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[Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

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Messagepar Hiivsha » Sam 20 Juil 2013 - 15:52   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

C'était une prévision à long terme signée "Météo France". :paf:

Compte tenu de l’affaiblissement du système anticyclonique, il est possible qu'un temps plus variable vienne s'installer sur Édéna et peut-être verrons-nous l'émergence d'une perturbation de type tempête tropicale souffler sur le Royaume... ce qui fait qu'en révisant mes pronostics, il devrait bien rester encore 8 ou 9 chapitres d'histoire... en plus des 3 que j'ai d'avance... :chut: à condition que je ne trainaille pas en route ! :siffle: soit si je me tiens à 1 chapitre par semaine (se fouette plus fort pour se motiver) un point final vers la mi-septembre... ce serait bien que je l'achève avant de partir aux baléares le 21/09.

D'autant qu'il y en a un qui attend impatiemment l'achèvement de ce tome 2, non pas pour le lire, l'animal, mais parce que j'ai accepté d'écrire un livre en coopération avec lui. Je parle de mon fils, qui a créé un univers original SF pour ses mastérisations de parties de JdR de son club, et qui voudrait que, sous sa houlette scénaristique, je le mette en roman... (comme ce sera un roman original, on tentera plus tard de le faire publier même si je sais que c'est très dur puissance très dur ! :oui: )
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 20 Juil 2013 - 16:22   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

D'accord, parce que comme tu remets systématiquement les prévisions d'achèvement, je croyais naïvement qu'elles étaient màjées :paf:
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
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Messagepar Hiivsha » Dim 21 Juil 2013 - 12:03   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Tu as raison, faut que je me montre moins fainéant... je mettrai donc à jour prochainement mes prévisions... :diable:
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Messagepar Notsil » Mar 23 Juil 2013 - 21:12   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Donc nous voilà au coeur du Temple que cherchait précisément le Sith... ont-ils été suivis par son apprentie ? ^^

Mourir pour mieux renaitre, intéressant, j'ai hâte de voir comment tu vas nous tourner ça :)

Les yeux la theelin brillaient d’un éclat intense qui révélait une profonde réflexion.

-> manque un petit "de"

Tout à fait exact, capitaine, un volcan actif. Mais il n’est plus entré en éruption depuis plusieurs millénaires. Son centre abrite un lac de lave encore en fusion qui a la particularité de chauffer les nappes phréatiques de la région.

-> Hum. Bon, déjà, "lac de lave en fusion" ça suffit ^^
Si tu parles du fait qu'il n'a plus fait de coulées depuis des millénaires, et que le lac de lave se refroidit peu à peu... je pense quand même qu'après plusieurs millénaires ça s'est totalement refroidi et le volcan n'est plus vraiment actif.
S'il reste actif et que le lac de lave est "maintenu" chaud, il faut quand même des coulées de temps à autre, ou un truc souterrain, enfin ça me parait pas possible que ça "stagne" ainsi sans trop bouger. Rien n'empêche qu'ils entretiennent des canaux de prédilection pour évacuer la lave, ou qu'il y ait des dégazages "inoffensifs", mais faut forcément que la chaleur soit entretenue, et la lave relativement remplacée.

C'est dommage que le coin soit secret ils pourraient développer un business de sources chaudes :)
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Messagepar Hiivsha » Mar 23 Juil 2013 - 21:52   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Oui, il est actif au sens où sa dernière éruption ne date "que" de quelques millénaires. Et oui, la lave souterraine doit bien sortir quelque part plus loin ou beaucoup plus loin... peut-être participe-t-elle à la lente modélisation du massif montagneux ou court-elle sous la croûte terrestre jusqu'à la mer ? :oui:
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Messagepar Notsil » Mar 23 Juil 2013 - 22:05   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Disons que si le lac de lave reste maintenu je trouvais bizarre qu'ils disent qu'il n'était plus rentré en éruption depuis autant de temps ^^
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Messagepar Hiivsha » Jeu 25 Juil 2013 - 21:32   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

C'est jeudi, c'est donc la suite des aventures d'une jeune Jedi. Un chapitre à la tonalité plutôt grave... :cry:
-------------------------------------
Calameo, PDF et EPUB mis à jour évidemment, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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28 - Mourir pour Sali


— Je ne peux pas ! C’est au-dessus de mes forces… je ne vois pas comment je pourrais faire une chose pareille !

Le visage grave, Calem écoutait ces paroles qui lui paraissaient pleines de bon sens, mais qui résonnaient également comme le glas de la vie de celle qu’il aimait. Ses yeux croisèrent ceux du Grand Prêtre dont le visage fermé exprimait combien l’heure qui approchait était empreinte d’incertitude et d’une portée essentielle pour les êtres qui se trouvaient rassemblés autour de lui.
Le regard désespéré du contrebandier en disait long quant à lui, sur la détresse qui l’animait.
— Ce que vous me demandez… est impossible, reprit-il. Tout simplement impossible ! Je ne puis m’y résoudre…

Il saisit la jeune fille par les bras et la secoua comme s’il avait voulu la faire émerger d’un vilain rêve.
— Enfin, Isil, tu ne te rends pas compte de ce que tu me demandes de faire ? Je t’aime plus que tout au monde et toi… toi… tu me demandes de… de…

Le visage blême, il ne parvenait même plus à prononcer les mots fatals. De son côté, la Padawan le fixait avec un étrange regard, à la fois curieux et incertain… mais sans doute y avait-il aussi de la peur au fond de cet azur profond.
— Si vous m’aimez comme vous le dites, murmura-t-elle, vous saurez le faire. Ne voulez-vous pas que je redevienne celle que vous dites aimer ?

Lâchant Isil, Hiivsha se passa la main sur le visage, une fois, deux fois, puis se le frotta vigoureusement comme si à son tour, il avait voulu s’extirper d’un mauvais rêve.
— Ah ! rugit-il en manque d’inspiration pour lui répondre. Pourquoi les choses doivent-elles être toujours aussi compliquées à tes côtés ?

Il fit quelques pas dans la pièce comme un fauve dans une cage, observant avec scepticisme les prêtresses qui finissaient d’habiller la Padawan d’une longue robe blanche de cérémonie. Ses poings étaient crispés et à l’évidence il peinait à contenir une sorte de rage intérieure, prisonnier d’une réalité qui ne lui offrait aucune alternative à ce qu’il considérait comme un véritable cauchemar. Sa tension était palpable et s’extériorisa subitement lorsque d’un revers de main il balaya la table qui se trouvait devant lui, envoyant voler à plusieurs mètres un vase posé dessus. L’objet se brisa contre un mur dans un silence assourdissant.
— Vous ne pouvez être d’accord avec tout cela ! s’emporta-t-il de nouveau au bout d’un moment en se retournant vers le roi. Il ne vous suffit pas d’avoir perdu votre princesse, vous voulez aussi qu’Isil meure ?

Mais encore une fois, seul le mutisme des personnes présentes lui répondit. Lentement, la Padawan s’approcha de lui et posa une main sur son bras. Ce seul contact suffit à faire renaitre en lui une forme de paix qui semblait l’avoir quitté.
Isil était confrontée elle-aussi à une forme de tempête intérieure qui agitait son être dans tous les sens. Depuis que Iella avait révélé qui elle était, elle avait perdu toute notion de la plus simple réalité. Tout ce qu’elle était, ou du moins tout ce qu’elle croyait être, s’était trouvé subitement remis en question en l’espace de quelques minutes. Il avait fallu qu’elle accepte froidement que ses souvenirs ne soient pas les siens, sans que rien ne vienne se substituer au vide laissé par cette révélation. Cet état de chose ne faisait que cumuler les questions sans apporter de réponses et au fil des heures, elle avait eu l’impression de sombrer doucement dans une sorte de folie, dans un monde où plus rien de réel n’existait. Une mort habitée de vivants.
— Ah ! lâcha le contrebandier dans un soupir de désespoir. Ou vous êtes tous fous, ou c’est moi qui le suis. Bon sang, je ne m’attendais pas à cela en me posant sur le sol de cette planète !

Les prêtresses avaient fini d’habiller Isil. Il la considéra un instant sans rien dire. Une expression s’imposa à lui. Elle était belle à en mourir. Cette idée presque saugrenue qui aurait pu, en d’autres circonstances lui arracher un sourire, résonnait à cet instant précis d’une façon tellement dramatique qu’il en aurait presque pleuré. La Padawan s’approcha de nouveau vers lui et reprit d’une voix très douce, suave presque hypnotique.
— Je sais que je n’y arriverai pas toute seule. Je me sens incapable de plonger dans l’eau pour m’y noyer volontairement.
— Mais pourquoi moi ? protesta-t-il connaissant parfaitement la réponse qu’avait exposée le Grand Prêtre un instant plus tôt.

« Seule une personne liée par le sang ou par l’amour peut aider le sujet à franchir le pas vers l’Eau de l’Oubli si celui-ci ne peut accomplir le rituel de sa propre volonté », avait énoncé Emon’Ho en lisant une tablette sur laquelle était consigné le rituel du bara’ama.
Cela excluait toute personne autour d’Isil, hormis Hiivsha.
Il baissa longuement les yeux cependant qu’Isil serrait ses mains dans les siennes. Sa gorge était nouée, ses jambes paraissaient ne plus vouloir le supporter plus longtemps, son cœur battait à tout rompre et un frisson glacé comme la mort glissait lentement le long de son échine. Il acquiesça doucement de la tête.
— D’accord, murmura-t-il, je ne te laisserai pas mourir toute seule.

La Padawan passa le bout de sa langue sur ses lèvres qui se détendirent imperceptiblement en scintillant, initiant un pauvre sourire qui resta à l’état d’intention. Dans un souffle chaud qu’il huma avec tendresse, elle répondit.
— Merci.
— Je t’aime, ajouta-t-il simplement sur le même ton.

La tête de la jeune fille dodelina pendant qu’elle le fixait du regard puis elle laissa tomber.
— Je commence sérieusement à le croire.
*
* *

Au nord de la vallée se trouvait le Temple de la Source Sacrée, un grand édifice dont la forme reprenait assez fidèlement celle du bâtiment en ruines de la vallée des Milles Eaux. Il faisait plus de deux cents mètres de long sur une cinquantaine de large et, au vu de son architecture, on pouvait assurer qu’au moins cet édifice avait été fait de la main d’Édéniens.
Une longue procession s’étirait sur le chemin dallé qui reliait ce monument à la dalle circulaire du complexe central, plusieurs kilomètres au sud. Cette route, toute bordée d’arbres fleuris, longeait la rivière qui provenait des montagnes. Selon la légende, c’était là, au pied des monts, que naissait l’eau de la planète.

Lorsque la vallée d’Édin avait été découverte — redécouverte disaient certains — avec son curieux complexe, le vieux temple des Mille Eaux avait été abandonné et un nouveau sanctuaire avait été érigé à l’endroit même où l’eau jaillissait des monts. Une dérivation emplissait une piscine de marbre blanc avant qu’elle ne se jette dans la vallée. Les spécialistes avaient conclu qu’il s’agissait là, plus de la résurgence d’une rivière souterraine que d’une source en tant que telle, vu le débit conséquent qui émanait de dessous la montagne. Une telle rivière ne pouvait selon eux, qu’être alimentée par une mer intérieure. Mais personne jusque-là n’avait réussi à le mettre en évidence faute d’étude approfondie, les prêtres souhaitant conserver le statut « sacré » de la vallée dont l’accès avait été effacé de toute mémoire collective, orale ou écrite, au fil des millénaires. Ceux-ci, gardiens du Temple, en avaient fait perdurer le secret. Un secret qu’hormis eux, seules quelques rares personnes — dont le Roi d’Édéna — détenaient, généralement après avoir juré sur leur vie de le taire à jamais.
La présence d’Isil et Hiivsha dans les lieux était donc tout à fait exceptionnelle et avait prêté à controverse dans les rangs des prêtres.

Toute de blanc vêtue, la Padawan observait s’approcher le grand bâtiment entouré de colonnades, un pincement au cœur. Jamais elle n’avait été moins sûre de ce qu’elle faisait. À chacun de ses côtés, Hiivsha et Calem restaient impassibles. Devant eux se tenaient le Grand Prêtre et les six autres membres du Conseil d’Édin et derrière six gardes blancs en rang par trois, un grand sabre à l’épaule. Tous étaient montés sur des corinals noirs. Le reste de la procession suivait à pied et était composé d’une centaine de prêtres et de prêtresses encadrés par des gardes blancs qui marchaient à leurs côtés. Durant tout le parcours ils chantèrent, laissant s’échapper de leur gorge de douces mélopées qui s’envolèrent dans le calme de la campagne environnante. Des prières à Édin, pensa Hiivsha, nous en aurons bien besoin. Lui-même avait dû renoncer à ses vêtements pour accepter ceux qu’on lui avait présentés : un pantalon de toile fine, une chemise aux manches amples et longues et une paire de sandales en tissu, tous blancs.


Le chemin s’éleva progressivement vers les premiers contreforts sur lesquels le temple avait été édifié. Lorsqu’ils arrivèrent devant lui, le soleil était à son zénith et toute la vallée resplendissait de mille couleurs dans un halo quasi surnaturel.
— Je n’ai jamais vu une telle luminosité, remarqua le contrebandier en descendant de corinal. C’est tout simplement magnifique.
— Un effet du bouclier holographique qui masque la vallée… c’est effectivement très particulier comme diffusion de lumière, commenta Calem en aidant galamment Isil à descendre de sa monture.
— Oui, c’est merveilleux, ajouta-t-elle avec une pointe de nostalgie palpable dans sa voix.

Le Grand Prêtre s’était arrêté en haut des marches et étendit les bras vers la foule qui s’était tue. D’une voix grave, il prononça des mots dans un langage que ni Isil, ni Hiivsha ne comprirent puis un groupe de jeunes femmes vinrent chercher la Padawan pour la faire entrer dans l’édifice. Le Grand Prêtre et ses pairs suivirent, puis Calem, Hiivsha et le reste de la procession.

L’intérieur du bâtiment ressemblait à celui des Mille Eaux. D’impressionnantes colonnades semblaient supporter tout le poids des multiples voûtes en arc qui en formaient le toit. Mais à la différence du temple en ruine, l’intérieur de celui-ci était occupé en son centre par une piscine carrée, ceinte de marches en marbre blanc descendant vers l’eau limpide qui frissonnait sous l’effet d’un invisible courant.
Le cortège se répartit tout autour en fredonnant des paroles elles aussi incompréhensibles aux oreilles de la Padawan et du contrebandier. Les jeunes femmes s’arrêtèrent en haut des marches et s’alignèrent autour d’Isil. Les six membres du Conseil se répartirent deux par deux sur les trois autres côtés tandis que Calem et Emon’Ho s’étaient placés juste derrière la Padawan avec Hiivsha.
Au fond du temple, devant eux, se dressait une immense statue représentant deux formes humaines fusionnées par le dos en opposition. L’une homme, l’autre femme.
— Voici Édin, le père et la mère de toute vie, déclama le Grand Prêtre les bras levés. Voici le Créateur d’Édéna et de tout l’univers. L’Eau de la Vie est sa substance divine qui résume en elle toute l’histoire du monde depuis ses origines. Elle contient la mémoire de nos ancêtres et nous donne la vie. Elle est le début et la fin de toute chose. Celui qui l’Eau boira, vierge au monde naîtra. Celui qui s’y noiera lui-même renaîtra. Ô grand Édin, nous demandons le bara’ama pour cette jeune étrangère afin que tu lui rendes ce que tu lui as pris et qu’à son tour elle guérisse notre sœur Sali.

Un chant inconnu s’éleva en réponse à l’exhortation d’Emon’Ho, doux et nostalgique, d’un unisson qui fit frissonner Hiivsha, à moins que ce ne fut autre chose qui provoqua cette onde glacée qui parcourut sa colonne vertébrale. Des mots tels que suicide, meurtre, folie, venaient se collisionner dans son esprit torturé à tel point qu’il commençait à envier le calme apparent ou même le détachement dont faisait preuve la Padawan.
— Il est temps de rejoindre Édin, prononça Emon’Ho d’une voix claire en posant une main entre les omoplates d’Isil pendant que l’assemblée continuait de psalmodier des choses incompréhensibles.

La Padawan hésita un instant puis s’avança lentement pour descendre les marches. L’eau était agréablement tiède mais son contact la fit frissonner malgré tout. Résistant à la peur qui montait en elle, elle continua à descendre jusqu’au bas des marches, de l’eau jusqu’à la taille. Tout autour d’elle ce n’étaient que visages transcendés par une fervente prière et des voix qui semblaient répéter inlassablement une phrase qu’elle ne comprenait pas et dont le volume allaient en s’accroissant. Quelques pas la portèrent presque jusqu’au milieu de la piscine. Elle avait désormais de l’eau jusqu’au cou. Il ne lui restait plus qu’à se laisser couler et tout serait fini. Il lui fallait s’immerger, ouvrir grand la bouche, expirer tout l’air de ses poumons puis inspirer à fond aussi fortement qu’il lui était possible de faire. Mais il y avait un monde entre ce « il suffisait de », et le réaliser. Comment pouvait-on se noyer volontairement ? Comment pouvait-elle le faire ?
Lentement, elle se retourna et fit face à l’endroit d’où elle était descendue. Son regard terrifié en disait long sur l’ouragan qui la dévastait intérieurement. Ses lèvres tremblantes s’agitèrent et sa main droite se tendit dans un geste de désespoir en direction du contrebandier.
— Hi… Hiiv… vsha… articula-t-elle silencieusement.

Le Grand Prêtre et le roi se tournèrent vers leur visiteur des étoiles et Calem posa la main sur son bras.
— Vous devez y aller, dit-il.
— Il est temps pour vous d’aider votre amie à accomplir le rituel du bara’ama, compléta Emon’Ho sentencieusement. Sans vous, elle ne pourra le réaliser.

Le cœur du contrebandier parut s’arrêter de battre et tout sembla cesser d’exister autour de lui lorsque d’une démarche presque mécanique, il fit à son tour le chemin que venait de faire la Padawan. Quelques pas le portèrent tout contre elle. Son regard bleu ne quittaient pas le sien et s’accrochait à lui comme si elle attendait qu’il accomplît quelque miracle pour la sauver de cet instant dramatique. Tout doucement, il lui posa une main sur la joue qu’il caressa longuement du bout des doigts.
— Je suis là, trésor, ne crains rien.

Lui-même se gourmanda de ne trouver rien d’autre à dire de plus éloquent. Comment pouvait-il dire « ne crains rien » à quelqu’un en passe de devoir mettre fin à ses jours par noyade ? Combien il aurait voulu à ce moment précis être loin de tout cela avec la seule Padawan dans ses bras ! Il ferma les yeux un instant pour s’extraire de ce qui n’était peut-être qu’un rêve… après tout, c’était possible… tout cela était tellement irréel ! Mais en les rouvrant, il se rendit compte que rien n’avait changé autour de lui et le regard empli de désespoir d’Isil était toujours fixé sur lui.
Il lui appartenait de faire quelque chose.
Sans rien dire, elle goûta la caresse de ses doigts et les laissa un instant se promener sur la pulpe de ses lèvres. Vraisemblablement, cet homme qui lui était inconnu, l’aimait à fendre l’âme. Elle le sentait et le ressentait à travers le mouvement de sa main sur sa joue. Comment était-elle arrivée là ? Comment pouvait-elle être quelqu’un qu’elle n’était pas ? La folie ou la mort. Telle fut l’alternative qui lui apparut soudain dans une sorte de limpidité éclatante. Elle ne pouvait rester Sali sans perdre la raison, sachant que ce n’était pas elle. Il ne restait au final que ce maigre espoir, ce fol espoir, de revenir en arrière au prix de sa vie. Elle ne comprenait pas très bien ce qui était censé arriver, mais au fond, son âme était persuadée que c’était la seule issue.
— Je t’aime, murmura l’homme la gorge serrée avec un accent évident d’absolue sincérité.
— Je sais, fut tout ce qu’elle réussit à répondre en passant ses bras autour de son torse pour se blottir contre lui.

Alors, le cœur battant à se rompre, il passa une main derrière sa nuque pour lui maintenir la tête contre sa poitrine et l’autre autour de sa taille pour l’enserrer fermement, puis il se laissa glisser dans l’eau en l’entraînant avec lui.
Les chants avaient redoublé d’intensité dans le temple et tous les regards étaient rivés sur les deux silhouettes que l’eau cristalline ne pouvait dissimuler à leurs yeux. Le cœur de Calem parut se figer dans sa poitrine et sa respiration cessa en même temps que les deux corps avaient plongé sous la surface.
Ne lutte pas, pensa Hiivsha comme une prière silencieuse.

Il sentait tout contre lui le corps chaud et tendre de la Padawan s’abandonner à son étreinte mortelle et ne put s’empêcher de penser à ces animaux qu’on mène à l’abattoir. Se soulevant sur ses jambes, il remonta légèrement à la surface, juste assez pour reprendre son souffle. Il dominait Isil d’une tête et s’assura que celle de la jeune fille n’émerge pas. Puis il replongea sous l’eau.

Soudain, il la sentit. Elle secouait son visage contre son torse comme pour lui signifier qu’elle ne voulait plus, qu’elle abandonnait, qu’elle voulait vivre. Puis ses mains se crispèrent dans son dos. Il les sentait se débattre, s’agripper à sa chemise dont les pans flottaient au gré du léger courant. Les ongles de sa victime s’enfoncèrent dans sa peau comme pour tenter de saisir une ultime planche de salut trop difficile à attraper. D’une pression de la main, il affermit la prise qu’il avait sur son cou, long et fin, si propice à de tendres baisers, les maxillaires serrés, les muscles crispés et appuya le doux visage contre son cœur du plus fort qu’il le put. Il comprit que la jeune fille était à bout, qu’elle ne pouvait plus retenir l’air qui permettaient à ses poumons d’oxygéner encore un peu son sang. Lorsque de grosses bulles s’échappèrent de ses lèvres, il augmenta encore son étreinte pour combattre les convulsions qui venaient de s’emparer du corps si fragile de sa bien-aimée. À présent elle allait inspirer. Ses poumons étaient vides et sa cage thoracique devait la faire souffrir d’une manière atroce. D’une façon ou d’une autre, par réflexe, elle allait inspirer. C’était inéluctable. Le sang se mit à bouillonner dans les temps du contrebandier alors qu’un ouragan de rage s’emparait de lui. Il savait qu’à cet instant précis, il lui faudrait lutter pour ne pas céder à la tentation de la libérer, de la laisser remonter à la surface pour puiser un air salvateur qui envahirait ses poumons comme un don du ciel, de lui prendre le visage dans ses mains d’homme pour l’embrasser encore et encore, en lui disant combien il l’aimait et combien il l’aimerait toujours, quelle que soit la personne qu’elle serait. Ce fut avec une violence inouïe qu’il résista à cette horrible tentation si compréhensible lorsque les convulsions augmentèrent. Isil se noyait à présent. Ses poumons se remplissaient d’eau et tout son corps se révulsait sous l’effet du liquide étranger qui l’envahissait. Elle ne se débattit pourtant que faiblement, à croire que tout son être conscient avait fini par accepter l’inéluctable et, au bout d’un temps qui parut une éternité à Hiivsha, elle s’immobilisa, poupée inerte dans ses bras.
Alors seulement, il remonta à la surface et déversa toute la rage accumulée dans un immense hurlement rauque qui résonna à travers tout le temple, provoquant l’arrêt des psalmodies. Un lourd silence lui répondit qu’il brisa pour demander en criant.
— Et maintenant ?

Les six prêtresses entrèrent dans l’eau sans manifester aucune précipitation et s’emparèrent du corps inerte de la Padawan qu’elles sortirent de la piscine. Elles prirent la direction de la statue à double visage et posèrent solennellement la jeune fille sur l’autel qui trônait à ses pieds. Le roi, le Grand Prêtre, les anciens, suivirent le mouvement et se mirent en arc de cercle devant la table de marbre cependant que l’assemblait reprenait ses chants.
Hébété, Hiivsha regarda un instant ces mouvements avant de sortir à son tour de l’eau.
— Et… c’est tout ? demanda-t-il en pure perte puisque personne ne l’écoutait.

D’un pas hésitant, il s’approcha de l’autel et écarta sans manière le rang des prêtres qui lui faisaient obstacle avant de se tourner vers Emon’Ho.
— Et c’est tout ? répéta-t-il d’une voix plus forte, presque agressive.

Le Grand Prêtre le toisa du regard avant de répondre.
— Si Édin entend nos prières et la juge digne, elle revivra.

Les poings de Hiivsha se serrèrent.
— S’il la juge digne ? Mais elle est noyée ! Si on ne fait rien, elle ne reviendra jamais à la vie. Vous n’avez pas… je ne sais pas moi… du matériel médical ? Un défibrillateur ? Ça va pas se faire tout seul mon vieux ! C’est pas en restant les bras croisés, là, qu’elle va s’en sortir !

Il avait achevé sa phrase en criant. Le Grand Prêtre resta impassible et ne répondit pas.
— Je ne sais pas pour vous, reprit le contrebandier qui sentait la colère s’emparer de lui, mais moi, je vais faire quelque chose.

Avant que quiconque ait pu l’en empêcher, il était monté sur l’autel et s’était agenouillé sur le côté de la Padawan dont il secouait le visage.
— Isil ? Isil ! cria-t-il.

Mais le teint de la jeune fille bleuissait de plus en plus. Il posa une main à plat sur le milieu de son sternum, puis l’autre par dessus et vigoureusement il appuya, les bras bien tendus et les coudes bloqués, posément, dans un rythme soutenu et régulier.
— Allez, Isil, revient ! Respire !

Au bout d’une trentaine de compressions, il se pencha sur elle, et insuffla de l’air de sa bouche à la sienne, deux fois puis il reprit son massage.
Le Grand Prêtre avait esquissé un geste pour arrêter le contrebandier, mais d’un geste ferme, Calem l’avait retenu et d’un regard, lui avait imposé le silence. Les chants s’étaient arrêtés et c’était à présent toute l’assemblée qui retenait son souffle.
*
* *

— Qu’est-ce qui se passe après la mort ? demanda l’enfant d’une voix chantante.
Ses grands yeux bleus étaient levés vers celui qui pour elle, avait réponse à tout : son Maître.
Elle tenait dans ses mains un oiseau sans vie dont les ailes pendaient de chaque côté de ses paumes.
— Si tu veux parler de cet oiseau, répondit Beno Mahr, son énergie vient de repartir dans la Force.
— Donc il n’existe plus ?
— Pas vraiment. Il forme désormais un tout dans l’univers.
— Et c’est pareil pour chacun de nous ?

Maître Beno soupira. Les moments où son apprentie de douze ans se mettait à le bombarder de questions étaient toujours un véritable supplice pour lui tant elle n’en finissait plus de l’interroger.
— Que dit le Code à ce sujet ? biaisa-t-il.

L’enfant fit un apparent effort de mémoire avant de déclamer.
— Il n’y a pas de mort, il n’y a que la Force.
— Bien, se contenta de répondre Mahr.

Comme il continuait son chemin, elle le rattrapa lestement.
— Mais s’il n’y a pas de mort… alors, que devenons-nous ?

Son Maître s’arrêta et baissa les yeux vers son visage d’ange. Il ne put s’empêcher de sourire.
— Après leur mort, tous les êtres sensibles à la Force s'unissent avec cette dernière. Ils peuvent communiquer entre eux, explorer et contempler l'Espace et l'Histoire de la galaxie. Ils continuent d’exister dans la Force.
— Ils peuvent revenir nous voir ?
— Non, ils ne peuvent pas interagir avec les vivants… bien que certains Maîtres très puissants dans la Force puisse y arriver.
— Comment ?

Beno Mahr leva les bras au ciel.
— Je ne sais pas ! Je te le dirai lorsque j’y serai parvenu.
— Mais vous n’êtes pas mort.
— Alors, il va te falloir faire preuve de patience, ma petite Padawan.

Il laissa échapper un petit ricanement. La gamine eut une moue de désappointement mais ne renonça pas pour autant.
— Et moi ? Je pourrai revenir pour aider les autres après ma mort ?

Son Maître inspira bruyamment et agita ses doigts dans le vide avant de se résigner à répondre.
— Ta présence dans la Force est telle que je n’en serais pas étonné… et non, ne me demande plus rien à présent, et médite un peu le temps que nous rentrions au Temple. Un peu de silence me fera le plus grand bien.
— Oui, Maître Beno, acquiesça l’enfant qui emboîta son pas.

Pourtant un peu plus loin, elle récidiva.
— Est-ce qu’il y a un moyen d’échapper à la mort ?

Du coup, Beno Mahr s’immobilisa. Mais où allait-elle chercher toutes ces questions ?
— Écoute, Isil, on peut beaucoup de chose à travers la Force, surtout lorsqu’on y est comme toi aussi sensible. Alors sans doute peut-on rendre la tâche difficile à la Dame Noire, sans doute seras-tu plus coriace que toute autre personne lorsque tu devras l’affronter. Mais ce jour-là, tu devras puiser dans la Force comme tu ne l’auras jamais fait auparavant et te battre comme tu ne te seras jamais battue. Cependant, ne crois pas que tu gagneras toujours… personne n’est éternel sous notre forme actuelle, pas même le plus grand des Jedi !
*
* *

— Allez, bats-toi, tu peux y arriver !

Depuis combien de minutes la massait-il ? Il n’aurait pu le dire. Une autre personne se serait avouée vaincue, aurait baissé les bras devant la mort. Mais pas lui ! Pas alors que la vie d’Isil était en jeu ! Rien ne pouvait le convaincre qu’il n’y avait plus aucun espoir. Il continuait encore et encore sous les yeux ébahis de l’assistance silencieuse. Calem retenait toujours le bras d’Emon’Ho qu’il sentait vouloir faire cesser ce qui n’était à ses yeux qu’un abominable spectacle de désespoir. Pour le Grand Prêtre, il était évident que le bara’ama avait échoué. Soit que l’étrangère n’en fut pas digne, soit que le rituel n’était qu’une légende… mais cela, il ne pouvait le dire à haute voix.

Le roi hésitait. Tout était-il donc perdu ? Isil morte, Sali mourrait d’ici un jour ou deux. Ne s’était-il pas cramponné à un vain espoir en demandant à la Padawan de subir cette épreuve ? Y croyait-il lui-même ? Il n’en savait rien. Il s’était agrippé à cette planche de salut comme on s’accroche à la vie, désespérément. Mais au fond de lui, que croyait-il ? N’avait-il pas sacrifié Isil pour rien, juste pour croire un instant que les choses pouvaient être différentes ?
— Tu es un Chevalier Jedi, s’époumonait à présent Hiivsha qui sentait que ses propres forces le lâchaient, tu es une combattante ! Alors, bats-toi, ne me laisse pas ici tout seul ! Qu’est-ce que tu fais de ton foutu Code ? Il n’y a pas la mort, il n’y a que la Force, alors sers-toi de la Force pour revenir, ou alors ce ne sont que des mots en l’air, des paroles vides de sens ! Bon sang, Isil, réveille-toi, n’abandonne pas, je t’en supplie, bats-toi, bats-toi !

Sa voix se brisa en même temps qu’il s’effondrait sur le corps sans vie de la Padawan. À bout de force, il abandonna son massage. C’était fini, il s’en rendait compte à présent. Il n’avait pas pu la ramener à la vie et elle avait rejoint la Force. C’est en tout cas ce qu’elle lui aurait sans doute soufflé à l’oreille si elle avait pu le faire. Un immense désespoir le submergea et une sensation de vide sans fin s’insinua en lui. Comment accepter ce qui était inacceptable ?

La voix d’Emon’Ho se fit entendre. Elle résonna désagréablement à ses oreilles.
— Toute intervention de l’homme est vaine, proclama-t-il d’une voix forte. Ainsi le bara’ama ne peut réussir que si Édin lui-même daigne l’accompagner de sa main. Le rituel doit aller au bout et s’il n’est pas recevable, la mort seule en sera l’unique issue.
Va au diable ! hurla Hiivsha in petto en crispant ses poings qu’il imaginait fracassant le visage du Grand Prêtre avec l’aide de toute sa rage.
— Édin s’est prononcé ! cria Emon’Ho en levant les bras au-dessus de la tête. Et sa réponse est…

Une quinte de toux l’interrompit. De l’eau refoula par la gorge de la Padawan comme par un siphon bouché. Instantanément, Hiivsha se redressa comme mû par un puissant ressort avant de la retourner à moitié pour la coucher sur le flanc.
— C’est ça, tu vas y arriver trésor ! Vas-y, bats-toi, tu y arrives ! l’encouragea-t-il cependant que l’assemblée se mettait à genoux dans un long murmure d’étonnement.

La quinte fut violente et douloureuse, rauque et déchirante, mais les spasmes s’espacèrent et sa respiration reprit en sifflant bruyamment. Le teint bleu se mit à régresser pour laisser place à une pâleur extrême qui soulignait les cernes sombres de ses yeux.
— Je savais que tu y arriverais ! s’exclama le contrebandier la voix brisée par un sanglot qu’il tenta en vain de maîtriser.

La Padawan se remit sur le dos et souleva faiblement les paupières. Puis un faible sourire se dessina sur ses lèvres qui s’entrouvrirent en tremblotant. Levant une main pesante, elle la posa sur la joue de l’homme penché sur elle.
— Depuis… quand… ça… pleure… un… contrebandier ? ânonna-t-elle dans un souffle avant de se remettre à tousser plusieurs fois.

Hiivsha se mit à bafouiller.
— Co… comment tu… tu… viens de m’appeler ?

Les yeux de la jeune fille s’arrondirent, un peu surprise, le temps de comprendre sa question.
— J’ai dit… un… contrebandier… balbutia-t-elle d’un air fatigué en refermant les yeux.
— Oh, chérie, ce coup-ci, c’est bien toi ! laissa échapper Hiivsha avant de la prendre dans ses bras pour la serrer fortement contre lui.

Ils restèrent ainsi l’un contre l’autre un long moment dans un silence ambiant total, jusqu’à ce qu’un chantre n’entonne un nouvel hymne plus joyeux que les psalmodies précédentes, aussitôt repris par toute l’assistance.
— Après… m’avoir noyée… tu ne… chercherais pas… à m’étouffer ? parvint-elle à articuler alors que son visage était pressé contre le torse de son sauveur.

Il relâcha son étreinte avec un rire nerveux et se mit à lui embrasser le visage un peu partout.
— Oh, pardon, tu as raison… à quoi ça servirait de t’avoir ramenée depuis l’autre côté si c’est pour t’y renvoyer tout de suite !
— Oui, marmotta-t-elle, ce… serait… bête… hein ?

Il la soutenait d’une main sous la nuque et de l’autre il balayait les mèches mouillées qui collaient à son visage. Ce dernier reprenait des couleurs ainsi que ses lèvres et elle sourit plus franchement.
— Je suis… heureuse de te revoir.
— Moi aussi, mon cœur, moi aussi. Ce n’est pas que tu n’étais pas bien en jolie princesse, mais je te préfère en jolie Jedi… À ce propos, tu te souviens de quoi ?

Une quinte de toux agita brièvement la jeune fille dans ses bras avant qu’elle puisse répondre.
— Étrangement… je me souviens de tout… de ce que je suis… de ce que j’étais…
— Tu veux dire… en tant qu’Isil ?
— En tant qu’Isil et en tant que Sali… j’ai conservé… ses souvenirs comme une sorte de… film que j’aurais mémorisé… j’ai même l’impression d’avoir autre chose dans mes souvenirs… que je n’avais pas auparavant.

Sa respiration sifflait encore un peu, mais sa poitrine se soulevait à présent de façon régulière sans provoquer d’autre toux. Elle marmonna.
— T’as fait un long chemin pour me retrouver…

De nouveau un sourire éclaira ses lèvres humides et entrouvertes. Ni tenant plus, il succomba à l’envie qui le taraudait et alla chercher le baiser auquel il rêvait depuis longtemps. Sa bouche posée sur celle de la Padawan, il l’embrassa tendrement, passionnément, de tout son amour.
Un murmure parcourut les fidèles dont le chant venait de s’achever. Emon’Ho et Calem s’avancèrent vers l’autel sur lequel Hiivsha était toujours agenouillé.
— Isil ? demanda le monarque, tu vas bien ?

Elle tourna son visage vers lui.
— Oui, Calem, je vais bien.
— Mais, tu as… retrouvé… enfin, tu sais qui… tu es ?

Isil sourit de nouveau. Qu’il lui semblait bon de ne plus penser être folle !
— Oui… je suis une Padawan…
— Padawan ? répéta le roi étonné.
— Elle veut dire, une apprentie Chevalier Jedi, expliqua Hiivsha. Disons qu’elle a fini sa formation, mais qu’elle n’a pas encore eu le titre de Chevalier de la part de son Ordre.

Le souverain acquiesça de la tête.
— Si ça ne tenait qu’à moi, je lui donnerais ce titre de Chevalier Jedi… avec un courage comme ça et une telle compassion…
— Ainsi le rituel est accompli ? s’étonna presque Emon’Ho avant de se tourner vers l’assemblée pour déclamer quelque chose dans ce langage que ni Isil, ni Hiivsha ne comprenaient.

La foule répondit par plusieurs exclamations et entonna un nouveau chant tout en refluant vers l’extérieur du bâtiment.
— Je voudrais savoir, dit le Grand Prêtre alors que le contrebandier aidait la Padawan à se mettre assise sur le bord de l’autel, qu’avez-vous vu… de l’autre côté ?
— Beaucoup de choses, répondit énigmatiquement la jeune fille en posant maladroitement ses jambes sur le marbre.

Soutenue par Hiivsha, elle accomplit quelques pas en direction de la piscine avant de s’arrêter pour contempler l’eau.
— Je n’ai jamais autant ressenti la Force que dans cette eau, continua-t-elle. J’ai eu l’impression d’être plongée toute entière dans de la Force vive. Je la sens, là, dans l’eau, mais aussi tout autour de nous, extrêmement présente. Ces lieux sont habités par la Force.
— C’est l’esprit d’Édin ! s’exclama le Grand Prêtre un peu comme s’il avait voulu la rectifier.

Isil se retourna vers lui et sourit avec indulgence.
— Si vous voulez, Grand Prêtre, vous pouvez aussi l’appeler comme ça… si vous voulez.

