Comme promis, une petite argumentation sur
"pourquoi la saga du Prince Ken n'est pas la pire chose que l'Univers Etendu ai donné à lire"Première chose pour ceux qui ne sauraient pas de quoi on parle :
La Saga du Prince Ken (abrégée en SPK par la suite) est composée de 6 livres d'environ 80 pages (en VO), agrémentée d'illustrations. Elle raconte une aventure du trio habituel (Luke, Leia, Han) quelques mois/années après Endor (la datation est très vague), confrontée à Trioculus, agent des grands moffs et prétendant au titre d'empereur. Le trio est rejoint par Ken, Prince (le titre est expliqué dans le tome 6) et élevé dans la cité des Jedi.
Deux choses encore avant d'arriver à la critique des épisodes eux-mêmes : le contexte et le but de ces livres.
Niveau contexte, l'ensemble de ces titres est paru entre juin 1992 (
The Glove of Darth Vader) et avril 1993 (
Prophets of the Dark Side), soit entre les parutions de
Dark Force Rising et
The Last Command (tome 2 et 3 de la trilogie de Thrawn). Ce qui veut dire qu'on est au tout, tout début de l'univers étendu tel qu'on le connait aujourd'hui. L'oeuvre de Zahn n'est pas encore la pierre angulaire de tout l'
UE post-ROTJ puisqu'elle n'est pas terminée, et au final, les auteurs n'ont pour référence, en dehors des films/novélisations, que :
-> quelques livres publiés par Del Rey au début des années 1980 (
Splinter of the Mind's Eye, qui a son lot d'incohérences, et les trilogies de Solo et de Calrissian, dont on pourrait égaler discuter assez longtemps)
-> Les 107 numéros des comics Marvel, ainsi que les strips et quelques comics annexes, mais qui ne peuvent pas servir pour SPK.
-> Des guides et scénarios par West End Game, mais là encore, ça n'aide pas beaucoup...
Bref, au vu de ce qu'était l'univers étendu en 1992-1993, SPK était totalement canon, et même mieux, SPK était totalement en raccord avec les personnages tels qu'ils étaient définis dans les comics Marvel (ou presque). Ken et tous les autres personnes "un peu étranges" créés ne détonnent pas avec les créations diverses et tout aussi étranges de Marvel (les Hoojibs ? les Zeltrons ? Jaxxon ?)...
Niveau but, SPK est considéré comme "kid books", ce qui explique sa longueur, les "bruits" écrits et les images qui sont présentes. Cela ne sert donc à rien de comparer la saga avec des "young adults books", qui sont nettement plus matures, ne serait-ce que dans la forme (on peut y ranger en particulier les Young Jedi Knights par Anderson et Moesta, qui par leur présentation sont bien plus proches des livres "adultes"). Bref, critiquer son livre pour sa forme trop "enfantine" alors qu'il est précisément destiné à des enfants (au contraire des "young adults" qui correspondrait plutôt à nos collégiens), c'est reconnaitre que le livre a tout à fait réussi son but, qui était de plaire à des enfants !
Bref, une fois ceci posé (qui enlève une bonne part des critiques exercés à son encontre uniquement en étudiant la forme et le contexte), intéressons-nous à l'histoire, et répondons à la question "est-ce intéressant à lire quand on est un adulte qui a déjà découvert l'univers étendu créé depuis 20 ans ?"
Oui et non.
Oui, parce que certaines créations sont vraiment sympathiques : tous les méchants (Trioculus, les Moffs, Kadaan et ses prophètes, voire même Zorba) sont vraiment les points positifs du livre. Les trahisons, alliances contre-nature, tortures et meurtres s'enchainent à bonne allure, et les auteurs n'hésitent pas à en faire baver à leurs méchants (Trioculus et le moff Hissa en particulier !). Il y a donc un vrai travail là-dessus qui aide à faire passer le reste.
Autre point positif : les illustrations, dont certaines fourmillent de détails et de clins d'oeils.
Enfin, certaines péripéties sont vraiment prenantes, comme l'exploration de Duro dans le tome 4.
Non, parce que la saga a quand même des points négatifs rédhibitoires :
-> L'utilisation des personnages de la saga oscille entre le correct (Leia en général, Luke le plus souvent, les droids) au calamiteux (Han ...), le reste étant généralement laissé de côté (Chewie, Lando..). Mais surtout, Ken est en lice pour le pire personnage jamais créé... chaque passage où il intervient déclenche une forte envie de baffer son livre... et le pire c'est qu'il ne sert généralement à rien dans l'histoire, si ce n'est à avoir un personnage en qui les jeunes lecteurs peuvent s'identifier...
-> L'utilisation de de la géographie spatiale est encore pire que calamiteuse. Les auteurs mettent au moins 3 livres à se rendre compte qu'il existe d'autres planètes que celles développées dans les films (même si on a droit à un peu d'exploration de Kessel, de Mon Calamari et de Duro)... La plupart de l'action a donc lieu sur Yavin, Dagobah (qui accueille la base principale de l'Alliance... normal !), Bespin et Tatooine !
Si on excepte ces deux éléments (certains personnages mal traités et une géographie catastrophique), l'histoire se lit en revanche relativement bien, encore une fois grâce à l'action des méchants de l'histoire, seuls à agir de manière réaliste, et à payer les prix de leurs échecs.
Bref : ces livres étaient donc tout à fait dans leur contexte et dans leur but au moment de leur sortie, mais ils ont très, très mal vieillis. L'Univers étendu s'est développé sur la base qu'a posée Zahn, et le prince Ken a totalement été mis de côté, de manière volontaire ou non. Aujourd'hui, sa relecture n'est donc pas utile à quelqu'un qui chercherait une très bonne histoire où apparaitrait ses héros préférés. En revanche, comme tentative de créer une suite aux films à partir des éléments disponibles en 1992, SPK est un contre-point intéressant à la saga de Thrawn (qu'elle réhausse du même coup : Zahn a réussit, avec très peu d'éléments, à créer un des meilleures histoires de tous les temps).
En attendant, on peut passer un bon moment à lire les 6 livres à condition de bien garder en tête que ce sont des livres pour enfants qui n'ont pas d'univers étendu comme base... comme la plupart des comics Marvel, en fait !