Informations

IMPORTANT : pour que la participation de chacun aux discussions reste un plaisir : petit rappel sur les règles du forum

Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Les Fan-Fictions avortées ou à l’abandon depuis plus de six mois sont disponibles à la lecture dans ce sous-forum.

Retourner vers Les Archives (textes inachevés)

Règles du forum
CHARTE & FAQ des forums SWU • Rappel : les spoilers et rumeurs sur les prochains films et sur les séries sont interdits dans ce forum.

Messagepar Yorkman » Mar 17 Fév 2015 - 17:31   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Alors comment ça avance pas la suite ? :P
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mar 17 Fév 2015 - 17:38   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

On va dire au même rythme que la Tribune Impériale. :D

J'ai pas mal de textes, et une trame définie depuis longtemps, mais ces passages sont assez difficiles à écrire... :wink:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Yorkman » Mar 17 Fév 2015 - 17:50   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Jagen Eripsa a écrit:On va dire au même rythme que la Tribune Impériale. :D

Oh... si grave que ça ? :(
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Ven 20 Fév 2015 - 19:41   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Non, quand même pas. :D

J'ai quelques difficultés à lier les passages entre eux, à rendre l'ensemble plus "vivant" et surtout lisible, mais l'inspiration est là. :cute:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mer 25 Fév 2015 - 23:00   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

La suite !

Chapitre 20
 
« Les conclusions des rapports d’autopsie sont clairs. Les cinq chefs de la Brigade Stellaire dont les fichiers d’identification étaient déjà en notre possession ont été identifiés parmi les cadavres récupérés par nos soins. Malgré l’absence d’un dossier ADN ou d’une quelconque description physique, tout porte à croire que le dénommé Isak Corta est l’un des autres hommes d’équipage. Sur l’un d’eux, absent de notre base de données, nous avons retrouvé une forte somme de liquide qui semble indiquer un membre important. Aussi, faute d’éléments indiquant une quelconque survivance d’une hiérarchie, nous pouvons considérer le dossier « Brigade Stellaire » clos. L’amiral Willspawn dirigera dès demain les opérations de pacification dans ce secteur de la Bordure, jusqu’à nettoyage complet du secteur. »
 
Rapport du colonel Jagen T. Eripsa au Bureau Exécutif de la République.
 
Tayrili, Corellia, cinq cents jours AK.
 