Puis une ombre de gravité s’empara de son visage et elle ferma un instant les yeux en inspirant profondément avant de s’emparer de la main du roi.
— Sali ! Il faut vite retourner près d’elle. Son état a empiré et la vie s’écoule rapidement de son corps. Si je peux faire quelque chose pour elle, c’est maintenant, il ne faut pas tarder !
— Es-tu en état de chevaucher un corinal ?
— Oui, Calem, ça va aller.
— Alors, allons-y sans plus attendre.

Ils sortirent du temple précipitamment et remontèrent sur leurs montures entourés de leur escorte devant la foule attentive. Puis ils s’élancèrent vers la vallée en direction du complexe central.


(à suivre…
prévisions d’achèvement : 40 épisodes - 550 pages - septembre 2013)


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Modifié en dernier par Hiivsha le Jeu 01 Aoû 2013 - 19:04, modifié 6 fois.
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Messagepar Notsil » Ven 26 Juil 2013 - 13:21   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Ah, un chouette moment cette résurrection :) Heureusement que Hiivsha a aidé l'esprit d'Edin ^^

J'ai relevé 2 détails :

tu ne te rends pas compte de ce que tu me demande de faire ?

-> demandes

entrouvrit lentement les yeux. Puis un faible sourire se dessina sur ses lèvres qui s’entrouvrirent

-> double "entrouvrir"

En tout cas j'ai bien aimé, vivement le 2ème miracle :)
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Messagepar Hiivsha » Ven 26 Juil 2013 - 13:43   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Corrigé.
J'ai changé la phrase en :
"La Padawan se remit sur le dos et souleva faiblement les paupières." pour conserver le "entrouvrir" des lèvres ;)

Merci. :jap:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Ven 26 Juil 2013 - 14:19   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Bon, c'est lu ! Je suis un peu mitth'igé, parce que je dois dire que jusqu'à ce que Isil entre dans l'eau, j'avais du mal à accrocher, mais c'était en fait assez prévisible, ta narration omnisciente et très objective n'est pas top pour décrire les bouleversements émotionnels, j'ai l'impression... Ça va nettement mieux une fois que Isil se noie, parce que ça devient plus fluide et que les évènements sont de toute façon trop poignants pour qu'on puisse y échapper. Voir Yvcha se jeter sur sa bien-aimée m'a fait bizarre aussi, parce que ça casse l'aspect mystique de la scène, qui dominait pourtant jusque-là... D'un autre côté, c'était la réaction qu'on pouvait attendre de lui, mais j'aurais mieux vu que Isil revienne au moment où il commence à croire qu'il ne la ramènera pas et/ou est trop fatigué physiquement pour continuer efficacement, histoire de laisser une ambiguïté où puisse s'engouffrer l'esprit d'Edin puisse s'engouffrer^^

Une mort habitée de vivants.


Jolie formule :jap:

une phrase qu’elle ne comprenait pas et dont le volume allaient en s’accroissant.


Allait.

Mais il y avait un monde entre ce « il suffisait de », et le réaliser.


Et après, c'est moi qui met des virgules inutiles devant les "et" ? :paf:

Combien il aurait voulu à ce moment précis être loin de tout cela avec la seule Padawan dans ses bras !


Comme ne sonnerait-il pas mieux que "combien" ?

— Je t’aime, murmura l’homme la gorge serrée avec un accent évident d’absolue sincérité.
— Je sais,


:lol:

en lui disant combien il l’aimait et combien il l’aimerait toujours, quelle que soit la personne qu’elle serait.


Aimer quelqu'un indépendamment de la personne qu'il est, est-ce encore l'aimer ? Vous avez quatre heures :D

— Je ne sais pas pour vous, reprit le contrebandier qui sentait la colère s’emparer de lui, mais moi, je vais faire quelque chose.


— Votre manque de foi me consterne :o

— Depuis… quand… ça… pleure… un… contrebandier ? ânonna-t-elle dans un souffle avant de se remettre à tousser plusieurs fois.


Sacrée Sisil :lol: Sérieusement, cette réplique est très bien, parce que au-delà de l'emploi du fait qu'elle le désigne comme un contrebandier, on n'aurait jamais imaginé Sali la sortir :)
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Messagepar Hiivsha » Ven 26 Juil 2013 - 17:21   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Merci d'avoir débusqué quelques petites maladresses et coquilles résiduelles... c'est super d'avoir deux relecteurs comme Notsil et toi ! :jap:

Mitth'raw Nuruodo a écrit:j'aurais mieux vu que Isil revienne au moment où il commence à croire qu'il ne la ramènera pas et/ou est trop fatigué physiquement pour continuer efficacement, histoire de laisser une ambiguïté où puisse s'engouffrer l'esprit d'Edin puisse s'engouffrer^^.


Ma fois, pourquoi pas remanier la scène dans ce sens, c'est une excellente idée à creuser... y'a un copyright ? :)

Mitth'raw Nuruodo a écrit:
Mais il y avait un monde entre ce « il suffisait de », et le réaliser.


Et après, c'est moi qui met des virgules inutiles devant les "et" ? :paf:


Sais-tu que chaque fois que je mets une virgule avant un "et" maintenant je pense à toi ? :oui:

Mitth'raw Nuruodo a écrit:
— Je t’aime, murmura l’homme la gorge serrée avec un accent évident d’absolue sincérité.
— Je sais,


:lol:


Ce passage est l'écho d'un autre passage dans le tome 1 à bord du Valiant (chapitre 10), lorsque le transport se fait intercepter par un croiseur Sith, quand Isil et Hiivsha se séparent l'une pour aller chercher son sabre et ses affaires et l'autre pour se préparer à décoller du hangar avec le Choupy :
"Hiivsha lui prit le menton dans ses mains avec un sourire tendre.
— Fais attention, je t’aime, tu sais ?
Il déposa un baiser sur ses lèvres.
— Je sais, répondit-elle tout simplement sans sourciller. "



Mitth'raw Nuruodo a écrit:
en lui disant combien il l’aimait et combien il l’aimerait toujours, quelle que soit la personne qu’elle serait.


Aimer quelqu'un indépendamment de la personne qu'il est, est-ce encore l'aimer ? Vous avez quatre heures :D


Intéressante dissertation... si j'avais à la traiter, je parlerais d'un couple amoureux dont l'un est atteint de la maladie Alzheimer. Est-ce parce qu'il devient "quelqu'un d'autre" que l'autre doit cesse de l'aimer ? :cry:


Mitth'raw Nuruodo a écrit:
— Depuis… quand… ça… pleure… un… contrebandier ? ânonna-t-elle dans un souffle avant de se remettre à tousser plusieurs fois.


Sacrée Sisil :lol: Sérieusement, cette réplique est très bien, parce que au-delà de l'emploi du fait qu'elle le désigne comme un contrebandier, on n'aurait jamais imaginé Sali la sortir :)


:jap:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Ven 26 Juil 2013 - 17:27   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Ma fois, pourquoi pas remanier la scène dans ce sens, c'est une excellente idée à creuser... y'a un copyright ? :)


Pas du tout :)

Ce passage est l'écho d'un autre passage dans le tome 1 à bord du Valiant (chapitre 10), lorsque le transport se fait intercepter par un croiseur Sith, quand Isil et Hiivsha se séparent l'une pour aller chercher son sabre et ses affaires et l'autre pour se préparer à décoller du hangar avec le Choupy :
"Hiivsha lui prit le menton dans ses mains avec un sourire tendre.
— Fais attention, je t’aime, tu sais ?
Il déposa un baiser sur ses lèvres.
— Je sais, répondit-elle tout simplement sans sourciller. "


Je l'avais oublié, intéressant :)

Intéressante dissertation... si j'avais à la traiter, je parlerais d'un couple amoureux dont l'un est atteint de la maladie Alzheimer. Est-ce parce qu'il devient "quelqu'un d'autre" que l'autre doit cesse de l'aimer ? :cry:


Sujet n°2 : Peut-on attendre de nos sentiments qu'ils répondent à ce que nous estimons être notre devoir ? :sournois:
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Messagepar Hiivsha » Ven 26 Juil 2013 - 17:48   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Ta proposition sur le réveil d'Isil me plait d'autant plus qu'elle cultive soigneusement une ambiguïté que j'ai mise au centre de mon roman concernant tout ce qui a trait à cette forme de religion dans Édin et/ou une origine extraterrestre... sur un certain nombre de choses, notamment dans le prochain chapitre.

Je propose donc de modifier la séquence comme suit :

Spoiler: Afficher
"— Tu es un Chevalier Jedi, s’époumonait à présent Hiivsha qui sentait que ses propres forces le lâchaient, tu es une combattante ! Alors, bats-toi, ne me laisse pas ici tout seul ! Qu’est-ce que tu fais de ton foutu Code ? Il n’y a pas la mort, il n’y a que la Force, alors sers-toi de la Force pour revenir, ou alors ce ne sont que des mots en l’air, des paroles vides de sens ! Bon sang, Isil, réveille-toi, n’abandonne pas, je t’en supplie, bats-toi, bats-toi !

Sa voix se brisa comme il s’effondrait sur le corps sans vie de la Padawan en abandonnant son massage, à bout de force. C’était fini, il s’en rendait compte à présent. Il n’avait pas pu la ramener à la vie et elle avait rejoint la Force. C’est en tout cas ce qu’elle lui aurait sans doute soufflé à l’oreille si elle avait pu le faire. Un immense désespoir le submergea et une sensation de vide sans fin s’insinua en lui. Comment accepter ce qui était inacceptable ?

La voix d’Emon’Ho se fit entendre. Elle résonna désagréablement à ses oreilles.
— Toute intervention de l’homme est vaine, proclama-t-il d’une voix forte. Ainsi le bara’ama ne peut réussir que si Édin lui-même daigne l’accompagner de sa main. Le rituel doit aller au bout et s’il n’est pas recevable, la mort seule en est l’unique issue.
Va au diable ! hurla Hiivsha in petto en crispant ses poings qu’il imaginait fracasser le visage du Grand Prêtre avec l’aide de toute sa rage.
— Édin s’est prononcé ! cria Emon’Ho en levant les bras au-dessus de la tête. Et sa réponse est…

Une quinte de toux l’interrompit. De l’eau refoula par la gorge de la Padawan comme par un siphon bouché. Instantanément, Hiivsha se redressa comme mû par un puissant ressort avant de la retourner à moitié pour la coucher sur le flanc.
— C’est ça, tu vas y arriver trésor ! Vas-y, bats-toi, tu y arrives ! l’encouragea-t-il cependant que l’assemblée se mettait à genoux dans un long murmure d’étonnement.
"
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Ven 26 Juil 2013 - 17:56   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Je soutiens l'amendement :oui:

(Notsil, tu préfères être l'Assemblée Nationale ou le Sénat ? :x )
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
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Messagepar Notsil » Ven 26 Juil 2013 - 19:41   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Le Sénat, me semble que ça gagne + :)

+1 ça rajoute la touche de mysticisme qui fait raccord avec le dialogue avec son maitre, le concept de la Force et Edin :)
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Messagepar Hiivsha » Jeu 01 Aoû 2013 - 19:01   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Pour celles et ceux qui attendent la suite et comme c'est jeudi... :D
-------------------------------------
Calameo, PDF et EPUB mis à jour évidemment, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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29 - L'Artéfact de la Création


Malgré la lassitude liée au traumatisme qu’elle venait de subir, Isil poussa l’animal au triple galop, puisant dans la Force le maximum d’énergie. Le corinal semblait flotter sur le dallage du chemin tant sa vitesse était grande et il ne lui fallut que quelques minutes pour refaire le chemin inverse. Lorsqu’elle arriva sur la dalle centrale du complexe, Isil, qui avait distancé les autres de plusieurs centaines de mètres, sauta à terre pour se précipiter vers le bâtiments nord.
Guidée par la Force, elle s’y engouffra et, délaissant l’ascenseur, grimpa quatre à quatre l’escalier central qui s’enroulait sur lui-même pour monter au dernier étage. Elle se retrouva dans un grand hall circulaire sur lequel donnaient plusieurs portes dont une seule était gardée. C’est vers elle qu’elle se dirigea. Aussitôt, les deux gardes se mirent en travers de son chemin une main sur la poignée de leur sabre. Isil s’arrêta face à eux et esquissa un arc de cercle avec une main.
— Je suis une amie de la princesse, vous pouvez me laisser passer.

Les deux hommes échangèrent un regard et l’un d’eux fit à l’autre.
— Tout va bien, elle peut passer.

Ils s’écartèrent et elle entra au sein d’une grande chambre ronde. Dans la blancheur des lieux, le visage de Sali paraissait plus pâle encore que le linge qui recouvrait le lit sur lequel elle était étendue.
Une onde de pitié envahit l’âme de la Padawan qui s’approcha doucement. Le lit était large et Sali paraissait étrangement toute petite en son mitan. Isil ôta ses chaussures ainsi que ses vêtements encore mouillés et, en sous-vêtements, monta sur le lit et s’y assit en tailleur, tout contre le flanc de la princesse.
Au même moment, Calem parut sur le seuil de la pièce avec Hiivsha et Emon’Ho. Les trois hommes pénétrèrent à leur tour dans la chambre et vinrent se poster derrière Isil qui venait de fermer les yeux, après avoir posé ses deux mains croisées sur le haut de l’abdomen de Sali.
— Comment est-elle ? chuchota Calem comme s’il avait peur de la réveiller.
— Le poison s’est répandu dans tout le corps, murmura Isil, il va m’être difficile de le combattre. J’ai peur de ne pas pouvoir la sauver.
— Mais tu vas essayer ? demanda doucement Hiivsha en lui posant une main sur l’épaule.

La Padawan fit oui de la tête et ajouta.
— Dans le meilleur des cas, cela va prendre beaucoup de temps… peut-être plusieurs jours.
— Nous resterons ici le temps qu’il faudra, objecta Calem qui essayait de comprendre ce que faisait la jeune fille. Est-ce ta… Force qui va la guérir ?
— Avec la Force je peux entrer dans le corps de Sali pour en extirper la substance nocive afin de l’éliminer… mais j’ai besoin de beaucoup de temps et je ne sais pas de combien je peux en disposer avant que son cœur ne s’arrête de battre. Maintenant, je voudrais que vous me laissiez faire.
— Bien sûr, répondit le roi, bien sûr… si tu as besoin de quoique ce soit, tu le dis…

Elle se contenta d’un petit signe pour toute réponse.
Les trois hommes quittèrent silencieusement les lieux et Calem donna des instructions précises aux gardes pour assurer la tranquillité de la Padawan.


Ce fut avec plaisir que Hiivsha retrouva ses vêtements qu’il enfila après avoir pris une bonne douche. Il retrouva ensuite Calem et Emon’Ho dans une salle à manger où leur fut servi un repas bienvenu, le contrebandier n’ayant rien avalé depuis la veille.
— Tous les… Jedi ont-il ce pouvoir de guérir ? demanda le Grand Prêtre.

Hiivsha secoua la tête.
— Non, les guérisseurs Jedi sont plutôt rares… et je ne parle pas de rafistoler une petite blessure par-ci, par-là… mais bien de guérir quelqu’un de très blessé, de réparer un squelette brisé ou d’ôter une maladie. Et même si ma connaissance de l’Ordre Jedi n’est que parcellaire puisqu’il n’y a que quelques mois que j’ai fait la connaissance d’Isil, je crois savoir que le don de guérison n’est pas si fréquent que ça et demande une aptitude exceptionnelle dans la Force.

Alors qu’ils achevaient de déjeuner, Emon’Ho se fit expliquer autant qu’Hiivsha pouvait le faire, le concept de la Force. Il se montra hautement intéressé par tout ce que pouvait lui apprendre leur invité, comme l’avait été le roi durant leur vol.
— Ainsi votre amie est puissante dans la Force ?
— Oui, c’est ce que prétend en tout cas le Grand Maître de l’Ordre… mais Isil est encore jeune, elle n’a sans doute pas la pleine maîtrise de ses capacités…
— C’est une apprentie vous avez dit ?
— Une Padawan, c’est comme ça qu’on dit. Mais son Maître lui a dit avant de mourir que sa formation était achevée… et j’ai été étonné lorsque le Conseil Jedi ne lui a pas décerné le titre de Chevalier avant de l’affecter sur le Defiance.

Il expliqua rapidement ce qu’était le croiseur de l’amiral Narcassan et brossa un rapide tableau de la situation politique de la Galaxie.
— Ainsi toutes ces guerres se déroulent presque à nos portes sans que nous nous en doutions, souligna Calem avec une moue d’inquiétude. Il est heureux que nous ne soyons pas sur une de vos routes… d’hyperespace.
— Et que cette nébuleuse masque ainsi votre système, compléta Hiivsha en appréciant le vin qu’il était en train de déguster. Il sera bon que votre existence ne soit pas révélée… je ne sais pas ce qui adviendrait de votre jolie planète si l’Empire Sith… ou même la République apprenait votre réalité ! Pour ma part, vous pouvez compter sur mon silence.
— Vous avez toute ma confiance à ce sujet, Hiivsha, affirma Calem en mettant sa main droite sur son cœur.

Emon’Ho reprit la parole.
— Certains écrits laissent à penser que notre nébuleuse couvrait tout l’espace qu’occupe votre galaxie, il y a très longtemps et que de ses gaz sont nés soleils et planètes.
— Eh bien, je suppose qu’il fallait bien une matière initiale pour que ces corps astraux se forment, répondit flegmatiquement le contrebandier. Personnellement, je n’ai aucun a priori sur de telles hypothèses… je laisse ça aux chercheurs qui essayent de deviner… ou de comprendre d’où nous venons.
— Vous êtes un homme sage.
— Non, plutôt matérialiste. Je crois ce que je vois et ça me suffit amplement. Déjà que pas mal d’idées reçues que j’avais ont été balayées par ma rencontre avec Isil…
— Vous l’aimez profondément, remarqua Calem.

C’était plus une affirmation qu’une question. Hiivsha fit oui de la tête.
— Et c’est bien là que le bât blesse…

Il leur expliqua les conceptions que l’Ordre Jedi se faisait des sentiments et des émotions ainsi que leurs conséquences sur la vie de ses membres.
— C’est un véritable dilemme pour vous, un choix difficile à faire, non ? demanda Calem avec une douceur compréhensive dans la voix.

Le contrebandier haussa les sourcils et soupira.
— C’est peu de le dire. Je ne parviens pas à imaginer une solution qui ne présente que des avantages pour nous deux.

Le roi lui tapota chaleureusement la main.
— Peut-être existe-t-elle mais ne s’est-elle pas encore présentée à vous ? Il faut savoir garder confiance dans l’avenir. Si vos intentions à tous les deux sont pures, vous ne pourrez qu’y trouver du bonheur… j’en suis convaincu.
— J’aimerais que les vénérables Maîtres de l’Ordre Jedi puisse penser comme vous, Calem. Mais merci de votre compréhension. Vous me donneriez presque envie de rester sur Édéna avec Isil pour nous y établir définitivement.

Le monarque eut un grand sourire et entrouvrit ses bras.
— Il vous suffit de le vouloir !
*
* *

— C’est très impressionnant et très joli, admira le contrebandier en observant l’eau couler sous ses pieds. Ainsi la rivière passe sous cette grande dalle circulaire sur laquelle est érigé le complexe ?

Ils se trouvaient dans l’une des galeries qui reliaient les immeubles hémisphériques deux à deux. Non seulement on pouvait admirer le ciel et les montagnes à travers sa voûte, mais également l’eau et les poissons sous son sol transparent. Calem répondit.
— En fait, la rivière passe sous la dalle, de chaque côté du noyau central du temple — il appuya sur le mot — puisque c’est ainsi que l’on nomme ce que vous appelez « le complexe ».
— Le noyau central ? Vous voulez parler de cet espèce de dôme qui trône au centre de l’ensemble ?
—La dalle qui fait office de socle au temple a un diamètre d’exactement mille mètres et cet espèce de dôme, comme vous dites, est l’émergence d’une sphère qui en fait quatre cents.
— Une sphère de quatre cents mètres de diamètre ? Vous voulez dire qu’elle est enterrée ?
— Pour ainsi dire… il ne s’en faut que de sa partie visible… celle que vous voyez au centre de la dalle et qui mesure environ quatre-vingts mètres de haut sur trois cents de large. C’est la partie émergée de l’iceberg, si vous préférez. Le reste se trouve sous la surface, encastré dans une sorte de… construction cylindrique… comme un immense tube qui descend très profondément vers le centre de la planète.
— Profondément ? Mais profond… comment ?
— Nous n’avons pas pu l’établir. Certains scientifiques pensent qu’il plonge dans le noyau même d’Édéna.
— Ah carrément ? Mais à quoi sert ce tube ? Et cette sphère ?

Le roi écarta les bras en signe d’impuissance.
— C’est le secret d’Édéna. Certains écrits fort anciens… ainsi que certaines gravures primitives, laissent à penser que ce dispositif serait à la source de la création de l’univers… ou du moins de la galaxie… votre galaxie. C’est pourquoi on l’appelle, l’Artéfact de la Création.
— Vous êtes sérieux ? Vous pensez que cette chose… sphère… est une machine capable de créer des astres ?
— En se servant de la nébuleuse originelle, toujours selon les anciennes gravures, bien entendu. Pour ma part, je n’ai pas d’idée préconçue dessus. Tout ce que je sais, c’est que la communauté scientifique est divisée sur sa nature… pour ceux qui ont eu le loisir de l’étudier évidemment. Personne jusqu’à présent n’a pu la mettre en œuvre ni comprendre comment le faire. Donc nous ne savons pas avec certitude à quoi elle sert.
— Et elle a toujours existé ?
— Là encore, c’est un mystère. Sa présence n’était pas ou plus connue lorsque un prêtre du nom de Afga Amor a découvert le passage qui mène à la vallée. C’était un spécialiste des runes anciennes et des écritures antiques. Au moment de sa découverte, aucun document n’en faisait mention hormis quelques gravures du Temple de la vallée des Mille Eaux. Le fait que ces gravures aient existé avant cette découverte tendrait à prouver que l’existence du Temple d’Édin a été connue antérieurement à Afga Amor, puis oubliée ou volontairement occultée comme le pensent certains spécialistes. À moins que les gravures soient des « révélations » du dieu Édin retranscrites sous forme de dessins, comme certaines personnes plus versées dans le mysticisme le pensent.
— L’éternelle dualité entre la science et la religion, observa le contrebandier.
— En quelque sorte. Il y a donc deux théories qui s’affrontent. La première, c’est l’existence de cet artéfact depuis toujours, création divine en quelque sorte, ayant servi à initier l’univers ou une partie de lui ; la seconde, c’est une création datant de l’époque de haute technologie que nos ancêtres ont connue il y a des dizaines de milliers d’années, et dont l’existence se serait perdue volontairement ou non au fil des millénaires. Dans ce second cas, son… utilité, sa nature devrais-je dire, et son fonctionnement nous sont inconnus. Une seule chose est certaine : après sa découverte, ou redécouverte, la religion s’est emparée des lieux et la vallée est devenue sacrée et réservée au culte d’Édin, gardée jalousement par les prêtres.
— Une création divine ou technologique, voilà donc le choix ?
— Il y a une variante à la première approche. Certains substituent à la divinité une forme d’intelligence supérieure extraterrestre qu’ils appellent « les » Édins, et qui serait venue implanter cette machine après avoir créé Édéna comme prime système.
— Voilà une énigme bien curieuse en tout cas, avoua Hiivsha. Ainsi, cette sphère est inaccessible à votre savoir ?
— Imperméable, dirons-nous… voulez-vous la visiter ?
— Elle se visite, vraiment ?
— Pas vraiment, non. Il n’est pas possible d’y entrer et nous ne savons rien de ce qui se trouve à l’intérieur. Mais il est possible de la voir… par dessous.
— Par dessous ?

Hiivsha écarquilla de grands yeux étonnés.
— Le mieux c’est que je vous montre.

Emon’Ho qui était resté muet durant tout l’échange, se permit d’intervenir, le visage crispé.
— Mais, Votre Majesté…

Le roi se retourna et fixa le Grand Prêtre du regard.
— Oui ?
— Vous ne pouvez pas emmener cet homme au cœur du Temple, Sire… le secret…
— Quel secret ? Que peut-il arriver ? À moins que le capitaine Inolmo nous révèle tout à coup comment fonctionne l’artéfact, je ne vois pas ce qui pourrait arriver !

Le ton du jeune monarque ne souffrait pas la contradiction et le prêtre s’inclina.
— Vous êtes le Grand Maître de l’Ordre, Sire, c’est vous qui décidez.
— Assez tergiversé, suivez-moi, Hiivsha, allons visiter le Temple d’Édin.

Ils se remirent en marche le long de la galerie. Quelques personnes les croisèrent en inclinant leur tête avec respect puis ils arrivèrent dans le bâtiment suivant.
— Vous n’avez jamais envisagé de décorer les murs, ironisa Hiivsha devant la blancheur immaculée des lieux, mettre quelques plantes vertes, quelques fleurs, quelques tableaux… ce blanc finit par m’obséder.
— J’admets volontiers qu’il faut s’y faire, répondit le roi, mais il semble que des générations de prêtres se soient succédées ici sans changer la décoration d’un iota. Venez, c’est par ici.

Après avoir traversé un couloir, ils étaient arrivés dans un hall et le roi avait appelé un ascenseur qui s’ouvrit dans le plus remarquable des silences.
— Nous montons ? demanda Hiivsha avec une once de curiosité.
— Non, nous descendons, répondit le roi.
— Réellement ? Il y a donc quelque chose sous cette dalle ? Je croyais que le Temple n’était formé que de ces bâtiments hémisphériques qui ont poussé sur la dalle comme des champignons dans une clairière.

Cela ne fit sourire aucun de ses interlocuteurs. Le contrebandier leva les yeux au ciel en soupirant.
— La descente a l’air bien longue, observa-t-il, combien d’étages y a-t-il en dessous ?
— Ce ne sont pas vraiment des étages, répliqua Calem. Nous descendons à une profondeur d’environ deux-cents mètres.

Hiivsha eut l’air étonné et souleva un sourcil.
— Ah, tout de même ?

L’ascenseur s’arrêta et les portes coulissèrent les laissant devant une nouvelle et longue galerie.
— Si mon sens de l’orientation ne me joue pas des tours, cette galerie s’enfonce en direction du centre du Temple, non ?
— Tout à fait, Hiivsha, nous allons vers ce fameux « tube » sur lequel est posé la sphère.
— J’ai hâte de voir ça.

Ils parcoururent plus de cent-cinquante mètres dans le couloir désert. Le Grand-Prêtre n’avait pas ouvert la bouche depuis qu’ils avaient quitté la galerie supérieure et le contrebandier pensa qu’il était contrarié de sa présence dans ces lieux. Ils parvinrent ainsi devant un accès fermé. Le roi posa sa main sur une plaque et la porte s’ouvrit en disparaissant par le haut dans la cloison. L’issue franchie, ils eurent le choix entre trois couloirs. L’un en face d’eux était fermé un peu plus loin par une seconde porte. À droite et à gauche, deux autres galeries partaient symétriquement en arc de cercle parallèle à la circonférence de la dalle de surface. Le roi s’avança tout droit et recommença le même geste devant la porte suivante qui s’effaça elle aussi vers le haut. Ils pénétrèrent dans une grande salle toujours blanche et il fallut quelques secondes au contrebandier pour bien appréhender les lieux qui s’offraient à sa vue. La salle était haute, sans doute plus de cinq mètres de haut, circulaire comme les galeries qu’ils avaient laissées derrière eux, et disparaissait à la vue dans un long virage de chaque côté de lui. Elle devait faire le tour de la fameuse construction cylindrique que le roi avait mentionnée et sur laquelle reposait l’artéfact. En face de lui, le mur n’était qu’une large baie vitrée à travers laquelle on pouvait voir une partie de l’hémisphère inférieur de la sphère, à la lueur d’invisibles projecteurs régulièrement disposés tout autour et situés en contrebas de leur position.
Médusé, le contrebandier s’approcha du mur vitré et y posa ses mains à plat, la bouche entrouverte. La sphère n’était effectivement qu’une grosse boule à la couleur indéterminée dans le halo de lumière artificielle qui l’éclairait par en-dessous. Une boule complètement lisse. On ne voyait pas le moindre raccord de plaques, pas la moindre soudure ni le moindre boulon sur sa surface.
— C’est une très grosse boule, ne put-il s’empêcher d’observer à haute voix tout en se rendant compte de la banalité de son propos.

Il aurait voulu dire quelque chose de spirituel, mais rien ne lui vint précisément à l’esprit. Les deux hommes qui le regardaient opinèrent du chef en silence.
— C’est remarquable, poursuivit Hiivsha, et vous ne savez ni en quoi elle est faite ni à quoi elle sert ?

Cette fois, ce fut négativement que ses interlocuteurs toujours cois bougèrent leur tête pour répondre. Un long silence s’ensuivit durant lequel les yeux d’Hiivsha errèrent sur les courbes énigmatiques de l’objet jusqu’à ce que Calem reprenne la parole.
— Cette salle fait pratiquement le même diamètre que la sphère dont elle fait le tour… juste un peu plus en fait… mais quel que soit le point de vue que vous choisirez, vous verrez toujours la même chose.

Le contrebandier fit un effort pour détacher son regard de l’objet et observa la salle en emboitant les pas du monarque qui s’éloignait de lui vers la droite. Le long du mur plein, tous les cent mètres environ, se trouvaient des consoles de commandes très complexes éclairées de multiples voyants et dotées d’écrans transparents sur lesquels dansaient nombre de symboles inconnus. Entre chaque paire de consoles, à égale distance de l’une et de l’autre, se trouvait un appareil isolé principalement formé d’un grand tube, entouré d’une espèce de pupitre de commande disposé en arc de cercle autour de lui. Le tube mesurait plus de trois mètres de hauteur sur un bon mètre de diamètre, était composé principalement de métal et, sur le devant, d’une paroi translucide légèrement fumée qui paraissait pouvoir s’ouvrir en deux. Rien n’indiquait à quoi il pouvait bien servir.
Hiivsha tourna sur lui-même en auscultant les lieux du regard.
— C’est une salle de contrôle ?
— Nous le supposons, bien que personne n’en ait jamais trouvé le mode d’emploi… du moins jusqu’à présent.
— Qu’est-ce qui fourni l’énergie nécessaire à tout cet éclairage et à ces machines… sans compter le bouclier d’holocammouflage de la vallée ?
— Continuons la visite, répondit le roi en reprenant sa marche à travers la salle jusqu’à ce qui s’avéra être un nouvel ascenseur.
— Ne me dites pas que nous descendons encore ?
— Mais oui, capitaine.
— N’allons-nous pas atteindre la mer de lave supposée se trouver en dessous de cette vallée ?
— J’ai parlé d’un lac mais plus vraisemblablement de coulées prisonnières des veines lithosphériques qui les canalisent. Et ne vous inquiétez pas, nous n’allons pas vous faire frire.
— Tant mieux, Calem, tant mieux. Je m’accommode mal des chaleurs extrêmes.

Il descendirent de nouveau longuement puis la porte se rouvrit et aussitôt, des bruits sourds et réguliers parvinrent jusqu’à leurs oreilles.
— Que sont ces bruits ? demanda le contrebandier.
— Venez voir par vous-même.

Ils avancèrent dans un court tunnel qui débouchait soudain sur le flanc d’une immense construction tubulaire qui courait de haut en bas. La galerie cédait la place à une passerelle d’apparence métallique, sur laquelle ils s’avancèrent de quelques mètres au-dessus du vide.
— C’est… c’est géant, s’exclama le visiteur. C’est tout simplement fantastique !

Levant les yeux, il aperçut au-dessus d’eux le dessous de l’artéfact qui paraissait soutenu par une longue tige de plusieurs mètres de diamètre. Elle descendait au centre du tube et plongeait dans l’abysse sans fin. La passerelle sur laquelle ils se trouvaient, la contournait par la droite et la gauche avant de continuer vers le côté opposé vers un autre tunnel. Tout en se cramponnant à la rambarde, il baissa la tête pour suivre des yeux ce conduit qui se perdait sous ses pieds dans le noir le plus profond. En haut comme en bas, d’autres passerelles traversaient le vide pour relier d’autres galeries. Sur les parois de ce tube gigantesque étaient disposés d’immenses machines oblongues qui ronronnaient paisiblement. Il y en avait à perte de vue vers le bas. Sur des rails ancrés dans la paroi cylindrique, des engins plus petits allaient et venaient entre elles, montant et descendant sans cesse.
— C’est quoi tout ça ? demanda Hiivsha complètement perdu.
— Des générateurs pour les plus grosses machines… pour les autres, il semblerait que ce soient des éléments de maintenance automatique.
— Des machines qui s’entretiennent toutes seules ? C’est extraordinaire. Qui sont leurs créateurs ?

Le roi eut un geste d’impuissance.
— Nous n’en savons rien. Comme je vous l’ai expliqué, soit nos lointains ancêtres, soit une autre race que nous.
— Vous voulez dire… une race extraterrestre, les fameux Édins ?

Calem pinça les lèvres et haussa les épaules, et ce fut Emon’Ho qui, sortant de son mutisme, essaya de conclure.
— À moins que ce ne soit l’œuvre du seul dieu Édin.
— D’Édin… ou des Édins ? glissa Hiivsha avec un sourire sournois.

Le Grand Prêtre cacha mal son embarras doublé d’un certain agacement.
— Qu’on croie à une divinité unique ou multiple, cela ne change guère les choses, fit-il.
— Peut-être. Et puis, dieu ou race extraterrestre supérieure, c’est un peu la même chose pour le peuple non ?
— Pas nécessairement, capitaine. Si vous partez du principe que tout ceci est né d’une race supérieure, alors il y a bien un dieu qui l’a créée à elle aussi.
— Alors que si c’est dieu lui-même qui a conçu cette chose… machine… artéfact, comme vous préférez, on ne peut pas aller plus loin. Je vous comprends, vous optez pour une simplification des choses et vous avez sans doute raison.
— Mais vous ne croyez pas aux dieux, capitaine ?

Hiivsha tordit sa bouche de perplexité.
— Disons que depuis que je connais Isil, il y a au moins une chose à laquelle je crois : la Force !
— Eh bien, si vous y croyez, espérons qu’elle sera en mesure de guérir Sali, soupira le jeune monarque.

Souhaitant parler d’autre chose, le contrebandier tendit son index vers le bas.
— Toutes ces passerelles… elles servent à quoi ?

Au même instant, sur l’une d’entre elles, à environ cinquante mètres en contrebas, il vit passer un engin qui, sortant d’une galerie, traversa le vide sur une passerelle pour rejoindre l’autre côté et disparaître aussitôt à sa vue dans un autre tunnel.
— D’accord… admettons que je n’ai rien dit… ce sont des droïdes ?
— Des machines-robots de maintenance comme celles qui se déplacent le long de cette paroi. Elles n’arrêtent jamais.
— Et où mènent ces galeries ?
— Dans des centres de maintenance, des usines sous-terraines entièrement automatisées. Elles forment un réseau très complexe dans les entrailles de la planète.

Le contrebandier se frotta énergiquement les cheveux.
— Fort bien, je suis impressionné… même si cette visite m’a rendu encore plus perplexe qu’avant. L’idée d’une telle machinerie me sidère complètement et penser que personne ne sait à quoi tout cela sert… c’est absolument invraisemblable.
— Mais bien réel, Hiivsha, souligna le roi avant de rebrousser chemin.
*
* *

Le contrebandier eut du mal à trouver le sommeil, tournant et retournant dans sa tête des idées plus farfelues les unes que les autres. Puis, vaincu par la fatigue accumulée des derniers jours, il finit par s’endormir jusque tard le lendemain matin.
— Vous avez l’air soucieux, Calem, observa-t-il en entrant dans la salle à manger.

Le roi déjeunait. Une jeune femme toute de blanc vêtue proposa à Hiivsha différents plats mais ce dernier opta pour un petit-déjeuner consistant.
— Nous n’avons aucune nouvelle en provenance de la capitale, expliqua le roi.
— Comment cela, aucune nouvelle ?
— Les liaisons du Temple passent par Édinu pour une meilleure sécurité. Et nous ne parvenons à en établir aucune.
— Une panne ?

Le monarque haussa les épaules.
— Sans doute. Je pense que cela ne durera pas.
— Pourquoi ne pas retourner là-bas ?
— Parce que s’il arrive quelque chose à Sali, je veux être à ses côtés, admit Calem.

Hiivsha pensa que ce n’était pas vraiment l’attitude qu’il aurait attendu d’un roi, mais l’amour que portait le jeune homme au sosie d’Isil le touchait profondément et il le comprenait parfaitement.
— Je fais absolument confiance à Jarval pour gérer la situation là-bas, commenta le roi. Si quelque chose de grave devait se passer, il saura quoi faire.
— Sauf que si j’ai bien compris votre affaire, c’est quand même votre frère qui commande.
— Oui, mais Taimi s’appuiera sur Jarval si besoin est.

Le contrebandier soupira.
— Si vous le dites.
— Que diriez-vous d’allez à la découverte de la vallée d’Édin lorsque vous aurez fini votre repas ? proposa Calem en se levant. Je vous assure que c’est un vrai petit paradis ! Il y a des coins absolument délicieux.
— Ce sera avec plaisir.
— Bien entendu, je suis conscient que vous auriez très certainement préféré la visiter en compagnie de votre amie.
— Vous lisez dans mes pensées, Calem, mais votre compagnie me sera elle aussi agréable.
— Et puis comme ça, la prochaine fois, vous ferez faire la visite à Isil… en tête à tête.

