Ossus, Nouveau Temple Jedi :
Située au sixième et dernier étage du nouveau Temple Jedi, la salle du Haut Conseil, circulaire comme le voulait la tradition Jedi, était la pièce centrale et le cœur du Temple. Un cœur qui battait très vite en ce moment :
« Le nouveau Chancelier va promulguer cette loi, sans nous concerter ! S’exclama Matyliel Djo.
- Et pourquoi aurait-il besoin de le faire, demanda le maitre Jedi Na Ram à sa collègue, celle-ci ne nous concerne en rien.
- Non, corrigea Agila A’kla, cela ne nous concerne pas directement, Maitre Ram. »
Agila, l’une des très rares Jedi caamassiens, était aussi le plus jeune Maitre à accéder au Haut Conseil. Callie l’y avait en partie nommée pour sa grande sagesse et ses dons de diplomatie et son sens du pacifisme affirmé, qu’elle tenait des prédispositions de son espèce. Et elle ne s’était pas trompée à ce sujet : la caamassienne parvenait souvent à calmer les différents Maitres Jedi par ses humbles paroles. Cependant, cette querelle-là n’allait pas être si facilement réglée…
« Nous ne devons pas oublier, Na, que nous avons bel et bien une enclave Jedi ainsi qu’une de nos académies sur Dathomir, déclara le Grand Maitre.
- Une enclave ? Vous faites référence à quoi, Grand Maitre ? A votre maudite colline, propriété de votre famille ?
- Elle appartient à l’Ordre Jedi, pas aux seuls Skywalker, Na. Et je continue de penser – tout comme Matyliel et Enil – que l’AG aurait dû nous contacter. Mais souvenons-nous aussi que les dés ne sont pas encore jetés : la loi n’est pas passée.
- Et vous imaginez quoi, Callie ? Que quelques jours avant le vote, ils se décident à nous demander notre avis ? Ce chancelier est tellement déterminé à faire passer cette réforme qu’il ne s’y risquera pas ! Réagit Enil Simil.
- La question ne concerne pas les Jedi, répéta Ram, ils n’ont pas à nous demander notre avis, Maitre Simil.
- Les Jedi font partie du Triumvirat, rappela Tulika, juste pour ça, ils devraient nous concerter avant une telle réforme législative. Ou au moins, le Maitre Skywalker.
- Cette loi va entrer en conflit avec la Constitution même de l’Alliance, ajouta Simil, s’ils doivent l’amender, ils n’auront pas le choix : ils devront nous solliciter.
- Ainsi que l’Empire... Fel sera du même avis qu’Emira, c’est certain. Si on veut enrayer cette loi, il faut le faire avant son passage au Sénat. »
Lara Ital disait vrai et tous les Maitre étaient d’accord à ce sujet. Mais la question restait la même : savoir si les Jedi devaient ou non enrayer cette loi. La dathomirienne, ainsi que les autres Jedi originaires de la Bordure extérieure – Lara, Enil et Tulika –, souhaitait évidemment s’opposer à celle-ci comme les autres habitants de sa planète natale. Callie désirait aussi voir ce projet du chancelier échouer. Mais elle savait le Conseil divisé et ne souhaitait pas prendre sa décision seule…
« Nous devrions ajourner cette séance, suggéra Callie, et attendre de savoir l’avis de Maitre Tol’fya. »
Tous furent d’accord et Callie les vit tous sortir, les uns après les autres, de la salle du Conseil. La réunion avait été longue… Callie se releva une fois que tous les autres Maitres furent partis. Levant la tête vers le ciel d’Ossus qu’on voyait à travers la grande verrière qui servait de plafond à la salle du Haut Conseil. Les étoiles avaient disparu du ciel… C’était donc déjà le matin. La réunion avait vraiment été très longue... Et elle sentait la fatigue la gagner.
Ce qui la fatiguait le plus, ce n’étaient pas la longue discussion qu’elle venait d’avoir. Elle aimait même ça, les longs débats. Mais les avis divergents des Maitres l’épuisaient. Et ce qui l’énervait le plus, c’est que ceux-ci n’étaient pas dû à la Force ou à l’Ordre lui-même mais à des dissensions politiques extérieures et principalement dues aux espèces et aux civilisations des Maitres et non pas à leurs idéologies de Jedi.
...
