Informations

IMPORTANT : pour que la participation de chacun aux discussions reste un plaisir : petit rappel sur les règles du forum

Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Les Fan-Fictions avortées ou à l’abandon depuis plus de six mois sont disponibles à la lecture dans ce sous-forum.

Retourner vers Les Archives (textes inachevés)

Règles du forum
CHARTE & FAQ des forums SWU • Rappel : les spoilers et rumeurs sur les prochains films et sur les séries sont interdits dans ce forum.

Messagepar Yorkman » Lun 04 Fév 2013 - 20:12   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Encore un très bon chapitre :oui:

J'aime bien Jagen faisant son marché de croiseurs stellaires 8)

Vivement la suite! :)
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Lun 04 Fév 2013 - 20:44   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

La suite devrait nous faire entrer dans le vif de l'action, mais je bloque un peu, par manque d'inspiration... :(

Merci pour ta lecture. :jap:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Den » Mar 05 Fév 2013 - 18:09   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

J'ai commencé à lire ta fic. Elle est très bien écrite et passionnant!

J'ai beaucoup de sympathie pour Jagen, c'est un personnage qui a du charisme et qui brille par sa personnalité.

Au niveau de l'histoire, je suis agréablement surpris. Je dois dire qu'elle est passionnante. Et pourtant, je ne suis pas trop fan des infinities, mais celle-ci m'a scotché à mon écran.

Franchement, chapeau!
"Vergere m'a appris à embrasser la douleur et à m'y soumettre. J'en ai fait une partie de moi-même, une partie que je ne pourrai ni combattre, ni nier." Jacen Solo
Den
Jedi SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6133
Enregistré le: 05 Fév 2006
Localisation: Voyage à travers la galaxie...
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mer 06 Fév 2013 - 9:16   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Den a écrit:J'ai commencé à lire ta fic. Elle est très bien écrite et passionnant!

Merci bien ! :oops:

J'ai beaucoup de sympathie pour Jagen, c'est un personnage qui a du charisme et qui brille par sa personnalité.

Ceci n'est pas dû au hasard, et si je me souviens bien de l'un de tes avatars, la suite devrait te plaire. :siffle:

Au niveau de l'histoire, je suis agréablement surpris. Je dois dire qu'elle est passionnante. Et pourtant, je ne suis pas trop fan des infinities, mais celle-ci m'a scotché à mon écran.

Personnellement, je suis un adepte de l'uchronie, et, partant de là, des Infinities. J'espère que la suite te plaira tout autant. :)
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Den » Mer 06 Fév 2013 - 13:18   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Ceci n'est pas dû au hasard, et si je me souviens bien de l'un de tes avatars, la suite devrait te plaire.
J'ai hâte d'y être! :)
"Vergere m'a appris à embrasser la douleur et à m'y soumettre. J'en ai fait une partie de moi-même, une partie que je ne pourrai ni combattre, ni nier." Jacen Solo
Den
Jedi SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6133
Enregistré le: 05 Fév 2006
Localisation: Voyage à travers la galaxie...
 

Messagepar Jagen Eripsa » Sam 09 Fév 2013 - 19:59   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Et voilà la suite, avec enfin de l'action ! Le chapitre est tout frais, et a été fait sous le coup de l'inspiration, j'espère qu'il vous plaira ! :)

Chapitre 7

Spoiler: Afficher
« Mon but ? Aller de l’avant. Je vais toujours de l’avant. Qu’on se le dise, la victoire n’est qu’un des chemins menant au sommet pour un militaire. Il y en a bien d’autres, moins glorieux peut-être, mais qui n’exigent pas de pertes nécessaires. »

Amiral Trevor Willspawn, dans son autobiographie, Uniforme Aldéranien

Forte Tête, en attente dans le système Corell, vingt-six jours AP (Après Katana).

L'ouverture de la porte qui séparait la salle de briefing du couloir principal du Forte Tête tira Jagen de ses pensées.
- Jagen, dit Galieet en entrant, son datapad à la main, j'ai du nouveau pour vous.
- Dites-moi tout, répondit le jeune colonel en faisant pivoter son siège de sorte à lui faire face.
- Nous avons repéré un convoi non déclaré croisant dans les environs du secteur Corbantia, expliqua le givin. Plusieurs appareils impliqués font partie de ceux recherchés en raison de leur implication dans l'attaque du Kungavay, la semaine passée.
Jagen acquiesça sans dire mot. Ce cargo de classe Lucrehulk, gigantesque en comparaison des autres convoyeurs actuellement en usage dans le commerce galactique, avait été la cible la semaine passée d'un assaut de pirates affiliés à la Brigade Stellaire de Korsterck. Si les forces de sécurité de la Fédération avaient tant bien que mal réussies à mettre fin à l'abordage, le vaisseau avait subi d'énormes dommages et perdu une grande partie de sa cargaison, et avait par la même occasion relancé le sempiternelle débat à propos des milices commerciales.
- Si c'est avéré, finit-il par lâcher, ce serait l'occasion de fermer le clapet de la Coalition de la Bordure et de tous ceux qui remettent en cause les capacités de la Marine. D'autres vaisseaux sont-ils au courant ?
- L'information vient de nos services de renseignements. Les données n'ont donc été transmises qu'à nous et à Willspawn.
Jagen poussa un soupir de résignation.
- Il est peut-être temps de calmer nos différents avec l'amiral, pour que l'on puisse travailler comme il faut. Contactez sans plus tarder l'Oligarque. Ce sera l'occasion de voir si j'ai eu tort ou pas de choisir le projet de Kuat.
- Tout de suite.
Le lieutenant sortit immédiatement, laissant Jagen à nouveau seul dans la salle de briefing. Le jeune colonel se leva après quelques instants de réflexion, et se dirigea vers le placard où étaient rangées les bouteilles d'alcool. Il choisit un brandy corellien bien fort, et se le servit accompagné de glaçons dans un verre en cristal naboo. Le breuvage était fort, mais il l'aida à patienter en attendant la confrontation. Elle ne tarda pas, car quelques instants à peine après qu'il eut avalé la première gorgée, la sonnerie du comlink de la table holographique devant lui retentit dans la salle presque vide. Il appuya sur le bouton et se redressa sur son siège, alors que la représentation holographique apparaissait.
- Bonjour, amiral Willspawn, dit-il pour amorcer la conversation.
- Bonjour, colonel Eripsa, répondit celui-ci. Que me vaut cet honneur ? ajouta-t-il sur un ton ironique.
- Je souhaitais vous parler des informations que nous venons tous deux de recevoir.
- Ah, ça... Je me doutais bien que vous réagiriez tôt ou tard. Ce ne sont que des pistes, Eripsa. En attaquant dès maintenant, nous risquons de bouleverser tout le travail effectué en amont par les équipes du Renseignement.
- Mais cela enverrait un message fort à ces groupuscules qui cherchent à nous déstabiliser....
- C'est vrai. Nous pouvons... tenter quelque chose. Mais il faudra les faire prisonniers, pour pouvoir en tirer tous les renseignements possibles.
Jagen regarda son supérieur avec méfiance. Il n'était pas habitué à le voir capituler si facilement.
- Vous pensez réellement ce que vous dites ?
- Je n'ai pas pour habitude de plaisanter sur des sujets aussi graves, répondit-il d'une voix tranchante. Je sais que l'amiral Corona vous a monté contre moi, mais quoi qu'il vous ait dit, souvenez-vous que je reste avant tout un officier de la République, avec tout le sens du devoir que cela impose.
- Entendu, amiral, répondit Jagen sans sourciller, surpris par la détermination de Willspawn.
- Bien. Puisque nous sommes d'accord sur la nécessité d'une opération - même si je garde quelques réticences, comme je l'ai exposé plus haut - mettons au point notre stratégie.
- J'ai eu quelques idées à ce sujet, commença le jeune colonel. À partir de leur trajectoire passée, mon navigateur, Galieet, pourrait extrapoler leur destination la plus probable. Votre flotte leur bloquerait le passage, et mes vaisseaux arriveraient par derrière pour les encercler. Nous pourrions alors capturer la majorité des vaisseaux présents, et ceux qui essayeraient de s'enfuir seraient sous la menace de nos escadrons.
- Avec mon croiseur, je pourrais essayer de percer leur formation... Et d'aborder leur vaisseau amiral pour récupérer leurs données avant qu'ils ne les détruisent.
- Excellente idée. Et un transpondeur, aussi. Histoire de pouvoir percer plus facilement leurs codes de cryptage à l'avenir.
- Quelles forces pouvez-vous engager, Eripsa ? Vous n'avez que le Forte Tête à disposition, me semble-t-il.
- C'est inexact, amiral. Deux croiseurs Hammerhead NG-2 ont été livrés il y a deux jours aux capitaines Helaw et Convarion. J'ai aussi réussi à réquisitionner cinq corvettes CR-50 aux chantiers de Corellia. Je pourrais les utiliser pour les prendre de vitesse.
- Et les chasseurs ?
- Je n'en ai malheureusement aucun. Mais il y a un hangar à bord de chaque croiseur Hammerhead. Je pourrais essayer de réquisitionner un ou deux escadrons dans les bases à proximité ; je pense notamment à la garnison de Dyttiz VII, qui n'en a pas vraiment besoin...
- Faites-le. Une fois que vous aurez obtenu leurs points de chute probables, transmettez-les moi. Je vous communiquerai en retour les horaires fixés. Willspawn, terminé.
La silhouette de l’amiral disparut, laissant à nouveau Jagen seul.
- Galieet, dit-il en enclenchant le micro de l’interphone, pourrais-tu me transférer le dossier sur la Brigade Stellaire ? J’aimerais l’examiner de plus près.
- C’est comme si c’était fait.
Le lieutenant ne le fit pas attendre, et le rapport en question apparut sur l’écran du terminal situé devant le colonel, qui commença dès lors son étude.
La Brigade Stellaire de Korsterck était une organisation assez récente dans une nébuleuse criminelle où des cartels plurimillénaires comme le Soleil Noir ou l’Échange concentraient la majeure partie des activités. Sa fondation remontait à sept ans seulement ; ses dirigeants étaient les membres d’équipages d’un cargo d’épices nommé Blood Angel, qui s’était fait connaître par un taux extrêmement bas de pertes. Le contremaître, Trenik Fehn, avait cette année-là déclenché une mutinerie contre son supérieur, jugé trop souple. Sous son commandement, le Blood Angel avait pris un tout autre cap ; ils étaient devenus marchands d’esclaves, pirates, et la contrebande était désormais leur activité la moins rentable. L’organisation s’associa à d’autres barons du crime, tels que Gardulla – la Hutt cherchait à se jouer du Soleil Noir, celui-ci l’importunant depuis bien longtemps – qui leur assurèrent des bases sûres dans la Bordure Extérieure. Les profits avaient permis à Fehn d’armer d’autres vaisseaux, qui furent confiés à ses lieutenants les plus fidèles. C’est pour cette raison que la destruction du Blood Angel, avec Fehn à son bord, ne leur fut pas fatale. Contrairement à ce à quoi l’on pouvait s’attendre, la Brigade Stellaire avait survécu à la disparition de son fondateur ; et elle avait désormais pris une ampleur si conséquente que la République en faisait à présent sa cible prioritaire.
Et, pour ne rien arranger, le second homme de la Flotte avait un compte personnel à régler avec eux.

************


- Mes hommes sont parés, Jag, déclara le double holographique de Jaim Helaw. Tous les chasseurs sont à bord.
- Parfait, répondit le colonel. Peuvent-ils se déployer rapidement ?
- Nous sommes en train de les manœuvrer légèrement pour que ce soit le cas. Tu tiens le coup ?
- Ça va, répondit Jagen, bien que la pâleur de son visage laisse entendre le contraire. Je me rends compte qu’il va s’agir de mon premier combat réel.
- Tout comme pour moi et Ait. D’ailleurs, il devrait déjà t’avoir appelé, s’il n’était pas en train de conter fleurette à la zabrak de la base au sol.
- Il est incorrigible. Dis-lui d’envoyer un signal au Forte Tête quand il sera prêt.
- Entendu. Nous passerons en hyperespace dès que tu l’ordonneras. Que la Force soit avec toi, Jag.
- Et avec toi aussi, Jaim.
S’éloignant de la table d’où la silhouette holographique de son ami venait de disparaître, il se dirigea vers la baie vitrée qui s’ouvrait sur l’immensité de l’espace, plongé dans ses pensées.
Il s’écoula une dizaine de minutes avant qu’il n’en sorte, perturbé par l’arrivée de Galieet à ses côtés.
- Tout est en place, déclara le givin en l’imitant. Il n’y a même plus de quoi mettre un vingt-cinquième d’astromécano dans notre hangar, mais nos chasseurs pourront très vite être déployés.
- Espérons que tout va bien se passer comme prévu.
- Nous ne le saurons qu’en prenant part au combat.
- En parlant de cela, j’ai du nouveau pour vous, colonel, dit la voix d’Horsk Tre’far dans leur dos. Le capitaine Convarion est prêt.
- Dans ce cas, nous le sommes tous, répondit Jagen. Informez l’amiral Willspawn de notre départ et transmettez l’ordre à toutes nos troupes.
- Entendu, colonel.
- Il ne devrait y avoir qu’une à deux minutes entre notre arrivée et celle de Willspawn, expliqua le jeune militaire à son second. Il va attirer les croiseurs ennemis vers lui, et nous allons les prendre à revers, afin de les encercler.
- Espérons qu’ils n’aient pas bougé…
- Selon nos informateurs, le convoi est censé rester en orbite de Corban III jusqu’à la prochaine rotation. Nos adversaires pensent y être en sécurité.
- Il se peut qu’il s’agisse d’un piège.
- Pour eux, Galieet, pour eux. Lançons l’opération.
Alors qu’ils franchissaient la barre de l’hyperespace et passaient en vitesse-lumière, Jagen se détourna de son second et alla s’asseoir à son poste. Bien qu’il ait voulu paraître plein d’assurance aux yeux du givin, le doute le rongeait atrocement. Et si tout cela n’était effectivement qu’un piège qui nous serait destiné ? Auraient-ils pu établir une stratégie de cette ampleur ? Qu’est-ce qui nous attend là-haut ?
Bah, il est trop tard pour faire demi-tour, de toute façon.

- Nous serons en position dans une minute standard, annonça Galieet à l’ensemble du pont, après un long moment de silence studieux.
- Prépare-toi à enclencher les moteurs subatomiques, ordonna Jagen. Nous allons devoir nous rapprocher de leur flotte le plus vite possible pour en neutraliser un maximum avant qu’ils ne s’attaquent à Willspawn.
- Ils s’allumeront dès notre retour dans l’espace réel, indiqua Galieet.
Il avait à peine énoncé ces mots que le tourbillon de lumière s’interrompit, laissant place à la vision d’une planète se détachant de la noirceur de l’univers, à proximité de laquelle dérivait une flotte.
Nullement impressionné par le spectacle qui s’offrait à lui, Jagen appuya sur le comlink intraflotte.
- À toutes les unités, passez en vitesse d’attaque, ordonna-t-il d’une voix dure qui était plus destinée à masquer sa crainte qu’à se faire obéir.
Du coin de l’œil, il vit les tourelles latérales de leurs corvettes de soutien se déployer vers la proue du navire. Les canons des frégates Hammerhead sortirent également de leurs sas d’entretien et se dressèrent fièrement vers la formation ennemie. Un bruit sourd indiqua que les portes du hangar du vaisseau s’étaient ouvertes, permettant aux chasseurs d’en sortir. Ils étaient parés au combat.
- Jagen, dit soudainement Galieet, je trouve la zone étonnement calme. Et ce n’est pas l’arrière des vaisseaux que nous voyons là…
Inquiet, le jeune colonel examina ce qu’il voyait de plus près. Il ne mit guère de temps à constater que le givin avait raison.
- Ce sont les flancs de leurs… Mais…
L’impression de calme s’imposa également à lui.
- Willspawn n’est pas arrivé, dit-il d’une voix sépulcrale.
Les contours d’un blanc pâle du visage de Galieet laissèrent échapper une expression de panique lorsqu’il se tourna vers lui.
- J’ai… J’ai envoyé le message…
- Je sais, Galieet, répondit catégoriquement Jagen. Nous verrons ce qui a loupé plus tard. Pour l’heure, occupons-nous de survivre.
Faisant de nouveau face à la flotte ennemie, il observa celle-ci. Les vaisseaux étaient entrés en mouvement et pivotaient lentement. Ils seraient bientôt sur eux.
- Il est trop tard pour remettre l’opération. Nous allons devoir nous débrouiller seuls, malgré notre infériorité numérique.
Une nouvelle fois, il enclencha le comlink intraflotte et s’éclaircit la voix.
- Je veux tous les chasseurs en couverture des frégates, intima-t-il à ses escadrons. Une fois que nous serons à portée de feu, débordez sur les côtés et neutralisez-les par revers. Nous soutiendrons la majeure partie de leur puissance de feu, mais nous ne pourrons pas tenir longtemps. Désactivez en priorité leurs batteries lourdes. Les frégates et les corvettes concentreront leurs tirs sur un seul vaisseau à la fois.
Une série de confirmations de réception se firent entendre sur le canal général.
- Colonel, je viens de recevoir un message crypté de l’Oligarque, fit la voix de l’opérateur Tre’far dans son dos. L’amiral Willspawn a été retardé, mais il devrait être là d’ici dix minutes
- Alors, ce sera les dix minutes les plus longues de nos vies, déclara laconiquement Jagen.
L’avance vers la formation ennemie leur parut effectivement interminable, malgré sa relative brièveté. Suivant du coin de l’œil leur progression, Jagen consultait son datapad, et notamment les données techniques sur les appareils ennemis. Il comprit bien vite qu’ils avaient un avantage non négligeable à exploiter.
- Nos batteries ont une meilleur portée que la leur, expliqua-t-il rapidement à Galieet. Nous devrons donc faire feu dès que nous atteindrons la limite de la zone de tir. L’astuce consistera ensuite à ne pas entrer dans leur propre zone.
- Cela va demander un renforcement des boucliers, répondit Galieet. Je ne suis pas sûr que nous parvenions à les maintenir très longtemps.
- Nous exposerons un flanc seulement et nous débuterons une manœuvre d’encerclement. Leurs tirs feront moins de dégâts si nous parvenons à les disperser. En outre, nous les maintiendrons en orbite et aucun ne s’échappera.
- C’est parfait… sur le flimsiplast, tempéra le givin. Espérons que cela marchera.
- Ça va marcher, assura Jagen, plus pour lui-même que pour les autres.
Les vaisseaux ennemis étaient désormais à portée de tir. Sans que Jagen ait besoin de donner le moindre ordre, les canonniers bien entraînés de la flottille ouvrirent le feu sur les appareils adverses, prenant bien soin de ne tenter de désactiver que les armements et les réacteurs. La récupération de données sur la Brigade Stellaire étant la clé de la mission, la désintégration n’était pas envisageable.
Sur le Forte Tête en pleine rotation, tout reposait à présent sur Thnod Jurgan. L’artilleur gérait l’ensemble des tourelles lourdes automatisées avec une certaine allégresse. Plusieurs vaisseaux ennemis furent mis hors de combat avant même d’atteindre la zone de tir, bloquant ceux qui les suivaient et les obligeant à progresser avec prudence. Cependant, la supériorité numérique adverse restait écrasante.
Toujours droit sur le pont, Jagen vit passer au-dessus de sa frégate les premiers chasseurs républicains. Ces Z-95 Headhunter étaient rapides et maniables, comparés aux autres chasseurs en déploiement à grande échelle. Ils avaient aujourd’hui un avantage décisif : la formation ennemie ne comprenait aucun intercepteur.
Mais cela ne décourageait pas les pirates de la Brigade Stellaire. Leurs appareils étaient en effet équipés d’une multitude de tourelles légères et précises, parfaites pour mettre un terme à cette menace. Avant qu’ils n’aient pu réagir à cette menace, deux des chasseurs républicains furent vaporisés, les corps de leurs pilotes dérivant dans l’espace. Comprenant le danger dans lequel ils étaient, ils changèrent de tactique. Ils se divisèrent en deux groupes, l’un destiné à survoler à ras la coque des croiseurs, tandis que l’autre passait en-dessous. Les tourelles pirates furent obligées de cesser le feu, chaque tir raté risquant d’affaiblir un peu plus leurs propres défenses.
Le vaisseau de tête de la formation ennemie était un antique appareil kuati, ancêtre aujourd’hui méconnu des classes Mandator. Bien plus petit que ces monstres-là, il restait néanmoins imposant, faisant plus de deux fois la taille du Forte Tête. Il n’était pas étonnant que les lâches capitaines de la Fédération aient préféré rendre les armes plutôt qu’affronter un ennemi aussi bien armé.
Les batteries du destroyer rugirent dès que la flottille républicaine fut à sa portée. Plusieurs alarmes se déclenchèrent à bord de l’Hammerhead de Jagen, qui tentait tant bien que mal de garder son calme : paniquer n’aurait fait qu’accentuer leurs chances de défaite.
- Concentrez le tir sur les réacteurs pendant que nous nous retirons ! ordonna-t-il en désespoir de cause.
Le mastodonte tirait sur tout ce qui était à sa portée des salves dévastatrices. Des cris paniqués montaient à présent du comlink intraflotte, augmentant le stress du jeune colonel. Les larmes aux yeux, il vit une des corvettes CR-50 exploser après des tirs particulièrement violents.
- Non… murmura-t-il, tétanisé.
Ce fut à ce moment que d’autres avertisseurs se firent entendre sur le pont, porteurs d’espoir pour une fois ; comme dans les holofilms classiques, la flotte arrivait, juste avant qu’il ne soit trop tard.
- Willspawn ! cria-t-il.
De toute sa récente carrière, jamais il n’avait été aussi content de savoir l’amiral proche de lui. L’Oligarque, le croiseur fabriqué par Loronar, étendait sa silhouette longitudinale vers la formation pirate, ses batteries verrouillées en position de tir.
L’arrivée du groupe de combat allié redonna espoir aux hommes de Jagen, en même temps qu’elle déconcertait les pirates. Le jeune colonel profita de ce moment de répit pour donner de rapides instructions.
- Neutralisez les réacteurs de ce cuirassé ! intima-t-il à ses troupes. Nous devons à tout prix les empêcher de se retirer !
La flotte pirate, de toute évidence, ne pensait plus qu’à ça. L’inversion du rapport de force, aidée de la combativité remarquable du premier groupe de combat en dépit de la menace qui pesait sur lui, avait fait comprendre à ses officiers que leur chance avait tourné. Plusieurs vaisseaux tentèrent de s’éloigner de la masse de la planète, mais ils furent bloqués dans leur élan par plusieurs croiseurs corelliens lourdement armés du groupe de Willspawn ; d’autres pensèrent au contraire que l’atmosphère les protégerait, mais furent bloqués par les appareils d’Helaw et de Convarion. Enfin, ceux qui restaient au cœur du groupe eurent la désagréable surprise de voir l’Oligarque entrer dans la masse, ses batteries réduisant à l’impuissance tous les réacteurs encore opérationnels.
En cinq petites minutes, tout était fini.

************


Le combat n’avait au final duré qu’un quart d’heure ; cependant, aux yeux de Jagen, il avait été bien plus dévastateur. Aussi fut-il surpris de voir Trevor Willspawn le féliciter chaleureusement lorsqu’il entra sur la passerelle de commandement de l’Oligarque.
- C’est une belle victoire, déclara sans détour l’amiral. Nous avons récupéré la cargaison volée à la Fédération, et, plus important encore, nous nous sommes emparés des données de la Brigade Stellaire. Nos objectifs sont remplis.
- Merci, amiral, répondit Jagen d’un air las. Cependant, je ne me sens pas en droit de fêter cela.
Il ne cessait de penser à ses pilotes morts, et à la corvette réduite en cendres. Il se sentait coupable ; après tout, c’était lui qui avait suggéré cette attaque, et il portait l’entière responsabilité de ce qui s’était passé.
Willspawn le regarda d’un œil compréhensif. Pour la première fois, Jagen le perçut comme compatissant, et non comme méprisant.
- Ce ne sont ni les premières, ni les dernières pertes de la Flotte, dit-il d’un ton laconique. Mais ces hommes savaient ce pourquoi ils s’étaient engagés. Ils connaissaient les risques du combat.
- Mais j’ai donné…
- Vous avez donné des ordres, coupa Willspawn. Vous n’avez pas demandé qu’ils soient tués. C’est le résultat du choix d’un officier ennemi, ou même d’un simple artilleur. Pas le vôtre.
Il s’interrompit quelques secondes et laissa son regard courir sur le pont tout autour de lui.
- Vous me faites penser à Aiden, lâcha-t-il enfin. Lui aussi avait besoin de ce sentimentalisme exacerbé, de cette culpabilité surfaite. Mais au final, ce sont les bureaucrates qui sont les vrais coupables. Ceux qui dirigent réellement notre flotte. Ils m’appellent « Commandeur Suprême » ; la belle blague ! Je n’ai aucun pouvoir effectif, je dois suivre les ordres du Conseil de Sécurité comme un chien kath en laisse. Il y a une vingtaine d’années, on m’a envoyé avec un petit groupe de combat affronter quelques contrebandiers. Ils ne cherchaient pas le conflit avec la République ; mais quand nous sommes arrivés, ils n’ont pas eu d’autre choix que de se défendre. Seulement, ils étaient en supériorité numérique, et nous avons été vaincus. Je n’ai moi-même été épargné que par la loyauté de mon second, qui m’a entraîné avec lui dans une capsule de sauvetage. Nos vaisseaux étaient détruits. Mon jeune frère était lieutenant sur l’un d’eux, et n’a jamais pu en réchapper.
- Je… Je suis désolé, tenta Jagen.
- Vous ne devez pas, parce que vous n’y êtes pour rien, comme aujourd’hui. Ce sont les huiles qui nous ordonnent d’agir qui sont les vrais coupables. Qui nous sacrifient inutilement. Si un jour vous vous trouvez à ma place, pensez-y, et ne vous faites pas mener à la baguette. Résistez à leurs volontés. Imposez votre vision des choses. Et, en définitive, souvenez-vous de ce vieux proverbe tionese : on n’obtient pas la victoire sans sacrifice.
Jagen acquiesça sans rien dire, et accepta le verre que lui tendait l’amiral. La dernière phrase de Willspawn lui revenait sans cesse dans l’esprit. On n’obtient pas la victoire sans sacrifice.
Pourtant, c’est la victoire qui est mon objectif.
Que faire ?
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Yorkman » Lun 11 Fév 2013 - 19:02   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Alors en fait Willspawn il est gentil ? :perplexe:

Vivement la suite :)
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Lun 11 Fév 2013 - 19:05   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Disons qu'il est moins manichéen qu'il n'y paraît. :cute:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Jagen Eripsa » Sam 23 Fév 2013 - 21:04   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Je ne suis pas un habitué du découpage des chapitres, donc ce que je vais faire ici est inédit... On va voir ce que ça donnera... :cute:

Chapitre 8 - Partie 1

Spoiler: Afficher
« Les meilleures alliances sont celles qui se forgent autour d’une cause commune. Ou d’un ennemi commun. »

Traité sur la politique de la guerre, Torfeen Quar.



