Retour au sommaireCHAPITRE 33
– Communications –
Avec d’infinies précautions, Hiivsha fit pression sur la manette qui déverrouillait le caisson dans lequel il se trouvait enfermé, lentement, très lentement, afin d'étouffer le moindre grincement. Cela lui prit une éternité. Enfin, il put entrouvrir le panneau et coller son oreille contre l’interstice. Il ne perçut aucun bruit autre que celui des moteurs de l’hyperdrive. Repoussant un peu plus le panneau, il risqua une tête au-dehors. Il se trouvait dans la soute du cargo. Les environs étaient remplis de caisses et de containers dont l’un de ceux qu’il pistait, solidement amarré à l’écart des autres. Il n’y avait apparemment personne d’autre dans le voisinage ce qui ne le surprit guère, ce genre de cargo ne comportant qu’un équipage réduit au strict minimum, en général trois ou quatre personnes sauf, évidemment, s’il y avait des passagers.
Le contrebandier sortit de sa cachette qu’il referma soigneusement. Il n’avait pas l’intention d’y rester enfermé jusqu’à l’atterrissage, c’était en effet le meilleur moyen de se faire prendre au moment de son ouverture. Il connaissait bien ce modèle de vaisseau qu’il avait eu l’occasion de piloter et en bon contrebandier, en connaissait les cachettes les plus intimes, certaines se trouvant à sa portée dans la soute même. Son plan était simple : se dissimuler dans l’une de ces cachettes et attendre que le cargo soit déchargé et vidé pour se glisser dehors, repérer les lieux et trouver un moyen de donner l’alerte. Avertir Tython en demandant à être mis en liaison avec Adol Bruck Obi Melvar lui paraissait judicieux dans la mesure où le Jedi le connaissait et aurait confiance en lui sans qu’il doive passer des heures à expliquer la situation.
Hiivsha avança jusqu’au sas qui communiquait avec le reste du vaisseau mais celui-ci était fermé et il n’y avait aucun moyen de l’ouvrir depuis l’intérieur de la soute. Il s’agenouilla dans un coin et sortit d’une boite à outils murale un tournevis avec lequel il libéra un panneau dans le sol. Il s’agissait d’un accès à l’une des gaines techniques qui couraient au fond du vaisseau. Cette planque étant assez grande pour contenir un homme, il s’y faufila et referma le panneau au-dessus de sa tête.
Un quart d’heure plus tard, il entendit s’ouvrir le sas de la soute et les pas de plusieurs individus résonnèrent sur le sol métallique. L’un deux sembla se diriger vers le container de gaz, peut-être pour en vérifier la fermeture. L’autre se tenait à la verticale du panneau qui fermait la planque du contrebandier.
- Tout est en ordre pour l’atterrissage et le dispositif sera prêt en temps voulu, disait une voix âgée qu’il identifia comme celle du vieil homme barbu en blouse blanche qu’ils avaient aperçu, Laslo et lui, sur l’aire de chargement de Coruscant.
- Le Seigneur Zal’Thir viendra s’assurer lui-même du lancement de l’opération, répondit une autre voix.
- La fusée sera mise en orbite basse puis libérera le gaz dans l’atmosphère. L’effet devrait s’en faire sentir au bout d’un jour ou deux en fonction des mouvements des masses d’air.
- Combien de temps pour un effet total ?
- Ce sera foudroyant. Quelques jours, deux ou trois semaines au plus. Il faudra vraiment ne pas respirer d’air durant tout ce temps pour en réchapper.
- C’est effrayant !
À travers une plaque ajourée de sa cachette, le contrebandier put entrevoir les deux hommes. Il reconnut le vieil homme qui devait être un scientifique mais pas l’autre. Sans doute un homme d’équipage, peut-être le commandant de bord.
- Et dire que nous transportons ce monstre à bord, reprenait ce dernier.
- Une seule molécule dans votre corps suffit à vous tuer, assura le scientifique d’une vois tremblotante.
