Comme les deux histoires se font référence, j'ai choisi d'ouvrir un nouveau topic pour raconter leurs aventures. Cette semaine sera donc consacrée au prologue et au premier chapitre de :
Venom et le seigneur de la guerre
Une campagne dans la bordure extérieure
Une campagne dans la bordure extérieure
Prologue
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Corvette « Le Diamant Bleu », au large d'Herrion
Alcor Procyon an-Herrion recevait à son bord un jeune couple récemment adopté par son demi-frère Markus Herrion. Mais si le nouveau directeur (on disait Capitaine) de la compagnie Amber Star était fier de leur faire visiter le Diamant Bleu, son nouveau vaisseau amiral, il avait une autre idée en tête.
Le clou de la visite était certainement l'immense -et très détaillée- holo de la Galaxie qui trônait au centre de la salle comm. Un simple zoom sur le quadrant nord-est faisait apparaître une nuée de points de couleur ambrée : les vaisseaux, stations, et mines de la compagnie y étaient tous répertoriés.
Le jeune homme aux cheveux noirs bouclés fut le premier à remarquer :
- de nouveaux transports lourds, oncle Alcor ? Ceux que TransGalMech t'a proposés?
- Oui, heureusement ! Depuis ta dernière visite, nous avons réceptionné une centaine de transports très corrects, à des prix très concurrentiels. Et nous avons maintenant des escorteurs en nombre suffisant.
Heureusement, car cela nous a permis de compenser les retards de livraison de ces fichus coryndiens qui ne respectent pas leurs délais ! Je vais bientôt leur rendre visite et ils vont m'entendre ! Nous avons assez de vaisseaux pour honorer tous nos engagements, mais nous sommes presque à bout de nos réserves financières et de nos capacités de crédit. Il est plus que temps de faire rentrer du cash !
- Des vaisseaux, il t'en manque encore ! Pourquoi garder tous ces équipages, tous ces techs que vous payez à ne rien faire ? Ils doivent plomber ton budget !
Markus junior ne comprenait pas pourquoi on payait des gens désœuvrées. Renonçant à lui expliquer la politique de la compagnie, Procyon le rassura :
- J'ai résolu le problème pour huit mois au moins : contrairement à nous, les flottes de l'Alliance ont des cargos, mais manquent d'équipages, à cause des pertes dues à la guerre. Je leur en fournis donc, ainsi que des tech très qualifiés pour l'entretien. Cela réduit mes charges salariales, maintient la qualification des équipages et en plus on rentre des crédits dans les caisses !
Le style était différent de celui de son frère, mais Procyon savait mener sa navette. Il ne les avait pas invités dans la sacro-sainte salle comm sans raison :
- pour renflouer la compagnie, j'ai quelques projets à court terme. Comme cette usine d'extraction très rentable sur une planète gazeuse… Ici.
Il zooma sur une zone proche du secteur corpo, tout au bout de la route Perlémienne. Une fiche technique apparut ; la géante bleue n'avait même pas de nom, seulement un matricule.
- Tibanna ? Supposa Thalia.
- Kobacyte, rétorqua le chef d'entreprise.
Devant la moue dégoûtée de la jeune femme, il précisa :
- Celui-là est ultra-pur ! Ainsi raffiné, il vaut bien le Tibanna !
- Qui est actuellement hors de prix et quasi introuvable ! Malin ! Apprécia Markus.
Procyon rappela avec un grand sourire :
- Très rentable, vous dis-je ! Mais j'ai un gros souci : il y a dans le coin un petit seigneur de la guerre qui a des ambitions. Markus (1) avait provisoirement résolu le problème à coup de pots de vins et je lui verse des royalties sur mes mines, mais il semble que notre roitelet ne respecte pas l'accord. Je suis certain qu'une compagnie concurrente lui verse des subsides encore plus gros, et je ne peux pas suivre. Bref, il nous fait des misères. Je me demande bien qui je pourrais envoyer là-bas pour lui faire entendre raison.
Question de pure rhétorique : il pensait à deux tourtereaux déjà lassés d'une vie sédentaire et trop tranquille à leur goût. Leur charge de conseillers militaires d'une petite planète rurale ne pouvait leur suffire : pour tout dire, ils commençaient à s'ennuyer. Il connaissait déjà leur réponse : un simple échange de regards leur suffit et c'est d'une seule voix qu'ils offrirent leurs services.
Confier ses meilleurs vaisseaux et l'élite de ses équipages à deux anciens pirates, c'était laisser entrer les Vargs (2) dans la Bergerie, mais il était prêt à en prendre le risque.
Après tout, les M'luur (3) font ça depuis des millénaires et leurs woomps ne s'en portent pas plus mal, se rassura-t-il
Notes:
1 Il parle de son demi-frère Markus Herrion ( alias Markus senior), Vice-roi d'Herrion et des Mondes du Chariot
2 Un varg est un prédateur d'Herrion chassant en meutes, le woomp sa proie favorite. Les Bergers d'Herrion ont domestiqué les deux espèces.
3 Également appelés Bergers d'Herrion, une race insectoïde très civilisée vivant en bonne harmonie avec les colons humains
Chapitre 1 : le nouveau commodore de l'Amber-Star
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Amiral ? Commodore suffira !
La capitaine Damas commandait le Goth depuis près de huit ans. Pour un officier naviguant de l'Amber Star, c'était le couronnement d'une carrière. Avant cela, elle avait commandé des cargos, des canonnières, un luxueux starliner et pour finir, une frégate. Mais être capitaine de l'un des trois croiseurs survivants de la flotte, ce n'était pas seulement diriger un hybride de transport lourd, de croiseur de luxe et de vaisseau de guerre. La capitaine du Goth devait être également une négociante, une diplomate et une politicienne avisée. Ce n'était pas une tâche facile, et il y avait très peu d'élus.
Elle savait par expérience que les “clients” les plus difficiles à gérer étaient souvent les envoyés ou les plénipotentiaires de la direction. Sur ce point, elle n'avait pas eu trop de problème avec le jeune Markus Vega an-Herrion. Celui-ci avait clairement marqué son territoire dès le début :
- Vous dirigez le Goth et son équipage à votre guise, je dirige l'expédition. Bien entendu, le Goth est une composante importante de l'expédition…
Le tout accompagné de ce sourire canaille et cette attitude décontractée de fauve au repos qui, disait-on, avaient tant plu à l'ancien Directeur de l'Amber Star (on disait Capitaine), maintenant vice-roi des mondes du Chariot.
Elle avait tenté une pique, en lui demandant :
- dois-je vous appeler Amiral ?
Il ne s'était pas départi de son sourire pour répliquer d'un ton nonchalant :
- commodore serait plus approprié, mais entre nous Markus suffira
Tandis qu'elle s'apprêtait à le rejoindre dans ses quartiers pour lui faire son rapport, la capitaine se posait encore bien des questions à son sujet : pour quelle raison le vice-roi Markus Herrion l'avait-il adopté ?
Certes, le commodore était beau, de cette beauté ténébreuse à laquelle le Capitaine Herrion était si sensible : le connaissant, elle se doutait qu' il avait probablement tenté de séduire le jeune aventurier et – très certainement- échoué. Mais le vieil homme ne l'aurait en aucun cas adopté sur sa bonne mine, lui donnant son nom et même son prénom : il avait toujours soigneusement séparé affaires et plaisir.
Selon la rumeur favorite des équipages, Markus junior ne pouvait être que le véritable fils – ou même le clone, disaient les plus hardis- du Vieux ! Une rumeur que Mira Damas savait sans fondement, comme d'autres inepties propagées par des concurrents : l'ancienne identité du jeune homme n'était pas un secret pour les cadres supérieurs de la Compagnie.
Que restait-il ? Une seule explication : le talent !
En matière de recrutement, les Herrions étaient de véritables « chasseurs de têtes », un sport qu'ils pratiquaient depuis des millénaires. Comme le disait si bien le Capitaine Markus :
« quand on découvre un être talentueux, on ne le laisse pas à la concurrence : on embauche, on épouse ou on adopte ! »
Il avait peut-être rêvé d'autre chose, mais s'était résigné à l'adoption!