Jagen était en train de lire un traité militaire sur son datapad lorsque Galieet entra d’un pas vif. Plongé dans son texte, il ne l’entendit pas immédiatement, et il sursauta lorsque le givin se racla la gorge pour signaler sa présence.
- Par la Force, Galieet,…
- Tu m’as demandé de t’avertir lorsque nous sortions de l’hyperespace. Nous n’allons pas tarder.
Jagen jeta un dernier coup d’œil à son datapad, verrouilla l’écran et le posa dans son tiroir.
- Je te suis.
En sortant, il vit la tête du sénateur Valorum passer à travers la porte de sa chambre, mitoyenne de celle du jeune colonel.
- Nous allons arriver, sénateur, déclara Jagen.
- Très bien, j’arrive, répondit Valorum d’un air endormi.
La coursive était serrée, aussi Jagen et Galieet durent-ils, malgré leur faible corpulence, se plaquer contre la paroi de métal froid pour laisser passer Thnod Jurgan, qui se précipitait à l’arrière, une caisse de matériel dans les mains.
- Je serai bien content d’en finir avec cette coquille de nojja, déclara Jagen après qu’il fut passé.
- Les réparations sur le Forte Tête devraient s’achever d’ici la fin du mois, répondit son second
- Le Knight’s Blade sera mieux encore, répliqua avec engouement Jagen.
Galieet ne répondit rien ; puis il reprit, alors qu’ils approchaient du pont :
- Il faudra que nous ayons une discussion à ce sujet.
Jagen, surpris par le ton sombre du givin, allait lui répondre, mais ils étaient parvenus sur le pont, et les portes s’ouvrirent devant eux.
La pièce était minuscule, et Jagen, qui n’était pourtant pas sujet à la claustrophobie, ne put s’empêcher d’éprouver un certain malaise en y entrant. Les deux sièges de pilotage étaient inoccupés, car le transit hyperspatial ne nécessitait pas d’opérateur présent en permanence. Les deux militaires s’y assirent et entrèrent leurs cylindres d’accréditation pour déverrouiller les consoles de contrôle.
Ils achevaient leurs manœuvres lorsque Finis Valorum entra, suivi de Horsk Tre’far qui s’assit sur un strapontin près de la console des senseurs.
- Capitaine, dit alors le bothan, j’activerai nos batteries de détection dès que nous serons sortis de l’hyperespace.
- Excellent, répondit Jagen. Sénateur, nous serons très bientôt dans le système Korda. Souhaitez-vous entamer les discussions dès lors, ou doit-on se placer en orbite stationnaire autour de Korda VI le temps que vous vous prépariez ?
- Inutile, répondit Valorum. La situation est grave, nous n’avons pas de temps à perdre. Les Mandaloriens menacent chaque jour un peu plus le gouvernement kordien, nous nous devons d’agir vite et avec résolution.
- Entendu. Mais ne vous inquiétez pas pour les Mandaloriens ; s’ils se refusent à entendre raison, nous les mettrons au pas.
Une ombre passa sur le visage taillé à la serpe de Valorum.
- Que savez-vous des Mandaloriens, Jagen ?
- C’est un peuple de guerriers très ancien, héritier culturel des Taungs qui affrontèrent les Zhells pour le contrôle de Coruscant il y a de cela plusieurs milliers d’années, bien avant la création de la République. Son organisation est basée sur des clans, des familles, qui obéissent toutes au Mandalore, leur chef. Ils se sont plusieurs fois soulevés contre la République, mais certains ont remis en cause cette opposition et cherchent à nous aider. Ah, dernière chose : ils attachent une grande importance à leur armure et leur casque. C’est tout ce que j’en sais.
- Et c’est infiniment trop peu, répliqua Valorum. Non pas que j’en sache plus ; mais si c’était le cas, cela nous permettrait de trouver une issue pacifique à ce conflit.
- C’est une intention fort louable, mais…
Une sonnerie familière s’échappa du haut-parleur du tableau de bord.
- Sortie de l’hyperespace, déclara Galieet. 5… 4… 3… 2… 1…
Il abaissa une des nombreuses manettes du panneau de contrôle et les étoiles revinrent à leur forme normale. En face d’eux, la sphère brune tachetée de Korda VI remplissait l’essentiel de la baie vitrée.
- Ne perdons pas de temps, déclara immédiatement Valorum. Mettez-moi en contact avec les autorités kordiennes.
L’opérateur bothan assit juste derrière lui s’en chargea, et la silhouette trapue d’un kordien apparut sur l’écran qui surplombait le poste de pilotage. La créature déclara quelque chose en une langue qui n’était certainement pas du basic.
- C’est du Sy Bisti, expliqua le sénateur. Une chance que je le parle couramment…
- Ce n’était pas prévu ? demanda Jagen en fronçant les sourcils.
- L’intermédiaire parlait parfaitement le basic… Enfin, n’y pensons plus, il doit s’agir du contrôle de vol planétaire.
Le jeune colonel aurait bien voulu répliquer que quelque chose le mettait mal à l’aise, mais il n’arrivait pas encore à déterminer quoi.
- Galieet, à toi l’honneur.
- Contrôle de vol kordien, ici le SDR Freedom Messenger, en mission diplomatique dans votre système, énonça le givin. Veuillez nous transmettre les coordonnées de la piste prévue pour notre arrivée.
Le contrôleur répondit une nouvelle fois en Sy Bisti, puis ajouta quelques mots qui ne leur étaient vraisemblablement pas destinés et qu’ils eurent du mal à entendre.
- Qu’a-t-il dit ? demanda précipitamment Jagen.
- Que nous sommes les bienvenus, et il nous a demandés de patienter, répondit Valorum, surprit par son empressement.
- Non, après ça !
- Je n’ai pas très bien entendu, mais c’était quelque chose comme « Ils sont arrivés »…
- J’ai un mauvais pressentiment, marmonna-t-il en vérifiant les relevés.
Tout était calme ; ils étaient visiblement seuls, perdus autour de la planète.
Et pourtant…
- Galieet, enclenche les boucliers, ordonna immédiatement le jeune colonel. À tous les membres d’équipage, ajouta-t-il en s’approchant du comlink interne, je répète, à tous les membres d’équipage ! Tout le monde aux stations de combat ! Je répète, tout le monde aux stations de combat !
Il ferma la ligne et jura à haute voix.
- Par la Force ! Mais qu’est-ce qui m’a pris d’accepter cette mission en sachant que je n’aurais qu’un croiseur consulaire presque inoffensif à destination ? Qu’est-ce qui m’a pris ?
- Jagen, calmez-vous, ordonna sèchement Valorum.
- Sénateur, nous sommes en danger, nous devons…
- Avec un tel comportement, vous risquez de faire échouer les négociations !
À ce moment précis, une sonnerie monta du poste de Tre’Far, derrière le sénateur. L’écran des senseurs clignotait rapidement.
- Je crois que les négociations n’auront jamais lieu, sénateur, déclara l’opérateur bothan en se mettant à terre.
Quelques nanosecondes plus tard, le vaisseau fut secoué de part en part comme un vulgaire jouet dans les mains d’un enfant. Le sénateur Valorum, qui n’avait pas eu le temps de s’accrocher, atterrit sur le dos de Horsk, qui jura bruyamment de douleur. La tête de Jagen heurta la vitre devant lui, le sonnant momentanément. Mais il reprit très vite ses esprits.
- Tiken ? Tiken ? dit-il dans le comlink
- < Eh bien, je suis toujours en un seul morceau, si c’est ce que tu veux savoir >, grogna le sullustéen.
- Grâce à la Force. Quelle est la situation ?
- < Attends…Kol’yan, qu’est-ce que tu as sur tes écrans ? … Ah… Bon, on va faire avec. Donc, Jagen, le missile a percé la paroi du réacteur tribord. On risque clairement l’explosion si on s’en sert. Et l’hyperdrive est à sec. >
- Fantastique.
Il s’appuya un peu plus contre le dossier de son siège, comme à chaque fois qu’il commençait à stresser.
- Horsk ?
- Oui, colonel ? demanda le bothan en se relevant difficilement, aidé par le sénateur.
- Y-a-t-il un vaisseau dans les parages ?
- Non, les senseurs ne captent rien et n’ont rien repéré… Sauf la torpille, bien entendu.
- Donc, ce missile vient du sol.
- On dirait que le contrôle aérien a des progrès à faire en matière d’accueil des visiteurs…
- Ou que le gouvernement local a choisi son camp. Ils seront bientôt là.
- Que veulent-ils ? demanda Valorum, qui avait considérablement pâli en quelques minutes.
- Pas nous détruire, en tout cas, répondit Jagen. Non, si c’est ce qu’ils voulaient, ils auraient visé le pont. Je crois que nous allons passer du statut de négociateurs à celui de négociés.
- Des otages ?
- Pour vous, sûrement, répondit sombrement Jagen. Pour nous, rien n’est moins sûr. Mais l’équipage du Knight’s Blade ne se rendra pas sans combattre.
À ce moment, la porte du pont s’ouvrit, laissant apparaître un Thnod Jurgan en tenue de combat, visiblement déboussolé.
- Jagen, qu’est-ce qui…
- Thnod, vous tombez bien. En tant que mandalorien, vous savez sûrement comment défendre un vaisseau lors d’un abordage.
- Comment ça, mandalorien ? demanda Valorum, choqué. Jagen, vous avez recruté un mandalorien ?
- Ex-mandalorien, répondit Jurgan. Et, pour répondre à votre question, Jagen, on ne peut pas défendre ce vaisseau. Ce dikut’la Sénat a tellement privilégié l’aspect esthétique qu’il est impossible d’y placer des barricades solides, des postes de tirs, bref, il est indéfendable.
- C’est ce que je craignais, déclara Eripsa en soupirant. Attachez vos ceintures.
- Mais où va-t-on ? demanda Galieet, dérouté. Nous n’avons plus d’hyperdrive, et il n’y a pas d’autre planète dans…
Le regard du givin se posa sur Korda VI, dont la masse brune semblait avaler le vide spatial.
- Oh, non. Jagen, ne me dis pas que…
- Si, répondit fermement le jeune colonel. On va se poser.
Il enclencha les réacteurs et corrigea la trajectoire de façon à se placer en orbite décroissante.
- Je dois vous prévenir, dit-il après quelques instants. Je ne sais pas ce que je fais, mais j’ai l’intuition que c’est notre seule solution. Il est hors de question que nous tombions aux mains de l’ennemi.
Il se saisit du comlink du tableau de bord.
- Tiken, peux-tu m’écouter attentivement ?
- < Je n’ai que ça à faire. >
- Tant mieux. Bon, on va tenter de se poser…
- < Tu n’y arriveras pas. Un des répulseurs manque à l’appel. Celui qui était sur le moteur tribord, bizarrement. Si ça n’a pas court-circuité les autres – ce dont je doute – ce sera une manœuvre trop aléatoire pour avoir une quelconque chance de réussite. >
- Je m’en doutais. Peux-tu vider le réservoir tribord ?
- < J’ai déjà commencé. C’est devenu bien trop instable pour être sûr. >
- Bien. Et maintenant, évacue la zone centrale, avec tes hommes. C’est bien l’infirmerie qui est dans le compartiment bâbord ?
- < À l’opposé de la salle des droïdes, oui. >
- Envoie les droïdes à l’infirmerie et placez-vous y.
- < Jagen, qu’est-ce que tu as en tête ? >
- Je vais nous faire atterrir sur le flan bâbord.
- < En gros, on se crashe ? >
- … Oui.
- < Ça me va. Attache bien le sénateur, il ne va pas apprécier. >
- Je ne lui ai pas demandé son avis, répondit Jagen en coupant la communication.
Il jeta un coup d’œil derrière lui.
- Bon, j’ai deux nouvelles, dit-il aux autres personnes présentes sur le pont. La bonne, c’est que le voyage est enfin terminé. La mauvaise, c’est qu’on va se crasher. Je vais tout faire pour préserver à la fois les soutes, sur le dessous de l’appareil, l’infirmerie sur le flanc bâbord et les relais de communication sur le toit, tout en veillant à ne pas percer les réservoirs sur l’arrière, car l’énergie pourrait très bien être la clé de notre survie. Donc, je vais être obligé de nous faire crasher sur le flanc. Par souci de sécurité, je vais couper le générateur de gravité artificielle dans quelques instants. Attachez-vous donc bien à vos sièges respectifs.
Valorum, blanc comme un arkanien, s’approcha du flanc bâbord et se sangla à l’un des sièges normalement destinés aux membres des patrouilles de sécurité.
- Je commence la descente, déclara le colonel en s’adressant via l’interphone à tout le vaisseau.
- < Nous sommes tous en position, Jagen >, répondit Sovv. < J’ai enclenché les semelles magnétiques de nos droïdes. >
- Bonne idée. Je coupe le générateur de gravité.
Lorsqu’il eut abaissé la manette, il ressentit une étrange sensation : une grande légèreté, mêlée à l’appréhension et à la sensation d’être parvenu à un point de non-retour. Peut-être aurait-il été plus sage d’attendre la suite des évènements avant d’agir.
Non. Nous ne pouvions pas laisser Finis tomber aux mains de ravisseurs, pas plus que nous ne pouvions accepter de finir au mieux comme monnaie d’échange.
Des flammes incandescentes apparurent autour de la proue rectangulaire du vaisseau, gênant en partie la visibilité.
- Nous entrons dans l’atmosphère ! cria-t-il à l’attention des autres.
Le noir de l’espace laissa place au flou le plus total. La couleur brune et verdâtre qu’ils avaient observée depuis l’orbite était due à l’imposante brume, et…
Aux forêts.
Je crois qu’on a un nouveau problème.
- Tiken, dit-il dans le comlink, il n’y a que des forêts à la surface de cette foutue planète !
- < Qu’est-ce que tu attends ? Tire ! >
Le sullustéen avait raison, évidemment. Jagen mit quelques instants à se remémorer l’emplacement de la commande des armes. Lorsqu’il l’eût repérée, il s’en saisit et appuya plusieurs fois sur le bouton de tir. Des salves lasers s’échappèrent de l’avant de l’appareil et allèrent frapper les arbres sur la trajectoire de l’appareil. Il répéta l’opération à intervalles réguliers, tout en redressant le nez et en réduisant les moteurs. Puis, lorsqu’il se rendit compte que le choc était imminent, il les ralluma de plein gaz de sortes à ce qu’ils s’alignent à la verticale l’un de l’autre. Voyant que la manœuvre était réussie, il les coupa à nouveau, et Galieet éteignit les systèmes de bord sans cesser de marmonner une sorte de prière mathématique issue de la culture de son peuple.
Jagen fut pris d’une soudaine envie de l’imiter.
Si le choc précédent avait déjà ébranlé le vaisseau, celui qui se produisit alors était hors-compétition. Plusieurs bruits sourds anéantirent le silence qui s’était installé dans les dernières secondes de la chute, et provoquèrent de nouveaux incendies mineurs sur la coque. Mais ce qui effraya Jagen était la vue des arbres qui se rapprochaient. Tout en priant pour que tout ne s’arrête pas là, il redémarra l’alimentation des armes, ajusta la végétation et tira juste à temps pour éviter un choc frontal.
Puis, au bout de quelques centaines de mètres, le vaisseau s’immobilisa et le silence revint.

************


Pendant quelques minutes, les seuls sons sur les lieux du crash provinrent des flammes qui noircissaient la peinture déjà largement éprouvée de la coque. Puis des coups sourds se firent entendre, et la porte d’accès bâbord du CR-20 fut projetée en l’air, et retomba à quelques mètres de là.
Jagen fut le premier à émerger du croiseur, tenant entre les mains l’objet qui lui avait permis de se débarrasser de cette porte récalcitrante.
- Bien pratique, commenta-t-il en observant le marteau pneumatique à fixation magnétique.
Puis il le posa à ses côtés, se retourna et plongea les bras dans la structure, pour aider ses congénères à se hisser hors du vaisseau. Le premier qu’il réussit à saisir fut Galieet. Le squelettique givin, qui était pourtant capable de résister au vide stellaire, avait assez mal réagi au choc, mais il était toujours capable de grimper. S’accrochant à Jagen d’une main, à l’extérieur de la coque de l’autre, il parvint à se hisser hors du vaisseau. Vinrent ensuite Finis Valorum, dont l’impeccable tenue d’ambassadeur avait été tâchée par une fuite de liquide hydraulique, et les membres de l’équipage. Ceux-ci aidèrent à leur tour à hisser le matériel et les droïdes. Trois heures après le crash, tout était fini.
C’est à ce moment-là que Valorum, après avoir aidé comme il pouvait à l’installation d’un camp de fortune, s’approcha d’un pas décidé du jeune colonel qui s’y trouvait.
- Je sais pourquoi vous venez, déclara Jagen en l’entendant arriver. Vous voulez comprendre pourquoi ils n’ont pas encore attaqué.
- Vous le savez ? demanda le sénateur.
- Bien entendu.
Il désigna les quelques tuyaux qui reposaient à cinq mètres d’eux, empilés en ordre.
- Voilà la réponse.
Valorum fronça les sourcils.
- Je ne comprends pas. Vos hommes n’ont-ils pas découpé les tuyaux pour monter un abri ?
- Les tôles nous seront plus utiles. Mais ces tuyaux serviront. Voyez-vous, sénateur, nous savons tous deux qu’il s’agit de tuyaux. Mais de l’orbite… Depuis un satellite d’observation…
- Vous voulez dire qu’ils évitent l’assaut parce qu’ils pensent qu’on a des missiles qui les attendent ?
- L’assaut aérien uniquement. Ils arrivent par le sol.
Jagen observa la forêt alentour.
- Lors de notre chute, je n’ai aperçu aucune ville aux alentours. De là à déduire qu’il n’y en a pas, il n’y a qu’un pas… Que je ne franchirai pas. Mais ils mettront au minimum une journée à envoyer leurs premiers renforts. D’ici là, je veux connaître le terrain pour savoir comment les affronter.
Il se dirigea vers un coffre métallique à proximité de lui et l’ouvrit. Les affaires qu’il contenait étaient malgré le crash étonnement bien rangées. Il en sortit un plastron de plastoïde gris et un casque qui lui couvrait le dessus et l’arrière de la tête, puis enfila les deux avant d’appeler tout son équipage.
- Votre attention s’il vous plaît, cria-t-il pour être entendu parmi les conversations. La nuit tombera sûrement bientôt, et je préfère ne pas être pris par surprise demain matin. Nous allons donc nous diviser en deux groupes. Je mènerai le premier, qui comprendra aussi Thnod, Ren et Horsk, aux alentours de la zone pour repérer des points de repli stratégique. Le second, sous les ordres de Galieet, découpera des tôles du Freedom Messenger pour monter un bâtiment de fortune. Rien de bien solide, mes amis, mais je veux que nous soyons prêts.
Il montra du doigt un petit escarpement de rochers qui trônait au milieu des arbres en cendres.
- Montez le bâtiment au pied de ça, ordonna-t-il, et programmez les droïdes pour qu’ils creusent un double réseau de tranchées. Renforcez-les avec les chutes de tôles, et installez les générateurs derrière. Si possible, épargnez les tourelles.
- Et les antennes de communication ? questionna Horsk.
Jagen réfléchit un instant à sa réponse.
- Coupez l'émetteur, ça pourrait être intéressant. La fin du signal pourrait avertir la Flotte plus sûrement que de n’importe quelle autre façon. Messieurs, en avant !
Le groupe se divisa – Thnod, Ren et Horsk restant autour du jeune colonel, tandis que les autres se dirigeaient vers le vaisseau écrasé.
- Couvrez-moi, dit-il à ses coéquipiers avant de partir en direction de la forêt qui encerclait l’épave.
Il se garda bien entendu de leur dire qu’il prenait de telles précautions parce qu’il sentait qu’il y avait… quelque chose. Près d’eux. Et dont ils étaient l’objet de la curiosité. Cette sorte de sixième sens, son instinct, l’aidait bien souvent à sortir des mauvais pas. Il ne pouvait qu’espérer que cette série se poursuivrait aujourd’hui.
Après quelques minutes de marche, ils pénétrèrent dans la forêt épargnée par les salves de Jagen. Les arbres arboraient des couleurs chaudes, assez différente des arbustes qu’il avait l’habitude de voir dans les serres de Bespin et de Coruscant. Ici, la nature était sauvage, et c’était pour lui une nouveauté. La voûte au-dessus d’eux était faite d’un mélange si artistique de rouge flamme et de jaune doré qu’on eût cru une de ces œuvres à la fois merveilleuses et mystérieuses que l’on attribuait à quelque civilisation antique aujourd’hui disparue.
- Les arbres ont-ils tous cette couleur dans la nature ? demanda-t-il à Thnod, qui marchait à côté de lui.
- Ce sont des feuillus brentaaliens, expliqua le canonnier. Ça se voit à la forme des feuilles ; ils ont dû être importés ici il y a longtemps. D’habitude, ils sont verts, mais nous devons approcher du déclin de l’année ; sans doute la plus belle saison, mais aussi la plus dangereuse, à cause des feuilles qui tombent. Restez sur vos gardes.
En y regardant de plus près, Jagen s’aperçut qu’ils marchaient en effet sur un tapis de feuilles mortes, un tapis épais et légèrement humide, un peu comme une éponge de Galitari après une cuisson vapeur, songea-t-il en se remémorant ce curieux mets alderanien.
- C’est embêtant, lâcha Horsk, dont le regard était également tourné vers le sol. Les traces ne restent pas visibles très longtemps, puisque la couche est en perpétuelle mutation. Je ne saurais dire si quelqu’un est passé par là. Tenez, ici par exemple : le sol a été enfoncé par quelque chose d’assez lourd, mais il est impossible d’en déterminer la forme ; ovale, circulaire ou même triangulaire !
Il se dirigea vers un autre creux léger.
- Là, en revanche, c’est clairement une empreinte de bo…
- Lâchez vos armes et couchez-vous au sol ! leur intima une voix derrière eux.
Deux hommes surgirent des fourrés à leur droite, et deux autres descendirent des arbres à leur gauche, chacun arborant un blaster et une armure caractéristique, chacune de couleur différente, avec un casque inimitable, dont la visière en T inspirait la peur à la Galaxie depuis plusieurs millénaires.
Des mandaloriens !
Les mercenaires avaient l’avantage du nombre et celui de la surprise ; lutter aurait été inutile. Résigné, Jagen obéit, espérant retourner la situation à son avantage.
- Voyons ce qu’on a là, déclara l’un de leurs assaillants.
- Mand’alor, s’exclama l’un d’eux, ce sont des républicains !
- C’est ce que je constate, reprit le premier homme.
Ainsi, il s’agissait du chef des Mandaloriens. Les Kordiens avaient donc raison… Sur ce point. Est-il possible que l’opérateur du Contrôle de Vol ait été de mèche avec eux ?
- Voilà le plus gradé, dit une autre voix.
De puissantes mains soulevèrent Jagen pour le redresser. Il accompagna le mouvement de ses jambes, préférant prendre toutes les précautions pour ne pas retomber sur le manteau de feuilles qui, il venait de s’en apercevoir, n’était pas aussi parfait qu’il en avait l’air.
- Gardez les bras le long du corps ! lui ordonna l’homme qui le tenait en le voyant remonter ses mains vers son visage.
- Permettez que je chasse d’abord cette bestiole de mon visage, répliqua le jeune homme, chassant d’un doigt le puceron qui s’était logé sur son nez.
- Nous ne vous ferons aucun mal, déclara le chef des Mandaloriens ; du moins, tant que vous serez honnête avec nous. Quel est votre nom ? Et votre fonction ?
- Je me nomme Jagen Eripsa, répondit-il avec fierté en énonçant son nom, et je suis Colonel des Forces Armées de la République.
- Je croyais que vous étiez tous à bord de cette dikut’la Flotte Katana, dit le mercenaire.
Il enleva son casque, révélant un visage auquel Jagen ne s’attendait pas. Le Mand’alor était bien plus jeune qu’il ne le pensait, probablement du même âge que lui ; son teint mat et ses cheveux noirs longs et bouclés lui donnaient un air juvénile qui ne s’accordait pas avec l’armure massive qu’il portait.
- Mais il semblerait que non, reprit-il une fois son casque accroché à la ceinture. Silas, vérifie.
- Tout de suite.
Les deux hommes se toisèrent du regard quelques instants, puis le mandalorien se tourna vers ses hommes. Jagen en fit de même avec les siens. Ren et Horsk prenaient la situation avec calme ; mais ce n’était pas le cas de Thnod. Il y avait de la peur dans le regard du mandalorien.
Jagen ne le connaissait que depuis peu, mais Jurgan lui avait toujours paru comme étant l’un des soldats les plus solides qu’il connaisse. Pourtant, à ce moment précis, il était effrayé. Cela troubla le colonel au plus haut point. Il escomptait demander à Thnod de faire jouer ses origines mandaloriennes pour calmer la situation.
Visiblement, il lui faudrait se débrouiller par lui-même.
- Jango, dit le dénommé Silas, qui tenait un lourd datapad gris métal, il n’y a aucun « Colonel Jagen Eripsa » dans les bases de données de la République !
- Fais-voir…
Le chef des Mandaloriens s’empara de l’appareil, et, après quelques secondes, posa un regard carnassier sur Jagen.
- Il semblerait que vous vous soyez joué de moi, colonel, déclara-t-il à voix basse.
Le jeune militaire leva les yeux au ciel.
- Vous m’avez demandé mon nom, répondit-il. Et je vous l’ai donné. Mais la base de données de la République – à laquelle vous ne devriez pas avoir accès, au passage – ne prend que les vrais noms.
- Vous ne vous appelez donc pas Jagen Eripsa ? demanda le Mand’alor, qui avait visiblement du mal à voir où le corellien voulait en venir.
- Je me nomme Jagen Tarsus Eripsa. Officiellement. Officieusement, c’est bien Jagen Eripsa.
Le guerrier rendit le datapad à son aide, qui tapota quelques mots sur l’écran.
- Identité confirmée, dit-il après quelques secondes.
Le guerrier acquiesça d’un bref signe de tête.
- Que faites-vous sur cette planète ? demanda-t-il d’une voix dure.
Sans le savoir, il venait de mettre Jagen face à un dilemme. D’une part, il avait ses consignes : il lui était strictement interdit de révéler ses fonctions en cas de situation contraignante, envers un ennemi potentiel qui plus est. De l’autre, il savait qu’ils étaient tombés dans un piège ; si les Kordiens les avaient trahis, alors peut-être avaient-ils fait de même pour les Mandaloriens.
- Je suis en mission pour le chancelier suprême Kalpana en personne, expliqua-t-il. En mission diplomatique.
- Un militaire en mission diplomatique ? demanda le dénommé Jango, qui semblait peu convaincu.
Inutile de leur cacher la présence de Finis plus longtemps. Ils finiront bien par la découvrir.
- En mission de protection d’un ambassadeur mandaté pour régler le conflit entre Mandaloriens et Kordiens. Le gouvernement de Korda VI a officiellement demandé l’aide de la République pour l’aider à régler la situation. Cependant, il semblerait que les choses soient moins simples qu’on a voulu nous le faire croire.
- C’est le moins qu’on puisse dire, déclara le Mand’alor en se tournant vers ses troupes.
Les soldats ricanèrent légèrement. Bon signe ou pas ?
- Je m’appelle Jango Fett, déclara le chef mandalorien, et voici mes Supercommandos, les héritiers d’une tradition plurimillénaire. Relevez-vous, ordonna-t-il aux républicains encore à terre.
Ceux-ci ne se firent pas prier.
- Il semblerait que vous soyez tombés dans un piège, dit Fett. Les Kordiens ne sont pas en difficulté, bien au contraire. Ils se sont alliés à la Death Watch de Vizsla.
- Vizsla ? Qui est-ce ?
- Un dissident mandalorien, qui a emmené de nombreux hommes avec lui. Le partisan d’une nouvelle phase de conquête galactique.
- En somme, un gaillard dangereux, résuma Jagen en se grattant le menton.
- Vous n’imaginez pas à quel point. Nous avons aussi été recrutés par le gouvernement kordien pour venir à bout de séparatistes, mais une fois sur place, il s’est avéré qu’il s’agissait d’une embuscade. Notre chef, Jaster Mereel, et plusieurs de nos meilleurs hommes sont tombés. Quelques transports ont pu partir, mais le reste a été détruit avant que nous ne pouvions battre en retraite. Depuis, nous restons ici, en attendant de trouver un moyen de nous enfuir. Les Death Watch nous cherchent, mais ils ne nous trouveront pas.
- Vous voulez dire qu’il n’y a aucun moyen de quitter la planète ? demanda le jeune colonel, horrifié.
- C’est surtout que…
- Mand’alor ! s’écria l’un des guerriers. Aruetiise !
- Je sais, mais…
Il s’interrompit en voyant le visage de celui que ses hommes désignaient. Jagen se tourna également, inquiet. Thnod Jurgan suait à grosses gouttes et semblait s’attendre à une fin aussi rapide qu’immédiate.
- Jurgan… dit Fett entre ses dents. Et moi qui te croyais mort… La peste soit des Death Watch ! On ne peut jamais être certains qu’ils sont six pieds sous terre !
Il dégaina son blaster et le pointa sur la tête de l’ex-mandalorien. Jagen, qui n’avait aucunement envie de se séparer d’un aussi bon élément (ni de remplir les documents relatifs à son exécution par une bande de Mandaloriens alliés de circonstances), crut bon d’intervenir.
- Attendez, dit-il en saisissant le blaster de Fett par son canon et en le détournant de sa cible. J’aimerais savoir ce que vous reprochez à cet homme.
- C’est un traître, cracha le dénommé Silas. Un Death Watch, un des lieutenants de Vizsla.
- J’étais persuadé de l’avoir abattu le mois dernier… murmura Fett pour lui-même. On dirait que non…
- Le mois dernier ? Cela fait plus de quatre mois que Jurgan fait partie de mon équipage ! Vous devez faire erreur !
- C’est mon shabuir de frère, marmonna Thnod. Mon frère jumeau. Pynorv.
- Shab, lâcha Fett. Ce n’est pas Pynorv Jurgan ?
- Je n’avais jamais entendu que Jurgan avait un frère jumeau, déclara Silas d’un air méfiant.
- Il ne s’en vantait pas, expliqua Thnod. J’étais la brebis galeuse, dans une famille dévouée entièrement au clan Vizsla. J’ai préféré couper les ponts il y a plusieurs années, et à ce moment-là, ils m’ont collé une prime aux basques.
Le silence s’abattit sur l’étrange assemblée. Nul n’osait prononcer le moindre mot.
- Gardez-le à l’œil, ordonna finalement Jango à ses hommes. S’il fait le moindre geste suspect, abattez-le.
Puis ils se mirent en marche en direction du vaisseau écrasé. Fett rattrapa vite Jagen et se plaça à ses côtés.
- Je mets mes hommes en danger pour vous, murmura-t-il. Si jamais les choses devaient mal tourner, je veillerais personnellement à ce que vous sortiez du champ de bataille les pieds devant.
- Contrairement à ce que vous semblez penser, répondit le jeune colonel sur le même ton, je n’ai aucune envie de mourir, que ce soit par vous, par Jurgan ou même par les Death Watch. Je compte bien me battre jusqu’au bout.
- Encore faudrait-il que vous sachiez vous battre.
Jagen eût envie de répliquer violemment, mais il préférait ne pas mettre en danger son groupe inutilement. Autant attendre qu’ils aient les armes du vaisseau et le reste de l’équipage à portée. Nous aurons peut-être la supériorité numérique.
Il ne devait cependant pas conserver longtemps cet « espoir ». En effet, à mesure qu’ils s’approchaient de l’épave du Freedom Messenger, d’autres commandos rejoignaient en silence le groupe de Fett, n’échangeant qu’un mot incompréhensible – que Jagen supposa être une version mandalorienne de « Salut » - avant de se fondre dans la masse. Bientôt, ils furent une trentaine, tous lourdement armés, l’un d’eux portant même un lance-roquette sur le dos.
- Depuis combien de temps vous battez-vous sur Korda ? demanda le colonel, intrigué par leur forme relative – aucun d’eux ne semblait blessé.
- Trois mois environ, répondit Fett sans cesser de marcher. Nos pertes ont eu lieu majoritairement pendant les trois premiers jours de combat. Depuis, nous nous sommes familiarisés avec le terrain et nous empoisonnons la vie de Vizsla et de ses hommes tout en détruisant ce que nous pouvons chez ces traîtres de Kordiens.
- Trois mois !
- La Tsad Droten n’est pas habituée à se battre aussi durement, n’est-ce pas ?
- La République ? Il n’y a pas d’armée de la République, lâcha amèrement Jagen.
- Ah oui, j’oubliais. Le « Département Judiciaire ».
- La République n’a pas connu de conflit majeur depuis près de mille ans. Les Réformes de Ruusan ont permis une période de paix sans équivalent au cours des cinq derniers millénaires.
- Et vous croyez que cela va durer ? La Bordure n’acceptera plus très longtemps de payer pour un régime qui se contrefout d’elle. Votre « Département Judiciaire » sera incapable de faire quoi que ce soit pour empêcher des révoltes.
- Vous oubliez la Flotte, répliqua Jagen en levant les yeux au ciel.
- Ah oui, votre fameuse Flotte. Est-il vrai que vous avez l’un des pires dépravés du Noyau à sa tête ? Il paraît qu’il pourrait faire rougir de honte un Hutt…
- Willspawn est ce qu’il est, mais il sert la République, Fett, répondit sèchement le jeune colonel. Tout comme moi.
Ils venaient d’entrer dans la clairière au sol cendré.
- Tout comme eux, ajouta-t-il en désignant son équipage affairé.
À son grand désarroi, il vit qu’ils n’avaient pas été repérés avant d’entrer à découvert. Ce ne fut que lorsqu’ils commencèrent à approcher que quelqu’un – Ren, s’il avait bien reconnu la voix de l’artilleur – cria de se mettre à l’abri et de prendre les armes. C’est désolant. Ils sont exceptionnels dans l’espace, mais une fois sur terre, c’est comme abandonner un quarren sur Tatooine… D’ailleurs, je me débrouille à peine mieux. À part Thnod peut-être, aucun de nous ne connaît les secrets des combats terrestres.
Il nous faudrait une armée.
C’était là un épineux sujet. La notion d’Armée Républicaine n’existait théoriquement plus depuis bien longtemps. Lorsque les forces de la Confrérie des Ténèbres s’étaient liguées dans les dernières années du vingt-quatrième millénaire de la République, la Flotte de la République et les troupes qu’elle protégeait avaient été littéralement balayés par des contingents de soldats en bien plus grand nombre. Les Jedi étaient alors aux commandes de la République et choisissaient en leur sein les Chanceliers Suprêmes. Ils avaient alors décidé de fusionner leurs forces privées – les chevaliers et leurs contingents de volontaires recrutés sur un nombre immense de planètes hors du Noyau – et ce qui restait des troupes républicaines. L’Armée de la Lumière, c’était son nom, avait été placée sous le commandement du général Hoth. Un grand nombre avait péri à Ruusan, et parmi eux une bonne partie des survivants de l’armée régulière. L’amiral Trenan Eripsa, un ancêtre de Jagen, connu pour avoir défait la principale flotte de la Confrérie des Ténèbres dans le système Contruum, avait eu la lourde tâche de procéder à la démobilisation et à la pacification de la Galaxie. Lorsque ce fut terminé, il fut décidé, en concertation avec le chancelier Tarsus Valorum, de dissoudre une flotte totalement obsolète et majoritairement composée de transports modifiés, et une armée de volontaires inexpérimentés qui s’étaient pour bon nombre d’entre eux engagés pour se venger des massacres commis par l’ennemi. On décida de limiter les tailles des vaisseaux de guerre, pour éviter une course au gigantisme dans laquelle la République aurait eu du mal à avancer les fonds nécessaires.
Toutefois, le Département Judiciaire, qui regroupait aussi bien l’Ordre Jedi que les magistrats, en passant par les services de police planétaires, comportait en son sein la Section d’Intervention et de Lutte contre la Piraterie, le SILP, acronyme tout à fait inconnu, puisqu’on appelait généralement cette section « FAR », pour Forces Armées de la République. C’était en effet ce qui se rapprochait le plus d’effectifs militaires, au niveau des vaisseaux notamment ; la présence au poste de Commandeur Suprême d’Amiraux de la Flotte, des cas particuliers qui étaient petit à petit devenus une règle générale, avait favorisé les investissements dans ce domaine. Aiden avait confié à Jagen qu’il n’avait jamais pu comprendre pourquoi le Conseil de Sécurité et les Chanceliers successifs avaient autorisé la commande de plusieurs centaines de Cuirassés de classe Invincible quelques siècles auparavant, alors que de tels vaisseaux, en plus de dépasser de loin les normes imposées par Ruusan, étaient notoirement lents et techniquement obsolètes. Il avait souvent fustigé le manque de troupes de maintien de la paix et de véhicules de combat, et avait prophétisé qu’ils en manqueraient un jour. Lui-même avait passé commande de Transports Personnels Tout-Terrain, des engins agiles et bien armés, qui avaient été déployés sur les cuirassés de la Flotte Katana. La restauration d’une Armée Républicaine aurait été la seconde étape du projet entamé avec la création de la Flotte Katana ; toutefois, la disparition de cette dernière mettait un terme apparemment définitif à cette ambition avortée, Willspawn n’ayant manifesté aucun intérêt pour un tel acte.
Au moment où il réfléchissait à tout cela, Jagen se dit qu’avoir des hommes spécialisés dans le combat au sol serait une bonne idée, à creuser davantage dès que le Knight’s Blade serait prêt au combat.
- Laissez-moi parler à mes hommes, Fett.
- Pas d’entourloupes…
- Je ne suis pas idiot, répliqua amèrement Jagen. Vous êtes plus nombreux que nous, et bien mieux armés.
- C’est bien de reconnaître la supériorité du voisin, crâna le Mand’alor.
Préférant ne pas répondre, le jeune colonel se dirigea vers le campement de fortune aménagé contre la petite falaise qu’il avait désigné comme fond du campement. Elle était entourée à sa base de plusieurs rangées de panneaux de duracier, devant lesquels des tranchées censées empêcher le passage avaient été creusées. Les droïdes avaient fait un travail net et rapide. Plusieurs plaques avaient été abaissées pour établir un pont de fortune, que Jagen emprunta pour entrer.
- Je ne vous félicite pas pour votre vigilance, gronda-t-il en pénétrant dans le camp de tentes. Les Kordiens auraient pu attaquer pendant mon absence.
- Les Kordiens sont des bipèdes lourds, dont les pas auraient été facilement remarquables sur le tapis de feuilles mortes et de branchages, expliqua Horsk Tre’far du haut de son poste d’observation. De plus, ils portent des bottes en cuir, comme nous. Je me suis douté que les bruits de bottes en fer que je percevais appartenaient à des guerriers en armure avancée comme les Mandaloriens, et j’ai dit à tout le monde de garder son sang-froid pour éviter une exécution malheureuse des otages. Malheureusement, Ren avait mal compris mon ordre. Ils vous ont envoyé pour négocier notre reddition ?
- J’ai bien peur qu’ils soient dans le même vaisseau que nous, déclara laconiquement Eripsa. Où est le sénateur ?
- Je suis là, fit Valorum en sortant d’une des tentes à sa gauche. Les Mandaloriens n’ont donc rien à voir avec l’attaque de notre vaisseau ?
- À ce qu’ils en disent, non. Ils prétendent avoir été eux aussi trahis par les Kordiens, qui seraient alliés à un groupe dissident nommé Dif Wak, je crois.
- Les Death Watch, corrigea Valorum en faisant la moue. Voilà qui complique singulièrement la situation.
- Vous les connaissez ? demanda Jagen, intrigué.
- De nom. D’après ce que j’en sais, il s’agit de brutes sans le moindre gramme de cervelle, tuant, pillant, violant tout ce qu’il y a sur leur chemin. De vrais enfants de chœur. Ils ont causé plusieurs massacres dans la Bordure, ce qui a conduit le Chancelier à réfléchir à un mandat d’arrêt à leur rencontre.
- Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ?
- Parce qu’il hésitait sur la conduite à tenir. La dernière chose que Kalpana souhaite, c’est une coalition des groupuscules criminels, qui pourrait fortement déstabiliser la République. C’est un risque que nous ne pouvons pas courir.
- Le chef des Mandaloriens, Fett, dit qu’un dénommé Vizsla, qui serait à leur tête, est ici.
- Si c’est le cas, nous devons si possible l’arrêter.
- Mon devoir est de vous protéger, Sénateur, rappela Jagen.
- Je sais ce que je fais. Dis à ce Fett que j’aimerais le rencontrer.
- Je…
- C’est un ordre, colonel.
Sachant qu’il ne pouvait rien répondre à cela, le jeune militaire afficha une mine désapprobatrice.
- Très bien, dit-il en tournant les talons pour rejoindre le groupe des commandos, qui attendait patiemment dehors.
Il n’avait même pas passé la porte que Valorum l’interpella.
- Jagen !
- Oui, Sénateur ? dit-il en le regardant par-dessus son épaule.
- Je fais juste mon devoir. Les négociations auront finalement lieu. Mais, visiblement, pas dans le sens que nous pensions, dit-il avec un sourire entendu.
Jagen le lui rendit avant de sortir du camp d’un pas affirmé.