- Monstrueux… il n’y a donc rien à faire une fois vaporisé ?
- Si, évacuer Alderaan… ou faire s’élever la température de son atmosphère suffisamment pour le détruire. Ce gaz est sensible à la chaleur, il est instable d’où l’extrême complexité et le coût exorbitant et définitivement prohibitif de sa fabrication. Dans l’état où il est, une explosion, un incendie, le consumerait totalement. C’est pourquoi le container est à l’abri dans ce caisson étanche absolument inviolable qui pourrait résister à l’explosion de ce cargo. Voyez par vous-même, tout va bien de ce côté-là !
- Mais pour en fabriquer autant il a fallu une fortune colossale ?
- Je ne vous le fais pas dire, acquiesça le scientifique.
- Celui qui a financé cette opération doit être multimilliardaire, savez-vous qui…
- Il y a des noms qu’il vaut mieux ne pas prononcer ni entendre, coupa le vieil homme en s’éloignant.
L'autre homme lui emboîta le pas et ils quittèrent la soute avant qu’Hiivsha ait pu tenter quoi que ce soit.
- Peste, se dit-il, je ne peux alerter les Jedi tant que nous ne serons pas parvenus à destination !
Il frissonna. Alderaan ! C’était Alderaan vers laquelle ils se dirigeaient avec leur chargement de mort. Alderaan, la rebelle, celle qui avait quitté la République après la signature du Traité de Coruscant, la même qui avait été jusque là, l’âme de la République. La planète que Sith et Républicains se disputaient par noblesse interposée, soutenant des maisons rivales pour l’accession au trône vacant.
- Par tous les Sith cornus de la Galaxie, ils prévoient tout simplement un génocide. Alderaan va être rayée de la carte !
Il expira bruyamment l’air de ses poumons et sentit une onde de découragement l’envahir.
- Je me demande quelles sont les deux autres planètes visées ? se demanda-t-il malgré lui tout en cherchant une solution à sa situation.
Plus tard, les vibrations de la coque lui indiquèrent que le cargo entrait dans une atmosphère et n’allait pas, par conséquence, tarder à atterrir. Il patienta longuement jusqu’à ce que les moteurs s’arrêtent. Puis de nouveau l’attente. Enfin le sas s’ouvrit et du personnel de manutention entra dans le sas. Ils étaient vêtus d'une même combinaison de travail beige marqué du même logo. Un C circonscrit à un X.
- Coronax Industries, encore ! grogna Hiivsha en essayant de voir ce qui se passait à travers la grille de son refuge.
Le déchargement achevé et ne voyant plus personne entrer dans la soute, Hiivsha se risqua à sortir de sa cachette, blaster en main, prêt à toute éventualité. Avançant avec la prudence d’un fauve en chasse, se cachant derrière chaque superstructure du vaisseau, il se dirigea vers le poste de navigation désert. Visiblement l’équipage avait quitté le cargo à présent déchargé.
La salle de navigation comportait un relais holonet avec lequel il pouvait tenter de joindre Tython. Restait à savoir si les communications étaient surveillées ou non. Dans le premier cas, il aurait vite fait d'être découvert. Parvenu au niveau du cockpit, il put observer les alentours. Un grand hall autour de lui, dans lequel étaient posés un certain nombre de navettes orbitales bien rangées en rangs d'oignons.
- Idéal pour une évacuation rapide du personnel, marmonna-t-il pour lui-même.
Devant lui, les portes du hangar étaient grandes ouvertes et donnaient sur une plateforme d'atterrissage hémisphérique. La vue panoramique qui s'offrait sur Aldera montrait qu’elle se trouvait à une certaine altitude, sans doute au sommet d’un haut bâtiment. Au loin, on apercevait les dômes du palais du vice-roi. Hiivsha sortit d'une de ses poches une petite boussole afin de s'orienter. Il se trouvait donc à deux ou trois kilomètres au sud-est du centre de la ville. Il se rendit ensuite auprès du relais holonet du cargo qu'il mit en marche. Après quelques réglages, il se cala sur la fréquence de la planète où siégeait le Haut-Conseil des Jedi.
