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[Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

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Messagepar Code 44 » Jeu 23 Juin 2011 - 15:59   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Notsil a écrit:Comme Code44, j'ai trouvé un peu étrange que juste après avoir "découvert" l'amour elle joue si facilement le jeu de la séduction. Tes explications tiennent la route, après peut-être que par l'ajout de quelques mots / phrases genre "intérieurement elle n'en menait pas large" par ex. Elle est certes aidée parce qu'elle est Jedi donc elle va ressentir plus facilement l'effet qu'elle a sur le capitaine, ou au contraire elle aurait pu s'étonner qu'il soit si facile d'utiliser la séduction pour faire parler les hommes (chose qu'elle n'a peut-être pas vu avec son Maitre, ou qu'elle aurait quand même pu utiliser sous sa tutelle d'une manière plus froide et logique... plus Jedi finalement ^^).
Bref ça reste un détail au vu du reste de ton histoire cependant ;)


Yeah ! Même si elle oublie l'espace entre les lettres et le 44, No' partage les mêmes idées que moi !

On se marie quand ? :x

y'a le décolleté + le dos nu + la grande fente : à mes yeux c'est trop, elle aurait pu ne rien mettre ça n'aurait pas changé grand chose ^^


Mais c'est pour destabilliser le méchant qu'elle se balade toute nue à la soirée, technique jedi :transpire:
"Votre manque de foie me consterne..." Dark Vador, Seigneur Sith sur le mess de l'Etoile Noire
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Messagepar Notsil » Jeu 23 Juin 2011 - 16:58   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

C'est marrant, pendant que j'écrivais mon com, j'étais en train de me dire "tiens, faudrait pas un espace ? ... Bon, flemme de vérifier, tant pis :p " ^^

Mais c'est pour destabilliser le méchant qu'elle se balade toute nue à la soirée, technique jedi :transpire:


Ca se tient ^^ Bon après je suis pour un certain équilibre : méga décolleté = reste sage ; grande fente = petit décolleté voire pas. Faut savoir où on veut attirer le regard aussi :) Et vaut mieux en général suggérer que trop dévoiler, ça a plus d'impact sur les cerveaux de ces messieurs qui peuvent s'imaginer tout plein de choses :)
Ceci dit, parfois y'a pas non plus besoin de subtilité ^^
"Qui se soumet n'est pas toujours faible." Kushiel.
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Messagepar Hiivsha » Jeu 23 Juin 2011 - 20:19   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

J'ai simplifié le passage en ne laissant "que" le décolleté... et ajouté un peu plus les "pensées/craintes/doutes/étonnements" intérieurs d'Isil lors de son dialogue avec Sazkaer.

J'aime beaucoup vos analyses. :hello:
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Messagepar Hiivsha » Ven 24 Juin 2011 - 15:31   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

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CHAPITRE 11
– Prisonnière –


- Noooon ! cria Isil lorsque le croiseur se mit à ouvrir le feu sur le Valiant.

Elle se retourna vivement vers Dal-Karven en refoulant sa colère.

- Pourquoi ? Pourquoi ? Ce ne sont que des civils ! Ils ne vous ont rien fait ! C’est moi que vous voulez ! Laissez-les partir !

Le regard rivé sur l’extérieur derrière la grande baie transparente de la passerelle de commandement, le Sith ricana.

- Il ne peut y avoir de témoins ! J’ai contrevenu aux termes du Traité de Coruscant. Il est trop tôt pour créer un incident diplomatique entre la République et l’Empire. Tout doit venir à temps.

Les mains attachées dans le dos, elle s’approcha de lui pour essayer de le regarder dans les yeux. Il était beaucoup plus grand qu’elle. Engoncé dans son vêtement noir, on aurait dit un fantôme.

- Je vous en prie, supplia-t-elle, je ferai ce que vous voudrez mais laissez ces gens partir !

Le Sith fit un quart de tour sur lui-même et lui fit face, puis, lentement, il abaissa la capuche qui masquait sa tête. Sa peau rouge, chargée de tatouages et son crâne rasé apparurent. Ses yeux jaunes injectés de sang luisaient cruellement. Quand il se rapprocha en se penchant vers elle, Isil recula instinctivement.

- Donnez-moi ce que je cherche, laissa-t-il tomber d’une voix caverneuse.
- Je ne sais pas de quoi vous parlez !
- Alors tant pis !

Il se retourna de nouveau vers l’extérieur. Des foyers d’incendie étaient à présent visibles ça et là à bord du transport.

- Je n’ai pas ce que vous cherchez, je vous le jure !
- Si ce que vous dites est vrai, alors c’est resté à bord du Valiant.

Il lui refit face et agrippa sa mâchoire d’une main puissante en attirant son visage tout contre le sien.

- Ces gens vont donc mourir par votre faute ! lui souffla-t-il.

La jeune fille soutint son regard sans broncher.

- N’y a-t-il aucune humanité derrière ce masque de mort ? parvint-elle à articuler tant bien que mal entre des doigts qui lui écrasaient les joues. Ah non, c’est vrai, vous êtes un Seigneur Sith !

Il la repoussa violemment en crachant son mépris.

- Et vous, vous êtes une Jedi ! Vous êtes faible ! Votre compassion pour cette… humanité vous interdit de prétendre à la protéger efficacement !

Il serra le poing devant elle comme s’il écrasait un insecte.

- Vous ignorez le vrai pouvoir de la Force. Si vous le possédiez, vous sauriez m’arrêter et sauver tous ces innocents !

Il dirigea vers elle sa main, pouce et index en opposition. Isil sentit l’air vibrer autour de son cou qui se contracta douloureusement comme si une main invisible tentait de l’étrangler. Elle ferma les yeux pour sentir toute chose autour d’elle et se concentra calmement pour opposer une aura de Force à la pression du Sith. Ce dernier laissa tomber son bras au bout d’un instant en ricanant.

- Vous êtes une jeune Jedi douée… votre rapport avec la Force est intéressant. Je sens en vous d’étonnantes possibilités. Cela va être très intéressant de vous convertir !

Soudain, il tendit les deux mains en direction d’Isil et un flux d’éclairs bleutés jaillit du bout de ses doigts projetant la malheureuse plusieurs mètres en arrière. Elle atterrit violemment contre la cloison du vaisseau et resta un moment à terre complètement étourdie. Puis, péniblement, elle se remit sur ses jambes avec lenteur, sans se préoccuper des liens qui mordaient dans son dos la chair de ses poignets. Le Sith paraissait ne plus s’occuper d’elle et discutait avec le commandant du croiseur. En titubant, Isil revint vers la baie vitrée. Au même moment le Valiant explosait dans un ouragan de feu et d’acier.

Le cœur de la jeune fille s’arrêta dans sa poitrine et elle ressentit jusqu’au fond de son âme l’immense perturbation de la Force qui accompagna la disparition des dizaines de milliers de passagers et membres d’équipage du transport. Maîtrisant son tressaillement, refoulant l’émotion qui tentait de s’emparer de son esprit, elle se retourna vers le Sith et prononça d’une voix effroyablement calme.

- Vous serez châtié pour ce crime !

Dal-Karven ne lui accorda pas un regard. Il donnait ses ordres au commandant qui l’écoutait respectueusement. Les yeux clos, Isil cherchait dans la Force un signe de vie. Tout à coup elle eut la certitude que Hiivsha était vivant. Comment ? Elle ne le savait pas, mais elle pouvait sentir sa présence toute proche. Elle isola ses pensées et les fit converger vers lui.

- Hiivsha ! Viens me chercher !
*
* *

Sans ménagement, elle fut traînée par deux gardes à travers les coursives du croiseur qui venait de repasser en hyperespace. Ils la jetèrent violemment dans une cellule du quartier prison, la projetant à terre en riant.

- On va bien prendre soin de toi Jedi ! ricana l’un d’eux.
- C’est sûr… je ne voudrais pas être à ta place entre les mains du manipulateur de Korka ! répondit l’autre.
- Dommage que les ordres soient de ne pas la toucher ! reprit le premier, j’aurais bien aimé vérifier que les femelles Jedi sont comme toutes les autres !

Ils rirent grassement en chœur tandis que la porte se refermait en coulissant dans un claquement sec.

La jeune fille resta immobile, essayant d’oublier la douleur à ses poignets, les yeux fermés, cherchant la paix à travers la Force. Un souvenir refit surface et la plongea dans le passé.
*
* *

- Aïe ! se plaignit la fillette, ça fait mal !

L’homme qui se tenait à côté d’elle, s’assit sur le sol en soupirant.

- La douleur n’existe que dans ta tête Isil. Une fois que tu auras admis cette vérité et si tu peux te concentrer assez, tu pourras l’évacuer et ainsi ne plus avoir mal.

L’enfant s’assit aux côtés de son Maître en imitant sa position, retenant une grimace de douleur.

- Je vais essayer Maître Beno.
- Non, tu ne dois pas essayer mais juste le faire, ni plus, ni moins. Concentre-toi, fais appel à la Force, rassemble-là en toi, dans ton cerveau, sens comme elle est bénéfique, comme elle dirige toute chose dans l’univers
- Je la sens Maître…

Puis elle fit une grimace.

- Mais ça fait toujours mal !
Beno Mahr retint un léger rire et sortit de son sac une boite contenant une sorte de pâte.
- Donne-moi ton bras que je le soigne, petite fille… ça aidera la Force à faire passer ta douleur, ajouta-t-il en lui faisant un clin d’œil.

Avec douceur il passa la pommade sur la blessure qu’elle s’était faite en tombant du rocher sur lequel elle avait tenté de se propulser dans un bond pas si maladroit que ça aux yeux du Jedi. Il s’en était fallu d’un cheveu qu’elle ne réussisse un saut prodigieux pour son âge !

- Maître ? Est-ce que la Force peux tout faire ?
- Oui Isil, elle peut tout faire… c’est nous qui n’arrivons pas à tout faire à travers elle. Plus tu parviendras à la maîtriser et plus tu repousseras les limites de tes possibilités. Mais pour cela, tu dois rester en harmonie avec elle… vivre intimement dans sa paix et sa sérénité.
- Et rejeter tout ce qui vient de moi ? demanda avec candeur la fillette tout en le fixant de ses grands yeux bleus.
- Oui… et non… Tu dois te méfier de tes émotions… de tout ce qui pourrait empêcher ta raison de faire les meilleurs choix. Faire en sorte qu’elles ne brouillent pas ta vision des choses. Mais tu ne dois pas compter sur la Force au détriment de tes autres sens et de tes propres capacités. Elle doit être ton alliée, pas remplacer ce que tu es. Elle n’est pas toi… c’est toi qui est en elle.

Combien de fois avait-elle cherché à comprendre les difficiles paroles de Maître Beno ? Aussi, lorsque l’enfant hochait la tête en murmurant un très consentant « je comprends Maître », celui-ci ne pouvait s’empêcher de lui sourire avec bonté en guise d’encouragement même s’il savait que son enseignement mettrait des années à éclairer sa jeune Padawan.
*
* *

Korka était une petite lune quasi sauvage, présentant un seul continent entouré d’eau et presque entièrement recouvert d’une épaisse jungle peuplée d’animaux sauvages. Inexplorée jusque là, l’empire Sith y avait installé une prison qui abritait entre autres choses, le « Centre de conversion » du professeur Xandor. Ce centre avait un but : étudier les quelques Jedi fait prisonniers par les Sith, pour mettre au point un processus destiné à les convertir au côté obscur de la Force. La torture et le lavage de cerveau étaient les deux sinistres pièces maîtresses de Xandor. Le procédé aboutissait la plupart du temps à la mort du sujet d’expérience mais quelques conversions erratiques avaient convaincu le professeur qu’aucun Jedi n’était invulnérable à sa forme de persuasion. Les autres prisonniers « normaux » comme il se plaisait à le dire, n’avait aucun intérêt pour Xandor si ce n’est celui de mettre le Jedi, sujet de son expérience, en situation extrême de tuer ou d’être tuer. Il y avait donc sur Korka de tout : des combattants républicains, des pirates, des assassins… une population humaine et non humaine, de mâles et de femelles qui représentaient autant de jouets entre les mains sadiques du professeur.

Tôt ou tard, chacun était confronté à un choix : accepter de se battre contre un autre prisonnier pour faire cesser ses propres souffrances quotidiennes voire gagner sa liberté, ou bien continuer à subir l’enfer. Ce qui intéressait surtout Xandor, c’était les combats entre un prisonnier Jedi et un être « normal » décidé à – ou forcé de – tenter sa chance en se battant à mort. Au bout de vingt, cinquante ou cent combats dans lequel un Jedi défendait sa vie, il le sentait en effet s’éloigner de plus en plus des préceptes de l’Ordre pour plonger dans les eaux troubles et profondes du côté obscur dans lequel la vie d’innocents ne comptait plus. Cette descente aux enfers semblait plonger sa victime dans une sorte de folie, faite de doute, de perte de foi, de douleur et au bout du compte, le caractère du sujet de cette terrible expérience s’altérait. Certains finissaient par renier les préceptes appris durant leur formation de Jedi quand d’autres refusant de tuer des innocents, sacrifiaient leur vie dans l’arène en se laissant abattre. Quelques rares succès avaient permis au professeur de retourner complètement des Padawan voire quelques chevaliers Jedi, qui avaient fini par intégrer les rangs des armées Sith.

Les combats n’étaient pas les seuls moyens de forcer un Jedi à affronter les autres prisonniers, notamment lorsqu’il s’agissait, comme il le disait, de femelles Jedi pour lesquelles son imagination et sa cruauté n’avaient pas de limite. Il avouait pourtant que, bien qu’elles soient plus fragiles que leurs homologues masculins, leur résistance psychique et leur charisme étaient souvent plus forts, ce qui les conduisait presque toutes à se sacrifier quitte à subir les pires affronts qu’une personne de leur sexe pouvait endurer. Au final, la plupart avaient préféré trouver la mort plutôt que de la donner.

Si le mal à l’état pur existait quelque part dans la Galaxie, l’un de ses nombreux visages était sans doute celui du professeur Xandor !

Dal-Karven avait terminé son exposé sur le centre de Korka et les travaux du professeur Xandor. Il regardait froidement la jeune fille dont il avait détaché les poignets qu’elle s’était longuement massés avec soulagement.

- Dites-moi ce que vous savez et à qui vous en avez parlé, qui est au courant… et je ne vous abandonnerai pas entre les mains du professeur Xandor. Il serait dommage que votre si joli corps soit abîmé par ses épouvantables expériences.

Elle était assise sur le bord d’une couchette et lui se tenait debout, immense, devant elle. Il entortilla entre ses doigts la longue et fine tresse qu’elle portait sur le côté droit de sa figure.

- Un joli trophée pour Xandor. Je connais son premier geste envers vous, il la coupera… une sorte de collection.

Isil fit un mouvement de la tête pour ôter la tresse des doigts du Sith. Son cœur semblait pris dans un étau et elle avait bien du mal à conserver la sérénité dans laquelle elle s’était réfugiée. Comment s’enfuir d’un croiseur impérial avec la présence d’un Seigneur Sith à bord ? Comment parviendrait-elle à s’échapper de cette lune sur laquelle il semblait qu’on la conduisait ?

- Personne d’autre que moi était au courant, laissa tomber Isil d’une voix basse. Seul Maître Beno…
- Ah oui, votre Maître Jedi ! coupa Dal-Karven sarcastique, il ne vous a pas protégée… trop faible pour affronter un Seigneur Sith !

Il se retourna et fit deux pas en avant.

- Mais je ne vous crois pas… j’imagine mal que votre Maître Mahr vous ait entraînée là-dedans sans que quelqu’un d’autre ne soit au courant !
- Je vous jure que non.
- Et vos amis ? Et ce Saltiva ?
- Peu importe… ils sont morts lorsque vous avez détruit le Valiant !
- Tu souhaiterais me tuer jeune Padawan ? murmura Dal-Karven en la regardant du coin de l’œil. Peut-être pourrais-tu profiter que je te tourne le dos pour te servir de tes pouvoirs afin de me neutraliser ? Ou n’es-tu au final qu’une faible femelle !

Isil ne répondit pas. Elle ne souhaitait ni répondre, ni réagir sous la colère ou la provocation. Cela se servait à rien s’il n’y avait aucune solution au bout. Chacun de ses actes devait avoir une raison d’être et un but utile. Pourtant, si elle neutralisait le Sith, peut-être parviendrait-elle à se glisser hors de sa cellule jusqu’à une des capsules d’évacuation que devait compter le croiseur ?
*
* *

- Concentre-toi jeune Isil sinon ces insectes vont nous infliger dans leur irritation, les plus terribles piqûres !
- Que dois-je faire Maître Beno ? Vite, ils arrivent !
- Sens la Force autour de toi et rassemble son énergie en toi… concentre-là et quand tu te sentiras prête, expulse-là vers eux avant que cette nuée ne nous détruise…
- Mais je vais les tuer… ils ne m’ont encore rien fait… objecta l’enfant du haut de ses treize ans.
- Il ne fallait pas faire tomber leur nid dans ce ravin ! la gourmanda le Jedi. Maintenant, ils sont en colère après nous…
- Je n’ai pas fait exprès Maître Beno ! J’ai mal calculé la trajectoire que j’ai infligé à cette grosse pierre et…
- Ta poussée de Force n’est pas encore au point… pas assez contrôlée… j’espère simplement que tu es capable d’une vague de Force dissuasive pour nous éviter de nous faire abondamment piquer. Allons jeune Padawan, dépêche-toi, les voilà qui arrivent sur le chemin !

La nuée bourdonnante fonçait vers eux en rangs serrés. La fillette sentait son cœur s’emballer et elle ferma les yeux pour se maîtriser. Tout autour d’elle était l’énergie vivante de la Force. Elle la sentait, comme des ondes vibrantes. Plus elle la concentrait, plus ces ondes vibraient. Les insectes n’étaient plus maintenant qu’à quelques mètres. Beno Mahr grinça entre ses dents.

- Vas-y ! Si tu dois faire quelque chose, c’est le moment ou bien ce sera trop tard !

Elle sentait l’oppression de cette énergie qu’elle emprisonnait autour d’elle. Alors elle se relâcha et la libéra par sa volonté. La fillette sentit comme une décompression lorsque la vague de Force fit vibrer l’air tout autour d’eux, repoussant avec vigueur la nuée d’insectes qui tombèrent sur le sol. Maître Beno refréna un geste d’étonnement.

- Bien, ma jeune Padawan ! Tu es décidément bien surprenante !

Il se détendit et souffla. Le bouclier dont il s’apprêtait à les entourer pour les mettre à l’abri du danger, ne s’était pas avéré utile. Son élève semblait décidément très douée dans ses relations avec la Force. C’était prometteur !

- Fais attention à ne pas les écraser en marchant, recommanda-t-il en reprenant sa route. Viens, ne restons pas là !
*
* *

Les yeux fermés, Isil relâcha une puissante vague de Force qu’elle avait emprisonnée autour d’elle et qui déferla dans toute la cellule. Elle y avait mis toute sa volonté et toute l’énergie qu’elle avait pu rassembler. Mais le Sith ne bougea pas. Devançant l’action de sa prisonnière, il s’était protégé par un non moins puissant bouclier de Force. Lentement, il se retourna vers la jeune fille un rictus aux lèvres. Ses yeux jaunes brillaient de contentement.

- Bien ! Voilà que tu essayes de m’attaquer en traître ! Cependant, tes maigres pouvoirs sont bien trop faibles pour m’atteindre. Ceci étant, tu as eu le mérite d’essayer de me neutraliser ! Tu es courageuse ! Aussi pour te punir je ne vais pas te tuer… juste t’infliger ce que tu mérites.

Dal-Karven tendit ses mains devant lui et délivra une redoutable décharge électrique qui fouetta l’air en craquant. Isil riposta les paumes en avant et tenta de contrer le flux d’énergie qui venait vers elle. Un instant elle y parvint et une boule bleuté se forma à mi-chemin entre les deux adversaires. La jeune fille serra les dents et se concentra sur l’énergie qu’elle devait canaliser pour stopper l’attaque du Sith. Elle sentait progressivement l’électricité s’emparer de son corps et ses muscles se tétaniser douloureusement. Son visage grimaçait sous l’effort tandis que les yeux du Sith brillaient de façon plus intense. Un rire de satisfaction s’échappa de sa gorge alors qu’il accentuait encore la pression de son attaque. Soudain Isil s’effondra en hurlant de douleur. Le flux d’électricité venait de la transpercer de toutes parts. Elle tomba sur le sol, agitée par de violents spasmes. Son corps se tordait et tressautait au rythme des décharges que le Seigneur Sith lui infligeait, comme celui d’un pantin désarticulé. La tétanie des muscles que provoquaient les ondes bleues était insoutenable et la vrillait de partout tandis qu'elle sentait une douleur aiguë serrer son cœur comme sous l'effet d'un poignard que l'on aurait planté dedans. La Padawan ouvrait sa bouche déformée par un rictus pour essayer d'insuffler un peu d'air dans ses poumons complètement contractés.

Soudain, le Sith s’arrêta et regarda sa victime grimaçante qui rouvrait les yeux péniblement.


- Je peux te faire devenir bien plus puissante ma jeune et jolie Jedi… il te suffit de le vouloir et je t’enseignerais la vraie puissance de la Force !

Surmontant sa douleur, elle parvint à articuler faiblement.

- Jamais !

Dal-Karven se mit à rire.

- Lorsque tu seras entre les mains du professeur Xandor, tu viendras me supplier de te prendre comme apprentie pour fuir ses… expériences !

Isil se releva péniblement en soutenant le regard de son adversaire.

- Mes pouvoirs de Jedi sont assez forts pour résister à tout ce qu’on pourra me faire pour basculer comme vous dites du côté obscur dont vous aimez tant vous repaître.
- Tu crois ça, cracha le Sith en la plaquant d’une main par la gorge contre la cloison.

Sa force était telle qu’elle ne touchait plus le sol que par la pointe des pieds. De ses deux mains elle essayait en vain de desserrer l’étau des doigts crochus. Le visage de Dal-Karven était à deux centimètres du sien. Elle détourna la tête avec répulsion.

- La Force ne te protègera pas de ce qu’on peut faire aux humains et en particulier… aux femmes !

Ses yeux brillèrent tandis qu’il lui caressait la joue. Isil grimaça, essayant de faire refluer le dégoût et la peur qui s’emparait d’elle.

- Tu fanfaronneras moins quand tu seras livrée pieds et poings liés aux pires déchets de l’humanité galactique pour leur servir de jouet… ton joli corps ne vaudra plus grand-chose ensuite… et la Force ne pourra rien pour toi ! Mais tu peux encore échapper à cette humiliation… dis-moi qui est au courant de notre petit secret et viens à moi !

Il sortit une longue langue frétillante et bleutée qu’il agita devant ses lèvres.

- Je serais un bon maître pour toi et tu seras mon esclave !

A moitié asphyxiée, elle ne put se retenir de lever violemment un genou dans l’entrejambe du Sith. Retenant un cri, il accusa le coup et la lâcha en se reculant d’un pas. Puis libérant un cri rageur, il lui asséna au visage un puissant revers de main qui l’expédia violemment contre la cloison sur laquelle elle rebondit avant de tomber à terre.

- Misérable Jedi arrogante ! s’emporta-t-il, comment oses-tu porter la main sur moi !

Allongée sur le sol, Isil passa ses doigts sur ses lèvres ensanglantées. Au travers de ses cheveux en bataille qui lui masquaient une partie du visage, elle lui lança un regard de défi.

- Et vous, Sith abject, comment oser vous me toucher avec vos sales pattes ?

Une nouvelle fois elle se releva lentement, essayant de retrouver la sérénité qui selon Maître Beno devait l’accompagner quelles que soient les épreuves rencontrées.

- Je préfère souffrir mille tourments ou subir mille profanations plutôt que de vous sentir contre moi, dit-elle froidement en le fixant de ses prunelles bleu acier.

Curieusement, un imperceptible sourire se dessina sur les lèvres fines du Sith, découvrant ses dents jaunies.

- Tu en auras l’occasion, jolie Padawan… Nous verrons alors si la Force te sert encore de bouclier mental… nous verrons !

Soudainement, il se retourna et sortit de la cellule. Le panneau coulissant de la porte se referma en claquant.

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Modifié en dernier par Hiivsha le Lun 10 Juin 2013 - 16:16, modifié 4 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Ven 24 Juin 2011 - 16:00   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

C'est lu. Ça manque peut-être un peu de description au niveau des sensations de l'héroïne alors qu'elle se prend la foudre Sith, on dirait presque du point de vue externe, là ; mais les descriptions de ce "centre de conversion" et l'intégration de flash-back sont de bonnes idées qui rendent ce chapitre intéressant.
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Messagepar Hiivsha » Sam 25 Juin 2011 - 9:50   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Mitth'raw Nuruodo a écrit:C'est lu. Ça manque peut-être un peu de description au niveau des sensations de l'héroïne alors qu'elle se prend la foudre Sith, on dirait presque du point de vue externe, là


Sadique ! :diable:

En même temps, c'est une description externe vu que le roman est écrit à la troisième personne :D

Néanmoins, j'ai donc rajouté deux trois phrases pour abonder dans ton sens et donner un peu plus "de corps" - si je puis dire - à cette "expérience" électrisante ! Image

Merci de tes remarques :jap:
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Messagepar Dark Sheep » Sam 25 Juin 2011 - 10:13   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Ah, ça y est, nous savons enfin ce qui se passe après l'explosion du transport :)
Et on peut dire que la jeune Isil est dans de beaux draps :pfff:

Il a intérêt à jouer son rôle de chevalier servant comme il faut le contrebandier parce que sinon la pauvre padawan risque de passer un sale quart d'heure dans le club med de Korka, sous houlette du gentil organisateur Xandor :paf:
Il a l'air d'un bon gros sadique ce coco là... mais tu me diras, il faut de tout pour faire une galaxie... (ou peut-être pas en fait )

Par contre je t'avoue que lors du passage descriptif de la planète si accueillante j'avais l'impression qu'Isil y était déjà, et j'ai été un peu surpris lorsque j'ai compris qu'elle était dans une cellule non pas sur Korka, mais sur le vaisseau sith.
Après j'ai peut-être lu de travers aussi hein... je te confie juste ma première impression.

J'ai bien aimé les flashbacks sur la jeunesse de la jedi, et sa relation avec son maître. Je trouve que tu l'as bien retranscrite :jap:

Ben comme dirait l'autre, il n'y a plus qu'à attendre la suite :wink:
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Messagepar Hiivsha » Sam 25 Juin 2011 - 13:23   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Dark Sheep a écrit: je t'avoue que lors du passage descriptif de la planète si accueillante j'avais l'impression qu'Isil y était déjà, et j'ai été un peu surpris lorsque j'ai compris qu'elle était dans une cellule non pas sur Korka, mais sur le vaisseau sith.
Après j'ai peut-être lu de travers aussi hein...


En fait c'est une sorte de parenthèse narrative induite par le fait que Dal-Karven explique à Isil dans sa cellule ce qui l'attend là où il l'amène. On ne le comprend en effet qu'à l'issue de la description

Dal-Karven avait terminé son exposé sur le centre de Korka et les travaux du professeur Xandor. Il regardait froidement la jeune fille dont il avait détaché les poignets qu’elle s’était longuement massés avec soulagement.
- Dites-moi ce que vous savez et à qui vous en avez parlé, qui est au courant… et je ne vous abandonnerai pas entre les mains du professeur Xandor.


Quand aux flashback, c'est mon côté "Kung Fu" (la série), lorsque Kwai Chang Caine face à certaines situations, se remémore l'enseignement qu'il a reçu quand on l'appelait "petit scarabée" :D ... j'assume complètement le fait que cette idée vient de là... ça me permet de revenir sur l'enseignement qu'Isil a reçu auprès de son maître, sans être obligé d'écrire un roman de "quand elle était Padawan". Y'en aura donc d'autres tout au long de l'histoire.
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Messagepar Code 44 » Sam 25 Juin 2011 - 14:11   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Isil a écrit:Quand aux flashback, c'est mon côté "Kung Fu" (la série), lorsque Kwai Chang Caine face à certaines situations, se remémore l'enseignement qu'il a reçu quand on l'appelait "petit scarabée" :D ... j'assume complètement le fait que cette idée vient de là... ça me permet de revenir sur l'enseignement qu'Isil a reçu auprès de son maître, sans être obligé d'écrire un roman de "quand elle était Padawan". Y'en aura donc d'autres tout au long de l'histoire.


Si y a un equivalent starwarsien à Carradine dans ta FF, je lui conseille d'éviter les placards moi :D
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 25 Juin 2011 - 14:18   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

"Mais, Ô Grand Maître, comment avez-vous fait pour vaincre cinq cent Ninjas à vous tout seul?
-J'ai foncé dans le tas!"


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Messagepar Hiivsha » Sam 25 Juin 2011 - 16:41   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Code 44 a écrit:Si y a un equivalent starwarsien à Carradine dans ta FF, je lui conseille d'éviter les placards moi :D


Rhôôôôô !!! ImageVilain !

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Messagepar Hiivsha » Sam 25 Juin 2011 - 17:26   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

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CHAPITRE 12

– Le centre de conversion –


Recluse dans sa cellule à bord du croiseur impérial, Isil se plongea dans une profonde méditation entièrement tendue vers Hiivsha et son esprit. Comme le lui avait appris son Maître, toutes ses pensées convergeaient vers cet unique but car, à présent elle en était certaine, il vivait encore. Dans de très courtes visions qu’elle avait, elle le voyait flotter tantôt dans le noir, tantôt baigné dans une puissante lumière et dans ces moments-là, elle concentrait toute l’énergie qu’elle sentait autour d’elle sur ce seul mot : Korka.
*
* *

- Maître Beno, demanda l’enfant, comment avez-vous fait l’autre jour pour parler par la pensée à votre ami, Maître Obi Melvar ?

Le Jedi ouvrit les yeux et regarda sa petite Padawan. Il était bon qu’elle pose autant de questions même si parfois il aurait préféré ne pas être interrompu dans sa méditation.

- Cela s’appelle la télépathie Isil. C’est le pouvoir de se servir de la Force pour communiquer mentalement avec quelqu’un, commença Beno Mahr.
- Comment cela marche-t-il Maître ?
- Et bien, tu vois, nos pensées sont des ondes qui se propagent à travers la Force qui peut les véhiculer. Ces ondes peuvent aller très loin si ton affinité avec Elle est très forte. On peut ainsi réussir à concentrer ses pensées vers une ou plusieurs personnes et faire en sorte que la Force restitue ces ondes à leurs destinataires.

La fillette leva sa tête vers le Jedi avec de grands yeux curieux et continua à questionner de sa petite voix fluette.

- On peut parler à n’importe qui ?

Beno Mahr se racla la gorge. Les connaissances sur la science de la télépathie étaient parcellaires. Ainsi par exemple, sans qu’on sache vraiment pourquoi, certaines races de la galaxie était naturellement télépathes comme les Kel Dor de la planète Dorin ou les Iktotchi dont les aptitudes précognitives avaient interpellé les premiers Jedi qui s’étaient posés sur leur lune.

- Pour communiquer par télépathie, expliqua prudemment le Jedi, il faut être sensible à la Force. Mais il n’est pas interdit de penser que tu puisses entrer en contact avec quelqu’un, avec qui tu aurais de grandes affinités, même si lui-même ne sait pas maîtriser la Force.
- Si je veux vous parler par la pensée, comment je dois faire ? insista l’enfant.
- Et bien, ferme les yeux et concentre toi très fort sur une idée simple. Ensuite lorsque tu as généré les ondes qui portent cette idée en elles, tu dois te concentrer sur la personne vers qui tu veux les envoyer. Portée par ces ondes, cette idée voyagera alors au travers de la Force que tu dois fortement ressentir.

La fillette avait fermé ses yeux et son visage était empreint d’une très sérieuse gravité. Cela dura un long moment. Durant plusieurs minutes elle ne bougea plus d’un millimètre, respirant à peine, et Maître Mahr put reprendre sa méditation au milieu du jardin silencieux dans lequel ils se trouvaient.

Enfin au bout d’un certain temps, il soupira et se leva en souriant.

- Tu as gagné petite Padawan, viens, allons manger si tu as si faim que ça !
Le visage de l’enfant s’éclaira.
- Chic alors, c’est justement ce que je pensais !
- Je sais, répondit simplement le Jedi.
*
* *

Elle ne put empêcher le gaz de se répandre dans l’étroite cellule. Malgré sa résistance, Isil sombra bientôt dans un profond sommeil artificiel tandis que le croiseur se plaçait sur une orbite basse de la lune Korka.

Inconsciente, elle fut conduite dans le grand bâtiment central en forme de cube. La navette s’était posée sur la plateforme qui trônait au sommet de l’édifice. Le peu qu’on pouvait voir du camp de Korka de cette hauteur était sinistre. Sur trois cent soixante degrés, s’étendait à perte de vue une immense jungle épaisse, tout autour des murs qui protégeait huit bâtiments reliés entre eux par des galeries, chacun relié de la même façon au bâtiment central qui se situait au centre de cette superstructure carrée. A chaque angle de la muraille, un mirador surveillait les alentours. L’ensemble ne faisait guère plus de trois cents mètres de côté.

Elle fut transportée dans un laboratoire garni de machines les plus diverses, autour desquelles officiaient de nombreux droïdes. Deux d’entre eux déposèrent la jeune fille sur une table blanche et la dévêtirent. Un homme entra suivi de deux militaires en tenue. Il était vêtu d’une longue blouse blanche. Pensivement, il caressa sa longue et fine barbe noire en examinant la prisonnière.

- Joli spécimen commandant, d’une grande beauté, apprécia-t-il. Commandant Ramis, votre prise de commandement commence sous un jour idéal !

L’officier supérieur lâcha un rire de contentement.

- C’est un fait, admit l’officier avec un hochement de tête. Quel plaisir pour les yeux !
- Il est certain qu’elle serait parfaite comme esclave… Je connais un Hutt qui en donnerait un sacré bon prix, intervint l’autre militaire.
- Je n’en doute pas capitaine, reprit le commandant. Cependant, n’oubliez pas que même jeune et jolie, elle reste une Jedi dangereuse ! Comment les gérez-vous professeur Xandor ?
- Avec ceci ! répondit l’homme en blouse blanche tout en s’emparant d’un objet qu’un droïde venait de lui apporter.

Cela ressemblait à un serre cou de métal nanti vers l’arrière de deux antennes courbes.

- Qu’est-ce donc ? demanda Ramis.
- Une sorte d’inhibiteur de concentration. Ce dispositif expérimental envoie au cortex cérébral des infra ondes électromagnétiques qui brouillent et perturbent la capacité de concentration dont les Jedi ont besoin pour contrôler la Force.
- C’est douloureux ?
- Un peu. C’est surtout désagréable en fait. Mais peu importe ! Le but premier n’est-il pas que les sujets ne puissent se servir de la Force ? Ils deviennent ainsi des prisonniers comme les autres que vos hommes peuvent gérer sans problème !
- Intéressant, commenta le commandant à mi-voix. Ainsi, équipé de ce… machin… cette femme n’a plus de pouvoir de Jedi ?
- Absolument ! Les ondes émises à la base de son cortex cérébral, l’empêche de se concentrer pour façonner la Force et la plier à sa volonté. Elle reste donc ce qu’elle est intrinsèquement… une guerrière entraînée, mais rien de plus.
- Fantastique ! s’enthousiasma le capitaine. Comment faites-vous pour l’empêcher d’ôter ce dispositif ?
- Serrure inviolable ! Il faut entrer un code à même le boîtier pour l’ouvrir, voyez… sur ces touches.

Il leur montra l’appareil de plus prêt. Un mini clavier sensitif était visible entre les deux antennes. Puis il installa le collier autour du cou d’Isil en le refermant d’un coup sec.

- Le Seigneur Dal-Karven exige d’être informé de tout ce qui concerne cette jeune Jedi, surtout si la conversion opère, reprit le commandant les mains croisées dans le dos.
- Ah bon ? s’étonna le professeur. Envisage-t-il un traitement particulier pour elle ?
- Son… rapport avec la Force intéresse quelqu’un, semble-t-il !
- Bien commandant ! Alors, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour la garder en vie… mais le Seigneur Dal-Karven doit se rendre compte que nous avons un taux d’échec très élevé et que je n’ai pas assez de sujets d’expérience pour progresser plus vite dans mes recherches. Les protocoles de conversion ne sont pas encore standardisés car chaque individu est particulier.

L’officier caressa pensivement le corps inanimé de la prisonnière avec un plaisir évident.

- C’est ce que vous reproche Monseigneur ! Vous piétinez dans vos recherches, professeur !

Xandor fit un geste de protestation en déglutissant bruyemment.

- Pour allez plus vite, il me faudrait d’autres Jedi comme sujet d’expérience ! protesta-t-il faiblement. En ce moment, je n’en ai plus qu’un… un twi’lek qui plus est !
- Je ferai part de vos difficultés au Seigneur Dal-Karven. Vous en êtes où avec ce Jedi ?
- Il est dans le caisson.
- Le caisson ?
- Venez, je vais vous montrer !

Il invita les deux militaires à le suivre dans une autre partie du laboratoire. Le centre de cette nouvelle pièce était occupé par une cuve remplie d’un liquide verdâtre autour de laquelle s’affairaient deux droïdes. Des fils en spirales partaient d’appareils disposés de part et d’autre de la pièce et étaient reliés à des capteurs répartis à l’intérieur de la cuve. Dans ce liquide fluorescent, on apercevait, flottant entre deux eaux, le corps caractéristique d’un twi’lek dont la bouche était muni d’un respirateur miniature. Il tressautait régulièrement en se contorsionnant.

