voudront pas relire... et je les comprends. Puis, si tout ce passe bien, une scène supplémentaire pour la fin de la semaine ou le début de la suivante en fonction du temps que j'aurai pour travailler.

En tout cas, une chose est certaine : Le premier Jedi n'est pas mort, vive le premier jedi :hello: ... à bientôt donc pour la suite, et je l'espère la fin de ce premier tome de la trilogie de l'Ashla. :)
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Messagepar AJ Crime » Mar 19 Oct 2010 - 18:00   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Chose promise, chose due, voici donc le résumé que j'espère pas trop long, simple et efficace pour relancer le premier jedi... Il s'adresse à tous, les anciens lecteurs comme ceux qui voudraient se lancer à partir d'aujourd'hui. Je suis toujours très intéressé par les commentaires :

Résumé des épisodes précédents :

Tout a commencé sur Tython, à une époque ou la Force s’appelait encore Ashla. Tython a toujours eu un Ashla très puissant et cet environnement avait vu des temples lui être consacré en des temps très reculés et pour lesquels nous ne possédons aucun écrit, juste les vestiges de ces civilisations qui l’ont utilisé. Mais c’est sur Tython que s’établit la congrégation des moines Bourtistes et ils renommèrent Ashla en Fluide. Et grâce à l’Ashla, ils devinrent les négociateurs et les conseillers vers qui tous les membres de la dictature des Ladish se tournaient. Jusqu’aux événements relatés par le « premier Jedi ».

Tout a commencé aux alentours des années – 25 000 AY.

Alors jeune disciple Pawindé de la congrégation Bourtiste, Lou Osem rentre précipitamment d’une mission sans son Maître Émissaire Daivien Grozilier. Lou avait pressenti un grand malheur via le Fluide et à son arrivée, le temple est déjà réduit en cendre. Submergé par les souvenirs d’un passé heureux et de tous les amis qu’il pense mort au milieu des corps de ses condisciple autour de lui, il va outrepasser les notions d’harmonie et de simple contemplation instruites par l’ordre dans l’espoir de sauver d’éventuels survivants.

La destruction du temple par les soldats du Dictat, le Ladish, va modifier en profondeur les fondations des survivants de l’ordre pourchassés sur toutes les planètes. Confrontés à une opposition qui cherche à les annihiler, un schisme va séparer les Bourtistes. D’un côté ceux qui veulent se cacher, de l’autre ceux qui veulent prendre les armes pour se venger et utiliser le Fluide pour rendre la monnaie de la pièce au Ladish. Des plans de grandes envergures vont être préparés dans les cachettes secrètes de l’ordre. De cette dissension, naîtra les Djay-Shla (les croisés du Fluide), le bras armé des Bourtistes qui utiliseront une autre facette de l’art ancien et sera appelé la Force. De séances d’entraînement en complots les premiers Chevaliers seront nommés.

Ils s’apprêtent à se disséminer dans le Dictat pour frapper le Ladish dans ce qu’il a de plus intime : sa puissance, son empire en formation et sa famille. L’heure de la vengeance sonne et déjà, les Djay-Shla se demandent si leurs âmes y survivront.



PS: je vais avoir un peu plus de boulot que prévue pour me remettre dedans afin d'écrire correctement la prochaine scène... il faudra peut-être patienter jusqu'à la fin de la semaine prochaine.
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Messagepar Notsil » Mar 19 Oct 2010 - 19:54   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Merci pour ce résumé qui rafraichit agréablement la mémoire :)

On va enfin retrouver notre ptit Lou, les différents courants et évolutions vers la Force... hâte de voir la suite ^^
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Messagepar Den » Mer 20 Oct 2010 - 9:22   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Je plussoie! Merci pour le résumé! :)
Ravi d'apprendre que tu vas poursuivre cette fic! :)
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Messagepar Minos » Jeu 21 Oct 2010 - 10:29   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Moi j'aime pô les résumés.

Je relirai tout, na !
Les hommes sont si nécessairement fous, que ce serait être fou, par un autre tour de folie, de n'être pas fou.
Blaise Pascal.
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Messagepar Dark Sheep » Jeu 21 Oct 2010 - 12:24   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Content d'apprendre que la suite de cette histoire va arriver, je l'avais lue entièrement il y a quelques mois et j'avais beaucoup aimé ton idée de raconter les débuts de l'Ordre Jedi à ta manière.
Tes personnages sont attachants et tu parviens à nous immerger dans ton univers.
Les débuts du côté obscur semblent proches égalment :sournois:

J'attends donc la suite de l'histoire de Lou Osem !

Allez, père castor, mets tes lunettes et lis nous tout !
Mouton déjanté scénariste et chorégraphe...

"Cette galaxie a besoin d'un sauveur, pas d'un héros."
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Messagepar Darkliser » Sam 23 Oct 2010 - 10:59   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Incroyable :shock: !!!!
Le retour de AJ !!! Ah ben ça alors... regardez dehors, il neige ?

Bon en tout cas je suis content que tu reprennes la trolo de l'Asha :wink:
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Messagepar AJ Crime » Ven 12 Nov 2010 - 12:58   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Voilà enfin un nouveau chapitre scène... bon courage, j'espère que vous vous souviendrez de deux ou trois truc pour vous faciliter la lecture...


VII



Le général Karmikov déambulait dans les couloirs du palais du Ladish. Tout du moins, la tête basse, c’était l’image qu’il donnait aux sentinelles. Guidé vers un but unique, il orientait ses pas vers une destination précise. Fédinch préparait un argumentaire serré pour une entrevue capitale. Il affronterait des remarques blessantes et se durcissait d’avance.

Karmikov tourna à gauche dans une partie désaffectée du palais Dictatorial. Le géant d’ébène en connaissait le dessin et réapparaîtrait à quelques dizaines de mètres de sa cible. Il se redressa et accéléra l’allure. Le cœur du chef des renseignements battait la chamade, il réaliserait peut-être un vieux rêve où il s’affranchissait de l’exécrable domination de son maître, du maître de tout le Dictat : le Ladish. Le règne de Carieda VIII prendrait fin un jour, Karmikov choisirait le camp de l’espoir au risque de tout perdre. Il supportait depuis trop longtemps l’autorité cinglante du Ladish et désirait au plus haut-point s’en libérer. Fédinch jugula la haine que lui inspirait le despote d’une inspiration profonde et recouvra la maîtrise de lui-même. Il en aurait besoin.

Perdu dans ces pensées, le général déboucha dans un autre couloir à la décoration outrancière de couleurs et de représentations pornographiques. Fédinch était arrivé à destination et ses pieds foulèrent à nouveau le plancher des Banthas. Il secoua la tête face à l’animation sur écran géant d’un groupe enlacé d’individus d’espèces très diversifiées. Avec un léger haut-le-cœur, Karmikov frappa à une porte damasquinée. Il attendit quelques minutes avant qu’elle ne s’ouvre et qu’une vague de musique tonitruante agresse les oreilles du général. Le Kommites Vestin 36 le regarda de haut en bas sans masquer sa surprise et une grande tristesse.

- Que puis-je pour vous, général Karmikov ?
- Vous faites portier aussi ? laissa-t-il tomber, amer. Il faut que je m’entretienne avec votre maître, Vestin 36.
- Le prince Morieda Carieda reçoit quelques uns de ses amis. La fête bat son plein, soupira le Kommites.

Fédinch ne se paierait pas le luxe de revenir et il ne tenait pas non plus à attendre dans un couloir sous surveillance.

- J’attendrai dans le vestibule, avertissez votre maître que je dois l’entretenir d’une affaire sérieuse et qu’il ne devrait pas laisser passer sa chance.

Vestin s’effaça et le pria d’entrer du geste. Le conseiller de Morieda le guida jusqu’à un boudoir et lui proposa un fauteuil confortable avant de le livrer à la solitude. Karmikov patienta un peu plus d’une heure, il entendait des rires, des cris, cette musique accablante et des bruits de vaisselle. Personne ne le dérangea et il allait tourner les talons lorsque Vestin 36 revint.
-Suivez-moi je vous prie, général, dit le Kommites en se plantant à son niveau.

Karmikov se leva et marcha à la suite de Vestin vers le fond de la pièce. Le conseiller déverrouilla une porte discrète pour l’introduire dans un vaste bureau à la décoration tapageuse. Deux lustres de cristal diffusaient une intense lumière blanche, les baies vitrées rendues presque opaques s’ouvraient sur la nuit Coruscanti où étincelaient les éclairages de la ville comme des milliers de joyaux. Fédinch ne profita pas du panorama.

Morieda Carieda entra par une autre entrée dans ce qui devait être son bureau. La démarche conquérante et altière, il s’enturbannait d’un peignoir de soie beige.

- Que me vaut cette agréable visite, général Karmikov. Me voilà surpris, d’entre tous les courtisans et membres du gouvernement, vous êtes bien le dernier auquel j’aurais pensé.

Fédinch s’inclina :

- Je vous salue, mon prince. Je m’excuse tout d’abord de vous déranger pendant que vous recevez avec faste vos amis mais ce sont des affaires d’état qui me conduisent à vous.
- Voyez-vous ça ! se rengorgea Morieda. Le chef des renseignements de mon adoré père vient ici plutôt que de me convoquer dans sa souricière ? Vous ne venez donc pas m’accuser de quelque méfait ou exaction lointaine sur d’éventuelles taupes présentes dans mon entourage.

Karmikov fixa toute son attention sur l’héritier en titre du trône de Ladish.

- Non, dit-il. Les soubresauts du Dictat et les troubles de l’ordre public me poussent à venir parler avec vous d’affaires… plus personnelles, dirais-je.

Un sourire satisfait disparut aussitôt des lèvres de Morieda. Il n’échappa pas au général qui décryptait dans le même temps la gestuelle du prince. Un affreux doute submergea Fédinch sans qu’il perde sa contenance. Aucune erreur n’était permise face à cet homme. Le prince resta sur la défensive :

- Apprenez m’en plus, général.
- Je n’ignore pas que vous soyez en partie à l’origine des événements qui rendent la politique épineuse. Le Dictat part en déliquescence et le Ladish n’est plus en odeur de sainteté, s’il l’a été un jour. Je connais aussi les turpitudes qui vous motivent à prendre la place de votre père. Hors, sans aide extérieure, vous n’arriverez à rien.

Morieda se figea, la surprise surpassait la colère due aux accusations.

- Je me disais aussi, fit Carieda, je n’ai pas débusqué de vos agents récemment. Auriez-vous changé de camp ?
- À croire qu’ils sont plus circonspects, répliqua Karmikov, très froid. Je sers le Ladish, il semble que ce soit toujours votre père, pour le moment. Pour jouer cartes sur table avec vous mon prince, je vous propose une alliance. Le Dictat a besoin d’un nouveau chef, je ne vous apprends rien, et vous êtes son héritier alors si vous montrez quelques qualités pour réformer le Dictat et envelopper vos mains de gants de velours, nous éviterions de perdre gros. Le peuple a besoin d’un chef accommodant, pour changer.
- Vous ne me manipulerez pas aisément Karmikov ! – Le prince se déplaça jusque derrière son bureau pour se ménager le temps de la réflexion et s’assit. – Votre proposition est alléchante, mais vous devrez me jurer allégeance.
- Lorsque vous serez Ladish, mon prince, dit Fédinch avec une mine affable.
- Et m’apporter un concours plus efficace qu’à mon père.
- Mes services sont un rouage à grande échelle et fonctionnent à merveille dans le D…
- Je n’ai pas de leçons d’efficacité à recevoir de vous, fit Morieda d’un revers de main.

Karmikov chercha un instant l’argument idéal pour se défendre et d’un même coup renforcer ses présomptions :

- Agir dans la proportion d’un empire et en toute légalité dépasse de loin, la portée de l’espionnage et l’utilisation à des fins personnelles des jeux des courtisans de Coruscant.

Morieda grinça des dents, le regard envenimé par la colère.

- Vous seriez étonné des ramifications de l’organisation que j’ai mise en place…

Une étincelle d’orgueil s’éteignit lorsque le prince en titre s’aperçut qu’il en avouait plus que nécessaire. Le général ne releva pas la bévue. Pour masquer son trouble, Morieda changea de sujet dans l’espoir de faire oublier cette remarque fougueuse et indigne d’un futur dirigeant :

- De quelle aide croyiez-vous que je doive bénéficier ?

Karmikov se jeta, mine de rien, dans la brèche ouverte :

- Par la position que j’occupe auprès de votre père, Carieda VIII, je serai un atout maître dans votre manche. Certaines familles rêvent de bousculer la dynastie en place. D’autre part, une alliance avec votre frère renforcerait l’aspect communication de votre éventuel début de règne et vous apporterait le soutien d’une majeure partie des penseurs de notre temps et des scientifiques. Prulier ne s’amusera pas de posséder une place d’honneur, je puis vous assurer qu’il restera dans votre ombre pour peu que vous lui accordiez des crédits pour ses études et les disciplines qu’il chérit.
- Cet excrément de Bourtiste ? rétorqua Morieda en bougonnant.
- Une passade de jeunesse, elle le quittera avec la disparition de l’ordre, affirma le général. Prulier s’intéresse bien plus à la science des quanta et aux lasers dont les applications militaires viendront dans les années à venir. Il se passionne aussi d’histoire et de théologie, semblerait-il, depuis fort peu de temps, votre jumeau ne constituera pas un danger.

L’héritier s’abîma dans ses pensées avant de répondre :

- Soit, il a plus d’avantages que d’inconvénients. Comment espérez-vous le faire participer à notre entreprise ?

Karmikov rit d’une voix basse et rocailleuse :

- Il reproche au Ladish votre père, nombres de choix politiques, mon prince ; pour qu’il ne comprenne pas qu’une opportunité se présente à lui d’améliorer l’existence des vassaux du Dictat. C’est un garçon intelligent, votre frère sait qu’en s’opposant à vous, il serait balayé et ne mènerait jamais ses recherches jusqu’à leur débouché.

Une moue vindicative se dessina sur les traits de Morieda :

- Au pire, vous m’en débarrasseriez et prouveriez votre fidélité à mon Dictat. Je vous recontacterai lorsque je jugerai l’opération opportune et réalisable.

Karmikov sourit et opina du chef. Il se leva pour mettre fin à l’entretien, le prince ne s’en offusqua pas et accepta la révérence profonde du général. Karmikov réalisa un demi-tour très militaire pour s’avancer vers la porte. Elle s’ouvrit sur Vestin 36 dont les petits yeux incolores et en amande le sondèrent sans animosité. Le Khommite le précéda pour le raccompagner jusqu’à la sortie.


*******



Quatre jours s’écoulèrent. Sans aucune nouvelle de Morieda, Karmikov se résolut à contacter la seconde pièce de son échiquier. Le prince héritier le faisait mariner sans honte, le général n’ignorait pas la surveillance modérée dont il était le sujet, et prépara ainsi une rencontre hors de la présence de ses hommes comme de ceux de Morieda. Rien de plus simple en effet que de se rendre à l’université Dictatoriale sous couvert d’une mission de sûreté. Les professeurs, spécialistes scientifiques et précepteurs venaient régulièrement pour abreuver le dauphin d’une soif de connaissance inextinguible.

L’université Dictatoriale était un lourd bâtiment de pierres sombres à l’aspect peu engageant. Des baies de verre, à base de simple silice, perçaient avec régularité les murs épais et irréguliers. La construction surannée n’utilisait que des matériaux naturels, aucun produit de synthèse n’avait été utilisé cinq siècles plus tôt à l’édification de ce mausolée du savoir. Fédinch se présenta à la grande porte taillée dans un bois commun à l’aspect rugueux et tâché bien qu’imputrescible. Aucun garde pour en interdire l’accès aux manants, la concierge humaine s’avança à sa rencontre.

- Je suis le général Karmikov, se présenta-t-il, et j’ai rendez-vous avec le recteur Cosh Grimm et le prince Prulier Carieda.

La femme le salua d’une demi-révérence. Ils se connaissaient déjà, Fédinch venait parfois inspecter la sécurité ou interroger de nouveaux précepteurs.

- Bonjour général, dit-elle d’une voix lasse. Je vais vous trouver quelqu’un pour vous accompagner.

Elle se tourna et héla un adolescent Drall.

- Nerrelem, tu vas accompagner notre visiteur jusque dans le bureau du recteur Grimm, s’il te plait.

Le petit être ne dépassait pas le mètre avec une fourrure beige hirsute. Il tenait des livres serrés sous son bras et s’avança en roulant des yeux pour trouver une échappatoire afin de fuir ce grand humain imposant. Il n’en trouva pas.

- Je vous suis, Nerrelem, dit Fédinch sur un ton apaisant.

Le Drall lissa sa fourrure et dit :

- Bonjour, monsieur.

Il tourna les talons et ouvrit le chemin. Karmikov entendit la concierge soupirer et chuchoter à propos de la politesse et des jeunes. Le général posa quelques questions mais n’obtint aucune réponse et ils marchèrent dans le silence jusqu’à une porte de bois ciré identique à toutes les autres. Fédinch se savait arrivé à destination. Nerrelem salua sans grâce et maugréa un « au revoir » confus avant de s’enfuir.

- À bientôt, articula le général pour le dos du non humain.

Karmikov souriait en frappant à la porte. Une voix équilibrée l’invita à entrer. Il manœuvra une poignée antédiluvienne pour pousser le panneau sur ses gonds huilés. Fédinch entra dans le bureau largement éclairé par le soleil de fin de matinée. Un Zabrak à la peau pâle s’avança vers lui, les mains tendues.

- Mon cher Karmikov, je vous attendais. J’ai une bouteille de vin Corellien au frais.
- Je préférerais me passer des Corelliens pour quelque temps. – Les modestes tatouages noirs sur le visage de son vis-à-vis ressortirent avec plus d’intensité. – Nous pouvons toujours déguster le fruit de ce commerce, il deviendra rare dans les décennies à venir.

Le recteur se rembrunit un peu plus avant de questionner :

- La situation est-elle si désespérée ? A moins que cela ne soit secret.
- Non, Cosh, l’holonet se fait l’écho de cette crise, jusqu’à ce que le Ladish muselle les journalistes. Nous sommes face à la sédition de tout le secteur corellien. Ils ont battu le rappel de leurs compatriotes et surtout des individus qui servaient dans nos rangs. La situation n’est pas encore désespérée, fit Karmikov avec ironie. C’est un cataclysme majeur et il emportera tout le Dictat dans la tourmente s’il enfle encore.

Le Zabrak baissa la tête en servant deux coupes d’un liquide sombre agité d’une infinité de bulles aussi ténues qu’un atome. Il orienta la discussion dans une autre direction :

- Dégustez celui-ci, c’est une grande cuvée ! affirma l’être cornu avec aplomb. Vous veniez examiner les nouveaux précepteurs de notre prince ?

Karmikov trempa d’abord ses lèvres dans le vin et laissa les arômes se répandre sous son palais.

- Oui, fit-il enfin. Passons aux choses sérieuses, il y a longtemps que je ne suis pas venu et je voudrais aussi examiner les dossiers de ceux présents dans vos murs. Prulier n’a pas réussi à se rendre disponible ? questionna-t-il distraitement.

Grimm lui désigna un fauteuil confortable et sortit d’un coffre fort une pile de dossiers. Ils s’ajoutèrent aux trois déjà posés sur le bureau verni aux massives sculptures rococo. Fédinch ne s’en préoccupa pas et saisit des feuillets pour les lire de son regard le plus acéré. Sa fonction l’obligeait à assurer la protection des enfants de la famille Carieda, des Ladish en puissance.

Ils travaillèrent un peu plus d’une heure, Karmikov interrogeait Grimm sur des points de détails contenus dans les rapports, la personnalité de tel ou tel individu, son histoire, ce qu’il en révélait aux autres. Le général finissait d’exploiter les dossiers lorsque la porte s’ouvrit. Un jeune homme blond et maigre, le teint pâle, entra sans s’annoncer. Les deux adultes se levèrent aussitôt pour faire une profonde révérence. Négligeant, l’étudiant s’exclama avec joie :

- Karmikov, je croyais vous avoir raté, j’ai été retenu au laboratoire…
- Non, mon prince, je parcourais les dossiers de vos futurs collaborateurs et professeurs. D’ailleurs, en voilà un que je préférerais ne pas vous voir fréquenter.

Le géant d’ébène lui tendit un dossier ouvert sur la première page. Une magnifique blonde, les cheveux attachés en queue de cheval, souriait à l’objectif. Le bleu transparent de son regard clouait sur place. Prulier se focalisa sur la description de ses connaissances.

- Ah non, je vous en supplie général, laissez-la venir ici, elle possède le savoir que je désire acquérir. C’est noté là, elle fait preuve d’un grand sens pédagogique. Je n’ai rien à craindre.
- Bien plus que vous ne croyiez, mon prince. Elle vous mettrait le grappin dessus avant que vous ne vous en rendiez compte.
- Pensez-vous ! s’exclama le Carieda. C’est une femme magnifique mais elle ne vient pas pour badiner.
Karmikov rit de bon cœur, ce comportement étonna le recteur.
- Même si vous êtes persuadé du contraire, avoua le général, je sais ce qu’accomplissent les transports de l’amour. Surtout sur les jeunes étudiants.

Désarçonné, Prulier Carieda ouvrit et ferma la bouche comme un idiot, des larmes ourlaient ses paupières.

- Si vous y tenez tant, concéda le chef de renseignements du Ladish son père, nous en parlerons en privé.
- Elle, – Prulier jeta un œil sur la fiche. – mademoiselle Sorkan, détient la clé des savoirs que je tiens à acquérir. L’histoire des peuples est nécessaire à la bonne compréhension de leurs technologies. J’apprends cent fois mieux de l’échange et de la discussion que des rayonnages d’une bibliothèque ou de ces tous récents répétiteurs holographiques froids et sans âme.

Un sourire de rapace voleta sur les lèvres de Karmikov :

- Je vous comprends fort bien, mon prince. Mais appelez-là Latitce, elle n’est que de deux ans votre aînée. Je finissais ici… – Karmikov se tourna vers Grimm. – Pourrions-nous utiliser votre antichambre, Cosh ?

Le jeune homme hoqueta devant une telle familiarité.

- Je vous en prie, répondit le recteur en s’accompagnant d’un geste de la main et d’un sourire.

Sur l’invitation du général, Prulier suivit l’homme massif à la peau noire vers la petite pièce mitoyenne en serrant le dossier de la blondinette au sourire immense sur sa poitrine. La porte se referma sur eux. La lumière blanche d’un ensemble torsadé de tubes à néon compensait l’obscurité de la salle aveugle. Le mobilier, plus utilitaire et confortable que clinquant, s’agençait avec la grâce d’un décor de théâtre. Karmikov s’assit avec délice dans un fauteuil moelleux, il soupira d’aise. Prulier tendit le dossier devant lui et menaça :

- Je demanderai à mon père de vous l’imposer !
- De la rébellion ? Ici aussi ? plaisanta Fédinch. Asseyez-vous, mon prince, nous avons bien plus urgent à discuter que du pedigree d’une maîtresse, fit-il avec ironie.

Le dauphin du trône contre-attaquait lorsqu’il changea de physionomie. Les mots de général portaient.

- Que dites-vous ?
- Mon prince, ce professeur dont je n’ai cure n’est qu’un prétexte pour vous attirer à l’abri des oreilles et des yeux curieux. Endroits que je sais ô combien rares, je vous le certifie.

Prulier en tomba des nues. Ses oreilles bourdonnaient, il n’avait jamais commis de crimes, de quoi lui parlerait cet homme. Les problèmes du Ladish et du Dictat n’occupaient jamais son esprit, trop focalisé sur les études et les sciences. Malgré tout, il percevait dans le comportement de certains universitaires et camarades une tension inhabituelle. Quelques-uns s’étaient présentés pour lui faire des adieux, pathétiques, embarrassés ou enchantés, d’autres disparaissaient du jour au lendemain. Quelque chose frissonna tout au fond de son cœur, la peur que les affaires d’état ne le talonnent, le figea. Prulier reprit contenance, posa le dossier sur une table basse à la simplicité désarmante et s’assit, rigide.

- Je vous écoute, général.
- Vous n’ignorez pas que le Dictat subit une crise sans précédent. J’irais même jusqu’à la révolte des colonies et une guerre civile. Le déclencheur de ces affrontements et des morts qui en découlent vous touche de près, je crois.

Le dauphin Carieda réfléchit un instant avant de répondre :

- L’attaque du temple Bourtiste ?
- La proie était simple à trouver partout dans le Dictat. Et je crains que peu de monde ait cru la désinformation de l’holonet. Dans cette affaire, votre père, le Ladish, mal conseillé par des sources extérieures encore non identifiées, a gagné la vindicte populaire.
- Vous sous-entendez qu’il a massacré des contemplatifs, les médiateurs du Dictat, le ciment de l’équilibre politique de son empire ?
- Quelqu’un de mal attentionné l’a manipulé pour qu’il réagisse sans écouter la voix de la raison. Le Dictat a besoin d’une figure de proue, d’un emblème qui réconcilierait le peuple avec l’administration, un homme intègre, calme et sécurisant.

Prulier leva une main pour l’arrêter, péremptoire :

- Vous vous trompez de fils ! Je ne ressemble pas tant que cela à mon jumeau.

Karmikov ricana avec méchanceté :

- Détrompez-vous ! Bien que vos caractères soient à l’opposé. Je lui ai fait comprendre qu’il n’arriverait à rien sans votre présence à ses côtés…
- Je refuse les charges de l’état !
- Sans vous, le Dictat s’écroulera, le peuple se révoltera et comme je le vois venir, toute votre famille finira sur un gibet ou au fond des mines d’une planète insalubre. J’ai la preuve que tout cela a été organisé contre votre père. J’ignore l’identité de celui qui tire les ficelles, mais il gagnera un joli sac d’embrouilles à moins d’être particulièrement retors et de jouir de l’appui des masses.
- Me proposez-vous un parricide pour reprendre la main ?
- Si vous n’aidez pas votre frère, vos études se termineront avant que vous n’approchiez votre prochain anniversaire.

Quelque chose titilla l’intellect de Prulier, comme une sensation, une idée lumineuse. Il poursuivit la discussion :

- La situation est-elle aussi périlleuse ? Expliquez-moi exactement de quoi il retourne ?

Les oreilles captèrent les sons qui franchissaient la barrière blanche des dents sur le fond noir des lèvres gonflés. Le cerveau enregistra les informations que lui donnait le général, mais bien plus encore, il percevait la duperie derrière chaque parole et établissait sans peine le profil de l’homme à l’origine de cette guerre. Si Prulier se lançait dans cette histoire aux côtés de son frère pour servir de bouclier à la mégalomanie d’un général bras droit de son père, il ne se le pardonnerait jamais. Si le dauphin restait reclus au sein de l’environnement protégé de l’université, il s’évanouirait au fond d’une ruelle sombre des bas quartiers de Coruscant. Chaque médaille possède ces deux facettes : lumière éblouissante ou obscurité indéchiffrable. Prulier ne tiendrait pas encore très longtemps l’équilibre sur la tranche.

Ses yeux tombèrent sur ce sourire, ce visage emprunt de douceur en première page de ce dossier. Prulier prit sa décision dans l’instant en donnant le change au général Karmikov sans dévoiler ses convictions intimes. Enfin, il l’espérait, ce militaire avait plus d’un tour dans son sac malgré la manière intransigeante avec laquelle le traitait le Ladish.





Bonne lecture aux courageux... la prochaine scène, lorsqu'elle sera prête.
Modifié en dernier par AJ Crime le Sam 27 Nov 2010 - 23:13, modifié 1 fois.
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Messagepar Darkliser » Ven 12 Nov 2010 - 13:07   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Je lirais ça dès que possible !!
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Messagepar Dark Sheep » Ven 12 Nov 2010 - 13:37   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

C'est sympa de retrouver les intrigues politiques de ton histoire.
À l'époque où j'avais lu ton histoire, tout était en ligne jusque là, je n'avais donc pas besoin d'attendre pour lire la suite... mais là, si :pfff:
Maintenant que tu es de nouveau dans le fil de l'écriture, j'espère qu'on aura droit à une suite assez vite !
:D

En tout cas c'est toujours aussi intéressant cette vision que tu donnes des temps anciens de la galaxie.
Mouton déjanté scénariste et chorégraphe...

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Messagepar AJ Crime » Dim 14 Nov 2010 - 13:15   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Merci pour ta lecture Dark Sheep.... le flux de scènes devraient être un peu plus soutenu... je compte finir avant d'attaquer autre chose.

En revanche, une petite erreur s'est glissée dans ce dernier morceau... Le prénom de Karmikov n'est pas Proéa, c'est le prénom de Motilier, le général commandant les corps expéditionnaires du Dictat. Par très grave, je ferai une mise à jour du post lorsque j'aurai eu quelques fautes à corriger.
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Messagepar Den » Dim 14 Nov 2010 - 16:41   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Voilà! J'ai enfin trouvé une minute pour lire ta fic!
Je dois dire que j'ai eu moins de mal que je ne le pensais à me remettre dans le bain! Je me suis tout de suite retrouvé en terrain connu avec mes personnages préférés! Une bonne chose donc! Après tout, ça veut dire que ton histoire m'a marqué et que tes personnages m'ont intéressé! :)
C'est donc un chapitre très plaisant avec tous les ingrédients qui m'ont plu lors de ma lecture! Tu arrives à peindre le passé de SW avec brio!
J'ai vraiment hâte de découvrir la suite! :)
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Messagepar AJ Crime » Dim 14 Nov 2010 - 17:56   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

merci Den.

La suite est en cours de rédaction, pas beaucoup écrit ce WE, je pensais en faire un peu plus mais la semaine prochaine sera tout entière... j'aurais donc un peu plus de temps pour écrire. Suivant la facilité que j'aurai à me remettre dans le bain... parce que pour moi l'arrêt a été trop prolongé pour pouvoir écrire la suite facilement... mais ça devrait allé mieux au fil de ma progression.

Et pis j'ai une Nouvelle pour le nouveau recueil numéro 5 à écrire en Décembre... Il ne faut pas oublier le recueil... Si tout le monde participe pour au moins un texte, ce sera une bonne chose.... [mode: et hop, une passe de main] Participez tous au recueil [/mode: et hop, une passe de main]
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Messagepar Darkliser » Dim 14 Nov 2010 - 22:48   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Voilà j'ai lu.

Je dois dire que ce qui me frappe le plus, c'est le voca utilisé. Il y a certains rares mots dont je suis obliger d'aller chercher le définition :lol: mais c'est pas ta faute, c'est moi qui suis pas assez instruit.

Cela dit, je ne me rappelle plus beaucoup de ta FF, en particulier du général karmikov mais ça me reviendra.
Bref j'ai quand même aimé cette partie même si je ne comprends pas tout à fait où veut en venir le général en remplaçant le ladish par ses deux fils ( genre lequel de des deux veut-il vraiment au pouvoir ?), enfin je verrais plus tard.

A plus pour la suite :) je t'attends sur mon topic dans quelques mois :cute:
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Messagepar AJ Crime » Lun 15 Nov 2010 - 0:24   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

C'est normal que tu sois un peu décroché Darkliser... je le suis moi-même... Si le vocabulaire te semble trop poussé, ce n'est pas de ta faute... c'est plutôt une erreur de ma part, il faut que cette FF reste du SW, je devrais faire plus attention pour la suite à revenir à un champ lexical moins poussé. J'essaierai de corriger le tire, après deux ans à avoir soigné ce même champ pour faire aboutir mon roman d'anticipation qui remporte quelque succès, je le concède, et ce n'est pas Den qui semble dire le contraire.