*
* *
Joy Laslo eut moins de chance que son ami contrebandier. Lorsqu’il voulut s’extraire de la caisse dans laquelle il s’était volontairement enfermé, il dut se rendre à l’évidence : un container posé contre celui dans lequel il se trouvait l’empêchait d’ouvrir le pan qui aurait pu lui permettre d’en sortir. Il eut beau rager, pousser, suer, secouer sa grosse tête en projetant des gouttes baveuses de droite et de gauche, il ne put en agrandir l’ouverture d’un millimètre. Résigné, il s’assit au fond du caisson et se contenta de sentir les frémissements du vaisseau pour tenter de deviner l’avancement du voyage tout en râlant intérieurement contre son jeune ami qui l’avait entraîné dans de telles tribulations.
Enfin le vaisseau parvint à destination et les moteurs stoppèrent. L’angoisse d’être découvert sans rien pouvoir faire le tenailla tandis que sa caisse protectrice était transportée brinquebalante de la soute du vaisseau à une destination inconnue. Puis les mouvements cessèrent et tout devint silencieux autour de lui. Une vague rumeur indéfinissable parvenait à ses oreilles, faite de bruits de machineries, de moteurs, de cris, comme sur un chantier mais rien qui ne lui paraisse trop près pour rester plus longtemps caché. Il décida donc de risquer le tout pour le tout et déverrouilla le pan d’accès à son container qu’il entrouvrit. Un chaud soleil inonda sa cachette dès qu’il poussa l’ouverture et il cligna des yeux pour éviter l’éblouissement. Après être resté si longtemps dans le noir, il avait peine à distinguer ce qui se trouvait à l’extérieur, mais il savait qu’il se trouvait à l’air libre. En effet, une brise chaude balayait son visage, sèche et chargée de poussière comme un vent de désert. Il se tapit à l’ombre des caisses amoncelées autour de lui et attendit que ses yeux s’habituent à la clarté amiante.
Il faisait chaud, très chaud, sans doute plus de trente-cinq degrés à l’ombre, le ciel était d’un bleu immaculé et le soleil mordant. Le sol était formé d’une roche rougeâtre sans doute d’une lointaine origine volcanique. Derrière lui, s’élevait un escarpement qui montait entre des éboulis formés par de gros rochers. Il se glissa au milieu d’eux et grimpa dans l’idée d’avoir un meilleur point de vue pour analyser sa situation. Parvenu au sommet de la pente, il se mit à l’abri d’éventuels regards et observa tout autour de lui.
Il se trouvait sur les bords d’une vaste cuvette rocheuse, une sorte de cirque de roches rouges, comme le cratère comblé d’un ancien volcan. C’était un plateau de forme oblongue dont les parois extérieures descendait dans un à pic vertigineux de plusieurs centaines de mètres vers une plaine désertique et rocheuse de la même couleur qui s’étendait à perte de vue, parsemée, ici et là, d’autres pics de même nature qui étaient sans doute formés par d’anciennes cheminées de volcans depuis longtemps éteints. Il semblait impossible d’arriver là où il se trouvait autrement que par la voie des airs. Il décrivit du regard un cercle complet. La cuvette était longue de plusieurs centaines de mètres. Au centre, se trouvaient les infrastructures d’un complexe qui devait s’enfoncer dans les entrailles du plateau. Quelques vaisseaux étaient posés sur une aire d’atterrissage dont le cargo qui l’avait amené là. Un petit nombre de personnes s’activait au cœur de cette plaine rocheuse, vêtues pour la plupart d’une sorte d’uniforme de travail beige. Tout autour du cirque, sur les hauteurs de la paroi, un ensemble de tourelles semblaient former un bouclier de défense contre toute incursion aérienne ou même terrestre. Étant donné la topographie des lieux, l’endroit formait une citadelle quasi imprenable sauf à employer des moyens massifs et aériens pour l’investir.