- Quel est le principe de cette expérience ? demanda le commandant.
- C’est en quelque sorte une séance d’électrocution.
- Vous torturez ce sujet ? Pourquoi dans ce liquide ?
- Ce liquide répartit la charge électrique dans tout le corps. Le sujet ne peut respirer qu’avec cet appareil qu’il tient dans la bouche. Ainsi, il ne peut crier pour évacuer la douleur qu’il ressent et qu’il doit donc gérer pleinement. À la longue, la douleur le rend plus… réceptif au conditionnement auquel il est soumis… la peur de la douleur, la colère… la frustration… ont peu à peu raison de lui… mais cela peut prendre du temps… des mois…
- Et s’il décide de se noyer pour en finir ?
- Il le fera… tôt ou tard… et les droïdes le sortiront et le réanimeront. La sensation de noyade est une terrible expérience à vivre. Au bout d’un certain temps, les sujets renoncent à ce geste.

Les deux militaires échangèrent un regard. Le capitaine demanda.

- En somme vous torturez ces hommes jusqu’à ce qu’ils perdent pied avec la réalité, leurs valeurs ?
- Si vous voulez. Leur vie devient un enfer dans ce camp. Un enfer quotidien sous toutes ses formes. Tous les moyens sont mis en œuvre pour briser et anéantir la volonté des Jedi qu’on m’amène.
- Tous les moyens ? répéta Ramis.
- Oui commandant, tous… nous jouons sur tous les tableaux qui permettent de faire perdre pied au sujet. Peur, douleur, frustration, colère, humiliation, abaissement psychologique… ça, ça marche bien avec les femelles…

Tout en parlant, ils étaient retournés vers la première salle où se trouvait Isil.

- En tout cas, je vous conseille d’éviter de trop abîmer ce spécimen-ci ! prévint l’officier supérieur.
- Ah, soupira Xandor en levant les bras au ciel, vous m’interdisez une partie du conditionnement !

Ramis balaya l’objection d’un geste de la main et se tourna vers son subordonné.

- Capitaine Chalco ?

L’officier subalterne se mit au garde à vous.

- Commandant ?
- Continuons la visite du camp. Je veux voir chaque installation avant la fin de la journée.

Puis se retournant vers le scientifique.

- Je vous laisse avec vos sujets d’expérience. Tenez-moi au courant de vos progrès !

Les deux militaires sortirent.
*
* *

Des jours d’enfer longs comme des mois. Pas une minute de répit. Même les nuits étaient mises à profit. Chaud. Froid. Lumière. Obscurité. Nourriture hallucinogène. Coups. Cuve. Vexations. Aucun vêtement. Les prisonniers étaient traités comme des bêtes en cage. Le professeur jouait sur tous les tableaux pour casser le mental de ses sujets, pour briser leur résistance. Venait ensuite le moment où le Jedi était confronté à l’arène. Pour l’occasion, le dispositif d’inhibition du prisonnier Jedi était neutralisé, lui permettant de se servir de la Force pour survivre. Mais à quel prix ? Celui de l’anéantissement progressif de l’enseignement qu’il avait reçu, de ses principes de Jedi ! Quand le processus aboutissait, le prisonnier basculait du côté obscur de la force et finissait par accepter de servir l’empire.

Isil regarda l’écuelle métallique qu’on avait jetée à même le sol froid de sa cellule. Recroquevillée sur elle-même dans un angle, elle ne pouvait s’empêcher de grelotter tant la température était basse. Elle n’avait rien pour se protéger. Pas de vêtement, pas de couverture. Il n’y avait aucun meuble dans la pièce. Une privation totale qui la ravalait au rang d’un simple animal en cage. Le repas paraissait chaud. La torture du doute s’insinuait en elle. Devait-elle manger et subir les effets des produits que le professeur mélangeait souvent à la nourriture ? Des poisons ingurgités qui provoquaient des douleurs intolérables dans les entrailles, des vomissements, des diarrhées insurmontables qui avilissaient son humanité !
*
* *

Le cinquième jour, quatre gardes étaient venus la chercher et l'avaient traînée, brutalement, en lui assénant des coups de façon totalement gratuite, à travers les couloirs du Centre puis dans les sous-sols jusque dans une vaste grotte ronde taillée dans la pierre, au centre de laquelle ils la laissèrent. L'endroit était sombre et humide. Elle pouvait distinguer plusieurs lourdes grilles réparties tout autour de cette sorte d'arène. Car c'était bien dans l'arène qu'elle se trouvait ! Elle frissonna malgré elle et croisa les bras sur sa poitrine en observant les lieux déserts. L'odeur était presque insupportable. Les lieux sentaient la mort, une odeur putride mélangée à celle des excréments et de l'urine. Des taches pourpres, sombres, des marques éloquentes, se devinaient sur la paroi rocheuse. Dans ce temple de la mort, toute humanité cessait d'exister. L'endroit était dédié au règne animal, à la loi de la jungle en faisant fi de toute notion de civilisation. C'était l'antre cauchemardesque où tant de Jedi avaient trouvé la folie avant de se laisser tuer ou de rallier les rangs abjects des Sith une fois brisés et anéantis.

Subitement un soulagement se fit sentir au niveau de son cerveau. Elle sut aussitôt que l'inhibiteur de concentration s'était arrêté de fonctionner, sans doute coupé à l'aide d'une télécommande. Fermant les yeux, elle retrouva la sensation bénéfique de la Force qui s'instillait de nouveau en elle comme une onde miraculeuse guérissant toutes ses blessures. Elle sentait aussi mille vibrations obscures qui émanaient des lieux, comme si toutes les souffrances inscrites dans les pierres environnantes s'insinuaient dans son esprit. C'était une impression sombre, obscure, tellement forte et présente qu'elle en devenait presque tactile. Elle allongea ses bras devant elle, comme persuadée qu'elle pouvait palper la noirceur qui l'enveloppait. Le Côté Obscur de la Force était là, tout autour d'elle, attendant pour l'ensevelir qu'elle en franchisse le seuil.

La Padawan réfréna un sentiment de panique qui tentait de s'emparer d'elle. Elle se sentit seule et abandonnée, fragile et vulnérable au milieu de cet endroit tragique. Bien entendu, elle savait qu'elle ne pouvait attendre aucune aide extérieure. Il n'y aurait aucun Maître pour la guider et lui dire ce qu'il fallait qu'elle fasse. Le doute s'insinua dans son esprit tandis qu'elle luttait pour dominer les émotions qui la submergeaient. Elle respira profondément pour éviter aux larmes qui montaient vers ses yeux de couler de long de ses joues si pâles. À quoi allait lui servir la Force dans ces endroit clos hormis à tuer ceux qui allaient y entrer ? D'autres prisonniers comme elle, d'autres être vivants qu'on allait obliger à combattre contre elle en leur faisant miroiter une improbable liberté au bout d'un tunnel sombre ! Son cœur se serra à cette idée et elle ne put s'empêcher de penser qu'elle aurait donné n'importe quoi à cet instant précis, juste pour une tunique de Jedi, juste pour ne pas être là, entièrement dévêtue, comme un animal, de façon si humiliante.

Les lumières s'allumèrent subitement, plongeant l'arène dans une blancheur aveuglante qu'elle ressentit douloureusement l'espace d'un instant. Quand ses yeux commencèrent à s'habituer, elle put distinguer en hauteur, une sorte de galerie d'observation qui faisait le tour de la grotte, protégée par un solide transparacier qui ne laissait rien percevoir de ce qui se passait derrière. Une voix retentit de nulle part, celle de Xandor.

- Bienvenue dans l'arène de Korka, Jedi ! Dans ce lieu les règles sont simples. Vous combattez ou vous mourrez ! Vous gagnez le combat ou vous mourrez ! Il n'y a pas d'autre alternative que ce simple choix : vivre ou mourir ! Votre adversaire est armé et vous, vous avez la Force !

Il y avait six grilles autour de la grotte, toutes baissées y compris celle par laquelle on l'avait introduite. Dans un grincement désagréable, l'une d'elle commença à se relever. Isil fit face en serrant les poings, scrutant l'obscurité du tunnel que la grille commençait à dégager. Une silhouette apparut. La Padawan s'attendait à voir surgir quelque monstre hideux mais tout au contraire, ce fut une jeune femme brune aux cheveux courts qui s'avança d'un pas hésitant, en regardant d'un air hébété tout autour d'elle. Elle ne devait pas être beaucoup plus âgée que la Padawan. La femme portait une armure souple sans casque et tenait dans sa main une vibroépée. Son regard brun fixait celui d'Isil avec une lueur inflexible. On y lisait sa détermination à survivre et la Jedi compris qu'elle ne ferait pas de quartier.

Isil tendit les mains en avant, les paumes relevées.

- Attends, dit-elle, je m'appelle Isil, je ne suis pas ton ennemie et je ne te veux aucun mal ! Nous ne devons pas nous combattre ! Nous ne devons pas entrer dans leur jeu, peu importe ce qu'ils feront de nous ensuite, mais nous ne devons pas nous abaisser à cela !

La femme continua à avancer, sourde à ses appels. L'arme se leva et fouetta l'air en vibrant. Isil fit un saut en arrière et sentit le souffle de la lame passer à quelques millimètres de son torse.

- Je t'en conjure ! cria-t-elle, ne fait pas ça !

L'arme vibra de nouveau dans les airs. Isil effectua un salto par-dessus sa tête et courut à l'opposé de l'arène.

- S'il te plait écoute-moi ! Dis-moi comment tu t'appelles !

Mais la jeune femme brune qui s'était retournée ne l'écoutait pas. Son regard semblait vide de toute émotion. Elle se rua sur la Padawan qui tendit les mains en avant pour lancer une vague de Force qui projeta son adversaire plusieurs mètres plus loin.

Isil regardait la femme se relever avec difficulté, légèrement sonnée par la poussée. Que pouvait-elle faire pour la raisonner ? La Padawan s'élança à son tour, puis à quelques mètres de son adversaire, elle effectua une roulade avant à l'issue de laquelle elle pris appui sur un bras et imprima à son corps au ras du sol, un mouvement de toupie sur trois cent soixante degrés, fauchant avec ses jambes celles de la femme brune qui tomba de nouveau lourdement sur le sol. D'un mouvement de la main, Isil envoya la vibroépée à l'opposé de la grotte, loin d'elles, et se plaça devant la femme pour l'empêcher d'aller la chercher. Celle-ci se releva et poussa un cri de rage.

- Écoute, ça ne sert à rien, dit Isil, laissons tomber et voyons ce qui se passe ensuite !

Pour toute réponse, la femme se jeta sur elle et agrippa sa gorge pour tenter de l'étrangler. Isil se dégagea d'un simple geste de ses bras et frappa du tranchant des mains à la base de son cou. La femme s'écroula. Une autre grille se souleva et une masse imposante se précipita vers elle armée d'une lourde masse. C'était un grand togorien qui devait dépasser les deux mètres quarante et dont l'impressionnante musculature saillait sous la fourrure d'un gris très clair. Isil n'eut que le temps de rouler entre ses jambes pour éviter la charge et la masse de l'arme qu'il venait de projeter vers elle. La créature poussa un cri rauque en se retournant, le dos légèrement voûté et les membres supérieurs tendus vers sa proie toutes griffes dehors ! Il leva de nouveau le lourd marteau. Isil effectua une roulade sur le côté pour l'éviter. La bête recommença encore et encore, obligeant la Padawan à esquiver sans pouvoir s'arrêter. La puissance du togorien était telle que l'affrontement durant une bonne dizaine de minutes éprouvantes pour la jeune femme qui n'en pouvait plus de rouler à droite et à gauche pour se protéger. Lasse d'éviter les coups, Isil se projeta en avant, les pieds devant, et frappa à l'horizontale le félidé au niveau du poitrail, le reversant. Ce dernier roula sur lui-même d'une façon acrobatique et fouetta l'air de ses pattes en direction de son adversaire qui se relevait. Isil sentit la morsure des griffes acérées lui labourer l'épaule laissant quatre traînées sanguinolentes sur sa peau. Elle effectua un salto arrière pour mettre une distance de sécurité entre elle et la créature qui se relevait à son tour en rugissant.

- Je sais pas pour toi mon grand, dit la jeune fille, mais moi, j'ai pas trop envie que tu me fasses un câlin !

Elle tendit les bras et libéra une onde de Force vers lui. Le félin vola dans les air et heurta violemment la paroi rocheuse avant de retomber inanimé sur le sol. Aussitôt, une violente douleur lui transperça la nuque et elle tomba à genoux en se tenant la tête avec les mains. L'inhibiteur de concentration venait de lui envoyer une puissante décharge d'ondes électromagnétiques avant de se remettre en marche. De nouveau son esprit se brouilla. Quatre gardes pénétrèrent dans l'arène, fusils blaster pointés vers elle. La Padawan tendit la main vers la vibroépée de la femme brune pour essayer de l'amener à elle. L'arme pivota un peu sur elle-même et sembla se trainer sur le sol de quelques centimètres mais n'alla pas plus loin. Xandor entra à son tour flanqué du commandant Ramis et du capitaine Chalco.

- Bravo, beau combat ma jolie ! Il faut dire que ces créatures n'ont aucune chance contre un Jedi. Tu les a tuées toutes les deux, c'est bien !

Isil releva la tête vers le professeur en grimaçant.

- Je ne les ai pas tuées, vous ne m'obligerez pas à le faire ! répliqua-t-elle douloureusement.

L'un des gardes qui était parti examiner le togorien lança vers eux.

- Le félin est mort, professeur, la nuque brisée contre un saillant de la roche.

Xandor fixa Isil dans les yeux avec un sourire de contentement.

- Tu vois ma belle, tu l'as bel et bien tué… pourtant, c'était une créature intelligente, qui avait une tendre épouse et trois enfants qui l'attendaient sur Togoria. Je lui avait promis qu'il pourrait aller les retrouver sitôt qu'il t'aurait mise en pièce ! Tu l'as empêché de le faire ! Pauvre togorien.

Il secoua la tête avec un faux air de compassion avant de continuer.

- Au fait, il s'appelait Tograark, ce qui signifie dans leur langue le courageux.

Isil baissa la tête en murmurant.

- Je n'ai pas voulu...

Puis elle demanda d'une voix lasse..

- Comment va la femme ?

Xandor se retourna vers un autre garde qui se trouvait auprès de la femme brune. Le soldat répondit à la question muette.

- Elle est simplement assommée, professeur.

Le soldat lui asséna deux ou trois paires de claques pour la réveiller.

- Dommage pour elle que vous l'ayez vaincue ! observa Xandor tandis qu'Isil relevait le visage vers lui.

Il fit un geste de la main et le garde alla chercher la vibroépée sur le sol avant de revenir auprès de la femme qui se réveillait. Le soldat l'attrapa par les cheveux en lui arrachant des cris puis il l'amena devant Isil, la forçant à se mettre elle aussi à genoux. Xandor dit d'une voix sèche.

- Dit à ton vainqueur comment tu t'appelles !

La femme brune regarda tour à tour Isil, puis levant la figure, Chalco, Ramis et Xandor.

- Je m'appelle… Kariss… articula-t-elle d'une voix tremblante emplie de sanglots.

Des larmes coulaient le long de ses joues.

- Je… je ne veux pas… mourir, pleura-t-elle, pitié… j'ai des enfants qui m'attendent sur Adarlon…

Isil la regarda avec compassion.

- Vous êtes adarlonienne ?
- Oui, hoqueta la femme en plongeant à son tour son regard humide dans celui de la Padawan. Vous connaissez ?
- Je connais quelqu'un qui y est né, au bord d'un lac près des montagnes…
- Je vous en prie, dites-lui que je ne veux pas mourir.

Elle se mit à pleurer à chaudes larmes. Isil regarda froidement Xandor.

- Laissez-là partir ! Vous l'avez dit vous-même, elle n'avait aucune chance contre un Jedi ! N'avez-vous aucune pitié en vous ?

Xandor se mit à rire.

- Comme c'est touchant un Jedi qui intercède en faveur d'autrui ! Comment voulez-vous être forts après cela !

D'un coup de lame le soldat trancha la tête de Kariss qui roula entre les genoux d'Isil dans un craquement sinistre. La Padawan étouffa le cri de rage qui était monté en elle et regarda tristement le visage figé de la compatriote d'Hiivsha.

- Vous êtes une abjection ! dit-elle d'une voix froide et retenue. Une abomination qu'il faut retirer de cette galaxie !

Xandor exulta.

- Vous voudriez bien me tuer de vos propres mains, n'est-ce pas pauvre Jedi impuissante ! Bien, laissez-vous emplir de haine et de colère et gardez-en pour vos futurs combats ! La prochaine fois, je vous livrerai à une demi-douzaine d'enfants des quartiers mal famés de Coruscant, armés de pistolets blaster. Oh, mais je vous laisserai un sabre laser pour vous défendre… un sabre de Sith ! Cela vous ira parfaitement bien ! On verra quel choix vous ferez alors !

Il fit signe aux soldats de la ramener dans sa cellule ce qu'ils firent aussi brutalement que possible. Ils lui lièrent les mains dans le dos et la traînèrent par les cheveux dans les couloirs du centre comme un animal. D'un coup de crosse dans le bas du dos, il la projetèrent sur le sol glacé de sa prison. L'un d'eux lui caressa les cuisses avec le canon de son arme.

- Ça te dirait une causette avec moi ?

Une voix s'éleva derrière eux.

- Suffit ! Laissez-là !

Les soldats se retournèrent.

- Oui commandant ! fit l'un d'eux en se mettant au garde à vous avant de s'éloigner.

Ramis se planta à l'entrée de la cellule, jambes écartés, mains sur les hanches. Une sorte de longue matraque pendait à son poignet droit au bout d'une lanière de cuir et sa main gauche tenait le manche d'un petit fouet à plusieurs lanières.

- Je ne permettrai pas que mes hommes te touchent, dit-il d'une voix douce, presque rassurante.

Puis ses yeux se mirent à briller tandis qu'il pénétrait dans la cellule avant de refermer la porte derrière lui.

- C'est un privilège réservé aux officiers de ce camp !

*
* *

Sept jours ! Xandor avait promis le prochain passage à l'arène pour la fin de la journée. Des enfants ! Elle savait qu'elle ne pourrait jamais tuer des enfants, même pour se défendre. Un choix impossible à faire, pour elle, pour un Jedi. Elle se sentait lasse et son corps la faisait souffrir des innombrables coups reçus ainsi que des humiliations qu'elle avait dû subir de la part de Ramis. Le commandant se révélait être à sa manière un tortionnaire aussi motivé que ne l'était Xandor. La Padawan pensait qu'elle ne survivrait pas longtemps dans cet enfer.

Le bout de la route était là, sans issue mais la Force était là qui lui tendrait les bras. Elle se revit dans les bras chauds et caressants du contrebandier dans ce petit lac d'Alderaan et se dit qu'elle ne regrettait pas ce moment d'inconnu plaisir qu'il lui avait procuré même si ses pairs devaient la désapprouver. Au moins était-ce quelque chose qu'elle aurait connue avant de quitter ce monde.

La Padawan ne parvenait pas à se concentrer, à retrouver le contact de la Force vivante autour d’elle à cause de cette sensation qui lui transperçait le cerveau. Elle répétait inlassablement dans sa tête le mantra constituant le Code Jedi, cherchant dans cette idée un réconfort, espérant à chaque instant passer outre le dispositif que Xandor lui avait passé autour du cou.
*
* *

- Rien ne doit t’empêcher de te concentrer jeune fille, assura Maître Mahr en regardant sa Padawan qui, en équilibre sur un bras, les jambes tendues vers le ciel, maintenait en lévitation douze pierres réparties en cercle autour d’elle.

L’orage grondait et le vent s’était levé. Des bourrasques se mirent à balayer le jardin, soulevant la poussière et faisant tourbillonner les feuilles mortes. Tout à coup, la foudre s’abattit sur un arbre tout proche, le fendant en deux avec un claquement épouvantable. Isil perdit l’équilibre et tomba. Les pierres aussi. Maître Mahr la gourmanda.

- Où est ta concentration Padawan ? Remets-toi en position et quoiqu’il arrive ne te déconcentre pas ! Lorsque tu es dans la Force, plus rien ne doit compter autour de toi !

La jeune fille qui venait d’avoir quatorze ans baissa humblement la tête.

- Oui Maître Beno, fit-elle d’une petite voix.

Elle se repositionna et les pierres recommencèrent à s’élever dans les airs. La pluie commença à tomber, drue, forte et glacée. Beno Mahr se réfugia sous un gros rocher pour se mettre à l’abri.

- Maître… se plaignit Isil.
- Ne bouge pas tant que je ne te dirais pas d’arrêter et concentre-toi !

L’orage éclatait maintenant de toutes ses forces. Les éclairs criblaient le ciel de leurs feux et les craquements du tonnerre roulaient comme des tambours de guerre. Isil faisait un effort surhumain pour se maintenir dans cette position, aveuglée par les énormes gouttes de pluie qui déferlaient sur elle et qui la transperçait comme autant d’aiguilles de glace.

- … froid… fit-elle malgré elle.
- Il n’y a pas de froid qui tienne ! la sermonna le Jedi. Isole-toi dans la Force, sens sa présence et rien d’autre. Peut importe ce qui arrive.

A présent il grêlait. Des grêlons gros comme des billes qui meurtrissaient son corps. Mais elle tenait bon. Elle se sentait totalement en paix et n’éprouvait plus que du calme et de la sérénité. Le bruit de la grêle, le grondement de l’orage, la sensation de froid s’évanouirent. Elle était connectée avec la Force. C’est tout juste si elle entendit son Maître la rappeler auprès de lui.

Elle regagna l’abri du gros rocher, totalement trempée de la tête aux pieds. Il lui tendit une serviette qu’il sortit de son sac.

- Tiens, sèche-toi. Tu vois Isil, rien pourra jamais te déconcentrer si tu es vraiment en harmonie avec la Force. Rien tu m’entends ? Rien…
*
* *

- Rien… jamais… te déconcentrer…

Les mots résonnaient dans sa tête. Les yeux fermés, elle aperçut le visage de son Maître qui lui souriait.

- Isil ! Tu es en harmonie avec la Force. Rien ne peut te déconcentrer. Sers-toi d’Elle. Libère-toi.
- Maître… fit-elle en pensée. Je suis prisonnière…
- Alors libère-toi ! sembla ordonner Beno Mahr. Tu le peux ! Sers-toi de la Force et libère-toi ! Tu ne formes qu’un avec Elle. Rien ne peut vous séparer Elle et toi. Rien… tu m’entends… Rien…

Sa pensée se focalisa sur le mécanisme de fermeture du dispositif qu’elle portait autour du cou. La Padawan en voyait à présent les détails les plus infimes. Elle en comprenait les circuits électroniques et voyait les crochets qui le maintenaient fermé. Un claquement se fit entendre. La fermeture magnétique du collier venait de céder. La jeune fille rouvrit les yeux comme si elle s’éveillait d’un rêve. Machinalement, elle enleva le dispositif et le regarda longuement. Devant elle Maître Beno se tenait tout droit en souriant.

- Tu vois Isil, rien ne peut te séparer de la Force !

Sa silhouette sembla s'évaporer et la vision disparut. Isil se releva. Elle se sentait calme et sereine comme lorsqu’elle était enfant sous cette pluie de grêle. La Padawan se concentrait à présent sur le dispositif d’ouverture qu’elle avait vu de l’autre côté de la porte de sa cellule. Le panneau s’ouvrit. Elle regarda dehors, personne ! Elle se glissa hors de la pièce en longeant les murs, essayant de s’orienter. Parvenue à l’extrémité du couloir, Isil entendit le bruit d’un ascenseur qui arrivait. La jeune fille se plaqua dans un recoin du mur au moment précis où trois gardes en sortaient et elle eut juste le temps de se faufiler dans leur dos à l’intérieur avant que les portes ne se referment. La Padawan appuya sur le bouton du rez-de-chaussée, prête à toute éventualité. Lorsque les portes s’ouvrirent, elle se retrouva dans un grand hall désert. Soudain, des alarmes se mirent à retentir dans tous les bâtiments. Son évasion venait sans doute d’être découverte par les gardes. Sans armes, dévêtue, elle ne se sentait pas prête à combattre une garnison de soldats de l’empire. Elle courut jusqu’à une issue de secours qui donnait entre le bâtiment et le mur d’enceinte du camp. Un cri la fit se retourner. Un soldat venait de l’apercevoir et donnait l’alerte. Des tirs de blasters fusèrent dans sa direction. Plusieurs gardes accouraient de gauche et de droite. Elle allait être reprise.

Isil s’élança vers le mur sous les tirs croisés des gardes. Une longue enjambée. Deux. Trois. Elle sauta. Un bond prodigieux la fit s’envoler comme une plume et elle passa par-dessus la muraille. Quelques instants plus tard, elle pénétrait dans la jungle.

- Que se passe-t-il ? demanda Xandor au capitaine Chalco qui venait d’accourir dans le laboratoire.
- La Jedi s’est enfuie !
- Enfuie ? La Jedi ? Impossible !

Des gardes arrivaient essoufflés. L’un d’eux tenait le collier de Xandor qui s’étouffa à sa vue.

- Impossible ! Comment a-t-elle pu ? C’est inconcevable !

Le commandant Ramis survint à son tour.

- Capitaine ! Rassemblez la garnison ! Il faut lui donner la chasse ! Elle n’a aucun vêtement… elle est seule et désarmée ! Elle n’ira pas loin dans cette jungle. Faites décoller les patrouilles et rassemblez les chiens. Sa piste est toute fraîche. Il ne faudra pas longtemps pour la rattraper !
- Oui commandant ! cria Chalco avant de partir en courant.

Ramis se tourna vers Xandor.

- Comment a-t-elle pu se débarrasser de votre dispositif ?
- Je ne sais pas… c’est la première fois qu’un Jedi parvient à le faire ! Le Seigneur Dal-Karven semble avoir raison pour cette fille, son affinité avec la Force doit être bien plus grande que celle des Jedi que nous avons eus jusqu’à présent !
- On a intérêt à la rattraper au plus vite ! Je ne tiens pas à affronter la colère du Seigneur Dal-Karven ! Je vous tiendrai personnellement pour responsable de cet échec si nous ne la ramenons pas vivante !
*
* *

Isil courait à toutes jambes sans se préoccuper des lianes qui la fouettaient et des herbes tranchantes qui meurtrissaient son corps car la végétation était dense. Un bruit venu du ciel lui fit lever la tête. Des airspeeders fouillaient les environs. S’ils étaient équipés de détecteurs infrarouges, ils allaient la retrouver rapidement. Au loin des aboiements se firent entendre. Des chiens ! Ils allaient remonter sa trace. Même dans cette jungle, ils la rattraperaient bientôt.

Elle continua sa course sur un terrain désespérément plat. Les aboiements se rapprochaient. Les pieds en sang, elle courait de son mieux mais sa progression était rendue difficile par la végétation touffue dans laquelle elle laissait une saignée aisément repérable. Soudain, son pied se prit dans une racine noueuse et elle trébucha, tombant lourdement. Les aboiements étaient à présent tout proches. La Padawan savait qu’elle ne pourrait jamais les distancer. S’armant d’un gros bâton, elle se retourna et se prépara à la lutte. Tendant une main, elle jeta une vague de force sur eux au moment où ils débouchaient d’un rideau de fougères. Ils roulèrent sur le sol en poussant des jappements de douleur. Un cri fusa.

- Nous la tenons. Coordonnées cent vingt point soixante. A toutes les unités, convergez !

Des tirs de blasters firent éclater une branche tout près d’elle. Deux soldats qui arrivaient furent projetés par une poussée de Force. Il en arrivait à présent de tous les côtés. Elle esquiva plusieurs tirs et neutralisa trois autres soldats en envoyant une énorme branche morte sur eux. Les premiers à arriver sur elle furent mis hors de combat à coup de bâton improvisé. Soudain, la racine qu’elle tenait dans les mains explosa sous l’effet d’un tir de fusil d’assaut. Rapidement, elle fut encerclée par des dizaines d’hommes et plusieurs filets de chasse furent propulsés sur elle. Elle évita le premier d’un mouvement souple du corps et en éjecta deux autres d’un geste, mais ne put empêcher un quatrième d’arriver dans son dos. A peine fut-elle à terre qu’une dizaine de fusils la pointaient en s’enfonçant dans ses chairs.

- Ne bougez plus ! C’est fini, rendez-vous Jedi ou mourrez !

Le capitaine Chalco arrivait en cherchant sa respiration. Il s’arrêta l’air satisfait et lui dit d’une voix mauvaise.

- Chienne ! Tu vas me payer cher cette tentative d’évasion ! Je vais te remettre à ton rang de femelle… tu vas voir ce qu’il en coûte de causer des ennuis au capitaine Chalco !

Il regarda ses hommes.

- Ordres ou pas, si elle bouge ne serait-ce que le petit doigt, abattez-là ! Maintenez-là au sol ! Je vais lui donner sa récompense pour son exploit !

Huit mains puissantes la plaquèrent à même le sol, bras en croix, tandis qu’une douzaine de soldats la maintenaient en joue. Chalco défit la grosse boucle métallique de la ceinture de son uniforme.

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Messagepar Hiivsha » Lun 27 Juin 2011 - 9:05   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Dans le chapitre suivant il y a un hommage déguisé à un film de SF de la fin des années 70...
Le premier à trouver a gagné ! :D
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Messagepar Hiivsha » Lun 27 Juin 2011 - 9:06   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

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CHAPITRE 13

– À la recherche d’Isil –



Il avait de plus en plus de mal à respirer. Visiblement sa réserve d’oxygène touchait à sa fin. Hiivsha frémit à la pensée qu’il allait mourir là, tout seul dans l’espace froid et silencieux, au milieu de tous ces débris. Son cœur se serra surtout à l’idée qu’il ne pourrait rien faire pour sauver la jeune fille dont il s’était épris et qu’il ne reverrait jamais.

Il se mit à repenser à la ferme paternelle où il était né, sur Adarlon, une petite planète située dans l’amas de Minos du système de Shesharile.
*
* *

L’enfant regardait le ciel étoilé assis au bout du ponton, les jambes ballantes. Sous la lumière d’une lune, l’eau sombre clapotait doucement contre les piliers de bois en scintillant. Le lac, entouré par les grands arbres de la forêt et tapi dans l’ombre des montagnes, respirait la paix et la tranquillité loin des rumeurs de Belrand, la ville principale du monde.

- Dis papa, combien y’a d’étoiles dans le ciel ? demanda l’enfant à son père qui venait d’arriver silencieusement dans son dos.
- Plus que tu ne pourras jamais compter, répondit l’homme une pipe à la bouche.
- Mais combien à peu près ? insista l’enfant.
- Je ne sais pas… des dizaines de milliards… peut-être plus…

L’enfant soupira bruyamment et fit un grand geste en écartant ses bras.

- Ça en fait des mondes à visiter ! Quand je serais grand, je serai pilote et j’irai tous les visiter ! Je pourrais hein papa ?

L’homme s’assit à ses côtés et lui frotta la tête de la main.

- Oui Hiivsha, tu pourras… si tel est ton destin !
- Je passerai ma vie dans l’espace… c’est tellement grand !

Il tourna sa frimousse vers son père et ajouta.

- Mais je reviendrai vous voir maman et toi de temps en temps hein ?
- Oui mon petit, acquiesça l’homme en souriant, et nous irons à la pêche au milieu du lac pour attraper plein de gros poissons que maman nous fera frire !
*
* *

Dans l’espace, maintenant, il y était !

Après avoir quitté la ferme familiale dès ses seize ans, âge de la majorité sur Adarlon, il avait travaillé pour Quad Sitaire, patron d’une société de transport de fret qui masquait ses activités plus ou moins licites de contrebandier. L’homme, qui s’était lié d’amitié pour cet adolescent doué et à qui il avait appris l’art de piloter en tout lieu, en tout temps et dans toutes les circonstances, était devenu son mentor. Deux années plus tard, après la mort de Sitaire tué dans une embuscade tendue par des pirates, Hiivsha s’était engagé dans l’armée de la République comme pilote de chasse durant la guerre contre les Sith. À la suite d’une mission particulièrement mouvementée où il avait brillé par son adresse et son courage, il avait obtenu le grade de capitaine et la médaille du Mérite Galactique. Il s’illustra ensuite dans de nombreuses batailles à la tête de son escadrille ce qui lui valut de nombreuses autres distinctions dont notamment la Croix de Guerre du Sénat Républicain. Mais après la signature du traité de Coruscant, alors qu’il fêtait ses vingt-deux ans, il avait quitté l’armée pour se mettre à son compte, suivant ainsi les traces de son ex-mentor et se mit à la contrebande au profit de toutes les formes de résistance à l’empire noir.

Et à présent, il se mourait.
*
* *

Adol Bruck Obi Melvar s’était posé sur Alderaan trop tard !

Le Conseil Jedi l’avait contacté afin qu’il rentre en contact avec la Padawan de son ancien Maître et ami, Beno Mahr. Ce dernier l’avait formé jadis puis, lorsque l’élève eût obtenu le rang de Chevalier Jedi, Maître Mahr avait pris Isil comme apprentie, à la mort de ses parents. Obi Melvar apprit la mort de son ancien Maître avec tristesse et il accepta aussitôt de voler au secours de sa Padawan qu’il connaissait bien.

Il était alors en mission dans l’espace Hutt, sur les traces d’un trafic d’armes chimiques auquel semblait se livrait un cartel local et il lui fallu plusieurs jours pour retrouver la trace d’Isil. Il s’était rendu sur Balmorra après être parvenu à y localiser le vaisseau de Beno Mahr. Là il avait pu interroger P2-A2 puis il avait suivi la trace du cargo du contrebandier Hiivsha jusqu’à Alderaan. Les autorités du spatioport eurent tôt fait de lui apprendre que le Choupy III venait de quitter la planète deux heures plus tôt. Il entra alors en communication avec le Conseil pour faire son rapport et eût confirmation que la Padawan Isil avait effectivement suivi les traces du transporteur Valiant en route pour Coruscant. Visiblement, les consignes que le Conseil lui avait données, d’attendre sur Alderaan Maître Obi Melvar, ne lui étaient pas parvenues… ou elle ne les avait pas suivies.

Il ne lui restait donc plus qu’à reprendre à son tour le chemin de la capitale républicaine pour y retrouver la jeune fille dès son arrivée. Alors qu’il quittait l’espace orbital d’Alderaan pour passer en hyperespace, Vincent, son droïde de bord qui était doté d’un module vocal nouvelle génération, signala une transmission brouillée en provenance du Valiant.

- Message quasiment inaudible du transport Valiant Maître Melvar. La transmission est brouillée à la source. Il semble avoir des ennuis.
- Relève les coordonnées de l’émetteur et entre-les dans l’ordinateur de bord !

Le droïde s’affaira un instant puis annonça.

- Coordonnées entrées. Temps d’interception trois heures.
- Bon sang ! C’est quoi cette histoire encore ! Allons-y ! Motivateur allumé… générateur chargé… Lance les boosters d’hyperdrive ! Go !

Quelques secondes plus tard le vaisseau passait en hyperespace à la poursuite du Valiant.
*
* *

Il venait à peine de quitter l’hyperespace quand les alarmes retentirent. Le droïde signala.

- Alerte collision, boucliers activés, anticollision en fonction… nombreux débris flottants…

Le vaisseau vibrait sous les impacts des objets qui le percutaient tandis qu’Adol Bruck s’efforçait d’éviter les plus volumineux.

- Par la Force ! On est dans une décharge de je ne sais pas quoi ! Accroche-toi !
- Ce n’est pas une décharge, Maître Melvar, mais un cimetière… ce sont les débris d’un vaisseau.
- Le Valiant ?
- Les probabilités sont de quatre-vingt-dix-huit point soixante quinze pour cent.
- Stoppe les moteurs !

A travers les vitres du cockpit, il regardait incrédule les énormes blocs de carcasse éparpillés dans l’espace.

- Scanne la zone ! Vérifie s’il y a une présence de vie !

Vincent s’activa de nouveau avant d’annoncer de sa voix monocorde.

- Il semble n’y avoir aucun survivant. Je perçois d’innombrables masses organiques inertes, vraisemblablement les passagers et l’équipage du Valiant. Même les capsules de secours semblent avoir été pulvérisées.
- Mais qu’est-ce qui s’est passé ici ? Qu’est-ce qui a pu anéantir un transport de cette taille ? Je ne vois aucune trace de météore.
- Peut-être une bombe ? proposa Vincent.
- Une bombe n’aurait pas causé de tels dégâts et cela n’explique pas que les capsules de survie n’aient pu être lancées ou soient détruites.
- Une attaque alors Maître Melvar ?
- C’est une possibilité, répondit le Jedi en faisant avancer lentement son vaisseau pour inspecter les différents blocs de ce qui avait été le Valiant. Une attaque puissante et foudroyante ! Il a fallu une énorme puissance de feu pour arriver à ce résultat. Mon dieu ! Toutes ces victimes… c’est une catastrophe ! Il faut avertir Alderaan qu’ils viennent chercher ces corps.
- J’établis la communication de suite.

Une minute plus tard, Adol Bruck Obi Melvar annonçait la funeste nouvelle aux autorités alderaanaises. Il avait à peine coupé l’holonet que Vincent l’interpellait.

- Je repère une faible forme de vie à deux point cinq de notre position.
- Un survivant ?
- C’est possible… je dirais quatre chance sur cinq…

Le Jedi sourit.