Mira Damas avait eu l'occasion de découvrir certains des talents du jeune homme, mais avait aussi entrevu quelques-uns des aspects les plus sombres de sa personnalité. Certaines choses, certains propos pouvaient faire basculer comme un interrupteur dans sa tête et on entrevoyait alors la machine à tuer nommée Venom.
Lors d'une négociation, elle l'avait vu terroriser un dirigeant planétaire corrompu. Alors qu'il négociait un accord de défense pourtant vital pour son peuple, celui-ci avait exigé un exorbitant pot de vin. Le commodore n'avait rien dit. Mais son regard promettait la mort. Une mort lente et douloureuse. Sur le moment, elle s'était sentie fort soulagée de ne pas être la cible de ces « yeux qui tuent ».
Après avoir vu le tueur en Markus Jr, le ministre avait préféré démissionner et quitter la planète. Son remplaçant s'était montré plus coopératif.
Mira ne connaissait pas tous les détails l'histoire, mais elle avait entendu quelques anecdotes à propos de ce Venom. Lors de la bataille de Vance, ses jeunes pilotes et lui avaient sauvé le Hun, vaisseau amiral jumeau du Goth. Il y avait aussi cette folle histoire qui disait que, sur l'astroport de Tschaï, toute une compagnie armée jusqu’aux dents avait fini par se rendre après que les soldats aient vu nombre d'entre eux tomber face à un gars seulement armé de couteaux. Certains parlaient même d'un bataillon au complet !
Il fallait toujours qu'on exagère ! Elle tenait par contre de source sûre que le surlendemain, le jeune pirate, seul et sans armes, s'était présenté à ceux qu'il avait décimés, maintenant prisonniers de l'Alliance, et leur avait parlé. Sitôt libérés, la plupart s'étaient bousculés pour s'engager dans sa petite flotte pirate. D'après son témoin, un des jeunes engagés avait résumé ainsi sa décision:
- Venom ? Trop cool, ce mec ! Je veux bosser avec lui !
Pour être cool, il était cool ! En apparence: à force de le côtoyer, elle avait fini par comprendre qu'il entretenait soigneusement cette image, celle qu'il voulait donner aux autres. Qui était-il vraiment derrière ce masque? Elle commençait tout juste à s'en faire une vague idée...
Ce qui était également vrai, c'est qu'il avait tué un sorcier en combat singulier, un puissant adepte du côté obscur. Il avait failli mourir ce jour-là, très grièvement blessé, mais la rumeur disait qu'il avait récupéré à une vitesse stupéfiante. L'histoire avait été tellement enjolivée qu'on prétendait qu'il s'était fait repousser une main, l'originale ayant été tranchée par le sorcier. Invraisemblable !
Officiellement, Venom était mort ce jour-là. Mais, s'il avait changé de nom, il était bien présent à bord, toujours aussi cool et venimeux.
Sur le plan militaire, depuis leur arrivé dans le secteur Kobos, Markus s'était révélé assez bon stratège pour tenir en respect les forces de l'Imperator Imax malgré une flagrante infériorité numérique. C'était déjà un exploit à mettre sur le compte du jeune noble. (il l'était, depuis son adoption)
Elle s'identifia à l'entrée des quartiers du « commodore », et la porte s'ouvrir immédiatement. Le droïde de protection SD-X (4) du jeune homme veillait à l'entrée. Il la salua respectueusement et lui fit signe de passer. Malgré l'heure tardive, (ou très matinale, c'est selon) le commodore était encore à son bureau, une bonne dizaine d'écrans allumés devant lui. Sous ses dehors nonchalants, le jeune homme était un bourreau de travail. Il leva un œil et salua sa visiteuse
- Bonsoir, Mira… Ou plutôt bonne nuit ! Toujours sur la brèche ?
– Mon second et moi faisons des quarts, contrairement à vous, Markus. Je viens de me lever.
Sentant venir la remontrance, il eut un geste vague de la main :
- Je vais aller dormir une heure ou deux. J'ai déjà dormi une heure en début de quart. Cela me suffit, vous savez !
Ils avaient cette discussion depuis un bon moment… De guerre lasse, la capitaine avait fini par admettre qu'il était à nouveau frais et dispos après un court somme, et il avait fini par avouer qu'il avait tout de même besoin de 3 heures de sommeil par jour.
- Des nouvelles des renforts, d'abord : le Vandal et la flotte mercenaire nous rejoindront dans 27 heures, environ.
- Très bien ! Ils nous seront utiles !
Il gardait son air cool, mais Damas vit briller ses yeux. De plaisir ? Sa jeune épouse, Thalia, avait pris le commandement des renforts. Encore une an-Herrion. Encore plus jeune que Markus. Le Vice-roi choisissait ses dirigeants au berceau, ces temps ci ! Et le Capitaine Procyon, nouveau patron de l'Amber Star n'avait pas hésité à désigner le jeune homme et sa compagne pour cette expédition, les empruntant à son demi-frère pour l'occasion. Ils devaient être très doués pour plaire à deux frères aux caractères si différents. Elle poursuivit son rapport :
- les éclaireurs sont revenus de Chappe III. Vous aviez raison. Ils ont un petit chantier en orbite. Voici l'état des défenses.
- Mmmmmhhhhh… Je crois qu'on va aller leur faire un petit coucou. Juste un raid, histoire de montrer à cet Imperator de mes f…. euh, de pacotille qu'on ne plaisante pas. Cela fait trop longtemps qu'on est sur la défensive. Il est temps de contre-attaquer
- Dois-je mettre le Goth en alerte ?
- Inutile, Mira ! Deux Decimator VT51, un escadron de chasse et un de bombardement suffiront pour ce que j'ai en tête ; ah, et aussi un vieux cargo YT 1930. Bien pourri, le cargo, mais encore capable de faire un voyage : il y en a justement un qui traîne dans un hangar de l'Atelier 109. Vous vous en occupez ?
Et il faudra un coup de main des Verellians. Nous verrons ça au briefing : vous avez raison, il faut vraiment que je dorme un peu!
Il avait dit ça d'un ton repentant, mais la capitaine n'aurait pu dire s'il mentait ou non.
Opération jailbreak
Verellia comme Chappe III comptaient d'importantes communautés Zabrak. Pal Korno, le ministre de la défense de Verellia devait être assez âgé, si l'on se fiait au nombre et à la complexité de ses tatouages ainsi qu'à ses cornes bien lustrées. Sa réponse à la proposition de Markus fut des plus prudentes :
- Bien sur, nous sommes prêts à nous battre ! Cependant les Nellies, avec qui nous partageons Verellia sont des gens respectables, mais un peu… timorés. Nous ne pourrons agir qu'avec leur accord, à moins que Verellia ne soit directement menacée. Et les chantiers de Chappe III constituent une cible très difficile. Jusqu'ici, nous avons dû nous contenter de livrer clandestinement quelques armes à nos voisins. Trop peu.
- C'est bien pourquoi je n'ai pas l'intention d'attaquer les chantiers. Pas encore. Mais ils sont alimentés en continu par une foule de cargos qui ne sont pas aussi bien défendus. Tout ce que je vous demande, c'est d'organiser une attaque éclair, d'attirer un maximum de forces, puis de vous replier. Mes vaisseaux se chargent du reste. Le raid que je prévois sera essentiellement symbolique : La fête de l'indépendance de Chappe commence dans 76 heures, n'est-ce pas ?
- C'est exact, il y a près de 26 ans, ils chassèrent les forces impériales et leur gouverneur
- Eh bien, j'aimerais offrir à ses habitants une bonne occasion de faire la fête !
Markus expliqua son plan. La capitaine Damas, qui assistait à l'entretien, vit l'attitude du ministre changer. Ce genre d'opération ne pouvait que plaire au Zabrak. Elle avait émis des doutes, quand le Commodore lui avait dévoilé ses projets. Il avait expliqué :
- Ce qui compte, c'est qu'ils n'ont pas assez de forces pour couvrir à la fois la planète, les chantiers et les cargos. Et les chantiers et leur approvisionnement sont prioritaires.