Nanti de ses jumelles, Laslo scruta le centre du cratère. On pouvait y voir une grande ouverture circulaire comme la sortie d’un silo. Un peu partout, sur le pourtour de la plaine centrale, il y avait des dépôts de containers semblables à celui qu’il venait de quitter. A une cinquantaine de mètres de lui en contrebas, s’élevait une petite bâtisse de permabéton gris hérissée de puissantes antennes. Cela ressemblait fort à un relais de télécommunication. Si le besalisk avait raison, il devait s’y trouver un moyen permettant de communiquer avec l’extérieur.
Toujours à l’abri de l’ombre des gros rochers, il s’approcha de son objectif. Le coin était désert, l’essentiel du remue ménage causé par les employés et les droïdes de manutention qui s’activaient sur le site étant concentré au centre de la plaine, autour de l’ouverture circulaire qu’il avait observée. En sueur, il arriva derrière la bâtisse aux antennes et reprit son souffle en s’ébrouant. Il transpirait à grosses gouttes. Contournant les murs, il gagna la porte d’entrée métallique. Un boîtier codé en contrôlait l’accès. Laslo sortit de son sac un petit appareil qu’il posa sur le dispositif d’ouverture. Quelques secondes après qu’il eût pianoté sur quelques touches, un léger clic se fit entendre. Il tira la poignée et la porte s’ouvrit.
La fraîcheur à l’intérieur du bâtiment lui redonna de l’aise et il inspira profondément tout en refermant la porte. Un petit ronronnement de machines émanait de l’intérieur dans lequel il s’engouffra, descendant un escalier métallique qui débouchait dans une petite salle de contrôle peuplée d’appareils dont les voyants clignotaient comme des guirlandes électriques. Le besalisk grogna. La salle ne comportait aucun relais holonet, ce dernier devant sans doute se trouver à l’intérieur du complexe. Dans ces conditions, il n’y avait pas moyen d’établir une liaison directe avec un objectif aussi éloigné que Tython. Toutefois, il devait être possible de court-circuiter certains dispositifs afin d’envoyer un signal radio plus primaire dans la Galaxie.
Il se mit en besogne. Durant la guerre et la bataille de Botawui, il s’occupait des transmissions sur un croiseur de la flotte républicaine et même s’il se sentait un peu rouillé, il devait pouvoir lancer un signal codé inter spatial à ondes modulées en espérant capter l’attention d’une entité amie.
*
* *
La transmission arriva sur le relais holonet embarqué alors que Obi Melvar commençait à désespérer de leur mission. Les inspections discrètement menées auprès des complexes appartenant à Coronax Industries par les équipes de Jedi qu’il avait pu mobiliser n’avaient rien donné. Il semblait évident que leurs chances de retrouver la trace des containers de gaz PTK étaient proches du zéro absolu.
Le pauvre Onjo observait un silence quasi religieux. Il connaissait son Maître lorsqu’il était ainsi en proie au doute, et préférait ne pas risquer de l’irriter. Il se concentrait sur le pilotage de leur appareil, faisant des bons de planète en planète à travers la Galaxie, selon un plan de route dont la logique appartenait au seul Obi Melvar.
Soudain, le Padawan rompit le silence d’une voix dans laquelle pointait une once d’excitation.
- Maître, appela-t-il à travers le cockpit, une communication de Tython !
Obi Melvar interrompit sa méditation et se rendit auprès de son apprenti en se laissa choir dans son fauteuil de pilote.
- Melvar, annonça-t-il sobrement à une silhouette bleue translucide qui dansait sur un petit socle circulaire.
- Maître Melvar, ici Til Jar du centre de communications de Tython, répondit l’holoprésence d’un Twi’Lek légèrement parasitée, j’ai un relais de transmission pour vous.