Pour continuer sur la piste de l'innovation, un petit jeu : :sournois:
Une référence à ma principale source d'inspiration hors Star Wars s'est glissée ici, saurez-vous la retrouver ?
Le gagnant aura l'insigne honneur d'avoir un personnage figurant dans l'histoire. :cute:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Nicravin » Sam 23 Fév 2013 - 23:05   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Jagen Eripsa a écrit:- La République n’a pas connu de conflit majeur depuis près de mille ans. Les Réformes de Ruusan ont permis une période de pays sans équivalent au cours des cinq derniers millénaires.

Les corrections orographiques du Monde ? :transpire:
Jagen Eripsa a écrit:Toutefois, le Département Judiciaire, qui regroupait aussi bien l’Ordre Jedi que les magistrats, en passant par les services de police planétaires, comportait en son sein la Section d’Intervention et de Lutte contre la Piraterie, le SILP, acronyme tout à fait inconnu, puisqu’on appelait généralement cette section « FAR », pour Forces Armées de la République.

Artemis Fowl ? :transpire: ²
Je ne dis pas que la femme est méchante, je dis que l'homme est con.
Jacques Brel
Nicravin
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 3826
Enregistré le: 17 Juin 2011
Localisation: Entre kikoo et boulayland
 

Messagepar Jagen Eripsa » Dim 24 Fév 2013 - 0:10   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Nicravin a écrit:Les corrections orographiques du Monde ? :transpire:


J'ai dû légèrement avoir la tête ailleurs à ce moment-là. :transpire:

Nicravin a écrit:Artemis Fowl ? :transpire: ²


J'en ai lu les premiers tomes voilà... Pfiou, 6 ou 7 ans, et je ne m'en suis pas du tout, mais alors pas du tout inspiré. :transpire:

Et pis, franchement, mon histoire ressemble à ça ? :cry:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Nicravin » Dim 24 Fév 2013 - 0:12   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Jagen Eripsa a écrit:Et pis, franchement, mon histoire ressemble à ça ? :cry:

Tu veux une réponse franche ? :whistle:
Je ne dis pas que la femme est méchante, je dis que l'homme est con.
Jacques Brel
Nicravin
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 3826
Enregistré le: 17 Juin 2011
Localisation: Entre kikoo et boulayland
 

Messagepar Jagen Eripsa » Dim 24 Fév 2013 - 0:36   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

:oui:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Jagen Eripsa » Dim 26 Mai 2013 - 10:41   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Dur de le finir, celui-ci... :transpire:

Chapitre 8 - Partie 2

Spoiler: Afficher
- Je ne négocierai pas ce point-là, affirma Fett d’une voix tranchante.
Cela arracha un énième soupir à Valorum.
- Vizsla doit être jugé par la Cour de Justice Républicaine pour ses méfaits.
- Pour ressortir dans combien de temps ? demanda le Mand’alor en levant les yeux au ciel. Vos prisons sont des passoires incapables de retenir ce genre d’ordures. Ses sbires le libéreront avant même que vous n’ayez pu programmer son audience.
- Cela ne retire rien au caractère barbare d’une exécution…
Jagen, assis entre les deux hommes, suivait le débat d’un regard amusé. Pour l’heure, il n’était pas intervenu, mais il sentait bien qu’il ne pourrait pas rester neutre plus longtemps.
- Sénateur, je pense comprendre votre point de vue, déclara-t-il d’une voix affirmée. Selon vous, la République doit capturer tous ses ennemis en temps de paix ?
- Il en va de notre honneur et du bon fonctionnement de notre démocratie, répondit le politicien.
- Je sais, je sais. Mais si nous étions en guerre ? Quel serait le protocole à suivre ?
- En guerre ?
- Techniquement, nous y sommes. Vizsla et les Kordiens ont attaqué un vaisseau diplomatique en pleine connaissance de cause. Puisque nos ennemis contrôlent apparemment plusieurs planètes, ils peuvent être considérés comme un groupe politique hostile et plénipotentiaire qui a attaqué la République sans raison. Quel autre terme que « guerre » pour décrire cela ?
- Jagen, dit sévèrement Valorum, je ne cautionne pas cette démarche.
- Moi non plus, sénateur. Moi non plus. Mais il ne s’agit en aucun cas d’un conflit majeur, plutôt d’une opération de défense qui sera vite réglée. Il suffirait qu’un membre du Sénat – vous, par exemple – utilise l’article 516-D de la Charte pour justifier l’intervention sans l’accord du Chancelier Suprême.
Fett regardait tout cela avec un large sourire.
- Dans ce cas-là, la mort de Vizsla ne serait plus un problème ? demanda-t-il enfin.
- Ce serait même un objectif à considérer, répondit très sérieusement le jeune colonel.
- Ça me va, répondit le guerrier. Les Mando’ade se joindront à vous.
Il se leva brutalement et saisit son casque, jusque-là posé sur la table.
- Je vais participer à l’installation du camp avec mes hommes.
Sans ajouter un mot, il sortit, laissant seul le diplomate et le militaire.
- J’espère que vous savez ce que vous faites, Jagen, déclara sans réserve Valorum en se levant à son tour.
- Sénateur, ce que je sais, c’est que nous nous trouvons sur un caillou écarté des voies commerciales et sans moyen de communication, avec des dizaines, peut-être même des centaines de personnes qui rêvent au mieux de nous capturer. Si les Mandaloriens sont notre seule chance et qu’ils veulent la tête d’un criminel notoire comme unique récompense, je trouve que ce n’est pas cher payé.
- Vu sous cet angle, c’est un marché de la dernière chance.
- Je n’ai jamais prétendu le contraire. Mais si Fett nous abandonne, nous allons nous retrouver seuls. Et ni moi, ni mes hommes ne sommes préparés à ce genre de choses. Notre terrain, c’est l’espace. Ici, nous sommes presque sans défense.
- Vous m’effrayez, Jagen.
- Je sais.
- Qu’allez-vous faire, à présent ?
- Me rendre utile. Si vous voulez bien m’accompagner…
Ils quittèrent côte-à-côte la tente et se retrouvèrent au milieu de ce qui devenait une véritable forteresse. Les Mandaloriens et les Républicains travaillaient ensemble, main dans la main, pour renforcer les remparts établis en précipitation par les droïdes. Ceux-ci étaient à leur gauche en plein travail d’excavation ; ils creusaient dans la roche de la petite falaise au-dessus d’eux pour leur ménager des positions souterraines sûres.
- Cela ne risque-t-il pas de s’effondrer ? demanda Valorum en voyant la galerie qui s’enfonçait sous terre.
- Aucun risque, répondit le colonel en y jetant un coup d’œil. Quand l’excavation sera terminée, les droïdes ajouteront une couche d’alliage en fusion pour assurer le maintien de l’ensemble. Tout a été programmé.
Il s’interrompit.
- Je me demande d’ailleurs pourquoi nous avions de tels droïdes dans le Freedom Messenger, reprit-t-il après un instant de réflexion.
- Sans doute est-ce pour la base d’Ord Biniir, où vous deviez me conduire ensuite.
- Ord Biniir ? répéta Jagen. Pourquoi ?
- Mon neveu fait partie du personnel civil de l’endroit, répondit vaguement le sénateur. Les planificateurs ont sans doute préféré envoyer un seul vaisseau au lieu de deux quand ils ont appris que j’irais là-haut.
- Et on ne m’en a même pas informé…
- Toutes mes excuses, Jagen. Mais j’avais bien d’autres choses en tête…
Sans rien ajouter, ils sortirent du camp par la sorte de pont-levis qui avait été aménagée au milieu de l’enceinte semi-circulaire. Dehors, quelques mandaloriens entraînaient au tir des membres de l’équipage, plus habitués à se battre avec des ordinateurs qu’avec des blasters. Jagen repéra Galieet, à qui le dénommé Silas enseignait le port du blaster. Le givin se montrait attentif, mais ses talents limités dans ce domaine semblaient exaspérer son instructeur.
- Et dire que vous appelez ça des « guerriers »… dit une voix derrière eux.
Jagen se retourna. Fett avait remis son casque, mais il restait aisément reconnaissable à sa démarche et à l’impression de dur à cuire qu’il dégageait.
- Mettez-le aux commandes d’une corvette, et vous verrez qu’il en est un, répondit calmement le colonel.
- Ce n’est pas ce que j’appelle se battre, répondit le mandalorien.
- Vraiment ? Alors, qu’est-ce donc ? Un plaisir ?
- Un jeu. Tout se passe à distance, avec un incroyable sentiment d’impunité. Les boucliers, les canons longue portée… Tout cela n’a rien d’un véritable combat.
- Vous vous trompez, Fett. Vous ne savez pas ce que l’on ressent aux commandes d’un vaisseau spatial, quand on a des vies à sa charge et peu de chances de s’en sortir en cas d’erreur.
- Sur le champ de bataille, on n’a pas non plus de deuxième chance. Cours vite, tire bien, ce sont les règles que l’on peut suivre.
- Dans l’espace, c’est plus une question d’unité. Ce n’est pas le nombre, mais la cohésion qui fait la force. Un simple chasseur peut avoir plus d’importance qu’un croiseur.
- Foutaises. Le vainqueur est celui qui a la plus grosse. N’est-ce pas pour cela que vous avez fait construire votre destroyer ?
Ainsi, Fett était au courant pour le chantier du Knight’s Blade.
- Pas exactement. L’armement lourd est un atout, mais c’est surtout le blindage et la capacité d’accueil des chasseurs qui m’ont intéressé.
- Pour que d’autres puissent aller se faire massacrer à votre place ?
- Pour qu’ils puissent se faire réparer quand ils en ont besoin.
- Vous êtes vraiment un beau parleur.
- Tout comme vous, Fett.
- Ne me prenez pas à la légère, Eripsa. On dirait bien que vous avez besoin d’une correction.
- Si cela vous chante. Blasters en position paralysante ?
Il avait toujours eu une assez bonne adresse aux exercices de tir de l’Académie. Même s’il ne pouvait pas raisonnablement l’emporter face à un guerrier mandalorien surentraîné, il prouverait ainsi que ce n’était pas dans ses manières de se défiler.
À sa grande surprise, Fett déclina l’offre.
- Je parlais d’un vrai duel, à l’ancienne.
Il fit signe à l’un de ses hommes et lui cria quelque chose dans leur langue. En réponse, le soldat lui apporta ce qui ressemblait à une vibrolame assez brillante.
- Beskad, déclara Jango en exposant l’arme. Vous n’en avez pas, bien entendu. Mais une vibrolame fera l’affaire.
- N’est-ce pas inégal ? fit remarquer Valorum, qui avait jusque lors observé sans rien dire. Vous avez plus de protections que Jagen…
- C’est exact.
Il enleva son casque et commença à défaire ses plaques de métal lourd. Dans le même temps, Jagen retira son plastron.
- Peut-être devrais-tu… commença le sénateur.
- C’est solide contre les blasters, coupa le militaire, mais contre une lame de ce genre… Il est bien plus charpenté que moi. L’agilité sera ma meilleure arme. Et puis, après tout, ce n’est pas un duel à mort.
- C’est ce que nous verrons…
Les entrailles du jeune homme grouillèrent. Les doutes de Finis n’ont rien de bien rassurant… Enfin, bref, je suis un Eripsa. Et corellien, de surcroît. Qui donc pourrait me résister ?
- Vous êtes prêt ? lui lança Fett, son sabre levé.
- Allons-y, répondit Jagen en l’imitant.
Les deux hommes ne firent au début aucun geste. Puis ils se mirent à marcher sur le côté, l’un en face de l’autre, comme pour délimiter une arène circulaire. Autour d’eux, les membres d’équipage et les mandaloriens se pressaient pour les observer, gardant une distance raisonnable pour éviter d’éventuels coups manqués.
Puis ce fut l’attaque. Jagen sentit que son adversaire allait donner le premier coup, et l’anticipa sans problème. Le mandalorien abattit sa lame sur le vide, tandis que le colonel s’écartait largement. Étant plus grand que le guerrier, il disposait d’un avantage non négligeable. Sa propre arme fendit l’air horizontalement, la pointe cherchant à toucher Fett ; mais celui-ci recula et balaya devant lui d’un grand coup, ce qui permit de dévier la lame de Jagen et le laissa sa protection. Mais le jeune homme n’était pas sans ressource pour autant ; il se dégagea pour se mettre hors de portée du Mand’alor et reprit sa position originelle, cherchant à toute vitesse le point faible de son adversaire.
Il lui fallut pourtant quatre autres échanges pour entrapercevoir un début de réponse. Fett, pour compenser sa taille réduite par rapport à lui, avait tendance à donner des coups assez larges et puissants pour le déstabiliser. Ses attaques en pointe n’étaient pas assez puissantes pour vaincre le guerrier ; mais il pourrait parvenir à la victoire en changeant radicalement de tactique. Tentant le tout pour le tout, il profita d’une des puissantes rafales de Fett pour coincer son arme et la saisir. Le mandalorien, surpris, la lâcha involontairement. Jagen, sans perdre de temps, prit une lame dans chaque main et les pointa sur la gorge du guerrier.
- Vous avez perdu, déclara-t-il avec un sourire sur les lèvres.
Fett lui lança un regard mauvais.
- Un simple coup de chance, maugréa-t-il en tendant la main.
Jagen lui rendit son beskad, en s’assurant bien évidemment que le mandalorien ne tenterait pas de le prendre par surprise.
- Appelez-ça comme vous voulez, répondit-il avec philosophie..

************


Le soir tomba bien plus tardivement que Jagen ne l’avait pensé. Il avait en effet négligé les caractéristiques de la planète, dont la rotation durait près du double du standard de Coruscant. Mais, si cela retarda le repas qu’ils devaient prendre – le premier depuis le crash du vaisseau –, cela permit également de rallonger les préparatifs et donna lieu à ce qui pourrait s’apparenter pour ces naufragés à un véritable festin.
Les droïdes avaient récupéré de nombreuses rations à bord du Freedom Messenger, mais Jagen et Jango avaient d’un commun accord décidé de les épargner en attendant des jours plus durs. Plusieurs hommes étaient donc partis en fin d’après-midi pour chasser du gibier, qui selon les dires des Mandaloriens était à la fois abondant et savoureux sur Korda VI.
- C’est dans ces moments-là qu’on peut regretter que vous n’ayez pas amené de Jetiise avec vous, grommela Myles en découpant le côté d’une des bêtes qui rôtissaient sur le feu de camp central. Un Jetiikad nous aurait épargné bien des efforts.
- Je croyais que vous n’aviez besoin de personne pour survivre ? lâcha Jagen d’un air goguenard.
- Ce n’est pas pour autant qu’on aime le travail inutile, répondit le mandalorien en lui tendant une gamelle avec un large morceau.
Le jeune colonel le remercia et examina la part qu’on lui avait servi. La viande avait une couleur rouge braisée, et était plutôt dure lorsqu’il tenta de la piquer avec sa fourchette. Cependant, une fois en bouche, elle révéla un goût fort mais agréable qui ne lui faisait nullement regretter les rations habituelles.
Du coin de l’œil, il vit Fett, assis à l’écart, qui ne disait mot. Peut-être a-t-il honte de sa défaite face à moi tout à l’heure, songe Jagen. Légèrement pris par le remords, il s’approcha du guerrier, sa gamelle toujours en main.
- Vous êtes en train de bouder ? demanda-t-il en arrivant à la portée du Mand’alor.
Jango ne l’avait visiblement pas vu, puisqu’il parut surpris que l’on s’adresse à lui.
- Je m’inquiète pour une de mes patrouilles.
- Que se passe-t-il ?
- Ils auraient dû revenir voilà plus d’une heure. Je les avais envoyés à proximité de la route, à six klicks d’ici… J’ai bien peur qu’ils aient été victimes d’une embuscade.
- Ils n’avaient pas de comlink ?
- Malheureusement non.
Jagen ne sût pas quoi répondre, puisqu’il n’avait jamais eu à faire face à une situation de ce genre.
- Je suis sûr qu’ils vont bien, déclara-t-il avec un sourire provoqué. Ce n’est qu’un petit…
Il fut interrompu par un rugissement énorme qui provenait de la forêt. Le bruit intense dura quelques secondes et interrompit toutes les conversations. Lorsqu’il cessa enfin, ce fut pour laisser la place à des ordres donnés à la va-vite par les lieutenants de Fett, qui se ruaient sur leurs casques et leurs armes.
- Qu’est-ce que… commença le jeune colonel.
Une fois encore, il n’eût pas le temps de finir sa phrase.
Une immense créature lézardesque jaillit des profondeurs du bois qui les entourait en fonçant vers eux, une lueur de folie sauvage et meurtrière dans les yeux. Devant elle, plusieurs mandaloriens – la patrouille perdue de Jango, comprit Jagen – tentaient tant bien que mal d’échapper à son courroux. Mais rien ne semblait pouvoir l’arrêter ; un arbre fin, rescapé de l’incendie qui avait dégagé l’endroit, fut déraciné par la bête sans que cela ne la ralentisse.
La majeure partie du groupe courut se réfugier derrière les barricades édifiées plutôt, espérant qu’elles suffiraient à décourager l’odieuse créature. Mais Jagen et Jango n’avaient aucune chance d’y parvenir ; la trajectoire de la bête passait entre eux et le camp de fortune.
Jagen était fasciné par la puissance de cet être vivant, plus grand que tous ceux qu’il avait croisé jusque lors en liberté. Mais sa curiosité se transforma en peur paralysante lorsqu’il croisa le regard de la créature, un regard jaune empli de haine envers l’univers. À ce moment-là, elle s’arrêta et se tourna vers lui.
Fett cria un juron et s’empara de ses deux pistolets blasters avant de faire feu sur le visage de la bête. Mais Jagen, pour sa part, était sans arme et tétanisé. Il avait l’impression de sentir le souffle du monstre sur lui.
Le Mand’alor lui lança quelque chose, qu’il rattrapa de justesse. Avec surprise, il reconnut le beskad avec lequel Fett l’avait affronté tout à l’heure.
- Les yeux ! hurla le guerrier. Aveuglez-le !
Il s’adressait à ses propres hommes, qui disposaient sans doute de grenades aveuglantes. Mais Jagen prit l’ordre pour lui et leva la lame.
Il entendit Finis lui crier quelque chose, mais il n’en tint pas compte. Toute son attention était consacrée sur le monstre. Alors que celui-ci arrivait sur sa hauteur, il se jeta sur le côté, espérant être à une distance suffisante pour l’éborgner sans danger.
C’est à ce moment-là qu’il comprit qu’il avait lourdement sous-estimé la largeur de la bête.
Le choc fut terrible. Jagen ressentit une douleur vive à l’estomac et se retrouva catapulté sur le haut de la tête de la créature, qui n’avait pas plus que lui comprit ce qui venait de se passer. Essayant de se dégager, il se rendit compte que sa veste de combat était prise dans les écailles du monstre ; cela lui sauva la vie, puisqu’il aurait pu sans cela se faire piétiner. Du coin de l’œil, il vit le sabre mandalorien coincé au-dessus de l’oreille de la bête ; rassemblant ses esprits malgré la douleur, il s’en saisit et la planta dans l’œil droit de l’animal. Celui-ci hurla, et aveuglé aussi bien physiquement que par la douleur, il glissa et bascula sur le flanc. Un silence de mort s’abattit alors sur la scène.
Mais il ne dura pas bien longtemps. Très vite, tous accoururent au secours de Jagen, coincé sous la masse de chair du monstre. Ils s’approchèrent avec circonspection de la créature, avant de s’apercevoir qu’elle était morte ; la chute avait enfoncé plus profondément la lame et lui avait ainsi transpercé le cerveau. Le jeune colonel avait au contraire eu de la chance ; il apparut très vite que seule une jambe était réellement prise, et il fut vite dégagé. Valorum le serra fort contre lui.
- Doucement, Finis… marmonna-t-il sans trop savoir quoi dire d’autre.
- Si tu avais été tué, répondit vigoureusement le sénateur, ton père ne m’aurait jamais pardonné ! s’exclama le sénateur.
- Justement, ne m’achevez pas ! répondit-il avec un large sourire.
La douleur se dissipait lentement, ce qui lui permit de remettre de l’ordre dans ses pensées. Toutefois, il restait sous le choc de ce qui venait de se passer, et, s’il n’avait pas senti aussi distinctement ce qui s’était produit, il aurait sûrement cru à un banal rêve.
Cette dernière hypothèse lui revint en tête lorsqu’il aperçut Fett lui tendre une main amicale pour l’aider à se relever.
- Jamais je n’aurais cru qu’un shabuir de la République aurait suffisamment de gett’se pour faire ce genre de choses, déclara le Mand’alor avec un sourire intrigué.

************

Trois jours plus tard

La stratégie était une part importante des enseignements prodigués au sein de l’Académie d’Anaxes. Les enseignants dans ce domaine étaient parmi les meilleurs de la galaxie, et suivaient une tradition établie depuis des millénaires. La proportion de non-humains y était plus forte que dans les autres disciplines, à raison : la différence d’espèces impliquait également des schémas de pensée divergents, ce qui était fort utile pour se sortir d’une situation conflictuelle. De nombreux fonds étaient alloués à cette matière, si bien que les élèves disposaient des tables holographiques dernières modèles et des ordinateurs de calcul les plus perfectionnés. En général, quand un cadet obtenait son diplôme de l’Académie, il était capable de surpasser sans le moindre effort un orphelin ayant grandi au sein d’une bande de guerriers en armure.
Théoriquement.
Car ce raisonnement ne tenait pas compte d’une caractéristique essentielle des compétences stratégiques : l’expérience. On pouvait donner aux élèves la meilleure formation du monde, ils n’en restaient pas moins des bleus n’ayant jamais connu le feu du combat.
Jagen savait que son vieux « camarade », Kendal Ozzel, rejetterait son choix avec mépris. Il concevait même que certains de ses amis, comme Ait Convarion, rechigneraient à se placer sous les ordres d’un mercenaire à la loyauté variable. Mais il se devait d’admettre son inexpérience la plus totale dans les combats terrestres. Fett connaissait les armes, le terrain, et, plus important encore, l’ennemi. Il commandait donc tout naturellement la coalition formée par les Mandaloriens et les quelques membres d’équipage du Forte Tête.
Le jeune colonel était bien entendu son second officiel, mais officieusement, c’était le dénommé Myles qui l’aidait à coordonner les troupes. Cependant, le Mand’alor lui faisait confiance, et le respectait même depuis l’attaque du monstre.
- C’était un zakkeg, avait expliqué Fett pendant qu’un des droïdes médecins du Freedom Messenger l’examinait, suite au combat. Une espèce que nos ancêtres ont rencontrée sur la lune d’Ondéron, Dxun. Vizsla en a récupéré quelques-uns pour les lancer à nos trousses. Il n’est sans doute pas loin.
Visiblement préoccupé, il était reparti aussi vite. La patrouille mandalorienne était alors entrée, et l’avait salué en le remerciant d’être intervenu et d’avoir détourné l’attention de la bête. L’un des guerriers, sans que Jagen sache pourquoi, était légèrement resté en retrait, et n’avait pas prononcé le moindre mot. Cela intriguait le jeune colonel, qui en avait parlé à Fett ; mais celui-ci était resté très évasif.
- Certains de mes hommes ont des raisons bien personnelles de détester la Tsad Droten, la République, si vous préférez. Mais ne vous inquiétez pas, ils n’oseront pas s’attaquer à vous… Tant que vous êtes sous ma protection.
Bizarrement, l’explication n’avait pas suffi à Jagen, sans qu’il sache pourquoi.
Un éclat de voix le ramena brusquement au présent.
- Shab ! hurla Jango en frappant du poing sur la table de fortune installée dans la tente de commandement. Un jour de plus, et nous aurions eu le temps de finaliser nos surprises !
- Nous en avons déjà beaucoup pour Vizsla, rappela Myles en essayant de calmer son supérieur. Nous allons lui tendre un piège dont il ne réchappera pas. Les tranchées-leurre, les capteurs thermiques, le champ de mines…
- Nous pourrions en faire plus !
- Nous pourrions toujours en faire plus, mais ce n’est plus le moment. Vizsla sera là demain à l’aube. Nous n’y pouvons rien.
- On pourrait le retarder…
- Cela nous coûterait des hommes et du matériel, et nous n’avons ni l’un ni l’autre.
Fett sembla un instant sur le point de lancer une réplique cinglante, mais il se ravisa. Il n’avait rien à répondre. Son lieutenant avait exposé la triste vérité.
Il se tourna vers son partenaire républicain.
- Qu’en pensez-vous ? demanda-t-il au jeune colonel.
Jagen prit le soin de peser chacun de ses mots.
- Nous sommes dans une position défavorable, finit-il par déclarer. Nous n’avons pas l’avantage du nombre, ni celui des armes. Et mon équipage n’est pas formé pour le combat à terre. Pour autant, il n’existe pas d’échappatoire. Vizsla et ses hommes veulent s’emparer d’un Sénateur de la République, et il ne reculera devant rien pour capturer un otage de cette ampleur. Mon devoir est de l’empêcher de parvenir à ses fins, avec votre aide ou pas.
- Notre participation n’est pas à remettre en cause, trancha le Mand’alor.
- J’en suis ravi.
- Vous êtes prêt à mourir ?
La question prit Jagen au dépourvu. Elle était pour le moins… troublante.
La mort. Il n’y avait jamais vraiment pensé. Pas même lors de sa bataille en orbite de Corban III, quelques mois auparavant. Pouvait-on être prêt à la fin, au néant ? Sans doute pas. La preuve, c’est qu’on cherchait par tous les moyens de s’en préserver. Et, même lorsqu’elle nous frappait… Les peuples ne s’abreuvaient-ils pas de religions ? Les Corelliens n’avaient-ils pas Neuf Enfers, chacun dédiés à un péché particulier, et un Paradis pour ceux qui en étaient exempts ? Les Givins ne croyaient-ils pas qu’une équation mathématique régissait l’ensemble des destins, et que leurs morts avaient pour mission de la compléter ? Les Jedi eux-mêmes ne pensaient-ils pas que les morts se fondaient dans leur mystérieuse « Force » ?
- Non.
Le regard de Fett se fit plus insistant.
- Je n’ai pas l’intention de laisser Vizsla ou un de ses laquais s’en prendre à moi… Pas plus qu’à aucun de mes hommes.
Un sourire se forma sur les lèvres du mandalorien, qui jeta un coup d’œil à son second, qui répondit par un hochement de tête entendu.
- Bonne réponse, dit Fett. Et je crois que nous pouvons vous aider à remplir votre objectif.

