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[Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Ven 08 Fév 2013 - 8:52   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Je lis... quand j'ai le temps, mais je rattraperai si retard il y a.
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
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Messagepar Hiivsha » Sam 09 Fév 2013 - 18:21   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Voici un chapitre un peu long dans lequel on va savoir ce qui est arrivé à Iella, mais qui va également nous en apprendre un peu plus sur la planète Edena, son passé et son fonctionnement, dévoiler quelques antagonismes qui ne seront pas sans conséquence sur la suite de l'histoire, et où nous allons retrouver notre petite Sith. ;)

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7 - Prisonnière



Entassés dans des cages de métal supportées par des plateaux flottant dans l'air à quelques dizaines de centimètres du sol, tractés chacun par une grosse bête poilue qui avait tout du bantha si répandu dans la proche galaxie, les prisonniers se taisaient. Le moindre cri, le moindre appel, était durement sanctionné, soit à coups de fouet, soit à l'aide d'un bâton électrique qui provoquait des convulsions pouvant entraîner la mort chez les sujets les plus fragiles.
Cela faisait quatre jours qu'ils avaient quitté Meriik, d'abord par la plaine puis par des chemins de contrebandiers peu fréquentés qui sinuaient dans un massif montagneux réputé pour ses maquis inexplorés et ses gorges profondes truffées de cavernes. Les Kiathes s'étaient séparés en plusieurs groupes, sans doute pour mieux voyager discrètement jusqu'à leur repaire dissimulé dans les montagnes profondes.

Dans un coin de sa cage, Iella avait longtemps pleuré en silence, de rage contenue puis de douleur et de tristesse. Elle revoyait sans cesse la tête de sa mère qui tombait lentement le long de son corps avant de s'écraser dans la poussière de la cour devant le seuil de leur maison et à chaque fois, un sentiment obscur de haine l'envahissait. Tous étaient prostrés et tous souffraient. Il n'y en avait pas un qui n'avait pas perdu des proches dans le raid sur leur village et chacun était noyé dans sa peine et dans ses sombres pensées.
Quelques malheureuses qui avaient été extirpées de leur cage lors des bivouacs nocturnes, étaient plus à plaindre que les autres captifs. Les Kiathes se révélaient être des brutes sans cœur qui ne respectaient rien et elles avaient dû subir les pires sévices en silence. Iella jusque-là, avait été épargnée mais son cœur s'arrêtait de battre à chaque fois que l'un des bandits s'approchait de sa cage et en déverrouillait la grille pour pointer l'une ou l'autre des prisonnières de son arme menaçante.

Enfin ils arrivèrent à leur destination qui devait être le repaire, ou l'un des repaires, des brigands. Depuis quelques heures, ils avançaient dans des gorges étroites surplombées de hautes falaises stériles qui formaient un à-pic impressionnant. Iella scrutait les lieux qui, si sa position n'avait été aussi désespérée, lui seraient apparus des plus grandioses. Avec envie, elle observait également le petit torrent qui courait au fond de la gorge, en passant la langue sur ses lèvres desséchées par le manque d'eau. Personne n'osait réclamer à boire de peur de recevoir quelques coups bien sentis et la soif les tenaillait.
La caravane arriva ainsi dans un petit cirque apparemment sans issue où les parois rocheuses culminaient à près de deux cents mètres. Au fond de cet amphithéâtre naturel, de grandes cascades dévalaient des hauteurs en plusieurs paliers pour former un torrent qui se jetait dans un plan d'eau au centre du décor. La végétation était dense, les buissons nombreux et de larges taches de verdure s'étendaient autour du petit lac aux rives rocailleuses bordées d'arbres qui donnaient à cet endroit un petit air de paradis. Il ne s'en fallait que de la triste situation dans laquelle les captifs se trouvaient.
Examinant les lieux, Iella remarqua les ouvertures qui perçaient la paroi lisse de l'escarpement. Elles étaient nombreuses et évoquaient des fenêtres inaccessibles, du moins depuis l'extérieur. Au fond du cirque, au pied des falaises, on devinait des entrées de cavernes profondes et hautes. C'est dans l'une d'elles que le cortège s'enfonça puis s'arrêta. Certains bandits détachèrent les bêtes d’attelage et les conduisirent, avec leurs montures, dans des enclos prévus à cet effet dans une autre grotte adjacente cependant que les autres faisaient sortir les prisonniers sous la menace de leurs armes.
— Allez, dehors, et grouillez-vous un peu !

Un Kiathe leva son fouet et le fit claquer au milieu d'un groupe d'adolescents qui se serrèrent les uns contre les autres en tremblant. Iella regarda tout autour d'elle à la recherche d'un accès vers les trouées qu'elle avait aperçues un moment auparavant à flan de falaise mais ne put en déceler aucun. Peut-être ces ouvertures étaient-elles naturelles et ne débouchaient-elles sur rien de précis ?
Elle en était là de ses réflexions, quand des bruits de grincements et de vérins firent écho dans la grotte. Levant les yeux, Iella aperçut plusieurs grandes plateformes qui descendaient du plafond de la caverne, retenues chacune par quatre tiges rigides télescopiques. Lorsqu'elles eurent touché le sol, les gardes-chiourme poussèrent les captifs dessus. Puis, quand tous les prisonniers furent rassemblés, elles remontèrent lentement comme pour les avaler dans la falaise.
Ils débouchèrent dans un grand couloir humide creusé à même la roche, éclairé par une lumière vacillante qui fit penser à Iella que l'énergie devait être fournie par la force motrice des chutes d'eau.
— Avancez ! ordonna un gardien en jouant du fouet.

Une jeune fille touchée à l'épaule par la lanière vacilla en gémissant et Iella dut la prendre sous une aisselle pour l'empêcher de tomber.
— Viens, dit-elle, appuie-toi sur moi.

L'adolescente lui adressa un regard de gratitude en esquissant un faible sourire.
— Tournez à gauche, lança un autre garde qui leur barrait à présent le chemin pour les orienter vers un autre passage plus étroit.

Ils arrivèrent ainsi dans une caverne fermée par une large grille de fer dont les portes étaient ouvertes. Lentement, comme des agneaux qui vont à l'abattoir, ils y entrèrent puis les lourdes grilles se refermèrent sur eux dans un grand bruit sinistre, et les gardes s'en allèrent.
Dans un coin de la caverne, un trou béant jetait son œil noir sur les lieux. On n'en voyait pas le fond. Les prisonniers s'installèrent de leur mieux sur de petits gradins naturels formés par la roche et le silence retomba sur eux comme un linceul.
Alors, pour la première fois depuis leur départ, nombre de captifs se laissèrent aller à leur désespoir et se mirent à pleurer, à geindre et à crier leur douleur et leur peur.

Quelques heures plus tard, plusieurs bandits revinrent et, alors que quatre d'entre eux se postaient à l'entrée de la prison, les trois autres entrèrent et commencèrent à dévisager les captifs, les uns après les autres. Le regard baissé, personne n'osait les regarder dans les yeux. Sagement, Iella imita ses compagnons de captivité et ferma ses paupières.
- Toi… toi… toi et toi… vous deux… entendait-on dans la grotte.

Une à une, les prisonnières désignées se levèrent et passèrent comme on le leur indiquait de l'autre côté des grilles, tête basse.
Sur l'un des gradins, une jeune fille aux longs cheveux bruns était allongée, sa tête sur les cuisses de Iella. Le front perlé de gouttes de sueur, elle avait une forte fièvre et tremblait de tous ses membres. Un garde s'arrêta devant elle, bien campé sur ses jambes écartées. Du bout du pied, il poussa le flanc de la malade.
— Toi, lève-toi !

Comme l'adolescente gémissait sans bouger, il lui asséna un coup de pied plus fort qui lui arracha une plainte.
— Lève-toi je t'ai dit !

Iella n'y tenant plus, leva ses yeux d’acier vers l'homme et lui lança les dents serrées.
— Vous ne voyez donc pas qu'elle est malade ? Laissez-là tranquille ! J'irai à sa place !
— Malade ? Tu en es sûre ?
— Vous voyez-bien qu'elle a de la fièvre. Il faut la soigner, sinon elle risque de mourir.

L'homme ricana et regarda l’un de ses complices plus loin.
— Hey, Juar, t'aurais pas un docteur sous la main par hasard ?

L'autre railla à son tour en retournant ses mains plusieurs fois.
— Non, Arga, j'ai pas ça en magasin, pourquoi ?
— Y'a une petite qui est malade.
— Malade ? Tu sais que le capitaine déteste voir la marchandise gâchée, après elle n'a plus de valeur. Que veux-tu qu'il tire d'une fille malade ? Faut faire quelque chose pour elle, Arga.
— Je crois que t'as bien raison, Juar. Cette petite ne mérite pas de souffrir.

Il se pencha et enleva la fille dans ses bras sans aucun effort apparent. Iella se dit qu'après tout, si ces hommes voulaient les vendre au meilleur prix, ils se devaient de conserver leur "marchandise" en bon état. Et leur marchandise, c'étaient eux !

Le Kiathe approcha sa tête de celle de la jeune fille brune et lui souffla.
— Ne t'en fais pas, ma belle, on va résoudre ton petit problème.

Tout en parlant, il s'était approché du trou qui s'ouvrait au ras du sol. Lorsqu'il fut tout au bord, il y laissa tomber l'adolescente. Plusieurs cris accompagnèrent le hurlement de terreur de la pauvre victime, qui s'estompa progressivement, très lentement, comme avalé par un puits sans fin. Le gouffre était si profond, qu'on n'entendit même pas le bruit du corps s'écrasant au fond. Un silence de plomb succéda à la scène. Puis certains prisonniers craquèrent et se mirent à pleurer à chaudes larmes. La brute revint vers Iella.
— Tu vois, elle souffre plus maintenant. Allez, lève-toi et viens, tu vas la remplacer avantageusement.

Lorsque elle eut rejoint les autres jeunes filles qui attendaient à l'entrée de la grotte, les lourdes grilles se refermèrent sur ceux qui restaient.
*
* *

— Ces jardins sont vraiment magnifiques, s'enchanta Gil tandis qu'il marchait aux côtés de Sali sur la verdoyante colline qui abritait la Cité Royale. Vous en avez de la chance d'habiter ici !

La princesse d'Austra réprima une moue qui n'échappa pas à l'adolescent.
— Visiblement pas, reprit Gil d'une voix morne en jetant un regard en coin sur Sali, vu la grimace que vous essayez de cacher.

La jeune fille tourna vers lui une figure surprise et ouvrit la bouche pour répliquer quelque chose qui ne lui vint pas à l’esprit. Se ravisant elle continua sa marche en silence.
— En fait, vous ne vous plaisez pas ici, c'est ça ? insista Gil.

Comme il n'eut pas plus de succès que la première fois, il récidiva un instant plus tard.
— Vous êtes malheureuse mais vous ne voulez pas m'en parler ?

Sali soupira.
— Mais enfin, mon jeune ami… quelle…

Elle chercha ses mots un instant.
— Quelle indiscrétion ! Ce que je ressens, continua-t-elle avec un accent offusqué tout en plaçant ses deux mains jointes sur son cœur, m'appartient et je n'ai pas besoin de t'en parler !

Gil ne se laissa pas démonter pour autant et jugea que, d'après le ton qu'elle venait d'employer, il avait touché juste. Il persista.
— Besoin, sans doute pas, votre grâce, mais peut-être envie ? suggéra-t-il d'un petit air malin.

Sali s'arrêta et se tourna vers lui, les mains sur les hanches.
— Ni besoin, ni envie. Suis-je assez claire pour toi comme ça ?

Gil fit une petite grimace comique et inclina sa tête de côté.
— Pourquoi vous emportez-vous, princesse, ne suis-je pas votre ami ?

Elle leva la tête vers le ciel et prit un air pincé.
— Tu n'es qu'un petit voleur.
— Petit peut-être, de taille, mais grand par le talent. Je suis capable de dérober n'importe quoi à n'importe qui, quand je le veux, sans qu'il me voit.
— Tu oublies petit prétentieux que je t'ai pincé la main dans le sac.

Gil se gratta vigoureusement la tête.
— Ça non, je n'oublie pas ! Pourtant, je suis certain de ne pas vous avoir touchée un seul instant. Je suis sûr que vous avez un don… un don de sixième sens !
— Peuh, se contenta de répondre Sali, la tête toujours levée de biais.
— En tout cas, si je ne suis pas votre ami, je ne vois pas pourquoi vous me gardez à vos côtés. Je vous demande humblement de me rendre ma liberté et de me laisser partir.

À ces mots, Sali reprit un air normal et baissa la tête vers lui.
— Tu ne vas pas me quitter déjà ? Tu es la seule personne qui me fasse rire ici et à qui je peux dire plein de choses…
— Ah, vous voyez !

Sali se mit à rire.
— D'accord, tu as gagné, vil coquin. Mais tu ne répéteras à personne ce que je vais te confier !

Gil exécuta un signe tarabiscoté sur son cœur.
— C'est juré, votre grâce. Que le feu du dragon me consume si je mens.
— Soit…

La princesse s'assit sur un petit muret entouré de roses écarlates et soupira.
— Je crois, au fond de moi, sans que je sache vraiment pourquoi, que je ne suis pas faite pour devenir reine…


À une portée de flèche de là, dans une salle du palais, le roi tenait un Conseil élargi.
— Il y a quatre jours, le village de Meriik, en bordure du grand désert de sable, a été victime d’un raid de Kiathes, annonça une bedonnante créature bleue s’apparentant à un twi’lek, tout en arrangeant d’une main l’un de ses deux lekkus qui tombaient du sommet de son crâne. Une partie de la population des lieux a été massacrée et une quarantaine de jeunes gens, filles et garçons, ont été emmenés de force vers une destination inconnue.

C’était Orn Mitra, le ministre de la sécurité du territoire, qui venait de s’exprimer ainsi, provocant une réplique cinglante d’une autre créature humanoïde d'allure féline, à la musculature puissante et aux crocs acérés, en tous points semblable aux cathars de la proche galaxie.
— Inconnue ? grogna-t-il en ponctuant son exclamation d’un rictus éloquent. Tout le monde sait que ces maudis Kiathes ont leur repaire dans les Monts Torturés à l’ouest du désert de Sang !

Il fit saillir ses griffes acérées en serrant son poing.
— S’il ne tenait qu’à moi, j’investirais ces montagnes avec mes soldats et je les massacrerais tous !

Le twi’lek se rebella dédaigneusement.
— Général Pardo, vous savez pertinemment que nous n’avons pas assez d’effectifs pour faire pareille chose ! Ces montagnes sont immenses et les défilés labyrinthiques. Une armée pourrait s’y cacher pendant des siècles sans qu’on puisse la trouver et a fortiori, la déloger.
— J’attends vos ordres pour faire mon travail, monsieur le ministre.
— Sire, reprit le twi’lek en se tournant vers Calem, cette situation est nouvelle pour nous tous. Il y a des millénaires qu’Édena vit en paix et durant ces lustres, une simple armée modeste a suffit pour faire régner l’ordre à travers le royaume. Je pense que, sauf le respect que je dois à sa mémoire, votre père, avant de nous quitter il y a six mois de cela, n’a pas pris la dimension du véritable problème qui se posait à nous depuis quelques années.
— Depuis que ce magicien est apparu sur Édena ! s’exclama un jeune homme qui se tenait à la droite du roi.

Celui qui venait de prendre la parole s’appelait Taimi, le jeune frère de Calem. C’était un jeune homme de vingt-trois ans, séduisant malgré des traits durs sur un visage quelque peu enfantin et aux yeux d’un marron très sombre, presque noirs, qui luisaient d’une intensité peu commune.
— Je ne suis pas certain que les rumeurs soient fondées sur cet… homme bien mystérieux, votre Excellence, reprit le ministre. À dire vrai, je ne le crois pas dangereux. Un maniaque qui vit terré dans cette vieille forteresse en ruine… voilà tout.
— Ne sous-estimez jamais une menace potentielle, Mitra, rétorqua le général. Les rumeurs, comme vous dites, murmurent que ce magicien… cet homme… cet être… a constitué les hommes-serpents en une armée nombreuse et puissante grâce à un trafic d’armes illégal mené en toute impunité. Il faudrait renforcer nos armées, Sire !

Calem regarda tour à tour son frère, le ministre et le général commandant les armées du royaume.
— Quand vous me dites cela, général Pardo, j’ai l’impression de revenir plusieurs dizaines de milliers d’années en arrière… du temps où notre civilisation a failli disparaître. Je pense qu’il est inutile que je vous fasse un cours d’histoire, mais en ces temps-là, les conflits étaient nombreux, la surproduction industrielle était en train d’anéantir la couche d’ozone de notre planète qui commençait à devenir stérile. La population fut décimée par centaines de millions et divisée par vingt en quelques siècles. Il a fallu toute l’énergie du désespoir de l’ensemble de nos dirigeants pour réunifier nos pays, mettre un terme aux guerres, désarmer, et abandonner la quasi totalité de nos industries, pour sauver Édena. Nous avons renoncé à presque l’intégralité des moyens de transport mécaniques ou électriques, aux moteurs, à toutes les industries polluantes pour revenir loin dans le passé de notre planète, lorsque l’air était pur et l’eau saine. Nous n’avons conservé que l’essentiel d’une société moderne et nous sommes revenus à une agriculture manuelle, qui n’engendre plus de pollution, à des industries de base, axées sur le bien-être essentiel des populations, à des moyens de transport reposant sur les incroyables capacités de certains animaux qui peuplent Édena. Nous avons abandonné le superflu pour sauver notre planète. Je sais que beaucoup ont crié à la régression, mais c’étaient ceux-là même qui s’enrichissaient sur le dos de quatre-vingt-dix-neuf pour cent du reste du monde en niant l’holocauste qui se préparait. Alors seulement, la couche d’ozone a cessé de se détruire. Au fil des millénaires, l’air est redevenu respirable et notre eau, aux incroyables capacités quasi divines, buvable. Je ne permettrai jamais, pas plus que les autres dirigeants de cette planète, que tout cela recommence.

Un silence religieux accueillit la longue tirade du jeune monarque.
— Mais que faisons-nous pour ces criminels ? demanda Taimi.
— Notre père a sous-estimé l’importance du problème qui se posait à nous et a trop longtemps attendu, à l’abri derrière les murs de cette cité en faisant le gros dos. Cette impunité a permis à cette racaille de grossir leurs rangs et d’appuyer leur économie illégale sur le trafic d’esclaves. Il n’est évidemment pas question de les laisser faire.
— Nous entendons bien, votre Majesté, intervint un petit homme chauve à grosses moustaches qui n’était autre que Jalisco Vanghao, le ministre du commerce, mais comment comptez-vous vous y prendre ?
— Le principal problème est de dénicher ces bandits. Je veux que toutes les ressources nécessaires soient déployées pour recueillir des renseignements à ce sujet. Lorsqu’on les aura situés, et alors seulement, nous les éradiquerons ! Mais Orn Mitra a raison : les effectifs de nos armées ne suffiraient pas à ratisser ces montagnes dans lesquelles ces hommes peuvent se fondre. L’essence même de la victoire, c’est d’abord le renseignement.
— Je vais m’en occuper, votre Majesté, grogna le général.
— Il faut aussi créer de petites garnisons pour protéger les villages éloignés. Pour cela, monsieur le ministre de la sécurité, je vous charge d’augmenter les effectifs de nos troupes de dix pour cent.
— Mais, Sire, le Conseil Planétaire ne vous laissera pas dépasser les quotas qui ont été fixés en terme d’armée pour chaque royaume ! objecta Orn Mitra.
— Ce Conseil est une hérésie ! s’exclama le cathar en montrant ses crocs. Notre souverain n’est-il pas censé être le monarque de toute la planète ? Il y a des fois où je regrette la très lointaine époque où il n’y avait qu’un seul royaume sur Édena ! Il faudrait y revenir !
— En déclenchant une nouvelle guerre, général ? s’indigna le twi’lek.
— Nous avons de loin le royaume le plus puissant et l’armée la plus nombreuse… quoique ridiculement petite ! Le roi est le roi ! S’il s’imposait de nouveau comme autrefois, les autres dirigeants se soumettraient !

Cette fois ce fut Calem qui haussa le ton.
— Général Pardo, je vous rappelle à l’ordre ! Il n’est pas question ici de tenir des propos subversifs ou de faire de la politique-fiction mais bien de réagir avec les moyens appropriées à la menace que représentent ces bandits Kiathes. Il ne s’agit pas d’extrapoler sur une menace non avérée que des rumeurs infondées colportent. Le temps viendra où je m’entretiendrai personnellement avec la personne qui habite la forteresse du désert de Sang... chose que feu mon père n’a jamais faite… et je suis certain que je trouverai un terrain d’entente propice à une bonne cohabitation avec ces hommes-serpents !

Le général lança un regard farouche à son souverain, qui en disait long sur sa désapprobation.
— Pour en revenir à cette augmentation de dix pour cent — Calem insista sur ces trois mots — le ministre de l’extérieur se chargera d’en informer les dirigeants de la planète en expliquant le pourquoi d’une telle décision. N’est-ce pas monsieur Wiilsk ?

Il s’était tourné vers un grand humanoïde à la peau bleu intense, dont le crâne portait deux cornes dressées vers le haut ainsi que deux grands lobes situés de chaque côté de la tête et qui reposaient sur ses épaules. Celui que les habitants de Chagria auraient certainement reconnu pour l’un des leurs, répondit en s’inclinant dans son fauteuil.
— Il en sera fait selon votre volonté, votre Majesté. Je pense que les autres dirigeants comprendront cette nécessité.

Taimi saisit alors le bras de Calem.
— Pour autant, mon frère, il serait inconscient d’oublier la menace du désert du Sang. Laisse-moi marcher avec l’armée sur cette forteresse afin de réduire une fois pour toute cette menace avant qu’elle ne devienne trop sérieuse pour Édinu ! Général, vous me suivez ?

Le cathar sourit de tous ses crocs.
— Et comment, votre Excellence !

Calem dégagea son bras.
— Il n’en est pas question, Taimi ! Je connais ton impétuosité, mais la prudence est mère de sûreté. Je ne te laisserai pas te lancer dans une expédition aventureuse au risque de voir détruire notre seule protection si d’aventure Édinu devait être attaquée ! La diplomatie prévaudra sur la force.
— Mais, Calem, si nous frappons les premiers, nous faisons d’une pierre deux coups : la surprise aidant, nous écrasons ces reptiles à deux jambes et nous nous mettons à l’abri de toute future attaque de leur part. Appelons cela une frappe préventive.
— Ça suffit Taimi ! riposta sèchement le roi en le fusillant du regard. Tu n’as pas écouté mon exposé sur la question ? Ce n’est pas toi qui commande et tu es trop jeune pour ce genre de chose.

Le jeune frère lança à son aîné un regard meurtrier et s’emmura dans un mutisme boudeur en croisant ses bras. Le roi reprit.
— J’ai pensé, à dire vrai, à un autre angle d’attaque pour arrêter ces razzias.
— Lequel, Sire, interrogea Jalisco Vanghao.

Le roi écarta les mains comme si la solution qu’il allait proposer coulait de source.
— Supprimons la raison essentielle de ces raids qui vise à enlever des personnes pour les revendre comme esclaves : abolissons l’esclavage.

De vives réactions s’élevèrent autour de la table, y compris de la part des personnes qui, jusque-là, n’avaient rien dit.
— Vous n’y pensez pas, Sire, s’écria presque un gros bonhomme chauve représentant les grandes familles du royaume. L’esclavage est une institution ! Il existe depuis toujours et chaque maison un tant soit peu aisée possède un ou deux esclaves. ils sont essentiels à l’économie du Royaume et les propriétaires terriens de qui dépend l’approvisionnement du pays en denrées alimentaires en utilisent un grand nombre en plus des ouvriers qu’ils emploient. Sans compter certaines industries… vous allez provoquer une révolution !

Calem leva les mains dans un geste d’apaisement.
— Il n’est pas question d’abolir l’esclavage de but en blanc, évidemment. Mais je compte bien m’engager sur une voie de réformes pour y parvenir à long terme.
— Mon frère, intervint Taimi rompant sa bouderie, te rends-tu compte que tu risques de t’aliéner les familles les plus puissantes ?
— Je parviendrai bien à les convaincre. Ne suis-je pas le roi d’Édena ?


Lorsque la réunion s’acheva, Taimi fut le premier à quitter la salle avant même que son frère puisse le retenir pour s’expliquer avec lui. Il regagna ses appartements puis ôta rageusement sa veste d’uniforme.
— Ton frère s’est encore moqué de toi mon trésor ? demanda une voix cachée derrière un paravent.

Taimi se retourna vivement alors qu’une belle créature aux cheveux rouge vif sortait de sa cachette.
— Dolmie, fit-il sans se départir de son air renfrogné. Te revoilà ? Où étais-tu passée durant tous ces jours pendant lesquels tu n’as pas donné de tes nouvelles ? J’en ai assez de ne te voir que lorsque cela t’arrange ! Tu viens à moi, puis tu t’en vas et tu reviens quand tu en as envie !

La theelin s’approcha de Taimi et lui caressa lentement la joue de ses doigts terminés par de longs ongles peints en noir.
— Taimi chéri, souffla-t-elle en approchant ses lèvres à quelques centimètres de son visage, si tu m’avais en permanence auprès de toi, où serait ton plaisir de me retrouver lorsque je reviens ?

Elle lui prit la tête dans ses mains et l’embrassa d’abord tendrement, faisant jouer ses lèvres humides sur la bouche entrouverte de désir du jeune homme, puis avidement, presque sauvagement, tout en l’entrainant vers le lit ou elle le propulsa avant de se jeter sur lui.


Ils étaient allongés l’un à côté de l’autre, reprenant leur souffle après une étreinte sauvage et passionnée. Diva, que Taimi connaissait sous le nom de Dolmie, observait son amant, la joue posée dans le creux d’une main. Bien qu’il eût son âge, la Sith le trouvait trop immature, impulsif et imprévisible, comme un adolescent. Cependant, il était vulnérable et sa faiblesse de caractère pouvait lui servir à accomplir ses noirs desseins dans la quête du pouvoir au profit de son Maître.
Habilement questionné par la theelin, Taimi expliqua l’objet de ses ressentiments envers le roi et comment il aurait voulu anéantir la menace potentielle des hommes-serpents quand son frère péchait selon lui par excès de prudence, voire par couardise.
— Si j’étais le roi, avoua-t-il, je reprendrais le contrôle de la planète toute entière comme ce fut le cas dans notre lointain passé et je restaurerais le royaume d’Édena en réunifiant tous les pays.
— Peut-être cela arrivera-t-il un jour… dans ce cas-là, essaye de ne pas te tromper d’adversaire, mon amour.
— Que veux-tu dire, Dolmie ?
— Qu’il pourrait être contreproductif de s’attaquer à la forteresse du désert de Sang plutôt que de s’allier à elle. Son armée d’hommes-serpents cumulée à celle d’Édinu serait une force capable de mettre à genoux tous les autres pays de la planète.
— Mais… comment s’en faire des alliés ? L’homme qui règne sur la forteresse ne s’est jamais montré et nous ne connaissons rien de ses véritables intentions.
— Fais-moi confiance, mon trésor, un jour viendra où vous ferez connaissance et ce jour n’est peut-être pas si loin que ça.
— Es-tu voyante ou sorcière ?
— Peut-être un peu des deux…

La theelin tendit la main vers une coupe de pommes bien rouges qui trônait sur une desserte de l’autre côté de la chambre et aussitôt, la plus grosse du lot se mit à flotter dans l’air en s’avançant vers eux. Taimi écarquilla les yeux tandis que le fruit faisait son chemin jusque dans la paume de la Sith qui s’en empara pour croquer dedans à pleines dents.
— Co… comment tu as fait ça ? s’exclama-t-il en se redressant sur ses fesses.
— Je t’expliquerai un jour mon trésor, répondit-elle en lui tendant la pomme. Pour l’instant, il va falloir me faire confiance… je sais ce qui est bien pour toi.

Se ravisant, elle lui reprit le fruit des mains et le jeta nonchalamment à travers la chambre avant de l’obliger à se rallonger sur le matelas pour à son tour s’étendre sur lui de tout son long.
— J’espère que tu as encore des réserves… j’ai encore faim, lâcha-t-elle avant de coller sa bouche sur la sienne.
*
* *

Sans ménagement, on conduisit les sept jeunes filles par les couloirs méandreux et les escaliers taillés à même la roche, jusqu’à une grande salle creusée dans la falaise et éclairée par les trouées que Iella avait remarquées à flanc de paroi en arrivant sur les lieux. Tout en arpentant les tunnels, Iella avait pu mesurer combien le repaire des Kiathes était vaste et complexe. De nombreuses intersections menaient dans de non moins nombreuses pièces qui servaient de dortoirs, de cuisines, d’armureries, bref, tout ce qu’il fallait à une troupe pour vivre de longs mois durant. La falaise hébergeait en fait une véritable petite forteresse quasi imprenable de l’extérieur.

Un brouhaha mêlé de rires et de cris accueillit les captives lorsqu’elles entrèrent dans la salle aux dimensions impressionnantes. On aurait dit une salle du trône, aménagée dans une vaste cantina. De chaque côté, des arcades s’ouvraient dans les murs permettant d’accéder à d’autres pièces plus petites aménagées en salons faiblement éclairés. Au centre de la pièce de grandes tablées étaient dressées et abondamment pourvues en nourriture de tout genre. Nombre de bouteilles de vin y étaient posées, toutes pleines, ce qui semblait prouver que le festin n’avait pas encore commencé. Au fond de la pièce, des gradins naturels de quatre marches permettaient de monter sur une grande dalle au centre le laquelle était posé un imposant siège rutilant, presqu’un trône, fait de bois et d’or, résultant sans doute du pillage de quelque riche demeure. Sur le siège était assis le colosse qui avait neutralisé Iella devant sa maison. Une centaine de Kiathes, parmi lesquels quelques femmes armées de pistolets et de couteaux, étaient rassemblés. D’autres femmes de tous âges, visiblement esclaves des bandits, s’affairaient à achever de disposer discrètement les couverts.
— Entrez donc, mesdemoiselles, cria le capitaine en leur faisant signe d’avancer vers lui, vous êtes nos invitées d’honneur à notre soirée.

Les hommes eurent tôt fait de les entourer avec des regards avides. Certains commencèrent à tâter la marchandise provoquant des gémissement de crainte chez certaines captives. Le chef lança à la ronde.
— Elles sont pour vous les amis, emmenez-les partager avec vous les délices de l’amour !

Une à une, les filles furent tirées qui par les bras, l’autre par les cheveux vers les bordures de la salle pour disparaître dans les alcôves au milieu des rires barbares. La dernière qu’un d’eux attrapa par le poignet fut Iella. Aussitôt, celle-ci, avec une force insoupçonnée, passant lestement en dessous de son coude, lui retournant le membre dans son dos tout en lui ceinturant le cou de son avant-bras libre. On entendit un craquement en même temps que l’homme hurlait de douleur. Puis à l’aide d’un grand coup de pied au niveau des reins, elle l’envoya rouler-bouler au milieu de la salle. Toisant les autres criminels qui l’entouraient, elle se mit en garde, en sautillant légèrement sur ses jambes souples et lança d’un ton de défi qui ne reflétait pas du tout ce qu’elle ressentait intérieurement.
— Va falloir me mériter messieurs… si vous me voulez, ce ne sera pas gratuit !

Les hommes s’observèrent un instant, comme subjugués par l’incroyable témérité de la prisonnière, jusqu’à ce que l’un deux s’avance vers elle d’un air menaçant.
— Allez, viens me voir, sois gentille, je suis doux comme un agneau. Tu verras, je vais te donner mille plaisirs.
— Tu parles, commenta un autre dans un grand éclat de rire, t’es monté comme un ver de terre !

Les autres se mirent eux aussi à rire. Iella fit un petit geste de la main pour inviter le bandit à se rapprocher.
— Je t’attends.

Vexé, l’homme fit un pas en avant. Aussitôt, avec une rapidité surprenante, Iella effectua un tour sur elle-même avec une grâce indéniable, fouettant l’air de sa jambe droite levée qui frappa à toute volée la figure du brigand. Celui-ci tournoya à son tour sur place avant de recevoir dans la foulée entre les jambes un autre coup de pied qui le plia en deux. Enfin, un coup de genou le cueillit avec une extrême violence au niveau du nez alors qu’il se baissait sous la douleur du coup précédent. Il s’effondra dans un gémissement, la tête la première, avec un bruit sourd.
— À qui le tour ? crâna Iella qui n’en menait pas large au fond d’elle-même.

Elle savait qu’elle luttait pour sa survie ou à tout le moins, pour s’épargner une humiliation qu’elle savait ne pas pouvoir supporter, et cela lui donnait des ressources inattendues. Mais intérieurement, elle avait envie de crier sa détresse et se battait pour maitriser les tremblements qui n’attendaient qu’une faiblesse de sa part pour s’emparer de son corps. Serrant les dents pour ne pas se mettre à pleurer, elle figea sur ses lèvres un sourire totalement artificiel en priant pour que les Kiathes ne se jettent pas tous sur elle ensemble. D’un regard en coin, elle estima la distance qui la séparait d’une des ouvertures donnant sur l’extérieur. Il lui faudrait cinq bonds pour l’atteindre et un dernier pour sauter. Et ça en serait fini de tout ça !

Un gros costaud s’écria.
— Je vais n’en faire qu’une bouchée ! Mais après, vous me la laissez, hein ?

Comme un taureau de corrida, il chargea la tête la première, les mains en avant pour s’emparer de sa proie. Quand il l’atteignit, elle n’était plus là, mais avait effectué un salto arrière qui la fit s’envoler jusque sur une table sur laquelle elle se planta.
— Manqué ! trouva-t-elle la force de dire, pendant que son cœur s’emballait comme un tambour sonnant la charge.

L’homme poussa un grognement bestial et se lança dans une seconde charge. Iella pensa que, décidément, il n’apprenait rien et lorsqu’il parvint à l’endroit où elle se tenait, elle avait déjà fait un saut périlleux vrillé qui l’avait amenée dans le dos du brigand. Alors que les bras de ce dernier se refermaient sur du vide, elle lui faucha les jambes avec les siennes. Le bandit s’écroula le menton sur la table à laquelle il se retint dans un équilibre précaire. Saisissant un banc de bois, Iella fit un effort surhumain pour le lever très haut dans les airs, et l’abattit de toutes ses forces sur le sommet du crâne du costaud. Sous la violence du choc, le banc se brisa en deux et l’homme s’effondra avec un soupir ressemblant à une baudruche qui se dégonfle.
Sans attendre, Iella se retourna pour défier les autres hommes. Elle constata amèrement qu’ils lui barraient le chemin de la fenêtre et l’espace de quelques secondes, se sentit perdue.

Une voix tonna dans la salle.
— Ça suffit ! Laissez-là vous tous, bande de mauviettes. Cette femme a encore prouvé sa valeur et aucun de vous ne lui arrive à la cheville. Contentez-vous des autres et fichez-lui la paix. Passons à table !

L’invitation fit redoubler d’intensité le brouhaha ambiant. Le capitaine se leva pesamment de son trône et descendit les marches de pierre pour marcher jusqu’à Iella.
— Dis-moi ton nom femme !
— Iella.
— D’abord tu tiens tête à un de mes lieutenants, maintenant tu massacres trois de mes hommes ! Qui es-tu donc pour avoir accompli cet exploit ?

Iella hésita entre soutenir le regard du chef et baisser les yeux en guise de soumission. Elle choisit prudemment la seconde solution.
— Rien qu’une femme comme une autre, Seigneur. Disons que j’ai eu l’habitude de me battre avec les garçons depuis mon plus jeune âge.
— Et prudente dans tes réponses avec ça ! s’exclama le capitaine, j’aime ça. Fort bien, tu viens de gagner le droit d’avoir un peu de courtoisie de ma part. À compter de maintenant et jusqu’à ce que j’obtienne de toi un bon prix, et m’est avis que tu vaux ton pesant d’or, tu es mon invitée.

Il se retourna vers la salle et cria à la cantonade.
— Vous entendez bande de mécréants ? La jeune Iella est sous ma protection désormais. Considérez-là comme une invitée.

Les hommes murmurèrent en opinant du chef tout en s’asseyant sur les bancs dans l’anarchie la plus complète. Le cœur de Iella se serra à la pensée que les autres captives n’avaient pas sa chance, même si cette chance était toute relative et certainement éphémère.
— Assieds-toi en face de moi, gamine, invita le chef. Je suis le capitaine Jazor Arato. Tu es absolument superbe, Iella, mais je promets de te laisser intacte jusqu’à ce que je t’aie vendue, tu as ma parole même si j’ai rarement vu femme aussi appétissante que toi.

Il y eut quelques rires gras à gauche et à droite d’eux.
— Je vous remercie de ce compliment, capitaine, murmura Iella, et vous sais gré de votre attention à mon égard. Je suppose que je ne peux pas vous convaincre de ne pas me vendre et de me laisser partir ?

Jazor éclata de rire et tapant la table du plat de la main.
— J’adore ! Tu as raison fillette, ça coûte rien d’essayer ! Mais je suis désolé, tu n’es pour moi qu’une marchandise comme une autre, toute jolie que tu es.
— Mais pour me vendre, il vous faut un certificat en bonne et due forme. Vous ne pouvez pas vendre les gens comme ça !
— Serais-tu juriste Iella ? Mais tu as encore raison, il me faut un certificat et j’en ai plein. De beaux certificats en blanc, authentifiés et revêtus du sceau royal ! Il ne me suffit plus qu’à en remplir un, à y mettre ton nom, ta photo, tes empreintes génétiques, et à l’enregistrer au fichier planétaire des esclaves.
— Mais ces certificats, ce sont des faux, naturellement ?
— Pas du tout ma jolie, ils sont authentiques ! Je les paye assez cher pour cela à un haut fonctionnaire à qui sa maîtresse doit coûter plus cher qu’il ne peut assumer !

Jazor se mit à rire à cette idée avant de redevenir sérieux.
— Ceci dit, une fois vendue, si tu t’avises de protester contre ta nouvelle condition, tu sais ce qu’il t’en coûtera de la part de ton propriétaire ?

Iella ne répondit pas, mais elle savait que l’esclave qui osait protester de son innocence ou invoquer une injustice à son égard, avait la langue arrachée séance tenante. Dans le pire des cas, lorsqu’il y avait suspicion de fraude à l’esclave, ce dernier était purement et simplement éliminé de façon discrète pour ne pas attirer d’ennuis à son acheteur.
— Assez parlé de tout ça, ma petite, tu dois avoir faim et soif. Mange et bois tout ce que tu veux, reprit Jazor en remplissant le verre de la jeune fille d’un vin agréablement parfumé.

Iella se dit qu’il ne servirait à rien de refuser et qu’elle avait besoin de refaire ses forces. Affamée et assoiffée, toutes les bonnes choses qu’elle avait devant ses yeux étaient autant de tentations auxquelles elle décida de succomber en attendant de voir venir la suite des événements.


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Modifié en dernier par Hiivsha le Mar 12 Nov 2013 - 11:47, modifié 11 fois.
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Messagepar Hiivsha » Mar 12 Fév 2013 - 12:45   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Sinon en attendant vos commentaires j'ai une question à poser : y'en a qui connaissent des noms de jeux utilisés dans l'univers de Star Wars : cartes, hasard etc... ?
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Messagepar Jagen Eripsa » Mar 12 Fév 2013 - 13:59   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Eh bien, il y a le pazaak et le dejarik pour les cartes, et le sabaac comme équivalent des échecs (comme dans l'Episode IV, avec "laisse gagner le wookiee"). A moins que le dejarik soit l'équivalent des échecs et le sabacc le jeu de cartes... :x
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 13 Fév 2013 - 21:32   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

A moins que le dejarik soit l'équivalent des échecs et le sabacc le jeu de cartes... :x


Bah oui :o
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Messagepar Hiivsha » Ven 15 Fév 2013 - 19:11   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Bien que n'ayant pas eu de retour sur le chapitre 7 - y'avait peut-être rien à en dire ;) - je me permets de poster la suite.
C'est un chapitre court, il ne fait qu"un peu plus de 10 pages, initialement regroupées avec le chapitre précédent qui du coup, m'avait paru bien long et que j'ai donc découpé en deux.
Pour les impatients, je vous "rendrai" un personnage "connu" dans le prochain chapitre :cute:
Chapitre 8, donc, nous retrouvons Iella dans sa mésaventure d'avec les Kiathes...

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8 - Vendue



Jazor avait tenu sa promesse et pas un bandit ne manqua de respect à Iella durant les trois jours suivants. Elle aurait aussi bien pu faire partie de la bande à l’instar des quelques femmes qui étaient avec eux, cela n’aurait pas fait de différence. Elle s’assit à leur table, mangea avec eux, et put également se promener dans le repaire sans être inquiétée. Jazor l’obligea toutefois à dormir dans une petite pièce qui donnait sur sa propre chambre, sans dire si c’était pour l’avoir à l’œil, la protéger d’une visite nocturne inopportune de la part d’un de ses hommes qui aurait cédé à la convoitise, ou simplement pour jouir de sa présence. Sa seule autre exigence, à laquelle Iella n’eut d’autres choix que de se plier, fut que celle-ci abandonne son austère robe longue bleue et enfile une tenue beaucoup plus déshabillée, trop au goût de la jeune fille, qu’il retira d’une armoire contenant une multitude de magnifiques effets féminins en tout genre. Suite à quoi, il lui devint difficile de faire un pas dans le repaire sans qu’on lui tienne compagnie avec cependant une extrême courtoisie — pour autant que les Kiathes en fussent capables — qui tenait sans doute à la crainte que le chef inspirait à ses hommes.
Le capitaine se révéla plus cultivé qu’il n’y paraissait et il passa de longues heures à disserter avec Iella sur nombre de sujets qui auraient fait honneur à des réunions de salon. Malgré cela, Iella n’éprouva aucune sympathie pour cet homme qui était capable de tuer des innocents comme s’il écrasait un insecte importun avec le talon de sa botte et elle resta sur ses gardes.

Les bandits semblaient se reposer de leurs exactions en passant le plus clair de leur temps à manger, jouer verre en main, rire et chanter pour certains quand ils ne s’adonnaient pas à des jeux de plaisirs éhontés. Ils avaient débauché des captives qu’ils avaient obligées à danser sur les tables de leur salle durant des heures, jusqu’à épuisement. Iella cachait les nausées que lui inspirait leur brutalité sous un masque d’indifférence qu’elle avait bien du mal à conserver.

Elle avait soigneusement visité les lieux et cherché en vain une échappatoire. Côté falaise, il eut fallu être un alpiniste hors norme, être doté d’ailes ou posséder quelque pouvoir magique, pour escalader la paroi. Côté plateformes, elles étaient manœuvrées depuis une salle de contrôle fermée, dans laquelle se tenaient en permanence trois gardes armés. Il y avait bien un long couloir qui s’enfonçait dans la montagne mais au bout d’environ deux cents mètres, une lourde porte de duracier y interdisait tout passage. Iella songea qu’il s’agissait probablement d’une issue de secours menant de l’autre côté du massif montagneux. Il n’y avait pas de serrure, juste un interphone et une caméra qui devaient être reliés à la salle de contrôle. Impossible donc de voler habilement une clé pour s’échapper par là.

Iella dut renoncer à regret à jouer les filles de l’air et s’avoua momentanément vaincue. Elle mit à profit le temps qui lui était imparti pour reprendre des forces. Jazor quant à lui, passait des heures entières dans une pièce contenant de nombreux appareils de communication. Elle finit par comprendre qu’il contactait des acheteurs potentiels pour ses détenus, tout autour de la planète. Le lendemain de leur arrivée dans le repaire, il fit effectivement passer chacun des prisonniers dans un tube relié à un ordinateur chargé de numériser leur silhouette. Une sorte de photographie en trois dimensions pour laquelle chaque captif dut se déshabiller entièrement avant de se soumettre à l’exercice. Iella comprit que cela permettait à Jazor de « présenter » à distance sa marchandise avant achat. Une sorte de vente par correspondance, pour ainsi dire, pensa-t-elle. Bien plus discret que de présenter les esclaves sur le marché d’une ville ou une foire régionale comme le faisaient les marchands qui avaient pignon sur rue !



Le troisième jour, le capitaine entra pour la première fois dans l’alcôve qui servait de chambre à la jeune fille et ôta sans manière le drap qui la recouvrait avant de lui donner familièrement une tape sur les fesses.
— Allez, ma jolie, habille-toi, on part en voyage, toi et moi.

Iella se redressa et plaça involontairement les bras devant sa poitrine.
— Vous auriez pu frapper avant d’entrer, protesta-t-elle pour la forme sachant pertinemment que le bandit n’en avait cure.

Il rit avec allant.
— Mince, tu as raison, je suis d’abord entré puis j’ai frappé ! Pardon mademoiselle, mais j’avais envie de te voir une dernière fois au naturel avant de me séparer de toi. Allez, lève-toi et prépare-toi de ton mieux. Il faut que tu sois belle à en mourir. Un peu de maquillage rehaussera avec finesse ton magnifique teint de pêche. Je te veux éblouissante, ma petite. Il faut que tu en mettes plein la vue à ton riche futur propriétaire. Il habite dans le duché d’Aretia sur des côtes que tu trouveras très certainement ravissantes. Il s’agit d’un homme âgé, veuf, qui cherche une jeune et jolie compagne, entièrement dévouée et soumise. Sauf que l’homme a beau être riche, il est vieux, moche et ne se déplace plus qu’en fauteuil anti-gravité vu qu’il ne bouge plus ses jambes.

Jazor se mit à rire en découvrant des dents étonnamment blanches avant de continuer.
— Bref, il possède d’immenses terrain propices à la culture du bafia. Tu sais sans doute comme moi que cette plante est très difficile à faire pousser et que de très rares sols sur cette planète lui conviennent. C’est pour cette raison qu’elle est rare et chère. C’est ce qui lui a apporté la fortune.

La jeune fille finissait de passer la tenue si chère au capitaine quand celui-ci posa doucement une main sur sa nuque qu’il se mit à caresser.
— Iella, si tu sais bien y faire, m’est avis que tu peux te placer auprès de cet homme. Je suis sûr qu’il pourra facilement s’attacher à toi sinon tomber amoureux et qui sait, peut-être t’affranchira-t-il pour t’épouser ? Ça s’est déjà vu, tu sais ?

Sa voix s’était considérablement adoucie tandis qu’il continuait en s’approchant de son oreille.
— Je me suis efforcé de te trouver une place où tu ne risques ni coup de fouets, ni sévices, parce que je pense que c’est ce que tu mérites. Si tu manœuvres bien avec lui, tu pourras arriver à tes fins. Quand il a vu ton holo, il n’a pas hésité un seul instant.

Elle frissonna sous la caresse rugueuse de l’homme alors même qu’il se penchait pour lui embrasser le cou.
— Sais-tu ce que je voudrais avant que tu t’en ailles ? lui murmura-t-il à l’oreille.
— Vous ne l’aurez pas, riposta-t-elle vivement en se retournant. N’oubliez pas votre promesse de ne pas me toucher avant de m’avoir vendue !

Jazor ricana puis grommela quelque chose d’incompréhensible. La lueur qui s’alluma dans ses yeux n’augurait rien de bon et Iella paniqua intérieurement en se demandant quoi faire pour l’éteindre. D’un geste brusque, il l’attrapa par la nuque d’une poigne de fer et l’embrassa avidement en faisant cogner ses dents contre les siennes. Iella le laissa faire sans pour autant répondre à sa sollicitation puis, comme il reculait son visage, le gifla violemment. Une onde de colère balaya sa face et fit s’enflammer ses joues. Il leva au-dessus d’elle un poing menaçant qui tremblait de rage. Cette fois, Iella sentit la peur l’envahir et dut puiser loin au fond d’elle-même les ressources nécessaires pour soutenir crânement le regard de Jazor, sans même chercher à se protéger du coup qui allait inévitablement punir son geste audacieux.
Mais le poing resta en l’air, et la flamme malsaine qui brillait dans les yeux du capitaine se transforma en autre chose. Une lueur de respect prit le dessus et son visage se décontracta jusqu’à ce qu’un sourire revienne détendre ses lèvres. Le bras retomba bruyamment le long de son corps.
— Toi, tu en as, ma belle ! Je suis certain que tu réussiras dans la vie, quoiqu’il puisse t’arriver de négatif. Fort bien, tu ne mérites pas qu’on te force et quant à ton futur propriétaire, ne t’en fais pas trop, ma petite, l’homme est impuissant. Tout ce que tu risques, ce sont des caresses de sa part, rien de plus !

Il la poussa devant lui et en profita pour lui redonner une grande claque sur le fessier avec un rire gras.
— Allez ouste fillette ! On va faire un voyage en dragonnal. J’espère que tu n’as pas le vertige !