- Provenance ?
- Alderaan… le capitaine Inolmo…
Les yeux du Jedi se mirent à briller. La Force venait de frissonner autour de lui, annonciatrice d’un événement important.
- Je prends le relais !
Il appuya sur quelques touches et la silhouette fut remplacée par une autre tout aussi familière.
- Capitaine Inolmo… Hiivsha… je vous écoute…
La communication n’était pas parfaite dû à leur mouvement dans l’espace, mais l’ensemble restait audible.
- Adol Bruck… je suis sur la piste de containers d’un gaz destiné à éradiquer toute vie sur plusieurs planètes… trois containers pour être plus précis, qui sont partis de Coruscant à bord de trois cargos. L’un d’eux s’est posé sur Alderaan, j’ai fait le voyage dans la soute…
Le regard du Jedi croisa celui de son Padawan.
- La Force est grande et imprévisible, murmura Obi Melvar. Hiivsha, vous avez trouvé l’aiguille dans la meule de foin !
- Pardon ?
- Laissez tomber… je suis moi aussi sur leur trace mais je les ai perdus il y a quelques jours de cela… il semble incroyable que vous soyez aussi tombé sur eux… comme cela est-il possible ?
- Nous n’avons pas le temps d’en discuter. Repérez mes coordonnées, elles vous indiqueront où je me trouve. Il s’agit d’un immeuble de haute taille à environ trois kilomètres du centre d’Aldera. Je sais qu’ils projettent de le répandre en lançant un missile ou une fusée dans l’atmosphère de la planète pour éradiquer toute vie. Il faut les en empêcher.
- Que pouvez-vous faire ?
- Seul ? Je ne sais pas… j’aurais besoin de renforts.
- Je peux être sur Alderaan dans deux unités de temps et rassembler un petit commando sur place pour mon arrivée.
Il se tourna vers Onjo.
- Reprogramme la trajectoire pour filer vers Alderaan au plus vite.
- Oui Maître, j’ai déjà commencé !
Se retournant vers l’holoprésence du contrebandier, il reprit.
- Pouvez-vous faire en sorte de retarder l’échéance du tir ?
- Je vais voir ce que je peux faire, répondit Hiivsha. Il faut que je visite les lieux. Dès que vous aurez atterri, contactez-moi sur mon comlink qu’on fasse le point. S’il y a un moyen de gagner du temps, je le ferai.
- Parfait capitaine.
- Autre chose, un ami à moi, Joy Laslo, a embarqué sur un deuxième cargo avec un autre container, avez-vous eu de ses nouvelles ?
- Non.
- Prévenez Tython de la situation, il se peut qu’il essaye de les contacter comme je viens de le faire.
- Entendu. Autre chose ?
- Non rien… Ah si, dépêchez-vous… je vais me sentir seul !
- Je comprends… Une dernière chose, lorsque nous arriverons, il faudra essayer de neutraliser le dispositif de mise à feu pour éviter qu’il ne soit déclenché durant notre attaque.
Il y eut un silence. Puis la voix légèrement railleuse du contrebandier résonna de nouveau.
- Je vais voir ce que je peux faire !
- J’ai repéré sa transmission, annonça Onjo tandis que sur un écran se modélisait la ville d’Aldera en trois dimensions. Il émet de cette tour… le complexe Galdur…
Il zooma sur le bâtiment dont la silhouette se mit à tourner sur elle-même.
- Il y a trois plateformes d’atterrissage à son sommet, il faudra les investir en même temps.
- Capitaine… Hiivsha… on a repéré l’endroit d’où vous émettez. Nous contactons Tython pour rassembler des troupes sur place. Ils sauront convaincre les autorités de nous prêter main-forte.
- Ne tardez pas ! J’y vais… j’ai un complexe à visiter.
- Soyez prudent Hiivsha… que la Force soit avec vous !