Hiivsha sourit largement.
— Ah, si vous me prenez par les sentiments…
*
* *

Le soir venu, ils montèrent dans la chambre où Sali avait été déposée. La Padawan était toujours à ses côtés, immobile, dans la même position qu’elle avait prise la veille, figée comme une statue de marbre, le visage pâle et les yeux fermés. Ses mains étaient toujours posées sur l’abdomen de la princesse d’Austra et, lorsqu’on les regardait fixement, on les sentait parfois dégager une sorte de très faible halo lumineux, presque imperceptible à l’œil.
— Comment peut-elle rester ainsi immobile autant de temps, sans boire et sans manger ? On dirait qu’elle est dans une sorte de transe profonde… ne risque-t-elle rien ? s’inquiéta Calem à voix basse en observant cette scène surréaliste.
— J’ai ouïe dire que certains guérisseurs Jedi pouvait rester ainsi plusieurs jours à soigner un malade. Il sont totalement immergés dans la Force et plus rien n’existe que eux et leur patient dans celle-ci. Ils sont en contact étroit… comme une sorte de symbiose dans laquelle le Jedi intervient pour réparer en quelque sorte le corps de l’autre, tenta d’expliquer Hiivsha qui ne trouvait pas les mots pour le faire.
— C’est absolument fabuleux, conclut Calem en se retirant. Je n’avais jamais rien vu de tel. Il se passe des choses fantastiques dans votre galaxie. Je suppose que vous allez y retourner dès que nous rentrerons à Édinu ?
— Je vous avouerai que passer des vacances ici avec Isil me plairait infiniment… mais quelque chose me dit que maintenant qu’elle est redevenue elle-même, elle va vouloir rentrer.
— N’aurait-il pas mieux valu pour vous qu’elle resta « Sali » ? avança le roi avec un petit clin d’œil.

Le contrebandier soupira.
— Il m’aurait fallu la reconquérir… y serais-je parvenu ?
— Vous l’avez fait une fois.
— Sans doute. Je ne sais pas à quel point votre eau peut changer l’âme d’une personne. Peut-être y serais-je parvenu, et nous aurions pu nous établir dans un petit coin paisible et vivre ici le restant de nos jours, loin des guerres, des Jedi et des Sith…

Ils étaient revenus dans les appartements de Calem et ce dernier remplit deux verres de vin pour lui et son hôte.
— Si j’ai bien compris votre dilemme, maintenant qu’elle est redevenue la Jedi qu’elle était, elle ne peut plus vous aimer ?
— Plus m’aimer ? J’ai la faiblesse de croire qu’elle m’aime malgré tout. Disons qu’elle ne peut pas en faire état et qu’elle doit se forcer à faire comme si elle ne m’aimait pas.
— C’est plutôt inconfortable comme situation, nota le roi en sortant sur la terrasse du séjour pour regarder le soleil disparaître derrière les monts.
— C’est le Code Jedi ! persiffla Hiivsha avec une grimace de dépit. Parfois je me demande s’il n’aurait pas mieux valu pour nous deux qu’elle n’ait jamais eu besoin de mon vaisseau !

Il vida son verre d’un trait et enchaîna.
— Vous avez eu des nouvelles de la capitale ?
— Pas la moindre. Si le problème perdure, j’enverrai du monde à Édinu pour évaluer la situation et voir ce qu’il s’y passe.


(à suivre…
prévisions d’achèvement : 40 épisodes - 550 pages - septembre 2013)


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Modifié en dernier par Hiivsha le Jeu 15 Aoû 2013 - 18:40, modifié 2 fois.
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Messagepar Notsil » Dim 04 Aoû 2013 - 22:40   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Ah, on prend du bon temps pendant que les citoyens de la capitale souffrent :p

Bon, certes, ils ne le savent pas ^^ Marrant tout le complexe tout le Temple, ça fait penser à une sorte de Centerpoint, le super laser en moins.

mais bien de guérir quelqu’un de très blessé

-> "très blessé" c'est pas très joli, je pense que tu peux trouver une formulation bien plus adéquate ;)

Plus qu'à attendre que la princesse guérisse pour aller reconquérir la capitale donc...
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Messagepar Hiivsha » Dim 04 Aoû 2013 - 23:06   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Je vais mettre "gravement" ou "sérieusement blessé" à la place du "très" qui n'est, effectivement pas "très" beau ;)

Merci de ta lecture. :jap:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Lun 05 Aoû 2013 - 22:19   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

J'ai lu. Hmmm, j'ai eu un peu de mal à te suivre, notamment sur les longues descriptions des lieux (il faut dire que j'ai un sens de l'orientation déplorable :x ), et j'ai trouvé que la narration n'était pas toujours très vivante :neutre:

Elle se retrouva dans un grand hall circulaire sur lequel donnait plusieurs portes


Donnaient, a priori :perplexe:
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Messagepar Hiivsha » Sam 10 Aoû 2013 - 21:27   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Il est sûr qu'un art-dessin serait bien mieux pour décrire le complexe parce qu'avec les mots, c'est pas toujours facile d'expliquer au lecteur ce qu'on a dans sa tête comme vision. Mais en même temps, je ne voyais pas trop comment faire sans décrire les lieux.
J'ai eu le même problème, en tant que lecteur cette fois, comme toi ici, avec "Alliance Fatale" dans la description de l'engin et des lieux à la fin du bouquin. Et quand j'arrive à me représenter les choses, je me demande in fine si c'est bien ce que l'auteur a voulu que je vois ! :x
Difficile dans ce cas de rendre vivante la narration sur un chapitre qui est à la fois une transition mais aussi un élément clé de la fin de l'histoire. :neutre:

PS : Et suite à quelques soucis j'ai pris un peu de retard dans mon roman, ça fait 15 jours que j'ai plus écrit une ligne et je n'ai pratiquement plus d'avance, ce qui fait que cette semaine je posterai pas. Faut que je m'y remette...
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Messagepar Notsil » Mer 14 Aoû 2013 - 11:02   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Courage ;)

Mais tout le monde a bien droit à quelques vacances également ^^
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Messagepar Hiivsha » Jeu 15 Aoû 2013 - 18:39   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Si je veux repartir, il faut que je poste ce que j'ai... ça va me pousser à reprendre. ;)
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30 - Retour vers la capitale


Sali sortit de son coma le surlendemain. Après trois jours et trois nuits passés à ses côtés, Isil avait réussi à éliminer toute trace du poison de son métabolisme puis, vaincue par la fatigue, ses forces complètement épuisées, cette dernière était tombée dans un sommeil profond. Calem et Hiivsha les découvrirent toutes les deux allongées sur le lit. Isil dormait dans les bras de la princesse qui leur adressa un sourire muet à leur arrivée. Ils demeurèrent un instant sur le seuil de la chambre, émus devant le spectacle étonnant des deux sosies serrés l’un contre l’autre.
Tandis que Calem s’asseyait sur le bord du lit où se tenait Sali, Hiivsha en fit de même à l’opposé pour caresser les boucles blondes de la Padawan.
— Comment te sens-tu ? demanda le roi à voix basse.

Sali cligna des yeux et son sourire s’accentua.
— Fatiguée… mais vivante. J’ai eu l’impression de baigner pendant des jours dans quelque fluide relaxant, presque magique. Où sommes-nous ?
— Au Temple d’Édin. Tu as été touchée par une fléchette empoisonnée en cherchant à me protéger.

Calem résuma rapidement la situation à la princesse qui pencha son regard vers le visage de son amie.
— Tu dis qu’elle est restée trois jours à me soigner avec sa… Force ? C’est… je ne trouve pas de mots pour le dire…

Prise d’une évidente émotion, elle posa un baiser sur le haut du front de sa guérisseuse qui ne broncha pas. Puis, avec précaution, elle se dégagea d’Isil et la reposa délicatement sur le lit à son côté.
— Je crois que le mieux c’est de la laisser dormir pour qu’elle retrouve ses forces.

Calem acquiesça et Hiivsha proposa de rester aux côtés de la Padawan en attendant son réveil.
— Bien entendu, fit le roi, faites comme vous le souhaitez. Je dois allez voir si les hommes que nous avons envoyés hier à Édinu ont donné de leurs nouvelles.
— Dans ce cas, je vais rester avec Hiivsha et Isil, fit Sali. J’aimerais être là quand elle va se réveiller pour la remercier de m’avoir sauvé la vie.

Le roi quitta la chambre. Le visage de la princesse avait repris des couleurs mais les cernes qui soulignaient ses yeux et ses joues creusées trahissaient l’épreuve qu’elle venait de traverser. Refermant ses , elle parut un instant se rendormir. Le contrebandier ne se lassait pas de les regarder toutes deux. Jamais il n’aurait pu imaginer se retrouver un jour dans la même chambre que deux Isil, du moins physiquement parlant. C’était l’une des choses les plus inattendues de toute sa vie. Durant un long moment, il joua à déceler et à comptabiliser la moindre des différences qu’il y avait entre l’une et l’autre, que ce soit l’arête du nez, le lobe des oreilles ou la commissure des lèvres. Et ses pensées se mirent à vagabonder. Que se serait-il passé si le roi avait fini par épouser la Padawan avant qu’il n’arrive ? Il s’amusa à extrapoler leur histoire jusqu’à ce que Sali ne demande.
— Vous connaissez Isil depuis longtemps ?

Hiivsha sourit.
— Quelques mois… mais j’ai l’impression que ça fait déjà des années.
— Vous voulez me raconter comment vous l’avez rencontrée ?
— Bien sûr, si ça vous fait plaisir. Elle m’a braqué pour me voler mon vaisseau…

Son sourire s’élargit à cette évocation et il se mit à raconter avec force détails ce qui s’était passé ce jour-là sur Balmorra. Au fil des minutes, l’humour et la tendresse avec laquelle il narrait leurs aventures détendirent le visage de Sali en une douce expression d’amusement. Il parla longtemps, captivant son unique auditoire avec de nombreuses précisions pittoresques dont il émailla son récit, parvenant même à la faire rire.
Lorsqu’il eut achevé son histoire, plusieurs heures s’étaient écoulées. Malgré le bruit de leurs paroles, Isil n’avait pas émergé de son sommeil léthargique. Sali se permit une remarque.
— À voir comment vous en parlez, vous devez nourrir pour elle un amour infini.

Le contrebandier haussa ses sourcils et laissa glisser un sourire sur le coin de ses lèvres.
— Et encore, infini… c’est peu je trouve.

Un petit rire embarrassé lui échappa.
— Vous devez me trouver ridicule.
— Pas du tout, s’insurgea la princesse, au contraire, je trouve cela absolument merveilleux. Elle en a de la chance !
— Mais vous avez également un homme qui vous aime. Songez qu’il a abandonné le royaume entre les mains de son frère pour rester auprès de vous et vous guérir.

Il avait à peine achevé ces mots que Sali avait porté les deux mains à sa bouche pour étouffer une exclamation.
— Mon dieu, c’est vrai ? Il a laissé le pouvoir à Taimi ?
— Oui, temporairement, pour défendre la cité, si j’ai bien tout suivi.

Sali s’était assise sur le lit l’air désemparée.
— Il ne devrait pas faire confiance à son frère, déclara-t-elle en pivotant pour se lever. Je ne lui aurais jamais fait confiance moi, si j’avais été le roi.

Elle se mit debout lentement et enfila une robe de chambre en soie blanche.
— Vous pensez qu’elle peut dormir encore longtemps ? demanda-t-elle en désignant Isil d’un geste de la tête.
— Je ne sais pas, sans doute quelques heures encore, peut-être jusqu’à demain… l’effort qu’elle a consenti pour lutter contre le poison qui avait envahi votre organisme a dû être littéralement surhumain. J’ai bien peur qu’elle n’ait épuisé toutes ses forces, au sens propre du terme. Si vous voulez, nous pouvons aller manger quelque chose… vous aussi avez bien besoin de vous requinquer.

Sali accepta d’un signe.
— Vous avez raison.


Ils regagnèrent la salle à manger où la jeune prêtresse au service du roi leur prépara un repas.
— Vous êtes un homme charmant, se laissa aller à dire la princesse les yeux pétillants. Je comprends parfaitement qu’Isil ait pu tomber amoureuse de vous aussi rapidement malgré les mises en garde de son Ordre.

Hiivsha balbutia une sorte de remerciement embarrassé en refrénant de son mieux une rougeur qui ne demandait qu’à monter à ses joues et chercha désespérément un moyen de détourner la conversation.
— Ainsi donc, vous êtes décidée à épouser le roi ?
— Maintenant… oui. J’y ai bien réfléchi tout au long de ces dernières semaines durant lesquelles Isil a été sa promise, et j’ai nettement eu le sentiment d’avoir commis une énorme erreur en accomplissant ce que j’ai fait. Je crois que si les événements étaient restés en l’état et que Calem l’avait épousée à ma place, je m’en serais voulu toute ma vie.
— C’est le défaut de la jeunesse que de comprendre ce qu’on souhaite après coup.
— Vous n’êtes pas si vieux pour parler comme ça, railla Sali.
— Non… mais j’aime bien parfois mettre en avant les dix années d’expérience supplémentaires que je compte sur vous.
Calem entra sur ces entrefaites.
— Sali, je suis si heureux de te voir debout ! s’exclama-t-il en s’approchant d’elle pour l’embrasser. J’ai passé des heures terrifiantes à l’idée de t’avoir perdue. Je t’aime tant !

Sali sourit et se leva de sa chaise pour se blottir dans les bras du jeune monarque. Ils échangèrent un long baiser passionné. Le contrebandier se racla maladroitement la gorge avant de se concentrer sur la nourriture de son assiette.
Lorsqu’ils eurent achevé leurs effusions, Calem tourna la tête vers lui.
— Pardonnez-nous, Hiivsha, de cette démonstration d’affection publique mais…

Son interlocuteur leva une main pour l’arrêter.
— Ne vous excusez pas, c’est tout à fait naturel… c’est juste que ça me fait tout drôle de voir quelqu’un identique à Isil, pour ainsi dire, entre les bras de quelqu’un d’autre… pour un peu, je serais presque jaloux.

Ils se mirent à rire tous les trois et Calem s’assit à table, son visage redevenant plus grave.
— Pas de nouvelles des hommes que nous avons envoyés à Édinu… je n’aime pas ça.
— Et pas de communications non plus, j’imagine ?
— Non plus.
— Vous ne pensez tout de même pas que quelque chose de grave ait pu se produire ?
— Je n’en sais rien. Il est impossible, si attaque il y a eu, que la ville n’ait pu résister à l’abri de ses remparts face à des sauvages armés seulement de lances d’énergie. Non… et puis je suis persuadé que Dark Zarek ne cherche pas l’affrontement direct avec moi. Il le perdrait. Il me suffirait de rameuter toutes les forces armées du royaume et même de faire appel aux autres pays pour l’écraser en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Il avait lentement fermé son poing devant lui comme s’il avait voulu broyer le cou d’un petit animal.
— Il doit y avoir une explication à ce silence, reprit-il. Comment va Isil ?
— Elle est plongée dans une sorte de léthargie et je ne sais vraiment pas quand elle va en sortir. Sans doute quelques heures ?
— Nous attendrons son réveil. Si je vous ai compris, ses talents de Jedi pourront nous être précieux si quelque chose a mal tourné à Édinu.
— C’est certain. Un Jedi est un guerrier puissant… plus puissant que tout ce que vous pouvez imaginer.
— Alors, c’est dit… nous attendrons.
*
* *

La Padawan dormit plus d’une trentaine d’heures d’un sommeil de plomb, ne respirant que très lentement. Plusieurs fois, le médecin alla l’examiner pour rassurer ses amis et à chaque fois il avait déclaré.
— Tout va bien. Le pouls est régulier quoique très lent, comme si son métabolisme voulait s’économiser pour retrouver son énergie. J’ai déjà vu des personnes capables de ralentir ainsi leurs fonctions vitales, ne vous inquiétez pas. Lorsque son corps aura récupéré du miracle qu’elle a accompli, elle se réveillera.

La prédiction du prêtre-médecin s’avéra exacte. Isil reprit conscience vers la fin de l’après-midi du cinquième jour qui avait suivi leur arrivée au Temple. Hiivsha se trouvait à côté d’elle, assis sur un fauteuil en lisant un ouvrage encyclopédique sur la planète et ses civilisations, lorsque la Padawan remua sur son lit. Aussitôt, il posa l’ouvrage sur une table basse et vint s’asseoir au bord du matelas, s’allongeant sur un coude à côté d’elle pour la contempler se réveiller avec une émotion non feinte. Du bout des doigts il souligna les courbes gracieuses de son visage, s’attirant un sourire de la part de la jeune fille qui cligna des yeux, gênée par la lumière reflétée par les murs immaculés.
— Mmm, laissa-t-elle échapper.

Il pencha son visage jusqu’au sien et déposa un baiser sur sa bouche sèche.
— Bonjour trésor, murmura-t-il à son oreille.

Elle parvint à ouvrir un œil de façon cocasse et passa plusieurs fois la langue sur ses lèvres.
— Oh là là, exprima-t-elle en portant une main sur son front, qu’est-ce qui s’est passé ?
— Je crois bien que tu as présumé de tes forces… dans la Force, répondit Hiivsha doucement. Tu t’es… comment dire… éteinte, durant plus de trente heures.
— Trente… heures ? Oh là là, répéta Isil en ouvrant l’autre œil. Comment va Sali ?
— Tu l’as sauvée, mon amour, elle va parfaitement bien et a repris ses forces.
— Tant mieux, conclut la Padawan avec une évidente lassitude. Je ne suis pas prête de recommencer ce que j’ai fait. Maître Falaha, la guérisseuse, m’avait prévenue qu’utiliser la Force pour soigner demandait un très fort investissement personnel… mais je ne m’attendais pas à un tel retour de bâton. Je n’ai rien eu de tel lorsque j’ai soigné Gigianna à la prison centrale.
— L’essentiel c’est que tu sois de retour, non ?

Isil sourit franchement.
— Oui… et que tu sois à mes côtés.
— C’est gentil ça, répondit-il ému.
— Je me suis vraiment sentie perdue dans ce désert, sur cette planète si loin de la galaxie… comment as-tu fait pour me retrouver ?

Il lui fit un rapide résumé des deux derniers mois passés à la chercher.
— Je suis désolée, conclut-elle de vous avoir donné à tous autant de tracas.
— C’est surtout à bord du Defiance que l’inquiétude a été le plus palpable, précisa Hiivsha avec une once de perfidie involontaire dans la voix lorsqu’il ajouta : l’avantage avec les Jedi, c’est qu’ils maîtrisent tellement leurs émotions que la disparition de l’un d’entre eux ne semble pas les émouvoir outre mesure.

À sa remarque pleine de sous-entendus, Isil ne put contenir une grimace.
— C’est pas très gentil de ta part ce que tu viens d’insinuer… ce n’est pas parce que nous ne montrons pas nos sentiments que nous ne ressentons rien.

Le contrebandier lui caressa la joue.
— Oui, pardon chérie, tu as raison… je ravale mes propos promptement. Allez, refais-moi ton si joli sourire pour me pardonner.

Elle s’exécuta volontiers. Ses yeux brillaient d’un éclat intense qu’il ne lui avait pas vu depuis fort longtemps.
— Est-ce que Choupy est en état de marche ? demanda-t-elle à brûle-pourpoint.
— P2-A2 travaille à le remettre en ordre pour un passage en hyperespace, mais à première vue, je dirais oui. Pourquoi, tu as déjà hâte de partir ?

Elle ne répondit pas. Il insista.
— Tu sais, peut-être que nous resterons bloqués sur cette planète et alors, on pourrait par exemple se marier, s’installer dans une petite ferme… j’ai repéré un coin idéal dans la montagne… au bord d’une rivière, près d’une forêt regorgeant de gibier et…

D’un doigt sur les lèvres elle l’interrompit un sourire sur la bouche. Mais ce sourire, Hiivsha le trouva presque triste.
— Chut, tu vas te faire mal… chéri, murmura-t-elle.

Un air de béatitude s’empara de la figure du contrebandier qui lui prit les mains dans les siennes.
— J’adore quand tu te laisses aller à ce point, mon amour !

Il était en train de l’embrasser passionnément lorsque Calem et Sali entrèrent dans la chambre. D’un air amusé, le roi se racla la gorge comme Hiivsha l’avait fait la veille. Ce dernier se redressa et se mit à rire.
— Mille pardon… nous ne vous avions pas entendu arriver.

Sali répondit.
— Ne vous excusez pas non plus, capitaine, c’est nous qui arrivons de façon un peu inopportune… si vous voulez nous pouvons repasser, ajouta-t-elle avec une once de perfidie amusée.
— Non, non… protesta Isil au grand dam de son compagnon, je crois que pour le moment, nous nous sommes dit ce que nous devions nous dire.

Comme elle se redressait sur le lit, Hiivsha se leva puis lui tendit la main pour l’aider à se mettre debout. Isil jeta un coup d’œil sur ses sous-vêtements.
— Pardonnez ma tenue… lorsque je me assise sur ce matelas, j’étais comme qui dirait… quelque peu humide…

Sali se mit à rire et alla quérir une robe de chambre qu’elle lui tendit afin qu’elle se vêtisse plus décemment.
— Pour ma part, plaisanta le roi, et sans vouloir offenser notre nouvel ami, je t’ai vue en maillot de bain… pas plus ! ajouta-t-il aussitôt en levant la main en direction du contrebandier.

Ce dernier inclina poliment la tête en tordant sa bouche.
— Pour ma part, je passerai donc discrètement sur les tenues dans lesquelles j’ai pu voir Isil.

À son tour, celle-ci inclina son front.
— Et je te remercie de cette discrétion... chéri !

Elle appuya sur ce dernier mot ce qui fit sourire ses compagnons.
— Comment te sens-tu ? demanda Calem avec une évidente once de tendresse dans la voix. Tu as encore une petite mine.
— Ça va aller… je pense qu’une fois que je me serai nourrie, j’aurai retrouvé mes forces… j’avalerais bien un grand verre de lait.
— Alors suis-moi, je vais donner des ordres pour que tu aies tout cela ! D’ailleurs je propose que nous dinions tôt afin de pouvoir partir vers Édinu le plus rapidement possible, si tu se sens d’attaque.


Alors qu’ils finissaient de manger, Calem fut soudainement rattrapé par une idée et se frappa le front d’une main.
— Oh par Édin, j’allais oublier l’essentiel !

Ses compagnons ouvrant de grands yeux le virent disparaître d’un pas précipité avant de revenir quelques minutes plus tard, portant dans ses mains un petit sac.
— C’est Namina qui m’a donné ça pour Isil avant de quitter Édinu, s’exclama-t-il.
— Pour moi ? interrogea la Padawan en se levant de sa chaise.
— Oui.

Sali poussa à son tour une exclamation.
— Ah oui ! J’avais oublié ! Ce sont les affaires que tu portais sur toi lorsqu’on t’a découverte au bord de la rivière, aux portes du désert. Je les avais confiées à Namina à tout hasard.

Isil ouvrit le sac qu’on lui tendait.
— Je n’osais pas espérer les retrouver, commenta-t-elle en sortant une tunique blanche, une bure brune, une ceinture et une paire de bottes montantes qu’elle déposa sur sa chaise.

Elle sortit ensuite entre deux doigts une petite tresse formée par des cheveux blonds.
— Ça alors, s’exclama-t-elle en lançant un regard interloqué vers Sali, ma tresse de Padawan.

La princesse baissa les yeux, embarrassée.
— Il fallait que je refasse ta coiffure pour que tu me ressembles parfaitement. J’ai… je me suis demandée pourquoi tu portais une telle tresse, mais il m’a paru évident qu’elle devait signifier quelque chose de bien précis et j’ai supposé que tu devais y tenir… alors, sans trop savoir pourquoi, je l’ai conservée avec le reste. J’espère que tu me pardonnes de l’avoir coupée ?

La Jedi sourit avec indulgence.
— Oui, oui, bien entendu… C’est la tresse qu’un apprenti porte avant d’être nommé chevalier, elle symbolise le lien d’attachement avec l’Ordre et son Maître. C’est… c’est original de l’avoir gardée mais je pense que je peux m’en séparer sans problème.

Elle la posa sur la table, puis elle extirpa du sac un dernier objet qu’elle tint entre ses mains comme on tient un objet de culte.
— Mon sabre de Padawan, murmura-t-elle avec émotion.

Appuyant sur le bouton, elle en fit jaillir la lame verte qui grésilla dans l’air de la pièce accompagnée d’un « oh » de surprise de Sali et du roi.
— C’est une arme étonnante, reconnut ce dernier, comme celle de Dark Zarek, sauf que la tienne est verte.
— C’est un sabre laser, expliqua Isil, sa couleur est dépendante des cristaux qui le composent.
— Un sabre ? L’arme noble des chevaliers, s’exclama Calem en décrochant une des épées qui ornait l’un des murs de la pièce.

Il s’avança vers la Padawan et fouetta l’air en direction de la lame verte.
— Non ! s’écria Isil.

Mais à sa grande surprise, l’arme du roi résista au sabre et elle ressentit le choc entre les deux lames. Hiivsha ne put contenir lui non plus son étonnement.
— Ça par exemple ! Votre métal est à l’épreuve d’un sabre Jedi ? Étonnant !
— En effet, répondit Isil, en parant aisément quelques coups d’exercice qu’effectua le jeune monarque tout sourire. Je ne connais que peu d’équivalence dans la galaxie. En quoi est faite cette épée, Calem ?

Ce dernier haussa les épaules.
— Ça s’appelle du drix, si ça peut te dire quelque chose.

Isil imita le roi et répondit.
— Non, ça ne me dit rien… peut-être une sorte de phrik ou de fer mandalorien ? ajouta-t-elle en s’approchant pour tâter la lame de l’arme après avoir éteint son propre sabre. Cette planète ne cesse d’être étonnante.


Ils firent les préparatifs du départ. Isil avait retrouvé l’apparence d’un Jedi que le contrebandier connaissait si bien.
— Ainsi, c’est comme ça que s’habillent ceux de votre Ordre ? demanda Calem.
— En principe, mais il n’y a pas vraiment de véritable uniforme, nuança Isil. Chaque Jedi est libre de se vêtir comme il l’entend. Disons simplement que la tunique et la bure sont plus traditionnellement portées au sein de l’Ordre. Mais certains préfèrent les armures et d’autres des tenues plus… légères.
— Je confirme, j’ai pu croiser une chevalier Jedi twi’lek dans une tenue plutôt… légère comme tu dis si bien, commenta Hiivsha avec un grand sourire. Au Temple même de Tython.

Les corinals étaient prêts et chacun enfourcha sa monture. Emon’Ho leur adressa une prière dans la langue inconnue et ils reprirent le chemin de la plaine puis de la jungle, escortés par six gardes blancs.
Ils faisait nuit lorsqu’il arrivèrent au col d’où on pouvait admirer l’ensemble de la vallée d’Édin. Enfin, il sortirent du bouclier holographique et reprirent le défilé qui menait vers la prairie encaissée où attendaient leurs dragonnaux. Comme Isil s’était arrêtée un instant, ses compagnons en firent de même.
— Quelque chose qui ne va pas ? demanda le roi qui avait remarqué le visage inquiet de la jeune fille.

Celle-ci tendait l’oreille et regardait alentour, le nez au vent comme un animal cherchant à repérer l’odeur du chasseur.
— Je ne sais pas, avoua-t-elle, j’ai perçu quelque chose dans la Force mais je serais bien en peine de pouvoir préciser quoi.
— Redoublons de prudence alors, conclut Calem qui fit signe aux gardes de se tenir sur le qui-vive.

C’est sabre au clair qu’ils sortirent du défilé. Les hommes restés de garde se levèrent en les entendant arriver.
— Tout va bien ? demanda celui qui devait être le chef de l’escorte.
— Oui, commandant, rien à signaler, répondit l’un des hommes cependant que chacun descendait de sa monture.
— Vous n’avez pas vu Qual et Sxu revenir d’Édinu ?
— Non, rien depuis qu’ils sont partis, commandant.

L’officier fit un geste en direction du roi qui répondit.
— Nous en aurons bientôt le cœur net.
— Soyez prudents, Sire, souvenez-vous que si on soupçonne un terrain d’être miné, il faut l’aborder avec précaution.
— C’est ce que je compte faire, répondit Calem en montant sur son dragonnal. Nous n’irons pas à Édinu directement, mais nous nous poserons à l’abri du bois aux Esprits. J’avais dit à Jarval que si quelque chose se passait, il devrait y envoyer un homme sûr chaque soir entre minuit et une heure aussi longtemps que je ne serais pas rentré.
— Sage précaution, Votre Majesté, vous avez fait preuve d’une grande prudence. Par ailleurs, la météo n’est toujours pas bonne sur la capitale selon nos prévisionnistes. Le temps y est toujours à l’orage.
— C’est noté… et peut-être au propre comme au figuré… merci Haul

Le roi sourit au commandant qui le salua alors que Sali prenait place derrière lui. Puis après s’être assuré que Isil et Hiivsha étaient correctement installés sur Kro’Moo, il adressa un geste aux gardes dont les silhouettes blanches resplendissaient à la lueur de la lune avant de lancer sa monture à l’assaut du ciel étoilé.


Au fur et à mesure qu’ils descendaient vers le sud, il se rapprochèrent d’une vaste barre nuageuse opaque qui ne présageait rien de bon.
— Le commandant Haul a dit vrai, commenta Calem dans son micro, la tempête n’a pas l’air de s’être calmée sur la capitale.
— Ça peut avoir du bon selon les circonstances, répondit Isil d’une voix neutre. Ainsi nous pourrons nous en approcher sans être vus si besoin.
— Je te trouve un peu pessimiste, non ? railla Hiivsha qui au fond savait que la Padawan pouvait avoir un don de préscience étonnant.
— Je sens dans la Force que quelque chose ne tourne pas rond. Plus nous approchons d’Édinu et plus je la sens qui s’agite.
— Étonnant, commenta Sali, les Jedi peuvent sentir les choses de loin ? Voir l’avenir aussi peut-être ?
— C’est possible, selon la sensibilité du sujet, expliqua la Padawan. Quant à l’avenir, nous avons de grands voyants au sein de l’Ordre. Mais un simple chevalier peut lui aussi avoir des visions des choses non encore passées. C’est toutefois souvent difficile à analyser… et comme me le disait mon Maître, l’avenir est toujours en mouvement, ce n’est pas parce qu’on voit une chose qui doit arriver qu’il est impossible de l’éviter et ainsi de changer cet avenir. En tout cas, une chose est certaine, je sens un danger qui nous guette. Je préconise d’être le plus discret possible en arrivant.
— On fera comme tu le sens, Isil, tu as toute ma confiance, conclut Calem en entamant une descente. On va voler bas pour éviter les systèmes de détection.

Les premiers effets de la tempête se firent ressentir sous la forme de bourrasques qui perturbèrent le vol jusque là rectiligne et souple des dragonnaux. Ceux-ci descendirent au ras de la forêt qui fit bientôt place à la plaine nord d’Édinu. Lorsque à l’horizon, la ville fut en vue, Calem s’empara des jumelles que contenait le coffre de voyage pour examiner les lieux.
— C’est étrange, on dirait que la ville est plongée dans le noir presqu’intégralement. Ce n’est pas son allure habituelle. Je distingue également au sud de la cité de nombreux feux.
— Des campements ? proposa Isil avec perspicacité.
— C’est possible.
— Se pourrait-il que l’armée de Zarek se soit installée pour bivouaquer ? demanda Sali.
— Je ne sais pas, répondit le roi, nous sommes trop loin pour nous en rendre compte. On va obliquer vers la droite pour gagner le bois aux Esprits.

La partie nord-est de la banlieue était la moins peuplée avec ses vignes et ses forêts qui constituaient une destination de choix pour les promenades des habitants de la capitale, en rivalité avec la côte sablonneuse qui se trouvait non loin à l’est le long du golfe d’Édinu. Ils se rapprochèrent d’une masse sombre et étendue, derrière laquelle on devinait l’ombre des hauts remparts de la ville. En silence, les animaux se dirigèrent vers une petite prairie qui se dégageait au centre du vaste bois. Le vent était plutôt violent, irrégulier, ce qui ne semblait pas troubler les sauriens volants outre mesure.
— Pourquoi cet endroit se nomme-t-il le bois aux Esprits ? demanda Hiivsha avec curiosité.
— À cause des feux follets qu’on peut observer près de certains étangs, répondit la voix chaude de Sali. C’est très surréaliste.
— Des feux follets, vraiment ? Vous voulez dire, des esprits ?

Il entendit un petit rire étouffé dans ses écouteurs.
— Non, capitaine, railla la princesse, il s’agit d’émanation de gaz de décomposition végétale ou animale, sans doute mélangés à un dérivé de phosphore et qui s’enflamme spontanément à l’air libre. Mais si vous voulez croire que ce sont réellement des esprits ou des lutins, libre à vous.

Les deux dragonnaux se posèrent discrètement sur l’herbe rase et se dirigèrent immédiatement à l’abri des grands arbres qui leur offraient la protection d’une épaisse obscurité. La lueur des éclairs provoquait de brefs flashs qui donnaient aux lieux un aspect lugubre. Des grondements sourds se succédaient rapidement.
— Ne les attachons pas, dit le roi, on ne sait jamais, ils pourraient avoir besoin de se protéger d’un éventuel danger… faute de pouvoir les faire garder.
— Ne vont-ils pas s’échapper ? s’inquiéta Hiivsha.
— Le dragonnal est un animal très intelligent qui s’attache à son maître comme vous pouvez le constater en regardant Kro’Moo et Isil.

En effet ce dernier était en train de lécher copieusement les mains et le visage de la Padawan en ronronnant de plaisir.
— Beurk, ne put s’empêcher d’exprimer le contrebandier avec un sourire amusé.
— S’il y a danger, il s’envolera ou se défendra. Mais s’il s’envole, il n’ira pas très loin et restera dans les parages prêt à revenir si son maître l’appelle. Il en sera de même pour Galinthorn… le mien.
— Braves bêtes, ironisa Hiivsha en jetant un regard méfiant à celui du roi.
— C’est comme pour tous les animaux, capitaine, dit Sali, il faut apprendre à les connaître et à leur faire confiance.
— Je vous crois sur parole. N’empêche que s’il lui prenait l’envie de mordre, c’est avec tout le bras qu’il repartirait pour déguster son festin.
— Je vous assure que cela n’arrivera pas ! conclut la princesse avec force conviction.

Ils laissèrent Kro’Moo et Galinthorn qui les regardèrent s’éloigner en laissant échapper deux ou trois glapissements, et s’enfoncèrent dans l’épaisseur de la végétation. Dans les sous-bois, le vent ne soufflait pratiquement plus, et hormis le bruissement irrégulier du faîte des grands arbres et le grondement intermittent du tonnerre, les alentours restaient silencieux.
— Ce silence est bien pesant, commenta Calem à voix basse.

La Padawan surenchérit.
— Je sens la Force vibrer, comme pour nous avertir d’un danger.
— Restons sur nos gardes alors, répondit le contrebandier en sortant le blaster de son holter cependant que Calem en faisait de même avec son pistolet à énergie.

Ils progressèrent en ligne droite en évitant les chemins les plus dégagés, à travers les arbres et les buissons, vers une destination que seul Calem connaissait. Après quinze minutes de marche, les arbres s’éclaircirent et ils parvinrent devant une haute enceinte de pierres de taille, coupée par une étroite grille en fer forgé. À côté de celle-ci, encastré dans le mur, se trouvait une plaque sur laquelle le roi posa la main avant d’esquisser un invisible dessin sur sa surface. La grille s’entrouvrit en silence et ils s’engouffrèrent à la queue leu leu par l’ouverture qui se referma derrière eux. Les buissons furent remplacés par de petites haies soigneusement taillées, la prairie par des pelouses entrecoupées de massifs de fleurs.
— Joli petit parc, souffla Isil qui investissait la Force à intervalles réguliers pour tenter de déceler un danger potentiel.
— Nous arrivons au Hameau de la princesse Kalikalie, commenta le roi en désignant de l’index un ensemble de petits bâtiments à arcades, d’un étage maximum, qui composaient un carré presque fermé. Il a été construit il y a plusieurs siècles par le roi Han II pour son unique fille qu’il couvait tendrement. Il fait partie du domaine royal mais n’est pas habité… sauf quand le roi et la reine veulent échapper quelques heures au protocole quelque peu asservissant du Palais.

Sali qui s’était rapprochée de Calem lui prit la main.
— Il me tarde déjà que tu m’y emmènes.
— Il me tarde aussi de t’y emme…

Il s’interrompit avant de jeter un coup d’œil embarrassé vers Isil, mais celle-ci leur adressa un petit geste amical.
— C’est bon, les amoureux, ça va… pour ma part, j’ai tourné la page… même si je garde de bons souvenirs de ce que j’ai été.

Ils arrivaient par l’arrière du hameau et longèrent un corral vide, avant de s’approcher discrètement des bâtiments proprement dit. Le carré formé par l’ensemble était coupé par un passage couvert, à colonnades, qui donnait accès à une cour intérieure entourée d’un péristyle. Au centre de celle-ci dormait une piscine ceinte d’une terrasse claire, elle-même bordée de fleurs et d’une étroite bande de pelouse.
— C’est ravissant, laissa échapper Sali.
— Absolument charmant, renchérit la Padawan. Tout pour couler des jours heureux loin des tracas du quotidien.
— Il n’y a personne pour garder cet endroit ? s’inquiéta Hiivsha.

La maison des gardiens se trouve à l’opposé, au niveau de l’entrée principale du hameau, au bout d’une longue allée d’honneur. Mais le système d’alarme est très sophistiqué et permet à celui qui porte ça — il montra le bracelet qu’il avait autour de son poignet gauche — de pouvoir se déplacer à l’intérieur du hameau en toute discrétion sans que sa présence ne soit signalée… pas même au gardien. Il en va de même pour toute personne restant près de moi. Aussi je vous demanderai de ne pas vous éparpiller dans la maison. Au besoin, il y a d’autres bracelets à l’intérieur que je pourrai vous distribuer.
Ils longèrent l’un des côtés du péristyle pour passer de l’autre côté de la cour et de nouveau, Calem posa sa main sur une plaque pour activer l’ouverture d’une porte-fenêtre donnant dans le bâtiment principal. Le roi regarda son bracelet.
— Il est minuit et quart. Si tout va bien à Édinu, nous ne trouverons âme qui vive ici et nous pourrons regagner le Palais, et…
— Chut, le coupa Isil, je sens une présence dans l’autre pièce… par là, ajouta-t-elle en montrant une porte fermée.

Elle extirpa le sabre laser de sa ceinture mais ne l’alluma pas. Calem lui fit signe qu’il allait passer le premier. Son arme toujours en main, il tourna lentement la poignée de la porte qu’il entrouvrit tout doucement en retenant sa respiration. Risquant une tête, il scruta l’obscurité d’un grand salon pour tenter d’y discerner ce que la Jedi avait senti. Il ne vit cependant rien et fit signe aux autres d’entrer sans faire de bruit. Soudain, de derrière un fauteuil, une ombre se leva et se retourna vers eux en braquant le faisceau d’une puissante lampe de poche. À la lueur de cette dernière, il aperçurent l’arme que l’individu braquait sur eux. Sans attendre, Isil fit un bref geste de la main, et le pistolet s’arracha des mains de l’homme pour s’envoler à travers la pièce tandis que la lampe rejoignait d’un bond la main gauche de la Padawan qui la dirigea à son tour sur l’inconnu.
Calem s’écria.
— Rigo !
— Sire, s’exclama à son tour ce dernier, vous voilà ! Vous avez eu la bonne idée de venir ici avant de vous rendre au Palais !