Le général Karmikov est le chef des renseignements du ladish et le souffre douleur du Dictat. Je pensais avoir fait ressentir qu'il aimerait bien s'accrocher à sa place malgré la situation épineuse dans laquelle les agissements inconsidérées du Ladish (extermination des Bourtistes) conduit le Dictat (une véritable implosion par la guerre civile et le soulèvement des colonies). Le temps entre la dernière scène et la nouvelle explique surement cela, et j'espère que ce défaut de compréhension en est bien à l'origine. Ainsi, s'il fait changer le Ladish par les héritiers en titre et qu'il redonne l'espoir à l'ensemble de la population, il conservera sa fonction d'intrigant et surtout, sauvera sa tête. Donc, si je n'ai pas été suffisamment précis, merci de me dire où, je pourrais peut-être apporter des modifications mineures, mais essentielles. Il souhaite donc que le pouvoir soit partagé par les deux frères.... le gant de fer de Morieda enveloppé par le velours de Prulier.

Cette scène est d'ailleurs l'un des maillons essentiel au déclenchement des évènements finaux et des préparatifs du second tome de la trilo.... Si j'arrive au bout avant que 10 ans ne s'écoulent, tout dépendra de la réponse des éditeurs à la lecture de mon sus cité roman d'anticipation.
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Messagepar Darkliser » Lun 15 Nov 2010 - 20:00   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Bon ça va, j'avais compris à peu prés cela au sujet de ce que veut le général mais je n'étais pas sûr.
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Messagepar Notsil » Mar 23 Nov 2010 - 18:04   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

J'ai bien aimé cette approche des deux frères :) Le fait est qu'ensemble, ils ne devraient effectivement pas si mal s'en tirer.
Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu de texte de toi, j'ai l'impression d'une belle amélioration dans la fluidité des phrases, tout s'enchaine joliment et tes mots sont bien choisis.

Quelques fautes qui trainent dans le tas, histoire de pinailler :

Il secoua la tête face à l’animation sur écran géant d’un groupe enlacé des membres d’espèces très diversifiées.

-> c'est peut-être moi, je verrais davantage "de membres d'espèces"

Avec un léger haut le cœur, Karmikov frappa à une porte damasquinée.

->haut-le-cœur (oui c'est du pinaillage ^^)

- Que puis-je pour vous général Karmikov ?

-> virgule avant général

Il faut que je m’entretienne avec votre maître Vestin 36.

->virgule avant Vestin

Proéa ne se paierait pas le luxe de revenir et il ne tenait pas non plus d’attendre dans un couloir sous surveillance.

->il me semble que ça serait plutôt "il ne tenait pas non plus à attendre"

Morieda Carieda entra par une autre entrée dans ce qui devait-être son bureau.

->tiret à supprimer entre devait et être

Lorsque vous serrez Ladish, mon prince, dit Proéa avec une mine affable.

->serez

Karmikov chercha un instant l’option optimale pour se défendre

->option optimale, ça m'a paru répétitif ^^ la meilleure option ? (certes plus classique)

Soit, il a plus d’avantage que d’inconvénients.

->avantages

Il reproche beaucoup de chose au Ladish votre père, mon prince ; pour ne pas comprendre où se trouve son avantage.

-> choses ; après j'ai pas vraiment compris ta phrase après le point virgule.

les petits yeux incolores et en amandes

-> après vérification, c'est "en amande" singulier.

Des baies de verre, de la silice fondue, perçaient avec régularité les murs épais et irréguliers.

-> je n'ai compris que par la suite que tu précisais silice fondue pour mettre en avant la vétusté du bâtiment, m'enfin techniquement ce n'est plus de la silice fondue puisque c'est dur. A base de silice, tout simplement ? Ou simple silice ? (c'est pas non plus 100% pure silice, mais bon là je m'égare, désolée ^^)

Proéa se savait arriver à destination.

->j'aurais plutôt dit "arrivé" vu que ton verbe semble avoir valeur d'adjectif (comme si tu avais dit "il se savait courageux").

l’holonet se fait l’écho de cette crise, jusqu’à ce que le Ladish muselle les journalistes.

->s'était fait l'écho

La situation n’est pas désespérée, c’est un cataclysme majeur et il emportera tout le Dictat dans la tourmente s’il enfle encore.

->hum, c'est un cataclysme majeur qui risque de provoquer la chute du Dictat... mais la situation n'est pas désespérée ? ^^ On dirait pas :p

deux coupes d’un liquide sombre agité d’une infinité de bulles aussi ténues qu’un atome.

-> jolie comparaison, m'enfin si on pinaille, les atomes n'étant pas visibles, les bulles non plus ?

et laissa les aromes se répandre sous son palais.

->arômes

Ils s’ajoutèrent au trois déjà posés sur le bureau verni aux massives sculptures rococo.

->aux

D’ailleurs, en voilà un que je ne préférerais pas vous voir fréquenter.

-> que je préférerais ne pas vous voir ?

laissez-là venir ici, elle possède le savoir que je désire acquérir.

->laissez-la

Elle vous mettrait le grappin dessus avant que vous vous en rendiez compte.

->avant que vous ne vous en rendiez ?

de la discussion que des rayonnages d’une bibliothèque ou que de ces tous récents répétiteurs holographiques froids et sans âme.

-> j'aurais bien vu "ou de ces tous récents" pour supprimer le "que"

Le déclencheur de ces affrontements et des morts qui en découlent vous touche de près je crois.

->j'aurais bien vu une virgule après "de près"

mais il gagnera un joli sac d’embrouille à moins d’être particulièrement retors et de jouir de l’appui des masses.

->embrouilles

Voilà pour ce passage qui nous remet dans l'ambiance conspiration, hâte de retrouver nos Bourtistes :)
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Messagepar AJ Crime » Sam 27 Nov 2010 - 23:04   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

merci de ta relecture attentive Notsil, je prends bien en compte les corrections que tu me proposes... juste

l’holonet se fait l’écho de cette crise, jusqu’à ce que le Ladish muselle les journalistes.

->s'était fait l'écho
c'est bien actuel, l'holonet se fait toujours l'écho des évènements en attendant que le Ladish fasse taire les journalistes, en revanche, en temps que scientifiques passionnés ils n'écoutent pas les infos.

deux coupes d’un liquide sombre agité d’une infinité de bulles aussi ténues qu’un atome.

-> jolie comparaison, m'enfin si on pinaille, les atomes n'étant pas visibles, les bulles non plus ?
certes, les atomes ne sont pas visibles à l'œil nu, mais leur agglomération en grand nombre forme de la matière tout ce qu'il y a de plus visible.

Et voilà, et pour vous remercier de vous plonger à nouveau dans cette FF longtemps abandonnée, voici la suite :



VIII



L’Émissaire Tremteth n’avait pas peiné à prendre contact avec les réseaux Bourtistes en place dans la capitale Thytonnienne. Ils accueillaient avec diligence tous les membres de la congrégation qui, répondant à l’appel passé depuis le temple de Coruscant, se posaient avec circonspection sur l’astroport. Un Maître coordonnait les efforts de deux professeurs et d’une demi-douzaine de Disciples Pawindés, trop peu en vérité, pour assurer les navettes vers le temple et la récupération des brebis égarés. Des espions et des troupes du Dictat quadrillaient la ville et attrapaient parfois un ou deux Bourtistes négligents. Ils disparaissaient sans laisser de traces. Le Maître Loowuy, un Besalisk têtu, prétendaient qu’ils étaient déportés vers Coruscant sans escales.

Très heureux de constater l’aide divine qu’apportait avec lui Tremteth, Loowuy bougonna en se torturant l’esprit afin d’assurer le convoyage d’un groupe aussi nombreux. Prem Ornik retrouva l’un de ses camarades de promotion et le Pawindé revint auprès de son maître avec des informations pour le moins déconcertantes. Une scission fracturait la congrégation et la nouvelle mouvance se faisait appeler Djay-Shla, l’énoncée de ce seul terme entérina définitivement les prévisions de Tremteth.

- Voilà qui précise la vision presciente que le Fluide m’avait donné sur Alderaan, fit le Maître, méditatif.
- Nous sommes déjà entrés en résistance militaire contre le Ladish ? demanda Prem.
- La congrégation, pas encore. Ceux qui se réclament des Djay-Shla assurément ! Je crois que nous avons déjà choisi notre camp en invitant le major Fran et ses hommes sur Tython.
- Oui, Maître, dit le Pawindé en s’inclinant. Je ne veux pas disparaître sous le joug d’un Ladish sanguinaire.
- Cela est tout en ton honneur ! Forçons Maître Loowuy à hâter notre départ. Je ne me sens pas à mon aise dans ces caves avec l’omniprésence des Dictats au-dessus de nos têtes.

Ils s’en allèrent quérir le chef du détachement du temple à Ternangoff.


*******



Starlec Walker déambulait entre les maisons trapues et déglinguées d’un quartier de basse extraction. L’instinct lui chuchotait de chercher ici plutôt qu’ailleurs, mal en prendrait à un Tythonien de tenter de le détrousser. Walker n’espérait que l’occasion de se défouler sur quelqu’un, il fulminait.

La description du vaisseau correspondait à merveille avec le casseur de blocus d’Alderaan. La Commandant Starlec avait aussitôt transmis un rapport pour rassurer la hiérarchie. Quelques heures plus tard, il avait reçu des admonestations déguisées en ordre. Si les Corelliens s’échappaient une nouvelle fois, Walker le paierait de sa carrière ou de sa vie.

Ses équipes arpentaient le terrain dans d’autres secteurs, toutes reliées par des communicateurs pour donner l’alerte. Walker ne désespérait pas de mettre la main sur les fugitifs, il mobilisait toutes ses forces dans la bataille. Il observait au travers des fenêtres lépreuses, jetait des regards aux rares badauds, s’imprégnaient de l’ambiance générale pour détecter la moindre fausse note. Walker aimait chasser à l’affût, mais lever la proie au coin d’une rue nourrirait sa fierté pour une bonne décennie. Encore fallait-il mener la mission à bien.

Le soleil violacé du crépuscule disparut dans les brumes de l’horizon. Tout là-bas, la forêt régnait sur un territoire insalubre où il aurait été mesquin de chercher les survivants du temple. Les pavés des ruelles étincelaient encore des averses de l’après-midi. Courir sur ce revêtement exposait à de douloureuses glissades, un agent prévenu en valait deux. La nuit recouvrirait bientôt la ville et la faune locale changerait au fil des heures. Des bandes désœuvrées augmenteraient la notion de danger mais l’obscurité serait propice à une sortie du groupe de Corelliens. Tous des sécessionnistes. Walker croiserait ses pas dans quelques heures et rien n’échapperait à son regard aiguisé. Ils se terraient non loin d’ici, il le sentait.

La Commandant Starlec s’impatienta jusqu’au milieu de cette même nuit. Il sursauta lorsque le communicateur vibra dans la poche droite de son blazer. Walker le sortit d’un geste vif et le décrocha, excédé. Le Lieutenant Mérenlic s’identifia avant de faire son exposé de la situation :

- J’ai pris en filature un groupe correspondant aux signalements. Ils marchent vers l’Est de la ville depuis les secteurs populaires. Ils sont une bonne douzaine, certains portent des armes et ils sont sur le qui-vive.

Starlec jura en silence, ils les avaient ratés.

- Reste à distance Mérenlic et ne les perds pas de vue ! ordonna-t-il. Que chacun lisent les coordonnés sur les communicateurs et fassent route vers un point d’interception en limite extérieure des quartiers des ambassades. Il nous faut être discret.

Les huit membres de son groupe accusèrent réception et convergèrent vers l’extérieur de Ternangoff. Walker rangea le communicateur et commença à courir pour rattraper les cibles. Ils s’en empareraient avant l’aube, tous ressentiraient une grande fatigue mais il était confiant dans les capacités de son unité.


*******



Un groupe conséquent de Bourtistes accompagnaient le Maître Tremteth, son Pawindé et le commando Corellien. Ils monteraient dans un véhicule à la sortie de la ville pour être déposé au bout d’une piste de jungle. La fin de l’épopée s’effectuerait à pied jusqu’au temple caché dans la forêt.

Pour le moment, ils remontaient des rues écrasés par la nuit humide de Ternangoff. Tremteth ressentit un tressaillement en lui et se tourna vers le major Fran. Sans montrer la moindre appréhension, le Bourtiste Nausorien déclara :

- Major ? Un certain nombre d’humains convergent vers nous et ne sont pas animés de bonnes intentions.
- Oui, Maître, osa Prem. J’en compte un peu moins de dix !

Le Maître se tourna vers son élève :

- Très bien Pawindé Ornik, ta liaison avec le Fluide se renforce, ils sont huit à ma dernière estimation.
- Ce sont des troupes du Dictat ! s’exclama l’un des Maîtres qui les escortait.

Brain Fran étendit ses mains devant lui et déclara, charismatique :

- Même les corps expéditionnaires nous tomberaient dessus en masse et sans prendre des gants. Non, ici, nous affrontons une section des renseignements, ça colle mieux à ce schéma d’attaque.
- C’est mieux ou pire ? demanda un jeune Pawindé.

Le major s’exprima d’une grimace :

- Nous avons l’avantage du nombre et la meilleure tactique serait de nous disperser.
- Impossible ! s’insurgea le Maître. Si nous courons, nous sortirons de la ville avant qu’ils nous rattrapent.
- Ils cherchent la discrétion et cela jouerait leur jeu, contra le major Corellien.
- Nous sommes piégés au centre de la nasse que ces pêcheurs ont déployé en notre honneur, constata Tremteth.

Brain secoua la tête.

- Marchons ! décida Farin Trote par-dessus l’épaule de son chef. Nous les affronterons lorsqu’ils montreront le bout de leur nez.
- D’accord, trancha Fran, que les Bourtistes capable de repérer les espions du Dictat se placent au près de chacun de mes hommes et les renseignent sur leurs vecteurs d’approche. Cela représentera un avantage inattendu.

Un petit Drall au pelage presque noir se faufila timidement au premier rang. Il se planta entre Tremteth et Fran.

- Excusez-moi, mais nous avons une autre option.
- Et laquelle Pawindé ? interrogea Tremteth.
- Si nous nous renforçons mutuellement, nous pourrions influencer les esprits faibles.

Le Maître Tremteth en resta bouche bée.

- Les lois Bourtistes…
- Elles ne s’appliquent pas dans ces conditions, si je puis me permettre, Maître. Certains d’entre nous rejoignent déjà l’ordre Djay-Shla. Sans blesser nos ennemis par une action directe, nous agirons pour qu’ils ne nous agressent pas. Les éléments les plus forts ne poseront pas de difficultés aux mercenaires qui vous accompagnent.
- Bien, fit Fran pour reprendre la direction des opérations. Constituez votre groupe d’influence au centre, les autres se répartiront tout autour, un mercenaire et un Bourtiste capable de le renseigner sur la position de l’ennemi.

Le groupe hétérogène se plaça au centre de la rue aux trottoirs éclairés par les lampadaires épargnés par la récente bataille qui avait ravagé une partie de la ville et rasé le temple. Ils se répartirent aussitôt par affinité dans un bel ensemble. Le major s’en satisfit, les quatre Bourtistes centraux étaient couverts des quatre points cardinaux par les paires. Le Maître Tremteth s’agita à côté de lui.

- Ils arrivent ! Deux derrière, un à droite, et un autre à gauche en retrait, le reste avance pour nous couper la route.

Une voix forte et jubilatoire émergea de l’obscurité depuis l’arrière :

- Traîtres au Dictat, au nom du seigneur Ladish Carieda VIII, vous êtes en état d’arrestation.
- En avant ! ordonna le Major Fran.

Le groupe accéléra au petit trot pour s’éloigner des poursuivants. Tremteth décryptait les flots de Fluide dans lesquels se propageaient les remous causés par ses utilisateurs. Tython concentrait depuis toujours des quantités faramineuses d’énergie brute et les Bourtistes ou Djay-Shla la captaient pour l’utiliser. Le Maître Nausorien sondait vers l’avant pour découvrir la position de quatre humains armés. Il disposait encore du recul nécessaire à l’analyse de la situation d’ensemble.

Tremteth sursauta lorsque les premiers coups de feu claquèrent, secs et menaçants, dans son dos. Les agents du Dictat les prenaient pour cible et un mercenaire s’effondra. Les autres répliquèrent. Ils ajustèrent leurs cibles isolées et cachées par la nuit à l’aide des informations données par les Bourtistes. Les deux espions sur leur arrière reculèrent pour se mettre à couvert devant la précision de la réplique, surpris, tétanisés, frôlés par les balles. Déboussolé par la poussée spirituelle d’une onde de fluide, celui de gauche tira en l’air avant de se coucher. Celui de droite se figea à découvert et essuya deux impacts qui le laissèrent pour mort. Abasourdi par la facilité de la manipulation mentale, Tremteth mêla son Fluide à celui du groupe central de Djay-Shla et désigna les cibles sur l’avant pour diriger l’onde. Deux s’évanouirent, un fit demi-tour, effrayé par le mirage d’une bête sauvage, le dernier montra une résistance hors norme à la poussée spirituelle.

- Deuxième rue à droite, fit Tremteth au major, dans le coin intérieur.

Fran leva son fusil, sprinta sur dix mètres pour poser un genou à terre avant de coller l’œil droit à l’œilleton. Une tête dépassa un quart de seconde avant que d’une pression rapide de l’indexe, il lui loge une balle dans le crâne. Tremteth frissonna devant tant de barbarie. Il avait tout ressenti par l’entremise du Fluide : l’agressive présence ennemie, l’adrénaline du major et sa détermination à tuer, la douleur de la victime, puis son trépas. Le Maître Bourtiste se déconnecta avec une fascination morbide alors que la honte d’avoir tué un humain lui retournait le cœur. Tremteth contrôla avec peine une violente nausée alors que des cris de victoire s’élevaient dans son dos. La route était encore longue avant d’arriver au temple et il bénéficierait de longues heures pour se plonger en contemplation. Il prierait pour le repos des âmes damnées et les victimes de cette nuit.


*******



Le Chevalier Djay-Shla Lou Osem creusa le gouffre de sa contemplation. Le Fluide le traversa comme un continent le fleuve gonflé par les pluies printanières. Nadidja lui manquait à plus d’un titre, l’angoisse du départ prochain secouait ses tripes et bien plus encore l’apparition imminente de ceux qu’il attendait. En tailleur sur une souche, il explorait les arcanes des choix pour prendre la meilleure route. Bien des doutes l’assaillaient, de grandes batailles se profilaient à son horizon. La guerre, inévitable, changerait l’ordre Djay-Shla, la congrégation Bourtiste et la face du Dictat pour les millénaires à venir. Lou donnait déjà l’exemple et les conseils nécessaires à ce que le travail d’aujourd’hui débouche dans un avenir lointain à un savant équilibre. Quitte à ce qu’ils disparaissent tous, gentils comme méchants afin qu’ils renaissent de leurs cendres à l’image du phœnix. Lou se rappela cette vision sur Corellia : ce jeune homme vu en deux endroits. Cet homme triste et contemplatif constituait le but ultime et unique du travail qu’il effectuait ici.

Trêve de rêveries, tout cela se déroulait dans un futur si lointain que Lou n’en connaissait pas l’époque avec certitude, des invités de marque allaient déboucher d’un sentier embourbé dans la forêt. Un soleil pâle perçait les brumes épaisses du petit matin. Le Chevalier Osem ne touchait plus la souche lorsque les nouveaux arrivants se manifestèrent. Il contacta Dimitril, les liens d’un parrain et d’un filleul indissociables, bien au-delà des liens du sang dont la filiation échappait à la majorité d’entre eux. Le Pawindé Trehom, choqué par la perte de son bras, s’occupait à merveille de l’intendance du temple où ils réunissaient tous les survivants Bourtistes et des « civils » aussi maintenant.

Lou ouvrit lentement les paupières avec un grand sourire peint sur les lèvres. Prompts, les mercenaires Corelliens se déployaient dans la vaste clairière ouverte autour des pyramides du temple. « La méfiance est une bonne conseillère lorsqu’il s’agit de préserver la vie » aurait-il pu citer le Maître fondateur. Les Bourtistes s’approchaient sans peur. Lou étendit les jambes et ses bottes neuves touchèrent la terre humide, il repensa au potager de Ternangoff, piétiné par les troupes Dictatoriales. Lou repéra le Maître Nausorien : Tremteth. Il émanait de lui une peine immense et un grand trouble qui se communiquaient au Fluide malgré le contrôle. Le Chevalier Osem écarta les bras, paumes vers le haut et déclama d’une voix emprunte d’une douce quiétude :

- Soyez les bienvenus chez vous !

Tremteth s’arrêta devant lui et, bien que de petite taille, lui donna l’accolade avant de lui présenter les mercenaires Corelliens.

- Vous êtes celui que l’on nomme « Chevalier » Lou Osem ? demanda le Nausorien.
- Oui, Maître. Permettez-moi de vous saluer !
- Non, vous représentez le seul espoir de la congrégation et les moyens de l’acquérir me révulsent.
- Maître ? se rebiffa le Pawindé à sa droite.

Lou leva une main apaisante :

- Vous êtes un Maître reconnu pour sa sagesse. Je compte sur vous pour nous indiquer le bon chemin et nous éviter les ornières. Vous êtes tous les bienvenus, se répéta Osem. Le voyage est long et épuisant depuis Ternangoff alors je vous prie de me suivre pour prendre une collation, profiter de nos installations spartiates et vous reposer avant de discuter plus avant de politique, tactique, théologie et actions de main.

Tremteth le regarda d’un air torve, sans réussir à masquer de l’admiration.

- Chevalier Djay-Shla ? Quelle idée ! fit le Nausorien. S’ils sont tous appelés à montrer autant de force et de détermination que vous, je veux bien croire que de grandes choses seront réalisées. J’espérais ne pas venir jusqu’ici au péril de nos vies pour rien, je constate de visu que votre réputation n’est pas usurpée.
- Si les paramilitaires l’acceptent, nous avons déjà une mission d’importance à leur confier et toutes ces choses à réaliser ici que seul des Bourtistes ont les capacités de faire. Ne nous attardons pas, vous disposerez aussi d’une place de choix dans nos salles de contemplation.

Lou se plaça à la hauteur du Maître Tremteth pour les guider vers la pyramide la plus proche, la mieux restaurée et entretenue. Ils les accueillirent à grands frais tout en les informant de la situation politique et des missions en cours avant de leur proposer le repos nécessaire à l’accomplissement de la prochaine journée.

Brain exprima sa déception lorsqu’il apprit qu’une grande partie des Bourtistes choisis pour le combat venaient tout juste de s’envoler pour Ragoon6. Peut-être aurait-il une solution à proposer après une bonne nuit de sommeil. Le Major se sentait fourbu de longues semaines fortes en émotions et en découvertes. Il entrevoyait les possibilités qu’octroyait le Fluide à ceux qui le possédaient. Fran avait proposé de contacter le Mouvement Révolutionnaire Anarchiste de Corellia pour disposer d’un vivier de combattants aguerris afin de transférer leurs expériences de maquisards aux Djay-Shla et de leur offrir son expertise tactique afin d’employer au mieux leurs capacités hors normes.


*******



Brain Fran n’aimait pas ce plan. Cet Osem arriverait à faire avaler des couleuvres à un Banthas sans même se donner la peine d’influencer son esprit. Récupérer l’Intrépide pour emmener une foule de Djay-shla, ce nom impossible à prononcer suffirait à plonger l’ordre dans la médiocrité, vers Ragoon6 parce qu’ils n’avaient pas pu embarquer dans la navette précédente provoquerait une catastrophe. Brain avait défendu que les troupes du Ladish les attendraient à Ternangoff de pied ferme et qu’ils ne passeraient pas sans casse. Osem et consort avaient argumenté qu’ils se devaient de disposer de Djay-Shla capables de se battre et que pour cela le Major Fran et son équipe rallieraient la planète choisie pour leur entraînement. Les Maîtres Bourtistes, appuyés par les Conciles, accepteraient quelques pertes pour conduire l’opération jusqu’au bout ; la congrégation comptaient déjà beaucoup de martyres.

Ce sont trente personnes au panachage de races effarant qui avaient traversé la forêt en sens inverse. L’Intrépide n’en emporteraient pas plus, heureusement qu’ils limitaient leurs bagages au strict nécessaire, à peine un baluchon chacun. Brain comptait sur les dons de ses passagers pour passer les gardes et sortir de l’atmosphère de Tython, il gérerait ensuite la navigation spatiale, son équipe n’en était pas à son premier blocus. Afin de traverser la ville sans se faire repérer, ou tout du moins sans risquer de perdre l’ensemble des futurs guerriers du Fluide, Brain les avaient scindés en petits éléments de trois à cinq individus.

Le major attendait, au plus profond de la nuit, que tout le groupe se rassemble non loin d’un entrepôt de l’astroport. À ses côtés, Le Pawindé Ornik l’abreuvait de comptes-rendus sur la position des autres éléments du dispositif et leurs déboires. Hormis un peu de retard causé par les nombreuses patrouilles, les Djay-Shla les ralliaient au travers de la ville endormie pendant que les Corelliens vérifiaient une dernière fois leurs armes et la quantité de munitions disponibles. Brain envoya Farin et Gertra en éclaireur, accompagnés d’un Djay-Shla rendant ainsi caduque l’usage des communicateurs aux fréquences radio indiscrètes.

En silence, Brain identifiait les Djay-Shla au fur et à mesure qu’ils ralliaient et les disposait au mieux hors de vue des rues principales. Le Pawindé Ornik s’agita auprès de lui et le major se tourna, interrogateur :

- Ils observent le vaisseau, fit le jeune homme de sous sa capuche relevée.

Brain comprit qu’il parlait des éclaireurs.

- Eh ? força-t-il.
- Il y a un peu moins d’une cinquantaine de gardes visibles aux abords l’Intrépide.
- Merde, jura le Corellien.

Ils ne disposaient pas d’une puissance de feu suffisante pour affronter autant de Dictats. Une idée lumineuse traversa sa conscience :

- Pourriez-vous influencer leurs esprits pour qu’ils ne nous perçoivent qu’au dernier moment ?
- Détourner l’attention d’une telle population ? se révolta le Pawindé. Je ne sais pas, avoua-t-il. Je vais demander aux maîtres qui nous accompagnent. Nous n’avons pas d’autres choix ?
- Non, bougonna le major Fran. Nous n’avons pas d’autres choix. Ou alors, nous faisons machine arrière malgré que le fondateur de votre nouvel ordre « compte sur nous pour renforcer vos frères sur Ragoon6 », cita-t-il.

À cette simple phrase, les yeux étincelèrent sous la capuche beige. Le Pawindé tourna les talons et s’avança vers les Maîtres cachés par une alcôve.


*******



Après avoir traversé l’avenue, déserte à cause du couvre-feu, qui les séparait de l’entrepôt, les Djay-Shla se rassemblèrent et se concertèrent en toute discrétion avant de se concentrer pour l’étape suivante du plan. Les mercenaires disposèrent des fusils dans leurs dos, levèrent les sécurités des pistolets à leurs hanches, une grenade dégoupillée dans chaque main. De puissants projecteurs inondaient le tarmac de lumière et ils avanceraient à découvert, trop loin pour que leurs armes soient efficaces, trop peu nombreux pour abattre toutes les cibles en une passe.

Un jeune Ithorien, tout juste Élève, leur donna le départ :

- Allez-y ! Nous ne les retiendrons pas très long temps et vous suivrons au plus près.
- En avant ! ordonna Brain en toute simplicité.

Ramassés sur eux-mêmes pour offrir des cibles plus petites, les Corelliens s’aventurèrent hors de l’abri de l’entrepôt. Pliés en deux, ils foncèrent vers les cordons de Dictats plus serrés de ce côté. Les hommes qui les constituaient, comme par magie, détournaient tous les yeux au moment où ils apparurent. Les mercenaires progressèrent à la limite de perdre le souffle, comme dans un rêve. Ils fonçaient tête baissé vers une troupe nombreuse hérissée de canons dont certains se levèrent avant de s’abaisser jusqu’à ce qu’un garde mis en joue dans un sursaut de surprise.

- Feu ! fit le major.

Aussitôt, les grenades quittèrent leurs mains pour se répartir sur l’avant et l’arrière de l’Intrépide deux passèrent par-dessus. Gertra envoya une prière à ses dieux pour que le blindage n’en soit pas égratigné, elle sentait déjà la moutarde lui monter au nez de tirer sur son vaisseau, la pilote le considérait ainsi, et bien plus encore. Les deux premiers mercenaires braquèrent leurs fusils et arrosèrent de munitions. Alors que les grenades explosaient dans un fracas abominable de fumées et d’éclat de métal, Brain déclencha l’ouverture sécurisée du sas. Il jeta un coup d’œil sur l’arrière pour voir les Djay-Shla se précipiter hors du hangar, terrorisés.

Ses deux premiers hommes s’arrêtèrent pour recharger et Brain se retrouva en lignard avec le reste de son équipe réduite à sa plus simple expression. Ils ouvrirent le feu à l’unisson sur les Dictats. Leurs ennemis n’en revenaient pas encore et dans une désorganisation flagrante de cris et d’ordres contraires tentèrent de répondre pour repousser le groupe. Des balles sifflèrent de droite et de gauche alors qu’ils se jetaient au contact comme des Kamikazes.

Ils dégainèrent les pistolets plus efficaces en combat rapproché. La rampe se posait à terre qu’ils se disposaient autour pour la sécuriser. La fumée des grenades se dissipait tout juste et les Dictats survivants se mettaient à couvert pour abattre quelques cibles. Le Major Fran grinça des dents, du terminal sortait des renforts. En ombre chinoise, derrière les verrières de l’étage de l’astroport, il distingua un grand humain en train de gesticuler. Brain se convainquit que c’était cet homme qui avait essayé de les arrêter quelques jours plus tôt lorsqu’ils quittèrent Ternangoff.

- Gertra ! aboya-t-il à la Drall. À l’intérieur !

Elle ne se le fit pas répéter et se précipita pour préparer le vaisseau à un départ immédiat. Les Djay-Shla courraient sur le tarmac et facilitaient le travail des Dictats. Des balles en contournaient certains et en fauchaient d’autres. Plusieurs corps remuaient sur le béton ou se traînaient déjà entre le vaisseau et le hangar.

- Tirs de couverture !

Les fusils reprirent du service. Ils se tairaient bientôt, en manque de munitions. Fran espérait qu’Ornik compterait parmi les vivants, il l’aimait bien ce petit. Des Bourtistes médusés, hébétés ou hargneux gravirent la passerelle dans une pagaille indescriptible au centre d’une tornade de feu. Pour la plus part, ils goûtaient pour la première fois aux affres du combat. Brain se rappela combien il avait sali son pantalon dans la même situation. Les renforts Dictats prenaient position à portée de tir.

- On ferme ! hurla le major.

Ils escaladèrent la rampe qui se refermait, des balles sifflèrent et ricochèrent. Les moteurs vrombirent et crachèrent des flammes et de la fumée, encore froids.

- Y en a qui vont avoir les moustaches grillées ! remarqua Farin Trote.

Son second se comprimait fermement le bras gauche trempé de sang. Ils en avaient réchappé.

- Ca va toi ?
- J’en ai vu d’autres…
- Fais-toi soigner, je n’ai pas besoin d’un blessé au post de pilotage. Les deux autres, aux tourelles !

Le vaisseau s’arracha brusquement du sol au point que la micro gravité ne compensa pas. Des Djay-Shla basculèrent cul par-dessus tête. Brain tomba sur le siège à côté de la pilote. Gertra avait les traits tirés par une grimace de dégoût. Pour une pacifiste, elle avait vendu chèrement sa peau, il la surveillerait à l’avenir, l’expérience du corps à corps l’avait traumatisé.