- Es-tu sûr de n’avoir pas été construit par un joueur de sabacc ? Allons voir ! dit-il en se rasseyant dans son siège de pilote.
*
* *

La lumière était aveuglante. Hiivsha plaça ses mains devant les yeux pour s'en protéger. Elle était chaude, agréablement chaude et frôlait la peau comme une douce brise de printemps. Il marchait vers elle et commençait à distinguer une frêle silhouette devant lui. Ça tombait bien, il allait pouvoir demander son chemin et se renseigner sur l’endroit où il se trouvait. La silhouette grandit et ses yeux commencèrent à s’accommoder à la luminosité ambiante. Il se trouvait à présent dans un jardin orné de fleurs multicolores et d’arbres richement parés de fruits rutilants. Des ruisseaux couraient dans l’herbe rase, enjambés par de petits ponts de bois courbes. D’étroits sentiers de pierres blanches serpentaient à perte de vue au milieu de pelouses d’un vert soutenu. Une jeune fille apparut, toute vêtue de blanc. Son visage était dissimulé par un voile de tulle accroché à de longs cheveux blonds qui ondoyaient dans la brise légère. Elle était svelte et gracile et marchait avec légèreté, presque en flottant. C’était à peine si ses pieds touchaient le sol. Lorsqu’elle fut toute proche, elle leva la tête vers lui et souleva délicatement le voile. Elle avait les lèvres rouges et humides comme des fruits et ses grands yeux bleu clair souriaient en scintillant. C’était Isil. Lentement, elle passa les bras autour de son cou et posa délicieusement sa bouche sensuelle sur la sienne dans un long baiser langoureux. Il l’étreignit avec passion en écrasant lascivement la pointe de ses seins contre son torse, goûtant les yeux mi-clos son cœur qui battait la chamade. Soudain, il ne la sentit plus dans ses bras et, rouvrant les yeux, il vit mille papillons blancs qui s’échappaient tout autour de lui. La lumière était devenue intense, insupportable.

- Vous m’entendez ? faisait une voix.

Il essaya d’appeler Isil, mais aucun son ne sortit de sa gorge. La jeune fille avait disparu. La lumière lui faisait mal aux yeux.

- Il se réveille, dit une autre voix qui résonnait dans sa tête comme l’écho dans un tunnel.
- Ohé, vous m’entendez ? Réveillez-vous ! Vous pouvez y arriver !

La lumière s’atténua et à travers des battements de cils hésitants, il commença à distinguer un visage de femme. Elle tenait les mains à plat sur son torse. Il sentait l’afflux d’une étrange énergie reprendre possession de son corps.

- Il revient à lui Maître Melvar, la Force opère, disait-elle.
- Vous n’avez rien perdu de vos dons de guérisseuse, Eyan.
- Il semble revenir avec nous à regret, comme s’il refusait de quitter un rêve auquel il tenait.

Ses lèvres se mirent à trembler. Elles essayaient de former un mot qui ne passait pas leur barrière.

- Chut, reprit la voix, n’essayez pas de parler encore. Vous revenez de loin. De repos vous avez encore besoin.
- I… sil… balbutia-t-il.
- Isil ? répéta vivement Adol Bruck en se retournant vers le lit.

Le Jedi se rapprocha et se pencha vers le contrebandier.

- Isil, qu’est-elle devenue ? Vous aviez son sabre laser sur vous ! Que lui est-il arrivé ?
- El… le… les… Sith…
- Des Sith ? s’exclama le Jedi. Ce sont des Sith qui ont détruit le Valiant ?
- Doucement, protesta la femme, il est encore faible… vous pourrez l’interroger plus tard. Il doit encore se reposer.

Maître Obi Melvar écarta les bras.

- Chaque jour qui passe nous enlève peut-être une chance de retrouver la Padawan de Beno Mahr vivante.
- Si tant est qu’elle le soit.
- Maître Satele en est convaincue mais nos voyants ne parviennent pas à la localiser.

Il se pencha de nouveau vers le contrebandier.

- Est-elle en vie ? Isil, est-elle vivante ?
- Pri… son… nière… les Sith… ils l’ont em… menée… balbutia Hiivsha.

Au prix d’un effort surhumain, il ouvrit les yeux entièrement et essaya de se soulever sur les coudes. Lyn Eyan, la guérisseuse, le retint.

- Pas d’effort… pas encore, c’est prématuré !

Il résista. Il sentait de secondes en secondes ses forces lui revenir et le souvenir de la jeune Jedi en danger lui commandait de se lever. Il parvint à s’asseoir et posa sa tête sur ses genoux, essayant de rassembler ses idées.

- Vous m’avez… trouvé comment ?
- J’ai suivi votre vaisseau jusqu’à Alderaan, puis j’ai capté un signal de détresse brouillé du Valiant. Je suis arrivé trop tard. Il était détruit.
- Un croiseur impérial, précisa Hiivsha en reprenant une respiration normale sous le regard attentif de Lyn Eyan.
- C’est un vaisseau Sith qui a fait cela ? C’est contraire au Traité ! Vous êtes certain ?
- Oui. Ils sont montés à bord. Ils cherchaient Isil et les données qu’elle avait volées chez Sazkaer.
- La mémoire qu’on a trouvée sur vous ?
- Oui… c’est elle qui me l’a confiée... mais on a été séparé et puis quand je suis revenu la chercher, il n’y avait que son sabre laser dans sa cabine. Ils l’ont emmenée sur leur croiseur. Et puis, ils ont tiré sur le Valiant… j’ai été expulsé dans l’espace et…
- Et je vous ai trouvé mort… ou pratiquement… Seule la Force a pu pour ramener parmi nous.
- Où sommes-nous ?
- Sur Tython, dans le sanctuaire des Jedi.
- La Force est présente chez vous, murmura Lyn Eyan en prenant les tempes d’Hiivsha entre ses mains. Je ne sais pas jusqu’à quel point, mais c’est certainement ce qui vous a tenu en vie malgré votre privation d’oxygène.
- Depuis combien de temps…
- Cela fait plus de cinq jours que mon droïde vous a localisé parmi les débris du Valiant. Vous êtes resté tout ce temps entre la vie et la mort, précisa Adol Bruck.
- Sait-on où se trouve Isil ? s’inquiéta le contrebandier.
- Non. Nos voyants essayent de la localiser mais sans succès jusqu’à présent.

Le Jedi avait le regard perdu à travers la fenêtre de la chambre où ils se trouvaient.

- Les Sith font rarement de prisonniers. Il est même souvent mieux d’être mort qu’entre leurs mains barbares et sadiques.
- Korka ! cria soudain Hiivsha en regardant la guérisseuse qui tenait toujours sa tête entre les mains.

Surprise, elle le lâcha. Le Jedi se retourna.

- Korka ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
- Je ne sais pas, admit Hiivsha. C’est la dernière chose que j’ai entendu quand j’étais dans l’espace. C’était la voix d’Isil qui résonnait dans ma tête, tout autour de moi… j’en suis sûr.

Adol Bruck échangea un regard avec Lyn Eyan qui fit non de la tête.

- Je vais au Temple interroger nos bibliothécaires. Peut-être ce mot signifiera quelque chose pour eux ?
- Je viens avec vous, décida Hiivsha qui fit mine de se lever.
- Doucement, interrompit la guérisseuse, vous êtes encore faible, laissez-moi vous aider.
- On va vous rendre vos effets, dit le Jedi en sortant de la pièce. Lyn vous aidera à me rejoindre au Temple. Vous avez besoin d’un bain… et de vous raser, ajouta-t-il avant de disparaître dans les jardins sur lesquels la chambre donnait.

Une demi-heure plus tard, Hiivsha, accompagné de la guérisseuse, gravissait les quelques marches qui menaient au Temple Jedi. Ils traversèrent différentes pièces dans lesquelles des enfants s’entraînaient ou écoutaient les enseignements qui leur étaient dispensés puis ils pénétrèrent dans une immense salle où s’affairaient nombre de personnes qui manipulaient des holocrons et autres supports de banques de données holographiques. Lyn l’entraîna au fond de la bibliothèque vers une salle obscure plus petite au centre de laquelle Adol Bruck et une vieille femme aux cheveux longs et gris se tenaient. La pièce était emplie de planètes et d’étoiles qui semblaient se mouvoir en suspension dans l’air. La bibliothécaire montrait du doigt un endroit de cette projection en trois dimensions.

- Ici, voyez Maître Melvar, c’est cette lune. Son système est répertorié mais non exploré. La République n’y a rien par là. Je suis surprise que vous pensiez qu’il puisse y avoir quelque chose d’intéressant.
- Vous avez trouvé un indice ? s’enquit Hiivsha en pénétrant au milieu de la pièce avec l’amusement d’un enfant qui découvre un jouet.

Il fit mine d’attraper une planète de la main.

- C’est une incroyable carte de la galaxie, fit-il admiratif.
- Notre bibliothécaire en chef a trouvé ce que signifie le mot Korka, expliqua Adol Bruck. Il s’agit d’une lune inexplorée située sur la bordure extérieure dans le secteur méridien autour de l’étoile Xesh 25-12. Vous êtes certain que c’est ce que vous avez entendu ?
- Korka ? Oui, c’est très net dans ma mémoire. Exactement aussi clair que si Isil avait été tout près de moi pour me le dire.
- Elle a réussi une communication télépathique avec vous ? Étonnant en vérité ! Vous vous connaissez bien tous les deux ?

Hiivsha leva les yeux vers le plafond d’un air embarrassé. Il ne souhaitait pas causer d’ennui à la jeune fille vis-à-vis de son Ordre.

- Et bien, fit-il en se raclant la gorge, on peut dire que nous sommes très… liés… amis… je… j’ai pour ma part des sentiments très profonds pour elle…

Maître Melvar fronça les sourcils.

- Cela pourrait expliquer qu’elle ait pu entrer en contact avec vous… Maître Mahr pensait que sa Padawan avait une sensibilité très forte dans la Force.
- Et notre contrebandier semble également y être sensible… dans une certaine mesure du moins, rappela Lyn Eyan. Il est donc possible qu’Isil ait pu lui communiquer le lieu sur lequel on l’emmenait.
- Dans ce cas, je pars pour cette lune ! s’exclama Hiivsha d’un ton décidé.
- Vous n’avez plus de vaisseau, rappela Adol Bruck. Cependant, le Conseil m’a chargé de lui venir en aide. Je vous y accompagnerai donc.
- Et les données que Isil m’a confiées ?
- Le Conseil est en train de les examiner. Cela touche à la sécurité de la République et je ne suis pas autorisé à vous en parler mais peut-être Maître Satele Shan voudra-t-elle vous en dire plus le moment venu. Ne perdons pas de temps. Trop de jours se sont écoulés depuis que les Sith l’ont faite prisonnière. Qui sait quel sort ils ont pu lui réserver ?

Le vaisseau était prêt et à peine une heure plus tard, ils passaient en hyperespace en direction de Korka.
*
* *

- Les scanners indiquent une structure unique sur cette lune, analysa Maître Melvar lorsqu’ils furent en vue de la lune. Pas de ville. Signes de vie animale et végétale. Si notre Padawan est ici, elle se trouve sûrement au niveau des bâtiments détectés, ici, sur le secteur douze point six.
- Je me demande ce que c’est ? s’interrogea Hiivsha.
- Je ne sais pas… un centre émetteur, une structure minière, une usine secrète ? Le seul moyen d’en avoir le cœur net est de se poser discrètement à l’écart en faisant une approche par l’opposé de la lune puis en restant sous le seuil de détection d’éventuels radars.
- Atmosphère respirable, commenta Vincent. Quatre vingt dix huit point deux pourcent similaire à la nôtre. Pesanteur de zéro point quatre vingt douze.
- Super, ironisa Hiivsha, je vais presque pouvoir voler ?
- Disons qu’on va se sentir plus léger, précisa le Jedi.
- J’admire la précision de votre droïde.
- Je m’adapte à vous, répliqua Vincent, mais pour la précision, je suis obligé de simplifier. Plus de chiffres décimaux ne vous seraient d’aucune utilité monsieur.
- Je te crois sur parole, répondit le contrebandier en riant.

Le vaisseau frôlait la cime des grands arbres.

- Ça ne va pas être évident de trouver un endroit pour se poser dans cette satanée jungle. Les seules zones dégagées sont les cours d’eau ou l’océan qu’on vient de survoler, s’inquiéta Hiivsha
- Oui et il doit être difficile de se repérer au sol sans indicateur. Aucune visibilité et aucun point de repère probant, ajouta Adol Bruck. Nous ne sommes plus très loin de la structure que le scanner a repérée. Tenez, là, à deux heures, cette trouée dans la végétation, on doit pouvoir s’y poser.
- On va rayer la peinture, railla le contrebandier.
- L’essentiel est de pouvoir repartir, objecta le Jedi
- Une fois dehors, vous avez des petits cailloux blancs à semer derrière nous pour retrouver notre vaisseau ?

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Messagepar Johny Boy » Lun 27 Juin 2011 - 9:22   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

J'viens de finir le chapitre 2
L'histoire prend de l'ampleur je trouve, le récit se construit petit à petit et c'est très intéressant à suivre.
J'retourne à ma lecture, j'donnerais de mes nouvelles dans quelques temps ^^

Bonne lecture en tout cas, j'aime bien cette histoire :)
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Messagepar Code 44 » Mar 28 Juin 2011 - 11:58   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Retard ratrappé. J'aime toujours autant ton style même si je suis un peu moins emballé par l'histoire qu'aux chapitres précédents. Ca va peut-être un peu vite entre la narration d'Isil, celle de Hiivsha et leurs flashbacks respectifs.
Résultat, on s'y perd un peu et on lâche un peu le fil de l'histoire.

Les plus : les détails encore une fois, bien maîtrisés ou l'atmosphère du centre de torture sith, glauque à souhait et qui renvoie pas mal aux expériences de Demagol dans KoTOR, ou à un niveau moindre, aux vaisseaux-d'extermination de l'Empire Galactique.
De même, le dilemme de l'arène est bien pensé, renvoyer au "tuer ou devoir tuer" est un bon moyen de briser l'esprit Jedi.
Après, qu'Isil se soit échappée avant d'avoir dû tuer des enfants, j'avoue que j'ai trouvé ça un peu dommage. LA, ça aurait été un dilemme de fou. Bon après, je comprends pourquoi t'es pas allé jusque là, pour pas avoir d'emmerdes avec le CSA ^^

Les moins : pas grand chose. J'ai vu une belle faute (à un moment, tu écris "spidertaxi" au lieu de "speedertaxi". Je savais pas que Peter Parker faisait aussi taximan :lol:) mais sinon, ça va.
J'ai été surpris qu'Isil se batte aussi bien dans la ruelle mais après une relecture attentive, j'ai compris qu'elle était repassée à son hôtel, donc exit la robe. Vu que c'était ellipsé, c'est aussi là pourquoi j'avais pas compris pourquoi tu parlais d'une bure jedi.
Aussi, je suis un peu étonné du peu de réaction d'Isil quand Hiishiva lui dit qu'il l'aime, pendant l'abordage Sith, principalement parce que quelques chaps plus tôt, elle lui avait dit qu'ils ne pouvaient avoir de liaison normale, étant donné qu'elle était jedi, ce qui impliquait un rejet de l'attachement.
On a donc notre contrebandier au grand coeur qui dévoile explicitement ses sentiments et notre padawan blonde qui...ne dit rien. Après je veux bien que ce soit pas le moment idéal pour une introspection sentimentale mais voilà quoi.

Je guette la suite ;)
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Messagepar Dark Sheep » Mar 28 Juin 2011 - 16:49   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Deux chapitres sympas, j'aime beaucoup ton centre de conversion.
Le coup de la cuve est bien :diable:
Les combats dans l'arène révèle une jeune padawan bien naïve puisqu'elle pensait se faire pote avec la femme qu'elle "combat"

Une chose m'a frappé (sans dégâts... ) :
Comme on s'y attendait, Isil trouve le moyen de se sauver en s'enlevant l'inhibiteur grâce à la Force... mais de mon côté je pensais qu'elle le ferait dès qu'elle sentirait à nouveau la Force, à sa première entrée dans l'arène. Puisqu'à ce moment elle est libre d'utiliser ses pouvoirs.
D'autre part, je me disais qu'elle aurait aussi pu attendre son retour dans l'arène pour s'enfuir avec un sabre laser. (Elle aurait enlevé l'inhibiteur grâce à la Force, ou en le coupant au sabre... )
Je me dis que n'importe quel jedi (en fait tous ceux capturés et mis dans l'arène) on la possibilité de se débarrasser de leur collier dès qu'il sont dans l'arène...

Hum... ok j'arrête :transpire:

Enfin c'est pas vraiment gênant pour l'histoire. Donc en avant !

Plus l'histoire avance et plus on en arrive à la conclusion qu'Isil est vraiment unique... j'espère que tu vas nous raconter des choses à ce sujet :)

En tout cas elle finit dans de sales draps, si je puis dire... de sales filets disons :siffle:
Mais heureusement pour elle, son amoureux et l'ancien padawan de son défunt maître sont eux aussi sur Korka !

Par contre le datapad est entre les mains des jedi sur Tython, et ça c'est plutôt bien :wink:

Eh bien il ne reste plus qu'à nous donner la suite... suspens critique :)
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Messagepar Hiivsha » Mar 28 Juin 2011 - 17:29   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Dark Sheep a écrit:Une chose m'a frappé (sans dégâts... ) :
Comme on s'y attendait, Isil trouve le moyen de se sauver en s'enlevant l'inhibiteur grâce à la Force... mais de mon côté je pensais qu'elle le ferait dès qu'elle sentirait à nouveau la Force, à sa première entrée dans l'arène. Puisqu'à ce moment elle est libre d'utiliser ses pouvoirs.
D'autre part, je me disais qu'elle aurait aussi pu attendre son retour dans l'arène pour s'enfuir avec un sabre laser. (Elle aurait enlevé l'inhibiteur grâce à la Force, ou en le coupant au sabre... )
Je me dis que n'importe quel jedi (en fait tous ceux capturés et mis dans l'arène) on la possibilité de se débarrasser de leur collier dès qu'il sont dans l'arène...


C'est effectivement une possibilité que le Jedi s'enlève l'inhibiteur dans l'arène... d'ailleurs l'histoire ne dit pas s'il y en a qui ont essayé... mais bon, c'est une salle close dont il ne peut s'échapper, une fois qu'il l'a enlevé il fait quoi si on le gaze de nouveau pour l'endormir et lui en remettre un ? :cute:

y'en a qui ont essayé... ils ont eu des problèmes ! Image
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Messagepar Dark Sheep » Mer 29 Juin 2011 - 9:08   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Ben moi je détache mon collier avec la Force, ni vu ni vu, et je le laisse simili en place et dès que je suis hors de l'arène du diabolique professeur Mad (ah mince, c'est Xandor :transpire: ) je fais le super jedi de la mort qui tue :whistle:
Mais le best du best, j'attends d'abord la séance avec les gamins, comme ça j'ai un sabre laser (sith évidemment... ) et là je suis en position de Force, telle un kaadu ninja un soir de pleine lune sur Kamino :siffle:

Je disais ça en chipotant un peu parce que c'est ce que j'ai ressenti en lisant, mais dans beaucoup de films le héros fait telle ou telle chose et on se dit "non mec, fais pas ça, ça craint à mort !", mais il le fait quand-même :pfff:
Ça permet de faire avance l'histoire, et puis on pense comme ça parce qu'on est observateur extérieur :wink:
Donc t'en fais pas, ça passe largement :jap:

Par contre il y a un moment où j'ai eu une incompréhension, c'est quand les gardes jettent Isil dans sa cellule et se préparent à la toucher ou la tabasser. L'officier intervient, armé comme un bon gros SM avec matraque et martinet, et il ferme la porte derrière lui. À ce moment j'ai cru qu'il s'enfermait avec elle pour lui faire tâter de ses outils, mais en fait il sort et ferme la porte, laissant la padawan seule c'est bien ça ?
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Messagepar Hiivsha » Mer 29 Juin 2011 - 9:31   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Alors... comment dire... c'est intéressant ce que tu me dis là... du coup, je ne sais pas si je dois laisser au lecteur le choix de sa compréhension ou être plus explicite. :lol:

Il est "à l'entrée de la cellule" donc dans ma tête, pas dans le couloir sinon j'aurais écrit "dans le couloir devant l'entrée", et il referme la porte derrière lui en disant quelque chose comme "te toucher, c'est réservé aux officiers". S'il avait été dehors, il aurait d'abord parlé pour qu'elle puisse écouter la phrase jusqu'au bout puis seulement aurait refermé la porte . Comme en plus ses yeux brillent, on peut imaginer pourquoi, le sadique ! :diable:

Mais après tout, j'ai rien contre le fait qu'on pense qu'il est gentil et la laisse tranquille :ange: Comme ça c'est le lecteur qui fait la scène en fonction de sa sensibilité. :cute:

PS :
Dark Sheep a écrit:Ben moi je détache mon collier avec la Force, ni vu ni vu, et je le laisse simili en place


Demande à une femme de défaire un tour de cou au niveau du fermoir et de bien vouloir le conserver à sa place "ni vu ni connu" pendant qu'elle combat... par exemple avec toi sur un lit ou une table ou... :whistle:
:D :D
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Messagepar Johny Boy » Mer 29 Juin 2011 - 9:43   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Isil a écrit:Retour au sommaire

- Vous voulez vraiment avoir le dernier mot à tout mademoiselle
- Je m’appelle Isil… et que voulez-vous, je suis une femme.


Désolé fallait que j'la sorte cette citation :paf:
C'tout à fait ça, bravo pour avoir eu l’honnêteté de le reconnaitre :paf:

-sort-

Bon petit chapitre intéressant que le 4 ^^
J'avance lentement dans cette histoire et je me laisse surprendre ^^
C'est agréable et bien écrit je trouve :)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 29 Juin 2011 - 18:11   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

J'ai lu les deux derniers chapitres, même que c'était bien sympa ^_^

On continue à nous présenter le centre de conversation, Isil qui essaye de s'en sortir dedans, ça rappelle de multiples passages de l'UE (Le Creuset, Flashpoint, l'Académie des Ombres...) ; la tentative de fuite manquée m'a plu. Un reproche, quand même : en comptant avec le chapitre précédent, je crois que tu dois décrire trois fois l'arène, au total, ça devient vite redondant. Je ne sais pas pour combien de chapitres encore Isil va rester toute nue, mais disons qu'on va éviter une adaptation fan-film :paf:

Après, on retrouve Hiivsha qui a une histoire personnelle plus riche qu'on aurait pu s'y attendre, j'ai beaucoup aimé la description de son rêve ; le voilà avec les Jedi, ça promet une suite intéressante... Par contre, j'ai été assez surpris par le manque d'enchaînement narratif entre son réveil chez les Jedi et leur arrivée sur Korka, c'est assez déroutant.

Alors... comment dire... c'est intéressant ce que tu me dis là... du coup, je ne sais pas si je dois laisser au lecteur le choix de sa compréhension ou être plus explicite. :lol:

Il est "à l'entrée de la cellule" donc dans ma tête, pas dans le couloir sinon j'aurais écrit "dans le couloir devant l'entrée", et il referme la porte derrière lui en disant quelque chose comme "te toucher, c'est réservé aux officiers". S'il avait été dehors, il aurait d'abord parlé pour qu'elle puisse écouter la phrase jusqu'au bout puis seulement aurait refermé la porte . Comme en plus ses yeux brillent, on peut imaginer pourquoi, le sadique ! :diable:

Mais après tout, j'ai rien contre le fait qu'on pense qu'il est gentil et la laisse tranquille :ange: Comme ça c'est le lecteur qui fait la scène en fonction de sa sensibilité. :cute:


Ah oui mais non... Moi aussi, je m'étais posé la question, parce qu'on a aucune référence à l'incident dans la narration d'Isil après cela ; du coup, ça en devient incohérent, parce que s'il s'était vraiment passé quelque chose, ça ne passerait pas à la trappe dans l'esprit de la jeune femme :neutre: Donc on est un peu forcés de considérer qu'il la laisse tranquille pour le moment, sauf que ça cloche avec le passage précédent. Donc il faut trancher : une ligne de conclusion pour dire qu'il laisse simplement planer la menace et s'en va, ou les pensées d'Isil sur le sujet par la suite, même en restant vague ; mais je ne crois pas qu'on puisse conserver l'ambigüité sans perdre en cohérence, ici.
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Messagepar Hiivsha » Mer 29 Juin 2011 - 21:06   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Bon bon, je vais lever l'ambiguïté... en fait elle était levée plusieurs chapitres plus loin dans un souvenir d'Isil. Mais si vous pouvez pas attendre ! :D (sort son crayon magique et modifie la phrase ambigüe tout en ajoutant également une référence explicite aux mauvais traitements subits dans le paragraphe qui enchaîne.) :whistle:

Pour l'adaptation fan-film, on lui mettra un vêtement rayé style dalton ? :paf:

Quant à la description de l'arène... initialement, j'avais complètement omis son passage dans l'arène. Elle s'échappait avant. Et puis en relisant, je me suis dit que ça manquait par rapport à la présentation initiale qui avait été faite de la méthode Xandor. Du coup, peut-être que la redondance est venue de cet ajout.

Voyons, j'en parle dans le chapitre "Prisonnière" lors de la description de Korka. Mais c'est une présentation de la "méthode" Xandor, et donc une présentation "fonctionnelle" de l'arène et du but recherché par les combats qui s'y passent. Ensuite, j'en parle quand Isil y est conduite, mais là c'est une présentation "physique" des lieux, ambiance intérieure ressentie par elle. Ça fait 2 fois à des fins différentes. C'est ça que tu veux dire ? Ou j'oublie une troisième description ? Ah oui, j'en parle juste avant qu'elle y soit amenée de façon aussi généraliste sur le but recherché sur les Jedi... bon, je vais couper dans ce paragraphe donc. (sort ses ciseaux :D ) ... voilou... Image

En tout cas merci de vous y intéresser autant, je vais tâcher de corriger tout ça dans la version définitive que je tiens à jour en fonction de vos réactions. :jap:
Modifié en dernier par Hiivsha le Mer 29 Juin 2011 - 21:25, modifié 2 fois.
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Messagepar Johny Boy » Mer 29 Juin 2011 - 21:09   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Isil a écrit:un trousse jupon

Ca c'est de l'expression de future quinqua :lol: Mais en fait j'adore :)
Ca me rappelle Le Cercle des Poetes Disparus et la description du nouveau prof' de littérature :paf: (tain la reférence xD)

J'ai adoré les chapitre 5 et 6 en fait
A vous les studios
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Messagepar Hiivsha » Mer 29 Juin 2011 - 21:15   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Merci Johny Boy :cute:

Mitth'raw Nuruodo a écrit:Après, on retrouve Hiivsha qui a une histoire personnelle plus riche qu'on aurait pu s'y attendre, j'ai beaucoup aimé la description de son rêve ; le voilà avec les Jedi, ça promet une suite intéressante... Par contre, j'ai été assez surpris par le manque d'enchaînement narratif entre son réveil chez les Jedi et leur arrivée sur Korka, c'est assez déroutant.

J'ai ajouté une phrase chanière rien que pour toi Mitth'raw Nuruodo ! :ange:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 29 Juin 2011 - 21:17   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Je vois ça, merci :)
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Messagepar Hiivsha » Jeu 30 Juin 2011 - 14:12   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

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CHAPITRE 14

– Assaut –


Le capitaine Chalco leva la lourde ceinture pour la cinquième ou sixième fois. L’écume de la rage au coin de ses lèvres, il ne comptait plus les coups qu’il administrait à sa victime. Il finirait bien par lui arracher un cri, une plainte, une supplication qui le dédommagerait de l’affront qu’elle lui avait fait subir en s’évadant ! Chaque coup porté laissait une marque rouge sombre sur le corps de la jeune fille maintenue au sol par une demi douzaine de soldats et mise en joue par une bonne dizaine d’autres qui se délectaient du spectacle. Pourtant, les mâchoires serrées, elle ne disait rien, ne gémissait pas et accusait chaque coup dans un silence effrayant. Ses yeux bleus, d’un froid d’acier, étaient rivés sur ceux de son bourreau. Seules, quelques larmes de douleur perlaient au coin de ses paupières. A cet instant, il était difficile de ne pas vouloir tuer le Sith, de ne pas sombrer dans une colère dévastatrice quitte à se faire tuer. Mais avait-elle assez de pouvoir sur la Force pour les renverser tous en même temps d’une vague puissante alors qu'ils la tenaient en joue à bout portant ?

Le regard soutenu de la Jedi accentuait la rage qui l’emportait comme une irrésistible vague. Chalco éructa en postillonnant.

- Je vais te faire crier, chienne ! Même si je dois faire passer tous les hommes de la garnison sur toi, un par un ! Je te jure que je t’arracherai une plainte ! Je te détruirai ! Je te…

Il y eut un éclair vert et Chalco leva les yeux à temps pour voir sa main qui tenait la ceinture de son armure s’envoler dans les airs. L’air hébété, il regarda le moignon fumant qui se dressait à présent au bout de son bras. Un objet cylindrique retomba à ses pieds. Isil le reconnu instantanément : c’était son sabre laser !

Au même instant, des tirs de fusil blaster se mirent à pleuvoir sur le groupe de soldats qui levèrent les armes dans la direction d’où ils provenaient afin de riposter, tout en poussant des cris anarchiques. Les hommes qui maintenaient Isil au sol se levèrent aussi pour se défendre. La Padawan tendit alors la main vers le cylindre métallique qui gisait dans les fougères et le sabre vola jusqu’entre ses doigts. La lame verte se ralluma et fouetta l’air, fauchant les jambes des quatre gardes les plus proches qui s’écroulèrent en hurlant. D’un prodigieux saut en arrière, Isil se remit sur pieds au milieu d’un groupe de soldats et le sabre entra de nouveau en action, pénétrant dans les armures aussi facilement qu’une lame de couteau dans une motte de beurre bien tendre. Tandis que l’autre groupe tentaient de tenir tête aux assaillants, un airspeeder en vol stationnaire au-dessus des arbres, ouvrit le feu sur elle. La lame verte oscilla rapidement plusieurs fois, renvoyant les tirs vers leur tireur qui finit par basculer en criant dans le vide. Le véhicule s’écrasa contre un énorme tronc dans une grande gerbe de flammes. Un par un les soldats tombaient. Isil frappait méthodiquement, comme à l’entraînement. Elle ne ressentait ni la douleur des coups reçus, ni même de la colère. Chacun de ses mouvements étaient le résultat d’un froid calcul tactique comme son Maître le lui avait appris. Quand Chalco la mit en joue et tira, elle vit distinctement le faisceau meurtrier venir vers elle et plaça la lame de son sabre laser exactement devant. Le tir ricocha et repartit vers le capitaine pour le frapper entre les deux yeux. La bouche ouverte, comme frappé d’un étonnement muet, il s’écroula lourdement sur le sol. Une silhouette avait à présent sauté au milieu de la mêlée. Grand, puissant, avec des cheveux longs qui flottaient au rythme des mouvements effrénés de la lame bleue de son sabre laser, le gardien eût tôt fait d’éliminer la dernière poche de résistance. Quelques secondes plus tard, il ne restait plus aucun soldat debout. L’air était empreint d’une odeur âcre de chairs brûlées. Un silence assourdissant retomba sur eux.

Une autre silhouette s’avança. La lame verte du sabre d’Isil s’éteignit. Elle regarda un peu incrédule les deux hommes qui sortaient des hautes herbes avant de s’exclamer.

- Hiivsha !

Spontanément elle se jeta dans ses bras dans lesquels, à bout de force, elle se laissa tomber. Il la soutint fermement et l’embrassa longuement.

- Isil, ma chérie !

Il examina horrifié son visage tuméfié et son corps nu meurtri par les nombreux coups qu’elle avait reçus ainsi que par sa course éperdue dans la jungle. La jeune fille avait la peau lardée de nombreuses coupures, griffée par d’innombrables égratignures et son corps était marbré d’hématomes violacés.

- Mais bon dieu, qu’est-ce qu’ils t’ont fait ces monstres ! D’où sors-tu dans cet état ? Qui sont ces gens ?

Elle prit conscience d’une autre présence et tourna son visage sale et pitoyable vers l’homme qui accompagnait le contrebandier.

- Maître Melvar… bafouilla-t-elle hésitante, c’est vous ?

Le Jedi s’approcha d’elle pour l’examiner à son tour.

- Jeune Padawan, tu es dans un triste état… ça va aller ?

Isil fit oui de la tête en écartant les cheveux collés sur son visage. Puis elle leva la tête vers le contrebandier qui la tenait toujours dans ses bras.

- Hiivsha ! Tu n’es pas mort… tu m’as retrouvée !
- Je t’ai entendue dans l’espace ! Et puis ton ami Jedi est arrivé et m’a ramené à la vie !

Adol Bruck scrutait les environs.

- Ne restons pas ici, allons-nous en ! On retourne au vaisseau !
- Non ! fit vivement la jeune fille en se libérant des bras qui la soutenaient. Pas question de partir sans avoir libéré les prisonniers !
- Les prisonniers ? demanda Hiivsha.

Le Jedi eut un geste de dénégation. Isil insista.

- C’est une prison ! Un centre d’expérience sur les Jedi ! On doit les libérer !
- La garnison est nombreuse ?
- Je ne sais pas, une soixantaine d’hommes…

Elle regarda les cadavres disséminés dans la végétation.

- Peut-être une quarantaine maintenant !
- Ce n’est pas notre mission, objecta Adol Bruck.
- Vous ne savez pas ce que j’ai subi là-dedans Maître Melvar, laissa tomber Isil d’une voix sombre et la tête basse. On ne peut laisser de pareilles choses continuer… je vous assure… je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai vécu.

Les deux hommes échangèrent un regard. L’état de la jeune fille en disait long sur les traitements qu’elle avait du recevoir et ils subodoraient que cela n’en était que la partie visible. Hiivsha frissonna malgré lui à cette pensée.

- En tout cas, moi j’y retourne ! conclut Isil d’un ton sans appel.

Le Jedi accusa une grimace et accepta.

- Fort bien. Allons en découdre avec toute une garnison ! On va ramasser de quoi te vêtir Isil, tu ne peux rester ainsi…
- Non ! trancha de nouveau la jeune fille, cela m’est égal à présent et va même nous servir. Vous, vous allez revêtir les armures de ces gardes sur vos vêtements et vous m’attacherez les mains dans le dos… de façon à donner le change… mais pas trop serré pour que je puisse m’en libérer à n’importe quel moment.

Hiivsha nota le ton autoritaire avec laquelle la Padawan exposait son plan. Malgré tout ce qu’elle avait vécu, la lassitude qui se lisait sur son visage marqué, elle conservait la tête froide et il n’y avait aucune once de crainte dans le ton de sa voix. Ce n’était pas à proprement parler la même jeune fille dont il était tombé amoureux sur les bords du lac d’Alderaan.

- Avec un peu de chance, continua-t-elle, on pourra atteindre le bâtiment central dans lequel se trouvent les laboratoires du professeur Xandor. Si on s’empare de lui, on sera en position de force. Il y a quelqu’un à bord de votre vaisseau ?
- Mon droïde Vincent, répondit Adol Bruck.
- Il peut le piloter ?
- Cela va de soi, pourquoi ?
- Une fois que nous serons dans le bâtiment central, si nous parvenons à libérer les prisonniers, nous pourrons les évacuer par la plateforme supérieure sur laquelle votre droïde pourra se poser !
- C’est d’accord, acquiesça le Jedi. Mettons-nous au travail.

Ils eurent tôt fait de trouver des armures à leur taille et quelques minutes plus tard, le visage camouflé par les casques à visière, ils revenaient vers le centre en tenant Isil en joue. Celle-ci, mains liées derrière le dos, semblait marcher difficilement, avec l’air abattu de la proie vaincue.

Ils arrivèrent ainsi devant les portes du mur d’enceinte qui s’ouvrit. Quatre gardes se trouvaient derrière. L’un d’eux demanda.

- Vous avez réussi à la rattraper ? Où sont les autres ? Le capitaine ?
- Le capitaine Chalco a vu quelque chose de suspect un peu plus loin… il est allé voir ce que c’est avec les autres. Il nous a donné l’ordre de ramener la Jedi au professeur !
- C’est bon. Il est avec le commandant Ramis au laboratoire ! Allez-y ! Ils vont être bien soulagés que vous l’ayez rattrapée… par contre, elle a salement morflé la fille !

Ils rirent grossièrement en se rinçant l’œil au passage. Hiivsha se retint pour ne pas les abattre comme des chiens. Le petit groupe s’engagea dans une des galeries qui menaient au bâtiment central. Leur ruse fonctionna parfaitement et personne ne les inquiéta jusqu’à ce qu’ils arrivent dans le laboratoire.

- Ah ! s’écria le commandant Ramis. Félicitations ! Vous l’avez retrouvée ! Où est Chalco ?
- Il arrive commandant, répondit Adol Bruck.
- Vous l’avez salement abîmée, protesta Xandor en examinant la jeune fille.
- C’est qu’elle ne s’est pas laissée faire ! C’est une Jedi… fit semblant de se justifier Maître Melvar d’une voix faussement embarrassée. Le capitaine a eut bien du mal avec elle !
- Et bien, Jedi ou pas, on t’a retrouvée chienne ! reprit le commandant. Tu ne vaux pas plus que tous les bâtards de ton Ordre.