L’holonet s’éteignit. Obi Melvar se tourna vers Onjo.
- A nous de jouer, contacte Maître Satele, nous avons besoin de renforts sur place mais inutile de dévoiler aux autorités alderaanaises la vraie nature du problème, cela ne ferait que tout compliquer et risquerait de les lancer dans une intervention hasardeuse avant notre arrivée.
- Je m’en occupe Maître ! répondit le Padawan.
*
* *
L’opérateur des télécommunications semblait agité sur son siège. Depuis plusieurs minutes, il changeait fréquemment de position comme s’il était assis sur une fourmilière. C’était un jeune sullustain nommé Sian Neva. L’officier de pont s’approcha de lui et posa une main sur ses épaules.
- Alors enseigne Neva, toujours en train d’écouter la Galaxie ?
Le sullustain enleva son casque d’écoute et leva la tête vers son supérieur.
- Capitaine, je détecte un signal de détresse… il utilise une fréquence linguacode et une modulation chiffrée…
- Oui et ?
- Et bien, c’est un code qu’on n’utilise plus depuis pas mal de temps… le genre de truc obsolète qu’on apprend à l’école des cadets… dans la rubrique histoire des télécommunications militaires.
Le front de l’officier se plissa.
- Et ce signal, est-il républicain ?
- A n’en pas douter Capitaine. Il est désuet mais c’est un signal des forces républicaines.
- Bien, pouvez-vous entrer en contact vocal ou visuel avec son origine ?
- Je vais essayer… il faut d’abord que je me cale sur ses coordonnées… Je pense qu’il émet un peu au hasard en espérant trouver quelqu’un pour lui répondre.
- Etablissez le contact, je vais prévenir l’Amiral !
- Oui Capitaine.
Quelques minutes plus tard, un homme d’une cinquantaine d’année, grand, portant des cheveux gris courts coiffés en arrière, une moustache et une mouche grisonnantes, arriva sur la passerelle accompagné d’un autre homme un peu plus jeune, les cheveux attachés en une longue queue de cheval blonde.
- L’Amiral sur le pont ! cria un enseigne en rectifiant la position.
- Eh bien Capitaine, que se passe-t-il, demanda le nouvel arrivant.
- Il s’agit d’un signal un peu particulier émanant de Balmorra, de quelqu’un qui veut parler à un Maître Jedi appelé Obi Melvar ou quelque chose comme ça, expliqua l’officier de pont.
- Nous ne sommes pas une agence de télécommunication que diable, répliqua l’Amiral, il n’a qu’à utiliser un relais holonet !
- C’est qu’il semble s’agir d’une urgence planétaire… la personne a utilisé un signal de détresse républicain… un ancien signal militaire codé.
L’Amiral regarda l’homme blond à ses côtés.
- Qu’en pensez-vous Maître Torve ?
- Je connais Maître Melvar, Amiral, selon un rapport que j’ai reçu de Tython, il est sur une affaire des plus sensibles. Je pense qu’il faut répondre à cet appel.
- Fort bien… sur haut-parleur ! ordonna l’Amiral.
Un grésillement se fit entendre suivi d’une voix déformée par des parasites.
- Identifiez-vous…
L’Amiral s’assit sur son fauteuil et posa le menton sur son poing.
- Ici l’Amiral Valin Narcassan sur le RSS Defiance de la flotte républicaine. Qui êtes-vous et que voulez-vous ?
- … repérez ma position, il s’agit d’une urgence planétaire… transmettre à Tython… …pelle Joy Laslo et mon message … pour le Maître Jedi … Bruck Obi Melvar…
Narcassan fit pivoter son siège vers un autre poste qui s’occupait du relais holonet.
- Établissez une liaison avec Tython et le Conseil !
Puis en direction de la voix.
- Nous allons établir un relais avec Tython mais de grâce dites-nous de quoi il retourne.
Il y eut un silence angoissant. Maître Torve se porta à hauteur de l’enseigne Neva.