Ils s‘avancèrent l’un vers l’autre. Le visage du lieutenant portait des traces de coups et une légère blessure sur la pommette.
— Que vous est-il arrivé, vous êtes blessé ? Mais que faites-vous dans ce déguisement ?

Le lieutenant portait en effet sur son uniforme un ample vêtement civil fatigué et sale, descendant jusqu’aux pieds.
— Rien de grave, Sire, les alentours de la cité ne sont plus sûrs, ajouta-t-il avec un rire nerveux. Quant à ma tenue… je vais vous expliquer. Mais je suis heureux de vous revoir sains et saufs.
— Sains et saufs ? Que voulez-vous dire ? Si je suis venu ici, comme entendu avec Jarval, c’est que le Temple est coupé du reste du monde et que les éclaireurs que nous avons envoyés à Édinu ne sont pas revenus. Expliquez-vous, Rigo !
— D’accord. Je vous propose de vous asseoir et je vais essayer de vous résumer la situation.

Chacun s’installa dans les fauteuils du salon. L’officier de la Garde reprit.
— La ville est tombée aux mains des hommes-serpents !


(à suivre…
prévisions d’achèvement : 40 épisodes - 550 pages - septembre 2013)


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Modifié en dernier par Hiivsha le Dim 25 Aoû 2013 - 11:38, modifié 2 fois.
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Messagepar Notsil » Jeu 15 Aoû 2013 - 21:33   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Ah, mais tu nous laisses sur un suspens insoutenable ^^

J'ai repéré 2 trucs :

Refermant ses , elle parut un instant se rendormir.

-> a priori manque le mot "paupières" ou équivalent ^^

Sali s’était assise sur le lit l’air désemparée.

-> j'aurais bien vu une virgule après le lit ^^

En tout cas, une petite scène très intimiste et sympathique :) J'ai beaucoup aimé ^^
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 17 Aoû 2013 - 16:46   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Wai. Ben je n'ai pas trop aimé ce chapitre, moi, en grande partie parce que l'usage récurrent de la narration à la place des dialogues, je trouve ça terne... Et puis, les dialogues en question étaient quand même souvent prévisibles -même si je note un retour en force de l'humour tout à fait bienvenu^^

Par contre, le récit de Rigo devrait être intéressant^^

Tandis que Calem s’asseyait sur le bord du lit où se tenait Sali, Hiivsha en fit de même


Il est vraiment indispensable, le "en" ? :?

Je dois allez voir


*se racle la gorge*

Refermant ses ,


Ah oui, ses ...

Il parla longtemps, captivant son unique auditoire avec de nombreuses précisions pittoresques dont il émailla son récit, parvenant même à la faire rire.


D'abord, je trouve que "unique auditoire" est facteur de confusion, puisqu'un auditoire désigne un ensemble de personnes, contrairement à une auditrice, je dirais même qu'on peut difficilement avoir plusieurs auditoires en même temps, les gens qui écoutent une même personne forment un tout. Ensuite, on vient d'avoir un "avec" utilisé de façon très similaire, je me demande même si on ne pourrait pas le supprimer ici.

— Pardonnez ma tenue… lorsque je me assise sur ce matelas, j’étais comme qui dirait… quelque peu humide…


Ah ben revoilà tes niaiseries salaces, ça faisait longtemps, depuis que Isil a été mise hors-jeu, en fait :lol:

— Non, ça ne me dit rien… peut-être une sorte de phrik ou de fer mandalorien ?


Cette tentative de séduire le public revanite est honteuse :diable:

— En principe, mais il n’y a pas vraiment de véritable uniforme,


"Vraiment" et "véritable" dans la même phrase, je trouve ça moyen :neutre:

— Je confirme, j’ai pu croiser une chevalier Jedi twi’lek dans une tenue plutôt… légère comme tu dis si bien, commenta Hiivsha avec un grand sourire. Au Temple même de Tython.


J'adore comme sa tentative de rendre Sisil jalouse bide :diable:

— C’est noté… et peut-être au propre comme au figuré… merci Haul


Manque un point.

non encore passées


C'est moi ou c'est moche ? :perplexe: À venir, non advenues...

La partie nord-est de la banlieue était la moins peuplée avec ses vignes et ses forêts qui constituaient une destination de choix pour les promenades des habitants de la capitale, en rivalité avec la côte sablonneuse


Double "avec". Concurremment à la côté sablonneuse ?

cependant que Calem en faisait de même avec son pistolet à énergie.


Même remarque que précédemment :neutre:

La maison des gardiens se trouve à l’opposé, au niveau de l’entrée principale du hameau, au bout d’une longue allée d’honneur. Mais le système d’alarme est très sophistiqué et permet à celui qui porte ça — il montra le bracelet qu’il avait autour de son poignet gauche — de pouvoir se déplacer à l’intérieur du hameau en toute discrétion sans que sa présence ne soit signalée… pas même au gardien. Il en va de même pour toute personne restant près de moi. Aussi je vous demanderai de ne pas vous éparpiller dans la maison. Au besoin, il y a d’autres bracelets à l’intérieur que je pourrai vous distribuer.


Manque le tiret.
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Messagepar Hiivsha » Dim 18 Aoû 2013 - 17:00   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Vous en avez raté de belles ! :lol:

"Ils faisait nuit lorsqu’il arrivèrent"

"Enfin, il sortirent du bouclier"

"afin qu’elle se vêtisse plus décemment"

J'en suis d'ailleurs tout honteux !!! :shock:

Sinon, merci de vos remarques, en espérant que le suivant plaise plus à Mitth... mais j'ai comme un doute. En fait je vois pas trop "l'usage récurrent de la narration à la place des dialogues". Peut-être que j'ai inconsciemment envie d'accélérer le mouvement ? Faudrait voir à quel niveau tu as eu cette "sensation". :wink:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 18 Aoû 2013 - 17:38   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Principalement lorsque les personnages se racontent des évènements passés, voir les dialogues les rendrait plus vivants, permettrait de les voir autrement ; on a déjà eu une conversation voisine, je sais que tu préfères ne pas trop développer, mais je ressens moins la longueur sur un passage développé pour être intéressant, même s'il est en marge de l'histoire, que sur un passage court mais qui finalement nous apprend peu de choses -je caricature, bien sûr.
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Messagepar Notsil » Dim 18 Aoû 2013 - 18:09   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Pour ma part j'avoue que je suis + sensible à la narration qu'aux dialogues dans un roman ;)
Enfin, y'a un équilibre à trouver entre les deux ^^ Et le personnage qui parle des heures et des heures pour raconter un évènement, c'est + un monologue qu'un dialogue, et donc du coup, je préfère souvent ces "rapports" en mode narration.

M'enfin, ça reste des préférences personnelles de lecture, on a chacun une sensibilité différente ^^
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Messagepar Hiivsha » Dim 25 Aoû 2013 - 11:36   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Bon voilà, pour employer une expression un tantinet triviale, "je suis à poil" et j'ai posté mon dernier chapitre entier. La suite dépendra donc de ma célérité à écrire et de mon envie... je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours eu du mal en approchant de la fin de mes romans... un syndrome particulier ? :whistle:
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31 - Compte-rendu


La nouvelle fit l’effet d’une bombe dans le salon, les uns et les autres se regardèrent malgré l’obscurité.
— C’est impossible, se récria Calem une onde de panique dans la voix, comment cela a-t-il pu arriver ?

Le lieutenant secoua la tête et continua d’une voix étranglée d’émotion.
— Je vais vous le faire en version courte, Sire. C’est votre frère… il a déclaré Édinu « ville ouverte ».
— Quoi ?

Le roi s’était levé sous l’effet de la colère, les poings serrés.
— Qu’est-ce que vous dites ? Taimi ? C’est… c’est inconcevable… pourquoi ?

Le ton désemparé du souverain était plus qu'éloquent. Le militaire toussa pour éclaircir sa gorge enserrée et reprit.
— Le surlendemain de votre départ, l’armée de Zarek est arrivée au sud de la cité qui avait été placée en état de siège. Et puis, le prince a décidé que le Royaume devait s’allier avec ce Dark Zarek… ou sinon, quelqu’un l’a convaincu de prendre cette décision.
— Qui ?
— La duchesse de Tamburu… du moins c’est ce que le capitaine Hor’Gardi a eu le temps de m’expliquer juste avant qu’il ne soit arrêté.
— Jarval a été arrêté ? Précisez, Rigo, précisez…
— Oui, Sire, répondit l’officier qui s’efforçait tant bien que mal de mettre de l’ordre dans ses idées, mais laissez-moi le temps d’essayer de vous expliquer l’inexplicable.

Visiblement le lieutenant souffrait de ne pas pouvoir faire partager à ses visiteurs l’intégralité des derniers jours passés, si riches en rebondissements, autrement qu’en un rapide résumé lourd de concision. Il aurait souhaité avoir devant lui les heures nécessaires pour leur en narrer les contours avec précision, mais le temps pressait. Il prit une longue inspiration avant de continuer.
— Lorsque l’armée des hommes-serpents a été en vue des remparts, la population des faubourgs s’est repliée intra-muros selon le plan prévu et la garnison a été déployée sur les murs. Jusque là tout allait bien. Et puis, je ne sais pas ce qui s’est passé au niveau « politique », mais dans la nuit, le général Pardo est intervenu avec plusieurs compagnies du premier Régiment Royal… les « Dragons Noirs » comme ils se plaisent à se nommer eux-mêmes…
— Oui, je sais, les officiers supérieurs de ce régiment sont des fidèles de Pardo… ils le suivraient jusqu’au fond des abysses s’il le leur demandait. Continuez…
— Les soldats ont arrêté armes à la main tous les Gardes Royaux ainsi que leurs officiers. Les hommes ont été conduits à la prison centrale et les officiers enfermés dans les geôles du Palais.
— Et Jarval ?
— Arrêté lui-aussi… j’étais avec lui lorsque une douzaine de soldats ont fait irruption dans son bureau. Il tentait de m’expliquer comment la situation était en train de lui échapper. Il a alors sorti son sabre et m’a ordonné de filer. J’ai sauté par la fenêtre et me suis enfui par les jardins à la faveur de la nuit. J’ai réussi à sortir de la Cité Royale par le passage de la crypte de la lune que les soldats ne connaissent pas. Par chance, juste avant que cela n’arrive, le capitaine m’avait demandé de venir ici chaque nuit de minuit à une heure si les événements dérapaient pour de bon… afin de vous intercepter. Il m’a remis à cette fin un bracelet pour m’introduire ici discrètement.
— Qu’est-il arrivé à Jarval ?
— J’y arrive. J’ai un contact qui me renseigne sur l’évolution des choses en ville. C’est en revenant de chez lui que je me suis quelque peu heurté à une patrouille de reptiles sur pattes…

Il rit plus franchement quoique toujours nerveusement en montrant les traces de coups que portait son visage. On sentait qu’il prenait beaucoup sur lui pour faire un compte-rendu le plus clair possible.
— … et j’ai gagné, continua-t-il, hormis quelques bleus…
— Qui est votre contact ?
— Le chef de cabinet du gouverneur Gaudru, qui vous est resté fidèle et ne croit pas un instant que vous ayez manqué à votre devoir. Voici ce que j’ai compris de la situation : ce soir-là, le prince a convoqué le Conseil en urgence et le général Pardo a fait venir une compagnie des Dragons Noirs pour en assurer la protection. Le capitaine Hor’Gardi a protesté parce que la Garde Royale avait été consignée dans ses quartiers, mais rien n’y a fait. Le prince a déclaré avoir décidé de s’allier avec Dark Zarek. Selon le capitaine c’est la duchesse qui l’a convaincu de le faire. Elle était présente à ce conseil au même titre que les ministres, le gouverneur et le maire. Le prince a soutenu que vous vous étiez enfui pour vous protéger lâchement en lui laissant les pleins pouvoirs et que, selon ses informations, vous aviez eu un accident qui avait sans doute causé votre mort. Il a annoncé que la capitale serait déclarée « ville ouverte », que la garnison devait remettre toutes les armes dans les armureries des différentes casernes sous la garde de leurs officiers supérieurs et demeurer dans ses quartiers jusqu’à nouvel ordre. Il a ajouté que la police devrait collaborer pour faire respecter le couvre-feu avec les unités de la Citadelle du Désert de Sang qui seraient désignées pour occuper la cité. Le restant de l’armée des hommes-serpents bivouaquerait dans les plaines au sud de la capitale en attendant une rencontre entre lui et Dark Zarek. Le général Pardo a approuvé. Orn Mitra s’y est violemment opposé et en est pratiquement venu aux mains avec votre frère. C’est alors que la duchesse a sorti une arme, semblable à celle que nous avons déjà vue entre les mains de ce Sith, et d’un seul coup a transpercé le ministre. Il est mort sur le coup. Madame le gouverneur s’est également insurgée mais alors qu’elle essayait de faire entendre raison au prince, elle a été saisie d’un étouffement que le capitaine suppose avoir été provoqué par la duchesse qui se tenait à distance, une main tendue vers elle. Finalement, elle a pratiquement perdu connaissance avant d’être arrêtée pour haute trahison. Les autres ministres ont eu peur et n’ont rien dit. Le capitaine Jarval a également tenté de s’opposer à votre frère mais en vain. Le prince l’a démis de ses fonctions de Commandant de la Garde Royale qui le plaçaient au même rang que le général Pardo. Il a alors préféré retourner dans son bureau et m’a fait appeler pour m’expliquer la situation. Il comptait rassembler la Garde Royale au grand complet, malgré les ordres, pour renverser le prince. Mais il semble que ce dernier et le général aient prévu leur coup depuis plus longtemps car les Dragons Noirs étaient prêts à intervenir. Nous n’avons pas eu le temps de sonner le rappel des troupes que ces derniers étaient déjà là et arrêtaient tous les Gardes Royaux, y compris ceux qui se trouvaient en repos chez eux. Enfin, depuis hier, le Palais aurait été placé intégralement sous la protection des hommes-serpents d’après ce qu’on m’a dit.

Calem secouait la tête dans tous les sens.
— Quel bordel, lâcha-t-il avec une colère rentrée. Mais qu’est-ce qui a pris à Taimi de faire une chose pareille, et qui est cette duchesse Dolmie pour avoir réussi à convaincre mon frère de se lancer dans une pareille aventure ? Pourquoi a-t-elle la même arme que ce Zarek, est-elle une autre Sith ?
— Ou son apprentie, proposa Isil dans le court silence qui avait suivi.
— Que veux-tu dire ?
— Que souvent les Sith vont par deux : le Maître et son Apprenti. Il se pourrait fort bien que Zarek ne se soit pas crashé tout seul sur cette planète.
— Tu veux dire que Dolmie est vraiment une Sith ? intervint Sali d’une voix blanche.
— C’est certain, et je dois ajouter que ça explique beaucoup de choses… non seulement ce qui s’est passé aux ruines du temple de la vallée des Mille Eaux, mais également l’influence voire l’ascendant qu’elle a put prendre sur Taimi. Si elle se sert du côté obscur de la Force, son pouvoir peut être grand.
— Du côté obscur… de ? balbutia le roi.
— Je t’expliquerai une autre fois, Calem, mais laissons le lieutenant Rigo achever son rapport.

Ce dernier reprit.
— Je sais que toutes les communications avec le reste du monde ont été interrompues pour le moment. J’ai également appris que deux envoyés du Temple avaient été récemment exécutés pour espionnage et il y a de grandes chances que si vous vous étiez posés au Palais, comme votre frère le pensait, vous auriez tous été immédiatement exécutés.
— Exécutés ? s’exclama Calem.

Rigo opina du chef pour confirmer.
— Et dans la plus grande discrétion… sans aucun doute… histoire d’acréditer la thèse de votre mort. Bref, le prince a fait savoir à la population qu’il avait pris les pleins pouvoirs et toute personne qui tente de s’opposer à lui est immédiatement arrêtée… ou pire. Ainsi, Proo Rabo’Par a lui aussi été incarcéré ainsi que Hasgroth. En gros, toutes les personnalités et officiers qui ont montré de la réticence à ce changement de régime sont actuellement morts ou derrière les barreaux, au Palais ou à la prison centrale. Il paraît même qu’on a enfermé des milliers d’opposants à l’intérieur du stade royal sous la garde des Dragons Noirs.
— Et Gil ? demanda soudain Sali.
— Je ne sais pas, répondit Rigo avec un geste d’impuissance, personnellement, je ne l’ai pas vu depuis plusieurs jours.

Lorsqu’il se tut, le silence retomba dans le salon. On entendait la respiration sourde du roi qui devait maintenant assimiler au plus vite le flot d’informations, toutes plus inattendues les unes que les autres.
— Qu’est-ce que nous pouvons faire ? demanda Rigo après une longue hésitation. Ne faudrait-il pas aller chercher de l’aide à l’extérieur ?
— Et risquer une guerre civile ? Faire d’Édinu un champ de bataille ? protesta énergiquement le jeune monarque. Je ne saurais m’y résigner.

Un nouveau silence s’ensuivit, cette fois rompu par Isil.
— Nous allons reprendre la ville par nous-mêmes.

Hiivsha murmura en tendant le bras pour poser sa main sur celle de la Padawan.
— J’adore quand tu dis des trucs comme ça, trésor.
— Reprendre la ville ? Je sais bien que tu es un Jedi, un combattant, mais nous ne sommes que cinq, objecta Calem.
— Quatre, corrigea la jeune fille. Il faut que Sali s’en aille chercher des renforts pour nous appuyer lorsque nous aurons repris la ville. Ensuite, nous irons porter le fer au cœur de la forteresse du Désert de Sang.
— Mais comment veux-tu que nous réalisions ce tour de force ?
— Nous avons un atout maître dans notre jeu.
— Oui, je sais, toi. Mais tu ne penses pas toute seule pouvoir…
— Non, Calem, je ne parle pas de moi mais de toi. Tu es le roi. Tout le plan de Taimi et de Dolmie se base sur le fait que tu n’es plus ici. À défaut, nombre d’officiers, les soldats eux-mêmes, ont suivi les ordres du prince et du plus gradé d’entre eux. C’est à toi qu’il appartient de renverser la situation. La troupe doit obéir au roi ; il faut donc que le roi aille parler à la troupe. Mais d’abord, il nous faut de l’aide. Peut-on sortir les officiers de la Garde des geôles du Palais ?
— Ça oui, fit Calem, j’ai l’avantage sur l’ennemi car je connais tous les accès secrets de la Cité Royale. Si nous agissons depuis l’intérieur, je pense qu’on peut y arriver.
— D’accord, on commence par ça. Ça me contrarie, mais il ne faudra pas laisser de témoins derrière nous. Il est impératif qu’on ignore le plus longtemps possible que tu es en vie. Au mieux, ils penseront ainsi que les officiers se sont évadés tous seuls… ça ne devrait pas justifier que l’armée campant à l’extérieur des murs entre en ville, car c’est ce qu’il nous faut éviter à tout prix. Un vêtement civil pour cacher ton uniforme royal ne sera pas du luxe.
— Entendu. Et ensuite ?
— Ensuite, reprit la Padawan d’une voix affermie et pleine d’une autorité naturelle que ceux qui ne la connaissaient pas n’avait pas soupçonnée jusque-là, il faut aller à la prison et en faire sortir les Gardes Royaux. Ça représente combien d’hommes ?
— Environ cent soixante, répondit Rigo.
— Le problème sera de leur trouver des armes.
— Il y a un dépôt d’armes non loin de la prison, entre elle et la caserne du premier Régiment Royal, proposa le lieutenant, on pourrait peut-être s’y servir ?
— Excellente idée, approuva Calem. Il est de toute façon impossible de récupérer les armes au Palais avant de forcer la prison.
— Soit, vous connaissez mieux votre ville que moi, continua Isil. Ensuite il faudra faire vite avant qu’une alerte générale ne soit lancée. Combien de portes dans les remparts pour clore la cité ?
— Il y en a… dix, affirma le roi en repassant mentalement chacune d’entre elles dans sa tête.
— Dans ce cas, il faudra autant de commandos pour aller les prendre et les fermer. Ça nous fait environ seize hommes pour chacune des portes… en espérant qu’elles ne seront pas spécialement bien gardées.

Le lieutenant Rigo secoua négativement la tête.
— Ça non, les hommes-serpents considèrent que la ville leur appartient et que tout danger est écarté… d’autant qu’ils ont leur armée dans la plaine.
— Compris, reprit la Padawan. Pendant ce temps, il faudra te faire ouvrir les casernes et leurs armureries et rassembler tes troupes, Calem.
— On commencera par le troisième régiment puis le second… en espérant que les Dragons Noirs ne résisteront pas… je ne tiens pas à une bataille fratricide dans les rues.

Un court silence lui répondit durant lequel chacun pesait le pour et le contre des décisions qui étaient en train d’être prises. Isil reprit.
— Il te faudra les retourner eux-aussi… on t’aidera de notre mieux. Ensuite… eh bien… il faudra reprendre la ville en empêchant l’armée à l’extérieur d’y rentrer. C’est là où nous aurons besoin de renforts, pour la combattre à l’extérieur des remparts, le temps de nettoyer l’intérieur de la cité. Donc plus tard l’ennemi comprendra que c’est une opération d’envergure qui se joue, plus tard l’armée extérieure se mettra en marche vers Édinu… et mieux nous nous porterons.
— C’est risqué, marmonna Hiivsha, ton plan suppose que les régiments se rangent sous la bannière du roi et non sous celle de son félon de frère.
— Ils sont enfermés dans les casernes, on ne leur a pas demandé leur avis et ils ne doivent pas trop savoir ce qui se passe réellement… pour l’instant, ils suivent une poignée d’officiers supérieurs dont la plupart doivent être sous la contrainte ou du moins, en situation de porte-à-faux entre leur devoir d’obéissance à l’autorité et leur conscience.
— Ton enthousiasme me plaît, lança Calem en se levant. C’est entendu, on va suivre ton plan… mais il nous faut d’abord un moyen de communiquer entre nous… vous avez des communicateurs ?

Hiivsha sortit son comlink d’une poche.
— Je sais qu’avec ceci je peux joindre celui d’Isil sur une distance raisonnable en l’absence de relais… lorsqu’il est allumé, ajouta-t-il avec un sourire, ce qui n’était pas le cas ces temps-ci, mais je ne sais pas s’il est compatible avec vos systèmes de communication.

Isil venait de sortir le sien d’un étui de sa ceinture et l’alluma pour vérifier qu’il fonctionnait. Celui du contrebandier vibra.
— Ça fonctionne, fit ce dernier avec un clin d’œil en sa direction, comment est sa batterie ?
— Il tiendra. Je l’avais chargé avant de quitter le Defiance et depuis, je ne l’ai pas allumé.

Après quelques minutes à tester différentes fréquences, ils durent se rendre à l'évidence : leur système n’était pas compatible avec celui des Édéniens.
— Ce n’est pas grave, conclut le roi, il y a de quoi s’équiper dans le sous-sol de ce bâtiment. Suivez-moi tous.

En groupe, ils se dirigèrent vers un ascenseur et descendirent d’un étage. Calem commenta.
— Il y a une infirmerie, un poste de commandement auxiliaire et une armurerie où nous allons trouver tout ce qu’il nous faut avant de nous lancer dans la grande aventure qu’Isil nous a proposée !
*
* *

Cinq silhouettes furtives sortirent de l’ombre agitée du sous-bois et Kro’Moo émit un petit gloussement en reconnaissant l’odeur de sa maîtresse dans la silhouette encapuchonnée qui se dirigeait vers lui. Celle-ci s’approcha en tenant Sali par la main et lorsqu’elle fut tout contre, elle lui caressa le museau de son autre main.
— Je voudrais que tu me comprennes, commença la jeune fille. Tu connais Sali, l’ancienne Iella ?

L’animal hocha de la tête en émettant un petit couinement.
— Je vais te demander de l’adopter comme nouvelle maîtresse.

Le dragonnal poussa une plainte qui faillit arracher le cœur des deux jeunes filles et la Padawan ressentit une forte émotion émanant du saurien volant à travers la Force, ce qui la poussa à se demander jusqu’à quel point cette dernière pouvait agir dans certains animaux.
— Je sais que tu m’aimes bien, Kro’Moo, mais je ne vais pas pouvoir rester sur cette planète et il faudra bien quelqu’un pour prendre soin de toi. Et puis Sali… elle me ressemble… elle est comme moi, gentille, douce et affectueuse. Je suis certaine que vous vous entendrez parfaitement tous les deux. N’oublie pas, tu lui déjà sauvé la vie une fois…

Elle essaya de traduire ses pensées dans la Force en direction de l’animal qui tourna ostensiblement la tête vers la princesse avant de promener un museau inquisiteur un peu partout le long de son corps tout en reniflant bruyamment. Dans une hésitation bien visible, il regarda Isil puis Sali alternativement plusieurs fois, en laissant entendre de petits bruits semblables à des gloussements. Enfin, il s’arrêta pour poser le bout de son museau contre la poitrine de sa nouvelle maîtresse qui se mit à le lui caresser affectueusement.
— Je crois que te voilà adoptée, conclut la Padawan en flattant le cou de Kro’Moo avec de petites tapes.
— Je te remercie, Isil, j’en prendrais soin, tu sais. J’ai la conviction que nous serons de grands amis pour longtemps.

Le dragonnal agita de nouveau sa tête de haut en bas comme pour acquiescer à ses paroles. Calem qui avait revêtu un ample manteau de pluie surmonté d’une capuche, arriva dans le dos des deux jeunes filles et posa une main sur l’épaule de la princesse.
— Quand tu arriveras à Aretia, tu donneras ceci à mon oncle, le duc Nathil…

Il enleva de son index droit une grosse chevalière pour la poser dans la paume de Sali.
— C’est lui qui me l’a offerte, il comprendra que j’ai besoin de lui. Explique-lui la situation… je te laisse juge de savoir si tu dois tout lui révéler ou pas pour Isil et Iella…
— Je te promets de revenir avec une véritable armée… je vais aussi alerter mon père, mais il faudra plus de temps au royaume d’Austra pour intervenir qu’à ton oncle Nathil.

Le roi la prit dans ses bras pour l’embrasser.
— D’accord, fais pour le mieux, je te fais entièrement confiance. J’espère que demain, on aura rétabli les communications longue distance.


Dans les rafales de vent, ils regardèrent longuement Kro’Moo s’élancer à l’assaut du ciel tourmenté irisé d’éclairs. Avec un temps pareil, il ne pourrait pas prendre d’altitude au risque de se faire foudroyer en traversant l’épaisse couche orageuse, et serait contraint de voler bas jusqu’à atteindre les bordures de la tempête. Isil ressentit l’angoisse qui étreignait le jeune monarque et chercha à le rassurer.
— Ça va aller, Calem, ils vont y arriver.
— Ce n’est pas pourtant pas un temps recommandé pour faire des balades aériennes.
— C’est vrai, admit la Jedi, mais tu ne dois pas t’inquiéter et ton esprit doit se recentrer sur l’action à venir car pour l’instant, il ne te servirait à rien de t’angoisser pour elle… à rien qu’à brouiller ton jugement.

Il tourna la tête vers elle.
— Tu as des discours bien différents depuis que tu es redevenue toi-même, observa-t-il, on sent effectivement quelqu’un d’autre au fond de toi… quelqu’un de… grand.

Isil esquissa un sourire avant de se retourner vers ses autres compagnons.
— Comment pouvons-nous atteindre les geôles du Palais le plus discrètement possible ?
— Il faut utiliser les souterrains, répondit Rigo.
— Comme je l’ai déjà dit, nous avons un sérieux avantage sur l’ennemi, expliqua le roi, car je connais beaucoup de passages secrets qu’il ignore. Suivez-moi.

Après avoir essayé d’expliquer de son mieux à son dragonnal qu’il convenait pour lui d’attendre encore à l’abri des sous-bois, il les entraina à travers l’obscurité des arbres dans une marche d'une demi-heure. Au terme de celle-ci, ils débouchèrent sur un espace dégagé et franchirent une nouvelle grille supportée par un mur de pierres fatigué.
— Mais c’est un cimetière ? s’exclama à voix basse Hiivsha en regardant tout autour de lui des stèles ovales plantées dans le sol ainsi que des pierres tombales.
— Un ancien cimetière, rectifia Calem en s’y engageant à grands pas, désaffecté depuis des siècles et classé monument historique. De nos jours, nous incinérons tous les morts et nous répandons leurs cendres dans les Jardins d’Édin, un espace prévu pour le recueillement des familles qui veulent un endroit pour pleurer leurs chers disparus.

Le contrebandier admira un instant à travers la lueur des éclairs, les monuments funéraires dont certains étaient de véritables œuvres d’art. De puissants mausolées côtoyaient des caveaux plus modestes au milieu de petites tombes anonymes, et cet ensemble reflétait sans doute la richesse ou la pauvreté des familles des morts. À la lumière électrique des flashs de l’orage, c’était un spectacle à la fois beau et fascinant mais également lugubre et inquiétant.
— Ne traînons pas, reprit le monarque comme les autres s’étaient arrêtés pour admirer les alentours. Vu le couvre-feu qui règne en ville, il n’y aura sans doute personne, mais nous ne devons pas risquer de tomber sur une ronde du gardien si celui-ci est encore à son poste. Venez par ici !

Visiblement Calem savait précisément où il allait en se faufilant dans les étroites allées qui sinuaient entre les monuments. Le cimetière était adossé au flanc nord de la colline qui supportait la Cité Royale et certains des mausolées qui formaient la majorité des sépultures à l’endroit où ils se trouvaient, étaient érigés directement contre une petite falaise d’une vingtaine de mètres de hauteur. Calem se dirigea vers l’un d’eux, imposant et entouré de statues et de colonnes de marbre, et en poussa la grille d’accès. Suivait une très courte allée qui atteignait le corps du bâtiment proprement dit, scellé par une seconde grille. Là il déplaça une plaque commémorative et selon un geste qui était désormais familier à ses compagnons, posa sa main sur l’emplacement ainsi découvert. La grille s'entrouvrit en grinçant et il la poussa pour pénétrer à l'intérieur du mausolée. Une petite salle décorée de bustes représentant sans doute les hôtes de ces lieux, s'ouvrit à eux sous la lueur de leurs lampes. Au centre de cet espace descendait un escalier qu'il emprunta sans plus attendre. Ils parvinrent ainsi dans une crypte mortuaire où de riches cercueils étaient alignés dans des emplacements creusés dans les murs. Au bout d'un couloir, ils débouchèrent dans une salle circulaire au centre de laquelle trônait un autel aux angles dorés ciselés avec finesse. Quatre statues l'entouraient. Calem se plaça devant l'une d'elles et la fit pivoter lourdement d'un quart de tour sur son socle. Aussitôt un déclic se fit entendre et, dans un léger bruit sourd, l'autel glissa sur d’invisibles rails pour se déplacer de deux mètres, mettant à jour un escalier qui s'enfonçait dans le sol.
— Venez, souffla le roi, suivez-moi.

Il s’engouffra dans la bouche béante qui donnait accès à une longue galerie voûtée, plutôt étroite, perdue dans le noir.
— Eh bien, il ne fait pas bon être claustrophobe, marmonna Hiivsha entre ses dents.

Ils progressèrent ainsi en silence durant un laps de temps qui parut interminable au contrebandier, puis ils arrivèrent à un croisement de galeries et le souverain tourna à gauche. À un nouveau croisement, il tourna à droite en s’attirant cette réflexion d’Hiivsha.
— C’est un labyrinthe que vous avez construit sous la colline ?

Calem sourit.
— Ces galeries datent de plus de sept cents ans et ont été construites par mon aïeul, le roi Theodus III… il souffrait de paranoïa sur la fin de sa vie et voulait pouvoir se soustraire à un éventuel attentat contre lui depuis n’importe quel endroit du Palais.
— C’est pratique pour se déplacer sans être vu, railla le contrebandier. Qui connaît ces galeries à part vous ?
— Jarval un peu, certains officiers de confiance tels Rigo connaissent deux ou trois passages… mais personne en intégralité… le plan exhaustif de ce labyrinthe est déposé dans les archives du Temple d’Édin et seul le roi est habilité à le consulter et éventuellement à le divulguer à qui bon lui semble… encore faut-il que ça l’intéresse de le faire.
— Il semble que cela vous ait intéressé…
— C’est vrai… quand j’ai accédé au trône, je me suis amusé à apprendre le plan par cœur… c’était un peu puéril de ma part, je l’admets…
— Mais bien utile aujourd’hui, remarqua Isil avec le plus grand sérieux.

Après plusieurs intersections, ils arrivèrent devant un mur.
— Où sommes-nous ? demanda Rigo.
— Si je ne me suis pas trompé, dans la salle des douches de la prison.
— La salle des… s’exclama Hiivsha avec un rire sarcastique, votre aïeul avait-il peur d’être un jour enfermé dans sa propre prison ?
— Il faut croire, répondit patiemment Calem en appliquant sa main sur un détecteur.

Le mur pivota en silence libérant un passage d’un demi-mètre par lequel il se faufila. La pièce était sombre et leurs pas résonnèrent contre les murs carrelés. Calem leur fit signe de le suivre en direction d’une grille ouverte qui donnait sur un couloir. À son extrémité, une nouvelle grille fermée celle-ci, leur barrait le passage.
— Première difficulté, murmura Calem.
— Ces serrures sont-elles protégées par un quelconque système d’alarme ? questionna Isil en allumant son sabre.

Le roi fit non de la tête et la lame verte s’enfonça en une seconde dans la serrure qui fondit. La grille s’ouvrit sous la pression des doigts de la Jedi.
— Évidemment, vu comme ça, c’est facile, plaisanta Rigo en passant à son tour.
— C’est l’avantage d’un Jedi, rétorqua Hiivsha avec un sourire en coin, tout paraît plus facile avec lui… on devrait toujours en emporter un dans ses affaires.

Il sentit, plus qu’il ne la vit, Isil sourire brièvement en tournant le regard vers lui. Devant eux un escalier se dressait à présent qui montait vers le corps du bâtiment carcéral.
— La prison du Palais n’est plus utilisée depuis longtemps, commenta Calem sur le ton d’un guide de musée. Autrefois, elle servait à enfermer les opposants politiques… indélicats, mais à présent, on ne les enferme plus et les droits communs sont hébergés à la prison centrale de la ville.

Après cette brève introduction, il gravit les marches avec précaution, s’attendant à tomber à chaque instant sur des hommes-lézards ou, ce qui lui aurait plus fortement déplu, sur des soldats du premier régiment. Mais il semblait que le bâtiment était désert. La prison était organisée autour d’un grand hall rectangulaire sur lequel donnait de nombreuses cellules vides.
— Personne, grommela le lieutenant en balayant l’obscurité du rez-de-chaussée de sa lampe.
— Chut, souffla Isil en levant la main, écoutez !

Un murmure descendait des étages.
— Il y a du monde là-haut… au deuxième étage.
— Allons-y ! ordonna Calem en gravissant l’escalier central après avoir éteint sa torche, imité par tout le groupe.

Effectivement, de légers murmures se faisaient entendre. Des gens parlaient à voix basse. Arrivés sur le pallier du second, dont la passerelle faisait classiquement le tour du hall, ils s’orientèrent pour déterminer la direction d’où provenaient les conversations. Le roi fit un geste de la main et ils progressèrent d’une vingtaine de mètres avant de s’arrêter devant une grille.
— Qui est là ? fit une voix que chacun reconnut aussitôt.
— Jarval ? demanda le souverain.

Une ombre s’approcha des barreaux.
— Calem ? Par tous les dieux, que fais-tu…

Il se reprit en apercevant les autres silhouettes dont le visage d’Isil.
— Que diantre faites-vous ici ?
— On vient vous sortir de là, répondit la Padawan en allumant son sabre avant de le plonger dans la serrure qui céda aussitôt.
— Ma parole ! Isil ? Tu as toi aussi un joujou comme Zarek ? Ma foi, je le préfère en vert… ça te va mieux au teint !

Il laissa échapper un rire destiné à lui donner une certaine contenance, ébranlé qu’il était par leur apparition si inattendue.
— C’est un sabre laser, répondit sobrement la jeune fille en l’éteignant. L’arme des Jedi… et des Sith !

Dans la cellule, un autre officier s’était levé pour se rapprocher d’eux. Il y avait également d’autres prisonniers dans les geôles adjacentes et Isil les libéra dans les secondes qui suivirent.
— Calem ? Rigo ? Comment êtes-vous parvenus jusqu’ici ? demanda Jarval en serrant la main que le monarque lui tendait.
— Par des souterrains bien pratiques, capitaine, répondit le lieutenant avant que le roi puisse s’expliquer. Nous avions un super guide !
— Ah oui… les souterrains, répéta Jarval qui devait effectivement en connaître au moins l’existence pour ne pas paraître plus étonné que cela.

Quelques poignées de mains ainsi que quelques saluts fusèrent de la part des officiers de la Garde qui sortirent à leur tour.
— Ne restons pas là, fit Isil, et n’oubliez pas : en aucun cas il faut que l’ennemi sache que le roi est en vie et au cœur de notre action !
— Il nous faut un endroit pour coordonner notre plan, glissa Calem qui réfléchissait à la suite à donner.
— Les souterrains vont-ils vers la ville ? demanda Rigo.
— Oui, répondit Calem, certains.
— Y’en a-t-il un susceptible de nous rapprocher du jardin public de l’observatoire ?
— Hum… oui, en effet… l’un d’eux mène à la crypte du temple des moissons qui n’est distant du jardin que d’une centaine de mètres.
— Formidable ! ne put s’empêcher de s’écrier le lieutenant s’attirant au passage une nuée de « chut » de la part des membres du petit groupe. On pourrait donc, continua-t-il confus et à voix plus basse, établir notre quartier général chez moi, rue du Jazak-qui-dort… c’est tout à côté, entre le jardin et le temple.
— Votre femme va sûrement apprécier, marmonna Jarval goguenard.
— Bah… elle comprendra la situation… je doute qu’elle apprécie ce qui se passe en ville en ce moment !
— Oui, madame Rigo a un caractère bien trempé, approuva l’un des officiers libérés.