D’un revers de la main, il tenta de la gifler violemment mais son bras fut stoppé net par la poigne puissante d’Adol Bruck qui avait anticipé le geste. La main s’arrêta à deux centimètres du visage d’Isil qui n’avait pas bronché d’un cheveu, toisant son tortionnaire d’un regard de défi. Alors, elle se débarrassa de ses liens et appela le sabre laser qui se trouvait dissimulé dans la ceinture de l’armure d’Hiivsha. La lame verte sortit dans un bruit caractéristique et elle la pointa vers la gorge de Ramis qui semblait pétrifié.

- Je devrais vous tuer là, sur le champ ! grinça-t-elle entre ses dents.
- Mais… que… non… balbutia-t-il.
- Isil, non, fit doucement Adol Bruck d’une voix calme. Ne te laisse pas aller à la colère même si elle est justifiée.
- Vous ne savez pas ce qu’il m’a fait ! murmura Isil d’une voix à peine audible sans quitter l’homme des yeux.

Le Jedi posa la main sur l’épaule de la Padawan.

- Tu dois être plus forte que tout ce qu’il t’a fait Isil… tout, tu comprends ?

La lame verte oscillait entre le commandant et le professeur qui écarquillait les yeux. Un droïde scientifique se rapprocha d’eux. Maître Melvar ordonna.

- Désactivez les droïdes de ce laboratoire !

Obi Melvar avait sorti son sabre laser dont la lame bleutée menaçait à présent elle aussi, les deux hommes. Xandor s’approcha d’une console et appuya sur quelques touches. Aussitôt les droïdes se mirent en veille.

- Verrouillez les portes de cette pièce, immédiatement. Et prenez garde, je n’hésiterai pas à vous tuer si vous tentez de me doubler !

Xandor s’exécuta sous la menace du fusil d’Hiivsha et les accès au laboratoire se scellèrent. Isil reprit.

- Cet homme a torturé nos frères Jedi et je ne sais combien d’autres personnes… murmura Isil d’un ton bas et contenu, il en a fait basculer quelques-uns du côté obscur pour servir les Sith et a fait mourir les autres dans d’atroces souffrances ! Il m’a torturée pendant des jours et des nuits ! Et je dois le laisser en vie ?

Hiivsha serra ses poings. Combien avait-il lui aussi envie de les envoyer dans le visage des deux hommes ! Maître Melvar enleva son casque.

- Vous êtes en état d’arrestation sous l’autorité de l’Ordre Jedi ! Combien de prisonniers avez-vous dans ce centre ?
- Il n'y en a que six, actuellement, grinça Xandor.
- Combien de Jedi ?
- Un seul… hormis celle-là !

Ce disant, il montra Isil du menton.

- Il ment, cria Isil, et les enfants que vous vouliez me faire affronter ?

Xandor ricana.

- Ils ne sont pas arrivés... pas encore. Mais vous pouvez peut-être rester pour les attendre ?
- Quelque chose me dit qu’il faudrait peut-être mieux ne pas le faire et se dépêcher, intervint Hiivsha.
- Où est le Jedi ? demanda Adol Bruck.

Le professeur hésita et regarda Isil d’une façon inquiète comme s’il redoutait sa réaction.

- Il… il est… dans le caisson…

Le contrebandier qui s’était débarrassé de son armure demanda.

- Où est-il ce caisson ?
- Je vais te montrer, dit Isil, suivez-moi !

Le petit groupe se dirigea dans la pièce adjacente. À voir les mouvements convulsifs du corps à l’intérieur, il n’y avait aucun doute sur l’utilité de la machine.

- Quelle horreur ! s’exclama Hiivsha.
- Mais quelle perversion vous pousse à faire de telles choses ? interrogea froidement Maître Melvar.
- Je vous expliquerai, intervint Isil avant d’ordonner d’une voix sèche. Coupez cette machine et faite-le sortir de là !

Ils extirpèrent le corps ruisselant du twi’lek qui s’effondra à leur pieds. Isil se pencha vers lui.

- Ça va aller, on est là, on va vous libérer ! Je m’appelle Isil… voici mon ami Hiivsha et Maître Melvar que l’Ordre a envoyés à ma recherche.

Le twi’lek regarda Isil avec étonnement en essayant de comprendre.

- C’est parfait, se contenta-t-il de dire en se relevant aidé par la Padawan. Je suis Warat Ani.

Isil demanda à Xandor.

- Qu’avez-vous fait de nos affaires ?
- Elles sont là, dans cette pièce, dans le vestiaire un, répondit-il en montrant une porte.

Elle entra dans la pièce avec le Twi’lek pour en ressortir quelques minutes plus tard. Ils avaient retrouvé leur tunique de Jedi ainsi que leur bure. Warat Ani tenait dans la main son sabre laser.

- Je me sens moins nu avec mon sabre.
- Et moi avec mes vêtements, rétorqua Isil avec un très léger sourire bien fatigué.

Obi Melvar s’adressa au Twi’lek tout en enlevant lui aussi son armure de garde.

- Vous allez rester ici avec Isil. Hiivsha et moi, on va tâcher de trouver les prisonniers.
- Je viens avec vous ! fit la jeune fille, je sais où ils se trouvent.
- Tu es sûre que tu es en état de combattre encore ? s’inquiéta le contrebandier.
- Oui, ça va ! assura-t-elle. La Force est en moi pour m’aider.
- Allons-y, coupa Adol Bruck, Warat, surveillez ces criminels et s’ils vous posent un problème… tuez-les !

Le twi’lek opina du chef en guise d’assentiment. Maître Melvar sortit du laboratoire en compagnie d’Isil et d’Hiivsha.

- Par là ! dit la jeune fille, ce bâtiment au bout de la galerie.

Ils couraient. Soudain ils se trouvèrent nez à nez avec quatre gardes qui n’eurent même pas le temps de lever leurs armes. Hiivsha marmonna.

- Moi aussi, je veux un sabre laser !
- Tu n’es pas Jedi ! objecta Isil avec un clin d’œil.

Ils prirent un ascenseur qui descendit de plusieurs étages.

- Les cellules sont par ici, mais je ne sais pas ce que nous allons trouver ! dit la Padawan.
- Halte ! cria un soldat en les apercevant. Alerte !

Ils tirèrent une rafale. Les Jedi renvoyèrent les tirs. Le garde se réfugia dans une pièce et appuya sur un gros bouton rouge. Aussitôt des sirènes se mirent à retentir dans tout le centre. Adol Bruck défonça la porte du pied. Hiivsha tira. Les deux gardes présents s’effondrèrent. Le Jedi se pencha vers une console et en activa le clavier.

- Bloc A, dit-il, ici à droite ! Je déverrouille les portes, allez-y !

Des prisonniers hagards sortirent de leurs cellules en hésitant. Il y avait une twi’lek, un jeune homme, une femme, un wookie, et un zabrak.

- Venez, vite ! ordonna Hiivsha en les tirant par le bras. Restez derrière nous.

Ils ressortirent par où ils étaient venus. Dans le hall du bâtiment un comité d’accueil les attendait. Une quinzaine de soldats leur interdisaient la sortie vers les laboratoires.

- Isil, avec moi ! fit Maître Melvar, comme à l’entraînement !

Ils progressèrent en renvoyant les tirs de blasters avec leur sabre laser tandis que Hiivsha leur offrait un tir nourri de couverture. Arrivés à quelques mètres, Adol Bruck tendit le bras gauche et envoya une puissante vague de Force qui balaya les survivants en les projetant par les vitres du hall. Hiivsha poussa les prisonniers.

- En avant ! Vite !

D’autres gardes accouraient. Le petit groupe traversa la cour, protégés par les deux Jedi qui jonglaient avec les tirs qui provenaient des miradors tandis que le contrebandier retardait un groupe de poursuivants qu’il força à s’abriter derrière un muret. Melvar en profita pour faire une pause à l’abri d’un mur. Le Jedi hésitait.

- Hiivsha, ordonna-t-il, retournez au laboratoire ! Je vais donner des ordres à mon droïde pour qu’il nous rejoigne sur la piste d’atterrissage en haut du bâtiment. Emmenez-y tout le monde et attendez moi. Si dans dix minutes je ne suis pas revenu, partez sans moi !
- Sans vous ? Il n’en est pas question ! Où allez-vous ?
- J’ai vu sur le plan de la console qu’il y avait une armurerie dans le sous-sol du bâtiment des labos. Je vais aller la faire sauter !
- Que la Force soit avec vous Maître, cria Isil tandis qu’il s’éloignait en courant sous le feu des blasters.
- Fonçons nous aussi, dit Hiivsha.

Ils s’engouffrèrent dans le bâtiment en courant vers l’intérieur du laboratoire où ils retrouvèrent Warat Ani et ses deux prisonniers.

- Il faut tenir les lieux quelques minutes pour laisser le temps à Maître Melvar de faire son travail, commanda Isil tout en renvoyant les tirs d’un groupe de soldats qui tentaient d’approcher l’entrée du laboratoire.

Le twi’lek tendit le pistolet du commandant à sa compatriote.

- Tu sais te servir de ça ?
- Et comment l’ami ! répondit-elle avec un air farouche.
- Alors, tiens ces deux criminels en joue. Et vous, ajouta-t-il en se tournant vers le wookie et le Zabrak dont la puissante stature ne laissait aucun doute quant à leur capacité de combattants à mains nues, s’ils cherchent à s’enfuir, écrasez leur tête entre vos doigts !

Le wookie poussa une sorte de rugissement qui signifiait à l’évidence qu’il était d’accord tandis que le Zabrak hochait la tête. Warat Ani se posta dans l’entrée aux côtés d’Isil pendant que Hiivsha les appuyait d’un feu nourri. L’assaut des gardes fut stoppé. L’échange de tirs continua quelques minutes, puis Isil cria vers l’intérieur du laboratoire.

- Tout le monde sur la terrasse !

Ils s’engouffrèrent dans un grand ascenseur qui montait tout en haut du bâtiment. Comme ils en sortaient, le vaisseau piloté par Vincent se posait sur l’aire d’atterrissage. Hiivsha et Warat Ani poussèrent tout le monde à bord tandis qu’Isil scrutait les environs.

- Je ne vois pas Maître Melvar ! dit-elle d’un air inquiet.
- Il est là bas ! cria Hiivsha en pointant son doigt vers le mur d’enceinte. Il nous fait signe de partir !
- Allons-y alors ! répondit Isil en montant à bord à sa suite. Cours aider Vincent à piloter, on va le récupérer en quittant les lieux !
- C’est parti ! fit le contrebandier en disparaissant à l’intérieur du vaisseau en direction du cockpit.

Accrochée au bord de la plateforme d’accès grande ouverte, Isil surveillait ce qui se passait en bas sans se soucier des tirs qui leur arrivaient dessus. Le vaisseau s’éleva et fit un demi-tour sur lui-même puis plongea en direction du mur d’enceinte. En bas, Maître Melvar devait faire front des deux côtés du chemin de ronde.

- Il n’y arrivera pas tout seul, dit la twi’lek qui s’était approchée d’Isil.

Elle se mit à tirer vers les miradors. Isil tendit le bras et envoya une poussée de la Force vers un groupe qui tentait de prendre le Jedi à revers. Deux soldats tombèrent des murs en criant. Le vaisseau se trouvait à présent à une trentaine de mètres parallèle au mur. Isil fit signe à Adol Bruck de sauter, prête à l’aider de la Force dans son saut. Le Jedi prit son élan et parut littéralement s’envoler vers eux pour atterrir sur la rampe d’accès du vaisseau où Warat l’attrapa in extremis par la manche de son vêtement tandis que Hiivsha se dégageait de la zone. Le vaisseau prit de l’altitude. Soudain un grondement se fit entendre suivi d’une forte déflagration. Une énorme boule de feu pulvérisa le bâtiment central qui explosa dans un fracas épouvantable. Sous l’onde de choc le vaisseau oscilla tandis que la rampe d’accès se refermait. Déséquilibrée, la twi’lek tomba dans les bras de Warat. Isil se mit à sourire.

Obi Melvar regagna le cockpit dans lequel il s’installa, à côté du contrebandier.

- Rentrons ! Direction Tython !

Ils venaient de quitter l’atmosphère et se dégageait du champ de gravité de la lune pour passer en hyperespace quand Vincent annonça.

- Bâtiment ennemi sur le radar. Un gros ! Croiseur impérial !
- C’est le vaisseau de Dal-Karven, fit la voix d’Isil dans leur dos, celui qui m’a amenée ici !
- Un interdictor ! s’exclama Hiivsha. S’il nous prend dans son rayon tracteur on est fichu !
- Vincent, dit Adol Bruck, c’est le moment ou jamais de passer en hyperespace… nous ne sommes pas de taille à lutter contre ce mastodonte !
- Compris Maître Melvar. Je court-circuite les systèmes de sécurité et je programme une trajectoire d’évasion rapide. On va gagner du temps.
- Évite quand même de nous faire traverser une planète !
- J’ai une trajectoire sûre à quatre-vingt seize point deux pour cent, continua le droïde imperturbable.

Le croiseur avait pris le vaisseau en chasse. À présent, toutes ses batteries de turbolasers avaient ouvert le feu. Le vaisseau tremblait sous les impacts des tirs absorbés par ses boucliers.

- Nous n’encaisserons pas longtemps un tel feu nourri ! dit Adol Bruck. Vincent, tu en es où avec l’hyperdrive ?
- Ça vient, Maître Melvar. Patience est mère du Jedi.
- Tu as raison, mais pour l’instant, un peu d’impatience est compréhensible !

Sur la passerelle du Fulgurant, une haute silhouette toute vêtue de noir observait silencieusement le spectacle. Un officier s’approcha de lui.

- Seigneur Dal-Karven, ils seront bientôt à portée de notre rayon tracteur !
- Bien capitaine, répondit la voix caverneuse du Sith. Une fois à bord, mettez la fille de côté et débarrassez-vous des autres. Je ne veux pas m’encombrer de prisonniers !
- Pourquoi cette fille ? s’étonna le militaire.

Le Sith resta muet quelques secondes puis répondit à voix basse, comme pour lui-même.

- Cette apprentie intéresse quelqu’un et je dois dire qu’elle m’intrigue également. Ce que je sens en elle est inhabituel… Nous avons besoin d’en savoir plus sur elle !
- Il est possible qu’ils aient des otages à bord, Seigneur, souligna le militaire.
- Vous amènerez devant moi les incapables qui se sont fait avoir par une poignée de misérables Jedi !

Le capitaine avala sa salive mais ne fit aucun commentaire supplémentaire. Il ne souhaitait absolument pas savoir quel sort son sinistre maître leur réservait. Soudain, le vaisseau qu’ils poursuivaient passa par une fenêtre de distorsion et disparut dans l’hyperespace. Un opérateur de la passerelle annonça.

- Capitaine ! On les a perdus !

Le Sith serra les poings en silence tandis que l’officier faisait trois pas en arrière. Il balbutia en passant deux doigts dans le col de son uniforme comme s’il avait du mal à respirer.

- Quels sont vos ordres à présent, Seigneur Dal-Karven ?
- Nous avons rendez-vous avec le Seigneur Zal’Thir au point B. quant à cette fille… je la retrouverai tôt ou tard !

Sans rien ajouter, il quitta la passerelle d’un pas vif au grand soulagement des personnes présentes.

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Messagepar Hiivsha » Sam 02 Juil 2011 - 11:36   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

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CHAPITRE 15

– Le bûcher funéraire –



A l’arrivée sur Tython, Isil et Warat furent placés dans des caissons de bacta afin de régénérer leur corps qui souffrait de nombreuses lésions. Les autres prisonniers furent pris en charge pour être rapatriés vers leurs mondes respectifs.Xandor et Ramis furent aussitôt appréhendés et incarcérés en attendant d'être fixés sur leur sort qui dépendait à la fois des Jedi mais aussi de la justice républicaine. Or, le dossier était sensible et pour l'instant, soumis au secret.

Hiivsha attendit patiemment que la jeune fille sorte du centre de soins et fit, en attendant, plus ample connaissance avec le Temple Jedi. Melvar lui fit visiter les installations et lui montra comment les jeunes enfants étaient très tôt initiés à la Force.

- Il n’y a que les Jedi qui sont sensibles à la Force ? demanda le contrebandier alors qu’ils quittaient un terrain d’entraînement pour adolescents.
- Non, répondit Adol Bruck. D’autres êtres dans la Galaxie le sont… parfois à leur insu. Tous ne deviennent pas Jedi et beaucoup ne sauront jamais comment s’aider de la Force, comment la manipuler, comme s’en servir. Quelques-uns encore le feront plus ou moins instinctivement sans jamais pouvoir développer tout leur potentiel. Devenir Chevalier Jedi impose une grande discipline tant physique que morale. C’est une sorte de long conditionnement qui agit en chacun de nous différemment selon notre nature profonde... qui nous remodèle… Mais les Jedi ne sont pas pour autant tous semblables comme certains se l’imaginent. Le fait de suivre le même Code ne nous empêche pas d’avoir notre propre individualité et certains s’y plient plus ou moins bien… d’autres même s’en accommode ou s’en arrangent discrètement. Nous restons des êtres humains avec nos imperfections, Hiivsha.

- Mais votre discipline vous donne votre force tout de même ?
- Oui, comme toute armée. Par ailleurs, l’usage de la Force nécessite un équilibre primordial chez le Jedi afin d’éviter de tomber dans ce que nous appelons le Côté Obscur. Le Côté Obscur est un déséquilibre de la Force engendré par les émotions qui nous font perdre le contrôle de nos actes et de leurs conséquences. Il est plus facile car il demande moins de maîtrise de soi et plus puissant car nos émotions comme la passion, la colère, la haine, s’y propagent avec force sans qu’on ait besoin de songer aux résultats auxquels de tels sentiments peuvent aboutir. C’est pourquoi, le Jedi apprend à maîtriser ses émotions, ses sentiments voire à les repousser au-delà de lui-même pour éviter le danger qu’ils représentent.
- Un Jedi ne peut donc pas aimer ?
- La compassion pour l’humanité est l’enseignement quotidien du Jedi. C’est le but, la vocation de l’Ordre que de la protéger. C’est de l’Amour à grande échelle, si vous voulez. Mais je suppose que vous parlez de l’amour pour une personne plus particulièrement ?
- Oui, en effet.
- Le problème de l’amour, de la passion amoureuse, c’est qu’elle peut engendrer facilement des sentiments comme la jalousie, l’égoïsme, la haine, la peur…
- La haine ? La peur ?
- Oui, la peur d’envisager la vie sans l’être aimé, la peur de le perdre au profit de quelqu’un d’autre ce qui risque de se transformer en haine, ou la peur qu’il disparaisse… qu’il meure… et la peur est un sentiment qui déséquilibre la Force et qui mène tout droit au Côté Obscur. Il est donc fortement déconseillé à un Jedi de tomber amoureux…

Il regarda Hiivsha du coin de l’œil avant d’ajouter.

- … ou amoureuse. Par ailleurs, la gestion des impératifs de l’Ordre, qui sont des impératifs exigeants d’obéissance, plus même que pour un militaire, se marie fort mal, si j’ose dire, avec la fidélité à une autre personne.
- Je vois, fit le contrebandier pensivement.
- Non pas qu’un amour pur et réciproque soit quelque chose de mal… continua le Jedi, mais les sentiments qu’ils engendrent sont redoutables et si sensibles.
- Si je comprends bien, il est donc plus facile à un Jedi de se forcer à ne pas aimer plutôt que d’aimer et d’assumer ce… surcroît de sentiments tout en continuant à maîtriser parfaitement ses émotions ?
- Plus facile ? Comme vous y allez Hiivsha ! Disons, plus… sûr ! Si nous étions parfaits et absolument certains de maîtriser complètement nos sentiments, peut-être en serait-il autrement. L’Ordre a choisi la sagesse du sentier le moins dangereux. Vous pouvez penser qu’il a tort, mais c’est ainsi.

Hiivsha grimaça.

- Et si un Jedi assumait tout de même son amour pour quelqu’un ainsi que ses fonctions de Jedi et que cela n’interfère pas avec ses émotions et sa symbiose avec la Force ?

Maître Melvar sourit.

- Je vois où vous voulez en venir, Hiivsha. Il est probable que cela risquerait de le faire exclure de l’Ordre, ou à tout le moins, lui fermerait l’accès aux plus hauts rangs de l’Ordre et cela l’empêcherait de devenir Maître… Vous comprenez bien que la formation d’un Padawan est une relation exclusive dans laquelle il n’y a pas de place pour un… conjoint. L’amour quant à lui, n’a de place que pour deux êtres. Le Jedi, lui, est ouvert aux autres de par sa compassion, son amour universel si vous préférez. Il y a une certaine contradiction… même pour un Jedi si extraordinaire qu’il arriverait à gérer et son amour et ses émotions, en tout lieu, en tout temps et en toutes circonstances, au point qu’il serait capable de sacrifier son amour si la vie d’autres personnes en dépendait.

Hiivsha ne disait plus rien. Ils continuaient à marcher sur la crête de la colline qui surplombait le Temple.

- Je comprends votre émoi, Hiivsha. Isil est jeune et fort jolie, elle est intelligente, douce et son âme est pure. Elle est faite pour l’amour et pourtant son extraordinaire sensibilité à la Force la destine à devenir un grand Chevalier Jedi. Maître Beno Mahr me disait combien son potentiel lui paraissait grand… plus grand que le sien ou que le mien… et il savait de quoi il parlait puisque j’avais été son Padawan avant Isil.
- Vous pensez que je dois renoncer à elle ?
- Le pourrez-vous ?
- Je n’en sais rien. C’est une jeune fille unique et j’en suis tombé amoureux dès que je l’ai vue. Je donnerais ma vie pour elle sans aucune hésitation.
- Mais donneriez-vous sa vie pour quelqu’un d’autre ?

Le contrebandier le regarda un instant la bouche entrouverte.

- Je vois ce que vous voulez dire Adol… Effectivement, je pense que non, c’est tout le problème. Serait-elle capable de me sacrifier si son devoir de Jedi le lui commandait et si elle acceptait de m’aimer ?
- C’est la question en effet.
- Néanmoins, elle ne se posera que si cette situation survient un jour…
- Mais le danger qu’elle se pose un jour à vous n’est pas nul.
- Je suis sûr que nous le gérerions dans l’intérêt du bien.
- Mais rien ne vous permet d’en être certain… c’est pour cela que le mieux est de ne pas vous exposer.
- Je vais y réfléchir.
- Si vous l’aimez, vous devez la laisser partir loin de vous.
- Je ne sais pas si je peux, et pourtant je l’aime. J’aimerais qu’il y ait une autre voie.
- On peut penser qu’il y en a une, mais beaucoup plus dangereuse et officiellement, l’Ordre ne l’acceptera pas.
- Oui, j’ai bien compris. Le reste nous regarde donc.

Adol Bruck s’arrêta. Le vent faisait flotter ses longs cheveux noirs comme un étendard. Il observa longuement l’homme qui se tenait à ses côtés avant de murmurer.

- Le reste vous regarde.
*
* *

- Nous remercions Maître Melvar et Hiivsha Inolmo d’avoir sauvé la vie de la Padawan Isil et du Jedi Warat Ani, dit en préambule l’un des membres du Conseil Jedi tourné vers ses pairs. Néanmoins, nous nous devons de rester prudents sur les suites à donner à cette sombre affaire. Selon ce que Isil nous a appris, on peut penser que le Seigneur Sith Dal-Karven ignore que nous avons la mémoire du datapad du capitaine Sazkaer qu’il pense avoir détruit avec le Valiant. En outre, grâce au courage dont elle a fait preuve lors de sa captivité, elle a peut-être pu le convaincre qu’elle-même ne connaissait pas les détails précis de ce sur quoi Maître Mahr enquêtait. Ce… Cercle Sombre va donc sans doute continuer ses activités même si Isil représente pour eux une menace qu’ils peuvent avoir du mal à évaluer.
- Il nous faut entrer en contact avec le Chancelier Janarus pour qu’il fasse mettre en arrestation toutes les personnes compromises dans ce complot, proposa une twi’lek.
- Si les Sith sont mêlés à cela, intervint Satele Shan, c’est à nous qu’il revient d’agir. Les agents de la République seuls, risquent de ne pas être de taille, ni assez discrets pour éviter que les oiseaux ne s’envolent.

Hiivsha avait ressenti comme un grand honneur d’être admis à cette réunion du Conseil de l’Ordre Jedi. Il observait attentivement toutes les personnes présentes. Il se dégageait d’eux une forte puissance mêlée à une grande sagesse. Isil se tenait à côté de lui, silencieuse. Elle aussi avait été admise à la séance et elle avait longuement expliqué les événements qui avaient suivi la mort de Maître Beno Mahr. La jeune fille avait accepté sans broncher la réprimande du Conseil pour ne pas avoir attendu Maître Melvar sur Alderaan et avoir fait preuve de trop d’impatience dans sa mission. Néanmoins, son courage dans les souffrances qui lui avaient été infligées, avait été souligné et reconnu à sa juste valeur.

Les responsables Jedi discutaient. Il fallait agir avec discrétion et célérité pour démanteler ce Cercle qui rassemblait pêle-mêle des sénateurs, des industriels et des militaires. La présence de Seigneurs Sith compliquait le problème. Leur puissance était un facteur de risque non négligeable même si on pouvait raisonnablement supposer qu’ils ne se trouvaient pas à demeure sur Coruscant.

- Il convient donc, reprit l’un des membres du Conseil, de localiser tout d’abord chaque personnalité visée avant de lancer l’opération en simultané. Nous aurons besoin d’agents sûrs encadrés par des Jedi. Or, nos effectifs, sont plutôt réduits ces temps-ci ce qui va nous obliger à jouer serrer. Maître Melvar, où est Onjo Harrak , votre apprenti ?
- Dans l’espace Hutt… je l’ai laissé sur place lorsque vous m’avez contacté. Il est infiltré dans un cartel que nous surveillons et je ne pouvais pas l’exfiltrer sans risque pour sa couverture.
- Quelle est sa position ?
- Il ne risque rien pour le moment. C’est un Padawan très débrouillard qui a de la ressource.
- Vous prendrez donc Isil avec vous pour cette mission. Elle a gagné le droit de la terminer. Il faut que vous localisiez les membres identifiés de ce Cercle sombre. Ensuite, vous ferez votre rapport au Conseil et nous vous enverrons toutes les équipes nécessaires sur le terrain pour frapper au même instant.

Une voix se fit entendre du fond de la salle.

- Pardonnez-moi, Maîtres Jedi… mais… et moi ? Il me semble que j’ai aussi gagné le droit d’aller jusqu’au bout de cette histoire non ?

Les regards se portèrent sur Hiivsha. Satele Shan approuva.

- Vous avez montré que vous pouvez apporter une aide précieuse capitaine Hiivsha Inolmo.
- Je ne suis plus dans l’armée, coupa le contrebandier.
- Un grade gagné en brave sur le champ de bataille reste mérité toute sa vie, même comme un titre honorifique, capitaine. Si Maître Melvar est d’accord, vous pouvez les accompagner.

Adol Bruck regarda alternativement Isil et Hiivsha sans rien dire en pesant le pour et le contre avant d’acquiescer avec un demi sourire.

- Le capitaine Hiivsha est le bienvenu dans cette opération si tel est son souhait.
Le contrebandier le remercia d’un signe de tête.
*
* *

La nuit était tombée sur la colline qui surplombait le Temple. Ils étaient tous rassemblés, les membres du Conseil, les Maîtres et leurs Padawan, les novices, les Chevaliers présents sur Tython, devant le bûcher funéraire qui se dressait dans l'obscurité. Au premier rang se trouvaient Isil, Satele Shan et Maître Melvar. Les deux anciens Padawan de Maître Beno Mahr, tenaient chacun une longue torche qui crépitait. Les longs cheveux blonds de la jeune fille qui voletaient dans le léger vent tiède offraient un contraste éclatant avec l’opulente crinière noire du Jedi qui retombait sur ses larges épaules.

- Nous sommes rassemblés pour honorer de notre présence le passage de Maître Beno Mahr de notre monde dans la Force. Notre recueillement témoignera de ce qu’il fut pour nous : un grand Jedi et un ami qui nous manquera. Mais nous continuons à regarder vers l'avenir, sans nous complaire à la tristesse. Il n'y a pas de mort, il y a la Force.

Les paroles de Satele Shan s'envolèrent dans l'air de la nuit, accompagnées par le bruit de la cascade toute proche qui tombait entre les rochers dans le petit lac qui traversait les jardins du Temple.

- Je lui dois tout ce que je sais sur la Force, dit Isil doucement. Maître Satele, il m'a parlé au fond de ma prison et j'ai vu son visage... pensez-vous que c'était mon imagination ?

Maître Shan posa une main sur l'épaule de la Padawan.

- Il disait que ta sensibilité dans la Force était étonnamment grande. Peut-être t'a-t-il réellement aidé... nous ne connaissons pas tout de la Force et il y a une multitude de chemins à explorer à l'intérieur d'Elle. Qui sait lequel a emprunté Maître Beno.
- Il me manque... n'ai-je pas le droit de le pleurer ?
- La peine que tu ressens est légitime Isil et elle honore notre Maître. Tu n'es pas dépourvue d'émotions sans quoi tu serais un être froid et sans vie, intervint Adol Bruck. Mais un Jedi tu dois rester et cela implique que tu dois mettre cette peine de côté, comme nous saurons tous le faire.
- Allez, maintenant, il est temps, leur dit Satele Shan.

Et pendant que la foule murmurait les paroles du Code Jedi, Isil et Adol Bruck gravirent les quelques marches qui accédaient à l'autel funéraire sur lequel le corps de Beno Mahr qui avait été rapatrié depuis Coruscant reposait. Quelques secondes plus tard, les premières flammes crépitaient dans la nuit, illuminant de leur éclat tremblant tous les participants rassemblés. Personne ne vit la petite larme qui glissa le long de la joue veloutée de la jeune fille pour se perdre dans le feu naissant avant qu'elle ne redescende du bûcher. Ce fut la seule qu'elle versa. Une seule larme pour toutes ces années durant lesquelles Beno Mahr avait joué le rôle de Maître, de père, de mentor, d'ami et de confident pour cette fillette trouvée dans le manoir en flamme de ses parents assassinés. Mais tout ce qu'un Jedi ne doit pas montrer, ne doit pas exprimer, tous les sentiments desquels il se méfie pour ne pas exposer sa faiblesse d'être humain à ce qu'il appelle le Côté Obscur de la Force, s'y trouvaient condensé et elle étincela un instant comme une étoile au firmament avant de disparaître dans le brasier.

Isil reprit sa place aux côtés de Maître Melvar tandis que le feu remplissait son office. Hiivsha, un peu à l'écart, regardait avec curiosité cette foule de Jedi et d’apprentis Jedi. Tous ces êtres savaient manipuler ce qu'ils appelaient la Force, cette sorte de divinité créatrice qui remplissait et modelait l'univers. Il y avait là une puissance incommensurable. Et pourtant, il ne parvenait pas à les comprendre. Leur enseignement rejetait ce qui faisait d'eux des êtres humains imparfaits. Comment pouvait-on enseigner à ne pas tenir compte de ses émotions ? Comment pouvait-on même essayer de vivre sans, alors que c'était elles qui façonnaient l'humanité ? Tant de contradictions apparentes semblaient s'entrechoquer dans cet Ordre qui ne laissait pas indifférent au point qu'on ne pouvait que l'apprécier ou bien le haïr ! Ces gens, à la limite de l'extraordinaire, lui paraissaient en fait tellement vulnérables ! Ils se montraient en effet incapables de composer avec leurs émotions, à tel point qu’ils s’obligeaient, parfois vainement, à les rejeter. C’était pour Hiivsha, une sorte crainte ou de manque de confiance dans leurs capacités humaines. Le contrebandier se demandait d'où leur venait cette peur d'eux-mêmes.

Dans la lueur dansante du feu qui dévorait la dépouille du Maître de Isil, il contemplait celle-ci et s'abreuvait de chacune des lignes si parfaites de son visage et de son corps. Comment pourrait-il envisager de sortir de son existence ? Mais comment pourrait-il ne pas le lui permettre si tel devait être son destin et s'il l'aimait ? Ce choix cornélien lui faisait mal au plus profond de son être. Quels sentiments réels cet ange blond avait-il pour lui ? La cruauté de la situation lui apparaissait en pleine lumière tandis que montait dans le ciel obscur la fumée funéraire du Maître Jedi. Tandis qu'il s'efforçait de voir clair en lui, Isil tourna la tête et son regard rencontra le sien. Ils restèrent ainsi un long moment à échanger des phrases muettes par delà l'espace. Les yeux bleus de la jeune fille brillaient de mille diamants. Finalement, Hiivsha baissa les yeux, ne sachant plus quoi faire. Du coin de l'oeil, Satele Shan les observait.
*
* *

La cérémonie avait pris fin. Les Jedi et leurs apprentis étaient repartis vers leurs chambres. Les Membres du Conseil avaient regagné le Temple. Seuls, quelques gardes demeuraient autour de l'autel funéraire qui achevait de se consumer. Demain, les cendres de Maître Beno Mahr seraient dispersées dans la rivière en amont de la chute qui alimentait le lac. La rivière symbolisait le cours de la vie, la chute celle de la fin et le lac, l'éternité. Cette dernière cérémonie était réservée aux proches de celui qui avait rejoint la Force. Ce serait ses deux anciens Padawan qui accompliraient ce geste.

Par la fenêtre de la chambre de la Padawan grande ouverte, on pouvait entendre le chant des insectes nocturnes qui emplissait mélodieusement l'air de la nuit. Il passa ses bras autour de sa taille.

- Comment tu te sens, petite Padawan ? dit à voix basse le contrebandier en caressant la joue d'Isil.
- Extérieurement, le bacta a rempli son office et avec l’aide de la Force, mes blessures seront vite oubliées.
- Ce n’est pas exactement ce que je voulais dire.
- Tu veux dire, au fond de moi ?
- Oui.

Isil prit le temps de la réflexion avant de répondre d’un ton détaché qui interpela le contrebandier.

- Je guérirai aussi, ne t’en fais pas.

Hiivsha se troubla devant l’apparente facilité avec laquelle la Padawan semblait surmonter sa récente épreuve et un instant, il se demanda si l’enseignement de l’Ordre ne déshumanisait pas trop ces enfants qu’on lui confiait pour la vie, avec plus ou moins de consentement.

- Écoute... si je peux t'aider... si tu veux parler...

Elle leva vers lui ses grands yeux bleus.

- Parler ? De quoi ?
- De... de ce que tu as vécu dans cette... prison... de ce qu'on... t'a fait...

Les yeux bleus se baissèrent. Elle murmura.

- Un Jedi ne doit pas vivre dans le passé mais tourné vers l'avenir. Il vit dans la Force.

Hiivsha maîtrisa mal un geste d'humeur.

- Tu parles comme un automate... comme un livre... comme quel-qu'un endoctriné ! Tu es un être humain comme tous ceux de la Galaxie, tu es une femme !

Il la sentit frissonner entre ses bras quand elle répondit d'une voix lasse.

- C'est justement parce que je suis une femme que je ne veux plus penser à ce que j'ai subi là-bas... Il y a des choses qu'un homme ne peut pas subir mais qu'une femme peut...

A son tour il frissonna et tandis qu'il cherchait ses mots elle ajouta.

- Je ne veux plus jamais en parler.

Il la serra plus fort dans ses bras puis lui pris les joues entre ses mains pour l'embrasser tendrement avant de chuchoter.

- Comme tu voudras ma chérie... si tu ne veux pas en parler, je n'en parlerai plus. Je t'aime.

La jeune fille secoua doucement sa tête.

- Tu ne dois pas. Je ne peux pas t'aimer... je ne dois pas.
- Je sais, répondit-il, Maître Melvar m'a longuement expliqué tout ça... le Code... la mission... l'obéissance... les sentiments... le côté obscur... Mais je ne te demande pas d'avoir peur pour moi. Je suis largement capable de me défendre et je n'ai pas besoin que quelqu'un tremble pour moi. Je saurai accepter mon destin quel qu'il soit et tu devras accepter le tien. Mais en même temps, tu dois accepter le mien comme je dois accepter le tien. Ainsi, nous ferons avec notre amour même si tu ne dois jamais l'avouer. En revanche, tu ne pourras pas m'empêcher de t'aimer, même secrètement.
- Mais je ne peux...
- Pourquoi devrais-tu t'empêcher d'avoir un si noble sentiment que l'amour ? Ne t'enseigne-t-on pas la compassion, l'amour de l'humanité ? Après tout, ce que demande ton Code c'est de ne pas laisser tes sentiments gérer ce que tu es ! Je ne t'en demande pas plus. Je ne demande pas que ton amour prenne le pas sur ton devenir de Jedi et je n'interfèrerai pas dans ta vie de Jedi. Je peux très bien te rester fidèle à distance !

Désemparée, Isil pensa que Maître Mahr ne l'avait pas préparée à cela. Pouvait-elle avoir la force d'aimer quelqu'un et de ne pas en faire cas dans son existence, dans ses choix, dans sa relation avec la Force qu'elle sentait tout autour d'elle ? Curieusement, elle se sentait apaisée comme si l'air qu'elle respirait devenait plus léger. Une certitude se faisait jour en elle, celle que les choses de bien ne pouvaient l'entraîner vers le mal.

- Je pourrais peut-être t'aimer sans que cela affecte ma raison… je ne sais pas… je dois combattre et rejeter ce sentiment et ne peux te donner que mon corps dans ce présent qui nous unit. Toi tu peux m'aimer. Moi pas... Il faudra que tu fasses avec. Tu ne devras pas m'en demander plus. Seul l'avenir nous dictera d'autres choix si notre destin nous l'impose. Pour l'instant, je veux devenir Chevalier Jedi et donc je laisserai mes émotions de côté... et mes sentiments.