- Mais les cibles que vous avez choisies ? Elles n'ont aucune valeur stratégique !
- c'est vrai, mais elles ont une énorme importance en tant que symboles. Pour deux mondes, au moins, et aussi pour toutes les planètes soumises. C'est avant tout une action psychologique : d'une part, nous montrons à Imax que nous pouvons le frapper au cœur de son territoire, d'autre part, nous réveillons la fierté et la combativité des Zabraks de Chappe. D'après mes informations, il y a plusieurs groupes de résistance, mais ils manquent de moyens ; nous pouvons compenser cela. De plus, nous nous serons rendus très populaires : pour gagner les batailles, il faut d'abord gagner les cœurs
- Je suppose que cela en vaut la peine… Quel sera le nom de code de la mission ?
- Jailbreak me semble approprié, qu'en pensez vous ?
interlude : des renforts arrivent
La navette se posa sur le pont 0. Dans le petit groupe qui en descendit, un droïde SyD et une jeune femme. Elle paraissait bien petite, au milieu de tous ces mâles.
Le commodore salua d'abord le capitaine du Vandal, puis Jegor le duro qui savait depuis peu que son ancien commandeur avait survécu à ses blessures.
- Salut, N°1, bon voyage ?
- Excellent, commodore, merci ! Répondit le Droïde, probablement déconcerté par cette atteinte au protocole.
Il se tourna vers la jeune femme que Markus fit mine de découvrir enfin :
- Ah, Thalia, t'est là ? J' t'avais pas vu ! Aille ! ouille ! C'est comme ça que tu dis bonjour à ton pt'it mari ?
Thalia montra à tous comment elle disait bonjour à son homme. Ce fut chaud et se prolongea un bon moment. Quand ils se détachèrent l'un de l'autre, des lumières dansaient dans leurs yeux. Ils avaient des projets pour le très proche avenir. Des projets nécessitant un peu plus d'intimité. Beaucoup plus ! Elle n'était pas contre, mais d'abord, il fallait satisfaire aux exigences de la politesse.
- Tu nous présentes ?
- Thalia, voici la capitaine Mira Damas, illustre commandante du glorieux Goth. Mira, je vous présente Thalia Vega an-Herrion, Squadron leader de l'escadron rouge, capitaine des mercenaires de Bern et, accessoirement, ma bien aimée épouse… Ouille !
- J'ignorais qu'il était sensible à cet endroit. Cela aurait pu m'être utile pour l'envoyer se coucher de force, remarqua la capitaine qui poursuivit :
- Bienvenue à bord, Squadron leader ! Ou dois-je dire capitaine ?
- Thalia, c'est plus court !
- Mira !
- Enchantée, Mira ! Merci d'avoir veillé sur lui. Quand il est tout seul, il a tendance à oublier des détails secondaires : manger, dormir…
- J'avais remarqué. Nous avons eu quelques discussions à ce sujet. Malheureusement, il est trop vieux pour que je le nourrisse à la petite cuillère et aille le border dans son lit tous les soirs… Et surtout, il est mon supérieur hiérarchique.
- Oh, ça, c'est pas un problème : vous avez mon autorisation officielle pour lui donner le bibi s'il ne veut pas manger comme un grand, la prochaine fois que je m'absenterai.
Les deux femmes échangèrent des sourires complices, même si Mira Damas était assez âgée pour être la mère - voire la grand-mère- de Thalia à qui elle plut immédiatement. Les présentations faites, Markus s'empressa d'annoncer :
- Bon, Thalia et moi, nous devons aller euh… Conférer dans nos quartiers. On se retrouve en salle d'état-major dans deux heures ? Ouille ! Bon, disons quatre ! Non, cinq !
La capitaine attendit qu'ils soient partis avec leurs droïdes pour remarquer :
- Cette jeune femme semble capable de tenir en laisse notre génial et hyperactif commodore. Vous m'en voyez soulagée.
- Ne t'y fie pas trop, Mira ! En un sens, elle est encore plus difficile à gérer que lui, balança le capitaine du Vandal
- Autoritaire, pète sec, l’œil à tout, et il vaut mieux ne pas lui manquer de respect, précisa Jegor. Mais une très bonne planificatrice, excellent officier, et une sacrée pilote! J'ai de la chance: je suis son supérieur hiérarchique. Enfin, en théorie. Elle n'a jamais obéi qu'à un seul. Et encore: vous sauriez me dire, vous, lequel des deux mène l'autre par le bout du nez?
- Oh, Je ne m'y risquerais pas ! Alors, vous amenez des renforts, commandeur Jegor ? Tant mieux, parce que, même avec le Vandal, notre situation est assez précaire.
- Oh, nous ne disposons pas d'une aussi grande puissance de feu que le Vandal ou le Goth, mais notre petite flotte est…
Dix jours plus tôt, la revue de la flotte mercenaire
Le Capitaine Procyon, dirigeant de l'Amber Star, était en visite sur R71, près des chantiers stellaires de Coryndon. Il en profitait pour inspecter la petite flotte mercenaire dont il louait les services pour protéger ses intérêts dans le système. Des pirates que son frère n'avait eu aucun scrupule à embaucher. Markus Herrion avait toujours eu une petite tendresse pour les hors-la-loi, mais lui avait des exigences plus élevées.
Bien sur, lors de la bataille qui avait opposé dans ce système une coalition hétéroclite à la flotte d'un sorcier noir du nom de Magnus, ils s'étaient refait une virginité en rendant un grand service à l'Alliance Galactique, qui leur avait même accordé une amnistie. L'armateur restait méfiant, tout de même.
Le commandeur Jegor et la capitaine Thalia Vega an-Herrion, qui était aussi sa nièce par adoption, commentaient le défilé. Délicatesse de Jegor, le petit mais redoutable Kaï, vaisseau personnel de Thalia (5), ouvrait le bal, suivi par les deux corvettes : Black Widow, la corvette “Assassin” de Jegor, et Black Mamba, la CR102 capturée lors de la bataille de Tschaï. Elle avait reçu un kit de militarisation qui en faisait presque l'égale du Black Widow et était commandée par Sky, un nautolan ancien protégé de Venom.
Derrière venait la flottille “Pepper Spray”, commandée par Mackie : 4 YT 2000 réarmés avec de puissants canons ioniques et trois petites canonnières (ou patrouilleurs) Hawk qui leur servaient d'escorte.
Puis la force Wasp, un transport moyen reconverti en base-atelier et la douzaine de vedettes Skipray qui l'encadraient. Capitaine de l'unité : Stan !
Venait enfin, un gros cargo, banalement baptisé ''Queen Mom''. On comprenait mieux en voyant le grand logo peint sur la coque : une grosse bébête toute en pattes et pinces et à l'énorme abdomen, était encadrée par des dizaines de petites aux pinces et mandibules disproportionnées. Les petites bébêtes en question vrombissaient d'ailleurs tout autour de '‘maman’' : deux escadrons de mini TIE, vert et or (ça fait plus classe que jaune), un escadron de bombardiers Stingray et, grande nouveauté, un escadron d'ailes X. Bings commandait son escadron mais aussi le transport et l'escadre.
- Nos bombardiers sont équipés d'hyper-propulseurs, expliqua Jegor, mais pas nos mini-TIE ! il était suicidaire de les envoyer en raid sans escorte. Nous avons donc recruté : Bings est un ancien de Belvar, mais pendant la guerre des Vongs, il a commandé un escadron d'ailes X de l'Alliance de la Bordure Extérieure. Ils étaient un peu isolés là-bas, mais ils en on fait voir aux envahisseurs. Il s'y est distingué, mais avec son CV, il lui a été impossible de rejoindre par la suite une unité des forces régulières. Une chance pour nous !
Un commandeur, quatre capitaines, la flotte était au complet ! La jeunesse des équipages posait cependant un problème de conscience au chef d'entreprise. Il avait posé beaucoup de questions, surtout sur les petits pilotes. Comme il l'avait dit lui-même :
- Je ne tolérerai aucune pratique esclavagiste, pas plus à l'Amber Star que dans les compagnies sous contrat !