La rosée du matin, en s’ajoutant aux précipitations de la veille, avait transformé les chemins de terre en bourbiers collants et salissants qui n’avaient plus rien d’attirant. Mais Jagen n’aurait manqué pour rien sa promenade quotidienne. Il était sorti dès l’aube, avec des bottes de marche déjà usées et qu’il ne regretterait pas si d’aventure elles se révélaient irrécupérables.
Il profitait de l’air pur, du soleil encore timide qui jouait à cache-cache avec les nuages et d’un calme qui lui faisait du bien, tellement de bien. Il faisait frisquet, aussi portait-il également une veste moltonnée en laine naturelle, ainsi que des gants provenant de sa tenue de service.
Il était seul, et, dans ce genre de moments, cela lui convenait tout à fait. Il pouvait avancer à son rythme, fredonner les airs qui lui passaient par la tête, et surtout vivre sans avoir à se soucier de ceux qui le suivaient. Un agréable changement, par rapport aux mois précédents.
C’était sa quatrième semaine de permission, et il espérait qu’il y en ait d’autres. La Brigade Stellaire était vaincue. Ses chefs, morts. Sa flotte, détruite ou éparpillée. Ses avoirs financiers, saisis. La menace était anéantie, au prix hélas de nombreuses vies.
Il pensait à cela et à bien d’autres choses. Après des mois d’effervescence et de vigilance constante, la paix était l’occasion de faire le point, de réfléchir à tous ces sujets qu’il avait mis de côté… En particulier un, qu’il avait tenté d’oublier sans trop y croire, et auquel il cherchait à présent une solution qui lui semblait hors d’atteinte. Les voies du cœur étaient, hélas, plus compliquées que celles de l’esprit.
Il franchit les portes du domaine peu avant midi, et, comme à chaque fois, prit quelques instants pour contempler l’imposante bâtisse de sa famille. Elle était élégante, d’un style classique sans être ostentatoire, avec une colonnade devant l’entrée et un toit d’ardoises. Ses murs de pierre étaient d’une couleur chair particulièrement chaleureuse qui ressortait dans le paysage verdoyant. L’allée qui partait de la porte principale descendait en droite ligne vers lui et continuait jusqu’au village de Tayrili à un kilomètre de là environ.
C’était là le foyer de sa famille, bien avant que les Eripsa ne contrôlent Bespin, bien avant même qu’ils ne soient cette famille participant aux grandes heures de la galaxie. Le domaine de Tayrili abritait les siens depuis dix mille années standard, soit l’établissement de la Maison sur Corellia. Il était entré dans la lumière lorsque qu’Emess Eripsa, dernière descendante de la lignée, avait épousé le chancelier Vaner Shan.
Les Eripsa auraient alors dû disparaître ; mais c’était sans compter sur la hargne d’ennemis sans pitié, capables de s’en prendre à des innocents. Un attentat avait coûté la vie à Emess et fait disparaître son benjamin Kinan, laissant deux jeunes enfants orphelins et menacés. Bress, l’aîné, avait alors rejoint Corellia et pris le nom d’Eripsa, pour sa propre sécurité.
C’est à peine deux cents ans plus tard que les grandes heures de Tayrili furent écrites, au moment où le Traité de Coruscant et la Guerre Froide volaient en éclat dans un déchaînement de douleur et de fureur. L’Histoire voulait que le fils de l’amiral Heiran Eripsa, Commandant de la Cinquième Flotte, ait falsifié son identité pour prendre les armes. Vilian avait pris pour prénom Tayrili, et choisi le nom d’épouse de sa tante – Astrell.
Les récits restaient assez flous sur son rôle à cette époque. Le piège de Jafan III fut un triomphe, mais resta une étape dans la guerre qui s’abattit alors sur Corellia. Toutefois, on racontait ici que Vilian avait fini par se battre avec son équipe ici-même, qu’il avait tenu et même vaincu l’Empire. Aussi le village de Tayrili conservait-il une certaine réputation bravache, même à l’échelle des Corelliens qui n’étaient pourtant pas les derniers en la matière.
Jagen s’arracha à sa contemplation et remonta l’allée. En approchant, il remarqua un speeder qui n’était pas là le matin même. L’engin était assez long et particulièrement bien dessiné. Un Aurek bleu était apposé sur les portières, entouré d’une étoile jaune et rouge.
Avec un sourire, il monta les portes du parvis et entra.
Un droïde-majordome se précipita immédiatement à sa rencontre, une paire de pantoufles en main. Il resta sur le tapis et attendit qu’il arrive pour lui confier sa veste. Lâchant un soupire de contentement en glissant les pieds dans ses chaussons chauffés, il avança finalement et poussa les portes du salon.