- Le contrôle nous somme de stopper les machines et nous menace de destruction.
- Pour être aussi catégorique, ils doivent avoir une corvette ou un destroyer en orbite. Je prends les commandes, calcule un vecteur sur un système inoccupé voisin et prépare le champ de protection sur l’avant. Je crois que cette fois-ci, tu auras l’occasion de jouer avec ce gadget.
- Ouaip ! fit la femelle sans sourire, sa bonne humeur coutumière perdue à jamais.

Fran espéra qu’elle surmonterait le cap. Il coupa la radio : des menaces y défilaient en boucle, sans intérêt, il ne les écoutait pas. Ils émergèrent dans l’espace, à quelques milliers de klics d’un destroyer de classe D3a massif et gris.

- Marine dictatoriale, ça nous laisse une petite chance !
- Tu croyais quoi ? demanda la Drall sans aucun respect.

Brain ne s’en offusqua pas. Ils traversaient tant d’épreuves côte à côte et il l’avait forcée à prendre les armes. Le vecteur passait non loin du destroyer, il accéléra à pleine vitesse.

- Un D4d des corps expéditionnaires ! Il nous aurait cloué sur place, champ protecteur ou pas.

Un temps interminable les rapprocha de la menace.

- Ils ouvrent le feu, fit une voix brisée derrière eux.
- Allume le bouclier !

Les tirs d’énergie s’y dissipèrent et la puissance baissa dans tout le vaisseau. L’inertie les propulserait pendant un bon moment avant qu’ils ne ralentissent. Gertra affina les réglages de l’Intrépide. Le Destroyer suspendit ses frappes, quelque chose ne tournaient pas rond, leurs servants de tourelle devaient affirmés avoir touché le petit vaisseau Corellien de plein fouet et les senseurs renvoyaient la trajectoire balistique d’une cible sensément détruite.

- Les boucliers tiendront trois salves ! affirma Gertra. Je n’affirmerai pas que les génératrices donneront encore du jus après cela.
- Ca suffira ! Nous passerons en hyperespace dès que nous nous éloignerons de la masse du Destroyer…

Le deuxième tir se dispersa dans l’espace. Les officiers tourelles ramassaient les remontrances de leur hiérarchie ; le major sourit aux souvenirs d’un passé au service du Dictat. L’Intrépide passait sous la proue du navire géant et celui-ci pivotait avec lourdeur pour diriger son flanc, ses sabords et sa puissance de feu vers le moucheron qui le narguait. Les boucliers encaissèrent deux coups directs et toutes les lumières s’éteignirent. Les moteurs mugissaient toujours mais les passagers se lamentèrent, fie de la contemplation Bourtiste. L’éclairage revint pour révéler la main du major posée sur la poignée de l’hyper propulsion.

- Elle fonctionne ? questionna-t-il.
- Optimale ! répondit la Drall laconique, enfin de retour dans son environnement.
- Cinq, quatre, trois, deux, un…

Le vaisseau fut ébranlé au pire moment. Ils basculèrent tout de même dans l’autre monde, celui de la lumière. Un corps s’effondra dans le fauteuil de Farin Trote.

- Et moi qui rêvais de devenir pilote ! Le Chevalier Osem m’a affirmé qu’ils formaient des Djay-Shla dans cette optique.
- C’est un sacerdoce, petit, fit le Major Fran étonné de voir là le Pawindé Ornik. Parles-en à Gertra, elle te montrera quelques astuces. – Brain ne s’occupa pas des bougonnements sur sa gauche. – Dis-moi, c’est toi qui as deviné l’ouverture du feu avant les senseurs ?
- Quand le gros vaisseau a tiré ? Oui, pourquoi ?

Brain se détournait déjà sans se préoccuper plus du Pawindé.

- Gertra, nous nous arrêterons pour inspecter la coque dans le système que tu as choisi. Ils ont eu tout le temps nécessaire pour nous truffer de mouchards. Nous contacterons aussi Corellia pour rassurer le MRAC sur notre survie et qu’ils nous envoient des instructeurs sur Ragoon6, le Major marqua juste une inspiration avant de continuer. Tu nous as juste sauvé la vie, petit !



Voilà et pour info, je m'en vais de ce pas faire une mise à jour du chapitre précédent après de grosses modifications dont le prénom de Karmikov qui n'est pas Proéa (c'est celui du général Motillier) mais Fédinch, inventé pour l'occasion.
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Messagepar Den » Lun 29 Nov 2010 - 17:24   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Et voilà, et pour vous remercier de vous plonger à nouveau dans cette FF longtemps abandonnée, voici la suite :
Merci à toi pour nous proposer une fic si intéressante!

Voilà donc que l'histoire se poursuit avec toujours autant de plaisir!
J'ai beaucoup aimé l'intervention du petit Drall. Cette fameuse scène où il propose à ses Maîtres d'utiliser la Force pour influencer les esprits faibles!
Mais, ce que j'ai préféré, c'est la partie nous proposant de suivre Lou! Je l'ai trouvée tellement bien écrite et si poétique... Un vrai plaisir! Cette phrase m'a soufflé
Le Chevalier Djay-Shla Lou Osem creusa le gouffre de sa contemplation. Le Fluide le traversa comme un continent le fleuve gonflé par les pluies printanières.
Un régale!

Bonne continuation l'ami! :)
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Messagepar Dark Sheep » Mar 30 Nov 2010 - 18:36   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Les héros sont toujours sous la menace du Dictat, et on avance vers les premiers faits important des futurs jedi...
Personnellement je suis toujours ton histoire avec intérêt mais je crois que je vais devoir me replonger dans les passages précédents parce que la pause m'a légèrement perdu. Le début de l'aventure me paraît lointain :x
Je vais devoir faire un survol pour re-situer certains événements importants.

J'ai hâte de découvrir les premiers affrontements que livreront les disciples Djay-Shla après leur formation guerrière... et la chute de certains vers le côté "visqueux du Fluide" :wink:

On compte sur toi pour une suite prochainement :oui:
Mouton déjanté scénariste et chorégraphe...

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Messagepar AJ Crime » Sam 04 Déc 2010 - 13:42   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Ravi que l'histoire vous plaise ou vous ravisse suivant les passages. J'écris plus lentement aujourd'hui qu'avant mais j'y apporte plus de soin... merci pour vos commentaires et vos lectures qui me confortent et m'encourage à écrire et pour vous voici une petite suite.... j'avais une nouvelle à finir, ce morceau est un peu court mais le prochain sera beaucoup plus long et me durera peut-être plus d'une semaine :



IX




Le commandant Starlec, figé, ravalait la colère que lui inspirait la scène de pandémonium offerte par le tarmac de Ternangoff. Des ambulances ajoutaient à la désorganisation. Ces maudits Bourtistes réalisaient l’impossible, l’espace les avait avalés et le Destroyer Vengeur ne s’en était pas mieux tiré que lui. Walker s’interrogea : attendre la convocation pour Coruscant et un destin funeste ? S’y rendre de lui-même et ajouter l’insubordination aux chefs d’accusation ? ou disparaître dans la forêt comme l’ennemi au risque de se faire dépecer vivant ? Fidèle, il attendrait les ordres et écrirait un rapport détaillé et objectif des événements. Cela seul le sauverait peut-être du peloton d’exécution.


*******



Le Ladish dégustait un vin liquoreux, installé dans le confort d’un boudoir secret. Il se détendait avant les discussions houleuses qui ponctueraient ses décisions de monarque. Dans une pièce attenante, les laquais de Carieda VIII réunissaient un véritable conseil de guerre. Lutter contre l’effondrement brutal de tout un pan du Dictat nécessitait d’assembler entre ses mains les informations et les cerveaux de son administration. Des dents grinceraient, il jugulerait cette crise quitte à pressurer les populations de colons pour servir la grandeur Coruscanti.

Le Ladish se leva, engoncé dans un uniforme pourtant déjà repris maintes fois par les couturiers. Les médailles s’entrechoquèrent sur sa poitrine avec un doux tintement. Cette tenue correspondait mieux aux conseillers réunis pour ce conseil de guerre. Il sortit par le fond de la pièce et s’enferma dans un petit couloir sombre. Carieda VIII peignit sur ses traits un sourire royal avant de poser la main droite sur le mécanisme d’ouverture à l’autre extrémité. D’une simple pression, le battant s’escamota et les chuchotements ainsi révélés s’estompèrent jusqu’à disparaître. Sa silhouette massive apparaissait en demi-ombre et tous les militaires autour de la table se levèrent. Le Ladish s’avança en pleine lumière pour recevoir les saluts respectueux.

En silence, Carieda VIII contourna la tablée pour se placer en bout, les généraux Karmikov à droite et Motillier à gauche. Un laquais tira son fauteuil pour qu’il prît place. Une fois bien installé, le Ladish posa les avant-bras devant lui et fit un geste. D’un seul mouvement, la junte s’assit et tous les visages se levèrent dans l’expectative. Carieda ouvrit la séance :

- Général Motillier, nous nous ravissons de voir que vous avez traversé l’espace pour vous joindre à nous. Votre rapport sur la situation dans les colonies est des plus pessimistes. Je compte sur les corps expéditionnaires dont les troupes sont essentiellement composées de Coruscant pour mettre bon ordre à la sédition qui agite les colonies.

Proéa s’inclina :

- Je ne pouvais manquer ce conseil de guerre et vous offrir en main propre la primeur de la situation épineuse du système Corellien et d’Alderaan.
- Et vous faire allouer une enveloppe conséquente, regimba un administratif.

Tous le fixèrent comme un pestiféré.

- Oui, général Frozten, admit Motillier. Je vous rappelle que nous sommes en guerre. Remplacer les équipages mutinés m’obligera à quémander auprès de vos services des ouvertures de lignes de fond pour lever de nouveaux soldats. Loin de moi l’idée de plonger le Dictat dans la faillite mais ma mission est de protéger au mieux les intérêts du Ladish et je ne réussirai pas à obéir à ses ordres sans une nouvelle enveloppe budgétaire.
- Cela va de soi, se rattrapa Frozten.

Le Ladish s’adressa à Karmikov :

- Nous avons reçu nombres de rapports décrivant les facéties des Bourtistes lors d’affrontement avec des soldats entraînés et bien armés. Nous nous demandons si nous sommes en mesure de les vaincre.
Fédinch attendait la question et délivra une réponse toute prête :

- Les Bourtistes survivants sont encore désorganisés. Malgré tout, des mercenaires Corelliens du Mouvement Révolutionnaire Anarchiste ont été aperçus sur Tython en compagnie de très nombreux membres de la congrégation. Mes services les ont détectés lors de leur arrivée et ont tenté de les intercepter à leur départ avec l’appui de commandos et de la marine Dictatoriale. Nous exploitons les relevés des senseurs du Vengeur. Le vaisseau Corellien a utilisé une nouvelle technologie, une sorte de bouclier magnétique, ce qui expliquerait en partie les revendications technico-commerciales du secteur Corellien. Pour finir, je renforcerais l’argumentaire du Général Motillier : il nous faut réunir une importante force de frappe pour mettre un point final à la sécession Corellienne. Je propose également de raser Tython, ses forêts sont une base de repli à grande échelle pour les Bourtistes.

Karmikov se félicita des conclusions de ce briefing. Elles brossaient Motillier dans le sens du poil et Proéa s’imposait comme l’un des amis de longue date du Ladish doublé du poids politique considérable de chef des corps expéditionnaires. Les yeux de Carieda VIII brillaient entre les bourrelets de peau :

- Voilà qui est parlé, général ! Motillier, après avoir récupéré votre Destroyer en orbite autour d’Alderaan, vous emmènerez toutes nos forces disponibles dans le secteur Corellien, nous nous engageons à mobiliser une importante relève. Vous materez le MRAC pour ensuite vous rendre avec autant de corps expéditionnaires que nécessaire vers Tython. Il me semble que vous connaissez le chemin, général ?
- Oui, votre majesté !

Personne ne remarqua l’extrême nervosité de Proéa. Ils buvaient les paroles de leur chef, certains qu’il réglait la sortie de crise sur du papier à musique.

- Vous y finirez le travail ! ordonna le Ladish. Laissons l’holonet faire des choux gras de notre action sur Corellia pour détourner l’attention. Les Bourtistes se sont rassemblés au seul endroit où nous ne les aurions pas cherchés, la chance vient de tourner et ils ravaleront leur maudit Fluide. Karmikov, non pas que vos hommes ne me gênassent, mais vous feriez bien de leur ordonner de quitter Ternangoff quelques heures avant l’assaut.

Carieda aimait ces joutes préparatoires à des combats de grande envergure. Il n’avait connu qu’à une seule reprise cette montée d’adrénaline depuis le début de son règne. Il lisait sur les visages levés la certitude de la victoire. Seul Motillier semblait imperméable à la liesse bien que cela ne le surprît pas, le vieux pilote de chasse en avait vu d’autre.

Le Ladish voguait à cent millions de klics des inquiétudes du général commandant les corps expéditionnaires. Commettre un nouveau crime de masse sans combattre révulsait l’estomac de Proéa. Prendre sa retraite après la crise le titillait depuis quelques semaines, des mois, en fait après le massacre orchestré du temple de Tython. De la bile irrita son œsophage. Il attendrait la fin des palabres d’ordre administratif pour rendre son déjeuner.


*******




De manière empirique, Prulier bidouillait sa maquette pour qu’elle produise les résultats attendus. Enfin, le Dauphin ajustait finement les réglages de divers composants pour que les impulsions laser correspondent à ses calculs. Satisfait, le jeune homme maigre redescendit les énormes lunettes fumées sur ses yeux avant de remettre le tout en tension. Des relais de puissance grésillèrent et des pinceaux fins comme des cheveux de grande intensité lumineuse s’envolèrent instantanément vers une cible de duracier. Elle noircissait et fumait entre les impacts. Prulier se pencha sur son générateur d’impulsions, il renifla les composants surchauffés avant d’appuyer sur un interrupteur. La machine s’éteignit dans une longue plainte qui s’étagea des aigus jusqu’au grave. Prulier jura.

- En voilà un langage pour un prince ! remarqua une voix inconnue dans son dos.

Il se retourna dans un sursaut. La voix ne lui laissa pas le temps de se reprendre :

- C’est puissant votre affaire ?

Prulier s’apprêtait à gronder sévèrement la visiteuse mais constata trop tard qu’elle portait les lunettes de protection plaquées contre son visage d’une main. Il ne reconnaissait pas cette femme et une pointe d’inquiétude le contraignit au silence. Depuis les révélations de Karmikov, le sommeil le fuyait et il imaginait des scénarios étranges où son père enflammait l’univers connu, où son frère prenait le pouvoir par la force…

- Excusez-moi de vous déranger, votre Altesse, se reprit-elle avec un ton plus respectueux. Le recteur Grimm m’a dit que je vous trouverais ici et j’aimerais me présenter à vous. Les lunettes sont-elles encore nécessaires ?
- Non, répondit-il sans exécuter le geste d’enlever les siennes.

Prulier devina un sourire coquin. Grande, habillé d’un tailleur gris très professoral bien qu’un peu court et étriqué, des cheveux blonds, qu’il jugea décolorés, balayaient ses épaules. Elle possédait des membres aux courbes travaillées par la pratique du sport…

- Non ? reprit-elle pour interrompre son examen minutieux. Vous refusez que je me présente à vous !

Prulier arracha la paire de lunette protectrice :

- Je voulais dire, – Elle le déstabilisait sciemment. – les lunettes sont inutiles. Et qui êtes… ?

La question se dissolvait d’elle-même. Prulier identifierait ces yeux magnifiques entre mille. Un magnétisme moqueur s’en échappait. Ils étaient bien plus beaux que sur la photographie et le reflet d’une âme ouverte, à l’intelligence acérée. La langue ne semblait pas en reste. Elle se permit une révérence simple.

- Votre altesse, je suis Latitce Sorkan, docteur en sociologie, théologie, histoire et politique. Je viens vous entretenir de mes connaissances et vous servir de précepteur bien que je ne doute pas que vous n’ayez plus besoin de précepteur à votre âge.

Prulier émit un petit rire timide :

- Je crois que nous nécessitons tous de s’attribuer tout au long de notre vie des précepteurs afin d’apprendre sur des sujets que nous n’aurions pas la sensibilité nécessaire pour aborder seul.
- Des philosophes vous envieraient de penser ainsi.
- Je ne sors jamais de l’université. – Prulier agita une main en direction de ses lasers. – Ils me prennent trop de temps et condenser de l’énergie cohérente en impulsion courte pour mettre au point des lasers pulsés… Ce n’est pas grave, s’excusa-t-il de la digression. Sans votre présence, jamais je ne connaîtrais les sujets dont vous vous ferez la porte-parole. J’ai besoin de profiter de votre expérience pour connaître les peuples, les planètes et les gens du Dictat de mon père sans avoir à m’y déplacer par moi-même.
- Ah, fit-elle mutine. Je dois remplacer l’holonet en quelque sorte. Je me demandais ce que je pouvais bien venir faire ici.

Une gêne sans borne étreignit le cœur de Prulier ; une femme ne pardonnerait pas un tel manque de tact. Il rougit avant de s’apercevoir qu’elle se moquait de lui. Quel toupet tout de même, et quel aplomb pour une aussi jeune personne, se comporter ainsi avec l’un des prétendants direct au titre de Ladish. Prulier réalisa qu’il ne supporterait pas que Latitce se braque contre lui. Saurait-il se faire aimer d’elle ? Avec une patience d’ange, la jeune femme épiait ses réactions dans l’attente d’une réponse tardive.

- Non, non, non, ne vous trompez pas sur mes intentions, se défendit-il. Je ne souhaite pas que vous me cloisonniez dans une bibliothèque, mais plutôt que vous soyez un puits de connaissance dans lequel piocher au cours de dialogues.

Un rire doux et cristallin s’échappa de la magnifique gorge mise en valeur par le décolleter d’un chemisier couleur pêche.

- Votre Altesse s’exprime trop souvent par des négations. Je pense que je commencerai par faire de vous un homme plus affirmé et sûr de lui en société avant de vous dispenser un enseignement de base.
- Vous ne réussirez pas….
- Tututu, coupa-t-elle en agitant l’indexe, vous direz plutôt : « Prouvez-moi le contraire, magnifique créature ! ».

Et Prulier, de répéter, éberlué :

- Prouvez-moi le contraire, magnifique créature…

Il se tut gêné. Cette Sorkan le tenait déjà en son pouvoir alors qu’ils ne se connaissaient pas.

- Je ne vais pas m’en priver ! s’exclama-t-elle.

Latitce rit à gorge déployée et l’entraîna dans la bonne humeur du moment. Elle jugeait le prince adorable de simplicité et au caractère facile. Cette mission serait agréable. Latitce, en questionnant le prince sur les lasers, sondait le Fluide autour d’eux et s’étonnait de ce qu’elle y lisait. Si Prulier n’avait pas été le fils du Ladish, il aurait mérité de commencer une formation Bourtiste avant sa cinquième année. Une démarche courante dans la noblesse consistait à confier deux ou trois ans les enfants sensibles au Fluide à un temple. Ainsi, sans être des Bourtistes à part entière, ils bénéficiaient d’un vernis pour qu’ils se développent harmonieusement en accord avec leur nature profonde. Prulier Carieda était d’une toute autre trempe.




en espérant que vous ayez fait bonne lecture.
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Messagepar Dark Sheep » Mar 07 Déc 2010 - 11:29   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Bon, alors un conseil de guerre et la rencontre entre le Dauphin et son précepteur... qui est une préceptrice donc, et c'est non négligeable :wink:

Cet héritier du Ladish est intéressant, on le sait depuis un moment, et j'espère que tu vas bientôt faire évoluer la situation autour de lui. Il fait joujou avec des lasers et est sensible au Fluide... en gros, il a tout pour écrire une page importante de l'Ordre :siffle:

Ce petit chapitre préparatoire était intéressant de par les événements qu'il annonce, donc il n'y a plus qu'à attendre que tu postes la suite (que tu l'écrives... )
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Messagepar Den » Mer 08 Déc 2010 - 16:05   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Waho Waho Waho!
Je suis toujours aussi enthousiasmé par la suite de ton histoire!

Le Ladish est décidément bien intéressant (tu sais comme j'aime ce mot? :whistle: ). Je suis d'accord avec Dark Sheep, à mon avis, il risque de devenir l'un des personnages les plus important pour la suite de ton histoire!. Personnellement, je l'aime bien! :)

J'ai particulièrement aime la dernière partie de ton chapitre. Les dialogues sont bien tournés, je trouve!
J'ajouterai même que, globalement, les dialogues de ta fic sonnent bien plus vrai que les dialogues de certains bouquins SW officiels (bon sang, ce que j'ai été déçu par "fureur" :cry: )

Une fois de plus, j'ai l'impression que la suite va être géniale!

Bonne continuation! :wink:
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Messagepar AJ Crime » Sam 11 Déc 2010 - 13:45   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Salut,

merci pour vos lectures, pas de chapitre cette semaine pour cause de recherche pour le recueil5 plutôt négatives pour l'instant, et de grosse flemme dans le froid de la picardie, ainsi que du je ne sais pas encore comment attaquer le chapitre suivant dont la représentation mentale est encore un peu nébuleuse dans ma tête.

Au vu de la voix que vous prenez dans vos réflexions, je crois que vous serez en partie surpris (agréablement, je l'espère) par l'avenir de cette FF. Va falloir patienter un peu pour cause de "nouvelle" et de relecture de FF (mémoire de Darth Piejs en version relue et corrigée). Mais je vais sortir de l'ornière de mon prochain chapitre scène, c'est promis.
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Messagepar Notsil » Ven 07 Jan 2011 - 14:11   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

J'adore toujours autant, le développement de ces futurs Jedi est bien traité, on voit comment ils évolueront petit à petit vers les Jedi que nous connaissons :)

Les intrigues politiques continuent leur train, j'espère que tu nous trouveras bientôt un peu de temps pour la suite :)
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Messagepar AJ Crime » Sam 08 Jan 2011 - 19:08   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Euhhhhh, ah oui, du temps.... j'avais un peu oublié ce que c'est que cette chose là.... mais j'ai pris le mien pour regarder quelques films plus ou moins bon et des séries bonnes ou débiles.... donc, je devrais retrouver mes pages blanches sous peu. L'avantage avec le premier jedi, c'est que je sors de l'UE que je ne maîtrise pas assez... alors je réussis à faire illusion avec un simple roman d'anticipation fiction... sur SW.
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Messagepar AJ Crime » Sam 28 Jan 2012 - 11:26   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Beaucoup de travail littéraire depuis 1 an pour vous proposer enfin une version réécrite du premier chapitre... un gros morceau et je remercie au passage tous mes bétalecteurs les plus fidèles pour leurs innombrables propositions de correction et de leur fidélité à me lire et relire lorsque cela était nécessaire... merci donc à Notsil, Minos et Den pour les principaux. En espérant que le résultat ne soit pas trop décevant. Hormis des corrections mineures de coquilles restantes, y en a toujours, je ne pense pas faire une relecture de ce chapitre de si tôt...


Place à l'histoire :


Prologue


Il y avait bien longtemps, dans une galaxie déjà très lointaine, l’univers connu se limitait à une poignée de systèmes habitables alors que des procédés avant-gardistes tentaient d’en viabiliser d’autres. Un saut technologique sans précédent autorisa la navigation hyperspatiale et une expansion sans contrainte débuta. De systèmes longtemps isolés revinrent des colons riches d’idéologies libertaires et d’amertume contre le régime totalitaire central. Ainsi, toutes les décennies, quelques planètes s’ajoutaient à ce que l’on commençait à appeler le Noyau Profond. Après Alderaan, Corellia, Belgaroth, Bilbringi ou Shili un flot de nouveaux mondes apportait son lot de philosophies extrahumaines, d’avancées technologiques, de rêves d’indépendances et d’envies révolutionnaires. Tout devenait possible. Accompagné de ses mondes satellites, le pouvoir despotique de Coruscant résistait à des flux continus d’opposition.

Malgré une armée omniprésente et suréquipée, des alliances se nouaient dans l’espace où, pour ajouter à la confusion, les contrebandiers et pirates pullulaient. Des consortiums toujours plus nombreux tiraient parti de l’incapacité du noyau central à tout régenter. Les crédits se chiffraient en millions et ces cartels ne comptaient pas lâcher leurs juteuses affaires illégales.

La Force y existait depuis longtemps mais oubliée dans les méandres de l’histoire rakata, sa perception n’effleurait que la surface de ses potentialités. Toutes les formes de vie, dans l’ignorance, baignaient dans son fluide, l’utilisant comme une béquille naturelle. Le cours des événements allait perturber une bulle de connaissance qui exploserait pour transformer à jamais les annales galactiques.

Isolés de l’agitation permanente des mondes connus du Noyau, un groupe religieux de contemplatifs, en harmonie avec l’environnement, explorait ce Fluide de leurs dogmes. Appelés à servir de conseillers éclairés et de diplomates aux gants de velours par les pontes galactiques, certains d’entre eux furent aspirés par la spirale des complots politiques.

Depuis la nuit des temps, le couperet retombe sur le messager, et ce lieu commun constituera le premier maillon d’une suite d’événements qui déclencheront le jeu d’incontrôlables forces immatures.













Primus Locus :

Une existence à reconstruire





I


Des larmes inondaient un visage aux traits harmonieux, la pluie les diluait sur des joues rebondies en martelant une peau laiteuse et soignée. Abattu par le chagrin, un adolescent barbotait à plat ventre dans la boue. Une robe de bure beige vêtait des membres aux muscles secs ballottés de sanglots lents. Un maelström de douleurs lui déchirait l’âme et le bousculait sans délicatesse vers l’âge adulte. Oublieux des règles de vie imposées par la congrégation, le garçon ne maîtrisait plus ses émotions où colère et frustration se partageaient la vedette. Sali, amer, secoué de spasmes, il avalait à chaque inspiration un peu de la terre au goût ferreux du potager ; il ignorait exactement où la peine l’avait fauché, il ne reconnaissait plus rien de son environnement familier.

Lorsqu’il entrouvrait les paupières, le jeune Disciple apercevait la silhouette d’un de ses camarades empalés sur une barrière de bois blanc tachée de sang coagulé que la pluie acharnée ne réussissait pas à dissoudre. Lorsque ses poumons admettaient de l’air, des vicissitudes le prenaient à la gorge manquant de lui retourner l’estomac. La suie et la poudre se mélangeaient à l’odeur de la chair humaine fondue, brûlée, pulvérisée par les incendies et les armes à énergie. Le cœur rejoignait l’âme du pacifiste dans l’aigreur de la vengeance.

Plus calme, le jeune homme pataugea dans la boue pour ramener vers lui sa main droite et effacer des empreintes de bottes humaines. Il referma se doigts maculés de morceaux de végétaux et de terre en un poing pour en frapper le sol dans un cri. Un flot de larmes victorieuses revint à l’assaut de sa détermination. Un groupe armé, peut-être des pirates, contrebandiers, chasseurs de primes, qu’en savait-il, avait détruit son temple et tué indifféremment maîtres, disciples, étudiants avec une indicible férocité. Ils avaient éparpillé les hommes, femmes, extra humains et même les enfants justes coupables de leur innocence.

Pourtant, leur congrégation antimilitariste n’accumulait pas de dettes de sang, que des connaissances, savoirs et techniques. Les Bourtistes prodiguaient leurs lumières ou louaient leurs conseils dans les domaines du commerce, de l’industrie et de la culture. Que savait-il d’autre encore ? Des émissaires parcouraient les planètes pour apporter des solutions diplomatiques raisonnables, diffuser le savoir aux peuples opprimés, divulguer la bonne parole, soigner les âmes et les corps.

Plus rien n’existait pour lui ici, sur la Tython verdoyante et accueillante qu’il avait connu. Les pierres du temple s’entassaient sur le sol du perron et des promenades. Les corps des croyants, dans un au-delà meilleur, reposaient autour de lui. Dans sa tête, un charabia incompréhensible vidait de son sens le Fluide perturbé. Leurs plantations vivrières n’exprimaient plus de besoins ; ses amis ne le contactaient plus par la pensée ; finis aussi les jeux télé kinésiques. Le trouble qu’il ressentait provenait, pour une part, de la douleur véhiculée par le Fluide autour de lui. Des ondes s’abattaient sur lui dans un brouhaha confus comme si la nature avait été parasitée. Soudain, un souvenir émergea, le projetant quelques semaines plus tôt à l’époque d’un bonheur révolu, avant cette toute première mission qui l’avait éloigné de ce massacre.




II



Le soleil sautait à peine l’horizon qu’une énorme boule rouge sang illuminait l’atmosphère de douces teintes violacées où quelques nuages reflétaient des nuances mauves. Loin en dessous de lui s’étendait la ville, sur sa gauche des maisons aux toits verdâtres laissaient lentement la place à des immeubles d’habitation et sur la droite des gratte-ciel de bureau froids et vitrés. Briguillon la sanglante s’y coucherait dans une quinzaine d’heures standards. Sur le fond du ciel s’éclaircissant, monté sur une gerbe de flammes, un énorme vaisseau se découpait, s’élevant vers l’immensité galactique. Lou investissait à peine son jardin, ses pieds foulaient le compost humide de rosée et il gonfla ses poumons de l’air cristallin d’un petit matin trop froid pour la saison. Le Fluide psychique l’envahit lorsque son âme se fondit dans le creuset de dame nature.

Dans son dos, le disciple Osem percevait la présence de ses pairs dans l’immense temple de pierres froides et grises. L’office du matin s’était terminé depuis une poignée de minutes que chacun vaquait sans délai à ses tâches : recherches au sein des bibliothèques regroupant des copies de tous les livres connus, préparation d’une mission, humanitaire, politique ou consultative, cours de théologie, mathématique, physique, technique et pour beaucoup de contrôle dans le Fluide ou corvées et jardinage. Des âmes indiscrètes s’imposèrent à lui. De jeunes étudiants insuffisamment formés tâtonnaient pour étendre leurs perceptions, il les repoussa sans ménagement pour leur apprendre les bonnes manières. Des fidèles gravissaient la colline pour prier au temple et quémander des conseils aux Bourtistes afin d’améliorer leur vie de tous les jours.

Le jeune homme à la musculature harmonieuse et sèche se faufila entre les rangs serrés des légumes. Il redistribua le Fluide qu’il captait autour de lui vers les plantes fragiles les plus brûlées par la gelée matinale. Par endroit, l’herbe craquait sous ses pas. Bien que peu puissant, l’énorme soleil rouge réchaufferait sous peu les jardins. Les récoltes n’en seraient pas atteintes, bien au contraire, cette légère souffrance galvaniserait la fructification. Lou s’arma d’outils et entama son travail le dos voûté. Aérer la terre sans la meurtrir, arracher les mauvaises herbes, retirer les gourmands qui une fois compostés assureraient le lit des prochaines plantations.

Une présence se démasqua à proximité derrière lui. Un sourire joua sur ses lèvres alors que son cœur palpitait. Une profonde inspiration, un effort de conscience et le disciple Osem reprit ses droits sur cet organisme qui lui rappelait son humanité. Il attendit qu’elle ne se trouve plus qu’à deux mètres pour se redresser.

- Nadidja ! Je t’attendais.

Le jeune homme perçut l’hésitation de la jeune fille.

- C’est pas juste, tu ne pouvais pas me voir dans le Fluide.
- Sois plus attentive pendant tes cours et les travaux pratiques, fit-il narquois.
- Lou ! Es-tu un ami, un professeur, un précepteur ou un Dictat ? En tous cas pas encore un Maître.
- Ton parrain ! ajusta-t-il.

Lou se retourna un sourire suspendu aux lèvres. La jeune femme de quatre ans sa cadette délogeait une pierre du bout du pied. Nadidja la lança et la guida dans le Fluide. D’un revers nonchalant de la main, il la dévia pour qu’elle s’accumule aux autres sur le tas du fond.