De petits rires étouffés fusèrent, cependant que Calem prenait la tête du groupe pour redescendre d’où ils étaient arrivés. Revenus dans la salle des douches, ils disparurent tous un à un derrière le mur entrouvert qui se referma sur eux comme pour les avaler. Le petit groupe comptait à présent onze personnes avec Jarval et les six autres officiers qu’ils venaient de libérer.


— Les hommes-serpents ne vont rien comprendre, ricana Jarval alors qu’ils arpentaient de nouveau les tunnels étroits.
— Espérons qu’ils ne s’apercevront de votre évasion que dans la matinée, soupira Hiivsha.
— En principe, on ne voyait personne avant sept ou huit heures… les hommes-serpents ne sont pas là pour jouer le rôle de gardiens de prison et leurs visites se cantonnaient à ouvrir les cellules pour que nous puissions marcher un peu et accéder aux douches, ainsi qu’à nous apporter à manger.
— Cela nous laisse toute la nuit pour opérer, conclut Isil… enfin, cinq ou six heures. Il va falloir faire vite et agir énergiquement !

Ils marchaient vite et leurs pas résonnaient le long des galeries qui n’en finissaient plus de se dérouler devant eux. Au bout d’une vingtaine de minutes, ils gravirent un escalier étroit puis poussèrent une statue récalcitrante pour pénétrer dans la crypte du temple des moissons. Sans surprise, il n’y avait personne. L’intérieur du temple était également désert et ils se retrouvèrent rapidement devant une sortie latérale qui donnait sur une petite ruelle. Une rafale de vent leur cingla le visage.
— La météo est avec nous, commenta Jarval. Avec une telle tempête, les patrouilles n’entendront rien si elles ne préfèrent pas rester à l’abri. C’est une nuit idéale pour casser de l’homme-serpent !

Un éclair violent lui répondit, suivi immédiatement par un craquement sec et puissant qui déchira la nuit.
— Je crois que Édin est d’accord avec votre analyse, railla Hiivsha… et sa réponse n’est pas tombée loin d’ici !
— Sans doute dans le parc, reprit Jarval. Allez-y, Rigo, on vous suit.

Dans la nuit, des ombres furtives se glissèrent le long des murs des jardins et des rues plongées dans l’obscurité du couvre-feu. Il ne leur fallut que trois minutes pour s’engouffrer par un portillon blanc qui traversait une haie aux fleurs orangées agitées par les bourrasques de vent. Quelques secondes encore et le petit groupe entrait rapidement dans le hall d’entrée d’une sympathique et confortable maison de ville de deux étages.
— Eh dis-donc, ça paye bien lieutenant, remarqua à voix basse l’un des collègues de Rigo à l’attention d’un autre qui répondit aussitôt.
— T’es fou ? C’est pas avec un salaire de lieutenant qu’il a pu se payer une baraque comme ça ! Mais sa femme est avocate et issue d’une famille sacrément aisée… si tu vois ce que je veux dire !

Ils étaient groupés les uns contre les autres et Rigo n’avait pas eu le temps de poser sa main sur l’interrupteur de la lumière, qu’une voix forte s’écriait :
— Ne bougez plus et levez les mains bien haut, sinon je tire dans le tas !


(à suivre…
prévisions d’achèvement : 40 épisodes - 550 pages - septembre 2013)


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Modifié en dernier par Hiivsha le Mar 12 Nov 2013 - 12:48, modifié 2 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Lun 26 Aoû 2013 - 11:40   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

C'est lu ! :oui: Là, ça me plait, le récit de Rigo est plutôt impressionnant, la partie infiltration est réussie jusque-là -seul truc, ça va pour l'instant, mais fais gaffe à ce que les dialogues humoristiques ne prennent pas trop de place au risque de gâter l'atmosphère dramatique. Ah, et puis il y a la dernière réplique, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai la très nette impression que c'est Madame Rigo :D

à rien qu’à brouiller ton jugement.


À rien d'autre qu'à ?

car je connais beaucoup de passages secrets qu’il ignore.


Est-il bien nécessaire de mettre "secrets" et "qu'il ignore" ? :neutre: Certes, on pourrait penser que l'ennemi connait des passages secrets, mais si le monarque prend simplement la peine de préciser qu'ils sont secrets, c'est a priori parce qu'il pense être le seul à les connaître, ou alors on peut ne garder que "qu'il ignore" :neutre:

on ne les enferme plus et les droits communs sont hébergés à la prison centrale de la ville.


Les prisonniers de droit commun, plutôt ? :D

— La météo est avec nous, commenta Jarval. Avec une telle tempête,


Au milieu d'une telle tempête ? La météo est de notre côté ?

Un éclair violent lui répondit, suivi immédiatement par un craquement sec et puissant qui déchira la nuit.
— Je crois que Édin est d’accord avec votre analyse, railla Hiivsha…


Le Taranis local^^
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Messagepar Hiivsha » Lun 26 Aoû 2013 - 14:15   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Merci, je corrige mon .doc immédiatement. :jap:
Et tu es perspicace en plus... même si le cliffhanger est plutôt léger et prévisible ici ! :wink:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Lun 26 Aoû 2013 - 14:41   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

J'ai dû être auteur de fan-fics dans une vie antérieure :D
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Messagepar Notsil » Mer 28 Aoû 2013 - 22:59   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Ayé lu !

Alors les petites remarques :

Le militaire toussa pour éclaircir sa gorge enserrée

-> le "enserrée" me parait de trop ;)

Il rit plus franchement quoique toujours nerveusement en montrant les traces de coups que portait son visage. On sentait qu’il prenait beaucoup sur lui pour faire un compte-rendu le plus clair possible.

-> pas cette phrase globalement, mais je trouve que ton gars est assez nerveux / pas très clair pour quelqu'un dont c'est quand même le boulot de faire des rapports tout ça au quotidien (même si je conçois que là son quotidien est perturbé ^^). Enfin je l'ai trouvé moyen crédible du coup ^^

voire l’ascendant qu’elle a put prendre sur Taimi.

-> a pu

De petits rires étouffés fusèrent, cependant que Calem prenait la tête du groupe

-> "cependant que", je sais pas, ça me parait bizarre cette tournure ^^

Voilou, la résistance s'organise, bien bien bien, hâte de voir comment va se passer la reprise du pouvoir :)
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Messagepar Hiivsha » Jeu 29 Aoû 2013 - 11:33   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Notsil a écrit:Ayé lu !
:jap: :jap:

Notsil a écrit:
Il rit plus franchement quoique toujours nerveusement en montrant les traces de coups que portait son visage. On sentait qu’il prenait beaucoup sur lui pour faire un compte-rendu le plus clair possible.

-> pas cette phrase globalement, mais je trouve que ton gars est assez nerveux / pas très clair pour quelqu'un dont c'est quand même le boulot de faire des rapports tout ça au quotidien (même si je conçois que là son quotidien est perturbé ^^). Enfin je l'ai trouvé moyen crédible du coup ^^


C'est exactement l'idée que je voulais donner au lecteur : un jeune officier qui - malgré le fait qu'il a un entraînement de commando - est complètement déboussolé par ce qui vient de se passer au niveau "politique" et qui a du mal à remettre ses idées en place ainsi qu'à faire un rapport cohérent et qui doit se reprendre à plusieurs fois pour le faire (notamment le fait de rendre compte de l'arrestation de son chef Jarval en plusieurs fois).

Notsil a écrit:Voilou, la résistance s'organise, bien bien bien, hâte de voir comment va se passer la reprise du pouvoir :)


Moi aussi :oops:
... ce qui veut dire qu'il faut que je m'y remette sérieusement alors que le temps donne plutôt envie d'aller faire des randonnées en vélo avec ma petite elfe ! :love:
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Messagepar Notsil » Jeu 29 Aoû 2013 - 17:29   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Hiivsha a écrit:C'est exactement l'idée que je voulais donner au lecteur : un jeune officier qui - malgré le fait qu'il a un entraînement de commando - est complètement déboussolé par ce qui vient de se passer au niveau "politique" et qui a du mal à remettre ses idées en place ainsi qu'à faire un rapport cohérent et qui doit se reprendre à plusieurs fois pour le faire (notamment le fait de rendre compte de l'arrestation de son chef Jarval en plusieurs fois).


Hihi tant mieux alors ça a été bien retranscrit ;)

Bah, profite du soleil et de la douceur tant qu'il y en a, septembre arrive, et la grisaille suivra forcément, donc bon, ne soyons pas pressés ^^
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Messagepar Hiivsha » Dim 08 Sep 2013 - 13:51   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Voici un chapitre tout chaud sorti du four et corrigé... à l'exception des quelques coquilles que vous allez bien trouver ! :oops:
J'essaye de m'en tenir à un chapitre par semaine, objectif qui va être plus facile avec le retour du mauvais temps ! :diable: ... enfin, si on tient pas compte que du 21 au 28 je serais à Majorque et que je n'y vais pas pour écrire ! :siffle:
Encore 5/6 chapitres et le livre devrait être fini. :paf:
-------------------------------------
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32 - La prison


La lumière inonda le hall d’entrée ainsi que l’escalier qui descendait du premier étage et sur le haut duquel se tenait une femme en chemise de nuit. La première chose que les visiteurs nocturnes remarquèrent, ce ne fut pas tant qu’elle était grande et athlétique, ni qu’elle avait les cheveux courts et bruns qui lui donnaient des allures de garçon manqué, malgré une évidente beauté, mais bien l’imposante arme qu’elle tenait entre ses mains, pointée vers eux. Une arme curieuse, hybride, comme aurait pu l’être le rejeton d’un fusil et d’un canon si ceux-ci avaient pu se reproduire entre eux, et qui les menaçait de son œil unique. Une arme étrange donc, mais qui en imposait.

Isil n’avait pas bougé. La Jedi n’avait rien ressenti de mal chez cette femme qui ne constituait pas pour elle un quelconque danger. Quelques officiers parmi ceux qui ne connaissaient pas madame Rigo levèrent maladroitement leurs mains, hésitant en s’apercevant que leur hôte, le roi, Jarval et deux autres des leurs n’avaient pas obtempéré à la menace du canon.
Il ne se passa en fait que deux secondes avant que la menace en vêtements de nuit ne s’exclame.
— Mani ! Par les cornes d’un dorki, que fais-tu ici à cette heure-ci avec tous ces gens ? Si tu cherches à te faire tuer, c’est tout à fait comme ça qu’il faut t’y prendre ! Avec tout ce qui se passe en ville, et ces démons à têtes de serpents qui paradent comment s’ils étaient chez eux… et toi tu entres ici sans prévenir, de nuit, dans l’obscurité ? Et puis fermez cette porte, nom d’un caillanis, vous ne savez pas que c’est le couvre-feu dehors ? Pas de lumière et personne dans les rues !

Elle s’interrompit pour reprendre son souffle et Rigo en profita pour placer un mot en s’avançant vers elle.
— Mais oui, moi aussi je t’aime ma puce !

Il gravit les marches jusqu’à elle, écarta d’un doigt le canon de l’arme toujours braqué sur lui et enlaça son épouse pour l’embrasser. Un léger brouhaha embarrassé s’éleva du groupe resté au bas des marches.
— Eh ben, elle a l’air de ne pas avoir froid aux yeux, madame RIgo, souffla un jeune sous-lieutenant boutonneux qui répondait au nom de Tam Shirpax à l’oreille de son capitaine.
— Je confirme, approuva Jarval avec un grand sourire… j’ai eu l’occasion de faire une partie de chasse sous-marine avec elle et son mari… elle sait manier un fusil-harpon… et sur du gros encore !
— Tu m’as fichu une trouille bleue, se plaignit Jallie Rigo dans les bras de son mari. J’ai cru que c’était une cohorte de ces horribles reptiles sur jambes qui venait de pénétrer dans la maison.
— Pardonne-nous, chérie, mais le temps presse et nous ne savions où aller.
— Soit, mais que faites-vous ici ? Vous n’êtes pas au Palais ?
— Le Palais appartient aux reptiles… pour l’instant du moins et en fait, nous sortons de prison.
— De prison ? Tu veux dire qu’on vous a enfermés ?
— Oui, mais nous nous sommes évadés avec l’aide de Jarval et du roi et… viens je vais te présenter.

Madame Rigo lorgna sur sa chemise de nuit.
— C’est que je ne suis guère présentable…
— Pas grave, c’est une nuit exceptionnelle, alors personne ne s’en formalisera.

Ils avaient descendu les marches et l’étrange engin avait été précautionneusement entreposé dans un recoin de mur. Rigo fit rapidement les présentations de ceux que son épouse ne connaissait pas, à commencer par Isil. La grande force de caractère de l’avocate l’aida à accepter le court résumé que lui fit son mari, ainsi que la lointaine provenance de la Jedi et de son ami.
— Ma foi, conclut-elle en regardant la Padawan avec curiosité, qui pourrait penser que quelqu’un de si jeune puisse être une guerrière des plus puissantes ? Mais si vous pouvez nous débarrasser de cette vermine, vous êtes la bienvenue sur notre planète.

Puis se retournant vers son mari.
— Mon dieu, je n’aurais jamais pensé dire une chose pareille aujourd’hui en me levant… Songe que je m’adresse à une extraterrestre…
— Nous vous en demandons beaucoup en peu de temps, coupa doucement Calem, mais il nous faut installer notre QG chez vous afin de planifier les opérations… et ce, sans perdre une seconde.

Madame Rigo posa ses deux mains croisées à la base de son cou comme si elle se sentait oppressée par ce qui arrivait et hocha la tête.
— Oui, oui… bien entendu… voyons… la grande salle à manger me semble tout indiquée pour cela, il y a des chaises et une grande table… vous faut-il autre chose ?
— Vous avez un plan de la ville ?
— Oui, répondit Rigo, il est dans mon bureau, je vais le chercher… ainsi qu’un tableau pour écrire dessus…
— Je peux vous préparer du thé et du café si vous le voulez ? proposa leur hôtesse.

Le roi approuva en remerciant et Jallie s’éclipsa en direction de la cuisine. Calem se débarrassa de son long vêtement de pluie civil et l’accrocha à un porte-manteau puis rejoignit le groupe dans la salle à manger.
— Qui connait la prison centrale ? demanda-t-il.
— Moi, un peu, répondit le jeune Tam Shirpax, j’y suis allé visiter un… ami qui avait fait une bêtise et…
— L’histoire une autre fois, coupa le monarque. En ce qui me concerne je suis allé la visiter une fois officiellement. Pour autant que je sache, la prison ne dispose pas d’une possibilité d’accueil de cent soixante personnes d’un seul coup. Il est vraisemblable qu’on a regroupé les Gardes dans un endroit collectif pour les tenir à l’œil.
— Le réfectoire ? proposa le jeune officier.
— Le temple, se permit un autre lieutenant plus âgé.

Calem secoua la tête.
— J’en doute, le réfectoire est utilisé par les autres pensionnaires et le temple est, si je me souviens bien, trop petit pour cela.
— Y’a-t-il une salle de sports… un gymnase ? demanda Hiivsha.

Les yeux du souverain s’éclaircirent.
— Vous avez raison, le gymnase ! Il y a de grandes chances qu’ils soient regroupés dedans !

Il dessina au tableau un rapide croquis des lieux.
— Le gymnase est dans le coin nord-est de la prison… ici les bâtiments, les murs… les miradors… la difficulté va être de faire évader autant d’hommes sans verser le sang des gardiens… je ne parle pas des éventuels reptiles sur jambes évidemment.

Son ton s’était durci sur la fin de sa phrase. Visiblement, il n’avait pas l’intention de faire de quartier à l’ennemi.
— Je suppose qu’aucun tunnel ne débouche dans la prison ? railla Hiivsha.
— Je vous vois venir… mais non, répondit le roi en souriant, elle n’était pas construite à l’époque de mon aïeul.
— Dommage…
— Hormis la façade principale de l’édifice qui donne sur une grande place, les trois autres côtés sont bordés de rues plutôt étroites. Peut-être avec des grappins… suggéra Rigo.
— Vous n’y arriverez pas ! énonça clairement la Padawan jusqu’alors silencieuse. On n’improvise pas une évasion d’une prison centrale en quelques minutes… encore moins pour une réalisation immédiate et sans préparation.

Des expressions de découragement se lurent sur les visages tournés vers elle, mais l’autorité de son ton ferme appuyait le bon sens de ses paroles. Ce fut Jarval qui reprit derrière elle.
— Alors que pouvons-nous faire, Isil ? Nous ne sommes pas assez nombreux pour fermer la cité et si nous allons chercher les régiments, ce ne sera jamais assez discret pour empêcher l’ennemi de se ruer sur la ville.

La Padawan jeta un coup d’œil sur le croquis puis se retourna vers eux.
— Il n’y a qu’un seul moyen : entrer par la grande porte.
— Entrer par… reprit Jarval médusé.
— Évidemment, continua Calem, Isil a raison. Nous ne pouvons monter un tel plan d’évasion comme ça, en claquant des doigts. Qu’est-ce que cela voudrait dire ? Que la prison est une véritable passoire à un point tel que onze individus peuvent en faire sortir cent-soixante autres au nez et à la barbe du personnel pénitentiaire et ceci, à l’improvisade ? Non, la sagesse parle par la bouche de notre jeune Jedi. Je dois aller faire sortir mes hommes d’autorité. Les gardiens de prison me suivront si je me présente en personne à eux.
— Mais s’il y a des ennemis parmi le personnel ? Des hommes-serpents ?
— Ça, on peut s’en charger ! affirma Isil en tapotant son sabre laser du bout des doigts.
— Peut-être que Debbie pourra vous être utile ? les interrompit madame Rigo tenant dans ses mains l’étrange fusil-canon avec un grand sourire.
*
* *

Le gardien-auxiliaire Zick jeta un coup d’œil désespéré sur son supérieur, le massif Cratzak qui jouait avec les longues griffes de ses mains poilues. Cela faisait la troisième fois que le Cathar regardait cette finale de banloop sur le grand moniteur de la salle de contrôle et il commençait à la connaître par cœur. Mais que faire d’autre ? L’émetteur de la ville avait été coupé, aucune chaîne ne transmettait sinon la chaîne officielle qui programmait en boucle de la musique militaire entrecoupée de recommandations visant à dissuader quiconque de braver le couvre-feu.
Zick soupira et compta mentalement : trois, deux… un. Au même moment, Cratzak leva les bras en l’air en criant un « ouais » désespérant. Il venait de voir pour la énième fois le grand champion édinien, Doodle, marquer le point de la victoire contre l’équipe d’Ashoa, ce qui faisait de sa propre équipe le vainqueur de la coupe de la Lumière, véritable championnat planétaire de banloop… c’était il y avait déjà trois ans ! Depuis, les passionnés de ce sport vivaient et revivaient ce moment magique en attendant la prochaine coupe qui aurait lieu l’année suivante.

Le gardien-auxiliaire posa les yeux sur son data-bracelet et soupira encore plus fort. Un peu moins de trois heures ! Le temps n’en finissait pas de s’écouler… lentement… trop lentement. Il ne se passait d’ordinairement rien la nuit, mais depuis que le couvre-feu avait été décrété, la ville était absolument morte du coucher au lever du soleil, et vivait au ralenti durant la journée, comme pour retenir son souffle devant les événements imprévus qui se déroulaient sous le regard impuissant de sa population. Nul ne savait combien de temps les bipèdes à tête de serpent qui avaient surgi en masse du désert de Sang, allaient rester en ville, arpentant par petits groupes armés des rues, que la police et les Gardes Royaux avaient désertées. Zick expira lentement en poussant de la pointe de ses bottes sur le bord de la table jusqu’à ce que sa chaise se trouve en équilibre sur les pieds arrière. Les bras croisés derrière la nuque, il laissa sa tête s’affaisser sur eux et ferma les yeux. Quoi de plus compliqué que la politique ? Il avait eu beau essayer de suivre le cours des derniers événements, il n’avait pas compris la suite logique des choses. D’abord le roi, qui avait fui devant l’arrivée massive des hommes-serpents, puis sa mort qui avait été révélée par le prince Taimi en même temps qu’il annonçait sa prise du pouvoir et proclamait l’état d’urgence qui avait précédé le couvre-feu de quarante-huit heures…
Alors qu’il gambergeait, Cratzak enchaînait sur la demi-finale qu’il n’avait visionnée qu’une seule fois depuis la veille.

Avec des gestes minimum, Zick attrapa dans l’une de ses poches d’uniforme un étui duquel il retira une plaque de gomme qu’il introduisit religieusement entre ses mâchoires. Avec une satisfaction béate, il se mit aussitôt à mâcher sa friandise tout en jetant un regard haineux sur les deux hommes-serpents qui paraissaient dormir sur les deux seuls fauteuils confortables de la salle.
Saleté de bestioles ! Ils sont là pour nous surveiller, comme si on avait besoin d’eux pour faire notre boulot ! Si ça ne tenait qu’à moi, je te dégommerai tout ça fissa !
Instinctivement, le jeune gardien posa ses yeux sur le tiroir dans lequel était enfermé son pistolet de service. Un simple geste, et hop ! Plus de créatures bizarroïdes ! Un sourire erra un instant sur ses lèvres. Si chaque Édinien en faisait de même, ils seraient débarrassés de cette vermine en un clin d’œil ! Sa poitrine se gonfla. Encore fallait-il que chacun fasse preuve d’un peu de courage, comme lui !
— Aïe ! cria-t-il en percutant le sol.

Tout s’était passé très vite. La puissante sonnette de la porte principale avait retenti en le faisant sursauter. Ses jambes s’étaient raidies, la chaise l’avait entraîné et il était tombé à la renverse.
Dopé par une montée d’adrénaline, il se releva d’un bond le cœur battant, un tantinet honteux, en se massant le bas du dos. Imperturbable, le Cathar n’avait pas quitté des yeux le grand moniteur censé afficher les vues des différentes caméras de surveillance, et les deux hommes-serpents s’étaient contentés de relever leurs paupières écailleuses pour pointer leur regard sur lui.
— Qui est-ce qui… à cette heure… marmonna Zick en regardant son chef avant de comprendre que ce dernier ne comptait pas interrompre la retransmission de son match pour visualiser la caméra de la porte principale afin de vérifier l’identité du visiteur. Ok, ok, grommela-t-il en se dirigeant vers la sortie de la salle de contrôle, je vais voir ! Surtout vous fatiguez pas hein…

Le gardien-auxiliaire sortit dans le couloir frais et tourna à gauche en direction de l’imposante porte blindée qui permettait l’entrée des véhicules pénitentiaires et sous laquelle le vent sifflait avec rage. Sur l’un de ses côtés était aménagé un passage pour piétons fermé par une porte à taille humaine vers laquelle il se dirigea. De deux doigts, il fit coulisser un panneau à hauteur de ses yeux et put apercevoir plusieurs silhouettes se détacher lugubrement à la lueur des vifs éclairs qui éclataient toujours sur la capitale.
Fichu temps !
— Oui ? demanda-t-il en essayant de discerner les visages.
— Ouvrez, au nom du roi, répondit une voix pleine d’autorité qu’il avait déjà entendue, il ne se souvenait plus où.

Le jeune gardien se raidit malgré lui et se demanda un instant ce qu’il convenait de faire.
— Qui êtes-vous et que voulez-vous ? demanda-t-il en réfrénant son envie de bégayer.

La personne devant lui s’écarta légèrement pour lui laisser apercevoir une autre silhouette emmitouflée dans un long manteau de pluie dont la capuche était rabattue. Un instant plus tard, l’homme ainsi vêtu, déboutonnait son vêtement qu’il laissa glisser à mi bras découvrant une tête et un uniforme blanc et or que Zick reconnut aussitôt.
Le roi ! C’est le roi Calem en personne ! Non c’est impossible, il est mort, ça a été annoncé aux actualités !
— Si… Sire, bafouilla malgré lui le jeune gardien dont les certitudes s’effondraient sans explication.

Le monarque s’était avancé d’un pas et se tenait à présent tout proche de lui.
— Je suis bien le roi Calem, affirma-t-il d’une voix tout à fait reconnaissable. Ouvrez cette porte !

Zick hésitait, sa main tremblante postée à quelques centimètres du dispositif de déverrouillage.
— Mais… Sire… pourquoi voulez-vous… entrer ici ? C’est contraire à tous les usages… et votre mo… mort… on l’a annoncée partout… je.. permettez que j’en réfère à mon supérieur…
— Comment vous appelez-vous mon garçon ? demanda le souverain d’une voix douce et avenante.
— Zi… Zick, Sire.
— Eh bien, Zick, je sais que tout ceci doit vous échapper un peu, mais l’heure est grave. C’est l’heure du choix, Zick. Il va se passer des événements primordiaux pour l’avenir de notre royaume cette nuit et vous avez la chance de pouvoir en devenir l’un des acteurs privilégiés en ouvrant immédiatement cette porte. Je vous demande de m’obéir sans attendre, sans n’en référer à personne. Je vous demande de prendre vos responsabilités et de me faire confiance. Vous me faites confiance, n’est-ce pas, Zick ?
— Conf… oui, bien sûr… Sire… je… mais je… on a dit…
— « On » s’est trompé, Zick et « on » a menti, je ne suis pas mort, je ne me suis pas enfui… mais nous ne sommes pas ici pour parler de cela. Zick, votre roi vous demande de lui ouvrir cette porte immédiatement.

La main tremblait avec force lorsque l’index transpirant du jeune gardien appuya sur le bouton rouge. Les serrures se rétractèrent et la porte s’ouvrit. Aussitôt, Isil, Jarval et Hiivsha, suivis du jeune officier qui portait Debbie, s’engouffrèrent par l’ouverture en bousculant Zick afin de sécuriser la zone.
— Attendez, fit ce dernier, dans la salle de contrôle il y a mon chef et deux hommes-serpents armés.
— D’accord, fit Isil, vous allez revenir comme si rien ne s’était passé puis vous vous écarterez pour nous laisser faire et vous vous mettrez à l’abri.

Le jeune gardien obtempéra et passa devant eux. Il hésita deux secondes avant d’ouvrir la porte du poste de surveillance et d’entrer. Son chef ne le gratifia même pas d’un regard. Seuls les deux bipèdes comprirent aussitôt que quelque chose n’allait pas. Comme Zick s’écartait vivement du seuil de la pièce, ils se levèrent en saisissant leurs armes qui se trouvaient à leurs côtés.
— Ne bougez pas ! cria Isil faisant sursauter le Cathar sur sa chaise.

Sans obéir, les deux saurocéphales ouvrirent le feu. De deux moulinets savamment exécutés, la Padawan intercepta les décharges d’énergie et les renvoya à leurs expéditeurs. Deux secondes plus tard, ils gisaient morts sur le sol.
Cratzak s’était relevé brutalement propulsant sa chaise à deux mètres derrière lui. Décontenancé, il leva les bras en geste de soumission devant les armes pointées vers lui et l’étrange épée lumineuse verte que tenait la jeune et jolie fille blonde. Ses yeux s’arrondirent encore en voyant entrer celui qu’il reconnut tout de suite.
— Sire ! grogna-t-il en se mettant au garde-à-vous.
— C’est vous l’officier de permanence ? demanda le monarque en s’avançant vers lui.
— Oui, Sire ! Gardien-major Cratzak Kar’Dorr ! Mais, Sire, tout le monde a dit que…
— « Tout le monde » a menti, rétorqua Calem en masquant l’agacement qu’il aurait certainement à maîtriser encore un bon nombre de fois dans les heures à venir. Je suis bien vivant, et aux commandes du Royaume.

Le Cathar le regarda d’un œil sceptique.
Si tu étais aux commandes du Royaume comme tu dis, tu ne serais pas là en personne à faire le coup de feu dans la salle de contrôle d’une prison à la tête d’un tel commando ! pensa-t-il malgré lui.
— Heureux de le savoir, répondit-il de façon toute diplomatique. Je dois informer le directeur de ce qui se passe.
— Hors de question Cratzak ! trancha le jeune souverain. Pour l’instant, rien de ce qui se passe ici ne doit sortir d’ici. Il en va de la sécurité de la ville toute entière.
— Mais, Sire, je n’ai pas l’autorité pour…
— Je vous la donne ! coupa Calem d’une voix qui ne tolérait pas de nouvelle échappatoire. À partir de cet instant et jusqu’à ce que l’ordre soit rétabli, vous êtes nommé directeur par intérim. Le reste dépendra de l’attitude qu’aura eue votre directeur ces derniers jours. Êtes-vous avec moi ?

Calem le regardait de toute sa hauteur, à seulement quelques centimètres de lui. Il aurait suffi au Cathar d’un puissant coup de griffes pour éliminer le concurrent du prince Taimi, mais pareille idée ne franchit même pas le seuil de ses pensées. Cratzak secoua la tête affirmativement. Calem reprit en se retournant.
— Capitaine Jarval, rédigez immédiatement l’ordre de nomination, mais que celui-ci ne franchisse pas les murs de cette prison tant que nous n’aurons pas repris la ville.

Le capitaine s’assit sans attendre devant un terminal informatique pour s’exécuter. Calem se tourna de nouveau vers le nouveau directeur.
— Les Gardes Royaux… où sont-ils ?
— Ils ont été enfermés dans le gymnase, Sire…

Calem lança un coup d’œil vers Hiivsha pendant que le Cathar continuait.
— … mais ils sont gardés par deux bonnes douzaines de ces bipèdes.

Cratzak eut un geste de tête en direction des corps étendus un peu plus loin.
— Combien y’en a-t-il au total dans la prison ?
— Ces deux là, et ceux qui gardent vos hommes.
— Parfait, nous allons nous en charger. Je veux que toutes les communications vers l’extérieur soient prohibées jusqu’à nouvel ordre.
— Ça, c’est facile, grogna le Cathar dans un grand sourire qui dévoila ses crocs. Toutes les communications passent par ce central et la prison est équipée de brouilleurs qui interdisent toute communication par onde vers l’extérieur… c’est le b.a.-ba d’un centre pénitentiaire.
— D’accord, monsieur le directeur, je vous laisse juge de la façon dont vous annoncerez tout cela à votre personnel, mais rien ne doit filtrer dehors jusqu’au lever du jour, c’est primordial pour la réussite de notre opération.
— Je comprends, Sire, comptez sur moi. Je vais notifier aux patrouilles de ne pas interférer avec votre groupe et si vous avez besoin d’aide…
— Vous avez des armes ?
— Quelques-unes à l’armurerie.
— Certains de mes officiers n’en ont pas.
— Zick va vous conduire, c’est un peu plus loin dans le couloir.

Le jeune gardien acquiesça d’un signe de tête.
— Il vous guidera également vers le gymnase.
— Merci Cratzak, je n’oublierai pas ce que vous faites !
— À vos ordres, Sire !

Le petit groupe sortit du poste de commandement et le Cathar jeta un coup d’œil vers les cadavres des deux saurocéphales. Après avoir hésité un instant, il renonça à remettre son match et réafficha sur le moniteur géant les vues des diverses caméras de surveillance : ce qui se passait à présent était bien plus intéressant qu’une demi-finale de banloop !


— On se sent un peu mieux avec une arme dans la main, chuchota un lieutenant au sous-lieutenant Tam Shirpax qui portait toujours Debbie.
— Tu as vu comment elle a intercepté les tirs des deux serpents ? rétorqua le jeune homme à voix basse tout en désignant Isil du menton.
— Oui, j’ai aperçu… son truc vert, c’est du balèze ! Je ne sais vraiment pas d’où elle sort, mais cette fille… elle est…

Leurs regards se croisèrent. Le jeune officier sourit.
— Ouais… t’as raison !

Ils s’étaient arrêtés devant une porte. Zick expliqua.
— Le gymnase se trouve dans un coin de la prison, entouré de terrain découvert. Le seul abri est constitué par un petit muret à quelques mètres de la salle de sports. Ça ne va pas être simple de s’en approcher de manière furtive !
— Si on considère que les hommes-serpents sont là pour garder l’intérieur du gymnase, continua Isil, ils ne devraient pas s’attendre à une attaque venant de la prison. La surprise jouera en notre faveur.
— On approche comment ? On s’éparpille en arc de cercle ? demanda Jarval.
— On reste groupé derrière moi, répondit Isil. J’intercepterai les tirs puis vous ouvrirez le feu. Un tir nourri devrait faire rapidement l’affaire… évitez juste de me tirer dessus. Une fois le muret atteint, mettez-vous à l’abri.

Personne n’envisagea de contredire la Jedi. Son autorité était de toute évidence acceptée par le groupe entier qui avait été impressionné par la facilité avec laquelle elle avait mis hors de combat les deux saurocéphales un instant auparavant.
La porte s’ouvrit après que Zick eut confirmation de son nouveau directeur que l’alarme avait été neutralisée, et Isil sortit, suivie comme son ombre par le petit groupe rassemblé derrière elle. Par dérogation au couvre-feu, la cour était éclairée par de nombreux lampadaires, et de puissants projecteurs en balayaient jusqu’aux moindres recoins de façon aléatoire pour éviter à d’éventuels candidats à la fuite, de calculer leurs déplacements en fonction des mouvements des faisceaux.
— Allons-y franchement, avait dit la Padawan, avec un peu de chance, ils ne tireront pas en se demandant qui nous sommes et qu’est-ce qu’on vient faire.

Il y avait une bonne centaine de mètres à parcourir avant le petit muret qui encadrait le bâtiment du gymnase. Chacun dissimulait de son mieux l’arme qu’il portait sur lui, en essayant de prendre l’allure décontractée de celui qui vient voir quelqu’un en toute quiétude. Ils avaient couvert le tiers de la distance dans les bourrasques tourbillonnantes quand des cris fusèrent depuis les rangs des quelques saurocéphales répartis autour du gymnase, et ceux-ci se regroupèrent en face d’eux, visiblement dubitatifs.
— Continuez à avancer, grinça Calem entre ses dents tout en serrant son pistolet entre ses mains.

Isil sondait la Force pour anticiper le moment où l’ennemi ouvrirait le feu sur eux, si toutefois ils le faisaient. Là-bas, dans l’ombre du gymnase, celui-ci hésitait. Les hommes-serpents parlaient entre eux en les observant. L’un d’eux sortit comme une trombe du bâtiment et bouscula deux des hommes. Visiblement, c’était le chef de l’escouade. Il éructa quelque chose d’incompréhensible.
Le moment est venu ! songea Isil en sentant s’agiter d’invisibles lignes dans la Force autour d’elle.
— Attention, ils vont ouvrir le feu… le muret n’est plus qu’à une vingtaine de mètres, fit-elle à voix basse tout en posant un doigt sur l’interrupteur de son sabre laser.

Un éclair violent éclata dans le ciel suivi d’un terrible coup de tonnerre. Une seconde plus tard, elle distinguait dans la Force des impulsions d’énergie mortelles venir vers eux. Elles étaient nombreuses, mais sa concentration lui permettrait de toutes les intercepter à l’aide de mouvements vifs et optimisés dans l’espace. Il lui fut par contre difficile de viser en les renvoyant et elle se résigna à servir de bouclier au groupe jusqu’à ce que le muret soit à portée de bond.
— À couvert ! cria Rigo en plongeant à l’abri. Feu à volonté.

Isil se retrouva seule debout tandis qu’un feu nourri se déchaînait sur l’escouade des saurocéphales. Plusieurs créatures tombèrent. Les autres se mirent à couvert derrière tout ce qui se trouvait à leur portée : caisses, bidons, tapis de sol empilés, angle de mur… On entendit Debbie mugir. Une puissante onde d’énergie balaya un groupe de trois hommes-serpents pourtant protégés par une caisse.
— Eh ben, ça c’est du fusil, s’écria un lieutenant en regardant en direction du jeune officier debout qui venait de tirer.

Au même moment, un tir frappa ce dernier qui tomba à la renverse.
— Tam, non ! cria le lieutenant. Capitaine, Tam est touché !

Jarval cessa de tirer et, courbé en deux, parcourut les dix mètres qui le séparaient du jeune officier. Il se pencha sur lui et l’aida à se remettre à l’abri du muret. Une tache brunâtre s’étalait sur le bas de son abdomen.
— J’ai oublié que je n’avais pas ma tenue de combat, murmura-t-il avec peine.
— Chut, fit Jarval, garde tes forces, on va s’occuper de toi… juste le temps de finir le nettoyage.

Toujours debout, plongée dans la Force, Isil, cheveux au vent, s’appliquait à renvoyer les tirs dirigés sur elle. Cinq créatures avaient déjà succombé à son adresse.
— Il faut les débusquer et foncer, cria-t-elle à la cantonade.
— Fais attention à toi, lui répondit le contrebandier en ajustant son tir bien reconnaissable à ses traînées rougeoyantes.
— À trois, reprit la Jedi qui étendit ses deux mains en avant pour appeler à elle toute la Force qu’elle pouvait drainer autour d’elle. Un, deux… trois !

Elle propulsa devant elle une vigoureuse vague de Force qui renversa les bidons et les caisses ainsi que ceux qui s’abritaient derrière. Un puissant double saut périlleux la propulsa au milieu de ses ennemis et le sabre laser entra en action, fouettant l’air et découpant sur son passage tout ce qu’il rencontrait.
— Allons-y ! s’écria Calem comme Hiivsha se levait pour foncer lui aussi dans le tas.

Ce fut la ruée. Aucune protection ne pouvant être efficace à courte distance, les hommes-serpents sortirent du gymnase et de l’abri des murs pour repousser les assaillants. L’affrontement tourna au corps-à-corps. Le sabre laser fit merveille ainsi que les poussées de Force dont La Padawan se servit. Entre les caisses qu’elle projetait sur ses adversaires, les tirs meurtriers du blaster d’Hiivsha et des armes des Gardes royaux, il ne resta bientôt plus un seul homme-serpent debout. Deux autres officiers avaient été légèrement blessés dans l’assaut final. Isil se précipita contre la porte d’accès au gymnase. Celle-ci était verrouillée mais son sabre laser en découpa la serrure en deux secondes. Elle entra dans le couloir qui donnait sur la grande salle de sports et distingua au fond de celui-ci une menace très précise. Le sabre quitta sa main en virevoltant et s’abattit vers le bras qui essayait de la viser du coin d’un mur. Au moment où la main toujours crispée sur l’arme touchait le sol, le sabre laser reprenait sa place entre ses doigts experts. Jarval échangea un rapide regard lourd d’admiration avec Calem sans rien dire. L’homme-serpent fut rapidement maîtrisé et neutralisé.