Hiivsha se demanda ce qui avait prit au destin de le faire tomber amoureux d'un Jedi. La vie pensa-t-il était vraiment bien compliquée dans les choses les plus simples !



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Modifié en dernier par Hiivsha le Lun 10 Juin 2013 - 16:16, modifié 6 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 03 Juil 2011 - 13:11   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Voilà, c'est lu avec un certain enthousiasme ; il y a du sport au début lorsque les personnages libèrent le centre de reconversion, tu résistes à la tentation d'en faire trop, c'est bien. Ensuite, tu te recentres sur les problèmes amoureux d'Isil qui devraient connaître un développement intéressant... Que du bon, en fait.
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Messagepar Hiivsha » Lun 04 Juil 2011 - 13:21   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

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DEUXIÈME PARTIE

– Souvenirs perdus –





CHAPITRE 16

– Entretien avec un Conseiller –


Les ordres de Maître Melvar avaient été modifiés juste avant son départ. Il devait au final mettre au courant le Chancelier Suprême Janarus du complot qui se tramait contre lui et ainsi avoir son appui pour une opération de police qui demanderait également l’aval du procureur. Le but était toujours d’arrêter les membres du complot, identifiés à l’aide du datapad volé par Isil au capitaine Sazkaer. Les arrestations devaient avoir lieu dès lors qu’elles pourraient s’accomplir discrètement, sans risque de donner l’alerte aux autres membres de ce Cercle Sombre. Dans le cas contraire, une action de plus grande envergure, en simultané sur plusieurs points, serait envisagée.

Il faut dire que, depuis le départ des Jedi pour Tython - départ qui avait suivi le traité de Coruscant et le désaveu d’une partie de la population et de la classe politique pour l’Ordre, rendu responsable de ce qui pouvait apparaître comme une défaite militaire - les Jedi se comptaient. Pour la plupart dispersés à travers la Galaxie dans les foyers d’interminables troubles qui semblaient ne jamais devoir prendre fin, les quelques Jedi regroupés sur la planète Tython étaient occupés à former une nouvelle génération de Chevaliers et consacraient une grande partie de leur temps à rechercher des enfants sensibles à la Force pour les former.

Adol Bruck avait décidé de faire un détour par Balmorra pour qu’Isil récupère le vaisseau de son ancien Maître ainsi que le droïde P2-A2 qu’une vieille et riche amie avait confié au Jedi avant de mourir, il y avait bien longtemps de ça. Ils étaient ensuite convenus de se retrouver sur Coruscant deux jours plus tard.

Le droïde astromech salua son retour avec ses éternelles modulations de bips stridents.

- Oui, moi aussi je suis heureuse de te revoir P2-A2, lui confia Isil en montant dans le vaisseau, suivie par Hiivsha.

Le droïde émit de nouveaux sons dans lesquels il était facile de discerner de la curiosité.

- Qui c’est ? Un ami. Un très bon ami, se reprit Isil en souriant et en adressant un clin d’œil au contrebandier. Il s’appelle Hiivsha.

P2-A2 tourna le dôme qui lui servait de tête vers le nouveau venu qui lui en tapota le sommet en disant.

- Salut toi !

Le chef astromécanicien de l’atelier qui avait pris en charge le vaisseau de Beno Mahr, avait affirmé que tout était parfaitement en fonction et Babur Hatar avait lui-même supervisé les réparations en bon balmorien méfiant qu’il était. De fait le voyage vers Coruscant se passa sans problème. La Padawan semblait sereine et la présence de Hiivsha à ses côtés ne semblait nullement la perturber. Quand au contrebandier, il n’en demandait pas plus. Être près d’elle lui suffisait amplement. C’était comme un accomplissement qui donnait à sa vie un parfum de complétude. Chacun des gestes de la jeune fille étaient pour lui une grâce qui embellissait l’espace dans lequel elle se mouvait. Chacune de ses respirations était un air pur qui dégageait un parfum subtil, vivace et régénérateur. Chacune des paroles qui s’envolaient de ses lèvres pulpeuses était une douce mélodie ensorceleuse comme un chant de sirène entraînant les marins au fond de l’océan. Quant à ses sourires, chacun d’eux lui réchauffait le cœur avec la puissance d’une supernova illuminant l’espace sombre et froid. Bref, il était tout simplement heureux d’être à ses côtés.

Que pensait la jeune fille à l’inverse ? Il n’en savait rien. Elle était le plus souvent impénétrable, sans froideur ni distance. Toujours gentille et douce, calme et réfléchie. La proximité qu’elle dégageait semblait naturelle, sans passion, sans élan, mesurée à l’aune de celle qu’on manifeste pour un ami, un frère, un Maître, mais non point celle qu’on exalte pour un amant. Cependant, Hiivsha l’avait d’ores et déjà accepté sans réserve. Il s’était d’ailleurs juré que, si sa présence devait un jour devenir dangereuse pour la jeune fille, s’il devait par son amour la perturber, déséquilibrer son rapport à la Force et son engagement dans l’Ordre Jedi, il s’éloignerait d’elle, dusse-t-il en souffrir éternellement.

Pourtant, secrètement, il espérait que le destin leur permettrait à l’avenir de vivre leur passion normalement. Comment ? Il n’en avait aucune idée mais cette pensée ne le quittait pas. Un jour, peut-être ?

- Nous arrivons en vue de Coruscant, Isil ! annonça-t-il pour la tirer de sa méditation profonde dans laquelle elle était plongée.

Elle se releva et gagna le fauteuil du copilote.

- Nous devons retrouver Maître Melvar demain matin au Sénat.

Une demi-heure plus tard ils se posaient sur le spatioport de la ville planète. Hiivsha souriait. La nuit était à eux.
*
* *

Leurs pas résonnaient dans l’immense hall du Sénat à travers lequel sénateurs et visiteurs déambulaient en conversant parfois de façon animée, de temps en temps à voix basse, comme des comploteurs. Isil portait sa tunique et sa bure de Jedi. Elle jouait distraitement avec la tresse qu’elle s’était refaite grâce à ses longs cheveux, pour remplacer celle que le professeur Xandor lui avait coupée à son arrivée sur Korba, acte qu’elle avait ressenti très durement et qui représentait le viol de son état de Padawan. Ce n’était malheureusement que le début de tout ce qu’elle avait enduré durant cette semaine d’enfer. Parfois, elle se demandait ce qu’il serait advenu d’elle si cet enfer s’était prolongé et comment elle aurait géré son passage dans l’arène, face à des enfants. Cette question la torturait, bien qu’elle essayât de refouler de son mieux ces douloureux souvenirs ainsi que son Maître le lui avait enseigné.

Un droïde protocolaire s’avança vers eux en gigotant.

- Vous êtes la Jedi Isil Kal-Andil et messire Hiivsha Inolmo ? s’enquit-il pompeusement.
- Je ne suis que Padawan, répondit-elle, mais oui, c’est bien nous.
- Alors, veuillez me suivre, je suis chargé de vous amener auprès du Conseiller à la Sécurité Jaster Darillian.

Isil fit un geste d’acceptation et tout deux se mirent à suivre le droïde vers les ascenseurs.

Ils traversèrent un grand salon dont le sol était recouvert d’une épaisse moquette feutrée, puis un long couloir orné d’œuvres d’art mises en valeur par l’encadrement de riches tentures colorées. Hiivsha ne put s’empêcher de penser que l’argent dépensé dans la décoration somptueuse qui s’étalait ostensiblement devant leurs yeux aurait été mieux employé pour soulager la misère qui régnait dans les bas quartiers de la ville. Ils arrivèrent enfin dans le bureau du Conseiller et le droïde protocolaire fit les présentations d’usage avant de se retirer. Maître Melvar était déjà présent. Isil s’inclina respectueusement tandis que le contrebandier donnait un signe de tête poli avant de serrer les mains qui lui étaient offertes.

Le Conseiller à la Sécurité Jaster Darillian était un homme grand, à la silhouette épaisse, âgé. Il portait beau de longs cheveux blancs et une barbe immaculée taillée en pointe. Mais ses yeux noirs, perçant comme ceux d’un oiseau de proie, dénonçaient un dynamisme et une puissance hors du commun. Il était vêtu d’une toge noire qui le faisait ressembler à quelque immense corbeau. C’était un homme puissant, redoutable, sans doute l’un des ministres les plus proches du Chancelier Janarus. On disait de lui qu’il tenait dans ses mains toutes les forces de l’ordre de la Galaxie, excepté l’Ordre Jedi.

- J’espère que nous ne sommes pas en retard ? dit Hiivsha en les regardant tous les deux.
- Non, répondit le Conseiller, Maître Melvar était en avance… j’en ai profité pour lui dire combien le Chancelier Suprême était affecté par la trahison de son ami Kaldor en qui il avait placé toute sa confiance. Le Chancelier m’a par ailleurs chargé de régler cette sinistre affaire avec vous et regrette de ne pouvoir vous recevoir pour le moment car il est souffrant.
- Rien de grave, j’espère ? s’enquit le contrebandier qui pensa que le Chancelier pouvait fort bien souffrir d’une sorte de maladie diplomatique qui lui évitait de recevoir un Maître Jedi.
- Non, ne vous inquiétez pas capitaine Inolmo. Mais en attendant, nous devons nous occuper de ce… complot que le regretté Maître Mahr a découvert. Soyez, assuré de ma sympathie pour vous qui étiez sa Padawan, Isil, ajouta-t-il en s’inclinant devant la jeune fille la main sur le cœur..
- Merci Conseiller. Maître Mahr a rejoint la Force. C’est le but ultime de tout Jedi et c’est ce qui nous attend tous… un jour.
- Je sens dans vos paroles toute la sagesse de l’enseignement de l’Ordre. C’est bien. Asseyez-vous tous et dites-moi ce que vous comptez faire à présent ?
- Vous avez pris connaissance de la liste des conjurés, Conseiller, commença Maître Melvar. Nous avons ordre de les localiser et de les mettre en état d’arrestation… à moins que vous ne soyez d’un avis contraire ?

Le Conseiller à la Sécurité balaya l’air d’un revers de la main.

- Non, non… cependant… il y a parmi eux des gens fort influents et de riches industriels puissants qui travaillent avec la République. Ce n’est pas si simple que cela Maître Melvar. Certains se sont sans doute laissés entraînés dans cette… aventure… par dépit.
- Par dépit ? s’exclama Hiivsha.
- Oui, voyez-vous, le traité de Coruscant n’a pas fait que des heureux. Par ailleurs, la guerre nourrit l’industrie de l’armement…
- Au détriment de la population qui doit faire des sacrifices, ne put s’empêcher d’objecter Isil avant que Maître Melvar ne la remette à sa place d’un regard impérieux.
- C’est un fait jeune fille. La guerre coûte cher et l’argent qu’elle engloutit serait mieux dépensé pour le bien-être collectif.

Hiivsha se mordit la langue pour ne pas faire de remarque désobligeante sur la décoration du palais sénatorial. Le Conseiller Darillian continua.

- Mais en revanche, l’industrie fait également vivre nos concitoyens. Les chantiers navals et les usines d’armement emploient des millions de personnes. C’est quelque part un cercle vicieux, le serpent qui se mord la queue. Et la guerre rapporte de l’argent aux actionnaires de toutes ces industries… C’est pourquoi certains industriels ont intérêt à ce que le conflit reprenne. De plus, quelques hommes politiques préféreraient quant à eux une victoire franche de la République à l’état ambigu dans lequel le traité nous a plongé et qui n’empêche pas l’empire Sith de continuer sournoisement son expansion. Ainsi, maintenir cette fragile paix relève d’un exercice d’équilibriste bien délicat. Il me parait donc plus judicieux de couper juste la tête du poulet plutôt que de procéder à des arrestations en nombre qui pourraient poser plus de problèmes à notre République qu’apporter de solutions.
- J’ai du mal à vous suivre, Conseiller… si vous me permettez… Ces gens-là ont tout de même projeté d’éliminer le chef de la République, intervint Adol Bruck.
- J’en suis conscient Maître Melvar. Toutefois, il y a parfois plus à gagner dans un acte de mansuétude que dans une répression forcenée. Arrêtez les chefs de ce complot et je manderais le procureur pour qu’il fasse un exemple avec ce capitaine Sazkaer… Quant au sénateur Kaldor… c’est un homme puissant qui a des amis… d’ailleurs, le Chancelier le croyait également son ami, ce qu’il était pour lui jusqu’à ce que vous veniez nous apporter la preuve de sa forfaiture. Il connaît beaucoup de choses… trop de choses…

Il hésitait à continuer. Son regard noir était devenu glacial et les traits de son visage s’étaient durcis. Les coins de sa bouche s’affaissèrent en un rictus sinistre sous le poids des rides qui le firent soudainement paraître encore plus âgé qu’il ne l’était.

- Évidemment, le mieux serait qu’il se fasse tuer lors de son arrestation, laissa-t-il tomber dans le silence en se rejetant au fond de son fauteuil.

Isil sentit le Maître Jedi se crisper quand il répondit.

- Tué ? Vous voulez dire, assassiné ?

Le Conseiller eut un geste d’agacement.

- Quel vilain mot Maître Jedi ! Je dis que le sénateur Kaldor fera plus de mal vivant que mort. Sa… disparition donnera à réfléchir à ses amis et il nous sera d’autant plus aisé de les convaincre d’abandonner le chemin dans lequel ils se sont fourvoyés s’il n’est plus là.
- Il est hors de question que je me fasse le complice d’un meurtre, même sur la personne d’un criminel !
- La peine pour la haute trahison est la mort, dois-je vous le rappeler ?
- C’est au juge d’en décider, Conseiller, tout homme a droit à une justice équitable, objecta tranquillement Adol Bruck. Est-ce la position du Chancelier Janarus ?

Le Conseiller tapota nerveusement le bord de son bureau.

- Il est hors de question d’offrir une tribune à Kaldor ! lança-t-il d’un ton tranchant. C’est un redoutable orateur qui mettra à mal la République et le Traité que nous avons signé voilà presque dix ans, si nous le poussons dans ses derniers retranchements. S’il a agit dans l’ombre jusqu’à présent, c’est simplement parce qu’il jugeait cela plus efficace, mais si demain il doit se battre au grand jour, rien de bon n’en sortira, croyez-moi.

Sans se départir de son calme, Obi Melvar se pencha légèrement vers lui pour répondre doucement.

- Et vous Conseiller, avec tout le respect que je vous dois, comprenez que les principes de l’Ordre interdisent ce genre d’acte.

Jaster Darillian se leva et grinça en contenant une colère sourde.

- L’Ordre… l’Ordre et ses principes… Moi je dois être réaliste, je ne peux pas me payer le luxe d’avoir des principes. Nous avons besoin que Kaldor soit retiré de la circulation. Trouvez-lui donc un lieu de détention à votre convenance mais évitez-nous un procès public dans lequel il pourra prêcher ses dangereuses convictions…
- Et peut-être faire quelques révélations embarrassantes ? acheva le Jedi avec une pointe d’ironie. Je suis désolé, Conseiller, je suis mandaté pour l’arrêter, pas pour le juger. Je le remettrai entre les mains du procureur.

Jaster Darillian fit quelques pas dans la pièce avant de revenir vers eux. Son visage s’était détendu et il paraissait plus calme.

- Soit ! fit-il. Je vais, avec le Chancelier, contacter le Conseil Jedi et Maître Shan pour en discuter avec elle. Je pense qu’on peut trouver une solution médiane consistant à placer le sénateur Kaldor sous la surveillance des Jedi le temps que cette histoire soit réglée. Sans leur chef, nous pensons pouvoir ramener la plupart de ces comploteurs à de meilleurs sentiments. Quand ils verront que leur plan est éventé, ils abandonneront leur folle entreprise. Alors, Kaldor ne sera plus un problème.
- Je n’y vois pas d’inconvénient, approuva Adol Bruck en se levant. J’attendrai donc la décision du Conseil avant d’intervenir. Dois-je ajouter que s’il ne faut appréhender que le capitaine Sazkaer et le sénateur Kaldor, notre tâche n’en sera que plus simple ?
- Vous m’en voyez ravi Maître Melvar, conclut le Conseiller en lui serrant la main avant qu’il ne prenne congé.

Alors que ses trois visiteurs s’en allaient, il héla Isil.

- Jeune fille ?

Elle se retourna.

- Conseiller ?
- Peux-tu m’accorder quelques minutes par faveur, je te prie… J’ai bien connu Maître Mahr et cela me ferait plaisir d’en discuter un peu avec toi.

Isil hésita et consulta Maître Melvar et Hiivsha du regard avant de revenir sur ses pas tandis que ses amis sortaient du bureau.

- Assieds-toi donc Isil, invita Jaster Darillian chaleureusement. Veux-tu boire quelque chose ?
- Merci non, Conseiller, refusa la jeune fille en faisant un petit geste de la main. Ainsi, mon Maître ne vous était pas inconnu ?
- C’était un très bon ami. Quelle chance tu as eue de l’avoir comme enseignant ! Je suppose qu’il représentait beaucoup pour toi ?
- Oui en effet. Je ne l’ai pratiquement jamais quitté depuis qu’il a fait de moi son apprentie.
- Tu avais douze ans alors ? Un peu vieille pour cela non ? Tu n’avais reçu aucun enseignement de novice.
- Vous avez raison. Cependant, je ne sais pas pourquoi, Maître Beno a tenu à me prendre comme Padawan et il a tenu tête au Conseil pour y arriver.
- Il savait être très têtu… et persuasif en effet. Que te rappelles-tu de cette époque… celle qui a précédé ton apprentissage auprès de Maître Mahr ?
- Je… pas grand-chose, répondit Isil en hésitant, je… j’ai conservé bien peu de chose de mon enfance…
- Sais-tu pourquoi ?

La jeune fille baissa la tête et regarda ses bottes pensivement.

- Maître Mahr m’a dit que j’avais reçu un choc traumatique et que cela m’avait rendu amnésique.
- Mais il n’a jamais essayé de te soigner ?
- Il ne me parlait pour ainsi dire jamais de mon passé… je pense qu’il souhaitait que cela me revienne naturellement…
- Ou que cela ne te revienne pas du tout, formula le Conseiller d’une voix empreinte de gravité. Ma foi, peut-être faudrait-il provoquer en toi un autre choc qui permettrait à ta mémoire de reprendre le dessus ?

Ce disant, il conservait les yeux rivés sur le visage de la Padawan avec un regard impénétrable. La jeune fille commençait à se demander où les amenait cette conversation. Elle se sentait mal à l’aise sans trop bien savoir pourquoi.

- Maître Beno, murmura-t-elle, m’a enseigné qu’un Jedi ne vit pas dans le passé mais se projette sans cesse vers l’avenir. Le passé est chargé d’émotions, parfois de regrets. Seul l’avenir compte.

Les yeux de son interlocuteur brillèrent.

- C’est bien jeune Padawan. Tu raisonnes comme un Chevalier – il insista sur le mot – Jedi ! Pourquoi ne l’es-tu pas encore ?
- Je ne sais pas Conseiller. Sans doute que les Maîtres pensent que je ne suis pas encore prête.
- Et Maître Mahr, qu’en pensait-il ?
- Il… il m’a dit que j’étais prête, que cette mission serait mon épreuve finale… mais j’ai échoué.

Elle baissa la tête, les épaules basses.

- Tu n’as pas échoué, protesta le Conseiller, puisque tu as réussi à préserver ces preuves jusqu’à nous.
- Oui mais, c’est Maître Melvar et Hiivsha qui les ont apportées, moi j’ai été…

Jaster Darillian se leva lentement de son fauteuil et fit le tour du bureau pour s’approcher de la Padawan. Doucement il posa une main sur son épaule, geste qui la fit se redresser.

- Maître Melvar m’a rapporté ta douloureuse mésaventure. J’imagine ce que tu as pu subir entre les mains des Sith. Le courage dont tu as fait preuve n’en est que plus grand et le mérite de la réussite de cette mission te reste acquis, ma jeune amie. Sais-tu, Isil, que je te connais depuis bien longtemps ?

Elle frissonna. Il avait enchaîné les idées d’un ton naturel.

- Comment cela ? demanda-t-elle.
- Je t’ai connue quand tu n’avais que quelques mois… sur Corellia.

La jeune fille sursauta.

- Sur Corellia ? Vous connaissiez mes parents ?

Il lui lâcha l’épaule et fit silencieusement quelques pas à travers la pièce vers les immenses fenêtres qui surplombaient la capitale. Le regard perdu au loin, il continua comme s’il se parlait à lui-même.

- Ton père était également un ami… c’est d’ailleurs par lui que j’ai fais la connaissance du Chevalier Jedi qu’était Beno Mahr…

Isil resta un instant bouche bée.

- Vous étiez un ami de mon père ? finit-elle par articuler non sans mal.
- Oui, jeune fille, et de ta mère… tu te souviens de ta mère ?

Le sens de la conversation échappait toujours à la jeune fille qui subissait malgré elle un fort ascendant de la part de cet homme puissant et redouté qui dégageait un réel magnétisme. Elle ferma les yeux un instant, désemparée, tentant de reprendre le dessus comme il se devait pour un Jedi. Son Maître n’aurait pas manqué de la tancer pour sa faiblesse s’il avait été là ! Elle se racla la gorge, histoire de reprendre un peu de contenance et chercha au plus profond d’elle les ressources pour puiser dans la Force de quoi retrouver son équilibre afin de chasser les émotions qui s’emparaient d’elle.

- Non, fit-elle d’une voix plus calme. Non, je n’en ai pas de souvenir vous ai-je dit.

Il se retourna comme surpris du changement de ton, puis il esquissa un léger sourire paternel pour reprendre d’une voix douce.

- Quel regret cela doit-il être de ne pas se souvenir du visage de celle qui t’a mise au monde, qui t’a allaitée, balancée dans ton berceau, qui t’a chérie, aimée. Ta mère avait une grande beauté. Mon enfant, laisse-moi t’aider à retrouver ton passé.

Il était revenu près d’elle en s’emparant au passage d’une chaise qu’il posa tout près, en face d’elle et sur laquelle il s’assit. Posant ses mains sur les genoux de la jeune fille, il continua d’une voix pleine de charme.

- Elle s’appelait Jaina… ce prénom évoque-t-il quelque chose en toi ?

Elle secoua la tête avec un air contrarié.

- Non Conseiller, non, cela ne me dit rien… Jaina vous dites ? C’est possible… De toute façon, je n’ai pas d’autres choix que de vous croire. Franchement, je ne vois pas pourquoi…
- Pourquoi je te parle de tes parents ? Parce que c’est l’essence même de ta vie. Personne ne peut souhaiter ne plus se souvenir de ses parents. Tu es le fruit de leur amour et même si je comprends que l’enseignement Jedi apprend à ne pas ressasser le passé pour éviter les regrets qui engendrent des émotions néfastes, le passé fait partie de toi. Parfois pour comprendre ses actes, pour assumer ses choix, il faut savoir se référer à ce qu’on a été, à ce qu’on a fait. On n’en est que plus clairvoyant pour l’avenir. Je sais que ton Maître voulait un jour ou l’autre te parler de ce que tu avais été… il me l’a confié un jour que nous parlions de toi. Mais il n’en a pas eu le temps. C’est donc à moi qu’il revient de le faire.

Sa voix s’était adoucie comme si le souvenir de Maître Mahr agissait en lui comme un apaisement. Il continua, d’un ton grave.

- Je peux te faire retrouver ta mémoire perdue, Isil, j’en ai les moyens…
- Comment ? interrogea-t-elle.
- En faisant renaître en toi l’étincelle qui fera jaillir la lumière dans l’obscurité de l’oubli. Mais pour cela, il faudra que nous travaillions ensemble, longuement…
- Cela ne sera pas possible, Conseiller, je suis aux ordres du Conseil !
- Conseil qui ne t’a pas nommé Chevalier comme ton Maître l’aurait souhaité, susurra Darillian les yeux mi-clos en l’épiant du coin de l’œil.
- Les Maîtres ont leurs raisons, je dois leur faire confiance et leur prouver que je peux devenir une vraie Jedi.
- Tu veux embrasser la carrière de Consulaire, c’est cela, si je me souviens bien ?
- Oui, en effet. Je veux me consacrer à la diplomatie et à la médiation.
- Dans ce cas, je peux t’aider. Le Chancelier ne peut rien me refuser. Il peut te nommer agent de liaison permanent avec l’Ordre, attaché à mes services. Tu t’occuperas des médiations liées à la sécurité.
- Mais je ne suis qu’une Padawan, souligna Isil qui avait l’impression de perdre pied dans un jeu qu’elle ne comprenait pas.
- C’est pourquoi je suis prêt à parier que le Conseil se résoudra à te donner le rang de Chevalier… au besoin le Chancelier Suprême insistera pour cela.

Elle écarquilla de grands yeux interrogateurs qu’elle leva vers l’homme en noir qui la fixait si intensément.

- Je… je ne sais pas si…

Le Conseiller coupa court aux protestations de la jeune fille en lui posant un doigt sur les lèvres.

- Écoute Isil, Maître Beno m’a affirmé à moi aussi, que tu étais prête à voler de tes propres ailes ! Je pense que le Conseil n’a pas oublié comment Mahr les a obligé à t’accepter comme apprentie. Ils ne voulaient pas de toi. A douze ans, tu étais trop âgée pour être formée et ils ont toujours refusé de considérer les dons exceptionnels que tu as dans la Force, cette symbiose si particulière que ton Maître sentait en toi. Mais ton handicap… le néant de ton amnésie, te rend fragile. C’est toute une partie de toi qui est plongée dans l’obscurité. Une fois ce vide comblé, tu seras plus forte. Tu deviendras un grand Chevalier Jedi Consulaire, je le sens.

Il effleura du bout des doigts l’arrondi d’une joue en souriant.

- Mais pour cela, tu dois me faire confiance mon enfant. Laisse-moi m’occuper de toi comme je l’ai promis à Beno Mahr au cas où il lui arriverait malheur.
- Vous lui aviez promis de… balbutia Isil un peu perdue dans l’ascendant que le Conseiller avait pris sur elle en évoquant son ancien maître.
- Oui Isil.

S’il y a une chose qu’un homme politique apprend très tôt dans sa carrière, c’est mentir avec l’accent de la vérité. Jaster Darillian était passé maître dans cette discipline qu’il avait cultivée avec art. Cette faculté lui avait été d’un grand secours pour grimper les échelons d’une société très particulière qui comptait parmi elle, les personnalités les plus corrompues de la République. Le mensonge étant la seconde nature d’un tel homme, Isil, qui s’enfonçait de plus en plus dans un abîme d’incompréhension, ne pouvait le déceler si toutefois c’en était un. Malgré son enseignement, sa jeunesse ne faisait pas le poids face à l’âge de son interlocuteur et à l’expérience qui s’en dégageait.

- Mais pour cela, il faut que toi aussi tu m’aides mon enfant, souffla-t-il à l’oreille de la Padawan en se levant.

Une étrange lueur chargée d’ambiguïté avait éclairé l’espace d’une seconde ses prunelles obscures. Lueur, chassée aussitôt par un sourire qu’il essaya de rendre le plus naturel possible.

- J’ai besoin que tu prouves ta loyauté à la République si tu veux pouvoir la servir.

Isil le suivit du regard tandis qu’il s’éloignait de nouveau vers les baies vitrées du bureau.

- Qu’attendez-vous de moi ?
- Que tu mettes fin à la carrière du Sénateur Kaldor… l’assassin de ton Maître.

La jeune fille se leva d’un bon comme mue par un ressort et se tourna vers son interlocuteur qui lui tournait le dos.

- Quoi ? s’étonna-t-elle. Vous me demandez de tuer délibérément un sénateur ?

Le regard froid du Conseiller se fixa sur l’horizon et un rictus déforma sa bouche. Quand il se retourna, il avait retrouvé un masque d’humilité.

- Pas délibérément, mais je connais très bien l’homme et je sais que Kaldor est un adversaire redoutable. Il se défendra âprement lorsque vous irez l’arrêter. Ce sera de la légitime défense. Je sais qu’on peut estimer que ce n’est pas bien, jeune Isil, et je sais que je te demande quelque chose de difficile. Mais…

Il fit trois pas qui l’amenèrent tout près d’elle puis il la saisit par les épaules.

- … je ne peux pas penser que tu souhaites la perte du Chancelier Suprême et la déstabilisation de la République et de tout ce qu’elle représente. La situation est critique et le scandale que pourrait provoquer Kaldor aurait des répercussions immenses… des conséquences irréparables, crois-moi mon enfant. Il s’agit d’une nécessité d’État absolue !
- Tuer quelqu’un sans défense… sans chercher d’autre chemin… c’est contraire au principe de l’Ordre, se défendit-elle. Maître Melvar vous l’a bien dit à l’instant ! Tuer sans raison mène au côté obscur de la Force et…
- L’Ordre a des principes qu’il proclame, coupa-t-il, mais qui ne sont pas toujours d’une totale vérité. La Force est bien plus complexe qu’on ne veut parfois l’affirmer. Je comprends bien la nécessité de simplifier son approche pour former des novices et les rendre malléables afin de modeler de bons petits Padawan à l’image de ce que leurs Maîtres souhaitent. Mais il faut se rendre à l’évidence : l’Ordre Jedi n’est qu’une organisation qui tente de centraliser l’exclusivité de la Force dans la Galaxie pour se l’approprier. Et tant mieux s’il y parvient après tout. Son efficacité n’en sera que plus grande… quoique ces derniers siècles aient plutôt montré ses limites dans la réussite des missions qu’il s’est lui-même arrogées. Ces protecteurs des mondes connus n’ont pas empêché la République de pratiquement s’effondrer et Coruscant d’être sauvagement attaquée. C’est ainsi que les rapports de la République avec l’Ordre se sont un peu racornis depuis qu’ils sont partis se réfugier sur Tython… si je puis employer un doux euphémisme.

Sa longue tirade exposée, il se tut un instant pour laisser ses idées pénétrer l’esprit de la jeune fille qui l’écoutait sans bouger.

- Quoiqu’il en soit, Kaldor a tué ton Maître Isil, ton Maître et aussi mon ami. Un grand Jedi ! Et personne ne pourrait se faire le bras armé de la justice ? S’il y a une justice inhérente, c’est celle qui châtiera ce misérable. N’oublie pas qu’en matière d’État, nécessité fait Loi, Isil. Je ne te demanderais pas d’accomplir ce geste, si ce n’était pas primordial que quelqu’un le fasse.
- Mais je… commença la jeune fille.
- Non, ne dit rien maintenant mon enfant. Je te demande juste de réfléchir à ma supplication. Considère tout ce que je t’ai dit et tout ce qui est en jeu. Aide la République à sortir de ce mauvais pas en considérant que c’est une guerre que Kaldor veut lui livrer… une guerre qui fera nombre de morts innocents si la Chancellerie est déstabilisée… les loups n’attendent que cela pour en profiter. Aide-moi et en retour, je t’aiderai. Je te guérirai de ton absence de passé.

Tout en lui parlant avec un accent sincère, il la poussa doucement vers la porte du bureau.

- Au revoir Isil… Je sais que tu prendras la bonne décision le moment venu.

La porte se referma derrière elle.

Le Conseiller verrouilla la double porte avant de se hâter d’un pas vif vers une autre porte qui donnait à extrémité oposée du bureau. Il pénétra dans une petite pièce sombre dont il alluma la lumière. Au centre se trouvait un holonet de grande taille. Dans une penderie, il s’empara d’une longue cape noire qu’il revêtit et dont il prit soin de rabattre la capuche pour dissimuler ses traits. Puis, il alluma l’ordinateur qui le pilotait et prononça en détachant les syllabes.

- Demande communication en fréquence chiffrée. Contact deux deux trois un.

Une colonne de lumière bleutée se posa au centre de l’appareil, au-dessus d’un disque gris. Au bout de deux minutes, une silhouette apparut. Elle ressemblait étrangement à l’aspect qu’offrait ainsi vêtu le Conseiller à la Sécurité de la République.

- Seigneur Dal-Karven ? commença ce dernier.

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Modifié en dernier par Hiivsha le Lun 10 Juin 2013 - 16:16, modifié 4 fois.
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Messagepar Johny Boy » Lun 04 Juil 2011 - 20:26   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Je viens de terminer ma lecture de toutes tes aventures jeune Isil :paf:
Y'a une coquille vers le début du chapitre, l'assistant (je crois, alzheimer me guette) dit assez-vous vous, je penses que tu voulais dire asseyez-vous :transpire:

Sinon j'ai beaucoup aimé
Surtout la fin, les quelques dernières phrases :diable: (REjoins nous du côté obscur)
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Messagepar Hiivsha » Lun 04 Juil 2011 - 20:36   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

:lol: "Assez-vous" = "Asseyez-vous" en effet :idea:

Bien observé !!! :jap:

Celui que tu appelles l'assistant, c'est le Conseiller à la Sécurité de Coruscant, genre ministre de l’intérieur du Chancelier Suprême Janarus... quelqu'un d'hyper important dans les parties 2 et 3 du roman ! :cute:

Johny Boy a écrit:Sinon j'ai beaucoup aimé
Surtout la fin, les quelques dernières phrases :diable: (REjoins nous du côté obscur)


Comme tu y vas... il n'est pas si direct, et ce n'est pas exactement ça qu'il propose à Isil, juste de débarrasser la République d'un élément compromettant pouvant mettre en danger le Chancelier Suprême et la stabilité des institutions... une oeuvre charitable en quelque sorte ! :diable: ... si tu préfères, appelons ça "la raison d'état" !

- En somme, vous l'avez vendu ?
- Pas vendu... donné monsieur le Ministre... c'est gratuit la raison d'état !
(Répilques du film "Le Professionnel")
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Messagepar Johny Boy » Lun 04 Juil 2011 - 20:50   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

M'en fait c'est surtout que je comprenais pas la phrase si c'était un assez-vous vous :x
Mais il propose à Isil de débarrasser un système corrompu/instable de quelqu'un qui pourrait nuit à la Republique mais pourrait aussi réussir à la rendre plus forte derrière

M'est avis que c'est pas totalement désintéressé non plus :paf:

Sinon hésites pas à passer sur ma fic non plus hein :paf:
[strike](Non j'me fais pas de pub xD)[/strike]
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Messagepar Dark Sheep » Mar 05 Juil 2011 - 10:50   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Ton histoire est toujours intéressante et sa construction reste cohérente, ce qui est plutôt cool :)

J'ai bien aimé l'évasion d'Isil, et l'incertitude dans laquelle tu nous avais laissés :

Fin d'un chapitre :
Isil a écrit:Huit mains puissantes la plaquèrent à même le sol, bras en croix, tandis qu’une douzaine de soldats la maintenaient en joue. Chalco défit la grosse boucle métallique de la ceinture de son uniforme.


Puis, fin du suspens dans le début d'un chapitre suivant :
Isil a écrit:Le capitaine Chalco leva la lourde ceinture pour la cinquième ou sixième fois. L’écume de la rage au coin de ses lèvres, il ne comptait plus les coups qu’il administrait à sa victime.


-> Je pense que la fin de chapitre était faite pour faire douter le lecteur quant à la justification du "j'enlève ma ceinture" :sournois:
C'était bien fait :wink:

Pour ce qui suivait, le bûcher funéraire était l'occasion d'une séquence émotion :) et Hiivsha semble s'être décidé à accepter de se placer après l'enseignement de l'Ordre pour Isil... bien qu'il ne veuille pas pour autant mettre un terme à leur relation :whistle:
La question qu'on peut se poser est de savoir si le conseiller que tu introduis dans le chapitre suivant ne va pas aussi faire miroiter à Isil la possibilité de liberté qui s'offrirait à elle en amour si elle se détachait un peu de l'Ordre...
Transition vers ce chapitre axé sur les souvenirs d'Isil. Le conseiller m'était fort antipathique dès son apparition, il fait figure de Palpatine avec ses complots politiques qui semblent voués à la cause Sith.
Isil fait-elle mine de se laisser amadouer par l'insidieux personnage ? (jeu de mot voulu :wink: )
Ou se laisse-t-elle vraiment troubler ? (on peut supposer qu'Anakin est travaillé et modelé par Sidious depuis son enfance, ce qui n'est pas le cas d'Isil, apparemment.)

Sinon, je dois te dire que le nom de l'ancien padawan de Beno me donne toujours du mal :transpire: À chaque fois que je le lis je suis forcé de bloquer une seconde pour resituer le personnage... quand je l'ai découvert (donc lorsque tu l'introduis) je me suis dit "Obi Melvar Adol Bruck" ça fait beaucoup pour un seul homme :siffle:
Après quoi j'ai décidé de faire de lui dans mon imagination un genre de jedi espagnol, dont le prénom composé serait Obi Melvar, fils de Rodriguo Adol et Carmen Bruck... voilà, si tu cherchais à écrire un truc sur ses origines t'as déjà une piste :D
Du coup, le nom supra-composé du personnage te permet de l'appeler "Adol Bruck", "Obi Melvar", "maître Bruck", "Maître Melvar"... certes je commence à m'y habituer mais je t'avoue en toute honnêteté avoir eu du mal. Pourtant "Adol Bruck" tout court, ou "Obi Melvar" tout court aussi je trouvais ça bien.
Je ne sais pas si la remarque est utile, je suis peut-être le seul dans ce cas...
Pour écrire moi-même quelques histoires, je dois avouer avoir toujours du mal à trouver des noms à mes personnages, surtout les principaux, donc je me dis qu'Obi Melvar Adol Bruck doit avoir un nom qui te tient à coeur, il a peut-être une signification, ou implication pour la suite de l'histoire...
Allez, je ne voudrais pas jouer les lourds non plus, et là j'ai bien peur de m'en approcher dangereusement :paf:

Pour en revenir au contenu de l'histoire, en conclusion je dirai que j'apprécie toujours les aventures d'Isil et ses amis, et que j'attendrai donc la suite :jap:
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Messagepar Hiivsha » Mar 05 Juil 2011 - 12:44   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Pour la petite histoire, je me suis servi du "générateur de nom SW" pour avoir quelques idées sur des noms "crédibles" et le nom Adol Bruck Obi Melvar est sorti tel quel dans l'une de ses propositions.