- Il n'y a plus d'esclaves dans la flotte . Venom y a veillé, et je me refuse moi-même à ces pratiques : moi aussi, j'en ai souffert, avait répondu Jegor
- Et les petits pilotes de TIE ?
- Ah ! Les Verts ! Je leur ai proposé de rejoindre leurs camarades sur Herrion, mais ils ne veulent pas partir : maintenant que les Rouges sont hors jeu, ce sont eux les rois de la flotte ! Ils battent régulièrement les Scorpions de Bings qui ont neuf vétérans dans leurs rangs, affirma fièrement Jegor, Normal : ils ont été choisis et entraînés par Venom !
- et toi ! Rappela Thalia.
- Ils ont un contrat de techniciens de première classe, des primes de vol et de combat ! Et ils ont des parts dans la flotte ! Rappela le duro. Par ailleurs, ils reçoivent une formation complète de techs et suivent aussi des cours par correspondance : c'est l'école herrianne des Rouges qui assure cette partie. Les Or sont beaucoup plus âgés, pas très grands pour entrer dans les armures, mais plus âgés : la plupart ont été recrutés sur Tschaï.
- Et vous le payez combien, un tech de première classe ?
- Le double de ce que vous donnez aux vôtres. Et avec les primes de vol, vous pouvez dire trois fois ! Il n'y a pas eu de prime de combat depuis un moment. Et Venom leur a constitué un solide capital, c’était dans son testament !
- Il n'empêche, ils sont bien jeunes.
- C'est le cas de toute la flotte, oncle Alcor , rappela Thalia : je n'ai pas 18 ans, Jegor n'est pas encore majeur selon les normes Duros, et Bings, le plus vieux de nous tous, vient tout juste d'avoir vingt-cinq ans. Chez les pirates, on grandit vite !
Devant la moue sceptique de son commanditaire, Jegor avait proposé un entretien :
- Vous et eux, en privé, à bord de votre vaisseau. Si vous arrivez à les convaincre, ils partiront !
Procyon tenait à cet entretien, il l'eut… Mais il n'avait pas eu gain de cause, comme Thalia l'avait prévu :
- Ne sois pas trop déçu, oncle Alcor : leur famille, elle est ici ! Tu sais, les rouges ne sont venus sur Herrion que parce que je comptais m'y installer. Ils étaient furieux qu'on reparte sans eux : Venom a dû leur expliquer, comme à Sasha d'ailleurs, qu'il voulait que des gens de confiance veillent sur '‘sa maison’'. Depuis le début, les Verts sont plus attachés à Jegor qu'à Venom : ils auraient probablement refusé de nous suivre sur Herrion. Et maintenant…
- … C'est trop tard, je l'ai bien compris !
Après la revue, Procyon annonça:
- La flotte me semble prête au combat. C'est une bonne chose : Markus se heurte à un ennemi puissant, très puissant, dans le secteur Kobos. Dès que ces tire-au-flanc de Coryndiens auront terminé les réparations du Vandal, votre flotte ira le rejoindre.
- Markus ?
- Le commodore Markus Vega an-Herrion, l'époux de Thalia.
Il chercha le regard de sa nièce qui approuva d'un imperceptible hochement de la tête, poursuivit, l'air mystérieux :
-Vous n'aurez aucun mal à travailler avec lui, vous l'avez déjà fait !
Jegor cherchait à se rappeler. Thalia vint à son aide :
- Il a survécu, Jegor ! Tu connais pourtant ses capacités… Et crois-tu que j'aurais pu en épouser un autre ?
- Nooon… Venom ? Vivant ?
- Nous ne souhaitons pas que ça s'ébruite en dehors de votre état-major : c'est un Herrion, maintenant ! Mon frère l'a adopté, comme Thalia.
- Et Sasha, aussi…
Le duro en resta muet de saisissement.
joyeux anniversaire !
Le cargo Stonewall surgit dans l'espace Chappien. Signe de la vigilance des forces de défense, il dut s'identifier tout de suite.
- Contrôle, Ici le Stonewall, venant de Volno à destination de la base terrestre JR2. Matériel divers pour les forces d'occupation. Numéro d'affrètement 451 325 142. Code ACER-626 KC 17 »
- Enregistré. Avez vous des armes à bord ?
Un voyant s'alluma sur le tableau de bord, confirmant que le cargo était scanné.
- Ben, tiens ! On en a un paquet, contrôle, on vient pour ça !
- La question et le scan font partie de la procédure, Stonewall. Bien sur que je sais que vous avez des armes! Suivez les balises G5 à 9 jusqu'à la planète, puis la balise terrestre NC 6
- compris, contrôle. Désolé pour cette saute d'humeur. On m'a demandé de faire très vite
- Pas d'offense. Bon atterrissage !
L'équipage devait être particulièrement malchanceux, car des alarmes se mirent à hurler de tous côtés alors qu'ils rentraient dans l'atmosphère.
- Contrôle ? Contrôle ? Ici le Stonewall, qu'est-ce qui se passe ?… Contrôle ?
Le pilote passa sur la fréquence de JR2
- JR2, Stonewall appelle ! Sommes nous attaqués ?
- Pas de panique Stonewall ! Juste un peu de vermine, que nos forces vont balayer. Vous êtes très loin de la zone attaquée. Continuez sur ce cap ! Notre base a de très bons boucliers : vous serez à l'abri.
Le pilote obéit, suivant scrupuleusement les instructions. Mais quelques minutes plus tard…
- JR2, JR2, nous sommes attaqués, je répète Stonewall attaqué.... Nous sommes touchés !
Pourtant, les deux bombardiers recouverts d'un revêtement furtif qui suivaient le cargo de très près ne faisaient pas mine de tirer. Quand le transport entama un piqué désespéré, ils poursuivirent tranquillement leur route. Le cargo avait couvert leur approche ; maintenant, il avait sa propre mission. Leur cible était toute proche : le réseau de détection qui couvrait cette partie de la planète. Une fois détruit, les VT51 et les autres bombardiers seraient libres d'agir impunément. Ils avaient deux cibles : le camp de travail S67, et la capitale.
Les habitants de Sémaphore se terraient chez eux, ne sortant que par nécessité : craignant des troubles le jour de l'indépendance, le gouverneur avait déployé ses forces de sécurité. Il s'était même déplacé sur le terrain, à bord de son blindé de commandement. Il était douloureusement conscient qu'en cas d'insurrection, il manquerait de forces et de moyens. Il n'avait pas envisagé ce qui arriva. Il y eut d'abord un grondement lointain, puis des silhouettes apparurent à l'horizon : quatre gros bombardiers, volant très bas, et au ralenti, en formation impeccable, remontèrent l'ex avenue de l'Indépendance, renommé avenue Imax.
Ils traînaient un panache de fumées colorées aux couleurs de Chappe, tout en larguant de petits objets. L'un d'eux vint se coller sur la figure du gouverneur. Un tract!
Presque arrivés au monument commémoratif (il devait prochainement être détruit et remplacé par une statue d'Imax le Grand), ils larguèrent trois objets plus lourds, retenus par des parachutes : des pierres commémoratives, selon la tradition locale. Ils accélérèrent brutalement et se séparèrent; peu après, des explosions retentirent au loin. Le Gouverneur n'eut pas besoin de tourner la tête pour savoir que sa résidence venait de partir en fumée. Quant aux autres explosions…
- Le QG de la sécurité politique est touché ! Nombreux morts !
- Bah ! Des collabos ! Vermine criminelle, opportunistes et flics corrompus !
Le Gouverneur n'était pas toujours d'accord avec les théories du grand Imperator , d'où ce poste somme toute mineur.
Avec ses faibles moyens, il avait cependant préservé la paix sur Chappe sans trop se salir les mains. Sa réaction, quand il apprit l'évasion massive de S67 , fut un gros soupir:
-Eh bien, c'est fini tout çà !
Heureusement que c'est à moi que les troupes sont fidèles, et non à cet empereur de pacotille. Qu'est-ce qu'il lui prend ? Je ne reconnais plus mon vieil ami ! Pensa-t-il.
En voyant des gens sortir en chantant dans la rue, il ordonna à ses troupes de se retirer.