- Une de moins à ramasser, merci Nadidja ! – Elle lui fit une grimace. – As-tu quelque chose à me dire ?
- Oui, répondit-elle, le concile veut te voir en fin de matinée.

En pleine adolescence et sûre de ses charmes nouveaux, Nadidja se rapprocha de lui à le toucher avant de lever ses yeux bleus pour les planter dans les siens, marrons. Les plis de leurs robes de bures, aux tons plus clairs pour elle, s’emmêlèrent dans la douce brise matinale. Le temps s’arrêta. Maîtrisés, les sentiments s’échangèrent en silence, réchauffèrent leurs cœurs. Ils ne se touchèrent pas.

Bien des années avant, alors qu’il n’était qu’un jeune élève, les Maîtres lui avaient confié en parrainage une petite fille tout juste sortie de l’enfance pour l’accompagner sur les chemins du recueillement et du contrôle de soi. De la même façon que Dimitril l’aidait dans sa formation, la maîtrise des sentiments et de ses dons.

- Sais-tu pourquoi ?
- Il se dit que tu passeras bientôt au niveau supérieur. Le concile des anciens te confierait une mission diplomatique. Ça sera ton test de passage pour devenir un Disciple Pawindé. Ils te donneront un Maître après ?
- Je peux toujours te faire confiance pour être au courant des derniers commérages.

Nadidja lui tira une petite langue rose, les deux poings sur ses hanches étroites.

- As-tu une idée de mon futur Maître ? questionna-t-il.
- Dimitril !
- Trop jeune, et ce n’est pas son rôle. Tant pis ! Tu as plein de labeurs à effectuer ce matin plutôt que de te divertir à papoter ici ?
- Tu me chasses ? Mais, je poserai des questions. Quelqu’un doit savoir quelque chose.
- Je ne veux pas que tu sois punie à cause de moi. Comment feras-tu pour venir sur les terrasses ce soir afin de suivre mes enseignements ?
- Si ça pouvait t’empêcher de partir en mission un peu partout dans la galaxie, là où les Conciles m’interdiront de te suivre.

En apparence, Nadidja conservait son calme. Le Fluide l’inonda de sentiments impulsifs et violents. Lou lui sourit et une vague d’amour le submergea. Tout s’éteignit d’un coup, des larmes brillaient aux coins des magnifiques yeux dont elle le dévorait.

- Ton contrôle n’est pas merveilleux en ce moment. Va chercher le Maître Théoden, il t’aidera !
- Pas ce vieux bonhomme ! – Lou sourit devant la mine déconfite de sa filleule. – Bon, fit-elle bougonne, je ferai des efforts pour toi, promis. Est-ce que nous serons souvent séparés si tu changes de niveau, que tu t’élèves dans la hiérarchie ?

Comme à son habitude, Nadidja continua sans attendre de réponses aux évidences.

- Je serai très fière aussi !
- N’oublie pas que le Fluide nous lie même au travers de l’espace. Nous en discuterons ce soir et cela te forcera à progresser dans tes capacités. File maintenant, ou tu seras en retard.

Nadidja attrapa les plis de sa soutane et se retourna d’un bond pour courir vers le temple aussi vite que le lui permettaient ses sandales. Il la regarda quelques instants, attendri, avant de reprendre son jardinage. Le soleil s’élevait et ses plants réclamaient ses soins à corps et à cris.




III



Ces souvenirs d’un passé heureux et plein d’espoirs lui insufflèrent du courage. Lou ne pouvait rester ainsi, figé, à plat ventre dans la boue grasse au milieu des anciens jardins si bien entretenus que des hommes en armes avaient piétinés. Les maîtres leur apprenait à affronter l’adversité pas à frissonner au fond d’une coquille. Il se redressa, d’abord sur les coudes puis les mains, glissant dans la terre spongieuse au moindre geste. Les joues baignées de larmes, des sanglots secouaient encore sa poitrine.

De tous les cadavres croisés ces dernières heures, aucun ne ressemblait à son adorée filleule Nadidja. Un doute surgit, il ne la sentait pas dans le Fluide. Une recherche superficielle ne lui renvoya que l’écho de la douleur du lieu. L’espoir survécut dans son cœur, il n’avait pas vu son corps. Comme on le lui avait appris, Lou Osem reprit le contrôle de lui-même avant d’ouvrir son esprit. De l’énergie s’engouffra en lui. Plus le jeune homme sondait le Fluide, moins il percevait de survivants et surtout pas des membres de sa congrégation. Rien non plus depuis les cieux immenses, quelque chose troublait le Fluide d’une façon qu’il n’appréhendait pas. L’énergie ne se canalisait plus comme avant, Lou nageait au milieu d’un océan d’électrons libres qu’il n’arrivait pas à contrôler. N’importe quoi se cacherait dans l’ombre, qu’il ne le distinguerait pas. Le Disciple Osem réalisa seulement alors qu’il était aveugle.

Une main se posa doucement sur son épaule droite mouillée, salie, tremblante. Un coup d’œil à l’homme le surplombant atténua la peur et la colère. Une poignée de fidèles montait vers le temple. Ses yeux les voyaient mais le Disciple Osem ne les percevait pas. Le jeune homme se concentra un peu plus, sonda le Fluide animé de la force du désespoir. Lou effleura l’âme dévouée de l’homme qui le redressait tant bien que mal. Quelque chose bloquait tout ce sur quoi sa vie se construisait. Une sourdine géante l’assourdissait, des œillères invisibles restreignaient sa vision du monde, un nœud coulant l’étouffait, une gueuse de béton le piégeait dans son enveloppe charnelle.

Le Tythonien dépenaillé, couvert de sang et d’estafilades offrait une épaule secourable. Lou visualisa le panorama du jour naissant, son instant préféré, encrassé de la fumée des incendies, enlaidi de l’odeur des morts et eut un haut-le-cœur.

- Ternangoff ? La capitale de Tython, je….

Les mots se perdirent dans le vent. D’aussi loin, une vision d’apocalypse lui masquait les détails du désastre. Au centre, des gratte-ciel encore debout, tordus, éventrés, fumaient comme de mauvaises torches. Dans les banlieues, des flammes dévoraient des quartiers d’habitations. Ils avaient tout détruit, comme écrasé par un poing vengeur, ni des pirates, ni des contrebandiers et encore moins des chasseurs de primes ne commettaient des exactions de cette ampleur. Toute la douleur de cette planète massacrée perturbait le Fluide.

Lou ne confierait sa peine et le poids de ses remords à personne, il ne restait personne pour le comprendre. L’erreur de cette réflexion le frappa comme une gifle, les maîtres leur apprenait une maxime à l’arrivée : « Ce n’est pas parce que l’on naît aveugle que le monde se prive de couleurs. Même en se bouchant les oreilles, l’arbre tombant dans la forêt fait un bruit d’enfer ». Le trouble dans le Fluide le privait de ses sens alors il ne percevait pas la présence de la congrégation mais il ne devait pas désespérer pour autant, les immenses ruines cachaient peut-être des survivants.

- L’attaque a commencé avant-hier soir, expliquait l’homme. Les bombardements ont duré toute la nuit sur la ville, au matin des vaisseaux ont décollé de l’astroport, tout était détruit. Nous nous sommes cachés avec les rats. Le temple était abattu et aucun des moines n’en sortait pour nous aider. Nous pensons, sans comprendre pourquoi, que vous étiez leur cible.
- Les avez-vous reconnus ? Portaient-ils des tenues distinctives ?
- Nous étions sous les bombes, dit l’homme en se courbant.
- Redressez-vous !

Parlant ainsi, Lou posa une main apaisante sur l’épaule qui le soutenait. Avec la promiscuité physique de la vie, il capta et puisa dans le Fluide par l’intermédiaire de son sauveteur.

- Rassemblez vos amis pour qu’ils nous accompagnent. Commençons par trouver des blessés ou des survivants dans les ruines du temple. Ensuite nous tenteront de déblayer les gravats, d’inhumer les frères assassinés et enfin retirer les livres des flammes. Un jour, nous retrouverons les coupables de cette barbarie.

L’homme frissonna de surprise d’entendre un moine parler d’un ton aussi tranché et dur.

L’esprit de Lou s’éclaircit. Les années d’entraînement jugulèrent ce tsunami de haine et la douleur. Avec acuité, le disciple perçut le Fluide et sut que d’un pas il franchirait une limite inconnue et crainte. La facilité s’offrait à la tentation. La colère pure d’esprits simples émanait des hommes. Ils se rassemblèrent sans les coutumières paroles légères tant ces ouvriers se sentaient abattus de trouver des ruines là où des colosses rassurants se dressaient hier. Le poids de la culpabilité pesait sur les épaules de Lou. Les Bourtistes avaient été incapables de prévoir et de protéger les Ternangois d’une calamité humaine. Une alternative chassa les miasmes de la peur dont ils le submergeaient. Lou tendit la paume de sa main, les doigts tendus au-dessus de cet auditoire. Il s’ouvrit au Fluide renforcé et s’exclama :

- Rassemblez vos forces ! Lou tendit sa volonté vers ces âmes. Le temple a besoin de vous comme vous avez toujours eu besoin de lui. Dans ces ruines, des Bourtistes tiennent la vie par un unique fils. Nous devons les sauver, éteindre les incendies, mettre à l’abri les mémoires du savoir galactique. Vous n’en comprenez peut-être pas le sens, mais je ne vous suis d’aucune utilité seul. Et vous devez bien à ses hommes et ses femmes qui ont toujours été riches d’écoute et de conseils de partir dans la dignité.

Tous acquiescèrent et se répartirent les tâches, ils se dirigèrent d’un bon pas vers le temple détruit. Ils trièrent sans rechigner les morts des vivants. Lou avait réussi l’impensable : manipuler des esprits. Cela allait dans le sens opposé des préceptes de son ordre mais personne ne le jugerait dans la situation présente. Tous les maîtres reposaient peut-être sous des tonnes de pierres sombres. Le jeune disciple mesura l’ampleur de sa solitude sur ce monde. Seul, il n’aurait même pas pu commencer ce que les quelques dizaines de bras accompliraient dans la journée. « Obtenir le résultat, nécessite de se comprendre soi-même ». Lou en retirait des bouffées de fierté ; il frissonna de honte alors qu’il se rappelait son passage devant le Concile des anciens quelques semaines auparavant.




IV



Lou, satisfait de son travail au potager, se lavait les mains avec soin à la fontaine jouxtant la vaste place semi-circulaire au pavage blanc en parvis du temple. Le Disciple Osem rassembla de l’énergie pour agir avec délicatesse sur le peigne en amont de la rigole qu’il utilisait. Le fin pinceau de liquide se tarit. Au temple, pas de maîtrise du Fluide, pas d’eau, les jeunes recrues mettaient aussitôt en pratique les leçons des professeurs. En Élève appliqué du temple Bourtiste, Lou sécha sa peau par évaporation d’un léger effort conscient pendant qu’il traversait la place d’un pas souple. En silence, il salua avec déférence les autres membres de sa congrégation.

Happé par le bâtiment sombre et austère dans lequel le vent sifflait en hiver, Lou tourna sur la droite. Sur le chemin des chambres de contemplation, il longea les dortoirs des Élèves Novices. Sûrement les pièces les plus froides du temple, le premier hiver venu, exposées au vent du nord, seule l’énergie tirée du Fluide autorisait le sommeil et évitait les engelures. Il se souvenait ses gardes d’Étudiant du temple où le principal travail consistait en une surveillance des constantes d’une poignée de Novices grelottants afin d’intervenir avant qu’il n’y ait le moindre incident. Lui-même, Novice, avait souvent partagé son lit avec des camarades moins doués que lui. Les Maîtres encourageaient l’entraide et l’esprit d’équipe : « L’union fait la force ». Subissant des épreuves journalières jusqu’au niveau d’Étudiant, les enfants passaient au stade d’adulte soudés comme les doigts d’une même main, dévoués à la congrégation et intégrés dans le Fluide. Au bout du couloir, il tourna à droite et ouvrit d’immenses portes de bois rare. Le plafond s’envola au-dessus de sa tête, soutenu par des voûtes monumentales. Un bâtiment construit pour durer.

Un groupe d’élèves se rassemblait dans une chapelle latérale pour expérimenter des méthodes de relaxation pour focaliser la concentration. Lou se dirigea sans hésiter de l’autre côté de la nef. Il entra dans une salle de contemplation. Beaucoup d’énergie s’en dégageait, le Fluide s’y agitait parce que des Maîtres y travaillaient. Lou s’isola pour ne pas les troubler et franchit la porte. Sur les lourds tapis étendus sur le sol deux hommes, une femme et un jeune Disciple Pawindé Sélonien étaient assis. Ce dernier tentait de se concentrer malgré les mouvements du Fluide que les trois Maîtres agitaient, guidaient ou focalisaient à loisir.

Lou s’assit en tailleur un peu plus loin. Il se recueillit et plongea dans le Fluide. Les remous d’énergie se fracassaient sur lui comme les vagues tempétueuses sur une falaise granitique. Le jeune Disciple les laissa s’infiltrer en lui et s’enroula dans les méandres d’un fleuve torturé. Quelques minutes lui suffirent pour déterminer un schéma dans les ondes que Xediver, la crinière trempée de transpiration, s’évertuait à contrôler. Bercé par le rythme énergique, Lou créa des vagues de fluide en opposition de phase et les propulsa vers les Maîtres. Une mer de calme s’étendit, le Fluide se lissa. Un peu plus loin, il engloba son ami le Disciple Sélonien. Celui-ci se détendit, le toucha dans le Fluide et copia sa technique à la perfection. À eux deux, ils figèrent le fluide autour des trois Maîtres qui interrompirent leur assaut-test sur le Pawindé.

La femme, d’une trentaine d’année, se redressa de sa haute taille fine.

- Qui est donc ce Disciple caché dans le fond de la salle ?

Lou se releva et s’avança penaud dans la lumière pour se présenter :

- Disciple Lou Osem, Maître Edlydie Trem. Je vous prie de m’excuser, j’apportais mon aide à un ami.
- Cela est louable. Bien qu’il eût été bon qu’il trouve lui-même l’astuce pour nous contrer.

Une voix inconnue répondit à la place de Lou qui n’osait pas répliquer à la rebuffade d’un maître aussi prestigieux :

- Il a vite appris et s’est approprié avec une facilité déconcertante à notre flux trois points. Le Pawindé Xediver montre de bonnes capacités, il a su compenser l’action extérieure et l’utiliser avec dextérité. « L’apprentissage est l’œuvre de toute une vie » affirmait notre Maître fondateur alors que le moment de s’intégrer définitivement au Fluide approchait.

L’homme, d’un âge respectable, s’avança avec un sourire affable. Habillé d’une robe de bure d’un gris très sombre, il y intégrait des pans de tissu noir. Ce maître inconnu de Lou reprit, empreint d’un calme communicatif :

- Ainsi, je rencontre enfin le Disciple Osem. Nous n’avons pas encore été présentés, je crois !

Lou s’inclina de nouveau. Le troisième Maître à la peau noire, vêtu d’une robe gris foncé et recteur d’étude, s’avança à son tour :

- Lou, voici le Maître Émissaire Daivien Grozilier, arrivé il a quelques jours de Coruscant.
- Très honoré, Émissaire, souffla un Lou estomaqué.

Il ressentait une douce énergie émaner de cet homme aux cheveux blancs, d’une taille moyenne, aux membres secs. Lou se redressa et croisa un regard d’absinthe, doux et réconfortant. Jamais encore le jeune Disciple n’avait approché un Maître vêtu de couleurs aussi sombres, hormis les Conciles du temple de Tython. Lou réprima une lueur d’envie, et lorgna l’homme qui voyageait d’étoiles en étoiles. Il réalisa que ce Bourtiste possédait une aura de Grand Maître plutôt que d’Émissaire.

- Jeune Disciple, ta réputation ne semble pas surfaite.

Sur ces mots sibyllins, les trois Maîtres tournèrent les talons et sortirent en silence. Lou, désemparé, ne comprenait pas la portée de telles paroles et s’interrogeait. Son imagination tourna à plein régime et troubla le miroir de sa concentration. Il piocha une nouvelle fois dans ses années d’entraînement pour taire la petite voix excitée qui murmurait dans son crâne. Xediver se leva, et après un série d’assouplissements, vint lui donner une accolade discrète.

- Merci, je ne m’en serais pas aussi bien tiré sans ton intervention. Quelques instants de contemplation seront les bienvenues.

Ils s’assirent côte à côte. Le Sélonien ressortit et le silence se referma autour de Lou dont l’esprit se vidait pour que son corps fluctue sur le rythme lent du fluide naturel émis par toute vie. Après la moitié d’une heure standard de contemplation dans cette pièce protégée, Lou se sentait reposé, en pleine possession de ses moyens pour se présenter devant le Concile. Le cœur léger, il traversa une grande partie du temple. Il établit, à son grand dam, un lien entre sa convocation et la présence de l’Émissaire. Cette fois-ci, l’excitation n’envahit pas sa bulle de Fluide. Le Disciple Osem conserva le contrôle de son âme, pendant qu’il gravissait les nombreuses marches de la tour sud.

Lou s’immobilisa devant une lourde porte de bois incrustée d’acier. Il dévoila sa présence dans le Fluide ; les premières semaines, les novices patientaient de longues heures derrière des portes closes avant de faire demi-tour ou d’apprendre à se manifester. Lou étendit ses perceptions à la limite de la pièce dans l’espoir d’une réponse favorable des Grands Maîtres au nombre restreint de trois Conciles. Osem en connaissait vaguement deux, le troisième gravitait autour du Temple de Tython. Une quatrième présence, inconnue, l’attendait dans la pièce et le sondait au travers du mur avec une délicatesse peu commune.

- Ta sensibilité est vraiment stupéfiante. Retire-toi ! Nous te convoquerons lorsqu’il sera temps, entendit-il dans sa tête.

L’étonnement passa pour que la honte de son indiscrétion involontaire prenne la place. Lou garda son calme et suivit les instructions ; il n’étendit pas ses perceptions pour percevoir l’autorisation de se présenter. Des minutes standard s’ajoutèrent aux autres, « La patience enfante des vertus ».

La porte s’ouvrit lentement, nul besoin de groom pour être introduit dans la chambre du Concile. Lou s’avança, marchant sur des œufs. Derrière une grande table claire en demi-cercle, trois Grands Maîtres, des Conciles, le fixaient de sous leurs capuches noires relevées. Dans la pièce sombre, le Disciple Osem ne voyait briller que les pupilles au centre de formes vêtues de noir. L’Émissaire Daivien Grozilier, bien qu’affublé des vêtements sombres dus à son rang, apparaissait comme une tâche de lumière. Lou se recroquevilla dans le Fluide comme pour s’y cacher alors que cette énergie pure le renseignait sans détours.

Leur présence rayonnait tels des phares dans son esprit. Ils l’analysaient pendant son approche et Lou changea de tactique. Il se laissa transpercer par le Fluide pour affirmer sa confiance. Sur la droite, un Vulptereen au mufle bardé de défenses ivoirines le sondait sans vergogne, appréciant sa capacité à contrôler le Fluide. Venait ensuite une humaine d’un age canonique qui jaugeait de son aisance physique sans oublier l’équilibre de son contrôle. Le troisième, d’une masse imposante, ne posait que deux de ses mains besalisks sur la table, presque juvénile pour un Concile. Plusieurs années auparavant, ce Maître le testait avec des pièges mentaux tordus. L’Émissaire, en position d’observateur, se contentait de deviner les sentiments des diverses parties.

La femme parla d’une voix usée :

- Disciple Lou Osem, malgré votre jeune âge, nous sommes conscients de vos capacités. En premier lieu, il est temps pour vous d’être confié à un Maître chargé de formuler un jugement impartial sur votre progression. Puis, si nous en ressentons le besoin, et nous n’en doutons pas, de parfaire votre entraînement en vous adoubant Pawindé. Il me semble qu’il n’est pas besoin de vous présenter le Maître Émissaire Daivien Grozilier. Il est venu vous chercher avant de partir pour Corellia. Le secteur est agité de troubles entre le Gouverneur, les colons et les autochtones. Votre Maître vous expliquera tout ce que vous aurez besoin de savoir. Le départ est dans deux jours, juste le temps pour vous d’expédier vos affaires courantes et réunir un bagage.

Elle se tut pour qu’il digère ces ordres déguisés en égards. D’un timbre grave, le Concile Vulptereen interrompit ses réflexions :

- Voilà une belle occasion de vous lancer, Disciple Osem. Saisissez-la, vous n’aurez pas deux fois la chance d’avoir un Maître de cette pointure, dont le Fluide se lie si bien au vôtre. Vos talents nécessitent d’être encadrés sous une tutelle unique et permanente.
- La question ne se pose pas, répondit-il. Je sers ma congrégation bourtiste et j’irai là où vous aurez besoin de moi. Je suis heureux de l’intérêt que vous me portez et c’est avec joie que j’accepte cette mission ainsi que le plan de formation que vous m’imposerez.
- Allons ! fit le Concile Besalisk d’une voix gutturale. Agenouillez-vous, Disciple Osem ! Veuillez reconnaître l’Émissaire Daivien Grozilier ici présent comme votre maître, vous lui obéirez en tout ce qu’il vous commandera conformément aux instructions des Conciles. Cette mission nous permettra de juger votre aptitude au rang de Pawindé, que le Fluide soit la pierre angulaire qui soutiendra vos connaissances.

Pendant cette courte cérémonie, le Maître Grozilier se plaça derrière lui, une main légère sur son épaule. Une fois cela fini, Lou se releva souplement avant de saluer les trois Conciles. Son maître salua également. Ils se retournèrent à l’unisson et se dirigèrent vers la porte. Lou réprimait son exaltation d’avoir été confié à un Maître, tous les novices en rêvaient jusqu’à ce que cela devienne une réalité ou que le sort en décide autrement. Un léger contact l’encouragea à s’ouvrir, ce qu’il fit.

La délicate présence de l’Émissaire s’insinua en lui, leurs énergies s’entremêlèrent. À la grande surprise de Lou, ils fusionnèrent. Après tout, Daivien était un étranger le jour d’avant. Le Disciple se confronta très vite aux limites de l’intimité proposée par le Maître et s’en contenta. Des barrières protégeaient Daivien des indiscrétions de son futur Pawindé et Lou en érigeait d’identiques. Seul le lien avec Nadidja était plus complet, mais la nature de leurs sentiments et la connaissance qu’ils avaient l’un de l’autre dépasseraient à jamais celui d’un Maître et de son Disciple. Quoi qu’il arrive, l’avenir lui réserverait d’autres Maîtres avant qu’il ne gravisse les échelons supérieurs de la congrégation.



V



Alors que Lou louvoyait entre les cadavres, l’espoir engendré par ce souvenir pénétra la surface de son chagrin. La nature du monde changeait, son Maître en avait la conviction, et Lou doutait que la congrégation y survive. Il identifia là un Novice, ici un Maître entouré de projectiles arrêtés par un bouclier de Fluide, là-bas un Étudiant sacrifié pour la cause, plus loin un Disciple dont il avait partagé le dortoir. Que resterait-il des Bourtistes s’ils devenaient les proies de factions armées ? Lou recréait autour de lui cette impassible bulle de Fluide qui caractérisait les Bourtistes. Plus forte et imperméable qu’avant, elle ne suffisait pas à percevoir ses pairs ou même statuer sur la survie de ses frères mais apportait du réconfort aux citoyens tythoniens. Des blessures physiques, mais aussi morales que Lou soulageait sans guérir afin d’obtenir leur aide. Marché de dupe où il ne s’investissait pas entièrement.

Les sauveteurs gravissaient les degrés du perron du temple lorsqu’un esprit surexcité attira son attention sur la gauche. Les portes majestueuses fracassées pendaient sur des gonds tordus fixés aux murs constellés d’éclats et de suie. Des munitions d’arme à feu avaient écaillé la roche millénaire et des décharges d’armes à énergie avaient vitrifié des pans entiers de l’enceinte. Lou ignorait tout de ces technologies mais se jura qu’à l’avenir, il les connaîtrait à la perfection. Brisant son introspection, un humain à la peau brune et à la barbe drue leva une main.

- Là, un blessé !

Lou Osem accourut et des humains s’approchèrent.

- Continuez à chercher, exhorta-t-il pour les détourner de cet unique point focal.

Accompagnant ses mots d’un geste, le Disciple Osem découragea de son esprit les sauveteurs à s’agglutiner autour de lui. Avec la proximité, Lou ressentait le contact d’un membre de la congrégation. Deux projectiles avaient traversé ce corps que Lou prit dans ses bras avec délicatesse. Du sang coulait des oreilles rabattues et de la bouche d’un Novice Caamasi. Le Disciple Osem le toucha au travers du Fluide et allégea sa souffrance. Quitter le noviciat signifiait maîtriser les balbutiements de l’entraînement pour s’ouvrir aux peines des innombrables malheureux. Admis au rang d’Élève avec la maîtrise et la conscience du Fluide, chacun d’eux caressait l’espoir de poursuivre la formation du temple et acquérir les connaissances nécessaires à leur guérison en tant que Disciple.

Le jeune Caamasi reprit connaissance. La détresse de ce regard simple titilla l’ombre de la colère allumée en Lou. Espèce aux mœurs douces découverte moins de dix ans auparavant, le temple avait intégré dans la congrégation bourtiste ce garçonnet ainsi que sa jumelle et un frère aîné deux ans plus tôt. Sans compter leurs heures, les Grands Maîtres s’entretenaient à tous propos avec ces enfants à l’innocente naïveté, incarnation de l’essence même de la philosophie dispensée par leur enseignement. Massacrer de tels individus renvoyait ces bourreaux à l’horreur aveugle, indicible et criminelle d’une attaque inacceptable, impardonnable.

Beetro Nt’Honne susurra en basic :

- Ils étaient si nombreux… des bombes écrasaient la ville… Nous les sentions mourir… nous ne pouvions rien faire.
- Un jour, chuchota Lou tel une promesse, cela changera !

L’enfant délira dans son langage maternel, douloureux, épuisé, incohérent. Lou le berça jusqu’à ce que son âme se mêle au Fluide. Le Disciple l’accompagna vers sa dernière demeure, seul geste charitable à sa portée. Lou se releva vide, froid comme les glaces d’Ojom. Les humains continuaient leur macabre labeur. Ils déposaient les morts en un unique endroit où les flammes cautériseraient cette plaie purulente dans son cœur, insulte à sa formation et à l’idéal Bourtiste. Alors qu’Osem y allongeait le garçon, le Fluide se clarifia.

À la manière brutale d’un pavé dans une mare, Lou transmit des ondes concentriques d’encouragement. Ces perceptions, allongées de plusieurs dizaines de mètres, distinguèrent un mouvement au milieu des ruines fumantes.

- Il ne reste plus personne de vivant sur cette place ! Concentrez vos recherches à l’intérieur ! ordonna-t-il. Ne commettez pas d’imprudences, des murs pourraient encore s’effondrer.

Lou regarda en direction de la ville. Les foyers d’incendie s’éteignaient, remplacés par une lourde cloche de fumée. Elle colportait les odeurs de suie et de chair calcinée qui écœuraient même les plus valeureux. À l’écart des principales routes commerciales, du centre du Dictat et de ses luttes de pouvoir, les Tythoniens n’interprétaient pas le sens de cette violence gratuite, Lou non plus.

Des sirènes attirèrent son attention. Des véhicules de secours rouges et jaunes gravissaient la proéminence où s’était élevé le temple Bourtiste depuis des milliers d’années. Les administrations planétaires se remettaient du choc et reprenaient de droit les territoires lésés par l’agression.

Lou sonda au plus loin dans les bâtiments effondrés, guère plus de dix ou quinze mètres. Comme réveillés par sa présence, quelques âmes s’ébrouèrent dans le Fluide ; des survivants blessés, torturés, privés de leurs sens. La signature mentale de son parrain, Dimitril, s’imposa dans ce chaos. Guidé par ce fanal, Lou se précipita à l’intérieur et rassura par la pensée ceux qui le percevaient. Il se fraya un chemin entre des tas de gravats, des corps sans vie et du mobilier déchiqueté. Une forme aux robes beiges affalée contre un mur l’attira. Le Disciple Lou Osem se jeta au chevet du Disciple Pawindé Dimitril Trehom inconscient, exsangue, voire mourant.

- Dimitril ! Dimitril, c’est Lou.

À genoux et aidé du Fluide d’instant en instant plus assuré, le jeune Disciple redressa son aîné sans en aggraver les blessures. Du bras droit réduit à une plaie béante de l’épaule au coude s’échappait un filet de sang vermeil qui agrandissait une mare en partie coagulée. Lou s’intégra à l’Énergie environnante. Par télékinésie, Dimitril comprimait sur une artère sectionnée mais n’en aurait bientôt plus la force. La clamper en amont aurait permis de tarir le flot de sang au risque de sacrifier un bras. Lou soulagea les tourments post-traumatiques de Dimitril et bloqua les récepteurs de la douleur. Le Disciple Pawindé reprit connaissance :

- Que fais-tu ? D’autres ont plus besoin de toi que moi.
- Je peux te sauver. Les secours de la ville se chargeront des autres survivants, trop peu nombreux. Je n’ai pas dénombré autant de corps que je le pensais. Les agresseurs ont dû enlever bon nombre de membres de notre congrégation.

Dimitril secoua la tête. Un sourire joua sur les lèvres pâles pendant que son filleul travaillait le Fluide pour réparer les lésions. Il perdrait un membre ; pied de nez à la mort qui ouvrait les bras pour l’assimiler au Fluide, énergie de la création.

- Non, Lou ! Ils sont venus nous massacrer. Passés les premiers moments de stupeur, les Grands Maîtres ont fermé les bibliothèques intactes et rassemblé nos frères pour se barricader dans les catacombes. Je suis resté en surface avec quelques autres pour ralentir la progression des soldats, une armée régulière sans aucun doute. Ils maîtrisaient un arsenal de haute technologie, récent et conséquent. Les projectiles des armes à feu sont faciles à dévier, dès lors, ils ont sorti des batteries de lasers portatives. J’ai été blessé alors qu’ils sonnaient l’assaut final. Plus tard, j’ai entendu des déflagrations. Si les défenses ont tenu, tu retrouveras le reste de la congrégation dans les catacombes.
- Calme-toi ! Maintenant tu vas te reposer, les médecins de Ternangoff arriveront sans délai. Moi, je chercherai nos amis.

Inquiet pour son parrain, le Disciple Osem posa la main gauche sur les yeux de son premier mentor et le plongea dans un coma artificiel. Durci par les nombreuses épreuves de cette matinée, Lou se releva et héla un humain dépenaillé.

- Orientez les médecins en priorité vers ce Disciple Pawindé, je vous prie. Je viens de le plonger dans le sommeil mais il est bien vivant et nécessite des soins.
- Oui, monsieur, acquiesça-t-il. Mes camarades ont trouvé d’autres survivants un peu plus loin.
- Merci, qu’ils s’en occupent du mieux qu’ils le peuvent, j’ai eu des informations. Dans cette direction, il y a des souterrains dans lesquels se terrent mes semblables. J’en dégagerai l’entrée.

L’homme s’agenouilla pour veiller Dimitril alors que des véhicules à suspenseurs se posaient sur la place. Lou étendit ses perceptions. Une dizaine de membres de la congrégation, Novices, Étudiants, Disciples ou Maîtres, étalés dans les décombres, survivaient à des degrés divers de conscience. Des humains les accompagnaient. Les secouristes aux tenues chamarrées et colorées investissaient les lieux, plus aptes que lui à soigner les blessures de la chair.

Lou interpella un groupe de Tythoniens qui sortaient les cadavres de frères tombés pour protéger de leurs corps pacifistes les valeurs, amis et connaissances réfugiés dans les profondeurs granitiques, embase indestructible du temple. Il n’eut pas à user de trésors de persuasion. Rasséréné, l’esprit libéré des contraintes, Lou s’ouvrit à la douleur de ce monde. Il augmenta sa sensibilité et guida ses perceptions vers les catacombes où il distingua l’énergie d’un champ de protection de Fluide.