************


Le moins que l’on puisse dire des Mandaloriens, c’est que leur système d’équipement valait au moins mille fois celui de la République.
En moins de vingt minutes, Jango avait pu récupérer ici ou là l’ensemble des composants nécessaires à la constitution d’une armure intégrale, d’une beskar’gam, pour reprendre le mot employé par Myles. En effet, les commandos disposaient toujours de quelques pièces d’armures en réserve, pour remplacer celles qui seraient éventuellement endommagées lors des combats. Il avait ensuite suffit de récupérer une combinaison intégrale magnétique pour les fixer, ce qui avait été assez facile, puisqu’il y en avait quelques-unes dans les réserves du Freedom Messenger.
La question de l’arme avait eu plus de mal à être résolue. L’entraînement de l’Académie d’Anaxes ne portait que sur des armes de défense rapprochée. Mais un simple pistolet ne pouvait guère faire de poids pendant une bataille en règle. Jango en avait deux – des modèles plus perfectionnés que ceux des officiers de la République, et qui semblaient avoir été lourdement modifiés -, mais ce mode de combat ne pouvait convenir qu’aux personnes entraînées à les manier simultanément. Jagen s’était donc équipé d’un fusil standard, une carabine E-7 de chez Blastech qui traînait dans l’équipement du Freedom Messenger, et qu’un mécanicien mandalorien avait remis en état. L’arme était longue et, partant de là, impressionnante, mais elle faisait pâle figure à côté de certains fusils à répétition lourds que portaient les commandos. Le principal était bien sûr qu’il sache la manier, et, après quelques essais, il y était parvenu assez facilement.
Il se trouvait donc là, avec son armure mandalorienne et son fusil, dans la troisième tranchée creusée autour du camp de base. Au nombre de cinq, elles formaient un cercle presque complet qui n’était interrompu que par l’à-pic rocheux qui surplombait les tentes de commandement. À une centaine de mètres de là, l’épave du Freedom Messenger gisait sur un tapis de cendres. Le Croiseur Consulaire offrait à présent une ressemblance frappante avec un cadavre qui serait resté trop longtemps à l’air libre ; on remarquait en effet moins ses dégâts que les pièces qui manquaient, tels des morceaux de chairs arrachés par des charognards, démontés par les droïdes pour former une muraille de fortune autour du camp.
Tous les combattants étaient retranchés sur les quatre dernières tranchées, à l’exception de deux ou trois éclaireurs qui opéraient en avant-garde depuis la première. Fett était aux commandes de la deuxième, Myles de la quatrième, et Jurgan, le seul républicain qui ait une expérience de ce genre de combat, se chargeait de la cinquième, sous les regards inquisiteurs des soldats de son ancien peuple. Aux côtés de Jagen, il y avait une majorité de mandaloriens, dont le guerrier resté en retrait la veille, qui se tenait à présent sur sa droite. Quelques-uns de ses propres hommes, dont Chrwarrok et Ren Jorvis, étaient également là. Tous étaient équipés d’armures plus lourdes que leurs amis restés en retraits avec Jurgan, à l’exception du wookiee, dont les grognements agressifs avaient dissuadé toute tentative pour lui enfiler une protection.
Le démontage du Freedom Messenger n’avait pas seulement fourni des protections aux défenseurs ; ils en avaient également profité pour récupérer deux tourelles anti-chasseurs, qui pouvaient selon toute logique les préserver sans problème de l’infanterie ennemie. Elles étaient montées sur l’éperon rocheux derrière le camp ; Tern Hoovys et Jos Geraan s’en occupaient, protégés par tout un détachement de mandaloriens sous le commandement de Silas.
Enfin, il y avait le sénateur Valorum. Celui-ci se trouvait dans les sous-sols de leur camp de base, dans une cavité creusée par leurs droïdes-ouvriers. L’entrée en avait été condamnée quelques minutes auparavant, et Valorum ne pouvait à présent être en lien avec le monde extérieur que par le biais de son comlink.
Ce fut après une demi-heure d’attente que les premiers signes de l’arrivée de l’ennemi parvinrent à Jagen. Ce fut tout d’abord une infime variation sonore portée par les vents de Korda VI, que les oreilles humaines ne pouvaient percevoir ; mais le buy’ce offert à Jagen par ses nouveaux alliés était équipé de capteurs auditifs évolués, capables de détecter ce genre d’avertissements. Puis le bruit se fit peu à peu audible, et l’engin qui le provoquait apparut enfin.
Fett avait averti ses alliés que Vizsla disposait d’un char de combat, mais Jagen ne s’attendait en aucun cas à cela. L’engin qui leur faisait face était monumental, bien plus impressionnant que les appareils de combat de la République, et équipé d’armes lourdes qui, fort heureusement, semblaient avoir été endommagées au cours des affrontements antérieurs. C’était, comme le comprit le jeune colonel avec effroi, un engin minier, tels que ceux utilisés sur les mondes de la Bordure Extérieure par les grandes compagnies minières comme la TaggeCo ou la Galaxy Mining Corporation. Il avait dû être abandonné là, sur Korda VI, suite à une tentative infructueuse de s’emparer des richesses du sous-sol de la planète ; un tel engin était dur à déplacer, ce qui expliquait qu’on les assemble généralement une fois arrivés à destination. C’était, entre les mains de Vizsla, une arme de destruction massive.
Heureusement, Fett connaissait son existence, pour l’avoir déjà affronté. Il eut un instant d’hésitation en voyant le monstre de métal, mais sa résolution lui revint rapidement.
- Très bien, on suit le plan A, comme convenu, déclara-t-il sur le canal général. Lancez les roquettes.
Un autre ordre était caché derrière ces paroles, mais il nécessitait un secret absolu pour être efficace ; on ne pouvait donc risquer qu’il arrive aux oreilles de la Death Watch. Cependant, ces mots n’étaient pas qu’un code.
Plusieurs missiles jaillirent de la quatrième tranchée, derrière Jagen, et, s’il fut relativement épargné par le bruit grâce à son casque, il vit du coin de l’œil que tous ses collègues n’avaient pas cette chance. Heureusement pour eux – dans un sens –, il n’y aurait qu’une seule vague de tirs.
Les projectiles suivirent une trajectoire balistique presque parfaite. Les canons du char et les blasters des commandos renégats se tournèrent rapidement dans leur direction – si rapidement que Jagen se demanda s’ils n’avaient pu intercepter leur transmission. Les salves de lasers n’eurent aucun mal à se débarrasser des missiles, et ce malgré leur vitesse.
Le premier assaut des défenseurs était apparemment un échec.
- Ouvrez le feu ! ordonna alors le Mand’alor.
Plusieurs hommes des Death Watch, qui tournaient encore leurs yeux vers le ciel, furent fauchés sans pitié par les premiers tirs. Mais les autres se ressaisirent vite et visèrent les commandos mandaloriens. Heureusement, ceux-ci bénéficiaient de l’abri de la tranchée. Jagen ne pouvait guère les soutenir, le risque d’un tir ami étant bien trop grand dans ces conditions.
Puis le char entra en action. Une décharge s’abattit sur la tranchée de Jagen à cinq mètres sur sa gauche, ce qui suffit à le projeter dans les airs, comme bon nombre de ses alliés ; cependant, deux de ses combattants n’eurent pas cette chance, et furent proprement carbonisés par le laser, avant même d’avoir eu le temps de prendre part à la bataille.
Une rage nouvelle, qu’il n’avait jamais ressentie, prit naissance dans les entrailles de Jagen. Il eut soudainement envie de se jeter sur la Death Watch toute entière et de l’attaquer au corps-à-corps, d’enfoncer une vibrolame dans leurs corps pouilleux. Il se sentait en colère, et avait envie de faire mal. Sa respiration s’accentua brutalement.
Qu’est-ce qui m’arrive ?
Il s’abaissa sous le couvert du mur de terre devant lui et appliqua toute la force de son esprit à se calmer. Il ne pouvait pas se permettre de laisser tomber ses alliés maintenant. Il n’allait pas laisser un simple accès de panique prendre le pas sur sa volonté.
Se redressant, il saisit son arme et ajusta un soldat ennemi qui, inconscient du danger qui le menaçait, se précipitait vers la première tranchée à l’abandon. Le tir l’atteignit à la gorge, et il s’effondra dans la boue du champ de bataille. La créature qui le suivait – un togorian, reconnut Jagen après quelques secondes, portant quelques plaques d’armures des Death Watch – ne prit même pas la peine de le contourner et le piétina sans ménagement. D’autres cibles se présentaient désormais au jeune colonel ; les salves épisodiques du char avaient clairsemé les rangs de Fett, et les éclaireurs s’étaient tous repliés derrière lui. Il en choisit une qui lui semblait menaçante et fit à nouveau feu.
Et, soudain, tout sembla bouleversé.
Ce fut d’abord un bruit, sourd, puissant, faisant penser au grondement d’un volcan. Puis il y eut la lumière : une onde aveuglante qui provenait de l’intérieur du char, un rideau de feu contenu par le blindage en duracier renforcé de l’appareil. Enfin, il y eut le choc, lorsque le monstre de métal, incapable de résister plus longtemps à la pression qui déchirait son corps de l’intérieur, explosa en projetant des débris sur l’ensemble des combattants.
Un sentiment de soulagement apparut au creux de la poitrine de Jagen ; la première phase de leur stratégie était un franc succès. Le plan A reposait en effet sur une diversion provoquée par le lancement d’engins lourds, qui permettrait à l’opérateur des communications d’Eripsa, le bothan Horsk Tre’far, de faire usage de tous les talents d’infiltration de son peuple en allant poser une charge à la verticale du générateur d’énergie de l’engin. Cela expliquait également que l’euphorie de Jagen soit tempérée par une crainte naturelle ; il espérait de tout cœur que le bothan avait rempli sa mission en restant sain et sauf.
Hélas, contrairement à ce qu’avait espéré Jango, la destruction du char n’avait pas poussé les troupes des Death Watch au repli. Au contraire, les mercenaires s’en trouvaient stimulés : ils n’avaient plus de moyen de retraite, et la seule possibilité de fuite reposait sur la traversée d’une forêt hostile qu’ils ne connaissaient pas. Leur hargne, décuplée, les poussait à se battre plus férocement encore, mais aussi à coopérer, ce qu’ils ne faisaient pas le moins du monde au début de la bataille.
Plusieurs d’entre eux sortirent des grenades à concussion et les lancèrent sur les troupes de Fett ; l’une d’elles projeta le Mand’alor hors de sa tranchée, sans le blesser heureusement. Protégé des tirs ennemis par la réponse offensive de sa garde personnelle aux grenadiers, il put se relever, visiblement sans dommages.
- Il est temps de se replier ! ordonna-t-il sur le canal général. Évacuez les deux premières tranchées !
La directive provoqua un afflux de troupes qui n’étaient certes pas fraîches mais tout de même bienvenues dans les rangs de Jagen, qui se retrouvait à présent en première ligne. Fett et quelques-uns de ses guerriers continuèrent leur retraite jusqu’à la barricade en duracier, qu’ils contournèrent pour prendre pied sur l’éperon rocheux qui surplombait leur camp et rejoindre la forêt qui s’étendait derrière. Une telle manœuvre revêtait des habits de lâcheté aux yeux des Death Watch, et pourtant…
- Phase 2 du plan enclenchée ! déclara Jango dans son comlink.
- Je suis prêt, annonça Jagen à son tour.
À son poignet, derrière un cache de plastacier, le déclencheur des pièges avait été fixé sur la plaque de blindage de l’armure nouvellement acquise. Il se prépara à appuyer dessus.
Devant lui, il n’y avait plus que des commandos des Death Watch, qui cherchaient à prendre place dans les installations défensives abandonnées, pour se protéger du pilonnage régulier effectué par Tern et Jos, qui étaient parvenus, sans que Jagen ne sache comment, à ne pas attirer l’attention du char sur eux lorsqu’il était encore en état de les attaquer. Plusieurs officiers, reconnaissables aux bandes de couleur plaquées sur leur casque, les rejoignirent et se mirent à couvert.
Ce fut à ce moment-là qu’Eripsa n’eût plus d’autre choix qu’intervenir. Il enclencha le piège préparé par les Mandaloriens, en croisant les doigts pour qu’il leur permette de renverser la situation.
Ce n’était en apparence que quelques étincelles, bien trop ténues pour espérer infliger le moindre dégât thermique. Mais l’essentiel n’était pas visible. En secret, les droïdes-ouvriers qui avaient travaillé d’arrache-pied à l’élaboration de défenses au cours des jours écoulés s’étaient chargés d’installer dans les digues de terre quelques bidons remplis de ce qui restait d’essence dans les réservoirs du Freedom Messenger. En enclenchant le piège, Jagen avait ouvert les vannes de ces conteneurs, dont le contenu imbibait à présent le sol des deux premières tranchées.
Soudain, les étincelles firent leur effet. Une gerbe de feu s’éleva dans la seconde tranchée, à l’extrémité droite ; non loin de là, dans la première tranchée, le phénomène se reproduisit. D’autres effusions se déclenchèrent alors ça et là ; avant qu’ils ne comprennent ce qui se passait, les mercenaires qui croyaient avoir trouvé un abri dans leur progression furent pris dans une nasse de boue incandescente et de flammes vives.
Le spectacle était tout bonnement insoutenable, et Jagen regretta soudainement d’avoir avalé sa ration le matin même. Il en vint même l’espace d’un instant à prendre en pitié ses ennemis, bien qu’il sache qu’un bon nombre d’entre eux n’étaient pas des enfants de chœur. C’était en effet un sort horrible qu’ils subissaient alors : la chaleur, l’essence, la terre chauffée à blanc s’infiltraient sous leur armure et commençaient alors leurs ravages rapides. Quelques-uns s’extirpèrent des tranchées et tentèrent d’enlever leurs prisons de métal de leur corps ; mais leurs gestes étaient brouillés par la douleur et la perte de leurs sens, et tous moururent avant d’avoir pu y parvenir. D’autres essayèrent de se rouler sur le sol, mais cela ne faisait qu’accélérer le processus de mort.
Une peur soudaine s’empara de Jagen pendant qu’il contemplait avec effroi la scène, lorsqu’il sentit un liquide chaud à ses pieds ; plein d’appréhension, il baissa les yeux et vit une flaque jaunâtre aux contours indistincts. Tournant la tête vers l’endroit d’où elle venait, il vit l’un de ses hommes plié en deux qui dégobillait sur place. Un tel comportement l’aurait outré en temps normal, mais dans ces conditions, il comprenait parfaitement ce qui se passait. Il était à deux doigts d’en faire autant.
Mais il ne pouvait pas se permettre de perdre sa concentration. Déjà les Death Watch survivants repassaient à l’assaut, en prenant bien soin d’éviter les tranchées. Même après deux déconvenues, ils restaient supérieurs en nombre, avec trois fois plus d’effectifs que les forces alliées, qui reculaient toujours un peu plus. Ils pouvaient donc se permettre d’arroser aussi bien les Républicains que les Mandaloriens d’un feu couvert, auquel ceux-ci ne pouvaient répliquer qu’épisodiquement, lorsqu’ils émergeaient des tranchées entre deux rafales pour ralentir la progression ennemie.
Jagen sentait bien que leurs chances de remporter la bataille s’amenuisaient peu à peu, à mesure que leurs hommes tombaient. Avec une pointe de fierté, il remarqua que son équipage tenait bon, malgré un équipement inadapté et un entraînement inexistant.
Comme pour venir le contredire, une grenade atterrit dans la tranchée à trois mètres de lui, sous les yeux de Ren Jorvis, Jagen tourna la tête vers lui, et vit dans le regard de son mécanicien que celui-ci avait compris ce qui allait se passer.
L’explosion fut relativement légère comparée à bien d’autres depuis le début de la bataille, mais elle suffit à remplir sa besogne, projetant des fragments de métal dans le torse et l’abdomen de Jorvis. Jagen accourut immédiatement, même s’il savait qu’il était impuissant.
- Ren ! Ren !
L’homme ne répondit pas. Jagen paramétra son casque pour percevoir les signes vitaux, et crut un instant qu’il ne fonctionnait plus, avant de se rendre à l’évidence : Jorvis n’était plus.
Ce n’était pas l’un de ceux qu’il connaissait le plus à bord du Forte Tête. Ce n’était pas l’un des plus sociables d’ailleurs au sein de l’équipage. Mais c’était tout de même l’un de ses hommes, le premier qu’il perdait au combat… Dans une bataille qui n’était pas de leur ressort, pour laquelle ils n’étaient pas préparés.
- Ne restez pas planté là !
La voix, rendue impersonnelle par le projecteur vocal du casque, était celle du guerrier mystérieux qui avait fait partie de la patrouille pourchassée. Tirant d’une main sur les adversaires qui se rapprochaient toujours plus, il saisit l’épaule de Jagen de l’autre pour le forcer à se relever.
- Nous devons rejoindre les positions fortifiées derrière la muraille !
- D’accord, acquiesça Jagen en saisissant son arme. Je vous couvre.
D’un ordre bref sur la fréquence générale, il ordonna à l’ensemble des combattants de rejoindre l’espace derrière les barricades. Il n’eût pas à se répéter ; la plupart de ses hommes reculèrent en courant sans jeter le moindre coup d’œil derrière eux. Plusieurs furent touchés par des lasers perdus. Les Death Watch, durement éprouvés, crurent sans doute à un nouveau piège, et avancèrent avec circonspection, évitant les tranchées et surveillant du coin de l’œil la structure en duracier.
Une fois à l’intérieur, Jagen envoya l’ensemble des combattants encore sur pied dans la caverne artificielle, arrachant presque Tern et Jos de leurs tourelles, qu’ils rechignaient à quitter ; rendus fous de colère par les pertes subies, ils voulaient les faire payer au centuple à leurs cibles. Ils étaient presque tous entrés lorsque les Death Watch forcèrent la barrière du camp.
Jurant entre ses dents, Jagen tira sur celui qui semblait être le chef du groupe d’avant-garde. Le combattant, mieux entraîné que la plupart de ses compères, évita la salve et répliqua avec une grande précision. Le tir frappa Jagen au bras gauche.
Une douleur lancinante s’empara du membre touché, et le jeune colonel ne put retenir un cri. Sa vision obscurcie par la souffrance lui permit malgré tout de repérer un fusil aligné dans sa direction. Une décharge en sortit.
Un rayon jaillit alors à sa droite, et un cri de surprise vite étouffé se fit entendre devant lui. La vue lui revint alors complètement, et il vit l’officier qui l’avait blessé s’effondrer devant les regards éberlués de ses hommes. Jagen se reprit alors totalement et se releva avec difficulté. Ce qu’il vit manqua de le faire retomber.
Il avait été sauvé par le guerrier mystérieux qui le suivait depuis le début de la bataille. Son casque avait été emporté par la dernière rafale de l’officier mercenaire, permettant ainsi au jeune colonel d’observer son visage. Et quel visage… Des traits fins, mais suffisamment adoucis pour ne pas être coupants, servaient d’écrin pour deux yeux d’un bleu digne des planètes océaniques que l’on voyait dans les holofilms. Le nez, tout en finesse, surplombait une fine bouche d’un rouge passionnel. C’était à ses yeux la plus belle femme qu’il ait jamais vu.
Malheureusement, il n’avait guère le temps de la contempler, car ses ennemis reprenaient une nouvelle fois l’offensive, et il n’avait à présent plus d’autre choix que la retraite. Avant de s’enfoncer définitivement aux côtés de la guerrière dans les catacombes, il se retourna un bref instant, et crut apercevoir la lumière de quelques propulseurs, avant de plonger définitivement dans les ténèbres.
La descente se fit rapidement. Progresser dans une obscurité quasi absolue avait quelque chose d’effrayant, mais être poursuivi stimulait assurément les défenseurs, qui marchaient à allure rapide. Ils passèrent sans s’arrêter devant un éboulement apparent derrière lequel, ils le savaient, se cachait le sénateur Valorum. Enfin, ils parvinrent à une anfractuosité naturelle où ils purent se regrouper.
Il n’y avait plus d’issue, plus de retraite possible, désormais. La quarantaine de combattants rescapés pointèrent leurs armes vers le chemin d’accès et attendirent dans le silence le plus total.
Il y eût des bruits de blasters presque étouffés par l’épaisse couche de roche au-dessus de leurs têtes, suivis d’un silence lourd de conséquences. Enfin, des pas se firent entendre, et plusieurs soldats, les nerfs à vif, enlevèrent le cran de sécurité de leurs fusils.
À ce moment-là, quelques silhouettes solitaires apparurent à l’entrée de la caverne. À leur tête se trouvait vraisemblablement le chef du groupe, qui retira son casque. Il regarda d’un air étonné le comité d’accueil.
- Franchement, dit Jango, à qui vous attendiez-vous ?

**********

Théoriquement, Républicains et Mandaloriens avaient remporté en ce jour une grande victoire.
Concrètement, la vérité était tout autre. Tout d’abord, au niveau des effectifs ennemis ; même si la totalité du groupe d’assaut avait été neutralisée – les mercenaires ayant été tués ou capturés par les commandos aéroportés de Fett -, il ne s’agissait là que d’une petite part de la force de frappe des Death Watch, qui disposaient encore de nombreuses troupes fraîches dans leurs bases d’un bout à l’autre de la galaxie. Au plan stratégique, l’État-Major de l’ennemi n’avait été qu’à peine entamé ; contrairement à ce que Jango avait pu espérer, Vizsla n’avait pas été présent lors de la bataille, et courait toujours en toute impunité.
Cependant, tout n’était pas perdu pour tout le monde.
Ce fut au matin du troisième jour après la bataille, alors qu’ils exploraient les débris du char détruit, qu’ils le trouvèrent : un morceau de métal, provenant vraisemblablement d’une caisse de munitions, orné d’un poing rouge sang sur un fond noir encadré par des chaînes métalliques. La conclusion était sans appel.
La Brigade Stellaire de Korsterck armait la Death Watch.
Cette trouvaille avait plongé Jagen dans de profondes réflexions, dans lesquelles il se perdait toujours lorsque la flotte de secours arriva. Contrairement à ce à quoi il s’attendait, les vaisseaux – des transports corelliens CR-10 accompagnés par des Z-95 Headhunter – étaient peints aux couleurs bleues et blanches du Conglomérat Astrell, et non du rouge consulaire de la République. Theran Astrell lui-même commandait l’opération, et ce fut avec un certain plaisir qu’il retrouva son cousin au moment de débarquer. Tous deux rejoignirent ensuite la tente de commandement, où les attendaient déjà Valorum et Fett. La réunion commença par un rapide résumé de la bataille et des évènements qui la précédaient.
- … Et, à ce moment-là, pendant que Jagen les attirait dans les souterrains, mes hommes et moi les avons pris à revers, expliqua Jango.
- Comment avez-vous fait pour qu’ils ne se rendent pas compte du piège ? demanda Theran, intrigué.
- J’ai utilisé des fusils à projectiles, expliqua le mandalorien. Avec les dispositifs appropriés, ils peuvent être aussi silencieux qu’un Defel.
- Intéressant…
- En tout cas, cela nous a tous sauvé, conclut Valorum. Maintenant, pour la suite…
- Il nous faut une armée.
La réflexion de Jagen jeta un froid sur l’assemblée. Tous le regardèrent d’un air intrigué, surpris, et même amusé pour ce qui était de Theran.
C’était voulu ; le jeune colonel avait patiemment attendu un moment de ce type, à la fin du récit, pour exposer son point de vue. Il n’avait plus maintenant qu’à le défendre avec acharnement.
- Jagen, commença Finis, ce que tu proposes est en désaccord avec les Réformes de Ruusan…
- Les Réformes sont clairement obsolètes. Comment voulez-vous que nous fassions face à ces pirates qui menacent de mettre à feu et à sang ce que nous avons eu tant de mal à construire ?
- Puisque cette… « Brigade Stellaire » fournit les Death Watch, intervint Fett, nous prendrons soin de leur mettre des bâtons dans les roues. Mais nous n’avons pas suffisamment d’hommes pour leur tenir tête.
- Que savez-vous d’eux, Jango ?
- Rien qui ne soit pas arrivé aux oreilles de vos Renseignements, Sénateur. Ils cherchent à étendre leur pouvoir à l’ensemble de la Bordure, et ont le soutien de groupes séparatistes et anarchistes qui espèrent se servir d’eux pour parvenir à leurs fins.
- C’est inquiétant, déclara Valorum. Certaines planètes de grande importance, comme Kuat ou Serenno, ont déjà connu ce genre de mouvements…
- C’est pour cela qu’il nous faut des troupes afin de les neutraliser au plus vite, appuya Jagen.
- Très bien, je rapporterai cela au Chancelier. Autre chose ?
- Oui, dit Jango. Je pense que nous devrions poursuivre notre collaboration.
- Qu’entendez-vous par là ?
- Disons… Un échange de bons procédés. Informations. Opérations communes. Immunité des uns et des autres.
- C’est une proposition honnête, répondit Jagen.
- Comment faire pour la concrétiser ? demanda Theran. Les mandaloriens n’ont pas de gouvernement officiel…
- J’avais pensé à un intermédiaire, expliqua Jango.
Il tourna la tête vers l’entrée de la tente.
- Vanya, peux-tu venir s’il te plaît ?
La jeune femme écarta les draps plastifiés avec bien plus de grâce et d’élégance qu’on ne pouvait l’espérer en la voyant dans son armure de duracier. Entrant dans la tente, elle jeta un bref regard en direction de Jagen.
Jango et lui avaient parlé d’elle, après la bataille. Il restait fasciné par la belle guerrière, sans comprendre réellement pourquoi. Les symptômes, selon Fett, d’une maladie qui pouvait devenir mortelle pour les combattants.
Alors pourquoi la jetait-il dans ses bras si facilement ?
- Voici Vanya Cadera, expliqua le Mand’alor avec un léger sourire. Je pense qu’elle parviendra sans problème à établir une liaison durable entre mandaloriens et républicains.
Jagen aurait juré le voir lui jeter un rapide coup d’œil.
- J’aimerais intégrer votre flotte, colonel, déclara la jeune femme. Je pense que je pourrais m’y rendre utile, pour les deux camps.
- Pourquoi vous éloigneriez-vous ainsi de votre peuple ? demanda Valorum.
- J’ai envie d’apporter ma contribution dans la destruction de Vizsla, répondit Vanya.
- Vous sentez-vous capable de suivre les ordres ? Nos règles sont plus strictes que celles des Mandaloriens, questionna le jeune colonel.
Fett le regardait, mais ne réagit pas. Son sourire narquois indiquait sans doute qu’il savourait ce moment au moins autant que Jagen se sentait mal à l’aise.
- J’apprendrai.
- C’est le genre de réponses que j’aime entendre. Bienvenue dans la Flotte.

************

Il ne fallut que trois heures en tout pour rapatrier l’ensemble des patrouilles et empaqueter l’ensemble du matériel récupérable. Sur les cinq transports du Conglomérat Astrell qui avaient été réquisitionnés par Theran, trois furent mis à la disposition de Fett et de ses hommes, qui, habitués aux mouvements rapides, avaient été prêts bien avant les quelques Républicains.
Cependant, une dernière question taraudait encore Jagen.
- Pourquoi la République a-t-elle préféré t’envoyer plutôt que de dépêcher un ou deux Jedi et des croiseurs consulaires ? demanda-t-il à son cousin.
Theran eût un air étrange, l’espace de quelques instants. On aurait presque dit qu’il jubilait, comme s’il avait entendu ce moment depuis longtemps.
- La République ne s’est aperçue de rien. Non, l’initiative vient de moi. Je t’ai contacté voici quatre jours et tu ne m’as pas répondu ; j’ai compris à ce moment-là que quelque chose ne tournait pas rond. En temps normal, tu aurais tout de suite réagit à ce que j’avais à t’annoncer.
- Et de quoi s’agit-il ?
Le regard d’Astrell se fit franc et perçant, comme s’il souhaitait capturer à jamais la réaction à venir de Jagen.
- Cela concerne les travaux de réhabilitation de Taris. On a peut-être repéré l’Endar Spire.


Quant à la question précédente :
Spoiler: Afficher
Le second prénom de Jagen est Tarsus, ce qui lui donne pour initiales J.T. Eripsa. A rapprocher d'un certain J.T. Kirk... :siffle:

Ce qui explique aussi mon enthousiasme pour le choix d'Abrams sur SWVII, étant donné que son Star Trek a été une grande source d'inspiration....
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Red Monkey » Dim 26 Mai 2013 - 11:02   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

J'ai miraculeusement découvert cette fic suite à .... d'étranges évènements. :siffle:
Et malgré la longueur des chapitres, je crois bien que je vais tout lire. Juste pour un mot que j'ai vu en survolant ton texte : Mand'alor :love:
Red Monkey
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 10236
Enregistré le: 14 Juin 2012
 

Messagepar Jagen Eripsa » Dim 26 Mai 2013 - 11:12   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Bonne lecture dans ce cas. :jap:

Revan Bane a écrit:Et malgré la longueur des chapitres, je crois bien que je vais tout lire. Juste pour un mot que j'ai vu en survolant ton texte : Mand'alor :love:

Et pas n'importe lequel... :sournois:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Red Monkey » Mar 28 Mai 2013 - 0:40   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Bon.
J'ai lu les 8 chapitres, j'avais un peu de temps.
Alors :

Y'a vraiment un travail considérable dans cette histoire, c'est certain. Je ne peux qu'apprécier ce que j'ai lu. :oui:
L'idée de prendre en compte le temps depuis les Réformes de Ruusan est une excellente idée, surtout que tu y fait souvent allusion. Bizarrement, à ce propos, je m'attends à du changement radical durant le récit. On verra bien. Et puis, ce genre d'allusion au passé, c'est pour mon plus grand plaisir quoi, en plus Bane et tout :love: :love:
Je suis en pleine relecture de Plagueis, et j'admets que redécouvrir Damask par ici est très cool. 8)
Sur le fond, ça tient réellement la route, on voit que tu est très concerné par ton sujet, et que tu as réellement une connaissance poussée de cette période. Moi-même, j'ai encore des blancs dans cette partie de l'Histoire.
Le Mando'ade dans l'équipage républicain m'a fait un drôle d'effet. Je suis pas très fan. Et ce que tu en dis dans le dernier chapitre, je sais pas, ça me parle pas :neutre:
Après, bien sûr, Fett et tout, voilà quoi :whistle: Tu maitrises bien ce sujet aussi, je ne peux que t'admirer pour cela. C'est pas si simple. :jap: Mais sur le coup, ton action actuelle ne me parle pas, j'attends la suite.
Juste un détail, les "sensations" de ton bonhomme, j'espère sincèrement que ce n'est pas en rapport avec la Force. J'en ai un peu ras-le bol des Jedi et de la Force pathétique de l'époque du déclin républicain. Et puis, on est à la Flotte quoi. J'aime beaucoup cet aspect de SW, et en plus je n'y suis pas hyper familier. Alors ce genre d'impression, je mise sur quelque chose de bien meilleur.
A propos de Jagen, son surnom me fait bien trop penser à Jagged Fel, c'est dommage. Pourtant, c'est très bon.
Katana, bon bah... :transpire: voilà quoi, c'est la Flotte Katana, j'ai bien apprécié ce que tu en avais fait.
Voila, j'ai du dire tout ce que je voulais... j'ai vaguement l'impression d'avoir oublié un truc :evil: tant pis, ce sera pour la prochaine.
Le reste, dans l'ensemble, c'est une super affaire, et j'ai bien l'intention de la suivre.
:lol: :hello:
Red Monkey
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 10236
Enregistré le: 14 Juin 2012
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mar 28 Mai 2013 - 6:58   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Merci pour ta lecture. :jap:

Revan Bane a écrit:Y'a vraiment un travail considérable dans cette histoire, c'est certain. Je ne peux qu'apprécier ce que j'ai lu. :oui:
L'idée de prendre en compte le temps depuis les Réformes de Ruusan est une excellente idée, surtout que tu y fait souvent allusion. Bizarrement, à ce propos, je m'attends à du changement radical durant le récit. On verra bien. Et puis, ce genre d'allusion au passé, c'est pour mon plus grand plaisir quoi, en plus Bane et tout :love: :love:

C'est surtout que j'ai découvert ces réformes après avoir commencé mon histoire, ce qui m'a obligé, dans cette seconde version, à en faire des "éléments perturbateurs" en ce qui concerne les objectifs de Jagen.

Je suis en pleine relecture de Plagueis, et j'admets que redécouvrir Damask par ici est très cool. 8)

:jap:

Sur le fond, ça tient réellement la route, on voit que tu est très concerné par ton sujet, et que tu as réellement une connaissance poussée de cette période. Moi-même, j'ai encore des blancs dans cette partie de l'Histoire.

Oh, c'est pas tant une connaissance poussée qu'une utilisation abusive des encyclopédies...

Le Mando'ade dans l'équipage républicain m'a fait un drôle d'effet. Je suis pas très fan. Et ce que tu en dis dans le dernier chapitre, je sais pas, ça me parle pas :neutre:

Le personnage de Thnod est surtout là pour familiariser Jagen avec l'univers des Mandaloriens. Sauf inspiration soudaine, il interviendra relativement peu dans ce tome, au profit d'autres membres de l'équipage du Forte Tête qui, malgré le départ de Jagen, vont continuer à jouer un rôle.

Après, bien sûr, Fett et tout, voilà quoi :whistle: Tu maitrises bien ce sujet aussi, je ne peux que t'admirer pour cela. C'est pas si simple. :jap: Mais sur le coup, ton action actuelle ne me parle pas, j'attends la suite.

La rencontre sur Korda est le premier des deux chapitres inspirés de la BD Jango Fett : Open Seasons. J'espère que tu changeras d'avis à son sujet, car tout découle de là. :sournois:

Juste un détail, les "sensations" de ton bonhomme, j'espère sincèrement que ce n'est pas en rapport avec la Force. J'en ai un peu ras-le bol des Jedi et de la Force pathétique de l'époque du déclin républicain. Et puis, on est à la Flotte quoi. J'aime beaucoup cet aspect de SW, et en plus je n'y suis pas hyper familier. Alors ce genre d'impression, je mise sur quelque chose de bien meilleur.

Disons que la solution devrait te paraître mi-douce mi-amère. Je ne peux pas en dire plus sans spoiler, mais il faudra attendre encore deux chapitres pour avoir la réponse. :cute:

A propos de Jagen, son surnom me fait bien trop penser à Jagged Fel, c'est dommage. Pourtant, c'est très bon.

Je tiens à préciser que je ne connaissais pas Jagged Fel au moment d'inventer le pseudo. D'ailleurs, c'est aussi une coïncidence si "Jagen" signifie "chasser" en allemand. :transpire:

Katana, bon bah... :transpire: voilà quoi, c'est la Flotte Katana, j'ai bien apprécié ce que tu en avais fait.

La suite devrait te plaire également. :jap:

Du reste, le chapitre 9 est bien rédigé... Mais bon, je préfère ne pas trop m'avancer. :transpire:
Tout ce que je peux dire, c'est qu'on y retrouvera un personnage bien connu des films, dans une situation assez inédite pour lui. :cute:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 06 Juin 2013 - 18:03   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Bon, ben j'y suis arrivé assez rapidement, au final. :transpire:

Chapitre 9

Spoiler: Afficher
« ……..ttaque………voi sur Den…….yez le gr……de Kuph………..rons tomb…Cartel…..non. »

Transmission lapidaire captée par le centre d’écoute d’Antar

Destroyer de classe Arrow Knight’s Blade, en attente dans l’espace d’Aargau, cent trente jours AK.