— Heureux de te revoir, Theran !
Son cousin était là, dans une tenue de toile aux couleurs criantes du Conglomérat Astrell. Ses cheveux lisses d’un blond vénitien avaient poussé depuis leur dernière rencontre, et lui arrivaient jusqu’au bas du crâne. Un léger duvet recouvrait sa mâchoire carrée, soulignant le sourire sur ses lèvres. À ses côtés, Palina, la mère de Jagen se retourna également en voyant arriver son fils.
— Moi aussi, Jag, répondit son cousin.
— Tu sais sentir l’odeur du repas ! ajouta Palina
— J’ai une montre dans l’estomac. Papa est là ?
Elle hocha la tête négativement.
— Fordox voulait le voir ce matin, et il n’est toujours pas revenu…
Sa remarque inquiéta le jeune homme. Que pouvait bien vouloir le sénateur corellien à son père, pour le déranger en plein milieu des congés du Sénat ?
— Dommage pour lui, lança Theran. Il va louper un de ces merveilleux pains de viande…
— J’en ai déjà l’eau à la bouche ! répliqua Jagen en suivant son cousin vers la salle à manger.
Le repas fut calme et convivial. Autour d’un pain de viande, les Corelliens aimaient discuter de tout et de rien, des futilités de la vie courante aux grandes questions philosophiques et politiques dont ils se moquaient habituellement. Les Eripsa et les Astrell ne dérogeaient pas à la règle, et il y eut des rires pendant l’entrée, le plat principal et jusqu’au dessert.
Enfin, Palina se leva et, prétextant un monceau de courriers à lire, prit congé d’eux, laissant les deux cousins seuls. Les droïdes commençaient déjà à débarasser la table quand Jagen se leva finalement.
— Généralement, après un tel festin, j’aime faire un tour pour digérer. Tu veux venir ?
— Volontiers, répondit-il en faisant signe à un droïde d’aller chercher sa veste. Tu dois avoir des mollets d’athlète, avec tout ça, non ?
— Je ne saisis pas.
— Tante Palina dit que tu passes ton temps dehors, à marcher, depuis que vous êtes arrivés ici.
Jagen ne répondit pas et sortit. Theran le rejoignit vite, et, ensemble, ils descendirent l’allée jusqu’au portail. Là, ils bifurquèrent sur un petit chemin de cailloux et de terre, qui longeait les clôtures de la propriété jusqu’à s’enfoncer dans les bois.
— Mon itinéraire favori, dit-il simplement.
— Heureusement que ton droïde a réussi à me dénicher des bottes convenables… C’est affreusement boueux !
— Ça fait partie des aléas de la nature.
— C’est ce que je vois…
Ils s’engagèrent pleinement sur le sentier, en silence, profitant du vent qui soufflait en portant la fragance automnale des arbres. Les premières feuilles mortes couvraient le chemin par endroits, rendant la progression plus périlleuse à cause des risques de glissade. Mais Jagen, qui s’y était habitué, ne se plaignait pas, même si son cousin poussait de temps à autre un grognement mécontent.
— Tu sais, Theran, quand j’étais enfant, et jusqu’à récemment, je pensais qu’il n’y avait que quelques sortes de planètes, finit-il par dire pour briser le silence. Les planètes-ville, comme Coruscant, celles habitales, comme Corellia, celles polluées, comme Nal Hutta, et quelques écosystèmes extrêmes de temps à autre… C’est faux. Chaque planète a son côté unique, ses beautés cachées… L’automne corellien est beau, mais ne ressemble pas à celui de Korda, qui a un petit je-ne-sais-quoi de plus imposant, peut-être magique… L’hiver de Galidraan est bien plus froid qu’ici, et si silencieux… Tant que les blasters ne brisent pas le silence…
Son cousin le regarda avec inquiétude.
— Tu es sûr que tout va bien, Jag ?
— Je ne sais pas, répondit-il après quelques secondes. Tu vois, ces marches me permettent de réfléchir, d’essayer de faire le point… Mais ce n’est pas facile. Je viens de passer des mois entiers sur le qui-vive permanent, à redouter une attaque à chaque instant… J’ai combattu dans l’espace et au sol, et mon vaisseau a été abordé… Ce ne sont pas des expériences plaisantes.
— Je veux bien te croire. Mais c’est fini à présent, non ?
— Je l’ignore… Les chefs de la Brigade Stellaire sont morts. Nous avons retrouvé les restes de cinq d’entre eux, et les registres semblent confirmer la présence d’un autre dans le vaisseau que Willspawn a détruit. Leur flotte est en déroute. Nous avons arraisonné la plupart de leurs bâtiments esclavagistes… Libéré des miliers de prisonniers… La bataille de Lok a été un succès total. Pourtant, je n’arrive pas à me faire à l’idée que c’est terminé.