La salle était remplie de soldats assis à même le parquet, hommes et femmes, dont quelques-uns étaient en civils. Sans doute ceux qui avaient été interpelés chez eux. Ils se levèrent comme un seul homme en apercevant leurs officiers et leur capitaine aux côtés de leur roi. Un joyeux brouhaha rempli d’incrédulité accueillit les nouveaux arrivants. Calem mit fin prématurément aux retrouvailles.
— Rigo, évacuez le sous-lieutenant Shirpax à l’infirmerie de la prison et revenez aussitôt.

Puis se tournant vers les Gardes.
— Du silence, je vous prie. Mesdames, messieurs les Gardes Royaux, je n’ai pas le temps de vous faire un long discours sur ce qui vient de se passer ces derniers jours. Sachez que je ne vous ai pas abandonnés mais que j’avais confié à mon frère et au général Pardo la tâche de défendre la cité en mon absence. À l’encontre de mes ordres, ceux-ci ont livré la ville à l’ennemi. Nous devons la reprendre dès maintenant tant que le gros de ses troupes campe dans les plaines du sud. Pour cela, vos officiers vont vous constituer en commandos. Chacun des groupes ainsi créés sera responsable de la prise de contrôle d’une des portes de la ville et de sa fermeture. Il devra ensuite la conserver fermée et la défendre jusqu’à ce que l’ensemble des forces édiniennes soient opérationnelles et que la ville soit purgée de l’envahisseur. L’armurerie de la prison contient quelques armes qui vont être affectées aux groupes dont l’objectif est le plus éloigné. Pour les autres, une petite balade dans le dépôt d’armes tout proche s’impose. Nous agirons de façon synchronisée le moment venu. D’ici là, évitez de vous faire repérer. La tempête qui sévit va nous faciliter la tâche mais ne nous rendra ni invisibles, ni invincibles. Vous n’avez pas votre équipement d’assaut personnalisé aussi vous devrez redoubler de prudence. Vos officiers vont maintenant briefer leurs groupes. Vous avez cinq minutes pour vous préparer.

Puis se tournant vers son ami.
— Jarval, à part Shirpax, y’a-t-il d’autres personnes blessées qui ne peuvent pas continuer ?

Le capitaine secoua la tête.
— Non, je viens de parler avec les lieutenants Defor et Bon’Hir, ce ne sont que des égratignures qui pourront attendre quelques heures que la fin de la partie soit sifflée.
— Bien, espérons que nous mènerons au score à ce moment-là !

Les plans que madame Rigo avait dupliqués à l’aide de son ordinateur furent mis à contribution pour désigner à chaque groupe son objectif et établir un timing précis.


De retour à l’armurerie de la prison, certains commandos purent être armés parmi ceux qui avaient le plus de marche à faire pour rejoindre leur secteur d’action. Le nouveau directeur leur distribua même les quelques tenues anti-émeute qu’il possédait en réserve. Les itinéraires privilégièrent les ruelles et les parcs nombreux dans la ville pour éviter les patrouilles des hommes-serpents, ou pire, des Dragons Noirs. Mais les ordres de Calem étaient dépourvus de toute ambiguïté à ce sujet.
— Votre objectif doit être par-dessus tout, la fermeture complète de la ville pour le lever du jour. Tous les moyens… je répète, tous les moyens devront être mis en œuvre pour parvenir à ce résultat. Si vous devez affronter vos camarades du premier régiment, réglez vos armes sur « non létal », mais tirez sans hésiter !

Puis il attira à lui Hiivsha en le prenant par la manche tout en faisant signe à Isil de les suivre.
— Hiivsha, où se trouve votre vaisseau ?
— À une centaine de kilomètres au nord-ouest de la ville, dans les montagnes.
— C’est loin, regretta le roi avec une grimace.
— Mais je suis venu en motojet, cachée quelque part dans un entrepôt désaffecté de votre banlieue ouest. Une fois récupérée, j’en ai pour une demi-heure, trois quart d’heure avant de regagner mon Chou… mon cargo. Pourquoi cette question ?
— Votre vaisseau est armé ?

Hiivsha haussa les sourcils et un demi-sourire en coin naquit à la commissure de ses lèvres.
— Je commence à comprendre… j’ai huit batteries de canons laser, deux tourelles de turbolasers lourds et deux lance-missiles… à votre disposition, Sire ! ajouta-t-il avec un franc sourire en inclinant légèrement son buste.
— Ce serait un appui non négligeable en effet, intervint la Padawan, si l’armée de Zarek devait marcher sur la ville. La puissance de feu du cargo d’Hiivsha sera un atout considérable en attendant des renforts, d’autant que vous n’avez pas d’armée aérienne mécanisée.
— J’ai scrupule à me servir d’un engin extraterrestre issu d’une technologie que nous avons réprouvée et abandonnée au fil du temps, mais puisque vous êtes là…
— Tes scrupules sont tout à ton honneur, Calem, murmura Isil en posant une main chaleureuse sur le bras du jeune monarque. Mais plus vite nous aurons repris la ville et mis l’armée de Zarek en déroute, moins nous aurons à dénombrer de victimes.
— Dans ce cas, reprit le contrebandier, je vais partir avec l’un des commandos qui partent vers l’ouest de la capitale et je me faufilerai dans la banlieue pour regagner mon véhicule.
— Entendu, répondit le roi, voyez avec Jarval pour cela… et soyez prudent.
— Vous aussi, Calem… n’oubliez pas que votre royaume n’a qu’un souverain. Vous permettez ?

Il tira Isil par la manche de sa bure et l’entraîna quelques mètres plus loin.
— Pas d’excès de zèle, jeune Padawan, souffla-t-il en la prenant dans ses bras, je tiens à repartir avec toi… à moins que tu n’aies changé d’avis…

Isil fit l’étonnée.
— À propos de quoi ? répondit-elle en souriant.
— Eh bien, tu sais… rester ici, se marier, avoir des enfants… notre jolie maison dans la prairie au bord de la rivière… tout ça…
— Tu vas finir par te faire du mal en pensant à tout ça justement, murmura-t-elle en se laissant embrasser. Que la Force soit avec toi.
— Et avec toi aussi, ma chérie…

Il s’éloigna vers un groupe de soldats au centre duquel Jarval donnait des instructions en adressant à Isil un dernier petit geste de l’index frappant contre sa tempe.
Penses-y !
La Padawan soupira. Un certain nombre de pensées confuses flottaient à présent dans son esprit et des images fort agréables s’insinuèrent un instant en elle.
L’attachement mène-t-il vraiment vers le Côté Obscur ? En tout cas, ça ne simplifie pas les choses !
Elle inspira profondément pour chasser mentalement toutes ces idées et se replonger dans l’action présente. Déjà les commandos qui avaient pu être armés quittaient la prison par petits groupes à la faveur de la nuit. Celui qui accompagnait le contrebandier fut l’un des premiers à sortir. La jeune Jedi regarda son data-bracelet. Le temps passait : il fallait agir vite.
Calem fit ses dernières recommandations au nouveau directeur par intérim et à Zick afin d’être certain que sa présence dans la ville ne serait pas ébruitée trop tôt. Le Cathar le rassura à ce sujet et confirma que personne n’entrerait ou ne sortirait de la prison avant l’aube.


Le problème était de faire mouvement dans les rues désertes avec une troupe d’une centaine de soldats. Il fut donc décidé d’aborder le dépôt d’armes comme la prison, avec une poignée d’hommes armés, le reste attendant que l’entrée en soit ouverte pour y accourir par petits groupes.
C’est ainsi que le factionnaire vit arriver une dizaine de personnes bravant le couvre-feu devant les grilles fermées qui protégeaient le poste de garde. Intrigué, il entrouvrit la porte de ce dernier.
— Que faites-vous dehors ? Vous ne savez pas qu’il est interdit de…

Il s’interrompit pour rectifier la position car il venait de reconnaître le capitaine Jarval, le commandant de la Garde Royale dont il ignorait tout de l’internement.
— Mes respects, capitaine, je ne vous avais pas reco…

Il n’alla pas plus loin dans sa phrase car Calem venait d’ôter sa capuche et d’écarter les pans de son vêtement de pluie pour laisser entrevoir son uniforme.
— Sire ? s’exclama le factionnaire en se raidissant encore plus, c’est vous ? Que se passe-t-il ?
— Nous avons besoin des armes de l’entrepôt, ouvrez-nous les portes.

Le soldat hésitait visiblement, comme Zick un moment auparavant.
— C’est que… mes consignes… je dois avertir l’officier de permanence…

Isil s’avança vers lui tout contre la grille et fit de la main ce que certain auraient appeler « une passe de Jedi ».
— Nul besoin d’avertir qui que ce soit, tout est en règle, nous pouvons entrer.

Sa voix résonna dans la tête du soldat qui bégaya en la regardant fixement.
— C’est… c’est bon, tout est en règle… vous… vous pouvez entrer…

La grille glissa sur ses rails. Aussitôt Jarval prit son communicateur et annonça.
— Rigo ? Nous sommes à l’intérieur, vous pouvez envoyer les groupes.

Deux hommes furent laissés en compagnie du factionnaire qui paraissait ne plus savoir où il se trouvait. Calem se retourna vers Isil.
— C’est aussi un de tes trucs de Jedi ?
— Il est possible d’influencer les esprits les plus fragiles grâce à la Force, expliqua-t-elle sobrement.
— Ah oui ? Je me demande jusqu’où s’étend le pouvoir d’un Jedi ?
— Ou d’un Sith… il peut s’étendre très très loin… au-delà de ton imagination. Mais je n’en suis pas encore là.

Pouvait-elle lui expliquer qu’il n’y avait pas si longtemps, elle avait enfermé un terroriste dans une bulle de Force au moment où celui-ci avait fait exploser sa bombe en plein milieu d’une foule, et ceci pour retarder au maximum le moment de la déflagration et permettre ainsi aux personnes présentes d’évacuer les lieux ? Ce souvenir la hantait depuis lors car à ce moment précis, elle avait senti sur elle le souffle glacé du Côté Obscur, l’ivresse de la toute puissance, l’importance de sa supériorité sur le commun des mortels… et elle en avait eu peur. Une peur qu’elle avait réussi à chasser mais qui de temps en temps revenait la hanter.

Ils étaient parvenus devant le bâtiment principal de l’administration du dépôt. Sur un geste du roi, Isil força la porte d’entrée et Calem s’engouffra dans l’ouverture. Une lourde grille barrait un couloir qui donnait manifestement accès à la salle où devait dormir l’officier de permanence. Une sonnette se trouvait à côté et Jarval l’écrasa de son index. une lumière s’alluma et un homme occupé à enfiler la veste de sa tenue sortit d’une pièce.
— Qu’est-ce que c’est ? râla-t-il.

Ça pouvait être une inspection surprise — quoiqu’en plein couvre-feu la chose aurait été plutôt étonnante — ou une demande de sortie d’urgence d’armes et ça, compte-tenu des événements extérieurs, c’était plus probable.
L’officier n’avait pas totalement refermé son habit qu’il reconnaissait l’uniforme royal ainsi que celui des officiers qui l’entouraient.
— Sire ? fit-il étonné avant de se mettre au garde à vous et de saluer, vous ici… après ce qu’on a annoncé sur les chaînes officielles ? Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureux de vous savoir de retour sain et sauf ! Vous allez peut-être pouvoir remettre de l’ordre dans ce bordel… sauf votre respect, Sire !

L’homme était un grand gaillard barbu aux épaules larges comme une armoire dont le visage laissait supposer sans peine qu’il n’avait pas l’habitude de s’en laisser conter. Sans aucune hésitation il appuya sur le bouton de déverrouillage de la grille qu’il ouvrit toute grande. Puis il serra avec fierté la main que le monarque lui tendait en toute simplicité en se présentant.
— Lieutenant Fra Bergano, Votre Majesté, que puis-je faire pour vous aider ?

Calem lui sourit.
— Ce que l’officier de permanence du dépôt d’armes de la ville peut : m’ouvrir les armureries pour équiper ses hommes.

Le colosse haussa des sourcils.
— Vos hommes… vous voulez dire, la Garde Royale ? Mais n’a-t-elle pas sa propre armurerie ?

Calem eut un rictus embarrassé.
— C’est… un peu compliqué pour le moment…

Bergano se gratta la tête sans ambages.
— Je vois… c’est donc de la politique.

Jarval lui tapota l’épaule.
— Vous avez tout compris, lieutenant.
— Alors, reprit ce dernier, je ne tiens pas à savoir. Ma fidélité vous est acquise. Major Jaspin ! cria-t-il soudain.

Un autre homme sortit d’une des portes donnant sur le couloir pour se précipiter vers eux, marqua un temps d’arrêt de quelques secondes nécessaire pour évaluer la situation, se mit au garde-à-vous et salua.
— À vos ordres, lieutenant !
— Major, assurez la permanence, je vais procéder à des sorties de matériel. Réveillez les permanents de l’armurerie un, de la soute trois et du magasin… six… si ma mémoire est bonne, c'est là que se trouve le meilleur équipement… dites-leur d’ouvrir leurs guichets immédiatement.
— Reçu, lieutenant.
— Parfait… ah, et… Major, si vous recevez un coup de fil de l’extérieur, qui que ce soit, vous me le transférez, compris ?
— Compris, lieutenant.

L’officier se retourna vers ses visiteurs.
— Où sont vos gars, Sire ?
— Ils vont arriver, par petits groupes… plus facile pour se déplacer sans être vus des patrouilles de l’ennemi.
— De l’ennemi ? reprit le colosse en ouvrant grand ses lèvres dans un sourire qui découvrit plusieurs dents métalliques complètement passées de mode, voilà un langage qu’enfin je reconnais ! Si vous voulez bien me suivre !

Il prit la tête de la cohorte et les guida dans le dépôt. Plusieurs officiers restèrent à l’extérieur des bâtiments pour jalonner le chemin aux groupes qui commençaient à arriver au pas de course.
— Je veux que les trois premiers commandos équipés repartent sécuriser l’itinéraire entre la prison et le dépôt jusqu’à ce que les derniers groupes soient arrivés. Je ne veux pas que des hommes désarmés aient affaire aux créatures de Zarek, ordonna le roi à Jarval pour qu’il donne les ordres en conséquence.


Le rééquipement des Gardes Royaux fut mené tambour battant avec une redoutable efficacité, sous les ordres du lieutenant Bergano. Trois quarts d’heure plus tard, l’ensemble des hommes de Jarval étaient équipés et prêts à en découdre. Le seul incident signalé fut la rencontre entre le commando deux et une patrouille de quatre hommes-serpents qui n’eurent pas le temps de se rendre compte de ce qui leur arrivait. Les corps avaient été promptement cachés pour gagner un maximum de temps jusqu’à leur découverte.
Sous le commandement d’un officier ou d’un sous-officier supérieur, les commandos s’éparpillèrent dans les rues de la ville à destination de leur objectif. Calem se tourna vers Bergano.
— Lieutenant, je vous charge de conserver ce dépôt fermé et de n’obéir à aucun ordre qui ne viendrait pas de moi ou d’un des officiers de la Garde Royale, m’avez-vous bien compris ?
— C’est que… oui, Sire… mais je comptais en fait… venir vous donner un coup de main… en personne…

De fait le colosse semblait dépité de voir se disputer une partie sans être dans les rangs des joueurs.
— Je vous comprends, et vous en remercie, reprit le roi, mais j’ai besoin d’un homme de confiance pour être certain que ce dépôt ne pourra servir à ceux que nous combattons… et vous avez la trempe pour cela !

L’officier retint une grimace malgré l’évident compliment que le souverain lui faisait.
— Entendu, Sire, je vais rassembler tous les hommes et les mettre aux postes de combat… mais si vous avez besoin de soutien, n’hésitez pas à en demander !

Calem se laissa aller à lui donner une bourrade amicale pour lui remonter le moral.
— C’est promis, lieutenant !
— Vous allez faire quoi, à présent… si je ne suis pas trop indiscret ?

Le jeune monarque regarda son capitaine ainsi qu’Isil et Rigo qui était resté avec eux et quatre soldats.
— Il est temps de redonner du travail à nos régiments au chômage ! lâcha-t-il avec une lumière ardente dans le regard.


(à suivre…
prévisions d’achèvement : 40 épisodes - 550 pages - septembre 2013)


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Modifié en dernier par Hiivsha le Mar 12 Nov 2013 - 12:48, modifié 3 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 08 Sep 2013 - 15:48   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Lu ! Ça se passe bien ! Même si j'ai l'impression que les dialogues tiennent parfois un peu trop de place, je m'attendais à ce qu'on ait davantage avancé à la fin de ce chapitre.

comme aurait pu l’être le rejeton d’un fusil et d’un canon si ceux-ci avaient pu se reproduire entre eux,


Le "entre eux" me parait de toute façon sous-entendu... Sans compter que ces deux espèces ont déjà du mal à se reproduire avec qui que ce soit sans aide :D

— Pas grave, c’est une nuit exceptionnelle, alors personne ne s’en formalisera.


je trouve ça un peu ambigu hors-contexte, vu qu'une nuit exceptionnelle peut justement être prétexte à être plus présentable que d'habitude, suivant ce que recouvre le "exceptionnelle"^^

— Mon dieu, je n’aurais jamais pensé dire une chose pareille aujourd’hui en me levant… Songe que je m’adresse à une extraterrestre…


Si Isil était un homme, j'aurais bien dit que c'était une rencontre du troisième type, mais :D

Pour l’instant, rien de ce qui se passe ici ne doit sortir d’ici


:siffle:

ce qui se passait à présent était bien plus intéressant qu’une demi-finale de banloop !


C'est un false, lui :o

Isil sondait la Force pour anticiper le moment où l’ennemi ouvrirait le feu sur eux, si toutefois ils le faisaient.


Il le faisait, plutôt, puisqu'on parle de "l'ennemi" :wink:
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Messagepar Hiivsha » Dim 08 Sep 2013 - 16:32   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Merci de ta lecture... oui je piétine... il va falloir que j'active, quitte à faire des ellipses ou à sous-entendre certaines actions qui au fond sont un peu répétitive... notamment sur la façon dont le roi reprend les rennes de ses subordonnés dans la ville.

Pour la "nuit exceptionnelle", ce que veux dire son mari, c'est que vu qu'il se passe des choses exceptionnelles et compte-tenu de l'urgence de la situation, le fait que sa femme ne soit pas totalement présentable (socialement parlant... mais après tout, c'est le milieu de la nuit et on vient de la tirer du sommeil), restera une exception également et que personne ne s'en formalisera. (Après, je n'ai pas non plus dit qu'elle était en nuisette affriolante... il y a des chemises de nuit très "comme il faut" !)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 08 Sep 2013 - 16:55   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

J'ai bien compris, juste que hors-contexte, le "exceptionnelle" n'est peut-être pas le terme le plus précis^^
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Messagepar Notsil » Dim 08 Sep 2013 - 22:50   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Lu aussi !

La reprise de la ville se met en place tout doucement ;)

Quelques détails qui trainent :

n’avaient pas obtempéré à la menace du canon.
Il ne se passa en fait que deux secondes avant que la menace en vêtements

-> double "menace" histoire de pinailler.

elle a l’air de ne pas avoir froid aux yeux, madame RIgo,

-> une majuscule qui traine.

Vous avez raison, le gymnase ! Il y a de grandes chances qu’ils soient regroupés dedans !

-> "qu'ils y soient regroupés " me parait plus joli ^^

véritable championnat planétaire de banloop… c’était il y avait déjà trois ans !

-> la partie après les "..." me parait assez moche ^^

Jarval l’écrasa de son index. une lumière s’alluma

-> et le retour de la majuscule ;)

Voilou, hâte de rentrer dans le vif du sujet ^^
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Messagepar Hiivsha » Lun 14 Oct 2013 - 13:04   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Et un mois plus tard... après une looongue pose en partie due aux vacances tardives de mon épouse, en partie due à un manque d'inspiration voire de fatigue scripturaire, voici le chapitre suivant. Je croise les doigts pour finir à la fin de l'année... :paf:
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33 - Le 1er Régiment Royal


Des trois régiments hébergés dans la cité, seul celui des « Dragons Noirs » était professionnalisé. Les deux autres étaient, hormis leur encadrement, composés de jeunes recrues qui effectuaient leur obligation civique d’une durée de deux ans dans l’armée, comme d’autres le faisaient dans nombre de secteurs publics de la société édinienne. Or le souverain avait toujours eu, comme on le disait, « la cote » parmi les jeunes, ce qui constituait un atout non négligeable pour rallier à lui ces deux régiments.
Le petit groupe arriva devant la caserne du « deux » ainsi qu’on appelait familièrement le deuxième régiment royal, après avoir évité de justesse une patrouille ennemie en se fondant dans l’un des jardins publics de la cité. Ce fut le colonel Qulos qui monta au créneau pour recevoir son visiteur de marque.
C’était le type même du baroudeur en fin de carrière. Il avait roulé sa bosse un peu partout sur la planète avec l’AUE, l’Armée Unie d’Édena, formée par des contingents de tous les pays, et qui avait pour mission de préserver la paix partout où des tensions naissaient. À un an de la retraite, il avait eu du mal à avaler la pilule de la « ville ouverte » décrétée par le prince Taimi, mais, n’ayant pas l’âme d’un mutin, il s’était borné à exécuter les ordres venus « d’en haut » et avait consigné tout son petit monde en attendant de voir comment les choses allaient évoluer.

S’il n’accueillit pas le monarque les bras ouverts, ce fut uniquement par un sentiment de retenue et de rigueur toute militaire. Mais l’idée « d’aller au carton » selon son expression favorite lui redonna la jeunesse de ses vingt ans.
Le branle-bas de combat fut discrètement sonné pour mettre le régiment en ordre de marche et le rééquiper. L’ensemble de ses officiers fut unanime à reconnaître l’autorité du roi au-dessus de celle du prince et du général Pardo et chacun attendit les nouveaux ordres.
Il était cinq heures du matin lorsque Qulos proposa au roi de gagner du temps en utilisant l’une des lignes de communication de crise qui reliait directement le « deux » au « trois ».
— C’est le colonel Roc’Hart qui est là-bas… « Rocco-tête-de-bois », avait-il précisé avec un gros rire. Inutile de perdre une heure à y aller à pied, et utiliser des montures ce serait vous faire repérer plus aisément. Je me charge de le briefer… je le connais bien, c’est un frère d’armes. Il n’attend qu’un mot pour sonner la charge ! Par contre je n’en dirais pas autant des « Dragons ». Une partie de leur effectif encercle le stade où nombre d’opposants ont été enfermés et, à l’heure qu’il est, le restant doit se trouver dans ses quartiers.
— Oui, j’en suis conscient, maugréa Calem en se frottant la nuque pour lutter contre une certaine lassitude. Il faut pourtant que je me rende au « un » pour retourner leur encadrement, c’est la seule solution… sinon, on va droit à une fratricide bataille de rue.
— Où se trouve le stade ? demanda Isil inquiète.
— Au nord ouest de la ville, à l’extérieur des remparts. Mais quand les choses vont se gâter, l’ennemi attaquera plutôt les murs côté sud. Je ne pense pas que le stade soit un objectif à risque… surtout si d’ici-là, nous avons rallié les officiers du « un ».
— Alors, ne perdons pas de temps.
— Jarval ?

Le capitaine se tourna vers son roi.
— Oui, Sire ?
— Tu vas rester ici et superviser les opérations avec le colonel Qulos. Il faudra vous synchroniser avec le « trois » et nos commandos. Les portes doivent être prises à six heures. À ce moment, les régiments prendront pied dans la ville en éliminant toute résistance de l’ennemi et s’empareront des points névralgiques comme il en a été décidé. Il faudra aussi envoyer le maximum d’effectif rejoindre la Garde Royale pour défendre les portes et les murailles d’une attaque extérieure qui ne manquera pas de se produire. Enfin, il faudra encercler la Cité Royale pour empêcher la garnison d’hommes-serpents qui s’y trouve d’en sortir. Cela vous pose-t-il un problème, colonel ?

Le baroudeur secoua sa tête rasée de près.
— Pas le moindre, Sire, je me mets sous les ordres du capitaine Hor’Gardi comme le prévoit le protocole.

Calem sourit intérieurement. La différence de hiérarchie entre la Garde Royale et le reste de l’armée n’était pas toujours bien acceptée ou comprise, même si elle procédait d’une très ancienne tradition qui remontait au temps où le grade du commandant de la Garde était alors « capitaine-général ». Ce grade avait été abrégé depuis, à tort, en « capitaine » ce qui donnait lieu à une certaine ambiguïté pour les esprits chagrins.
— Merci, colonel, je m’en remets à vous deux pour mettre en pratique le plan établi.

Établi à la hâte, pourvu que tout se passe comme prévu ! pensa Jarval sans le montrer.
— Nous allons prendre trois corinals pour nous rendre chez les « Dragons », Rigo, Isil et moi. Inutile d’être plus, cela ne servirait qu’à provoquer un bain de sang si par malheur je ne parvenais pas à convaincre leurs officiers. Et puis, Isil vaut bien une compagnie à elle toute seule.

Le colonel Qulos leva vers la Padawan un sourcil dubitatif.
Comment une si jeune personne, civile de surcroît, peut-elle prétendre à une telle efficacité ?
Mais l’officier supérieur songea qu’il n’était pas temps de demander des explications et que le roi savait sans doute ce qu’il disait… et faisait. Aussi décida-t-il de remettre sa question pour plus tard.
— Si par hasard ça clochait avec le « trois », prévenez-moi immédiatement, sinon, appliquez le plan comme prévu sans attendre d’autres ordres de ma part.
— Comme tu voudras, répondit Jarval avec un petit signe de tête tandis que le colonel se ruait sur le communicateur sécurisé qui allait lui permettre d’entrer en contact avec son homologue du troisième régiment Royal.

Calem conserva un instant la main de son capitaine et ami dans la sienne et la serra fortement.
— Si quelque chose devait mal se passer chez les Dragons… si nous étions empêchés de continuer… faites-le sans nous. Reprenez la ville et si Taimi s’oppose à toi, fais procéder à son arrestation.
— Arrêter le prince ? Ce n’est pas une chose facile que tu me demandes là.
— Il n’y a qu’à toi que je peux la demander, Jarval.

Ils se regardèrent un instant les yeux dans les yeux, puis le capitaine Hor’Gardi eut un léger signe de la tête.
— Entendu, Calem, je ferai comme ça.

Trois soldats amenèrent les montures. Calem, Isil et Rigo enfourchèrent chacun la leur et partirent à bride abattue en direction de la séculaire caserne des « Dragons Noirs ».


La citadelle du premier régiment royal dressait son ombre torturée sur une légère proéminence qui ne pouvait certes rivaliser avec la colline sur laquelle était bâtie la Cité Royale, mais qui la faisait apercevoir de loin dans la ville. Ses murailles, jadis entourées d’une forêt, étaient désormais ceintes d’espaces verts boisés qui faisaient en temps ordinaire la joie des promeneurs et des enfants. Une rivière coulait tout autour, au bas des glacis, et serpentait entre les pelouses fleuries pour rejoindre le fleuve au-delà des murs de la capitale. Cet environnement des plus pittoresques, apparaissait sous les éclats de la tempête hautement sinistre.
Ils galopaient à travers les rues désertes des quartiers résidentiels, évitant consciencieusement les larges artères marchandes, où le risque de rencontre avec l’ennemi était plus grand. La cité, transformée en ville fantôme par le couvre-feu, ruisselait à présent sous des trombes d’eau fouettées par de violentes bourrasques tièdes venues du désert.
Plongée dans la Force, Isil leur fit plusieurs fois effectuer un détour alors qu’elle sentait devant eux la présence d’hommes-serpents.
— Rudement pratique votre radar embarqué ! lança le lieutenant Rigo alors qu’ils traversaient un parc.

La Padawan ne répondit pas, concentrée qu’elle était dans les lignes invisibles qui irradiaient de devant elle. Le bruit des fers cognant contre le revêtement des rues se perdait dans le sifflement des rafales de vent qui s’engouffraient entre les villas et le bruit quasi-perpétuel du tonnerre qui roulait ou éclatait au gré des éclairs. Calem essuya son visage trempé pour étudier la dernière partie de l’itinéraire qui les menait vers l’unique route montant jusqu’à l’entrée de la vieille forteresse. L’avenue bien-nommée du 1er R.R., serpentait sur une courte distance en traversant un petit bois, et expirait sur un ancien pont-levis qui précédait un tunnel ouvert dans la muraille. Le roi fit obliquer sa monture vers l’une des pelouses qui bordaient les glacis et la rivière circulant à leur pied, et le lança au galop.
Isil sentit la Force s’agiter au loin et fit accélérer son corinal pour se porter à la hauteur du roi.
— Nous arrivons ? demanda-t-elle.
— Oui, au bout de cette plaine, nous prendrons l’avenue qui monte au château sur la droite à travers les arbres.
— Je sens une présence ennemie pas loin d’ici, restons sur nos gardes.

Parvenus au terme de l’étendue herbeuse, ils ralentirent pour sortir du parc et revenir sur la rue qui le bordait. Les sabots claquèrent de nouveau sur le sol dur. Devant eux, les arbres semblaient avaler l’avenue dans leur ombre épaisse. La Padawan lança un avertissement.
— Il y a du monde à cent mètres.

À la lueur d’un puissant éclair, ils purent apercevoir une douzaine de silhouettes fantomatiques qui stationnaient à l’abri des grands arbres. Les deux hommes tirèrent leur pistolet de leur étui tandis qu’Isil saisissait son sabre sans toutefois l’allumer. Ils étaient encore à plus de cinquante mètres de l’ennemi lorsque la Padawan bondit les deux pieds sur la selle, ramassée comme un fauve prêt à bondir. Avant même que Calem ait eu le temps d’ouvrir la bouche, elle s’envola littéralement dans les airs, ajoutant la vitesse de sa monture à celle d’un saut prodigieux qui la catapulta en avant. À la lumière de l’éclair suivant, les deux hommes la virent tournoyer plusieurs fois sur elle-même comme une boule avant d’atterrir au milieu des hommes-serpents complètement pris au dépourvu. Dans la nuit le sabre-laser s’éclaira de sa lame verte qui fouetta vivement l’air autour de la Jedi. L’arme redoutable fit son office sans aucune retenue, laissant sur son passage une odeur âcre de chair carbonisée. Quelques tirs fusèrent des armes des saurocéphales. Isil roula à terre pour en éviter deux, tout en se rapprochant de trois autres sauriens bipèdes. Son sabre s’enfonça de nouveau dans l’un d’eux et trancha le bras armé des deux autres. Pendant ce temps, le roi et le lieutenant Rigo avaient sauté au bas de leur monture et ouvert le feu sur leurs adversaires, courbés en deux pour minimiser la visée de ces derniers. Il y eut des cris gutturaux en provenance des créatures dont les rescapés reculèrent vers le sommet de l’avenue. La lueur tournoyante du sabre-laser trancha l’obscurité du sous-bois ainsi qu’une tête qui tomba dans un craquement sinistre, avant de revenir dans la main qui l’avait lancé. Calem et Rigo se mirent également à la poursuite des quelques fuyards, s’arrêtant seulement pour ajuster leurs tirs. À mi-pente, il ne restait plus que deux hommes-serpents qui tentaient de trouver vainement le salut dans la fuite. Ils furent rattrapés à une cinquantaine de mètres de la puissante grille qui fermait le tunnel d’accès à la caserne. Deux tirs bien ajustés les foudroyèrent dans le dos et ils s’écroulèrent sans un cri sur le sol. Silencieusement, chacun rengaina son arme.

Des pas précipités les firent se retourner en direction de la forteresse. Une dizaine de soldats accouraient vers eux. Les quatre premiers étaient armés de lances d’énergie qui équipaient traditionnellement les factionnaires qui gardaient les immeubles officiels mais les six autres, commandés par un sous-officiers, pointaient vers eux le fusil d’assaut classique des escouades d’intervention. Ils encerclèrent rapidement les trois personnes encore debout au milieu de l’avenue.
— Ne bougez plus ! s’écria le sergent qui était à leur tête.
— Je suis votre roi, s’écria Calem en ôtant son manteau civil, conduisez-moi au colonel Cross, je dois m’entretenir avec lui de toute urgence.

Les hommes s’entre-regardèrent visiblement hésitants. Le sous-officier fit un geste avec le canon de son arme en désignant le tunnel d’accès à la caserne. Calem, Rigo et Isil obéirent en silence pendant que les soldats les entouraient, leurs armes toujours pointées vers eux. Parvenus à la grille principale, les quatre factionnaires reprirent leur poste quand les autres continuèrent à travers les remparts puis la place d’armes.
Quelques minutes plus tard, ils étaient introduits dans une longue pièce de réception aux murs anciens de pierres saillantes qui firent résonner leurs pas.
— Veuillez attendre ici, je vais aller chercher le chef de corps, lança le sous-officier en les laissant sous la garde étroite de ses hommes avant de se retirer.

Un silence de plomb retomba sur la pièce et l’on pouvait entendre la respiration bruyante des hommes interpelés par cet imprévu. Rigo essaya de détendre l’atmosphère, en grande partie parce que les canons des fusils braqués sur eux le rendaient nerveux.
— Je pense que vous pouvez baisser vos armes, proposa-t-il à la cantonade. C’est votre souverain que vous mettez en joue.
Mais les soldats restèrent impassibles. Ce n’était pas là des jeunes effectuant leur service civique, mais des militaires de métier spécialistes dans les coups de main un peu partout sur la planète et qui n’avaient pas froid aux yeux. Ils avaient reçu des ordres et s’y tiendraient sans plus y réfléchir. Les doigts restèrent inexorablement sur leur détente. Rigo soupira.
Ces Dragons Noirs… y’a vraiment rien à en tirer ! Des machines et rien d’autre. Si ça ne tenait qu’à moi, y’a longtemps que j’aurais dissous ce régiment.

Isil prit le temps de contempler la salle. Ses murs étaient ornés d’antiques armes et armures exposées dans des vitrines et de fanions qui devaient être autant de prises de guerre du régiment. Ses paupières se fermèrent lentement et elle s’immergea dans la Force pour y trouver chacun des fils activés par la présence des soldats tout autour d’elle. Une vague de Force circulaire aurait eu tôt fait de les propulser contre les murs, mais ce n’était pas le moment. Elle ne ferait rien que Calem n’aurait pas décidé.
Sauf si la situation l’exige.

D’interminables minutes s’écoulèrent dans un silence pesant et nerveux. Rigo s’agaçait d’être constamment tenu en joue comme un malfaiteur et du coin de l’œil, il observait son suzerain qui, paradoxalement, ne montrait aucune trace d’anxiété. Le roi paraissait, du moins vu de l’extérieur, complètement détaché de tout. Il s’était lentement éloigné du cercle formé par les soldats qui n’avaient rien fait pour l’en empêcher, afin de se promener à pas lents le longs des vitrines chargées d’histoire comme un simple visiteur de musée, les mains croisées dans le dos.
Enfin, des pas résonnèrent dans un couloir voisin et plusieurs hommes entrèrent dans la pièce. Le premier était le colonel Cross précédé de sa légendaire moustache en croc coquettement travaillée à la cire. Un homme grand et longiligne d’une élégance affectée, vêtu d’un uniforme tiré à quatre épingles. Derrière lui se profilait son adjoint, le lieutenant-colonel Xuon, physiquement à l’opposé de son chef. Courtaud, engoncé dans une veste étriquée, sa démarche manquait autant de prestance que celle de son supérieur était empreinte d’une élégance toute aristocratique. Cinq officiers supérieurs, lieutenant-colonels et commandants les accompagnaient.
Tout l’état-major des Dragons Noirs au complet, pensa Rigo.

Cross s’immobilisa à deux mètres de l’entrée et ses yeux s’étirèrent jusqu’à ne plus former qu’une mince ligne qui rendit presque son regard presque similaire à celui d’un serpent. Il entrouvrit ses lèvres mais aucun son ne sortit de la bouche. Visiblement, il hésitait sur la façon dont il devait s’adresser au jeune monarque. L’appeler « Sire », c’était reconnaître de facto sinon de jure, son autorité. Or, n’avait-il pas été déposé par un Conseil présidé par le Prince et le général Pardo dont le colonel était l’un des fidèles ?
— Vous avez rompu la trêve en vous attaquant indûment aux soldats de la Citadelle, grogna-t-il enfin, désireux sans doute d’éviter le terrain miné d’une conversation tournant autour de la légitimité de son visiteur. Considérez-vous en état d’arrestation… qui que vous soyez ! ajouta-t-il, laissant ainsi transpirer le fond de sa pensée.

Sous l’insinuation, le lieutenant Rigo ne put s’empêcher de faire un pas en avant, les poings serrés.
— Qui que vous soyez ? Non mais…

Le roi était à son tour revenu vers le centre de la salle et coupa promptement la parole à son subordonné.
— Le colonel Cross veut sans doute signifier par là qu’il a du mal à croire se trouver en présence de son souverain… peut-être à cause des rumeurs qui ont circulé me concernant.

Isil esquissa un léger sourire. Le jeune monarque faisait preuve d’un sang-froid extraordinaire en même temps que d’un talent inné de diplomate, refusant de fermer la porte au dialogue avec le chef de corps des Dragons.
— La mort du roi a été rendue officielle par le Palais, objecta toujours indirectement le colonel que l’on sentait mal à l’aise dans la raideur de son uniforme.
— Alors nous dirons que le Palais a été mal informé, suggéra le roi d’une voix égale. Toujours est-il que je suis ici, bien vivant devant vous tous.

Un silence suivit ses paroles, que le colonel Cross rompit un instant plus tard.
— Le roi Calem a créé un précédent dangereux en ramenant au Palais le sosie conforme de sa fiancée. Qui peut m’assurer que pareil stratagème n’est pas en train de se répéter ici ? Comment puis-je être certain de la personne que j’ai en face de moi ? Et cette femme à vos côtés, est-elle la princesse Sali ou son double ?