En temps normal, une telle visite aurait nécessité une cérémonie telle que seule la République sait en faire. On aurait convoqué l’ensemble des troupes non-affectées du croiseur dans le hangar, et on leur aurait ordonné de se ranger par catégorie, selon un ordre bien défini, jusqu’à remplir la quasi-totalité de l’espace disponible. On aurait ensuite envoyé les escadrons dans l’espace pour escorter la navette diplomatique. Elle aurait atterri devant les soldats, et, à ce moment-là, pendant que la rampe serait descendue, les officiers supérieurs du croiseur se seraient avancés pour saluer leur invité.
Toutefois, ce protocole n’était pas le plus indiqué pour une visite discrète.
Ainsi, lorsque le vaisseau aux couleurs mauves de la Chancellerie se posa sur le sol métallique dur et froid du hangar, il n’y avait pour l’accueillir qu’un seul homme, qui détonnait dans son uniforme blanc par rapport à l’espace presqu’entièrement gris autour de lui.
Jagen n’avait pas choisi cette couleur par hasard. Les nouveaux codes vestimentaires au sein de la flotte imposaient pour l’ensemble des officiers des tenues d’un gris sombre, à la fois fonctionnelles et élégantes. Mais il était colonel, l’homme le plus gradé de son détachement, et il se devait d’en imposer. Aussi avait-il choisi un uniforme à la fois semblable au niveau de la coupe à celle de ses subordonnés et qui s’en détachait suffisamment au niveau de la couleur pour marquer la différence. C’était une tenue d’apparat, bien entendu ; il avait fait préparer quelques vestes grises pour les missions de routine qui l’attendraient à coup sûr.
La rampe de la navette s’abaissa et laissa apparaître un homme seul, qui marchait avec toute l’assurance qui lui confiait sa toge simple mais élégante et richement tissée. Le jeune colonel s’inclina lorsqu’il parvint en bas.
- Bienvenue à bord, Excellence. Avez-vous fait un bon voyage ?
- Il n’était pas désagréable, répondit Kalpana.
Il fronça les sourcils en voyant que Jagen jetait un coup d’œil furtif au sas de la navette.
- Qui attendiez-vous d’autre ?
- Le sénateur Valorum, répondit Eripsa, qui préférait ne pas mentir sur ses sentiments. Je m’imaginais qu’il viendrait aussi pour… discuter.
- Ah. Je vois. Venez, nous en parlerons dans votre bureau.
- Comme vous voudrez.
D’un geste de la main, Jagen invita le Chancelier à le suivre.
Le hangar où avait atterri la navette était de type ventral, et installé à l’arrière de la superstructure de duracier du Knight’s Blade. Situé à peu de choses près à la verticale de la tour de commandement, il était donc le plus proche des quartiers du colonel, situés à l’arrière de la passerelle de contrôle. Ils n’eurent donc qu’à sortir du hangar et à marcher sur quelques mètres pour atteindre le hall des ascenseurs qui les mènerait à destination.
- Voulez-vous visiter le pont ? demanda Jagen par politesse.
- Je préférerais éviter, répondit Kalpana. Ma venue doit rester un secret, aussi longtemps que possible.
Eripsa ne répondit rien, malgré l’inquiétude qui commençait à poindre en lui. La dernière fois qu’il s’était retrouvé dans ce genre de situation – une rencontre secrète avec un supérieur qui paraissait complètement paranoïaque -, les choses s’étaient mal finies.
Heureusement pour le Chancelier, ils ne croisèrent personne sur le court trajet entre l’ascenseur et la cabine de Jagen. C’était l’un des avantages du Knight’s Blade : il nécessitait un équipage réduit pour fonctionner. Le génie de Blissex avait permis de limiter le nombre de postes grâce à des systèmes d’automatisation avancés. Il n’y avait plus besoin, par exemple, de dix opérateurs simultanés pour chaque poste d’artillerie, pas plus que de cinquante techniciens sur chacun des réacteurs. Le coût était élevé, mais les bénéfices le valaient bien.
Ils entrèrent finalement dans le bureau du colonel. C’était une pièce plutôt vaste, qui s’ouvrait au fond sur une grande baie de transparacier donnant sur l’espace. Deux alcôves assez grandes s’ouvraient des deux côtés de la porte ; à gauche, on y trouvait quelques fauteuils confortables ainsi qu’un écran branché en permanence sur l’Holonet, tandis qu’à droite, une table de conférence et quelques sièges occupaient l’espace. Une fois ces zones franchies, deux portes, une fois encore de part et d’autre de la pièce, barraient l’accès aux quartiers privés de Jagen à gauche et sur le communicateur holographique privé du colonel de l’autre côté. Enfin, au fond, juste sous la baie vitrée, sur une estrade soulignée par quelques marches, trônait un bureau assez élégant ainsi que quelques sièges. Passant le seuil de la porte au moment où les détecteurs de présence déclenchaient l’allumage de la lumière, ils se dirigèrent vers ce bureau pour s’installer dans les fauteuils. Jagen hésita un instant ; devait-il laisser Kalpana prendre son siège, plus impressionnant que les autres ? Mais le Chancelier ne semblait guère préoccupé par le protocole aujourd’hui, et il s’assit sans cérémonial dans un des fauteuils pour invités.
- Allons droit au but, Jagen, commença le chef de la République. Finis m’a fait un rapport assez complet sur ce qui s’est passé sur Korda. Au nom de la Force, qu’est-ce qui vous a pris ?
- Excellence, j’ai privilégie la piste de l’alliance avec les Mandaloriens pour…
- Je ne remets pas en cause votre décision à ce sujet, coupa Kalpana avec empressement. Vous avez pris la seule décision possible, nous le savons tous deux. Mais vous n’aviez pas à exposer notre faiblesse devant eux !
- Je pense qu’ils ont une assez bonne idée de notre situation stratégique. Ils ont accès à nos bases de données.
- Et vous n’avez pas jugé bon de nous en informer ?
- Un oubli regrettable. Mais je doute qu’un de nos cryptages actuels résiste bien longtemps à leurs hackers. Nous devrions songer à éloigner nos serveurs de Coruscant.
- Cela va-t-il de pair avec votre idée de base unique sur la lune de la planète ?
- En effet.
- Bien, le Conseil de Sécurité s’étant déjà prononcé en faveur de ce projet, nous y associerons le déplacement des installations informatiques. Mais revenons au sujet qui nous intéresse. Votre demande d’une armée.
Jagen ne répondit rien, attendant la suite.
- Des troupes terrestres représenteraient un tournant majeur dans notre politique du dernier millénaire. On reprocherait à la République de vouloir intervenir dans les affaires planétaires. Les Jedi subissent déjà suffisamment de critiques à ce sujet.
- Mais ils ne répondent pas aux ordres. Ils ne forment pas de force stratégique à proprement parler. Or, nous nous orientons de plus en plus vers une guerre, Excellence. Une guerre. Ce qui s’est passé sur Korda est une anomalie, mais j’ai peur qu’elle ne soit pas si isolée qu’on puisse l’espérer. Des pirates s’attaquent sans crainte de représailles à un de nos croiseurs diplomatiques. Ils tentent de capturer un sénateur de la République. Ils n’hésitent pas à employer des armes de guerre pour cela. Ce n’est pas normal.
- Les troubles ont toujours existé, et ils existeront toujours. Mais vous avez raison sur le dernier point. Il y a quelque chose qui n’est pas normal.
Il s’interrompit, fixant l’espace vide de toute lumière.
- Monsieur ? tenta Jagen avec précaution.
- Les choses vont mal au Sénat. Le Parti de la Bordure est de plus en plus virulent. Les insurrections se multiplient… Et il y a pire. Plusieurs de nos délégations secrètes ont été éventées. Certains de mes propres agents spéciaux ont été démasqués. J’ai bien peur qu’on m’espionne.
- Cela me fait penser à…
- Aiden, acheva Kalpana. Oui, j’y ai pensé aussi. J’ai peur qu’il n’ait pas eu tout à fait tort. Les Sith ? Peut-être. Des ennemis ? Voilà qui est certain. On cherche à nous déstabiliser.
- Vous pensez que la disparition de la Flotte Katana était l’un des pans de ce plan ?
- Sans doute. Ce qui me fait dire que vous devrez être extrêmement prudent dans les prochains temps. Celui qui a voulu nous affaiblir ne vous laissera pas reprendre l’ascendant.
- Vous avez raison.
- Je ne peux pas vous autoriser à monter une force de frappe seul, mais je peux vous soutenir si vous proposez une motion au Sénat.
- Je vous en remercie.
- Comment progresse la constitution de vos forces ?
- Assez bien. Le Knight’s Blade est le premier croiseur à être prêt au combat. Il a été assemblé assez rapidement, bien sûr, puisqu’il était déjà en projet avant ma commande. Les trois suivants seront prêts d’ici quatre mois.
- Excellent. Et qu’en est-il de l’Endar Spire ?
Jagen eut un instant d’hésitation avant de répondre.
- Cette information devait rester secrète.
- Elle le restera. Cependant, les messages envoyés par M. Astrell ont été redirigés vers mon cabinet suite à la destruction de votre relais. Il paraissait… enthousiaste.
Eripsa poussa un soupir.
- L’Endar Spire est un Croiseur de Classe Hammerhead de première génération. Il a participé à la Guerre Civile des Jedi jusqu’à ce qu’il soit intercepté par la flotte de Malak dans les cieux de Taris. Il s’est ensuite écrasé à la surface de la planète.
- En quoi un vaisseau vieux de quatre mille ans peut-il bien vous intéresser ?
- Quelques jours à peine après la bataille, Taris a été rasée par la flotte de Dark Malak. Un bombardement d’une puissance inouïe. C’était avant l’invention des boucliers planétaires, bien sûr, mais cela ne retire rien à cette démonstration. Les vaisseaux qui ont mené le bombardement m’intéressent. Malgré tous nos perfectionnements, nous ne sommes jamais parvenus à reproduire la caractéristique exceptionnelle des Destroyers Stellaires de classe Interdictor. Le générateur de puits de gravité.
- Vous parlez d’une mine gravifique ?
- Mieux que cela. Un engin du même genre, mais activable à volonté, et suffisamment compact pour être monté sur un vaisseau. C’est la quintessence de tout stratège. Pouvoir imposer à l’ennemi une zone de combat prédéterminée, barrer les zones d’accès à un système… Des possibilités quasi-infinies.
- Intéressant, en effet. Et vous pensez que l’épave de l’Endar Spire peut vous aider ?
- Les maigres bases de données que nous avions sur ces vaisseaux ont été détruites lors du Sac de Coruscant pendant la Grande Guerre Galactique. Si les enregistrements de l’Endar Spire sont toujours exploitables, nous les trouverons et nous les utiliserons.
- Tenez-moi informé de la situation. En attendant, nous avons d’autres problèmes à traiter. Le moment est peut-être venu de tester vos nouveaux jouets, colonel.
Il sortit de sa poche droite un holoprojecteur miniature et l’activa après l’avoir posé sur le bureau de Jagen. Une sphère constellée de lumière apparut.
- Reconnaissez-vous cette planète ? demanda-t-il alors.
- Coruscant, répondit sans hésiter Jagen.
- Ce n’est pas le cas, même si elle y ressemble, dit le Chancelier avec un léger sourire. Il s’agit de Denon, seconde planète la plus peuplée de la Galaxie. On la distingue généralement par la couleur d’un mauve profond de son espace proche, dû aux gaz particuliers qui s’échappent de son soleil.
- En quoi nous intéresse-t-elle ?
- Les Renseignements ont capté une transmission lapidaire. Nous pensons qu’ils veulent s’attaquer au prochain convoi du Cartel de Denon, qui quittera la planète dans trois jours pour rejoindre Aldérande.
- Qu’y aura-t-il à bord ?
- Principalement des speeders légers, mais aussi quelques armures et des armes, censées renouveler l’équipement de la Garde Royale.
- Vous pensez qu’ils veulent s’en emparer ?
- Ce serait tout à leur intérêt. Le nôtre étant, bien sûr, que vous les en empêchiez… Et que vous détruisiez par la même occasion une partie de leurs forces.
- Entendu. Je peux rejoindre Denon après-demain.
- Il n’y a que quelques heures de trajet d’ici à la Bordure Médiane.
- Il manque encore à mon équipage quelques membres, qui devraient arriver d’ici un quart. Une fois qu’ils seront installés, nous partirons.
- Dans ce cas, ne tardez pas. Vous n’avez pas le droit à l’échec.

************


Si tous ceux qui avaient étudié les vaisseaux spatiaux s’accordaient sur un point, c’était bien celui-là : le fait que l’on pouvait comparer ces titans de l’espace à de gigantesques êtres vivants. Il y avait sur ces appareils, tout comme sur les corps de chair, des « organes » qui répondaient à des fonctions bien précises. Le réacteur était, sans conteste, le cœur du vaisseau ; les senseurs, ses yeux, et les antennes, ses oreilles. Le réservoir servait d’estomac, et la fosse à ordures… Eh bien, d’évacuation des déchets indésirables. Si l’on suivait ce raisonnement, le centre névralgique d’un croiseur était sans nul doute le pont de commandement.
C’était sans doute le point qu’il avait le plus retravaillé sur le projet de base de Blissex. La structure était bien plus vaste que ce qui était d’habitude en usage, et occupait en hauteur trois étages. Deux portes s’ouvraient à la base, aux extrémités de la salle, donnant sur les ascenseurs, et deux autres, sur les côtés, vers la salle tactique et la salle des communications. Ces quatre portes étaient reliées par un corridor qui suivait la courbe des murs ; droits sur les bords latéraux et courbé sur le mur de face. Au milieu, des gradins équipés de postes en tous genres accueillaient les membres d’équipage chargés de la maintenance du navire ; quatre escaliers permettaient d’y accéder depuis le corridor inférieur et l’avancée supérieure. Cette dernière était la plus capitale ; vers l’arrière, une unique porte permettait là encore de rejoindre le reste du navire, et s’ouvrait sur un espace circulaire ouvert au bout, où se concentraient les terminaux des senseurs. Ce couloir permettait d’accéder au poste du commandant, qui trônait dans un siège à haut dossier, avec un ordinateur adapté devant lui qui permettait à son utilisateur d’avoir un rapide résumé des statistiques du navire, ainsi que de communiquer ses ordres sans intermédiaire. Le troisième étage n’était que théorique, à l’exception d’une mince passerelle desservie par deux portes qui était réservée aux observateurs. Cette disposition, jamais vue sur un navire, permettait d’offrir une vue imprenable sur l’espace via une baie de transparacier qui occupait tout le mur courbé. L’endroit, stratégique, était bien entendu protégé par les boucliers mieux que nul sur le vaisseau.
C’était à tous ces détails que Jagen repensait à chaque fois qu’il arrivait sur le pont depuis qu’il avait pris livraison de son croiseur, trois jours auparavant. Et cette fois-ci ne fit pas exception. À son approche, les gardes en faction – ultime compromis entre l’apparat et la société – se redressèrent et ajustèrent leurs lances pour qu’elles forment toutes deux un angle identique avec le sol. Il les salua et entra.
Deux personnes attendaient près de son siège. En amorçant son approche, il prit le temps de les observer. Le premier était un homme à peine plus jeune que lui, grand, avec un visage carré et des traits sévères qui s’accordaient bien avec son uniforme tiré par les épingles. Il ne souriait ni ne parlait pas, se contentant d’observer pensivement les équipes qui s’affairaient déjà en prévision du voyage imminent. La seconde était une jeune femme du même âge, avec un visage charmant et des cheveux blonds coupés courts. Son regard pétillant observait l’écran d’un datapad de poche. Elle aussi portait un uniforme standard, qui mettait avantageusement en formes ses courbes.
- Bienvenue sur le Knight’s Blade, déclara Jagen d’une voix tonitruante. Vous êtes les nouveaux officiers ?
- Lieutenant Mell Tinor au rapport, colonel, salua l’homme.
- Caporal Syal Rodan au rapport, colonel, ajouta la femme.
- Bien. Comme vous l’aurez compris, je suis le colonel Jagen Eripsa, vice-commandeur de la Marine Républicaine et votre nouveau supérieur. Nous avons peu de temps devant nous, donc je serai bref. Tinor, vous serez mon aide-de-camp, ce qui vous donne droit à la cabine Aurek-2, à l’étage inférieur. Vous pouvez aller vous y installer, mais je vous veux sur le pont au moment du départ, à 1700. Rodan, comme vous êtes affectée aux communications, vous êtes logées dans la cabine Besh-12. Cependant, votre quart est déjà en court, donc vous êtes priée de vous rendre à votre poste immédiatement. Ai-je été clair ?
Tous deux acquiescèrent et s’éloignèrent de lui tandis qu’il s’asseyait dans son fauteuil de commandement. Entrant ses identifiants dans son terminal personnel, il accéda au dossier des deux nouveaux membres, comme il l’avait fait jusqu’alors avec les précédents arrivants.
Mell Tinor, d’après les bases de données, était originaire de Coruscant, et plus précisément du quartier du Sénat. Sa famille faisait partie de ce milieu mi-politique, mi-artistique de la planète-capitale ; son arrière-grand-père avait été greffier du Sénat lors du mandat du chancelier Eddicus, et son père dirigeait aujourd’hui une compagnie d’hydrocarbures dans le District 6 sur Coruscant. Selon ses professeurs de l’Académie Militaire de Curamelle, il était doué d’une intelligence remarquable, mais d’une trop grande rigidité qui le handicapait dans les situations à risque. C’était là un défaut que Jagen devrait impérativement corriger.
Le profil de Syal Rodan était aux yeux de Jagen plus intéressant, car plus atypique. La jeune femme avait été élevée sur Commenor, au sein d’une famille nombreuse mais qui était alors peu influente. Sous l’impulsion de son père, deux de ses frères avaient déjà rejoint l’administration planétaire, et un autre était en voie d’y parvenir. Syal, en revanche, s’était rebellée contre ce parcours et avait fui sa famille pour rejoindre Prefsbelt IV, où elle s’était engagée sur la voie de la Chasse Stellaire. Cependant, un accident malheureux lors d’un entraînement l’avait privé d’une partie de ses réflexes, ce qui avait eu pour conséquence de la rediriger dans la branche bien moins prestigieuse des communications. C’était, d’après tous ceux qui l’avaient côtoyée aux cours de ses études, une battante-née, capable de tirer profit de toutes les situations.
Cette description rappela quelqu’un d’autre à Jagen, et son regard se pencha involontairement vers le poste de contrôle de la sécurité, en contrebas sur la droite, d’où Vanya Cadera surveillait le navire. Il n’avait eu aucun mal à faire affecter la jeune femme à son croiseur, grâce aux recommandations du sénateur Valorum, et il lui avait trouvé un poste qui convenait parfaitement à son tempérament de feu. Et cela lui convenait aussi, parce que cela lui permettait de la garder à l’œil, même si ce n’était pas pour les raisons que Finis imaginait.
L’heure avait avancée pendant qu’il se plongeait dans ses réflexions, et le lieutenant Tinor fit son apparition à ses côtés quelques secondes avant que le compteur ne passe à 1700.
- J’attends vos ordres, colonel, déclara-t-il d’une voix monocorde.
Oui, il y aura un grand travail à faire sur celui-ci, songea Jagen avec amusement.
- Ils seront simples : nous devons rejoindre Denon sans plus tarder. Nous aviserons une fois sur place.
Il appuya sur l’interrupteur de l’interphone qui lui permettait de retranscrire ses ordres dans tout le vaisseau.
- À toutes les unités, passage en code d’alerte 3, ordonna-t-il avec force. Enclenchez le compte à rebours.
Sur la baie vitrée en face de lui apparurent alors les chiffres, projetés holographiquement, des fantômes rougeâtres sur l’infinité noire de l’espace.
Lorsque « 0 » apparut sur l’écran, les étoiles s’allongèrent et le Knight’s Blade fila dans l’hyperespace vers sa première mission.
Et vers la guerre.

************


- Il n’y a toujours aucun signe de l’ennemi. Pourtant, il n’y a que par ici qu’ils peuvent arriver en évitant les barrages douaniers…
- Peut-être ne craignent-ils plus les douanes, dit sombrement Jagen. Es-tu sûr qu’il n’y a pas d’autre piste ?
- Je ne suis pas un spécialiste en la matière, répondit Galieet, mais cette fois-ci je suis sûr de moi. Il n’y a pas d’autre piste menant de façon directe au convoi.
- Entendu. Du coup, rappelle ton groupe et rapatrie-le. Le Forte Tête est-il prêt au combat ?
- Tu as le bonjour de l’équipage. Tout le monde a hâte d’en découdre avec ces pirates.
- Et toi ? Tu te sens prêt ?
- C’est ma première mission en tant que capitaine… Je ne peux m’empêcher d’appréhender, pas plus que je peux empêcher l’exponentielle de croître.
- Espérons alors que vous serez tous les deux aussi récalcitrants à la destruction… Bonne route, et rendez-vous dans vingt minutes.
La silhouette bleutée de Galieet disparut, et Jagen reporta à nouveau son attention sur l’espace. En contrebas, il le savait, une dizaine de vaisseaux s’apprêtaient à quitter Denon pour rejoindre Aldérande, avec une cargaison qui ferait rêver n’importe quel approvisionneur du marché noir…
Les pirates doivent savoir que nous sommes là, à présent. Ils ont dû placer une sentinelle en observation ; c’est ce que j’aurais fait à leur place. Pourtant, ils ne semblent pas s’en préoccuper. Ils ont certainement connaissance de cette piste de contrebandiers que Galieet a repérée et que nos services ignorent – mais ils ne s’en servent pas. Je ne comprends pas leur raisonnement.
Et si la transmission était un faux ? S’ils essayaient de nous divertir pendant qu’ils attaquent un autre objectif ?

- Monsieur ! s’exclama soudainement Syal Rodan. Il y a des contacts hostiles avec des vaisseaux en orbite cinq !
Peut-être pas, finalement.
- Dirigez-vous sur leur source, et préparez-vous à ouvrir le feu.
Le vaisseau commença alors à pivoter pour quitter la trajectoire de la route hyperspatiale.
- Tinor, que se passe-t-il ? demanda Jagen. Où allons-nous ? Les contacts ne sont pas dans cette zone ?
- Non, monsieur, répondit le lieutenant en consultant son datapad à toute vitesse. Ils sont de l’autre côté de la planète.
Mais pourquoi…
- Je veux un visuel de la zone, vite !
L’image apparut sur l’écran de son terminal. C’était une succession de vaisseaux identiques, à la forme très caractéristique : d’immenses sphères associées à des anneaux quasi-circulaires, le tout avec de gigantesques proportions, qui souffraient de tirs ennemis.
- Mais pourquoi diable attaquent-ils la Fédération du Commerce ? Ils trouvent qu’ils n’ont pas assez d’ennemis comme ça ?
Il se tourna vers Rodan.
- Mettez-moi en liaison avec le commandant de ce détachement.
- Tout de suite.
Un écran de communication sortit du poste de Jagen, et afficha l’image d’un commandant neimoïdien qui semblait totalement désemparé.
- Ici le colonel Eripsa, des Forces Armées de la République, annonça Jagen. Nous sommes en route vers votre position. Maintenez votre cap, je répète, maintenez votre cap. Qui ai-je l’honneur ?
- Ici le capitaine Nute Gunray, dépêchez-vous ! Nous sommes en grand danger !
L’humanoïde avait un accent à couper au couteau qui le rendait presque comique, mais son visage montrait bien qu’il ne plaisantait pas.
- Nous arrivons, capitaine. Surtout, ne rompez pas votre formation et essayez de rapprocher vos vaisseaux, ne les laissez pas en isoler un.
- C’est trop dangereux !
- Vous perdrez des vaisseaux si vous ne suivez pas mes conseils.
L’image disparut subitement.
- Il a coupé ? demanda-t-il à Rodan.
- Non, monsieur, répondit la jeune femme. Il semblerait que l’on brouille nos transmissions.
- Fantastique, soupira Jagen. Ils ont donc du matériel de guerre.
Ce n’est pas n’importe quelle bande de pirates qui peut s’attaquer aux transmissions d’un vaisseau de guerre. La situation est pire que ce que craignait le Chancelier. Quelqu’un arme la Brigade Stellaire…
- Combien de temps ?
- Deux cent vingt-sept secondes avant l’entrée dans la zone.
- Bien. Nous concentrerons déjà le tir sur leur vaisseau de tête, puis nous nous occuperons de l’armement lourd des autres. Je veux tous les escadrons sur la chasse ennemie et les corvettes. Avec un peu de chance, ce sera vite réglé.
Les secondes s’égrenèrent dans l’esprit de Jagen, mais il n’avait pas terminé son compte lorsque les premières secousses retentirent.
- Echuta ! jura le colonel sous l’impact. Ils sont déjà à portée ?
- Négatif, monsieur, ce sont les croiseurs de la Fédération du Commerce !
Jagen leva les yeux au ciel.
- Il ne manquait plus que ça, grommela-t-il. Ils savent à qui ils s’attaquent ?
- Les signaux sont bloqués, rappela Rodan.
- Peut-être, mais ce vaisseau est peint aux couleurs de la République, non ?
- Colonel, intervint Tinor, on dirait bien qu’eux aussi.
Avec effroi, Jagen comprit qu’il avait raison.
Les croiseurs qui attaquaient les bâtiments de la Fédération étaient enduits d’un rouge écarlate semblable à celui du Knight’s Blade et des vaisseaux qui l’accompagnaient. Une bonne partie étaient d’ailleurs des modèles corelliens semblables aux appareils diplomatiques de la Flotte. La confusion de Gunray était donc compréhensible.
Mais elle devait cesser.
- S’agit-il de modèles volés ?
- Plus probablement de rebuts, Colonel, répondit Tinor. Mais ils auraient dû être détruits… Ils ont probablement corrompus quelques intermédiaires.
- Je confirme, déclara Rodan. L’un d’eux est le Valachan Archil, l’ancienne frégate du colonel Bellilier. Elle devrait être détruite depuis son départ.
- Bien, alors prenons-en nous à nos amis ferrailleurs au plus vite. Cela devrait rendre claires nos intentions vis-à-vis du capitaine Gunray.
- Bien, Colonel ! dit Tinor.
Il s’écoula quelques secondes encore avant qu’ils ne parviennent à portée de tir des poursuivants de la Fédération. Jagen garda les dents serrées ; l’armement des cargos n’était pas proportionnel à leur taille, fort heureusement, mais il y avait toujours le risque qu’ils abîment son croiseur.
Puis les batteries purent ajuster leurs cibles et ouvrir le feu. Encore neuves, elles avaient toutefois été rodées lors des exercices préparatoires et répondirent parfaitement aux instructions. Les opérateurs étaient pour la plupart des bleus, mais ceux d’entre eux qui avaient déjà connu le combat guidaient les nouvelles recrues et les aidaient à passer l’appréhension de la première bataille.
- Transférez l’énergie des réacteurs sur les boucliers, et maintenez la cadence de tir dans le même temps ! ordonna le colonel.
Le Knight’s Blade ralentit légèrement sa course, mais continua sa progression vers le groupe ennemi, tout comme ses frégates auxiliaires. La bataille allait entrer dans sa phase cruciale, celle du face à face, dans lequel le destroyer aurait irrémédiablement l’avantage.
Mais la Brigade Stellaire ne réagit pas comme il l’avait imaginé. Au lieu de débuter des manœuvres qui auraient rendu leur flanc vulnérable aux batteries turbolasers des vaisseaux républicains mais leur auraient permis de fuir, ils accélérèrent brusquement. Jagen ne comprit pas ce qu’ils faisaient : une telle manœuvre les laissait incroyablement vulnérables à l’avancée républicaine.
Puis ce devint une évidence.
- Les chuttas ! s’écria le colonel avec toute l’indignation dont il était capable. Demi-tour, vite !
Tinor répéta l’ordre au poste de navigation. La manœuvre s’effectua dans le désordre le plus total ; la cohésion qu’affichait originellement la flotte de la République disparut subitement, laissant place au chaos.
- Nous sommes en train de nous ridiculiser aux yeux de la Fédération, murmura Jagen plus pour lui-même que pour être entendu.
Un regard échangé avec Tinor lui confirma que son lieutenant pensait la même chose que lui. Il avait les yeux rivés sur son écran de contrôle.
Autour du Knight’s Blade, chacun essayait de reprendre la place qui lui était attribuée, sans tenir compte des trajectoires des autres. Deux corvettes s’éperonnèrent frontalement avant que leurs capitaines aient eu le temps de réagir et s’éloignèrent avec de lourds dommages, tandis qu’une frégate légère percuta le flanc d’un des vaisseaux de la Brigade.
C’était une débandade, au sens propre comme figuré. Le fer de lance, le Knight’s Blade lui-même, n’avait plus aucune maîtrise de la situation. Ce n’était plus le noyau de la formation, mais un électron libre dans une tempête ionique.
Ce fut alors que survint le coup le plus dur pour le moral des troupes, même si Jagen s’y attendait depuis qu’il avait compris le but de la manœuvre.
- Colonel, commença Rodan, nous recevons une transmission de l’autre face. Il semblerait…
- Que d’autres vaisseaux attendent le convoi. Oui, je m’en doute, soupira le jeune officier.
La Brigade Stellaire a bien plus de vaisseaux que prévu. Quelle sera l’étape suivante ? Des troupes d’invasion ? Des armes de dévastation planétaire ?
- Lancez un message d’alerte sur toutes les fréquences, ordonna Jagen.
- Le capitaine Hurieegh arrive sur les lieux.
- Dites-lui de protéger en priorité les transports de speeders.
- Bien reçu.
Plusieurs des corvettes se détachèrent du groupe républicain pour partir en avant-garde à la poursuite de la Brigade. Le reste de la flotte, qui tentait tant bien que mal de reprendre une formation cohérente, se lança à leur suite.
Lorsqu’ils parvinrent à leur point de départ, il était malheureusement trop tard. Plus de la moitié du convoi avait été capturée, et les vaisseaux restants étaient mal en point.
De dépit, Jagen quitta le pont sans dire le moindre mot.

************

- Cette escarmouche est bien plus retentissante que vous pouvez le penser, soupira Kalpana.
- Excellence, je suis…
- Inutile de vous excuser, trancha le Chancelier. Ce qui est fait est fait.
- Quelle est la réaction du Sénat ?
- La Fédération du Commerce a officiellement loué le courage et la détermination du capitaine Gunray. On parle déjà de lui comme d’un futur sénateur… Et ce n’est rien face aux préjudices que vous m’avez porté.
- Excellence…
- Je ne vous blâme pas. Vous avez fait du mieux que vous pouviez, compte tenu de la situation.
Jagen se redressa dans son siège. Le bureau était vide, fort heureusement. Il avait préparé cette conversation avec appréhension.
- Monsieur, il y a vraiment un problème, commença-t-il. La Brigade Stellaire utilise des anciens vaisseaux républicains, à présent, des appareils de qualité… Ils ont des techniques évoluées pour de simples pirates…
- Jagen, Finis a défendu pas plus tard qu’hier votre motion pour des troupes de défense.
- Elles sont essentielles au maintien de la paix.
- La question n’est pas là. L’amiral Willspawn était furieux que vous ne l’ayez pas consulté. Et je ne peux pas lui en vouloir.
- L’amiral m’aurait envoyé balader.
- Il l’a fait tout à l’heure, déclara Kalpana. Jagen, il s’est servi de votre échec sur Denon, et il a réussi. Vous êtes suspendu de vos fonctions.


Jagen Eripsa a écrit:Tout ce que je peux dire, c'est qu'on y retrouvera un personnage bien connu des films, dans une situation assez inédite pour lui. :cute:


Alors, vous l'avez repéré ? :sournois:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Red Monkey » Jeu 06 Juin 2013 - 21:36   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Voila, Jagou, lu.
Ben, c'est toujours cool.
Pas de Mandos :( mais de l'action, si on peut dire ça ^^ Et encore ce fou de Kalpana :x
Sinon, Gunray, mouais, encore ces Némoidiens :D
Suspendu :love: :diable: :love: :diable:
J'ai pas grand chose à dire d'autre. Tu écrit bien comme d'hab.
:jap:
Red Monkey
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 10236
Enregistré le: 14 Juin 2012
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mer 19 Juin 2013 - 12:48   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Un chapitre capital, qui recèle certains indices sur... Disons, un futur préquel des CdlMR. :siffle:

Chapitre 10
Spoiler: Afficher
« L’important n’est pas ce qu’on est, mais ce qu’on devient. »

Proverbe corellien.

Spatioport de Bespin, cent soixante jours AK.