Le dragonnal était un saurien de grande taille doté de puissantes ailes articulées qui ressemblaient à celles des chauves-souris en beaucoup plus grandes. Sa tête était courte, large et pourvue d’une grande gueule aux dents acérées disposées en une double rangée redoutable. Malgré son aspect effrayant, le dragonnal était un animal intelligent, facilement domesticable, et son caractère souple le prédisposait à un dressage simple et rapide. Il était assez vigoureux pour emporter sur son dos deux ou trois chevaucheurs installés sur des selles solidement ancrées, et on le dirigeait grâce à un système de poulies et de rênes orientant la tête du saurien dans la direction voulue. Si les breeay mantas servaient de transport en commun sur les longues distances, le dragonnal, plus répandu, servait de moyen de transport aérien individuel pour ceux qui avaient la chance de pouvoir s’en offrir un.

Jazor entraîna Iella par le long passage que la jeune fille avait repéré deux jours plus tôt jusqu’à la porte de duracier qu’il se fit ouvrir en appelant la salle de contrôle. S’ensuivit une longue marche dans un large tunnel bien éclairé et bien entretenu, parcouru d’escaliers intermittents qui descendaient à n’en plus finir. Au bout d’une demi-heure, Iella aperçut enfin la lumière du jour et ils débouchèrent dans une nouvelle grotte à l’intérieur de laquelle paissaient une douzaine de dragonnaux.
Il y avait des gardes postés dans les environs ainsi qu’un groupe d’hommes qui semblait attendre quelque chose. L’un d’eux s’avança vers Jazor et lui tendit un long et épais manteau fourré équipé d’une chaude capuche.
— Votre dragonnal est prêt, capitaine, ainsi que votre escorte.

Jazor présenta le manteau à Iella.
— Mets ça fillette, il peut faire froid en altitude. Nous, nous avons l’habitude mais je ne voudrais pas que tu attrapes froid.
— Merci, ne put s’empêcher de répondre la jeune fille en passant le vêtement.
— Fort bien, allons-y.

Il emmena Iella jusqu’à un bel animal blanc qui les regarda en émettant un son guttural tout en remuant la tête avant de tirer aimablement une longue langue rose. Le capitaine le flatta en lui tapotant le bout du museau.
— Oui, Kerox, moi aussi je t’aime.

Iella leva les sourcils en guise de surprise : ainsi cette brute épaisse pouvait ressentir de l’attachement pour un animal ? Elle ne put prolonger sa réflexion car Jazor la poussa jusqu’au flanc du saurien qui se coucha sur le ventre, avant de la pousser de façon plus que cavalière vers le haut des sièges installés sur son dos.
— Accroche-toi bien, si tu ne veux pas tomber en plein vol. Passe le harnais de sécurité et vérifie bien les attaches, invita-t-il en montant à son tour devant elle pendant qu’un autre garde montait à l’arrière. Tu trouveras dans les fontes de quoi t’équiper : gants, lunettes, masque pour respirer… et attache bien ta capuche autour de ta tête à cause de la vitesse.

Six autres gardes s’empilèrent sur deux autres animaux puis le petit groupe fit avancer les montures dans une démarche dandinante vers l’extérieur de la grotte. Ils se trouvaient au sommet d’une vallée de montagne qui surplombait une plaine forestière s’étendant à perte de vue, entourée de monts. En face d’eux, Iella remarqua la silhouette de deux pics jumeaux isolés, dressés tout droit vers le ciel au dessus d’une forêt aux arbres immenses, comme deux cheminées de roche rougeâtre.
— Allons-y, cria le capitaine en agitant les rênes de son dragonnal qui se mit à courir quelques mètres en battant des ailes avant de s’envoler d’une façon particulièrement légère pour un animal de ce gabarit.

Le voyage dura plusieurs heures puis ils purent apercevoir au loin une immense tache bleutée qui annonçait le grand océan. Les paysages les plus variés s’étaient offert à leur vue et à présent, ils survolaient une vaste plaine agricole multicolore au milieu de laquelle les villes formaient autant de taches blanches souvent érigées en bordure d’une rivière ou d’un fleuve. Jazor montra au loin une agglomération plus importante établie à l’abri d’une presqu’île et ceinte de puissants remparts défensifs.
— C’est la ville d’Aretia, capitale du duché du même nom, cria Jazor pour se faire entendre de Iella.

Les dragonnaux effectuèrent ensuite un léger virage à gauche et commencèrent à perdre de l’altitude, se dirigeant vers une grande demeure qui ressemblait à un petit palais, entourée de larges pelouses et de bois, ilot de verdure dans la plaine cultivée. Plusieurs grands bassins ornés de jets d’eau, reflétaient au milieu des gazons le ciel azur et de nombreux massifs de fleurs égayaient l’ensemble de leurs éclats multicolores. C’est une propriété magnifique, pensa Iella malgré elle.
Les animaux se posèrent en douceur sur l’une des pelouses, non loin du bâtiment principal. Des jardiniers qui s’affairaient dans les massifs arrêtèrent leur travail pour observer les nouveaux venus, piqués par la curiosité. En haut du perron de la maison apparut une femme longiligne dont l’aspect revêche sauta immédiatement aux yeux de la jeune fille qui venait de descendre du dragonnal. Jazor fit signe à ses hommes de rester sur place tout en poussant Iella dans le dos pour qu’elle avance. Ils montèrent ainsi les marches et s’arrêtèrent devant la femme. Elle devait avoir une cinquantaine d’années et portait sèchement un chignon qui tirait en arrière des cheveux grisonnants. D’un regard à la fois inquisiteur et méprisant, elle détailla les nouveaux venus de la tête aux pieds avant de lâcher froidement.
— Entrez, son Excellence vous attend !

Les précédant, elle leur fit traverser le traditionnel grand hall d’entrée dont le sol était entièrement recouvert de marbre clair, puis les entraîna dans un vaste salon où les attendait un vieil homme. Sans doute plus âgé que la femme d’une bonne vingtaine d’années, il était assis dans un fauteuil flottant à plusieurs dizaines de centimètres du sol. Son visage était sec et ses yeux délavés, couleur lavande, cachés derrière de grosses lunettes électroniques donnant à penser qu’il devenait aveugle. Il lissa ses longs cheveux blancs étonnamment abondants d’une main décharnée puis pointa un doigt crochu vers Iella.
— Manteau ! se contenta-t-il de dire.

Jazor comprit immédiatement et détacha les pans du vêtement de fourrure qu’il ôta des épaules de la jeune fille. Les yeux du vieil homme brillèrent et ses lèvres fripées s’étirèrent dans ce qui pouvait encore passer pour un sourire.
— Tourne-toi, ordonna-t-il.

La mort dans l’âme, des larmes d’humiliation au bord des yeux, Iella obtempéra lentement, se sentant déjà souillée par le regard lubrique de l’homme.
— Parfaite. Elle est parfaite.

Il claqua dans ses mains et d’une autre pièce surgit un colosse noir qui tenait un écran tactile.
— Le certificat, s’exclama son Excellence à l’adresse de Jazor qui lui tendit aussitôt un cylindre de métal.

Le vieux déroula de l’objet une feuille de plastique transparent, avant d’activer un interrupteur situé sur l’un des côtés du tube, faisant apparaître aussitôt une série d’inscriptions mêlées à des diagrammes qu’il se mit à étudier scrupuleusement. Il appuya sur un deuxième bouton et un hologramme se détacha au-dessus du cylindre. Iella reconnut immédiatement sa propre silhouette qui se mit à tourner lentement dans l’air.
— Hum, c’est parfait, fit-il lorsqu’il eut terminé, ce certificat est en règle, tout y est, y compris le sceau royal. Tout est en règle. Paar, lança-t-il en tournant légèrement la tête vers le géant noir, paie monsieur.
— Oui patron, répondit le colosse en allumant sa tablette tactile qu’il orienta vers Jazor. Voyez, dit-il à ce dernier, j’effectue le règlement sur votre compte.

Il tapota la surface de la tablette à plusieurs reprises et le capitaine put voir une série de chiffres défiler cependant qu’une barre bleue se remplissait horizontalement sur l’écran. Un bip sonore marqua la fin de la transaction.
— C’est fait, monsieur, vous êtes réglé, dit le noir.
— Voilà une affaire rondement menée et j’aime les affaires rondement menées répondit Jazor en s’inclinant très faiblement. C’est un plaisir de faire affaire avec vous, Excellence. Je vais donc vous quitter et vous souhaiter une bonne fin de journée.

Le Kiathe se tourna vers Iella et devina son trouble. Il lui posa une main sur la joue qu’il caressa légèrement avant de s’approcher tout près d’elle et de lui glisser à l’oreille.
— C’est la première fois que je vais dire ça, mais… je suis désolé Iella.

Vibrant intérieurement, la jeune fille raidit les muscles de son cou afin que sa voix ne tremble pas et murmura de même.
— Je vous le ferai payer d’une façon ou d’une autre Jazor, je vous le jure.

Le bandit recula son visage et plongea une dernière fois son regard dans celui de la jeune fille et ce qu’il y lut ne lui plut pas. Vaincu, il baissa les yeux et tourna les talons pour sortir sans plus rien dire.
La femme qui les avait accueillis, tourna plusieurs fois autour de Iella, l’auscultant des yeux avant de se camper devant elle pour dire d’un ton glacial.
— Voici son Excellence Phileo Gau’Am-Soor, mais « monsieur Gau » ou « votre Excellence » suffira lorsque tu lui adresseras la parole et ceci uniquement s’il te l’adresse en premier, sinon, c’est à moi que tu parleras si tu as quelque chose à dire ! Je suis madame Adrea Xavia et je suis la gouvernante de son Excellence. Par conséquent, je régis toute la domesticité du domaine. Tu m’appelleras « madame Xavia » ou « madame » tout court. Monsieur Paar que voici, ajouta-t-elle en désignant le colosse, est chargé d’exécuter les punitions que j’inflige à la moindre incartade. Aussi, ma petite, je te conseille de filer droit et de faire attention.
— Montrez-lui la chambre, dit soudain Phileo, et expliquez-lui les règles, je retourne travailler.

L’homme fit faire demi-tour à son fauteuil et s’éloigna dans le silence le plus complet vers la pièce d’où était sorti le noir.
Le géant marcha jusqu’à un meuble de l’autre côté de la pièce. Il ouvrit un tiroir et en retira une boite métallique de laquelle il sortit un bracelet en acier doré, décoré de deux petits voyants rouges en forme de pierres précieuses, avant de revenir vers les femmes.
— Ceci est un dispositif anti-évasion que porte chaque esclave du domaine, expliqua la gouvernante. Il te permettra d’aller dans toute la propriété de son Excellence dont on te montrera les limites. Elle comprend les plaines et les vallées environnantes, et crois-moi, tu auras suffisamment d’espace pour toi. Si d’aventure tu en franchis les limites, ce bracelet émettra des sons de plus en plus forts et ses voyants passeront du vert au jaune, à l’orange puis au rouge. À ce moment précis, tu auras deux minutes pour faire demi-tour sans quoi il diffusera un poison qui entraînera ta mort instantanément. Inutile d’essayer de le scier ou de l’ouvrir d’une façon ou d’une autre, voire même de tenter de protéger ta peau, tu n’en aurais pas le temps et la sanction serait pour le coup, sans avertissement. Tu as compris ?

Iella regarda Adrea et répondit.
— Oui.

Immédiatement, la gouvernante la gifla.
— On dit, « oui madame », petite insolente, et on baisse les yeux !

Iella s’exécuta en murmurant.
— Oui, madame.
— Suis-moi !

La femme sortit dans le hall et s’élança dans les grands escaliers circulaires qui montaient à l’étage. Les dents serrées, des larmes de rage glissant le long de ses joues, la jeune fille lui emboîta le pas.
— Tu as été achetée pour être la nouvelle compagne de son Excellence. Il a perdu son épouse il y a quatre ans et depuis, il a besoin de compagnie en remplacement de cette dernière. Tu rempliras donc ce rôle en t’occupant de lui au quotidien lorsqu’il te le demandera. Le reste du temps, tu seras libre de faire ce que tu voudras. S’il t’autorise à sortir, tu pourras aller te promener un peu.
— Oui, madame.

La gouvernante avait traversé différentes pièces : salon, salle de musique, bibliothèque, boudoir avant de pénétrer dans une grande chambre et de s’arrêter devant le cadre holographique d’une femme dans la force de l’âge, qui trônait sur une coiffeuse. Ses cheveux ressemblaient en tout point à ceux de Iella.
— C’est Renatia, sa regrettée femme, dit-elle avec une pointe de nostalgie. Une superbe femme d’un caractère très doux. Elle était très belle et très intelligente…

Reprenant son ton froid, elle pivota vers Iella et lui montra de la main un lit étonnamment large.
— Bien entendu, tu dormiras avec son Excellence et tu lui seras soumise en tout, sinon c’est le fouet qui te guette. Ici, nous utilisons le fouet électrique qui ne marque pas la peau… vu le prix que tu as coûté, ce serait du gaspillage… mais qui est très douloureux, autant qu’un fouet classique, si ce n’est plus.
— Qu’est-il arrivé à la précédente remplaçante de madame… si vous me permettez de poser la question, madame Xavia.
— Elle n’a pas suivi les règles… c’est tout ce que tu as à savoir. Ne l’imite pas et tout ira bien pour toi.
— Bien, madame.
— Ceci étant dit, tu trouveras dans ces armoires tout ce qu’il te faudra pour te vêtir. Madame avait la même taille et la même corpulence que toi, aussi, tous ses vêtements t’iront parfaitement.

Tout en disant ces mots, Adrea avait ouvert une grande penderie remplie de robes délicates et en sélectionna une blanche, ornée de fines dentelles.
— Celle-ci, par exemple, fera l’affaire. Suffisamment déshabillée pour plaire à monsieur, elle reste cependant très convenable et c’était, si je me souviens bien, l’une des préférées de madame Renatia. Prends un bain, coiffe-toi et habille-toi. Le repas est sonné dans quatre heures. Ne sois pas en retard, son Excellence déteste attendre les gens.

Sur ce, elle la laissa au milieu de la pièce aux proportions démesurées. Quand elle fut seule, Iella se jeta sur le lit et se mit à pleurer à chaudes larmes.


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Modifié en dernier par Hiivsha le Mar 12 Nov 2013 - 11:47, modifié 10 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 16 Fév 2013 - 11:07   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Chapitre sept lu :wink: J'ai beaucoup aimé !

Côté écriture, je sais par expérience qu'une transition stylistique est toujours un peu compliquée, mais ça commence vraiment à avoir de la gueule :) Par contre, qu'est-ce que tu as fait des points, sur ce chapitre ? :transpire:

L'histoire est bien construite, surtout ! Les lieux où tu emmènes Iella sont impressionnants, et j'ai bien aimé le passage sans transition entre les esclaves et la princesse :lol: Et maintenant, on sait pourquoi ils ont renoncé à l'industrie... Dis-donc, j'ai encore plus l'impression de retrouver les thématiques de Perle Rouge, moi^^ Donc celles que j'affectionne ! Bref, du très bon.

Quelques malheureuses qui avaient été extirpées de leur cage


Ça me gêne toujours un peu, ce singulier... Elles ont une cage chacune, OK, mais ça me donne plus l'impression qu'elles ont une cage pour elles toutes, on l'écrirait pareil dans ce cas :?

Iella jusque-là, avait été épargnée mais son cœur s'arrêtait de battre à chaque fois que l'un des bandits s'approchait de sa cage et en déverrouillait la grille pour pointer l'une ou l'autre des prisonnières de son arme menaçante


Point !

Iella scrutait les lieux qui, si sa position n'avait pas été aussi désespérée


Hmmm, le "pas" est-il vraiment indispensable ?

Avec envie, elle observait également le petit torrent qui couraient au fond de la gorge,


Courait.

— Allez, dehors, et grouillez-vous un peu


Point !!

Peut-être ces ouvertures étaient-elles naturelles et ne débouchaient sur rien de précis ?


Débouchaient-elles, non ?

— Ne t'en fais pas, ma belle, on va résoudre ton petit problème


Point !!!

— Quelle indiscrétion ! Ce que je ressens, continua-t-elle avec un accent offusqué tout en plaçant ses deux mains jointes sur son cœur, m'appartient et je n'ai pas besoin de t'en parler


Point !!!!

— Mais, Sire, le Conseil Planétaire ne vous laissera pas dépasser les quotta


Euh, quotas, non ? :lol: Sinon, c'est le verbe quotter, semble-t-il :perplexe:

Malgré qu’il eût son âge


Cette expression me choque... "Malgré le fait", ou "Bien qu'il eût", non ?
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Messagepar Hiivsha » Sam 16 Fév 2013 - 12:26   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Merci de tes commentaires :jap:

Comme quoi on peut relire cinq fois... :siffle:

Les points manquants, je sais d'où ils viennent : en fait ils sont dans le PDF et dans Word. Mais quand j'aère le texte posté sur le forum, je saute une ligne à la reprise de la narration après un dialogue. Là, je clique en fin de phrase au niveau de ce dernier dialogue et j'appuie sur "Entrée". Eh bien parfois, le fait de cliquer en fin de ligne me surligne (sélectionne) le dernier caractère de la ligne sur l'écran (point, point d'exclamation etc...) De ce fait, quand je fais "Entrée" il est effacé ! (Faudra que j'y fasse gaffe)

Je vais corriger le reste. ;)
Pour "leur cage"... je sais... je reste parfois cinq minutes sur ce genre d'expression à me demander si je mets le singulier (chaque prisonnière est extirpée d'UNE cage) ou le pluriel pour mettre en avant le fait qu'elles sont réparties dans plusieurs cages. Et franchement, même là en y réfléchissant... je sais pas trop quoi privilégier ! :wink:
(peut-être le faire à "pile ou face" ? :diable: )
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 16 Fév 2013 - 12:30   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Les points manquants, je sais d'où ils viennent : en fait ils sont dans le PDF et dans Word. Mais quand j'aère le texte posté sur le forum, je saute une ligne à la reprise de la narration après un dialogue. Là, je clique en fin de phrase au niveau de ce dernier dialogue et j'appuie sur "Entrée". Eh bien parfois, le fait de cliquer en fin de ligne me surligne (sélectionne) le dernier caractère de la ligne sur l'écran (point, point d'exclamation etc...) De ce fait, quand je fais "Entrée" il est effacé ! (Faudra que j'y fasse gaffe)


D'accord^^ Moi-même, c'est toujours le bazar pour remettre l'italique quand je copie/colle sur le forum :x

Je vais corriger le reste. ;)
Pour "leur cage"... je sais... je reste parfois cinq minutes sur ce genre d'expression à me demander si je mets le singulier (chaque prisonnière est extirpée d'UNE cage) ou le pluriel pour mettre en avant le fait qu'elles sont réparties dans plusieurs cages. Et franchement, même là en y réfléchissant... je sais pas trop quoi privilégier ! :wink:


D'accord ! Je comprends ce que tu veux dire, mais ça me perturbe quand même plus dans l'autre sens, ce n'est donc pas nécessairement une faute ?
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Messagepar Hiivsha » Sam 16 Fév 2013 - 12:41   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Non, cette histoire de leur/leurs en attribut d'un sujet au pluriel, n'est pas nécessairement une faute. Il y a d'abord une logique qui prévaut puis le souhait de l'auteur d'appuyer sur un aspect plutôt que sur un autre.

Par contre il y a des tournures qui s'imposent :
- ils applaudirent de leurs mains (on peut pas le mettre au singulier)
- leur oeil se braqua sur lui (n'a de sens que s'il s'agit d'un groupe de cyclopes, sinon il faut le pluriel) :diable:

C'est un peu la même chose que pour les sujets de groupe (je sais pas comment on dit) genre :
une dizaine d'hommes apparut/apparurent sur le seuil de la porte => l'un et l'autre sont acceptables selon que l'auteur veut insister sur le nombre (apparurent) ou sur l'effet de groupe (apparut... sous entendu au même instant). :neutre:
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Messagepar Notsil » Dim 17 Fév 2013 - 21:07   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

J'ai bien aimé ces deux derniers chapitres.

Le petit frère de Calem semble se ranger dans la future catégorie des "frères cadets jaloux du pouvoir de leur grand frère", j'espère qu'il ne sombrera pas du Côté Obscur de ses mauvaises fréquentations :(

Iella arrive enfin "à destination", bon, j'avoue que j'ai trouvé un peu étrange qu'on ait cette menace de violences qui pèse au-dessus d'elle mais qui ne se concrétise jamais... c'était bien tourné son duel à l'épée qui se terminait par la victoire par KO paralysant justement, là le chef qui la protège, se montre gentilhomme, la place bien, bref, devient "gentil"... je sais pas, un sentiment que tout se passait "trop bien" pour elle, par rapport à ses compagnes.

M'enfin, hâte de voir comment elle va s'habituer à sa nouvelle vie ;)
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Messagepar Hiivsha » Dim 17 Fév 2013 - 22:06   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

En même temps, j'écris pas un remake de '"la case de l'oncle Tom"... donc la partie "esclave", c'est pas non plus le sujet du livre, du coup... comment dire, elle va forcément laisser place à une action qui va aller en s'accélérant au fil des chapitres.
Mais tous ces chapitres de "mise en place" ont chacun leur importance dans les fils de la toile de l'histoire... c'est le principe : tu tires un fil, il en entraîne un autre, puis un autre et au final, c'est l'araignée qui arrive ! :paf: ... histoire de dire à la fin : si elle n'avait pas été à Meriik lors du raid, elle n'aurait pas été capturée et si elle n'avait pas été capturée, elle n'aurait pas été vendue comme esclave, alors... ta ta ta... et donc... ti ti ti... donc il fallait que tout cela arrive. Ce sont les fils du destin ! :whistle:

Vous noterez que j'ai plus ménagé Iella dans mon histoire que Isil dans le tome 1 ! :paf: (Je deviens trop gentil avec mes personnages... va falloir que ça change ! :diable: )
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Messagepar Jagen Eripsa » Dim 17 Fév 2013 - 22:18   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Hiivsha a écrit:Vous noterez que j'ai plus ménagé Iella dans mon histoire que Isil dans le tome 1 ! :paf: (Je deviens trop gentil avec mes personnages... va falloir que ça change ! :diable: )


Même s'il fait chaud, et même si nous ne sommes pas en avril, "qu'elle ne se découvre pas d'un fil"... :non:

Enfin, pas trop souvent, quoi. :D
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Messagepar Yorkman » Lun 18 Fév 2013 - 0:07   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Ayé, j'ai rattrapé mon retard :)
Je dois dire que la lecture est très plaisante et surtout très prenante ==> le parfait mélange en somme :jap:

J'ai beaucoup aimé le passage du banquet ainsi que la reunion politique du chapitre 7.
Sinon, beaucoup d'éléments assez classiques mais bien amenés, ce qui, par conséquent, ne trouble en aucun cas le lecteur (nfin, pour ma part).

des chemins de contrebandiers peu fréquentés qui sinuaient dans un massif montagneux réputé pour ses maquis inexplorés et ses gorges profondes truffées de cavernes

C'est marrant, ça me rappelle un peu le début avec les nomades dans Le Poing de l'Étoile du Nord...mais je me fais des idées :wink:

Adrea Xavia

Je ne saurais dire pourquoi, mais le nom de cette dame me trouble...
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Messagepar Hiivsha » Lun 18 Fév 2013 - 12:18   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Yorkman a écrit:C'est marrant, ça me rappelle un peu le début avec les nomades dans Le Poing de l'Étoile du Nord...mais je me fais des idées :wink:


Ce chapitre a été écrit début janvier ;)
Sinon, une évocation, sans doute, avec alors un mélange du 1er chapitre dans lequel Isil est perdue dans le désert aussi. :D

Merci de votre lecture assidue et de vos commentaires toujours si précieux. :jap:
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Messagepar Hiivsha » Ven 22 Fév 2013 - 23:37   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Vous l'attendiez ? Le voici, il est de retour. Voici l'entrée d'Hiivsha dans l'histoire... et s'il vous fait penser à un certain contrebandier qui vivra environ 3600 ans plus tard, j'y peux rien... comme ce dernier m'a beaucoup plu comme personnage, il était forcé que je me laisse un peu influencer par lui ;)

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9 - Vacances au soleil



Pendant ce temps, quelque part dans la bordure extérieure de la proche galaxie, deux hommes pressés s’apprêtaient à quitter le sol d’une planète devenue malsaine pour eux.
— Tout est en ordre, conclut le droïde de sa voix électronique, vous pouvez décoller.
— Je veux mon neveu ! approuva le plus vieux des deux contrebandiers en observant son complice du coin de l’œil avant de monter la rampe qui permettait l’accès au vaisseau modèle Cargo XS.

Une fois à l’intérieur, il reprit.
— Il ne manquerait plus que ça, que je ne sois pas capable d’aménager des caches secrètes indétectables à bord de mon propre vaisseau. Ce n’est pas demain la veille que ces bougres de droïdes contrôleurs trouveront quelque chose, parole de Rob Fotta !

L’homme, d’un certain âge, caressa d’une main son crâne chauve avant de lisser pensivement la barbe courte qui ornait son menton.
— En tout cas, merci beaucoup, Hiivsha, d’avoir consacré un mois de ta vie à aider ton vieil ami.
— Tu parles, répondit son compagnon, c’est pas comme s’il y avait quelqu’un qui m’attendait à la maison, hein ? Je peux bien disparaître un mois entier de la vie galactique sans manquer à personne.
— Comme moi, soupira Rob en s’asseyant sur le siège du pilote. Mon ami, je pense parfois qu’on a manqué notre vie… Une jolie petite femme au foyer qui t’attend en ayant préparé ton repas préféré, des gosses qui se précipitent les bras grands ouverts en t’apercevant entrer dans ta maison…
— Et un chien qui jappe en agitant sa queue, compléta Hiivsha en riant. Ainsi, c’est comme ça que tu idéalises la vie que tu n’as pas eue ? D’ailleurs, parle pour toi, mon vieux, toi tu as presque le double de mon âge… moi j’ai encore le temps de me pencher là-dessus.
— N’enfonce pas le couteau dans la plaie, veux-tu, répondit Rob en actionnant une série d’interrupteurs pour préchauffer les moteurs. Mais tu as raison, tu as encore le temps… prends garde seulement de ne pas le gaspiller en attendant trop longtemps.

L’un après l’autre les moteurs se mirent à siffler puis à ronfler tandis que des trépidations gagnaient l’intérieur du cargo.
— Sens-moi ça, reprit le pilote, il vibre comme une femme que tu tiens dans les bras.
— Ou comme un chat de célibataire qui ronronne sur ses genoux, ajouta Hiivsha avec un sourire malicieux… le chat qui te manque encore pour terminer tes vieux jours.
— Bon, ça va, capitaine Inolmo, j’ai compris la leçon et… oh oh, on dirait que le temps se gâte.

Par la verrière du cockpit on pouvait apercevoir une escouade de gardes impériaux arriver en courant vers le cargo depuis l’autre bout du spatioport.
— Mon vieil ami, je crois qu’il est grand temps de mettre les voiles, si tu vois ce que je veux dire, décréta Hiivsha en se levant précipitamment. Décolle dès que ta casserole sera prête, moi je descends à la tourelle pour leur expliquer notre façon de voir les choses.

Fébrilement, Rob Fotta, activa une autre série d’interrupteurs et les moteurs se mirent à gronder faisant monter les thermomètres électroniques affichés sur le tableau de bord.
— Y’en a pour une minute, cria-t-il à l’attention de son complice.
— C’est une minute de trop, cria Hiivsha qui arrivait dans la tourelle ventrale et se jetait sur le siège du tireur.

Actionnant les pédales du bout des pieds, il la fit pivoter jusqu’à ce qu’il tienne dans sa ligne de mire le groupe d’importuns. Alors, il se mit à tirer au sol devant eux pour les ralentir. Les militaires comprirent vite où était leur intérêt et coururent se cacher derrière des caisses.
— On dirait que notre petit plan a été éventé, fit-il dans le comlink.
— Oui, quelque chose n’a pas dû se passer comme prévu… ils se sont aperçu trop tôt qu’on avait dérobé les plans.

Hiivsha tira de nouvelles salves tandis que le vaisseau commençait à s’élever sur le permabéton pour entreprendre le cent quatre-vingts degrés nécessaire à son départ. Les tirs fusaient à présent de tous côtés mais les boucliers remplissaient parfaitement leur office en absorbant l’énergie des fusils blaster. Enfin, Rob put apercevoir la sortie à travers le cockpit.
— Ils ferment les portes ! annonça-t-il en mettant son vaisseau en route.
— Alors ne lambine pas, veux-tu ? répliqua son compagnon en appuyant derechef sur la détente de l’arme.

Des bidons de carburant explosèrent semant la confusion dans les rangs adverses. Un militaire plus impétueux que les autres se mit à découvert et lança vers le cargo un objet de forme oblongue.
— Grenade, cria Hiivsha en se cramponnant à son siège.

Les moteurs rugissant, le vaisseau prit de la vitesse à travers l’espace réduit du spatioport et la grenade explosa sur leur arrière sans causer de dommage.
— Accroche-toi mon ami et serre les fesses ! prévint le pilote au moment où il inclinait fortement son engin pour en réduire l’envergure afin d’avoir une chance de passer dans ce qu’il restait d’espace entre les deux portes qui coulissaient inexorablement l’une vers l’autre.

De justesse, le XS vrombissant passa de biais en frôlant les deux énormes montants de duracier au grand dam des poursuivants dépités qui stoppèrent leur course au milieu du hangar. Poussant à fond la manette des gaz, Rob le fit s’envoler dans le ciel rougeâtre de la planète.
Hiivsha revint s’asseoir à la place du copilote.
— Et maintenant, il ne te reste plus qu’à livrer les plans à qui de droit, Rob.
— Je te dois une fière chandelle pour ce coup de main.
— Qu’est-ce que je ne ferais pas pour un vieil ami de Quad Sitaire et de Joy Laslo.
— Nos pauvres vieux amis… dans la tombe tous les deux, approuva Rob avec un accent de dépit.

Il farfouilla dans la poche arrière de son siège et en extirpa une bouteille de vin adarlien.
— Tiens, il vient de chez toi celui là, un grand cru classé ! Buvons à la santé de nos chers disparus.

Il porta la bouteille à ses lèvres et en avala une bonne lampée avec un soupir de satisfaction, puis la tendit à Hiivsha qui l’imita.
— C’est du bon, reconnut ce dernier, contrebande ?
— Hé ! répondit simplement Rob en écarta les mains en signe d’évidence, on se refait pas.
— Tout de même, c’est une drôle d’idée que tu as eue de te mettre à travailler pour les services secrets républicains.
— Attention, je ne travaille pas pour eux, je leur rends service… j’ai un ou deux amis chez eux et ils savent me rendre la pareille. Disons que c’est un échange de bons procédés.
— Mouais… n’empêche que tu n’as pas hésité à m’embarquer là-dedans.
— Le coup ne pouvait pas être monté tout seul… et tu t’en es tiré comme un chef. Tu as interprété un général de l’Empire épatant ! Ça valait le coup d’attendre un mois non ?
— Si tu le dis… à présent, je reprendrai bien le cours normal de mon existence moi, c’est que j’ai encore pas mal de bricoles à faire.
— Tu as bien gagné une semaine de vacances au bord de la mer dans un palace cinq étoiles tous frais payés en dédommagement de tes efforts.
— Tu plaisantes ? Ne me tente pas… tu sais à combien de temps remontent mes dernières vraies vacances ?
— Mais je ne te raconte pas des cracks, mon petit, tiens !

Il sortit de la poche intérieure de son vieux blouson délavé un billet enveloppé dans une pochette.
— Sept jours tous frais payés, pension complète, thalasso et massages prodigués par de plantureuses créatures de rêve compris… au Space Palace Resort d’Atraon IV, le paradis dans l’espace, qu’en dis-tu ?

Hiivsha tourna et retourna le billet dans ses doigts d’un air perplexe.
— Je te remercie, Rob, c’est très généreux de ta part… après tout, une semaine de farniente après ce mois passé incognito coupé du monde, devrait me faire le plus grand b...

Au même moment, le vaisseau fit une embardée sous le coup de boutoir d’un turbolaser importun, fort heureusement absorbé par le bouclier.
— Hey, c’est quoi ça ?

Hiivsha regarda en arrière et aperçut un vaisseau impérial qui les poursuivait.
— Une frégate des douanes impériales, s’exclama-t-il, et ils n’ont pas l’air de plaisanter.
— J’ai sa sœur jumelle de mon côté, confirma Rob, bascule l’énergie des boucliers sur l’arrière le temps que je programme l’hyperespace.

Sous l’effet des coups directs portés par les vaisseaux ennemis, le cargo XS oscillait en faisant des embardées qui secouaient les deux pilotes.
— Tâche de ne pas traîner, mon vieux, il faudrait pas que les boucliers nous lâchent au mauvais moment. C’est que finalement je tiens à en profiter de ces vacances dans l’espace !
— T’en fais pas, gamin, plus que quelques secondes et…

Il n’eut pas le temps d’achever sa phrase que le cargo semblant s’étirer longuement dans le vide spatial disparut à la vue de ses poursuivants.


Rob se versa un café dans une antique tasse métallique toute cabossée qui avait très probablement dû traverser une guerre, voire plusieurs. Ils étaient assis tous les deux dans un recoin d’une pièce de vie encombrée de cartons et de caisses à moitié ouvertes que Hiivsha montra de la tête.
— Il te faudrait une bonne pour ranger tout ça, vieux.
— Toute ma vie est enfermée dans ce tas de ferraille, expliqua Rob en regardant ostensiblement tout autour de lui. C’est ma maison… et cette carcasse me sert aussi d’épouse. C’est à elle que je confie mes états d’âme quand je déprime. L’avantage sur une femme, c’est qu’elle reste silencieuse et ne me fait pas de reproche quand j’abuse de la bière corellienne et que je me mets à ronfler comme un poivrot sur les banquettes.

Ce qu’il disait faisait réfléchir Hiivsha. Est-ce ainsi qu’il souhaitait vieillir ? Dans son propre vaisseau en guise de foyer, seul, sans personne à qui parler, sans personne auprès de qui se blottir au chaud sous les couvertures le soir venu ? Il regarda au fond de sa tasse comme pour y chercher une ultime réponse qu’il ne trouva pas.
— Mais toi, gamin, reprit son ami en versant dans son propre café une bonne rasade d’un alcool ambré et odorant, ne prend pas le chemin du vieux Rob ! Ce n’est pas un exemple à suivre. L’aventure, ça va un temps mais au bout du compte, à la fin, y’a quoi ? Je ne laisserai même pas de mioche derrière moi pour penser à son vieux lorsque j’aurai quitté la galaxie ! Rien pour perpétuer mon ADN, pour rester vivant à travers ma progéniture.

Il avala d’un trait son gobelet et se resservit cette fois-ci une pleine tasse d’alcool sans café.
— Fais pas comme moi, capitaine Inolmo, je ne suis qu’une vieille bourrique qui n’a rien compris à la vie. Trouve-toi une jolie fille bien sympa, épouse-la et emmène-la avec toi parcourir l’espace intersidéral ! Ou alors, pose le pied à terre, et trouve-toi une jolie petite ferme dans un coin de paradis pour y faire pousser et élever de quoi vous nourrir à l’abri de toutes ces saloperies de conflits galactiques permanents !

Derechef, il vida sa tasse d’un trait. Ses yeux commençaient à briller sous l’effet de l’alcool.
— Au fait, en parlant de fille… elle est où ta petite princesse de Jedi dont tu m’as parlée l’autre jour ? Une Jedi ! Pff ! T’aurais pas pu trouver plus difficile à sortir ?

Hiivsha esquissa un geste d’impuissance.
— Ah oui, c’est vrai… l’amour… continua Rob d’une voix qui commençait à s’empâter tout en se resservant une troisième fois du contenu de la bouteille posée devant lui, avant de lever les yeux au ciel. J’oubliais : le grand amour, avec un grand « A » !

Il pouffa de rire en postillonnant autour de lui puis vida son gobelet.
— Bon, eh bien, qu’est-ce que t’attends pour l’emballer cette petite ? Jedi ou pas Jedi, tu l’épouses, elle quitte l’Ordre si ces imbéciles ne veulent plus d’elle pour ça… conneries… et tu pars à l’aventure avec elle. Quelle belle équipe vous feriez tous les deux !

Hiivsha soupira. Ah si c’était aussi simple que ça, il y a longtemps que ce serait fait ! pensa-t-il en silence.
Comme il restait silencieux, l’autre continua.
— Et elle est où cette petite actuellement ? Pourquoi tu ne l’invites pas à venir profiter de tes vacances sur la station d’Atraon ?
— Je suppose qu’elle se trouve sur le croiseur Defiance, là où son Ordre l’a envoyée après son intervention contre le Cercle Sombre et le Conseiller Darillian.
— Au milieu des militaires ? Peuh !
— On m’a proposé d’aller rejoindre leur équipe, remarqua Hiivsha.

Rob redressa son dos maladroitement et étouffa un hoquet.
— Ah ? C’est différent alors. Ces gens doivent être très bien tout compte fait, déclara-t-il en se rattrapant comme il le put. Ils ont su reconnaître ta grande valeur… Alors qu’est-ce que t’attends ? Tu dis oui, tu retrouves ta Jedi, tu l’emballes et le tour est joué !

Ce coup-ci, il versa de l’alcool dans son gobelet et le vida dans la foulée sous le regard désapprobateur de son ami.
— Si tu finis sous la table, tu ne pourras plus piloter ta casserole, observa ce dernier en appuyant sa remarque d’un clin d’œil censé adoucir le reproche sous-jacent. Enfin, si je trouve un jour un moyen pour l’emballer, comme tu dis, crois bien que je ne m’en priverai pas. Cette fille-là, je l’ai dans la peau et je suis bien décidé à tout faire pour la garder… mais je reconnais que ça va pas être facile. Je ne sais même pas si ce sera possible un jour, ajouta Hiivsha d’un air plus sombre.
— En attendant, tu pourras te taper quelques belles twi’lek sur Atraon, si t’aime l’escom… l’exomis… l’exotisme ! C’est pas parce que t’es amoureux qu’il faut rester à jeun, surtout si t’es pas sûr que c’est réciproque.

Hiivsha fit une moue et se leva.
— Je vais faire un petit somme le temps qu’on arrive sur Atraon… tu devrais en faire de même, crois-moi.
Rob se leva à son tour en s’aidant de la table.
— Sais pas… quand je me couche, j’ai de vieux démons qui viennent me hanter, du temps où j’étais dans l’armée… du temps où on avait les mains plus sales que les contrebandiers eux-mêmes… c’est pour ça que je picole, mon petit.

Hiivsha lui donna une bourrade amicale.
— Te laisse pas aller, vieux, sinon ça finira par te détruire.
— Faut bien une fin à tout, conclut philosophiquement Rob en se dirigeant d’un pas peu assuré vers sa cabine la bouteille à la main.


Le Space Palace Resort était une gigantesque plate-forme artificielle en orbite autour de la planète Atraon IV qui abritait un complexe balnéaire de luxe couru des quatre coins de la galaxie par ce qu’il y avait de plus riche et de plus célèbre dans la haute société. Sa renommée était due à ses luxueux casinos et ses palaces, mais surtout à sa longue plage de sable fin qui faisait face à une mer artificielle dont l’illusion d’immensité était soigneusement entretenue par un décor holographique démesuré. De puissants mécanismes entretenaient de petites vagues qui déferlaient tranquillement le long des deux kilomètres de grève sur laquelle bronzaient paresseusement les touristes protégés par de monumentales baies en transparacier filtrant qui donnaient sur l’étoile d’Atraon, Vira. Comme dans toute station balnéaire qui se respecte, la vie ne s’arrêtait jamais sur le complexe et les nuits étaient toutes plus illuminées les unes que les autres, remplies par les musiques des boîtes de nuit branchées où l’on pouvait danser jusqu’au matin et aisément trouver compagne ou compagnon pour la durée de son séjour, ou simplement pour un moment plus ou moins long.

C’est sur l’un des quais de cette oasis spatiale qu’Hiivsha prit congé de son vieil ami Rob. Prévoyant tout, jusque dans les moindres détails, le vieux contrebandier avait fait amener par un homme de confiance le YT-1100 de Hiivsha dans l’un des hangars du spatioport du complexe.
— Ce sont les services secrets républicains qui payent l’addition, avait-il affirmé en riant, alors autant en profiter.

Après l’avoir remercié encore une fois, Rob Fotta planta là son jeune ami et son vaisseau repartit pour se perdre dans l’obscurité de l’espace. Hiivsha contempla tout autour de lui le quai animé où droïdes de déchargement allaient et venaient au milieu d’une foule d’employés mélangés à des colonnes interminables de touristes qui arrivaient ou repartaient leurs vacances terminées. Les premiers avaient un air réjoui et pour certains qui venaient pour la première fois, étonné, les seconds avaient pour la plupart l’air morose de ceux pour qui un rêve merveilleux est sur le point de s’achever.
Une hôtesse s’avança vers lui avec le sourire qui convenait. C’était une ravissante twi’lek, de celles qu’on voyait aisément sur les cartes postales holographiques de ce genre de lieux.
— Je peux vous aider, monsieur, je vous sens un peu perdu. C’est votre première visite chez nous ?

Hiivsha lui rendit facilement son sourire en constatant qu’elle était fort peu vêtue par rapport à lui. Il n’avait pas du tout les vêtements appropriés pour ce genre de vacances totalement improvisées, mais Rob lui avait objecté qu’une carte de crédit généreusement chargée à son nom l’attendrait dans sa suite, avec laquelle il pourrait acheter tout le nécessaire adéquat.
— Vous n’avez que ce bagage ? demanda-t-elle en désignant du doigt le vieux sac fatigué qu’il transportait sur son épaule.
— Je voyage léger, confirma-t-il, mais je suis certain que je pourrai trouver ici tout ce qu’il me faudra.
— Bien entendu, avez-vous une réservation, monsieur…

Il lui tendit la pochette qui contenait ses billets.
— Monsieur Inolmo… continua la twi’lek. Je me présente, Talyy, votre hôtesse… je vais vous guider jusqu’à votre suite… avec vue sur la mer, précisa-t-elle comme s’il s’agissait d’un secret.
— Eh bien, Talyy, je suis tout à vous… je vous suis, comme votre ombre.
— Une chose, monsieur Inolmo…
— Appelez-moi Hiivsha, s’il vous plaît…
— … le port des armes est interdit dans la station. Il sera sage de les laisser dans votre sac au palace jusqu’à votre départ… leur vue ne fait pas très… vacances.
— Je comprends parfaitement, Talyy, comme ça je me sentirai plus léger.

La jeune twi’lek se mit à rire plaisamment.
— C’est tout à fait cela. Suivez-moi… Hiivsha.

Ils quittèrent l’astroport sur un petit véhicule électrique et s’enfoncèrent au sein du complexe, parmi les allées verdoyantes bordées d’arbres exotiques et les rues animées, garnies de boutiques de luxe. Talyy le conduisit jusqu’à son hôtel en moins de cinq minutes.
— Nous y sommes, suivez-moi.

À la réception, un employé lui fit poser la main sur un lecteur d’empreintes palmaires afin de paramétrer le boitier d’accès à sa suite dont il lui communiqua le numéro.
— Merci, Talyy, fit le contrebandier lorsque la porte de l’ascenseur s’ouvrit, tout en lui tendant un généreux pourboire qu’elle refusa gentiment.
— Pas de pourboire au Space Palace Resort, répondit-elle en pénétrant avec lui dans l’ascenseur au grand étonnement d’Hiivsha.

Quelques minutes encore et ils entraient dans la belle suite que Rob, qui avait décidément bien fait les choses, lui avait réservée. Une fois encore Talyy entra avec lui et ouvrit les stores et les baies vitrées d’où on apercevait un beau jardin fleuri, puis la promenade du front de mer et enfin la plage et la mer.
— Voilà, je n’ai plus qu’à vous laisser vous installer, soupira la jeune twi’lek.
— Vous avez été très gentille, Talyy, merci beaucoup.

Celle-ci semblait attendre autre chose qui ne venait visiblement pas. Prenant un petit air contrit, elle précisa.
— Je quitte mon service à six heures… je peux vous attendre à sept au bar principal de l’hôtel, comme ça vous pourrez m’emmener dîner quelque part.

Hiivsha maîtrisa mal un geste de surprise et mit quelques secondes à répondre.
— Heu… oui, bien entendu… finit-il par dire d’un ton légèrement embarrassé. À… à sept heures… d’accord.
Rassurée, la twi’lek lui fit alors un petit geste de la main et quitta la suite.


Le dîner s’était écoulé paisiblement et Talyy avait manifesté une joie communicative fort agréable. Sa discussion était fine et variée et le contrebandier trouva au final sa compagnie très plaisante. Et c’était toujours mieux que de manger en tête à tête avec soi-même ! Parvenus devant l’ascenseur de l’hôtel, Talyy suggéra de l’air le plus innocent qui soit..
— Ce sera avec plaisir que je prendrai un dernier verre dans votre suite.

Hiivsha voulut répondre, avala de travers et se mit à tousser fortement, ce qui lui attira les regards des clients alentour. Enfin, il réussit à dire.
— Talyy… normalement, c’est l’homme qui suggère cela à une femme… vous inversez toujours le cours normal des choses ?

Comme les portes s’ouvraient, elle s’engagea dans la cabine en répondant.
— Désolée, j’ai pas pu attendre que vous me le proposiez… vous alliez me le proposer, n’est-ce pas ?

Hiivsha chercha une réponse appropriée dans son esprit fatigué par un mois de galère au service de son ami et le voyage en hyperespace.
— Heu… c'est-à-dire que… enfin, je…
— D’accord, j’accepte ! conclut finement Talyy en appuyant sur le bouton de l’étage souhaité.

Comme l’ascenseur entamait son ascension, elle s’adossa à un coin de la cabine en regardant son compagnon d’un air avide. Elle était tout sourire. Hiivsha songea qu’elle était effectivement très mignonne mais un peu trop entreprenante à son goût. Du bout des doigts, Talyy défit deux des trois boutons qui fermaient son chemisier sans manches, dévoilant des formes naissantes mais éloquentes du cou jusqu’à son nombril. Le contrebandier déglutit bruyamment en s’efforçant de regarder les voyants qui se succédaient en haut de la porte, sifflotant sur la petite musique commerciale diffusée par de discrets haut-parleurs.
Une fois dans la suite, il se rendit au bar pour confectionner deux cocktails, pressé au fond de lui de se débarrasser de la gentille mais collante hôtesse. Quand il eut bien secoué le mélange dans le shaker et l’eut versé dans deux coupes largement évasées, il dut aller chercher Talyy dans la chambre à coucher où elle avait allumé une petite lumière tamisée. Il la trouva debout sur le lit qui jouait en souriant avec le dernier bouton de son chemisier qu’elle tenait entre le pouce et l’index. L’instant d’après, le vêtement glissait lentement autour de son corps comme le pétale d’une fleur le long de sa tige.
Finalement, ça va être plus compliqué que prévu ! pensa Hiivsha en lui tendant sa coupe.


Cinq jours déjà qu’il se reposait aux frais des services secrets républicains, estimant qu’après le mois passé avec Rob Fotta, il ne volait pas cet argent. Il était allongé sur la plage, la tête à l’ombre d’un palmier, et séchait, après un bain de mer prolongé. Car c’était vraiment de l’eau de mer ! Celle d’Atraon IV, reliée à la station orbitale par un gros pipeline qui plongeait dans l’un de ses innombrables océans pour pomper et rejeter en permanence l’énorme masse d’eau nécessaire au renouvellement de la mer artificielle.

À dire vrai, il s’ennuyait. Ses pensées vagabondaient entre son vaisseau qui hibernait dans un hangar depuis des semaines, ses affaires en suspens, sa planète natale, Adarlon, petite planète située dans l’amas de Minos du système de Shesharile où ses vieux parents habitaient une modeste maison au bord d’un lac dans un massif forestier montagneux… Mais celle qui hantait le plus son esprit c’était évidemment une jeune Jedi appelée Isil. Il aurait donné n’importe quoi pour la tenir à cet instant précis, dans ses bras, allongée auprès de lui ; pour jouer du bout des doigts avec ses boucles blondes en se régalant de ses lèvres pulpeuses et joliment rosées. Il soupira profondément. Elle n’était pas là mais à bord d’un croiseur de la République, sans doute à accomplir quelque mission dangereuse, et il aurait aimé être en sa compagnie.

À présent il souriait d’un air amusé en se rappelant le mal qu’il avait eu à se défaire de son encombrante hôtesse le soir même de son arrivée sur la station. D’autres que lui auraient sauté sur l’occasion, mais là, il avait fait un blocage. Ce n’était pas que la jeune twi’lek n’était pas à son goût, non, seulement il n’avait pas l’habitude d’être entrepris de cette façon par une femme. Et puis, elle n’était pas Isil ! Hiivsha, en bon romantique qu’il était malgré ses airs de séducteur au grand cœur, ne voyait pas d’autre femme qu’elle dans ses bras. Et cela avait été dur de faire se rhabiller Tally alors qu’elle n’avait plus que sa petite culotte sur elle ! L’avantage, c’est qu’il ne l’avait pas revue les jours suivants ; l’inconvénient, c’est qu’il se sentait seul et s’ennuyait. Aussi, décida-t-il d’abréger son séjour et de repartir dès le lendemain.