La Padawan sentit les muscles des mâchoires de Calem se contracter. À l’évidence, il n’était pas chose aisée d’expliquer au colonel Cross qu’elle-même n’était plus la « vraie » princesse d’Austra après l’avoir été durant plusieurs mois.
— La princesse a été chargée par mes soins d’une mission importante, répondit vaguement le roi qui ne voulait pas abattre ses cartes sur une table aux joueurs incertains. Mais la question n’est pas là ! Il s’est passé en mon absence des choses que je n’avais pas souhaitées. Là où j’avais chargé mon frère d’assurer la défense de la cité, j’ai retrouvé une ville ouverte, offerte à l’ennemi sans aucun combat !
— Offerte à l’ennemi ? persiffla Cross. Vous voulez sans doute dire, alliée à la Citadelle du Désert de Sang ? Une alliance qui nous rend plus forts et qui a épargné au royaume un bain de sang ! Je ne souhaite pas entrer dans la complexité des circonvolutions de la politique, ce n’est pas mon métier, je suis payé pour obéir aux ordres… et ces ordres me sont donnés directement par le général Pardo, chef des armées.
— Et le général Pardo se doit d’obéir au roi !
— En l’occurrence, au Prince Taimi, puisque le roi a été démis par le Conseil après avoir lâchement fui devant l’avancée ennemie. Le Prince, à qui le roi avait donné les pleins pouvoirs pour défendre le royaume comme il l’entendait, a opté pour une politique qui lui est propre comme il en avait sans doute le droit, et a annoncé qu’il présidait dorénavant à la destinée du Royaume d’Édinu. Qui que vous soyez, vous n’êtes plus le souverain légitime de ce royaume !

Calem avait pâli mais il conservait tout son calme devant un discours convenu qu’il s’attendait après tout à entendre. Il fit trois pas en avant pour se rapprocher du colonel.
— Colonel Cross, je comprends bien que vous ne vous occupez pas de politique, mais je vous informe que le Conseil qui aurait soi-disant convenu de ma destitution est entaché d’illégalité. Aucun des pairs du Royaume n’étaient présents comme l’ancienne coutume qui seule, peut donner légitimité à un tel Conseil, le prévoit. Cette réunion était donc non seulement illégale, mais infamante à mon égard. Je n’ai jamais fui lâchement devant l’avancée ennemie. Je me suis rendu au Temple d’Édin pour sauver la princesse d’Austra, ma future femme, en laissant la défense de la place entre des mains que je croyais jusque-là fidèles et compétentes. Visiblement, je me suis trompé seulement là-dessus et les actions qui ont été entreprises après mon départ ne sont que félonie et traitrise. Les ordres de mon frère et du général Pardo étaient explicitement de défendre la cité et non pas de l’offrir à nos ennemis.

De nouveau un long silence accueillit les paroles dures du monarque. Les officiers de l’état-major du premier régiment royal se regardèrent les uns les autres pour chercher peut-être une forme d’assentiment collectif dans lequel chacun aurait aimé se retrouver. Un flottement palpable se répandit parmi les hommes en armes qui entouraient toujours le groupe d’hommes. Un instant, le colonel Cross se dandina maladroitement sur ses jambes raidies, cherchant sans doute la suite de ce qu’il convenait de dire.
— Je ne suis même pas certain de discuter avec le véritable ancien roi d’Édinu, s’emporta-t-il comme ses joues s’empourpraient. Le roi est mort dans un accident !
— Un accident qui ne m’est point arrivé ! répliqua Calem en haussant le ton, mais qu’il aurait sans doute plu à mon frère qu’il m’arrivât.
— Je ne fais pas de politique ! J’ai des ordres et je vais en référer à qui de droit sans plus tarder. Mais en attendant, gardes, arrêtez ces trois personnes et mettez-les sous les verrous !

Ses moustaches s’étaient hérissées tandis qu’il lançait cet ordre. Les soldats se regardèrent un instant en relevant leurs armes sans grande conviction. À cet instant, Calem comprit qu’il avait perdu. Jamais il ne parviendrait à rallier le colonel Cross. Son regard se dirigea lentement vers l’azur de celui de la jeune Jedi et il hocha imperceptiblement la tête.
— Veuillez rendre vos armes ! ordonnait le sous-officier chef du détachement en s’avançant vers eux.

Au même moment, après avoir ciblé chaque soldat dans la Force, Isil déchaîna une vague d’énergie qui propulsa chacun des gardes contre les murs de la salle avec une puissance telle qu’ils en furent momentanément assommés. L’instant d’après, Rigo et Calem pointaient leurs armes vers le colonel des Dragons Noirs.
— Qu’est-ce… comment est-ce… balbutia ce dernier pâle comme un linge.

L’ahurissement se lisait sur son visage comme sur celui des officiers présents qui ne comprenaient visiblement pas ce qui venait de se produire.
Le roi toisa rapidement les membres de l’état-major du régiment.
— Je n’ai pas le temps d’essayer de convaincre ceux qui souhaitent se dresser contre moi, mais sachez que ceux qui le feront devront en assumer toutes les conséquences. Il n’y a qu’un seul roi d’Édinu, c’est moi et personne d’autre !

Son regard brillait d’un éclat sans précédent.
— Colonel Cross, vous êtes relevé du commandement que vous tenez de ma seule autorité.

Il tourna sa tête vers l’adjoint du chef de corps.
— Lieutenant-colonel Xuon, je vous nomme au commandement du premier régiment royal avec le grade de colonel. Cela vous pose-t-il un problème ?

L’officier hésita l’espace d’une seconde et tenta d’intercepter le regard de son supérieur en disgrâce, mais ce dernier ne daigna pas tourner la tête vers lui. Xuon fit un rapide calcul opportuniste dans sa tête. Il était à présent évident que deux camps se dessinaient : celui du roi — car à n’en pas douter, c’était bel et bien le roi qui se trouvait devant lui — et celui du prince Taimi allié au général Pardo. Une confrontation allait s’ensuivre dont seuls ceux qui auraient choisi le bon camp tireraient des bénéfices. Pour lui, la chose se présentait de la façon suivante : soit le frère du roi s’imposait sur son aîné et même si lui, Xuon, suivait son colonel, il n’en tirerait aucune gloire particulière ; soit le roi s’imposait et s’il le suivait, tout était à gagner. Des galons de colonel là où normalement sa carrière était en phase terminale et peut-être même plus. Le poste de chef des armées deviendrait vacant ainsi que le grade de général ! Après s’être raclé la gorge, il répondit.
— Non, Sire, aucun problème… mais je ne sais pas dans quelle mesure je peux obtenir de tous les hommes et surtout de leurs officiers qu’ils me suivent.

Un à un, les soldats se relevaient péniblement, en se frottant qui la tête, qui le dos, manifestement perturbés par la tournure que prenaient les événements. Le roi s’adressait à présent aux officiers de l’état-major du régiment.
— Votre choix est simple : soit vous vous ralliez à votre souverain légitime et vous aidez les autres régiments de la ville qui me sont restés fidèles à se débarrasser de la racaille qui a envahi nos rues ; soit vous prenez le parti des traitres au royaume que sont mon frère et le général Pardo qui, dès à présent, est destitué de son poste de chef des armées, et vous vous constituez prisonniers.
— Vous n’avez pas le droit… tenta le colonel Cross sans grande conviction, dompté par la puissance qui émanait de cette jeune femme aux pouvoirs extraordinaires qui se tenait aux côtés du souverain.
— Je suis le roi, j’ai tous les droits ! répliqua sèchement Calem. Allons, ajouta-t-il à l’adresse des officiers, décidez-vous !

Un commandant fit lentement deux pas en avant et vint se ranger auprès de son chef de corps, suivi d’un lieutenant-colonel. Ce fut tout. Le désormais colonel Xuon fit un geste vers les soldats et plus particulièrement vers le sous-officier médusé.
— Sergent, mettez ces hommes aux arrêts, sur ordre du roi et veillez à ce qu’ils soient gardés au secret.

Tout en se frottant la nuque de perplexité, le pauvre gradé regarda alternativement celui qui venait de lui donner un tel ordre, son ancien chef de corps, le roi et les officiers impassibles.
— Vous voulez… que j’a… j’arrête le co… colonel Cross ? bégaya-t-il.
— C’est ce que votre nouveau chef vient de vous ordonner, intervint Calem d’un ton rude. Obéissez !

Le sous-officier se raidit et fit claquer ses deux talons.
— Oui, Votre Majesté ! Détachement ! lança-t-il à l’adresse de ses hommes pour qu’ils viennent encadrer les trois hommes en état d’arrestation.

Il sentit une goutte de sueur glacée glisser lentement le long de sa nuque et eut envie de s’excuser auprès de celui qui était encore son chef deux minutes auparavant. Mais devant le poids du regard du souverain, il s’abstint et ordonna.
— Direction la prison… en avant… marche !

Le détachement quitta la pièce tout en encadrant étroitement le colonel Cross et les deux officiers supérieurs qui avaient pris le parti de le suivre. Xuon se tourna vers l’un des officiers restant.
— Lieutenant-colonel Jakel, veuillez suivre le détachement pour vous assurer qu’il arrive à destination sans encombre, et revenez me rendre compte !

L’homme salua d’un signe de tête.
— À vos ordres, colonel !

Puis il sortit à son tour. Xuon se retourna vers le roi.
— Qu’attendez-vous des Dragons, Sire ?
— Quelle fidélité puis-je moi-même en attendre ?

Le colonel parut embarrassé.
— Un flottement est inévitable dans l’encadrement, je ne vous le cacherai pas. Nombre d’officiers subalternes ont de la considération pour le colonel Cross. Mieux vaut leur laisser un peu de temps…

Le regard que le roi lança au reste de l’état-major acheva de le convaincre.
— Soit. Reprenez les rênes du régiment de votre mieux. La seule chose que je veux pour le moment, c’est que les Dragons sécurisent le stade où sont enfermés les opposants à mon frère. En cas de combats, j’exige que toutes ces personnes soient protégées des hommes-serpents si ces derniers tentaient quelque chose de ce côté-là !

Le colonel Xuon opina du chef.
— Ce sera fait, Sire. Tout sera mis en œuvre pour tenir le quartier.
— Parfait. Lorsque vous serez sûr de vos hommes, prenez contact avec le deux et le trois, le capitaine Jarval coordonnera tous les efforts en vue de reprendre le contrôle de la capitale !
— Entendu, Votre Majesté !

Le roi consulta son data-bracelet.
— C’est bientôt l’heure… il faut absolument que toutes les portes soient fermées et tenues si nous voulons éviter de transformer la ville en champ de bataille.
*
* *

Les deux silhouettes passaient et repassaient devant les lentilles amplificatrices de lumière des jumelles de l’adjudant-chef Fagor. Elles se croisaient à peu près toujours au centre de l’arche de la grande porte Vilem 1er , la principale sortie de la façade ouest de la ville par laquelle Hiivsha était arrivé quelques jours plus tôt. Un peu plus à gauche, trois saurocéphales semblaient discuter à l’abri de la pluie battante, dans l’ombre du tunnel qui traversait l’épaisse muraille. Depuis qu’il les observait, il avait pu compter une bonne douzaine de sentinelles dont une partie se trouvait dans les salles de garde aménagées dans les remparts, comme pour toutes les autres portes de la ville. Depuis le toit du petit immeuble de quatre étages sur lequel ils avaient pu se faufiler après être passés à travers d’innombrables jardins plongés dans l’obscurité, ils bénéficiaient d’un bon poste d’observation sur la porte qui leur avait été assignée. Le sous-officier supérieur regarda un instant le ciel. L’orage paraissait perdre en intensité même si l’activité électrique restait soutenue dans le ciel noir. La tempête allait prolonger légèrement la nuit ce qui n’était pas sans avantage pour eux.
Fagor essuya d’une main son visage trempé battu par la pluie puis gratta sa barbe naissante en jetant un coup d’œil sur son data-bracelet.
— Il va bientôt être l’heure d’entrer dans la danse, murmura-t-il d’une voix rauque. À mon avis, le plus difficile ne sera pas de prendre la porte. Nous sommes aussi nombreux que l’ennemi et nous bénéficions d’un effet de surprise total. Aussi, cette partie-là devrait être un jeu d’enfant. Non, le plus dur, c’est qu’une fois la porte prise et fermée… enfin, une fois « les » portes prises et fermées, l’alerte sera forcément donnée. Reste à savoir quelle attitude adoptera alors le général Pardo dès qu’il aura eu vent de nos actes.
— Et le prince Taimi, précisa Hiivsha dans un souffle.
— Lui-aussi en effet. Il se peut fort bien que l’ennemi tente de reprendre une ou plusieurs portes… peut-être pas toutes à la fois, mais suffisamment pour faire entrer à l’intérieur de la cité les renforts qui campent dans la plaine. Et dans ce cas, la situation risque de devenir intenable… du moins tant que nos régiments ne seront pas à pied d’œuvre.
— Une fois leurs cibles prioritaires enlevées, leurs troupes pourront renforcer vos commandos pour tenir les remparts…
— Et assiéger le palais pour éviter que sa garnison ne puisse en sortir. Dans tous les cas, dès que nous aurons pris position ici, vous, vous filez retrouver votre vaisseau, si j’ai bien compris ?
— Oui, acquiesça le contrebandier, ce n’est pas que je ne souhaite pas me battre à vos côtés, hein… mais si les forces de l’ennemi tentent de reconquérir la cité depuis l’extérieur, sa puissance de feu ne sera pas inutile pour les convaincre du contraire.

Un jeune garde qui se trouvait tout contre eux laissa échapper un sourire rêveur.
— J’ai hâte de voir à quoi ressemble un vaisseau qui permet de voyager dans l’espace… enfin, je veux dire… voir de mes propres yeux. À l’école on en a vu des représentations, de ceux qu’il y avait sur Édéna il y a très très longtemps… mais en voir un pour de vrai…
— Tu verras, mon gars, il est magnifique ! répondit Hiivsha en lui tapotant l’épaule.

Quelques minutes s’écoulèrent durant lesquelles le chef du commando avait repris son poste d’observation. Enfin, il fit signe à ses hommes que le moment était venu. Au même moment, à travers la ville, d’autres gradés effectuaient les mêmes gestes.
Une à une, des silhouettes noires descendirent par le petit escalier de secours luisant de pluie qui serpentait à flanc de bâtiment, invisible depuis la muraille. La moitié d’entre elles, sous les ordres de Fagor, longea un muret qui courait jusqu’à la rue passant devant la porte Vilem 1er pendant que l’autre, dirigée par le sergent-chef Galst, effectuait le tour de l’immeuble pour arriver par la rue perpendiculaire. Chacun connaissait sa cible. Au top horaire, un feu nourri mais bref eut raison les cinq soldats visibles dans l’arche sombre. Au même moment, un homme-serpent qui franchissait le seuil de la salle de garde donna l’alarme en glapissant des cris rauques et saccadés.
— Allons-y, cria Fagor dans son micro, ne leur laissons pas le temps de s’organiser.

Les deux groupes convergèrent au pas de course vers la bouche béante de la porte grande ouverte pour investir le court tunnel. Le premier groupe se plaqua aussitôt contre le mur de gauche juste avant l’entrée de la salle de garde pendant que le second, longeant en courant le mur opposé, passait devant en déversant un flot de tirs pour se couvrir. Les gardes à l’intérieur ripostèrent au petit bonheur la chance sans les toucher. Dès que la salle fut dépassée, le deuxième groupe traversa le tunnel pour se plaquer à son tour contre le mur opposé, de l’autre côté de l’ouverture. Un instant les deux chefs de groupe se concertèrent du regard, puis d’un geste commun, chacun dégoupilla une grenade à énergie qu’il régla soigneusement. Enfin, sur le commandement de l’adjudant-chef Fagor, les deux engins furent jetés à l’intérieur de la première pièce. Deux secondes après, une puissante onde ébranla les voûtes ancestrales des remparts.
— Go ! cria Fagor qui se précipita à l’intérieur tout en tirant à l’aveuglette en même temps que Galst.

Ils se jetèrent derrière un comptoir pour éviter les tirs qui provenaient d’une autre pièce au fond.
— Tirs de couverture ! beugla l’adjudant-chef en se levant à demi pour ouvrir le feu toujours imité par son adjoint.

Profitant du répit offert par leurs sous-officiers, les hommes se ruèrent dans le corps de garde et des grenades furent lancées vers la pièce du fond. Il y eut plusieurs déflagrations. Le commando progressa entre les meubles pour se plaquer contre la cloison jouxtant la pièce suivante. Deux hommes y pénétrèrent en se couvrant mutuellement d’un tir nourri suivis par d’autres. Quelques secondes plus tard, le silence retombait dans le corps de garde. Une odeur âcre hantait les lieux.
— La place est à nous, déclara Galst à son supérieur.
— Parfait, répondit Fagor. Fermez les portes et érigez des barricades pour les protéger ! Que deux hommes montent sur les remparts pour nous prévenir de tout danger… intérieur comme extérieur !

Puis se tournant vers Hiivsha.
— C’est ici que vous nous quittez, capitaine Inolmo.

Le contrebandier fit un geste de la tête.
— Pas pour longtemps, j’espère.
— Soyez prudents ! Les hommes-serpents ne brillent pas par leur intelligence… mais ce sont des créatures dangereuses.
— J’ai bien compris… je ne sous-estime jamais mon adversaire.
— Alors, bonne chance. Nous guetterons votre vaisseau spatial avec impatience !

Les deux hommes se serrèrent la main puis Hiivsha sortit du corps de garde et inspira un grand coup une fois dans le tunnel pour chasser l’odeur de chair brûlée de ses poumons. Après un dernier signe aux trois gardes qui s’activaient à fermer les deux lourds battants, il extirpa d’une poche un petit appareil pour en consulter l’écran. Un symbole lumineux lui indiqua bientôt la direction à prendre pour rejoindre sa motojet. Levant son visage vers le ciel, le contrebandier constata avec plaisir que la pluie s’était arrêtée et que l’orage perdait nettement en intensité en s’éloignant vers les montagnes du nord. Le point effectué, il s’éloigna rapidement à travers les rues de la banlieue ouest.
*
* *

Au moment où l’adjudant-chef Fagor prenait avec son commando la porte Vilem 1er, les mêmes combats se déroulaient à l’identique autour de chacune des autres portes de la cité. Pris par surprise, l’adversaire qui ne s’attendait pas à une action armée menée contre ses troupes, ne put rien faire.
En parallèle, les troupes des deuxième et troisième régiments royaux s’étaient lancés à la reconquête de la ville avec des objectifs bien déterminés : protection des points névralgiques et prise prioritaire du complexe des communications rassemblant dans un lieu unique toutes les chaines de diffusion son et image situées dans la capitale. Deux compagnies du régiment du colonel Qulos, le plus proche géographiquement de la Cité Royale, avaient été détachées pour prendre position sur l’avenue qui montaient à celle-ci afin d’interdire toute sortie de la garnison d’hommes-serpents qui y était installée. Le lieutenant-colonel Visco, l’adjoint de Rocco-tête-de-bois était parti avec une compagnie vers l’Hôtel Général de la Police de la ville pour y conférer avec le Haut-commissaire. Son but : rallier au plus vite toutes les forces de police de la capitale, même si celles-ci étaient plus destinées à la sécurité civile et aux enquêtes qu’aux combats de rue.
Ce matin-là, le jour qui peinait à s’imposer devant la masse conséquente des nuages que la tempête drainait encore dans le ciel, se levait sur une agitation sans précédent. Un peu partout dans la ville, les patrouilles des hommes-serpents se heurtaient violemment aux forces royales dont les ordres étaient formels : éliminer l’ennemi par tous les moyens.

La bataille d’Édinu sortait de l’ombre pour entrer en plein jour dans sa phase finale !


(à suivre…
prévisions d’achèvement : 40 chapitres - 600 pages - fin 2013)


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Modifié en dernier par Hiivsha le Mar 12 Nov 2013 - 13:28, modifié 3 fois.
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Messagepar Notsil » Mer 16 Oct 2013 - 17:47   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Oh, enfin la suite !

Bon, j'ai pas remarqué de fautes cette fois, en tout cas la bataille se prépare ! J'ai été un peu paumée avec les régiments mais ça doit venir du fait que le chapitre précédent date côté lecture ^^
J'aime beaucoup la fin, presque poétique :)

Allez, voyons comment le Prince va réagir à cette "rébellion", maintenant...
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 19 Oct 2013 - 11:28   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

C'est lu. J'espère ne pas produire d'effet décourageant, mais je trouve que tu piétines encore devant les barrières, je ne suis pas sûr qu'il y ait eu un tel besoin de détailler à ce point la reprise de la ville :neutre: Ceci dit, j'ai bien aimé voir Calem rendre visite à l'OAS^^

Une partie de leur effectif encercle le stade où nombre d’opposants ont été internés et


L'idée d'internement me parait viser quelque chose de trop longue durée et de trop isolé pour un enfermement massif dans un stade, je me trompe ?

— Nous allons prendre trois corinals pour nous rendre chez les « Dragons », Rigo, Isil et moi. Inutile d’être plus, cela ne servirait qu’à provoquer un bain de sang si par malheur je ne parvenais pas à convaincre ses officiers.


À qui renvoie ce "ses" ? Ce n'est pas plutôt ces ?

Ses murailles, jadis entourées d’une forêt, étaient désormais ceints d’espaces verts boisés


Ceintes.

y’a longtemps que j’aurais dissout ce régiment.


J'ai un doute sur le "j'aurais dissout" ?

Cross s’immobilisa à deux mètres de l’entrée et ses yeux s’étirèrent jusqu’à ne plus former qu’une mince ligne qui rendit presque son regard similaire à celui d’un serpent.


Presque similaire me paraitrait plus lisible.
Et cette femme à vos côtés, est-elle la princesse Sali ou son homologue ?


"Homologue" est-il vraiment le terme approprié ? En principe, on emploie le mot entre des personnes par références à leurs fonctions, or Isil n'est pas princesse.

— En l’occurrence, au Prince Taimi, puisque le roi a été démis par le Conseil après avoir lâchement fui devant l’avancée ennemie.


En gros, le roi n'est plus digne d'être roi parce qu'il a lâchement fui devant l'ennemi, par contre le prince est digne de l'être parce qu'il s'est courageusement rendu à l'ennemi, tout va bien :paf:
Je me suis rendu au Temple d’Édin pour sauver la princesse d’Austra, ma future femme, en laissant la défense de la place entre de bonnes mains que je croyais jusque-là fidèles et compétentes.


Le "bonnes" est-il bien nécessaire ?

Une confrontation allait s’ensuivre dont seuls ceux qui auraient choisi le bon camp en tireraient des bénéfices.


Je ne suis pas sûr non plus qu'il y ait besoin du "en" avec le "confrontation" si proche.

Uns à uns, les soldats se relevaient péniblement,


Pourquoi "uns" au pluriel ?
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Messagepar Hiivsha » Sam 19 Oct 2013 - 13:50   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Merci Notsil et Mitth de vos remarques.

@Mitth : toujours l'oeil acéré je vois. Toutes tes remarques sont justes, je les prends en compte.

Pour :
"— Nous allons prendre trois corinals pour nous rendre chez les « Dragons », Rigo, Isil et moi. Inutile d’être plus, cela ne servirait qu’à provoquer un bain de sang si par malheur je ne parvenais pas à convaincre ses officier"
en fait il s'agit "des officiers des Dragons" donc je pense qu'il faudrait plutôt mettre "leurs officiers". Initialement, je suis parti du principe que malgré le pluriel employé, "les Dragons" désignait UN régiment et le "ses" se rapportait à cette idée de UN régiment. "Dragons" étant ici utilisé comme raccourci familier de "Premier Régiment Royal 'Dragons Noirs'".

Du coup, je sais plus trop.

Eh oui, tu as parfaitement raison, je piétine un peu et le pire c'est que je m'en rends compte, me sentant comme enlisé depuis 3 chapitres. Mais, je vais clore cette histoire dans le chapitre en cours de rédaction où l'action va être plus rapide et synthétique maintenant que le lecteur a bien compris la problématique. Disons que j'ai plus voulu insister sur l'aspect psychologique de la reprise en main de la situation que sur les combats qui allaient se dérouler. Mais je ne sais pas si j'y suis bien arrivé ! :neutre:

"En gros, le roi n'est plus digne d'être roi parce qu'il a lâchement fui devant l'ennemi, par contre le prince est digne de l'être parce qu'il s'est courageusement rendu à l'ennemi, tout va bien :paf: "

:D En fait le Prince ne s'est pas rendu, il a tissé une Alliance avec la Forteresse, alliance qui devrait déboucher sur quelque chose de "grand" dans sa tête ! :D
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 19 Oct 2013 - 14:04   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Pour :
"— Nous allons prendre trois corinals pour nous rendre chez les « Dragons », Rigo, Isil et moi. Inutile d’être plus, cela ne servirait qu’à provoquer un bain de sang si par malheur je ne parvenais pas à convaincre ses officier"
en fait il s'agit "des officiers des Dragons" donc je pense qu'il faudrait plutôt mettre "leurs officiers". Initialement, je suis parti du principe que malgré le pluriel employé, "les Dragons" désignait UN régiment et le "ses" se rapportait à cette idée de UN régiment. "Dragons" étant ici utilisé comme raccourci familier de "Premier Régiment Royal 'Dragons Noirs'".

Du coup, je sais plus trop.


Tu es compliqué :paf:

Eh oui, tu as parfaitement raison, je piétine un peu et le pire c'est que je m'en rends compte, me sentant comme enlisé depuis 3 chapitres. Mais, je vais clore cette histoire dans le chapitre en cours de rédaction où l'action va être plus rapide et synthétique maintenant que le lecteur a bien compris la problématique. Disons que j'ai plus voulu insister sur l'aspect psychologique de la reprise en main de la situation que sur les combats qui allaient se dérouler. Mais je ne sais pas si j'y suis bien arrivé ! :neutre:


Hélas, pas vraiment, ce qu'on observe, c'est surtout une suite de déplacements qui paraissent destinés à nous chauffer :transpire: Mais attention, il y a des trucs très biens, hein, comme dit, la visite aux dragons noirs ou aller voir Madame Rigo, c'est sympa... Mais c'est dilué.

:D En fait le Prince ne s'est pas rendu, il a tissé une Alliance avec la Forteresse, alliance qui devrait déboucher sur quelque chose de "grand" dans sa tête ! :D


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Je tenais à remporter le point Godwin^^
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Messagepar Joysstar » Sam 19 Oct 2013 - 14:24   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Sans vouloir vexer personne, je pense que tu es vraiment excellent. Très bon style, très belle manière d'écrire.

Tu as bien créé les personnages et leurs relations et je pense que c'est bien.

Tu cherches vraiment et tu y vas en profondeur, moi je dis chapeau.

Encore bravo.
Rien de tel qu'une bouffée d'air frais, un cahier et un stylo à côté, un livre à portée de main, et de la musique... pour un moment de paix.
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Messagepar Hiivsha » Sam 19 Oct 2013 - 15:13   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

:jap:

Je pensais n'avoir que deux lecteurs ! :wink:
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Messagepar Notsil » Sam 19 Oct 2013 - 17:30   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Purée quand je lis Mitth je vois que je devais être bien fatiguée pour avoir raté tout ça ^^

Histoire de mettre mon grain de sel, je dirais à toi de voir entre "ses" et "leurs", mais obligatoirement un S à la "officiers", quand même ^^
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Messagepar Hiivsha » Sam 19 Oct 2013 - 22:13   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

J'ai mis "leurs officiers" pour accorder à "les Dragons" de façon basique.
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Messagepar Hiivsha » Mar 12 Nov 2013 - 13:27   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Voici la suite... je sens que ça se débloque un peu dans ma tête et peut-être vais-je pouvoir accélérer la cadence pour parvenir à la fin du livre pour la fin de l'année :paf:
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34 - À la loyale


— En avant, en avant !

Le commandant Tour’Mira debout sur son char mû par quatre corinals lourdement blindés, agitait les bras pour dynamiser ses hommes : deux compagnies du deuxième Régiment Royal, chargées de bloquer l’accès à la Cité Royale. Il avait renoncé aux cavaliers ainsi qu’aux transports de troupes tractés, trop encombrants pour manœuvrer rapidement en ville. C’est au pas de course que les hommes s’élancèrent derrière les quatre chars qui constituaient la seule artillerie lourde de son dispositif. À l’heure qu’il était, l’attaque contre les portes devait commencer et le commandant comptait bien être en place avant que la garnison qui occupait la Cité Royale ne fasse mouvement. Le temps que l’ennemi comprenne ce qu’il se passait réellement en ville, il serait prêt pour leur interdire toute sortie. Les chars en suspension sur leur dispositif anti-gravité traversèrent prestement l’esplanade pour enfiler une large avenue. Il n’était plus ici question de discrétion mais de rapidité. Les patrouilles d’hommes-serpents qu’il rencontrerait en cours de route tomberaient inexorablement sous le nombre.
*
* *

Le couvre-feu étant bien suivi, les rues désertes donnaient la chair de poule au contrebandier qui rasait prudemment les clôtures des jardins de banlieue de la zone pavillonnaire où il se trouvait. Il venait de quitter l’esplanade d’un centre commercial haut de quatre étages, sur laquelle il avait soigneusement évité des hommes-serpents qui déambulaient bruyamment. Ça et là, des lumières apparaissaient pourtant à quelques fenêtres mal calfeutrées pour lui prouver qu’il y avait bien de la vie enfermée dans les villas et les petits immeubles représentant la majorité des habitations autour de lui.
Au bout d’une demi-heure, après avoir longé l’extrémité d’une zone d’activités, il s’accroupit derrière le tronc d’un des arbres bordant l’artère principale qui traversait la banlieue ouest. Les entrepôts désaffectés dans l’un desquels il avait caché sa motojet ne devaient plus être très loin. Le temps de reprendre son souffle, il fit le point avec son datapad. Il ne lui restait plus que quatre cents mètres à parcourir sur la route. Les alentours de ce faubourg étaient à présent clairsemés. Quelques maisons en construction ou en ruines — dans l’obscurité il avait du mal à savoir — côtoyaient des terrains vagues poussiéreux et l’avenue elle-même paraissait moins bien entretenue. Les trottoirs avaient cédé la place à des bas-côtés de terre caillouteuse et devant lui, il n’y avait plus d’arbre au bord de la route. Il allait devoir se déplacer en terrain découvert.

Tendant longuement l’oreille, il ne perçut aucun bruit particulier hormis les roulements du tonnerre qui s’éloignait de plus en plus. Le vent était tombé et la terre était lourde de la pluie qui venait de s’arrêter. Blaster en main, il quitta son abri relatif et s’élança droit devant, courbé et prêt à se jeter à la moindre alerte dans le petit fossé qui longeait la route.
À présent, il entrevoyait sur sa gauche les silhouettes des entrepôts désaffectés. Les environs autour d’eux semblaient déserts, à l’abandon. Prudemment il traversa ce qui ne ressemblait désormais plus à une avenue, sauta la rigole d’écoulement des eaux et alla s’abriter derrière un petit muret brinquebalant. De là où il se trouvait, il pouvait entendre des voix qui provenaient d’entre les bâtiments mais il ne voyait rien. Par une succession de sauts furtifs et tout en restant à l’abri de ce qui pouvait le dissimuler à la vue de l’ennemi, il pénétra dans le terrain vague de l’ancienne zone industrielle pour se rapprocher du hangar du fond. Parvenu à une trentaine de mètres de son objectif, il jura en s’agenouillant derrière un amas de tôles rouillées.
Ils pouvaient pas camper ailleurs, ceux-là ?
Juste à l’entrée de l’entrepôt brûlait un feu autour duquel était regroupée une demi-douzaine de saurocéphales qui se restauraient bruyamment. Il pouvait aisément entendre les bruits gutturaux qui leur servaient de langage. L’un d’eux semblait raconter des plaisanteries car tous les autres riaient à gorge déployée.
Le petit rigolo de la bande sans doute !

Hiivsha considéra son blaster. De sa position et avec l’élément de surprise de son côté, il devait être possible d’en abattre deux voire trois avant que le groupe ne se mette à l’abri. Mais ensuite, il risquait d’avoir du mal à se débarrasser des trois autres et le temps lui était compté. Une autre solution était de contourner le bâtiment et d’essayer d’y entrer par derrière. Dans l’état de délabrement avancé où il se trouvait, c’était bien le diable s’il ne parvenait pas à dénicher une fenêtre, une porte hors d’usage ou simplement une disjonction des éléments de la tôle qui composait l’essentiel des hangars, pour se faufiler à l’intérieur. Une fois dedans, il sauterait sur sa moto et tenterait une sortie en force espérant que la surprise jouerait en sa faveur.
Il en était là de ses réflexions lorsqu’il se rendit compte que quelque chose autour de lui avait changé mais avant qu’il ne tourne la tête, il sentit peser contre sa nuque la froideur sans équivoque du canon d’une arme.
— Ne bouge pas, fit la voix rocailleuse d’un grand saurocéphale.

Hiivsha se gourmanda de s’être laissé prendre aussi facilement et de ne rien avoir entendu arriver. Sans doute la créature s’était-elle isolée du groupe derrière un mur pour soulager un besoin naturel et il ne l’avait pas vue ?
— Oups… laissa-t-il échapper.
— Donne-moi ton arme, doucement.

Le contrebandier leva très lentement ses bras en l’air, son blaster dans la main droite. Aussitôt la créature s’en empara et se recula d’un pas pour étudier ce modèle d’arme qui lui était inconnu.
— C’est quoi ce flingue ? grogna le saurien après avoir remis son pistolet à énergie à sa ceinture.
— Un blaster, un pistolet à plasma si tu préfères mon grand… ça a l’air de t’intéresser les armes ?

Comme Hiivsha cherchait à se relever, le saurocéphale le menaça avec le pistolet.
— Bouge pas, t’es un espion et moi les espions je leur crame la cervelle.
— Tu fais erreur, je n’espionnais personne, je passais dans le coin et j’ai vu de la lumière…
— T’es un petit rigolo mais c’est dommage pour toi. La bonne nouvelle, c’est que je vais te cramer la cervelle avec ta propre arme comme ça je verrai comment ça fait !

Le saurocéphale tendit le bras en visant la tête de sa victime toujours agenouillée.
— Fais pas l’imbécile, tenta Hiivsha en réfléchissant à toute vitesse, si tu me tues, tu ne sauras jamais ce que je faisais ici…

Et Isil ne me le pardonnera jamais !
La créature secoua sa tête au bout de son long cou et fit de sa voix rocailleuse.
— Ce que tu fais je m’en tape !

Puis il appuya sur la détente.
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— Feu ! hurla Rocco-tête-de-bois dans son communicateur, du haut de la tourelle de son véhicule tracté de commandement. Empêchez ces rats de sortir !

Le chef du 3e Régiment Royal n’avait pas pu se résoudre à demeurer dans le quartier général de sa caserne alors qu’une si belle bataille s’annonçait, et il avait pris lui-même la tête de trois compagnies pour se porter en toute hâte vers l’École Militaire Royale qui pour l’heure hébergeait plusieurs centaines d’hommes-serpents. Ses troupes arrivèrent juste à temps. En effet, alors même que les hommes du colonel Roc’Hart encerclaient la vaste esplanade du Champ-de-Tyrell 1er, les premiers détachements ennemis franchissaient les portes de la prestigieuse académie pour se porter au secours des quelques postes de filtrage aux portes de la ville qui avaient eu le temps d’alerter leur hiérarchie en demandant des renforts.
Sans même attendre d’avoir correctement positionné ses rangs, Rocco-tête-de-bois avait donc donné l’ordre d’ouvrir le feu et une grêle de projectiles énergétiques s’abattit sur la place stoppant net la tentative de sortie des saurocéphales. Ces derniers s’égayèrent comme des rats pris dans une nasse, trouvant refuge derrière les troncs massifs des arbres de l’esplanade, ou refluant à l’intérieur des murs de l’institution.
— Parfait, cria le colonel dans son micro, vous me les gardez bien au chaud là-dedans ! Je veux un cordon étanche tout autour que même un insecte ne pourra pas franchir !


En écoutant dans ses oreillettes le rapport du chef du « trois », Jarval hocha la tête de satisfaction et tapota l’épaule du roi.
— Si le père Rocco peut les cantonner à l’intérieur de l’école, nos troupes auront vite fait de neutraliser les patrouilles qui parcourent la ville.

Ils progressaient en tête d’une section à travers les tunnels de la capitale en direction de la Cité Royale. Isil et Rigo avançaient derrière eux suivis à leur tour par une cinquantaine d’hommes silencieux.
— Le commandant Tour’Mira devrait être en place à l’heure qu’il est, répondit Calem en tournant à droite dans une galerie. Il va interdire à son tour toute sortie de la garnison de la Cité Royale… à nous de lui en ouvrir les portes pour qu’il puisse y pénétrer.
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L’homme-serpent s’agita un instant sur ses jambes, parcouru de brèves mais violentes convulsions avant de s’écrouler en silence aux pieds du contrebandier qui se remit prestement debout.
— Matériel inconnu… marmonna Hiivsha en ramassant son blaster, enfin… c’est ce que disent les mécanos.

Il posa son pouce sur le capteur biométrique de la crosse pour déverrouiller le système de sécurité qu’il avait eu le temps d’activer juste avant de tendre l’arme à son ennemi. Avec tendresse, il regarda quelques instants le pistolet que Quad Sitaire, son ancien mentor et ami, lui avait offert pour ses dix-huit ans, juste avant d’être tué dans une embuscade tendue par des pirates. C’était bien là l’arme d’un retors comme lui !

L’incident était passé inaperçu du petit groupe qui bavardait autour du feu et Hiivsha en profita pour contourner les hangars en se faufilant parmi les enchevêtrements de décombres. Parvenu derrière celui dans lequel il avait caché sa motojet, il avisa un interstice entre deux plaques de tôle et se mit à plat ventre pour ramper à l’intérieur. Il déboucha non loin de son engin dissimulé derrière de hautes caisses poussiéreuses. Il lui fallait à présent tenter le tout pour le tout. Si on considérait que cette civilisation avait abandonné tout engin à moteur, le bruit du réacteur du sien devrait laisser l’ennemi suffisamment perplexe pour lui laisser le temps de les surprendre.
Avec d’infinies précautions, il tira la vieille bâche mitée pour dégager le véhicule qu’il éloigna des caisses au maximum tout en restant hors de la vue des saurocéphales.
Puis il monta dessus, mit le contact, s’assura que tout allait bien et lança les propulseurs. Les conversations s’arrêtèrent et les hommes-serpents regardèrent tout autour d’eux, cherchant des yeux la raison de ce bruit incongru.
Ils en étaient là de leur interrogation, lorsque Hiivsha ouvrit les gaz et fonça droit sur eux depuis leur arrière.
— Attention, chaud devant ! cria-t-il en se plaquant contre le tableau de bord pour réduire l’éventuelle cible qu’il allait offrir aux créatures.