La longueur du nom m'a amusé comparé à ce que le générateur renvoie d'habitude et comme toi j'ai pensé à ces noms à rallonge qu'on peut trouver en Espagne ou au nom sans fin du personnage joué par Antonio Banderas quand il se présente dans "le treizième guerrier" ! :D J'ai pensé que ça changerait un peu des noms qui "claquent" sec ! :cute:
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Messagepar Dark Sheep » Mar 05 Juil 2011 - 14:16   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Isil a écrit:Pour la petite histoire, je me suis servi du "générateur de nom SW" pour avoir quelques idées sur des noms "crédibles" et le nom Adol Bruck Obi Melvar est sorti tel quel dans l'une de ses propositions.

Hum... le serveur devait avoir subi une légère surcharge juste avant :siffle:


-> En tout cas ok, ça me va ! Si c'est un choix délibéré de faire un nom comme l'histoire (sans fin, j'entends) alors je prends bonne note :lol:
Quant au treizième guerrier je ne me rappelle plus son nom, mais je vois la scène oui... pauvre vikings :transpire:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mar 05 Juil 2011 - 16:23   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

C'est lu. On a un développement intéressant avec cet inquiétant Monsieur en plein cœur de la République, mais le dialogue avec lui me laisse assez perplexe : l'abus de points d'exclamation lui donne un air excité pas franchement subtil, je trouve^^
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
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Messagepar Notsil » Mar 05 Juil 2011 - 19:56   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Ahah j'ai pu rattraper mon retard :)

Très chouette avancée, j'ai bien aimé les petits flash-backs d'Isil durant sa captivité. Il y a des discussions très sympa autour de la Force, de l'amour, des sentiments, du Côté Obscur, ça promet de jolis dilemmes dans les prochains passages.

Pour le conseiller de la fin, j'avoue que lorsqu'il a demandé à lui parler "seul à seule" j'ai pensé que la miss allait être droguée ou autre, bref, retourner en enfer :p Pis finalement il paraissait gentil... pis finalement carrément pas :)

A voir comment la miss va gérer la situation qui se profile ^^ Avec déjà la première question, va-t-elle en parler aux autres ou pas ? :siffle:

Quelques autres remarques :

tandis qu'elle sentait une douleur aiguë serrer son cœur comme sous l'effet d'un poignard que l'on aurait planté dedans.

-> je pense que tu peux arrêter ta phrase après "poignard" (et reformuler "comme sous l'effet d'un coup de poignard" peut-être), en tout cas la tournure "que l'on aurait planté dedans" me parait assez moche ^^

La Force ne te protègera pas de ce qu’on peut faire aux humains et en particulier… aux femmes !

-> J'ai trouvé que tu insistais beaucoup sur le fait que les femmes étaient plus sensibles à des sévices d'ordres sexuels, or n'oublions pas qu'un homme aussi peut se faire violer, ce que doit bien savoir le monsieur spécialiste des tortures ^^
Bon après je comprends aussi que ça peut se percevoir comme un sous-entendu qui évite de dire crument les choses.

D'ailleurs pour sa première participation dans l'arène, je la trouve presque un peu trop en forme (notamment physique, si elle bouffe peu et mal et ne garde rien ^^), mais bon, c'est vrai aussi qu'elle retrouve la Force et que l'instinct de survie joue.

La végétation était dense. Il lui serait facile de se cacher. Un bruit venu du ciel lui fit lever la tête. Des airspeeders fouillaient les environs. […] Même dans cette jungle, ils la rattraperaient bientôt.
Elle continua sa course sur un terrain désespérément plat.

-> " végétation dense " ne colle pas trop avec "je vois des avions au dessus des arbres" à mon sens ^^
Ensuite je n'ai pas compris l'intérêt que le sol soit "désespérément plat" ? Elle serait en train de traverser une prairie, je dirais pas, mais dans une forêt, elle a suffisamment de quoi se cacher pour se soucier du relief qui prend à mon sens moins d'importance.

Après je pense que je suis passée après quelques reformulations, car lorsque notre ami Dark Sheep a dit :
À ce moment j'ai cru qu'il s'enfermait avec elle pour lui faire tâter de ses outils, mais en fait il sort et ferme la porte, laissant la padawan seule c'est bien ça ?

J'ai parfaitement compris qu'il s'enfermait avec elle dans la cellule et pas pour la regarder gentiment ;) D'ailleurs chouette enchainement "t'inquiète mes soldats te feront rien, c'est moi qui m'en charge" ^^

La capitaine Hiivsha est le bienvenu

-> "Le " ; tite coquille en fin de chapitre 14 je crois.

Il y a des choses qu'un homme ne peut pas subir mais qu'une femme peut...

-> hop le raccord avec un précédent com ^^ par contre qu'elle s'envoie en l'air aussi "facilement" juste après ce qu'elle a subi, ça me parait personnellement un peu tôt, bon après elle est Jedi et vit dans l'avenir, mais ce fut mon ressenti à la lecture ;)

Voilou pour le pavé, va falloir que je repasse plus régulièrement si je ne veux pas accumuler trop de retard :)
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Messagepar Hiivsha » Mar 05 Juil 2011 - 20:02   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Mitth'raw Nuruodo a écrit:C'est lu. On a un développement intéressant avec cet inquiétant Monsieur en plein cœur de la République, mais le dialogue avec lui me laisse assez perplexe : l'abus de points d'exclamation lui donne un air excité pas franchement subtil, je trouve^^


Tu as totalement raison, je n'y avais pas prêté garde. Je voulais traduire juste l'expression de quelqu'un sûr de lui mais calme et effectivement cela produit l'effet inverse. J'en ai donc retiré presque une vingtaine, c'est tout dire. Merci de l'observation. :jap:
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Messagepar Hiivsha » Mar 05 Juil 2011 - 20:30   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Pour Notsil :

- Je prends le "coup de poignard", c'est plus joli en effet.

- Pour la notion homme/femme dans une certaine forme de torture, il faut considérer que bien que tous les deux offrent la ou les même zones de violences sexuelles utilisables dans les sévices destinés à briser quelqu'un, la femme en compte une de plus qui est la plus importante et la plus sensible car il s'agit de la matrice qui donne la vie... une sorte de temple sacré dans lequel la profanation a une autre signification. j'en veux pour preuve que c'est utilisé comme une arme dans bon nombre de pays et tout particulièrement en Afrique, et pour faire une référence cinématographique, je te renverrai à l'épisode 10 de la saison 6 de MI-5 (Spooks) quand Adam et Jo sont pris en otages (j'adore cette série !) et je cite Jo Portman :
- Il y a des hommes comme celui-là dans toutes les guerres. Il fait partie de toutes les guerres qui se passent en ce moment-même à travers le monde. C'est juste ce qu'ils font aux femmes qui capturent. C'est ce qu'ils font. Comme des chiens malades et incontinents. ... ce qui laisse à penser qu'elle a subi une chose que Adam Carter n'a pas eu à subir parce que c'est un homme !

- Revenons à des choses moins dures, la végétation de la jungle. T'as oublié de citer que les airspeeders pouvaient avoir des détecteurs infrarouges... :cute: néanmoins, tu as raison, le morceau est maladroit. J'ai donc modifié comme suit :
Isil courait à toutes jambes sans se préoccuper des lianes qui la fouettaient et des herbes tranchantes qui meurtrissaient son corps car la végétation était dense. Un bruit venu du ciel lui fit lever la tête. Des airspeeders fouillaient les environs. S’ils étaient équipés de dé-tecteurs infrarouges, ils allaient la retrouver rapidement.


- Pour l'histoire de Ramis dans la cellule devant Isil, oui j'ai corrigé après les observations de notre ami Dark Sheep. ;)

- Enfin, oui, toute l’ambiguïté d'Isil c'est qu'elle est Jedi et donc que derrière une fragilité réelle, due peut-être au fait de son amnésie, au fait que c'est une jeune fille peut-être moins forte que d'autres padawan femme de SW - mais après tout je ne voulais pas d'une wonderwoman ! - son état de Jedi, son enseignement, les ressources inépuisables qu'elle peut trouver dans la Force, font qu'elle peut passer de façon surprenante de cet état "fragile", du moins en apparence, à un état "surprenant" qui domine sa situation de façon forte pour une humaine.

- Et sur le tout dernier point, je pense qu'Isil "se donne" à Hiivsha, comme à défaut de pouvoir lui offrir autre chose, plus qu'elle ne s'envoie en l'air. Ca se sent dans ce qu'elle dit :
- Je ne peux te donner que mon corps dans ce présent qui nous unit. Autant que tu le souhaiteras et quand ce sera possible. Toi tu peux m'aimer. Moi non... Il faudra que tu fasses avec !


Encore une fois, un grand merci pour toutes ces remarques si constructives. :jap:
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Messagepar Notsil » Mar 05 Juil 2011 - 21:04   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Ah bien vu pour le côté qui donne la vie, j'avoue que je n'avais pas pensé à ça, je m'étais cantonnée à la partie "physique et morale", très bien vu. Je connais pas MI-5 par contre, tant pis ^^
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Messagepar Code 44 » Mer 06 Juil 2011 - 0:26   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

OK, je me suis fait avoir aussi , je pensais que le Sith avait retiré sa ceinture pour une partie de Scrabble endiablée avec Isil.
Bien joué, tu m'as eu :D

Bon, ben on a les zhéros qui arrivent juste à temps pour péter la gueule aux méchants (quel timing !) et qui se font la prison Sith assez facilement, je trouve. Surtout que Isil est à pwal la moitié du temps et moyennement fraîche. C'est le syndrôme du héros mais j'aurais pensé que Hiishiva et l'aut' Jedi feraient plus le boulot que elle. M'enfin.

D'ailleurs, le coup de se faire passer pour deux gardes et un prisonnier, ça fleure bon Un Nouvel Espoir avec Luke, Han et Chewie, nan ?

'nyway, j'ai trouvé le changement quand on arrive sur Tython un peu brutal. Quelques lignes pour décrire d'avantage le temple ou la planète eussent été bien.
De même, j'ai trouvé les Jedi assez cools sur la relation entre Isil et Hiishiva. L'Ordre s'était pas mal fermé à tout ça depuis KoTOR en fait et ça m'étonne que Bruck laisse faire les choses.

Après, hop, caméo de la petite, petite, petite, etc, fille de Dark Revan et Bastila. Ouh, le placement produit pour TOR ! :P

Et je plussoie Nostil sur le fait qu'elle batifole avec notre beau vaurien un peu vite après être sortie de la prison Sith. Qu'elle se "donne" ou pas, c'est pas une poupée sans âme (fut-elle blonde) et serait à mon avis, déja plus reluctante à ne serait-ce qu'àller au delà de chastes câlins.

Pis vient la suite avec le Palpatine de service, j'ai nommé Darillian. C'est dommage parce que j'ai senti depuis longtemps que ce type était moyennement net...la faute au syndrome Palpy.
J'ai espéré qu'il soit gentil au fond, même si un chouïa trop radical mais son lien avec les Sith m'a déçu parce que à mes yeux, le rebondissement aurait mieux marché si ça n'en était pas un, justement.
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Messagepar Hiivsha » Mer 06 Juil 2011 - 7:50   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Code 44 a écrit:OK, je me suis fait avoir aussi , je pensais que le Sith avait retiré sa ceinture pour une partie de Scrabble endiablée avec Isil.
Bien joué, tu m'as eu :D

Bon, ben on a les zhéros qui arrivent juste à temps pour péter la gueule aux méchants (quel timing !) et qui se font la prison Sith assez facilement, je trouve. Surtout que Isil est à pwal la moitié du temps et moyennement fraîche. C'est le syndrôme du héros mais j'aurais pensé que Hiishiva et l'aut' Jedi feraient plus le boulot que elle. M'enfin.


Ce qui prouve qu'elle est peut-être plus solide que les apparences peuvent le laisser croire ? :cute:

Code 44 a écrit:D'ailleurs, le coup de se faire passer pour deux gardes et un prisonnier, ça fleure bon Un Nouvel Espoir avec Luke, Han et Chewie, nan ?


En même temps, c'est d'un classique comme ruse ? :whistle:

Code 44 a écrit:'nyway, j'ai trouvé le changement quand on arrive sur Tython un peu brutal. Quelques lignes pour décrire d'avantage le temple ou la planète eussent été bien.


Malheureusement, je ne voulais pas trop m'impliquer dans une description que je n'ai pas encore... si le jeu avait été lancé, j'aurais pu me raccrocher à quelque chose de visuel... là, je marche en fait sur les oeufs dans les endroits qui vont être repris par le jeu pour éviter d'être trop à côté de la plaque...

Code 44 a écrit:De même, j'ai trouvé les Jedi assez cools sur la relation entre Isil et Hiishiva. L'Ordre s'était pas mal fermé à tout ça depuis KoTOR en fait et ça m'étonne que Bruck laisse faire les choses.


D'une part, je cite Maitre Melvar qui n'est pas le Maître d'Isil hein :
Hiivsha : - Je ne sais pas si je peux, et pourtant je l’aime. J’aimerais qu’il y ait une autre voie.
Melvar : - On peut penser qu’il y en a une, mais beaucoup plus dangereuse et officiellement, l’Ordre ne l’acceptera pas.


D'autre part, outre le fait que l'histoire n'est pas finie et qu'on ne sait pas encore ce que va faire le Conseil à ce propos, dans le temps de SWTOR, et donc dans le background fixé par le jeu lui-même, il n'est pas si évident que des relations ne puissent être accessibles même aux Jedi. D'une part, l'Ordre est au plus mal côté effectifs et quelques petits Jedaillons par-ci par-là, ne pourrait qu'être un "plus" pour l'avenir, d'autre part, le jeu prévoit un "compagnon" avec lequel il sera sans doute possible d'avoir une "histoire" comme par exemple dans Mass Effect. A suivre donc...

Code 44 a écrit:Après, hop, caméo de la petite, petite, petite, etc, fille de Dark Revan et Bastila. Ouh, le placement produit pour TOR ! :P

Et je plussoie Nostil sur le fait qu'elle batifole avec notre beau vaurien un peu vite après être sortie de la prison Sith. Qu'elle se "donne" ou pas, c'est pas une poupée sans âme (fut-elle blonde) et serait à mon avis, déja plus reluctante à ne serait-ce qu'àller au delà de chastes câlins.


Ok, vu que ça semble général, j'ai entièrement repris la dernière partie du chapitre 15. Du coup, chacun se fera sa propre idée de la suite de la nuit... câline, pas câline, chaude, pas chaude, etc...

Code 44 a écrit:Pis vient la suite avec le Palpatine de service, j'ai nommé Darillian. C'est dommage parce que j'ai senti depuis longtemps que ce type était moyennement net...la faute au syndrome Palpy.
J'ai espéré qu'il soit gentil au fond, même si un chouïa trop radical mais son lien avec les Sith m'a déçu parce que à mes yeux, le rebondissement aurait mieux marché si ça n'en était pas un, justement.


C'est quelqu'un de complexe... tu as jusqu'à la fin pour le cotoyer ! ;)

Merci de t'intéresser autant à cette histoire. :jap:
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Messagepar Hiivsha » Mer 06 Juil 2011 - 8:44   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

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CHAPITRE 17

– Arrestation d’un Sénateur –



- Que te voulais le Conseiller Darillian, questionna maître Melvar lorsque Isil les eut rejoints.

La jeune fille était en pleine réflexion les yeux rivés sur un point imaginaire devant elle sur le sol. Elle répondit dubitativement.

- Me parler de Maître Mahr… et de mes parents.
- Tes parents ? s’étonna le Jedi qui s'arrêta de marcher pour la regarder. Je croyais que tu ne t’en souvenais plus ?

Il nota que la jeune fille ne répondait pas à son regard mais continuait à contempler le vide. Elle haussa les épaules et esquissa un geste évasif.

- C’est ce que je lui ai répondu.
- Curieux, murmura Adol Bruck un sourcil levé avant de se remettre en marche.
- Je ne l’aime pas, fit Isil à voix basse, il y a quelque chose en lui qui me déplait sans que je sache quoi.
- Pareil pour moi, grommela Hiivsha.
- C’est un homme politique, commenta le Jedi. Ils sont très particuliers et pas toujours en accord avec nos préceptes. D’ailleurs, il existe depuis le traité une fronde anti-Jedi dans laquelle se situent quelques personnages des plus en vue… Mais je ne pense pas que Darillian en fasse partie.
- Alors, pourquoi l’Ordre s’évertue-t-il encore à venir en aide à la République ? demanda le contrebandier avec un rien d'ironie dans la voix.
- La République c’est l’Humanité, répondit Maître Melvar. L’Ordre a pour mission de protéger la Galaxie, et la République est l’assise sur laquelle il s’appuie pour conserver cet équilibre.
- Mouais, fit Hiivsha d’un air peu convaincu tandis qu’ils descendaient les escaliers extérieurs de l’immense bâtiment du Sénat.

Ils s'installèrent dans le speeder qui attendait sur une des plateformes d'accès.

- Je dois rendre compte de la situation au Conseil. Les choses sont passablement plus compliquées qu'on ne l'avait supposé au départ. Quand même, j'aurais bien aimé pouvoir discuter avec le Chancelier Suprême, dit Adol Bruck en démarrant.

Une heure plus tard, ils se trouvaient dans la salle de l'holonet installée dans une partie du Temple qui n'avait pas été détruite par l'attaque Sith qui avait précédé la signature du Traité de Coruscant sur Alderaan.

- Chaque fois que je viens ici, je mesure combien les relations entre le Sénat et l'Ordre se sont dégradées ces dernières années, commenta Maître Melvar en établissant la communication avec Tython.
- Le mur de l'incompréhension entre les populations de la Galaxie et les détenteurs de la Force s'est effectivement considérablement épaissi, approuva Hiivsha en regardant Isil qui lui semblait fortement préoccupée.
- Et pourtant, il serait nécessaire d'obtenir une totale collaboration entre la République et l'Ordre, continua le Jedi.
- Mais les Forces Spéciales travaillent encore de concert avec les Jedi, non ?
- Oui… selon les cas et les personnes qui les commandent. Mais certains militaires se veulent désormais indépendant de l'Ordre dans leur manière de mener les opérations.

Hiivsha ne fit aucun commentaire. Pendant des siècles, pensa-t-il, les Jedi avaient eu l'habitude de mener les troupes au combat, les régiments et les armées étant pour ainsi dire toujours sous les ordres de généraux et autres officiers Jedi alors qu'à présent, si le divorce n'était pas consommé, les choses n'étaient plus autant systématiques. La République montrait des velléités d'indépendance par rapport à l'Ordre en qui elle semblait avoir perdu une partie de sa légendaire confiance. La retraite des Jedi sur leur planète d'origine Tython, n'avait rien fait pour contenir l'expansion de la fronde anti-Jedi qui sévissait dans certains milieux, de la populace des rues à la noblesse d'un nombre important de planètes. Sur Coruscant même, une partie de la classe politique se méfiait désormais des anciens protecteurs des mondes.

Les holoscans apparurent au bout d'un instant sous la forme de silhouettes translucides bleues, légèrement parasités, au centre de l’holocom. Le Conseil était clairsemé, certains Maîtres devant être en mission. Ceux qui étaient là écoutèrent les propos d'Adol Bruck en silence. L'un deux prit la parole.

- Vous devez faire attention Maître Melvar, le terrain politique est glissant. Nous venons d'avoir une trop brève conversation avec le Chancelier Suprême et nous sommes convenus de la nécessité de remettre à notre garde le sénateur Kaldor le temps nécessaire au démantèlement du complot. Le Chancelier jugera par lui-même si d'autres arrestations, autres que celles de Kaldor et de Sazkaer sur Alderaan, sont nécessaires en fonction des événements futurs. Il compte casser la dynamique de ce complot maintenant que nous l'avons mis à jour, sans pour autant s'aliéner les puissants personnages qui sont cités dans le datapad que la Padawan Isil a récupéré.
- C'est un jeu dangereux, objecta Adol Bruck, qui pourrait très bien se retourner contre lui.
- Le Conseiller Darillian n'est pas de cet avis et le Chancelier Janarus semble l'écouter.
- Cette affaire n'est pas si claire qu'elle en a l'air. Avez-vous sondé la Force Maîtres ?
- Nous en sommes conscients. Des tiraillements du côté obscur sont perceptibles autour des protagonistes de cette histoire. Le fait que le Sénateur Kaldor se soit allié à des Seigneurs Sith, pourraient très bien expliquer cela. Mais nous devons faire preuve d'une grande prudence. La République est devenue très instable et la moindre secousse pourrait fort bien provoquer son effondrement. Par ailleurs, l'aura dont nous jouissions jusqu'à présent, n'est plus. Le Chancelier a du mal à admettre notre façon de voir les choses.
- Je procèderai donc à l'arrestation du sénateur et je vous l'enverrai sous bonne garde. Ensuite, nous irons sur Alderaan pour nous occuper de Sazkaer et je mettrai Organa au courant.
- Le Chancelier a exigé que le Procureur soit informé de cette action pour apporter sa caution juridique.

On sentait dans la voix un léger accent d'embarras. Obi Melvar s'indigna.

- Depuis quand devons-nous en passer par les autorités judiciaires pour une action de police ?
- Il s'agit de ne pas augmenter la défiance dont beaucoup font preuve vis-à-vis de nous. Les choses sont un peu différentes que celles que nous avons connues. De diplomatie nous devons faire preuve Maître Melvar.
- Soit, je me mets donc en rapport avec les services du Procureur.
- Cependant, le Procureur est en voyage et c'est au Procureur adjoint Mas Dom que vous allez avoir à faire. Elle…

Une hésitation fit s'interrompre le Maître qui parlait.

- Elle ne porte pas l'Ordre dans son cœur. Nous savons qu'elle fait partie des leaders du front anti-Jedi. Faites donc très attention à elle !
- C'est une chagrienne non ? Je crois la connaître un peu. C'est une personne très intelligente mais beaucoup trop autoritaire et butée à mon goût. Je ferais avec, ne vous en faites pas !
- Bien, Maître Melvar. Avez-vous besoin de renfort ?
- Merci, mais la Padawan Isil et le capitaine Inolmo m'accompagnent. Cela doit suffire.
- Si des Sith se mettent en travers de votre chemin, ne tentez pas l'impossible. La perte de Maître Mahr est plus que suffisante.
- Ne vous inquiétez pas, Maîtres, tout ira bien.
- Maître Shan n'est pas si optimiste que vous. Que la Force vous accompagne à tous les trois !

Les holoprésences disparurent comme une vision qui s'évanouie devant les yeux. Hiivsha nota l'air préoccupé du Jedi mais ne put s'empêcher de penser que, si lui, avait ses raisons de l'être, Isil, qui n'avait pas soufflé mot depuis une bonne heure, semblait elle aussi préoccupée sans raison apparente. Il allait lui demander si tout allait bien, mais une intuition l'en empêcha, l'intuition que ce n'était pas le moment ni l'endroit pour l'inviter à des confidences. Il la sentait aussi hermétique qu'une huître sortie de la mer et, bien que cela lui en coûte, il s'abstint de toute remarque.
*
* *

Le Procureur avait exigé d'être avertie avant que les Jedi ne se rendent au domicile du Sénateur Kaldor. D'ailleurs, si le Conseiller Darillian en personne ne l'avait contactée pour lui confirmer la nécessité de cette opération de police, elle n'eût sans doute pas consenti à laisser faire. Jaster Darillian était resté discret sur les vraies motivations de cette arrestation, ce qui avait augmenté les réticences de Mas Dom à laisser ses services et les forces de police locales en dehors du coup. De son côté, Adol Bruck se sentait agacé d'avoir à rendre pareillement des comptes à des fonctionnaires. Cependant, il se raisonna et continua sa mission comme si de rien n'était, en bon gardien obéissant qu'il était.

Kaldor n'était pas au Sénat ce qui était plutôt une bonne chose. L'idée de l'arrêter dans un endroit public où il comptait nombre d'amitiés influentes, allait à l'encontre de la discrétion requise qui avait été souhaitée par tout le monde. Le Sénateur s'était retiré dans son hôtel particulier qui trônait au sommet d'un immense building de la ville planète, preuve de son incalculable richesse et de la puissance de sa famille. Symbole de cette fortune, les jardins boisés qui entouraient la demeure de style ancien et qui contrastaient fortement avec le paysage de duracier et de permabéton qu'offrait la capitale.

Ils étaient donc partis vers la résidence de Kaldor après avoir pris soin d'avertir le Procureur Mas Dom de leur destination. Libre à elle de se déplacer ou pas, Obi Melvar s'en fichait comme d'une guigne. Ce en quoi il avait tort.

Lorsque l'airspeeder s'arrêta devant la plateforme d'accueil principale du domaine Kaldor, le crépuscule jetait ses lueurs irisées dans l'atmosphère. Dans cette lumière de fin du monde, les longs cheveux d'Isil flamboyaient d'or, de pourpre et de feu sur ses épaules. En contemplant le paysage, Hiivsha se prit à rêver aux vertes vallées montagneuses d'Adarlon et à ses lacs poissonneux. Les reflets du soleil sur les cimes enneigées y étaient autant d'éclats de cristaux qui scintillaient sous un ciel pur et il songea que les immenses forêts giboyeuses de son enfance lui manquaient. Il n'y avait que dans l'espace qu'il oubliait tout cela. Jetant un regard sur Isil, il soupira en se demandant si ce n'était pas une erreur que de l'aimer. Mais que devait-il faire à présent qu'il était trop tard ? Leurs regards se rencontrèrent et ce qu'il lut dans celui de la Padawan ne lui plut pas. Les yeux bleus étaient chargés d'incertitude et d'inquiétude, comme en proie à une sourde menace indéfinissable. Il ne retrouvait plus la jeune fille qui l'avait séduit au bord du lac d'Alderaan.

Ils gravirent quelques marches pour se retrouver sur un grand parvis marbré face à une imposante grille qui coupait un haut mur derrière lequel on apercevait des cimes d'arbres, luxe suprême dans les environs. Une créature cornue apparut derrière la grille lorsqu'ils furent tout proches. Adol Bruck annonça sur un ton autoritaire.

- Jedi en mission ! Nous venons voir le Sénateur Kaldor !

Le devaronien secoua sa tête inquiétante et grogna.

- Impossible. Le Sénateur ne peut être déranger.
- Il est donc ici ? en déduisit le Jedi.

La créature grogna derechef sans bouger. Maître Melvar consulta Isil du regard puis se tournant vers le gardien des lieux, il fit un geste circulaire avec le bras et articula.

- Tout va bien, on peut entrer.

Le devaronien secoua de nouveau sa tête orangée en grognant.

- Vous pouvez entrer !

Il ouvrit le lourd battant de la grille. Adol Bruck insista en réitérant sa passe de Jedi.

- Inutile de prévenir le Sénateur, il nous attend.

L'humanoïde s'effaça devant eux et referma le portail avant de regagner la conciergerie. Les trois visiteurs s'enfoncèrent dans les jardins.

- Maître, murmura Isil, vous ne sentez rien ?

Adol Bruck ferma les yeux un instant avant de secouer négativement la tête.

- Pas précisément. Que veux-tu que je sente ?
- Je ne sais pas Maître… quelque chose de préoccupant, un sillage sombre dans la Force.
- Je n'ai pas ta sensibilité naturelle, avoua Adol Bruck qui était plus doué pour manier le sabre et les poussées de la Force que pour pressentir les choses et lire dans l'avenir.

C'était un adepte du djem so et non un visionnaire.

- Avec le renouveau de l'Empire Sith, il est normal que la Force soit sillonnée par les ombres du Côté Obscur, Isil.
- Oui Maître, répondit la jeune fille en épiant chaque coin d'ombre autour d'eux.
Au fond des jardins se dressait silencieusement la majestueuse demeure de la puissante famille Kaldor dont le Sénateur Jorus Kaldor était le descendant. Sa famille s'était considérablement enrichie durant les guerres mandaloriennes en faisant le négoce de technologies de pointe et possédait des chantiers navals et des arsenaux dans les mondes du milieu. Politiquement très appuyé par nombre de ses pairs, il avait été battu d'une courte tête à l'élection au poste de Chancelier Suprême, certains politiques ayant préféré un homme moins incertain et plus posé qu'il ne l'était lui-même. Sa rudesse et son intransigeance avaient joué contre lui en faisant reculer les plus modérés. Il demeurait toutefois un dauphin potentiel en cas d’empêche­ment du Chancelier actuel.

En haut des marches du double et large escalier balancé qui menait vers le perron de l’entrée principale du bâtiment principal, un comité d’accueil les attendait. Un homme et quatre droïdes qui, visiblement, n’étaient pas là pour le protocole ni pour assurer le service de la maison. L’homme, longiligne, raide sur ses jambes, portait spencer noir et nœud papillon dans la plus pure tradition des maîtres d’hôtel stylés. Il demanda.

- Que puis-je pour ces messieurs dames je vous prie ?

Maître Melvar répondit d’un ton cassant et autoritaire.

- Jedi en mission sur ordre du Chancelier Suprême. Nous sommes ici pour voir le Sénateur Kaldor !

L’homme ne parut pas s’émouvoir le moins du monde.

- Je ne pense pas que ce soit possible Maître Jedi, le Sénateur ne souhaite recevoir personne.
- Je me suis mal fait comprendre, reprit Adol Bruck calmement. Je ne vous demande pas s’il veut nous recevoir, mais je vous dis que nous sommes là pour le voir. Ce n’est en aucun cas une demande mais un ordre !

Pour toute réponse, les droïdes sortirent de leur dos des fusils blasters qu’ils pointèrent vers les intrus. Le maître d’hôtel n’avait pas bougé d’un millimètre et repris de son accent distingué et froid.

- A mon tour de m’excuser si je n’ai pas été assez clair, Monsieur. Le Sénateur ne reçoit pas. Mais vous pourrez toujours le solliciter demain au Sénat !
- Je ne pense pas, grinça Maître Melvar en décrochant son sabre laser de sa ceinture, imité en cela par Isil tandis que Hiivsha dégainait tranquillement son pistolet laser. Nous sommes venus arrêter le Sénateur Kaldor et je ne vous conseille pas de vous mettre en travers de notre chemin.

Les droïdes levèrent imperceptiblement leurs armes pour viser. Un très bref instant plus tard, ils gisaient démantelés au sol. L’attaque des deux Jedi avait été si rapide que Hiivsha n’avait même pas pu tirer un seul coup de pistolet. Isil s’était chargée des deux droïdes de droite tandis qu’Adol Bruck s’occupait des deux autres. La lame verte de la jeune fille et celle bleue du Jedi avaient sifflé dans l’air en crépitant, tournoyant avec une rapidité fulgurante, sectionnant les bras qui tenaient les fusils blasters, puis la tête et les jambes des droïdes.

Le maître d’hôtel considéra la lame dont le menaçait Maître Melvar en soulevant un sourcil tout en rejetant légèrement sa tête en arrière. Le Jedi grogna.

- Ce n’étaient que des droïdes ! Cela m’ennuierait de faire pareil avec vous ! Où est le Sénateur Kaldor ?
- Dans son bureau, à l’étage, en haut du grand escalier, Monsieur.

Adol Bruck le saisit par le col et l’écarta de son chemin.

- Tenez-vous tranquille et tout ira bien, sans quoi je vous arrête aussi pour obstruction à une opération de police !

L’homme se réajusta d’une série de petits gestes distingués sans rien répondre, regardant les trois personnes monter, sabres laser et pistolet au poing, l’escalier de marbre qui se divisait en deux pour grimper jusqu’au premier étage. Comme ils arrivaient devant une grande porte à double battant, richement ornées de feuillures d’or, Isil se tourna vers le Jedi.

- Maître, je sens quelque chose d’anormal ! Une vibration dans la Force que je ne parviens pas à identifier !

Elle s’arrêta et ferma ses paupières. Là, dans les méandres des fils invisibles que tissait la Force, elle distinguait une zone sombre qui cheminait vers le futur sans qu’elle parvienne à voir où ce sentier noir la menait. Le Jedi la prit par le bras.

- Reste ici et couvre nos arrières. Il faut nous attendre à tout !

Il fit signe au contrebandier de se tenir prêt à toute éventualité puis il tendit sa main gauche en avant et d’une violente poussée de la Force, il ouvrit les deux battants.

Au fond de la pièce, entre deux majestueuses fenêtres, le Sénateur se tenait derrière son bureau, assis dans un grand fauteuil de bois et de velours. Nullement surpris, il leva la tête en arborant un sourire convenu.

- Un authentique Maître Jedi dans ma demeure ! Entrez donc je vous prie ! Je suppose que votre visite est de la plus haute importance pour vous être déplacés jusqu’ici ! Je viens si peu dans cette demeure…

Il montra les murs avec ses mains dans un geste grandiloquent, la tête levée vers les plafonds sculptés et décorés de fresques peintes.

- Je suis d’ordinaire dans mon appartement de la Cité Républicaine où vous auriez d’ailleurs pu me trouver demain de façon plus convenable… ou même au Sénat d’ailleurs ! Que pensez-vous de la décoration de ce manoir ? C’est mon arrière grand-père qui l’a fait ériger en haut de ces buildings pour échapper à la tristesse et à la monotonie de l’architecture de Coruscant !

Malgré lui, Hiivsha ne put s’empêcher de lever les yeux pour apprécier le décor richissime des lieux composé avec un goût un rien mégalomane. Maître Melvar, lui, n’avait pas quitté le Sénateur du regard. Ce dernier se leva de son fauteuil, le sourire toujours aux lèvres.

- Que puis-je pour vous Maître Jedi ?
- Acceptez de me suivre sans résistance !

Kaldor se mit à rire.

- Vous suivre ? Vous plaisantez ! Vous n’ignorez pas qui je suis ? Je vais vous faire rentrer dans le rang, Jedi ou pas ! Vous n’avez aucune autorité ici !
- Vous vous trompez Sénateur, asséna Adol Bruck d’un ton toujours aussi calme. Je représente l’Ordre Jedi et l’autorité du Chancelier Suprême. Vous êtes en état d’arrestation pour complot contre sa personne et la République Galactique ! Et je vous conseille de nous suivre sans résistance !

Il balança la lame bleue de son sabre laser de droite et de gauche pour appuyer ses dires mais cela ne sembla pas impressionner le Sénateur le moins du monde. Il restait derrière son bureau comme si ce meuble représentait un rempart infranchissable derrière lequel il se sentait à l’abri. Adol Bruck fit deux pas en avant.

- Ma patience a ses limites Sénateur ! Je vous donne l’ordre de vous rendre à mon autorité !

Kaldor émit un petit rire glacial et persiffla.

- Arrogance Jedi ! Typiquement Jedi ! Vous pensez que vous avez tous les droits derrière votre sabre laser ! Vous pensez que vous pouvez arriver chez moi, détruire mes droïdes et me passer les menottes ! Pauvre fou, vous ne savez pas à qui vous avez à faire ! Aussi inconscient que votre Maître Beno Mahr !

Les deux derniers mots avaient claqué dans sa bouche comme deux coups de fouet. Adol Bruck se raidit malgré lui et ses yeux brillèrent. Il leva son sabre et fit deux autres pas en avant bien décidé à en finir immédiatement. Au même moment, la main de Kaldor s’abaissa sous le bureau et sous les yeux stupéfaits du Jedi et du contrebandier, il disparut comme happé par le sol tandis que dans un claquement sec, des panneaux d’acier occultaient les fenêtres et la sortie derrière eux. Obi Melvar se précipita derrière le bureau en regardant le sol qui s’était refermé.

- Une trappe ! Une saleté de trappe ! Il nous a joué comme des enfants !

Il tâtonna quelques secondes là où le sénateur avait posé sa main sans succès. On tambourinait contre le panneau d’acier qui avait remplacé la porte.

- Maître Melvar ! Hiivsha !

Le Jedi se précipita vers la sortie bloquée.

- Isil, cria-t-il, Kaldor s’est enfui ! Il va sans doute quitter les lieux. Intercepte-le pendant que j’ouvre cette porte !
- J’y vais ! répondit Isil avant de dévaler les escaliers.

Dans le hall, se tenaient trois autres droïdes qui ouvrirent le feu dès qu’ils l’aperçurent. La lame verte du sabre laser s’agita devant ses yeux et elle renvoya les tirs vers eux. Ils tombèrent au sol, leurs circuits grillés. Isil traversa le hall d’entrée et sortit sur le perron. Son oreille affûtée perçut sur sa gauche des bruits de pas sur le gravier. Elle se mit à courir pour faire le tour de la demeure. Dans l’obscurité, elle perçut une silhouette qui courait entre deux bâtiments vers ce qui devait être une entrée de service protégée par une petite grille ouverte. Il y avait fort à parier que le sénateur disposait par là d’un moyen de fuite et elle devait donc l’arrêter par tous les moyens. Se lançant à sa poursuite, la jeune fille se concentra sur la grille qu’elle apercevait à la lumière de la ville et visualisa les charnières et le battant pour en sentir la forme et la matière. Alors que le Sénateur arrivait à la sortie de cette allée gravillonnée, elle fit un geste de sa main libre et la grille se referma dans un grand claquement métallique qui résonna dans la nuit. Le Sénateur était pris au piège comme un animal dans une nasse, se dit-elle en fondant sur lui.