Pas d'arme, pas d'insultes, pas d'agression. Inutile d'envenimer la situation !
Non seulement il n'était pas un assassin, mais il était pragmatique : sa priorité étant de protéger les chantiers, il ne pouvait se permettre de distraire des troupes de cette tâche essentielle pour réprimer une révolte. Des gens saluèrent les soldats occupants qui, jusque-là, s'étaient fort bien comportés envers le peuple. Nombre d'entre eux répondirent même aux saluts : ils avaient reçu l'ordre de se montrer polis, mais fermes.
Pour faire le sale boulot, il y avait un gouvernement fantoche !
Jaiiill....Break!
La grande tour était décapitée, les miradors détruits ; par les brèches pratiquées dans les murs et les clôtures, se déversèrent des centaines de silhouettes oranges. Les VT51 avaient tiré de loin leurs armes de précision, tandis que les quatre bombardiers allaient renifler de plus près. Ils étaient assez précis pour tirer sur les geôliers sans trop risquer de toucher les prisonniers. En plus de leurs lasers, ils transportaient des bombes guidées inertes : pas d'explosion, mais un impact meurtrier. Une idée du commodore.
Il y eut quelques bavures, cependant. Inévitable.
- Temps de filer, les enfants !
Avant de partir, les VT51 larguèrent quelques centaines de colis devant le flot d'évadés : chaque container contenait des vêtements, des armes et des rations. De l'excellent matériel Zabrak, avec un message : ''de la part de vos voisins, aux bons soins de l'Amber Star’'.
Les troupes d'occupation ne retrouvèrent que bien plus tard les restes du cargo : il y avait bien quelques impacts de laser, mais l'appareil avait été entièrement dépecé de tout ce qui avait quelque valeur ; quant à la cargaison ? Envolée !
- Des fouets neuroniques et quelques blasters de faible puissance. Bon débarras, commenta un officier, ils n'iront pas loin avec ça.
Comme son supérieur, il désapprouvait l'usage du fouet. Mais il se trompait sur un point : le principal groupe de résistance, jusque-là isolé dans ses montagnes avait en réalité gagné une douzaine d'instructeurs et fait le plein d'armes modernes.
- Les blasters Zabraks, c'est du lourd ! Avait conclu, satisfait, le commodore après son inspection pré-mission.
Notes
4 Construit par Tendrando arms, appartenant à Tendra et Lando Calrissian. Markus junior en a acheté un grand nombre.
5 Un cadeau de Markus Herrion : un CYZ 775, version militaire -construite dans le secteur He'ran- d'un transport moyen de la corporation technique corellienne.
La capitaine Damas commandait le Goth depuis près de huit ans. Pour un officier naviguant de l'Amber Star, c'était le couronnement d'une carrière. Avant cela, elle avait commandé des cargos, des canonnières, un luxueux starliner et pour finir, une frégate. Mais être capitaine de l'un des trois croiseurs survivants de la flotte, ce n'était pas seulement diriger un hybride de transport lourd, de croiseur de luxe et de vaisseau de guerre. La capitaine du Goth devait être également une négociante, une diplomate et une politicienne avisée. Ce n'était pas une tâche facile, et il y avait très peu d'élus.
Elle savait par expérience que les “clients” les plus difficiles à gérer étaient souvent les envoyés ou les plénipotentiaires de la direction. Sur ce point, elle n'avait pas eu trop de problème avec le jeune Markus Vega an-Herrion. Celui-ci avait clairement marqué son territoire dès le début :
- Vous dirigez le Goth et son équipage à votre guise, je dirige l'expédition. Bien entendu, le Goth est une composante importante de l'expédition…
Le tout accompagné de ce sourire canaille et cette attitude décontractée de fauve au repos qui, disait-on, avaient tant plu à l'ancien Directeur de l'Amber Star (on disait Capitaine), maintenant vice-roi des mondes du Chariot.
Elle avait tenté une pique, en lui demandant :
- dois-je vous appeler Amiral ?
Il ne s'était pas départi de son sourire pour répliquer d'un ton nonchalant :
- commodore serait plus approprié, mais entre nous Markus suffira
Tandis qu'elle s'apprêtait à le rejoindre dans ses quartiers pour lui faire son rapport, la capitaine se posait encore bien des questions à son sujet : pour quelle raison le vice-roi Markus Herrion l'avait-il adopté ?
Certes, le commodore était beau, de cette beauté ténébreuse à laquelle le Capitaine Herrion était si sensible : le connaissant, elle se doutait qu' il avait probablement tenté de séduire le jeune aventurier et – très certainement- échoué. Mais le vieil homme ne l'aurait en aucun cas adopté sur sa bonne mine, lui donnant son nom et même son prénom : il avait toujours soigneusement séparé affaires et plaisir.
Selon la rumeur favorite des équipages, Markus junior ne pouvait être que le véritable fils – ou même le clone, disaient les plus hardis- du Vieux ! Une rumeur que Mira Damas savait sans fondement, comme d'autres inepties propagées par des concurrents : l'ancienne identité du jeune homme n'était pas un secret pour les cadres supérieurs de la Compagnie.
Que restait-il ? Une seule explication : le talent !
En matière de recrutement, les Herrions étaient de véritables « chasseurs de têtes », un sport qu'ils pratiquaient depuis des millénaires. Comme le disait si bien le Capitaine Markus :
« quand on découvre un être talentueux, on ne le laisse pas à la concurrence : on embauche, on épouse ou on adopte ! »
Il avait peut-être rêvé d'autre chose, mais s'était résigné à l'adoption!
Mira Damas avait eu l'occasion de découvrir certains des talents du jeune homme, mais avait aussi entrevu quelques-uns des aspects les plus sombres de sa personnalité. Certaines choses, certains propos pouvaient faire basculer comme un interrupteur dans sa tête et on entrevoyait alors la machine à tuer nommée Venom.
Lors d'une négociation, elle l'avait vu terroriser un dirigeant planétaire corrompu. Alors qu'il négociait un accord de défense pourtant vital pour son peuple, celui-ci avait exigé un exorbitant pot de vin. Le commodore n'avait rien dit. Mais son regard promettait la mort. Une mort lente et douloureuse. Sur le moment, elle s'était sentie fort soulagée de ne pas être la cible de ces « yeux qui tuent ».
Après avoir vu le tueur en Markus Jr, le ministre avait préféré démissionner et quitter la planète. Son remplaçant s'était montré plus coopératif.
Mira ne connaissait pas tous les détails l'histoire, mais elle avait entendu quelques anecdotes à propos de ce Venom. Lors de la bataille de Vance, ses jeunes pilotes et lui avaient sauvé le Hun, vaisseau amiral jumeau du Goth. Il y avait aussi cette folle histoire qui disait que, sur l'astroport de Tschaï, toute une compagnie armée jusqu’aux dents avait fini par se rendre après que les soldats aient vu nombre d'entre eux tomber face à un gars seulement armé de couteaux. Certains parlaient même d'un bataillon au complet !
Il fallait toujours qu'on exagère ! Elle tenait par contre de source sûre que le surlendemain, le jeune pirate, seul et sans armes, s'était présenté à ceux qu'il avait décimés, maintenant prisonniers de l'Alliance, et leur avait parlé. Sitôt libérés, la plupart s'étaient bousculés pour s'engager dans sa petite flotte pirate. D'après son témoin, un des jeunes engagés avait résumé ainsi sa décision:
- Venom ? Trop cool, ce mec ! Je veux bosser avec lui !
Pour être cool, il était cool ! En apparence: à force de le côtoyer, elle avait fini par comprendre qu'il entretenait soigneusement cette image, celle qu'il voulait donner aux autres. Qui était-il vraiment derrière ce masque? Elle commençait tout juste à s'en faire une vague idée...
Ce qui était également vrai, c'est qu'il avait tué un sorcier en combat singulier, un puissant adepte du côté obscur. Il avait failli mourir ce jour-là, très grièvement blessé, mais la rumeur disait qu'il avait récupéré à une vitesse stupéfiante. L'histoire avait été tellement enjolivée qu'on prétendait qu'il s'était fait repousser une main, l'originale ayant été tranchée par le sorcier. Invraisemblable !