Le transport qui avait permis à Jagen de rejoindre son foyer était un vieux ferry galactique qui suivait la Voie Commerciale Corellienne ; les cabines étaient étroites, l’hygiène laissait à désirer, mais cela lui permettait au moins de voyager avec d’autres personnes et de ne pas rester seul avec ses pensées.
Il était suspendu.
Avec la lenteur traditionnelle de la bureaucratie, il pouvait s’écouler des années avant qu’il ne réintègre son poste. Que ferait-il pendant tout ce temps, sans but, sans ressources ? Mercenaire ? Commerçant ?
Ce n’étaient pas là ses valeurs. Il devait réagir.
Mais comment ?
Une légère secousse indiqua que le vaisseau avait accosté. Son sac à dos accroché aux épaules, Jagen se prépara à descendre. Il était l’un des rares passagers à avoir pour destination Bespin ; la planète était insignifiante, comparée à des géants comme Corellia ou Aldérande. Toutefois, beaucoup de personnes attendaient dans le hall de débarquement, car le transporteur y faisait escale pendant une journée entière, ce qui était l’occasion de faire du tourisme à moindre frais.
Jagen aurait bien sûr pu prendre un transport privé et luxueux, mais cela le réconfortait de voyager avec des personnes qui mangeaient, buvaient, parlaient, dormaient, bref, des personnes vivantes. Cela compensait en partie ses pensées morbides. Et il y avait aussi le fait, tellement rare, de se fondre dans la foule.
Cela ne durait jamais longtemps.
En effet, un speeder long peint aux couleurs de la planète – une coque d’un orange-rouille soulignée de bandes bleu nuit – attendait au pied de la rampe, spectacle étrange au milieu des bus aériens inesthétiques qui composaient la majorité des véhicules de transit. Deux hommes attendaient à l’extérieur.
Ce n’était pas la première fois que le gouverneur Figg venait au spatioport, bien sûr ; il se plaisait souvent à observer l’arrivée de résidents temporaires ou permanents qui débarquaient sur sa planète. La présence du sénateur Eripsa était en revanche plus inhabituelle.
Oui, comprit Jagen, c’était bien Saron qui attendait là, sans doute averti de l’arrivée imminente de son fils par ses sources de renseignement. Il n’avait pas eu de contact avec son père depuis qu’il lui avait annoncé sa suspension, plus de deux semaines auparavant, mais il aurait dû s’attendre à ce qu’il vienne le chercher à l’astroport.
- Gouverneur Figg, salua Jagen lorsqu’il arriva en bas de la rampe. Papa.
- Je suis ravi de vous revoir, Jagen, commença le gouverneur. Même si j’aurais préféré que cela se déroule dans de meilleures circonstances.
- Mais tu n’as rien à te reprocher, Jag, ajouta Saron d’un ton débonnaire.
- Si nous en discutions dans mon speeder ? proposa Figg.
Le jeune homme acquiesça et monta à la suite des politiciens sous le regard étonné de ses condisciples de vol. L’appareil s’éleva rapidement, suivi dès sa sortie de l’astroport par deux appareils biplaces. C’étaient des speeders de classe Cloud, assemblés par Bespin Motors, la compagnie fondée quelques années plus tôt par Saron. Leurs deux cockpits étaient assemblés autour d’un moteur unique alimenté au gaz Tibanna ; leur forme étrange avait un certain succès auprès des forces de police. Il s’agissait, après tout, d’un appareil très stable et maniable, bien que peu convivial.
- Nous venons d’en vendre trois cents sur Metellos, annonça fièrement Figg, en remarquant l’intérêt de Jagen pour les appareils. Oh, bien sûr, ce sont les Astrell qui ont négocié le marché – mais les retombées économiques seront majoritairement pour Bespin.
- Et cela aidera la Bespin Tibanna Corporation à étendre son influence, ajouta Saron. L’oncle Astorgyan nous en sera reconnaissant.
- Bien, répondit distraitement le jeune homme. Bien.
Il se demandait ce qui avait conduit le gouverneur à venir l’accueillir à l’astroport. Ce n’était pas qu’il déteste Figg ; c’est juste qu’il ne le connaissait que vaguement.
Ypronias Figg était le descendant d’une lignée corellienne assez récente, en comparaison surtout des milliers d’années dont pouvait se targuer la Maison Eripsa. Son ancêtre, Eclessis Figg, était un industriel un peu fou mais reconnu sur Bespin. En effet, il avait développé un processus d’extraction du gaz Tibanna révolutionnaire qui avait grandement amélioré le rendement. L’engin qui en était à l’origine faisait plus de dix kilomètres de hauteur, ce qui était gigantesque en comparaison des appareils alors en service, et avait été placé au-dessus de la principale poche de Tibanna de la planète. Plusieurs versions réduites avaient été construites dans d’autres zones pour optimiser la production, mais les usines de transformation s’étaient progressivement regroupées sur le principal extracteur. La population, qui n’avait plus besoin d’un point de ralliement central et proche des basses couches plus difficiles d’accès tel que Tibannapolis, avait elle aussi changé de point de regroupement. On construisit donc, par-dessus les usines et l’extracteur, une ville rendue aussi belle que possible par les crédits qui affluaient à présent.
La Cité des Nuages était née.
La planète restait représentée hors du système par les Eripsa, via le Sénat et leurs sociétés d’exportation, mais les Figg en étaient devenus petit à petit les gouverneurs, élus par le peuple. Jagen ne dénigrait pas leur travail, pas plus qu’il ne souhaitait reprendre ce poste un jour. Ypronias était sérieux et travailleur, bien qu’un peu excentrique sur les bords. On l’avait par exemple retrouvé un jour en chemise de nuit au beau milieu de Port Town, le quartier le plus défavorisé de la Cité, sans qu’il ne sache comment il était arrivé là. Cet incident ne l’avait toutefois pas empêché d’être choisi par Tarsus Eripsa en tant qu’assistant sénatorial, quelques années avant la naissance de Jagen ; il avait occupé ce poste pendant quelques années, mais était finalement revenu pour Bespin afin de succéder à son propre père après l’assassinat de Tarsus.
Le speeder avait pris directement la direction du quartier central de la planète. Jagen connaissait bien cet endroit : il y avait passé l’intégralité de ses dix premières années, et y était revenu plusieurs fois ensuite, même s’il n’y avait pas mis les pieds depuis six ans. Il se souvenait avec précision du bâtiment administratif central et de sa forme imitant celle du Sénat, de l’école où il avait appris à lire et écrire ainsi que du manoir familial et de sa tour panoramique.
Une tour qui trônait à présent au-dessus de lui.
- On s’arrête ? demanda-t-il, surpris.
- J’ai encore quelques affaires à régler avec le gouverneur, expliqua Saron. Et ta mère est impatiente de te voir. Nous nous reverrons pour le dîner !
Jagen préféra ne pas s’étendre sur le sujet et salua les deux hommes, qui repartirent dès qu’il fut descendu du speeder. Les deux speeders de police les suivirent et disparurent à leur suite.
Le jeune homme se tourna alors vers ce qui lui avait servi de foyer pendant tant d’années. Le Manoir Eripsa était un complexe élégant et luxueux, aux formes gracieuses et épurées. Il avait été conçu comme un rappel de la nature gazeuse de Bespin, et ne disposait donc pas de symétrie de quelque sorte que ce soit. Il était à mille lieues des bâtiments que Jagen connaissait à présent, sur Anaxes et Coruscant. Il reprit son souffle et frappa à la porte.
Elle s’ouvrit immédiatement ; la caméra de reconnaissance faciale avait fait son office. Il entra et se retrouva dans le hall d’accueil, aux couleurs blanches typiques de l’architecture bespine. À peine avait-il fait quelques pas que la porte se referma derrière lui et que quelques pas se firent entendre. Une femme apparut sur le seuil, sans doute la plus formidable qu’il ait jamais connu. Des larmes perlaient sur son visage, mais elle les retint ; elle n’aimait pas se répandre en sanglots.
- Bonjour, M’man, dit Jagen avec un grand sourire. Ton fils est rentré.

************


Assis dans le canapé, Jagen pouvait réfléchir en toute sérénité. Revoir sa mère l’avait surpris : il avait ainsi compris que son acceptation parfaite des femmes à des postes de responsabilité venait de son modèle maternel.
Palina Eripsa était ce qu’on pouvait appeler une businesswoman. Rien de plus naturel en somme lorsqu’on était née Astrell ; mais elle avait le mérite d’avoir continué ses activités malgré l’aisance de son mariage et la naissance de son fils.
Lorsqu’il était enfant, elle avait géré l’usine de la Bespin Tibanna Corporation installée sous le quartier 26, sans doute la plus importante de toutes puisqu’elle convertissait le gaz Tibanna en alimentation pour blasters. Quand Saron avait dû rejoindre Coruscant en urgence pour reprendre le poste de son père prématurément décédé, elle avait repris l’intendance de Bespin Motors le temps que sa propre famille finalise le rachat de la société. Depuis lors, elle avait créé une gamme d’outils énergétiques fonctionnant avec le Tibanna, qui faisait fureur dans la Bordure Médiane.
Toutefois, cela ne rendait pas sa cuisine moins agréable.
- Tu devrais te remplumer un peu, Jag, dit-elle en lui apportant un plateau chargé de douceurs. Et remplacer ces droïdes-cuistots de la Flotte…. Ils n’ont vraiment pas l’air de faire du bon travail…
- Merci, M’man, dit Jagen en attrapant un petit-four. Pour les gâteaux et le conseil.
- Ce n’est rien, ce n’est rien. Sinon, côté cœur ?
Il étouffa un petit rire. Elle n’était pas du genre à s’étendre en apitoiements sur le temps perdu et d’autres bêtises du genre. Elle préférait aller directement au cœur des choses, quitte à paraître insensible pour qui ne la connaissait pas.
- Rien de neuf, malheureusement.
- Allons, ne raconte pas de bêtises, tu n’as jamais su me mentir. Tu as quelqu’un en vue ?
Le jeune homme ne sut pas quoi répondre. Oui, il avait quelqu’un en vue, il ne pouvait pas le nier. Deux personnes, même. Mais il ne les connaissait pas depuis suffisamment longtemps pour pouvoir trancher.
Vanya… C’était Vanya. Plus directe encore que Palina. Un morceau de duracier face au cœur tendre de Jagen. La mandalorienne avait son charme si particulier pour elle, son caractère froid et résolu qui tranchait avec son apparence coquette, bien que légèrement négligée sur les bords.
Syal, bien qu’il ne l’ait côtoyée que quelques jours, s’était révélée plus chaleureuse et plus expressive. Elle aussi était belle, quoi que différemment, et elle n’avait pas peur des sentiments, pas plus qu’elle ne craignait la hiérarchie. Elle était aisément parvenue à déstabiliser Jagen lors de la soirée précédant la bataille au mess, bien qu’il ne puisse pas dire si cela était dû à ses yeux d’un bleu ravageur ou à ses répliques à double-sens.
Il se ressaisit. Inutile de masquer la vérité, de toute façon. Elles étaient toutes deux hors de sa portée.
- Oui, répondit-il, mais cela risque de se compliquer avec ma suspension.
- Ne vends pas la peau du savrip avant de l’avoir tué, lança-t-elle amusée. Ton père a des nouvelles à ce sujet, et il voulait t’en faire part directement.
- Vraiment ?
- Il semblerait que les choses n’aillent pas aussi bien pour Willspawn qu’il voudrait le faire croire, répondit évasivement sa mère. Il t’expliquera tout dans le détail. Sinon, comment va Theran ?
- Il allait bien il y a trois semaines, quand il m’a déposé sur Kuat. Pourquoi ?
- Je croyais que tu étais allé sur Taris parce que vous aviez une affaire importante…
- Ah, l’Endar Spire. Non, il reste encore beaucoup de travail, et je ne peux pas aider… Je suis allé passer quelques jours à Tayrili.
Tayrili était le domaine historique des Eripsa sur Corellia, une immense propriété d’une centaine d’hectares qui avait été le joyau de la famille jusqu’à son installation sur Bespin.
- Tant mieux si cela t’a fait du bien. J’espère que tu n’as pas glissé sur les filets de bave du vieil Astor.
- L’oncle Astrogyan est bien plus en forme que tu ne l’imagines, maman.
- Oh, je ne dis pas le contraire. Pour garder un poste de décision à quatre-vingt-dix ans…
- Il en a quatre-vingt-quinze.
- Déjà ? Bah, à cet âge-là, ça ne change plus rien.
- Si tu le dis…
À ce moment-là, un bruit de sas se fit entendre, signe que Saron était rentré.

************

- Willspawn a subi de lourdes pertes depuis ta suspension, expliqua Saron en se servant une tranche de roba grillé. La Brigade Stellaire n’attendait visiblement que cela.
- Je suis donc devenu si important ? s’étonna Jagen en prenant un peu de légumes.
- Tu as repris la place d’Aiden, Jag, répondit Palina. Pas en grade, mais dans le cœur de ses partisans. Pour tous ceux qui s’intéressent au Département Judiciaire, tu es le porte-étendard des militaristes.
- C’est pour cela que Willspawn cherche à te mettre à pied depuis des mois, ajouta son père. Il a d’abord utilisé ta nomination – qui serait selon lui une faveur de Kalpana à mon encontre – comme argument. Puis, vu qu’il a été rejeté, il s’est servi de ce qui s’est passé sur Denon pour te relever de tes fonctions. Mais le Conseil de Sécurité a mis un bémol.
- Je vais donc retrouver mon poste ? demanda le jeune homme, stupéfait que l’administration soit allé aussi vite.
- Ce n’est pas comme s’il avait le choix, de toute façon. Un de ses vaisseaux s’est fait aborder.
Jagen repensa à ce qui s’était passé après la bataille de Corbantia. L’amiral avait paru compatissant, compréhensif ; il ne se doutait pas alors que ce n’était qu’un masque.
- Pourtant, il souhaitait éviter de les provoquer.
- Il n’a plus d’autre issue. Tu sais ce quel est le stade suivant l’abordage.
Le jeune colonel soupira.
- L’invasion.
- Exactement.
Ils continuèrent le repas en silence. Ce n’est qu’au moment où le droïde-serveur remplaça le plateau de fromages de guarlara par un gâteau aux mille fruits que Saron rompit le silence.
- Jag, il faut que tu saches…
Il s’interrompit, ne sachant pas comment formuler ses pensées.
- Oui ?
- Kalpana a soumis ta proposition au Sénat, et, à la lumière des derniers évènements, elle a été acceptée. Une force d’intervention va être créée.
- C’est une excellente nouvelle ! s’exclama Jagen.
- Ou le commencement d’une guerre, répondit sombrement Saron. Et je ne veux pas t’y abandonner sans que tu aies toutes les cartes en main.
- Que veux-tu dire ?
- Il y a… Disons, des choses que tu dois connaître par rapport à notre famille.
- Cela a-t-il quelque chose à voir avec les Combattants de l’Espoir ? demanda Jagen avec un petit sourire.
Saron se figea.
- Que sais-tu d’eux ?
- Pas grand-chose, si ce n’est ce qu’Aiden m’a dit sur le Katana quelques minutes avant de disparaître.
- Hmm. Non, ce n’est pas en rapport avec les Combattants de l’Espoir. Pas vraiment. Cela concerne ton héritage.
- Et que dois-je savoir d’autre ?
- Tu le découvriras demain.
- Saron… commença Palina.
- Ce n’est plus un enfant, répliqua le sénateur. Il est temps pour lui de savoir.
- Je maintiens que ton idée est folle.
- Jagen est largement capable de réussir les épreuves.
Le concerné regarda la joute verbale qui opposait ses parents sans comprendre.
- Quelles épreuves ?
- Rien de bien méchant, contrairement à ce que ta mère veut faire croire. Pour un Eripsa, en tout cas. Si j’ai réussi…
- Tu cherches à me mettre à l’épreuve.
- Je veux plutôt que tu révèles ta vraie nature.
- Allons donc. Ce n’est pas une nouvelle ruse pour faire de moi un politicard ?
- Pas le moins du monde, Jag.
- J’espère…
- Demain matin, retrouve-moi dans le garage à cinq heures. Tu comprendras alors.

************

Jagen s’était levé très tôt ce matin-là, avant même que les premiers velkers ne survolent la Cité des Nuages, pour avoir le temps de déjeuner, comme il le faisait chaque matin, en particulier avant un combat.
Après être monté dans le speeder en compagnie de son père, il l’avait vite regretté.
Il ravala sa bile. Ce n’était pas le moment de se montrer malade. Son père comptait sur lui, et espérait qu’il se montrerait digne…
De quoi, d’ailleurs ? Il ne l’avait pas dit. Il n’avait rien dit. Il pilotait silencieusement, l’air sombre, tout le contraire de ce qu’il était d’habitude.
Ils croisèrent un beldon égaré dans la masse brumeuse. Les nuages étaient descendus bas sur la ville ce matin, et cela signifiait comme à chaque fois des mesures de précaution. Les beldons quittaient rarement les zones d’air proches des poches de Tibanna qu’ils remplissaient, mais lorsque cela arrivait, c’était extrêmement dangereux pour la ville. Un peu de gaz et une flamme suffiraient à provoquer une catastrophe planétaire.
Mais le beldon n’était pas au-dessus de la ville, comprit Jagen en regardant au-dessus de lui.
Tous trois étaient sous la Cité des Nuages.
- Où m’emmènes-tu, P’pa ? demanda le jeune homme.
Saron ne répondit pas. Il poursuivit une ou deux minutes son mutisme, faisant passer le speeder entre les velkers et les tubes de ravitaillement. Ils venaient de longer un des croiseurs gaziers en manœuvre de remplissage de ses soutes lorsqu’il se décida enfin à parler.
- Prends le sac sur le siège arrière, Jag, dit-il sans quitter le ciel des yeux.
Obéissant, il découvrit du matériel d’escalade et des bottes.
- Papa, qu’est-ce que ça signifie ?
- Que tu vas en avoir besoin. Les grappins ascensionnels sont adaptables à ton blaster. Quant aux chaussures, elles sont équipées de petits propulseurs qui pourraient t’être utiles.
- Si tu pouvais être moins énigmatique…
- Est-ce que cela te rendrait service ? Non,
- Pourquoi ?
- Que de questions… Si tu veux des réponses, tu vas écouter attentivement ce que j’ai à dire.
- Très bien.
- Mon premier conseil, c’est de se méfier de tout ce qui peut paraître facile, rapide, tentant. Ces choses-là cachent toujours quelque chose de dangereux, peut-être même mortel. La méfiance est donc de mise. Ensuite, si tu es perdu, le mieux est de suivre la voie du Sage. Le Sage, Jagen, le Sage n’a pas peur d’avouer son impuissance ; il reste humble face à ce qui le surpasse. Mais si on lui fait confiance et qu’on le suit sans douter, on parvient à ce que l’on veut atteindre.
Il ne dit rien de plus. Jagen leva les yeux au ciel.
- Je te demande une réponse, et tu me sors une énigme. Il n’y a que moi pour penser que quelque chose ne va pas ?
- Mon père a fait la même chose avec moi, répliqua Saron. Je me suis aussi énervé, mais au final j’ai écouté ce qu’il me disait et je ne l’ai pas regretté. Je te demande de faire de même.
- Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
- Parce que tu es un Eripsa. Pour toi, les choses ne seront jamais simples.
Le jeune homme s’apprêta à répliquer violement, mais il se retint. L’heure n’était pas aux règlements de compte.
Le speeder continua sa descente pendant un long moment et s’approcha finalement d’une petite plateforme étroite qui entourait une gigantesque tour multikilométrique.
Ils étaient à la base de la Cité des Nuages.
- Descends, à présent, ordonna Saron. Prends tes affaires. Nous nous retrouverons en haut.
- Je dois escalader tout cela ? demanda Jagen, stupéfait, en se demandant combien de temps cela lui prendrait – sûrement des jours, vu la taille de la structure.
- Suis ta voie, fils, répondit le sénateur en commençant à s’éloigner. Bonne chance, et que la Force soit avec toi.
Le speeder se désolidarisa totalement de la plateforme et commença à s’élever, avant de disparaître dans une nappe de nuages proche, laissant Jagen seul.
Que la Force soit avec toi ? Il se prend pour un Jedi ? Ça ne lui ressemble pas… Le jeune colonel n’était pas un imbécile – il savait parfaitement que la Force existait et donnait son pouvoir aux Jedi – mais il se demanda quel pouvait bien être le rapport avec lui.
Pour toi, les choses ne seront jamais simples.
- Merci, Papa, ça me rassure, se dit-il d’une voix sarcastique.
Après avoir enfilé son jetpack, il commença à bouger, en prenant garde de ne pas faire de faux pas. Il n’y avait pas de rambarde sur cette plateforme de maintenance, et un léger manque d’équilibre pouvait facilement vous expédier au cœur de la planète. On rejoignait alors le noyau de débris et d’épaves au milieu desquels flottaient les corps de tous les malheureux ayant subi la chute interminable. Le pire étant que la chute ne vous tuait pas, au contraire de la faim.
Quelle mort atroce.
Un tel destin pourrait l’attendre dans quelques mètres… Mais, pour une raison qu’il ne comprenait pas, Jagen avait l’impression que son père gardait un œil sur lui. Cela le rassura presque de voir qu’il ne faisait pas passer la dignité de la Maison Eripsa devant la survie de son fils unique.
Il avança prudemment en explorant la paroi ocre, tentant de ne pas penser à la fragilité de la grille sous ses pieds. Et c’est alors qu’il la vit : une petite grille, qui menait au gigantesque répulseur-extracteur de la Cité des Nuages. De toute évidence, sa porte de sortie. Instinctivement, il porta la main à son holster, mais celui-ci était vide. Il n’avait aucune arme.
Une idée lui vint alors. Il enleva le sac de son dos et commença à le fouiller. Il trouva rapidement ce qu'’il cherchait : un petit cutter à vibrations, l’outil multitâche par excellence. Il approcha la lame des fins barreaux de duracier.
Ils cédèrent. Jagen allait se faufiler à l’intérieur lorsqu’il s’aperçut que seul le vide l’attendait de l’autre côté.
Shab – c’était l’un des seuls mots de Mando’a qu’il avait retenu de Korda VI.
Et c’est alors qu’il se souvint de ce qui se passait vraiment : c’était la course du répulseur, le gigantesque cylindre évidé qui abritait la machinerie, cet énorme piston qui montait…
Et descendait en créant une immense pression éjectant l’air.
Un bruit terrible, semblable à mille tempêtes de Vortex, se fit entendre et Jagen se trouva soudainement éjecté en arrière vers le vide insondable. Il se rattrapa de justesse à la plateforme, mais il sentait qu’il ne tiendrait pas longtemps. Il y avait une manœuvre à faire, mais elle était risquée ; pourtant, c’était sa seule chance. Il enclencha son jetpack.
La poussée des réacteurs soulagea la pression sur ses bras, mais elle ne lui permit pas de se dégager. Ce ne fut que lorsque le flux d’air s’arrêta qu’il put reprendre pied en douceur. En faisant cela, il compta le nombre de secondes que mettait la plateforme avant de remonter. Il était à vingt quand la machinerie reprit sa course incessante.
Il s’assit contre la paroi, à l’écart de la grille. Son jetpack n’avait presque plus de carburant, et il avait déjà failli mourir par inattention. Il n’aurait pas de deuxième chance. Après quelques minutes, un nouveau flux d’air surgit. Il attendit.
Le phénomène s’arrêta une nouvelle fois, et il en profita pour grimper à bord de l’extracteur. Pour autant qu’il s’en souvienne, c’était la meilleure solution ; l’appareil touchait pas le plafond mais donnait sur une salle de maintenance géante. Il pourrait donc accéder aux bas-fonds de la Cité.
L’appareil monta pendant plus de deux minutes, et arriva finalement au sommet de sa course. Jagen sauta sur le chemin circulaire qui entourait le piston et se dirigea vers la porte d’accès, sur sa gauche. C’était une porte comme un million d’autres dans la Cité des Nuages, pourtant il s’en approcha avec circonspection, préférant éviter un nouvel incident fâcheux.
Les précautions se révélèrent inutiles mais non injustifiées. Devant lui, dans la petite pièce qui servait de sas avant la maintenance, un mur de feu barrait la sortie menant aux niveaux supérieurs. Alors qu’il s’en approchait pour voir si un dispositif permettait de contourner ce système, la porte par laquelle il était entré se referma sur lui. Il était pris au piège.
Du calme, Jag. Papa n’aurait pas voulu que je reste enfermé ici. Il y a forcément une solution.
La salle était relativement étroite et sombre, ce qui lui permit de découvrir très vite un droïde astromech abandonné dans un coin. Il chercha le bouton d’activation et le ramena à la vie.
- Salut, toi, dit-il avec un sourire. Tu peux m’indiquer la sortie ?
Le droïde répondit par un code indéchiffrable. De toute évidence, les ingénieurs d’Automaton n’avaient pas retravaillé l’interface machine-utilisateur.
Mais le petit robot n’en eût cure. Il s’avança vers une grille d’aération encastrée dans le mur et commença à la dévisser. Génial. Il va falloir ramper.
- Merci, p’tit gars, lança-t-il quand le droïde eût fini.
Il se faufila dans le passage étroit en prenant bien garde de ne pas tomber dans un passage inextricable. Par chance, les tuyaux avaient été récemment nettoyés, ce qui lui évitait d’éternuer tous les deux mètres ; il était allergique à la poussière. Il avança laborieusement ainsi pendant une dizaine de minutes, et arriva finalement dans une salle.
Et comprit immédiatement qu’un nouveau défi l’attendait.
Quatre portes s’ouvraient devant lui. Elles étaient strictement identiques, à l’exception du caractère imprimé devant chacune d’entre elles.
Laquelle est la bonne ?
Il y a sans doute des pièges, des voies sans issue, ou pire, des voies qui ne me mèneraient pas à destination… Mais rien qui ne me permette de faire la différence.
Laquelle est la bonne ?
Je suis perdu…

Et il eut soudain la solution.
« Si tu es perdu, suis la voie du Sage » !
Un « S » était imprimé sur la troisième porte. Il l’ouvrit et pénétra dans le passage plongé dans les ténèbres. Après une trentaine de pas, il arriva à une autre porte qui s’ouvrit à son approche. Une salle similaire se tenait devant lui. Il sourit.
« A ».
« G ».
« E ».
Il arriva enfin dans ce qui semblait être une usine encore en activité. Des torrents de métaux en fusion coulaient devant lui, projetant des étincelles et des gerbes brûlantes en hauteur. Le bac qui les contenait était si large qu’il serait impossible à franchir d’un pas ou même d’un saut. Il était une nouvelle fois coincé.
Je ne suis pas capable de sauter aussi loin… Je finirais aussi cuit qu’un steak de roba, en trois fois moins bon.
Fierfek. Impossible de passer par-dessus.
Et en-dessous ?
Il baissa les yeux. Un étroit interstice lui permettait de passer entre le bac et le sol. Il pourrait passer…
En étant humble. À genoux.
Il se faufila dans le passage, en prenant bien garde de ne pas toucher le bac chauffé à blanc. Le simple fait de l’effleurer lui arracha un cri de douleur.
Il rampa le plus à plat possible, essayant de s’accrocher aux anfractuosités du sol pour avancer plus rapidement. La chaleur qui régnait dans le passage était étouffante et lui desséchait la gorge. Enfin, il parvint de l’autre côté et sortit avec difficulté, non sans subir une autre brûlure douloureuse.
J’espère que cela ne va pas continuer à empirer ainsi, pensa-t-il en passant un baume au bacta sur ses blessures.
Un faux espoir.
- Et qu’est-ce que je suis sensé faire, là ? pesta Jagen après avoir découvert sa nouvelle épreuve.
Il se trouvait sur une plateforme au sein d’une des immenses salles obscures de décantage du gaz Tibanna. Si l’on s’en fiait à l’odeur, elle n’était pas en service, mais la plateforme n’en restait pas moins un cul-de-sac.
- Suivre sans douter, suivre sans douter…
Il jeta un coup d’œil par-dessus bord. Le fond du générateur était plongé dans le noir.
- Oh, après tout… Il n’est plus question de faire demi-tour.
Il enjamba la balustrade et sauta.
Il n’avait pas chuté de trois mètres qu’un immense bruit de moteur retentit dans la salle, qui s’illumina au même instant. Avec horreur, Jagen vit qu’il fonçait vers un énorme ventilateur.
- Non-non-non-non-NON !
Mais il chutait toujours, de plus en plus vite. Dans quelques secondes, il serait transformé en hachis.
Peut-être les Ughnaughts m’inséreront-ils dans un de leurs plats…
Plats…
Plat…

Fierfek !
La pensée laconique avait fait jaillir une idée de la dernière chance dans son esprit. Il bascula vers l’avant, de sorte à se mettre à plat ventre.
Il remonta.
Dans son soulagement, il aperçut ce qui semblait être son échappatoire ; une passerelle qui partait d’un des bords supérieurs pour rejoindre une avancée centrale semblable à une île flottant dans le vide. Après quelques instants de remontée, il parvint enfin à s’accrocher à une des rambardes.
Il reprit pied sur la passerelle avec difficulté, puis se dirigea vers la porte, en espérant en avoir enfin fini. Il la franchit et se retrouva dans une salle plongée dans l’obscurité. Il tâta le sol du pied avec méfiance.
Puis la lumière fut.
Ce qu’il avait pris pour une salle comme les autres était en fait une grande holobibliothèque qui s’étendait sur plusieurs niveaux. D’innombrables disques de données occupaient les grandes étagères, et des holoterminaux au centre de la pièce permettaient de les consulter. Certains emplacements avaient été libérés pour exposer des supports physiques. Le tout ressemblait à un mélange assez hétéroclite d’ancien et de nouveau.
Au centre de la pièce, outre les postes informatiques, plusieurs piédestaux servaient de support à des pièces qui semblaient aussi antiques que précieuses.
- Mais qu’est-ce que…
- Bienvenue dans notre Sanctuaire, fils, fit une voix au-dessus de sa tête.
Il leva les yeux. Saron Eripsa, toujours aussi impeccable dans sa tunique bleue bordée de blanc – les couleurs de la Maison Eripsa – se tenait sur un escalier à quelques mètres au-dessus de lui. Il poursuivit sa descente et vint se positionner devant son fils.
- Bien joué, Jag, déclara-t-il avec un sourire en coin. Tu as largement battu mon record.
- Ton… quoi ?
- J’ai mis près de deux heures pour réussir l’épreuve, tandis qu’il t’en a fallu à peine une pour parvenir ici…
- Mais… Comment es-tu arrivé là ?
- Il y a un accès depuis notre manoir.
- Vraiment ?
- Bien entendu. L’accès que tu as emprunté n’est conçu que pour te tester.
- Et… Toi, tu as réussi à passer ?
- Avec difficulté, mais oui.
Le jeune officier se tut. Il ne savait plus quoi penser.
- Quel est cet endroit ? demanda finalement Jagen.
- L’une des plus formidables sources d’information de l’Univers, fils, répondit Saron avec fierté. Des données sensibles sur des centaines de systèmes. Des secrets que l’on ne retrouve que dans les banques de données du Temple Jedi. Des informations capitales pour l’avenir de la Galaxie.
- Mais… Pourquoi ?
- Parce que notre famille les a rassemblées ici depuis des millénaires.
- Des millénaires ? Mais la Cité a quatre cents ans à peine !
- Tu joues sur les chiffres… Bon, si tu préfères, ce que tu vois là était auparavant enterré sous le domaine de Tayrili. Mais le contenu n’a pas changé, sinon en bien.
Il attrapa un objet posé parmi tant d’autres sur une des étagères. Jagen n’avait jamais rien vu de si peu technologique et, en même temps, de si précieux.
- Un des trente-neuf exemplaires de la Déclaration de Proclamation de la République. Il a vingt-cinq mille ans. Vingt-cinq mille ans, tu te rends compte, Jag ?
- Je croyais que notre famille n’avait « que » dix mille ans. De quelle planète est-ce l’exemplaire ?
- Coruscant.
Jagen n’en crut pas ses oreilles. Si son père disait vrai, cette feuille de parchemin était plus précieuse à elle seule que le reste de la Cité des Nuages.
- Comment cet objet a-t-il fini dans notre famille ?
- Je crois qu’un de nos ancêtres était conservateur au Musée Galactique lors du Sac de Coruscant. Tiens, regarde, voilà un des édits Pius Dea signés de la main de Constipex Ier lui-même.
- Mais…
- Et la Déclaration de Reconnaissance à l’Impératrice Têta !
- Papa, ces objets ont été volés ?
Saron parut embêté.
- Protégés, Jagen. Juste protégés. Ils auraient été détruits sinon.
- Tu penses que nous les restituerons un jour ?
- Je l’espère de tout cœur. Mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus précieux… Pour nous, en tout cas.
Il se dirigea vers une porte étroite au bout d’une rangée de rayonnages. La pièce sur laquelle elle donnait était dans le noir absolu ; on n’y voyait pas à un mètre. Une rambarde bloquait la progression.
- Il n’y a rien.
- Ne te fie pas trop à ce que voient les yeux.
Il activa un interrupteur, et de vieilles lampes, réticentes au début – comme si elles n’avaient pas été activées depuis des lustres – éclairèrent ce qui se révéla être un grand hangar où étaient disposés en de nombreux points ce qui semblait être des pièces détachées. Au centre de cette immense salle se trouvait un vaisseau quasi-circulaire, qui n’était pas sans rappeler les cargos YT de la CTC. Son blindage était couvert de peinture grise et rouge abîmée en de nombreux endroits. Sur le dos et le ventre, des tourelles laser semblaient assurer sa protection. Il avait visiblement été rafistolé en de nombreux endroits.
- L’Ebon Hawk ! s’exclama Saron.
Le cœur de Jagen s’arrêta de battre un instant. C’était l’un des appareils les plus fameux de l’histoire. Le vaisseau de Revan. Celui qui avait participé à la traque des Cartes Rakatas, à la Bataille de la Forge Stellaire, à celle de Télos cinq ans plus tard.
- L’Ebon Hawk ? Mais…
Il regarda autour du vaisseau. Ce qu’il avait d’abord pris pour des pièces détachées était en fait un ensemble de rangées de piédestaux exposant d’autres objets précieux.
- Suis-moi et tu comprendras, déclara son père en montrant un escalier longeant le mur.
Jagen obéit. En s’approchant des pièces qui trônaient là, il put les observer avec précision. Son père entreprit de les lui décrire.
- Ces épées appartenaient à quelques-uns des Seigneurs Sith les plus puissants de leur époque, expliqua-t-il. Voilà celle de Naga Sadow… Ah, et celle d’Ajunta Pall ici. Hmm, il y a également ce masque, celui de Tulak Hord… Et les gants de Marka Ragnos. Des artefacts d’une grande puissance, qui ne doivent pas tomber entre de mauvaises mains… Ah, voici les reliques de la Grande Chasse : Duron Qel-Droma, Shaela Nuur, Guun Han Sareesh : ce sont les biens qui ont été retrouvés sur Korriban et Kashyyyk près de leurs dépouilles. Les pauvres… Les armures de Dark Malak et Dark Bandon. Pour la première, je ne suis pas certain qu’elle soit exacte… Mais ça n’en reste pas moins une pièce de valeur. Et le masque de Dark Nihilus, sans doute la pièce la plus effroyable.
- Ce sont des reliques des Guerres Civiles des Jedi, remarqua Jagen.
- En effet. Mais quelqu’un t’expliquera bien mieux que moi ce dont il s’agit réellement.
Il lui désigna le vaisseau d’un geste de la main.
- Après toi.
Le jeune homme gravit la rampe, et ne put s’empêcher de caresser les parois métalliques en montant ; le métal était froid, mais regorgeait de souvenirs et d’anciennes émotions, de la panique, de la trahison, mais également de la joie et de l’amour… Jagen laissa échapper une larme sous la pression des sentiments.
Pourquoi est-ce que je ressens cela ? Comment est-ce que je peux percevoir…
Oh, Fierfek…
Il venait de l’apercevoir.
Le masque de Revan.
- Papa…
- Oui, c’est bien lui.
Il prit une longue inspiration.
- C’est Vilian « Tayrili » Eripsa qui l’a récupéré à la fin de la Guerre Froide, dans la collection d’un des Seigneurs Sith. Il ignorait alors ce qu’il faisait – mais, en vérité, cela s’inscrivait parfaitement dans la continuité de ce que son père avait commencé.
Saron désigna un portrait dans un coin de la soute principale.
- Heiran Eripsa, Commandant de la Cinquième Flotte. L’un des héros de la Grande Guerre et de la Guerre Froide. C’est lui qui a donné à notre famille ses buts et ses règles il y a de cela près de trois mille sept cent ans.
- Aiden m’en a parlé, se remémora Jagen. Il a fondé les Combattants de l’Espoir.
- Exact, acquiesça Saron. Cependant, je m’étonne qu’Aiden ait été au courant de leur existence.
- Il était le chef et le dernier membre de ce mouvement.
- Quelle tristesse qu’il ne m’en ait pas parlé plus tôt… Enfin. Heiran Eripsa a consacré de nombreuses années à recherche les reliques du voyage de Revan.
- Je le comprends.
- Tu as essayé de partir sur les traces de la Quête de la Forge Stellaire, je le sais. Je pense toutefois qu’il n’avait pas grand-chose à voir avec les personnages des holofilms. Revan. Un personnage mystérieux, emblématique, paradoxal. Jedi et Sith. Héros et Traître. Défenseur et Attaquant. Et, au final, l’un des plus grands protecteurs que la République ait jamais connue, malgré la menace qu’il a fait peser sur elle. Et également l’un des humains ayant vécu le plus longtemps.
- Il n’a pas disparu suite à la Première Guerre Civile des Jedi ?
- Si. Mais il est revenu longtemps après, pendant la Guerre Froide.
- Comment a-t-il pu survivre plus longtemps ?
Saron sourit.
- Je te conseille de lui demander.
Jagen écarquilla les yeux. Comment faire pour parler à un homme mort depuis plus de trois mille ans ?
Pour toute réponse, Jagen enclencha un interrupteur. Une niche s’ouvrit sous le masque de Revan, révélant un objet de forme cubique.
- C’est un holocron ? demanda le jeune homme.
Son père acquiesça et lui fit signe de s’en approcher. Il obéit et se plaça devant le masque, s’attendant à ce que quelque chose se produise. Mais il n’en fut rien. Il saisit alors l’objet.
- Papa, je ne comprends toujours pas.
Saron sourit.
- Tu te demandes pourquoi.
Jagen acquiesça et reporta son attention sur l’holocron.
- Depuis des milliers d’années, les chefs de la maison Eripsa sont des hommes. Toutefois, il y a jadis eu une exception : Emess Eripsa. Qui a épousé le chancelier Vaner Shan.
Une lueur de compréhension se fit dans l’esprit du jeune homme. Enfin, la réponse à toutes ses questions…
- Oui, confirma Saron. Nous sommes les Héritiers de Revan.
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 20 Juin 2013 - 19:42   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Revan Bane me faisait remarquer tout à l'heure que mes chapitres étaient trop longs et que cela pouvait décourager.