— C’est l’adrénaline qui retombe. Un phénomène courant… Le seul problème, c’est qu’il semble durer chez toi. Tu n’as pas à poursuivre les derniers fuyards, non ?
— Willspawn s’en charge.
— Eh bien, sois tranquille et ne t’en fais pas ! Cet incompétent sera sans doute en mesure de faire le ménage, et, même s’il n’y parvient pas, la situation n’empirera pas parce que tu prends deux ou trois mois de repos pour te vider la tête.
— J’en suis déjà à trois semaines… Et j’ai confiance en Willspawn pour faire le travail. Le problème n’est pas là.
— Voyez-vous cela.
— Si, je t’assure ! Aiden et tout le clan du Chancelier m’ont mis en garde contre lui, mais il n’a pas été si mauvais, finalement… Ou il a su réagir lorsqu’il a récupéré le commandement. Je pense que leurs différents sont avant tout politiques… Des visions opposées de ce que notre rôle doit être. Et je ne sais plus trop qui croire… Non, le véritable problème, Theran, c’est de reprendre une vie normale après tout ça. Tant de morts… Tant de spectacles atroces… Tu parlais d’adrénaline, et ça a sans doute un rapport. Quand on est dans le vif du combat, ça ne compte pas, il faut survivre et c’est tout… Mais après… Quand on a le temps de revenir sur… Tout ça… On sent que plus rien n’est comme avant. On ne peut pas chasser les images de son esprit…
— Alors, tu devrais te changer les idées ! Bouger, jouer, regarder des holoséries débiles… Tous ces trucs qui vident le cerveau, quoi.
— Plus facile à dire qu’à faire ! répondit Jagen avec un petit rire sans joie.
Theran l’observa longuement, puis un petit sourire se forma sur ses lèvres.
— Comment s’appelle-t-elle ?
La question prit le jeune Eripsa au dépourvu. Il se sentit rougir, et se força à trouver une échappatoire.
— Tu dérailles, Theran ! Je te parle de guerre, et…
— … Et tu parles en fait d’une fille. Je veux bien croire que les batailles t’ont traumatisé, mais s’il n’y avait que ça, tu chercherais vraiment à te changer les idées. C’est donc qu’il y a quelque chose là-dedans que tu ne veux pas oublier.
— Tu es complètement…
— C’est la blonde dont m’a parlé Tante Palina ?
— Je… Non !
— Tant mieux, dans ce cas, parce qu’elle n’avait pas l’air de beaucoup l’aimer.
— Ça n’a rien donné avec Syal. Il n’y avait rien de... Aucun sentiment, rien.
— Tu sais, parfois, une relation seulement physique fait du bien…
— Theran…
— J’dis ça, j’dis rien… Je regrette seulement que tu ne me l’aies pas présentée. C’est une militaire, cette Syal, si j’ai bien suivi ?
— Ma lieutenante en communications.
— Diantre ! Une lieutenante ! J’adore les filles en uniforme, surtout si elles ont l’arme qui va avec !
— Tu es désespérant…
— Et toi désespéré, si tu n’esquisses même pas un sourire à mes blagues nulles. Maintenant, parle franchement.
Ils venaient d’arriver au bord d’un large étang dont le sentier suivait la berge sur une certaine distance. La clarté y était plus élevée que dans la forêt, mais le ciel grisonnait déjà, chargé de nuages bas.
— D’accord. Elle s’appelle Vanya, et c’est mon officer de sécurité. Tu es content ?
— Blonde ou brune ?
— Brune.
— Peut-être teinte…
— Ce n’est pas son genre.
— Vraiment ?
— C’est une mandalorienne. Pas le type de fille à se faire une permanente.
— Houlà, effectivement… Diantre, cousin, une guerrière ! Tu préfères que quelqu’un d’autre porte la culotte, c’est ça ?
— Je ne répondrai même pas.
— Et tu as bien raison. Quel est le problème ?
— Elle ne m’aime pas.
— Oh, effectivement, c’est mal parti… Alors, réfléchissons… Comment ne pourrait-elle pas aimer le fringant colonel Jagen Tarsus Eripsa, jeune officier modèle et richissime, conseiller du Chancelier Kalpana sur les affaires militaires, second de l’amiral Willspawn à la tête de la Flotte de la République ? Franchement, j’ai du mal à voir !
— Merci de me remonter le moral…
— Ce que je veux dire, Jag, c’est que tu te coupes trop du monde. Tu es là, sur ton piédestal, innaccessible. Du coup, tu fais face à trois comportements : les adoratrices, les méprisantes et les désespérées.
— Ben voyons…
— Regarde mon exemple ; j’ai recruté une nouvelle secrétaire pour mon agence sur Coruscant le mois dernier. En trois jours, la petite était raide dingue de moi… C’en devenait même embarrassant. Je lui ai proposé quelques rencontres pour mieux se connaître, et depuis, tout va mieux !
— Elle sort avec toi ?
— Non, elle m’adresse à peine la parole. Et elle travaille enfin sans se laisser déconcentrer.
Le jeune colonel laissa échapper un bruyant sourire.