Officiellement, Venom était mort ce jour-là. Mais, s'il avait changé de nom, il était bien présent à bord, toujours aussi cool et venimeux.
Sur le plan militaire, depuis leur arrivé dans le secteur Kobos, Markus s'était révélé assez bon stratège pour tenir en respect les forces de l'Imperator Imax malgré une flagrante infériorité numérique. C'était déjà un exploit à mettre sur le compte du jeune noble. (il l'était, depuis son adoption)
Elle s'identifia à l'entrée des quartiers du « commodore », et la porte s'ouvrir immédiatement. Le droïde de protection SD-X (4) du jeune homme veillait à l'entrée. Il la salua respectueusement et lui fit signe de passer. Malgré l'heure tardive, (ou très matinale, c'est selon) le commodore était encore à son bureau, une bonne dizaine d'écrans allumés devant lui. Sous ses dehors nonchalants, le jeune homme était un bourreau de travail. Il leva un œil et salua sa visiteuse
- Bonsoir, Mira… Ou plutôt bonne nuit ! Toujours sur la brèche ?
– Mon second et moi faisons des quarts, contrairement à vous, Markus. Je viens de me lever.
Sentant venir la remontrance, il eut un geste vague de la main :
- Je vais aller dormir une heure ou deux. J'ai déjà dormi une heure en début de quart. Cela me suffit, vous savez !
Ils avaient cette discussion depuis un bon moment… De guerre lasse, la capitaine avait fini par admettre qu'il était à nouveau frais et dispos après un court somme, et il avait fini par avouer qu'il avait tout de même besoin de 3 heures de sommeil par jour.
- Des nouvelles des renforts, d'abord : le Vandal et la flotte mercenaire nous rejoindront dans 27 heures, environ.
- Très bien ! Ils nous seront utiles !
Il gardait son air cool, mais Damas vit briller ses yeux. De plaisir ? Sa jeune épouse, Thalia, avait pris le commandement des renforts. Encore une an-Herrion. Encore plus jeune que Markus. Le Vice-roi choisissait ses dirigeants au berceau, ces temps ci ! Et le Capitaine Procyon, nouveau patron de l'Amber Star n'avait pas hésité à désigner le jeune homme et sa compagne pour cette expédition, les empruntant à son demi-frère pour l'occasion. Ils devaient être très doués pour plaire à deux frères aux caractères si différents. Elle poursuivit son rapport :
- les éclaireurs sont revenus de Chappe III. Vous aviez raison. Ils ont un petit chantier en orbite. Voici l'état des défenses.
- Mmmmmhhhhh… Je crois qu'on va aller leur faire un petit coucou. Juste un raid, histoire de montrer à cet Imperator de mes f…. euh, de pacotille qu'on ne plaisante pas. Cela fait trop longtemps qu'on est sur la défensive. Il est temps de contre-attaquer
- Dois-je mettre le Goth en alerte ?
- Inutile, Mira ! Deux Decimator VT51, un escadron de chasse et un de bombardement suffiront pour ce que j'ai en tête ; ah, et aussi un vieux cargo YT 1930. Bien pourri, le cargo, mais encore capable de faire un voyage : il y en a justement un qui traîne dans un hangar de l'Atelier 109. Vous vous en occupez ?
Et il faudra un coup de main des Verellians. Nous verrons ça au briefing : vous avez raison, il faut vraiment que je dorme un peu!
Il avait dit ça d'un ton repentant, mais la capitaine n'aurait pu dire s'il mentait ou non.
Opération jailbreak
Verellia comme Chappe III comptaient d'importantes communautés Zabrak. Pal Korno, le ministre de la défense de Verellia devait être assez âgé, si l'on se fiait au nombre et à la complexité de ses tatouages ainsi qu'à ses cornes bien lustrées. Sa réponse à la proposition de Markus fut des plus prudentes :
- Bien sur, nous sommes prêts à nous battre ! Cependant les Nellies, avec qui nous partageons Verellia sont des gens respectables, mais un peu… timorés. Nous ne pourrons agir qu'avec leur accord, à moins que Verellia ne soit directement menacée. Et les chantiers de Chappe III constituent une cible très difficile. Jusqu'ici, nous avons dû nous contenter de livrer clandestinement quelques armes à nos voisins. Trop peu.
- C'est bien pourquoi je n'ai pas l'intention d'attaquer les chantiers. Pas encore. Mais ils sont alimentés en continu par une foule de cargos qui ne sont pas aussi bien défendus. Tout ce que je vous demande, c'est d'organiser une attaque éclair, d'attirer un maximum de forces, puis de vous replier. Mes vaisseaux se chargent du reste. Le raid que je prévois sera essentiellement symbolique : La fête de l'indépendance de Chappe commence dans 76 heures, n'est-ce pas ?
- C'est exact, il y a près de 26 ans, ils chassèrent les forces impériales et leur gouverneur
- Eh bien, j'aimerais offrir à ses habitants une bonne occasion de faire la fête !
Markus expliqua son plan. La capitaine Damas, qui assistait à l'entretien, vit l'attitude du ministre changer. Ce genre d'opération ne pouvait que plaire au Zabrak. Elle avait émis des doutes, quand le Commodore lui avait dévoilé ses projets. Il avait expliqué :
- Ce qui compte, c'est qu'ils n'ont pas assez de forces pour couvrir à la fois la planète, les chantiers et les cargos. Et les chantiers et leur approvisionnement sont prioritaires.
- Mais les cibles que vous avez choisies ? Elles n'ont aucune valeur stratégique !
- c'est vrai, mais elles ont une énorme importance en tant que symboles. Pour deux mondes, au moins, et aussi pour toutes les planètes soumises. C'est avant tout une action psychologique : d'une part, nous montrons à Imax que nous pouvons le frapper au cœur de son territoire, d'autre part, nous réveillons la fierté et la combativité des Zabraks de Chappe. D'après mes informations, il y a plusieurs groupes de résistance, mais ils manquent de moyens ; nous pouvons compenser cela. De plus, nous nous serons rendus très populaires : pour gagner les batailles, il faut d'abord gagner les cœurs
- Je suppose que cela en vaut la peine… Quel sera le nom de code de la mission ?
- Jailbreak me semble approprié, qu'en pensez vous ?
interlude : des renforts arrivent
La navette se posa sur le pont 0. Dans le petit groupe qui en descendit, un droïde SyD et une jeune femme. Elle paraissait bien petite, au milieu de tous ces mâles.
Le commodore salua d'abord le capitaine du Vandal, puis Jegor le duro qui savait depuis peu que son ancien commandeur avait survécu à ses blessures.
- Salut, N°1, bon voyage ?
- Excellent, commodore, merci ! Répondit le Droïde, probablement déconcerté par cette atteinte au protocole.
Il se tourna vers la jeune femme que Markus fit mine de découvrir enfin :
- Ah, Thalia, t'est là ? J' t'avais pas vu ! Aille ! ouille ! C'est comme ça que tu dis bonjour à ton pt'it mari ?
Thalia montra à tous comment elle disait bonjour à son homme. Ce fut chaud et se prolongea un bon moment. Quand ils se détachèrent l'un de l'autre, des lumières dansaient dans leurs yeux. Ils avaient des projets pour le très proche avenir. Des projets nécessitant un peu plus d'intimité. Beaucoup plus ! Elle n'était pas contre, mais d'abord, il fallait satisfaire aux exigences de la politesse.
- Tu nous présentes ?
- Thalia, voici la capitaine Mira Damas, illustre commandante du glorieux Goth. Mira, je vous présente Thalia Vega an-Herrion, Squadron leader de l'escadron rouge, capitaine des mercenaires de Bern et, accessoirement, ma bien aimée épouse… Ouille !
- J'ignorais qu'il était sensible à cet endroit. Cela aurait pu m'être utile pour l'envoyer se coucher de force, remarqua la capitaine qui poursuivit :
- Bienvenue à bord, Squadron leader ! Ou dois-je dire capitaine ?
- Thalia, c'est plus court !
- Mira !