C’était donc le dernier soir de vacances qu’il s’offrait. Il était élégamment vêtu d’une chemise blanche brodée au col fermé par un bolo tie représentant un soleil, que Quad Sitaire lui avait donné alors qu’il était encore adolescent, d’une veste de soie noire et d’une écharpe blanche du premier chic terminée à chacune de ses extrémités par une boule décorative cousue dans l’étoffe. Il avait ainsi pour projet de liquider son crédit de rétribution dans l’un des magnifiques casinos qui bordaient la plage. Ce n’était pas un joueur régulier, comme certains contrebandiers qu’il connaissait en bien ou en mal, mais il trouvait certains jeux plaisants et après tout, il lui restait des crédits à perdre, alors autant en profiter.

Le gorille en smoking le regarda gravir les marches qui montaient du promenoir avec l’œil inquisiteur du professionnel et le déshabilla du regard des pieds à la tête, jugeant sur pièce de la qualité des chaussures et du costume. Lorsqu’Hiivsha parvint à sa hauteur, le videur avait décidé que tout allait bien chez cet homme élégant et il lui adressa un geste de la tête accompagné d’un « bonjour, Monsieur, soyez le bienvenu dans notre casino » respectueux.
Le contrebandier lui répondit d’un petit geste sobre de la main et pénétra dans le grand hall d’entrée où déjà, plusieurs machines à sous tintaient sous les coups de levier frénétiques de quelques enragés. Puis ce fut la grande salle de jeux, la plus grande des salles de l’établissement, et son joyeux brouhaha passionné. Ici et là, des femmes, en longues robes de soirée ou courtes vêtues, essentiellement selon l’âge et la plastique de la personne, des hommes en smoking, des créatures mâles et femelles en élégants costumes culturels liés à leur espèce, se côtoyaient enfiévrés par la même passion, autour des tables de jeux de cartes, de dés ou de hasard.

À la caisse, il convertit en plaques ce qui restait de crédits sur sa carte et s’assit à une table de pazaak où, à sa grande surprise, il doubla ses fonds. Perplexe, il se dirigea ensuite vers une roulette en se disant, avec un sourire intérieur, que s’il avait été Jedi et malhonnête, c’eut été l’endroit idéal pour s’enrichir. Mais la chance continua à lui sourire, et de nouveau ses gains augmentèrent substantiellement.

Il était une heure du matin, lorsque trois hommes se postèrent derrière lui alors qu’il s’apprêtait à rejouer. L’un d’eux murmura à son oreille.
— Prenez vos plaques et suivez-nous, le patron veut vous voir.

Hiivsha se retourna et considéra avec attention les trois visages patibulaires qui l’encadraient. C’était tous les trois des armoires à glace dont le physique trahissait le métier.
— Je suppose que je n’ai pas le choix de décliner cette invitation ?
— Vous l’avez dit, fut la seule réponse qu’il obtint.
— Et si je refuse quand même ?

Il sentit aussitôt un objet s’enfoncer dans son dos. Se retournant, il baissa les yeux pour apercevoir une bosse évocatrice saillir d’une poche dans laquelle la main d’un des gorilles disparaissait entièrement.
— Je vois, je vois… dans ce cas, messieurs, je vous suis, mais avant, je fais un détour par la caisse, ne vous en déplaise.

D’autorité, il passa entre eux en les bousculant fermement et se rendit devant la caissière la plus proche.
— Il faut que je vous quitte plus tôt que je ne pensais, lui dit-il en posant ses plaques sur le guichet, merci de créditer cette carte avec mes gains.

L’opération ne prit que quelques secondes, puis Hiivsha se retourna vers ses nouveaux « amis ».
— Je suis à vous, messieurs, où allons-nous ?

Le plus gros des trois pointa son index vers le plafond.
— Là-haut.
— Je vois, répondit le contrebandier en haussant un sourcil. Après vous.

Le visage fermé, son interlocuteur le poussa par l’épaule pour le faire avancer.
— Passez devant.

Ils empruntèrent un ascenseur qui grimpa trois étages, puis un long couloir pour enfin déboucher dans un grand bureau moquetté, décoré de façon curieuse.
— Quelle horrible décoration, observa le contrebandier à peine entré en détaillant du regard les reptiles momifiés exposés sur des étagères tout autour de la pièce.

Sans répondre, l’un des hommes s’avança vers un bar et se saisit d’un verre.
— Le patron va pas tarder. Vous voulez boire quelque chose ?
— Avec plaisir, répondit poliment Hiivsha en traversant la pièce jusqu’à la porte fenêtre qui donnait sur une terrasse surplombant une des grandes piscines du complexe, déserte à cette heure-là.
— Jolie vue, apprécia-t-il, ça permet à votre patron de mater les minettes ?

Aucun des gorilles ne répondit. Il prit donc le verre qu’on lui tendait et s’appuya nonchalamment contre le mur tout près de la porte fenêtre.
— J’espère que votre patron ne va par nous faire trop attendre, votre conversation est assommante.

Mais il ne s’attira qu’un regard haineux de la part des trois hommes dont le visage ne reflétait en rien l’intelligence.
Quelques minutes lourdes de silence passèrent ainsi, jusqu’à ce qu’une porte finisse par s’ouvrir au fond de la pièce. Deux individus entrèrent : un duros à la peau bleue et aux yeux rouges et un rodien qui fixa Hiivsha de ses deux globes noirs. Tous deux semblèrent évaluer la pièce un instant puis ils firent un geste en commun vers quelqu’un d’invisible comme pour lui signifier que la voie était libre. Aussitôt, un hutt entra en se traînant à l’aide de sa grosse queue. Il portait d’énormes lunettes noires complètement ridicules qui firent esquisser un sourire au contrebandier lequel maîtrisa tant bien que mal un mouvement de surprise.
— Capitaine Inolmo, fit le hutt d’une voix caverneuse, comment allez-vous ?
— Bien, Guppa… mais je suis surpris de vous voir ici. Vous avez investi dans les stations balnéaires ?
— Disons plutôt dans les casinos, ici ou là, dans la galaxie. C’est d’un excellent rapport financier.
— Je veux bien vous croire… et pratique pour blanchir de l’argent sale. Vous avez l’air de vous porter on ne peut mieux. Vous donnez l’impression d’être plus… svelte qu’il y a quelques années.

Le hutt laissa échapper un gros rire de sa large gorge.
— Vous avez l’œil, Inolmo ! J’ai fait un régime !

Il se tâta le ventre des mains avec un air satisfait sans cesser de rire.
— J’ai beaucoup plus de succès auprès des femelles de toutes les espèces qu’auparavant.
— Je n’en doute pas, Guppa, enchaîna le contrebandier. Vous devez être un grand séducteur, j’en suis certain. Mais que me vaut l’honneur de cette invitation musclée ?
— Musclée ? J’espère que mes hommes ne vous ont pas bousculé… un ami comme vous !

Un ami, c’est ça ! pensa Hiivsha qui sentait arriver le coup fourré.
— Non, ça a été… mais ils ont su se montrer très convaincants ! Vous vouliez me voir ?
— J’ai une affaire à vous proposer capitaine…
— Je ne suis pas intéressé, le coupa Hiivsha sans plus attendre.

Le hutt se remit à rire en se tenant les côtes de ses bras ridiculement petits par rapport à son corps.
— Oh, oh, oh, capitaine, quand je dis proposer, je veux dire que j’attends de vous un service.
— Affaire… service… c’est du pareil au même. Je suis en vacances et pas intéressé.
— Mais vous n’avez pas le choix, Inolmo. D’ailleurs n’avez-vous pas constaté l’incroyable chance au jeu que vous avez eue ce soir en quadruplant vos mises ? Considérez cela comme un acompte… et puis, comme je viens de le dire, vous me devez un service.

Hiivsha essayait de conserver un sourire confiant, mais au fond de lui-même, il était tendu comme un élastique prêt à se rompre. Machinalement, il tripotait les boules qui pendaient au bout de son écharpe blanche pour se donner une contenance.
— Rectification, Guppa, c’est Quad Sitaire qui vous devait un service, pas moi. Et ce vieux Quad est mort… donc votre service s’est éteint avec lui.
— Vous étiez son élève, son apprenti… ce qu’il me doit, vous me le devez à présent.
— Rien du tout, mon vieux, je n’ai rien reçu de lui en héritage, ni actif, ni passif… donc pas de dette !

Le hutt fit un geste et les hommes dégainèrent leurs pistolets blaster.
— Il vous a laissé son vaisseau à l’époque… quel nom ridicule portait-il déjà ? Ah oui, Choupy 1 !

Guppa se mit de nouveau à rire à gorge déployée avant de reprendre de l’air le plus sérieux qui soit.
— Vaisseau qu’il a pu s’acheter avec mon aide… Je crains que malheureusement vous n’ayez pas le choix, capitaine. Ou vous me rendez ce service, ou mes hommes vous abattent, là, maintenant, ici !

Hiivsha soupira. Et voilà, finies les vacances ! Et même s’il venait de décider d’y mettre un terme par lui-même, une chose qui l’horripilait c’était bien qu’on lui force la main.
— Vous plaisantez, Guppa, vous n’allez tout de même pas m’assassiner dans votre propre casino parce que je refuse de vous rendre service ?

Le duros fit tournoyer son arme autour de son index.
— C’est pas ça qui nous fait peur, l’ami !

De ses pouces, Hiivsha tâtait les petits interrupteurs qui actionnaient les deux grenades servant de décoration à sa jolie écharpe. Il hésitait encore à en venir aux dernières extrémités.
— Vous n’avez pas le choix, Inolmo, reprit le hutt de sa voix gutturale. Ou vous acceptez mon petit travail, ou dans dix secondes vous êtes mort.

Le contrebandier expira fortement en levant les yeux au ciel et ôta tout doucement l’écharpe du tour de son cou avant d’avancer les mains, les deux boules bien en évidence.
— Ce sont deux grenades thermiques, annonça-t-il en ménageant une légère pause avant de continuer. Elles viennent d’être activées par mes soins et exploseront au moindre choc. Donc, si vous me tuez, elles tombent et on meurt tous.

Les hommes se regardèrent les uns les autres, puis inévitablement, leurs regards se portèrent sur leur chef qui éclata de nouveau d’un gros rire caverneux.
— Oh, oh, oh, capitaine, vous ne manquez pas de culot de me menacer comme ça ! Vous savez pourtant qui je suis.
— Je sais… le fils de Gyps le Hutt, baron de la drogue et trafiquant d’esclaves… un gros bonnet du crime organisé. Mais pour l’instant, c’est de ma propre vie dont je me préoccupe.
— Quelque chose me dit que vous bluffez, Inolmo… je sais quand quelqu’un a une main gagnante et ce n’est pas votre cas.
— N’en croyez rien, Guppa, répondit le contrebandier en reculant très lentement vers la terrasse, vous feriez une grossière erreur en ne me prenant pas au sérieux.

Le duros se tourna vers le hutt.
— Alors, qu’est-ce qu’on fait patron, on tire ou on tire pas ?
— Tuez-le.

Les hommes pointèrent leurs armes. Dans le même temps, Hiivsha lançait en l’air vers eux les deux boules reliées par l’écharpe en criant.
— Attrapez ou vous y restez tous !

Profitant de l’inévitable instant d’hésitation des hommes qui regardaient tournoyer la masse blanche au ras du très haut plafond, Hiivsha fit deux bonds en arrière et plongea la tête la première par-dessus la balustrade de la terrasse.
Il n’avait pas touché l’eau qu’une explosion fracassante retentissait, soufflant le bureau de Guppa le Hutt et faisant éclater les baies vitrées en projetant des morceaux de transparacier à des dizaines de mètres à la ronde. Des langues de feu s’échappèrent par les ouvertures brisées comme le souffle brûlant d’un dragon jaillissant de sa caverne. Puis Hiivsha s’enfonça dans l’eau et tout redevint calme. Il fit quelques brasses pour gagner l’autre extrémité de la large piscine avant de refaire surface. Des alarmes retentissaient de partout dans le casino et les clients commençaient à refluer par toutes les sorties de secours dans le plus grand désordre. Ils poussaient des exclamations et des cris en se répandant sur le promenoir comme la marée, avant de s’arrêter et de se retourner pour contempler le spectacle comme mus par une curiosité plus forte que leur désir de se mettre à l’abri.

Hiivsha sortit de la piscine à la force des bras et se retourna à son tour. Une grimace ravagea son visage. Il ne pouvait pas croire qu’aucun des cinq hommes n’avait su rattraper les grenades au vol ! Ses vacances se terminaient fort mal si Guppa, fils de Gyps le Hutt, avait laissé sa peau fripée dans l’explosion. Car si son père parvenait à savoir que c’était lui qui était à l’origine de sa mort éventuelle, il aurait vite tous les chasseurs de primes de la galaxie à ses trousses. Il ne lui restait plus qu’à espérer que la discrétion mise par les hommes de Guppa pour l’amener jusque dans son bureau avait permis de ne pas attirer l’attention sur sa personne. En tout cas, il n’avait pas envie de s’attarder pour le savoir et sans plus attendre, il se dirigea vers son hôtel. En chemin il croisa les forces de sécurité et les pompiers qui se dirigeaient à grands renforts de sirènes vers les lieux de l’explosion. Personne ne prêta attention à cet homme tout dégoulinant d’eau qui traversait les parcs. Seul le réceptionniste lui fit une aimable remarque.
— Vous êtes tombé à l’eau, monsieur ? Avez-vous besoin d’aide ?
— Non, merci, répondit le contrebandier, je monte me sécher… tout va bien… juste une petite maladresse de ma part au bord d’une piscine.
— Ça arrive, monsieur, répondit l’employé avec l’air indulgent de quelqu’un qui pense que le client avait peut-être abusé de la bouteille avant de perdre l’équilibre.

Sans perdre de temps, Hiivsha se sécha, remit ses vêtements préférés et boucla son sac. Ses pistolets reprirent leur place à sa ceinture, puis il quitta discrètement l’hôtel par une issue de secours en direction du spatioport.
Une certaine émotion s’empara de lui en retrouvant dans un grand hangar silencieux son Choupy quatrième du nom. Quelques droïdes s’affairaient ça et là et l’un d’eux s’avança vers lui pour l’identifier. Tout étant en règle, il monta la rampe d’accès du YT-1100, composa son code pour ouvrir le sas et pénétra dans le vaisseau silencieux et sombre en refermant la porte sur lui.

Il s’avança dans la pénombre diffusée par le faible éclairage de secours en connaisseur des lieux et alla jusqu’à sa cabine où il déposa son sac. Puis, longeant la coursive circulaire, il s’engagea dans le couloir qui menait au cockpit jusqu’à une sorte d’armoire qu’il ouvrit et dans laquelle il bascula un gros interrupteur. Une série de lumières s’allumèrent un peu partout dans le cargo et quelques indicateurs sonores se firent entendre ici et là. Revenant sur ses pas, il déboucha dans une grande salle au fond de laquelle se trouvait une forme cylindrique surmontée d’un dôme, qui devait lui arriver à peu près à la poitrine. S’approchant du droïde déconnecté, il chercha à tâtons sur lui un interrupteur bien caché qu’il actionna dès qu’il l’eut trouvé. Une série de bips se fit alors entendre et la forme s’éclaira de multiples voyants lumineux.
— Content de te revoir aussi P2-A2, répondit le contrebandier au droïde astromécano qu’Isil lui avait confié lorsqu’elle avait rejoint son affectation sur le Defiance.

Bien que pouvant soutenir une conversation complexe avec un autre droïde capable de comprendre son langage sonore, P2-A2 avait une codification simplifiée qui lui permettait un échange basique avec quiconque l’avait assimilée, ce qui était le cas d’Isil et à présent, d’Hiivsha.
Le droïde débrancha son cordon de charge qu’il enroula à l’intérieur de lui, et effectua quelques mouvements comme pour s’assurer qu’il n’était pas rouillé en ajoutant encore quelques sons.
— Oui, ça fait un peu plus d’un mois… mais nous repartons, mon petit ami. Allez, préparons notre vaisseau pour le décollage. Je n’ai pas envie de traîner dans le coin, on ne sait jamais.

Pendant que l’astromécano obtempérait en se rendant à son poste, Hiivsha regagna sa place de pilote qu’il avait délaissée depuis tant de jours et s’y installa avec un évident soupir de satisfaction.
— Me revoilà, mon grand, laissa-t-il échapper en tapotant le tableau de bord avant de manipuler molettes et interrupteurs.

Des sons divers retentirent, des plaques lumineuses s’allumèrent, des voyants se mirent à clignoter au rouge, au jaune et au vert, et les moteurs commencèrent à siffler puis à ronronner comme un chat heureux de revoir son maître. Le cargo reprenait vie.
— Direction Adarlon, décida Hiivsha subitement. J’ai envie de revoir ma planète.

P2-A2 lui répondit quelque chose tout en tournant un connecteur de transmission de données.
— Eh bien, tu feras connaissance avec, conclut Hiivsha.

À présent les moteurs rugissaient et le contrebandier avait l’impression que d’un instant à l’autre, il allait voir surgir les hommes du hutt ou les autorités dans le hangar. Cette impression d’avoir une épée maintenue par un fil au-dessus de sa tête lui était désagréable et il lui tardait d’être dans l’espace.
Aussi, effectua-t-il sa check-list aussi rapidement qu’il le put et poussa-t-il sur la manette des gaz avec soulagement lorsque le vaisseau fut prêt à quitter le spatioport.

Quelques minutes plus tard, il laissait derrière lui la station balnéaire spatiale et les vacanciers sans souci qui s’y prélassaient. Il se demandait bien ce qu’il était advenu de Guppa le Hutt et ce point d’interrogation s’installa de façon désagréable dans un coin de son cerveau. Cependant, il était maintenant hors d’atteinte d’éventuels poursuivants et se préparait à passer en hyperespace lorsque P2-A2 intervint avec une série de sons impatients.
— Un message ? Quel message ?

Perplexe, Hiivsha quitta son siège et se rendit à la table de l’holonet où il appuya sur différents boutons. Au bout de quelques secondes une silhouette qu’il connaissait bien apparut. Ne cachant pas sa surprise, il répondit.
— Amiral ? Pour une surprise… que me vaut l’honneur de votre appel ?

Valin Narcassan lui apparut fatigué, comme préoccupé, ce qui alerta le contrebandier.
— Bonjour Hiivsha, je suis bien aise de pouvoir enfin vous trouver. Dès que votre vaisseau a pu être localisé, je me suis précipité sur les transmissions… cela fait plus d’un mois que nous essayons de vous contacter, sans succès.
— Désolé, Valin, mais j’étais en mission top secrète… rien de grave j’espère ?

Le commandant du Defiance s’éclaircit la voix avant de reprendre.
— Justement si… j’ai… une mauvaise nouvelle à vous apprendre…
— Une mauvaise nouvelle ? Je vous écoute.
— Il s’agit de la Padawan Isil…
— Isil ? Que lui est-il arrivé ? Parlez, amiral, je vous écoute !
— Elle a été portée disparue en action.
— Disparue ? Mais, est-elle…

Il n’osa pas achever sa question.
— Nous n’en savons rien. Elle a disparu il y a cinq semaines et depuis, toutes les tentatives pour localiser son vaisseau sont restées vaines.

Hiivsha, soudain très pâle, se laissa tomber sur une banquette au pied de l’holonet.
— Cinq semaines… et moi qui jouais à l’agent secret pendant ce temps-là … murmura-t-il effondré.

Très vite pourtant il se ressaisit et reprit en se relevant.
— Pouvez-vous me donner des détails, amiral ?
— Je vous propose de rallier le Defiance et je vous donnerai tous les éléments sur cette affaire.
— Entendu, envoyez-moi vos coordonnées, je pars à l’instant même !
— Bien, je vous les transmets sur votre calculateur hyperdrive.
— Merci, Valin, on se retrouve dans quelques heures.

Le cœur battant, en proie à d’affreux doutes et à des sentiments contradictoires, il regagna son siège et consulta les données chargées dans le calculateur.
— Changement de cap, P2-A2, nous irons sur Adarlon une autre fois. Ta maîtresse a besoin de nous ! Direction le croiseur Defiance !

Après s’être assuré que les catalyseurs de champ puis le générateur de fusion étaient chargés, il lança les boosters horizontaux d’hyperdrive et la fenêtre d’ouverture hyperspatiale s’ouvrit.
— En avant ! lança-t-il tout haut en enclenchant l’hyperespace.


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Messagepar Notsil » Mar 26 Fév 2013 - 17:15   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Ah, le retour d'Hiivsha ! :)
J'adore ce personnage que tu sais rendre fort sympathique ^^

Quelques erreurs d'inattention au passage :

il se sont aperçus trop tôt qu’on avait dérobé les plans.

-> ils

pour entreprendre le cent quatre vingt degré nécessaire à son départ.

-> les cent quatre-vingt degrés (ça ne serait quand même pas plus simple de dire qu'ils font demi-tour ? ^^)

c’est que j’ai encore pas ma de bricoles à faire.

-> mal

Ne me tentes pas… tu sais à combien de temps remontent mes dernières vraies vacances ?

-> tente

Ce sont les services secrets républicains qui payent d’addition, avait-il affirmé en riant

-> l'addition

Talyy avait manifesté une joie communicante fort agréable.

-> un doute, communicante ou communicative ?

Cela faisait cinq jours qu’il se reposait aux frais des services secrets républicains, estimant qu’après le mois passé avec Rob Fotta, il ne volait pas cet argent.

-> perso je n'aime pas le début de ta phrase avec la moche expression "cela faisait", je trouve qu'en disant "cinq jours déjà qu'il ... " c'est bien plus joli, mais c'est un avis subjectif ^^

Ses pensées vagabondaient entre son vaisseau qui hibernait dans un hangar depuis des semaines, ses affaires en suspend, sa planète natale,

->suspens

Se retournant, il baissa les yeux pour apercevoir une bosse évocatrice saillir d’une poche

-> pardon, esprit mal tourné tout ça, mais me suis bien marrée en lisant cette phrase ^^

Vous avez inverti dans les stations balnéaires ?

-> investi

Machinalement, il tripotait les boules qui pendaient

-> (j'adore ^^)

la masse blanche au raz du très haut plafond, Hiivsha

-> ras

En tout cas, j'ai adoré l'insistance de la petite twi'lek, c'est bien de les voir un peu + entreprenantes, on les voit davantage comme esclaves soumises, ça change.
Maintenant qu'Hiivsha est dans le coup, je sens que les chances de survie d'Isul vont remonter en flèche ! Enfin, encore faut-il trouver où elle est...
"Qui se soumet n'est pas toujours faible." Kushiel.
Notsil
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Messagepar Hiivsha » Mar 26 Fév 2013 - 18:10   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Merci de ces nombreuses corrections :jap:
C'est pas possible, j'avais la tête dans le c... quand j'ai relu ou quoi ! :pfff:

Effectivement, c'est "communicative"...
effectivement tu as l'esprit mal tourné :diable: , car ni à l'une (bosse) ni à l'autre (boules) je n'y avais pensé une seconde, même à la relecture !
Et pour le 180°, c'est un terme d'aéronautique : un pilote effectue UN "cent-quatre-vingts" avec son appareil ou UN "trois-cent-soixante". :wink: ... mais j'ai eu le tort de mettre le mot "degré" que je vais m'empresser de supprimer ! :paf:

[EDIT]Il y a même une deuxième faute de ma part à "il se sont aperçus" : car il ne faut pas de "s" à "aperçu" vu que c'est un verbe occasionnellement pronominal, l'accord doit se fait sur le COD comme avec "avoir" : ils ont aperçu eux-mêmes... quoi ? rien de défini, donc pas d'accord ! [/EDIT]

[EDIT2]Je me flagelle, il y a encore une erreur à "cent quatre vingt" qu'il faut écrire "cent quatre-vingts" ! :pfff: [/EDIT2]
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mar 26 Fév 2013 - 20:35   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Chapitre 8

Sympa, je vois que les alliances sans cœur occupent décidément une grande place dans cette histoire ; ce qui est sympa, c'est qu'on retrouve ainsi le fil d'histoires traditionnelles comme avec les films, sauf que ce ne sont pas les mêmes, cela donne un renouvellement sympathique :) Et c'est toujours bien écrit !

Elle aurait aussi bien pu faire partie de la bande à l’instar des quelques femmes qui étaient avec eux, ça n’aurait pas été différent.


Toi qui me reproche mes tournures orales, la fin de cette phrase me paraît un peu déplacée dans la narration... "cela n'aurait pas fait de différence", "il n'en aurait pas résulté de différence" ?

Jazor l’obligea toutefois à dormir dans une petite pièce qui donnait sur sa propre chambre, sans dire si c’était pour l’avoir à l’œil, la protéger d’une visite nocturne inopportune de la part d’un de ses hommes qui aurait cédé à la convoitise, ou simplement pour jouir de sa présence. Sa seule exigence,


Sa seule autre exigence, non ?

Iella songea qu’il s’agissait probablement d’une issue de secours amenant de l’autre côté du massif montagneux.


Pourquoi pas "menant" ? Je demande ça parce que je trouve que le verbe "amener" a une connotation un peu trop "active" pour un hume souterrain.

Un genre de vente par correspondance, pour ainsi dire, pensa-t-elle.


idem, il me semble qu'à l'écrit, on emploie "sorte", plus générique que "genre", non ?

— Montrez-lui la chambre, dit soudain Phileo et expliquez-lui les règles,


Le verbe de parole et ce qui l'accompagne, en principe, je le mets entre deux signes de ponctuation pour bien le séparer de la réplique :neutre:
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 27 Fév 2013 - 11:01   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Chapitre Hiivsha lu, et assez apprécié pour sa légèreté, c'est un peu rafraîchissant vu que la partie sur la planète est assez grave. Stylistiquement, j'aurais trouvé préférable de développer davantage le changement de Galaxie, ne pas se contenter d'un "Pendant ce temps, quelque part dans la bordure extérieure de la proche galaxie" qui peut paraître bien faible compte tenu de la différence entre les deux mondes ; j'ai aussi trouvé que tu en faisais un brin trop sur la solitude du vieux contrebandier, il aurait peut-être été préférable de ne pas en parler pendant la mission, le lecteur trouve que ça se passe dans la joie et la bonne humeur, et après, là, par contre, on découvre que son existence n'a pas que des avantages... Concernant l'intrigue, j'ai bien aimé Hiivsha très mignon en vacances avec sa Twi'lek, surtout que tu nous laisse un petit moment de suspense pour savoir s'il se l'est tapée ou non, haha :lol: Bon ben manifestement, il s'est attiré des ennuis, quelle chance qu'il ait un prétexte pour changer de galaxie ! :D

Hiivsha tira de nouvelles salves tandis que le vaisseau commençait à s’élever sur le permabéton pour entreprendre le cent quatre-vingts


Précise "degrés", je ne suis pas sûr que tout le monde comprenne automatiquement.

Et cela avait été dur de faire se rhabiller Tally alors qu’elle n’avait plus que sa petite culotte sur elle !


Waw... Hiivsha est un surhomme :paf: :chut:

Se retournant, il baissa les yeux pour apercevoir une bosse évocatrice saillir d’une poche dans laquelle la main d’un des gorilles disparaissait entièrement.


Ah mince !

Après-vous.


Le tiret me paraît suspect :perplexe:

Quelques minutes lourdes de silence passèrent ainsi, jusqu’à ce qu’une porte ne finisse par s’ouvrir au fond de la pièce.


Là, c'est la présence du "ne" qui me perturbe :?

Ah oui, Choupy 1 !


Il craignait qu'il y ait un successeur, pour qu'on ait le numéro de série ?
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Messagepar Hiivsha » Ven 01 Mar 2013 - 22:06   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Nous retrouvons les protagonistes principaux d'Edena. Une sorte de chapitre de transition qui resserre les fils du destin entre les personnages.

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10 - Escapade en amoureux



— Crois-tu vraiment que ce plan peut fonctionner ? avait demandé Dark Zarek incrédule en écoutant la proposition de son apprentie. Cela me paraît aussi compliqué qu’hasardeux.
— J’en suis consciente, Maître. Cependant, jusqu’à présent vous n’avez guère réussi à trouver le chemin du Temple, avait objecté Diva.
— Je le sais bien. Chaque fois que nous avons interrogé un prisonnier, soit il ne savait rien, soit il a préféré mourir sans rien révéler. Et je ne peux quand même pas explorer toute la planète depuis une breeay mantas en comptant sur la chance pour le trouver. Déjà, trouver les ruines de la cité de l’ancien Temple d’Édin était un heureux hasard…
— Puisque hormis l’élite des prêtres, il n’y a que le monarque qui connaisse l’accès au Temple, il faut donc que ce soit le roi qui nous montre le chemin et pour cela, il faut lui donner une bonne raison d’y aller à un moment prévisible par nous.

Zarek buvait une coupe de vin et avait fait claquer sa langue en connaisseur.
— Les vignes d’Édéna sont étonnantes, ce vin est presque parfait. Mais dis-moi, Diva, pourquoi ne pas utiliser son frère, le jeune Taimi, autour duquel tu as tissé ta toile ?

La theelin avait souri mystérieusement en s’amusant de l’intérêt que le Sith portait à ses projets. Contrairement à beaucoup d’autres, c’était un bon maître et il ne la maltraitait pas. En tout cas, pas souvent, juste lors d’épiques colères qu’il lui était arrivé de piquer.
— Je contrôle Taimi, il est à moi et je le manipulerai comme je le voudrai lorsque le moment sera venu. Il déteste son frère qui le traite comme un enfant quand lui rêve de gloire et de puissance. Il se fane à l’ombre de l’aîné et n’attend qu’une chose, c’est que son heure vienne pour révéler à tous ce qu’il croit être son talent mais qui n’est en fait, que l’expression de sa profonde médiocrité. C’est un atout dans notre jeu, certes, mais il fait parti du plan B… sauf si la nécessité d’abattre la carte qu’il représente vient s’imposer d’elle-même. Ne suis-je pas pour lui la charmante duchesse Dolmie de Tamburu, qu’il a sauvée de la vile attaque ayant décimé toute son escorte… Dolmie, son actuelle maîtresse ?
— Il ne peut se douter de rien ? Et son frère, le roi ?
— Le duché de Tamburu est à l’opposé de la planète. C’est un petit territoire replié sur lui-même que nous avons eu bien du mal à dégotter… mais que nous tenons à présent entièrement entre nos mains depuis que nous nous sommes débarrassé du duc et de sa famille qui par chance, était theelin, comme moi… je dois ajouter que la petite Dolmie me ressemblait plutôt. Je reverrai toujours les grands yeux interrogateurs qu’elle avait lorsque je lui ai plongé l’un de mes sabres à travers le corps. Elle est morte sans comprendre ce qui lui arrivait, la pauvre.

Le Sith avait soupiré avec un sourire moqueur tout en levant les yeux au ciel.
— Enfin… si on a un plan B, alors… me voilà rassuré.

Diva lui avait alors adressé une grimace pour toute réponse.


Cette conversation avait eu lieu quelques jours plus tôt et, à présent, Dark Zarek observait, du haut des murailles de sa forteresse, les alentours hostiles du Désert de Sang, immensité montagneuse stérile où les pierres rougeâtres des plateaux et des canyons tortueux entaillaient comme des rasoirs les imprudents qui n’y prenaient pas garde. Depuis ce jour son apprentie n’avait pas communiqué avec lui et il commençait à trouver le temps long.
*
* *

Calem avait tenu parole et dix jours après l’avoir proposé à sa future fiancée, ils partaient tous les deux en direction d’Aretia sur la côte est du royaume. Tous les deux c’était vite dit, car le monarque ne pouvait absolument pas se soustraire entièrement au protocole et aux questions de sécurité. Aussi ce furent deux breeay mantas aux armes du souverain qui s’élancèrent de la zone aéroportuaire d’Édinu, escortées par six dragonnaux chevauchés chacun par trois membres appartenant aux troupes d’élite de la Garde royale. Sur les flancs de chaque dragonnal étaient montés deux long tubes capables de lancer des décharges d’énergie d’une portée cinq fois plus élevée que les lances qui équipaient les soldats. Ces canons étaient activés par l’homme du milieu, situé derrière le conducteur de dragonnal tandis que le troisième à l’arrière était armé d’un canon énergétique léger. Les animaux étaient partiellement revêtus d’une protection destinée à absorber une grande partie de l’énergie pouvant être projetée par les armes d’éventuels d’agresseurs.

Avant de partir, Calem avait confié à Jarval, dépité de ne pouvoir être du voyage, la charge de veiller sur son frère Taimi, en charge par intérim du Royaume en son absence. Dans l’esprit du roi, ce « veiller » se transformait en « surveiller » car la confiance qu’il plaçait en son cadet était plutôt limitée.

Le cortège royal s’éleva dans un ciel chargé de petits nuages cotonneux annonciateurs d’une possible dégradation du temps dans les jours à venir. Tout au long du voyage, Calem décrivit en détail à la jeune fille tout ce qu’elle pouvait apercevoir au sol. Les breeay mantas volaient à une altitude relativement basse pour qu’elle puisse jouir des paysages qui se dévoilaient à leurs yeux. Le roi était touchant car on le sentait vibrer de plaisir chaque fois qu’il dépeignait et nommait un village, un paysage, une rivière, une forêt… il connaissait son pays presque sur le bout des doigts.

Au bout de plusieurs heures, ils purent distinguer la goutte que formait la presqu’île d’Aretia, péninsule rocheuse longée de falaises s’élançant fièrement à l’assaut de l’océan. Au nord, la côte était bordée de palmiers et longée de magnifiques plages de sable blanc tandis qu’au sud, elle était sauvage et escarpée, formée d’une multitude de petites criques dentelées abritant parfois un petit port de pêche ou simplement quelques habitations isolées accessibles uniquement par un vilain chemin cahoteux qui descendait en lacets serrés des hauteurs de la falaise jusqu’au niveau de la mer.
— Si tu le veux, nous irons nous y baigner, proposa gentiment Calem connaissant le penchant de Sali pour les bains de mer, en désignant de la main l’étendue sablonneuse septentrionale.

Pour toute réponse, cette dernière posa délicatement sa main sur celle du roi en lui adressant un sourire ravi.


Le cortège se posa sans encombre sur la plaine verdoyante de la zone d’atterrissage d’Aretia où les futurs fiancés étaient attendus en toute discrétion comme l’avait souhaité Calem. Un détachement militaire rendit les honneurs au monarque puis l’oncle du roi, le duc Nathil, s’avança vers eux et prit successivement Calem puis Sali chaleureusement dans ses bras. C’était un vieil homme aux cheveux blancs, portant moustache et barbe de la même couleur et débordant de vitalité.
— Comme je suis heureux de te revoir, ma petite-cousine. J’ai grand peine à retrouver dans la sublime jeune fille que tu es devenue, la fillette que tu étais, petite. Comment va notre cousin de roi d’Austra, ton père ?
— Il allait bien lorsque je l’ai quitté il y a un peu plus d’un mois de cela et il m’a chargé de transmettre ses amitiés à toute la famille que je croiserai. Voilà qui est fait, cousin.

Le vieux duc prit la jeune fille par les épaules et la dirigea, ainsi que le roi, vers un petit groupe d’officiels.
— Il faudra que j’aille lui rendre une petite visite un de ces quatre… On ne prend jamais le temps de communiquer pour s’échanger des nouvelles, et le temps passe ! Au fait, la duchesse Klaara, ma tendre épouse, n’a pas pu venir vous accueillir comme elle l’aurait souhaité… elle souffre du dos mais elle nous attend au palais. Venez les enfants, que je vous présente au gratin de la ville… personnalités que Calem connaît déjà, bien entendu, pour la grande majorité d’entre elles.

Chacun s’inclina bien bas et loua la beauté de la future souveraine en termes choisis. Les présentations terminées, l’aire d’atterrissage retrouva son calme, et le cortège se mit en branle en direction des hautes murailles de la cité. Sur leur chemin, des gens alertés par le déplacement des autorités, s’étaient spontanément amassés le long des rues et lancèrent des ovations en jetant des pétales de fleurs en direction de la princesse montée sur un magnifique corinal noir de jais soigneusement pomponné.
— Vive la princesse Sali ! Vive le roi ! hurlaient-ils à tue-tête.

La jeune fille souriait gracieusement à tous ces gens qu’elle voyait pour la première fois, à cette foule bigarrée dans laquelle des centaines d’espèces étaient représentées, se pressant les unes contre les autres pour la regarder passer. Certes la liesse n’équivalait pas à la fièvre qui s’était emparée d’Édinu lors de son arrivée dans la capitale, dont les avenues avaient été littéralement recouvertes de fleurs sur son passage. Mais la spontanéité des habitants d’Aretia qui n’avaient pas été prévenus de la venue du souverain et de sa future épouse, était touchante et émut profondément le cœur de la princesse.
Enfin, ils franchirent la seconde enceinte, plus petite, qui protégeait le palais ducal et le calme revint. Les portes se refermèrent sous les acclamations de la populace, et le bruit des sabots des montures résonna sur les pavés de l’allée montant vers l’entrée du bâtiment qui ressemblait plus à un grand manoir qu’à un véritable palais.
La réception fut agréablement chaleureuse et familiale, tout le monde fut très prévenant avec Sali. La fin de journée s’écoula gaiement, sous les rires provoqués par les histoires pittoresques dont les abreuva le vieil oncle du roi. Le soir venu, Sali regagna sa chambre après avoir pris congé de Calem, la coutume voulant que les futurs fiancés ne fassent pas lit commun avant d’être mariés.


Les trois jours qui suivirent furent une véritable bouffée d’air frais dans l’existence de Sali. Entre les promenades au grand air, le long des hautes falaises découpées qui se dressaient fièrement à l’extrémité de la presqu’île ; la visite de magnifiques monuments, de musées, de temples pittoresques ; une partie de pêche au gros et une séance de tir à l’arc lors de laquelle Sali démontra une adresse extraordinaire qui laissa rêveur la totalité de la gent masculine présente, elle fut aux anges. Seule ombre au tableau, un sentiment indéfinissable qui la taraudait, comme la vague impression que Calem ne parvenait pas à se rapprocher d’elle autant qu’une future épouse aurait pu l’espérer. Non pas qu’il manquait d’attention à son égard, au contraire, il se montrait très prévenant et tout à fait charmant, mais il lui apparut confusément qu’un certain élan lui faisait défaut. Elle-même n’éprouvait-elle pas la même sensation vis-à-vis de lui ? Elle finit par se persuader que c’était sa propre réserve qu’elle projetait sur le roi et se dit, avec une pointe de nostalgie presque obsédante, que tout cela finirait bien par passer une fois le mariage consommé.


Le dernier soir, le duc Nathil fit un cadeau à la princesse d’Austra.
— Mon enfant chérie, déclara-t-il sans ambages, je tiens à être le premier à te faire un présent de mariage, même si celui-ci se fait encore un peu attendre, ajouta-t-il en clignant de l’œil. Viens, suis-moi.

Il prit Sali par un bras et Calem par l’autre et les entraîna dans les jardins du manoir, arpentés par les inévitables gardes du corps qui n’étaient jamais bien loin. L’un d’eux annonça discrètement dans le petit appareil de communication rivé autour de son poignet.
— Leurs majestés sortent dans les jardins.

Au centre de la pelouse principale attendait paisiblement un magnifique dragonnal d’un pelage noir brillant qui les regardait venir vers lui avec des yeux vert émeraude d’une rare intensité.
— Il s’appelle Kro’Moo et il a deux ans. C’est un animal splendide, le plus rapide que j’ai jamais vu et d’une rare affection. Il vient des élevages de Dracnu, les plus réputés de la planète. Quand je l’ai vu, il y a un mois de cela lors de ma dernière visite chez eux, j’ai tout de suite pensé à toi.

Sali embrassa son parent avec affection. Depuis qu’ils étaient à Aretia, le duc n’avait cessé de prévenir tous ses besoins et avait fait montre d’une réelle affection indéfectible à son égard. Il faut dire que son caractère simple et enjoué faisait de lui une personne naturellement attachante que les personnes de son duché appréciaient sincèrement.
— Merci grand cousin ! susurra la princesse à son oreille.

Tout ravi de la joie spontanée qui illuminait les yeux de la jeune fille, il tapota affectueusement sa joue.
— Il aime voler autant que toi tu aimes faire du corinal d’après ce qu’on m’a dit, alors ne le fais pas attendre.
— C’est que je n’ai pas l’habitude de diriger un dragonnal, mon père a toujours refusé de m’en laisser monter un, sans lui pour le manœuvrer.
— Ton père a toujours été un papa-poule et un éternel inquiet dès qu’il s’agissait de toi. Je me rappelle le jour où je t’avais offert un petit corinal… tu étais encore haute comme trois pommes… ce jour-là, j’ai bien cru qu’il allait tout bonnement m’étrangler. Mais ne t’inquiète pas, Kro’Moo est un animal des plus intelligents et il est capable de trouver sa route tout seul comme un grand pour peu que tu lui indiques simplement dans quelle direction tu souhaites aller. Vas-y, va faire un tour… si Calem le permet naturellement.

Il aurait été difficile au jeune roi d’aller à l’encontre de son oncle et de sa future fiancée réunis, aussi se contenta-t-il d’approuver de la tête avec un sourire convenu. Là-dessus, Sali s’approcha de l’animal qui émit un petit bruit de gorge avant de tirer la langue pour lécher la main qu’elle lui tendait.
— Kro’Moo ? Je m’appelle Sali… tu veux bien de moi ?

Comme s’il avait compris, l’animal secoua la tête de haut en bas à plusieurs reprises puis ferma les yeux en laissant entendre une sorte de gros ronronnement guttural pendant que Sali lui frottait le bout du museau.
— Ça te dirait d’aller faire un tour au-dessus de la ville ?

Pour toute réponse, Kro’Moo se coucha très intelligemment sur le ventre pour que la jeune fille puisse aisément monter sur lui et, lorsqu’après s’être harnachée elle le sollicita pour prendre son envol, il s’élança dans le mauve du couchant et se mit à décrire de grands cercles autour de la capitale du duché. Les cheveux flottant dans le vent, Sali se sentit envahie par une ivresse débordante. Plus rien ne semblait exister qu’elle seule dans le ciel d’Édéna. Elle aurait voulu que son dragonnal puisse s’élancer tout droit dans l’éther afin de s’enfuir vers les espaces infinis de l’univers. Ce fut un moment magique. Mais il fallut bien revenir sur la terre ferme, ce qu’elle fit à contrecœur alors que l’obscurité commençait à recouvrir le pays.
À peine eut-elle mis le pied à terre qu’elle s’élançait vers Calem toujours debout aux côtés de son oncle.
— Il est magnifique, ne trouves-tu pas ?

Le roi fit oui de la tête.
— Mais promets-moi d’être prudente avec lui, ne put-il s’empêcher d’ajouter.

Nathil s’exclama.
— Ah non, mon garçon, tu ne vas pas te mettre à parler comme Tyendal, son père. Cela suffit. Sali est une grande personne capable de penser par elle-même et de prendre ses responsabilités. N’oublie pas que tu veux en faire la souveraine d’Édéna ! Ce n’est plus une enfant et je crois qu’elle a tout à fait la tête sur les épaules pour savoir ce qu’elle doit faire et ce qu’elle peut faire. Et j’espère que tu ne vas pas la transformer en une jeune femme triste et morose comme un petit oiseau qu’on a jeté dans une cage dorée, parce que sinon, je viendrai jusqu’à Édinu pour la délivrer !

Calem se mit à rire devant la remontrance si touchante de son oncle et prit Sali dans ses bras.
— Je vois que tu as un farouche défenseur de ta liberté. Non, mon oncle, rassurez-vous, je ne l’enfermerai pas dans une prison dorée et je veillerai moi-même à ce que les portes du palais restent toujours grandes ouvertes pour elle. Simplement, il me parait normal de me préoccuper d’elle.

Nathil tapota l’épaule du roi.
— Je te le concède Calem, mais pas trop tout de même. Sur ce, allons manger quoique, j’ai presque l’appétit coupé à l’idée que vous nous quittez demain. J’espère vous revoir très bientôt.
— Il faut bien que je reprenne en main les affaires du royaume… je n’ai que très peu confiance dans les talents de Taimi pour assurer l’intérim.
— Tu noircis le tableau, protesta le duc avec son indulgence coutumière, Taimi est encore un jeune homme mais c’est un garçon fiable et fidèle qui s’acquittera au mieux des tâches que tu voudras bien lui confier. Fais-lui confiance, tu ne le regretteras pas.


Le lendemain, le futur couple royal prenait à regret congé du duc et de la duchesse d’Aretia.
— Nous nous reverrons sous peu… il y a le bal des quarante jours qui est ta présentation officielle à tout le Royaume… dans dix jours si je ne m’abuse, puis les fiançailles et enfin le mariage, dit Nathil à Sali, mais ce ne sera pas pareil… il y aura tant de monde !
— On trouvera bien un moment pour bavarder ensemble, promit la jeune fille avec une fraicheur toute spontanée.
— J’y compte bien, déjà que les réceptions mondaines me font mourir d’ennui, si tu ne prends pas le temps pour bavarder avec ton vieux cousin Nathil, tu auras définitivement ma mort sur la conscience.

Sali se mit à rire et embrassa longuement le duc et la duchesse qui s’essuyait discrètement les yeux avec un joli mouchoir finement brodé.
Puis, sous le regard du vieux couple qui agitait les bras avec une touchante simplicité, le cortège prit l’air en direction de la côte nord pour quelques heures de farniente au soleil.


À grands éclats de rire, Sali éclaboussa son futur époux pour repousser son assaut avant de se retourner et de plonger dans une déferlante avec la souplesse et la grâce d’une sirène. Calem, qui n’eut pas le temps de l’imiter, sentit le tourbillon blanc le bousculer avant de le renverser pour le traîner presque jusqu’à la plage. Sali revint vers lui en sautant dans l’eau pour courir plus vite.
— Les vagues c’est pas ton truc on dirait, railla-t-elle comme il se relevait en toussant et crachant de l’eau.
— Euh non, j’avoue que je préfère me baigner dans un lac ou une rivière… d’abord l’eau n’est pas salée et il n’y a pas de vagues.

Sali le prit par la main et l’entraîna vers les serviettes qui attendaient à la lisière de la végétation à l’ombre des palmiers.
— Heureusement qu’il n’y a personne, commenta-t-elle en séchant sommairement ses cheveux. Je vois d’ici les journaux locaux : le roi Calem et la princesse Sali en maillots prenant un bain de soleil, sur une plage de la Côte Blanche.

Elle se laissa tomber sur la serviette après l’avoir soigneusement étalée sur le sable.
— C’est ça que j’appelle être libre, fit-elle dans un soupir de bien-être.
— Il ne s’en faut que des hommes qui veillent à ce que personne ne s’approche à moins de cinq cents mètres à la ronde.
— Tu as raison… pour l’intimité, on repassera.

Il l’imita en se mettant sur le flanc pour la contempler.
— Sali, tu crains de te sentir enfermée si tu deviens reine, c’est ça ?

La jeune fille fit une moue approbative. Calem se pencha vers elle et l’embrassa.
— Je te promets que tu pourras te promener autant que tu voudras s’il n’y a que ça pour te rendre heureuse.
— C’est vrai ? demanda-t-elle avec une naïveté touchante.
— Parole de roi.

Sali souleva sa poitrine dans une profonde inspiration avant de répondre en expirant.
— D’accord, je veux bien devenir ta reine.

En silence, Calem la prit dans ses bras et ils restèrent un long moment enlacés dans plus penser à rien d’autre qu’à déguster la félicité de l’instant.

Sali se sentait malgré tout heureuse d’être étendue là, sur le sable, aux côtés de Calem. Elle le regardait en souriant, détaillant du regard la régularité de ses traits fins, les maxillaires un peu saillants qui lui donnaient une expression de force rassurante, et les muscles qui sculptaient hardiment son torse. Un grand oiseau de mer passa en criant au-dessus de leur tête et se mit à tournoyer à l’aplomb des vagues.
— Je ne voudrais pas être le poisson qu’il est en train de pister, commenta Sali allongée sur le dos en protégeant ses yeux du soleil pour mieux observer son manège.

Calem se dressa à demi et s’efforça de prendre un air carnassier.
— C’est la loi de la jungle, ma petite, le plus fort mange le plus faible. Miam !

Il imita devant son visage la patte d’un félin en train de déchiqueter sa proie. Elle rit doucement.
— C’est ainsi que vous me voyez, Votre Majesté ? Comme une proie à croquer ?

Calem fit ballotter sa tête plusieurs fois en murmurant longuement.
— Mmm…
— Que signifie ce hum ? N’auriez-vous pas le courage de vous prononcer sur le sujet, sire ?

L’éclat bleu, légèrement moqueur, des yeux de la jeune fille était éblouissant et d’une rare pureté. Il évoquait l’azur d’un petit lac dans lequel on avait envie de se noyer.
— C’est que, je te vois venir, dit Calem. Si j’acquiesce, tu vas crier au scandale et au machisme.
— Et si tu n’acquiesces pas ?
— Tu vas me sortir quelque chose comme : « Oh, c’est dommage… j’aurais tant voulu être ta jolie petite proie pour que tu me mange toute crue ».
— Cruel dilemme, susurra Sali en prenant une grosse voix humoristique. Comment va donc s’en sortir le jeune et beau roi d’Edéna ? Vous le saurez en regardant le prochain épisode des aventures de Sali et Calem à la plage !