Mais ceux-ci n’eurent même pas le temps de le mettre en joue qu’il passait au-dessus du feu, éparpillant avec violence les braises et les tisons sur plusieurs mètres, semant la panique dans les rangs adverses. Le temps que les saurocéphales réagissent, il était déjà loin.
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Le lieutenant So’Doc du deuxième régiment plongea pour se saisir de la grenade et se pressa de la relancer comme s’il s’agissait d’un tison embrasé. L’engin décrivit une courbe gracieuse à travers le grand hall de l’immeuble principal du complexe des communications, et retourna exploser au-dessus de ceux qui l’avaient lancée depuis une terrasse. Là-haut, une dizaine d’hommes-serpents tentaient de les empêcher de progresser.
— Groupe trois, par la gauche, deux par la droite. Un, avec moi !

Il fit un geste de moulinet d’un doigt en l’air puis s’élança en direction de l’escalier d’honneur.
— Allez, délogez-les moi de là ! cria-t-il tout en courant courbé en deux, déversant des rafales énergétiques vers le haut de l’obstacle.

Il traversa le hall en zigzagant entre les grands pots dans lesquels de petits arbres décoratifs étaient plantés, puis acheva sa course dans un magnifique plongeon derrière une statue de marbre. Après s’être assuré que ses hommes l’avait suivi, il fit plusieurs signes codés en direction de ces derniers avant de sauter l’obstacle pour se lancer dans l’escalier avec quatre autres soldats, couverts par les tirs protecteurs du reste de l’escouade.
— À l’assaut ! hurla-t-il sans cesser de tirer à tout va au fur et à mesure que se découvrait le haut des marches.

Les hommes-serpents tombèrent comme des mouches et en quelques secondes la terrasse fut nettoyée de toute opposition. Le restant de ses hommes afflua aussitôt comme une marée montante et chacun prit un poste destiné à sécuriser le périmètre.
So’Doc ouvrit la ligne de son communicateur.
— À toutes les sections, ici Delta zéro, au rapport !

Des voix surmontant d’inévitables grésillements répondirent.
— Delta unité, nous tenons le centre émission mais nous subissons une contre-attaque… il nous faudrait une section en renfort pour en finir avec eux.

Aussitôt une autre voix prit le relais.
— Delta trois, notre secteur est clean, nous nous portons vers Delta unité pour apporter notre soutien… on va les prendre à revers
— Reçu, fit le lieutenant qui repassait dans sa tête le rapide plan échafaudé pour reprendre le complexe. Delta quatre et cinq, où en êtes-vous ?
— Nous avons repris les studios. Pas de résistance, deux morts et quatre blessés…

So’Doc regarda autour de lui. Il avait un homme qui s’était écroulé dans l’escalier et d’après le léger signe que venait de lui adresser l’infirmier de la section, c’en était fini pour lui. Un autre semblait blessé à un bras, rien de plus.
— Alpha zéro, reprit-il après une longue inspiration, ici Delta Zéro, les objectifs prioritaires du centre des communications ont été remplis. Quelques poches de résistance à signaler. La situation devrait être stable d’ici une dizaine de minutes.
— Reçu Delta zéro, répondit la voix posée du colonel Qulos depuis le Quartier Général du deuxième Régiment Royal. Bon travail.


Un marqueur s’empressa de modifier les couleurs des bâtiments composant le centre des communications de rouge en jaune, sur le plan de la ville affiché sur un écran géant plaqué contre le mur de la salle d’opérations. Le colonel Qulos exhala un soupir d’aise. Petit à petit, le rouge disparaissait au profit du jaune et du vert, cette dernière couleur attestant la définitive reprise d’un objectif.
Une aube rougeoyante se levait et dans la plaine du sud, la fourmilière des hommes-serpents se mettait en marche vers les remparts de la Cité. La seule question qui préoccupait l’officier c’était de savoir vers quelles portes l’essentiel de l’assaut porterait pour y envoyer au plus vite des renforts.


Calem poussa le pan de mur qui s’entrouvrit, laissant apercevoir la lueur blafarde du jour naissant.
— La nuit a laissé place à l’aube, constata-t-il, il va falloir redoubler de prudence.

Ils sortirent de dessous la terre à l’abri d’une butte herbeuse qui les dissimulait aux regards indiscrets provenant des bâtiments de la Cité Royale.
— Rigo, je vais prendre douze hommes pour pénétrer dans le Palais. Avec un peu de chance, si nous nous emparons de mon frère, nous pourrons mettre fin à tout cela sans plus attendre. Vous prendrez le reste de la section et vous tenterez de gagner les portes en passant derrière l’enclos aux dragonnaux et les écuries. En longeant le mur est, vous passerez inaperçus le plus longtemps possible. Si vous parvenez à ouvrir les portes, Tour’Mira pourra investir la place plutôt que d’en bloquer seulement la sortie.

Le lieutenant inclina la tête en signe d’assentiment et donna rapidement ses ordres à la petite troupe qui s’éloigna sans plus attendre à l’abri du talweg. Isil considéra un instant la statue qui surmontait le socle duquel ils étaient sortis.
— Ton aïeul aimait vraiment jouer à cache-cache. Un socle de statue… c’est convenu, mais terriblement efficace.

Calem esquissa un sourire en s’enfonçant de nouveau dans la galerie.
— Nous n’en avons pas fini, encore un petit tour sous la terre… il y a un peu plus loin un passage qui va nous emmener directement dans la salle de chasse du Palais. De là, nous devrions parvenir à mettre la main sur Taimi.
— N’oublie pas Dolmie, rappela Jarval en maugréant, elle est bien plus dangereuse que ton frère.

Le roi secoua la tête.
— Ne t’inquiète pas, je ne l’oublie pas celle-là !

Ils progressèrent de nouveau quelques minutes dans des couloirs puis des escaliers avant d’atteindre leur but.
— Éteignez vos lampes, ordonna-t-il comme il s’arrêtait devant la paroi d’un apparent cul-de-sac.

Avec précaution, Calem déverrouilla une grande plaque qui pivota silencieusement sur ses gonds, dévoilant un miroir sans tain derrière lequel se trouvait la salle de chasse. Isil put admirer l’incroyable variété de trophées qui en ornaient les murs. La pièce était vide.
Calem prit son pistolet en main et fit signe aux hommes de l’imiter.
— À partir de maintenant, nous sommes à découvert, articula-t-il à voix basse. Tirez pour tuer en cas d’agression.

Après avoir refermé la plaque, il apposa sa main sur un capteur et un léger clic leur indiqua que le panneau tout entier venait d’être déverrouillé. Ce dernier pivota sous la pression des doigts du monarque et aussitôt, les hommes se répartirent dans l’espace de la salle, un œil collé au viseur de leur fusil d’assaut.
— Comment trouver Taimi ? demanda Jarval.
— À l’heure actuelle, il doit avoir compris ce qui se passe à l’extérieur et s’il veut coordonner ses troupes, il se trouve là où je me trouverais si j’étais à sa place... dans la salle de commandement qui jouxte mon bureau !
— Vous n’avez pas de Q.G. enterré ? demanda Isil.
— Si… mais pourquoi s’y rendre tant que la menace n’est pas aérienne et que le Palais est encore en sécurité ?

La Padawan approuva de la tête en saisissant à son tour son sabre laser. Calem se retourna vers Jarval.
— Il y a deux chemins qui mènent à mon bureau. Tu vas prendre la moitié des hommes et passer par le grand salon du premier, moi je vais passer par la bibliothèque. Isil va vous accompagner.
— Pas question, répliqua le capitaine, Isil doit rester avec toi ! Tu es le roi, ne l’oublie pas. Tu dois absolument rester en vie pour mettre fin à tout ce bordel. Il est impératif qu’elle assure ta protection… n’est-ce pas, Isil ?

La jeune fille les regarda tous deux et hocha les épaules afin d’éviter de prendre parti. Ce fut Calem qui reprit.
— D’accord… dans ce cas, prends huit hommes avec toi.

Jarval acquiesça.
— C’est parti !

Après avoir désigné d’une série de gestes brefs les hommes qui devaient le suivre, il s’éloigna avec eux par l’une des issues de la salle.


— Quelle est la situation ? demanda le Prince Taimi d’un ton irrité aux deux personnes qui se tenaient en face de lui.

Il se trouvait dans la salle de commandement jouxtant le bureau du roi, debout devant une table ronde sur laquelle était projetée le plan de la ville en trois dimensions, raide comme un piquet, les bras croisés et la lèvre boudeuse. Le général Pardo échangea un regard avec son homologue saurocéphale, le général Glarr’Dorro.
— Il semble que nous ayons sous-estimé l’ampleur du mouvement qui a commencé à l’aube par l’attaque de quelques portes de la ville, Votre Majesté, déplora Pardo de sa voix de basse. Le général Glarr’Dorro vient de m’informer que des forces armées bloquent également l’entrée de la Cité Royale, sur l’avenue de la Victoire.
— Et mes troupes de l’École Militaire sont également cernées par vos hommes, gronda l’homme-serpent en frappant du poing sur le bureau. Je veux savoir ce que cela signifie !
— Vous voulez ? cria Taimi en serrant les poings, ne prenez pas ce ton avec moi, je suis le roi ! Pardo, pourquoi des militaires s’en prennent-ils à nos alliés ?

Le Cathar grogna.
— Je ne sais pas. Tout a commencé très tôt ce matin par des attaques sur des portes de la ville… j’ai alors envoyé des patrouilles voir ce qui se passait précisément mais elles ont rencontré une forte résistance.
— Combien d’attaques ?
— Je l’ignore, Votre Majesté, les alertes initiales sont venues de quatre portes mais peut-être que d’autres n’ont pas eu le temps de donner l’alarme… il est à craindre que ces attaques fassent partie d’un plan d’ensemble.
— Mais dans quel but ? Et qui commande cette rébellion… car il s’agit bien de ça, non ? clama Taimi en frappant le sol du pied. Et où est Dolmie ? Elle s’est absentée hier soir pour aller je ne sais où, mais elle m’avait dit qu’elle serait revenue à l’aube !

Le saurocéphale grogna de nouveau.
— Nous avons beaucoup de mal à avoir une vue d’ensemble de ce qui se passe. Les transmissions avec les patrouilles qui répondaient encore viennent d’être brouillées et il est à craindre que le Centre des Communications soit tombé entre des mains ennemies. Nombre de détachements en ville ont signalé avoir été accrochées par des groupes armés et beaucoup n’ont plus donné de nouvelles depuis.
— D’après ce qu’on peut observer des remparts, l’avenue de la Victoire est bloquée par des éléments du deuxième Régiment Royal, grommela Pardo, mais je ne sais pas qui a donné l’ordre de passer à l’attaque. Peut-être Qulos ?
— Je le ferai traduire en cour martiale et exécuter ! cria Taimi hors de lui. Et que font vos Dragons ?
— C’est que… je n’ai pas réussi à joindre le colonel Cross… j’ai pourtant essayé dès que j’ai compris que la situation devenait problématique…
— Problématique ? Je constate que vous maniez mieux les euphémismes que les armes, général. Mais faites quelque chose, bon sang, rétablissez la situation !
— Ça va être fait, sous peu, Votre Majesté, le général Glarr’Dorro a ordonné à l’ensemble de ses troupes qui campent dans la plaine d’Amar d’investir la capitale, elles devraient pour l’heure arriver sous les remparts de la ville. Elles attaqueront trois portes simultanément : la porte sud, celle d’Amina et celle du Baron Ghausma.
— Mais mon Maître ne va pas aimer cette situation, objecta l’homme-serpent, vous l’aviez assuré de votre entière coopération et voici que vos officiers se dressent contre vous et qu’il me faut assiéger la ville !
— Je les ferai tous pendre, grinça le prince entre ses dents, cela ne remettra pas en question l’alliance que j’ai souhaitée avec votre Maître, Dark Zarek. Une fois vos troupes dans la cité, je veux qu’elles rétablissent l’ordre coûte que coûte, suis-je assez clair ?

Les deux généraux firent oui de leur tête. Au même moment une ordonnance pénétra dans la pièce.
— Votre Majesté, la comtesse de Tamburu vient d’atterrir avec son dragonnal, elle arrive ici dans quelques instants.
— Parfait se félicita Taimi, je veux avoir au plus vite son point de vue sur la situation.


L’avenue de la Victoire montait vers l’entrée du Palais en longeant sa muraille et effectuait un coude de quatre-vingt-dix degrés sur la gauche devant les puissantes portes fermées. Il était de ce fait très difficile d’envisager de les détruire par des tirs d’artillerie directs. Or, il était impossible au commandant Tour’Mira d’investir la Cité Royale tant que les portes demeuraient closes. Aussi, se contentait-il de riposter aux tirs provenant des remparts en interdisant toute sortie de l’occupant.
De con côté, le lieutenant Rigo était en vue de l’entrée principale devant laquelle une section d’hommes-serpents était stationnée, prête à intervenir le cas échéant. Le reste de la garnison avait pris position sur les remparts ou circulait en patrouilles autour du périmètre de la Cité Royale pour prévenir toute intrusion depuis l’extérieur. Aplati avec ses hommes dans le fossé qui les avait si bien dissimulés à la vue de l’ennemi, Rigo observa silencieusement les alentours avant de se retourner vers ses sous-officiers.
— Dès que nous quitterons ce fossé, nous serons à terrain découvert. Aussi, nous n’aurons pas d’autre choix que de foncer jusqu’aux portes. Il faut pénétrer dans le poste de garde et actionner leur ouverture. Lewy, avec votre groupe, ce travail vous échoit. Ne vous préoccupez de rien d’autre que de parvenir jusqu’à la salle de garde, d’entrer, de nettoyer et d’ouvrir les portes.

Le sergent-chef Lewy, un rouquin surnommé « le balafré » à cause d’une profonde cicatrice qui lui barrait la joue droite, approuva de la tête. Rigo continua à l’adresse de l’autre gradé.
— Jalo, avec votre groupe vous couvrirez l’accès aux remparts et en interdirez la descente. Si la garnison veut revenir vers les portes, ils devront passer par les tours sud-est et sud-ouest. Ça leur prendra du temps et donnera à Tour’Mira le temps d’arriver.

Le sergent qui avait momentanément ôté son casque, frotta vigoureusement son crâne rasé, brillant comme une boule de billard.
— Facile, la descente des remparts est un vrai coupe-gorge, un homme bien armé pourrait l’interdire à lui tout seul durant des heures sans aucun effort.

Rigo sourit devant l’enthousiasme du sous-officier.
— D’accord. Alors, première phase, à mon commandement, on balance tout ce qu’on a sur le peloton qui attend là-bas. Pas un ne doit rester debout. Chacun sa cible. On grenade avant de tirer. Ensuite on fonce.
— Oui lieutenant, répondirent-ils en chœur avant d’aller rejoindre leur groupe pour passer les consignes.

Rigo consulta sa montre le cœur battant. À cette heure-là, l’armée des hommes-serpents devait déjà tenter de forcer une ou plusieurs portes de la ville.
Pourvu qu’elles tiennent.
Il leva son bras en s’assurant qu’il était bien vu de chacun de ses hommes, une grenade dégoupillée dans sa main puis il donna le signal de l’attaque en la lançant vers la section ennemie.

En quelques secondes ce fut un déluge énergétique qui s’abattit sur les malheureux saurocéphales. Une vingtaine de grenades explosèrent sur le parvis au milieu des créatures. Il y eut des cris qui se perdirent rapidement dans les rafales des armes automatiques. Ce fut un véritable carnage. Les hommes-serpents s’effondrèrent rapidement pour la plupart. Rigo donna le signal de l’assaut et la quarantaine d’hommes sous ses ordres surgit comme une armée de diables depuis le talus derrière lequel elle était planquée en hurlant et en tirant à qui mieux mieux. La marée arriva rapidement au niveau du tunnel d’accès à la Cité Royale et Lewy enfonça le premier les portes du poste de garde des remparts, tirant frénétiquement avec son fusil mitrailleur. À l’intérieur, les hommes-serpents tentèrent vainement de juguler l’invasion. Ils furent rapidement réduits à l’impuissance.
Sur les murailles, l’alerte était donnée. Mal placés pour tirer en contrebas, côté intérieur, les créatures devaient se pencher pour essayer d’atteindre l’ennemi. Rigo prit position derrière de petits murets qui bordaient la cour d’honneur avec son groupe en balayant les murs de rafales meurtrières.

Sur l’avenue de la Victoire, on entendait toujours des tirs, mais ceux-ci n’étaient plus dirigés vers les forces du deuxième Régiment Royal.
— Par exemple, s’écria un lieutenant, voilà qu’ils tirent vers l’intérieur de la Cité à présent ?
— Ça sent le commando d’infiltration, tonna le commandant Tour’Mira.

Saisissant son poste de communication, il rugit dans le micro.
— À tous, préparez-vous à faire mouvement vers les portes dès qu’elles s’ouvriront. Une fois lancés, au pas de charge, rien ne doit vous arrêter ! Reprenez-moi ce Palais et que ça saute !

Quelques hommes-serpents tentèrent de redescendre du chemin de ronde vers la cour d’honneur mais ils furent fauchés par les hommes du sergent Jalo et durent se replier sur la hauteur des remparts.
Au même instant, les lourdes portes commencèrent à pivoter sur d’invisibles gonds.


Jarval regarda les corps des quatre hommes-serpents qu’ils venaient d’éliminer en réalisant que l’effet de surprise et sa connaissance parfaite des lieux constituaient un véritable atout dans la partie de cache-cache qu’il disputait avec le Prince et ses alliés. C’était le deuxième groupe qui tombait devant eux sans avoir eu le temps de donner l’alerte. À présent, il avançait prudemment à travers un grand salon dont les murs sur sa longueur étaient ornés de multiples vitrines renfermant des panoplies d’armes et d’armures rutilantes, témoignage des millénaires passés. Tout était calme. Trop calme. Une oreille exercée pouvait percevoir la rumeur qui parvenait de l’extérieur du Palais. On se battait dehors. Sans doute était-ce Rigo qui avait engagé les hommes gardant les portes de la Cité Royale ?
Autour du capitaine de la Garde, les hommes pivotaient sur eux-mêmes tout en progressant, l’œil rivé à leur ligne de mire, pour couvrir l’ensemble du terrain. Soudain, devant eux, une silhouette se détacha dans l’embrasure d’une porte et une voix familière retentit.
— Jarval ! Mon beau capitaine de la Garde avançant comme un voleur dans le Palais !

Tous les soldats se retournèrent comme un seul homme pour faire face à l’intruse, le doigt sur la détente, prêts à faire feu.
Jarval s’était arrêté sans cesser de mettre en joue celle qui venait de les surprendre.
— Dolmie ? laissa-t-il échapper.

Diva Shaquila souriait. Elle tenait dans sa main cette sorte de bâton qu’il connaissait désormais parfaitement et ne montra aucune surprise lorsque la lame rouge s’éleva dans l’air en grésillant.
— Rends-toi, proposa-t-il, et il ne te sera fait aucun mal.

La Sith ricana.
— Et puis quoi encore ? Ne préfères-tu pas que je te serre dans mes bras pour mieux te transpercer de mon sabre ?
— Ne m’oblige pas à donner l’ordre de te tirer dessus, tu n’as aucune chance de t’en sortir. Calem est ici, il va reprendre les rênes du pouvoir et rétablir la situation. Je ne sais pas à quel jeu tu t’es livré auprès de Taimi, mais c’est fini, tu comprends ? Vous avez perdu !
— Perdu ? Je ne connais pas le sens de ce mot, mon beau Jarval, minauda Diva qui éteignit son sabre et le rangea de façon inattendue à sa ceinture. Sais-tu que j’ai toujours eu un faible pour toi ? Par conséquent, je te tuerai seulement en dernier.

Jarval fit un pas en avant mais la Sith tendit ses bras et une nuée d’éclairs électriques projeta le capitaine de la Garde plusieurs mètres en arrière en le faisant glisser sur le sol.
Il s’écoula deux secondes de stupéfaction avant qu’un jeune sous-officier n’ordonne.
— Feu à volonté !

En même temps que les tirs fusaient, Diva se projetait sur le côté d’un puissant salto tout en reprenant son sabre qui s’alluma avant même qu’elle ne retombe sur ses jambes.
— Je suis par ici, lança-t-elle goguenarde.

D’un geste, elle mit en lévitation un lourd fauteuil qu’elle projeta au milieu des soldats. Le groupe éclata et chacun se mit à l’abri. La lame rouge intercepta sans trop d’efforts les tirs qui parvenaient jusqu’à elle, pour les renvoyer vers leur expéditeur. Trois hommes tombèrent. La Sith se retourna et parut désigner de la main une vitrine dans laquelle étaient alignée une vingtaine de lames courtes, allant du stylet au couteau de chasse. Le verre explosa et les armes volèrent à travers la pièce vers les hommes médusés. Deux d’entre eux ne purent échapper à la volée mortelle et s’affaissèrent, le corps transpercé. Habilement Diva esquiva les tirs suivants puis elle se projeta elle-même vers les ennemis en pirouettant dans les airs. Sa lame trancha une tête puis un bras avant de plonger à travers l’abdomen du dernier militaire qui s’écroula dans un râle.
Un peu plus loin, Jarval se relevait en essayant de reprendre ses esprits au plus vite. Diva l’observa sans broncher, l’œil narquois.
— Le beau capitaine est parti aux pays des rêves pendant que ses vaillants guerriers se battaient jusqu’à la mort ?

Jarval balaya le salon du regard. Ses hommes n’avaient eu aucune chance face aux pouvoirs de la Sith. Lui-même n’en aurait aucune. Dans un dernier effort désespéré, il braqua vers elle son pistolet. Diva fit un simple geste du bras et il sentit une main invisible mais irrésistible lui arracher l’arme pour la projeter à travers toute la pièce.
— Tu te sens invincible avec tes pouvoirs, sorcière, grinça-t-il les poings serrés, pourquoi ne te bats-tu pas à la loyale pour une fois, sans avoir recours à ta magie ?

La Sith éclata d’un rire spontané.
— Le brave chevalier veut terrasser la vilaine sorcière dans un duel à l’épée ? Pauvre Jarval, tu crois vraiment pouvoir me battre si je ne me sers d’aucun de mes pouvoirs ?

Une lueur s’alluma dans les yeux de la Theelin.
— Et pourquoi pas ? continua-t-elle en tendant un bras vers chacun des alignements de vitrines.

Dans un grand fracas, deux d’entre elles se faisant face, explosèrent, chacune remplie d’armes anciennes. Deux épées en sortirent, l’une à la droite de la Theelin, l’autre à sa gauche, lévitant dans l’air, telles des plumes dans le vent. Les armes flottèrent ainsi en se rapprochant, la première de la Sith qui se tenait les bras tendus pareille à un chef d’orchestre dirigeant ses musiciens, la seconde de Jarval hypnotisé par cette scène surréaliste. D’une main hésitante, il attrapa la garde lorsqu’elle ne fut plus qu’à quelques centimètres de lui. Diva qui avait également pris possession de son arme, s’avança vers lui d’un pas lent et souple.
— À la loyale, comme on dit, annonça-t-elle d’une voix amusée. Toi et moi. Un beau duel à l’épée comme on en voit dans les fictions, avec de la passion, de la haine, du sang…

Jarval se mit en garde, les jambes écartées, un pied devant l’autre. Diva arrivait vers lui avec une désinvolture désarmante, le sourire aux lèvres. Elle était très séduisante mais le capitaine savait que sous cette beauté se cachait un cœur froid et cruel.
— C’est quand tu veux, trésor ! lança-t-elle en le défiant du regard.
Jarval serra sa garde au maximum et attaqua.


Des pas précipités se firent entendre dans le couloir, mélangés au bruit caractéristique d’une fusillade. Un groupe de sept saurocéphales entrèrent en reculant dans le bureau au fond duquel Taimi s’entretenait avec les deux généraux.
— Que se passe-t-il ? demanda le prince d’un ton agacé.

Les créatures tiraient sur un ennemi invisible à ses yeux. L’une d’elles se retourna.
— Un groupe armé vient par ici, grogna-t-elle, ils ont abattu les autres gardes.
— Un groupe ? reprit le général Glarr’Dorro, combien sont-ils ?
— Six, général.
— Et vous reculez devant six hommes ? tonna Pardo en saisissant son pistolet. Qu’attendez-vous pour en finir avec eux ?
— C’est que… il y a une femme à leur tête, avec une arme étrange, comme celle du Maître Zarek mais avec une couleur verte.
— Une arme étrange ? répéta Taimi.
— Oui, Majesté, et elle intercepte tous nos tirs avec. Douze hommes y sont restés dans la bibliothèque.

Le prince se tourna vers Glarr’Dorro.
— Général, faites venir des renforts, immédiatement. Et vous autres, fermez la porte de ce bureau, on va les attendre de pied ferme !

Deux des créatures fermèrent les lourds battants cependant que le général saurocéphale se ruait sur un communicateur. Il s’écoula quelques instants puis quelqu’un dut répondre car aussitôt il se mit à parler d’une voix rauque dans son langage natif, incompréhensible pour les deux hommes qui le regardaient. L’échange ne fut pas à son goût car progressivement son ton monta, mélange d’incompréhension et d’exaspération, et s’acheva en rugissement. Quand il coupa la communication, il regarda sauvagement le prince.
— Il n’y a plus de renforts disponibles, tous mes hommes se battent dans la cour d’honneur. Les portes ont été forcées par un commando infiltré et vos militaires sont entrés dans la Cité. La situation est perdue.

Pardo s’écria.
— Perdue ? Comment, avec tous vos hommes ?

L’homme-serpent cria plus fort.
— Mes hommes sont à l’extérieur de la ville, comme le stipulaient les accords que vous avez approuvés et pour lesquels vous vous êtes portés garants, vous et le prince ! À présent, il leur faut prendre d’assaut les murailles de votre capitale car ceux qui étaient à l’intérieur sont bloqués dans leurs enceintes ou ont tous été massacrés par vos régiments… ces mêmes militaires qui devaient rester enfermés dans leurs casernes sans intervenir ! Pour le moment, il faut fuir, nous cacher pour reprendre la situation en main dès que mes troupes auront réussi à réinvestir la ville.

Au même moment, sous une formidable poussée de Force, les deux vantaux de la porte du bureau furent violemment expulsés de leurs gonds tuant net les deux créatures qui se trouvaient derrière. Les lourds battants retombèrent à grand fracas sur le sol sous les yeux des occupants de la pièce, figés et incrédules. Au centre de l’ouverture apparut Isil aux côtés du roi.
— Calem ! s’écria Taimi tétanisé.
— Sire… laissa échapper Pardo avant de se ressaisir et d’ordonner : feu, abattez-les !

Les hommes-serpents recommencèrent à tirer en reculant vers le fond de la pièce. Devant le monarque, un tourbillon vert protecteur fit office de bouclier et renvoya chacun des projectiles d’énergie. Trois saurocéphales s’écroulèrent en râlant. Entretemps, Calem s’était réfugié derrière le mur, dans le couloir. Quand il fut à l’abri, Isil l’imita. Les quatre militaires qui les accompagnaient ouvrirent à leur tour le feu en faisant de courtes apparitions dans l’embrasure désormais béante.
— J’en ai eu un, s’excita un jeune soldat dont le nez garni de taches de rousseur se plissa de plaisir. Je crois qu’il en reste deux autres en plus du général Pardo et du prince, ajouta-t-il à l’adresse du roi et de ses coéquipiers.

Isil passa sa tête blonde par l’ouverture avant de lancer son sabre qui disparut pour revenir quelques secondes plus tard dans sa main.
— Il ne reste plus que le général saurocéphale au niveau créatures, annonça-t-elle avec flegme. Calem, tu veux négocier ?

Le jeune monarque adressa un sourire à la Jedi et murmura.
— J’adore négocier.

Puis en haussant la voix.
— Taimi, c’est moi, Calem. Dis à ceux qui sont encore avec toi de poser leurs armes et discutons.

Dans le bureau, le prince murmura à l’adresse des deux généraux.
— Il faut gagner du temps. Dolmie va bientôt arriver. Elle possède de puissants pouvoirs et saura bien anéantir mon frère et cette catin venue d’ailleurs.

Dans le couloir, Calem attendait une réponse qui lui parvint au bout de quelques instants.
— Entendu, grand frère, je t’attends pour parler.
— J’y vais en premier, chuchota Isil en se déplaçant sur le seuil de la pièce pour analyser la situation.

Il ne restait effectivement plus que le prince, le général Pardo et un saurocéphale en uniforme porteur de galons évocateurs. Chacun d’eux posa ostensiblement l’arme qu’il détenait sur le bureau en geste de bonne foi. Aussitôt, Isil balaya l’air de sa main pour propulser les pistolets dans un recoin de la pièce à l’aide de la Force.
— C’est bon, fit-elle à haute voix.

Calem parut alors à son tour dans l’embrasure, entouré des quatre soldats, l’œil rivé sur leur ligne de mire et qui tenaient en joue les trois occupants du bureau. Le petit groupe avança lentement sans quitter des yeux leurs adversaires.
— Ainsi, toi aussi tu as des pouvoirs, Isil ? s’enquit Taimi en se remémorant ce que pouvait accomplir Dolmie.

La Padawan s’abstint de toute réponse. Ce fut Calem qui enchaîna.
— Donne immédiatement l’ordre aux créatures qui se battent encore dans la cité de cesser le feu.

Le prince fit non de la tête.
— Je ne peux pas, j’ai passé un pacte avec la Forteresse du désert de Sang… avec Dark Zarek. Nous sommes alliés. Tu as rompu ce pacte en attaquant les hommes-serpents dans la ville. C’est à moi de t’intimer l’ordre de te rendre. L’armée de la Forteresse est aux portes de la capitale, les portes cèderont sous peu si elles n’ont pas encore cédé, et nos forces seront balayées, impitoyablement massacrées. Est-ce cela que tu veux, un bain de sang ? Que nos régiments soient décimés ? Que la ville devienne un champ de bataille jonché de ruines fumantes ?

Calem se raidit devant le ton ferme et convaincu de son jeune frère.
— Les hommes-serpents ne pourront pas pénétrer dans la ville, les régiments les contiendront.
— Il y a dix mille saurocéphales hors de ces murailles, crois-tu que quelques portes et trois mille soldats pourront les retenir longtemps ?
— Je crois que tu exagères leur nombre.
— Tu verras le moment venu, grand frère, c’est pourquoi je t’implore de te ranger à mes côtés.

Calem prit un air exaspéré.
— Mais enfin, Taimi, qu’est-ce qui t’a pris ? Tu étais chargé de défendre la ville, non de la vendre à l’ennemi !
— Je ne l’ai pas vendue, nous sommes alliés.
— Mais pourquoi ?
— Parce que le roi d’Édinu devrait être le roi d’Édéna toute entière.
— Mais c’est le cas, je suis roi d’Édéna !
— Un titre honorifique qui te donne juste la présidence du Conseil Planétaire. Je te parle d’être un vrai souverain… « le » vrai souverain de toute la planète !
— En faisant la guerre à tous les autres pays ? Tu es fou, Taimi… est-ce Dolmie qui t’a mis cela en tête ?
— Et même… qu’est-ce que cela changerait ? Elle m’a ouvert les yeux.
— Cette Dolmie… ou quel que soit son vrai nom, est une Sith ! C’est l’apprentie de Dark Zarek ! Ils veulent se servir de toi pour parvenir à leurs fins… gouverner la planète après en avoir asservi tous les royaumes, tous les états ! Ils se débarrasseront de toi… de moi… dès qu’ils y seront parvenus, c’est évident voyons, comment ne peux-tu pas le voir ?
— Tu mens, Dolmie m’aime et ensemble nous règnerons sur Édéna, s’écria Taimi exaspéré.
— Dolmie est une Sith, intervint Isil, les Sith n’aiment personne. Ils cultivent la haine et se nourrissent de la douleur qu’ils font naître chez leurs victimes. Ils font parti du Côté Obscur de la Force et tirent leur puissance du mal qui l’anime. Elle se sert de toi, Calem a raison et elle te tuera sans regret ou fera de toi son esclave dans le meilleur des cas.

Le ton ferme mais dépassionné de la Padawan ébranla Taimi qui demeura un instant sans rien répondre. Ce fut Calem qui demanda.
— Et d’ailleurs, où est-elle cette apprentie Sith ?

Comme son frère restait muet, le monarque se tourna vers Isil.
— Isil ? Qu’y a-t-il ?

La Jedi était toute pâle les yeux perdus dans le vague comme absente.
— Isil ? insista Calem.

La jeune femme parut émerger d’un rêve et papillota des paupières.
— Jarval ! s’exclama-t-elle, il est en danger.
— En danger, où ça ? Comment le sais-tu, tu as eu quoi, une vision ?
— Appelons ça comme tu veux, je dois y aller, ça va aller ici ?
— Tant que Dolmie ne pointe pas le bout de son nez, oui.
— Aucun risque… elle est avec Jarval !

Sans plus attendre, la Padawan s’élança à travers la pièce et disparut en courant dans le couloir.


Le cliquetis des épées résonnait dans le salon des armes sur un rythme effréné, témoin du violent engagement qui s’y déroulait. Fin escrimeur, Jarval tenait tête à la Sith avec brio, forçant cette dernière à reculer chaque fois qu’il reprenait l’avantage. Dolmie paraissait avoir du mal à trouver une ouverture chez son adversaire et chacun de ses assauts se heurtait à un véritable mur défensif comme une vague se brisant sur des rochers. Certes, l’apprentie de Dark Zarek pouvait à tout moment rompre sa promesse et en finir avec le capitaine de la Garde d’un simple geste. Il lui suffisait pour cela de faire appel à la Force et tout serait terminé. Mais jusqu’alors, la Sith avait respecté son engagement de ne pas y avoir recours.
Habilement elle sauta sur une table et tenta de prendre son adversaire en hauteur pour le déstabiliser, mais Jarval ne s’y laissa pas prendre, et bondit sur une chaise pour monter à son tour au même niveau que Diva. Du tranchant de sa lame, il contra la pointe qui lui était destinée et d’un revers il fouetta l’air, frôlant la joue de la jeune femme de si près qu’une légère écorchure dessina une fine ligne rouge sur sa peau.
Diva s’arrêta et passa le revers de sa main gauche sur sa pommette. Quelques gouttes de sang s’étaient étalées sur le dos de ses doigts. Une lueur meurtrière s’empara de ses yeux.
— Tu as osé me toucher ? grinça-t-elle entre ses dents.

Elle laissa échapper un cri et se rua sur Jarval, plus farouche que jamais. Ce dernier fit un bond de côté pour redescendre sur le sol tout en l’évitant. Diva emportée par son élan arriva en bout de table sans rien rencontrer et tomba la tête la première. Elle se reçut habilement en effectuant un roulé-boulé au terme duquel elle se redressa immédiatement en pivotant sur elle-même pour faire face à son adversaire.
Jarval s’était éloigné sans la quitter des yeux de l’autre côté de la pièce et se tenait au centre de celle-ci, cherchant vainement dans sa tête une stratégie gagnante. Il savait bien au fond de lui que Dolmie jouait au chat et à la souris mais cela lui faisait gagner un temps précieux. Tant que la Sith se battait contre lui, elle ne pouvait se retourner contre Calem et interférer dans ses plans. Aussi devait-il continuer ce duel dans lequel aucune des deux protagonistes ne parvenait à prendre l’ascendant sur l’autre.

Soudain, derrière Jarval, une silhouette apparut, qui arrivait en courant dans le long couloir. Diva considéra la Jedi qui venait à la rescousse de son ami et laissa échapper un ricanement.
— Voici la cavalerie, grinça-t-elle. Dommage, je connais les sentiments que tu nourrissais pour elle… tu aurais dû en profiter tant que cela t’étais permis.
— Je t’en prie, Dolmie, cesse ce jeu, rends-toi, c’est fini pour Taimi et toi, la ville va être reprise… ton plan a échoué.
— Tu me sous-estimes, Jarval, il n’y a en fait qu’un seul obstacle qui peut empêcher les volontés de mon Maître de se réaliser… et ce n’est pas toi.

Elle regarda loin derrière Jarval, la Padawan qui se rapprochait et parut prendre une décision. Comme elle tendait son bras libre vers le capitaine distant d’une dizaine de mètres, il sentit son épée lui échapper des mains puis le sol se déroba sous lui. De façon incompréhensible, ses pieds ne touchaient plus le marbre que de leur pointe comme si toute pesanteur avait cessé d’exister. Tout à coup, Dolmie se rapprocha de lui à toute vitesse. Mais en fait, durant les deux secondes que durèrent le mouvement, il comprit que c’était lui qui était attiré vers elle comme un bout de métal vers un aimant. Sans qu’il ne puisse rien y faire, il flottait dans l’air en se dirigeant vers la Sith et la pointe de son épée tendue vers lui. Incapable d’esquisser un mouvement pour l’éviter, Jarval ressentit très nettement la lame s’enfoncer dans sa poitrine. Ce fut comme une brûlure qui irradiait tout son corps et une douleur très violente le vrilla de l’intérieur au niveau du cœur tandis que le sang affluait dans ses tempes à tout rompre. Il eut le temps d’entendre de façon très assourdie un cri derrière lui qui retentissait et qui hurlait son nom avant que sa vision ne se brouille et qu’un puits noir sans fin ne l’engloutisse.


(à suivre…
prévisions d’achèvement : 40 chapitres - 600 pages - fin 2013)


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Modifié en dernier par Hiivsha le Jeu 21 Nov 2013 - 22:21, modifié 3 fois.
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Messagepar Hiivsha » Jeu 14 Nov 2013 - 14:54   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

C'est horrible : je viens de passer l'intégralité de ce roman avec un correcteur grammatical.
Bilan : j'ai corrigé au moins 5 à 6 fautes énormes (souvent des "s" qui manquent ou des singuliers au lieu de pluriels...) par chapitre. Ce qui fait quand même plus d'une centaine de "coquilles" sur plus de 500 pages !
Et ce, malgré mes relectures, ainsi que celles de Notsil et de Mitth !
Comment diable fait un éditeur pour sortir un livre sans (presque) aucune erreur ? Je me demande combien il y a de relecteurs dans une maison d'édition ?
Hiivsha
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