*******


Quelques jours plutôt, sur Corellia, un imbroglio politique aurait explosé sans tarder si un émissaire n’avait éclairé les différentes parties de ses lumières. Les conséquences auraient impliqué l’ensemble du Dictat et des mondes du noyau. Lou y avait étudié, écoutant avec attention les voies du Fluide que tous les êtres vivants partageaient. Tython en contemplait un surprenant résultat.



VI



Les tempes battantes, Lou se redressa sur ce lit trop mou et confortable à son goût. Une sueur acide couvrait sa peau et son cœur lui tonnait aux oreilles. Le soleil, Corell, éclairait vivement l’intérieur de la pièce au travers des persiennes. Les cinq derniers jours n’avaient pas suffi à ce que son organisme s’adapte au rythme planétaire. Pourtant, le Maître Daivien Grozilier lui prodiguait moult conseils sur l’utilisation du Fluide afin qu’il perçoive Corellia sous différents aspects : les flux telluriques, les pulsations du noyau ou l’interaction gravitationnelle. Le jeune Disciple apprenait tant de choses depuis qu’il avait quitté le berceau du temple de Tython qu’il ne disposait d’aucun instant pour penser à ses amis.

Les deux jours précédant le départ s’étaient transformés en une succession de tests de connaissances, de maîtrise de lui-même et du Fluide. Sous la férule des exigences d’un nouveau Maître, Lou avait rassemblé les maigres possessions d’un simple Disciple pour en remplir sans détails un sac. Lou avait échangé quelques mots avec Nadidja qui s’était arrangée pour croiser son chemin sans cesse. Il lui avait confiée le potager ainsi qu’au Pawindé Dimitril, avec l’espoir que la jeune femme s’accroche à ce carré de nature si cher au cœur de Lou et oublie le narcissisme qui interférait avec la formation du temple. Osem s’attendait à retrouver ses plans en état de stress. « Un Disciple ne pouvait être à la prière, au jardin et à la bibliothèque au même moment », bien que parfois on ait pu croire le contraire.


*******


En hyperespace, le voyage avait duré plus d’une semaine standard à traverser le vide à des vitesses inimaginables. Lou se souvenait très bien de la première discussion que son Maître avait eu avec lui après avoir fait le tour du vaisseau, immense, sculptural et riche de luxueux quartiers. Partout des gadgets technologiques brillaient, bipaient, hululaient. Des droïdes dans toutes les pièces nettoyaient, servaient, remplaçaient les serviteurs. Lou s’ébahissait de découvertes en découvertes, Daivien s’en amusait et le traînait de coursives en coursives plus loin dans le cœur du géant d’acier.

Au temple de Tython, les Bourtistes vivaient de ce que la terre et le travail de leurs mains leur apportaient. Pour le reste, les faveurs qu’ils accordaient aux peuples et aux gouvernements permettaient d’obtenir les produits manufacturés indispensables. Lou se rendait parfois à Ternangoff, exceptionnelle excursion, pour donner des soins, accompagner un Maître ou un Pawindé en mission, accueillir un diplomate, un scientifique ou un chercheur à l’astroport. Il possédait une vision parcellaire du monde extérieur.

Cette fois-là, le Disciple Osem s’assit, timide, en robe de bure beige en face d’un Maître à l’aise au milieu d’une foule indiscrète de gens de races et d’allures bigarrées. Le jeune homme résistait tant bien que mal à la tentation de rabattre sa capuche. La présence, les sensations, les pensées des êtres autour de lui saturaient le Fluide et ses sens. Lou tentait d’ériger un mur autour de lui pour se protéger des involontaires intrusions dans son esprit, la quantité le submergeait et au lieu de s’ouvrir se referma comme un mollusque sans cervelle.

- Ne t’inquiète pas ! fit Maître Grozilier avec détachement. La vie au temple ne te prépare pas au contact de la civilisation. Certains ne s’y adaptent jamais, la fonction d’Émissaire ne s’improvise pas et tu choisiras ta voie dans le Fluide lorsque tu cerneras la complexité du monde qui t’entoure. Mais les choses changent. Il y a vingt ans, le voyage de Tython à Corellia aurait pris plusieurs dizaines d’années en hypernation, un système de cryogénie pour supporter les longs voyages stellaires à des vitesses subluminiques. Maintenant, n’importe qui peut parcourir toutes les planètes connues en une seule existence et même en découvrir de nouvelles. Ce procédé invente de nouveaux enjeux et brouille les cartes du Ladish. Sois attentif, je vais t’expliquer les tenants de notre mission.

Concentré sur la voix douce du Maître, Lou s’était enfin isolé. Il fixa les yeux extraordinairement verts au milieu du visage ridé où la gaieté de Daivien diffusait une bonté infinie et une compréhension inégalable. Mais au fond de ce regard inquisiteur, le Disciple discerna, l’espace d’un instant, une froide dureté alliée à une détermination inflexible.

- Je suis pressé d’apprendre, Maître.

Ce dernier rit doucement avant de dispenser sa leçon :

- Ne te précipite pas, le savoir demande du temps et de l’introspection. Lire des livres, écouter tes maîtres, prendre le temps de la contemplation sont des étapes clés mais l’expérience façonnera l’aboutissement de tes intimes convictions. La théorie se termine, la pratique commence ici.
- Je vous écoute !
- Voilà qui est mieux. J’attends de toi que tu poses des questions pertinentes. L’imprécision aboutit à l’incompréhension qui engendre la crainte. La peur nuit au bon apprentissage. Tu le vivras bientôt, la peur mène à la violence et à la discrimination. Le Fluide s’assombrira jusqu’à masquer la cohésion du grand tout.

Daivien se détendit, un bras négligemment jeté sur le dossier de sa chaise. La salle se remplissait d’une dense cohue que Lou oubliait, focalisé sur les paroles de l’homme aux traits chargés d’expérience. Un robot cubique, équipé de capteurs de position et de pinces rutilantes déposa devant eux des plateaux remplis de mets aux exhalaisons appétissantes. Le Maître Grozilier sourit à la machine avant de continuer son exposé :

- Cet énorme vaisseau fait route vers une planète florissante au climat doux et agréable dont les habitants ont développé des technologies en avance sur notre temps. Ils s’enorgueillissent, à raison, d’avoir mis au point les voyages hyperspatiaux. Ce procédé leur rapporte énormément de crédit. Un problème subsiste pourtant, cette colonie longtemps restée coupée de Coruscant voit d’un mauvais œil que le Ladish vienne imposer sa loi quelque peu martiale chez eux. Malgré tout, les Corelliens souhaitent disposer des troupes dictatoriales pour assurer la sécurité de leurs systèmes parce qu’idéalement placés ; des flux marqués de populations y transitent, aidés en cela par cette même propulsion hyperspatiale. Des colonies autrefois isolées empruntent des routes commerciales en pleine effervescence pour s’approprier ou vendre des ressources.
- Excusez-moi, Maître, interrompit Lou, tout cela est un peu confus. Il y a encore quinze ans de cela seul le Ladish acquérait les propulseurs hyperspatiaux, ainsi que quelques compagnies assermentées par le pouvoir de Coruscant. Le Ladish n’imposait-il pas un blocus sur cette technologie ? Si Corellia en avait mieux maîtrisé la dissémination, ils n’auraient pas ce genre de problèmes.
- En effet, dans ta confusion tu touches du doigt les problèmes fondamentaux, l’appât du gain et le besoin de contrôle dictatorial. La technologie est aisée à comprendre et à copier. Ainsi, pour que des indépendants ne leur volent pas un marché juteux les gouvernements corelliens ont décidé de vendre en masse à des compagnies privées contre l’avis du Ladish. En réponse, ce dernier a augmenté sa pression militaire sur les systèmes corelliens qui sont une plaque tournante commerciale, un point d’accès obligé à toute une partie de l’univers et surtout aux Neimoidians.
- Les quoi ?

Daivien picora dans son assiette avant de répondre :

- Les habitants de Neimoidia et d’un ensemble de planètes sont une espèce redécouverte par des colonisateurs indépendants. Les Neimoidians connaissent la navigation spatiale, gouvernent un empire et commercent des denrées à grande valeur ajoutée avec le dictat du Ladish depuis quelques décennies. Si les Neimoidians ne sont pas belliqueux, ils constituent un contrepoids politique et économique à Coruscant dans la région.
- Corellia devient le point central de la balance des potentiels stratégiques !
- J’aime voir tes yeux briller, futur Pawindé. Et une source complémentaire d’insécurité ; les Corelliens vivent, non, vivaient en harmonie ne connaissant que la liberté d’exister sur un monde magnifique et dans une zone prospère de l’espace. La révolte gronde, et tous les facteurs se réunissent pour que la bombe à retardement explose au visage de ceux qui l’ont fabriquée.
- Cela alimente-t-il les clivages entre les espèces natives de cette planète ? Elles sont trois, il me semble ?
- On ne peut rien te cacher, Lou ! Les humains sont des pièces rapportées depuis si longtemps que c’est tout comme.

Se ménageant le temps de la réflexion, ils mangèrent avant de continuer l’exploration du vaisseau hyperspatial. Ils se rendirent à la passerelle de commandement. Les autorités ne refusaient rien aux respectables membres de la congrégation Bourtiste. Lou remarquait souvent les regards obséquieux et ce désir de servir les Émissaires doux et mesurés qui prêchaient une paix pour tous. Le Maître Daivien Grozilier répétait : « On ne mord jamais la main qui se tend toujours pour aider sans rien exiger en retour ». Il ajoutait parfois : « On ne frappe pas l’épaule qui console de tous les chagrins ».


*******


Les pieds de Lou effleurèrent le sol. Le plancher en bois précieux sous ses orteils forma des vagues. Encore ensommeillé, une nausée le surprit. Dans sa tête, un tambour battait le rythme entre ses tempes. Il s’apaisa et le Fluide pénétra son corps, équilibrant les flux d’énergie. Le Disciple Osem n’était pas malade. Dans cette chambre corellienne, un rêve venait de le réveiller et il s’en rappela les détails :

« Un adolescent, habillé pauvrement d’une combinaison blanche ceint d’une ceinture noire, regardait deux soleils jumeaux se coucher sur la plaine de poussière d’une quelconque planète désertique. »

Aussitôt, un deuxième plan avait remplacé le premier sans établir de lien direct :

« Un jeune homme, assis en tailleur au sommet d’un temple au milieu d’une jungle luxuriante, contemplait l’avenir de sous la capuche relevée de sa robe de bure. »

Les souvenirs du rêve s’estompèrent. Lou reprit ses esprits en se levant. D’une démarche assurée, il se dirigea vers la salle d’eau et s’y rafraîchit. Son Maître poserait des mots sur ce nouveau tourment que Lou s’empressa de mémoriser. Il avait la certitude que les deux personnages de ce rêve étaient la même personne.

Quelques minutes plus tard, ayant à peine revêtu sa bure, Lou ressentit la présence de son Maître derrière la porte ouvragée de la chambre. Patiemment, il l’attendait.

- Tu d’adaptes à Corellia ? lui demanda-t-il dès qu’il eut ouvert.
- Doucement ! – Lou marqua un instant de silence. – Maître ?
- Quelque chose te tracasse, Disciple !
- Un rêve étrange en fait où j’ai vu un garçon puis le même, jeune homme, en deux endroits différents.

Lou expliqua ce qu’il avait vu et ce qu’il ressentait pendant qu’ils se rendaient à une énième réunion houleuse.

- L’un de mes Maîtres répétait : « Passé ou futur, le Fluide nous donne des indices du temps qui passe. Seul l’apprentissage et la contemplation permettent d’en déchiffrer les arcanes », répondit le Maître Grozilier. Range cette vision dans un coin de ta mémoire, puisque c’en est une. Ne saute pas à des conclusions hâtives. Prends le temps de réfléchir à ce qui t’es révélé, tu rassembleras des fragments de l’histoire comme les pièces éparses d’un puzzle souvent incompréhensible. Cela prouve néanmoins que ta sensibilité s’améliore et grandit chaque jour. Utilise la formation du temple pour conserver ta conscience indivisible et garder le recul nécessaire à l’impartialité.

Les deux moines interrompirent cette discussion instructive. Ils arrivaient à la salle de conférence devant laquelle des personnalités débattaient en haussant le ton. Le gouverneur du dictat, un gros humain, le teint gris, les yeux porcins, aux cheveux gras était pris à parti par trois humanoïdes que tout séparait. À droite un petit Drall voûté, les yeux noirs globuleux, la fourrure grisâtre propre, brillante, tout juste peignée, habillé d’un pagne richement brodé, gesticulait. À gauche un Selonien à tête de fouine affublée de crocs acérés, d’allure menaçante avec sa fourrure beige hérissée, regardait les autres avec dédain. Au milieu et avancé d’un demi pas un humain volubile, de taille moyenne, aux cheveux noirs, longs et bien entretenus provoquait du doigt. Ces quatre êtres représentaient les intérêts des peuples qui se déchiraient à la surface et dans les sous-sols de leurs planètes respectives.

- Messieurs, tonna l’Émissaire. Nous chamailler – Sa voix s’imprégna de douceur. – n’apportera pas de solutions durables à vos divergences. Autant que vous rejoigniez vos ouailles dans la rue pour vous étriper gaiement. Installons-nous confortablement et dégustons quelques breuvages suaves dont Corellia a le secret pour discuter de vos différents.

Les quatre gladiateurs se turent. Ils saluèrent les membres Bourtistes avant de maugréer passablement et d’entrer à leur suite dans la salle de conférence aux proportions intimidantes.
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Messagepar AJ Crime » Sam 28 Jan 2012 - 11:29   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

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Plusieurs jours s’écoulèrent, et alors que les controverses s’apaisaient avec la perspective d’accords commerciaux, militaires et sur les flux migratoires, Daivien Grozilier et son Disciple partageaient un repas avec les différentes coalitions. Le débat y continuait à bâtons rompus, renégociant certains points avec bonhomie. Le gouverneur consentait à beaucoup d’efforts mais garderait l’appui des gouvernements régionaux sur le contrôle du secteur.

Lou, entre deux bouchées, ressentit une sensation nouvelle comme si le Fluide le prenait pour cible et envahissait son organisme. Troublé à l’extrême, des larmes se formèrent au coin de ses yeux et ses poils se hérissèrent. Une violente tornade d’Énergie balaya les sensations extérieures, son âme se déchira. La peur et la douleur, fugitives, laissèrent place à la certitude qu’un événement grave et barbare se produirait bientôt.

Son Maître se tourna vers lui, les fins sourcils froncés et le sonda de son regard d’absinthe. Lou remonta lentement à la surface de cet océan qui venait de l’engloutir. Il flotta sur la réalité, hébété. Les conversations, ininterrompues, redevinrent audibles bien qu’incompréhensibles. Patient, Daivien attendit que le jeune homme reprenne le contrôle de ses sens.

- Ça va ? Une nouvelle vision, Lou ?
- Pas… – Le jeune homme affermit sa voix chevrotante. – pas tout à fait, Maître. Plutôt une sensation d’urgence, d’un malheur prochain. Je ne sais…. pas encore… je n’ai pas eu d’images.
- Cela arrive, un possible futur, mais cela peut être beaucoup d’autres choses…
- Il faut que je retourne sur Tython, tout de suite, l’interrompit-il.
- Non ! Tu dois toujours prendre du recul sur tes sensations. Nous méditerons après le repas et en rediscuterons.

Lou rongea son frein pendant près de deux heures avant qu’ils ne prennent congé de leurs hôtes. Les négociations nécessitaient quelques jours pour déboucher sur une signature définitive. Osem craignait de rester mais il avait l’obligation d’obéir quoi qu’il arrive. L’intime conviction qu’un malheur frapperait la congrégation enfla. Après une longue promenade dans les couloirs de l’ambassade, Lou et Daivien s’enfermèrent dans la chambre richement décorée du Maître, les nerfs à fleur de peau.

- Il faut faire quelque chose, rugit le Disciple.
- Oui, tu dois m’écouter et reprendre ton calme, fit posément le Maître. Tout d’abord, tu adopter une posture de contemplation. Il n’y a pas de mais – Lou referma la bouche qu’il venait d’ouvrir. – Je vais m’ouvrir au Fluide pour tenter de ressentir la même chose que toi et ensuite nous discuterons de ce qu’il se doit d’être fait.

En tailleur, ils s’assirent l’un en face de l’autre, le Fluide coula en eux. Les deux Bourtistes restèrent ainsi de nombreuses heures. La nuit envahissait la pièce lorsque le Maître daigna enfin desserrer les paupières. Daivien se redressa, s’étira et alluma les lumières. Posant sa réflexion, il attendit que son jeune Disciple fougueux revienne à lui. Le jeune homme, calme et reposé après la contemplation, sortit de la transe. Poursuivi par une idée obstinée, il leva des yeux interrogateurs vers son Maître souriant.

- Alors ? demanda-t-il.
- Ne négligeons pas l’éventualité que le vent du changement souffle sur la galaxie. Évidence est de constater que des malheurs nous toucheront bientôt. Dès que cette mission se termine, je me rends sur Coruscant. Dans ton cas, on prépare ton voyage retour vers le temple. Tu y répondras aux questions que les Grands Maîtres ne manqueront pas de te poser lorsque tu reviendras seul.

Daivien lui tendit une enveloppe anonyme, cachetée à la cire marquée du sceau du temple.

- Je … Je ne comprends pas tout, fit Lou en se saisissant de l’objet.
- Personne ne comprend tout, mais en s’alliant comme nous le faisons dans la Congrégation, nous progressons vers demain. Le dictat se penche sur le Fluide parce que des études présagent d’une utilisation singulière.
- Je ne savais pas. C’est lié à notre problème ?
- L’avenir est flou dans le Fluide et nous serons les acteurs du choix des meilleures voies. La civilisation est en expansion dans la galaxie, des heurts éclateront plus nombreux et notre mission consiste à la ramener dans des eaux plus calmes et vers des rivages d’abondance. Retourne donc sur Tython, je t’y rejoindrai plus tard.


Les préparatifs durèrent une longue journée avant que Lou emprunte un énorme transporteur de fret. Ce dernier sauterait de planète en planète, le chemin s’allongerait de détours. Lou bénéficierait de temps et du calme propices à l’introspection.



VII



Lou Osem rassemblait du Fluide autour de lui, de fortes doses d’adrénalines se rependaient dans tous ses tissus. Il ne lutta pas contre la chimie de son corps, concentrant de l’Énergie pour affronter les prochaines difficultés. Ses perceptions augmentaient avec régularité, discernant les doutes et la fatigue des Tythoniens. Lou saisit quelques torches qu’il alluma à l’aide du Fluide pour les passer aux courageux qui l’accompagnaient.

- Vous aurez besoin de lumière parce que nous progresserons dans des couloirs étroits vers les catacombes du temple. Au vu de l’état des bâtiments, je vous enjoins à la prudence. Il est possible que nous butions contre des effondrements ou que des marches s’effondrent sous nos pas. Regardez bien où vous mettez les mains et les pieds.
- Nous sommes prêts, répondit le plus énergique. Et nous vous suivrons jusqu'au centre de Tython si vous nous guidez vers des survivants.

Après un instant de concentration, Lou détecta la bulle d’Énergie dans le Fluide et toucha presque les âmes calfeutrées derrière.

- C’est ce que je fais !

Ils descendirent. Dans cette partie du temple, des explosions avaient soufflé des pans de mur entiers, des éboulements entravaient le passage et des incendies les suffoquaient. Afin d’économiser ses forces, Lou laissait les bras humains travailler pour lui sans utiliser le Fluide. Ils progressaient avec une lenteur d’Ascaride de roche d’Esseles. Silencieux, le Disciple se glissait dans la transe. Lou attirait l’Énergie environnante et la stockait en vue de ses futures actions. Bientôt, ils arriveraient aux puits d’accès des souterrains et la manœuvre risquait d’être délicate. S’il avait appris à déplacer des objets pour nettoyer son jardin ou s’économiser l’usage d’une machine pour les travaux difficiles, Lou l’utiliserait pour sauver sa congrégation et leur apporter des secours. Après avoir repoussé une nouvelle barricade de gravats, les humains revinrent vers lui penauds, harassés par ce travail de mineur.

- Le boyau dans lequel nous progressons est complètement obstrué, nous ne pouvons aller plus loin.

Évoluant en immersion totale dans le Fluide, Lou se déplaça doucement comme empâté dans une solution visqueuse. En phase avec son environnement, il intensifia sa transe par des exercices de contemplation maîtrisés de longue date et répondit avec délicatesse :

- Nous touchons au but. Vous avez accompli un labeur de titan, c’est maintenant à mon tour de vaincre la dernière difficulté. Passez tous derrière moi, voulez-vous !

Ils le regardèrent ébahis, percevant la puissance qui débordait de ce corps frêle. Ces gens simples habitaient la planète berceau de cette Énergie, ils la connaissaient, éprouvaient la puissance du Fluide au jour le jour. Les Tythoniens se reculèrent devant cet être doué de tous les pouvoirs. Nullement surpris de le voir en lévitation à quelques centimètres de la poussière, ils se rassemblèrent à plusieurs mètres de la muraille de roches éboulées.

Glacé, détaché, concentré, ouvert, Lou laissa le Fluide le traverser. La limite de son champ de perception s’éloigna soudain. Il buta sur un mur infranchissable et délétère dressé en protection par les survivants à la frontière des éboulements. Le Fluide l’alimentait. Le jeune Disciple inexpérimenté ne chercha pas à en forcer l’entrée, il se mêla au flux, se fondit dans la bulle. Une fois à l’intérieur, des esprits le touchèrent, l’identifièrent ; il y en avait encore plusieurs dizaines. L’un d’entre eux se mélangea même à lui, farouche, inquisiteur, complémentaire. Nadidja, sa filleule, se portait comme un charme. Elle brillait dans le Fluide, impétueuse, volubile et immature. Ils s’assurèrent l’un l’autre de leur intégrité. Sans une pensée superflue, Lou se retira. Nadidja l’aurait bien gardé si elle en avait eu les moyens.

Fidèle à son but, Lou entretint sa concentration, imperturbable. Cela la rendait folle. Il étendit les mains devant lui. Le jeune homme à la silhouette fine, fragile et élancée canalisa le Fluide avant de relâcher toute l’énergie accumulée en une seule poussée. Comprimés, les rochers s’écrasèrent sur la bulle de Fluide. Le Disciple Osem insinua des doigts immatériels dans tous les interstices et augmenta la pression vers les côtés de l’édifice. Dans un fracas d’épouvante, les pierres crissèrent contre leurs voisines. Bientôt un espace se créa. Par la force de son esprit, Lou sépara les débris de matériaux pluri centenaires. Le plafond, fragilisé par des explosions dévastatrices, menaçait de s’effondrer à son tour. Il le soutint. Une fois l’accès dégagé, un Grand Maître le toucha dans le Fluide et la bulle de protection primaire s’évanouit.

Lou conservait un peu de souffle et commanda :

- Messieurs, avancez ! Ils vous attendent, certains sont blessés et auront besoin de votre assistance. Lorsqu’ils sortiront des puits, soutenez-les et accompagnez-les à la surface où les services de secours les prendront en charge.

Le Disciple se tut, épuisé. Les hommes passèrent, à la fois craintifs et émerveillés par de telles prouesses que jamais un moine n’avait réalisé sous leurs yeux auparavant.

Quelques minutes plus tard, deux formes encapuchonnées sortirent du brouillard poussiéreux qui alourdissait l’air vicié des catacombes. L’une en noire et l’autre avec une bure beige, le Concile Vulptereen Zed Suln et la Maître Humaine Edlydie Trem, autant dire deux vieilles connaissances, s’approchèrent à grands pas. Ils l’encadrèrent pour mêler leur Fluide au sien et le soutenir.

- Il ne faudrait pas, fit la femme d’un ton léger, que notre talentueux Disciple soit pris d’une faiblesse avec autant de monde sous un toit aussi instable.
- N’écoutez pas cette vipère, Osem, répliqua froidement le Grand Maître. Nous devrons parler, que je sache ce qu’il est advenu de votre Maître. Vous rappelez-vous que nous vous avions confié à un Émissaire ?

Il les rassura via le Fluide tant l’effort l’empêchait de s’exprimer par la parole. N’utilisant plus les mots, les deux pontes de la congrégation le félicitèrent de sa présence et de sa ténacité. Des groupes de rescapés, des blessés surtout, furent dégagés les premiers. Un autre Grand Maître s’ajouta au dispositif d’étai vivant. Non loin de là, une Étudiante à la robe de bure déchirée et couverte de contusions se faufilait en jouant des coudes. Un émoi effleura la conscience de Lou. Allez-y, jeune et habile Disciple, nous nous passerons de vous. Le contact par le Fluide avec le Concile Suln fut bien plus doux et réconfortant que ne le laissait présager l’apparence et la voix bourrue de l’individu.

Lou relâchait doucement son effort pour que les maîtres autour de lui prennent sa place lorsque sa filleule se jeta sur lui. Il l’arrêta d’une pression mentale avant qu’elle ne le bouscule. Disciplinée, Nadidja se rangea à l’injonction et attendit. Elle le serra à bras le corps dès qu’il baissa les siens. La tornade d’émotions qu’Osem s’attendait à voir le submerger brilla par son absence. Il ne feignit pas son agréable surprise. Constater un tel progrès le ravit et il en informa aussitôt Nadidja par le Fluide.

- Occupez-vous de vos proches, Disciple Osem, chuchota la femme dans son dos. Nous nous reverrons bientôt.

Affaibli, épuisé, affamé, Lou défaillit. La jeune femme l’obligea à se reposer sur lui et l’aida à marcher pour remonter vers la lumière. Nadidja papota sans discrétion dès qu’ils s’éloignèrent des Maîtres.

- Des hommes avec des armures de combat noires ont attaqué le temple armés jusqu’aux dents. Je les ai vus traverser les jardins en massacrant tous ceux qu’ils voyaient. Des Disciples ont bien tenté de discuter avec eux mais ils ont été abattus comme des chiens. Le Fluide a permis à d’autres d’éviter les balles pour se mettre à couvert. Les Conciles ont appelé dans le Fluide pour nous rassembler et nous mettre à l’abri dans les catacombes. – Continua-t-elle emportée par le récit sans chercher la cohérence. – Ils y ont érigé un dôme de Fluide infranchissable pour nous protéger. Je ne savais même pas que c’était possible. Le Pawindé Dimitril est resté à l’extérieur avec quelques autres, pour tenter de nous faire gagner du temps. Leur résistance n’a duré que le strict nécessaire. Les troupes d’assaut ont fait sauter les accès pour nous enterrer vivants. Ils ont failli réussir. Des pans de mur se sont écroulés à l’intérieur, blessant beaucoup d’entre nous.

La jeune femme serra les dents, émettant quelques émotions dans le Fluide. Dégoût, peur, inquiétude, vengeance, analogues à ceux que Lou ressentait il y a encore quelques heures. Nadidja semblait avoir beaucoup mûri en deux mois. Sa filleule reprit le contrôle et s’excusa :

- Désolée, je me suis laissée aller.
- Ne t’en fais pas, tu as bien progressé. Ne t’inquiète pas trop pour Dimitril, je l’ai retrouvé, blessé mais en vie. Des secours arrivaient alors je me suis arrangé pour qu’ils s’en occupent dans les premiers après lui avoir donné les premiers soins. Les Maîtres doivent avoir des idées quant aux gens qui nous ont attaqués ?
- Sûrement, bien qu’ils n’aient rien divulgué de leurs conjectures. J’ignore la provenance de ces êtres vils qui nous ont massacrés alors que nous ne faisons de mal à personne.

Après quelques réflexions, Lou finit par chuchoter :

- Sur Corellia, j’ai vu les troupes du dictat et certains groupes d’assauts. Ils correspondent à tes descriptions. Pourquoi le pouvoir central mènerait-il une guerre contre nous, sans armes et sans défenses ?
- Je l’ignore, Lou. Mais que fais-tu là ? Tu ne devrais pas être en train de sauter de planète en planète avec ton Maître ?
- J’ai eu une suite de visions. Des augures de catastrophes me poussaient à revenir au plus vite.

Lou ressentait la fatigue, peinant à parler, le souffle court.

- Si tu étais arrivé trop tôt, tu serais mort ou enfermé dans les catacombes avec nous jusqu’à ce que nous n’ayons plus de nourriture, ni d’eau.

L’avenir se jouait à l’heure près. Si Lou avait eu la vision au coucher plutôt qu’au lever, il aurait gagné une journée sur le trajet et mourrait ici avec les autres. Le Fluide avait été ébranlé jusque dans l’hyperespace. La disparition de tous ces êtres vivants, plus ou moins connectés sur Tython où la présence de l’Énergie universelle jaillissait de toutes choses, s’était répercutée aux confins du Dictat. Il s’en souvenait et y repenserait jusqu’à la fin de ses jours. Et s’il avait attendu ce signal, tous les membres de la congrégation auraient été retrouvés mort d’inanition ou écrasés par les éboulements une fois le bouclier de Fluide dissout…



VIII



L’inquiétude minait le jeune Disciple qui s’isolait sous la capuche beige de sa robe de bure. L’immense vaisseau bénéficiait d’une large baie en transparacier où chacun pouvait admirer les étoiles réduites à des traits de lumière depuis l’hyperespace. Lou Osem cherchait en vain Briguillon autour de laquelle tournait la planète où il avait grandi et découvert le Fluide sans lequel il ne concevait plus l’existence.

Encore une minuscule journée de temps standard à patienter, sur les presque quinze que comptait le voyage retour ; Tython n’était pas une planète très courue. Trois escales l’avaient obligé à un grand détour. Il se souvenait bien de l’escale d’Alderaan où il avait posé les pieds, juste le temps de découvrir quelques ruelles d’une ville développée à l’excès et aux habitants sympathiques bien que froids. Lou avait lu beaucoup de choses sur cette planète colonisée et florissante. Les deux suivantes ne l’avaient pas marqué du tout. Aargau et Ruan étaient des planètes mineures à l’exploitation industrielle galopante. Le Disciple Osem s’impatientait entre ces haltes indésirables parce que la sensation de s’éterniser dans l’espace l’indisposait, impatient de retrouver sa planète.

Surpris pendant l’observation attentive du point fuite, le jeune Disciple fut frappé par une soudaine onde de douleur. L’expérience se renouvelait depuis qu’il avait quitté Tython. Le Fluide forçait le passage dans son organisme afin de l’avertir ; mais de quoi cette fois ? Lou inspira à fond, usant de ses techniques de contemplation, il laissa le Fluide le submerger, le traverser puis refluer. Osem garda son calme alors que ses sens s’affolaient. Il retourna un œil intérieur pour analyser l’information transmise par la décharge d’Énergie.

Un coup de massue s’abattit sur le crâne de Lou. Une douleur disproportionnée étreignit son cœur. Là, dans la direction où il portait le regard. Quelque part entre les traits de lumière qui tapissaient l’espace au travers de la baie en transparacier, un massacre était commis. Sa vision se révélait exacte, le Fluide en portait l’écho jusqu’à lui. Là-bas, des amis, des innocents, des êtres vivants, souffraient et pour une poignée d’heures, il n’affronterait pas le destin à leurs côtés. Le Fluide le quitta, Lou s’en détacha, ne voulant pas sonder pour ne pas percevoir dans les méandres de son âme les hurlements des suppliciés.