Adol Bruck avait enfoncé la lame de son sabre laser à travers le panneau d’acier et se concentrait pour tirer de la Force le plus d’énergie possible afin de l’alimenter. La lame bleue se mit à briller intensément tandis que le métal rougissait, blanchissait et se mettait à fondre comme une motte de beurre sous la lame d’un couteau chauffé à blanc. Il traça ainsi un grand cercle. Quand il eût terminé, une poussée de la Force envoya la découpe avec force dans l’escalier. Hiivsha lui dit en souriant malgré lui.

- Vraiment, je veux le même !

Le Jedi ne répondit pas à son sourire et dévala l’escalier suivi par le contrebandier. Arrivés sur le perron, il prit une seconde pour sonder la Force et fit un geste vers la gauche.

- Par là ! cria-t-il.

Ils reprirent leur course effrénée et s’engagèrent dans l’allée sombre. Comme ils arrivaient au bout, ils aperçurent une masse sombre devant eux. Au même moment, des projecteurs venus de l’extérieur transpercèrent l’obscurité et se braquèrent sur eux. Plusieurs véhicules de la police se posaient de l’autre côté de la grille, accompagnés des éclats rouges et bleus des avertisseurs lumineux. Des hommes en sortirent précipitamment. Adol Bruck et Hiivsha portèrent les mains devant leurs yeux pour mieux voir devant eux, éblouis par la lumière des projecteurs. Ils s’étaient arrêtés. À l’extérieur de l’enceinte, les policiers ouvraient la grille et s’écartèrent pour laisser le passage à une personne que Maître Melvar identifia comme le Procureur Mas Dom. Baissant les yeux vers la masse sombre sur le sol, il aperçut Isil, agenouillée devant une silhouette qu’il savait ne pouvoir être que le Sénateur Kaldor. Incrédule, il s’avança jusqu’à la jeune fille, dans son dos. La Padawan se tenait la tête entre les mains. Son sabre laser gisait à ses côtés, éteint. Des cris fusèrent chez les forces de l’ordre et la voix de Mas Dom retentit dans la nuit.

- Sécurisez le périmètre ! Je ne veux voir personne dans un rayon de deux cent mètres !

Elle se pencha vers le corps étendu aux pieds d’Isil qui semblait ne pas pouvoir réagir avant de se redresser et de croiser le regard du gardien Jedi.

- Il est mort ! annonça-t-elle froidement.

Mais Maître Melvar s’en doutait déjà. Hiivsha contourna le Jedi et s’accroupit contre Isil en lui posant la main sur l’épaule.

- Isil ? Isil ? Ça va ? Que s’est-il passé ?

Les projecteurs inondaient à présent la scène macabre d’une lumière intense dans laquelle chaque ombre se détachait puissamment, donnant au décor une impression surréaliste. Un homme, accouru aux côtés du Procureur, s’était agenouillé devant le corps sans vie pour faire les premières constatations tandis qu’Hiivsha aidait Isil à se relever. Elle semblait choquée et son visage était pâle. Il la regarda par en dessous.

- Ho ! Tu m’entends Isil ? Ça va ?

Maître Melvar s’approcha à son tour et demanda d’une voix rude.

- Isil ! Que s’est-il passé ? Qu’as-tu fait ?

Visiblement la jeune fille essayait de reprendre ses sens.

- Je ne sais pas, balbutia-t-elle.

L’homme penché sur le corps releva son visage en direction du Procureur.

- Il est mort, madame le Procureur. Visiblement, un coup de sabre laser… dans le dos !

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Modifié en dernier par Hiivsha le Lun 10 Juin 2013 - 16:15, modifié 2 fois.
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Messagepar Dark Sheep » Mer 06 Juil 2011 - 9:42   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Bon passage !
De l'action, du suspense, de beaux décors... et on sent la machination à l'oeuvre derrière ces évènements :)

J'ai quand-même bien envie de savoir ce qui est passé par la tête d'Isil sur la fin. (car j'imagine que c'est bien elle qui a tué Kaldor)
Aurait-elle subit une sorte d'endoctrinement ? Tuer le sénateur sans se dire que ça aller sans doute décrédibiliser encore les jedi aux yeux de la République, aggraver le sentiment anti-jedi... c'est quand-même pas malin :pfff:

En tout cas le côté obscur semble faire du bon boulot pour l'instant ! :diable:

Plus qu'à guetter la suite :wink:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 06 Juil 2011 - 14:16   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Sacré surprise, je dois dire, entre le meurtre de Kaldor et l'intervention surprise du Procureur! Je me demande si ce n'est pas Darillian qui a envoyé la police dans l'intention expresse de mettre Isil hors-jeu, tiens? Sympa, en tous cas.
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Messagepar Hiivsha » Jeu 07 Juil 2011 - 9:17   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

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CHAPITRE 18

– La Cellule de Transit –



Un long silence accueillit la déclaration lourde de sous-entendus de l’officier de police. Maître Melvar regarda Isil, quêtant une réponse dans ses yeux, mais celle-ci avait le regard vide de celle qui ne sait plus où elle en est. Le policier fouilla brièvement le corps du Sénateur et jeta un regard circulaire autour de lui sur le sol.

- Pas d’arme, à première vue, madame, fit-il à l’adresse de Mas Dom.

Le Procureur jeta à la jeune fille un regard froid peu amène. Elle avait bien raison, elle et les membres du front anti-Jedi, de se méfier de ces êtres qui prétendaient agir sur l’invisible et qui manipulaient des forces surnaturelles à des fins souvent obscures. Elle s’emporta.

- Vous avez tué un homme désarmé, un Sénateur de la République, vous, une… Jedi ?

Elle avait littéralement craché le dernier mot comme du venin. Puis se tournant vers les forces de l’ordre elle cria presque.

- Arrêtez-la et emmenez-là au Poste Central !

Adol Bruck fit un pas en avant pour s’interposer.

- Cette femme est un Jedi en mission. Vous ne pouvez pas l’arrêter !

Tandis qu’Hiivsha entourait les épaules d’Isil dans un geste protecteur, Mas Dom toisa Maître Melvar du regard et répondit d’un ton sec et méprisant.

- Les Jedi ne sont pas au-dessus des lois de la République et il est clair que cette femme a lâchement assassiné le Sénateur Kaldor. Sa victime était désarmée de surcroît. Vous ne pouvez vous opposer à son inculpation pour meurtre !

La situation devenait tendue. Les policiers avaient empoigné ostensiblement leurs armes et Obi Melvar savait qu’il ne pouvait provoquer un affrontement ouvert avec les forces de l’ordre de la capitale. Un peu désemparé par la tournure que prenaient les choses, il se retourna vers Isil.

- Mais enfin Isil, dis-moi quelque chose. Ce ne peut être vrai. Tu n’as pas tué Kaldor ?

La Padawan le regarda d’un air désespéré et balbutia.

- Je… je ne sais pas Maître… c’est possible… Je ne sais pas ce qui s’est passé…

De nouveau il se tourna vers le Procureur.

- Ecoutez Mas Dom, je ne sais pas ce qui est arrivé ici, mais je suis certain qu’Isil n’a pas fait ce que vous dites. Voyez, elle est visiblement en état de choc.

Il se rendait naturellement compte tout en affirmant cela, que toutes les apparences étaient contre la jeune fille. Mas Dom persifla.

- Je comprends tout à fait que vous pensez qu’un Jedi ne peut accomplir un tel geste… et je croyais personnellement que c’était le cas. Malheureusement, il n’y avait personne d’autre ici lorsque nous sommes arrivés et la grille était close. Le meurtre venait à peine de se produire puisque vous êtes arrivés sur ses talons à elle !

Mas Dom désigna Isil du doigt avec mépris .

- Elle ne lui a laissé aucune chance car il ne pouvait aller très loin. Heureusement que nous sommes arrivés au même instant… qui sait ce que vous auriez inventé pour justifier cet assassinat !

- Procureur, demanda Hiivsha tandis que des policiers arrachaient brutalement Isil d’entre ses bras, l’avez-vous vue enfoncer son sabre laser dans le dos du Sénateur ?
- Bien sûr que non, siffla Mas Dom, nous sommes arrivés sans doute une minute trop tard pour cela… ainsi que pour sauver le Sénateur. Cela ne change rien à la situation. Elle était seule avec lui et visiblement, le sabre laser est une arme qui signe son acte !

Les policiers qui avaient emmené Isil un peu à l’écart, lui placèrent les bras dans le dos afin de lui passer des menottes après l’avoir fouillée et confisqué tout ce qu’elle portait sans ses poches ainsi qu’à sa ceinture. Obi Melvar tenta une nouvelle fois de faire fléchir le Procureur-adjoint de Coruscant.

- Madame le Procureur, laissez-moi l’emmener devant le Conseil Jedi. Ils sauront comprendre ce qui s’est passé… elle ne pourra pas leur mentir. Si elle a bien fait ce que vous dites, elle sera convenablement punie.
- Punie ? s’écria Mas Dom, j’y compte bien ! Mais ce ne sera pas par une mascarade de justice orchestrée par ses pairs. Ce sera par la justice républicaine, comme la citoyenne qu’elle est, comme tout un chacun, et d’ailleurs, il n’y a pas de raison qu’elle soit traitée différemment d’une autre personne !
- Je ne permettrai pas que…

Mas Dom leva la main en l’air d’un geste impérieux.

- Je vous préviens, Maître Melvar, que si la moindre pression doit être exercée sur les autorités policières ou judiciaires par le Conseil Jedi, je livre immédiatement cette affaire aux chaînes de l’Holonet et dans une heure, toute la Galaxie saura que l’Ordre Jedi compte en son sein l’assassin d’un Sénateur noble et respecté !
- Vous ne pouvez faire cela ! Nous sommes en mission spéciale sur ordre du Chancelier Suprême lui-même. La plus grande discrétion est indispensable pour la suite des opérations.
- Personne n’a voulu me mettre au courant ! protesta Mas Dom, comment voulez-vous que je juge de la situation ?
- C’est top secret. Mais il en va de la sécurité de la République. Je vous demande de ne rien rendre public avant que nous ayons terminé. Nous devons nous rendre sur Alderaan au plus vite avant que des fuites fâcheuses n’infiltrent les médias. Il faut que vous fassiez mettre tout le personnel de la demeure de Kaldor au secret le temps nécessaire.

Mas Dom était perplexe. Le Conseiller à la Sécurité de la République, Jaster Darillian lui-même, lui avait fait comprendre qu’effectivement l’opération que menaient les Jedi était de la plus haute importance. Cependant, il ne lui avait pas révélé les tenants et les aboutissants de l’affaire et cela l’avait frustrée. Malgré tout, elle ne pouvait risquer de faire capoter une opération déclenchée sous l’autorité du Chancelier Suprême. Même si elle ne faisait pas confiance aux Jedi, elle restait une fonctionnaire zélée et professionnelle. Pourtant, elle ne voulait pas perdre la face. Elle s’obstina.

- Soit, Maître Melvar. Je retiendrai toute information de cette affaire pendant quarante-huit heures pour vous laisser le temps d’agir. Mais votre Padawan ne viendra pas avec vous. Je l’inculpe pour meurtre et c’est non négociable ! Je serais vous, je ne perdrais pas plus de temps en vaines palabres et je sauterais dans mon vaisseau pour foncer sur Alderaan au plus vite.

Hiivsha saisit le bras du Jedi.

- Adol Bruck, on ne peut pas les laisser mettre Isil en prison comme une…

Obi Melvar l’interrompit en l’entrainant un peu plus loin à l’écart, avant de lui murmurer un brin agacé par la tournure qu’avaient prise les événements.

- Comme quoi ? Comme une citoyenne comme une autre ? Mais Hiivsha, c’est pourtant ce qu’elle est, ce que nous sommes tous ! Notre statut de Jedi ne nous permet pas de tout faire, de faire n’importe quoi ! Le Procureur a raison, nous ne sommes pas au dessus des lois et franchement, je ne sais pas ce que le Conseil Jedi va pouvoir faire.
- Je refuse de l’abandonner ! Après ce qu’elle a subi sur Korka, elle est encore fragile.
- C’est une Jedi ! s’exclama à voix basse Maître Melvar en détachant chaque syllabe. Elle est entraînée pour résister à tous les maux que la guerre fait naître. C’est une combattante. Cessez de la considérer comme une petite fille, vous ne lui rendez pas service !
- Mais ça fait beaucoup en suivant non ?
- Ecoutez, Capitaine Hiivsha, si vos sentiments pour elle vous empêchent de continuer la mission que vous avez tenu à achever avec nous, libre à vous de la suivre ! Je continuerai seul. Je vous avais dit que les sentiments ne devaient pas interférer dans ce que nous accomplissons, vous en voyez le danger à présent ?

Le cœur du contrebandier se serra en se rendant compte combien le Jedi avait raison. Il regarda par-dessus l’épaule, Isil qu’on faisait entrer dans un speeder de la police sous la poigne énergique de deux agents qui paraissaient bien grands à côté d’elle.

- Elle va croire qu’on l’a abandonnée, murmura Hiivsha en ressentant une douleur intérieure très forte.
- Elle comprendra ! coupa Adol Bruck. Venez !

Ils retournèrent vers le Procureur qui donnait des ordres à d’autres policiers arrivés en renfort. Une ambulance était là également. Des infirmiers étaient en train de mettre le corps du Sénateur sur un brancard après que les policiers eurent scannés les lieux pour garder la mémoire de la scène du crime. Un groupe d’agents s’en alla vers la grande demeure pour mettre tout le monde au secret pendant qu’un technicien de la police isolait la zone de toute possibilité de communication. Mas Dom se tourna vers les deux hommes qui revenaient vers elle.

- C’est bon. Rien ne filtrera vers l’HoloNet durant deux jours !
- Quand nous aurons terminé ce que nous devons faire, nous reparlerons du cas d’Isil Kal’Andil.

Le Procureur émit un petit rire rauque.

- Vous ferez ce que bon vous semblera, Maître Melvar… tant que vous respecterez les lois de la République. Votre Padawan sera traitée comme tout citoyen, ni plus… ni moins !

Le Jedi fit signe à Hiivsha qu’il ne servait à rien de s’attarder sur les lieux. Ils s’approchèrent du speeder dans lequel Isil avait été placée et Adol Bruck lui fit un petit geste désolé en la contemplant, les mains dans le dos, encadrée par les deux gorilles en uniforme.

- Isil, nous partons sur Alderaan achever notre mission. Nous sommes obligés de te laisser pour le moment. Je vais alerter le Conseil de ce qui se passe.
- Je suis désolée de tout cela Maître Melvar, répondit-elle en baissant les yeux. Je ne sais pas ce qu’il m'est arrivée. Mais ça ne fait rien, il faut que vous acheviez la mission, peut importe ce qu'il doit advenir de moi… Je suis désolée…
- Nous reparlerons de tout cela à notre retour. Mais Isil, il faut que je sache… Est-ce que Darillian t'a demandé la même chose qu'à moi ?

Isil resta muette et observa de droite et de gauche les deux agents qui l'encadraient. Regardant ensuite le Jedi dans les yeux, elle cligna lentement des paupières dans un signe qui signifiait oui de façon évidente. Les doigts d'Adol Bruck se crispèrent sur la carrosserie de l'airspeeder de la police au point que ses articulations blanchirent. Il ne pouvait détacher son regard de celui de la jeune fille, cherchant sous le masque impavide qu'avait revêtu son visage une réponse à ses questions. Il avala sa salive et sentit sa gorge nouée, hésitant à poser la dernière question qui lui importait. Non pas parce qu'il y avait des témoins de leur échange, mais parce qu'il avait peur de la réponse que la Padawan pourrait lui donner. Un officier monta à l'avant du véhicule qui oscilla légèrement sous son poids. L'air agressif et impatient, il jeta un coup d'œil à l'arrière, vers ce Jedi penché sur sa protégée qui venait de commettre un meurtre abominable.

Adol Bruck articula lentement, voulant être certain qu'Isil comprendrait bien ce qu'il souhaitait savoir.

- Isil, est-ce que tu as fait ce qu'il t'a demandé ?

Un silence s'établit entre eux. Isil soutint son regard sans ciller et aucun clignement ne vint fermer ses paupières. Une grande intensité brillait au fond de ses prunelles bleues dans lesquelles Obi Melvar crut lire à la fois de la peur et du désespoir. Au bout de plusieurs secondes, ses yeux s'écarquillèrent légèrement sans que Maître Melvar ne parvienne à y lire davantage. Puis le regard turquoise se troubla et Isil baissa les yeux. Le Jedi se redressa et le véhicule s'en alla dans la nuit de Coruscant, laissant derrière lui un Maître Jedi au summum de la perplexité, ne pouvant se résoudre à croire ce qu'il croyait à cet instant là.

Il sentit dans son dos le contrebandier qui s'était rapproché pour regarder partir, avec un pincement au cœur, l'airspeeder qui lui enlevait sa bien-aimée. Les épaules d'Adol Bruck se voûtèrent.

- Je crois que notre Padawan a exécuté le Sénateur à la demande du Conseiller Darillian.

Hiivsha retint un cri de surprise et riposta vivement.

- Je n'en crois rien ! Je connais Isil depuis moins longtemps que vous, mais d'une façon totalement différente. Je connais son cœur. Elle est incapable d'une chose pareille ! Comment, vous, un Maître Jedi, pouvez penser cela d'une de vos Padawan ? Vous ne pouvez pas… je sais pas moi… sonder la Force pour savoir ce qui s'est réellement passé ?

Le Jedi se retourna vers le contrebandier.

- Je n'ai pas ce pouvoir-là… mais j'ai lu dans ses yeux… elle n'a pas nié avoir tué le Sénateur Kaldor !

Hiivsha secoua la tête vivement.

- Non, non, non… balivernes que tout cela ! Je n'en crois pas un mot. Je le sais au fond de moi et je n'ai pas besoin de votre Force pour savoir qu’Isil est innocente de ce meurtre !
- Alors pourquoi n’a-t-elle rien dit ? Pourquoi n’a-t-elle pas protesté en expliquant ce qui s'est passé devant cette grille ? Ça n'a pas de sens Hiivsha ! Sauf si elle a accompli le geste que Jaster Darillian lui a demandé de faire.
- Darillian ? Vous croyez vraiment qu'il lui a demandé de… Le salaud ! S'il en est ainsi, je vais le lui faire payer cher !

C'était la première fois que Obi Melvar voyait le contrebandier en colère. Une colère sourde et puissante. Il leva les mains devant son torse en geste d'apaisement.

- Du calme Hiivsha. En toutes circonstances il faut se contrôler et ne pas laisser nos émotions et nos… sentiments avoir raison de notre lucidité.

Hiivsha respira très fort pour essayer de se calmer. Puis il fixa Obi Melvar dans les yeux.

- De toute façon, qu'il lui ait demandé ou pas, je suis sûr qu'Isil n'a pas tué Kaldor.
- Le Conseiller peut être très persuasif. Il a l'âge et l'expérience pour lui et Isil n'a que sa jeunesse…
- Vous oubliez l'enseignement de son Maître Beno Mahr un peu trop facilement à mon goût, Adol Bruck, protesta Hiivsha. Qu'elle soit jeune, c'est un fait, mais vous-même, vous avez été l'apprenti de Maître Mahr… Pensez-vous donc que son enseignement soit si léger, si fragile, que sa Padawan puisse trébucher comme ça, à la première pierre aussi redoutable soit-elle ? Elle a fait preuve d'un courage insensé sur Korka pour résister à tout ce que les Sith lui ont fait subir, et vous pensez que parce que un Conseiller lui a demandé de renier les préceptes de son Ordre, elle lui a obéi ? Pour quelle raison ?
- Peut-être parce que Darillian sait des choses sur les parents d'Isil et qu'il lui a peut-être promis en échange de les lui révéler ?
- Bah, je ne sais trop quoi vous répondre Adol Bruck. Je suis certain pourtant que cela ne peut peser assez dans la balance pour la faire basculer comme ça dans de tels errements.
- Vous l'avez dit vous-même, elle est fragilisée par les tortures et dieu sait quoi encore qu'elle a endurées… de plus ses sentiments pour vous la fragilisent encore plus.
- Hé oh ! se rebiffa Hiivsha, ne mélangez pas tout ! C'est moi qui suis amoureux d'elle. Elle, elle gère parfaitement la situation… mieux que je ne l'aurais souhaité d'ailleurs… enfin… ce n'est pas que je souhaite qu'elle renonce à devenir Chevalier Jedi hein… mais bon… elle a décidé d'enfouir ses sentiments pour moi là où le Coté Obscur ne les trouvera pas. Je ne pense pas que cela la fragilise autant que vous le dites.

Maître Melvar eut un très léger geste d'agacement.

- Nous ne pouvons pas rester ici à épiloguer sur Isil. La mission doit continuer et nous devons partir sur l'heure sur Alderaan avant que Sazkaer ait eu vent de notre action.
- Qu'est-ce qu'on attend alors ? Plus vite nous auront terminé, plus vite nous serons de retour pour aider Isil et comprendre ce qui s'est passé ici, conclut le contrebandier.

Mas Dom achevait de donner les dernières consignes aux enquêteurs. Quand Hiivsha et Adol Bruck revinrent vers elle, elle leur lança goguenarde.

- Vous n'êtes pas encore en route pour Alderaan ?
- Nous partons, répondit le Jedi impassible. J'espère que vous ferez tout pour savoir la vérité sur ce drame.

Elle le toisa du regard.

- Vous en doutez ?
- Vous n'aimez pas les Jedi, Mas Dom. Alors je me dis qu'une enquête à charge contre Isil n'est peut-être pas à exclure.
- Votre arrogance de Jedi vous empêcherait-elle de penser qu'on peut ne pas vous apprécier et rester professionnelle dans son travail ? Je vous ai dit que Kal'Andil serait traitée comme une prévenue ordinaire. Cela inclut le déroulement de l'enquête jusqu'au procès. Sur ce, messieurs, bonne route, j'ai d'autres chats à fouetter que de deviser sur les mérites de l'Ordre Jedi !

Sur ces paroles sans appel, elle leur tourna le dos et remonta dans son airspeeder qui partit en vrombissant. Adol Bruck tapota le dos du contrebandier.

- Venez Hiivsha, regagnons l'astroport au plus vite. Notre vaisseau nous attend. Nous y contacterons Tython.
*
* *

Le véhicule de la police se posa sur l'aire d'atterrissage du Poste Central de la Sécurité Planétaire de Coruscant, immense building pas très éloigné du bâtiment du Sénat. A l'intérieur se trouvait le centre de commandement des forces de l'ordre de la ville planète qui organisait et synchronisait les interventions des innombrables postes de police de la capitale. C'était à lui tout seul une véritable fourmilière qui était un élément essentiel de la sécurité de la planète. Relié par des tunnels qui s'enfonçaient dans les entrailles de la ville, à la prison centrale isolée dans une ancienne zone industrielle désaffectée, ou aux différentes casernes des Forces Spéciales récemment créées, le Poste Central était une pieuvre au milieu de l'océan de permabéton et de duracier de Coruscant. Une faune multicolore franchissaient en permanence ses nombreuses issues et une noria de véhicules arborant les phares clignotants si particulier de la police, se posaient sur les plateformes d'atterrissage du building et en décollaient de façon quasi ininterrompue, parfois dans les hurlements des sirènes d'urgence.

La police paraissait en permanence débordée par les trop nombreux crimes et délits qui sévissaient dans les abîmes obscurs des bas quartiers peuplés de milliards d'individus, plus touchés par la guerre que les nantis des sommets. Le crime, le vol, les trafics en tous genre, la prostitution, côtoyaient le quotidien d'une population livrée trop souvent à elle-même et dont le seul souci était la survie au jour le jour au milieu des ruines, stigmates du saccage de la ville planète perpétré par les Sith il y avait presque dix ans de cela.

Les deux agents saisirent Isil toujours menottée dans le dos, avec une poigne brutale, chacun par un bras, et l'emmenèrent dans une vaste salle grouillante de monde, où les gens s'interpellaient, criaient, se bousculaient comme au plus fort d'une foire exposition interplanétaire. Jouant du coude, ils arrivèrent devant un long comptoir derrière lequel se tenaient d'autres fonctionnaires en uniforme.

- Sergent Rok, qu'est-ce que vous nous amenez-là ? demanda dans le brouhaha ambiant une grosse femme transpirante à l'un des deux agents qui tenaient la Padawan.
- C'est une Jedi, Manni ! lança le policier. Elle a commis un meurtre. L'identité de la victime et le lieu sont classifiés pour le moment.

La grosse femme hocha la tête en soupirant. Classifié, cela voulait dire que du beau monde était compromis. On ne classifiait pas les affaires qui arrivaient dans les soubassements de la ville.

- Je vois, fit-elle avec un accent sous-entendu appuyé d'un clin d'œil au dénommé Rok.
- L'ordre d'écrou devrait arriver incessamment sous peu, fit l'autre policier, c'est Mas Dom elle-même qui doit l'envoyer.
- Mazette, le Procureur adjoint elle-même ?

La grosse femme regarda le minois presque enfantin d'Isil et secoua la tête avec pitié.

- Je ne sais pas ce que t'as fait mon ange, mais t'es mal barrée ! Le Procureur Mas Dom a horreur des gens de ton espère… je veux dire des Jedi. Si c'est en son pouvoir, elle va te crucifier. Pauvre gosse !

Elle tamponna avec une puissance inouïe qui fit trembler le comptoir sur plusieurs mètres, un film transparent qu'elle rangea dans un casier.

- Bon, à nous deux fillette !

La fonctionnaire posa devant elle une plaque rectangulaire.

- Allez, détachez-là qu'elle puisse poser sa mimine sur l'identificateur organique !

Rok s'exécuta et ôta les menottes des poignets rougis par le frottement du métal. Isil avança la main droite vers la grosse femme qui la prit aussitôt dans la sienne, moite et grassouillette.

- T'as la peau douce ma mignonne, apprécia-t-elle avec un sourire. Allez, pose la paume ici.

La plaque s'illumina sous la pression de la peau. Manni regarda l'écran translucide qui était à côté d'elle en se grattant la tête d'un geste trahissant la perplexité.

- Mince, fit-elle, elle est pas dans le fichier galactique. Comment tu t'appelles mon chou ?

Isil retint un soupir mais considéra que la gentillesse que manifestait la grosse policière ne devait pas être déconsidérée dans cette salle déshumanisée.

- Isil Kal'Andil, répondit-elle sagement.
- Calendil ? répéta Manni.
- Non, Kal'Andil… K A L, apostrophe, A N D I L, épela Isil patiemment.

La grosse femme secoua la tête après avoir tapoté sur un clavier virtuel.

- Non, décidément, rien, tu n'existe pas dans mon fichier ma jolie.
- Ah, ces Jedi, soupira le collègue de Rok. On sait pas d'où ils viennent, on sait pas qui ils sont…
- Ni ce qu'ils font ! compléta Rok en éclatant de rire. A part se barrer quand ça tourne mal, pas vrai Andulo ?
- Vrai Rok ! Et s'ils avaient une queue, ils l'auraient entre leurs jambes !

Ils se mirent à rire grassement tous les deux tandis qu’Isil pinçait les lèvres sans rien dire en regardant la fonctionnaire qui haussa les épaules dans un mouvement qui voulait dire : T'en fais pas ma jolie, ils sont complètement idiots ces deux-là.

- Bon, reprit patiemment cette dernière, je vais te créer une fiche provisoire le temps que les archivistes s'occupent de toi. Donc tu m'as dit, Kal'Andil, Isil, âge ?

Isil haussa les épaules à son tour d'un air désolé.

- Je ne sais pas vraiment… sans doute vingt et un d'après ce qu'on m'a dit.
- D'après ce qu'on lui a dit, répéta Andulo en riant de plus belle. Ces Jedi, ils savent même pas leur âge et après on voudrait leur confier la Galaxie !
- Oh, la barbe, s'écria Manni en balayant l'air de la main devant le nez du policier. J'imagine que tu sais quand même où tu es née ? demanda-t-elle en se retournant vers Isil.
- Corellia… d'après ce qu'on m'a dit, ajouta-t-elle avec un petit sourire en coin.

Les deux policiers s'étaient arrêtés de rire.

- Mouais, fit Rok. Un conseil ma jolie, évite de faire la maligne, toute Jedi que tu es.
- Lâche-là Rok, fit Manni. Tu sens pas que la demoiselle doit pas savoir grand-chose de son passé ? C'est pas forcément drôle tu sais.
- Ouais, renchérit Andulo, ces Jedi, parait qu'ils volent les enfants quand ils sont bébés pour plus qu'ils sachent qui sont leurs parents afin de mieux les encodi… endictro… entroctiner…
- Endonctraner crétin ! s'esclaffa Rock en lui donnant une bourrade dans le dos.

Manni secoua la tête en levant les yeux au ciel d'un air totalement désespéré.

- C'est endoctriner, espèce de bourrin. Tu vaux pas mieux que ton collègue question vocabulaire ! s'exclama-t-elle en faisant un clin d'œil complice à la jeune fille. Bon, continuons, Corellia… voilà ! Avec ton empreinte génétique dans cet appareil, les archivistes vont peut-être retrouver ta trace si les informations que tu nous as données sont exactes.

Puis regardant les deux policiers.

- Vous pouvez l'emmener à la salle de transit en attendant l'ordre d'écrou, j'en ai fini avec elle. Courage ma petite ! fit-elle avec un petit geste de la main tandis que les deux policiers emmenaient Isil dans une autre partie du bâtiment.

Ils arrivèrent dans une sorte de hall dans lequel se trouvaient de grandes cellules grillagées qui rassemblaient des centaines d'individus de toutes races et de tous genres. Le brouhaha continuait, amplifié par les dimensions des lieux. A l'intérieur de chaque box, on pouvait compter une quarantaine de personnes, assises sur des bancs métalliques, par terre ou même allongés sur le sol, qui attendaient visiblement qu'on daigne s'occuper de leur cas. Les policiers qui escortaient Isil la poussèrent sans ménagement dans l'un d'eux et les barreaux de refermèrent derrière elle avec un claquement sonore.

- Tiens, Jedi, lança Rok à la cantonade, voilà ta nouvelle Galaxie à protéger !

Isil regarda autour d'elle. Il y avait là des êtres de toute la Galaxie, des humains en majorité mais aussi trois rodiens, un géonosien qui la regardait fixement, un groupe de zabrak qui s'étaient regroupés dans un coin de la cellule, quelques twi'leks, deux wookiees et un farghul. Il y avait une place au bout d'un banc, à côté d'un vieillard qui oscillait de droite et de gauche comme un bateau bercé par l'océan, et Isil alla s'y asseoir. Elle regretta aussitôt son choix compte tenu des relents aigres de vin qui émanaient du vieil ivrogne. Les conversations qui s'étaient arrêtées un instant à son arrivée avaient repris en sourdine. Vu les regards furtifs qu'elle attirait, on parlait d'elle. Isil frotta ses poignets endoloris en fermant les yeux, cherchant à se retrouver dans la Force pour recommencer à méditer et à réfléchir sur la dernière heure.

Qu'avait-elle fait ?
Ou, que n'avait-elle pas fait ?
Comment pouvait-elle clamer son innocence quand elle-même ne savait pas quel geste elle avait pu accomplir ?

Les paroles du Conseiller Darillian lui revinrent en mémoire. "Kaldor est un adversaire redoutable. Il se défendra âprement lorsque vous irez l’arrêter. Ce sera de la légitime défense." Avait-elle reçu un coup à la tête pour avoir cette absence pour le moins inopportune ?

- … c'te salope de Jedi, j'vous l'dis moi… on devrait tous les éliminer…

Les paroles d'une femme un peu plus loin la tirèrent de sa réflexion. Elle avait une cinquantaine d'années et vu sa tenue et son maquillage outrancier, ce devait être une prostituée. Elle parlait d'une voix rauque à deux autres personnes qui devaient être des collègues de travail : une humaine décolorée, plus jeune mais tout aussi fardée qu'elle, et une twi'lek à la peau bleue, au visage doux et magnifique de corps. Toutes trois jetaient de fréquents coups d'œil vers elle tout en discutant. La twi'lek semblait vouloir la retenir par le bras.

- Lâche moi ! s’écria la femme en haussant un ton agressif. J'veux aller lui dire c'que j'ai dans les tripes ! C'est pas une Jedi qui va me foutre les foies !
- Abill, non, laisse-là tranquille, murmura la twi’lek, tu vois bien que c'est qu'une gosse !

La femme se dégagea le bras.

- Fous-moi la paix !

Elle marcha d'un pas claudiquant, juchée sur des hauts talons pointus, vers Isil qui faisait mine de ne pas prêter attention à elle. Puis elle se campa devant la Padawan, les mains sur les hanches, dans une attitude de défi.

- Alors, vrai ? T'es une putain de Jedi ? Des mêmes salauds qu'ont laissé les Sith massacrer les gens de Coruscant et qui se sont barrés sur leur saloperie de planète mère ?

Isil ne bougea pas. Elle sentait irradier dans la Force tant de souffrance se dégageant de toutes les personnes recluses dans les cellules de ce hall de transit, que cela lui faisait mal jusque dans ses entrailles. Elle voyait des images confuses selon qu'elle se concentrait sur telle ou telle personne. Le vieil ivrogne avait perdu sa femme, assassinée pour une pièce de monnaie et s'était réfugié dans l'alcool bon marché. Le géonosien qui la regardait discrètement avait volé de la nourriture et les zabraks vendaient de la drogue depuis qu'ils n'avaient plus d'emploi pour nourrir leur famille. Mais la plus grande souffrance, vrillant comme une pluie d'épingles transperçant un corps, émanait de la prostituée qui se trouvait devant elle.

- Hé, j'te cause pouffiasse ! T'es trop huppée pour me regarder ? P'têt que des Jedi ça cause pas aux filles de mon genre ? J'suis pas assez bien pour toi ? Tu crois que parce que tu portes une putain de tunique de Jedi de mes fesses et une putain de bure à la noix ça te donne le droit de pas me répondre ?

Tant de souffrance. La Force en était remplie. Autant de souffrance ici que de richesses étalées dans les zones supérieures de la ville planète. Un abîme de classe et d'incompréhension séparait les personnes autour d'elle des riches hommes d'affaires et des hommes politiques qui gravitaient au sommet des buildings. Isil leva ses grands yeux remplis de compassion vers la prostituée.

- Putain de Jedi ! s'écria la femme en crachant au visage de la Padawan.

Une gifle aurait fait moins mal à la jeune fille que la salive malodorante qu'elle reçut sur la joue. C'était du condensé de malheur, de tristesse, de chagrin et de douleur qui venait de la frapper de plein fouet. Le silence se fit dans la cellule barreaudée. Tous les regards avaient convergés vers les deux femmes, celle qui se tenait debout et la plus jeune qui était assise devant elle. Le regard bleu profond comme l'océan plongea dans les yeux bruns de la prostituée pour y pénétrer jusqu'à son âme, cherchant à savoir ce qui la faisait aussi intensément souffrir. Là, au fond de l'abîme de son chagrin, elle vit un mari qui mourrait sur le champ de bataille, coupé en deux par le rayon d'un canon Sith ; elle sentit les cris de ses quatre enfants écrasés par les murs de béton de leur appartement durant le saccage de la capitale ; elle fut bouleversée par les cris d'une mère tenant dans ses mains tremblantes un enfant mort-né au fond d'une ruelle sordide des bas quartiers empuantis par les rejets d'une population trop importante. L'intensité de ce qu'elle ressentait à présent dans la Force était telle qu'elle dut se maîtriser pour contenir le cri de souffrance qui crispa ses entrailles. L'affliction la submergea et ses yeux se troublèrent, se refusant à laisser échapper des larmes que les Jedi avaient toujours considérées comme incongrues et faiblesse dans la maîtrise de leurs émotions. Sans ciller, elle murmura.

- Je suis désolée…

Les épaules de la prostituée s'affaissèrent soudain et elle se mit à pleurer sans bruit. Isil se leva lentement et la prit dans ses bras sans rien dire. Puis, les deux autres femmes qui l'accompagnaient s'approchèrent d'elle pour la prendre à leur tour par les épaules et l'emmenèrent dans un recoin de la cellule en lui murmurant quelques paroles de réconfort. Dans un silence pesant, un homme s'approcha de la Padawan et lui tendit un mouchoir immaculé. Tandis qu'Isil s'essuyait la joue, des murmures réprobateurs reprirent tout doucement, comme au ralenti. La twi'lek revint alors vers elle, la tête basse.

- Il ne faut pas lui en vouloir mademoiselle, Abill a tellement souffert qu'elle rend l'univers entier responsable de ses malheurs.
- Je sais, murmura Isil, je sais… je voudrais tant pouvoir faire quelque chose pour chacun de vous… je me sens désarmée, impuissante…

La twi’lek lui adressa un sourire et posa la main sur son épaule.

- Que pouvez-vous y faire ? Vous n'êtes pas la Force à vous toute seule. Je suis sûre que vous faites simplement de votre mieux.

Isil lui rendit son sourire et posa une main sur celle de la twi’lek.

- J'essaie en tout cas.

Elles restèrent ainsi une poignée de secondes, se parlant avec les yeux, puis la twi'lek réitéra son sourire avant de s'en retourner vers son amie Abill qui pleurait dans les bras de la troisième femme.

Isil rendit le mouchoir en remerciant l'homme qui hocha la tête en marmonnant un ce n'est rien désolé puis elle se rassit et retourna dans la Force en se demandant ce qu'elle pouvait y trouver pour aider tous ces pauvres gens.