— Je commence à croire que ton cas est vraiment irrécupérable.
— C’est parce que tu me connais. D’ailleurs, laisse-moi terminer mon histoire ! La morale dans tout ça, c’est que le seul moyen pour vraiment avancer dans une relation, c’est de connaître l’autre.
— Ça fait bientôt un an qu’on se voit presque tous les jours.
— Et je parie que la plupart des rapports se limitent à « Bonjour Lieutenant, au revoir Colonel »… Comment est ton rival ?
— Qui t’a dit…
— Si tu es si sûr qu’elle ne t’aime pas, c’est parce qu’elle voit quelqu’un d’autre. Logique imparable.
— Tu as reçu une formation d’enquêteur CorSec ?
— Non, seulement d’investisseur. Alors ?
— Le capitaine de mes troupes au sol.
— Ah. Genre gros muscles et cervelle de moineau ?
— Je préférerais presque… Non, Salussa est un type intelligent, un bon meneur d’hommes. Et son humour a l’air de plaire à Vanya…
— Je ne comprends pas. Après toutes ces années passées avec moi, tu n’as toujours pas réussi à acquérir le don des blagues ?
— Je me demande pourquoi, répondit sarcastiquement Jagen.
De retour au cœur de la forêt, ils grimpaient à présent le chemin sineux menant au sommet d’une des nombreuses collines qui jallonaient les environs.
— Theran… J’apprécie ta volonté d’aider – plus que l’aide elle-même, d’ailleurs – mais j’aimerais parler d’autre chose. Je doute que tu sois venu jusqu’ici pour jouer les conseillers matrimoniaux.
Son cousin eut un sourire en coin.
— Si le sujet te dérange… Eh bien, tu as raison. Tu te souviens des nouvelles que je t’ai apportées sur Korda ?
— Comment aurais-je pu les oublier ?
Theran lui avait appris à l’époque que ses hommes avaient peut-être localisé l’Endar Spire, un antique croiseur de classe Hammerhead qui avait joué un rôle déterminant dans l’histoire galactique. En convoyant Bastila Shan et Revan de la Bordure au Noyau, , poursuivi par la flotte Sith, il avait provoqué le bombardement orbital de Taris et, plus tard, la résolution de la Guerre Civile des Jedi. Mais ce n’était pas cette phase « familiale » qui intéressait le jeune colonel.
— Alors, il était toujours là ?
— Exactement à l’emplacement prévu. On a eu pas mal de difficultés pour y accéder – un nid de rakghoules de-ci de-là, quelques zones particulièrement instables – mais une de mes équipes a confirmé l’identité du vaisseau écrasé. Il se tient plutôt bien, pour ses quatre mille ans.
— Rendili Hyperworks a toujours fait du bon travail.
— Je suis bien d’accord… J’envisage d’installer un parc autour de l’épave, et d’en faire un musée historique de Taris. Chouette idée, non ?
— Et l’ordinateur de bord ?
La mine de Theran s’assombrit soudainement.
— Là, je n’ai pas pu faire de miracles… Désolé, Jagen, mais il n’en reste rien. Plus une seule donnée numérique, même pas de sauvegarde matérielle… S’il y a eu quelque chose, c’est perdu ou pillé depuis longtemps.
— Encore un espoir de perdu… maugréa-t-il.
— C’est quand même étrange, quand on y repense. Pourquoi la technologie a-t-elle été perdue ?
Sans arrêter de marcher, le colonel rassembla ses pensées pour formuler une réponse exacte sans être trop détaillée.
— Le bureau d’études corellien de Republic Sienar System a découvert le puits de gravité par hasard, vers la fin des Guerres Mandaloriennes, en cherchant une contre-mesure physique aux missiles. À la demande de l’amiral Veltraa, le prototype fut installé sur un croiseur d’un nouveau type… Mais la production ne fut pas lancée avant la bataille de Malachor V. Puis, comme les besoins de construction prenaient le pas sur la guerre, le projet a été mis en sommeil.
— Laisse-moi deviner… Revan ?
— Il s’est tenu informé du nouveau projet dès le début, confirma Jagen. Lors de son retour, il a infiltré le chantier naval du prototype de Croiseur Stellaire Interdictor, le Léviathan… Il s’est emparé du navire, mais pas sans tuer les ingénieurs et détruire toutes les copies du puits gravitationnel. Après cela, il utilisa la Forge Stellaire pour dupliquer le Léviathan… Et constituer une flotte.
— Tu pensais vraiment que l’Endar Spire contiendrait ces plans ?
— Non. Mais des données sur les puits de gravité en fonctionnement, peut-être. Une piste pour réitérer l’exploit… Les mines gravitationnelles actuelles sont d’une nullité absolue par rapport à un bijou de ce genre.
— Nous pourrions peut-être trouver un Interdictor…
Un petit rire nerveux secoua Jagen.
— Les derniers ont été détruits lors de la campagne de Ruusan, il y a près de mille ans ! Et déjà à l’époque, les puits de gravité n’étaient plus fonctionnels.