- Enchantée, Mira ! Merci d'avoir veillé sur lui. Quand il est tout seul, il a tendance à oublier des détails secondaires : manger, dormir…
- J'avais remarqué. Nous avons eu quelques discussions à ce sujet. Malheureusement, il est trop vieux pour que je le nourrisse à la petite cuillère et aille le border dans son lit tous les soirs… Et surtout, il est mon supérieur hiérarchique.
- Oh, ça, c'est pas un problème : vous avez mon autorisation officielle pour lui donner le bibi s'il ne veut pas manger comme un grand, la prochaine fois que je m'absenterai.
Les deux femmes échangèrent des sourires complices, même si Mira Damas était assez âgée pour être la mère - voire la grand-mère- de Thalia à qui elle plut immédiatement. Les présentations faites, Markus s'empressa d'annoncer :
- Bon, Thalia et moi, nous devons aller euh… Conférer dans nos quartiers. On se retrouve en salle d'état-major dans deux heures ? Ouille ! Bon, disons quatre ! Non, cinq !
La capitaine attendit qu'ils soient partis avec leurs droïdes pour remarquer :
- Cette jeune femme semble capable de tenir en laisse notre génial et hyperactif commodore. Vous m'en voyez soulagée.
- Ne t'y fie pas trop, Mira ! En un sens, elle est encore plus difficile à gérer que lui, balança le capitaine du Vandal
- Autoritaire, pète sec, l’œil à tout, et il vaut mieux ne pas lui manquer de respect, précisa Jegor. Mais une très bonne planificatrice, excellent officier, et une sacrée pilote! J'ai de la chance: je suis son supérieur hiérarchique. Enfin, en théorie. Elle n'a jamais obéi qu'à un seul. Et encore: vous sauriez me dire, vous, lequel des deux mène l'autre par le bout du nez?
- Oh, Je ne m'y risquerais pas ! Alors, vous amenez des renforts, commandeur Jegor ? Tant mieux, parce que, même avec le Vandal, notre situation est assez précaire.
- Oh, nous ne disposons pas d'une aussi grande puissance de feu que le Vandal ou le Goth, mais notre petite flotte est…
Dix jours plus tôt, la revue de la flotte mercenaire
Le Capitaine Procyon, dirigeant de l'Amber Star, était en visite sur R71, près des chantiers stellaires de Coryndon. Il en profitait pour inspecter la petite flotte mercenaire dont il louait les services pour protéger ses intérêts dans le système. Des pirates que son frère n'avait eu aucun scrupule à embaucher. Markus Herrion avait toujours eu une petite tendresse pour les hors-la-loi, mais lui avait des exigences plus élevées.
Bien sur, lors de la bataille qui avait opposé dans ce système une coalition hétéroclite à la flotte d'un sorcier noir du nom de Magnus, ils s'étaient refait une virginité en rendant un grand service à l'Alliance Galactique, qui leur avait même accordé une amnistie. L'armateur restait méfiant, tout de même.
Le commandeur Jegor et la capitaine Thalia Vega an-Herrion, qui était aussi sa nièce par adoption, commentaient le défilé. Délicatesse de Jegor, le petit mais redoutable Kaï, vaisseau personnel de Thalia (5), ouvrait le bal, suivi par les deux corvettes : Black Widow, la corvette “Assassin” de Jegor, et Black Mamba, la CR102 capturée lors de la bataille de Tschaï. Elle avait reçu un kit de militarisation qui en faisait presque l'égale du Black Widow et était commandée par Sky, un nautolan ancien protégé de Venom.
Derrière venait la flottille “Pepper Spray”, commandée par Mackie : 4 YT 2000 réarmés avec de puissants canons ioniques et trois petites canonnières (ou patrouilleurs) Hawk qui leur servaient d'escorte.
Puis la force Wasp, un transport moyen reconverti en base-atelier et la douzaine de vedettes Skipray qui l'encadraient. Capitaine de l'unité : Stan !
Venait enfin, un gros cargo, banalement baptisé ''Queen Mom''. On comprenait mieux en voyant le grand logo peint sur la coque : une grosse bébête toute en pattes et pinces et à l'énorme abdomen, était encadrée par des dizaines de petites aux pinces et mandibules disproportionnées. Les petites bébêtes en question vrombissaient d'ailleurs tout autour de '‘maman’' : deux escadrons de mini TIE, vert et or (ça fait plus classe que jaune), un escadron de bombardiers Stingray et, grande nouveauté, un escadron d'ailes X. Bings commandait son escadron mais aussi le transport et l'escadre.
- Nos bombardiers sont équipés d'hyper-propulseurs, expliqua Jegor, mais pas nos mini-TIE ! il était suicidaire de les envoyer en raid sans escorte. Nous avons donc recruté : Bings est un ancien de Belvar, mais pendant la guerre des Vongs, il a commandé un escadron d'ailes X de l'Alliance de la Bordure Extérieure. Ils étaient un peu isolés là-bas, mais ils en on fait voir aux envahisseurs. Il s'y est distingué, mais avec son CV, il lui a été impossible de rejoindre par la suite une unité des forces régulières. Une chance pour nous !
Un commandeur, quatre capitaines, la flotte était au complet ! La jeunesse des équipages posait cependant un problème de conscience au chef d'entreprise. Il avait posé beaucoup de questions, surtout sur les petits pilotes. Comme il l'avait dit lui-même :
- Je ne tolérerai aucune pratique esclavagiste, pas plus à l'Amber Star que dans les compagnies sous contrat !
- Il n'y a plus d'esclaves dans la flotte . Venom y a veillé, et je me refuse moi-même à ces pratiques : moi aussi, j'en ai souffert, avait répondu Jegor
- Et les petits pilotes de TIE ?
- Ah ! Les Verts ! Je leur ai proposé de rejoindre leurs camarades sur Herrion, mais ils ne veulent pas partir : maintenant que les Rouges sont hors jeu, ce sont eux les rois de la flotte ! Ils battent régulièrement les Scorpions de Bings qui ont neuf vétérans dans leurs rangs, affirma fièrement Jegor, Normal : ils ont été choisis et entraînés par Venom !
- et toi ! Rappela Thalia.
- Ils ont un contrat de techniciens de première classe, des primes de vol et de combat ! Et ils ont des parts dans la flotte ! Rappela le duro. Par ailleurs, ils reçoivent une formation complète de techs et suivent aussi des cours par correspondance : c'est l'école herrianne des Rouges qui assure cette partie. Les Or sont beaucoup plus âgés, pas très grands pour entrer dans les armures, mais plus âgés : la plupart ont été recrutés sur Tschaï.
- Et vous le payez combien, un tech de première classe ?
- Le double de ce que vous donnez aux vôtres. Et avec les primes de vol, vous pouvez dire trois fois ! Il n'y a pas eu de prime de combat depuis un moment. Et Venom leur a constitué un solide capital, c’était dans son testament !
- Il n'empêche, ils sont bien jeunes.
- C'est le cas de toute la flotte, oncle Alcor , rappela Thalia : je n'ai pas 18 ans, Jegor n'est pas encore majeur selon les normes Duros, et Bings, le plus vieux de nous tous, vient tout juste d'avoir vingt-cinq ans. Chez les pirates, on grandit vite !
Devant la moue sceptique de son commanditaire, Jegor avait proposé un entretien :
- Vous et eux, en privé, à bord de votre vaisseau. Si vous arrivez à les convaincre, ils partiront !
Procyon tenait à cet entretien, il l'eut… Mais il n'avait pas eu gain de cause, comme Thalia l'avait prévu :
- Ne sois pas trop déçu, oncle Alcor : leur famille, elle est ici ! Tu sais, les rouges ne sont venus sur Herrion que parce que je comptais m'y installer. Ils étaient furieux qu'on reparte sans eux : Venom a dû leur expliquer, comme à Sasha d'ailleurs, qu'il voulait que des gens de confiance veillent sur '‘sa maison’'. Depuis le début, les Verts sont plus attachés à Jegor qu'à Venom : ils auraient probablement refusé de nous suivre sur Herrion. Et maintenant…
- … C'est trop tard, je l'ai bien compris !