Quand elle arriva dans la salle des fontaines et des portraits comme elle l’aimait l’appeler – une petite pièce juxtaposée à celle du Haut Conseil où des fontaines relaxantes aidaient à la méditation et rappelaient la sagesse dont tout Jedi devait faire preuve pour entrer dans le cœur du Temple Nouveau. Sur les murs de la pièce étaient disposés des « portraits » de l’Ordre Jedi, des holos représentant l’Histoire des Jedi depuis leur genèse et des portraits de plus célèbres noms de cette histoire millénaire. Callie appréciait de se souvenir du passé glorieux de l’Ordre, gloire à laquelle elle aspirait depuis qu’elle avait été nommée Grand Maitre Jedi.
Elle s’arrêta pourtant dès le seuil de la porte en remarquant dans la Force une présence à la fois familière et ancienne : celle de son ancien padawan, Blane Moloro. Elle le repéra très vite, il était assis devant l’une des fontaines dans un coin de la pièce. Blane n’avait pas tellement changé en trois ans, se dit-elle. Elle s’approcha de lui lentement et dit d’une voix qu’elle espérait maitrisée malgré la fatigue :
« Chevalier Moloro, j’ignorais votre retour sur Ossus.
- Vraiment ? Maitre Tol’fya m’avait pourtant assuré qu’il vous contacterait au plus tôt. Répondit Blane tout en se relevant. Il m’a chargé pour vous d’un message, Grand Maitre Skywalker.
- Je n’en ai pas été informée, mais ce n’est pas tellement important. Bon retour parmi nous, chevalier. Vous pouvez me donner ce message maintenant si vous le voulez bien.
- Maitre Tol’fya m’a demandé de vous le donner en privé, Maitre.
- Ne sommes-nous pas seuls, ici ? Demanda Callie.
- Non, pas exactement, Maitre. »
La réponse de Blane surprit son ancien Maitre. Elle était donc tant fatiguée que ça, au point que même sa connexion à la Force faiblissait ? Callie Skywalker se retourna et se servant de ses seuls yeux, remarqua la présence d’un autre homme, plus loin dans la pièce. Elle le voyait de dos et ne le reconnaissait pas.
La Jedi s’approcha de l’inconnu qui contemplait l’un des holos. Celui-ci représentait une très ancienne bataille des Jedi contre les Sith durant l’Ancienne République. Un des épisodes les plus sombres de leur Histoire : la première destruction du Temple Jedi de Coruscant…
« Intéressé ? Demanda Callie après un instant pour reconnaitre l’événement en question.
- Oh oui, très.
- Ce sont de très belles œuvres, remarqua la Jedi.
- Surtout de passionnantes histoires, déclara-t-il. »
La passion qui s’entendait dans sa voix, Callie la sentait aussi dans la Force. Mais elle ne le reconnaissait pas pour autant. Et en cherchant qui il était dans la Force, elle ne trouvait qu’un vide.
« Vous êtes nouveau, ici, demanda-t-elle.
- Je viens d’arriver, avec le Jedi Moloro, expliqua l’inconnu.
- Je vois, vous faites partie du message ?
- Pardon ? »
Gallen, interloqué par cette idée, se décida à se retourner et n’apprit qu’à ce moment-là qui était son interlocutrice.
Il la reconnut immédiatement.
Il avait vu de nombreux holos de la Jedi mais ils dataient à présent. Et pourtant, Callie Skywalker semblait avoir gardé les traits de sa jeunesse, comme si ceux-ci étaient figés, gelés, sur son visage. Un visage de glace : une peau pale, des cheveux blonds très, très clairs et mêlés à de nombreux cheveux déjà blancs,… Et ses yeux, Gallen les savait d’un bleu très clair, mais ils l’étaient encore plus qu’il ne se l’était imaginé. De véritables cristaux. Mais des cristaux non de glace mais de feu car la même passion se lisait dans ses yeux que celle que Callie avait ressentie dans sa voix.
La Dame de Glace avait des yeux flamboyants comme des étoiles, pensa Gallen en les voyant. Il songea alors aussi que la Glace pouvait bien brûler autant si ce n’est plus que le feu. Son surnom, il le comprenait vraiment à présent qu’il l’avait devant lui. Et il n’en était que plus admiratif devant cette légende, cette idole de jeunesse.
« Callie Skywalker, reprit-il, je suis plus qu’enchanté de vous rencontrer, enfin.
- Je ne peux pas dire la même chose. Qui êtes-vous ? Et pourquoi êtes-vous sur Ossus ?