Ils se mirent à rire fortement.
— De toute façon, dans les deux cas, je perds, finit-il par conclure, les femmes sont machiavéliques !

Il se tenait allongé sur le flanc au-dessus d’elle, le coude sur la serviette et l’avant-bras dressé vers le ciel, menton posé dans le creux de sa main.
— On t’a déjà dit que tu ressemblais à un ange ?
— Mmm… je ne me rappelle pas… mais maintenant que tu l’as dit…

L’air de rien, il dessinait du bout des doigts de sa main libre d’invisibles figures géométriques sur sa peau bronzée, effleurant son corps entre le bas et le haut de son maillot, tournant autour de ses seins avant de redescendre pour recommencer. Sali fermait les yeux sous la tendre caresse.
— Il faudrait qu’un tel moment ne finisse jamais, murmura-t-elle avec sur les lèvres un rayon d’extase qui le disputait à l’éclat du soleil.
— Tu te rappelles, quand nous étions enfants, nous voulions nous transformer pour nous échapper de nos parents… te rappelles-tu en quoi nous voulions le faire ?

Sali fronça les sourcils pour rassembler ses souvenirs.
— Non, avoua-t-elle au bout d’un instant, je ne m’en souviens pas.
— Ah bon, fit Calem avec une légère moue de dépit. Pourtant, moi, je m’en rappelle comme si c’était hier. Nous étions allongés dans l’herbe au bord d’une petite rivière et nos parents partageaient un pique-nique un peu plus loin… c’est d’ailleurs la dernière fois que nous nous sommes vus, enfants, ajouta-t-il avec une pointe de nostalgie dans la voix. Après ma mère est morte et plus rien n’a été comme avant.

Il y eut un instant de silence durant lequel Sali fit un travail de mémoire qui resta vain.
— Non, je suis désolée, je n’en ai pas le moindre souvenir. En quoi voulions-nous nous transformer ?

Calem cessa ses caresses et se rallongea sur le dos en croisant les bras derrière sa nuque.
— Si tu ne t’en rappelles pas, inutile que je te le dise.

Sali tourna son visage vers lui.
— Oh, Calem, tu ne vas pas bouder parce que ma mémoire me joue des tours ? Vas-y, dis-moi !
— Non, persévéra le jeune homme. Je ne te le dirais que lorsque nous aurons fait l’amour tous les deux… lors de notre nuit de noce !

Sali se pencha à son tour au-dessus de lui.
— C’est quelque chose qu’on peut arranger, là, tout de suite si tu y tiens ?
— Non, non… la coutume veut que le roi ne connaisse sa reine qu’après les épousailles.
— Tu n’as pas envie de moi ? persiffla Sali en se rapprochant jusqu’à effleurer les lèvres de son futur fiancé avec sa bouche.

Il ne bougea pas, malgré le désir qu’il sentait monter en lui.
— Si, souffla-t-il, mais je saurais me faire violence pour attendre.

La princesse fit à son tour une moue de dépit et tordit sa bouche en se recouchant sur le dos avant de croiser les bras sur sa poitrine.
— Tant pis pour toi… tu ne sais pas ce que tu perds.

Un cri strident déchira l’air et le grand oiseau blanc plongea dans l’écume en disparaissant totalement dans la mer, avant d’en émerger, battre des ailes et reprendre son vol un gros poisson dans son bec.
— En voilà un qui a su trouver sa proie, commenta Sali d’un petit air pincé.
— Pour le meilleur… et pour le pire, compléta Calem sentencieusement.


Le soleil commençait à décliner lorsque le futur couple royal reprit à contrecœur le chemin du retour. Soudain, Calem décida d’effectuer une halte pour rendre visite à un vieil ami de son père qui vivait dans les environs.
— Il y a un vieil ami de mon père qui vit non loin d’ici, expliqua le jeune homme, il a perdu sa femme il y a quatre ou cinq ans. Mon oncle m’a dit qu’il court une rumeur comme quoi il aurait retrouvé une compagne, jeune et très belle, blonde comme toi…
— Et tu es curieux de savoir à quoi elle ressemble, compléta Sali en riant. C’est pas bien d’être curieux comme ça, une femme ce n’est pas une bête curieuse.
— Évidemment non, acquiesça Calem avec un sourire en coin, et puis elle ne peux pas être aussi belle que toi.
— Alors, pourquoi tu veux la voir ?
— Pour en être sûr.
Devant l’air moqueur du roi, Sali ne put s’empêcher de lui donner un coup de poing sur l’épaule.
— Ça, tu me le paieras !
Il l’embrassa.
— Je plaisantais… personne ne t’arrive à la cheville mon coeur.

Le cortège fut donc détourné vers les plaines d’Aretia en direction d’une propriété qui resplendissait au milieu d’un grand parc.
*
* *

Sa longue natte blonde ondulant dans le vent, Iella menait grand train sans ménager sa monture qui ne demandait qu’à donner la pleine puissance de ses muscles. Courir était la première nature du corinal et il pouvait tenir la distance et la vitesse de façon impressionnante.
Cela faisait à peine une semaine que Iella avait été vendue comme esclave mais pour elle, cela représentait déjà une vie. Sa seule consolation était la relative liberté dont elle jouissait mais qui avait ses limites : celles de la propriété de son Excellence Phileo Gau’Am-Soor !
À son passage en bordure des immense champs de bafia, une plante si fragile qu’elle ne pouvait être récoltée qu’à la main avec d’infinies précautions, les esclaves qui travaillaient levèrent les mains vers elle pour la saluer. Sa popularité toute récente, remontait à trois jours à peine.
Elle se trouvait à présent sur une petite colline d’où elle pouvait observer la plaine cultivée et au loin, la grande tache verte formée par le domaine entouré d’arbres. C’est là-bas qu’elle venait de passer sa première semaine de captivité en tant qu’esclave. Les souvenirs de ces sept jours remontèrent à sa mémoire.


Elle se rappela la soirée glaciale du soir où elle avait été vendue tel un animal de compagnie. La froideur de madame Xavia et les regards inquisiteurs des invités de monsieur Gau’Am-Soor qui ne se gênaient pas pour la dévisager avec insistance comme on le ferait avec une bête curieuse. Iella aurait voulu pouvoir se recroqueviller dans une coquille comme un escargot craintif, mais rien ne lui permit d’échapper à cette ambiance et elle dut se faire violence pour ne pas céder aux larmes qui menaçaient d’exploser à tout moment en grosses cascades déferlant le long de ses joues empourprées. Serrant les dents, elle tint bon jusqu’au moment où, les invités étant partis, il fallut qu’elle se rende dans la chambre du « maître » suivie par Adrea et ce, pendant que son Excellence montait par l’ascenseur qui lui était réservé. La gouvernante lui choisit une chemise de nuit légère qu’elle dut enfiler devant elle et le vieil homme, supportant cette nouvelle humiliation sans rien montrer. Puis madame Xavia montra à la jeune fille ce qui lui incomberait de faire désormais toute seule, à savoir assister son maître pour le bain puis pour le coucher. Enfin, celle que Iella se complaisait déjà à surnommer « la virago » dans sa tête, se retira pour les laisser seuls.

La jeune fille se coucha, en proie aux plus vives craintes et à une peur incontrôlée de ne pouvoir en supporter davantage. Elle sentait le regard du vieil homme tourné vers elle et se contenta de fixer le plafond en essayant de réprimer de légers tremblements involontaires.
— Tu as froid ? demanda-t-il soudainement dans le silence de la nuit.

Iella fit non de la tête.
— Tu as peur de moi ? De ce que je pourrais te faire… ou te demander de faire ? insista-t-il d’une voix étonnamment douce.

Elle ne bougea pas. Gau reprit.
— Évidemment, je te comprends… une jeune fille, un vieil homme, infirme de surcroît… ce n’est pas très… élégant.

Comme elle ne disait toujours rien, il continua.
— Tu sais ma petite Iella, j’ai perdu mon épouse il y a quatre ans. Elle a été l’autre moitié de moi-même durant cinquante années d'un profond bonheur. Lorsqu’elle m’a quitté, j’ai tout perdu… on ne peut pas vivre à moitié n’est-ce pas ? Et puis, j’ai survécu malgré moi, tant bien que mal, mais son absence me pesait tellement que j’ai voulu essayer de la remplacer… ou du moins, de combler le vide qu’elle laissait autour de moi.

Il lâcha un petit rire gêné.
— Ça doit te paraître bête ou obscène de vieilles personnes amoureuses comme des adolescents… c’est pourtant ce que nous étions encore, juste avant sa mort.

Cette fois-ci, Iella, touchée par la douceur inattendue de cet homme qui n’avait pas lâché plus de trois mots d’affilée durant la journée, laissa échapper timidement.
— Non… je trouve cela émouvant.

Elle sentit des doigts tremblotants effleurer sa joue délicatement.
— Tu es bien compréhensive avec un homme qui t’a achetée comme on achète un chien ou un meuble. C’est très compatissant de ta part.
— J’espère pouvoir vivre pareil amour moi aussi, avoua-t-elle en notant intérieurement sa propre contradiction puisqu’elle souhaitait se destiner au Temple il y avait encore quelques jours de cela.
— Pourquoi pas ? Tu es si jeune et moi si vieux… si tu me sers bien, je prendrai des dispositions pour que tu sois affranchie à ma mort… qui ne saurait trop tarder hein ? Ensuite tu finiras bien par rencontrer l’amour de ta vie, j’en suis certain.

Il lui adressa un clin d’œil qu’elle ressentit plutôt qu’elle ne le vit.
— Comment était Renatia ? demanda Iella sans trop savoir pourquoi elle relançait une conversation qu’il y avait à peine quelques minutes, elle redoutait tant.
— Renatia ? répéta le vieil homme d’une voix qui laissait transparaître une émotion encore vive, tu l’appelles par son prénom ? J’en suis très heureux… oui, très heureux… Ici les gens ne disent pudiquement que « Madame », et encore… ils évitent soigneusement d’en parler… C’était une femme très belle, presque aussi belle que toi, douce et pleine de vie… amusante aussi et très câline… elle avait les mêmes cheveux que toi… Elle donnait à cette maison un perpétuel air de fête, chantonnant à toute heure du jour… rien à voir avec cette virago de madame Xavia.

Iella ne put s’empêcher de pouffer.
— Ai-je dit quelque chose de drôle ? interrogea Gau avec lui aussi un léger sourire.
— C’est votre mot… virago… c’est comme ça que je l’ai baptisée dans ma tête.

Ils se mirent à rire tous les deux comme deux écoliers qui disent du mal de leur maîtresse en cachette.
— Je ne devrais sans doute pas poser la question, mais… comment votre femme vous a-t-elle quitté ?
— Tu es la première qui s’intéresse à elle depuis si longtemps… on ne me parle jamais d’elle. Les gens doivent croire bien faire en cela alors que c’est tout le contraire, j’aimerais qu’on me parle d’elle tous les jours ! Elle est tombée malade un beau matin et aucun médecin n’a pu la sauver. Elle est morte dans mes bras… je sens encore son odeur quand je ferme les yeux.

Il réprima un sanglot et Iella sentit son cœur se serrer.
— Je crois qu’il vaut mieux ne plus parler de choses tristes pour le moment, reprit le vieil homme, elles m’empêchent de dormir et ce soir, je me sens bien de te savoir à mes côtés. Ta présence seule suffit à me réconforter… je n’en demande pas plus. Bonne nuit Iella.
— Bonne nuit votre Excellence.
— Appelle-moi Phileo, je t’en prie, petite Iella.
— Mais madame Xavia…
— Oublie ce qu’Adrea t’a dit, ce n’est pas elle qui commande… même si parfois elle le voudrait bien !

Gau’Am-Soor n’avait plus dit un mot par la suite mais il avait été long à trouver le sommeil et Iella s’endormit la première sous son regard.


La jeune fille avait très vite apprivoisé son maître par ses attentions soutenues et sa gentillesse naturelle, à tel point que madame Xavia se mit à considérer d’un mauvais œil la relation de sympathie profonde qui s’installait à l’évidence entre son Excellence et son esclave. Elle commença à craindre que cette dernière ne prenne un ascendant trop grand sur le vieil homme, que la gouvernante estimait finalement trop vulnérable à ses charmes. Mais quelque part, il était trop tard pour se débarrasser d’elle. Au bout d’à peine trois jours, Gau’Am-Soor paraissait déjà transformé et se montrait plus loquace qu’avant, comme du temps « de Madame ». Il riait plus volontiers devant la gaité de Iella et autorisa cette dernière à de longues escapades en corinal dans l’immensité de sa propriété. Son Excellence possédait de superbes spécimens qu’il avait montés avec passion du temps où il était plus jeune. C’est d’ailleurs suite à une chute de corinal qu’il avait perdu l’usage de ses jambes. Son épouse ne s’en était jamais vraiment remise.

Le quatrième jour, Iella lisait tranquillement allongée au soleil dans un hamac installé entre deux piliers, sur le bord de la terrasse qui courait le long de la demeure. La bibliothèque de Gau’Am-Soor regorgeait de splendides livres que plus personne ne lisait depuis la mort de Renatia et la jeune fille avait demandé la permission d’en choisir un. Naturellement, Madame Xavia avait tout d’abord refusé, arguant du fait que chacun d’eux valait une petite fortune et que l’esclave de Monsieur n’avait pas besoin de lire pour remplir ses fonctions. Sans se démonter, Iella en avait parlé le soir venu à Son Excellence dans le calme de la chambre à coucher, et avait immédiatement obtenu la permission d’en prendre autant qu’elle en souhaiterait.
La gouvernante marqua le coup sans rien dire, mais ses lèvres pincées n’en furent que plus éloquentes. Non, vraiment, la façon dont cette fille prenait progressivement de l’importance dans la maison, ne lui convenait pas du tout ! Elle se promit de la tenir à l’œil, et de guetter la moindre faute répréhensible pour la rabaisser au rang qui était le sien : celui d’esclave.
L’occasion s’en présenta le jour précisément où Iella lisait confortablement installée dans son hamac, en maillot de bain, au grand dam d’Adrea qui ne pouvait rien dire, Son Excellence s’étant favorablement prononcé sur le port de cette tenue lorsque Iella le souhaiterait. C’était d’ailleurs avec un plaisir non dissimulé qu’il la voyait déambulerr ainsi dans la maison les jours de chaleur.
Ania’Tollia était une petite twi’lek de onze ans, esclave née d’un couple d’esclaves travaillant pour Son Excellence. Le travail des champs étant encore trop pénible pour elle, Ania faisait partie de la domesticité sur laquelle régnait sans partage madame Xavia.
Cet après-midi-là, Adrea se reposait sur un rocking-chair d’osier blanc, sur la terrasse, non loin de l’endroit où lisait Iella. Le silence régnait car bien entendu, il n’était pas question pour elle de faire la conversation à une esclave. Soudain, la gouvernante agita une petite clochette d’un geste impératif et la petite Alia s’était empressée de montrer sa frimousse rose aux joues parsemées de petites taches rose foncé. elle avait demandé après avoir fait une rapide révérence.
— Oui, Madame ?
— Ania, du thé et vite !

La petite était partie aussitôt à l’intérieur de la maison et quelques minutes s’écoulèrent. Le temps devait s’écouler plus lentement pour Madame Xavia que pour toute autre personne, car au bout de seulement trois courtes minutes, elle se leva d’un mouvement impatient en grommelant.
— Mais que fiche donc cette petite fainéante ? Il ne faut pas si longtemps pour préparer du thé tout de même.
Iella avait distraitement allongé le cou pour regarder dans sa direction avec un petit sourire en coin. Décidément, la virago était une personne exécrable.

La gouvernante pénétra d’un pas brusque dans le salon qui ouvrait sur la terrasse au moment précis où la petite twi’lek arrivait avec le plateau, et entra en collision avec cette dernière. Malgré la dextérité de l’enfant, le thé qui se trouvait dans une grande tasse évasée déborda sous le mouvement qu’elle fit, et quelques gouttes tombèrent sur le tapis. Aussitôt madame Xavia se mit à hurler.
— Maladroite ! Un tapis tout propre !

Ania leva un regard désespéré vers l’immense gouvernante dont les yeux en fureur laissaient présager une sanction immédiate. La petite se mit à trembler comme Adrea levait la vers au-dessus de son visage, et recula instinctivement pour se protéger de la gifle. Dans son mouvement, elle bouscula un guéridon sur lequel reposait un vase ancien d’une grande valeur qui tomba et se brisa sur le sol.
— Non ! cria la gouvernante, le vase Hintua de Madame ! Monstre ! Sale petite garce, tu vas me payer ça ! Paar ! appela-t-elle proche de l’hystérie en prenant des mains le plateau de la petite domestique pour le poser sur une table. Paar !

Le colosse arriva presqu’aussitôt avec, enroulé à sa ceinture, le fameux fouet électrique qui terrorisait les esclaves du domaine et dont il ne se séparait jamais.
— Le fouet pour cette misérable vermine ! ordonna madame Xavia.

Avec un sourire presque sadique, il détacha la lanière et la leva vers la jeune twi’lek apeurée. Au même moment, Iella, alertée par les cris d’orfraie de la virago, entra à son tour dans la pièce et jaugea en un clin d’œil la situation.
— Qu’est-ce que vous faites ! demanda-t-elle d’une voix qui claqua. Vous n’allez pas fouetter cette fillette tout de même ?

La gouvernante tourna vers elle un visage rouge de colère comme si la jeune fille venait de commettre un acte de lèse-majesté.
— De quel droit venez-vous interférer dans mes affaires, esclave ? Retournez à votre lecture ou je vous fais donner le fouet à vous aussi ! Non, mais pour qui vous prenez-vous ?

Iella n’en fit rien mais au contraire, se rapprocha de la twi’lek auprès de qui elle s’agenouilla avant de la prendre dans ses bras comme une mère protégeant son enfant.
— Je vous interdis de toucher Ania ! siffla-t-elle en mitraillant la gouvernante des yeux. Si vous voulez fouetter quelqu’un, faites-le sur moi !

Adrea Xavia en resta un instant interloquée de tant d’insolence. Elle était si rouge qu’on pouvait craindre qu’elle eût une attaque. C’est en bafouillant, qu’elle reprit.
— Écartez-vous… de cette… misérable créature !
— Jamais, lança Iella en resserrant son étreinte autour de la petite twi’lek.
— Vous l’aurez voulu ! fulmina la gouvernante. Paar, fouette-là !

Le colosse hésita un instant malgré l’ordre reçu. C’est qu’il s’agissait quand même de la compagne de son Excellence et les rapports qu’ils entretenaient l’un avec l’autre ne lui avaient pas échappé.
— Fouette-la, répéta Xavia au comble de l’exaspération en frappant le sol d’un pied, ce n’est qu’une simple esclave elle aussi ! Je te l’ordonne !

Le noir céda. Le fouet s’abattit sur les épaules de Iella en lui arrachant un cri de douleur. Quelques larmes montèrent à ses yeux cependant que l’onde électrique semblait lui dévorer les chairs. Mais elle ne bougea pas et au contraire, se tourna un peu plus vers l’enfant, présentant son dos nu à la morsure du prochain coup.
— Recommence ! ordonna la gouvernante au noir de plus en plus hésitant.

Il considéra un instant la superbe silhouette de Iella, recroquevillée autour de l’enfant qui pleurait contre sa poitrine et releva comme à regret le fouet. C’est que même si la lanière n’abimait pas la chair comme un fouet classique, il avait peur de la réaction du Maître.
Il avait raison car au même moment, une voix sèche et impérative tonna à l’entrée de la pièce.
— Arrêtez immédiatement ! Cela suffit ! Laissez-les toutes les deux !

La gouvernante et le colosse se retournèrent vers Gau’Am-Soor et la première protesta vivement.
— Mais votre Excellence, cette petite maladroite a brisé le vase Hintua de votre mère !
— Qu’est-ce que cela peut vous faire ? riposta le vieil homme, il n’était pas à vous que je sache ! Je vous interdis à tout jamais de lever la main sur ma petite Iella sous quelque prétexte que ce soit ! M’entendez-vous ? Et d’abord, je ne l’ai jamais aimé ce vase !

Dans son emportement, il s’était soulevé à la force des bras sur son fauteuil avant d’être pris d’une violente quinte de toux qui le fit retomber dans son siège. Lâchant la petite, Iella se précipita vers lui pour venir à son aide.
— Allons, calmez-vous Phileo, respirez profondément, lui dit-elle en lui tapotant le dos, là, ça va mieux ?

Le vieil homme prit sa main dans les siennes.
— Oui, Iella, ça va mieux. Je suis désolé de tout ça, je n’ai jamais voulu…
— Non, c’est moi qui suis désolée, je n’ai pas su garder la place qui était la mienne… mais je m’insurge contre le traitement réservé à cette enfant pour une simple maladresse, d’ailleurs provoquée par madame Xavia.

Cette dernière s’indigna en s’empourprant de nouveau.
— Petite effrontée, voilà qu’elle remet ça ! Vous n’allez pas supporter cela, Excellence ?

Le vieil homme les regarda tous les quatre et fit signe à la petite twi’lek de sortir, ce que cette dernière fit sans demander son reste.
— Puisque nous sommes tous réunis, je vais mettre les choses au clair. Dorénavant, vous considérerez Iella comme ma compagne au même titre que si elle était mon épouse !

Adrea Xavia se cabra, bouche bée. Son visage tourna à l’écarlate comme si elle allait faire une attaque. Phileo poursuivit comme si de rien n’était.
— Désormais, Iella sera votre nouvelle maîtresse de maison et vous la respecterez et lui obéirez en tant que telle, suis-je assez clair ? M’avez-vous bien compris tous les deux ? Vous donnerez les ordres en conséquence à toute la domesticité, à tous les esclaves et employés du domaine. Chacun l’appellera « mademoiselle Iella » !

Paar inclina respectueusement la tête et murmura à l’intention de la nouvelle maîtresse.
— Je vous demande pardon pour le coup de fouet, mademoiselle Iella.
— Je vous pardonne, Paar, répondit gentiment la jeune fille, s’attirant en retour un sourire reconnaissant du colosse.
— Quelque chose à rajouter madame Xavia ? interrogea Gau avec un sourire satisfait.

La gouvernante bafouilla quelque chose d’inintelligible du bout de ses lèvres tremblantes.
— Nous sommes donc d’accord, en conclut son Excellence en levant le visage vers sa jeune compagne. Viens, Iella, allons sur la terrasse. Madame Xavia, vous nous servirez le thé vous-même !


Adrea Xavia en prit son parti et ses relations avec Iella se détendirent autant que son caractère revêche le permettait. De son côté, la jeune fille mit diplomatiquement du sien et évita d’empiéter sur les prérogatives de la gouvernante pour ne pas la froisser. Les esclaves et les employés du domaine apprirent très vite comment la nouvelle jeune maîtresse avait eu le courage de protéger l'enfant, et chacun sut lui exprimer à sa manière une reconnaissance simple et sincère.


Du haut de la colline où Iella venait de laisser ses souvenirs vagabonder, elle vit arriver au loin un étrange cortège. Deux breeay mantas et plusieurs dragonnaux qui passaient au loin, venaient visiblement d’effectuer un grand virage pour se diriger tout droit vers le domaine de Gau’Am-Soor. L’angle prononcé de leur pente de descente indiquaient à l’évidence qu’ils avaient l’intention de se poser. Qui donc pouvaient bien être ces intrus ? Iella laissa échapper une moue : elle n’aimait pas les invités et leurs préjugés. Pour eux, elle restait la jolie esclave qui servait de jouet au vieil homme et elle était certaine qu’ils imaginaient les pires choses se passer entre elle et « son Excellence ».
Sans bouger, elle observa le cortège atterrir non loin de la grande bâtisse et un groupe de personnes, trop loin pour qu’elle puisse les distinguer, en sortir pour se diriger vers l’intérieur, quelques-unes restant près des animaux comme pour les garder.
Caressant légèrement des talons les flancs de sa monture, elle entreprit de descendre la colline au pas, en prenant tout son temps. Après tout, elle n’était pas pressée d’arriver.



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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 03 Mar 2013 - 13:15   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Ah tiens, tes deux princesses vont se rencontrer, ça fait plaisir =)

Alors d'abord, une chose : c'est Darth ou Dark, mais pas les deux, hein :transpire: Tu as utilisé Darth précédemment... Toujours concernant le passage Sith, la temporalité déboussole un peu le lecteur imprudent, fais gaffe à ce que le moment de la conversation et celui où le maître attend soient clairement définis.

Ensuite, passage détente entre non-amoureux^^ C'est un peu triste, quelque part, parce qu'on voit bien qu'ils s'apprécient beaucoup néanmoins, presque assez pour se marier... C'était plaisant, forcément, mais j'ai trouvé qu'il manquait quelque chose par rapport aux passages du même acabit dans le Tome I, un brin de développement, un style un peu moins sec, j'ai l'impression que tu n'étais pas super à l'aise, pour une fois.

Enfin, le coup d'État de Sali chez le vieux est bien sûr agréable à lire^^ Mais là encore, un tout petit peu plus de développement aurait rendu le passage encore plus poignant :)

Bref, c'est perfectible, mais c'est bien !

personnalités que Calem connaît déjà, bien entendu, pour la grande majorité d’entre eux.


Elles ? :?

La réception fut agréablement chaleureuse et familiale, et tout le monde fut très prévenant avec Sali.


Virer le second "et" serait peut-être plus élégant ?

En disant ces mots, le vieux duc ne savait pas combien il se trompait.


Tu gagnerais en subtilité en retirant cette phrase, ça gâche un peu l'ironie que trouve le lecteur, je trouve.

Elle a été l’autre moitié de moi-même durant cinquante années de profond bonheur absolu.


Profond bonheur absolu, je trouve ça un peu bourrin comme formulation^^ "D'un bonheur profond et absolu" ? Je trouve que laisser les trois ensemble fait assez lourd...

La jeune fille avait très vite apprivoisé son maître par ses attentions soutenues et sa gentillesse naturelle à tel point que madame Xavia se mit à considérer d’un mauvais œil la relation de sympathie profonde qui s’installait à l’évidence entre son Excellence et son esclave.


Sauf à vouloir la mort par asphyxie de tes lecteurs, une virgule ne serait pas superflue :paf:

Il riait plus volontiers devant la gaité de Iella


On écrit pas gaieté ? :?

Son Excellence possédait de superbes spécimens qu’il avait montés avec passion du temps où il était plus jeune.


Je ne ferai aucun commentaire :o
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Messagepar Hiivsha » Dim 03 Mar 2013 - 13:45   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Toujours des petits détails très intéressants :jap:

Pour Darth/Dark => je viens de faire un rechercher/remplacer dans le fichier Word mais pas dans tous les textes du forum :neutre: pour mettre dorénavant Dark vu que c'est le plus souvent employé dans la littérature SW.

Pour la temporalité du début entre les deux Sith, j'ai fait 2 choses : passé le premier passage au plus-que-parfait pour indiquer son éloignement de l'action principale, et mis une phrase de transition plus explicite au début du paragraphe final.

Sur les deux "développements" un peu courts, c'est marrant, justement, j'avais pas osé m'y attarder trop pour éviter d'alourdir l'histoire car ces moments sont secondaires dans la trame générale contrairement à l'histoire d'amour entre Isil et Hiivsha :love: du tome 1 qui est censée faire partie du fil rouge des différents tomes et qu'il convenait donc d'exploiter au mieux. L'histoire entre Sali et Calem est distillée au fil des chapitres - y'aura donc d'autres passages sur ce thème - ce qui fait que j'avais un peu peur de m'étendre un peu trop mièvrement - si je puis dire - sur cette plage. Celle entre Iella et le vieux Gau fait juste partie d'une "articulation" de l'histoire propre à ce chapitre. Peut-être qu'à la fin du livre ils pourront se revoir ? Je ne sais pas encore... :)

Mais, ça m'intéresse quand même : tu aurais vu quoi de plus niveau histoire dans ce que tu appelles "le coup d'état de Iella" ?

J'ai corrigé le reste puisque tes propositions me plaisent... sauf "gaîté", puisque les deux orthographes sont admises, même si "gaîté" est qualifiée de "vieilli" par le Larousse... ne suis-je pas presque un dinosaure ? :diable:
Hiivsha
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 03 Mar 2013 - 16:29   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Sur les deux "développements" un peu courts, c'est marrant, justement, j'avais pas osé m'y attarder trop pour éviter d'alourdir l'histoire car ces moments sont secondaires dans la trame générale contrairement à l'histoire d'amour entre Isil et Hiivsha :love: du tome 1 qui est censée faire partie du fil rouge des différents tomes et qu'il convenait donc d'exploiter au mieux. L'histoire entre Sali et Calem est distillée au fil des chapitres - y'aura donc d'autres passages sur ce thème - ce qui fait que j'avais un peu peur de m'étendre un peu trop mièvrement - si je puis dire - sur cette plage.


Mouais. Pour moi, à partir du moment où tu choisis de mettre un passage, secondaire ou non, il faut le développer suffisamment pour y immerger le lecteur ; un passage court peu intéressant prend plus de place qu'un long passage apprécié, quand bien même celui-ci n'apporte pas grand chose à l'histoire.

Et puis, ne sous-estime pas les passages secondaires, vraiment : leur présence donne un tour moins artificiel à l'histoire, et ils l'humanisent.

Mais, ça m'intéresse quand même : tu aurais vu quoi de plus niveau histoire dans ce que tu appelles "le coup d'état de Iella" ?


Je parlais de développement dans le style, que j'ai trouvé là aussi un peu sec :wink:
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Messagepar Hiivsha » Dim 03 Mar 2013 - 22:05   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Bon, j'ai totalement réécrit le passage à la plage en ajoutant une anecdote que j'avais oublié d'incorporer.
Est-ce que, pour cette partie, ça va dans ton sens ? :idea:

(Je me penche sur le "coup d'état" de Iella maintenant !)

[EDIT]J'ai également retouché la partie de l'incident avec l'enfant twi'lek et l'intervention de Iella[/EDIT]


PS : je n'ai pas relu la deuxième modif :whistle:
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Messagepar Hiivsha » Sam 09 Mar 2013 - 15:10   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Un chapitre plus court que les précédents (14 pages A5) parce qu'initialement faisant partie du 10 "Escapade en amoureux". Cependant, le résultat était si long (plus de 30 pages) que j'ai décidé de le couper en deux, ce qui fait donc la suite logique du précédent.

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11 - Quand Sali rencontre Iella



Calem et Sali descendirent de la cabine de la première breeay manta qui leur était réservée. La princesse jeta un coup d’œil vers Kro’Moo que montait l’un des gardes avant d’examiner les alentours.
— C’est calme et paisible ici, observa-t-elle. Tu dis que cet ami est âgé ?
— Phileo Gau doit bien avoir soixante-dix ans et il est infirme. Je crois qu'ils étaient mariés depuis presque cinquante ans quand son épouse est décédée.
— Le pauvre, c’est bien triste d’être séparés après avoir vécu tant de temps ensemble. Mieux vaut mourir tous les deux en même temps ne crois-tu pas ?
— Sans doute, Sali. Allons-y.

Calem sourit à sa promise et l’embrassa sur le front avant de l’entraîner vers la demeure. La princesse d’Austra arrangea soigneusement la longue natte qui pendait à l’arrière de sa tête et accepta le bras de son futur fiancé pour le suivre. En haut du perron attendait madame Xavia et sa mine austère. Comme elle les observait se rapprochant, sa figure devint blanche comme un linge. Ses yeux ne parvenaient plus à se détacher du visage de Sali alors même qu’elle s’adressait au roi.
— Sire, quelle surprise, fit-elle en s’inclinant devant leurs majestés, monsieur Gau’Am-Soor ne vous attendait pas.
— Non, j’ai décidé de lui faire la surprise de ma visite alors que nous regagnions Édinu après être passés chez mon oncle à Aretia. J’espère que nous ne sommes pas importuns ?
— Oh non, Sire, son Excellence se prépare pour vous accueillir.
— Voici la princesse d’Austra, Sali, ma fiancée… enfin, qui le sera officiellement bientôt, présenta courtoisement Calem.
— Soyez la bienvenue sur ces terres, votre Altesse, répondit la gouvernante sans pouvoir la quitter du regard.

Avec effort, elle s’effaça pour les laisser entrer et les guida jusque dans le grand salon de réception.
— Si vous voulez bien patienter quelques minutes, son Excellence ne va pas tarder.

Puis elle s’éclipsa les laissant seuls au milieu de la pièce.
— Ces tableaux sont magnifiques, commenta Sali pour rompre le silence.
— Oui, répondit Calem d’un ton distrait, madame Xavia m’a paru bien étrange…
— J’ai remarqué aussi, elle était pâle, comme si elle était malade.
— Ou comme quelqu’un qui a vu un fantôme, plaisanta le roi.

Sali se mit à rire délicieusement.
— Ne soit pas bête Calem, les fantômes ça n’existe pas.

Le jeune homme rit à son tour.
— Détrompe-toi ! J’ai un lointain oncle du côté de ma mère qui habite dans un château hanté.
— Tu es sérieux ?
— Absolument. Il faudra qu’un jour je t’y emmène. C’est un homme très haut en couleurs et tu l’aimeras dès que tu…

Calem s’interrompit car une silhouette s’était profilée sur le seuil de la grande pièce : c’était Phileo Gau’Am-Soor dans son fauteuil anti-gravité.
— Phileo, comment vous portez-vous ? s’écria le monarque qui avança vers lui en ouvrant ses bras.

Le vieil homme paraissait faire un effort pour apercevoir la jeune fille qui se tenait derrière le roi et que ce dernier lui masquait, penchant sa tête sur la droite puis sur la gauche. Madame Xavia apparut à son tour derrière le fauteuil, toujours aussi pâle. Phileo serra distraitement la main que le monarque lui avait tendue, attendant visiblement que ce dernier fasse les présentations d’usage. Alors que Sali s’avançait, toujours dans le dos du roi, celui-ci s’écarta et dit.
— Phileo, je vous présente la princesse Sali d’Austra qui va très bientôt me faire l’honneur de devenir ma fiancée, puis ma femme.

Pour le coup, ce fut au vieil homme de devenir blafard a tel point qu’on aurait pu croire qu’il était victime d’une attaque. Calem s’inquiéta.
— Mais qu’y a-t-il cher ami, vous ne vous sentez pas bien ?

La main tremblante de son Excellence prit celle que la jeune fille lui tendit avec un sourire charmant.
— Je suis enchantée de faire votre connaissance, Phileo… vous permettez que je vous appelle également Phileo, n’est-ce pas ?

Le pauvre vieillard semblait ne plus savoir où il était et essaya de balbutier quelque chose sans lâcher la main de la princesse.
— Vous… vous… bégaya-t-il, vous êtes…

Calem intervint et regarda Adrea avec préoccupation.
— Il n’a pas l’air bien… vous non plus d’ailleurs, je n’aime pas ça.

La dernière remarque sembla donner un coup de fouet à la gouvernante qui fit papilloter ses paupières comme s’il elle sortait d’un sommeil hypnotique prolongé.
— Veuillez me pardonner, votre Altesse, c’est que mademoiselle est si… si…

Comme elle ne finissait pas sa phrase, semblant chercher en vain les mots nécessaires pour l’achever, Calem se tourna vers Sali et leurs regards se croisèrent. Cette dernière haussa les sourcils avec une légère mimique perplexe et en réponse, le jeune homme haussa les épaules.

Ce fut une intervention extérieure qui mit fin à cette situation ubuesque en la personne d’une jeune fille qui pénétra dans la pièce par l’une des portes-fenêtres donnant sur le jardin, un stick à la main.
— Pardonnez mon retard, mais j’étais sur la colline lorsque j’ai vu vos animaux se poser et…

Plusieurs exclamations s’ensuivirent de façon quasi simultanée. Elles eurent pour origine, Calem, Sali et Iella qui à leur tour demeurèrent bouche-bée.
Cette dernière reprit néanmoins rapidement son sang-froid et effectua une profonde et parfaite révérence.
— Je vous prie de m’excuser, Sire, je n’avais pas prêté attention aux armoiries qui doivent très certainement orner vos montures.

Courbée en deux, une jambe pliée en arrière du corps, elle attendait visiblement que son maître la présente aux deux visiteurs. Pourtant, ce fut le monarque qui rompit le silence.
— Pour une surprise… vous êtes… mon dieu… le portrait tout craché de Sali… je vous en prie, redressez-vous pour que je puisse mieux vous contempler.

Iella obtempéra avec un sourire presque énigmatique comme si une arrière-pensée la bousculait. Calem regarda tour à tour sa promise puis la nouvelle venue ne sachant trop quoi dire.
— C’est tout à fait remarquable… si vous n’aviez pas les cheveux défaits et Sali sa natte, je crois que… je crois…

La princesse s’avança alors, l’index de sa main droite sur ses lèvres, et fit le tour de la jeune fille sans cesser de la dévisager.
— Ma foi… oui… c’est étonnant, je dois bien l’avouer…

Puis elle se campa devant Iella, le visage à quelques centimètres du sien.
— C’est effrayant, Calem, j’ai l’impression de me regarder dans un miroir… même taille, mêmes yeux, même visage… j’en ai froid dans le dos.

Calem s’avança lui aussi des deux femmes.
— On dit qu’on a tous au moins un sosie quelque part… j’ai l’impression que tu as trouvé le tien.

Une voix tremblante s’éleva à l’entrée de la pièce.
— C’est ma compagne, Iella, parvint enfin à articuler Phileo en actionnant son fauteuil pour se rapprocher d’eux, suivi comme son ombre par la gouvernante dont les joues avaient retrouvé des couleurs normales.
— Et vous êtes ? demanda Iella à son double.
— Je suis la princesse d’Austra, Sali, la future fiancée de Sa Majesté, répondit cette dernière sans la quitter des yeux.

Nouvelle révérence de Iella.
— Enchantée, Votre Altesse.
— Moi de même, riposta Sali du tac au tac.
— Bon, eh bien, s’exclama Calem en prenant les deux jeunes filles par le bras, passé ce moment de légitime surprise et à présent que les présentations sont faites, si nous prenions le temps de bavarder un peu ?

L’atmosphère se détendit et Adrea eut l’impression de respirer pour la première fois depuis de longues minutes.
— Il faut nous pardonner de vous avoir ainsi dévisagée presque comme une bête curieuse, ce n’était guère poli de notre part… Iella… vous permettez ?
— Je vous en prie, Sire.
— Phileo est un vieil ami qui m’a vu naître et vous êtes sa compagne, appelez-moi Calem comme lui, ça me fera plaisir.
— Le plaisir est partagé, Sir… Calem.

Sali fit une moue que le jeune homme ne vit pas et lâchant son bras. Dans le même temps, Madame Xavia demanda.
— Puis-je vous servir du thé, votre Majesté ?
— Avec grand plaisir.

Le roi, qui n’avait pas lâché le bras de Iella, contemplait celle-ci avec un sentiment étrange, difficile à interpréter. Il avait senti son cœur s’accélérer sans raison et des images défilèrent devant ses yeux sans pour autant pouvoir parvenir à les analyser. De son côté, Sali éprouvait maintenant un sorte de malaise comme si quelque chose d’indéfinissable mais de très important était en train de se passer sans qu’elle en comprenne le sens.
— Prenez place, je vous en prie, fit Gau’Am-Soor en désignant de confortables fauteuils qui entouraient sur la terrasse, une belle table de marbre blanc. Profitons de ce magnifique soleil… il paraît que le beau temps ne va pas durer.

Galamment, Calem recula un siège à Sali pour qu’elle s’assoit, puis fit de même pour Iella qui le remercia avec un charmant sourire.
— Voilà une visite bien inattendue, Calem, commença le vieil homme qui semblait souhaiter amener la conversation sur un terrain plus normal.
— Nous revenons d’Aretia, Sali et moi. Je suis allé la présenter à mon oncle Nathil.
— Très bien… et comment se porte le duc ? s’enquit Phileo poliment.
— Il se porte à merveille… il a rajeuni de vingt ans au contact de Sali. Ah, je sais bien qu’il regrette de ne pas avoir eu d’enfant… aussi espère-t-il que nous en aurons au moins une demi-douzaine. C’est tout juste s’il ne s’est pas fait un devoir de me donner la recette pour bénéficier d’une longue descendance.

Les convives se mirent à rire à cette idée.
— Et vous, princesse, vous n’avez pas trop de mal à vous faire à notre si joli royaume ? demanda Iella avec une douceur qui fit sourire son interlocutrice.
— Avez-vous déjà quitté votre patrie, Iella ? questionna en retour Sali.
— Malheureusement oui.
— Alors, vous pouvez savoir ce que j’éprouve… pour autant, je trouve le royaume d’Édinu ainsi que ses habitants tout à fait charmants. Je crois que je parviendrai très vite à m’y sentir chez moi.
— J’en suis heureuse pour vous princesse.
— À mon tour de vous demander de m’appeler Sali.
— J’en suis très honorée, Sali.

Calem regardait les deux jeunes filles avec un plaisir non dissimulé.
— Je suis sûr que vous allez devenir très vite amies, lança-t-il gaiement. Vous vous ressemblez tellement… et je ne parle pas du physique seulement, mais de la gentillesse et de la douceur que vous dégagez toutes les deux.
— Iella est un véritable trésor, approuva Phileo, j’ai bien de la chance de l’avoir trouvée.

Les deux futurs fiancés étaient évidemment trop polis pour s’étonner publiquement de la si grande différence d’âge qu’il y avait entre le vieil homme et la jeune fille. Ils ne firent donc aucun commentaire.

Madame Xavia apporta elle-même le thé et les petits gâteaux, et la conversation dériva sur des sujets pour le moins banals. Pourtant, Calem, qui ne quittait pas Iella des yeux, remarqua que le visage de celle-ci s’était assombri et que parfois ses lèvres s’entrouvraient sans permettre aux mots qui semblaient s’y presser de pouvoir en sortir. En effet, cet accès direct et complètement inattendu au roi, permettait à la jeune fille, si elle l’osait, de lui confier sa détresse en faisant appel à son sens de la justice. Cette pensée taraudait Iella qui voyait là une opportunité inespérée de se sortir d’une situation inextricable. Cependant, elle hésitait, ne sachant pas trop quel parti prendrait le souverain : le sien ou celui de son ami. Si personne ne la croyait, elle risquait la peine qu’encourent les esclaves qui mentent pour essayer d’échapper à leur sort et à qui on tranche la langue ! D’un autre côté, elle pouvait espérer que le vieil homme s’était suffisamment attaché à elle pour ne lui faire subir aucun tourment, même si le roi n’accordait pas crédit à son histoire. Le risque était donc minime et au pire, elle perdrait la confiance de Son Excellence.

Le comportement de Iella perturbait le monarque qui continuait à bavarder poliment avec leur hôte tout en cherchant la raison d’une telle attitude.
Ce fut Sali qui, bien involontairement, déclencha le drame.
— Alors, Iella, racontez-moi d’où vous venez… je veux tout savoir de vous si nous devons devenir amies.

Dans un élan spontané, la princesse avait posé sa main sur celle de son double en se rapprochant d’elle avec complicité. Iella parut soudain désemparée et jeta un regard éploré vers madame Xavia comme quelqu’un qui s’apprête à se jeter à l’eau en haute mer sans avoir pris la précaution de se munir d’un gilet de sauvetage.
Ce désarroi n’avait pas échappé à Sali qui décela soudain un sentiment similaire chez la gouvernante. Que se passait-il donc entre les deux personnes qui semblaient presque se parler par télépathie avec leurs yeux ? Quel secret flottait-il autour de cette table que personne n’osait évoquer ? À son tour elle adressa un regard à son futur fiancé qui paraissait agité du même questionnement. Elle hésita. Devait-elle insister au risque de paraître impolie et même de déclencher peut-être un drame ? Ne se faisait-elle pas tout simplement des idées et ne laissait-elle pas son imagination lui jouer des tours ?
Elle décida subitement que non mais ne trouva pas comment enchaîner dans ses idées. Après tout, il lui était impossible de leur lancer de but en blanc : « il y a quelque chose que vous ne nous dites pas » !

Aussi, Sali décida de prolonger la conversation pour aider Iella à parler, lorsqu’elle serait prête et si au fond il y avait lieu de le faire, et lança un regard impérieux à celle-ci qui tordait ses doigts et paraissait ne plus savoir quel parti adopter.
— Eh bien, Iella, reprit la princesse, répondez-moi. Dites-moi par exemple… je sais que je suis curieuse, mais Phileo me pardonnera certainement, comment vous êtes-vous rencontrés ?

Iella hésita de nouveau avant de répondre et regarda de nouveau madame Xavia. C’était flagrant. Sali fut alors convaincue qu’un je-ne-sais-quoi clochait, que la jeune fille voulait dire quelque chose sans parvenir à le formuler, et redouta soudain que c’était par peur qu’elle se taisait.
— Nous sommes entre amis, Iella, insista-t-elle, regardez-moi, vous pouvez tout me dire…

Iella sentit sa gorge se nouer tandis que le regard de la gouvernante se faisait de plus en plus impérieux. La femme sentait qu’une catastrophe allait arriver mais elle ne savait pas sous quelle forme. Elle soupçonnait l’esclave de préparer quelque chose d’inattendu, et tournait et retournait dans son cerveau les possibilités ainsi que les parades adaptées. Subitement, sans que rien ne le laissa prévoir, Iella, comme un vase trop rempli qui déborde sous l’effet de la dernière goutte, éclata en sanglots enfouissant son visage dans ses mains.
— Je ne suis pas la compagne de monsieur, dit-elle en hoquetant, je suis son esclave !

Un long silence embarrassé suivit sa révélation tandis que Sali surmontant son étonnement passait un bras autour des épaules de la jeune fille.
— Explique-toi Iella, reprit-elle au bout d’un instant avec une extrême douceur, tu es vraiment une esclave ?

C’était fait. Le coup était porté ! Il fallait à présent qu’elle retrouve son sens de la combattivité qui lui avait permis de tenir tête aux Kiathes et Iella redressa vivement la tête avec un air de farouche défi pour fixer Adrea Xavia au plus profond de ses yeux tout en s’exclamant fièrement.
— Non ! Je ne suis pas une esclave ! J’ai été enlevée par des bandits et vendue comme telle, mais je suis une femme libre !

La gouvernante bondit sur place et s’exclama.
— Petite insolente, tu sais ce qu’il en coûte à un esclave de tenir de tels propos ! Voilà ce que c’est que d’être bon avec toi ! Quand je pense que son Excellence t’a donné tout ce que tu as réclamé !
— Tout sauf me rendre ce qui m’est dû… ma liberté, s’exclama Iella avant de regarder Gau’Am-Soor.

Le vieil homme paraissait pétrifié. Il n’avait rien vu venir et ne comprenait, ni ce qui se passait, ni la portée d’une telle révélation.
— Oh, Phileo, je suis désolée de vous faire ça, mais je ne veux pas rester esclave indûment ! Il faut me comprendre.

Les yeux du vieil homme s’étaient embués mais il restait coi, immobile sur son fauteuil d’handicapé, laissant les idées s’instiller dans son cerveau engourdi. Adrea appela.
— Paar ! Paar !

Décidément, le colosse ne devait jamais être très loin de son maître car il apparut sur la terrasse immédiatement comme par enchantement.
— Oui, Madame ?
— Emmenez Iella dans sa chambre et restez avec elle jusqu’à nouvel ordre !

Comme le noir avança sa puissante main vers le bras de la jeune fille, celle-ci cria.
— Non ! Il faudra me tuer sur place pour que je vous suive !

Puis se tournant vers Calem qui n’avait encore rien dit et qui essayait d’analyser la situation avec calme et sérénité.
— Votre Majesté, ayez pitié, laissez-moi vous expliquer !

De son côté, Sali avait pris le poignet de Iella comme pour la protéger et la garder près d’elle. Calem fit un geste vers Paar et Xavia.
— Cela suffit ! décida-t-il soudain en commandant suprême. Vous ne donnerez pas d’ordre concernant Iella devant moi tant que je ne l’aurai pas permis ! Laissez-nous un instant !

Après une hésitation, Adrea jugea que le monarque ne plaisantait pas et que la prudence commandait de battre un minimum en retraite. Elle recula de quelques pas à l’intérieur de la maison cependant que le colosse s’éclipsait également.
— Expliquez-vous, fit Calem à Phileo, et dites-nous si ce que dit Iella est vrai ? Est-elle votre esclave ?

Le vieil homme redressa sa tête qui tombait depuis un moment sur sa poitrine et lança au roi un regard sûr de lui.
— Oui, je l’ai achetée en toute légalité !
— À un bandit qui fait du trafic de vrais faux certificats d’esclavage avec la complicité de hauts personnages corrompus ! riposta Iella. Et au palais même, j’en mettrai ma main à couper !
— Cette accusation est grave, Iella, observa Calem calmement, le nom de ce bandit ?
— Il se fait appeler le capitaine Jazor Arato.