Elle fut tirée de sa méditation quelques heures plus tard par deux policières qui vinrent la chercher pour l'emmener dans un bureau après lui avoir repassé une paire de menottes dans le dos. Au moment où elle sortait de la grande cellule commune, la prostituée s'était avancé vers elle et lui avait murmuré un pardon presque inaudible qui était allé droit dans le cœur de la Padawan. Un nouveau silence avait accompagné son départ, mais à la différence de son entrée, ce n'était plus un silence hostile. Isil avait ressenti tant de choses dans la proximité de ces gens qu'une certaine partie de ces certitudes en avait été bouleversée.

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Messagepar Dark Sheep » Jeu 07 Juil 2011 - 11:17   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Même dans cette cellule de prison face à l'hostilité, Isil fait preuve de compassion :jap:
Et elle transforme un groupe hostile en collectivité amicale au grand coeur :lol:

Un sith aurait-il pu tuer Kaldor et s'enfuir en la laissant endosser le crime ?
La police arrive sur les lieux du crime à point nommé :D
Je dois dire que la machination est intéressante, et je me demande ce qui attend ABOM et Hiivsha sur Alderaan :wink:
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"Cette galaxie a besoin d'un sauveur, pas d'un héros."
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Messagepar Notsil » Jeu 07 Juil 2011 - 19:41   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

Pauvre Isil, en plein coeur d'une nouvelle machination :)

Elle gère bien en tout cas, elle est perdue quelque part, et reste pleine de compassion et d'empathie. Hâte de voir ce qu'il s'est réellement passé.
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Messagepar Hiivsha » Ven 08 Juil 2011 - 7:14   Sujet: Re: [Roman] Les aventures d'une jeune Jedi - Tome 1

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CHAPITRE 19

– La Prison Centrale –



La pièce était classiquement vide, les murs nus. Au centre se trouvaient une table et deux chaises en vis-à-vis. Les deux fonctionnaires de police installèrent la prévenue sur l'une d'elles en lui liant les chevilles aux pieds métalliques rivetés au sol avant de ressortir. Isil resta seule de longues minutes dans cette position plus qu'inconfortable avant que deux hommes ne rentrent à leur tour dans la pièce. Ils étaient en civil, habillés de vêtements de bonne facture un peu austères. Le plus âgé, environ une cinquantaine d'années, s'empara de la chaise restée libre et s'assit dessus avant de poser sur la table un gros datapad, tandis que le second, sans doute plus jeune d'une décennie, s'installait dans le dos de la jeune fille.

- Je suis Dack Tavers, l'assistant du procureur et voici l'enquêteur Bror Forma. Bonjour mademoiselle Isil…

Il posa un petit scanner miniature afin d'enregistrer la conversation puis consulta un instant son écran en fronçant les sourcils avant de continuer d'un ton affable.

- … Kal'Andil ? C'est ce que vous avez déclaré ?

Isil acquiesça d'un signe. L'homme dodelina du chef.

- Faux, ce n'est pas votre nom !

Elle écarquilla les yeux d'un air étonné.

- Je vous jure que c'est…

Le nommé Bror Forma frappa violemment la table avec le plat de la main.

- Pas de mensonge ! Tu commences bien mal cet interrogatoire ! s'exclama-t-il penché vers elle à quelques centimètres de son visage.

L'assistant du procureur leva la main en geste d'apaisement.

- Peut-être Mademoiselle ne connaît pas sa véritable identité ?

Isil regarda sans broncher les deux hommes alternativement et répondit d'une voix basse.

- Aussi loin que je me souvienne, c'est le nom qu'on m'a appris et donné.

L'enquêteur soupira. Dack Tavers compulsa les documents contenus dans le dossier.

- Voyons Isil… Tu permets que je t'appelle Isil ? Le génoscan est formel. Tu es effectivement née sur Corellia mais ton vrai nom est Isil Valdarra, fille du général Valdarra, présumée morte il y a presque dix ans dans l'incendie qui coûta la vie à tes parents, Jaina et Jann Valdarra… L'incendie de leur demeure.

Un peu perdue, Isil les observa de nouveau l'un après l'autre avant de poser un regard d'incompréhension sur l'assistant du procureur.

- Non, dit-elle ébranlée dans ses certitudes, vous devez faire erreur… Mon Maître m’a toujours dit que mon nom était Kal'Andil… contactez Tython, demandez un Maître du Conseil Jedi, il vous confirmera mon identité !
- Inutile, reprit Tavers, il ne peut y avoir d'erreur. Les archives de Corellia sont formelles. Une signature génétique ne peut mentir. Je ne sais pas ce qu'on t'a raconté, mais on t'a visiblement menti durant tout ce temps.
- Ce qui ne change rien à ta situation hein ? enchaîna l'enquêteur d'une voix forte et agressive. Tu es là pour nous dire comment et pourquoi tu as tué le Sénateur Kaldor !
- Je ne sais pas, répondit doucement Isil.

Bror Forma s'emporta et asséna une grande claque sur la nuque de la jeune fille dont la tête partit en avant.

- Te fous pas de nous pétasse ! Tu vas pas nous faire croire que tu sais pas comment tu t'y es prise pour commettre cet assassinat lâche et révoltant ? On t'a trouvée penchée sur le corps de ta victime, ton sabre laser à tes pieds et justement c'est un rayon de sabre laser qui a tué le Sénateur… dans le dos qui plus est ! T'en penserais quoi à notre place ?
- Du calme, intervint Tavers d'une voix douce. Je suis sûr que mademoiselle ne demande qu'à passer aux aveux et à nous raconter toute l'histoire. Fais un effort de mémoire Isil, sinon l'ami Forma va encore s'énerver et quand il est énervé, il ne se contrôle plus… Tu ne veux pas que je te laisse en tête à tête avec lui quand même ?

A cet instant précis, Isil pensa qu'elle avait envie de montrer aux deux hommes ce qu'elle était en mesure de leur faire. Mais c'eût été une mauvaise idée ! Elle était consciente que sa situation mettait en porte à faux l'Ordre Jedi tout entier ainsi que la mission que le Conseil et le Chancelier Suprême leur avaient confiée. Il fallait qu'elle se tienne tranquille aussi douloureuse que pouvait être sa situation. D'ailleurs, elle-même ne savait pas vraiment ce qu'elle avait pu faire. Résignée, elle baissa la tête.

- Je vous jure que je ne sais pas… je poursuivais le Sénateur… nous avions reçu mission de l'appréhender…
- … du Conseiller Darillian, on l'a vérifié… mais vous n'aviez pas mission de le tuer !

Isil se mordit la lèvre inférieure en repensant au discours que le Conseiller lui avait tenu. Elle continua à voix basse.

- Il allait passer la grille qui donnait sur une plateforme d'atterrissage de service. Je me suis servi de la Force pour refermer la grille avant qu'il ne l'atteigne.
- De la Force ! Bah ! s'exclama l'enquêteur en ricanant. Votre fameux truc de Jedi ? Celui qui vous permet de tout faire et de tout vouloir diriger ?
- Si tu savais ce que je pourrais te faire avec mon truc de Jedi comme tu dis, pensa Isil sans broncher.
- Continue, invita l'assistant du procureur.
- Il s'est retourné vers moi et là… je ne sais plus… il y a eu… je vois… une lueur blanche… un flash… un trou noir… je m'envole…
- Tu t'envoles ? repris Dack Tavers avec étonnement.
- C'est ce dont je me souviens… continua Isil en hésitant comme si elle faisait un effort intense pour se remémorer la scène. Je ne touche plus terre et je vole à toute vitesse… et je me heurte très fort à quelque chose et puis je tombe sur le gravier…
- Ce que tu veux dire, c'est que t'as utilisé ta Force pour te jeter sur le Sénateur mais que t'as raté ton coup et que tu l'as embroché ? cria l'enquêteur à ses oreilles.
- Non, non… ce n'est pas ça… je n'ai pas usé de la Force…

Puis tout bas elle acheva.

- … enfin, je ne crois pas.
- Y'avait-il quelqu'un d'autre alentour ? questionna Tavers.
- Non… je ne pense pas… je n'ai vu personne d'autre…
- Alors, tu l'as tué ! prononça Bror Forma en détachant chacune des syllabes de sa phrase comme pour mieux faire rentrer cette idée dans la tête de la jeune fille.

Elle leva ses yeux vers lui. On pouvait y lire cette incertitude qui ne la quittait plus depuis le moment où elle s'était retrouvée agenouillée devant le corps sans vie de Kaldor.

- Peut-être, murmura-t-elle ne sachant plus quoi penser, désemparée devant l'implacable logique qui s'imposait à tous.
- Ah ! s'exclama l'enquêteur en lui tapotant familièrement la joue. Tu vois ma jolie que tu peux être coopérative quand tu veux.

Il se tourna vers l'assistant du procureur.

- Que demander de plus ?

Dack Tavers se leva pesamment de sa chaise et dit sentencieusement.

- Isil Valdarra, vous êtes officiellement inculpée de l'assassinat du Sénateur Kaldor et vous allez être déférée devant la cour de justice de la République pour répondre de ce crime. Vous avez le choix de votre avocat. Cependant, compte tenu de circonstances exceptionnelles liées à la sécurité publique qu'a soulevées le Procureur Mas Dom, un délai vous sera opposé pour jouir de ce droit jusqu'à nouvel ordre. En attendant, vous allez être incarcérée à la prison centrale dans le quartier de haute sécurité. Voulez-vous ajouter quelque chose ?

Isil fit non de la tête.

- Bonne chance, ajouta l'assistant du procureur avant de sortir accompagné de l'enquêteur.
*
* *

Le long tunnel que suivait le véhicule fermé entre le PCSP et la prison centrale était sinistre. C'était une ancienne ligne de transport souterraine désaffectée, puis remise en état dans le seul but d'y véhiculer des prisonniers sous haute surveillance. Les stations intermédiaires étaient à présents désertes et fermées par d'épaisses grilles scellées, protégées par un système d'holosurveillance. Les trois gardiens qui escortaient la jeune fille enchaînée sur un siège, parlaient à voix basse comme pour rompre la monotonie du trajet. Ils plaisantaient et riaient doucement aux grivoiseries du boute en train de service.

Au terme du court voyage, ils la firent descendre pour la remettre entre les mains de deux matrones en tenues de gardien de prison avant de repartir en sens inverse.

- Bienvenue au quartier des femmes ma jolie, fit l'une d'elle d'un ton jovial. Moi c'est Marnie... chef Marnie ! Et elle c'est Paula… chef Paula! Première visite chez nous ?

Comme Isil restait muette, elle renchérit avec un accent affirmatif.

- Première visite !

Marnie la poussa en avant dans d'interminables couloirs sombres et délavés puis elles débouchèrent dans une salle nantie d'un long comptoir métallique derrière lequel officiaient des droïdes.

- C'est ici que commence ta pension chez nous ! reprit la gardienne en jouant avec sa matraque. Là, tu vas remettre au gentil droïde tous tes effets personnels, vêtements, sous-vêtements, chaussures, broches, etc, etc…
- Autrement dit, tu te mets à poil, renchérit la seconde gardienne, Paula, qui était restée jusque là muette, avec une pointe de méchanceté.

Il y avait une certaine similitude entre les deux femmes. Elles étaient grandes, épaisses, portaient des cheveux bruns coupés courts. On aurait presque dit deux sœurs. A la différence que la première semblait plutôt joviale alors que la seconde arborait un rictus malfaisant en mâchant ostensiblement une gomme. Elle secoua sa matraque devant le nez de la détenue.

De mauvais souvenirs s'emparèrent d'Isil tandis qu'elle obtempérait et se débarrassait de sa bure de Jedi, puis de sa tunique. Elle se revit sur Korka et devant ses yeux, se tenait la puissante silhouette du commandant Ramis et de ses quatre gardes du corps. Il tenait dans sa main sa longue et grosse matraque électrique destinée à électrocuter les prisonniers récalcitrants. Les puissantes décharges tétanisaient les muscles les plus résistants en infligeant d'atroces douleurs. La première fois qu'il était venu lui rendre visite, elle n'avait pas compris le plaisir qu'il prenait à s'en servir sur ses victimes. Malgré le refuge qu'elle avait réussi à trouver dans la Force par la suite, elle s'était sentie tellement humiliée sur Korka qu'elle dut réprimer un haut-le-cœur à ce souvenir douloureux.

- Eh, doucement, jeune fille, fit Marnie en se méprenant sur le visage pâle d'Isil. Va pas tomber dans les pommes quand même hein… c'est pas si terrible tout ça… juste une douche et on va t'habiller de neuf… un joli pyjama tout orange pour mettre un peu de gaîté entre ces murs sinistres !

Elle laissa échapper un petit rire en lui donnant une petite claque sur les fesses.

- Allez, c'est bien, viens par ici maintenant… en la poussant vers une petite cabine, deuxième acte de l'accueil des nouvelles recrues ! Entre là dedans et mets les pieds et les mains dans les cercles jaunes et ne bouge plus. Ici, on douche gratis et pas seulement demain !

Elle referma la porte de la cabine et des jets d'eau fumante chargée d'un produit désinfectant se mirent à fouetter la peau d'Isil avec force. Cela dura plusieurs minutes puis de puissantes turbines prirent le relais en propulsant de l'air chaud pour la sécher.

- Et voilà, toute propre la jeune fille ! s'exclama Marnie toujours joviale. Qu'en pense-tu Paula ? C'est-y pas qu'elle est toute mignonnette comme ça ?

Paula mastiqua bruyamment sa gomme avant de répondre.

- Ouais, un vrai petit ange ! Elle va en faire des heureuses là-dedans !

Un droïde s'approcha en tenant un plateau qui contenait un uniforme orange, pantalon et chemise manches courtes ainsi qu'une une paire de chaussures basses grises.

- Ton pyjama, fit Marnie. Tu vois, c'est hyper seyant !

Elles attendirent qu'Isil se fusse habillée avant de lui attacher aux chevilles des anneaux reliés entre eux par une chaîne d'une cinquantaine de centimètres.

- Voilà mon ange ! Avec ça, pas question de courir. Je dois te prévenir que ce dispositif interagit avec la sécurité en place. Non seulement là haut, à la salle de contrôle, on sait en permanence où tu es, mais si tu tentes de te barrer au-delà des limites autorisées, ces trucs te paralyseront les jambes. Idem, si tu ne rentres pas dans ta cellule quand tu entendras la sirène, ça va te faire de tels chocs électriques que tu la regagneras vite en sautant de partout !

Elle se mit à rire en lui donnant une couverture et un oreiller qu'elle posa sur ses avant-bras.

- Faut dire que dans le quartier de haute sécurité, hormis les droïdes gardiens, y'a que les détenues. Restriction de personnels ma poule, tu vois… c'est la crise partout !
- Ouais, fit l'autre. Et sois gentille avec les anciennes si tu veux pas qu'on te retrouve en morceaux dans un coin de la cour de promenade !
- Oh Paula, t'es pas gentille avec notre invitée, la pauvre… laisse-lui découvrir tout ça tranquillement.

Elles tirèrent une porte blindée qui s'ouvrait sur un nouveau couloir.

- Tu suis les lumières qui clignotent, dit Paula. Elles te mèneront jusque dans ta cellule. Retiens bien l'étage et le numéro. C'est ton nouveau chez toi… sauf si la surchef décide de te mettre ailleurs ! ajouta-t-elle avec une pointe de vice.
- Allez courage ma mignonne, lui fit Marnie en lui tapotant l'épaule.

Elle la poussa doucement en avant et la porte blindée se referma dans son dos. Devant elle, une raie lumineuse lui montrait le chemin. Elle suivit le couloir, et déboucha dans un grand bâtiment de plusieurs étages ouverts sur un vaste hall central et garnis de cellules tout autour. Au milieu de cet espace, suspendus dans le vide, de grands écrans diffusaient des informations de l'HoloNet et des slogans publicitaires. Des cris accompagnèrent son entrée du bas en haut, tandis qu'elle marchait le long des lumières clignotantes, à travers les escaliers et les couloirs suspendus qui longeaient les box barreaudés actuellement fermés.

- Salut poupée !
- Eh vise moi un peu ce qui nous arrive… de la chair fraîche…
- Allez mignonne, viens voir maman…
- Approche ma jolie, on va bien s'entendre toi et moi…
- Une petite blondinette pour mamie Lanclo… n'aie pas peur… viens me donner un bisou…


Elle parvint ainsi au quatrième étage du bâtiment sous le regard scrutateur des droïdes de surveillance qui roulaient en silence autour de l'immense puit central éclairé par des lumières artificielles qui tombaient d'un plafond qui se perdait à la vue dans sa hauteur. Les lumières sur le sol s'arrêtaient devant la cellule 4127. Elle s'arrêta également. Quelques secondes plus tard, la grille de la cellule coulissa, lui laissant un espace pour entrer avant de se refermer sitôt qu'elle eût pénétré à l'intérieur.

La pièce était relativement grande. Il y avait deux lits, une table et deux chaises, deux armoires, un grand rideau qui occultait une petite salle de bain avec un lavabo, un coin douche et les indispensables toilettes. Une femme occupait un des lits sur lequel elle lisait, allongée. À son entrée, elle posa son livre en flimplast et l'observa longuement. C'était une humaine d'âge mûr, avec des cheveux longs grisonnants et raides, un visage énergique chargé de rides profondes et de cicatrices témoins d'une vie sans doute mouvementée. Ses mains étaient puissantes et la musculature de ses bras laissait supposer une force au-dessus de la moyenne.

- Tiens, de la compagnie, enfin, fit-elle en guise de mot d'accueil. Et… oh…

Elle se redressa sur ses coudes et la détailla du regard en sifflant doucement.

- Et pas n'importe quoi en plus ! C'est que t'es toute jolie ma puce ! Un magnifique brin de jeune fille !

Elle se mit à rire en gloussant.

- T'en fais pas mignonne, je prise pas les femmes… ce sont les beaux mecs qui m'intéressent, ceux qui sont bien montés si tu vois ce que je veux dire. Tu crains rien… avec moi en tout cas ! ajouta-t-elle en clignant de l'œil. Vas-y installe toi de ton mieux. C'est pas la panacée ici, mais c'est propre et les droïdes sont serviables !

Elle se mit à rire puis à tousser grassement dans ses mains. Une longue quinte de toux. Quand elle eût terminé, Isil entendit siffler sa respiration.

- Je m'appelle Isil, dit la Padawan sans autre commentaire.
- Et moi c'est Gigianna … mais tout le monde m'appelle Gigi dans le coin !
- Je suis ravie, fit Isil avec un sourire.

La femme se remit à rire.

- Ravie ? Tu sors d'où trésor ? Du beau monde ? De là-haut ? précisa-t-elle en montrant le plafond avec son index. On est en taule ici ! Personne n’est ravi. Ça fait huit ans que je moisis dans ce magnifique studio de douze mètres carrés !

Isil ne répondit rien et posa la couverture et l'oreiller sur le lit.

- Qu'est-ce qui t'amène ici mon ange ? questionna Gigi.
- Je suis accusée de meurtre.
- Ah ! Pas bon ça ! Et tu as vraiment tué quelqu'un ?
- En fait, j'en sais rien !

Gigianna s'esclaffa ce qui déclencha une nouvelle quinte de toux.

- T'en sais rien ? Ben ça, c'est la première fois qu'on me la fait ! D'habitude on a droit aux sempiternels, j'ai rien fait… je suis innocente… ou à quelqu'un qui assume et qui revendique son acte… mais jamais j'ai entendu quelqu'un pas savoir ce qu'il avait fait ! Raconte un peu…
*
* *

- Bon alors c'est simple, tu restes près de moi Sisil. J'ai une certaine expérience des lieux et on me respecte. Tant que tu seras avec moi, on te fichera la paix… en principe… ce qui n'empêchera pas les sous-entendus des femmes en manque, les propositions douteuses, et j't'en passe…

Isil ne pouvait s'empêcher de sourire intérieurement à la situation même si au fond, il n'y avait pas de quoi en rire. Gigianna était comme une mère poule avec son poussin. C'était une très gentille personne qui avait pourtant fait voler un homme du cent cinquante-troisième étage d'un building. Son histoire était tragique, sans doute comme la plupart des personnes enfermées dans les prisons. Elle ravitaillait avec son vaisseau les postes isolés de la République sur de lointaines planètes. Comme nombre de contrebandiers, elle était sous contrat ce qui faisait de son travail une activité légale pour un temps. Gigi avait une sœur sur Coruscant, plus jeune qu'elle et après le saccage de la ville planète, elle avait tenu tout naturellement à la retrouver parmi les décombres encore fumants. Titi, comme elle l'appelait affectueusement, avait survécu au bombardement et elle avait fini par retrouver sa trace parmi les prostituées désespérées qui ne survivaient que grâce à l'argent des plus nantis, habitant les niveaux supérieurs de la cité. Le cœur brisé, elle avait fini par convaincre sa sœur de renoncer à vendre son corps pour qu'elle vienne travailler avec elle dans l'espace. Titi s'était alors rendue chez le négociant avec qui elle passait la semaine pour récupérer ses affaires mais la discussion avait mal tourné et l'homme avait passé Titi à tabac, la rouant de coups avant de la projeter dans le vide par la terrasse ouverte. La police avait alors conclu à un accident moyennant une forte somme de crédits républicains déboursée par le riche marchand. Alors, ni une ni deux, Gigi était allée rendre visite au meurtrier de sa sœur pour lui montrer à lui aussi comment on volait sans propulseurs terrestres. L'homme s'était écrasé des centaines de mètres plus bas dans l'avenue. Curieusement, la police n'avait pas conclu cette fois-là à un accident et Gigi avait été condamnée à quarante années de détention en quartier de haute sécurité.

Isil avait en effet été l'objet de multiples attentions de la part de ses co-détenues notamment des plus âgées, lors de sa première apparition au réfectoire tenu par des droïdes serveurs. Toutefois, la présence de Gigi à ses côtés avait freiné les élans des quelques caïds au féminin qui se partageaient l'autorité de la centrale numéro 6 où elles étaient incarcérées.

- Faut comprendre que certaines ici ont pas vu le jour depuis des dizaines d'années… disait une petite brunette affamée en finissant les restes du plateau d'Isil. Et quand j'dis le jour, j'me comprends hein… c'est le jour et le reste… la musique… les mecs… une belle…

Elle murmura le mot à l'oreille de la Padawan avant d'éclater de rire.

- Tu vois ? Rien de tel qu'un mâle bien monté pour grimper aux rideaux ! Moi, ça fait trois ans… et ben, je saute sur tout ce qui me tombe sous la main !

Gigianna leva les yeux au ciel en soupirant sous le regard amusé d'Isil.

- Et voilà ! Autrement dit, prends garde à tes fesses ! Faut dire aussi qu'on a pas grand-chose à faire de nos journées. Moi j'aime lire. Les droïdes me fournissent de la lecture tant que je veux, pour ça, c'est bien. Les autres regardent l'HoloNet… mais c'est abrutissant de conneries… Bilan, elles finissent par réfléchir avec leur cul !

La brunette s'esclaffa de nouveau en recrachant la pâte blanche qu'elle était en train d'avaler sur le plateau avant de renifler bruyamment tout en s'essuyant la bouche d'un revers de bras.

- T'es dégoûtante Kita ! s’exclama Gigi écœurée.
- T'es nouvelle ? demanda soudain une voix dans le dos d'Isil.

Une humanoïde au teint bleu, au visage recouvert de tatouages étranges, le crâne lisse avec deux petites protubérances sur le sommet du front, lui avait posé une main sur l'épaule.

- Ouais, elle est nouvelle, Sill ! répondit Gigi d'un ton agressif.

Isil tourna la tête et observa l'inconnue. Elle devait dépasser les deux mètres. On aurait dit une zabrak, mais Isil n'en avait encore jamais croisée à la peau bleutée.

- Te bile pas ma grosse, rétorqua Sill en caressant les boucles d'or des cheveux d'Isil. Je regarde juste du bout des doigts. T'en a de la chance d'avoir une aussi jolie coloc Gigi… Quel gâchis ! Toi qui n'aime que les mâles ! Moi par contre, je paierai cher pour t'avoir à mes côtés ma petite colombe. Et j'suis pas la seule… mais j'suis la plus généreuse !

Elle avait dit cela d'une voix forte. Les conversations s'arrêtèrent.

- Ecoute Sill, reprit Gigi, fous-lui la paix à la petite et retourne prendre ton pied avec tes twi’lek !
- J'suis prête à te donner tout ce que tu veux si tu me la prêtes !

Isil ne put s'empêcher de retirer la main de la zabrak de ses cheveux d'un geste agacé. Maître Beno avait eu beau lui apprendre que de toutes les vertus du Jedi, la patience en était une essentielle, elle commençait à en avoir assez de se faire traiter comme un objet de plaisir. Elle se leva et se retourna vers Sill. Gigi murmura.

- Isil, non.

La brunette s'écarta un peu, prudemment. La zabrak considéra la Padawan de toute sa hauteur.

- Oh mais, le petit poussin a envie de se mesurer à moi ?
- Fais attention, marmonna Kita à l'adresse d'Isil. Sill est capable de te broyer la tête entre ses mains.
- Écoute-moi bien, Sill, laissa tomber Isil dans le silence, je ne cherche pas les ennuis et je ne veux pas me battre. Mais tu vas m'oublier immédiatement.

La main de la Padawan décrivit un demi cercle devant elle. Aussitôt, elle sentit une forte résistance de la zabrak à sa tentative de persuasion par la Force. Elle soupira. C'eût été beaucoup trop facile !

- T'as raison mignonne, on va pas se battre, je voudrais pas t'abîmer. J'suis pas là pour ça. Laisse-moi m'occuper de toi et tout ira bien.

Sill avança la main vers la poitrine d'Isil. Avant qu'elle eût pu la toucher, celle-ci avait saisi son poignet de la main droite et s'était envolée dans un bond impressionnant par-dessus la Zabrak, lui faisant effectuer un saut périlleux en arrière qui la fit s'étaler de tout son long. Isil se retrouva debout un pied sur son visage. Elle s'adressa à la zabrak dans un calme impressionnant, sans une once d'émotion ou d'essoufflement dans le timbre de la voix.

- Ecoute face bleue, dorénavant, tu ne m'adresses plus la parole, tu penses même plus à moi ! C'est valable pour toi…

Elle regarda autour d'elle les visages médusés des autres détenues.

- … et pour tout le monde !

Gigi se leva sans rien dire et suivit Isil qui sortit vers la cour de promenade.

- Ouah ! Trop forte ! J'en ai vu des trucs, mais quelque chose comme ça, aussi rapide, un tel bond… y'a qu'un Jedi pour faire ça !
- Juste un Padawan, admit Isil en laissant échapper un léger sourire.
- Mince, tu es une Jedi ? s'exclama Gigianna. Ben ça alors ! Et moi qui pensais que t'avais besoin d'être protégée !
- Peut-être protégée de moi-même ? murmura Isil d'un ton énigmatique.
- Oh, oh… fit Gigi en regardant le fond de la cour. On va avoir des gros problèmes ! M'est avis que Sill a pas apprécié d'être prise au dépourvu et humiliée devant tout le réfectoire. Il est vrai que dans sa position, elle ne peut pas se permettre de perdre son autorité.

En effet, la zabrak revenait à la charge mais cette fois, pas toute seule. Il y avait avec elle, quatre twi'lek, une autre zabrak avec un visage sombre plus caractéristique de la race, et trois humaines relativement jeunes mais dont les muscles saillaient sous des vêtements trop ajustés. Chacune était armée d'une barre de fer et Sill dissimulait maladroitement un couteau à la lame effilée.

- Ça va être notre fête ! grimaça Gigi en cherchant du regard un objet à adopter comme arme.

Isil s'avança vers le groupe en levant les mains.

- Je ne veux pas vous faire de mal. Arrêtez ça de suite !

Des ricanements fusèrent. Les autres détenues s'étaient rapprochées de part et d'autre de la cour.

- Tu te prends pour qui petite pute ! grogna Sill. Tu m'as eue en traître une fois par surprise, mais ça marchera pas deux fois ! On va vous donner à toutes les deux la correction que vous méritez et après, on s'occupera de ton cas en particulier !

- Ça va être dur, songea Isil. Ça va être dur de me modérer !

Elle ferma les paupières en soufflant doucement pour ne plus penser à rien. Dans l'ombre ainsi créée, elle distinguait chacune des silhouettes qui lui faisaient face, chaque barre de fer ainsi que la lame du stylet de fortune de Sill. Quand elles furent à deux mètres de la Padawan, Sill cria.

- Attrapez-là !

Le groupe s'élança aussi vite que les courtes chaînes qui liaient les pieds permettaient de le faire et arriva… sur du vide. D'un double saut périlleux, Isil s'était comme envolée et se trouvait à présent dans leur dos. Elle les voyait se mouvoir au ralenti. Les barres de métal se levèrent. Elle sentit leur attraction métallique dans les lignes de la Force et pouvait toucher à travers Elle chacune des armes improvisées. Elle tendit la main et les barres de fer quittèrent les doigts qui les tenaient comme si un aimant géant les avait attirées à lui, flottant un instant dans l'espace avant d’aller s'écraser contre le mur derrière Isil. Les formes se ruèrent de nouveau vers Isil qui tendit cette fois-ci ses deux bras devant elle comme si elle avait voulu frapper l'air compact. Une onde de choc se propagea vers ses agresseurs qui furent propulsés avec violence aux quatre coins de la cour, entre les spectateurs ébahis par ce qu'ils voyaient. La Poussée de la Force ayant assommé la plupart de ses adversaires, la Padawan se propulsa d'un nouveau bond puissant devant Sill qui se relevait et pivota sur elle-même en lançant en avant ses deux jambes qui tournoyèrent dans l'air en un mouvement de ciseaux, frappant du bout des pieds la zabrak en plein visage.

Sill s'effondra comme une masse sur le sol.

Isil retomba acrobatiquement sur ses deux jambes. Des applaudissements fusèrent au milieu d'exclamations d'étonnement et d'admiration. La scène n'avait duré au total qu'une quinzaine de secondes. L'action de la Padawan avait été foudroyante ne laissant de fait aucune chance à ses agresseurs. Gigi se rapprocha d'elle et lui posa une main sur l'épaule.

- Tu as été superbe Isil ! Tu dois être un grand Jedi !

Isil sourit et lui adressa un clin d'œil complice.

- Je te l'ai dit, je ne suis qu’une Padawan, une apprentie. Ça, c'est juste de l'entraînement pour moi.

- Qu'est-ce que ce sera quand tu seras grande !

Elles se mirent à rire puis Gigi prit la jeune fille par le bras.

- Viens au réfectoire, j'ai comme l'impression qu'il y a plein de personnes qui veulent te payer à boire à présent !
*
* *

Après cet incident, Isil avait été adoptée par presque toute la centrale numéro 6. Les autres se tenaient tranquille, la correction donnée au gang de Sill ayant donné à réfléchir aux autres caïds. La présence d'une Jedi en prison, fait complètement inédit, dominait tous les sujets de conversation des détenues qui avaient scruté en vain les émissions de l'holonet diffusées par les écrans géants, mais aucune information la concernant n'avait été diffusée.

Isil avait tourné et retourné le problème dans tous les sens, elle ne parvenait pas à recomposer le puzzle du néant qui occupait la ou les minutes qui s'étaient écoulées entre le moment où elle avait fait se refermer la grille de la sortie de service du domaine des Kaldor, et celui où Maître Melvar l'avait sortie de sa torpeur, agenouillée devant le corps sans vie du sénateur. Maître Mahr, ne l'avait pas préparée à affronter un tel doute venant du fond d'elle-même. Si elle l'avait réellement fait, comment avait-elle pu tuer le sénateur ?

La Padawan se demanda si la mission de Adol Bruck et Hiivsha se déroulait normalement. Lors de longues heures de méditation qu'elle pouvait tranquillement mener au fond de sa cellule, elle s'était essayée à sonder la Force pour voyager au-delà des parsecs et tenter de voir ce qui se passait à Alderaan… tenter de voir l'avenir…
*
* *

- Maître Beno ? Peut-on vraiment voir ce qui va arriver ?

Beno Mahr regarda, comme à son accoutumée, sa Padawan avec un regard bienveillant. L'enfant était si curieuse de tout, qu'il lui suffisait de répondre lorsqu'elle l'interrogeait pour l'enseigner à son propre rythme.

- Mmm… Oui et non, Isil. La divination dans la Force te permet de voir des choses qui pourraient être et ce de façon plus ou moins claires ou si tu préfères, compréhensibles. Mais l'avenir reste incertain. Il découle d'un nombre quasi infini de facteurs qui peuvent se modifier et être modifiés par les circonstances, les décisions, les émotions…
- Donc, si je comprends bien, Maître Beno, on ne peut pas vraiment voir l'avenir ?

La fillette avait insisté sur le mot vraiment. Beno Mahr retint un sourire.

- Cela dépend. L'avenir est ce qu'il est… du moins, au moment où tu le vois. Lorsqu'il devient présent, il peut avoir changé.
- Je ne comprends pas Maître, se découragea Isil.
- Regarde cet oiseau sur la branche et vise-le avec une pierre. Tu es très adroite, très précise à ce jeu, sans doute la plus adroite de tous les Padawan que j'ai eu l'occasion de suivre de près ou de loin. Sonde la Force. Concentre-toi sur cet oiseau. Vois-le dans les lignes du temps.

La fillette avait clos ses paupières et la gravité imprimée sur son joli minois indiquait à son Maître qu'elle était fortement concentrée dans la Force. Il le sentait, Isil avait une relation très forte et très sensible avec Elle. Le Jedi était convaincu qu'elle pourrait, un jour, être une grande visionnaire comme l'Ordre en comptait de temps en temps dans ses rangs.

Au bout de quelques longues minutes, ce fut Maître Mahr qui rompit le silence car il avait l'impression de prendre racine au milieu du chemin sur lequel ils s'étaient arrêtés. La fillette, aussi immobile qu'une statue, n'avait pas bougé d'un millimètre.

- Alors ma jeune Padawan, que vois-tu ?
- L'oiseau est mort Maître Beno. Je vois son œil et le reflet du ciel à l'intérieur. Il est sur le sol. Il ne bouge plus. Le sol est rouge de sang.
- Bien, alors, accomplis le destin de cet oiseau. Lance la pierre.
- Mais Maître Mahr, je ne lui veux pas de mal !
- Veux-tu m'obéir sans discuter Isil ? C'est une leçon ! Concentre-toi et fais-le !
- Bien Maître.

Isil prit une petite pierre ronde comme une bille, ferma les yeux et la lança. Alors que le projectile quittait ses petits doigts, le Jedi claqua des mains et l'oiseau s'envola. La pierre passa exactement à l'endroit où sa tête se trouvait une fraction de seconde plus tôt. Isil rouvrit ses grands yeux et les leva vers Beno Mahr avec une once d'incompréhension.

- Vous avez triché Maître, protesta-t-elle doucement avec un accent de reproche. J'allais l'avoir mais vous lui avez fait peur !

Le Jedi laissa échapper un petit rire, les bras croisés, dissimulés dans les amples manches de sa bure brune.

- Eh bien, d'une, je me suis dit que ce petit oiseau méritait de vivre et comme tu ne voulais pas lui faire de mal, je me suis également dit que tu serais heureuse que son destin ne s'accomplisse pas aujourd'hui tel que tu l'as vu.
- Alors je me suis trompée ?
- Non. Tu as vu ce que l'avenir devait être au moment où tu as sondé la Force. J'ai été celui qui a modifié l'avenir parce que je savais que tu allais tuer ce pauvre volatile.
- Alors l'avenir peut se modifier n'importe quand ?

Une rafale de vent souleva la poussière du chemin et fit voler un nuage de pétales de roses rouges dont le chemin était bordé. Ils se déposèrent au pied de l'arbre, sous la branche que l'oiseau occupait l'instant d'avant.

- Disons que l'avenir est en mouvement et qu'il n'est pas immuable. C'est pour cela que souvent, nous ne pouvons le voir qu'à très court terme de façon fiable. Tes décisions doivent se plonger dans l'avenir pour en analyser les conséquences et t'aider à décider de tes actes. Mais à long terme, l'avenir est sinueux et ses fils forment des trames bien complexes. Pourtant, parfois, il est impossible de lui échapper. Il peut même arriver que, précisément le fait de savoir que quelque chose va arriver, provoque ce quelque chose.
- C'est compliqué Maître ! se plaignit la fillette du bout des lèvres.
- La Force a une complexité qui nous échappe. Nous n'en connaîtrons jamais qu'une infime partie, conclut le Jedi.

Ils s'étaient avancés au pied de l'arbre. Sur le sol, les pétales de roses formaient comme une tâche rouge autour d'une petite flaque d'eau dans lequel le ciel se reflétait. Un petit caillou noir et rond, émergeait au centre de la flaque comme l’iris d’un oeil. Maître Beno sourit.

- Voici l'œil, le reflet du ciel et le sang rouge, murmura-t-il en regardant Isil en biais. Peut-être que tu as vraiment vu l'avenir mais que tu n'as pas su correctement l'interpréter !

Il conclut sa leçon sur un clin d'œil appuyé à la fillette qui fit une grimace de perplexité avec le nez.
*
* *

Et ce qu'elle vit ce soir là dans les profondeurs de la Force, c'était Hiivsha, entouré de rafales de tirs de blasters et il tombait et s'enfonçait au fond de l'eau.

- Hiivsha ! cria-t-elle en rouvrant les yeux comme émergeant d'un mauvais cauchemar.

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Modifié en dernier par Hiivsha le Lun 10 Juin 2013 - 16:15, modifié 2 fois.
Hiivsha
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