Du coup, j'aimerais savoir ce qu'en pensent les autres, lecteurs ou non-lecteurs, qui seraient rebutés ou attirés par un format plus court. :cute:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Yorkman » Jeu 20 Juin 2013 - 19:51   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Moins long, plus court :jap:
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Red Monkey » Jeu 20 Juin 2013 - 22:25   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Voilà, je l'ai lu ton Chapitre. J'ai remarqué son nom à la fin de ma longue liste de choses à faire dans la journée :diable:
Bon, bien que l'épreuve me parait bien sordide, c'est un chapitre pas mal, tranquille encore. Y'a juste certains points où je vais rebondir. Vu que je suis le seul assez courageux pour te lire, je vais me permettre de t'effrayer. 8)


Jagen Eripsa a écrit:« L’important n’est pas ce qu’on est, mais ce qu’on devient. »
Proverbe corellien.

Tu te la joue proverbe maintenant ? :D

Il était suspendu.

:love: :love: :love: :diable:

Le Manoir Eripsa

Mais on se refuse rien ici. Voilà pourquoi j'évite d'être le personnage central de mes histoires ou d'y intervenir.
La mandalorienne
Shab
jetpack.
Oh, Fierfek…

Tu gagnes des points :D


Un des trente-neuf exemplaires de la Déclaration de Proclamation de la République.
Je croyais que notre famille n’avait « que » dix mille ans. De quelle planète est-ce l’exemplaire ?
Coruscant.
Et la Déclaration de Reconnaissance à l’Impératrice Têta !

:perplexe: Là ca a commencé à m'inquiéter ^^ 10000 ans déjà. Puis le reste :roll:

L’Ebon Hawk Le vaisseau de Revan

Là j'ai commencé à penser que ca partait en vrille.

Ces épées appartenaient à quelques-uns des Seigneurs Sith les plus puissants de leur époque,
Voilà celle de Naga Sadow… Ah, et celle d’Ajunta Pall ici. Hmm, il y a également ce masque, celui de Tulak Hord… Et les gants de Marka Ragnos. Ah, voici les reliques de la Grande Chasse : Duron Qel-Droma, Shaela Nuur, Guun Han Sareesh : Les armures de Dark Malak et Dark Bandon. Et le masque de Dark Nihilus,

Là je me dis, c'est un chapitre fait pour jouer avec mes nerfs, il est pas sérieux.

Le masque de Revan.
Nous sommes les Héritiers de Revan.

Là je dis non. :non: :neutre:
Je m'y refuse ^^ C'est comme ça.

Fais attention, JagJagBinksounet. :sournois:

A part ça, rien à dire :siffle:
Bonne soirée :hello:
Red Monkey
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 10236
Enregistré le: 14 Juin 2012
 

Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 20 Juin 2013 - 22:41   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Hum, je pensais bien que ce chapitre ferait réagir. :sournois:

Spoiler: Afficher
Ta principale critique porte sur les origines de Jagen, si j'ai bien compris. Bon, je comprends, cela peut paraître assez dur à avaler. En fait, il est l'héritier d'une maison assez ancienne, comme le sont également les Organa, les Solo, les Calrissian, les Sunrider/Da Boda, les Halcyon/Horn, les Valorum, les Tarkin, Palpatine lui-même, plus tard les Skywalker et Fel... Il est issu d'une longue tradition, donc. Ce système de clans est donc assez courant dans l'univers SW, en particulier dans les familles politiciennes. Alors, pourquoi ne pas m'en servir ?

Je ne voulais pas refaire l'histoire du petit gars pauvre sorti de nulle part qui vient sauver tout le monde parce que, de 1/, y a déjà Anakin, et de 2/, c'est un cliché largement répandu. Un Manoir, donc. Déjà, sur la Cité des Nuages, où on a peu de places, ce n'est pas vraiment la même chose que le Palais Organa sur Aldérande, je vois ça comme une propriété de 500 m² tout au plus, sans jardins ^^. Mais il était important de montrer qu'il ne sortait pas de n'importe où, et c'est là que le chapitre suivant va se révéler important. Ce que Jagen va découvrir dans l'holocron va se révéler capital pour sa façon de penser. Il a déjà des charges sur les épaules avec son rôle d'officier et quasiment de Commandeur Suprême (Willspawn ayant quelques conflits avec Kalpana qui l'estime plus qu'incompétent) mais il se découvre également un fardeau plus que millénaire de protection de la République.

Revan est, depuis longtemps, un de mes personnages préférés de l'UE. J'ai longtemps hésité à le faire intervenir. Mais après la première BD TOR, qui présentait Satele Shan, je me suis dit que l'idée de descendants n'était pas si saugrenue, ce qui a été confirmé par le roman éponyme. Du coup, mon raisonnement est le suivant : Et si de lointains descendants de Revan étaient encore en vie à l'époque des films ? Et si on les voyait dans ces mêmes films ? :sournois:

Pour la collection d'objets, vois cela comme une accumulation de vieux trésors gardés en lieu sûr jusqu'à des temps plus propices. Ne t'inquiète pas, tous ne seront pas inutiles. :wink:
(Et je suis un adorateur des objets historiques :transpire: )
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Jeu 20 Juin 2013 - 22:46   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Je précise que j'ai bien l'intention de passer ici, hein, juste que je suis un peu overbooked :x
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
Mitth'raw Nuruodo
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 5594
Enregistré le: 16 Sep 2007
Localisation: Plongé dans le monde de l'eau et des ténèbres, bientôt perdu pour celui de l'air et de la lumière...
 

Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 20 Juin 2013 - 22:48   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Pas de problème Mitth, tu es tout excusé. :jap:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Red Monkey » Jeu 20 Juin 2013 - 22:57   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Jagen Eripsa a écrit:Hum, je pensais bien que ce chapitre ferait réagir. :sournois:

Spoiler: Afficher
En fait, il est l'héritier d'une maison assez ancienne, Ce système de clans est donc assez courant dans l'univers SW, en particulier dans les familles politiciennes. Alors, pourquoi ne pas m'en servir ?

Revan est, depuis longtemps, un de mes personnages préférés de l'UE. J'ai longtemps hésité à le faire intervenir. Mais après la première BD TOR, qui présentait Satele Shan, je me suis dit que l'idée de descendants n'était pas si saugrenue, ce qui a été confirmé par le roman éponyme. Du coup, mon raisonnement est le suivant : Et si de lointains descendants de Revan étaient encore en vie à l'époque des films ? Et si on les voyait dans ces mêmes films ? :sournois:

Pour la collection d'objets, vois cela comme une accumulation de vieux trésors gardés en lieu sûr jusqu'à des temps plus propices.
(Et je suis un adorateur des objets historiques :transpire: )


Spoiler: Afficher
Je pense que quand tu me préviens que tu vas parler de Revan, tu t'attends à une réaction sérieuse ^^

Sinon, je sais bien que c'est courant, j'ai rien contre ça, j'ai juste eu un peu de mal avec les 10000 ans :D Ca ne me dérange absolument pas ça. J'avais d'ailleurs saisi le truc au début, avec ton papa sénateur. Avant même l'évocation du manoir.

Mais Revan est aussi mon préféré. J'ai pensé à cela aussi. Mais de cette façon, j'accroche pas ^^ (le fils de Revan, mm, tu aurais pu aller un peu plus récent.) Et pis, Eripsa qui reste Eripsa, n'oublies pas que Shan aussi fut une dynastie. Et Vaner fut le seul fils de Revan. Tu as profité qu'on ignore le nom d'Emess. Qu'en pense Reesa ? :sournois:
Voilà, en plus, je vois ça trop proche, avec ce Jagen. :neutre: C'est personnel ça. J'aime l'idée, certainement, j'ai eu la même. Mais présenté ainsi, je peux pas. On verra la suite.

Les trésors, les trésors. Récupérer tout ça. J'ai du mal à y croire ^^ Tant que t'y es, l'holocron de Bane ou d'Andeddu. J'aurais une super explication pour vos morts après :diable: (Krayt^^)
Mais je suis fana du passé, et des reliques et tout et tout moi. Les sith en plus. Tu touches à mes légendes. :D


Edit : On verra si ton préquel marchera en justification de tes crimes :sournois:
Red Monkey
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 10236
Enregistré le: 14 Juin 2012
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mar 25 Juin 2013 - 10:33   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Puisque mes chapitres sont trop longs, je vais à présent les couper en parties, et on commence dès aujourd'hui ! :cute:

Chapitre 11 - Partie 1

Spoiler: Afficher
« Saron, je sais que votre fils devrait arriver à Bespin d’ici quelques jours. Il peut y rester deux jours, mais pas un de plus. J’ai besoin de lui ici ! »

Message du chancelier Kalpana à Saron Eripsa

Coruscant, Bureau de l’Exécutif, cent soixante-cinq jours AK.

- Le moins que l’on puisse dire, c’est que la situation n’est pas bonne.
Jagen tenta avec peine de masquer une grimace. Kalpana avait prononcé ces mots d’ouverture de séance avec un calme intégral, mais le froid qui s’en dégageait lui glaçait jusqu’aux os. Du coin de l’œil, il vit que les autres personnes présentes n’étaient pas plus ravies que lui.
- En moins de trois semaines, reprit le chancelier d’une voix dure, nous sommes passés de petites opérations de maintien de la paix à de véritables attaques contre la République. Comment en est-on arrivé là ?
Il avait presque crié les derniers mots. Les accusations étaient là : le Département Judiciaire était totalement à la dérive face à ce qui se passait, et le Chancelier Suprême, l’homme qui dirigeait la République, ne pouvait – ne devait – pas laisser les choses empirer.
- Nous avions jusque peu des escarmouches. Un convoi mal défendu par-ci, un pillage par-là… Mais à présent, ce sont des actes de guerre ! Un attentat sur Kuat…
Le jeune colonel éprouva un pincement au cœur en se remémorant l’évènement. L’un des destroyers en construction pour sa propre flotte avait été délibérément saboté avec des charges lourdes au baradium. L’incident avait eu lieu sur un chantier de haute sécurité, où les mesures étaient parmi les plus strictes de la Galaxie. Filnis Kuat les lui avait longuement vantées, insinuant qu’il serait plus facile d’entrer au Sénat avec un lance-missiles que d’introduire un blaster de poche sur les installations.
Sans doute modérerait-il ses propos la prochaine fois que Jagen le croiserait… Après sa sortie de l’hôpital de haut standing où il avait été admis. Inspectant les chantiers à bord de sa navette, il avait été pris dans l’explosion et il s’en était fallu de peu pour qu’il n’y perde pas sa jambe. Au moins était-il en vie, au contraire de plusieurs milliers d’ouvriers innocents sacrifiés sur l’autel de la vengeance.
- … Un raid sur Fondor…
La planète du secteur Tapani, haut-lieu de l’industrie galactique réputé lui aussi pour ses installations navales, avait été la cible d’une attaque aussi rapide que dévastatrice. Pendant que leurs chasseurs distrayaient les forces de sécurité à l’extrémité du système, les pirates avaient envoyés leurs transports bourrés de mercenaire s’emparer du matériel stocké dans les docks orbitaux. On estimait les pertes à plusieurs milliards de crédits, tant les ressources volées étaient importantes en quantité comme en valeur individuelle. Les actions de la société-mère, Fondor Shipyards, avaient vu leur cotation divisée par dix en moins de deux jours ; on doutait à présent de sa survie sur le long terme. Ironie du sort, les installations océaniques de Bestine, voisine longtemps malmenée et aux coûts de production plus élevé, avaient connues une belle recrudescence d’intérêt, le stockage en surface redevenant une valeur sûre.
- … Et, pour finir, une frégate neuve détournée !
L’amiral Willspawn, assis en face de Jagen, se renfrogna davantage. Le Champion de Rendili, un Hammerhead à peine inauguré, avait été victime d’un traquenard alors qu’il traversait la Nébuleuse de Hyarsom… En compagnie des autres vaisseaux de l’amiral, qui n’avait pu que constater sa disparition à la sortie de la perturbation gravifique. On murmurait dans les couloirs de la Flotte que Willspawn avait par la suite reçu dans une boîte richement décorée un tableau représentant l’appareil dérobé repeint aux couleurs de la Brigade. Cela pouvait expliquer son humeur massacrante des derniers jours.
- Monsieur, commença l’amiral, je vous ai déjà expliqué…
- Qu’est-ce que je suis censé faire face à cela ? Rire de vos déconvenues ? Vous donner une récompense pour incompétence ? J’en ai assez, Trevor !
- Excellence, dit le colonel, cette menace est bien plus puissante que nous l’imaginions.
- J’avais compris, Jagen, merci !
- Je crois que nous avons tous sous-estimé ce problème, déclara le sénateur Palpatine.
En tant que membre du Conseil de Sécurité, il était présent au même titre que Finis Valorum, Ainlee Teem ou Bail Antilles. Les sénateurs s’étaient tus jusqu’à présent, mais ce n’était pas dans la nature de Palpatine de rester à l’écart de la conversation.
- L’idée même que ces pirates puissent constituer une menace tangible n’a pas effleuré l’esprit de la plupart d’entre nous, reprit le représentant du secteur Chommell. Mais nous ne pouvons plus en douter à présent.
- Je pense que nous sommes tous d’accord là-dessus, ajouta Bail Antilles. C’est une guerre ouverte qu’ils veulent, et nous allons la leur donner !
- Un tel conflit n’a pas eu lieu depuis près de mille ans, rappela Valorum. Je doute que nous en soyons à ce stade.
- Non, ce que nous affrontons est quelque chose de tout à fait nouveau, déclara Jagen. C’est de la piraterie, à une échelle encore inconnue, mais de la piraterie tout de même. Ils n’ont pas ou peu de planètes, ce qui est à la fois une force et une faiblesse.
- Expliquez-vous, ordonna Kalpana.
L’officier mit quelques secondes pour trouver les mots qui convenaient.
- Ils n’ont pas ou peu de bases planétaires, commença-t-il. Du coup, leurs ressources ne peuvent pas provenir d’installations, mais de leur butin. C’est pour cela qu’ils attaquent les convois d’armes et de carburant : contrairement à leurs collègues, ils ne revendent pas ces marchandises mais les gardent majoritairement pour eux. Si nous déclarions un embargo galactique sur tous ces types de transits, ils seraient obligés d’utiliser d’autres méthodes.
- Et que feriez-vous, à leur place ?
- En tout premier lieu, je m’assurerais le soutien de la Bordure. La piraterie est mal vue dans le Noyau, mais il n’en va pas de même pour les territoires reculés. Là-bas, la République est vue au mieux comme une sangsue incompétente, au pire comme un ennemi à abattre. On a souvent tendance à sous-estimer la puissance de ces systèmes… Mais ils ont le nombre pour eux. Si la Bordure se soulève, la situation sera bien pire que ce qu’elle est actuellement. Nous avons déjà la preuve que la Brigade Stellaire a armée les Death Watch. C’est bien plus significatif que cela n’en a l’air. Ils veulent intervenir sur des planètes, dans des conflits sectoriels. En soutenant des gouvernements hostiles à la République, ils s’assurent de nous compliquer la tâche pendant des années.
- Vous pensez réellement que le contrôle de la Bordure Extérieure pourrait être leur objectif ? demanda Palpatine.
- Sénateur, j’en suis convaincu.
- Et que préconisez-vous ? questionna Antilles.
- Messieurs, le colonel Eripsa n’a… commença Willspawn.
Le regard électrique que lui lança Kalpana le dissuada de continuer. L’amiral en disgrâce se renfrogna et croisa les bras en signe d’attente.
- Déjà, l’embargo que j’ai précédemment évoqué. Tout le matériel technologique et le carburant devraient être interdits de transit. Pour récupérer ce qu’il lui faut, la Brigade n’aura plus que deux choix : s’en prendre à nos vaisseaux… Ou s’enliser dans des opérations au sol. Et il y a de fortes chances qu’elle choisisse la deuxième solution.
- Pourquoi cela ? demanda Kalpana, intrigué.
- Parce que cela lui permettrait également de marquer les ennemis. Quelques systèmes pourraient faire des cibles de choix, bien plus rentables qu’un malheureux destroyer. Les arsenaux, par exemple. La plupart ne sont que faiblement protégés.
- La suspension du trafic de ces marchandises pourrait handicaper certaines planètes, signala Palpatine. Mon monde d’origine, Naboo, dépend essentiellement de ses exportations.
- La situation pourrait être problématique pendant plusieurs mois, admit Jagen. Mais elle n’en sera que meilleure ensuite !
- Alors, ces pirates pourraient faire la même chose que nous, intervint Willspawn. Attendre.
- Et nous profiterons de ce répit pour les débusquer dans leurs tanières.
- Vous dites cela comme si c’était facile.
- Ça l’est. Les opérations au sol sont coûteuses en hommes et surtout réduisent considérablement la marge de manœuvre. Il leur sera difficile de se replier. Ce sont des mercenaires, ne l’oubliez pas. Ils tiennent plus à leur vie et à leurs crédits qu’à leurs idéaux. On pourra facilement les faire parler.
La remarque provoqua une vague de petits rires au bout de la table. Seul Palpatine ne rit pas, mais posa sur Jagen un regard songeur.
- Il y a d’autres méthodes, reprit l’amiral. Des dispositifs de pistage, une triangularisation à partir des données sur leurs raids…
- C’est exact, admit Jagen. Et il faudra également couper leurs approvisionnements financiers. Leurs revendeurs.
- C’est logique, déclara Valorum. Et censé.
- Avec le soutien de l’Ordre Jedi, nous pourrions en venir à bout assez rapidement, lança Antilles.
- Je doute que les Jedi acceptent d’ingérer dans ce genre d’affaires, dit Kalpana, mais nous pourrons essayer. Jagen, vos idées me semblent raisonnées.
- J’en suis honoré, Excellence, répondit le jeune homme, avant d’ajouter : Les troupes de la force d’intervention que le Sénat vient d’approuver seront très utiles pour venir à bout de ces ordures.
- Vous êtes certain de votre stratégie ? demanda Willspawn d’un œil inquisiteur.
Jagen le regarda droit dans les yeux.
- Vous n’avez pas idée à quel point.


Et je vais ensuite m'essayer pour la première fois à un flash-back... :sournois:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mar 25 Juin 2013 - 17:38   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Bon, eh bien, vieux motard que j'aimais, j'ai lu les deux premiers chapitres^^ Je reconnais bien mes souvenirs de la première version sur l'intrigue, à un détail près : ça y été déjà, la simulation ? Parce que c'est une bonne idée^^ C'est globalement bien écrit, on entre plus dans la tête de ton homonyme que je ne m'en rappelais, mais on a encore un peu de mal à s'attacher au personnage jusque-là néanmoins, je verrai si ça évolue par la suite -c'est peut-être dû aux dialogues, maintenant que j'y pense.

(Chapitre 1)

mails il a trop de soutiens.


Petite faute de frappe, peut-être due à l'habitude de contacter des auteurs^^

Aiden avait l’habitude de s’y référencer


Référer ne serait-il pas moins lourd ? :neutre:

(Chapitre 2)

Ce vaisseau est sous mes ordres.


C'est une pensée, donc en italique, a priori^^

Plusieurs personnes, majoritairement des humains, étaient assis sur les sièges des navigateurs. Le seul non-humain de la pièce, un givin,


1/ assises, puisque le sujet est "personnes".

2/ "majoritairement des humains" donne l'impression qu'il y en a plusieurs :neutre:

J’aurais dû m’en douter. Cela complique toute la situation.


Italique aussi^^

Ce qui nous donne deux tâches à faire.


Il faut éviter les "faire" quand on peut, il y en a déjà assez comme ça... Accomplir ?

- Je m’en souviendrais.


Souviendrai.

les vaisseaux étaient peints en noir, et semblaient tels des ombres dans une mer d’encre.


C'est "semblaient" ou "tels", mais les deux ensemble, ça fait redondant :neutre:

un autre arborant une tunique à la fois riche et dépouillée


:perplexe:

TIken, je veux que les droïdes astromechs soient sur le pied de guerre.


Je suppose qu'il veut dire Tiken^^

Alors qu’il sortait du pont pour rejoindre le comité, Jagen se rendit compte que cette confrontation avec l’amiral Willspawn n’était que la première.
Et certainement pas la dernière….


J'ai le droit de hurler au cliché ? :transpire:
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
Mitth'raw Nuruodo
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 5594
Enregistré le: 16 Sep 2007
Localisation: Plongé dans le monde de l'eau et des ténèbres, bientôt perdu pour celui de l'air et de la lumière...
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mar 25 Juin 2013 - 17:54   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Merci pour ta lecture et tes corrections ! :jap:

Alors, non, la simulation n'y était pas, c'est un rajout.
Pour le reste, et notamment le cliché de fin, j'étais encore dans l'optique d'une amélioration, et pas d'une réécriture, donc je suppose que la suite devrait plus te plaire. :cute:

un autre arborant une tunique à la fois riche et dépouillée


Du classique en somme : matériaux précieux, mais pas de fioritures et de bling-bling mauvais goût. :wink:

Mitth'raw Nuruodo a écrit:J'ai le droit de hurler au cliché ? :transpire:


Extrait repris mot pour mot de la version précédente. J'aurais dû plus le retravailler. :transpire:

Concernant la familiarisation avec le personnage, j'espère que cela sera mieux dans les chapitres suivants. :)
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mar 25 Juin 2013 - 18:06   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Du classique en somme : matériaux précieux, mais pas de fioritures et de bling-bling mauvais goût. :wink:


D'accord, c'est plus clair^^
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
Mitth'raw Nuruodo
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 5594
Enregistré le: 16 Sep 2007
Localisation: Plongé dans le monde de l'eau et des ténèbres, bientôt perdu pour celui de l'air et de la lumière...
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mar 25 Juin 2013 - 18:19   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral

Je me suis inspiré de la tenue de Valorum telle que détaillée dans le guide de l'Episode I. :ange:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Red Monkey » Ven 28 Juin 2013 - 13:36   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

Voilà lu ton 11.
Ben, ca continue comme d'hab quoi ^^
Ils causent causent et causent, et on attends la suite :wink:
Red Monkey
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 10236
Enregistré le: 14 Juin 2012
 

Messagepar Jagen Eripsa » Ven 28 Juin 2013 - 13:47   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

Et la suite... Ben la voici ! :D

(PS : Cette partie spoile très légèrement le jeu The Old Republic)

Chapitre 11 - Partie 2

Spoiler: Afficher
************

Bespin, trois jours plus tôt.

Jagen inspira et expira longuement plusieurs bouffées d’air. Il était à un moment capital. Il le savait. Il le sentait.
- Nous ne maîtrisons pas la Force, avait dit son père. Nous pouvons juste percevoir quelques impressions ou faire deux-trois tours de passe-passe.
Mais j’ai l’impression d’avoir accès à plus que ça.
- La famille de ta mère a comportée de nombreux Jedi célèbre. Peut-être que cela a pu t’aider.
Suis-je destiné à devenir un Jedi ?
- Te sens-tu Jedi ?
Non.
- Alors l’important n’est pas ce que tu es, mais ce que tu choisis d’être.
Un militaire. Un protecteur de la République. Un homme d’honneur, fidèle à son serment et accomplissant son devoir.
Voilà ce que je choisis d’être.

Pourtant, il ne pouvait pas non plus occulter d’où il venait.
Il ouvrit les yeux. L’objet cubique était toujours devant lui, attendant qu’il agisse. Il ressentait la puissance contenue dans ses entrailles. C’était comme se trouver au bord de la Cité des Nuages pendant une violente tempête. On avait l’impression de pouvoir se faire emporter par les bourrasques à chaque instant, de faire face à un pouvoir qu’on ne pouvait maîtriser et qui menaçait de nous engloutir à tout instant.
Il faut que je le fasse. Je dois obtenir des réponses.
Pourtant, une once d’hésitation demeurait dans l’esprit de Jagen. Il avait lu bien des récits sur les antiques holocrons et sur ce qu’ils pouvaient accomplir.
Mais cette forme cubique… C’est un holocron Jedi, non ? Pas une pyramide Sith ?
- Revan a enregistré cet holocron après avoir été libéré des geôles de l’Empereur au cours de la Guerre Froide, avait expliqué Saron. Il contient de nombreuses réponses sur ce qu’il était, ce qu’il a fait, ce qu’il avait compris.
Je dois l’ouvrir, n’est-ce pas ?