Le roi accusa le coup et se redressa dans son siège.
— Arato ? Et où avez-vous été enlevée ? Quand ?
— J’étais à Meriik, un village aux portes du désert de sable, il y a deux semaines quand nous avons été attaqués par une grande troupe de bandits Kiathes. Ils ont massacré une grande partie de la population et ma mère… ma mère…

La jeune fille se mit de nouveau à pleurer dans ses mains. Sali lança un regard éploré à son futur époux.
— Par Édin ! Calem… j’étais moi-même à Meriik il y a un peu plus d’un mois !
— À Meriik ? Mais que faisais-tu là-bas ?
— Je ne suis pas venue à Édéna directement… j’ai…

Elle baissa les yeux, visiblement embarrassée par ce qu’elle s’apprêtait à dire.
— Nous avons laissé les mantas officielles à Hiotros où une caravane nous attendait pour aller par voie de terre jusqu’à Meriik… je voulais à la fois… voir le grand désert de sable et retarder le moment de ma venue à Édinu ainsi que passer voir une amie de ma regrettée mère qui est prêtresse là-bas. Ensuite nous avons continué le long du fleuve par la route… tu comprends, Calem, je n’avais pas vraiment hâte d’arriver…

D’un doigt, le roi souleva délicatement le menton de sa promise et sourit.
— Je comprends parfaitement… tu as toujours préféré les grands espaces aux palais… aussi vastes soient-ils.

Sali rendit son sourire au roi, puis caressa les cheveux de Iella pour l’inciter à se calmer.
— Qu’est-il arrivé à ta mère ?

Iella releva son visage baigné de larmes et planta un regard douloureux dans celui de la princesse.
— Ils l’ont tuée… elle a voulu protéger des enfants et l’un de ces assassins lui a tranché la tête.
— Mon dieu, c’est horrible, ne put s’empêcher de dire Sali.
— Ce n’est pas tout, continua Iella, ma mère… c’était Yaduli, la prêtresse de Meriik.

La princesse porta ses mains à sa bouche pour étouffer un cri en ouvrant des yeux horrifiés.
— Yaduli ? Ce n’est pas possible ! Je l’avais vue quelques jours auparavant ! Calem, c’est l’amie dont je te parlais à l’instant !
Le roi posa une main rassurante sur l’avant-bras de Sali avec un air compatissant.
— Je suis désolé pour vous deux… pour toi principalement Iella. La perte d’une mère est toujours un drame douloureux, mais dans de telles circonstances… je n’ai pas de mots pour ça… Je mettrai tout en œuvre pour que ces bandits soient châtiés comme ils le méritent !

Un long silence s’ensuivit, lourd et pesant, qui laissa chacun avec de sombres pensées qui différaient selon les personnes. Puis Iella dont la voix s’était raffermie, reprit.
— Je me suis battue avec l’assassin de ma mère, mais un autre… leur chef, m’a tiré dessus avec un pistolet et m’a paralysée. Quand je me suis réveillée, nous étions en route vers les montagnes du sud. Il y avait une quarantaine de prisonniers, hommes et femmes, tous jeunes… on nous a emmenés dans un repaire… dans une falaise et jetés en prison. Et puis, leur chef m’a amenée ici pour me vendre… il m’a dit que si je parlais, on me couperait la langue comme on le fait aux esclaves qui tentent d’échapper à leur sort.

Elle redressa son torse et regarda fièrement son maître.
— Telle est la vérité !

Calem se retourna vers le vieil homme.
— Phileo, pouvez-vous me montrer le certificat d’esclavage de Iella ?

Sans répondre, Gau’Am-Soor fit un geste vers la gouvernante qui, dans l’ombre de la maison n’avait pas perdu une miette de la conversation. Celle-ci s’éclipsa durant trois minutes avant de réapparaître, un cylindre à la main qu’elle tendit vers le maître des lieux. Phileo le présenta à son tour au roi qui le déploya avant de l’allumer pour le lire attentivement.
Lorsqu’il eut terminé, il se leva et fit quelques pas en direction des hommes qui attendaient auprès des animaux et appela.
— Lieutenant Lyynx !

Un jeune officier, chef du détachement, se précipita vers le monarque au pas de course.
— Oui, votre Majesté ?

Le roi lui tendit le tube déplié.
— Lyynx, contactez immédiatement Proo Rabo’Par au palais et demandez-lui de vous communiquer immédiatement le dossier de l’enquête afférente à ce certificat. C’est urgent !

Proo Rabo’Par était le chef du cabinet personnel du roi. C’était un personnage secret, un rodien, qui avait longtemps tenu le poste de directeur du renseignement, et qui gardait de cette époque le goût pour le mystère qu’il cultivait avec passion. Remarquablement efficace, c’était un personnage quasi incontournable pour qui voulait avoir accès au monarque qui avait toute confiance en lui.
—Reçu, Sire, répondit l’officier, je reviens dès que j’ai l’information.

Il repartit en courant vers la deuxième breeay manta dont la cabine était équipée d’un communicateur longue distance. Entretemps, Calem s’étant rassis, il s’adressa de nouveau à Iella.
— Dis-moi, saurais-tu localiser le repaire dans lequel vous avez été enfermés ?

La jeune fille haussa les épaules.
— Je ne sais pas… on m’a assommée et je suis restée inconsciente une partie du voyage qui a été si long… quatre jours et nous avons traversé d’immenses maquis labyrinthiques puis des montagnes que je ne connaissais pas… parfois il faisait nuit.
— Bon, nous essaierons d’explorer tout cela sur une carte dès qu’il nous sera possible de le faire. Il nous faut à tout prix mettre un terme aux exactions de ces Kiathes qui sévissent depuis déjà trop longtemps. Mon père a toujours différé un affrontement avec eux… la rançon d’une paix si longue sur la planète. Mais s’il faut refaire une guerre, nous saurons bien la refaire !

Quelques minutes plus tard, le lieutenant Lyynx revint, toujours au pas de gymnastique, jusqu’à la table des convives.
— Je vous apporte la réponse de son Excellence Rabo’Par, dit-il, il n’y a aucune enquête associée à ce numéro de certificat, Sire, aucun rapport, rien.

Calem frappa du poing sur la table.
— Je ne permettrai pas qu’un fonctionnaire du palais fraude, qui plus est sur un sujet engageant la liberté d’êtres innocents ! Dites à Rabo’Par que je lui donne l’ordre d’ouvrir immédiatement une enquête à ce sujet, mais qu’il reste discret comme il sait l’être ! Qu’il vérifie tous les certificats d’esclavage de ces dernières années et me prépare la liste de tous ceux qui lui sembleront suspects ou qui n’auront pas donné lieu à une enquête de la commission. Je veux ça le plus rapidement possible sur mon bureau !
— Bien reçu, Sire, je m’en occupe !

Et le lieutenant repartit au petit trot. Calem se tourna vers Gau’Am-Soor en lui montrant le tube qu’il tenait dans sa main.
— Je ne peux pas vous rendre ce certificat, Phileo, c’est devenu une pièce à conviction dans une affaire de corruption supposée. De plus, vous devez bien savoir qu’en l’absence d’un compte-rendu de la commission de régulation de l’esclavage, ce certificat n’a aucune valeur. J’ai bien peur mon ami que vous vous soyez fait escroquer par ce bandit… ce capitaine Arato !

Le vieil homme leva vers le roi un regard désemparé avant de se retourner vers Iella.
— Iella ? Tu… tu ne vas pas m’abandonner, n’est-ce pas ? Tu vas rester ici… et je te donnerai tout ce que je possède… tout… mais ne me quitte pas, je t’en supplie…

Les mains de l’infirme s’étaient mise à trembler à l’instar de sa voix et la jeune fille sentit son cœur se briser. Cependant aucune parole ne franchit le seuil de ses lèvres car elle ne savait pas quels mots choisir pour le réconforter. Ses pensées se bousculaient : devait-elle rester par compassion pour lui ? Elle savait en son for intérieur que ce n’était pas possible et que, même envahie de pitié pour lui, elle ne le souhaitait pas.
Comme si elle avait lu dans ses pensées, Sali vint à son secours.
— Je crois que Iella va devoir nous suivre à Édinu pour faire une déposition afin d’aider à l’enquête. De plus, c’est un témoin capital en ce qui concerne les exactions que les Kiathes ont commis à Meriik : il faut qu’elle témoigne.

Calem regarda sa promise avec un petit sourire reconnaissant tout en admirant sa vivacité d’esprit et renchérit.
— Absolument, elle pourra sans doute nous aider à localiser le repaire de ces criminels, nous devons la ramener avec nous. Je me chargerai personnellement de la rayer du fichier planétaire des esclaves.
— Je comprends, murmura Phileo, je comprends… Eh bien, sans vouloir vous paraître impoli, je vais prendre congé de vous et vous souhaiter un bon retour dans la capitale… je me sens… fatigué… je crois que je vais aller me reposer…

Les convives se levèrent poliment. Calem et Sali saluèrent le vieil homme qui fit ensuite tourner son fauteuil et rentra dans le manoir. Les deux futurs fiancés se regardaient dans un échange muet lorsque Iella se mit à courir à la suite de Gau’Am-Soor qu’elle rattrapa au moment où il allait prendre l’un des ascenseurs de la demeure.
— Phileo ! s’exclama-t-elle en se jetant aux pieds de son fauteuil pour lui prendre la main, je suis désolée pour vous, vraiment, de tout mon cœur.

De son autre main, il caressa les contours du visage de la jeune fille avec un sourire triste.
— Si tu étais restée, je t’aurais donné tout ce que j’avais… même mon nom si tu l’avais voulu…

Iella secoua la tête et laissa glisser deux grosses larmes le long du velours de ses joues.
— Je sais… je vous prie de me pardonner de vous faire de nouveau souffrir... je voudrais vous remercier…
— De quoi mon enfant ?
— Du respect que vous m’avez toujours témoigné alors même que j’étais votre esclave. Vous êtes quelqu’un de bon et vous méritez d’être heureux… mais pas comme ça, pas en retenant quelqu’un de force auprès de vous.
— Je sais, petite Iella, mais qui voudra d’un vieil infirme comme moi aux portes de la mort ?

Elle ne sut quoi répondre parce qu’il n’y avait rien à répondre. Le malheur de Phileo Gau’Am-Soor avait été de ne pas avoir quitté le monde en même temps que sa tendre épouse.
— J’ajouterai les souvenirs de ces nuits passées à te regarder dormir et de ces journées passées à t’entendre fredonner à ceux que je garde de ma douce Renatia.

Du bout de ses doigts, il essuya lui-même les yeux embués de la jeune fille avec un geste d’une évidente tendresse.
— Ne pleure pas… tu vas abimer tes si jolis yeux…Va maintenant, mon petit trésor blond, reprend ton vol vers ta destinée. Puis-je simplement espérer que de temps en temps tu viendras me rendre une petite visite ? Passer un jour ou deux ici en tant qu’invitée ?

Iella fit oui de la tête et avala sa salive avec difficulté dans sa gorge nouée.
— Oui, Phileo, ça je vous le promets, je reviendrai vous voir.
— Alors, fini pour moi de chercher une esclave pour ne plus me sentir seul. J’attendrai tes visites avec impatience jusqu’à la fin de mes vieux jours. Au revoir, ma tendre petite Iella.

La jeune fille se redressa puis se courba vers lui pour déposer un délicat baiser sur sa bouche tremblotante.
— Au revoir Phileo.

Sans plus un mot, il fit faire demi-tour à son fauteuil et entra dans l’ascenseur dont les portes se refermèrent.
Sali et Calem ne firent aucun commentaire devant les yeux rougis de la jeune fille lorsque celle-ci revint sur la terrasse. Sur ordre du monarque, madame Xavia fit procéder à l’enlèvement du bracelet de cheville qui interdisait à Iella de s’enfuir. Puis la princesse enroula un bras autour des épaules de cette dernière avec la tendresse d’une sœur, pour l’entraîner à la suite du roi qui s’était mis en route vers l’escorte patientant sur la pelouse blottie entre les grands arbres de la propriété.


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Modifié en dernier par Hiivsha le Lun 10 Juin 2013 - 16:28, modifié 12 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Ven 15 Mar 2013 - 10:40   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

J'ai relu le chapitre précédent, et en effet, je le trouve mieux comme ça, on aurait eu tort de se priver d'étoffer un peu^^

Concernant le nouveau chapitre, je dois dire que le tour pris par l'histoire est vraiment très plaisant ! Je ne m'attendais pas à ce que les deux princesses se ressemblent autant, c'est sûr que la situation doit être perturbante^^ Et puis, les voilà ensemble contre les pirates :) Mais j'ai là encore trouvé que le potentiel n'était pas pleinement exploité, notamment au moment où Iella explose, j'ai trouvé ça traité très brusquement, pas assez d'indications sur l'évolution des pensées des personnages et de comment elles se reflètent sur leurs visages et dans leurs gestes à ce moment. Bon, ceci dit, je n'en demande pas tant à la plupart des fan-fics, loin de là XD

— Soyez la bienvenue sur ces terres, votre Altesse, répondit la gouvernance sans pouvoir la quitter du regard.


Gouvernante, je sais que ça a été un terme à la mode à la télé, mais bon^^

Il avait senti son cœur s’accélérer sans raison et des images défilèrent devant ses yeux sans pour autant, pouvoir parvenir à les analyser.


J'ai pris l'habitude de ne pas avoir la même façon de placer les virgules que toi, la mienne est sans doute très calquée sur l'oral, mais en l'espèce, la mettre avant "pouvoir", ça me semble quand même briser un peu la logique, tu ne trouves pas ? :?

C’est tout juste s’il ne s’est pas fait un devoir de me donner la recette pour bénéficier d’une longue descendance.


:lol:
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Messagepar Hiivsha » Ven 15 Mar 2013 - 16:24   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Ce sont effectivement deux coquilles y compris la virgule :jap:

Concernant le moment où Iella balance sa situation inique, tu as raison. Je l'avais d'ailleurs pressenti que c'était un peu trop "sec" et que ça méritait un peu plus de "sentiments". Je viens de revoir le passage. j'espère que ce sera mieux ainsi. :wink:

Et puis, petit oubli : le bracelet de sécurité que Iella portait aux chevilles... il fallait lui faire enlever même si ça pouvait être implicite. J'ai glissé une petite phrase dans le tout dernier paragraphe.
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Messagepar Hiivsha » Sam 16 Mar 2013 - 15:55   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

J'ai l'impression qu'il n'y a pas beaucoup de lecteurs qui lisent ma fic... ou alors ils sont silencieux :neutre: j'espère que sa longueur ne les a pas trop dégoûtés :P En tout cas, s'il y en a qui suivent, n'hésitez pas à poster un petit mot... même si c'est juste pour dire que vous lisez ! :wink:
Dans ce nouveau chapitre, on va mettre à l'honneur notre petite apprentie Sith... il n'y a pas de raison :diable:
Par ailleurs, une question à Mitth : pourquoi dis-tu : "Je ne m'attendais pas à ce que les deux princesses se ressemblent autant"... à ma connaissance, seule Sali peut revendiquer ce titre, non ? :whistle:

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12 - Élimination physique



— C’est si difficile, gémit Iella en écarquillant les yeux devant l’holocarte qui défilait devant elle. J’ai été inconsciente une partie du trajet, après j’ai eu un mal de crâne terrible qui m’interdisait d’ouvrir les yeux, puis nous avons traversé un maquis dans lequel j’ai bien peur que même une armée pourrait se perdre et enfin, nous avons emprunté des défilés rocheux qui se ressemblaient tous à n’en plus finir.
— Concentrez-vous, fit doucement le militaire qui manipulait l’hologramme, essayez de repérer quelque chose de caractéristique que vous auriez pu voir…

Cela faisait deux heures que la jeune fille examinait encore et encore des milliers de kilomètres carrés de terrain reconstitué en trois dimensions, sur une grande table ronde qui trônait au milieu d’une des salles des archives royales situées dans les profondeurs du palais. Plusieurs personnes se tenaient en cercle autour de cette table de projection, en plus de Iella et du militaire qui opérait : le roi, son chef de cabinet le rodien Rabo’Par, le twi’lek Orn Mitra ministre de la sécurité du territoire, le général cathar Karr Pardo chef des armées ainsi que le capitaine Jarval plus deux autres officiers des services de renseignement.


L’arrivée à Édinu avait eu lieu discrètement la veille et Iella avait gagné le palais sous le voile d’un chèche protecteur qu’elle n’avait enlevé qu’une fois seule avec Sali dans la chambre de cette dernière.
— Je te propose de dormir dans mes appartement, proposa la princesse. Il y a plusieurs autres chambres qui communiquent.
— Mais pourquoi ? demanda Iella.
— Je ne sais pas pourquoi, mais je voudrais te garder non loin de moi… j’ai comme l’impression… ou l’intuition, que… que nos destins sont intimement liés.
— Comme vous voudrez, princesse.

Sali s’était approchée de son double pour lui tapoter affectueusement la joue.
— On dit, comme il te plaira, Sali… cela me ferait extrêmement plaisir.

Iella avait alors aimablement souri et docilement répété.
— Comme il te plaira, Sali.

Cette dernière reprit.
—Voilà, c’est parfait. En plus, comme nous avons la même stature, tu pourras parfaitement passer mes robes.

Iella fit une petite moue.
— J’avoue que je préfère porter un pantalon et une chemise.
— Comme moi, soupira Sali, mais la plupart du temps, je n’ai guère le choix. Maintenant, on va s’amuser.
— Comment cela ?
— Attends, tu vas voir.

Sur un tableau fixé au mur, Sali appuya successivement sur deux boutons qui firent résonner quelque part à l’étage supérieur autant de sonnettes. Quelques instants plus tard, des pas précipités se firent entendre et une porte discrètement aménagée dans le mur de la chambre pivota silencieusement sur elle-même. Gil en sortit tout guilleret.
- Sali, Votre Altesse, vous êtes rentr…

Sa phrase resta en suspens en apercevant les deux jeunes filles côte à côte.
— Ferme la bouche, Gil, tu vas gober une mouche.

L’adolescent reprit ses esprits rapidement.
— Ça alors, je n’en reviens pas ! Je vous laisse partir sans moi quelques jours et vous, vous en profitez pour vous faire cloner ?

Il s’avança vers Iella et lui pinça les fesses. Instantanément, on entendit claquer une gifle.
— Aïe ! protesta l’adolescent, permettez tout de même que je sache si je rêve ou pas et si vous êtes vraiment vraie, espèce de clone.
— Tu as senti ma claque ? demanda Iella narquoisement.
— Ben oui, répondit Gil avec candeur tout en se frottant sa joue.
— Eh bien comme ça, tu sais que tu ne rêves pas ! Tu vois, t’avais pas besoin de me toucher les fesses, continua la jeune fille sur le même ton, il suffisait de demander.
— Ben, c’était plus agréable de vous toucher les fesses que de recevoir une claque, marmonna l’adolescent en tordant sa bouche de dépit.
— Bon, ça suffit vous deux, intervint Sali en riant, vous tâcherez d’être amis dorénavant. Gil je te présente Iella qui a la particularité, comme tu as pu le constater, de me ressembler fortement.
— Fortement, tu parles… euh pardon, Votre Altesse, je veux dire, c’est un euphémisme, votre grâce. Une sœur jumelle ne vous ressemblerait pas plus.
— Eh bien, que je sache, Iella n’est pas ma sœur et…

La porte venait de s’ouvrir de nouveau et Namina entra à son tour, regarda les deux jeunes filles et… s’évanouit purement et simplement.
— Réaction un peu excessive, laissa échapper Sali en se précipitant vers sa nounou pour la traîner sur un sofa.
— Peut-être, peut-être pas, murmura Iella d’une voix inaudible.


Le lendemain avait donc trouvé une Iella perplexe devant la carte holographique de la région supposée du repaire des Kiathes.
— Non, je suis perdue, laissa tomber Iella dans le silence de la salle des archives. Franchement, toutes ces gorges se ressemblent et il y a des centaines de cirques dans ces montagnes et la plupart ont des cascades et des petits lacs au milieu…
— Ne te décourage pas, Iella, murmura gentiment Calem à son oreille, veux-tu que nous fassions une pause pendant quelques jours le temps que tout cela se décante ? D’ici-là, tu essaieras de repenser à tout cela, même si je sais que c’est très pénible pour toi… vois s’il te revient ne serait-ce qu’un petit détail qui pourrait nous être utile…

La jeune fille fit oui de la tête et Jarval la raccompagna courtoisement à travers les méandres des couloirs des archives, jusqu’à l’ascenseur qui remontait à la surface, puis jusque dans les appartements de la princesse d’Austra.
À peine furent-ils sortis de la salle des cartes que le général Pardo prit la parole.
— Il faut espérer qu’elle trouvera quelque chose de concret pour nous mettre sur la voie, sans quoi, nous ne trouverons jamais ce repaire.
— J’ai fait renforcer la sécurité des principaux villages du Royaume, Sire, informa le ministre de la sécurité, mais nos effectifs ne nous permettent pas d’en faire autant pour les petits villages. Et encore, j’ai dû considérablement affaiblir les garnisons des villes pour y puiser les soldats nécessaires à la mise en place de ces renforts, y compris celle d’Édinu. Il ne faudrait pas que le pays soit attaqué ou que nous subissions des émeutes…
— Édéna est en paix, monsieur Mitra, pourquoi voulez-vous que ça change ?
— En effet, Sire, vous avez raison. Bref, j’ai disséminé nos forces au maximum pour pouvoir contrer les actions de cette racaille de Kiathes.
— Parfait, messieurs, nous nous reverrons demain pour faire un autre point. Proo, lança-t-il au rodien qui était derrière lui, venez dans mon bureau.
— Je vous suis, Sire, répondit ce dernier en s’inclinant.


Quelques minutes plus tard, dans le bureau du roi, le chef de cabinet s’installa dans l’un des fauteuils prévus pour les visiteurs.
— Votre rapport, Proo, je vous écoute.
— Voilà, Sire, j’ai épluché tout les certificats pour lesquels il n’y a eu aucune enquête de la part de la commission : il y en a des centaines pour peu qu’on remonte sur plusieurs années.
— Des centaines ? C’est donc un véritable trafic ?
— Oui, Sire, quand on connaît le prix exorbitant d’un esclave sur le marché, cela représente une véritable fortune. Cela a commencé avec l’arrivée à la tête du secrétariat général à l’esclavage de son Excellence Armii Platonii.
— Platonii, le comte de Fartia ? Vous en êtes sûr, Proo ?
— Oui, Sire. J’ai fait procéder à une enquête approfondie sur ses ressources financières. Il y a dix ans, lorsqu’il est arrivé au ministère, le comte de Fartia était au bord de la ruine. Puis, soudainement, sa situation s’est rétablie de façon vertigineuse. J’ai trouvé des traces de nombreux dépôts réguliers de provenance douteuse à des moments correspondant chaque fois à des dates de groupes de certificats enregistrés… parfois une dizaine à la même date, parfois plus.
— La provenance de ces fonds ?
— Des sociétés écran, Sire, liées à des personnages qu’on soupçonne de trafics en tout genre sans jamais avoir pu le prouver, basées dans d’autres pays que le royaume. Pour la plupart, de ces petits paradis fiscaux indépendants qui ont vu le jour à la suite de la grande guerre économique il y a presque mille cinq cents ans.
— Paradis qu’il serait facile de mettre au pas par la force, s’emporta Calem.
— Au prix d’une nouvelle guerre, Sire. Ce serait rompre l’équilibre presque parfait qui règne sur Édéna depuis des siècles et des siècles et dont vous êtes le garant par héritage de vos pères, si vous me permettez, votre Majesté.
— Vous avez raison, Proo, mais parfois, je me dis que le passé avait du bon.

Le chef de cabinet eut un geste d’impuissance indiquant qu’il ne souhaitait pas débattre du sujet.
— Bien, rassemblez vos preuves, et dès que votre dossier sera bouclé, faites procéder à l’arrestation et à l’interrogatoire du Comte. je veux savoir comment il a obtenu le sceau royal et s’il en a fait une copie frauduleuse ou…

Calem n’acheva pas sa phrase, reculant devant des perspectives bien trop sombres pour être envisagées.
— Ce sera fait, Sire, répondit Rabo’Par en se levant pour prendre congé, laissant Calem seul avec ses réflexions.


Il s’installa debout devant l’une des baies grandes ouvertes de son bureau et contempla un instant les lourds nuages menaçants apportés par le vent de la mer et qui s’amoncelaient au-dessus de la ville. La météo avait vu juste : une tempête devait passer sur la région et il pouvait en admirer les prémices. Le ciel avait pris une très belle teinte violacée et les ombres des cumulo-nimbus jouaient à se poursuivre dans les rues et sur les toits de la capitale comme autant de spectres en folie. Le soleil résistait encore devant l’invasion de son ciel, si bleu d’ordinaire, mais sa rébellion était vaine devant l’orage qui grondait déjà dans le lointain. Une bourrasque souleva la poussière accumulée depuis des semaines de beau temps, formant un bref tourbillon au milieu du parvis d’honneur avant de se désagréger très vite en longs filaments qui évoquèrent aux yeux du roi autant de tentacules fantomatiques. Il huma longuement les yeux fermés le parfum iodé du vent qui se levait, cherchant dans ces effluves le repos de l’âme, un vide qui lui permettrait de ne plus penser à rien. À ce moment-là, ses sentiments étaient sombres sans qu’il sache trop bien pourquoi. Il en allait de cet instant comme de ceux chargés d'une incertitude irraisonnée qui fait parfois douter de tout, y compris et surtout de soi-même.
Il ne s’était pas écoulé cinq minutes que le secrétaire annonça par l’interphone.
— Le prince Taimi souhaite s’entretenir avec vous, votre Majesté.
— Faites-le entrer, répondit le jeune roi avant de se diriger vers la double porte pour accueillir le visiteur.

Calem donna une accolade à son cadet et l’invita à prendre un verre.
— Je suis passé tout à l’heure, mais tu n’étais pas dans ton bureau, fit Taimi.
— J’étais aux archives, en réunion, avec Iella et les principaux responsables de la sécurité. Nous avons essayé de recouper les informations qu’elle possède pour repérer le quartier-général des Kiathes, mais sans succès pour le moment. Les données dont elle se souvient sont trop parcellaires et le territoire à examiner trop grand.
— Tu aurais pu me faire participer, répondit Taimi sur un ton de reproche. Je trouve que tu ne m’associes pas assez aux affaires du royaume.

Puis, sans plus attendre de réponse, il enchaîna.
— En parlant de Iella, Calem, crois-tu que ce soit une bonne idée de garder cette femme au palais ?
— Pourquoi ?
— Le sosie de Sali… ça ne te pose pas de problème ?
— Non, j’arrive parfaitement à faire la différence entre les deux.
— Tu as bien de la chance, moi je n’y arriverais sûrement pas si elles s’avisaient de s’habiller à l’identique. Je ne sais pas comment tu fais.

Calem hocha la tête de côté en haussant les épaules.
— L’instinct sans doute… des petits riens, par exemple Sali a un grain de beauté sous l’oreille gauche et le nez légèrement retroussé tandis que Iella a le sien plus droit. Leur…

Le roi baissa la voix et murmura à l’oreille de son frère avec un sourire amusé.
— … poitrine diffère légèrement… celle de Iella est un peu plus lourde… quoique parfaitement séduisante…

Puis reprenant une voix normale.
— … et ses yeux sont légèrement plus rapprochés que ceux de Sali ce qui ajoute à son petit air espiègle. Et puis, elles n’ont pas le même timbre de voix, celle de Iella est un peu plus grave, plus suave, et Sali a un léger accent auquel je n’avais jamais prêté attention lorsqu’elle était enfant.

Taimi sourit.
— Fais attention à ne pas tomber amoureux de la mauvaise personne.
— Pourquoi dis-tu cela ?
— J’ai remarqué à table de quelle façon tu regardais Iella. Tu ne regardes pas Sali de la même manière. Sali, tu la regardes comme une amie très proche alors que Iella, tu parais sans cesse la contempler.

La remarque de Taimi parut embarrasser son aîné qui se racla bruyamment la gorge.
— Tu te fais certainement des idées, petit frère, c’est Sali que je vais épouser, pas Iella, hein ?
— Oui, oui… certes, répondit Taimi songeur. Enfin, cela ne regarde que toi, nous sommes l’un et l’autre assez grands pour savoir comment nous comporter. À ce propos, je t’informe que Dolmie sera des nôtres au bal de demain.
— Ah, laissa échapper le roi d’un ton d’où transparaissait la désapprobation.
— Ah ? Et c’est tout ? Grand frère désapprouve ? Je sais que tu n’aimes guère Dolmie… mais tu ne m’as jamais dit pourquoi.
— Tu te trompes, Taimi, je n’ai rien a priori contre elle…
— Mais ?
— Mais, nous ne savons pas grand-chose d’elle.

Taimi protesta.
— C’est l’héritière du duché de Tamburu…
— Duché situé de l’autre côté de la planète à plus de dix mille kilomètres d’Édinu et dont nous ne connaissons pratiquement rien.
— Justement, elle a fait le déplacement après la mort de ses parents pour te présenter ses hommages ! C’est là que son escorte a été attaquée par des hommes-serpents qui ont massacré toute sa suite… ce n’est qu’en se cachant qu’elle a pu leur échapper. Quand je l’ai trouvée, par un pur et heureux hasard, à l’occasion du safari que j’avais organisé avec des amis, elle était à moitié morte de faim et de soif, blessée au corps de multiples blessures qui ont mis des semaines à disparaître.

Calem ne répondit rien, enfermé dans un silence perplexe.
— D’ailleurs, reprit Taimi, je compte bien me rendre en visite officielle dans son duché prochainement.
— C’est entendu, Taimi, ainsi tu pourras nous en dire plus sur son lointain pays si discret que mes services de renseignement n’ont pu m’en révéler grand-chose hormis que l’histoire de Dolmie semblait vraie d’après leurs sources.
— Semblait ? s’emporta presque Taimi.
— D’accord… « était » vraie, si tu préfères, je ne souhaite pas me disputer avec toi à son sujet. C’est ton… amie, même si elle passe pas mal de temps en dehors du palais. Fais avec elle comme tu le désires.
— Merci mon frère, répondit le prince d’un air pincé. Et, pour en revenir à Iella, où en es-tu de cette enquête sur son certificat d’esclave ?
— Rabo’Par soupçonne son Excellence Armii Platonii d’être impliqué dans un trafic de vrais faux certificats.
— Le comte de Fartia ? s’exclama Taimi, je ne puis souscrire à une telle accusation.
— C’est qu’il a des preuves flagrantes de corruption le concernant ! Tu connais Rabo’Par, il n’y a pas meilleur fouineur pour débusquer les malversations… sans doute les années passées à la tête du service des renseignements. Si Platonii est coupable, il le confondra, je lui fais confiance. Reste à savoir si le comte a agi seul ou pour le compte de quelqu’un… reste aussi à découvrir comment il a pu se procurer un sceau royal…

Taimii se leva soudain de son siège et donna à Calem une tape amicale sur son épaule.
— Bon, c’est pas tout ça, mais j’ai des tas de choses à faire… à tout à l’heure frangin.

Au moment où il sortait, un premier éclair zébra le ciel qui s’était considérablement assombri et un coup de tonnerre claqua sèchement dans le vent.


À l’air contrarié qui marquait le visage du prince lorsqu’il regagna ses appartements, Diva sentit aussitôt que quelque chose n’allait pas. Elle fit tourner lentement le liquide ambré contenu dans le verre évasé qu’elle tenait dans une main et l’observa défaire la veste de son uniforme qu’il lança rageusement sur un fauteuil.
— Un truc qui cloche, Taimi chéri ? laissa-t-elle choir d’un ton presque méprisant dont il ne parut pas se rendre compte.

Le prince regarda la theelin avec un visage décomposé.
— C’est Calem et son chien fidèle qui lui sert de chef de cabinet. Ils sont sur les traces de Platonii. S’ils lui mettent la main dessus, ce dégonflé va tout balancer. Ils vont savoir que c’est moi qui lui ait donné un sceau moyennant une grasse commission sur chaque certificat exploité ! Quelle importance, quelques esclaves de plus ou de moins sur cette foutue planète ? Tout ça à cause de cette… garce qu’il a ramenée d’Aretia !

Diva se rapprocha lentement de lui et susurra en lui caressant la nuque du bout des doigts.
— Une garce ? Je t’ai vu toi aussi la dévorer des yeux… ne me dis pas que si tu pouvais, tu ne la possèderais pas ? Connaissant tes goûts pour les choses perverses… si tu pouvais nous avoir toutes les deux dans le même lit, tu ne dirais pas non…

D’un geste brusque du bras, Taimi heurta violemment la main de la Sith de laquelle le verre s’échappa et s’envola pour s’écraser contre le mur le plus proche.
— Si je le pouvais, c’est Sali que je prendrais de force, juste pour salir mon frère qui se pense tellement supérieur à moi ! s’emporta-t-il.

La Sith surmonta la colère qui était montée en elle, et détendit sa main qui s’était un instant crispée en direction de son amant, avant d’afficher un sourire mielleux.
— Sali… Iella… c’est la même chose… c’est un jeu complexe. As-tu remarqué comment le capitaine Jarval regardait la princesse lorsqu’il est en sa présence ?
— Non, mais j’ai vu le regard que mon frère jette sur Iella.
— Absolument… c’est un jeu… répéta Diva à l’oreille de Taimi. Si tu ne peux toucher à Sali sans commettre un crime de lèse-majesté, tu peux atteindre ton frère à travers Iella, j’en suis certaine. Et après tout, ce n’est qu’une quelconque petite roturière sinon une esclave… sa ressemblance avec la princesse ne la rend pas intouchable… et tu es le prince d’Édéna.

Taimi ferma ses yeux un instant, les poings fermés comme s’il savourait par avance l’étreinte sauvage qu’il rêvait de faire subir à l’ancienne esclave. Elle et Dolmie ensemble. Ses narines frémirent à cette idée, puis la réalité reprit ses droits dans son esprit.
— Et pour Platonii, se plaignit-il, que vais-je faire ? Prince ou pas, mon frère va me tuer s’il apprend cela.

Cette fois c’est sous son menton que les ongles longs et noirs de Diva glissèrent, comme les griffes d’un chat jouant avec une souris.
— Il y a un moyen pour que le comte ne parle pas… ne parle plus… jamais.

Les yeux du prince s’agrandirent.
— Tu n’y songes pas ! Un meurtre ? Et si Rabo’Par remonte quand même jusqu’à moi ? Un cou de prince ne résiste pas plus au sabre que celui d’un quidam !

Diva s’assit lentement à cheval sur ses genoux, face à lui, et passa les bras autour de son cou.
— Et qui ira te soupçonner si tu passes la soirée ici en bonne compagnie, avec ton frère, le roi ?

Sa bouche était à présent à deux centimètres de celle du prince qui fixait son regard noir.
— Un… un meurtre ? répéta-t-il sans pouvoir détacher ses yeux de ceux de la Sith.
— Un tout petit meurtre de rien du tout, sans indice, accompli par une ombre invisible, susurra de nouveau Diva en effleurant les lèvres sèches de son compagnon, tout le monde n’y verra que du feu, fais-moi confiance, mon trésor.

Sa longue langue rose sortit lentement de sa bouche et s’insinua dans celle du prince avec la promesse d’un baiser voluptueux auquel ce dernier s’abandonna, vaincu. Puis Diva ôta lentement le vêtement moulant qui enserrait sa silhouette devant les yeux brillants de son amant.
— Tu es à moi, murmura-t-elle en lui prenant les mains pour les poser sur sa poitrine, tu feras ce que je te dirai de faire, quand je le voudrai.
— Tout ce que tu voudras, chuchota-t-il le souffle court, en enfouissant son visage entre ses seins.

La Sith leva les yeux vers le plafond et exhala un profond soupir de plaisir, laissant gagner sa face par un rictus de victoire, dévoilant des dents qui se mirent à luire comme les crocs d’un nexu. Elle connaissait parfaitement le point faible des hommes et savait en jouer à la perfection. Son plan se mettait lentement mais sûrement en place.
*
* *

Silencieusement, l’ombre se frayait un chemin à travers les jardins et les zones peu fréquentées de la capitale, évoluant d’impasse en impasse, de toit en toit, semblant voler au-dessus des maisons éclairées. Le vent soufflait en rafale et les éclairs illuminaient sporadiquement l’obscurité de leurs ramifications étincelantes laissant place presqu’aussitôt à un sinistre grondement qui roulait ou parfois éclatait en un violent craquement sec. Le haut mur qui ceignait le manoir du comte ne fut en rien un obstacle pour la silhouette noire qui parut s’envoler comme soulevée par d’invisibles fils de marionnettiste avant de retomber avec souplesse de l’autre côté. Furtivement, elle passa de l’ombre d’un tronc d’arbre à une autre, se rapprochant ainsi inexorablement de la maison entièrement illuminée. À quelques mètres de là, deux hommes s’avançaient dans sa direction en discutant à voix basse. Aussi silencieuse qu’un félin, l’ombre disparut d’un bond dans l’épais feuillage de l’arbre juste avant que les gardiens ne parviennent à son niveau. Elle longea une grosse branche qui s’avançait vers la demeure, s’arrêtant pour observer les lieux, puis effectua un bond prodigieux qui la propulsa sur le toit qu’elle traversa prestement pour se retrouver à l’aplomb de la façade arrière du manoir. Un éclair sillonna le ciel d’un trait violent et épais et le tonnerre claqua instantanément. L’orage était sur eux, sec et sinistre, et le vent était tombé. L’atmosphère était chaude et lourde, attendant une pluie rafraichissante qui ne venait pas. L’ombre se laissa choir sur une grande terrasse ornée de plantes grimpantes et s’avança par la double fenêtre grande ouverte qui donnait sur un bureau faiblement éclairé par des abat-jours colorés qui diffusaient une lumière tamisée. Lui tournant le dos, un homme était assis dans un fauteuil, absorbé par la lecture de documents qu’il tenait entre ses doigts. Lorsqu’elle fut tout près de lui, l’ombre murmura.
— Bonsoir monsieur le comte.

Armii Platonii sursauta violement comme traversé par un champ électrique en laissant échapper un cri. Immédiatement il fit pivoter son fauteuil et se trouva nez à nez avec Diva dans son collant noir.
— Bon sang, qui êtes-vous ? Comment êtes-vous entrée ici ? Mais… mais, je vous reconnais… vous êtes la compagne de Son Altesse… Dolmie… la duchesse de Tamburu !

Comme rassuré par le fait que la personne ne lui était pas inconnue, il se reprit et rajusta machinalement le foulard de soie qu’il portait autour de son cou, essayant de former un sourire de contenance sur son visage blême.
— Voilà une façon inhabituelle d’entrer chez les gens, Votre Grâce… vous ne pouviez pas entrer par la grande porte et vous faire annoncer ?

Malgré lui, il lorgnait vers l’interrupteur qui se trouvait en façade de son bureau, vers lui.
— Ce que je viens faire réclamait la plus grande discrétion, énonça la Sith à mi-voix, il ne fallait pas qu’on me voit… les gens ont vite fait de propager des rumeurs dès qu’une jeune femme va rendre visite à un célibataire comme vous, comte.

Ce disant, elle s’était nonchalamment assise d’une fesse sur le bord du bureau en croisant haut ses jambes, ses mains jointes posées sur ses genoux. Platonii la regarda avec curiosité et un plaisir croissant, admirant au passage le profond décolleté arrondi et provoquant qui était découpé en forme de goutte d’eau sur le buste de son costume noir. Le collant détaillait parfaitement ses formes et le comte paraissait fasciné par cette extravagante apparition dont il essayait de comprendre le sens.
— Eh bien… si je m’attendais… Dolmie… rien ne me laissait supposer que vous… et moi…
— J’ai bien vu la façon dont vous m’avez déshabillée du regard à chaque fois que nous avons eu le plaisir de nous rencontrer.
— Vraiment ? Croyez-moi, Dolmie, telle n’était pas mon intention…
— Mais si, mais si, c’était parfaitement votre intention, et à chaque fois je me suis sentie comme prisonnière de la puissance que vous dégagiez…

Elle soupira de façon presque exagérée en prenant une posture plus lascive. Platonii fit rouler son fauteuil en arrière de plusieurs mètres avant de se lever tout en arrangeant l’élégante robe d’intérieur qu’il portait puis se lissa des mains les cheveux en arrière et s’arma de son plus beau sourire.
— En vérité, Dolmie, je suis tout surpris du tour que prend cette conversation… agréablement surpris, je veux dire… même très agréablement. Vous êtes une créature très belle, bien plus belle que toutes les femmes que j’ai… rencontrées et vous êtes très … désirable…

Il s’était rapproché avec un air fat que la Sith trouva parfaitement ridicule. Vraiment, ces hommes étaient tellement prévisibles que ça en devenait écœurant. Diva se prit à penser que décidément, elle préférait largement faire l’amour avec une femelle qu’avec un mâle toujours trop sûr de lui et de ses prétendues et ridicules performances dans l’acte d’accouplement.

Il était à présent tout près et elle pouvait sentir son haleine de concupiscence et sa forte odeur de transpiration qui suintait de son corps en rut. Décidément, ce n’était pas avec celui-là qu’elle prendrait du plaisir avant de le décapiter. Au moment où il allait poser les mains sur elle, à l’endroit précis qu’il lorgnait depuis un bout de temps, elle se dégagea souplement et fit quelques pas au milieu de la pièce.
— Mais avant, Armii, j’ai une faveur à vous demander.
— Une faveur ? s’étonna le comte en soulevant un sourcil, je veux bien vous accorder toutes les faveurs que vous voulez si de votre côté vous m’accordez les vôtres. De quoi s’agit-il ?
— J’ai besoin de récupérer le sceau royal que Taimi vous a procuré.

L’homme se raidit et stoppa sa marche vers elle.
— Le sceau… commença-t-il en la regardant d’un œil torve, je n’ai pas de sceau… mais en admettant que j’en aurais un, pourquoi le voudriez-vous ?
— Je sais que vous l’avez, Armii, c’est Taimi qui me l’a dit et c’est lui-même qui veut le récupérer.
— Je ne comprends pas, hésita Platonii, est-ce pour me reprendre cet objet que vous êtes venue me voir ?
— Allons, continua Diva d’une voix doucereuse, on peut joindre l’utile à l’agréable… vous me donnez ce qu’on m’a chargée de récupérer et je me soumets à tous vos caprices sur ce divan.

Le comte ricana.
— Je veux savoir pourquoi le prince veut subitement récupérer son sceau, sinon…
— Sinon quoi ? demanda la Sith en essayant de conserver son calme et une apparence docile et fragile.
— Sinon, je vous soumets sans attendre à mes plus vils plaisirs et sans aucun ménagement. Et croyez-moi, je peux être très brutal quand je joue avec une femelle.

Tout en disant ses mots, il s’était rapproché d’un meuble dont il avait ouvert la porte. On pouvait y distinguer des bouteilles d’alcool et des verres, mais dans un tiroir intérieur, il s’empara d’une cravache terminée par une boucle de cuir. Diva serra les dents pour ne pas exploser.
— Je vous crois volontiers, comte, continua-t-elle de la voix la plus douce qu’il lui était encore donné de prendre. Je vous imagine très bien me caresser les reins avec délectation.

Il fit claquer la badine dans l’air de la pièce au moment précis où un coup de tonnerre très fort éclatait en faisant vibrer les verres dans le meuble resté ouvert.
— Vous allez aimer, Dolmie… mais en attendant, dites-moi pourquoi le prince veut son sceau ou ce stick ne fera pas que vous caresser le bas du dos !

La theelin baissa la tête comme une bête domptée.
— Vous êtes dans le collimateur du roi et de sa police… ils savent que vous fabriquez de faux certificats d’esclave pour arrondir vos fins de mois. Vous allez être arrêté et interrogé, et le prince veut être certain de rester en dehors de tout cela.

Le comte se raidit.
— En somme, cette séquence… séduction, c’est juste pour obtenir le sceau, rien de plus ? Réponds, garce !

Diva fit un oui volontairement timide de la tête avant de relever un regard qui se voulait suppliant vers Platonii.
— C’est le prince, il m’a obligée… il m’a dit que sinon il me ferait jeter dans les cachots parmi d’autres prisonniers et que je devrai m’accommoder avec eux… je vous en prie… il me faut ce sceau.
— Jamais, s’écria l’homme, si tu crois pouvoir me berner avec ton air de ne pas y toucher ! Et même si ce que tu dis est vrai… que veux-tu que ça me fasse si tous les prisonniers du royaume te passent dessus hein ? Tant que je suis le premier à le faire ! De toute façon, le sceau est bien au chaud dans mon coffre. Trente centimètres de duracier, ça te dit quelque chose ? Pas question que je rende le sceau au prince, c’est mon sauf-conduit. Si je plonge, il plonge avec moi ! À lui de me tirer d’affaire, tu le lui diras ma jolie. Mais avant, je vais m’occuper de toi et tu vas être très sage !

Il marcha d’un pas décidé vers la theelin mais comme il arrivait sur elle, Diva étendit la main, et une force invisible souleva l’homme pour le projeter plusieurs mètres en arrière contre le mur.
Le comte retomba sur son postérieur en poussant un cri.
— Sorcière ! Qu’est-ce tu m’as fait ! éructa-t-il en se relevant douloureusement. Si tu veux jouer à ce petit jeu avec moi, tu vas savoir ce qu’il en coûte de me résister.

D’un mouvement il fut près de son bureau et appuya sur un bouton d’alarme. Une sonnette invisible retentit quelque part dans la demeure.
— Tu vas bientôt me supplier de t’épargner les tourments que mes hommes vont te faire subir !
Une flamme se mit à danser dans les yeux de la Sith au moment précis où huit gardes armés pénétraient derrière elle dans le bureau.
— Neutralisez-la, cria le comte hors de lui.

Les hommes tenaient dans leur main un bâton dont le bout laissait entrevoir des éclairs bleutés répliques miniatures de ceux qui dansaient dans le ciel. Le tonnerre gronda. Comme deux gardes s’approchaient d’elle, Diva leur fit face et s’empara lentement des deux cylindres qui pendaient à sa ceinture, un de chaque côté de sa taille, pour les pointer vers le ventre des deux hommes.
— Tu crois nous faire peur avec tes bâtons ? ricana l’un d’eux tandis que son collègue et lui avançaient tout près. Tu veux qu’on joue avec les nôtres pour comparer ?

Pour toute réponse, la Sith appuya sur les interrupteurs qui actionnaient les sabres laser et deux lames lumineuses rouges jaillirent avec un grésillement, transperçant l’abdomen des hommes aussi facilement qu’un couteau brûlant se serait enfoncé dans une motte de beurre. Les deux gardes s’affaissèrent sans un cri, cependant que Diva se projetait d’un salto arrière entre deux autres adversaires avant de tournoyer sur place en leur tranchant la tête. Le moment de surprise passé, les quatre autres gardes abandonnèrent leur bâton pour saisir leur pistolet et mirent en joue la theelin.
— Tirez, ordonna Platonii.

Les gardes obtempérèrent tous en même temps et des éclairs d’énergie furent propulsés vers leur cible par leur arme. Sans faillir, Diva qui voyait les projectiles bleutés à travers la Force, les intercepta un à un avec la vitesse de l’éclair à l’aide de la lame de ses sabres, les renvoyant à leur envoyeur. Deux autres hommes tombèrent. Les deux derniers hébétés avaient reculé contre un mur. Diva rangea posément ses sabres et étendit les mains vers eux. Un geste de sa part et les deux pistolets s’envolaient en traversant la pièce. Puis les doigts de la Sith se crispèrent au bout de ses bras tendus et les deux gardes se sentirent soulevés dans l’air par une puissante poigne invisible qui se mit à leur écraser le larynx. Il se débattirent un moment comme des pantins au bout de leurs fils, essayant vainement de desserrer de leurs mains l’étreinte insaisissable qui les étranglait, râlant et gesticulant des jambes. Puis Diva fit un geste de torsion avec ses poignets et on entendit craquer sinistrement les vertèbres cervicales des malheureux dont les yeux se révulsèrent soudain. Lorsqu’elle baissa les bras, les deux corps sans vie retombèrent lourdement sur le sol avec un bruit mat.
Diva se tourna alors vers Platonii dont le visage avait pris une teinte cadavérique.
— Mais… mais… qui… qui êtes-vous ? balbutia-t-il en reculant à travers la baie ouverte vers la terrasse.
— Je m’appelle Diva Shaquila, et je suis une Sith.
— Une quoi ? Je… je ne comprends pas… une Sith ? Je ne sais pas ce que c’est…

La theelin se mit à sourire de toutes ses dents.
— Alors, je vais vous expliquer.

Lentement, elle étendit ses bras vers lui et l’instant d’après, une série d’arcs électriques se formaient entre le bout de ses doigts écartés et le corps du comte qui se mit à convulser au beau milieu de la terrasse, figé sur place, lévitant à quelques centimètres du sol. Les éclairs se ramifièrent et semblèrent frétiller dans l’air en grésillant, formant autour de Platonii une enveloppe bleutée qui dansait de façon anarchique.
Diva stoppa la torture et il retomba lourdement sur le marbre, de la fumée s’échappant de ses vêtements. Elle s’avança jusqu’à lui et le regarda avec le visage d’un entomologiste se préparant à disséquer un insecte.
— Mais… qui es-tu donc… monstre… parvint à articuler sa victime.

Pour toute réponse, Diva persifla avec une pointe d’ironie.
— Je suis désolée, ça n’a rien de personnel, mais votre mort est nécessaire.