*******


Le Disciple Osem, les gestes mesurés, rajusta sa capuche en tissu rugueux et inconfortable. Il rejoignit sa cabine en silence seuls ses yeux bougeaient pour estimer les trajectoires des autres passagers et ainsi éviter de les percuter. Dans le silence brisé par les ronronnements des propulseurs hyperdrive, il consentit à évacuer une partie de la douleur sur ses joues. Lou s’allongea sur le lit trop confortable à son goût pour se plonger dans une transe légère. Il coupa délibérément ses connections au Fluide et s’enferma dans le chaos.

Lou réfléchit. Le jeune Disciple se laissa bercer par les rares leçons de son Maître qui le marquait déjà de son empreinte indélébile. Il détourna son attention du malheur qui s’accomplissait à plusieurs dizaines de parsecs d’ici. Le jeune homme comprit pourquoi les Conciles attribuaient avec soin des Maîtres aux Pawindés dont ils ne se séparaient qu’en d’exceptionnelles occasions. De la même façon, les meilleurs d’entre eux passaient entre les mains de plusieurs Grands Maîtres afin d’acquérir des connaissances et des philosophies variées pour, à leur tour, guider la communauté sans faillir. Lou ressentait le besoin d’avoir un aîné auprès de lui. Son maître l’aurait conseillé et aurait décrypté avec lui ces perceptions déstabilisantes. Daivien avait accordé une confiance mitigée au choix précipité de Lou de voler au secours du temple de Tython. Serait-il à la hauteur arrivé à destination ? Il en doutait, confronté à la dure réalité du Dictat.

Le sommeil le plongea dans l’oubli, une fuite bienvenue. Il aurait besoin de forces, bientôt.


*******


Réveil ! Trop brutal ! Une voix mécanique de droïde féminisé le rappelait dans un univers sans pitié alors qu’il sentait l’à-coup en sortie de l’hyperespace.

- Nous informons notre aimable clientèle que nous pénétrons dans le système de Briguillon. À l’éclairage des dernières holonews, nous décourageons les voyageurs désireux de se rendre sur Tython de le faire. Pour ceux qui voudraient absolument débarquer, nous les informons qu’exceptionnellement le spatioport n’est pas en mesure de recevoir un vaisseau de notre taille. Les passagers à destination de cette planète sont priés de bien vouloir se rendre à la baie d’amarrage DTBA4289 pont –3. La compagnie retire toutes responsabilités pour la suite de votre voyage. « Respectons le Ladish, le Ladish nous respectera ! »

Sur ces bons mots, Lou Osem, Disciple de la congrégation Bourtiste, rassembla ses maigres possessions avant de quitter sa cabine sans un regard en arrière. Les maximes des sociétés gouvernementales ressemblaient de plus en plus à de la propagande. Maître Daivien Grozilier n’aurait pas manqué de le lui faire remarquer.

Les traits du jeune homme se durcirent lorsqu’il se connecta au Fluide et s’ouvrit. Pas besoin d’allumer l’une des consoles presque neuves de l’holonet, pour connaître les dernières informations sur sa destination. L’assaut avait cessé, léguant un monde en souffrance à la population choquée. La texture même de l’Énergie s’atténuait, déchirée et même vide par endroit. Perplexe, Lou affronta le désespoir.

Il se présenta à la capsule automatique qui ramènerait une poignée de familles éplorées vers une planète dévastée. Au cours de la descente, Lou répandit autour de lui des ondes de réconfort et de courage. Les pleurs cessèrent.

La navette livra des individus gonflés de courage à un terminal ouvert aux quatre vents dans un spatioport démantelé où des incendies calcinaient le mobilier fracassé. Lou céda de bonne grâce les rares transports mécanisés en état de marche à ses compagnons d’infortune. Un groupe de chanceux l’interpella :

- Monsieur, pouvons-nous vous amener jusqu’au temple ?
- Merci, répondit-il. Mais ce n’est pas sur votre chemin, vos familles attendent que vous les rejoigniez pour les secourir.
- Nous insistons ! Nous vous avancerions de quelques rues.
- Le chemin n’est pas si long. Mais j’accepte à la condition que vous ne fassiez pas un détour.

Leurs chemins se séparèrent une dizaine de minutes plus tard. Le malaise de Lou s’alourdissait d’autant, il ne révélait pas toute la vérité. Presque aveugle dans le Fluide dont il ne s’expliquait pas les perturbations, il n’aurait pu dire si ces aimables personnes ne relèveraient pas que des cadavres. Rassemblant les forces dont il disposait, il trottina vers le temple dans le seul but d’éviter toute rencontre.

Un pilier de fumée noire comme de l’encre s’élevait au bout de sa route. Étreint par la crainte, le pas hésitant, l’approche prolongea tel un long calvaire. Les pieds endoloris, Lou aborda les ruines du temple, floues au travers de ses larmes. Il ne chassait plus la douleur. Taraudé jusqu’au tréfonds de son âme, Lou ruminait une colère dévastatrice. Des cadavres parsemaient son chemin et le nombre augmenta lorsqu’il passa l’enceinte détruite du temple, effondrée par endroit, éventrée à d’autres sans qu’il n’en subsiste la moindre pierre. Une sombre rancœur palpitait en lui, terrassant son entraînement rigoureux. À chaque enjambée, il voyait toujours plus de cadavres en robe de bure déchirés, salis, troués de balles ou brûlés par quelque rayon d’énergie. Lou dérapa dans une boue spongieuse marquée par les empreintes profondes des bottes de soldats alors qu’il réalisait que ce champ de bataille où il perdait la maîtrise de lui-même remplaçait les jardins tant affectionnés. Osem ne pouvait plus s’ouvrir au Fluide, ne disposait plus de ce soutien, du réconfort de la congrégation, de cette énergie intarissable si forte en ce lieu.

Dans un cri de détresse infini, expression d’une douleur incommensurable, Lou perdit pied. Ses jambes fatiguées ployèrent. Le grand corps fragilisé s’abattit dans la fange. La haine submergea toutes autres pensées. Le désir de vengeance vibra au cœur de son intimité. Tremblant, il perdit le décompte du temps, en chute libre dans un puits abyssal.




IX



Le général humain Proéa Motillier, debout à la passerelle du Destroyer de classe D4d Pourfendeur, le bien nommé, regardait le rideau d’étoiles de l’autre côté de la baie d’observation. D’une oreille attentive, il écoutait le décompte de l’officier navigation. Une secousse ébranla le navire lorsque la propulsion subluminique prit la relève de l’hyperdrive. Rodés à la manœuvre, les opérateurs allumèrent les détecteurs, sondeurs, récepteurs qui hérissaient le vaisseau. Les informations transmises par le centre de contrôle correspondaient à celles qu’ils récoltaient avec leurs appareillages.

Le corps expéditionnaire du Dictat revenait à la maison, presque sans une égratignure. Proéa ressentait toujours une grande joie à retrouver son système après un long moment d’absence, mais pas cette fois. Pourtant, il s’extasiait devant la boule de lumière froide qui en irradiait les planètes, dont Coruscant, la sienne. Il devinait trois des quatre satellites naturels de la métropole primordiale du Dictat parce qu’il en connaissait les positions précises. Son visage taillé à la serpe reflétait dans chacune de ses rides les combats du passé. Ses yeux, d’un bleu transparent, provoquaient des frissons de crainte dans les reins des soldats. Autant qu’ils avaient fait tomber les femmes à l’époque où, jeune pilote, sa chevelure brune coupée court retombait en une seule mèche indisciplinée sur son front haut et plat.

- Capitaine Vretillia, mettez le cap sur les Docks du corps.

Expérimenté, l’officier connaissait les ajustements de route et les chanta d’une voix neutre à l’homme de barre :

- Prenez le vecteur 356, assiette + 10, en avant trois quarts.

Le Pourfendeur accéléra en direction d’une des lunes à la surface constellée de lumières. Ils discerneraient bientôt des bâtiments gris : leurs quartiers. Proéa n’aimait pas les missions trop faciles et là, ils touchaient aux limites du système. De ses mains, il avait ordonné que l’on transforme un temple Bourtiste en boucherie, pour finir en tombeau. Bombarder une planète sans défenses pour faire diversion et envoyer ses troupes à l’assaut de contemplatifs pacifistes ne consistait pas à ses yeux en un acte de guerre honorable. Sans opposition, ses hommes surentraînés avaient tout rasé, étouffant les derniers survivants sous des tonnes de roches, les pierres même qui les abritaient depuis plusieurs siècles. Effectuer le sale boulot ne correspondait pas aux missions d’un corps d’élite. Le général s’en était plaint dès la réception de l’ordre de mission pour Tython. L’administration ne lui avait accordé qu’une fin de non-recevoir.

Motillier s’assit confortablement dans le siège du pacha pour surveiller les manœuvres d’accostage. Moment délicat pour lequel il ne permettait pas, sauf dérogation, l’utilisation des systèmes automatiques. Les navigateurs faufilaient le Pourfendeur au milieu d’un fatras organisé de yachts et de bâtiments de combat stationnés ou en évolutions autour de Coruscant. Affronter un champ d’astéroïdes exposait à moins de dangers et Proéa s’assurait à chaque retour du haut niveau d’entraînement de l’équipage. Sans un mot, il quitta la passerelle lorsque le plus imposant vaisseau de la flotte s’immobilisa dans ses cales.

Proéa s’arrêta une seconde à la hauteur du second du navire, une Kommites :

- Commandant Destillia165, murmura-t-il, vous féliciterez chaudement l’ensemble de l’équipage et des troupes pour cette mission exécutée à la perfection.
- Bien, mon général, il sera fait selon vos ordres.

La peau orangée de l’extra humaine jaunit un peu au niveau des protubérances lisses de son crâne. Elle masqua son trouble par un salut impeccable. Les choses changent si vite depuis que l’hyperdrive permet un transport quasi instantané, pensa le général dans la coursive qui l’emmenait vers son bureau.

Cela ne faisait pas loin de deux cents ans que les Ladish exploitaient cette technologie sans la partager. Depuis que les Corelliens avaient redécouvert Coruscant grâce à ce nouveau moyen de transport dont ils étaient les inventeurs. Le pouvoir central, qui avait pris le dessus au départ des Rakatans quelques millénaires plus tôt, ne réussissait plus à maintenir la cohésion politique de ses planètes satellites. L’hypernation autorisait les voyages spatiaux à des vitesses subluminiques sans souffrir du passage du temps mais ne permettait pas d’administrer plusieurs planètes. Les gouvernements connexes évoluaient trop vite pour les assujettir aux commandements des Ladish ou d’en mater les rébellions de manière efficace.

La main de sabacc tournait depuis que les corelliens avaient renoué le dialogue, apportant avec eux la redoutable technologie qu’ils avaient mise au point pour retrouver la planète mère anciennement soumise aux Rakatans. Selon les contes et légendes de Coruscant, les Rakatans maîtrisaient des facultés ressemblant au Fluide des Bourtistes enrichies d’aptitudes combatives hors du commun. Ils écrasèrent d’un joug pesant les êtres vivants d’une grande partie de la galaxie en des temps très reculés pour disparaître du jour au lendemain. Ils les laissèrent sans technologies, tout fut à reconstruire. Avec le temps, les Ladish lancèrent vers l’espace incommensurable des centaines de vaisseaux cités pour tenter de coloniser les étoiles. Plus tard, avec l’aide du savoir-faire corellien, il fut aisé d’unifier toutes les planètes de ce que l’on appelle le Noyau Profond. Au compte-gouttes, les colons ne revenaient des confins de l’espace intersidéral que depuis une petite centaine d’année, et les problèmes avec.

Gouverner ce nombre croissant de planètes devenait une tâche ardue d’autant que, ces dernières décennies, outre la démocratisation de l’hyperespace, des colonies périphériques puissantes s’étaient fait connaître, apportant dans la banlieue même de Coruscant de nouvelles conceptions politiciennes. Par effet domino, cela déclencha chez des rêveurs anarchistes des départs incontrôlés vers des ailleurs lointains que permettaient soudain le voyage et l’information instantanée par hyperdrive. Ils subissaient la troisième vague de colonisation. Les troupes de l’armée régulière s’éparpillaient dans un cosmos presque infini. En tant que général des corps expéditionnaires, Motillier avait d’autres Banthas à faire marcher au pas, et bien d’autres batailles plus sérieuses à mener que de massacrer des créatures sans défenses. Même si l’évidence voulait que, pour certains membres du gouvernement dictatorial, ces gens simples utilisant le Fluide ressemblaient sur de nombreux points aux Rakatans honnis.


*******


Le Général Motillier pilotait seul son chasseur Alliance X8b modifié pour se rendre au palais sur Coruscant. Une verrière en transparacier de l’avant à l’arrière assurait une vision à 180°. Vu de dessus, le corps du chasseur en forme de banane écrasée disposait à chaque extrémité des lasers lourds à cadence configurable. Au centre, une proéminence supportait le cockpit, appuyé sur les propulseurs orientables qui assuraient une maniabilité optimale aussi bien dans l’espace qu’en vol atmosphérique. Les X8, réservés à l’élite des pilotes du Dictat, effrayaient tous les adversaires du pouvoir central. Ils n’avaient qu’un seul défaut, commun à l’ensemble des chasseurs individuels : impossible de placer un hyperdrive dans un aussi petit espace.

Détendu, l’esprit alerte, virevoltant au sein d’un trafic intense en orbite basse, Proéa réagissait à chaque changement de direction des véhicules autour de lui. Le général écoutait le contrôle, prévoyait les trajectoires des vaisseaux au plus loin. L’homme ne se prêtait plus que rarement à ce type d’exercice et ne combattait qu’en simulation. Il y triomphait constamment des bleus pleins d’avenir qui se battaient régulièrement contre des contrebandiers ou les dissidents. Tout cela lui manquait tellement. Cette passion de jeunesse, ressuscitée l’espace de quelques heures, revigorait ses sens.

La main sur les gaz, Proéa poussa les moteurs. Il entama une plongée et se faufila sur la tranche entre deux transports rectangulaires, redressant soudain pour passer au-dessus d’un yacht magnifiquement dessiné. La manœuvre aurait effrayé certains des meilleurs pilotes de chasse en activité. D’un coup de manche à droite, le Général Motillier négocia un tonneau barriqué avant de plonger dans l’atmosphère. Le frottement lui fit perdre de la vitesse, échauffant le cockpit. Les autres vaisseaux s’écartaient de sa trajectoire ; heureusement qu’il s’était annoncé à la radio.

En descente, Proéa assista au plus beau spectacle que lui offrait son existence présente. La pluie de la nuit, sous l’action du soleil levant dans son dos, couvrait d’or les immeubles immenses du centre politique de la ville. Il passa plusieurs minutes à admirer le spectacle en transformation constante devant ses yeux ébahis victime d’un retour en enfance. Le contrôle l’interrompit :

- Général Motillier, vous avez l’autorisation d’apponter au palais dictatorial.
- Merci, à ma convenance !
- Il vous est demandé de modérer votre vitesse et de suivre les vecteurs d’approche établis. Les pilotes autour de vous se plaignent de vos mouvements anarchiques, le trafic est chargé. Un incident serait malvenu, monsieur.
- Oui, madame !

À peine finissait-il de prononcer la dernière syllabe qu’il se désintéressait du magnifique spectacle qui illuminait les tours de verre. D’une brutale accélération, Proéa plongea au travers des voies de circulation, slalomant entre des vaisseaux aux tailles et formes variées. Il s’inséra entre les nombreux gratte-ciel de Coruscant et se rétablit au niveau des véhicules individuels. Son communicateur cracha des ordres. Le chasseur survolait en hurlant les voitures à répulseurs qui tanguaient follement. Proéa se glissa entre deux bâtiments d’une violente boucle à droite avant de finir par une chandelle. Il inclina le chasseur à gauche pour serrer la tour principale du palais dictatorial. Les propulseurs rugirent dans les gammes du combat. Il remonta l’édifice en colimaçon constellé de balcons en une parfaite hélice. Proéa déborda du toit, inversa la poussée et d’une même manœuvre se posa en douceur à l’emplacement qui lui avait été désigné.

- Général Motillier, votre position ? Votre appareil n’apparaît plus sur nos senseurs. Répondez maintenant ou nous déclenchons les recherches.
- Calmez-vous ! répondit-il. Je suis posé au palais.
- Comment ?
- La prochaine fois que vous donnerez des ordres à un chasseur dictatorial, assurez-vous du pilote. Je peux faire beaucoup de choses avec mon appareil, comme disparaître de vos senseurs et me poser sans que vous le sachiez. À l’avenir, évitez de manquer de respect à un général, j’en connais qui ajouteraient votre nom aux matricules de leurs geôles.
- Bien, monsieur, je ne cherchais qu’à assurer la sécurité des usagers. Veuillez recevoir toutes mes excuses.
- C’est louable. Moi aussi j’assure votre sécurité à tous, tous les jours. Terminé !

Motillier coupa sa radio, fin de la discussion. Il descendit aussitôt de son X8b. Des techniciens, surpris par son arrivée, approchaient du chasseur dont les voilures craquaient en refroidissant.


*******


Le Ladish s’imprégnait une fois de plus du rapport de renseignement sur les capacités possibles des Bourtistes ; de l’ancienne congrégation Bourtiste plutôt. L’attaque du temple de Coruscant non loin d’ici, quelques jours auparavant, avait été rondement menée par une équipe de commandos expérimentés.

Il fit face au pan de mur vitré pour admirer la cité tentaculaire qui lui appartenait depuis sa naissance. Son esprit échafaudait des stratégies. Une fois débarrassé de ces défenseurs des opprimés qui contrariaient certains de ses intérêts, il affermirait son contrôle sur le Noyau Profond pour voir revenir les colons d’un œil plus serein. Et puis, il avait la certitude que ces maudits moines orientaient leurs conseils pour s’insérer dans le monde politique. Les Émissaires désamorçaient des conflits mais de plus en plus souvent la balance ne penchait plus à son avantage. Ses conseillers et lui étaient persuadés que ces pacifistes grignotaient son pouvoir et qu’ils finiraient par développer des compétences belliqueuses à l’aide de ce Fluide. Lui, Carieda VIII, Ladish du Dictat, ne permettrait pas l’émergence d’un groupe analogue à l’envahisseur Rakata. Cela avait nécessité une frappe préventive avant qu’il ne soit trop tard pour agir.

Son communicateur le rappela à la réalité. Il sourit. Au lever du soleil, un chasseur était passé en trombe sous ses fenêtres. Il ne connaissait qu’une seule personne capable de se permettre de telles acrobaties sur Coruscant.

- Oui, répondit-il sèchement.
- Le général Proéa Motillier au rapport, seigneur Ladish.

La voix sensuelle de sa secrétaire ne dépareillait pas de l’apparence sexy qu’elle affichait. Il écoutait toujours cette voix suave avec beaucoup de plaisir, d’autant qu’elle lui rappelait instantanément la plastique idéale de la jeune femme.

- Faites-le entrer !

La porte s’ouvrit, la demoiselle entra dans la pièce, au garde à vous pour saluer le visiteur. Une fois le général introduit, elle fit un quart de tour et referma sans bruit. Clinquant dans un uniforme tiré à quatre épingles, Proéa claqua des talons alors que ses doigts battaient les coutures du pantalon ajusté.

Le Ladish pivota le fauteuil pour faire face à son invité. Ils auraient pu partager les mêmes bancs d’école. Si le général s’entretenait toujours, le dictateur présentait tous les signes d’une vie trop facile, sédentaire, excessive. Le visage rondouillard, aux joues rosies, les lèvres lippues et boudeuses détonnaient par rapport aux yeux noirs intelligents, pétillants, méfiants ou, le plus souvent, accusateurs. Pour le moment, ils exprimaient la malice et la joie :

- Proéa ! Je sais que le pilotage et le combat vous manquent mais la surface de Coruscant avec ses cohortes de buildings ne sont pas un terrain de jeu. J’aimerais ne plus avoir de réflexions concernant vos acrobaties même si je ris toujours de vous voir passer devant mes fenêtres. Passons sur cela, j’attends de vous que vous soyez un exemple, et un bon. Il me semble que nous avons d’autres sujets de réjouissance. Votre objectif sur Tython constituait un point noir qu’il fallait vider, j’en attends des nouvelles.
- Oui, votre grandeur. La résistance quasi inexistante nous a offert la possibilité de nous approcher pour bombarder leur capitale depuis l’espace avant de débarquer des commandos. Aucune défense enregistrée dans leur temple, en bons pacifistes, ils se sont laissé massacrer sans répliquer. Tout juste ont-ils tenté de se réfugier dans les catacombes de leur temple mais nous les avons ensevelis à coup d’explosifs, obstruant les accès. Le retour n’a pas été plus mouvementé.
- Vous vous êtes assuré que personne n’irait les déterrer, j’en suis fort aise. Nous avons également fait un sort à leur temple ici sur Coruscant. Ça fume encore mais nous avons ligoté l’holonet le temps nécessaire. En revanche, les rapports indiquent que les commandos ont rencontré plus de difficultés : certains rebelles Bourtistes ont pris la poudre d’escampette. Les escouades dépêchées dans les colonies ont réduit à néant leurs avant-postes. Des dispensaires Bourtistes, je crois ? Les comptes-rendus d’actions tombent régulièrement depuis quelques heures.

Proéa Motillier eut un haut-le-cœur avant de questionner :

- Les dispensaires des colonies ? Ce ne sont même pas des Bourtistes en robe de bure qui en assurent le fonctionnement. Ne vouliez-vous pas agir dans la discrétion ?
- Calmez-vous, général ! Nos hommes ont agi par petits groupes déguisés en agitateurs locaux. Au pire, cela désorganisera leurs gouvernants le temps que nous redisposions nos troupes. Et puis, je relisais le rapport d’étude sur les possibilités entrevues par nos scientifiques, théologiens, historiens et philosophes. Ces gens-là sont extrêmement dangereux, je n’aimerais pas voir ressusciter l’ombre des envahisseurs Rakatans. Nous nous devions d’ajuster les forces et vous êtes ma meilleure carte, mon général.

Le Ladish marqua une pause, tout sourire. Proéa se sentait anéanti mais donnait le change. Autant d’actions simultanées ne resteraient pas invisibles et la vindicte populaire gonflerait dans des proportions inimaginables. Comment passer sous silence autant d’actions militaires ?

- Allez, reprit le dictateur. Asseyez-vous et buvons un bon verre. Je viens de me faire livrer, à prix d’or, une cuvée d’Alderaan ; magnifique planète ! Il faut fêter cela et préparer la suite de nos opérations.

Pendant qu’il bavardait, le Ladish leva sa vaste corpulence pour ouvrir un buffet non loin du bureau. Il en sortit deux verres et une bouteille richement ouvragée.

- Certains de leurs Émissaires, continua Carieda VIII, ce sont sûrement les plus virulents, remplissaient des missions au moment des faits et nous avons quelques évadés à rattraper. Pas de témoins, c’est vous qui m’avez appris cela. Nous jouerons finement afin de ne pas être démasqués. Vous me trouverez bien des mercenaires et chasseurs de primes chevronnés pour mener ces besognes ?
- Bien sûre, votre grandeur, il en sera fait selon votre désir. Mais je ne saurais trop vous conseiller la prudence.
- J’agis pour le bien de tout le Dictat. La prudence est en effet de mise et je me repose sur vous pour jouer d’une main de maître. Je ne veux pas que la vermine survive !

Proéa se rongeait les sangs, la mission dépassait largement son domaine de compétence. Conscient de s’asseoir sur un siège éjectable, il accepta cette nouvelle mission : faire la guerre à une congrégation pacifiste et loyale. Il ne doutait pas de remplir le cahier des charges même si la précipitation dont avait fait preuve leur guide et maître à tous compliquerait la tâche. Amer, il goûta le vin délicieux sans l’apprécier. L’histoire en témoignait, l’autoritarisme de la lignée des Carieda augmentait progressivement au cours de leur règne jusqu’à atteindre des sommets. Le huitième respectait la règle fixée par ses aïeux. Proéa se demanda jusqu’où celui-ci s’arrêterait et si le successeur ne serait pas pire que ce Ladish. Il existait une solution à cette équation quelque part, et Proéa se jura de la résoudre.
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Messagepar AJ Crime » Sam 28 Jan 2012 - 11:30   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

X



La pluie battait Ternangoff, noyant la région comme si le ciel lui-même désirait aider les habitants à nettoyer la ville des ignominies dont elle souffrait. Du ciel gris que l’on aurait pu toucher du bout des doigts la main levée, des cataractes frappaient les pierres et transformaient les collines en torrents de boues. Le sol, retourné par l’invasion récente, glissait au rythme des averses. Les jardins n’accaparaient plus les égards. Quelques jours après l’attaque, les Bourtistes enterreraient les morts dans l’affliction, priant pour leurs âmes fondues dans le Fluide. Les trous, excavés à l’identique, accueillaient indifféremment Novices, Étudiants, Disciples, Pawindé, Maîtres ou Conciles, tous égaux.

Lou pensait ne jamais finir de creuser des tombes. Les deux tiers des membres du temple reposeraient bientôt auprès des ruines. Tous les survivants en état de manier la pioche et la pelle participaient à la construction des dernières demeures de ceux qui les avaient quittés.

De rares vaisseaux atterrissaient sur l’astroport, les dirigeants de Tython recevaient l’aide infime d’un nombre restreint de planètes du Dictat. Le Ladish se concentrait sur d’autres priorités et les gouvernements du Noyau préféraient suivre l’exemple pour ménager les autorités. Il était de notoriété publique que Tython subissait les foudres du pouvoir central. Il se disait même que les Bourtistes étaient la cible principale d’attaques dans tout l’univers connu et que le Ladish ne levait même pas le petit doigt. Des planètes satellites jusqu’aux colonies, des dispensaires avaient été la cible de dégradations. Le temple de Coruscant ne transmettait plus aucune nouvelle. Tous ici craignaient le pire.

- Disciple Lou Osem ?

Au fond du trou qu’il creusait, Lou se redressa. Un Novice de six ou sept ans, le visage marqué, le regardait avec des étincelles au fond des pupilles. Le garçon s’avança au bord de la tombe.

- Les Conciles demandent à vous voir, dès que possible.
- J’en ai fini ici !

Lou, d’un bond aidé du Fluide, sauta les six pieds qui le séparaient de la surface pour atterrir auprès du messager. Il planta sa pelle dans un tas de terre. Le Novice lui sourit avant d’ouvrir la route.

- Je dois me nettoyer et me changer avant de me présenter devant les Grands Maîtres, dit Lou d’un ton léger.
- Cela va de soi, je les avertirai du contretemps.

Au milieu de la Grand-Place trônait une tente immense servant d’hôpital de fortune, où des blessés supportaient la douleur en silence. Les valides logeaient dans des abris plus spartiates. Pour installer le campement provisoire, ils avaient péniblement déblayé les gravats du temple. Entre les murs aux contours irréguliers, effondrés et décapités, des toiles avaient été tendues pour les protéger des éléments. Personne n’avait investi les bibliothèques pourtant sauvegardées par des bijoux de technologie. Certaines enceintes en permabéton ne s’ouvraient plus, mais il se disait que les systèmes anti-incendie avaient fonctionné pour en sauvegarder l’essentiel.

Lou se dirigea vers le lit de camp et le petit tas auquel se résumaient ses affaires depuis la destruction du temple. Tristement, il procéda à quelques ablutions et revêtit une bure beige propre avant d’en rabattre la capuche sur sa tête. Lou glissa ses mains dans les manches et, pratiquant un exercice simple de relaxation, plongea dans le Fluide pour se diriger vers la convocation des Conciles. Ombre claire sur les murs brûlés de pierres grises étincelante d’humidité, sa silhouette longiligne adoptait une démarche légère et équilibrée, un brin rigide.

Guidé par le Fluide, le Disciple Osem trouva la bibliothèque où le Concile tenait conseil. Il s’arrêta devant les portes tordues et étendit ses perceptions à l’intérieur. Lou fut convié à entrer. Le battant grinça lorsqu’il le poussa et, gêné, se présenta devant les Grands Maîtres. Huit robes plus noires que les ténèbres vaquaient dans les rayons renversés. Elles se penchaient pour ramasser des ouvrages, relisaient des parchemins ou vérifiaient des holocrons. Une capuche déformée se dirigea vers lui ; un rostre bardé de défenses ivoire en dépassait ainsi qu’un front aplati à la peau brune tachetée par l’âge. Lorsque le Grand Maître Suln se découvrit, Lou fit poliment de même.

- Si je continue à vous chapeauter ainsi, certains vont croire que je fais de l’ombre à votre Maître, le très honorable Émissaire Daivien Grozilier. Nous avons lu la missive que vous nous avez remise.
- Que contenait-elle ?
- La précipitation n’est pas une vertu, encore moins pour un Bourtiste. Vous en serez informé lorsque nécessaire. Pas d’inquiétudes, chuchota-t-il.

Le Disciple Osem ne cilla pas sous le reproche. Il s’engagea sur une autre voie.

- Je constate que l’inventaire de nos ouvrages avance. Est-ce que nous pouvons envisager de reloger les survivants ? Les conditions sont précaires et se dégraderont encore.
- Oui, en effet, deux Maîtres et un Pawindé explorent un ancien temple loin d’ici dans les forêts de notre planète. – Lou ne marqua pas son étonnement bien qu’il pensât que les bibliothèques conviendraient mieux. – Il y eut une époque très lointaine, lorsque les Rakatans s’évanouirent dans les confins de l’espace, où les colons Tythoniens furent coupés du reste de l’univers. Nos fondateurs ont construit les premiers temples pour se familiariser avec le Fluide et s’immerger dans la nature source de notre énergie sans subir l’influence des autres colons. En ces temps reculés, ces hommes et ces femmes, reclus, composèrent les préceptes de notre congrégation, édictèrent nos valeurs et étudièrent le Fluide pour nous offrir le luxe d’en acquérir le contrôle. Aujourd’hui, nous appartenons au noyau central et répandons la parole de la paix et de l’harmonie. Pourtant, le Ladish a pris peur et va tenter de nous supprimer du Dictat.
- Peur de nous ?

La réplique déclencha un ricanement grave chez le Vulptereen dont la carcasse se secoua de tremblements compulsifs. Il poursuivit :

- Avec votre talent, la progression dans son contrôle et votre sensibilité dans le Fluide, vous devriez entrevoir les possibilités que vous offre l’Énergie qui vous entoure. Ne le répétez pas trop, des études récentes ont tenté de démontrer que nous serions dangereux et que le Fluide, à l’image des Rakatans, servira d’arme. Certains de nos Maîtres et Grands Maîtres réfléchissent beaucoup à tout cela. Dévoiler l’avenir et démêler les fils des possibles ne sont qu’une des facettes des pouvoirs offerts. Nous apprenons dès notre noviciat que l’on ne doit pas influencer notre environnement mais nous y fondre parce que le danger guette les intrépides. Cela est d’autant plus difficile pour ceux qui, comme vous, survolent les étapes.
- J’ai constaté que la prescience n'apporte pas un avantage décisif. J’ai été impuissant à voler au secours de nos proches ; le temple a été détruit. Mon Maître m'a fait comprendre que, sans une longue phase d’introspection, de telles visions ne devaient pas modifier nos actions en cours car l’avenir décide seul de la finalité des choses. Il accepte une ingérence soupesée d’actions appropriées et aux justes motivations. De mon point de vue, une fois la réflexion aboutie, l'évidence amène à comprendre qu'il est trop tard et qu'une réaction trop impulsive précipiterait le prescient au milieu d'une situation incontrôlable. Cependant, je ne conçois pas de rester les bras croisés devant l’annihilation de notre univers.
- Ta démarche intellectuelle est bonne, comme elle l'est souvent. Encore un peu de contemplation et tu remontreras du contrôle à certains de tes aînés.