Oui.
Cette fois-ci, il n’entendit pas la voix de son père, mais la sienne propre. Sa résolution, sa détermination et peut-être sa curiosité l’avaient finalement décidé.
Il ouvrit son esprit et projeta sa conscience vers l’holocron. L’impression qu’il en retira était tout à fait inédite ; il se sentait comme aspiré par la machine, il en percevait tous les rouages, tous les mécanismes : il avait l’impression de les voir aussi nettement que si tout avait été étendu sous ses yeux.
C’est ainsi que les Jedi voient le monde, supposa-t-il. Ils perçoivent la façon dont nous nous organisons tous, les rouages de la société, les liens d’affection et de haine…
Je suppose qu’en analysant ces informations, il devient plus facile de prédire l’avenir.
Il perçut enfin le mécanisme d’activation de l’holocron, au cœur du cube, impossible à atteindre par les voies normales sans détruire son précieux contenu. Il imagina qu’il y posait le doigt et appuyait pour lancer l’étrange machine.
Le cube s’ouvrit alors, laissant apparaître son cœur cristallin, et la silhouette réduite d’un homme, semblable à un hologramme en mille fois plus réaliste, apparut en suspension au-dessus.
- Je suis Revan, ancien Sith, ancien Jedi, et Gardien Éternel de cet Holocron, déclara…
Déclara quoi, d’ailleurs ? Était-ce un fantôme, une apparition, ou un simple hologramme très perfectionné ? S’agissait-il réellement d’un produit visible de la Force ?
- Je suis Jagen Eripsa, se décida-t-il à répondre. J’ai des questions auxquelles il faut des réponses.
- Je sens en toi la force des convictions, l’hésitation de la jeunesse ainsi que de profondes blessures passées, déclara Revan. Tu dis être un Eripsa. Tu es donc l’un de mes descendants.
- Comment… Comment est-ce possible ?
- J’ai vécu bien trop longtemps pour ne pas le savoir, répondit l’holocron – et à ce moment son gardien parut effectivement infiniment plus vieux. Je me suis entretenu avec celui qui était mon descendant et ton ancêtre.
- Heiran Eripsa, devina Jagen.
- Oui.
- Que vous-a-t-il révélé ?
- Beaucoup de choses. Comment mon fils a grandi sans pouvoir toucher la Force. Comment on a attenté à sa vie. Comment il a dû cacher ses enfants pour pouvoir les protéger. Heiran était le descendant de l’aîné, Bress, qui avait pris le nom de sa mère.
- Emess Eripsa.
- Oui. Une de mes descendantes occupait une place de choix à cette époque.
- Satele Shan.
- Qui descendait de la fille de Vaner, Reesa. Mais il y en avait un troisième. Un autre fils, du nom de Kinan.
- Que leur est-il arrivé ?
- Bress a rejoint la famille de ses grands-parents maternels et a pris la succession de la lignée Eripsa. Reesa, dont la survie avait été rendue publique, fut déclarée seule rescapée. Et on a longtemps cru que le troisième fils de Vaner était mort avec sa mère. Mais Heiran… Heiran avait découvert ce qu’il en était vraiment. Il avait retrouvé la piste des descendants de Kinan. L’explosion l’avait envoyé dans les tréfonds de la ville basse. Les gens qui l’ont recueilli étaient stupéfaits par la façon dont il était sorti indemne de ce qu’ils pensaient être une chute. Ils pensaient qu’il marchait dans le ciel. Ils l’ont appelé ainsi.
- Vous ne me racontez pas tout cela pour rien.
- Tu es perspicace. C’est bien. À chaque génération de tes ancêtres, je narre cette histoire dans le but de leur révéler ce que j’ai vu.
- De quoi s’agit-il ?
- D’une ombre sans commune mesure s’étendant sur la Galaxie. Des planètes en flammes, d’autres recouvertes de cendres, d’autres encore réduites en poussière. D’un homme pouvant être à des milliers d’endroits à la fois et détruisant la lumière de l’Ordre Jedi pour la remplacer par les ténèbres du Côté Obscur. J’ai été Jedi. J’ai été Sith. J’ai combattu les uns et les autres. Je ne souhaite pas la domination de l’un ni de l’autre. La Galaxie est faite majoritairement de gens ordinaires, de gens normaux. Un gouvernement dominé par les uns ou les autres aurait des conséquences terribles. Ce serait la fin de la démocratie et de tous nos idéaux. Pourtant, la Galaxie a besoin de la Force, tout comme la Force a besoin de la Galaxie pour exister. Je sais que l’union de mes descendants pourra mettre un terme à cette menace.
- Est-ce que cela me concerne ?
- Je répète cette prophétie depuis plus de trois mille ans, à chaque génération d’Eripsa. Mais jusqu’à présent, elle ne s’est pas réalisée. Peut-être t’épargnera-t-elle.
- La République est menacée. En ce moment, des pirates s’attaquent à nous. Vous étiez l’un des plus grands stratèges de l’Histoire Républicaine…
- La stratégie n’est pas une histoire de tactiques savamment répétées, de manœuvres apprises par cœur ou de leçons appliquées à la lettre. C’est d’abord une façon de se projeter en avant. De percevoir les conséquences de ses actes, la façon dont ses ennemis vont réagir, comment faire pour les contrer. C’est aussi comprendre la Galaxie aussi bien que le champ de bataille. Un simple acte peut déclencher des conséquences bien plus terribles que ne l’imaginent la plupart des gens. Après avoir emprunté la voie des Sith, j’ai tué les personnes-clés de nombreux systèmes pour les remplacer pour d’autres qui serviraient plus mes objectifs. En tant que Jedi réhabilité, j’ai aidé de nombreuses personnes au cours de ma quête de la Forge Stellaire, avec pour objectif de faire le bien mais également de changer l’opinion des gens vis-à-vis des Jedi. Qui sait combien de personnes ont été influencées par ces actes mineurs ? Cent ? Mille ? Un million peut-être ? L’important est d’avoir une vision d’ensemble. Tu ne peux pas comprendre les gens si tu ne tentes pas de te mettre à leur place. Tes contacts joueront également. En établissant un réseau autour de toi, tu te lieras avec des gens qui auront des faveurs à te demander. Leur répondre sera parfois difficile. Cela exigera sans doute des sacrifices. Mais tu peux en retirer un bénéfice suffisamment important pour changer le cours de l’Histoire.
- Donc, si je veux vaincre la Brigade Stellaire, je dois penser comme un pirate… résuma Jagen.
- C’est une piste. Comprendre les motivations est essentiel. Celui qui comprend la culture de son adversaire peut également anticiper ses réactions. C’est de la psychologie de guerre. Les gens aux motivations claires sont peut-être les plus faciles à percer : les pirates ou les mercenaires, par exemple, recherchent avant tout le profit, parfois la vengeance. Méfie-toi en revanche de ceux que tu ne connais pas et qui se prétendent tes alliés sans raison valable.
- Je devrais donc me détourner de mes amis ?
- Si ce sont vraiment des amis, alors tu peux leur faire confiance. C’est ce qu’un chef doit savoir faire. Si tu souhaites en devenir un, alors tu dois te donner à tes hommes. Se battre aux côtés de quelqu’un d’autre, dans n’importe quel domaine, crée des liens et de la sympathie. C’est la clé de voûte de tout contrat mutuel : une cause commune à défendre. Souviens-toi de cela à l’avenir.
Jagen ne savait que penser.
- Tu seras toujours trahi, poursuivit Revan. La trahison fait partie de la vie, au même titre que l’amour ou la mort. La seule différence, c’est de pouvoir compter sur un soutien ou sur des liens. Regarde mon expérience. J’ai été trahi deux fois. La trahison de Malak, je n’y ai survécu que par chance, et grâce à la compassion des Jedi. Celle de Bastila, en revanche, j’y étais presque préparé, et j’ai pu y faire face et annihiler ses effets. J’ai dit « presque », parce que l’on n’est jamais totalement prêt face à ce genre de choses. Toutefois, il est de ton intérêt de t’y attendre, que tu sois au sommet ou pas. Car la trahison existe même dans les plus basses strates. Ton rang ne rend les choses que plus importantes à l’échelle galactique.
Le jeune colonel eût l’impression que Revan en savait plus sur lui qu’il ne lui avait dit.
- Tu devras donc te montrer prêt à tout.
- Qu’en est-il de la Force dans tout ça ?
- Elle peut t’aider, mais elle est loin d’être infaillible.
- Pourquoi ?
- Comme mon maître le disait si bien, « Pourquoi ? » est toujours une question plus profonde que sa réponse, et il sourit à cette évocation. Je pense qu’elle avait en grande partie raison. En vérité, la Force ne permet que de percevoir une impression assez vague des sentiments de ton interlocuteur, ce qui rend les choses assez confuses. Il vaut mieux dans ce genre de cas se fier à son instinct et à son intellect.
- Compris. Et…
Il hésita un instant à poser la dernière question. Risque-t-il de mal la prendre, compte tenu de son histoire ? C’est ce que je ferais à sa place…
- Que pouvez-vous me dire des Sith ?
Une lueur de douleur passa dans les yeux du gardien de l’holocron.
- Qu’ils seront à jamais tes pires ennemis, et qu’ils ne reculeront devant rien pour tout détruire. Vitiate l’a prouvé. D’autres suivront.
Jagen ne connaissait pas ce « Vitiate », mais la façon dont Revan avait prononcé le nom suffit à lui faire comprendre qu’il ne s’agissait pas du premier venu.
Aiden était persuadé qu’ils étaient de retour… Mais il était peut-être au bord de la folie.
Meurtriers, criminels, esclavagistes… Et ils voudraient nous imposer leur domination ?
Plutôt crever.

- Qu’ils viennent, répondit-il alors en serrant le poing. Je serai prêt à les recevoir.


Sinon, j'ai adopté un nouveau système de titre permettant de suivre la progression par rapport à l'histoire finale. J'espère que cela plaira. :jap:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Red Monkey » Ven 28 Juin 2013 - 14:02   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

Tu espères que ça va me plaire ? ^^ Tu rêves mon grand. :P
Nan, mais déjà, Revan qui nous fait un holocron du genre entre sa libération et sa défaite, et qui a eu le temps de copiner avec ses descendans :x
Après, voilà, quoi. C'est de l'infinities à ce niveau, et tant que ca l'est je peux continuer à te lire ^^
Sinon, ca reste toujours pareil quoi ^^
Ton petit flash-back, pourquoi pas. :lol:
Red Monkey
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 10236
Enregistré le: 14 Juin 2012
 

Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 29 Juin 2013 - 18:52   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

Chapitre trois lu, bien content de voir que tu as intégré Ego Damask^^ Je n'ai pas de commentaire particulier à faire, je crois, sinon que c'est une bonne chose qu'on en sache plus sur les raisons de l'engagement de Jagen, moins banales qu'on aurait pu s'y attendre.

Jagen, affecté ces derniers temps à quelques patrouilles sans réel intérêt, n’avait pas revu son mentor depuis cette visite sur Rendili, trois moins auparavant


Trois mois ? :diable:

À partir de ce moment, il décida de se battre pour éviter que d’autres subissent le même sort tragique.


Je ne suis pas Hiivsha, mais est-ce que il avait décidé ne serait pas plus cohérent ?

Le sabotage qu’ils avaient effectué lors de leur fuite du vaisseau pirate n’était en rien à l’origine des explosions qui l’avaient secoué au cours de leur fuite.


Deux "fuites" dans la même phrase, on peut en remplacer un par évasion ?

Pendant que Kenth et Thyrs étaient à l’arrière de leur navette, Jagen avait pris les commandes et avait pu observer la situation.


Deux "avait", maintenant^^ Ce qui lui permit d'observer la situation ?

Lorsqu’ils se sont enfin détachés de celui-ci, ils étaient déjà rangés dans la catégorie des pirates.


Lorsqu'ils se furent, non ? :perplexe:

Kenth n’avait jamais pardonné à Jagen, mais c’était aussi parce que celui-ci ne souhaitait pas le demander à son ami tant qu’il n’aurait pas venger Thyrs.


Vengé.

- Je suis ravi de voir que tu vas bien, dit-il. Et ta mère sera tout aussi ravie quand je lui dirai.


Quand je le lui dirai serait plus clair.

Un bon nombre d’entre eux se tenaient dans les tribunes ouvertes, comme pour vérifier si cela été vrai.


Était.
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
Mitth'raw Nuruodo
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 5594
Enregistré le: 16 Sep 2007
Localisation: Plongé dans le monde de l'eau et des ténèbres, bientôt perdu pour celui de l'air et de la lumière...
 

Messagepar Jagen Eripsa » Sam 29 Juin 2013 - 20:18   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

Merci pour ces corrections, content que cela t'ait plu. :cute:

Et effectivement, l'engagement de Jagen n'est pas seulement une histoire de devoir, mais également une histoire de vengeance ; cela fait partie des modifications par rapport à la première version pour lui donner le caractère et la profondeur qu'il n'avait pas dans la première version. :jap:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 29 Juin 2013 - 20:26   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

C'est bien ce qui me semblait, choix bien inspiré !
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
Mitth'raw Nuruodo
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 5594
Enregistré le: 16 Sep 2007
Localisation: Plongé dans le monde de l'eau et des ténèbres, bientôt perdu pour celui de l'air et de la lumière...
 

Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 03 Juil 2013 - 18:39   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

Ah, le fameux chapitre 4 :lol: Lu avec plaisir, je vois que tu continues à intégrer l'environnement plagueissien^^ La dernière conversation de Corona est intéressante, forcément, quoique il paraisse un peu étrange de le lire parler d'une organisation secrète qui a réussi à se maintenir si longtemps de manière aussi banale.

il ouvrit la lumière


C'est du lorrain ? :perplexe:

Sa cabine donnait sur la coursive centrale, comme celles des passagers, et donnait sur le carrefour entre les deux halls d’accueil latéraux et la salle des ascenseurs,


Deux "donnait", d'autant que le second est facultatif :wink:

la seule lueur provenait de la verrière s’ouvrant sur l’espace, sur le mur opposé à celui par lequel Jagen venait d’entrer


Du côté opposé, parce qu'entrer par un mur, ça fait bizarre^^

Si les Echanis ont toujours été des guerriers exemplaires grâce à leurs arts du combat, les Gardes du Soleil de Thyrsus sont de redoutables machines à tuer.


Euh, où est l'opposition, à part qu'on remplace une formule par une autre ?^^

Et, après un an d’enquête, je me suis rendu compte que je ne m’étais pas trompé.


Une question : tu fais autant de teasing à l'oral, toi ? :diable:

- À part si on la confronte aux archives de la République.


Un "À part" suivi d'un "si" ne me paraît pas très français... On dit à part ceci ou cela, mais dans ce cas, j'écrirais plutôt À moins qu'on ne la confronte.
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
Mitth'raw Nuruodo
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 5594
Enregistré le: 16 Sep 2007
Localisation: Plongé dans le monde de l'eau et des ténèbres, bientôt perdu pour celui de l'air et de la lumière...
 

Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Jeu 18 Juil 2013 - 12:39   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

J'ai lu à son tour le chapitre 5, qui est manifestement ressorti profondément transformé par la réécriture^^ J'étais un peu mal à l'aise de voir Jagen monter en grade à cette vitesse, mais tu arrives à rendre cela cohérent en exploitant la flotte katana. Et voir Jagen douter de Corona avant de poursuivre sa quête est un plaisir^^

« La crise actuelle est sans précédent. Aujourd’hui, des foules immenses ont manifestées sur Coruscant


Manifesté.

– si tenté qu’on puisse en définir un dans cette cité planétaire,


Si tant est :transpire:
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
Mitth'raw Nuruodo
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 5594
Enregistré le: 16 Sep 2007
Localisation: Plongé dans le monde de l'eau et des ténèbres, bientôt perdu pour celui de l'air et de la lumière...
 

Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 18 Juil 2013 - 12:45   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

Mitth'raw Nuruodo a écrit:J'ai lu à son tour le chapitre 5, qui est manifestement ressorti profondément transformé par la réécriture^^ J'étais un peu mal à l'aise de voir Jagen monter en grade à cette vitesse, mais tu arrives à rendre cela cohérent en exploitant la flotte katana. Et voir Jagen douter de Corona avant de poursuivre sa quête est un plaisir^^


J'avoue que ça me dérangeait un peu aussi dans la première version et que c'était l'un des points que je voulais le plus transformer dans cette nouvelle mouture. Content que le résultat soit réussi ^^

Et merci pour les corrections. :jap:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Jagen Eripsa » Sam 20 Juil 2013 - 19:58   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

Et hop, huit pages pour terminer le chapitre 11 avant d'entamer à mon retour de vacances les choses sérieuses ! :sournois:

Chapitre 11 - Partie 3

Spoiler: Afficher
************

Carida, cent soixante-huit jours AK.

L’aube venait à peine de pointer au-dessus de la fameuse Académie, mais cela faisait plusieurs heures déjà que les manœuvres quotidiennes avaient débutées à Cliffside. Des rangs ordonnés de cadets en uniforme de parade défilaient au pas sur les plateformes qui reliaient les différents bâtiments d’enseignement aux casernes. Cet exercice difficile et physique en raison de la gravité élevée de Carida avait pour but d’endurcir les futurs soldats.
- Il y a beaucoup de volontaires ? demanda distraitement Jagen sans quitter des yeux ce spectacle impressionnant.
- Un bon nombre, oui, confirma le général Logran, qui commandait l’Académie. Les perspectives d’avancement et les salaires plus élevés ont détourné la plupart du Département Judiciaire ou des forces planétaires.
- Ont-ils évalué les risques ? Il y aura des morts, j’en ai bien peur.
- Il y en a toujours. Mais ils estiment sans doute que le matériel de pointe limitera les pertes.
Logran remuait toujours le contenu de sa tasse en observant les manœuvres. Jagen baissa un instant les yeux sur la sienne et lâcha un soupir en voyant la pellicule solide qui s’était formée à la surface. Il saisit sa cuillère et la fit tourner dans le récipient pour rendre sa liquidité au contenu.
- Il est fort, n’est-ce pas ? demanda le général en buvant une gorgée du breuvage.
- C’est ce qu’on dirait, répondit Jagen. C’est du café caridien ?
- Le meilleur qui soit, celui de Lindar. La torréfaction dans un four à charbon le rend encore plus amer qu’avec les moyens modernes. Un régal.
- Je vous crois sur parole, dit le colonel en vidant un autre sachet de sucre.
- J’ai organisé un exercice en conditions réelles dans quelques minutes avec la plupart des volontaires, indiqua Logran en avalant une autre dose. Voulez-vous y assister ?
- Avec plaisir.
- Dans ce cas, suivez-moi.
Décidé à faire honneur à son hôte, Jagen but son breuvage avant de partir. Le liquide encore brûlant lui écorcha la gorge.
Ils traversèrent la pièce et remontèrent un couloir jusqu’à arriver sur un balcon s’ouvrant sur une large arène. Plusieurs groupes de soldats attendaient sur des collines artificielles le début de l’exercice.
- Nous allons libérer les bêtes à mon signal, expliqua Logran en désignant deux grandes portes à l’extrémité droite de l’arène. La première vague sera composée de cinq gundarks – agiles, rapides, féroces, des adversaires redoutables. Ensuite, nous lâcherons un arkalydon.
- Vous envoyez des animaux à l’abattoir ? s’offusqua Jagen. Pourquoi ne pas envoyer plutôt des droïdes ?
- C’est ce que nous faisons d’habitude, répliqua le général. Cependant, nous avons aussi une convention avec plusieurs organismes de régulation des biosystèmes planétaires. Les gundarks font partie de ces espèces pandémiques qui nécessitent d’être jugulées dans leur reproduction.
- Je comprends mieux, mais pour l’arkalydon ?
- Vous ne connaissez pas les arkalydons ?
- Non.
- On en a beaucoup entendu parler sur Carida il y a quelques temps, mais c’est peut-être parce que nous ne sommes qu’à trois parsecs de Crège, leur planète d’origine. Ce sont des kalydons – d’énormes créatures du genre des reeks, avec un énorme groin et des défenses aiguisées – modifiés génétiquement par la filiale d’Arkania installée là. Enfin, qui était installée là à l’époque, puisqu’elle a fermée depuis.
- Manque de clientèle ?
- On peut dire ça, même si c’est déjà un manque de matériel. Il ne leur restait plus grand-chose quand le premier arkalydon adulte s’est échappé du laboratoire.
- Pourquoi diable créer ce genre de monstres ?
- Vous cherchez encore à justifier les expériences des scientifiques ?
- Je préfère généralement ne pas y penser. Vous êtes sûr que ces gars tiendront face à ces créatures ?
- S’ils se fient à leur entraînement, ils vaincront sans dommage.
J’ai l’impression que ce refrain revient de plus en plus souvent, songea Jagen avec inquiétude. « Nous sommes les meilleurs, nous n’aurons pas d’ennuis… »… Des phrases que l’on se répète pour se donner confiance, mais qui ne reflètent pas la réalité. Les pertes existent. J’en ai eu la preuve.
Avec le recul des semaines, Jagen devait reconnaître que son expérience du combat sur Korda l’avait profondément changé. Il n’était plus aussi naïf qu’auparavant. La mort de Ren Jorvis – un mécanicien de son équipage, mais qu’il ne fréquentait que depuis quelques mois et avec qui il n’avait jamais eu de vraie conversation – l’avait touché plus que de raison. L’homme avait accompli son devoir, et Jagen devait se préparer au moment où un sort similaire lui arriverait.
Quelle mort horrible, dans la boue, les tranchées, le sang… J’espère que j’aurai droit à une fin meilleure, sans bombes ni blasters. Malheureusement, je ne le saurai pas avant le moment désigné.
Pendant qu’il se tourmentait l’esprit avec ces réflexion, Logran avait lancé la manœuvre. Le bruit des grandes portes de l’arène s’ouvrant en grinçant le tira de ses réflexions et le força à se reconcentrer sur le présent.
Cinq gundarks jaillirent en courant de l’ouverture. Ces créatures féroces et rapides, aux oreilles célèbres pour leur disproportion, se dirigèrent vers les groupes de volontaires républicains qui, calmement, les mirent en joue.
- Vous allez voir, s’exclama Logran, les bêtes ne comprendront pas ce qui leur arrive !
- Espérons que vous dites vrai et qu’elles ne souffriront pas, répliqua Jagen, dont l’impassibilité contrastait avec l’excitation du général.
Les trois premières lignes de chaque groupe tirèrent des rafales en direction des créatures, mais la véritable attaque vint de derrière, lorsque des grenades jaillirent des rangs pour tomber aux pieds des gundarks.
Plusieurs explosions simultanées eurent lieu, mais elles ne furent en rien comparables à ce que Jagen attendait. Au lieu de secousses et de chaleur, il n’entendit qu’un léger bruit électrique, qui fut immédiatement suivi d’un éclair d’une blancheur insoutenable.
- Fierfek ! s’écria-t-il en portant la main son front endolori par la vision. Vous n’auriez pas pu me prévenir ?
- Cela vous aurait gâché la surprise, se défendit la voix de Logran.
- Et à présent, je ne peux plus rien voir !
- Ah… répondit le général, qui n’avait visiblement pas envisagé cette éventualité. Bon, ce n’est pas grave, je vais vous décrire ce qui se passe.
À ce moment-là, plusieurs autres explosions se firent entendre.
- Ce sont les roquettes, expliqua Logran. Les escouades d’artilleurs de terrain en tirent plusieurs sur chaque gundark pour s’assurer qu’ils ne se relèvent pas. Maintenant, on les achève au vibrosabre ; un coup net, directement dans la moelle épinière, qui les empêche de réagir. Ensuite…
- Taisez-vous, dit Jagen, c’est encore pire qu’avant.
Il recouvrait petit à petit ses facultés visuelles.
- Qu’est-ce qui vous a pris d’envoyer ces créatures à l’abattoir ? demanda-t-il finalement.
- Elles y auraient fini de toute façon. Au moins, elles sont mortes de façon honorable.
- Vous avez déjà participé à un combat rangé, Logran ?
Le général s’offusqua.
- Bien sûr que…
Il se tut, réalisant enfin la vérité.
Des entraînements, des opérations de police et des jeux d’influence. Voilà qui suffisent à faire un officier supérieur aujourd’hui. Si la Flotte a pu conserver un certain savoir-faire au cours des mille dernières années, l’Armée, pour sa part… Ce n’est plus que cérémonies et rigidité.
J’aurais mieux fait de recruter les Mandaloriens…

- J’ai participé à une bataille, répondit Jagen. Cela n’avait rien de beau, rien d’honorable, rien de courageux. C’était une lutte à mort entre deux camps, avec un perdant mais pas de vainqueur. Nos plans ont fonctionné, mais c’était un coup de chance, rien d’autre.
Logran ne répliqua pas. En fait, il regardait d’un œil apeuré ce qui se passait dans l’arène. Jagen se tourna à son tour.
Bon sang, est-ce que les effets de la grenade sont toujours actifs, ou…
- Général, il y avait de l’alcool dans votre café ?
- Pas une goutte, répondit Logran sans quitter la scène des yeux.
Fierfek, je ne rêve donc pas…
L’arkalydon était vraiment une créature aussi effrayante que la description que le caridien en avait faite, avec son pelage sombre et ses défenses saillantes. Pourtant, la terreur que Jagen éprouvait n’était pas due à son formidable arsenal offensif, mais à son nombre.
Cinq créatures se bousculaient pour passer les grandes portes de l’arène.
- Logran, je croyais qu’il ne devait y en avoir qu’un seul ?
- Ce n’est pas ma faute ! se défendit le général. J’ai pourtant envoyé…
- On s’en occupera plus tard, coupa Jagen. Fermez les portes, ou nos gars vont se faire massacrer !
Logran appuya sur l’une des commandes et les immenses vérins qui liaient les deux panneaux aux murs de l’arène se rétractèrent petit à petit.
- Je ne comprends toujours pas comment… commença le caridien.
Il fut interrompu par un immense bruit sourd. Un des arkalydons avait donné un formidable coup de tête dans les panneaux, et les autres se mirent bien vite à l’imiter.
Les portes tombèrent, libérant de formidables machines à tuer sur les troupes de la République.
- Évacuez-les ! ordonna promptement Jagen. Vite !
Le général ne réagit pas ; il semblait tétanisé. Pestant devant ce manque de sang-froid, Jagen sortit son comlink et appela les secours.
C’est alors qu’un détail retint son attention.
- Regardez, dit-il à son hôte. Il y a un qui semble tenter d’organiser les autres…
Un des soldats semblait en effet faire de grands signes pour organiser la défense. Sous ses ordres, les soldats se plaquaient contre les parois de l’arène et tiraient de là en direction des gigantesques créatures.
Les bêtes sont désemparées parce qu’elles ne savent pas où foncer, comprit Jagen. Et l’absence de soldats permet l’entrée en jeu de l’artillerie lourde.
- Ordonnez à vos canons de viser le centre de l’arène ! lança Jagen à Logran.
- Mais nous risquons de…
Le général s’interrompit en jetant un coup d’œil au spectacle. Une lueur d’espoir apparut dans ses yeux.
- D’accord. C’est parti.
Il fallut quelques minutes pour que les premiers résultats escomptés apparaissent. Pendant ce laps de temps, les volontaires de la République, toujours organisés par le courageux soldat qui avait mis au point la tactique, harcelèrent les créatures, soutenues par Jagen, Logran et les forces de sécurité qui surmontaient l’arène. Enfin, les premiers véhicules blindés apparurent près de la zone de combat et déployèrent leurs armes.
Le premier arkalydon à tomber avait déjà été blessé aux yeux par les blasters de l’infanterie, aussi la salve qui l’acheva dût-elle plus lui apparaître comme une délivrance plutôt qu’une condamnation finale. Les autres créatures se montrèrent plus retorses, mais s’écroulèrent les unes après les autres. Le baroud d’honneur du dernier arkalydon encore debout fut une charge contre la porte où se pressaient les soldats en passe d’être évacués, mais cette tentative, comme toutes les autres, échoua lorsque la bête vit son cou brisé par un obus lourd.
Tout était terminé.
- Je voudrais voir le soldat grâce à qui nous avons évité le massacre, déclara Jagen en contemplant les cadavres des créatures. Je souhaite lui parler personnellement.
- J’ai envoyé des hommes le chercher, répondit le général. Nous allons aussi lancer une enquête pour découvrir qui est à l’origine de ce sabotage.
- Ce ne sera pas nécessaire, soupira le colonel. Trouvez les agents infiltrés, au mieux, mais le véritable coupable, lui, est déjà connu. La Brigade Stellaire de Korsteck.
C’est elle, de toute évidence. Cela entre parfaitement dans la logique de ses dernières attaques. Ils cherchent à nous déstabiliser…
Ils savaient que les arkalydons seraient vaincus, mais ils espéraient davantage de pertes pour nous plomber à tous le moral. Ils redoutent cette force d’intervention. Ils savent qu’on peut les mettre à mal en se battant au sol.
C’est la preuve que je tiens le bon bout. Après ça, Kalpana approuvera mes demandes de matériel lourd, de transports blindés, de véhicules de reconnaissance…

Une poussée d’adrénaline donna des frissons au jeune officier.
Nous sommes vraiment sur le chemin de la guerre. On passe des petites escarmouches à une stratégie plus offensive et un renforcement de l’armement dans chaque camp…
Ses pensées furent interrompues par l’irruption dans la pièce de deux cadets à l’uniforme poussiéreux et à l’air exténué, qui se mirent au garde-à-vous en le voyant.
- Voici le cadet Salussa et son supérieur, le lieutenant Logran, énonça le vigile qui les accompagnait.
Jagen jeta un rapide coup d’œil au général. La ressemblance flagrante soulignait leur filiation directe, qui elle-même pouvait expliquer le comportement étrange du militaire pendant le combat. Tous deux semblaient très tendus.
Je sais ce que c’est qu’être le fils de quelqu’un d’important, soupira intérieurement Jagen. Les attentes, les objectifs intenables, l’impression de ne jamais pouvoir y arriver…
- Je vous félicite pour votre courage, cadet Salussa, déclara l’officier en lui serrant la main. J’ai besoin d’hommes comme vous à la tête de mes troupes.
- Merci beaucoup, Colonel, répondit la jeune recrue.
- Naturellement, un tel esprit d’initiative a dû être encouragé par un commandement à la fois souple et enrichissant. Et je suppose que c’est à vous qu’on le doit sans doute, lieutenant Logran ?
Le fils du général parut désemparé et jeta un coup d’œil hésitant à son père avant de répondre.
- Je l’espère, dit le jeune homme avec prudence.
- C’est ce que je recherche, reprit Jagen. Des commandants avisés menant des soldats conscients des risques qu’ils encourent en se battant à mes côtés. Le conflit qui nous oppose à la piraterie galactique n’est pas tant un jeu du plus fort qu’une course à celui qui se révèlera le plus malin. Vous avez brillamment réagi face à une situation on ne peut plus imprévue…
Il marqua une pause pour souligner l’importance de ce qui allait suivre.
Il était encore temps de rebrousser chemin, de s’en tenir au plan originel, de choisir un homme mûr, expérimenté, aux tactiques éprouvées, ne sortant pas des sentiers battus…
Eh, je suis corellien, non ? Faire ce que les autres méprisent est ma spécialité, non ?
- Je serais ravi de vous avoir à mes côtés en tant que capitaine, monsieur Salussa.
La surprise du jeune cadet contrasta avec le désarroi de son supérieur, et la déception visible du général Logran. Jagen eût un élan de sympathie pour celui-ci. Sans le savoir, il venait d’être privé d’un poste que le chancelier Kalpana lui-même lui destinait. Logran, officier d’expérience, qui avait maté plusieurs guerres des gangs dans toute la Bordure Médiane, était aux yeux du chef de la République l’homme idéal pour commander cette expérience, et la mission première de Jagen était de lui annoncer la nouvelle. Mais après cette séance d’entraînement – après avoir été témoin de l’instant d’absence du général, mort d’inquiétude pour son fils – Jagen ne pouvait se résoudre à lui confier les rênes. Salussa était jeune et prêt à apprendre, contrairement au général ancré dans ses habitudes. Et ce qui s’annonçait – la guerre contre la Brigade Stellaire – n’avait rien de comparable avec un simple maintien de l’ordre.
Ce qui ne voulait pas dire que ces talents ne pouvaient pas servir.
- Toutefois, vous n’êtes pas le seul à féliciter, ajouta Jagen sans attendre la réponse du cadet. Lieutenant Logran, vous n’avez peut-être pas eu les bons réflexes, mais ce n’est pas irrémédiable. Surtout, vous savez bien suivre les ordres et les faire respecter. C’est d’hommes comme vous que j’aurai besoin très bientôt.
Pour sécuriser ma base de Centax, ajouta-t-il mentalement.
- Aussi, j’aimerais que vous restiez ici pour former de nouvelles recrues, jusqu’à ce que je fasse appel à vos services.
- Bien, monsieur, répondit docilement le fils du général.
- Excellent. Capitaine Salussa – Vous permettez que je vous appelle ainsi, puisque vous n’avez pas refusé ma proposition ? -, rassemblez vos hommes sur la plateforme 29-C. Mes transports viendront vous chercher – y compris les blessés.
- Et pour les morts, monsieur ? demanda enfin le jeune homme.
- Combien y en a-t-il ?
- Sept.
- Ils recevront les honneurs de la République, Capitaine, promit Jagen.
Le visage de Salussa indiquait cependant qu’il souhaitait autre chose. Ce que je recherche aussi, après tout.
- Puis nous les vengerons, ajouta-t-il. Êtes-vous prêt à vous battre pour leur faire honneur ?
Le capitaine hocha la tête puis regarda Jagen droit dans les yeux.
- J’attends vos ordres, Colonel.


Tiens, sinon, j'ai glissé une référence mythologique dans ce texte, saurez-vous la retrouver ? :jap:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Red Monkey » Sam 20 Juil 2013 - 22:02   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

Lu. J'aime bien le coup de l'arène. Et bien sûr ce qui diffère avec mes gundarks c'est que moi j'étais du point de vue direct. :sournois:
Pas sur d'avoir saisi la référence mythologique.

Sinon, juste un détail : Labs de temps > Laps de temps :jap:

Pas mal comme chapitre :hello:
Red Monkey
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 10236
Enregistré le: 14 Juin 2012
 

Messagepar Jagen Eripsa » Dim 21 Juil 2013 - 19:31   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

Content que ça t'ait plût, et merci pour la correction. :jap:

Revan Bane a écrit:Pas sur d'avoir saisi la référence mythologique.

Qu'est-ce que tu as compris ? :sournois:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Red Monkey » Dim 21 Juil 2013 - 20:29   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

Justement j'ai pas saisi :paf: :transpire:

Ouais, la correction hein. Comment on peut faire une telle boulette :pfff: :diable:
Red Monkey
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 10236
Enregistré le: 14 Juin 2012
 

Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mar 23 Juil 2013 - 15:29   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

Chapitre six lu, et je l'ai adoré ! Tu montres ici quelque chose de peu commun dans les fan-fics, avec ces négociations, et elles sont brillamment travaillées !

- Nous sommes donc tous là, déclara Jagen en s’asseyant. Bien. Nous pouvons donc commencer.


Les deux "donc" si proches, je ne trouve pas ça très classe :neutre:

Tout ce qui pourra m’assurer de posséder le plus puissant vaisseau de la Galaxie, ou peut s’en faut.


Peu.

C’est un peu le but de l’entraînement, en fait ; nous donner le sens du devoir.


J'ai beau être un manique du point-virgule, je pense qu'un double-point conviendrait mieux ici :wink:

- Les Réformes de Ruusan datent de près d’un millier d’années, et la close concernant la taille limite des vaisseaux de guerre n’a jamais fait l’objet de contestations.


Clause, on voit que tu n'as pas fait de droit :transpire:

- Aiden avait compris la même chose que Jagen, intervint Aiden.


:perplexe:
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
Mitth'raw Nuruodo
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 5594
Enregistré le: 16 Sep 2007
Localisation: Plongé dans le monde de l'eau et des ténèbres, bientôt perdu pour celui de l'air et de la lumière...
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mar 23 Juil 2013 - 17:08   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

Content que ça t'ait plût, pour les négociations. Ce ne sera pas les dernières... :sournois:

Pour les corrections, je m'en occuperai en rentrant. ;)
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Den » Mar 23 Juil 2013 - 17:13   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

J'accumule le retard, mais ne t'inquiète pas, je lirai la suite de ta fic un jour! :wink:
"Vergere m'a appris à embrasser la douleur et à m'y soumettre. J'en ai fait une partie de moi-même, une partie que je ne pourrai ni combattre, ni nier." Jacen Solo
Den
Jedi SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 6133
Enregistré le: 05 Fév 2006
Localisation: Voyage à travers la galaxie...
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mar 23 Juil 2013 - 17:15   Sujet: Re: CdlMR - Tome 1 : L'Avènement de l'Amiral [Ch 11/25]

Pas de problème ! :cute:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23582
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

PrécédenteSuivante

Retourner vers Les Archives (textes inachevés)


  •    Informations