De nouveaux arcs électriques s’emparèrent du comte semblant le dévorer durant plusieurs secondes, et lorsque la Sith s’arrêta, il était mort. Une odeur atroce de chair brûlée emplit l’atmosphère tout autour du cadavre.
Sans plus un regard pour lui, son bourreau revint tranquillement vers le bureau et marcha jusqu’à un coffre mural dissimulé derrière un miroir pivotant. Elle s’empara d’un de ses sabres, l’alluma puis ferma les yeux pour se concentrer et en augmenter la puissance jusqu’à ce que la lame rouge se mette à briller d’un blanc incandescent. Ensuite elle l’enfonça dans le duracier qui se mit à rougir puis à blanchir avant de commencer à fondre, et traça un cercle autour de la serrure qu’elle éjecta dans la pièce d’un simple geste des doigts. Enfin, sans même la toucher, elle ouvrit la lourde porte d’un mouvement du bras. Posément, elle s’empara du sceau et de plusieurs documents qu’elle étudia longuement avant de les rouler et de les passer dans sa ceinture.
Son travail accompli, elle regagna la terrasse et sauta sur la pelouse avant de disparaître dans la nuit. Au même moment, répondant à un nouveau coup de tonnerre, la pluie commença à tomber avec violence.


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Modifié en dernier par Hiivsha le Lun 10 Juin 2013 - 16:28, modifié 9 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 16 Mar 2013 - 16:26   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

J'ai l'impression qu'il n'y a pas beaucoup de lecteurs qui lisent ma fic... ou alors ils sont silencieux :neutre: j'espère que sa longueur ne les a pas trop dégoûtés :P En tout cas, s'il y en a qui suivent, n'hésitez pas à poster un petit mot... même si c'est juste pour dire que vous lisez ! :wink:


Effectivement, on a assez peu de gens qui lisent en ce moment, j'imagine que Jagen et Nicravin sont pris ailleurs, mais les nouveaux, si vous voulez vous intégrer à la section et surtout vous enrichir, vous feriez bien de lire un peu :neutre: Ne serait-ce que les premiers chapitres, pour voir.

Par ailleurs, une question à Mitth : pourquoi dis-tu : "Je ne m'attendais pas à ce que les deux princesses se ressemblent autant"... à ma connaissance, seule Sali peut revendiquer ce titre, non ? :whistle:


Bien sûr, je dis ça parce que dans ces mondes fantasy-likes, les héroïnes sont souvent des princesses, surtout que tu mets l'accent sur la beauté de l'une et de l'autre, donc je m'amuse à faire comme si les deux termes étaient synonymes^^
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Messagepar Jagen Eripsa » Sam 16 Mar 2013 - 17:31   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Mitth'raw Nuruodo a écrit:Effectivement, on a assez peu de gens qui lisent en ce moment, j'imagine que Jagen et Nicravin sont pris ailleurs, mais les nouveaux, si vous voulez vous intégrer à la section et surtout vous enrichir, vous feriez bien de lire un peu :neutre: Ne serait-ce que les premiers chapitres, pour voir.


Il est vrai que j'accumule le retard... Mais bon, d'un autre côté, je n'ai pas encore lu le tome 1, autant commencer par là ! :sournois:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 16 Mar 2013 - 17:33   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Ça semble logique, en effet^^
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Messagepar Hiivsha » Sam 23 Mar 2013 - 17:44   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Toujours sans aucun commentaire des précédents chapitres, je continue sur ma lancée.
Voici un chapitre plein de musique où l'intensité dramatique va en croissant, prémices à de sombres heures à venir...

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13 - Les reines du bal



Le meurtre du Comte de Fartia éloigna provisoirement de Taimi le spectre d’une enquête pour corruption mais sa situation restait d’évidence précaire, Proo Rabo’Par n’étant pas rodien à lâcher une affaire une fois qu’il s’en était saisie. Il avait mis dessus les meilleurs enquêteurs du royaume, choisis pour leur discrétion et leur efficacité. Un à un, tous les dossiers d’esclavage suspects commençaient ainsi à être soigneusement passés au crible, le roi ayant ordonné que toutes les personnes qui avaient été ainsi injustement traitées, fussent rendues à la liberté le plus rapidement possible avec un dédommagement substantiel.
Dans ses appartements, Taimi, que la suppression de son Excellence Armii Platonii n’avait pas suffi à rassurer, tournait en rond comme un fauve en cage.
— Rabo’Par va finir par m’avoir, je te dis ! explosa-t-il devant Diva qui tentait de le calmer. Et Calem va me jeter en prison, ou me bannir du royaume… peut-être même voudra-t-il faire un exemple et me fera-t-il trancher la tête !

La Sith masquait mal son impatience devant l’immaturité flagrante de ce jeune homme sur lequel elle était forcée de faire reposer une partie de son plan. Si elle l’avait pu, elle en aurait terminé avec lui à l’instant même, mais cette heure n’était pas encore venue.
— Cela n’arrivera pas, crois-moi. Il va se passer des choses autrement plus importantes dans des temps à venir qui ne sont pas si lointains, que cette histoire de faux certificats.
— Que veux-tu dire, sorcière ?
— Tu le sauras bien assez tôt. Il se pourrait que ton propre personnage prenne subitement plus d’importance que tu ne peux en espérer.

Le prince manifesta un geste d’humeur en jetant violemment dans un coin de la pièce la coupe qu’il tenait dans la main.
— Tu ne sais que parler en énigmes ! Ne pourrais-tu pas t’efforcer d’être plus claire pour une fois ?

Rassemblant en elle les ressources indispensables pour éviter de donner libre cours à la colère qui la gagnait, elle s’approcha de lui et enserra ses tempes avec les mains.
— Chut, trésor, calme-toi. Prends patience et fais moi confiance. Ton heure va venir mais pour le moment, il faut que tu fasses bonne figure à ton frère.

Elle puisa dans la Force pour tenter de le persuader de l’écouter. L’esprit de Taimi n’était pas si faible qu’il puisse être facilement influencé, mais sa fragilité actuelle jouait contre lui. En le regardant droit dans les yeux, elle répéta doucement en détachant ses mots.
— Fais-moi confiance.

Taimi ferma les yeux comme vaincu par le magnétisme de la Sith qui l’embrassa longuement avant de lui souffler à l’oreille.
— À présent, il va falloir nous préparer pour le bal de ce soir. Je veux que ton frère pense que tu l’aimes profondément. Je veux qu’il ne se doute de rien de ce qui se prépare.
*
* *

— Il ne me suffisait pas d’une seule princesse à habiller, voilà qu’elle s’est dédoublée ! se plaignit Namina debout devant une immense armoire garnie de dizaines de robes de soirée toutes plus magnifiques les unes que les autres.

Il s’était écoulé une dizaine de jours depuis que Iella avait été ramenée au palais d’Édinu et les deux jeunes filles s’entendaient désormais comme des jumelles, associant leur charme naturel à leur bonne humeur voire leur espièglerie. Mais un œil aiguisé aurait pu percevoir quelques changements imperceptibles dans le quotidien de tout ce petit monde.
Si Calem faisait toujours preuve de la plus grande bienveillance envers celle qui allait devenir officiellement sa fiancée lors de la cérémonie protocolaire qui devait avoir lieu deux mois après son arrivée à Édinu, soit dans une vingtaine de jours, il consacrait également une partie de son temps libre à se promener avec Iella dans les jardins ou à discuter avec elle dans les salons privés. De son côté, Sali en faisait de même avec son ami Jarval qui était aux anges. C’était cependant imperceptible, car les deux jeunes filles était elles-mêmes souvent ensemble. Ces moments étaient donc à la fois rares, mais denses pour leurs protagonistes et posaient à chacun d’eux des questions auxquelles ils avaient bien du mal à répondre. Seule, Namina s’en était aperçue, et ses sourcils froncés trahissaient sa préoccupation sur cette nouvelle situation. Cependant elle n’en souffla mot à personne, attendant sagement de voir comment évolueraient les événements qui allaient, mais cela elle ne pouvait le prévoir, se précipiter. N’y avait-il pas le bal des « quarante jours » qui permettait au roi de présenter « enfin » la future fiancée et reine à toutes les personnalités du royaume ?

Ce bal protocolaire qui, comme l’indiquait son nom, se déroulait quarante jours après l’arrivée de la future reine dans la capitale, était un moment de fête et d’allégresse dans toute la ville. Les rues et les avenues étaient pavoisées et illuminées de mille feux, et les places envahies de petits bals qui faisaient le modeste pendant à celui qui se déroulait dans les salons de réception du palais et dans les jardins. À minuit, un magnifique feu d’artifice était tiré à la fois de la place de l’hôtel de ville et des remparts de la cité royale, mais le clou du spectacle pyrotechnique était assuré par l’embrasement des murailles tout autour de la capitale.
Namina espérait sans doute qu’à cette sublime occasion, ainsi qu’à celle de la cérémonie des fiançailles qui suivrait quelques jours plus tard, le futur couple royal se souderait pour de bon.


Le grand soir arriva dans la capitale qui avait revêtu ses habits de fête. La journée avait été magnifique et l’air était doux. Une brise tiède et caressante balayait les avenues ainsi que les nombreux parcs de la ville si propices aux amoureux à la nuit tombée.
Différentes espèces d’animaux étaient utilisées pour les déplacements terrestres selon la nature et l’importance du véhicule à tracter, de son poids mais aussi du rang des personnes transportées. Ces véhicules avaient pour la plupart la particularité de se mouvoir en suspension dans l’air grâce au principe de l’anti-gravité qui faisait partie des technologies qui n’avaient pas été abandonnées sur Édéna, technologie qui malheureusement, en raison de son coût, n’était accessible qu’à une partie seulement de la société édénienne. Ainsi il était donc courant de trouver aussi dans les campagnes et même dans les villes, des véhicules animaliers à roues. L’avantage de l’anti-gravité était évidemment de proposer des transports plus faciles à tirer en raison de l’absence totale de frottement sur le sol, et qui pouvaient donc atteindre des vitesses conséquentes selon les animaux employés comme force motrice.
Une file ininterrompue de véhicules se succédaient à présent au pied des marches du perron d’honneur sur lesquelles un grand tapis rouge avait été déroulé. Une foule triée sur le volet se pressait pour apercevoir ces gens qui « comptaient » dans le royaume, et pour applaudir les splendides toilettes de ces dames de quelque espèce qu’elles fussent. Les reporters n’en finissaient plus de capter les images de ce défilé incessant qui était retransmis en direct sur des écrans holographiques géants installés au centre des principales places de la capitale et des villes du royaume ainsi que dans les chaumières. Perché sur une estrade improvisée, un commentateur omniscient énonçait dans son micro les titres et les noms de chacun des invités gravissant les marches, qu’il soit célèbre ou non.

Les invités étaient ensuite dirigés par une armée de majordomes et d’hôtesses vers le grand salon dans lequel de nombreuses personnalités discutaient déjà par petits groupes dans un joyeux brouhaha.
— On dit que la princesse Sali a un sosie qu’elle a ramené d’un voyage à Aretia, avançait une grosse femme déjà transpirante dans sa robe, à plusieurs de ses amies qui l’écoutaient en hochant régulièrement la tête avec un air hautement concerné.
— Un sosie ? s’exclama l’une d’entre elles, quelle drôle d’idée !
— Lui ressemble-t-elle vraiment ? demanda une autre.
— À s’y méprendre paraît-il, répondit la première, à tel point que des rumeurs prétendent que même le roi ne peut les différencier.

Toutes frétillantes, les commères s’esclaffèrent en regardant de droite et de gauche pour voir si des oreilles indiscrètes ne les écoutaient pas.
— C’est excitant, dit une rouquine dont le visage était couvert de taches, vous vous rendez compte… deux femmes pour le prix d’une !
— Oh, s’insurgea la plus vieille, enfin Mag, quelle drôle d’idée, ma chère !

Toutes rirent derechef.
Soudain le valet de pied qui annonçait les invités énonça d’une voix forte.
— Sa Majesté Calem premier, Souverain du Royaume d’Édinu et Roi d’Édéna !

Aussitôt le silence reprit ses droits dans la salle et tous les regards convergèrent vers l’entrée principale pour voir arriver le jeune monarque souriant et détendu dans son uniforme blanc et or.
— Il est trop beau, laissa échapper à voix basse la rouquine à l’adresse de son cercle de connaissances.

Calem s’avança au milieu de la salle vers un groupe composé de hauts dignitaires du royaume dont le général Pardo et le ministre Orn Mitra et leur serra la main en toute simplicité après que ceux-ci se furent respectueusement inclinés devant lui. Le monarque avait assoupli l'étiquette autant qu'il l'avait pu, trop rigide à son goût, et remanié le protocole au grand dam du Grand Chambellan, le vieux mais imposant Mas Damidda, une créature en tous points semblable aux habitants de Champala, planète du système Chagri dans la Bordure Intérieure de la proche galaxie, qui supervisait étroitement la réception. Il était partout à la fois, distribuant ordre sur ordre à son armée de serviteurs, de majordomes et d’hôtesses, veillant à ce que tout se passe parfaitement aussi bien à l’intérieur du palais que dans les jardins somptueusement éclairés et dans lesquels étaient dressés des tables et des buffets.
La rumeur des conversations reprit tandis qu’on attendait impatiemment l’arrivée de la future fiancée qui devait normalement suivre de peu celle du roi. Celle-ci fut effectivement annoncée juste quelques instants après.
— Son Altesse royale, la princesse Sali d’Austra !

Dans une longue robe bustier immaculée garnie de fines dentelles, symbole annonciateur de son prochain mariage, le diadème princier étincelant au sommet de ses cheveux coiffés en un haut chignon qui dégageait un long cou orné d’une rivière de diamants éblouissante, Sali pénétra dans l’immense salon sous les regards insistants de toute l’assemblée. Elle était resplendissante et son visage rayonnait d’un immense sourire de bonheur en s’approchant du roi devant lequel elle se prosterna, avant que Calem ne lui tende affectueusement la main pour qu’elle se redresse.
— Tu es merveilleuse, dit-il en l’embrassant sur les lèvres provoquant un frisson dans l’assemblée ainsi qu’une grimace de Mas Damidda qui leva les yeux au ciel.
— Tu es très beau aussi, répliqua-t-elle avec un sourire malicieux.

La suite du protocole voulait que le roi et sa promise aillent se poster au pied des marches de l’estrade en marbre, sur laquelle se dressaient deux trônes de velours rouge et de bois doré à l’or fin et délicatement sculpté, afin que les principaux invités leur soient présentés, un par un, par le Grand Chambellan qui s’était rapproché du couple pour cette occasion.
En même temps que les convives continuaient à affluer, Mas Damidda commençait son office en déclinant titres et noms des personnes qui s’inclinaient et se prosternaient devant Leurs Altesses. Sali recevait les compliments et les félicitations avec une grâce incomparable et une gentillesse touchante, souriante et simple dans les propos qu’elle ne manquait pas d’échanger avec chacun.
Il était heureux que tous les invités au bal ne paraissent pas de cette manière devant eux, car la nuit entière n’y aurait pas suffi. Mais seules les personnalités d’un certain rang y étaient conviées.
— Son Excellence Jalisco Vanghao, ministre du Commerce… leurs Altesses royales, le Duc Nathil d’Aretia et son épouse la Duchesse Klaara, annonça le valet de pied en poste aux grandes portes du salon d’apparat.

Ce fut sans manière aucune que le vieil homme s’empressa de traverser la salle, son épouse à son bras, pour parvenir jusque devant le futur couple royal. Après un aimable salut protocolaire, il tendit les bras vers son neveu qui lui rendit la pareille en toute simplicité pour lui donner une accolade. Puis ce fut au tour de Sali qu’il enserra dans ses bras sans cérémonie pendant que la duchesse s’inclinait devant eux.
— Vous êtes si beaux tous les deux, s’exclama le vieil oncle. N’est-ce pas, Klaara, qu’ils sont magnifiques ?
— Oui, Nathil, approuva la duchesse en embrassant Sali, ils forment vraiment un couple merveilleux ! Nous vous souhaitons à tous les deux, beaucoup, beaucoup de bonheur !
— Et de très nombreux petits bambins ! ajouta le duc avec un grand clin d’œil à Sali. Et je viendrai personnellement les faire sauter sur mes genoux !
— C’est ça, tu joueras le rôle du grand-père gâteau que ton pauvre frère n’aura pas pu tenir.
— Et pourquoi pas ? s’insurgea faussement Nathil. Bon, on vous laisse à vos devoirs… je pense qu’il y a de quoi se rincer le gosier dans les jardins !
— C’est ça, eh bien moi, je vais te surveiller, tout duc que tu es, répliqua son épouse cependant que Nathil réitérait son clin d’œil à l’attention cette fois du futur couple royal.

Comme ils s’éloignaient, Sali se pencha vers Calem pour lui dire.
— Ton oncle est réellement quelqu’un d’adorable !
— Oui, répondit le roi, je l’aime comme mon propre père. Il est comme un véritable rayon de soleil partout où il va. Quel dommage que tante Klaara n’ait pas eu d’enfant à lui donner !
— Quel dommage en effet, je suis certaine qu’il aurait fait un merveilleux père.

Les présentations tiraient à leur fin lorsqu’on annonça.
— Mademoiselle Iella Budhaasio et monsieur Gil Valestraa.

Les conversations redoublèrent lorsque la jeune fille pénétra dans la salle au bras d’un Gil raide et sérieux comme un pape, se retenant intérieurement de tordre dans tous les sens son cou enserré dans un col haut et rigide dont il n’avait pas l’habitude et qui le grattait. Son bras gauche maintenu en l’air, compte tenu de sa taille plus petite que celle de sa cavalière, il emmena martialement cette dernière jusque devant le roi et la princesse. Puis, lui, s’inclina comme Sali le lui avait appris cependant que Iella se prosternait en une profonde révérence particulièrement gracieuse, ses cheveux bouclés ondulant sur les bretelles dentelées d’une longue robe bleu pâle.
Calem tendit la main à la jeune fille qui lui donna la sienne en se relevant, puis il se courba pour lui faire un baisemain appuyé qui provoqua le murmure de certaines de ces dames dans la foule des invités.
— Tu es toi aussi très en beauté, Iella, observa-t-il en se redressant, et toi également, Gil, tu es très élégant.

L’adolescent montra ses dents en souriant largement, très fier de lui.
— Merci, Votre Majesté, vous êtes pas mal non plus !

Ils éclatèrent de rire tous les quatre. Au même instant on annonçait.
— Le Capitaine Jarval Hor’Gardi, commandant la Garde royale.
— Ah, voilà notre ami commun, s’exclama gaiement le roi en faisant signe au capitaine en grande tenue d’avancer vers eux.

Ils échangèrent sobrement les salutations protocolaires bien que s’étant déjà vus dans la journée puis Jarval déclara tout de go.
— Je n’en reviens toujours pas… ça fait neuf jours et je devrais y être habitué, mais quand je vous vois toutes les deux côte à côte comme maintenant… j’ai toujours l’impression d’avoir trop bu et de voir double.
— Et ça jacte drôlement dans les couloirs, ajouta Gil malicieusement.
— Ça jacte ? répéta Calem amusé. Et comment le sais-tu ?
— Eh ! Qui se méfie d’un ado qui se promène dans les couloirs du palais… ado qui a pourtant l’oreille bien tendue ? Les vieilles se demandent comment il se fait que le roi ait pris auprès de lui le sosie de sa fiancée…
— Les vieilles ? répéta à son tour Sali en s’esclaffant.
— Ben oui, les vieilles, quoi. Les femmes qui ont quarante ans et plus… des vieilles !

Le petit groupe partit d’un éclat de rire qui interloqua la proche assemblée au point que Calem dut se forcer à reprendre un air solennel.
— Je crois que tu en vexerais plus d’une si elles t’entendaient, souligna Iella. Tu sais, on est pas vieux à quarante ans, hein ?

Gil haussa les épaules en hochant la tête.
— Sais pas moi… pour moi elles le sont… enfin, tout ça pour dire que ces… dames — il insista sur le mot — se posent pas mal de questions.
— Il est vrai que je ne voudrais pas devenir un problème pour toi, Calem, reprit Iella. Je suis prête à repartir d’Édinu s’il le fallait… maintenant que j’ai recouvré ma liberté.

Aussitôt, le jeune monarque protesta.
— Oh non, Iella ! Tu dois rester… enfin, je veux dire… vous êtes devenues amies Sali et toi et ta présence n’est en rien une charge. Je me fiche pas mal des qu’en-dira-t-on et vous devez en faire de même. Ne suis-je pas le roi après tout ? Si ta présence dérange quelqu’un, qu’il vienne me le dire !

Une fois qu’il eut achevé sa phrase, il se rendit compte qu’il avait été un peu trop spontané et se tourna vers la future reine en cachant mal un air embarrassé.
— Enfin, évidemment… je ne veux pas parler à ta place Sali… si la situation doit te gêner… il est évident que… si tu le souhaites…

Sali lui adressa un sourire indulgent et lança un clin d’œil à son double en la prenant par le bras d’un geste complice.
— C’est un spectacle unique que de voir un monarque sortir les avirons pour ramer aussi piteusement, ne trouvez-vous pas très chère ?

Iella acquiesça en rendant son clin d’œil à Sali.
— C’est une évidence, Votre Altesse Royale, et je trouve qu’il s’en sort fort bien…

Les deux jeunes filles étouffaient un éclat de rire lorsque le valet de pieds chargé d’annoncer les arrivants, tira involontairement le roi de ce mauvais pas.
— Son Altesse Royale, le Prince Taimi d’Édéna et Sa Grâce, la Duchesse Dolmie de Tamburu !

À chaque annonce, les regards convergeaient vers les portes d’entrée de la grande salle de réception, et les nouveaux arrivants étaient inévitablement scrutés à la loupe par chacun des invités déjà présents. De longs murmures suivaient généralement ce moment, fruits des incontournables commentaires que les petits groupes, formés ça et là dans le salon, s’échangeaient aussitôt pour commenter, qui la robe de soirée de la nouvelle venue, qui d’autre la tenue culturelle haute en couleurs du non-humain mâle ou femelle, qui encore l’allure plus ou moins martiale, gauche ou empruntée, de tel militaire, ou même le tombé du smoking d’une personnalité en vue.
La rumeur alla bon train lorsque le prince entra en grand uniforme d’apparat avec à son bras, la theelin dans une longue robe moulante écarlate, généreusement décolletée et dont la jupe était fendue sur un côté jusqu’à la hanche.
— Oh ! Quelle tenue ! se récria à voix basse une grosse baronne boudinée dans sa robe jonquille. Mais regardez-moi ça ! Si elle pouvait, elle se promènerait toute nue…
— Il faut bien avouer qu’elle pourrait se le permettre… elle, persifla une autre femme plus âgée qui s’éventait le visage d’un geste précieux.

L’autre ne releva pas le sous-entendu mais pinça les lèvres pour se taire. Un colonel qui se tenait entre les deux ajusta son monocle et rendit son verdict très militairement.
— Belle pouliche en effet, racée et élancée… belle encolure, beau poitrail et des reins superbement cambrés !
— Oh ! s’exclamèrent ensemble les deux rombières.

L’officier les regarda d’un air incrédule.
— Pardon mesdames, vous aurais-je choquées par mes propos ? Vous m’en voyez désolé… l’habitude d’admirer les corinals de course… vous savez bien entendu que ce sont les femelles les plus rapides, ajouta-t-il en guise d’excuses.

Parvenus devant le roi entouré de ses amis, Taimi inclina la tête avec raideur tandis que Diva s’inclinait très bas avec une souplesse toute féline.
— Bonjour, duchesse, fit Calem en lui faisant un baisemain plus protocolaire que celui auquel avait eu droit Iella un moment auparavant, je suis ravi que vous soyez des nôtres ce soir.
— Je n’aurai manqué si belle réception pour rien au monde, Votre Majesté, répondit Diva avec son sourire le plus charmeur.

Puis elle s’inclina devant Sali.
— Votre Altesse…
— Dolmie… votre robe est magnifique.
— Merci infiniment, mais s’il y a une reine ici ce soir, tant par la grâce que par la beauté, c’est bien vous, princesse.

Sali sourit en retour du compliment d’usage si bien tourné, cependant que Jarval osait un trait d’humour.
— Le prince Taimi souhaitait sans doute pouvoir ne pas vous perdre de vue dans cette foule.

Devant le visage crispé de Taimi qui accueillit fraîchement la réflexion du capitaine, Calem fit diversion en renchérissant diplomatiquement.
— Il est vrai que non accompagnée, je suis certain qu’il y aurait ici foule de prétendants pour se lancer à l’assaut de la beauté de Dolmie, en bons valeureux chevaliers.

Le visage de son frère se radoucit un peu.
— Elle est éblouissante, n’est-ce pas mon frère ?

Ce dernier se contenta d’un petit signe de tête en guise de réponse. Au même moment l’orchestre entama un morceau et le Grand Chambellan s’approcha d’eux pour s’adresser au roi.
— Les présentations officielles sont terminées, Majesté, il vous appartient à présent d’ouvrir le bal avec Son Altesse.

Délicatement, Sali présenta la main à son futur époux qui l’entraîna au centre du cercle vide que les invités avaient spontanément créé au milieu d’eux. Les conversations retombèrent, absorbées par le spectacle gracieux du futur couple royal. Calem passa l’autre main derrière la taille de Sali et l’entraîna dans un tourbillon musical avec une légèreté et une aisance tout à fait naturelles. Tournant sur eux-mêmes, les futurs fiancés commencèrent à décrire un petit cercle dans cet espace sous les regards admirateurs, envieux ou connaisseurs, de tout ce beau monde.
Au bout de deux minutes précises, le Grand Chambellan adressa un signe discret au prince Taimi qui imita alors son frère en entrainant à son tour Diva sur la piste de danse, donnant ainsi le signal pour les autres couples. Dans la foulée, Jarval s’inclina devant Iella pour en faire de même et petit à petit, des couples se formèrent remplissant tout le salon en débordant sur la grande terrasse qui surplombait les jardins.
Au même moment, douze coups de canons tirés depuis les murailles de la cité retentissaient pour officialiser l’ouverture des festivités, et la musique envahit progressivement les places et les rues d’Édéna cependant qu’un premier feu d’artifice éclatait dans le ciel nocturne de la planète.
— Et si on allait manger quelque chose ? proposa Gil à Namina avec l’esprit pratique qui le caractérisait, tout en contemplant les danseurs. Moi la danse…
— Tu as raison, répondit la nounou, moi non plus je n’aime pas danser. La dernière fois que j’ai essayé, mon cavalier m’a tellement écrasé les pieds que j’ai eu mal à mon cor durant plus d’une semaine.


Sali contemplait le visage de son cavalier pendant que le salon tout entier semblait tourner follement autour d’elle. Elle cherchait dans ses yeux un indice qui pourrait lui ouvrir son âme en profondeur afin d’aller y quêter les réponses aux questions qu’elle se posait sur leur futur couple. Inspirant profondément dans son corsage serré, elle se jeta à l’eau.
— Calem… dis-moi… nous ne nous sommes jamais dit que nous nous aimions… l’avais-tu remarqué ?

Sans doute sous l’effet de l’étonnement, le jeune monarque perdit le compte de ses pas et s’arrêta brièvement avant de reprendre la danse au tempo suivant. Sa bouche entrouverte permettait de prendre toute la mesure de la complexité de la question qu’on lui adressait. Fixant Sali dans les yeux, il fouilla à son tour dans le bleu profond de ses iris pour tenter d’y déceler la raison précise à cette soudaine interrogation.
— Peut-être ne sommes-nous pas prêts à nous le dire ? biaisa-t-il enfin.

Sali resta un instant silencieuse en s’efforçant de se laisser bercer par la musique, puis reprit.
— Et si c’était une erreur de nous marier… tu y as déjà pensé ?

À son tour il se tut un moment. Dans sa poitrine il sentait son cœur battre de façon désordonnée et dans son esprit des pensées irrationnelles se bousculaient qu’il ne parvenait pas à ordonner. Au fond de lui-même, il savait ce que Sali essayait d’exprimer mais sa raison ne voulait pas l’entendre.
— Cette union est essentielle pour notre planète, Sali… il en va de beaucoup plus que de nous seuls.
— Là, c’est le roi qui répond, observa doucement la jeune fille en conservant son doux sourire, moi je posais la question à Calem… le beau jeune homme qui danse avec moi et qui dans vingt jours doit devenir officiellement mon fiancé.
— Faut-il vraiment que nous ayons une telle conversation ici et maintenant ?

Elle décela une légère irritation dans son ton et décida de battre en retraite. Accentuant son sourire, elle répondit docilement.
— Non, bien sûr, Calem, tu as raison, ce n’est ni l’endroit, ni le moment. Je suis désolée. Nous en reparlerons plus tard.
— Je ne sais pas… reprit le jeune homme, nous allons nous marier, Sali, il nous faudra faire avec, de notre mieux. Je m’y suis engagé et je m’y tiendrai.

La princesse ne répondit rien. Qu’aurait-elle pu dire de plus ? Que la réponse ne lui convenait pas ? Que « faire de leur mieux » n’était pas ce qu’elle attendait d’une union ?
Fermant les yeux, elle se laissa entrainer par le final enfiévré de la danse qui éclata en une apothéose musicale suivie par une salve d’applaudissements enthousiastes de la part de toute l’assemblée.
Le couple royal quitta le grand salon au milieu des courbettes pour s’en aller vers les jardins.
— Allez, viens, allons prendre une coupe de ce merveilleux pétillant que produit ton royaume, invita Calem.

Voulant lui apporter une touche de sérénité qui semblait lui faire défaut, il faillit ajouter « je t’aime » mais les mots ne dépassèrent pas ses lèvres et ne s’envolèrent pas dans l’air tiède de la nuit jusqu’aux oreilles de celle pourtant censée devenir sa bien-aimée. Son cœur se serra involontairement et il dut lutter pour chasser de noires pensées qui tentaient de s’insinuer dans son esprit.
De façon fort opportune, Jarval arriva vers eux avec Iella.
— Ouf, j’ai cru qu’elle n’en finirait pas, s’exclama le capitaine. J’ai bien dû écraser les pieds de Iella une bonne douzaine de fois, ajouta-t-il en prenant un verre sur le plateau qu’un serviteur s’était empressé d’amener au roi.

La jeune fille sourit avec complaisante.
— Ne l’écoutez pas, il plaisante ou il joue les faux modestes… il danse comme un dieu…
— À ce point ? releva Sali en prenant elle aussi un verre comme les autres. Il faudra que j’en juge par moi-même… Calem aussi danse merveilleusement bien, ça doit valoir le coup de comparer.
— Mais, quand vous le voudrez, Votre Altesse ! s’empressa de déclamer un Jarval tout heureux de la proposition sous-entendue. Ce sera avec le plus grand plaisir !

Les invités s’étaient partagés entre la grande salle de réception où les couples dansaient et les salons ou les jardins dans lesquels des buffets étaient dressés. Le roi n’était pas sorti depuis cinq minutes et avait juste eu le temps de partager quelques délicieux petits fours avec ses amis, que déjà des gens haut-placés se pressaient pour le rencontrer afin de lui présenter quelqu’un, le complimenter avec sans doute l’arrière-pensée d’un quelconque bénéfice, ou s’entretenir avec lui des choses du royaume. Très vite il fut accaparé malgré lui et Sali se retrouva à la traîne avec une moue que Jarval sut vite interpréter.
— Le moment est peut-être venu de m’accorder quelques pas de danse… à vos risques et périls, bien entendu.

Sali accepta le bras élégamment proposé et le couple reprit le chemin du grand salon. Iella grignotait en compagnie de Gil et Namina lorsque Taimi se présenta à eux.
— Iella, très chère, je vous vois abandonnée au milieu de cette foule dans laquelle vous ne devez pas connaître grand monde. Accepteriez-vous de danser avec moi ?

La jeune fille ne cacha pas sa surprise et regarda autour du prince.
— Qu’avez-vous fait de la duchesse Dolmie ?

Le prince eut un geste vague.
— Oh, elle est allée dans ses appartements pour se repoudrer le bout du nez… si vous voyez ce que je veux dire. Ce qui fait que pour un moment, je suis libre… et si vous m’accordez la prochaine danse, vous me sauveriez d’un certain nombre de baronnes, duchesses et autres courtisanes qui n’attendent qu’une faiblesse de ma part pour sonner l’hallali !

Il rit et Iella l’imita par politesse. Elle pensa qu’au fond, le petit frère de Calem était un garçon très gentil et bien mignon malgré des prévenances inexplicables qu’elle entretenait à son égard.
L’orchestre s’était mis à jouer une danse rapide sur laquelle il l’entraîna dextrement dans un pas étourdissant qui eut tôt fait de tourner la tête à la jeune fille. Excellent danseur, il la mena progressivement vers l’une des portes-fenêtres latérales qui s’ouvraient en grand sur les jardins dans lesquels il la fit sortir tout en virevoltant avec une adresse incomparable. Cette partie des jardins était faiblement éclairée et, par contraste avec le devant inondé de lumière, paraissait plongée dans une douce et reposante pénombre. Lorsqu’ils se furent éloignés de plusieurs mètres, Iella s’arrêta de danser en chancelant, cherchant à retrouver un équilibre qui ne semblait pas avoir quitté son cavalier. La musique était à présent adoucie par la distance et on pouvait entendre le craquettement de quelques insectes nocturnes faisant crisser leurs élytres dans les buissons. Galamment, Taimi retint Iella par la main pour l’empêcher de perdre l’équilibre et la soutint par la taille contre lui.
— Vous n’allez pas vous sentir mal, j’espère ? dit-il sur un ton amusé, sinon, je vais me voir obligé de vous porter dans mes bras.
— Non, ça va, soupira la jeune fille en se tenant la tête, c’est juste que je n’ai pas l’habitude de tourner aussi vite en dansant… comment faites-vous pour ne pas en éprouver de la désorientation ?
— Question d’habitude… chaque matin en me levant, je me hisse sur un pied et je fais la toupie à toute vitesse pendant plusieurs minutes.

Iella éclata de rire.
— Vous vous moquez de moi !

Taimi l’imita.
— Je n’oserais pas vous manquer de respect, Iella… je plaisante, voilà tout, j’aime tant vous entendre rire… et vous voir le faire aussi… vous avez de charmantes fossettes sur les joues lorsque vous souriez.

Iella baissa inconsciemment les yeux, embarrassée, et desserra délicatement l’étreinte un peu trop empressée de son cavalier.
— Vous aussi, observa-t-elle, tandis qu’il lui lâchait la taille mais pas la main.
— Moi aussi quoi ? demanda-t-il en l’emmenant un peu plus loin, entre les haies.
— Les fossettes… vous aussi vous en avez quand vous riez…
— Ah, oui… il faudra donc que je me regarde plus souvent devant la glace en me racontant des histoires drôles pour les admirer.

La jeune fille étouffa un nouveau rire.
— Vous continuez à vous moquer, laissa-t-elle échapper d’un ton de reproche.

Taimi prit une voix douce plus sérieuse.
— Non, Iella, je ne veux pas me moquer… vous êtes simplement d’une plaisante compagnie qui invite à un peu d’espièglerie, voilà tout.
— C’est bien calme ici, observa Iella en regardant les alentours déserts, calmes et reposants.
— C’est que, entre le bal, les buffets et mon frère qui accapare tous les regards ainsi qu’une foule de lécheurs de bottes, il n’y a plus personne pour se promener romantiquement loin de cette agitation.

Ils avançaient toujours entre les haies taillées au cordeau sur un petit chemin caillouteux soigneusement damé et franchirent une courte passerelle de bois en forme d’arche sous laquelle bruissait un étroit ruisseau qui se faufilait entre les pelouses. Un joli petit kiosque se tenait un peu plus loin avec des bancs de pierre tout autour. Une partie du pavillon était occultée par des panneaux de bois à croisillons serrés peints en vert, destinés à protéger les visiteurs du vent, laissant deux entrées à l’opposée l’une de l’autre. L’endroit, plutôt sombre, devait en temps ordinaire, être propice aux amoureux.
Depuis quelques instants, Iella essayait de lâcher la main du prince mais celui-ci ne semblait pas disposé à répondre à sa sollicitation.
— Où m’emmenez-vous ? questionna-t-elle, ne devrions-nous pas revenir à la réception ? On risque de nous chercher… et peut-être votre amie, la duchesse Dolmie, est-elle revenue le nez joliment poudré ?
— Oubliez Dolmie, elle doit repartir pour Tamburu très prochainement.
— Oh… je suis désolée… mais elle reviendra bientôt sans doute ?
— Ce n’est pas dit. Et puis je ne suis pas certain qu’elle et moi soyons parfaitement accordés.
— Pourtant à vous voir ensemble, on ne le dirait pas.

Ils étaient à présent au centre du kiosque. Taimi s’arrêta.
— Vous êtes d’une égale beauté avec la princesse Sali, remarqua-t-il en la prenant par ses épaules dénudées pour la placer face à lui.

Iella sourit, légèrement mal à l’aise.
— Nous nous ressemblons…
— Mais vous n’avez pas tout à fait le même caractère. Vous êtes plus entreprenante, plus intrépide et votre sensualité n’en est que plus accrue.

Iella baissa les yeux pour la seconde fois en quelques minutes.
— Vraiment, Prince, vous me gênez.
— Non, surtout ne le soyez pas… je vous trouve admirable depuis que je vous ai vue et votre grâce… votre charme… l’harmonie de votre corps si parfait… l’océan de vos yeux dans lequel je ne demande qu’à me noyer…
— Enfin, Prince, vous me mettez dans l’embarras… nous devrions rentrer…

Elle sentait les mains du jeune homme s’agripper fermement à ses épaules et dans l’obscurité, elle pouvait deviner l’éclat de ses yeux enfiévrés.
— Lâchez-moi, je vous en prie, cette conversation n’a que trop duré, protesta-t-elle d’une voix plus ferme.

Taimi haussa d’un ton.
— Elle durera autant qu’il me plaira de la faire durer ! fit-il d’une voix cassante. Je vous rappelle que vous n’êtes rien, Iella. Il n’y a de cela que quelques jours à peine, vous étiez une esclave soumise à son maître !

La jeune fille se cambra sous ce qu’elle ressentit comme une injure et essaya de se dégager sans brutalité. Mais il la tenait résolument et elle pouvait sentir ses doigts s’enfoncer douloureusement dans sa chair. Elle cria tout en tentant de maîtriser un vague sentiment de panique qui cherchait à s’emparer d’elle.
— Lâchez-moi… je ne veux pas vous faire mal.
— Vous ne le pouvez pas ! Dois-je vous rappeler qui je suis ? Je suis le Prince d’Édéna, la seconde personne la plus importante de cette planète après mon frère. Et vous, vous n’êtes qu’une roturière, une fille de basse couche… et vous avez la chance d’être désirée par moi ! Songez que je puis vous faire princesse et accéder à tous vos souhaits !

Sa voix vibrait maintenant sous le coup d’une puissante émotion qui commençait à lui faire perdre le contrôle de lui-même. Il la secoua de ses mains comme il l’aurait fait d’une poupée de chiffons.
— Je vous aime, Iella, et je vous veux ! Il ne s’écoule pas une heure sans que je ne pense à vous… chaque nuit je rêve de vous et chaque soir devient une torture de ne pouvoir m’allonger contre vous !

Pour le coup, Iella commençait vraiment à paniquer. Elle se tortilla vainement, essayant de repousser l’étreinte impitoyable du jeune homme avec ses mains, mais sans succès. Elle se mit à réfléchir follement. Il y avait bien la solution de force, mais Taimi avait raison. Si elle portait la main sur une Altesse Royale, elle qui n’était rien, elle se rendrait coupable d’un crime de lèse-majesté, et même si Calem pouvait en tant que roi la tirer d’affaire, elle ne voulait à aucun prix le mettre dans un tel embarras. Restait donc la persuasion.
Rassemblant tout son courage, elle inspira profondément pour se calmer et retrouver une voix normale.
— Taimi… vous permettez que je vous appelle Taimi… Votre Altesse ?

Légèrement décontenancé par le changement de ton et de contenu de conversation, il bégaya en se calmant un peu.
— Oui… oui… bien entendu… ça me ferait même très plaisir, chère Iella.
— Taimi, continua-t-elle comme dans un souffle, vous confondez l’amour avec le plaisir. Vous me désirez parce que je ressemble à Sali et que Sali est à Calem. Alors vous avez simplement l’impression que si vous m’aviez, ce serait un peu comme si vous lui voliez sa promise… rivalité de frères… ou peut-être comme si vous la partagiez avec lui.

Il resta sans voix un bref instant avant de secouer négativement la tête.
— Non, non, Iella, vous ne comprenez pas ! Vous ne ressemblez pas à Sali. Elle est fade, sans caractère, incapable d’aventure contrairement à vous, j’en suis persuadé. Vous, vous êtes une braise ardente, un tourbillon dans lequel je veux que vous m’emportiez !

Il avait approché son visage du sien et cherchait de toute évidence à l’embrasser. Elle pouvait sentir son souffle chaud et empressé sur sa joue et le sentait trembler de tous ses membres.
— Non, Taimi, non ! Je vous en prie, reprenez-vous ! Non ! cria-t-elle.

Soudain une poigne irrésistible saisit le prince par une épaule et le tira violemment en arrière. Sous l’effet de la surprise, il lâcha Iella et perdit l’équilibre pour tomber rudement sur les fesses, l’air hébété en regardant la silhouette de celui qui venait de porter la main sur sa personne.
— Qui a osé ? Vous venez de signer votre arrêt de mort ! hurla-t-il en se relevant les poings fermés.
— Arrête tes bêtises, Taimi, ordonna la voix de son frère, je t’interdis d’agresser Iella ainsi, tu m’entends ! Que je ne te vois plus poser tes mains sur elle ou tu auras affaire à moi !

Des larmes de rage montèrent aux yeux du cadet et firent craindre le pire à la jeune fille qui ne savait pas quelle contenance adopter.
— Tu as osé me jeter à terre ! Toi, mon propre frère ! Tu oublies que je suis le Prince d’Édéna ? hurla-t-il presque au bord de l’hystérie.
— Et toi, tu oublies que je suis le Roi, et que Iella est sous ma protection !
— Ta protection ? Peuh ! Parlons-en de ta protection ! Tu es tout simplement jaloux d’elle !
— Tais-toi, ne dis pas de sottises, tu te comportes comme un enfant trop gâté !
— Que je me taise ? Tu as peur que je dise tout haut ce que d’autres pensent tout bas ? Que je dise que c’est Iella que tu aimes et non celle que tu te prépares à épouser et que tu trompes déjà dans ton cœur ?

Au même moment, Sali et Jarval arrivaient à l’entrée du kiosque.


Un moment auparavant, Calem était entré dans la salle de bal et s’était approché du couple qui dansait pour leur demander.
— Je cherche Taimi… je voudrais le présenter au nouvel ambassadeur d’Aussia. Je l’avais pourtant vu se diriger par ici avec Iella, mais je ne les trouve pas. Vous ne les avez pas vus ?
— Si, répondit Sali à qui rien n’échappait, ils sont partis tous les deux vers les jardins, par là.

Elle désigna du doigt une porte-fenêtre vers laquelle Calem se dirigea aussitôt. Le couple reprit la danse mais au bout de quelques instants, la jeune fille en décida autrement.
— Et si nous allions prendre l’air ? Peut-être pourrons-nous aider mon futur époux à retrouver son frère ?
— Une partie de cache-cache dans les jardins ? répondit Jarval avec entrain, j’en suis !

Quelques minutes plus tard, dans la pénombre du labyrinthe des haies, ils se dirigeaient d’un pas pressé en direction d’éclats de voix qui résonnaient non loin d’eux et qui semblaient provenir d’un petit pavillon de jardin.


Leur entrée coïncida avec le geste fatal de Calem. Ce geste, il ne l’avait pas prémédité. Il était venu tout seul, arrivé avec la perte de sang-froid que la réflexion du cadet avait provoquée. Et ce geste d’impuissance ne pouvait signifier qu’une seule chose : que Taimi avait mis le doigt sur une plaie vive et douloureuse.
Sous l’effet du soufflet qu’il reçut de son aîné, Taimi tourna la tête qu’il immobilisa ainsi quelques secondes, dans le silence le plus complet. Sali porta ses mains à la bouche pour étouffer un cri et Iella sursauta de surprise consternée. Surpris lui-même de son geste, le roi resta bouché-bée, ne sachant plus quelle contenance prendre. Puis, comme au ralenti, le prince redressa son visage vers son frère, la bouche déformée par un rictus de haine et les yeux enflammés par un regard meurtrier.
— Pardon, Taimi, ne put s’empêcher de dire Calem en avançant une main, je ne voulais pas…

Le cadet repoussa vivement le bras tendu vers lui avant de se frotter la joue.
— Je te tuerai pour ça ! laissa-t-il choir froidement dans le silence.

Iella, pétrifiée, lançait des regards horrifiés sur les deux frères. Le mal était fait, on ne pouvait plus revenir en arrière. Elle se sentit coupable d’avoir crié et alerté le roi, pensant qu’elle aurait dû savoir gérer la situation sans en arriver là où ils en étaient.
Taimi tourna les talons et se dirigea vers la sortir du pavillon. Calem essaya de le retenir par l’épaule.
— Écoute, Taimi, je te demande pardon… je ne voulais pas te gifler, mais… avoue que tu as un peu exagéré, là…
Mais le cadet se dégagea brutalement de l’étreinte de son frère et se perdit à pas rapides dans l’obscurité des jardins, laissant sur place les quatre personnes médusés qui échangeaient des regards embarrassés. Un long silence s’ensuivit. Ce fut Jarval qui le brisa d’un ton qui se voulait rassurant.
— Ne t’en fais pas trop, Calem, ce n’est rien. Juste une dispute entre frères comme ça arrive partout. Dans quelques jours, il n’y paraîtra plus.

Sali ne pensait pas du tout la même chose mais resta muette. Ce fut le roi qui exprima tout haut les craintes qu’elle nourrissait intérieurement.
— Non, le mal est fait. Je connais Taimi, il est rancunier comme un enfant obstiné. Je viens de creuser un fossé entre nous deux.

En regardant tour à tour ses amis, il continua.
— Je suis désolé de ce piètre spectacle. Iella, je te prie de lui pardonner sa grossièreté envers toi et je te présente des excuses pour lui. Il est… impulsif et, je le crains, incontrôlable. Je comprendrais parfaitement si tu voulais quitter le palais à la suite de ce regrettable incident.

Iella avala sa salive dans sa gorge sèche, cherchant une réponse appropriée, puis finit par demander.
— Est-ce cela que tu souhaites ?

Embarrassé, Calem regarda Sali avant de lui répondre.
— Non, Iella, je voudrais que tu restes… encore un peu…

Cette fois, ce fut le cœur de la princesse d’Austra qui se serra involontairement. Aurait-elle dû s’attendre à ce que son futur époux renie les paroles que son cadet venait de prononcer ? Taimi avait dit tout haut ce qu’elle pressentait tout en cherchant à se le cacher. Que devait-elle faire ? Laisser les choses aller de l’avant et devenir une épouse par défaut pour le roi ? Ou s’éclipser tant qu’il était encore temps en laissant le roi se consoler auprès de Iella ? Et elle, Iella, quels sentiments nourrissait-elle vraiment pour le jeune homme ?
Sali décida qu’il fallait d’abord qu’elle le sache pour convenir de la suite à donner à tout cela. Ce fut elle qui reprit l’avantage, d’une voix posée, calme, presque autoritaire… une voix de reine.
— Nous ne devons pas laisser cet incident s’ébruiter ni ternir la réception du roi. Il nous faut reprendre notre place parmi les invités. Ensuite nous y réfléchirons posément.

Un silence approbateur accueillit ses paroles. Elle reprit.
— Calem, demain, nous partirons Iella et moi pour un ou deux jours, histoire de changer d’air.

D’abord surpris, le roi fit une moue dont on ne savait si elle était d’approbation ou de contrariété.
— Pour aller où ?
— Il y a deux jours, Iella a parlé de me faire visiter les ruines du Temple d’Édin dans la vallée des Mille Eaux. Je sais que l’accès à ce sanctuaire est interdit sauf autorisation particulière, mais je pense qu’en tant que future reine d’Édéna, je puis y aller et me dois de le faire, ne serait-ce que pour découvrir mon futur royaume !

La fermeté avec laquelle Sali venait de parler laissait peu de place à la négociation si tant est que Calem eût voulu l’empêcher de faire ce voyage.
— Je me serais fait un plaisir de t’y emmener, tu sais, osa-t-il quand même.
— Je n’en doute pas, Calem chéri, répliqua-t-elle en lui caressant la joue, mais j’ai envie d’y aller avec Iella, toutes les deux, entre femmes.

Jarval s’interposa.
— Laissez-moi vous accompagner pour assurer votre protection !

Sali fit non fermement de la tête.
— Quand j’ai dit « entre femmes », ça ne vous incluait pas, malgré toute l’amitié que je vous porte. Je suis certaine que votre compagnie aurait été des plus agréable, mais, c’est non.
— Mais je ne peux te laisser partir ainsi, sans escorte, protesta le roi.
— J’en conviens. Tu peux donc prévoir l’escorte qui te satisfera, mais sans toi et sans Jarval. Et je te le demande comme une faveur… une sorte de cadeau de pré-fiançailles si tu veux.