Après la revue, Procyon annonça:
- La flotte me semble prête au combat. C'est une bonne chose : Markus se heurte à un ennemi puissant, très puissant, dans le secteur Kobos. Dès que ces tire-au-flanc de Coryndiens auront terminé les réparations du Vandal, votre flotte ira le rejoindre.
- Markus ?
- Le commodore Markus Vega an-Herrion, l'époux de Thalia.
Il chercha le regard de sa nièce qui approuva d'un imperceptible hochement de la tête, poursuivit, l'air mystérieux :
-Vous n'aurez aucun mal à travailler avec lui, vous l'avez déjà fait !
Jegor cherchait à se rappeler. Thalia vint à son aide :
- Il a survécu, Jegor ! Tu connais pourtant ses capacités… Et crois-tu que j'aurais pu en épouser un autre ?
- Nooon… Venom ? Vivant ?
- Nous ne souhaitons pas que ça s'ébruite en dehors de votre état-major : c'est un Herrion, maintenant ! Mon frère l'a adopté, comme Thalia.
- Et Sasha, aussi…
Le duro en resta muet de saisissement.
joyeux anniversaire !
Le cargo Stonewall surgit dans l'espace Chappien. Signe de la vigilance des forces de défense, il dut s'identifier tout de suite.
- Contrôle, Ici le Stonewall, venant de Volno à destination de la base terrestre JR2. Matériel divers pour les forces d'occupation. Numéro d'affrètement 451 325 142. Code ACER-626 KC 17 »
- Enregistré. Avez vous des armes à bord ?
Un voyant s'alluma sur le tableau de bord, confirmant que le cargo était scanné.
- Ben, tiens ! On en a un paquet, contrôle, on vient pour ça !
- La question et le scan font partie de la procédure, Stonewall. Bien sur que je sais que vous avez des armes! Suivez les balises G5 à 9 jusqu'à la planète, puis la balise terrestre NC 6
- compris, contrôle. Désolé pour cette saute d'humeur. On m'a demandé de faire très vite
- Pas d'offense. Bon atterrissage !
L'équipage devait être particulièrement malchanceux, car des alarmes se mirent à hurler de tous côtés alors qu'ils rentraient dans l'atmosphère.
- Contrôle ? Contrôle ? Ici le Stonewall, qu'est-ce qui se passe ?… Contrôle ?
Le pilote passa sur la fréquence de JR2
- JR2, Stonewall appelle ! Sommes nous attaqués ?
- Pas de panique Stonewall ! Juste un peu de vermine, que nos forces vont balayer. Vous êtes très loin de la zone attaquée. Continuez sur ce cap ! Notre base a de très bons boucliers : vous serez à l'abri.
Le pilote obéit, suivant scrupuleusement les instructions. Mais quelques minutes plus tard…
- JR2, JR2, nous sommes attaqués, je répète Stonewall attaqué.... Nous sommes touchés !
Pourtant, les deux bombardiers recouverts d'un revêtement furtif qui suivaient le cargo de très près ne faisaient pas mine de tirer. Quand le transport entama un piqué désespéré, ils poursuivirent tranquillement leur route. Le cargo avait couvert leur approche ; maintenant, il avait sa propre mission. Leur cible était toute proche : le réseau de détection qui couvrait cette partie de la planète. Une fois détruit, les VT51 et les autres bombardiers seraient libres d'agir impunément. Ils avaient deux cibles : le camp de travail S67, et la capitale.
Les habitants de Sémaphore se terraient chez eux, ne sortant que par nécessité : craignant des troubles le jour de l'indépendance, le gouverneur avait déployé ses forces de sécurité. Il s'était même déplacé sur le terrain, à bord de son blindé de commandement. Il était douloureusement conscient qu'en cas d'insurrection, il manquerait de forces et de moyens. Il n'avait pas envisagé ce qui arriva. Il y eut d'abord un grondement lointain, puis des silhouettes apparurent à l'horizon : quatre gros bombardiers, volant très bas, et au ralenti, en formation impeccable, remontèrent l'ex avenue de l'Indépendance, renommé avenue Imax.
Ils traînaient un panache de fumées colorées aux couleurs de Chappe, tout en larguant de petits objets. L'un d'eux vint se coller sur la figure du gouverneur. Un tract!
Presque arrivés au monument commémoratif (il devait prochainement être détruit et remplacé par une statue d'Imax le Grand), ils larguèrent trois objets plus lourds, retenus par des parachutes : des pierres commémoratives, selon la tradition locale. Ils accélérèrent brutalement et se séparèrent; peu après, des explosions retentirent au loin. Le Gouverneur n'eut pas besoin de tourner la tête pour savoir que sa résidence venait de partir en fumée. Quant aux autres explosions…
- Le QG de la sécurité politique est touché ! Nombreux morts !
- Bah ! Des collabos ! Vermine criminelle, opportunistes et flics corrompus !
Le Gouverneur n'était pas toujours d'accord avec les théories du grand Imperator , d'où ce poste somme toute mineur.
Avec ses faibles moyens, il avait cependant préservé la paix sur Chappe sans trop se salir les mains. Sa réaction, quand il apprit l'évasion massive de S67 , fut un gros soupir:
-Eh bien, c'est fini tout çà !
Heureusement que c'est à moi que les troupes sont fidèles, et non à cet empereur de pacotille. Qu'est-ce qu'il lui prend ? Je ne reconnais plus mon vieil ami ! Pensa-t-il.
En voyant des gens sortir en chantant dans la rue, il ordonna à ses troupes de se retirer.
Pas d'arme, pas d'insultes, pas d'agression. Inutile d'envenimer la situation !
Non seulement il n'était pas un assassin, mais il était pragmatique : sa priorité étant de protéger les chantiers, il ne pouvait se permettre de distraire des troupes de cette tâche essentielle pour réprimer une révolte. Des gens saluèrent les soldats occupants qui, jusque-là, s'étaient fort bien comportés envers le peuple. Nombre d'entre eux répondirent même aux saluts : ils avaient reçu l'ordre de se montrer polis, mais fermes.
Pour faire le sale boulot, il y avait un gouvernement fantoche !
Jaiiill....Break!
La grande tour était décapitée, les miradors détruits ; par les brèches pratiquées dans les murs et les clôtures, se déversèrent des centaines de silhouettes oranges. Les VT51 avaient tiré de loin leurs armes de précision, tandis que les quatre bombardiers allaient renifler de plus près. Ils étaient assez précis pour tirer sur les geôliers sans trop risquer de toucher les prisonniers. En plus de leurs lasers, ils transportaient des bombes guidées inertes : pas d'explosion, mais un impact meurtrier. Une idée du commodore.
Il y eut quelques bavures, cependant. Inévitable.
- Temps de filer, les enfants !
Avant de partir, les VT51 larguèrent quelques centaines de colis devant le flot d'évadés : chaque container contenait des vêtements, des armes et des rations. De l'excellent matériel Zabrak, avec un message : ''de la part de vos voisins, aux bons soins de l'Amber Star’'.
Les troupes d'occupation ne retrouvèrent que bien plus tard les restes du cargo : il y avait bien quelques impacts de laser, mais l'appareil avait été entièrement dépecé de tout ce qui avait quelque valeur ; quant à la cargaison ? Envolée !
- Des fouets neuroniques et quelques blasters de faible puissance. Bon débarras, commenta un officier, ils n'iront pas loin avec ça.
Comme son supérieur, il désapprouvait l'usage du fouet. Mais il se trompait sur un point : le principal groupe de résistance, jusque-là isolé dans ses montagnes avait en réalité gagné une douzaine d'instructeurs et fait le plein d'armes modernes.
- Les blasters Zabraks, c'est du lourd ! Avait conclu, satisfait, le commodore après son inspection pré-mission.
Notes
4 Construit par Tendrando arms, appartenant à Tendra et Lando Calrissian. Markus junior en a acheté un grand nombre.
5 Un cadeau de Markus Herrion : un CYZ 775, version militaire -construite dans le secteur He'ran- d'un transport moyen de la corporation technique corellienne.
Bonne lecture et n'hésitez pas à commenter!