- Vous avez toujours la liaison ?
- Oui général, je la stabilise de mon mieux, j’ai augmenté la puissance de notre côté, je suis au maximum.
Un grésillement puis la voix reprit, plus nette.
- Des terroristes ont amené là où je me trouve… heu… en fait je ne sais pas où…
- Vous vous trouvez sur Balmorra, reprit Narcassan à haute voix, poursuivez !
- Balmorra ? Ah, très bien, j’ai voyagé à fond de cale pour ainsi dire…
On entendit un petit rire nerveux.
- … un gaz toxique qu’ils doivent répandre dans l’atmosphère de la planète… un truc mortel qui tuera tout le monde. Je ne sais pas comment ils vont faire…
- J’ai Tython sur l’holonet Amiral, annonça un opérateur.
Comme il disait ces mots, une silhouette apparut sur un plateau circulaire au centre de la passerelle.
- Maître Til, Amiral ! annonça l’holoprésence.
Valin Narcassan résuma la situation en deux mots brefs, précis et concis.
- Il s’agit de PTK, analysa le Jedi depuis Tython. Trois containers circulent dans la Galaxie. L’un a été repéré sur Alderaan… Maître Melvar s’y rend, il se trouvait non loin de la planète. Le troisième n’a pas été localisé. Chaque container peut déclencher un génocide planétaire !
- Donc le second se trouve sur Balmorra et nous avons les coordonnées précises si la source est fiable, reprit Narcassan.
- Elle l’est. Maître Melvar nous a prévenu qu’un nommé Joy Laslo était sur la piste de l’un de ces containers. Il semble que ce soit lui que vous avez capté.
- Monsieur Laslo, reprit l’Amiral, que pouvez-vous nous apprendre d’autre ?
- J’ai connecté la liaison actuelle à mon comlink que je vais laisser ouvert. Je vais essayer d’entrer dans le complexe et vous décrire à haute voix ce que j’observerai, mais je couperai la réception pour rester discret. Si vous voulez me parler, envoyez un signal test, mon comlink clignotera. Pour l’instant je reste à l’écoute encore un peu.
- Fort bien, nous faisons route vers Balmorra qui n’est pas très loin de notre position.
- Je dois vous dire que toute approche aérienne sera impossible, il y a des tourelles partout et vous risquez de précipiter les événements si vous vous faites repérer. Je vais tâcher de trouver une solution.
- Fort bien, nous gardons le canal ouvert. Soyez prudent monsieur Laslo !
Le fauteuil pivota vers l’holonet.
- Maître Til, que savons-nous de cette affaire ?
Le Jedi résuma la situation et expliqua que les recherches pour retrouver les containers étaient jusque là restée infructueuses. Personne ne savait par quel biais, le Capitaine Inolmo et son ami Joy Laslo étaient arrivés eux aussi sur cette même piste.
- Mais pourquoi Balmorra ? s’interrogea l’amiral à haute voix. La planète est en grande partie sous le contrôle des Sith !
- Je ne sais pas, avoua Maître Til. Certes, l’Empire y est présent bien que la République accroisse de jour en jour sa présence auprès de la Résistance. Mais les Sith n’ont pas réussi jusqu’à présent à s’emparer des armes de Balmorra. Est-ce une raison ?
- En tout état de cause, nous ne pouvons laisser la planète être détruite, intervint Maître Torve calmement.
- Quelles options avons-nous ? demanda l’Amiral.
Une belle loordienne brune s’avança et, à l’aide d’une télécommande, projeta sur la table des opérations une représentation holographique de l’endroit désertique où se trouvait le piton rocheux d’où provenait la communication.
- Voici la base des terroristes Amiral, dit-elle d’une voix chaude.
La loordienne était l’officier renseignements du Defiance. Une superbe créature un peu marginale dans la chaîne de commandement mais terriblement efficace dans son rôle et c’est tout ce qui comptait pour Valin Narcassan. Elle portait un uniforme légèrement retouché qui mettait en valeur des formes plus que suggestives. Un homme au crâne dégarni et au regard dur typique des hommes de terrain, prit à son tour la parole.