Le sourire de la jeune femme ne le disputait pas à la résolution qui brillait dans ses yeux et qui emporta l’assentiment plus ou moins contraint de son futur époux.
— Soit, deux jours pas plus, capitula-t-il en lui baisant les lèvres. Jarval, je te charge d’organiser tout ça et de choisir une douzaine d’hommes sûrs pour les accompagner !
— À tes ordres, Calem, je m’en charge évidemment. Néanmoins, la vallée des Mille Eaux est une zone sûre, absente de toute présence humaine… un petit paradis sur Édéna. Nous ne devons pas nous inquiéter pour une escapade là-bas…
— Évidemment, mais on n’est jamais trop prudents.
— Bien, maintenant, nous ferions mieux de nous remontrer ou les gens vont se douter de quelque chose, conclut Sali en sortant du pavillon.

Le petit groupe lui emboita le pas et retourna à ses devoirs en regagnant la réception. Au Grand Chambellan qui s’inquiétait de la disparition du prince, on répondit que ce dernier était fatigué et avait dû regagner ses appartements. Peut-être couvait-il quelque chose ?


Ce fut Diva qui essuya la colère hystérique de son amant lorsqu’il regagna ses quartiers.
— Il m’a frappé ! Tu te rends compte ? Il a osé lever la main sur moi comme… comme si… si j’avais été un enfant ! Et devant cette pute et Jarval… et cette petite garce de Sali qu’il n’aime pas, j’en suis certain ! Je sais que c’est parce que je lui ai envoyé la vérité à sa face de chien qu’il m’a giflé !

La Sith crissa des dents et serra les poings. Si son Maître lui avait enseigné la patience, ce n’était pas vraiment son point fort. Elle aurait volontiers pris son sabre laser pour se débarrasser de tous ces personnages qui commençaient à l’ennuyer prodigieusement avec leurs histoires.
— Je vais le tuer ! continuait Taimi dans sa rage. Et toi, sorcière, tu ne dis rien ?

La tête enfouie dans ses doigts crispés, il se trouvait assis sur le bord du lit dans la chambre plongée dans la pénombre, cependant que sa maîtresse regardait par les fenêtres les lueurs de la fête qui se déroulait en ville.
— Pourquoi tu ne dis rien ? hurla-t-il. Tu pourrais au moins prendre mon parti !

Les yeux de la theelin se plissèrent pour ne plus former qu’une fine ligne noire derrière laquelle un éclat écarlate se mit à luire. Les traits de son visage semblèrent changer un court instant, marqués par une ombre fugitive et ses joues se creusèrent pendant que les coins de la bouche s’affaissaient en un rictus inquiétant. Cette altération ne fut que de courte durée, cessant presque aussitôt et l’éclat rouge de ses yeux avait disparu lorsqu’elle les rouvrit.
Revenant jusqu’à lui, elle s’assit à ses côtés et prit sa tête contre sa poitrine comme une mère avec un enfant qui a du chagrin.
— Tu veux te venger de ton frère ? Fort, bien, je vais m’employer à t’aider.

Puis elle ajouta.
— Et si au lieu de le tuer, tu lui prenais plutôt son trône ?
— Son… trône ? balbutia Taimi d’une vois étouffée. Co… comment veux-tu…
— Calem s’est fait beaucoup d’ennemis ces derniers jours avec la réforme sur l’esclavage qu’il vient d’entreprendre et le général Pardo ne le porte pas dans son cœur depuis qu’il lui a interdit de poursuivre les Kiathes. Et si nous arrivions à convaincre ce cher général, qui commande à toutes les armées, que son intérêt est de s’allier avec la Forteresse du Désert de Sang avec toi comme roi ; qu’ainsi, il pourrait restaurer tout l’éclat ancestral du Royaume et étendre son hégémonie sur la planète tout entière ?

Taimi s’arracha de son étreinte pour pouvoir la regarder en face.
— Avec la… forteresse ? Mais qui es-tu vraiment, Dolmie ?

Elle lui posa son index dressé sur les lèvres.
— Chut, les réponses à tes questions viendront en leur temps. Fais-moi seulement confiance et sous peu tu règneras sur Édéna en Maître absolu.

Il baissa les paupières puis la tête.
— Entendu, je te fais confiance, Dolmie. Fais de moi ce que tu voudras pourvu que je puisse tenir ma vengeance entre mes mains.
— Ce que je veux ? répéta-t-elle avec une douceur toute sensuelle.
— Ce que tu veux, souffla-t-il.

Puis après un silence il reprit.
— Mais si Pardo commande les armées, il ne commande pas la Garde royale. C’est Jarval qui en est le chef, sous l’autorité directe de Calem !

La Sith prit le visage du prince entre ses mains pour l’embrasser.
— Alors, tant pis pour la Garde… et tant pis pour Jarval !

Le sourire qui se dessina sur son visage fit éclater la blancheur de ses canines pointues qui ressemblaient à cet instant précis, aux crocs d’un nexu.
Les deux silhouettes s’allongèrent sur le lit dans l’obscurité. Diva savait parfaitement ce qu’il fallait faire pour calmer son petit prince, marionnette insignifiante entre ses doigts mais amant parfait qu’elle regrettait d’avance de devoir tuer sous peu.


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Modifié en dernier par Hiivsha le Lun 10 Juin 2013 - 16:28, modifié 8 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 23 Mar 2013 - 19:43   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Oui... Allez, on y va ! Pour commencer, je note que j'ai de moins en moins de corrections à faire, je vais finir au chômage technique^^ Le chapitre assassinat s'inscrit dans la tradition des démonstrations de force d'un méchant, naturellement, et de ce côté-là, il est plutôt réussi ; mais fais attention à une chose, c'est qu'à force de systématiquement érotiser la Theelin quoi qu'elle fasse, on finit par ne plus la voir qu'à travers ce prisme, ce qui en fait un personnage bien maigre :neutre:

Quant au chapitre avec la bombe sentimentale à deux doigts d'exploser et la crise d'ado de l'autre, je n'ai rien à redire, c'est une jolie tension que tu installes :lol:

Le lendemain avait donc trouvé une Iella perplexe


J'aime :jap:

mais sa rébellion était vaine et vouée à l’échec


Est-il bien nécessaire de mettre les deux ?

Il en allait de cet instant comme de ceux chargés d’une incertitude irraisonnée qui nous font parfois douter de tout, y compris et surtout de nous-mêmes.


Aïe aïe aïe... Le "nous" dans la narration, cette façon de s'adresser directement au public, je ne suis pas fan, ça rend visible le narrateur ; c'est pourquoi je dirais plutôt "d'une incertitude irraisonnée qui fait parfois douter de tout, y compris et surtout de soi-même".

tel n’était pas mon intention…


Euh, telle, non ?

Diva se prit à penser que décidément, elle préférait largement faire l’amour avec une femelle


Entre les phrases longues, l'autre monde et ça, je vais finir par porter plainte pour plagiat :lol: :love:

Le comte se raidit.


Hmmm...

C’était, comme on vient de le souligner


J'en conclue que rendre la narration visible est un choix, pour faire imiter un conte ?

Le monarque avait assoupli le plus qu’il avait pu l’étiquette


Houla, c'est très laid, ça :perplexe: Avait assoupli l'étiquette le plus possible, Avait assoupli l'étiquette autant qu'il l'avait pu, voyons !

ado qui a pourtant l’oreille bien pendue ?


Euh, tendue, non ? Parce qu'en principe, c'est la langue, qui est pendue :transpire:

Sa voix vibrait maintenant sous le coup d’une puissante émotion qui commençait à lui faire perdre son self-control


Je trouve que contrôle de lui-même convient tout à fait au lieu de ce vilain anglicisme, mais bon...
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
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Messagepar Hiivsha » Sam 23 Mar 2013 - 20:33   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Comme toujours, tu vois des choses que je n'ai pas vues même après trois ou quatre lectures... comme quoi il est indispensable d'avoir d'autres visions que les siennes sur son texte... et de préférence, au fil de la publication, tant que c'est frais à la mémoire de l'auteur. Merci. je corrige tout ça. :jap:
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Messagepar Notsil » Lun 25 Mar 2013 - 18:01   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Mouhaha, me revoilou :) C'est fou comme les semaines passent vite :p

Bref, j'ai du retard, et je le rattrape !

Ces quatre derniers chapitres sont fort sympathiques. Je regrette que Taimi soit si conforme à mes prévisions. Quant à sa chérie, je trouve qu'elle aurait pu tuer l'autre bouffon + économiquement : il me semblait que sa mort devait être propre et rapide pour ne pas trop éveiller l'attention ? Car là, ça attirera le rodien, pour sûr, avec tous ces morts.

J'ai trouvé touchante la scène où Iella quitte son "maitre". Vraiment le meilleur passage à mon goût sur ces trois chapitres. Pauvre petit papi qui se retrouve seul, on le trouve attachant alors que même s'il a bon fond, il gardait Iella esclave.

Je trouve toujours étrange que Sali et Calem soient "futurs fiancés". C'est un mariage de convenance ou pas ? Si oui, bah on fixe les fiançailles, avec ou sans l'accord des principaux concernés, et éventuellement à eux de rompre leurs vœux avant le mariage. Enfin, si y'a une période de fiançailles, c'est justement pour permettre de finaliser les papiers - et éventuellement que les futurs décident si oui ou non ils poursuivent. Bref, un avis subjectif, mais ne pas être fiancé et se trouver souvent en tête à tête sans chaperon (alors que si j'ai bien suivi ils ne doivent pas consommer avant la nuit de noces) ... je dis pas, si c'est leur choix et qu'ils décident d'attendre, mais c'est un roi, ça doit forcément jaser autour :)

Bon, la partie des erreurs ou trucs bizarres qui trainent.

Chapitre 10.

Puisque hormis l’élite des prêtres, il n’y a que le monarque qui connaissent l’accès au Temple

-> qui connaisse / connait

Diva lui avait alors adressé une grimace pour tout réponse.

-> toute

Cette conversation avait eu lieu il y avait quelques jours déjà et, à présent, Dark Zarek observait

-> perso j'aime pas la tournure "il y avait quelques jours", je trouve lourd ^^ Je pense que tu pourrais remplacer par un truc genre "avait eu lieu quelques jours plus tôt" par exemple.

les alentours hostiles du Désert de Sang, immensité montagneuse stérile où les pierres rougeâtres des plateaux et des canyons tortueux entaillaient comme des rasoirs les imprudents qui n’y prenaient pas garde.

-> la phrase est jolie, mais, une roche qui taille comme un rasoir un voyageur... je cherchais pourquoi ça me titillait, mais en fait, "tailler" c'est + une action "directe" (que ne peut exercer la roche sur le bonhomme), alors que "couper / coupantes" ça fait + "accidentel" et objet inanimé. (on se taille la barbe avec un rasoir - c'est voulu - et quand on se coupe, c'est pas voulu - j'imagine :p - donc ça collerait mieux avec le "qui n’y prenaient pas garde"). Bref, j'ai eu du mal avec "entaillaient" ^^

la coutume voulant que les futurs fiancés ne fassent pas lit commun avant d’être mariés.

-> voilà typiquement, futurs fiancés, puis fiancés, puis futurs mariés, puis mariés... ils auront quel âge quand ils pourront "enfin" consommer ? ^^

avec une pointe de nostalgie presque obsédante, que tout cela finirait bien par passer une fois le mariage consommé.

-> ouais, la solution à tous les soucis, consommer le mariage, alors qu'en général ça rend plutôt la décision irrévocable du coup... donc ouais, en parler avant ça me parait mieux :p

Depuis qu’ils étaient à Aretia, le duc n’avait eu de cesse qu’il n’ait répondu à tous ses besoins et avait fait montre d’une réelle affection indéfectible à son égard.

-> n'avait eu de cesse de répondre à tous ?
affection indéfectible... je sais pas, côte à côte, ça me fait bizarre ^^

comment la nouvelle jeune maîtresse avait eu le courage de protéger une enfant, même pas humaine,

-> à part si les humains sont considérés sur la planète comme naturellement supérieurs, je supprimerai le "même pas humaine".


Chapitre 11.


Le jeune homme rit à son tour.
— Détrompe-toi ! J’ai un lointain oncle du côté de ma mère qui habite dans un château hanté.
— Sérieux ?

-> le "sérieux" fait trop... je sais pas, j'ai envie de dire "jeune" ^^

Iella obtempéra en souriant d’un sourire presque énigmatique

-> en souriant d'un sourire... je crois que ça parle par lui-même ^^

Il se porte à merveille… il a rajeunit de vingt ans au contact de Sali.

-> rajeuni

Si personne ne la croyait, elle risquait la peine qu’encourent les esclaves qui inventent des contes pour essayer d’échapper à leur sort !

-> inventer des contes... bon, c'est plus une gamine, elle peut dire ceux qui tentent des entourloupes pour gagner leur liberté ^^ Sinon, un rappel de cette terrible sentence ne serait pas de refus à ce moment-là pour renforcer l'effet dramatique.

mais Phileo me pardonnera certainement, comment vous vous êtes rencontrés vous et lui ?

-> comme elle dit "vous vous êtes rencontrés", le "vous et lui" me parait inutile.

mais il restait coït,

-> "coi " , sinon c'est pas tout à fait la même signification ^^

Non ! Il faudra me tuer sur place pour que je vous suive !

-> le "sur place" est-il vraiment nécessaire ?

De son côté, Sali avait prit le poignet de Iella comme pour la protéger et la garder près d’elle. Calem fit un geste vers Paar et Xavia.

-> avait pris

Elle recula de quelques pas à l’intérieur de la maison cependant que le colosse s’éclipsait également.

-> n'aurais-tu pas confondu "cependant" et "pendant" / "tandis que" ?

Le vieil homme redressa sa tête qui tombait depuis un moment sur sa poitrine et regarda le roi d’un regard sûr de lui.

-> regarda d'un regard ... :)

J’étais à Meriik, un village aux portes du désert de sable, il y a deux semaines de cela quand nous avons été attaqués par une grande troupe de bandits Kiathes. Ils ont massacré une grande partie de la population et ma mère… ma mère…

->" il y a deux semaines de cela " : formulation un peu moche, m'enfin c'est sûr que la petite est perturbée à ce moment ^^ mais c'est pas très joli :)

où une caravane nous attendaient pour aller par voie de terre jusqu’à Meriik… je voulais à la fois…

-> attendait

D’un doigt, le roi souleva délicatement le visage de sa promise du bout du menton et sourit.

-> je vois l'idée, mais je trouve que ça pourrait être formulé plus joliment.

on nous a emmenés dans un repaire… dans une falaise et jeté en prison.

->" jetés " pour continuer l'accord.

Tu va rester ici… et je te donnerai tout ce que je possède… tout… mais ne me quitte pas, je t’en supplie…

-> vas

Le seul tort de Phileo Gau’Am-Soor avait été de ne pas avoir quitté le monde en même temps que sa tendre épouse.

-> le terme "tort" me semble mal choisi / peu judicieux. C'est pas sa faute à ce brave homme si sa femme est morte avant lui ! Son regret, sa tristesse, mais à mon sens, pas son tort.


Chapitre 12.

Sa phrase resta en suspend en apercevant les deux jeunes filles côte à côte.

-> suspens (je vois cette erreur souvent, alors certes "suspendu" et "suspension" ça veut toujours dire "en l'air", mais en suspension ça flotte davantage tout seul que grâce à un appui. Oui c'est un moyen bizarre de s'en souvenir mais c'est le mien :p).

veux-tu que nous fassions une pause pendant quelques jours le temps que tout cela se décante et d’ici-là, tu essaieras de repenser à tout cela même si je sais que c’est très pénible pour toi… vois s’il te revient ne serait-ce qu’un petit détail qui pourrait nous être utile…

-> on aère un peu peut-être ? "veux-tu" appelle un quelconque point d'interrogation, genre "veux-tu que vous fassions une pause pendant quelques jours ? Le temps que..." Éventuellement une virgule avant "même".

qui ont vu le jour à la suite de la grande guerre économique d’il y a presque mille cinq cent ans.

-> cents (le "d'il y a presque" n'est pas très joli non plus).

En parlant de Iella, Calem, crois-tu que ce soit une bonne idée de garder celle femme au palais ?

-> cette
(au passage, dès le premier moment où Calem voit Iella, on sent que c'est foutu pour Sali ^^).

J’ai remarqué à table de quelle façon tu regardais Iella. Tu ne regardes pas Sali de la même manière. Sali, tu la regardes comme une amie très proche alors que Iella, tu parais sans cesse la contempler.

-> je ne sais pas si c'est voulu, mais ça fait 3 "regarder" en 3 phrases.

C’est qu’il a des preuves flagrantes de corruption le concernant ! Tu connais Rabo’Par,

-> je ne trouve pas très malin de parler au frangin d'une enquête top secrète... ^^

— Bonsoir monsieur de comte.

-> le

Pour toute réponse, Diva répondit.
— Je suis désolée, ça n’a rien de personnel, mais votre mort est nécessaire.

-> J'ai été très surprise par le "je suis désolée". C'est pas une petite Jedi, c'est une Sith, et même si je veux bien croire qu'elle n'est pas insensible, je ne crois pas qu'elle soit désolée.
Ah, et le "réponse - répondit", joli aussi ;)

Ensuite elle l’enfonça dans le duracier qui se mit à rougit puis à blanchir avant de commencer à fondre,

-> rougir


Chapitre 13.

Cependant que les convives continuaient à affluer, Mas Damidda commença son office en déclinant titres et noms des personnes qui s’inclinaient et se prosternaient devant Leurs Altesses.

-> pareil que précédemment, je ne comprends pas le "cependant" du début.

(ah ben là c'est plus court pour le coup ^^).

Bref, ça avance, ça avance tout ça. J'ai été assez surprise que Sali et Iella deviennent bonnes amies : quand on voit que Sali a immédiatement calculé que Calem en pinçait pour Iella, on aurait pu penser que ça allait enchainer sur une rivalité et qu'elle allait faire de sa vie un enfer.
J'ai encore un peu d'espoir pour Taimi. Certes c'est un gamin immature, mais bon, c'est pas totalement sa faute. S'enfoncera-t-il totalement dans le Mal ou tuera-t-il son frère et se demandera-t-il "qu'ai-je fait ? " juste après ?

Jarval est toujours dans le coin, mais on n'a pas vu ses pensées depuis un petit moment... quelque part, ça profiterait à tout le monde de pouvoir ré-arranger les couples en Calem / Iella et Sali / Jarval (sauf Iella qui dans son innocence ne voit rien). Surtout que les 2 miss sont quasi jumelles.

Hiivsha et les autres vont arriver une fois que le royaume sera à feu et à sang, pour sauver la mise (et la miss), ou seront-ils des témoins impuissants ?

M'enfin, en tout cas, le voyage entre filles va certainement se compliquer, et quand leurs braves héros Calem et Jarval voleront à leur secours, qui sera leur priorité ? ^^
"Qui se soumet n'est pas toujours faible." Kushiel.
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Messagepar Hiivsha » Lun 25 Mar 2013 - 19:10   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Oulà... te voilà très complémentaire à Mitth... quelle relecture précieuse tu m'as offert là ! Merci mille fois ! :jap:

Cela m'a permis de corriger toutes ces fautes qui m'avaient échappées et d'arranger les tournures de phrases que fort justement tu as dénoncées de ton oeil si perspicace.

Justes quelques précisions sur certaines d'entre elles :

la roche qui entaille (pas qui taille) ;) => entailler v. tr. Faire une entaille à. ¶ Par anal. Un tesson lui a entaillé le pied. ¶ v. pron. Il s’est entaillé le visage.
Dans l'exemple du Larousse, le tesson ne fait pas non plus l'action ;)

-> n'avait eu de cesse de répondre à tous ? => c'est ce que j'avais mis de prime abord, jusqu'à ce que je m'avise que cette tournure, largement utilisée, était erronée et que la bonne utilisation est "n'avoir de cesse que..." ... si ça t'intéresse, tu peux lire cette page

affection indéfectible...=> indéfectible adj. Litt. 1. Qui ne peut cesser d’être, qui dure toujours. Amitié indéfectible.
2. Qui ne peut être pris en défaut. Un courage indéfectible.

Pour l'usage de "cependant que", il est vrai que je l'utilise dans un sens littéraire, en synonyme de "tandis que" :
cependant conj. et adv. 1. conj. Néanmoins, toutefois, malgré cela. Il ne devait pas venir et cependant le voici. Vous avez été très gentil, j’ai cependant un reproche à vous faire.
2. adv. de temps. Vx Pendant ce temps-là, cela étant en suspens. ¶ Loc. conj. Litt. Cependant que: pendant que, en même temps que.



Quant aux fiançailles qui te perturbent, officiellement (dans le livre), elles ont lieu 60 jours après l'arrivée de la promise dans la ville. le mariage suit 6 mois après. :ange: (Par analogie, nous nous sommes fiancés 10 mois après nous être rencontrés, mariés 1 an après les fiançailles... et nous n'avons pu faire lit commun chez mes parents que le soir de notre mariage ! :siffle: )

En tout cas, chapeau bas pour ta lecture minutieuse.

Ça me fait penser qu'hier soir, sur le coup de 1h, ma petite elfe n'arrivait pas à trouver le sommeil. je lui ai proposé de lui lire le début de ma fic... vu qu'elle aime pas trop SW... pour l'endormir. Ça a marché du tonnerre ! Elle s'est endormie avant la fin du prologue ! :cry: Par contre, moi j'y ai encore trouvé 3 fautes !!! :perplexe: C'est comme les poux... on peut pas s'en défaire de toutes ! :pfff:
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Messagepar Notsil » Lun 25 Mar 2013 - 19:30   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Disons que "cependant que" ça fait plus lourd comme tournure ;)

Pour le "de cesse", dans ce cas tu devrais mettre le 2ème verbe en accord (sur ton lien ils mettent subjonctif présent car le 1er verbe est présent).

Et je préfèrerai du coup carrément modifier comme ça :

"Depuis qu’ils étaient à Aretia, le duc n’avait cessé de répondre à tous ses besoins et avait fait montre d’une réelle affection indéfectible à son égard. "

Vu que "n'avoir de cesse que" signifierait "ne pas s'arrêter avant que".

Pour indéfectible c'est vrai que je le vois davantage associé à amitié qu'à affection, après oui ça va quand même, peut-être un surplus de "ffff" qui m'avait titillé l'oreille ;)
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Messagepar Hiivsha » Lun 25 Mar 2013 - 20:36   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

J'achète sous la forme suivante :
"le duc n’avait cessé de prévenir tous ses besoins et avait fait montre d’une réelle affection indéfectible à son égard" :wink:
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Messagepar Hiivsha » Mer 27 Mar 2013 - 15:14   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Image Vous avez désormais la possibilité de suivre mon roman au fur et à mesure de sa parution sur tablettes et liseuses au format EPUB ! :D
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Messagepar Notsil » Mer 27 Mar 2013 - 16:49   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Cool ^^ Même si j'ai pas de tablette :)
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Messagepar Hiivsha » Mer 27 Mar 2013 - 16:55   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Tu peux le feuilleter sur Calameo aussi hein ? :wink:
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Messagepar Hiivsha » Ven 29 Mar 2013 - 22:17   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Les présentations des personnages étant finies, :whistle: on va pouvoir embrayer sur la deuxième partie de l'histoire qui va être plus active même si on ne va pas encore appeler les cascadeurs à ce chapitre. :D
Calameo, PDF et EPUB mis à jour évidemment, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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14 - La vallée des Mille Eaux



Le feu d’artifice avait illuminé le ciel nocturne de la cité d’Édinu d’un éclat mémorable, et les remparts avaient embrasé la ville de leurs cascades de feu dont la lueur avait rayonné à des dizaines de kilomètres à la ronde.
Puis le matin s’était levé sur l’agglomération encore engourdie par un sommeil trop court et la vie avait repris son cours. Les employés municipaux s’affairaient dans les rues à retirer les festons et les guirlandes lumineuses ou à démonter les estrades sur les places, pendant que les boutiques rouvraient les unes après les autres, les rideaux métalliques manœuvrés par des commerçants fatigués, zombies grisâtres aux gestes automatiques.

Dans le courant de la matinée, les préparatifs de l’escapade de Sali et Iella furent menés discrètement près du corral aux dragonnaux, par un détachement d’une douzaine de soldats sous le commandement du lieutenant Lyynx, entassant sur autant d’animaux le nécessaire à un bivouac. Les deux jeunes femmes avaient refusé un peu plus tôt une breeay manta pour transporter du matériel plus lourd.
— Ce n’est pas un état-major de campagne que nous allons installer, avait protesté Sali. Un simple sac de couchage à même le sol nous suffira amplement.

Toujours à l’affût du moindre renseignement, cette organisation furtive n’avait pas échappé à Diva Shaquila qui n’avait pas eu besoin d’interroger longtemps Namina, pour apprendre que les sosies s’apprêtaient à aller bivouaquer une nuit dans la vallée des Mille Eaux. Après tout, la duchesse Dolmie était l’amie attitrée de Son Altesse royale, et faisait presque pour ainsi dire, partie de la famille. La nounou n’avait donc aucune raison de se taire quant à la destination envisagée.
Croisant, par un hasard totalement calculé, la princesse et son amie, Diva s’approcha d’elles tout sourire.
— Alors les filles… qu’est-ce que j’apprends ? Vous vous organisez une escapade en jumelles ? Vous en avez de la chance, soupira-t-elle ostensiblement. J’aimerais tant pouvoir en faire de même… d’autant plus que je ne connais absolument pas la vallée des Mille Eaux qui, dit-on, est d’une merveilleuse beauté… un véritable trésor antique sur Édéna ! Songez donc : toute l’histoire de la planète sur des millions d’années y est, paraît-il, gravée sur les pierres du Temple. Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour vous accompagner.

Elle poussa un soupir à briser les cœurs les plus rudes et Sali échangea muettement un regard avec son double.
— Comment savez-vous où nous allons ? demanda-t-elle méfiante.
— C’est Namina qui me l’a dit…

Puis se reprenant aussitôt, la main sur le cœur.
— Oh, mais je ne voudrais surtout pas lui causer du tort ! J’espère que ce n’était pas un secret d’état !

La princesse sourit avec indulgence.
— Non, pas vraiment, même si Calem pense qu’il vaut mieux ne pas faire de publicité autour de ce déplacement.
— Oui, je comprends, approuva sagement Diva, question élémentaire de sécurité.
— C’est ça.
— Bien…

Elle semblait attendre quelque chose qui ne venait pas. Alors elle reprit comme pour conclure la conversation faisant mine de s’en aller.
— Bon, eh bien, je vous souhaite une bonne excursion…

Puis elle soupira encore. Après un nouveau coup d’œil à Iella, Sali se décida.
— Si tu veux, Dolmie, tu peux te joindre à nous. C’est une sortie exclusivement réservée aux filles… et ça tombe bien puisque tu en es une !

Elles partirent d’un éclat de rire qui sonna artificiellement. Diva feignit l’enchantement.
— C’est vrai ? Je peux venir avec vous ? s’exclama-t-elle avec affectation. Oh, vous êtes trop choux toutes les deux. Je monte préparer mes affaires et je vous rejoins !

Elle partit en courant dans les escaliers vers l’étage des appartements du prince. Une fois hors de vue, elle reprit une allure normale et son regard devint noir et dur.
Iella dit à Sali.
— Tu viens de faire une heureuse. Tu crois qu’on a bien fait de lui proposer de venir avec nous ?
— Et pourquoi non ? C’est une fille sympa et après tout, elle a bien le droit elle aussi de sortir du palais. Et puis, si elle nous a à la bonne, on remontera peut-être dans l’estime de Taimi… ça pourrait arrondir les angles avec Calem.

Iella répondit, songeuse.
— Oui… c’est pas bête. D’ailleurs, on pourra profiter d’être entre nous pour essayer de lui tirer les vers du nez afin de savoir si Taimi a beaucoup de ressentiment envers son aîné.
— Ah, mais, tu es sournoise finalement… c’est une excellente idée ! Viens, allons faire ajouter un couchage de plus pour elle.

Les deux complices s’en allèrent.


Quelques heures plus tard, les dragonnaux de la Garde royale encadrant un Kro’Moo reconnaissable à son pelage noir de jais et qui transportait les trois jeunes filles, s’envolaient dans le ciel d’Édinu sous le regard d’un roi étreint par une incontrôlable appréhension. Il les observa longuement, impassible, jusqu’à ce qu’ils eussent disparu à l’horizon. Comme il restait là, perdu dans ses pensées, une main se posa sur son épaule qui le fit sursauter.
— Tout va bien se passer, dit Jarval d’une voix de basse.

Calem fit une grimace.
— J’ai un mauvais pressentiment, Jarval. Comme si quelque chose était sur le point d’arriver qui allait bouleverser l’ordre des choses sur la planète toute entière.

Le capitaine s’étonna.
— Oh, toi, tu as passé une mauvaise nuit… enfin, si on peut appeler trois misérables heures de sommeil une nuit. Que t’arrive-t-il pour avoir de si sombres pensées au milieu d’une si belle journée ?

Calem délaissa le balcon de son bureau pour revenir dans la pièce et marcha jusqu’à un meuble pour prendre deux verres et les remplir d’un vin sucré.
— Je ne sais pas, Jarval. C’est au fond de moi, ajouta-t-il en tapant sur sa poitrine avant de proposer l’un des verres à son ami. Là-dedans, comme une angoisse oppressante qui grandit d’heure en heure sans que je puisse mettre un nom, une idée, dessus… sans pouvoir l’empêcher de prendre possession de mon être.
— Houlà, s’exclama le capitaine en buvant son verre d’un trait, tu es malade ? Tu veux que j’aille chercher le prêtre-médecin pour qu’il t’examine ?

Calem fit non de la tête sans se départir de son air grave. Il imita son ami et avala le vin qui ne lui fit aucun bien.
— Tout va bien au moins entre toi et Sali ? demanda Jarval.

Le roi écarta les bras et les laissa retomber le long de son corps.
— C’est… compliqué.
— À cause de Iella ?
— Je crois… vois-tu, elle se ressemblent tellement qu’un tas de personnes ne parviendraient pas à les différencier… et pourtant, à moi, elles me semblent si différentes l’une de l’autre.

Jarval revint au meuble pour se resservir un peu de vin de la carafe en cristal qui trônait dessus.
— Je comprends ce que tu veux dire. Moi aussi je les trouve différentes… je n’ai aucun problème à différencier Sali et Iella. Sali est plus… tu vois… et Iella est moins… moins…

Sa dernière réflexion eut le mérite de dérider le jeune monarque qui tendit son verre vide pour que le capitaine le remplisse également. Mais l’éclaircie sur le visage du roi ne dura qu’un bref instant. Il reprit.
— Le problème, c’est que j’ai l’impression que si je pouvais choisir, c’est Iella que je choisirais.

Ce fut le tour de Jarval de laisser transparaître son embarras. Le temps de boire son verre et il laissa tomber.
— J’avais peur que tu me sortes un truc comme ça !
*
* *

Les dragonnaux survolèrent la riche contrée qui s’étendait au nord-ouest d’Édinu avant de longer la pointe septentrionale du grand désert de sable dans lequel le vaisseau d’Isil s’était crashé. À la pâleur des dunes avait succédé une steppe, d’abord buissonnante puis arborée et à la faune abondante, suivie d’un plateau envahi par une jungle foisonnante et entremêlée, lequel avait progressivement fait place à un paysage plus montagneux. Des montagnes vertes et luxuriantes où l’eau abondait en quantité, formant de magnifiques lacs cristallins et dressant de majestueuses chutes écumeuses qui dévalaient des à-pics impressionnants.
Au bout de cinq heures d’un vol rapide et haut, les animaux survolèrent une étendue plane et rocailleuse au bout de laquelle s’ouvrait une vallée verdoyante entourée de hautes montagnes. Sali put apercevoir durant la phase d’approche, les ruines d’un ensemble de constructions dont certaines n’existaient plus que sous forme de colonnes esseulées et de pans de murs à l’équilibre instable. Mais au centre de ce qui avait dû être une petite cité, un grand édifice se tenait toujours solidement debout, formé de plusieurs parties géométriques, rectangulaires et arrondies, ornées d’une multitude de colonnades ternies par les ans.
— C’est l’ancien Temple d’Édin, annonça Iella dans le micro du casque qu’elles portaient pour respirer en altitude. Cela fait des dizaines de millénaires qu’il a été déserté par les prêtres d’Édin. La vallée des Mille Eaux tire son nom des cascades environnantes.

En effet, de quelque côté vers où le regard portait, ce n’était qu’une multitude de fines chutes d’eau qui dévalaient les hauteurs des montagnes et formaient comme un écrin de cristal autour de la vallée d’émeraude.
— Et où se trouve le Temple actuel ? demanda Sali en toute innocence, faisant dresser l’oreille de Diva Shaquila.
— Je ne sais pas, répondit Iella au grand dam de la Sith. Personne ne le sait. C’est le secret le mieux gardé de la planète. Seule la Caste des prêtres et des prêtresses du Grand Temple vit dans la vallée qui l’abrite et ils ne sortent que rarement dans le monde. Pour le reste d’Édéna, le Roi seul détient ce secret et peut y pénétrer.
— Tu veux dire qu’il n’y a que Calem qui le sache ?
— Oui. Le secret est révélé à chaque monarque une fois sacré. Après le sacre, il est emmené au Temple par les prêtres en grand secret, pour y être consacré à Édin en étant plongé dans l’Eau de la Vie.
— L’Eau de la Vie ? Qu’est-ce que c’est ? intervint Diva subitement très intéressée par la tournure que prenait cette conversation.
— L’eau de la planète serait une Force vivante, répondit Iella. Elle contiendrait la mémoire des siècles de tout Édéna depuis l’aube des temps. Les prêtres disent qu’elle est l’âme de la planète et que celui qui en boit ne fait plus qu’un avec Elle. C’est selon eux la matérialisation de la substance divine d’Édin. Il est écrit à son sujet : « Celui qui l’Eau boira, vierge au monde naîtra. Celui qui s’y noiera lui-même renaîtra. »
— Qu’est-ce que cela veut dire ? continua de questionner la Sith.
— Je ne sais pas vraiment. Je ne connais tout cela que par ma mère, qui était prêtresse. Mais je n’ai pas reçu l’enseignement d’Édin… je m’y destine seulement.
— Tu veux devenir prêtresse ? s’étonna Sali pour qui cette information revêtait un sens tout particulier.
— Oui… en fait, je crois. Depuis quelques temps, je ne sais plus vraiment si j’ai encore envie de le devenir…
— Mais pourquoi le roi doit-il aller au Temple pour boire de cette eau ? demanda Diva qui voulait en savoir plus. De l’eau, il en boit tous les jours s’il en a envie.
— L’Eau de la Vie prend naissance au Temple, dans la piscine sacrée. Le roi doit la boire à sa source, au moment où elle naît au monde. Les prêtres lui attribuent un véritable pouvoir quasi-magique. Ce faisant le monarque naît comme roi à Edéna.

On entendit un petit rire gêné dans le micro qui venait de Iella elle-même.
— Je crois qu’il y a beaucoup de symbolisme dans tout cela… évidemment, ce n’est pas à prendre au pied de la lettre.
— Mais pourtant, l’eau de cette planète efface la mémoire de celui qui en boit pour la première fois ? Ce n’est pas un mythe, objecta la Sith se gardant bien d’ajouter qu’elle en avait fait les frais.
— C’est vrai, dépondit Iella, tu as tout à fait raison, Dolmie. C’est pour cela que le rituel de naissance d’un enfant prévoit qu’on lui en donne à boire à peine sorti du ventre maternel. À dire vrai, je n’en sais pas plus que vous là-dessus. Il est certain que l’eau de notre planète a des propriétés bien mystérieuses.

Les dragonnaux se posèrent habilement et en douceur entre les rochers qui parsemaient les environs. Aussitôt les soldats de l’escorte se firent un devoir de dresser le campement dans un endroit dégagé, proche de l’entrée des ruines. Une grande tente fut dressée pour la princesse et ses amies ainsi que six autres plus petites pour leur escorte, réparties en cercle autour de la première, suffisamment éloignées pour respecter l’intimité des trois femmes mais assez proches pour en assurer la protection.

Lorsque le matériel fut déchargé et monté, les dragonnaux furent emmenés deux cents mètres plus loin, dans une zone abritée où l’herbe et les buissons étaient abondants. L’avantage des sauriens, c’est qu’ils se nourrissaient autant de végétaux en tout genre que de viande ou de poissons. Deux soldats furent postés autour de leur enclos improvisé pour les garder.
Le soir tombait et une fraicheur toute relative, due à l’altitude du plateau, s’installa sur la contrée, obligeant chacun à revêtir des habits plus chauds. Un grand feu fut allumé non loin de la tente principale. Il crépitait et jetait à la ronde des lueurs qui dansaient sur les rochers alentour. L’un des soldats s’attela à faire griller de la viande dont les effluves ne tardèrent pas à ouvrir l’appétit des personnes présentes.

Sali n’avait pas un caractère à entretenir un fossé entre les personnes de son rang et les gens du peuple. Ainsi, c’est en toute simplicité que, délaissant la table dressée à leur intention à l’entrée de leur tente, elle entraîna celle qui était pour elle la duchesse de Tamburu ainsi que son double, à la table des soldats ravis de cette présence féminine des plus séduisante. L’officier qui les commandait, le jeune et charmant lieutenant Lyynx qui avait précédemment assuré l’escorte du couple royal lors de son escapade à Aretia, se leva pour leur proposer trois places. Passé l’inévitable moment de timide réserve que les hommes observèrent à l’égard de leur future reine et de ses amies, l’ambiance se réchauffa progressivement et, le vin aidant, chacun put agréablement oublier un protocole auquel Sali ne tenait absolument pas.

La nuit était tombée lorsque deux gardes sortirent d’un caisson des instruments de musique qui ne tardèrent pas à élever gaiement leurs notes de musique inspirées du folklore local. L’air était entraînant et courait sur les pierres sombres de l’étendue rocheuse dans laquelle on pouvait parfois entendre au loin, les hurlements de quelques animaux. Iella s’était levée et effectua quelques pas de danse, les mains sur les hanches, sautillant entre deux pas chassés et virevoltant en levant haut ses jambes. Les hommes l’accompagnèrent en frappant dans leurs mains et l’un deux entama même une chansonnette d’une belle voix de stentor. Gagnée par la gaîté ambiante, Sali se leva à son tour pour se joindre à son double et releva hardiment le bas de sa jupe pour dégager ses mollets. Puis ce furent deux jeunes gardes qui se décidèrent pour former avec les jeunes filles un joyeux quadrille. Seule Diva restait circonspecte et pensive. Son regard était perdu bien au-delà du petit camp, au plus profond de l’obscurité comme si elle y cherchait quelque chose d’invisible. Le lieutenant Lyynx se pencha vers elle.
— Et vous, duchesse, vous ne dansez pas ?

La Sith fit non de la tête.
— Vous êtes bien pensive ? observa-t-il en revenant à la charge. Quelque chose ne va pas, Votre Grâce ?

Diva le regarda en adoucissant un regard qu’elle avait senti se durcir inconsciemment et s’efforça de sourire au jeune officier.
— Non, non, au contraire, tout va très bien, lieutenant. La nuit est délicieusement douce et la musique entraînante. Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion de dormir dehors.
— Nous sommes ici presque au bout du monde. C’est un endroit merveilleux. Vous connaissiez ?
— Non, mentit la Sith qui y était venue des années auparavant en compagnie de son Maître. Mais je reconnais que les lieux sont absolument sublimes.

L’orchestre improvisé venait d’entamer une danse de couple et, après un instant d’hésitation, les deux soldats acceptèrent l’invitation lancée par la princesse et son amie.
— Que diriez-vous de danser, Votre Grâce ? proposa Lyynx. Sauf votre respect, naturellement.

Diva hésita. Était-ce bien nécessaire de faire ami-ami avec le jeune officier si plaisant ? Cela n’allait-il pas compliquer sa tâche ? Puis la Sith décida que non. Son Maître l’avait bien formée et elle savait faire abstraction de tout sentiment lorsque la situation l’exigeait. Avec un sourire séduisant, elle présenta sa main au lieutenant tout en se levant pour qu’il la conduise près du feu, là où les autres danseurs tournoyaient.
*
* *

Le petit matin se leva en même temps que Sali qui s’empressa de réveiller Iella et Dolmie.
— Journée visite de ruines, mesdemoiselles ! lança-t-elle joyeusement. Il ne faut pas traîner si nous voulons être de retour à Édinu ce soir.

Dehors les attendaient des tasses de thé brûlant que le lieutenant Lyynx lui-même avait tenu à préparer ainsi que des toasts grillés qui refroidissaient dans une coupe. Un peu plus loin, les hommes, debout depuis les prémices de l’aurore, discutaient entre eux pour ceux qui n’étaient pas de garde auprès des dragonnaux ou en patrouille autour du campement.
Chacune des jeunes femmes s’était habillée de façon pratique, chemise, pantalon, ceinture de laquelle pendait une torche électrique et chaussures de marche.
— Ainsi, vous ne voulez pas qu’on vous accompagne à l’intérieur ? s’inquiéta Lyynx. Même pas moi tout seul ?
— Non merci, lieutenant, répondit la princesse avec un air rassurant, nous souhaitons nous retrouver un peu entre nous.
— Je comprends, répondit-il, mais je vous prie de rester prudentes. Ce monument n’est plus visité depuis fort longtemps et donc plus entretenu même s’il paraît solide comme un roc. S’il y a le moindre problème, appelez-moi immédiatement avec ceci.

Il tendit un communicateur de poche comme en utilisaient les groupes d’intervention, que Sali accrocha à sa ceinture.
— C’est promis, lieutenant. Si quoi que ce soit cloche, nous vous appelons à la rescousse.

La réponse sembla rasséréner un peu le jeune officier qui se campa à l’entrée de la zone des ruines en lançant.
— Je ne bougerai pas d’ici ! N’oubliez pas… s’il y a la moindre inquiétude, on arrive !

Les trois femmes s’éloignèrent au milieu des colonnes dont la plupart étaient incomplètes, et des murs de ce qui avait dû être des habitations et qui avaient bien moins résisté à l’usure du temps que le temple en lui-même.
— Et dire qu’il y a des milliers d’années des gens habitaient ici ? soupira Sali. Comment faisaient-ils, coupés de tout ?
— La vallée parait fertile, objecta Iella. J’imagine qu’ils élevaient des animaux et cultivaient eux-mêmes leurs champs pour se procurer le nécessaire. Et puis, il y a des milliers d’années, c’était l’ère technologique je crois, il y avait donc des moyens de transport mécaniques pour les relier aux villes les plus proches.
— Savez-vous pourquoi le Temple a changé d’endroit à cette époque-là, s’enquit Diva.
— Non, fit Iella en évitant soigneusement les pierres de taille qui jonchaient ce qu’il restait d’un chemin menant vers l’entrée du grand bâtiment. Peut-être une guerre ?
— Hum, le Temple est usé par l’âge, mais a priori il ne m’apparaît pas abîmé par un conflit, objecta la Sith.
— C’est pas faux, admit Iella. Je ne sais donc pas.

Elles longeaient un canal au fond duquel s’écoulait avec force l’eau qui allait donner naissance au fleuve Pishon qui arrosait Édinu. Ce canal sortait d’en dessous du bâtiment central du Temple et il était alimenté par toutes les eaux qui descendaient des montagnes tout autour de la vallée.
— On a du mal à penser que de ce canal va naître un aussi grand fleuve, remarqua pensivement Sali.
— C’est oublier toutes les rivières qui l’alimenteront par la suite durant son voyage vers la mer, objecta Iella, dont notamment celle de Merrick.

Sans un mot, Sali posa une main sur l’épaule de la jeune fille dont la tête s’était baissée à cette évocation. Cette dernière, mit à son tour sa main sur celle de la princesse en lui adressant un pauvre petit sourire reconnaissant.
Elles étaient enfin parvenues devant l’entrée de l’édifice principal, sur le côté gauche du canal, devant d’impressionnantes portes de métal dont l’un des battants était entrouvert et l’autre de travers, sorti de ses gonds supérieurs.
— C’est à se demander comment il n’est pas définitivement tombé depuis tous ces siècles, commenta la Sith.

Le trio alluma les lampes qui projetèrent leur puissant faisceau de lumière à l’intérieur du bâtiment.
— J’espère qu’il n’y a personne dedans, dit Sali d’un ton lugubre volontairement chevrotant.
— Tais-toi, répliqua Iella, tu vas me donner la chair de poule.
— On aurait peut-être dû emporter une arme ou deux ? ajouta Diva avec un petit sourire en coin tout en tâtant les sabres laser soigneusement dissimulés dans ses vêtements.
— Vous croyez ? demanda Iella qui n’avait subitement plus l’air trop rassurée.

Sali s’esclaffa.
— Hé, les filles ! C’est bon ! Pourquoi voudriez-vous qu’il y ait quelque chose dans ce temple ?
— Je sais pas, il pourrait y avoir un animal par exemple, fit Iella.
— Mais non, il n’y a rien à manger ici dedans, et ce n’est pas là un bon refuge, c’est trop sombre, trop grand… cela n’a rien à voir avec un terrier.
— Tu me rassures à peine, conclut Iella en regardant de tous les côtés avec sa torche.
— Peut-être un très gros animal ? laissa échapper narquoisement Diva qui se prenait au jeu.

Une à une elles passèrent par l’entrebâillement des portes et pénétrèrent dans la pénombre des lieux faiblement éclairés par la lumière qui pénétrait depuis de hauts vitraux pour la plupart brisés.
— Quel dommage, observa Iella d’une voix qui résonna entre les murs vides, ces vitraux avaient l’air très beaux.
— Il ne reste plus rien à l’intérieur, continua Sali, pas un autel, pas un retable, rien… c’est effrayamment vide !
— Vous vous attendiez à quoi ? demanda Diva sarcastique, tout ce qui pouvait être emporté l’a été, par les occupants des lieux lorsqu’ils ont déménagé puis par les pillards de toute sorte qui se sont succédés au fil des siècles.
— Oui, je savais qu’il était vide, reconnu Iella en promenant ses yeux tout autour d’elle.
— En tout cas, c’est grandiose… ça paraît plus grand à l’intérieur que vu de l’extérieur… plus élancé, s’extasia la princesse.
— Ces colonnades sont en effet impressionnantes, fit semblant de s’enthousiasmer Diva en désignant de la main la puissante perspective des rangées de colonnes qui couraient d’un bout à l’autre du bâtiment pour soutenir les immenses arcs du plafond. Et ces voûtes ont un élancement très fin, c’est vraiment monumental !
— Regardez toutes ces statues, s’exclama Iella dans la foulée, leur nombre est hallucinant !

Tout en avançant, elle s’émerveillèrent devant des milliers de sculptures protégées dans des renfoncements creusés dans les murs latéraux.
— C’est proprement incroyable, murmura Iella en promenant sa torche sur les murs.
— Avez-vous remarqué que chaque statue représente une espèce différente vivant sur Édéna ? observa Sali. Il ne semble pas y en avoir deux identiques.
— C’est une ode à la diversité des créatures intelligentes, fit Diva d’un ton toujours mordant. Une sorte d’inventaire de la création.

C’était bien ce qui avait dérouté son Maître la première fois qu’ils avaient pénétré dans le Temple. Chaque statue correspondait à une espèce, non seulement vivant sur la planète, mais également vivant dans leur univers à eux… comme s’ils avaient devant eux un album illustrant la diversité de la vie intelligente dans la galaxie.
Les trois jeunes filles paraissaient toutes petites perdues au milieu de l’immensité des lieux. Elles avançaient lentement en tournant la tête dans tous les sens, leurs pas soulevant la légère poussière qui maculait le sol dont certains des carreaux de marbre étaient brisés.
Au fond du premier bâtiment elles empruntèrent un couloir qui donnait sur une grande salle ronde au centre de laquelle se trouvait une piscine de la même forme.
— La salle des bains rituels, commenta Iella avec un sourire. Les nombreuses ablutions représentaient une partie non négligeable de la journée des prêtres… autrefois. Ça s’est pas mal perdu depuis, comme tradition.
— La propreté de l’âme passe par celle du corps, avança Sali.
— C’est tout à fait ça. L’eau purificatrice…

Des mosaïques colorées de toute beauté ornaient la piscine et les murs tout autour. Elles représentaient des scènes mythologiques. Mais rien qui pouvaient amener à comprendre quel secret détenaient les prêtres, pensa la Sith en se remémorant les nombreuses journées que Dark Zarek avait vainement passées à étudier chacune des représentations.
Plusieurs autres grandes salles vides se succédèrent puis elles entrèrent dans ce qui restait d’une immense bibliothèque. Bien évidemment, il n’y avait plus de livres si toutefois c’étaient bien des livres qui étaient jadis entreposés là. Mais d’innombrables rayonnages étaient creusés dans des murs de pierre qui formaient un véritable labyrinthe à l’intérieur de cette partie du Temple.
— Essayons de ne pas nous perdre, proposa Sali en s’engageant dans l’une des allées, je ne tiens pas à tourner en rond pendant des heures.

