Viens de finir ce nouvel opus issu de l’univers de The Old Republic, écrit par Mr Karpyshyn himself.
Je précise que je ne joue pas au jeu, je n’ai vu que les trailers (que j’ai adorés), ai lu les autres romans de la période, ainsi que les deux tomes
TOR parus chez Delcourt, dont je dois avouer n'avoir que très peu de souvenirs…
Sur la couv’ c’est donc Theron Shan qu’on a apparemment croisé dans les comics (et très peu de souvenir perso le concernant donc
).
C’est un roman honnête, dans le sens où il est tiraillé entre trois objectifs qu’il tente d’atteindre :
- s’inscrire dans le contexte de The Old Republic sans perdre le novice
- s’inscrire dans le contexte de The Old Republic en contentant le connaisseur
-livrer une histoire intrinsèquement intéressante et auto-suffisante
Je ne peux pas vraiment juger de la seconde visée puisque je présume que les seules œuvres littéraires ne sont que la partie émergée de l’univers Torien, quoique la critique SWU faite par Darth Piejs, maître ès Old Republic, me laisserait croire le contraire si on s'en tient aux perso des trailers...
Les autres objectifs sont atteints à mon sens, mais pas totalement.
Comme j'ai trouvé Karpyshyn un peu léger sur l'ensemble, voici mon avis en vrac pas trop travaillé non plus.
Le backgroundAlors même en ayant oublié qui était Theron Shan, même en ne sachant plus qui était Dark Mekhis, en ne sachant pas ce qu’était le croiseur Sith
Haute Lance (pas de souvenir d’avoir vu ce nom de vaisseau auparavant), on comprend très bien où en est la situation galactique, et pour peu qu’on ait vu les trailers, on découvre avec plaisir que l’auteur se sert de ses personnages phares pour construire un simili-background.
Jace Malcolm est le soldat de la république qui s’amuse à faire péter un de ses détonateurs thermiques à la face de Dark Malgus dans le second trailer de
TOR.
Satele Shan est la Jedi badass au double sabre laser vue dans ce même trailer, qui vient justement sauver la mise à Jace Malcolm.
Après une intro inutile et inintéressante qui m'a presque fait refermer le bouquin (j'y reviendrai), on nous raconte que les deux ont eu une liaison, qui a donné un enfant, Theron, le héros du roman, et qu’ils se sont ensuite séparés pour continuer leurs carrières respectives de Grand maître de l’Ordre Jedi et de Commandant en chef des forces armées de la République.
Shan n’a pas été élevé par eux, et lui comme Jace Malcolm ignore qu’ils sont père et fils, Satele leur ayant caché.
Voilà pour le background familial, qui est à mon sens le plus savoureux, même s’il tarde un peu à être mis en avant.
Côté galaxie on apprend grosso modo que l’Empire Sith n’est pas en super forme suite à la disparition de l’Empereur, ce qui rend son Conseil Noir un peu bancal, mais qu’il continue à en découdre sur plein de mondes face à la République. On nous donne une mini-plongée sur le côté logistique de la chose à l’échelle galactique en rendant le tout clair et crédible, et c’est plutôt sympa.
L'intrigueLà où c’est un peu plus mou je trouve, c’est sur l’histoire choisie par l’auteur : le tout peut être résumé par une simple mission d’infiltration pour rendre hors service le croiseur
Haute Lance, arme redoutable de l’Empire Sith qui est aux mains de Dark Karrid, une ancienne apprentie Jedi qui a viré du côté obscur.
Et forcément, Theron Shan, agent ses services secrets de la République, sera accompagné de Gnost Dural, l’ancien maître de la Jedi devenue Sith, pour mener la mission à bien, sous la direction de Jace Malcolm et Satele Shan en retrait.
L’auteur se sert bien sûr de tous les éléments à sa disposition avec les histoires de filiation (Jace Malcolm qui redoute d’envoyer Theron au combat en sachant qu’il est son fils) et de lien maître/apprenti (Gnost Dural va affronter sabre au poing son ancienne apprentie), mais tout est fait de manière très simple, trop simple, et vraiment trop rapide.
On est presque en pilotage automatique tout le livre. Tout ce que les personnages entreprennent, ils le réussissent. Pas une seule seconde on en doute, et quand un accroc surgit, les héros trouvent des solutions tout de suite et sortent vainqueurs.
Ce qui est encore plus dérangeant est le fait que cette sensation d’absence de profondeur dans l’intrigue va crescendo, tant l’auteur se précipite dans la résolution de tout, oblitérant tous les effets de suspense qui étaient présents en puissance.
Ainsi de Gnost Dural, qui se retrouve à la merci de son ancienne apprentie sur une table de torture, qui arrive pourtant à lui retourner le cerveau avec un usage de la psychologie inversée que même un enfant de 3 ans trouverait suspecte.
Son but est que le croiseur Sith se rendent sur Duro où l’attend en réalité une embuscade.
Je vous résume l’échange en deux lignes :
« Je me suis laissé capturé pour faire diversion et que tu n’aies pas le temps de te rendre sur Duro »
« Ahah ! Je savais que j’arriverais à te briser mentalement et à savoir ce que tu cachais ! Cap sur Duro ! »
Sérieusement ?
Puis :
bataille spatiale, combats au sabre laser.
Les Sith perdent bêtement et les gentils s’en sortent avant que tout n’explose,
on essaie de nous faire croire pendant 7 lignes qu’ils sont peut-être morts,
mais en fait non,
et FIN.
Ah oui et sinon il y avait une sous-intrigue avec une contrebandière Twilek, Teffith, qui ne sert à rien à part gonfler le début du livre de manière un peu hors-sujet. Idem la concernant, pas un seul moment on ne doute du fait qu'elle aidera toujours les gentils. Un Han Solo-like bien inutile.
BILAN :
Karpyhsyn écrit de manière fluide et simple, c’est une évidence. Ici l’histoire manquait simplement de piquant et d’originalité, de même que ses personnages, brossés de façon sommaire. Et tout est vraiment trop facile et attendu, ce qui est un sérieux problème a fortiori sur un roman qui n'est qu'une grande mission.
Le roman reste vraiment sympa pour le contexte qu’il donne aux personnages de Satele Shan et Jace Malcolm… On aurait presque préféré un roman uniquement sur ces deux là, les enjeux auraient été peut-être plus travaillés.
Un roman
TOR sans plus,
un Karpyshyn un peu flemmard sur ce coup là,
un roman
SW qui se lit,
60 %
« Vous pouvez échouer dans ce que vous ne voulez pas faire. Alors vous pourriez aussi bien tenter votre chance en faisant ce que vous aimez. » Jim Carrey