- C’est une véritable forteresse au milieu d’un désert. Si le but est de l’investir sans se faire remarquer, cela va être un challenge difficile à tenir ou alors de nuit et à condition de brouiller leur système de défense. Il faudrait des jours pour préparer une telle opération.
- Merci de votre avis, Capitaine Prak, fit l’Amiral à l’adresse de son officier opérations.
- Il faut en savoir plus, reprit la loordienne.
- Je vous écoute, Commandant Sayyham.
- Il nous faut savoir de quel délai nous disposons pour intervenir et de quelle façon les terroristes vont procéder pour lancer ce gaz. Y’a-t-il du monde sur la zone monsieur Laslo ? questionna-t-elle en élevant la voix.
Le besalisk répondit presque aussitôt.
- Oui il y a du monde, des ouvriers, des hommes en uniforme qui vont et viennent.
- Bien, cela semble indiquer que nous avons encore un peu de temps devant nous. Si le gaz est de la nature que nous a décrite Tython, il y aura un ordre d’évacuation générale avant que le processus ne soit déclenché.
- Entendu, je vais me diriger vers le centre de la zone. Je puis peut-être entrer dans le complexe… vu la situation, il ne doit pas y avoir de contrôle particulier… je veux dire que ce plateau étant inaccessible, toute personne qui s’y trouve doit en principe être autorisé à s’y trouver.
- C’est pas idiot monsieur Laslo, dit en souriant la belle loordienne. Si les choses tournent mal, essayez de faire parler ceux que vous rencontrerez le plus possible, nous restons à l’écoute.
- C’est compris… maintenant, je baisse la réception, par discrétion.
Un nouveau silence suivit.
- Si on ne peut approcher la zone sans se faire repérer, il ne reste qu’une solution, avança Keraviss Sayyham.
Valin Narcassan et Shalo Torve échangèrent un regard. La loordienne continua.
- Tython a dit qu’une chaleur intense pourrait détruire le gaz.
- À quoi pensez-vous Keraviss ? demanda un officier jusque-là silencieux.
- À la même chose que vous Bump ! répliqua-t-elle avec un grand sourire à l’officier mécanicien du croiseur.
L’Amiral le regarda.
- Avons-nous assez de puissance pour tout… stériliser, lieutenant Liam ?
Bump Liam passa une main dans ses cheveux noirs qui ondulaient sur les tempes avant de friser ses moustaches noires entre deux doigts d’un air pensif.
- Et bien, Amiral, le Defiance est en voyage de test et bien que tous les systèmes soient opérationnels, l’équipage fait défaut. Nous n’avons pas le dixième du personnel que ce bâtiment devrait pouvoir embarquer. Tout est donc sous contrôle automatique.
- L’Amiral sait tout cela, intervint Maître Torve d’une voix douce. Mais pouvons-nous envisager un bombardement orbital d’une puissance suffisante pour consumer tout ce gaz à coup sûr ?
Le lieutenant Liam retint un petit rire.
- Général, le Defiance a la capacité de pulvériser ce caillou et toute la base qui peut se trouver dedans pour peu qu’on concentre toutes les batteries et les turbolasers dessus. Quelques missiles thermiques pourraient être tirés à l’appui du bombardement par sécurité. Il n’en restera rien, je peux vous le garantir !
Le Jedi revint vers Valin Narcassan.
- Vous vous rendez naturellement compte Amiral qu’une telle action tuera tout le monde dans un rayon de près d’un kilomètre ?
L’Amiral leva les yeux vers le haut parleur depuis lequel était sorti la voix du besalisk un moment auparavant, puis il ajouta d’une voix lourde de conséquences.
- Je sais Shalo… tout le monde… y compris monsieur Joy Laslo par la même occasion !
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