Sa crainte n’était pas fondée, les allées étant disposées de façon parfaitement symétriques par rapport au centre de l’ensemble dans lequel devait sans doute se trouver autrefois la salle de consultation.
— C’est drôle, remarqua la princesse, je m’attendais quand même à trouver des restes de bureaux, de mobilier, en métal ou en bois.
— C’est parce que tu raisonnes en années et non en millénaires. Tu penses bien qu’en autant de temps, tout ce qui pouvait être recyclé a été emporté au fil des visites importunes… donc tout sauf les murs eux-mêmes, expliqua Iella.

De l’autre côté de la bibliothèque s’ouvraient trois couloirs et les jeunes filles discutèrent un instant pour savoir lequel emprunter.
— Séparons-nous, proposa Diva qui était restée silencieuse depuis la salle de la piscine, on explore chacune notre couloir et on se retrouve ici dans… disons quinze minutes. On choisira celui qui a l’air le plus intéressant… à chacune de convaincre les autres avec ce qu’elle aura vu.
— C’est sympa comme idée, approuva Iella que la proposition paraissait amuser.
— Est-ce bien prudent de nous séparer ? objecta Sali sachant déjà ce que les deux autres allaient dire.
— Me dis pas que t’as la trouille, répliqua Diva en laissant sortir un petit rire narquois. Y’a personne ici, on risque absolument rien… et si t’as peur de te perdre… sème des petits cailloux.

Iella et la Sith se mirent à rire et emportèrent l’adhésion de la princesse.
— Je prends le couloir du centre, fit Diva qui connaissait parfaitement les lieux.
— Moi je vais à gauche, continua Iella.
— Bon… eh ben… à droite alors, conclut Sali en s’éloignant, imitée par les deux autres.

Dix secondes plus tard, Diva revenait sur ses pas puis avisa une anfractuosité dans le toit du bâtiment par laquelle s’infiltraient les rayons du soleil. Sur le sol, à l’aplomb de cet endroit-là, l’éboulement qui avait ouvert la fissure avait provoqué un amas de pierres et de cailloux poussiéreux. Après s’être assurée que Sali et Iella étaient bien partie, elle se ramassa sur elle-même, et puisant son énergie dans la Force, se propulsa d’un bon prodigieux jusqu’au sommet du bâtiment, passant par le trou du toit pour retomber sur celui-ci, en pleine lumière. De là où elle était, elle pouvait apercevoir au loin leur campement. Il fallait qu’elle fasse vite et le meilleur chemin pour y arriver était de passer par les toits puis de sauter de colonnes en colonnes pour sortir des ruines.



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Modifié en dernier par Hiivsha le Lun 10 Juin 2013 - 16:28, modifié 6 fois.
Hiivsha
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Messagepar Hiivsha » Sam 06 Avr 2013 - 15:51   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Chapitre suivant, histoire de parler de celle qui donne le titre à la série :siffle:
Calameo, PDF et EPUB mis à jour évidemment, pour ceux qui n'aiment pas lire sur forum. ;)

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15 - À propos d'Isil...



Ce ne fut que lorsqu’il s’apprêta à apponter, qu’Hiivsha put ressentir combien le Defiance était un bâtiment impressionnant. Un géant de l’espace à côté duquel Choupy quatrième du nom paraissait minuscule.
Veuillez décliner votre identité et le but de votre visite, réclama un opérateur à la radio.
— Hiivsha Inolmo, je suis attendu par l’amiral Narcassan, répondit calmement le contrebandier en essayant de décontracter ses muscles engourdis par la position assise prolongée.
Reçu, fit la voix pour toute réponse.

Puis après un court instant, elle reprit.
Votre arrivée est enregistrée. Veuillez passer en commandes automatiques, vous allez être dirigé vers le hangar six. Bienvenu à bord capitaine Inolmo.

Hiivsha soupira en se calant dans son fauteuil tout en croisant les bras derrière la tête. Décidément, il ne parviendrait jamais à se débarrasser de son ancien grade de pilote républicain !
Le YT-1100 fut promptement avalé par le mastodonte comme un petit poisson aspiré par une baleine et quelques minutes plus tard, il se posait en douceur dans le coin d’un immense hangar comptant déjà quelques vaisseaux plutôt hétéroclites, qui ne ressemblaient pas à ceux des escadrilles d’un croiseur républicain. L’un d’eux était, il en aurait mis sa main au feu, celui d’Isil, ce que confirma P2-A2 après qu’il lui en eut fait la remarque. Il en déduisit que les vaisseaux devaient appartenir aux membres de la fameuse « cellule de prospection minière ».
Il n’y avait guère d’activité dans ce hangar et seuls quelques droïdes s’activaient à des tâches d’entretien.
— Tu restes à bord, P2-A2, fit le contrebandier à son astromécano. Tu fais en sorte que Choupy soit prêt à repartir à tout moment… nous aurons sans doute une longue route à faire sous peu.

Le droïde répondit quelque chose dans son savant mélange de bips et de sons modulés et Hiivsha répliqua.
— Non, elle n’est pas à bord, je suis désolé.

Une autre série de sons nuancés lui fit écho.
— Bien sûr que je t’aurais emmené la voir si elle avait été là… mais justement, notre mission va consister à retrouver sa trace.

Une plainte s’éleva de l’astromécano dont le corps cylindrique s’inclina légèrement vers le bas.
— Rien ne dit qu’il lui est arrivé quelque chose de grave, reprit Hiivsha, sans doute ne peut-elle pas nous contacter là où elle est, tout simplement. Ne t’inquiètes donc pas !

Il tapota affectueusement le sommet de son dôme comme pour le rassurer, avant de se diriger vers la rampe de débarquement au pied de laquelle un officier l’attendait tout sourire, en se lissant les moustaches d’un revers de la main.
— Capitaine Inolmo ? Lieutenant Liam, déclara-t-il en lui tendant la main, appelez-moi Bump.
— Bump ? C’est vraiment un prénom ? demanda le contrebandier avec une légère pointe de malice.
— Un surnom en fait, répondit l’officier en riant, mais c’est devenu un vrai prénom avec le temps.

Son visiteur lui rendit son sourire et échangea avec lui une solide et franche poignée de main comme il aimait à le faire.
— Entendu, appelez-moi Hiivsha alors. Je suis attendu par l’amiral.
— Je sais, il vous a informé pour la Padawan Kal’Andil ?
— Isil, oui. Mais je n’ai guère eu de détail supplémentaire… vous avez du nouveau ?
— Hélas non, répondit Bump en le dirigeant vers un intersas qui patientait sur son rail de suspension électromagnétique. Après quelques jours, les recherches ont été suspendues pour éviter au bâtiment de rester trop longtemps au même endroit… et puis, la mission doit continuer.
— Je comprends, acquiesça Hiivsha en pénétrant dans la capsule, sorte de cylindre horizontal presqu’entièrement vitré qui circulait dans un tunnel ajusté à sa taille, permettant ainsi de se déplacer rapidement d’un bout à l’autre d’un même pont.

Ils s’assirent tout deux sur des sièges puis leur véhicule suspendu s’enfonça en silence et à grande vitesse dans son tube.
— Sa disparition a profondément marqué la CPM et même l’équipage, reprit Bump. La Padawan était très aimée de beaucoup de personnes à bord.

Hiivsha laissa échapper un sourire nostalgique. Oui, Isil était quelqu’un d’attachant en plus d’être jolie comme un cœur. Et sa compassion à fleur de peau lui valait autant d’admirateurs que sa puissance dans la Force.
— C’est aussi mon cas, ne put-il s’empêcher de dire.

Le lieutenant hocha la tête en approuvant.
— Oui, j’ai cru comprendre qu’elle et vous étiez très proches ?
— Proches… oui, on peut dire ça comme ça.

Il n’ajouta pas qu’ils étaient amants, ou du moins qu’ils l’avaient été un trop court moment à son goût, jusqu’à ce que le devoir de Jedi d’Isil la lui reprenne, et il se demanda si ce détail se savait. En tout cas, si tel était le cas, le lieutenant Liam n’en laissa poliment rien deviner.
Un instant plus tard, ils arrivèrent à un autre intersas où ils descendirent tandis qu’un groupe de jeunes femmes en uniforme montaient en discutant avec véhémence, tout en jetant un regard appuyé en direction du contrebandier.
Ils échangèrent des « bonjour » polis puis Bump s’engagea dans une cabine d’ascenseur.
— Nous montons au pont treize, commenta le lieutenant en appuyant sur un bouton. L’amiral vous attend dans son bureau.
— Vous avez treize ponts ? commenta Hiivsha tout en sifflotant, vous n’êtes pas superstitieux, je croyais que dans la marine le chiffre treize était prohibé ?

L’officier laissa échapper un sourire indulgent en se lissant les moustaches dans un geste qui relevait à l’évidence de la manie.
— Voyons, capitaine, nous ne sommes plus à la préhistoire, les superstitions, c’est bon pour les vieilles femmes !

Avec un petit rire moqueur il sortit de l’ascenseur, tourna à gauche dans un couloir au sol revêtu d’un épais tapis… et fit subitement un grand écart pour éviter de passer sous l’échelle d’un technicien occupé à changer des spots lumineux au plafond, couvé par le regard narquois de son visiteur qui s’abstint de tout commentaire.
— Entrez ! invita la voix après que le lieutenant eut frappé à la porte d’un bureau, qui donnait sur l’espace d’accueil du secteur du haut-commandement du croiseur.

Les lieux étaient conviviaux et feutrés. Deux personnels féminins, l’une humaine, l’autre twi’lek, souriaient à Hiivsha depuis le comptoir rond situé au centre de l’espace de même forme sur lequel donnaient plusieurs bureaux. L’endroit était orné de hautes plantes vertes grimpantes qui faisaient oublier qu’on se trouvait au cœur du pont de commandement d’un bâtiment de guerre. Bump ouvrit la porte et introduisit Hiivsha devant lequel il s’effaça en lui murmurant au passage.
— Je vous laisse, capitaine. On se reverra peut-être un peu plus tard.

Puis il referma la porte derrière lui. Le contrebandier s’avança vers les deux hommes présents pendant qu’ils se levaient poliment. Valin Narcassan fit le tour de son bureau pour parvenir jusqu’au visiteur et lui serrer la main.
— Content de vous revoir, Hiivsha, laissez-moi vous présenter le général et Maître Jedi Shalo Torve, représentant l’Ordre à bord du Defiance.

À leur tour, le contrebandier et le Jedi échangèrent une poignée de main chaleureuse.
— J’ai beaucoup entendu parler de vous, capitaine Inolmo, affirma Torve, l’amiral ne tarit pas d’éloges à votre égard.

Hiivsha esquissa un geste embarrassé et marmonna quelque chose d’incompréhensible. Valin Narcassan les invita de la main à se rendre dans un petit salon qui jouxtait son bureau et où un officier d’ordonnance venait de déposer un plateau avec du thé, du café et des boissons fruitées, le tout agrémenté de petits fours, que l’amiral désigna d’un doigt.
— Que souhaitez-vous boire ?
— Du café merci, répondit Hiivsha.
— Un peu de thé, demanda à son tour Maître Torve à l’aide de camp.
— Ce sera du café aussi, reprit l’amiral en s’asseyant, aussitôt imité par ses hôtes. Je suis navré de vous recevoir en de telles circonstances, Hiivsha. J’aurais tellement voulu que vous rejoigniez notre équipe de vous-même.
— Je ne rejoins pas votre équipe, Valin, nuança le contrebandier avec un sourire contraint, je suis venu m’enquérir du sort d’Isil… et à l’instant où je vous parle, seul cela m’intéresse.

Puis après une seconde de réflexion, il compléta.
— Mais enfin, selon le développement de certaines… choses, il se pourrait que je puisse envisager de passer quelque temps avec vous.
— À la bonne heure, s’exclama l’amiral, vous me voyez ravi de vous voir changer d’avis !

Hiivsha leva un doigt en l’air d’un air confus.
— J’ai dit… il se pourrait… En fait, cela dépend des conséquences de certaines actions que j’ai dû commettre dans des circonstances particulières que je ne maîtrisais absolument pas et…

Le commandant du Defiance balaya l’air du revers de sa main avant de se saisir de la tasse brûlante que lui servait son ordonnance.
— Peu importe les détails… sauf, évidemment, si nous pouvons vous être d’une quelconque utilité et vous apporter notre aide. Il n’y a aucune condition à votre présence à bord et au sein de la CPM. La proposition que je vous ai faite il y a quelque temps sur Tython tient toujours. La cause est entendue et je ne reviendrai pas là-dessus. À vous de voir.

Son interlocuteur inclina la tête en signe de remerciement.
— J’en prends bonne note, amiral. Mais en fait, pour le moment, je voudrais juste en savoir plus sur ce qui est arrivé à Isil.
— Oui, Maître Melvar m’a confié combien vous teniez à elle, intervint Shalo Torve avec un visage neutre qui ne trahissait aucunement ses pensées intérieures. Les sentiments sont quelque chose de complexe et je me garderai bien d’émettre un jugement là-dessus, d’autant que vous connaissez déjà la position de l’Ordre à ce sujet.

Hiivsha opina du chef sans répondre. Le Jedi reprit.
— J’espère que vous saurez discerner ce qui est bon pour elle, capitaine. Mais vous lui avez déjà sauvé la vie, et nous vous sommes redevables de cela. Voici le rapport sur cette affaire.

Il tendit au contrebandier une tablette tactile que ce dernier se mit à consulter en silence, pendant qu’il échangeait avec l’amiral quelques regards sans dire mot.
— Son équipe, qui tenait beaucoup à la retrouver, reprit Valin Narcassan au bout d’un moment, a parcouru toutes les routes de la galaxie pouvant être calculées depuis son point supposé de départ. Mais plusieurs jours de recherche selon ce postulat n’ont rien donné. Sa balise est restée indétectable. Aussi, devons-nous en conclure que, soit cette dernière est défaillante et il nous faut espérer que le commandant Valdarra aura pu se poser sur une planète habitable et trouvera bientôt le moyen d’entrer en contact avec la République, soit…

Il s’interrompit, laissant le Jedi continuer à sa place.
— Soit une erreur du calculateur a provoqué un accident qui lui aura coûté la vie.
— Ou elle est quelque part dans le vide spatial, émit Hiivsha en frissonnant aux souvenirs de ce qu’il avait lui-même vécu quelques mois auparavant.

Maître Torve secoua la tête.
— Dans ce cas, il y a longtemps qu’elle aura rejoint la Force.

Les mots tournaient dans la tête du contrebandier comme les rouages d’une horloge d’un âge préhistorique et se collisionnaient pour l’empêcher de les analyser. Il se revit dans l’espace, flottant dans le champ de débris du Valiant après sa destruction par un croiseur impérial. Non, ce n’était pas ce qu’il voulait qui soit arrivé à sa bien-aimée ! Ses poings se crispèrent sur les accoudoirs du fauteuil qu’il occupait. Si Isil était morte, il le sentirait, il en était certain ! Aussi certain qu’il l’avait entendue à travers toute la galaxie quand elle avait été en détresse et qu’elle l’avait appelé à l’aide à travers la Force ! Si Isil avait rejoint cette dernière, elle serait entrée une dernière fois en contact avec lui par la pensée, il en était convaincu !
— Elle n’est pas morte ! murmura-t-il les mâchoires serrées comme un étau. Elle est quelque part et je vais la retrouver.

Valin Narcassan et Shalo Torve se regardèrent brièvement, échangeant une muette appréciation de ce que venait d’exprimer leur hôte. Il était visible que ce dernier ne pouvait accepter l’inéluctable et que son amour pour la jeune femme l’empêchait d’admettre une réalité que les faits énonçaient impitoyablement.
— Voyons, Hiivsha, je comprends votre douleur, fit l’amiral d’une voix singulièrement grave, mais si Isil avait survécu, elle aurait trouvé un moyen d’entrer un contact avec nous… quel qu’en soit le biais.
— Peut-être a-t-elle été arraisonnée par des pirates ? Peut-être est-elle retenue quelque part d’où il lui est impossible de communiquer ? Que sais-je ? s’entêta Hiivsha qui passait en revue dans son cerveau les innombrables alternatives qu’il voulait entrevoir à sa mort.

Maître Torve laissa son visage exprimer une grimace inhabituelle devant ce qu’il détectait comme un profond désarroi.
— Capitaine, je comprends parfaitement que vous rejetiez une solution définitive la concernant. Mais vous devez pourtant admettre que la probabilité que la Padawan Kal’Andil nous ait quittés est très forte.

Hiivsha secoua négativement la tête d’un mouvement obstiné.
— Avec tout le respect que je vous dois, Maître Torve, compte tenu de la clairvoyance que la Force devrait vous conférer, je ne suis pas d’accord. Sauf si vous me dites vous-même que vous avez senti dans la Force le signe indéniable qu’Isil est morte.

Shalo Torve ferma les yeux et inspira lentement avant de répondre.
— Je suis désolé, capitaine, mais franchement je n’ai rien senti de tel… ce qui ne signifie rien, s’empressa-t-il d’ajouter.

Le contrebandier tendit la paume de ses mains vers les deux hommes.
— Isil a une présence incroyable dans la Force, c’est Maître Satele elle-même qui me l’a dit, une présence comme elle n’en a jamais vue… ou presque… je ne veux pas non plus prétendre qu’Isil est la plus grande Jedi de tous les temps, non, ce serait inconvenant de ma part. Mais la Force est suffisamment puissante en elle pour que le Grand Maître de l’Ordre lui-même ait cru bon de me dire un truc pareil ! Alors, si la Force est si grande chez Isil, sa disparition n’aurait-elle pas dû être ressentie par certains Jedi comme vous ?

Maître Torve ne trouva rien à répliquer immédiatement au contrebandier. La Force était une chose tellement complexe que lui-même n’avait pas de réponse toute faite pour ce genre de question. Au final, il se contenta de murmurer, ébranlé par les certitudes affichées par son interlocuteur.
— Peut-être…

Ce fut l’amiral qui récupéra la parole dans le silence qui s’ensuivit.
— Écoutez-moi, Hiivsha, nous avons fait tout notre possible pour la retrouver et ordre a été donné à la flotte de scanner toutes les fréquences d’urgence et de détresse. Nous ne pouvons rien faire de plus.
— Je comprends, amiral, je ne vous demande rien non plus. C’est moi qui vais prendre le relais.

Valin Narcassan haussa ses épais sourcils grisonnants d’étonnement.
— Que voulez-vous dire ?
— Je vais reprendre les recherches. Je ne peux me résoudre à penser qu’elle peut être perdue quelque part, attendant qu’on lui vienne en aide… et que moi pendant ce temps, je ne tenterais pas l’impossible pour le faire !
— Je comprends… vous pourrez vous servir du Defiance comme plateforme logistique tant que nous resterons dans ce secteur de la galaxie.
— Merci, Amiral, puis-je charger ce rapport et les routes explorées dans mon ordinateur de bord ?
— Bien entendu et s’il vous faut autre chose, n’hésitez pas à nous le dire. Nous ferons de notre possible pour vous aider tout en continuant notre mission.
— Cela va de soit, répondit Hiivsha en se levant.
— Vous allez vous joindre à nous pour le dîner… une cabine vous a été affectée dans le quartier de la CPM, non loin de celle d’Isil… elle vous permettra de prendre du repos avant de repartir, et si vous voulez vous rafraîchir avant de passer à table…
— C’est une agréable attention, Amiral, je ne dis pas non.
— Alors, retrouvons-nous pour le repas… le lieutenant Liam passera vous prendre dans une heure à votre cabine si vous le souhaitez.
— Avec plaisir.

Les deux officiers généraux se levèrent à leur tour et l’amiral appela un second-maître féminin qu’il chargea de guider leur hôte vers ses quartiers.


— Votre cabine est là, annonça la jeune femme en désignant une porte du doigt. Veuillez poser votre main droite sur le scanner biométrique s’il vous plaît.

Hiivsha s’exécuta et le sous-officier entra un code d’enregistrement.
— Voilà, reprit-elle, vous êtes chez vous. L’empreinte de votre main vous permet désormais d’entrer. Vous pouvez également configurer un ou plusieurs codes personnels si vous souhaitez permettre à d’autres personnes d’accéder à vos quartiers.
— Merci, répondit Hiivsha. Pensez-vous qu’il me soit possible de pénétrer dans la cabine du commandant Kal’Andil… ou Valdarra, au final, je ne sais plus comment vous l’appelez ?

Un large sourire illumina le visage de la jeune femme tandis qu’elle acquiesçait.
— L’amiral m’a dit que vous alliez le demander. Composez le un un zéro alpha neuf huit pour cela, capitaine.
— Vous êtes un ange, conclut le contrebandier amenant ainsi un peu de rose aux pommettes du second-maître qui prit poliment congé de lui avant de s’éclipser.

Il hésita quelques secondes puis se dirigea vers la cabine d’Isil. Il n’y avait personne dans la coursive circulaire du secteur écho du pont sept où les membres de la CPM étaient installés. Lorsque le code fut introduit, la porte coulissa silencieusement en disparaissant dans la cloison et il pénétra dans la cabine avec le recueillement d’un fidèle entrant dans un temple. Immobile sur le seuil de la pièce, il laissa son regard vagabonder sur les lieux, détaillant chaque objet comme si de l’un d’eux pouvait surgir la présence tant espérée. Respirant profondément, il huma lentement l’air ambiant à la recherche d’une once de parfum connu et ferma les yeux avec émotion. Il lui semblait presque qu’Isil allait sortir de la douche ou d’un recoin de la pièce pour se jeter à son cou et l’embrasser. Bien sûr, il réalisait que son imagination et son désir d’elle lui faisaient envisager les choses sous un jour qu’elles n’auraient probablement pas eu. Il était plus vraisemblable qu’Isil se serait tournée vers lui avec un grand sourire, un éclat pétillant dans ses yeux bleus, et lui aurait simplement dit quelque chose comme un « bonjour Hiivsha » plein de retenue. Mais il était certain que lorsqu’il se serait approché d’elle pour la prendre dans ses bras et l’embrasser, elle n’aurait opposé aucune résistance et se serait laissée aller toute entière à la passion de son étreinte. Ne lui avait-elle pas dit que si elle, ne pouvait l’aimer, elle l’autorisait lui, à l’aimer de la façon qui lui conviendrait ? C’était sa façon à elle de contourner le sacro-saint Code qui était comme une épine dans leur amour. Un Jedi ne devait pas s’attacher. Mais lui pouvait s’attacher à un Jedi. Et d’ailleurs, comment aurait-elle pu l’en empêcher ? À présent qu’elle avait disparu, il lui parut évident qu’il ne pourrait jamais cesser de l’aimer quel qu’en soit le retour à attendre et le prix à payer. Comment avait-il pu croire un seul instant qu’il pouvait l’oublier définitivement et la rejeter à tout jamais de son existence ? Il était conscient de l’égoïsme de la situation dans laquelle il se trouvait. Certains auraient dit que justement, s’il l’aimait à ce point, il fallait qu’il la libère de lui en la laissant pour de bon afin qu’elle puisse devenir un Chevalier Jedi accompli, libre de toute contrainte affective ; qu’il représentait pour elle un danger permanent en lui imposant ses sentiments qui pouvaient un jour se retourner contre elle et la faire basculer, comme les Jedi aimaient tant à le dire, du côté obscur de la Force !
Non mais quelle connerie ! se dit-il in petto en se révoltant contre un système qu’il ne comprenait pas et qu’il jugeait archaïque.

Oui l’amour était égoïste, et après ? Pouvait-on lui reprocher de l’aimer d’un amour absolu et pur ? Était-ce égoïste de sa part d’accepter d’aimer sans attendre de retour, même s’il en espérait un de toute son âme ; d’accepter d’être loin d’elle pour ne pas l’encombrer de sa « dangereuse » présence ?
Mais quel avenir as-tu avec une Jedi ? murmura une petite voix intérieure.
— Celui de ne pas mourir tout de suite sans elle ! rétorqua-t-il à voix haute sans s’en rendre compte, étonné d’entendre sa propre voix résonner dans cet espace clos.
Mon vieil Hiivsha, si tu commences à te parler à haute voix, tu files du mauvais coton, pensa-t-il aussitôt.

Il s’avança dans la pièce et s’assit sur le lit, tâtant de la main sa surface. Il pouvait presque sentir la présence d’Isil étendue à cet endroit où elle avait passé tant de nuits. Au flot de bonheur attisé par ses souvenirs succéda une onde de regrets suivie d’une vague d’angoisse qui fit se serrer son cœur dans sa poitrine. Se pouvait-il que l’amiral et Maître Torve aient réellement raison et que la jeune fille ait vraiment quitté ce monde ? Assailli de doutes il se remit debout et fouilla machinalement dans les tiroirs et l’armoire sans trop savoir ce qu’il cherchait. Peut-être un souvenir ? Mais il ne trouva rien et s’allongea sur le lit en fermant les yeux, espérant peut-être y trouver un écho salvateur venu du fin fond de la galaxie.
— Vous cherchez quelque chose ? demanda sèchement une voix féminine depuis l’entrée de la cabine restée ouverte.
— Quelque chose entre la paix de l’âme et une présence, répondit tranquillement le contrebandier en soulevant une paupière.

Il discerna entre ses cils la peau bleutée et les longs lekkus d’une twi’lek qui le regardait d’un air farouche.
— Vous vous êtes trompé de cabine… si toutefois vous en avez une, reprit-elle sèchement.
— Pourquoi n’en aurai-je pas une ?
— Parce que vous ne faites pas partie de la CPM et que vous n’êtes pas en uniforme. Je sais que le vaisseau est grand, mais à ma connaissance, il n’y a pas d’autres civils à bord.
— Eh bien, vous vous trompez, répondit Hiivsha en faisant un effort pour se redresser et se mettre assis au bord du lit. J’en ai une, mais j’admets volontiers que ce n’est pas celle-ci.
— C’est ce que je vous ai dit.
— Celle-ci, c’est celle d’Isil.

La twi’lek ne masqua pas son étonnement.
— Vous la connaissez ?
— Disons que c’est une amie très proche… une amie très… chère. J’essayais juste de retrouver son aura…

Les yeux de la créature bleue s’agrandirent.
— Vous êtes Hiivsha !

Il fronça les sourcils en se relevant.
— Vous êtes douée en déduction.
— Quel autre ami très cher pourrait chercher sa présence dans sa cabine ? Elle m’a souvent parlé de vous, capitaine Inolmo.

Il murmura nostalgiquement en soulevant un coin de ses lèvres.
— En bien j’espère.

Un sourire malin illumina le visage de la twi’lek. Le premier depuis le début de la conversation.
— Plutôt… pour un humain doublé d’un contrebandier.

Il eut comme un geste d’excuse de la main.
— Oh, vous savez… l’étiquette…
— Vous êtes venu la rechercher ? demanda à brûle pourpoint la twi’lek dans les yeux de laquelle une lumière d’espoir s’alluma.
— Je ne vais quand même pas la laisser disparaître sans qu’elle m’ait dit au-revoir, répliqua Hiivsha d’une voix dans laquelle une certaine émotion transparaissait pour qui savait écouter les nuances.

La créature s’avança et tendit sa main.
— Je suis le chevalier Jedi Nulee’Na.
— Enchanté, répondit le contrebandier en serrant la main tendue. Vous êtes donc de la CPM ?
— Oui. J’étais une amie de la Padawan Isil.
— Je préfèrerais que vous disiez, je suis.

La twi’lek baissa un instant les yeux avant de les relever vers son interlocuteur.
— Vous avez raison. Isil est mon amie. On l’a cherchée durant des jours mais sans succès. J’espère que vous aurez plus de chance que nous tous. Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas.
— Merci, fit Hiivsha en se dirigeant vers la sortie de la cabine. Vous étiez une amie proche ? continua-t-il en se retournant.
— Oui, sans aucun doute, acquiesça la twi’lek. Nous nous connaissons depuis le Temple… cela fait pas mal d’années maintenant.
— Dans ce cas…

Il s’appuya sur le chambranle de l’ouverture avant de continuer.
— Vous n’avez rien ressenti ? Je veux dire… dans la Force, un bouleversement, un vide, une vibration, une onde… je ne sais quoi… lorsqu’elle a disparu ?

Nulee’Na haussa les épaules.
— Non, pourquoi ?
— J’avais l’impression qu’un Jedi lié à un autre ressentait quelque chose s’il lui arrivait malheur.
— Ça peut arriver en effet… entre un Maître et son apprenti ou lorsque la présence du Jedi qui disparaît est très grande dans la Force… celle-ci peut réagir et alors son flux d’énergie peut se communiquer à d’autres Jedi qui y sont sensibles.
— Et personne n’a rien ressenti… marmonna Hiivsha plus pour lui-même que pour son interlocutrice.

Il fit un petit geste avec son index.
— Vous savez quoi ? Je crois qu’Isil est vivante et que je vais la retrouver.

Sur ce, il lui tourna le dos et s’éloigna pour rentrer un peu plus loin dans sa cabine laissant derrière lui la jeune twi’lek en proie à sa perplexité.


Le lieutenant Liam vint le tirer de ses songes à l’heure exacte avec une précision toute militaire. Le contrebandier s’était rasé, douché et habillé de propre, puis s’était octroyé une demi-heure de repos qui n’avait pas suffit à effacer ses cernes.
— L’amiral a eu peur que vous vous perdiez en route, plaisanta Bump avec un large sourire qui devait être habituel chez lui.
— Il est vrai que ce mastodonte s’y prête assez quand on n’y est pas habitué. C’est une véritable petite ville.
— Vous ne croyez pas si bien dire… et encore, là, vous ne le voyez pas sous son meilleur jour. Je veux dire, avec son équipage au complet. Nous l’avons amplement automatisé pour fonctionner avec un minimum de personnel, ce qui explique bon nombre de dessertes et de coursives désertes.
— Ce n’est quand même pas le vaisseau fantôme, s’amusa Hiivsha, j’ai au moins croisé une twi’lek dans le coin.
— Ce doit être le chevalier Nulee’Na… c’est la seule de son espèce à la CPM.
— C’est elle en effet. Joli brin de fille, apprécia le contrebandier en emboîtant le pas de l’officier en direction de la batterie d’ascenseurs prioritaires qui desservait le secteur.
— Une grande spécialiste du combat à deux sabres d’après ce que j’ai compris.
— Dans ce cas, mieux vaut ne pas trop la chatouiller.
— Vous avez raison, conclut Bump en riant.


La salle à manger de l’amiral était digne du vaisseau qu’il commandait. Vaste et imposante, son mobilier était tout d’un bois laqué qui tranchait avec le modernisme des bureaux du haut-commandement du croiseur. De grandes baies permettaient de jouir d’une vue exceptionnelle sur la myriade d’étoiles qui scintillaient tout autour d’eux, ainsi que sur la planète Danor II autour de laquelle ils orbitaient. L’amiral s’approcha silencieusement du contrebandier debout devant la cloison en transparacier, et qui paraissait tout entier absorbé par ce point de vue unique offert sur la galaxie.
— Je ne vous demanderai pas pourquoi vous tournez autour d’elle, ironisa Hiivsha en prenant le verre que Narcassan lui tendait.

Un léger brouhaha montait des conversations ambiantes, légèrement étouffées par les moquettes murales qui donnaient à la pièce un aspect feutré et reposant, cependant que d’invisibles haut-parleurs diffusaient tout autour d’eux une musique fraîche et légère, qui semblait flotter dans l’air de manière presque palpable. L’amiral désigna de son verre les reflets irisés de Danor II.
— Maître Koyi Me, notre diplomate en chef, est en bas pour résoudre un petit conflit local avant qu’il ne dégénère. Normalement Isil aurait dû être avec lui.

Une grimace sur le visage du contrebandier suivit cette déclaration.
— C’est vrai qu’elle se destine plutôt à cette carrière qu’à celle d’un combattant… même si elle pratique l’art de se battre avec excellence, observa-t-il.
— Oui, c’est une jeune femme qui a du cœur et une grande compassion pour les autres.
— Je suis content que vous parliez d’elle au présent, Valin, ne put s’empêcher de relever Hiivsha.

L’amiral retourna vers son hôte un visage serein.
— Je me plais à penser qu’il y a toujours des possibilités.

Le contrebandier hocha la tête en pinçant les lèvres sans répondre et replongea son regard sur la planète qui pivotait lentement sur son axe, délivrant des couleurs chatoyantes et paisibles.
— C’est peut-être sur une planète comme celle-ci qu’elle se trouve actuellement.
— Souhaitons-le, Hiivsha. Sur une planète habitable, je lui fais entièrement confiance pour survivre et qui sait, finir par trouver un moyen de nous contacter.

Une petite clochette sonna le début du repas et les convives s’attablèrent pendant que des majordomes s’affairaient pour apporter les entrées. Il y avait là tous les membres de la CPM et de son état-major présents à bord. Prenant entre ses doigts un couteau, l’amiral cogna plusieurs fois de la lame contre un verre qui tinta d’un éclat cristallin. Le silence se fit. Le « pacha » se leva son verre à la main.
— Mesdames et messieurs, comme l’exige la coutume de la flotte, je porte le premier toast de la soirée en l’honneur de notre invité, le capitaine Hiivsha Inolmo, ancien pilote de chasse et héros de guerre… ah, et également, un grand ami très cher de la Padawan Isil Kal’Andil. Puisse sa quête pour la retrouver être couronnée de succès afin qu’il puisse nous la ramener saine et sauve. Souhaitons-lui bonne chasse et bonne chance !

D’un seul homme, tous les convives se levèrent également, leur verre à la main qu’ils tendirent à l’unisson en direction du contrebandier en répétant en chœur.
— Bonne chasse et bonne chance, capitaine !
*
* *

De la chance, il en aurait besoin ! avait-il songé comme la silhouette rassurante du Defiance disparaissait à sa vue, tout en repensant à la soirée passée à bord du croiseur. Chacun était venu se présenter à l’issue du repas, alors que les digestifs ambrés roulaient dans les verres ballon chauffés au creux des paumes. Et chacun avait exprimé le souhait personnel qu’il retrouva vite la jeune femme qui semblait effectivement manquer à tout l’équipage… du moins à toutes les personnes présentes ce soir-là. Il avait pu apprécier la sincérité avec laquelle certains membres de la CPM étaient venus lui parler d’Isil, comme s’il leur semblait important de l’évoquer, rendant sans doute ainsi plus vraisemblable à leurs yeux le fait qu’elle soit encore en vie. On lui avait donc confié comme à un ami quelques anecdotes tirées des mois qu’elle avait passés à bord ou des missions effectuées à ses côtés. Il apprit ainsi comment elle avait fait retrouver la paix à une planète aux royaumes désunis après avoir effectué une mémorable danse du ventre devant un roi… mission au terme de laquelle son équipe avait dû l’exfiltrer d’urgence pour lui éviter un mariage avec le souverain ; et comment elle avait soigné à l’aide de la Force deux semaines durant, les enfants d’un orphelinat empoisonnés par une toxine introduite dans l’eau par un Sith, que ses coéquipiers avaient fini par arrêter au moment où il allait s’enfuir. Chacun avait une histoire drôle ou dramatique à raconter et tout cela avait fini par bouleverser le contrebandier qui ne demandait plus qu’une chose : partir à sa recherche le plus vite possible.
*
* *

Hiivsha passa d’un air las les doigts dans ses cheveux et expira lentement en secouant la tête. P2-A2 fit faire à la sienne un tour complet en laissant échapper une mélodie électronique sinistre.
— Oui, mon vieux… ici non plus, y’a rien du tout… rien… les senseurs détectent que dalle ! J’étais pourtant près à parier qu’on la repèrerait dans ce coin…

Il n’ajouta pas : parce que c’était la dernière piste à suivre, mais cela le droïde l’avait lui-même calculé. Le contrebandier s’étira dans son fauteuil. Combien de jours cela faisait-il que Choupy sillonnait ce coin de la galaxie sans repos pour ses moteurs ? Dix-sept ? Dix-huit ? Il en avait perdu le décompte. Et chaque jour qui s’était écoulé avait réduit comme une peau de chagrin le mince espoir qui l’habitait ! Le découragement était bel et bien là.
Le contrebandier se leva pesamment de son siège et quitta le cockpit en traînant des pieds. Il se sentait seul. Atrocement seul. Il aurait donné n’importe quoi pour partager son désarroi avec un autre être vivant. Malheureusement il n’y avait que le droïde d’Isil qui faisait de son mieux pour lui répondre ; mais il n’était pas programmé pour lui remonter le moral, comme aurait éventuellement pu le faire un droïde de protocole à défaut d’un ami.

Machinalement il prépara et mit en marche le mini percolateur qui lui procurait toujours du si bon café. Il était à court d’idées après avoir parcouru toutes les routes que le calculateur du Defiance avait définies comme autant de possibilités de sauts hyperspatiaux, au départ du point où le lieutenant Rox avait quitté Isil. Il n’avait détecté aucun signal sur ces axes. Il avait sondé chaque planète desquelles les routes s’étaient approchées, sans succès. Il avait contacté chaque astroport rencontré mais aucun ne lui signala le passage du chasseur de la jeune fille. Les scanneurs au maximum, allumés sans répit, n’avaient signalé que des champs de débris spatiaux qui n’avaient rien à voir avec ce à quoi il aurait pu s’attendre dans le pire des cas. Rien sur toute la ligne. Il avait fait chou blanc.

Dans le silence du carré, le café fit un bruit de cascade en résonnant au fond de la timbale métallique, souvenir de la guerre, qu’il affectionnait tout particulièrement. Il sourit malgré lui en songeant que le vieux Rob Fotta avait presque la même. Une habitude de vieux garçons sans doute ! Mais lui ne la garnirait pas d’alcool. Il avait besoin de toute sa lucidité et de chacune de ses facultés pour envisager la suite… s’il y avait une suite à envisager.
Il but et fit une grimace. Même le café de son précieux percolateur semblait avoir mauvais goût ! D’un geste las, il lança la timbale dans l’évier avant de se traîner jusqu’à sa cabine pour s’allonger dans sa couchette puis posa le dos de ses mains croisées sur ses yeux pour réfléchir. Que restait-il donc à faire ? Comment retrouver la trace d’une personne dans cette immensité ?

Il se sentait attiré au fond d’un puits de désespoir comme ça ne lui était jamais arrivé. D’habitude, il entrevoyait toujours une solution à chaque problème qui se posait à lui, mais pas cette fois. Là, il se sentait comme un animal acculé dans l’angle d’un mur sans même avoir un adversaire sur qui sauter. Il avait besoin d’aide, mais il ne savait pas où en trouver ni s’il pouvait encore en trouver.

C’est alors qu’il lui vint une idée.

Il se releva d’un bond et se précipita jusqu’au cockpit où P2-A2 s’étonna à grand renfort de bips et d’autres sons comme lui seul savait en émettre.
— Oui mon grand, on repart, s’exclama Hiivsha, on va essayer de trouver quelqu’un pour nous aider !



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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 06 Avr 2013 - 18:41   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

J'ai lu, hmmm. C'était assez plaisant, mais j'ai trouvé que l'intrigue se vidait un peu ; autant les passages légers des filles avec les gardes ne m'ont pas dérangé, autant je dois dire que sur la visite de Hiivsha à bord du vaisseau, j'ai fini par en avoir un peu marre de lire à quel point Isil leur manque^^ Et puis, le débat interne de Hiivsha sur son incapacité à abandonner son amour pour elle, si sa présence est bien compréhensible, est en revanche trop développé à mon goût, dans la mesure où l'on a déjà lu ces arguments dans le tome I. J'ai trouvé que ça faisait un peu remplissage, ça se lit, mais bon. S'agissant de Iella/Sali, on n'a pas tellement ce problème, par contre tu nous laisses un peu sur notre faim, on n'a pas tellement avancé, finalement. Par ailleurs, la façon dont la Sithesse les convainc de la prendre avec elles, ce n'est pas très fin, on dirait un Disney :transpire:

Pour le style, je note que tu as définitivement choppé la rallongite^^ Tu te doutes que ce n'est pas moi qui vais dire du mal des phrases longues, mais il ne faut pas que ça devienne un objectif en soi non plus, j'ai trouvé que certaines étaient inutilement alourdies, je les ai relevées en-dessous.

Bref, j'ai bien aimé, mais il y a quelques longueurs et des maladresses^^

Puis le matin s’était levé sur l’agglomération encore engourdie par une trop courte nuit de sommeil


Je pense que tu devrais supprimer "de sommeil", le sous-entendu est clair.

les rideaux métalliques manœuvrés par des commerçants fatigués, zombies grisâtres aux gestes automatiques, aux traits tirés et aux yeux cernés.


Là, c'est la dernière partie que j'enlèverais, c'est bon, on a compris^^

— C’est promis, lieutenant. Si quoique ce soit cloche, nous vous appelons à la rescousse.


Je n'aime pas séparer les gens, mais, "quoi que", non ?

Mais rien qui pouvaient amener à comprendre quel secret détenaient les prêtres, pensa la Sith en se remémorant les nombreuses journées que Dark Zarek avait vainement passées à étudier chacune des représentations.


L'italique devrait s'arrêter à "pensa", erreur de balise ?

jolie comme un cœur


Ça m'a toujours tué, cette expression :lol:

— Ah la bonne heure, s’exclama l’amiral,


À la bonne heure, voyons !

Les mots tournaient dans la tête du contrebandier comme les rouages d’une vieille horloge d’un âge préhistorique


Là, c'est le "vieille" qui ne sert à rien, décidément^^

Non, ce n’était pas ce qu’il voulait qui soit arrivé à sa bien-aimée ! Ses poings se crispèrent sur les accoudoirs du fauteuil qu’il occupait. Si Isil était morte, il le sentirait, il en était certain ! Aussi certain qu’il l’avait entendue à travers toute la galaxie quand elle avait été en détresse et qu’elle l’avait appelé à l’aide à travers la Force ! Si Isil avait rejoint cette dernière, elle serait entrée une dernière fois en contact avec lui par la pensée, il en était convaincu !


Pourquoi l'italique alors qu'on n'a que de la troisième personne ?

Lorsque le code fut introduit, la porte coulissa silencieusement en disparaissant dans la cloison et il pénétra dans la cabine avec le recueillement d’un fidèle entrant dans un temple pour prier.


Décidément, tu aimes bien rallonger tes phrases, est-il vraiment utile de préciser "pour prier" ? :transpire: Ce n'est certes pas sous-entendu cette fois, mais l'image est quand même tout à fait claire sans cela :neutre:

il laissa son regard vagabonder sur les lieux, détaillant chaque objet comme si de l’un d’eux pouvait surgir une présence tant espérée.


Hmmm, la présence serait peut-être plus explicite ?

— Vous cherchez quelque chose ? demanda sèchement une voix féminine depuis l’entrée de la cabine restée ouverte.
— Quelque chose entre la paix de l’âme et une présence, répondit tranquillement le contrebandier en soulevant une paupière.


J'adore la réponse :lol: Il va vraiment finir dans une camisole, s'il continue^^

Jolie brin de fille


Joli, c'est le brin qui est joli, pas la fille ! :)

De la chance, il en aurait besoin !


Décidément, tu as un drôle d'usage de l'italique ; tu penses à la troisième personne, toi ? :paf:

Malheureusement il n’y avait que le droïde d’Isil qui faisait de son mieux pour lui répondre mais qui n’était pas programmé pour lui remonter le moral comme aurait pu le faire un droïde de protocole.


Ce n'est pas plutôt d'un être vivant, qu'il aurait besoin ?^^ Parce que là, la fin de la phrase fait que ça tombe un peu à l'eau, un peu comme si je te disais "L'argent ne fait pas le bonheur, contrairement au patrimoine !" :lol:
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Messagepar Hiivsha » Sam 06 Avr 2013 - 20:05   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

j'aime décidément bien la façon dont tu vois les choses parce que quand je te lis, ça me paraît tellement évident que je m'en veux de ne pas y avoir songé moi-même :paf:

Juste quand même, dire que je suis parti du principe qu'on pouvait lire ce tome sans avoir lu le tome 1, du coup je me sens un peu obligé - peut-être ai-je tort - d'expliquer un état d'esprit - je parle pour Hiivsha - qui est évident et fait "redite" quand justement on a lu le premier tome. :neutre:

L'italique était pour matérialiser ses pensées indirectes... mais tu as raison, je vais les enlever parce que sinon, il faudrait que j'en mette ailleurs.

Pour le "Puis le matin s’était levé sur l’agglomération encore engourdie par une trop courte nuit de sommeil", autant je suis d'accord pour le zombie/yeux cernés suivant, autant ici... comment dire : en fait la nuit a été longue, très longue, je parle de la nuit de fiesta. C'est la part de sommeil dans cette nuit qui a été courte. J'ai envie de remplacer "une trop courte nuit de sommeil" par "un sommeil trop court" histoire d'éviter l'ambiguïté.

"avec le recueillement d’un fidèle entrant dans un temple pour prier." => tu vas rire, mais je l'ai ajouté tout à l'heure au moment de poster parce que j'ai pensé qu'un fidèle n'est peut-être pas recueilli quand il visite une église en touriste... ok, c'était bête, je vais supprimer. :paf:

Sur le "Malheureusement il n’y avait que le droïde d’Isil qui faisait de son mieux pour lui répondre mais qui n’était pas programmé pour lui remonter le moral comme aurait pu le faire un droïde de protocole." je faisais le distingo entre l'IA d'un mécano et celle d'un droïde de protocole plus étudié pour soutenir des conversations , certes artificielles, mais plus construites et "ressemblant" à des conversations qu'on pourrait avoir avec un être intelligent. Je me disais qu'à défaut d'un être vivant, un droïde de protocole aurait pu avoir dans sa programmation des formules destinées à lui remonter le moral, contrairement au bip beep swiit tiou vrou ihou d'un R2-D2 :D

Mitth'raw Nuruodo a écrit:la façon dont la Sithesse les convainc de la prendre avec elles, ce n'est pas très fin, on dirait un Disney :transpire:


Et encore, attend de voir les "Castors Juniors" arriver pour sauver Isil avec Mickey à leur tête ! :diable:

Encore merci de tes remarques. :jap:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 06 Avr 2013 - 21:13   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

Juste quand même, dire que je suis parti du principe qu'on pouvait lire ce tome sans avoir lu le tome 1, du coup je me sens un peu obligé - peut-être ai-je tort - d'expliquer un état d'esprit - je parle pour Hiivsha - qui est évident et fait "redite" quand justement on a lu le premier tome. :neutre:


J'y ai pensé, c'est un point de vue qui se défend.

L'italique était pour matérialiser ses pensées indirectes... mais tu as raison, je vais les enlever parce que sinon, il faudrait que j'en mette ailleurs.


En effet, ça me perturbe d'autant plus que dans mes textes, une bonne partie de la narration est faite de pensées indirectes :transpire:

Pour le "Puis le matin s’était levé sur l’agglomération encore engourdie par une trop courte nuit de sommeil", autant je suis d'accord pour le zombie/yeux cernés suivant, autant ici... comment dire : en fait la nuit a été longue, très longue, je parle de la nuit de fiesta. C'est la part de sommeil dans cette nuit qui a été courte. J'ai envie de remplacer "une trop courte nuit de sommeil" par "un sommeil trop court" histoire d'éviter l'ambiguïté.


Oui, j'avais compris ce que tu voulais dire, mais en fait, on comprend sans le "de sommeil", ça sous-entend simplement qu'une véritable nuit ne peut être occupée qu'à dormir^^

"avec le recueillement d’un fidèle entrant dans un temple pour prier." => tu vas rire, mais je l'ai ajouté tout à l'heure au moment de poster parce que j'ai pensé qu'un fidèle n'est peut-être pas recueilli quand il visite une église en touriste... ok, c'était bête, je vais supprimer. :paf:


J'imagine, mais à partir du moment où tu mets en valeur le fait que c'est en tant que croyant qu'il visite son temple, par ce seul choix de vocabulaire, son attitude est claire :wink:

Sur le "Malheureusement il n’y avait que le droïde d’Isil qui faisait de son mieux pour lui répondre mais qui n’était pas programmé pour lui remonter le moral comme aurait pu le faire un droïde de protocole." je faisais le distingo entre l'IA d'un mécano et celle d'un droïde de protocole plus étudié pour soutenir des conversations , certes artificielles, mais plus construites et "ressemblant" à des conversations qu'on pourrait avoir avec un être intelligent. Je me disais qu'à défaut d'un être vivant, un droïde de protocole aurait pu avoir dans sa programmation des formules destinées à lui remonter le moral, contrairement au bip beep swiit tiou vrou ihou d'un R2-D2 :D


C'est bien ce que j'avais compris, mais le problème, c'est que juste avant, tu parles de son manque d'un être vivant, donc ça fait un peu bizarre :transpire: Ou alors, il faut relativiser dire que ce n'est même pas un droïde de protocole.

Et encore, attend de voir les "Castors Juniors" arriver pour sauver Isil avec Mickey à leur tête ! :diable:


Tu sais quoi, j'avais réussi à oublier qu'on s'est fait racheter en écrivant ça :paf:
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Messagepar Hiivsha » Sam 06 Avr 2013 - 21:19   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 2

"Malheureusement il n’y avait que le droïde d’Isil qui faisait de son mieux pour lui répondre mais qui n’était pas programmé pour lui remonter le moral comme aurait éventuellement pu le faire un droïde de protocole à défaut d'un ami." :wink:
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