- Je suis le journaliste Loris Gallen. Historien de formation… Et j’ai toujours voulu me rendre sur Ossus. C’est une magnifique planète, chargée d’histoire pour cet Ordre. Impressionnante… »
Callie se demanda s’il parlait toujours de la planète ou bien d’elle-même. Face à des non-Jedi, elle était habituée à ce genre de réactions, et Loris n’avait pas quitté son regard des yeux. Son regard gelé comme tant de gens le considéraient. Le journaliste-historien était fort jeune, à peine une vingtaine d’années, et Callie Skywalker imaginait très bien ce que devait avoir d’impressionnant une telle rencontre.
« Bien, les présentations ne sont pas nécessaires je suppose, fit la voix de Blane Moloro derrière eux.
- Non, même si j’aimerais savoir pourquoi vous l’avez amené ici.
- Techniquement, c’est lui qui m’a emmené sur Ossus.
- Je vous prie de me répondre, Moloro. Les Jedi sont les seuls à être admis sur cette planète. Et vous savez cela aussi bien que moi.
- Oui, mais disons qu’il avait certains arguments…
- Certains arguments ? D’une certaine valeur apparemment.
- Etre Jedi ne paie pas assez, Callie. »
La Dame de Glace savait trop bien, tout comme Moloro, que c’était vrai. Sur Ossus, le problème ne se posait évidemment pas. Mais au dehors, sur toutes les planètes et encore plus sur Coruscant, il existait bel et bien. Les Jedi avaient toujours du mal à avoir un statut particulier et donc à être ainsi considérés sur la planète capitale. Callie Skywalker en était parfaitement consciente sans savoir comment arranger cela ; et sans non plus accepter que ses Jedi – et encore moins ses propres padawans – ne se laissent aussi facilement subvertir par des notables coruscantiens comme ce journaliste.
« Ces pots de vins devraient pourtant vous rendre honteux, Blane. Ainsi qu’à vous, répondit-elle en s’adressant à son ancien padawan et à Gallen.
- Ce n’est pas dans mes habitudes, Madame, certifia Loris, je n’ai employé cette méthode que par nécessité, en dernier recours si j’ose dire.
- En dernier recours ? Et quels autres recours avez-vous tenté avant ?
- J’ai d’abord cherché à entrer en contact avec le Maitre Tol’fya sur Coruscant. A plusieurs reprises et à chaque fois sans succès. Mes supérieurs voulaient à tout prix que je me rende sur Ossus alors je n’avais pas trop le choix sur les moyens qui s’offraient encore à moi.
- Vos supérieurs ? Vous êtes donc là pour écrire un article… Sur quel sujet ?
- La Renaissance de l’Ordre Jedi, répondit Loris Gallen, mais en vérité, j’espérais depuis longtemps déjà pouvoir me rendre sur Ossus pour vous rencontrer, Maitre Skywalker, et écrire sur vous.
- Ecrire sur moi ? Demanda Callie. Sur ma vie ou mon œuvre ?
- Peut-on vraiment séparer les deux, demanda Loris, ce n’est pas vraiment un article que je souhaiterais écrire, plus une sorte de biographie, un essai d’historien.
- Je vois… Une biographie. Ce n’est pas la première fois que l’on me le propose, je dois vous prévenir.
- Je m’en doute. Mais j’espère pouvoir me démarquer, alors.
- Nous verrons cela plus tard. En attendant, je vous autorise – puisque vous êtes déjà être ici – à écrire cet article sur l’Ordre Jedi ; et peut-être reparlerons-nous de cette idée de biographie à laquelle vous semblez tenir.
- Oui, depuis longtemps, en effet. J’imagine que vous ne me laisserez pas vagabonder seul entre les murs de ce temple que vous avez bâti pour l’Ordre Jedi. Puis-je suggérer, qu’autant pour mon article que pour mon projet de biographe, vous me laissiez vous suivre et vous observer afin de mieux cerner celle que l’on surnomme partout la Dame de Glace. Mon travail pourrait rétablir quelques vérités à votre sujet…
- Vous pensez que ce surnom qui me suit comme mon ombre depuis une vingtaine d’années déjà m’est injustement donné ?
- Non, au contraire. Mais il est souvent mal interprété selon moi. »
L’audace de Loris Gallen surprenait vraiment Callie. La Jedi donna ensuite son accord au journaliste pour quelques jours et demanda ensuite à Blane Moloro de le rejoindre à son bureau dans une heure. Elle avait d’abord d’autres choses à faire : Comme faire visiter le Temple au jeune coruscantien et surtout apprendre si elle pouvait vraiment lui faire confiance...
Jusque-là, il restait un étranger parmi tous les Jedi d’Ossus, mais sans trop savoir comment ou pourquoi, Callie sentait que ça allait bientôt changer.