Le Concile et le jeune Disciple marchèrent vers les rayonnages. Les Grands Maîtres, qui y travaillaient à l’arrivée de Lou, se rassemblaient à proximité de tables gauchies et chancelantes disposées en demi-cercle autour d'un corps de cheminée maintenant éteint, obscur, étouffé de suie et de gravats. Lou, ému et galvanisé par les compliments, reprit sa diatribe :

- La seule contemplation pour aborder l'avenir dévoilé par le Fluide intègre une faiblesse à notre volonté de faire vaciller un pouvoir plurimillénaire. Je suis en revanche convaincu que nous pourrions acquérir des capacités de défense utiles pour sauver la vie des membres de notre congrégation. Le contrôle et la non-violence remplissent de douceur notre univers tel que nous le concevons. Mais ceux qui n’en font pas parti, et leur nombre est légion, jalousent notre sérénité et semblent prêts à toutes les bassesses pour écraser les Bourtistes. Si notre congrégation ne change pas, n'évolue pas, ne se défend pas, les prochaines attaques réduiront à néant la congrégation entière. Nous engager dans cette voie nous expose à la perte de notre contrôle sur le Fluide.

Les membres du Concile réunis épiaient argument par argument la conversation et couvaient d'un œil brillant le Disciple qu'ils auditionnaient. Un membre éminent parmi les Grands Maîtres abaissa sa capuche. L'humain figeait ses traits en un air grave presque métallique. Il arborait de longs cheveux argentés, déployés sur des épaules frêles qui rigidifiaient des membres en fil de fer empreints d'une force sous-jacente palpable. Le Fluide jaillissait de lui en une fontaine apaisante à la puissance indéniable perçue même par les profanes insensibles à l’énergie. La voix vibrante, harmonieuse et forte du doyen du temple capta l'attention de tous les Bourtistes présents.

- Voilà parfaitement résumé le sujet qui anime nos discussions de ces derniers jours. Les avis sont partagés même s'il est évident pour chacun d’entre nous que le Ladish désire nous écraser parce qu'il discerne une menace, autant pour son pouvoir politique que pour la stabilité militaire du Dictat et des colonies. Les dernières prévisions, basées sur nos connaissances et nos analyses des éventualités entrevues dans le Fluide, ne satisfont pas notre aimé Ladish. De plus, les résolutions de crises dans les colonies par nos Émissaires vont à l'encontre des directives de l'administration, tout au moins dans les secteurs regorgeant de richesses. Le passé et l'histoire abondent d'exemple de régimes plénipotentiaires durables renversés par un changement de leur environnement et de crises périphériques qui minèrent l’autorité de ces « pouvoirs plurimillénaires », comme vous les nommez.
- Humm, fit Lou. Je comprends mieux la situation. La nécessité de s’adjoindre des protecteurs et de développer des techniques de défense m’apparaît incontournable. Aucune force en présence dans notre univers ne saurait résister aux armées surentraînées de Coruscant. Nous sommes livrés à nous-mêmes. Nous cacher serait un pis-aller qui ne durerait qu'un temps. Tenter de négocier avec Carieda VIII lui donnerait une occasion unique de nous rayer de la carte. Ma formation débutante ne me permet que d'entrevoir d'autres possibilités mais j'ai eu ouïe dire que le rapport d'un conseil de sages éclairait les possibilités du Fluide d'un aspect novateur.

Les Conciles échangeaient des regards de sous leurs capuches. Des yeux aux formes, couleurs et tailles hétérogènes brillaient de frayeur, de crainte, d’espoir ou d’admiration. Le visage plissé de rides du doyen s'égailla d'un sourire paternaliste avant qu'il ne reprenne :

- Vous voilà bien renseigné Disciple Osem. Je constate que les prêches de l'Émissaire Grozilier vous ont touché et que votre intelligence nous sert vos déductions. Quelques survivants de Coruscant sont arrivés à rejoindre ce qu'il reste de notre temple. Le leur a été dévasté par des commandos dictatoriaux. Les informations qu'ils nous rapportent révèlent que des groupes d'activistes s'en prennent à nos dispensaires des colonies. Voilà un exemple de violences que nous devons éviter. Or, si nous prenons le pas sur nos règles et que nous utilisions des armes avec l'aide du Fluide, nous deviendrions pires que ceux qui nous chassent.
- Vivre ou mourir ? Voilà la question que je pose aux Conciles survivants de la barbarie qui a eu lieu ici. Qu’elle existence pensez-vous proposer aux membres Bourtistes que vous protégez ?
- Osem, gronda le Vulptereen par-dessus son épaule, vous allez trop loin ! Les mauvaises nouvelles pourraient arriver avant les bonnes vous concernant. N’oubliez pas que vous êtes présenté devant les Conciles sur la proposition de votre Maître. Ne tirez pas sur la corde…

D’un geste ample, le Doyen Min Triet stoppa le pamphlet du Grand Maître Suln.

- Prenons le temps d’écouter, avant de punir. Tous savent que : « De la bouche des enfants ne s’envole que les colombes de la pertinence. » Laissons donc s’exprimer cette voix immature qui nous somme, en ces instants difficiles, de prendre notre destinée en main. Défendez votre point de vue, jeune Disciple, sans oublier de proposer des solutions qui nous permettront d’ouvrir notre pensée. La protection de la congrégation semble en effet être notre priorité, mais il repose sur notre jugement de mettre en œuvre les choix que le Fluide nous proposera.
- Il appartient aux Maîtres de nous guider dans notre apprentissage du Fluide et c’est par celui-ci que nous devrions apprendre à nous protéger. Les chiens du Dictat lâchés sur notre piste nous reniflent dans tous les coins du Noyau et des Colonies. Que feront-ils lorsqu’ils découvriront que nous sommes encore nombreux ici ?

Lisant dans le Fluide, Lou répondit aux questions muettes. Les Grands Maîtres, une fois de plus surpris, chuchotaient en prêtant une oreille attentive.

- Nous cacher dans les plus reculées des forêts de Tython ne sera qu’une étape. Leurs limiers planteront leurs crocs dans nos parties charnues pour ne les lâcher qu’une fois tous nos membres abattus. – Lou choquait délibérément son auditoire comme un médic le ferait pour relancer un cœur arrêté. – Sans répliquer par la violence à la barbarie, nombreux parmi nous comprendront qu’il est nécessaire d’évoluer. Une défense opiniâtre marquerait un tournant de notre histoire mais on en écrit souvent les chroniques avec des lettres de sang. Les livres, rassemblés par nos aïeux, nous le prouvent à chaque page que nos doigts pacifistes ont tourné inlassablement. Les règles du jeu changent, changeons les nôtres avant que nos existences n’apparaissent plus qu’aux sommaires du passé. Par des modifications mineures de notre enseignement, nous pourrions gagner le droit au respect qui nous était acquis sans controverses. L’intelligence nous caractérise, montrons nous fier de cette distinction pour n’utiliser nos forces que dans le but de protéger et de servir ceux qui subissent les foudres injustes des tyrans qui nous écrasent.

Un long silence lui renvoya l’écho de ses paroles. Il ressentit le trouble des Conciles. Certains discernaient dans ce plaidoyer un support pour enclencher les mutations que la situation imposait. D’autres en décortiquaient les défauts pour diaboliser une fois de plus toutes formes de violence. Le Disciple Lou Osem n’en détachait pas une tendance globale ; des Conciles changeaient d’avis. Persuadé d’avoir donné un grand coup de balais dans des ruches poussiéreuses, il ne percevait que le vrombissement des battements d’ailes des hyménoptères.

- Voilà votre point de vue exposé, Disciple ? interrogea le Doyen.

Les yeux plantés dans ce regard noir et sans fond, Lou termina son discours ainsi :

- Oui, Doyen. Ceci est le fruit de mes pensées de ces derniers jours, alors que mes mains s’occupaient à creuser les tombes de mes frères dans la terre que nous avions cultivée ensemble jusqu’à la glaise, soubassement de notre temple déchu.
- humm ! Vous vous montrez à la hauteur des espérances de l’Émissaire Daivien Grozilier. Il vous porte en très haute estime. Il a soumis au plus vite une requête auprès de nous, et nous jugeons à l’éclairage de vos résultats que nous vous adoubons ce jour.

La voix du doyen gonfla tels les orgues d’un lieu sacré.

- Par l’imposition des mains des estimés Maîtres, montre-toi digne de rejoindre tes pairs.

Une force puissante l’enveloppa dans un malstrom alors que les Grands Maîtres, les Conciles Bourtistes, l’entouraient mains levées. Une vibration infusa en son esprit une nouvelle étape de connaissance. Les rideaux du savoir s’ouvrirent et des pans entiers du Fluide se dévoilèrent à sa compréhension. Lou appréhenda combien les longs pars d’éducation et d’études l’avaient préparé pour cette révélation. L’adoubement n’était pas une simple cérémonie, il déclenchait une suite de réactions mentales qui autorisaient l’accès à une vision plus large des possibilités du Fluide. Lou ouvrait les yeux sur la trame de l’univers et l’émerveillement égalait la joie qu’il ressentait en cet instant. Le Doyen enchaîna au milieu d’une forêt de paumes dépareillées :

- Deviens un Pawindé estimé à l’image de ce que tu es aujourd’hui. Apprends, et suis les préceptes de tes Maîtres. Un jour, il te faudra leur succéder et former les plus jeunes pour qu’ils honorent leurs anciens dans la douceur d’une existence paisible et mesurée. Que chacun reconnaisse ton nouveau statut et en soit averti séance tenante.

Lou, transporté par l’émotion, eut le cœur étreint par la fierté. Le sentiment, trop éphémère pour être conscient, laissa la place à la certitude d’une lourde responsabilité. La magie du moment disparut alors qu’elle n’avait duré qu’une fraction de seconde. Le Disciple Osem se demanda s’il avait bien perçu quelque chose. Les mains autour de lui, tachées d’encre et de la poussière du vieux papier, retombèrent.

Bourru, le Grand Maître Zed Suln lui donna l’accolade.

- Vous voilà Pawindé, Disciple. La route vers la connaissance est encore longue mais vos capacités et votre assurance obligent la déférence qui vous est due. Vos idées seront débattues en Concile.

S’encapuchonnant avec un franc sourire, le Doyen se retourna vers les rayonnages, suivi par l’ensemble des Grands Maîtres en robes de bure noire. L’entretien terminé, Lou sortit lentement par les battants de porte déformés. Il s’éternisa, au milieu d’une transe de contemplation, à divaguer dans les ruines du temple. Lou détecta la présence de sa filleule dès qu’elle entra dans son périmètre de conscience et la guida à lui. Nadidja le serra dans ses bras avec tendresse, sans débordements émotionnels. La jeune femme dressa un bouclier d’intimité autour d’eux.

- Toutes mes félicitations à mon parrain que j’aime, chuchota-t-elle. Devenir Pawindé à ton âge est une marque exceptionnelle de confiance. En as-tu profité pour leur parler ?
- Tu es encore trop pressée, moitié de mon cœur.

Nadidja frissonna à l’usage de cette expression dans l’attente de sa réponse :

- Oui, je leur ai déballé mon sac, et l’opinion que beaucoup d’entre nous caressent en secret.
- Qu’ont-ils répondu ? Hormis faire de toi un Disciple Pawindé de haut vol ?
- Que j’allais donner du grain à moudre à leurs réflexions sur le sujet. J’ai cru comprendre que plusieurs membres des Conciles, Grands Maîtres et Maîtres prenaient au sérieux le rapport concernant les possibilités du Fluide qui aurait déclenché les attaques que nous subissons.

Ces maigres informations ne suffirent pas à la filleule de Lou. Elle l’inonda sous un flot de questions plus précises et idoines les unes que les autres. Le Disciple Pawindé Osem lui fit jurer de garder cela pour leur seule intimité avant de lui exposer par le menu tous les éléments à sa connaissance. Enlacés sous l’étroite bulle d’intimité, ils en débattirent, analysèrent la situation et ébauchèrent à brûle-pourpoint les croquis de l’évolution qu’ils désiraient pour la congrégation. Un rêve théorique comme ils en concevaient lors des séances de soutien que Lou lui prodiguait en outrepassant son rôle de parrain.




XI



Le Maître Émissaire Daivien Grozilier, vêtu de frusques civiles coquettes sans être voyantes, débarquait dans le spatioport principal de Coruscant. Des groupes de militaires du Dictat tournaient comme des loups affamés. Ils interpellaient sans cesse des passagers, vérifiaient des papiers et les interrogeaient sur le vif. Il n’en avait jamais vu autant. D’un air dégagé, Daivien traversa la foule, portant un sac d’une main décontractée. Il croisa plusieurs groupes armés sans être inquiété. De loin, il surprit un officier le désigner à deux de ses hommes qui se dirigèrent aussitôt vers lui d’un pas martial.

Les deux militaires coupèrent la route au Maître Grozilier. Un sondage superficiel le renseigna sur leurs intentions, et se prépara à subir un contrôle de routine. Le Bourtiste ne s’affola pas, ne laissant transparaître qu’un peu d’inquiétude, normal dans une telle situation.

- Bonjour monsieur, veillez décliner votre identité et le motif de votre visite, fit le plus grand sur sa droite.
- Crespu Dirlos, je viens conclure des contrats pour mon entreprise d’import-export.

Daivien fouilla méticuleusement une de ses poches et transmettant des ondes de confiance dans le Fluide. Le Bourtiste sortit des papiers pour les montrer aux militaires, priant en silence pour que les Corelliens soient dignes de leur réputation de faussaires. Celui de gauche s’en empara pour les parcourir et en vérifier la véracité.

- J’ai entendu dire que des agitateurs se sont manifestés récemment, fit Grozilier sur le ton de la discussion.
- En effet monsieur Crespu, un groupe de terroristes a été découvert sur Coruscant, ce qui nous oblige à plus de vigilance afin d’assurer la sécurité de tous les honorables membres du Dictat.
- C’est bon pour moi, dit celui de droite en lui rendant ses faux papiers.
- Merci de votre coopération, vous pouvez circuler.

Les deux hommes réalisèrent un demi-tour impeccable, sans lui laisser le temps de répliquer. Le plus grand agita la tête d’un signe négatif en direction de l’officier demeuré en retrait. Soulagé, Daivien se dirigea vers la sortie du terminal.

Une fois à l’air libre, le Maître n’eut aucun mal à héler un taxi pour le conduire à une adresse proche du temple. Au fur et à mesure de son approche, le Bourtiste tenta de prendre contact avec les membres de la congrégation, sans succès. Le temple semblait vide. Avec une discrète régularité, il jetait des coups d’œil pour tenter de l’apercevoir. La pyramide impeccable du bâtiment, toujours debout, ne montrait pas de traces de combat.

Au cours du trajet hyperspatial, Daivien avait réfléchi à la situation. Conscient grâce au Fluide des tristes événements, il avait regardé l’holonet qui se faisait l’écho de nombreuses escarmouches contre les siens. Aucune image des temples de Coruscant et de Tython n’était diffusée et cela lui laissait à penser que le Ladish censurait les canaux d’information pour masquer des opérations militaires.

Déposé sur un trottoir dans une grande artère, Daivien paya sa course. Une petite promenade l’attendait entre les tours d’un quartier commerçant. Il s’immergea en douceur dans le Fluide et ne perçut aucune inquiétude chez les piétons qui l’entouraient. Peu de manigances politiques ou d’ingérences militaires entravaient le commerce et encore moins sur la planète dictatoriale. Les Coruscantis étaient soumis à une présence policière omniprésente dans une société où remettre en cause les décisions du Ladish revenait à passer à l’opposition. Les jours s’écoulaient et reléguaient les faits marquants à l’arrière-plan de leurs préoccupations.

Empruntant un trajet tortueux, Daivien s’assura de ne pas être suivi avant d’aborder le temple par un côté. La vue d’ensemble lui permit de juger des stigmates d’un assaut. Les portes défoncées et la façade noircie par des explosions dégageaient une lourde sensation de mort autour de l’édifice silencieux. Sans attirer l’attention, alors que le soleil se couchait et que deux lunes se dévoilaient au regard, le Maître Grozilier se faufila à l’intérieur.

Une âcre odeur de décomposition assaillit ses sens. Avec l’aide du Fluide, Daivien en fit abstraction. Sa vie aventureuse d’Émissaire l’enrichissait de tristes souvenirs qui se réveillèrent comme une marée impétueuse amenant sur le rivage de sa rigoureuse froideur les prémices de sombres malheurs. Sur son chemin, il identifia des amis, quelques-uns de ses Disciples ou de ses précepteurs étalés dans des mares de sang où des insectes se nourrissaient, s’enfuyant à son approche. Il ne restait plus que des cadavres criblés de balles, percés de carreaux, passés au fil de l’épée, pour l’accueillir dans ce temple qui, il y a encore une poignée de jours, représentait son seul foyer. Le Maître Grozilier se pencha sur quelques Conciles ou Grands Maîtres éminents de la congrégation pour prier au repos de leurs âmes. Des bibliothèques, forcées, finissaient de voir se consumer les livres parfois uniques où avaient été consignées les connaissances de la congrégation. Partout, les agresseurs s’étaient acharnés à briser le mobilier avec un souci évident de destruction. Ils avaient cherché à effacer leur présence par un excès de violence bien inutile contre des gens qui ne s’étaient pas défendus.

L’esprit en berne, les pas de Daivien le guidèrent vers les bureaux où les Conciles tenaient leurs audiences. À sa grande surprise, au cours de sa progression, il remarqua des traces de résistance. Des commandos Dictatoriaux y avaient laissé la vie bien que les corps eussent été enlevés. Juste vengeance, les Grands Maîtres avaient dû se replier ici dans l’espoir de trouver des échappatoires, s’opposant sans armes aux troupes surentraînées qui remplissaient une mission peu glorieuse. Si le Ladish désirait des preuves sur l’efficacité des possibilités du Fluide, elles se trouvaient devant lui.

Méthodiquement, Daivien fouilla les locaux où les sages Bourtistes statuaient sur les grandes décisions de la congrégation. Un sentiment de haine tentait de s’infiltrer dans le mur lézardé du contrôle de l’Émissaire. Un irrépressible sentiment d’espoir s’y mêlait. Sa comptabilité des cadavres, inexacte, montrait néanmoins sans équivoque que beaucoup avaient fui le temple même si le nombre de morts l’impressionnait.

Daivien dénicha les comptes-rendus de ses amis Émissaires en mission partout dans le Dictat, les colonies et ses bordures au moment des faits. Sur des mondes jusqu’ici inexplorés, des équipes complètes contactaient des espèces inconnues, découvraient des mondes riches de savoirs inédits. Ces expéditions d’envergure se composaient souvent d’un Concile, de quelques Maîtres accompagnés de leurs Pawindés et parfois d’élèves. Il y en avait toujours quelques-unes en cours. Le Maître Grozilier se devait d’inventer un moyen de les avertir du danger. Hors de question qu’ils tombent entre les mains du Ladish à leur retour.

Daivien fouilla les caches secrètes disposées en des endroits stratégiques pour n’être découvertes que par des Bourtistes. La plupart avaient été vidées. Une preuve de plus, s’il en fallait, que les siens avaient réussi à fuir.

C’est avec appréhension et un respect religieux que l’Émissaire déblaya l’entrée du bureau de la doyenne du temple de Coruscant. Le lieu autrefois paisible témoignait de combats acharnés, rien moins que deux Conciles et trois Maîtres y avaient laissé la vie. Daivien, une boule au creux de l’estomac, fourragea dans le capharnaüm des meubles brisés. Bien qu’il n’exhumât pas de sainte dépouille, sa patience s’effritait. La crainte s’envola lorsque Grozilier, guidé par un flux éthéré de fluide, posa la main sur une ultime cachette sous un amoncellement de débris. Empli d’espoir, il en déverrouilla le cadenas psychique. Un Holo l’attendait à l’intérieur. Avec une délicatesse inappropriée à l’objet, il se saisit du cube sombre pour le poser à plat sur un coin de bureau poussiéreux mais préservé.

Daivien activa l’hologramme. Une silhouette en robe de bure de quelques centimètres se dressa, tremblotante et dénuée de couleurs. Elle abaissa la capuche et dévoila une tête en forme de marteau au long cou plié vers l’avant. Les deux bouches latérales s’animèrent bien avant qu’il n’entende la voix rauque de la doyenne du temple de Coruscant, la Concile Eemull N’adon, une Ithorienne à la sagesse irréfutable.

« - Toi qui as trouvé l’Holo qui contient mon message, tu prouves ainsi ton appartenance à la congrégation. Avec une poignée de survivants, nous fuyons par les souterrains du temple. Nous sommes répartis en petits groupes pour quitter la planète dès que l’occasion se présentera. Tous les passages secrets seront scellés afin de nous assurer que les commandos dictatoriaux ne nous suivent. Nous emportons avec nous quelques-unes des briques les plus sensibles et rares du savoir accumulé dans nos murs bénis. Le Fluide nous unit tous, et par lui nous nous retrouverons un jour, peut-être, à l’autre bout de cette galaxie, qui sait. Nos valeurs méritent d’être défendues. Respectez donc les préceptes qui vous ont été enseignés afin que survive la congrégation, par la sagesse et le Fluide qui nous apporte son Énergie. »

La séquence, enregistrée à la va-vite, se termina par l’écho d’une explosion, violente, destructrice, finale. Daivien Grozilier éteignit l’appareil et le reposa à l’endroit exact où il l’avait découvert. D’autres suivraient peut-être son exemple et écouteraient ce message. Il savait qu’un monde s’écroulait et il n’avait qu’une vague idée de ce qu’ils reconstruiraient sur les ruines des temples Bourtistes. L’avenir ne leur dévoilerait ses arcanes qu’une fois le retour en arrière devenu impossible. Le Maître mémorisa les positions des principales missions d’exploration avant de quitter la pièce. D’un pas décidé, il redescendit vers les sous-sols du temple avec une idée derrière la tête. Daivien se repérait dans les couloirs dévastés par la force de l’habitude. Il courait presque lorsqu’il s’immobilisa devant de grandes portes du plus précieux des bois rares.

L’Émissaire les repoussa et entra. Une salle de contemplation d’un genre un peu spécial abritait une architecture très particulière. Les murs avaient été taillés à la manière d’un diamant dans une roche découverte sur une planète inconnue des nomenclatures galactiques du Dictat. Les propriétés uniques du matériau fascinèrent les Grands Maîtres de l’époque. Après de multiples expérimentations, ils creusèrent cette pièce dans le roc avant de la disposer à l’intérieur du temple dans le plus grand secret. À la pointe du diamant, au sommet, ils disposèrent un récepteur électronique, seule touche technologique à l’appareil.

Toute personne douée du Fluide ressentait aussitôt la bizarrerie du lieu en se postant au centre de l’édifice. Chaque pensée y était renvoyée amplifiée, ce violent écho oscillait entre les bords comme des vagues dans une piscine. Daivien vida son esprit et se plongea dans le Fluide, l’Énergie pure accrue par la pierre taillée en forme de gemme précieuse se condensa jusqu’à produire de fines étincelles.

Maître de lui-même, Grozilier s’installa au centre. Les pieds nus écartés sur un épais tapis central, il écarta les bras de ses flancs. Le Fluide circula sans interférences. Placé dans l’œil d’un cyclone de Fluide, l’Émissaire s’ouvrit pour focaliser l’énergie. Concentré sur le vide intersidéral, l’univers tout entier se dévoila par l’intermédiaire du transmetteur loin au-dessus de sa tête. D’ici, il aurait pu toucher chaque esprit mais cela aurait demandé une somme d’énergie immense dont il ne disposait pas. Sondant les profondeurs du cosmos, Daivien perçut la présence des Bourtistes dont la présence marquait le Fluide. Il rassembla l’Énergie amassée à l’intérieur de la structure diamantine et lança son message, seule pensée architecturée de son esprit.

« Le temple de Coruscant a été envahi par les troupes du Ladish. Certains de nos frères ont échappé au massacre. Sur Tython aussi, nous avons été agressés mais nous devons nous y rassembler pour prendre les décisions concernant le futur de notre ordre. Les choses changent et nous n’avons plus l’oreille des Dictats. La méfiance est de mise. »

L’esprit réintégra son corps lorsque Daivien relâcha la concentration. Le Fluide, électrisé, tourbillonnait. Il effleura les nombreux esprits des Bourtistes dispersés avant de refermer les portes de l’univers dans un souffle. Alors qu’il se réfugiait au plus secret de son âme, coupant sa liaison au Fluide après cette expérience déstabilisante, Daivien ressentit une présence toute proche, ici, dans le temple. Il consentit un dernier effort et localisa un être blessé, perdu, qui reprenait espoir après son contact. Perturbé par l’effort, épuisé d’avoir canalisé autant d’énergie, il se retrouva enfin seul. L’Émissaire Grozilier tremblait après le contact de toutes ces présences alarmées qui s’étaient accrochées à lui comme à un arbre au milieu de la tempête.

Fourbu, l’Émissaire se redressa pour reprendre ses esprits. L’Énergie lui brûlait les sens, ses yeux habituellement verts se teintaient d’une pâleur mortelle. C’est avec soulagement qu’il claqua la porte derrière lui. Dans le couloir sombre et vide, un soupir s’exhala contre sa volonté de ses lèvres blanchies et serrées. Il retrouva progressivement le contrôle de lui-même alors qu’il remontait un corridor déserté d’une démarche incertaine. Daivien se raffermit au fur et à mesure qu’il descendait vers les sous-sols du temple.



*******


De nombreux artefacts, patrimoine séculaire de la congrégation, avaient été jetés au sol, cassés, piétinés, profanés. Daivien ne chassait plus la nausée qui lui soulevait le cœur. Il dénombrait les pertes après la bataille et la seule souffrance physique de ses pairs roulés dans la poussière suffisait à le chambouler dans ses croyances les plus intimes. Daivien comprenait que l’âge d’or Bourtiste s’éteindrait après le massacre perpétré au nom d’une crainte politique. Quels espoirs pouvait-il encore investir dans le futur ? Il l’ignorait, même en faisant preuve d’une vaste imagination.

Se guidant dans le Fluide, le Maître Daivien Grozilier approchait du seul rescapé qu’il percevait. Ramassé dans un coin, abrité derrière du mobilier brisé, une forme grisâtre et frissonnante se battait pour survivre. Il ne reconnut pas de prime abord l’individu choqué. Daivien s’accroupit près de lui sans le toucher. L’être, conscient, avait rompu ses connections au Fluide, inutile tentative de se soustraire aux regards des commandos insensibles qui les avaient chassés pendant des heures dans les couloirs du temple. Du sang sourdait de multiples blessures par balle pour imbiber le béton en une vaste mare sombre et huileuse là où il reposait dans l’attente de la mort. D’une voix douce et chargée de réconfort, le Maître s’adressa à lui pour le sortir de son mutisme.

- Je suis l’Émissaire Daivien Grozilier et je viens pour te sauver. Ils sont partis maintenant, tu peux sortir de ta cachette. – Lentement, il se rapprocha en discourant. – Tous nos frères sont partis mais j’ai traversé l’espace pour vous porter secours. Nous devons quitter ce temple et découvrir, avec les survivants, les moyens de nous cacher et de nous défendre. Laisse-moi te soigner.

Soudain l’individu se reconnecta pour dresser un bouclier. La main tendue de Daivien fut brutalement repoussée, ses doigts se recroquevillèrent sous la douleur. D’évidence, il connaissait cet individu prometteur. Soulagé et surpris de le trouver là, méconnaissable, Grozilier sourit dans l’ombre en reprenant confiance et son monologue.

- Je suis venu pour te sauver, Kerck. Je suis un ami, laisse-moi te porter secours, je peux te soigner.

Le mur s’effondra. Le jeune Besalisk l’autorisait à approcher, trop faible pour résister d’avantage. Kerck suivait le long apprentissage d’Émissaire et ils se côtoyaient et s’appréciaient avant que la folie des grands de ce monde ne rompe l’équilibre de la congrégation. Daivien approcha ses mains, caressa les écailles de la crête frontale et força le blessé à se détendre. Il sonda le corps torturé, exsangue, le Maître fit un premier diagnostic du Pawindé. Quatre mains s’accrochèrent mollement à ses vêtements, implorant de l’aide.

Comme tout Émissaire, Grozilier maîtrisait les mystères de la médecine. La solitude des grands espaces, la violence inhérente à toute vie et l’éloignement du temple rendaient primordial d’acquérir de telles capacités. Avec l’aide du Fluide, il agit au cœur même du corps blessé pour tarir les hémorragies, pincer les artères, détourner la circulation des zones lésées. Le pronostic vital n’était plus engagé et il s’en félicita.

- Je vais devoir t’emmener à une unité de chirurgie, ensuite on te trouvera des vêtements discrets pour s’enfuir de ce monde et aller au temple de Tython. Là-bas réside le futur des Bourtistes, si nous voulons bien nous en donner les moyens.
- Faites ainsi, Maître, j’ai confiance en vous, pépia doucement la voix du volatile humanoïde.

Recourant de nouveau au Fluide avec regret, Daivien souleva le corps presque inerte pour le transporter. Dénicher un bloc en état de fonctionner dans le bâtiment ravagé ne serait pas une sinécure. Il accomplirait l’opération avec les moyens du bord, il en avait acquis l’expérience.




XII



Entouré de sa cour, étendu dans le plus moelleux des canapés, caressé par une multitude de mains femelles, fumant de l’herbe neimoidiane, un verre de vin d’Alderaan à dextre, Morieda Carieda profitait de sa vie promise à un glorieux avenir. Soumis par plaisir aux caprices de ses maîtresses, le jeune humain laissait divaguer son esprit qui fomentait des plans, prévoyant ses prochains mauvais coups. Par malheur, son visage ressemblait à celui de son père autant qu’une goutte d’eau à une autre. Il se jurait bien de ne jamais s’empâter autant que son géniteur, de sculpter sa fine musculature noueuse et d’entretenir son épiderme d’albâtre. Le Ladish n’avait qu’à bien se tenir, bientôt il hériterait du titre et pour cela il se préparait à mettre le Dictat à feu et à sang. Morieda plaçait une confiance absolue dans sa capacité à endosser le rôle de sauveur. Le parricide se profilait au bout du chemin mais cette action ne générait en lui aucun remord. Le monde tournait ainsi depuis des siècles.

Une porte latérale s’ouvrit. Une discrète forme vêtue de noir se glissa dans la pièce enfumée, aromatisée de lourdes exhalaisons corporelles. Morieda l’identifia aussitôt : Vestin 36, son conseiller attitré, s’approcha de la bacchanale. La peau verdâtre brillait de confusion. Le groupe de jeunes gens, pour la plupart féminines et dévêtues, se contorsionnaient pour jouer avec le malaise du serviteur. Vestin 36 n’ignorait pas que son seigneur donnait des directives en ce sens. Il se planta devant eux et salua d’un mouvement de tête. Lorsqu’il la releva pour parler au fils aîné du Ladish, deux jeunes femmes se caressaient mutuellement en se frottant au maître de cette comédie. Vestin se racla la gorge, perdant ses mots.

- Mon seigneur, nos plans dépassent nos attentes et j’aimerais m’entretenir avec vous de la suite des opérations.
- Patientez donc un peu que je dise au revoir, fit celui-ci en s’accompagnant d’un mouvement de main négligent.

Sa cour se leva, lascive. Tous embrassèrent Morieda avec amour. La Vaudeville dura plusieurs minutes, rendant la scène presque insupportable à force de caresses et de gestes déplacés. Garçons et filles frôlaient Vestin 36 avant de s’éclipser. Les plus intimes le touchèrent sans vergogne pour qu’il change de couleur. Sa peau maintenant cramoisie, il les regarda se rhabiller et quitter la pièce, s’accompagnant d’invectives et de gloussements.

- Alors mon petit 36, quelles sont les nouvelles du front ?

Morieda jeta un dernier regard vers quelques femelles enamourées et ajouta :

- Fais ton choix, je suis prêteur envers mes amis.
- Mon seigneur est trop bon ! Mais ce sont des affaires sérieuses qui m’amènent.

Morieda se leva, rajusta sa tenue et se dirigea vers la porte du fond. Ils s’installèrent dans un bureau richement décoré.

- Les rapports sur les Bourtistes ont déclenché les réactions attendues. Les opérations militaires engagées par votre père ne sont pas passées inaperçues. La révolte gronde dans les colonies. La congrégation n’a pas encore réagi mais nous manquons d’informations sur Tython.
- Ils ne réagiront pas de sitôt, ce sont des pacifistes enracinés.
- Exact, néanmoins les rapports, réécrits par vos soins et appuyant sur les possibilités prêtées à leur Fluide, ont été étudiés par leurs hautes autorités. Les commandos qui ont investi le temple de Coruscant ont établi la véracité d’une résistance sans armes, efficace sur la fin de leur action. Les derniers ont fui à la barbe des meilleures troupes du Dictat, rien de moins. De plus, de nombreux survivants se réorganisent sur Tython. Ce détail n’est pas encore parvenu aux oreilles du seigneur votre père et j’œuvre pour qu’il s’égare.
- Bien, nos plans se mettent en place sous de bons auspices. Ces actions contre les dispensaires doivent porter des fruits inattendus. Pour cela, nous fournirons aux colons qui souhaitent se révolter contre le Ladish des informations explicites et incontestables sur la provenance des groupes d’agitateurs. Nous n’éprouverons aucune difficulté à dénoncer la vérité. Leurs gouvernements se rendront compte par eux-mêmes de l’ampleur du phénomène.
- Nos équipes de Corellia et d’Alderaan s’occupent déjà d’envenimer les conflits. Les troupes du Ladish défendent au prix de lourdes pertes les palais des gouverneurs presque assiégés par la vindicte populaire. Des destroyers sont redéployés à l’instant même où nous parlons. Beaucoup de colonies influentes commencent à suivre le chemin de la résistance.
- Parfait, n’oublions pas de nous désengager des zones les plus chaudes pour semer les graines de la discorde là où la tranquillité règne encore. Il serait dommageable que le Ladish se rende compte de nos manigances.

Ils devisèrent pendant de longues heures, affinèrent leurs plans, modifièrent la répartition des agents sur le terrain. Point par point, ils reprirent les détails et adaptèrent l’ensemble aux fluctuations de la conjoncture. L’aîné des Carieda apprenait les arcanes du pouvoir par l’expérimentation. En fin d’entretien, Morieda se soucia des réactions quasi inexistantes de son frère jumeau et de ses deux cadettes qui pouvaient à tout moment se détourner de leurs études et profiter d’une occasion pour lui dérober le fruit de son travail. Il ne ferait confiance à personne lorsqu’il renverserait le Ladish, Carieda VIII pour devenir le neuvième.




XIII



Au milieu des nuages de poussière soulevés par l’équipé, Lou triait des papiers, des livres et des holocrons. Les objets intacts étaient archivés, ceux nécessitant réparation rejoignaient une autre équipe et les déchets hors d’usage s’empilaient toujours plus haut sur des monticules hauts comme des collines. Prise pour cible par les agresseurs les cloisons de la bibliothèque s’étaient déformées, les rayonnages renversés et des incendies avaient rognés quelques livres. Les systèmes d’extinction les avaient circonscrits mais impliquaient des dégâts supplémentaires. Ils évoluaient dans un amoncellement indescriptible à l’odeur lourde.

Comme tout Bourtiste qui se respecte, le Pawindé Osem affectionnait l’odeur du papier et de l’encre bien que les supports informatiques soient monnaie courante. Ils dialoguaient de plus en plus souvent avec des machines qu’ils abhorraient, mais ils en passeraient par-là pour leur survie. Le jeune Pawindé appréhendait les possibilités qu’offraient les ordinateurs et les droïdes depuis son voyage à l’autre bout du Dictat. Il savait que la congrégation se plierait à la servitude de la technologie pour gagner le droit de se perpétuer.

Quelques jours plus tôt, le message envoyé par l’Émissaire Daivien Grozilier était parvenu de Coruscant. La puissance nécessaire avait été prêtée par ce que les maîtres appelaient un amplificateur de Fluide ; Lou ne connaissait pas encore tous les secrets de son ordre. Depuis, des membres parfois éminents arrivaient sur Tython, portés par le soulagement. Ces individus un temps perdus racontaient moult péripéties. Lou, maîtrisant son impatience, attendait l’arrivée de son Maître. Il ressentait le besoin de confesser quelques pêchés.

Pour le moment, il dirigeait une équipe de Disciples et d’Étudiants afin d’ordonner le contenu d’une bibliothèque pour le déménager. Chacun d’entre eux profitait de l’occasion pour découvrir de nouvelles connaissances, de nouveaux livres, d’agrandir sa culture. Le rang de Lou inspirait le respect et les jeunes gens le questionnaient sur l’archivage, exigeaient des compléments d’information ou des conseils techniques. Une lueur d’excitation brilla dans le Fluide depuis un recoin sombre où la poussière en suspension cachait le désordre. Quelques Disciples se redressèrent, intrigués. Lou identifia ainsi les éléments les plus sensibles du groupe ; lui savait. Une voix haut-perchée l’apostropha :

- Lou, Lou, viens voir ce que j’ai trouvé !

Une jeune femme en robe claire trébucha sur des amoncellements de meubles brisés, manquant de faire tomber des piles d’artefacts, rangés, prêts à partir pour l’ancien temple.

- Lou !

Nadidja s’arrêta, réalisant que de nombreuses paires d’yeux se braquaient vers elle.

- Heu, reprit-elle, Pawindé Osem ? Je crois avoir mis la main sur des documents datant de la fin de l’ère des Rakatans. Ils expliquent ce que nous étions avant de devenir des Bourtistes.
- Bien, Étudiante Nadidja Frailine. Reprends ton contrôle et raconte-nous ce que tu as découvert.

Elle déglutit et son auditoire patienta. Les battements de son cœur ralentirent avant qu’elle ne parle.

- Ce document ressemble à un journal de bord et décrit la fin de l’ère des Rakatans. D’après ce que j’ai compris, ils occupaient Tython aussi et étudiaient les groupes d’humains sensibles au Fluide habitant la planète juste avant qu’ils nous envahissent. Ça remonte à loin ! La planète semblait particulièrement riche en énergie et permit à ces humains de s’éveiller. Ils nommaient leur magie « Ashla ». Lorsque les Rakatans, qui maîtrisaient le Fluide depuis des siècles, découvrirent leurs talents, ils surveillèrent les accès de la planète pour l’isoler et étudièrent les colons doués pour l’Ashla. Il n’y est pas dit pourquoi l’envahisseur s’en alla. Mais ils se retrouvèrent en autarcie avec l’obligation de survivre sans leurs protecteurs. Comme tout le monde avant l’avènement du Dictat ! D’après ce qui est écrit là – Nadidja tourna quelques pages. – ce n’est qu’après la redécouverte de la planète que des moines s’y sont installés. Ils se mêlèrent aux colons et développèrent, en accord avec leurs préceptes, des techniques de contemplation permettant de maîtriser le Fluide. Nous ne sommes que les évolutions de ces gens-là, avec les connaissances accumulées depuis.
- Peut-être plus encore, intervint timidement un Disciple frais émoulu.
- Merci, Nadidja de nous faire part de tes découvertes historiques. Le jeune Disciple Terendu semble avoir des informations complémentaires à distiller à nos intellects.
- Je viens de trouver un rapport d’étude dont la date est très récente. Étrangement, c’est un document papier original qui fait état des possibilités du Fluide.
- S’il est récent, nous devons savoir de qui émane un tel rapport avant de lui accorder notre confiance, coupa Lou.

Le jeune homme brun compulsa plusieurs pages. Le rouge aux joues, ses yeux marron parcoururent les lignes. Il exhala un soupir de soulagement lorsqu’il trouva l’information demandée.

- Il semblerait qu’un groupe de Conciles ait été associé à des membres éminents du Dictat, des scientifiques, physiciens, mathématiciens, informaticiens, ingénieurs et militaires de haut rang afin d’en cerner tous les aspects. Ce document fait état d’essais de télékinésie, télépathie longue distance et, plus surprenant, d’associations avec des armes. Je ne comprends pas trop ce dernier point.

Les jeunes gens se rassemblèrent pour lire les termes exacts du rapport. Le Pawindé Osem pivota vers ce qu’il restait de la porte de la bibliothèque. Depuis plusieurs minutes, il percevait une présence dans le temple de Tython. Celle-ci se rapprochait de lui. Une ombre parmi les ombres, encapuchonnée de noir, se glissa par les portes fracassées.

- Bienvenu à vous, Maître !

Lou se détourna des jeunes gens qui discutaient les termes du texte et reprit :

- L’Émissaire Grozilier vous apportera peut-être quelques éclaircissements ! lança-t-il à la cantonade.

Une envolée de moineaux répondit à son invective. Les têtes se courbèrent pour accueillir l’arrivant qui avançait au milieu des piles de livres, des artefacts en cours d’emballage, jugeant des dégâts infligés aux monuments de leur connaissance, leur identité.

- Bonjour, Pawindé Osem, ainsi qu’à vous tous. Il vous reste fort à faire, dit Daivien en sondant l’espace d’un regard inquisiteur. Votre travail porte-t-il des fruits ? Avez-vous fait des découvertes intéressantes ?
- Je le crois, Maître. En premier lieu, des chroniques historiques de Tython, plus exactement des fondements de notre congrégation. Ensuite le rapport, semble-t-il original, concernant des tests menés sur le Fluide. Les Conciles y auraient encadré des expériences sur des armes dont nous ne comprenons pas la portée.
- Vous avez retrouvé ce rapport dans tout ce fatras, voilà un atout. La possibilité d’imprégner des armes contenant du métal afin d’y concentrer le Fluide et en améliorer les performances a été abordée et des tests en ont validé la faisabilité. Cela offrirait un avantage décisif à ceux qui en seraient doués. Mais ce ne sont que des essais, sans plus, nous sommes toujours des pacifistes. À quoi des armes pourraient bien nous servir ? Je vous prierais de me remettre ce rapport. C’est une pièce importante pour défendre notre congrégation.

L’Émissaire Grozilier s’avança entre les étudiants qui lui rendirent les feuillets.

- Votre travail ici est bien plus important que vous ne le croyiez. Je vous enjoins à le faire du mieux que vous puissiez. – Il se tourna vers son Pawindé. – Je ne t’ai pas encore félicité ? Suis-moi, nous devons parler !



*******


L’orbe rougeâtre de Briguillon, leur étoile, s’enfonçait à l’horizon derrière une fine barre de nuages violets. Dans ce cadre enchanteur se dressait la tour du temple. En partie effondrée, elle ne recevait plus les visites des frères en mal de confidences devant le spectacle de Ternangoff. Daivien préféra demander à son Pawindé de l’emmener se recueillir sur les dernières demeures des frères disparus. La colline qui recevait leurs dépouilles dominait le temple qu’ils évacuaient lentement. La ronde des véhicules à suspenseur s’arrêterait bientôt pour ne reprendre qu’au matin. La tâche était rude et demandait les efforts de chacun. Le nouveau temple se trouvait loin sous les forêts équatoriales et requérait des travaux pour être habitable.

L’Émissaire remontait chaque rangée de pierres tombales gravées grossièrement du nom des défunts à la hâte. De ses mains nues, il en touchait certaines en s’accompagnant de prières murmurées. Il se recueillait plus longuement devant d’autres, chargé de respect et de déférence, en un hommage silencieux. Daivien exprimait son sentiment de tristesse pénétré par le Fluide en totale immersion. Il se tourna vers Lou qui admirait le coucher du soleil :

- L’avenir, encore incertain, s’ouvre devant les Bourtistes. Chacun d’entre nous choisira une orientation pour éclaircir les chemins du futur. Tu y représentes l’espoir, Pawindé Osem. Voilà une promotion qui n’est pas volée et je t’en félicite.
- Vous en avez été l’instigateur, Maître. Et je vous remercie de l’honneur qui m’a été fait. Le tissu du temps ne s’est qu’entrouvert pour moi. Je n’ai vu que des choses floues, imprécises et contradictoires. Le choix représentait une évidence et vous y avez mis les mots.
- « L’expérience donne les clés de la compréhension». L’un de mes professeurs répétait souvent cela, nous poussant à enchaîner les expérimentations. Il attendait de nous que nous soyons prêts, nous faisant avancer par étapes dans l’apprentissage.
- Justement, Maître, il faut que je vous confie l’une de mes expérimentations. Elle m’a beaucoup marqué.

Daivien s’approcha.

- Nous vivons tous des moments difficiles. Enterrer ses amis, les avoir vu disparaître n’est pas aisé. Surtout lorsque l’on a été éduqué par un système qui ne comprend pas la guerre ou la violence. Je t’écoute, un Maître est aussi là pour écouter, expliquer et pardonner au besoin.
- Lorsque je suis rentré de Corellia, le temple était détruit, nos frères étendus partout au milieu des ruines fumantes. Je suis resté prostré, là-bas, – Lou indiqua l’endroit d’un geste vague. – le visage dans la boue. Aucun des plants que j’avais laissés ne communiquait plus. Mon jardin, dévasté, ne chuchoterait plus à mon oreille sous les coups du gel ou soumis à la sécheresse. Le Fluide n’existait plus autour de moi. Je me sentais vide. L’Énergie me manquait. Je me retrouvais aveugle et sourd à pleurer tous ceux que je perdais en cet instant maudit.
- Un choc violent peut amoindrir la présence du Fluide. Ça ne dure pas !
- En effet, d’honnêtes gens montèrent pour nous aider. Ils se préoccupaient de leurs familles et voyaient que nous étions la cible de l’attaque, et quelque part un peu la source de leur malheur. Quelque chose de noir, d’obscur, a effleuré mon âme, j’ai rassemblé de l’énergie en moi, la volant à ces gens. J’ai agi. Tout avait disparu autour de moi. Je désirais me venger. J’ai obligé ces Tythoniens à me suivre et à travailler à mon service. J’ai manipulé leurs esprits.

Très doucement, l’Émissaire Grozilier s’approcha et posa une main amicale sur l’épaule de son Pawindé. Des sanglots secouèrent Lou à deux reprises. Daivien serra le jeune homme contre lui comme il l’aurait fait pour le fils qu’il n’aurait jamais. Le temple prenait leurs vies, leur donnant la maîtrise de soi et le Fluide.

- Ton entraînement est presque parfait. Tu as su surmonter cette épreuve, mieux que certains Grands Maîtres de ma connaissance. Malgré la tentation, l’usage du Fluide pour un tel usage ne t’a pas perverti. Tu as fait l’expérience d’une de nos armes et tu nous montreras comment nous en servir. Sur Coruscant, acculés, les frères du temple ont dû frapper les commandos qui mettaient à sac l’édifice. C’est à cette seule condition qu’ils purent s’évader et nous rejoindre ici. Il leur a fallu tuer pour cela, pour survivre. Ils sont profondément blessés dans leur âme. Le Maître Théoden, de son lit qu’il ne quittera plus jamais, s’occupe de soigner leurs âmes assombries. Ils se remettent doucement et leur expérience va nous permettre de développer de nouveaux talents en affinant notre contrôle.

Les deux hommes se regardèrent. Les yeux verts, froids et apaisés de l’aîné exprimèrent de la paix et de l’acceptation. Ceux marron de l’élève disparaissaient dans l’obscurité qui s’approfondissait, luisants d’une nouvelle résolution.

- Je comprends Maître, nos enseignements nous permettent de faire prendre de nouvelles orientations à la congrégation. Nous contrôlons le Fluide et, en l’utilisant à bon escient, nous ménager les moyens de nous défendre à notre manière. Nombreux sont les jeunes à penser à voix basse que le temps de l’action a sonné et que nous devons nous affranchir de la menace. L’autarcie a suffisamment duré.

Les deux hommes reprirent leur distance. Les graines du changement s’enracinaient dans le sol riche de la planète de leurs ancêtres. Il fallait survivre et comme toutes les espèces de l’infini cosmos, ils ne disparaîtraient pas sans avoir lutté. Sans un mot, les mains glissées dans les manches de sa robe de bure, le Maître Grozilier ramena son Disciple vers le temple comme le bon pasteur l’agneau égaré vers la sécurité de la bergerie.
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Messagepar AJ Crime » Sam 28 Jan 2012 - 11:31   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

XIV



Le ton montait dans le bureau du gouverneur du Dictat Brindy qui suait sang et eau. L’homme trépignait devant la fenêtre, la lumière aveuglante entourant sa silhouette énorme engoncée dans un uniforme à la coupe large. Nerveux, il jetait des coups d’œil inquiets vers l’extérieur pour surveiller la foule mécontente. Elle hurlait des injures derrière les grilles défendues par des militaires qui n’attendaient que son ordre pour faire feu. Cela faisait quelques minutes que les représentants Drall, Selonien et Humain l’invectivaient sans cesse. Il commençait à regretter amèrement l’absence des Émissaires Bourtistes pour étouffer les flammes rebelles du système. Ses tentatives pour les monter les uns contre les autres en réveillant le souvenir de leurs anciens conflits renforçaient leur haine du nouvel ennemi : le Dictat massacrait les innocents.

- Je préfère vous prévenir que jamais le Dictat ne fera reculer les croiseurs en orbite autour des planètes du secteur. Nous nous ferons un plaisir de mater les révolutionnaires qui tentent de déstabiliser l’ordre du Ladish.
- Quel ordre ? coupa le Drall irrité. Celui que les Bourtistes nous ont laissé et dont vous vous échinez à faire des cocottes en papier ? Tout le système corellien est immobilisé par vos troupes, nous n’avons même plus la liberté de faire du commerce. Nos économies seront exsangues d’ici peu, et nos gens n’auront plus d’autres choix que de se terrer dans nos cavernes. Si c’est la paix que nous donne le Ladish, autant en passer par une guerre ouverte.
- Nous vous écraserons sans peine…
- Vous êtes en proie à de nombreux troubles partout dans l’espace connu, contre-attaqua l’Humain. Si votre administration ne parvient pas un débouché autre que militaire à la situation ici présente, vos troupes ne sauront bientôt plus où donner de la tête. Votre empire va s’embraser !
- Ne proférez pas de menaces. Vous n’êtes pas en position de force, nous annexerons tout le système avant que vous ne leviez le petit doigt. Les forces du Ladish rétabliront le calme par la force si nécessaire. Et vous vous devez de nous soutenir, vous en avez tous les trois fait le serment.

La fourrure hérissée, le Drall fit plusieurs demi-tours sur lui-même. Quelques pas l’amenèrent devant le gouverneur. Il désigna la foule à l’extérieur d’un geste impératif et déclara :

- Qui pourrait dompter ces gens qui ne supportent plus votre oppression ? Il ne leur reste rien à part leur vie et ils savent qu’elle ne pèse aucun poids pour vous. Ils n’ont plus grand-chose à perdre. Il est de notoriété publique que vous avez exterminé les seuls à savoir négocier un terrain d’entente dans tous les mouvements contestataires qui secouent les colonies. Vous traquez les survivants aux quatre coins du Dictat. Ils le savent et prennent leur destinée en main. Qui le leur reprochera ?
- Vous, comme eux, devez obéissance et si vous insistez, je déclarerai la loi martiale. Il vous en cuira de…

Le gros homme se tut brutalement, soulevé de terre. Une main selonienne griffue lui serrait le larynx.

- Les Bourtistes nous ont montré la voie de l’alliance et nos peuples sont prêts à en découdre. Moi aussi et vous n’aurez pas le temps de donner d’ordres à vos armées !

Les deux autres Corelliens l’attrapèrent pour tenter de lui faire lâcher prise. Alertés par le gouverneur qui triturait son bouton de manchette, des gardes ouvrirent la porte à la volée. Quelques coups de crosses mirent à terre le petit Drall et l’humain avant qu’un canon ne se plaque sur la tempe du Selonien qui ne desserrait pas sa prise.

- Je vais faire feu ! cria le lieutenant un indexe crispé sur la gâchette de son pistolet.
- Abattez-le ! souffla le gouverneur Brindy, le visage déjà violacé.

L’arme tonna dans la pièce. Une forte odeur de poudre se mêla à celle du sang alors que la tête du représentant Selonien éclatait. L’étau de ses doigts ne se desserra pas aussitôt, emportant le gros homme maculé d’éclaboussures dans sa chute. Les Corelliens survivants se débattirent mais les gardes les continrent fermement. Le gouverneur se redressa, tentant de reprendre son souffle, le visage marqué, les yeux rougis remplis de larmes. Ses hommes attendaient qu’il formule une sentence.

- Jetez-moi ces gens en prison et débarrassez ce cadavre.

Les quelques minutes d’activité autour de lui permirent au gouverneur de reprendre son contrôle et de retrouver sa voix. Il se réfugia derrière son bureau, décrocha le communicateur et ouvrit une liaison directe avec le chef de cabinet. Jeneson Brindy se racla la gorge pour l’éclaircir.

- Je déclare la loi martiale. Faites disperser la foule par tous les moyens. Transmettez au pouvoir central que nous rétablirons une situation de droit, que les représentants Corelliens sont sous les verrous et que nous sommes désormais les seuls détenteurs décisionnaires. Préparez une allocution pour que je puisse m’exprimer dans les heures à venir sur l’holonet.
- Bien gouverneur, il en sera fait selon votre volonté.

Brindy coupa la communication et réfléchit aux étapes suivantes. Il s’assit pour contacter l’état-major présent dans le secteur. Les généraux mettraient en place une opération de grande envergure, le temps serait précieux. Alors qu’il distribuait ses recommandations, une clameur s’éleva de l’extérieur.


*******


Des nombreux Corelliens de toutes races proclamaient leur haine de l’oppresseur. Un sentiment de fierté galvanisait les organisateurs de la manifestation. Les slogans tournaient en boucle dans la foule excitée par les grilles dorées qui protégeaient l’ambassade et les troupes armées impassibles sous les provocations. Mêlés aux civils, des groupes paramilitaires se tenaient en retrait, équipés de pistolets, de quelques fusils et de grenades à percussion. Ils espéraient silencieusement un écart de Dictats pour donner l’assaut. Reliés par communicateur, des Dralls, Seloniens et Humains se préparaient à une action de force. Des tireurs embusqués avaient été placés dans les étages des immeubles de l’autre côté de la place noire de monde en surplomb de la cour où les soldats s’alignaient en rangs d’oignons, exemplaires et disciplinés. La foule se pressait aux grilles pour les défier.

Toutes les races enfin rassemblées dans un but unique : expulser les Dictats du système. Les mots d’ordre résonnaient par vagues pour exhorter la foule à la violence. « Dictat libre égale antinomie », précédait « les Bourtistes sur le trône », avant d’entendre « un empire pour mourir » et enfin « à bas le despote ». D’autres avaient vu le jour par le fruit du hasard, mais les heures triaient les leitmotive pour ne filtrer que les plus efficaces.

Sans crier gare des haut-parleurs crachèrent :

« - Dispersez-vous, ou nous ouvrons le feu ! »

Invectives et insultes fusèrent vers les militaires dictatoriaux. Le premier rang quitta la position d’attente pour manipuler les fusils d’assaut sombres et menaçants. Ils quittèrent les poitrines pour rejoindre les hanches et être armés.

« - La loi martiale vient d’être promulguée par votre gouverneur. Rejoignez vos foyers avant que nous ne prenions des mesures radicales. »

Le reste des paroles se perdirent dans le brouhaha de la colère qui grondait aux portes de l’ambassade entourée de Corelliens en effervescence. Quelques pierres fusèrent. Un premier rang de soldat s’avança, épaula et acquit des cibles potentielles. Les manifestants au plus près des grilles tentèrent de reculer devant cette menace immédiate mais les suivants les poussèrent comme des boucliers.

- À l’assaut ! crièrent les meneurs de l’arrière pour canaliser la foule vers l’envahisseur.
« - Ceci est votre dernière chance. Nous ferons feu si vous ne vous dispersez pas. »

Brain Fran jeta quelques paroles dans son communicateur avant d’extraire de son blouson un fusil à canon scié. Il organisait et entraînait des milices depuis des années. Ses yeux noirs brillaient dans un visage ovale aux joues creuses couvertes d’une barbe courte, brune et drue teintée de sel. Une vie sur le terrain avait sculpté son corps. L’adrénaline se répandit dans les muscles secs et toniques. Son cœur vibra dans sa poitrine. Bientôt, il accomplirait ce à quoi il vouait sa deuxième existence : exterminer les Dictats qui accablaient son peuple depuis deux générations. Aussitôt, des coups de feu retentirent à l’autre bout de la place.

Des balles ricochèrent sur les murs et des étincelles jaillirent des barreaux métalliques de la grille. Deux poignées de militaires s’effondrèrent. Des jets de pierres s’abattirent sur les hommes du Dictat, surpris par la virulence de la résistance. Les armes automatiques crachèrent des salves en direction des fenêtres de transparacier et de la rue.

Les fusils, précis et meurtriers de l’armée régulière, fauchèrent avec efficacité les premiers rangs désarmés de la foule. Des grenades rebondirent des deux côtés de la palissade. Des ondes de peur parcoururent les rangs des gardes avant que les explosions ne retentissent, abattant indifféremment les membres des deux camps. Les flashes lumineux éclairèrent la soirée à peine entamée, détruisant les murs d’enceinte, tordant les grilles dans des nuages de fumée. Les tirs un peu plus précis des snipers embusqués obligèrent les soldats à se replier. Ils abandonnèrent des cadavres inertes et des agonisants. La foule reflua dans le chaos.

Profitant de l’effet de surprise, Brain donna un nouvel ordre :

- En avant !

Ses hommes se faufilèrent au travers des civils en fuite et progressèrent en se couvrant de tirs de barrage sous la protection des longs fusils derrière eux. Avec quelques pertes, ils stoppèrent devant l’enceinte et ajustèrent leur tir sur les positions retranchées de leurs ennemis entraînés au combat. Une volée de grenades à percussion roula jusqu’aux portes du bâtiment administratif déjà lardé d’impacts. Des flashes illuminèrent la façade, des ondes de choc tordirent les portes et fissurèrent quelques fenêtres. Si la façade tenait le choc, les hommes qui la défendaient périrent dans les flammes et le sang. Les révolutionnaires croyaient le chemin dégagé et passèrent l’enceinte en échangeant des tirs épisodiques avec les troupes survivantes.

Sur les flancs des postes de gardes, des meurtrières s’ouvrirent et délivrèrent des rafales nourries d’armes de gros calibre qui fauchèrent les valeureux au cours de l’assaut, les obligeant à se replier. Déloger les nids de mitrailleuse serait pour le moins difficile. Des renforts montrèrent le bout de leur nez sur le côté droit.

- Brain d’observateur quatre, des ennemis arrivent sur la droite par les rues adjacentes.
- Que le groupe trois les intercepte, tireurs huit à quinze prenez-les pour cible.

Les mouvements de la foule paniquée, incontrôlable, secouèrent la place de vagues humaines, multipliant le nombre de cibles potentielles vêtues comme les hommes de Fran. Des tirs s’échangèrent dans un vacarme infernal à droite du mur d’enceinte. Les soutiens dictatoriaux s’aplatirent au sol, stupéfiés par le feu croisé de troupes retranchées, preuve d’une longue préparation. Ils plongeaient têtes baissées dans la nasse d’une embuscade. Le combat devant l’ambassade traînait en longueur et Fran sentait venir le moment où leur offensive à la grenade s’épuiserait faute de combattants.

- Groupe sept, balancez-moi quelques tirs de mortier vers l’entrée. Première ligne, à couvert !

Ses hommes reculèrent pendant que des obus éventraient le seuil de l’ambassade et crevaient les deux premiers étages. En bon chef d’orchestre, Brain Fran attendit de mesurer les dégâts de cet assaut. Il perça les fumées de son regard affûté avant de déclencher la vague suivante.

- Groupes d’assaut en avant !

Du bout de la place, des rebelles s’élancèrent vers le bâtiment aux défenses amoindries. Les premières lignes se jetèrent par-dessus les murs effondrés afin de dégager la voie. Ils sacrifièrent leurs dernières forces mais la deuxième vague pénétra dans le bâtiment fortifié.

Les canons des fusils des tireurs d’élites du Dictat dépassèrent au faîtage des toits de l’ambassade retranchée. Ils canardèrent avec une précision démoniaque les révoltés au franchissement des décombres de l’enceinte et entamèrent des duels avec les tireurs embusqués dans les bureaux des immeubles d’en face.

- Tirs de couverture vers les toits, ordonna Fran.
- Forte résistance à l’intérieur, lui répondit-on.
- Progression lente, décréta-t-il.

Le combat se stabilisait. Les troupes du Dictat se réorganisaient et le contraignaient à camper sur ses positions. Il exigea des rapports précis. Les pertes dépassaient les estimations mais ils tiendraient le coup. Brain ne se berçait pas d’illusions, le combat durerait et ils ne prendraient pas l’ambassade cette nuit.

Au matin, des troupes fraîches débarqueraient de l’espace et tout s’arrêterait dans un bain de sang. Brain réfléchit aux meilleures options. Il organiserait le combat vers l’avant sans rien lâcher de la nuit mais négocierait des voies de repli vers le gruyère de souterrains sous la ville. Ils devaient impérativement, que l’ambassade ait été annexée ou pas, avoir vidé la place avant l’aube.
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Messagepar Notsil » Lun 30 Jan 2012 - 12:52   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Ca fait plaisir de retrouver notre petit Lou Osem :)

Tu as fait une belle revue de ton texte, vivement la suite ^^
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Messagepar AJ Crime » Mer 01 Fév 2012 - 21:24   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Merci Notsil, content que cela t'ait plu... Ca a été pas mal de boulot de réécrire rien que ce premier chapitre, mais je pense que c'était indispensable, même si je trouve qu'il y aurait encore à faire bien que je me refuse à investir plus de temps dans ce début, en espérant qu'une relecture complète me permette de terminer tranquillement le dernier chapitre sur lequel je me suis retrouvé bloqué après un trop long arrêt sur cette histoire.
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Messagepar Notsil » Jeu 02 Fév 2012 - 10:58   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

Oui l'essentiel c'est de terminer avant de revenir sur les points qu'on peut améliorer ;)
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Messagepar Den » Ven 08 Juin 2012 - 13:43   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

J'ai relu tout cela à tête reposée, ces deux derniers jours et je dois dire que tu as fait un travail remarquable sur cette fic. Ton texte m'a semblé plus fluide que la précédente mouture. Le résultat est donc encore plus agréable à lire.

Ca m'a fait du bien de retrouver Lou Osem. Ce fut comme retrouver un vieil ami après de nombreuses années. :)
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Messagepar AJ Crime » Dim 10 Juin 2012 - 17:19   Sujet: Re: [en cours/Roman] la Trilogie de l'Ashla - T1:Le premier

J'espère bien avoir gagné en fluidité avec tout ce que j'ai corrigé et reformulé. Mais j'ai aussi implanté quelques données de fonds pour rendre les personnages plus profonds et argumenter leurs actions. Dommage que je manque cruellement de temps mais Dispé passe avant le premier jedi, même si j'avance doucement sur ce dernier. Le deuxième chapitre nouvelle mouture n'est pas près d'arriver, désolé pour mon éventuel lectorat, pourtant j'y travail de temps à autre mais les scènes piétinent.

En tout cas, je suis heureux que cette lecture t'ait été agréable Den, à l'image de Notsil, le paris et donc pour moi réalisé... à savoir améliorer en fonction de l'évolution de ma maitrise.

Bien qu'en ce moment j'ai peur de ne pas assez exercer l'écriture et de perdre mes automatismes et les réflexes que j'ai travaillé pendant les trois années précédentes.
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