— Il n’en reste vraiment aucun ?
Le colonel eut un petit geste évasif.
— Peut-être un, si, et justement celui qui contient les plans. Mais je n’ai pas envie de le trouver. C’est un navire maudit… Un destructeur de mondes. 
Voyant que son cousin n’avait pas envie d’en dire plus, Theran se hâta de changer de sujet.
Ils parlèrent, durant le reste de la promenade, de choses et d’autres. Le jeune Astrell se lança tour à tour dans d’épiques récits concernant ses opérations de reconstruction de Taris et dans des histoires plus personnelles mais tout aussi intéressantes. Jagen, qui ne pouvait pas rivaliser sur ce point, répliqua en parlant de ses combats des mois précédents, puis la discussion dériva sur les ragots familiaux et tous ces sujets que les deux cousins évoquaient librement.
Le crépuscule approchait de Tayrili quand les deux hommes regagnèrent le domaine. Une averse passagère les avait trempés jusqu’aux os, aussi est-ce avec célérité qu’ils remontèrent la longue allée que Jagen avait tant l’habitude d’arpenter. Ils gravirent les marches du parvis et entrèrent.
Les droïdes se précipitèrent vers eux pour récupérer leurs habits qui, à plus d’un sens, feraient tâche dans le décor du manoir. Après l’humidité qui s’était abattue sur eux, Jagen pouvait savourer le confort de sa maison de famille ; la chaleur parfaitement régulée qui se dégageait des nombreux âtres, la lumière doucement tamisée, le moniteur du salon branché sur les chaînes d’information que sa mère gardait en permanence allumé pour suivre les cours des bourses du Noyau…
Son regard s’arrêta alors sur ce qui s’affichait à l’écran. Après trois semaines ici, à passer tout son temps à l’intérieur du manoir dans le salon, il reconnaissait sans peine la charte graphique d’Holonet Business Édition. Et ce qu’il voyait n’y correspondait pas du tout. L’homme qui occupait l’antenne n’était pas un présentateur ; pourtant, avec ses cheveux d’un blond doré et son sourire malicieux, il évoqua un lointain souvenir dans l’esprit de Jagen.
Et, soudain, les pièces se mirent en place.
— Montez le son, ordonna-t-il aux capteurs sonores tout en avançant vers le salon.
— Maître, vous allez tâcher le sol ! protesta le droïde-majordome.
Il lui fit un signe de la main pour lui ordonner de taire, vaguement conscient que Theran le suivait également.
— …dumment protéger la Bordure, disait l’homme. Mais l’a-t-elle fait ? A-t-elle répondu aux espoirs placés en elle ? Non, et encore non ! Elle s’est gorgée de richesses, à travers les pantins que sont les guildes marchandes telles que la Fédération du Commerce. Le Noyau vit dans l’opulence, Coruscant rayonne de mille feux, mais vous, mes amis, vous souffrez et trimez en silence. Demain, dans un mois, dans un an peut-être, ces mastodontes contrôleront la République ou y mettront terme, car ils n’auront plus besoin d’elle pour exister. Mais aujourd’hui, une nouvelle opportunité s’offre à vous. Une opportunité honorable. Rejoignez-moi. Rejoignez mon Cartel, et ensemble, luttons contre l’impérialisme républicain. Luttons contre les corporations commerciales et leurs pratiques esclavagistes. Luttons pour avoir le droit de décider qui nous sommes, et ce que nous ferons, sans que des bureaucrates de Coruscant nous ordonnent de suivre leurs ordres ! Cette souveraineté, nous pouvons l’acquérir. Ensemble. Mon nom est Iaco Stark, et mes hommes et moi sommes prêts à vous défendre. Si c’est également votre but, rejoignez-nous dès maintenant.
 L’image disparut un court instant, puis les plateaux d’HBE réapparurent aussi vite que l’image de Stark s’était envolée. Les présentateurs étaient visiblement confus.
— Veuillez accepter nos excuses pour cet incident indépendant de notre volonté. Il semblerait qu’un pir…
Jagen ferma l’écran, mais ses yeux le fixaient encore une fois le fondu noir devenu intégral. Ils regardaient loin, bien plus loin que le manoir des Eripsa, au-delà même de Corellia ou du Noyau.
Enfin, il comprenait.
— Jag… souffla Theran. C’est bien ce que je pense ?
Le colonel acquiesça lentement, douleureusement.
— Oui, répondit-il doucement. La Bordure se soulève. 
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Yorkman » Jeu 26 Fév 2015 - 17:46   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Chapitre sympa. :)

J'aime bien le cousin de Jagen, et le mystère qui entoure l'Endar Spire prend du volume. Je ne serai pas surpris si cette histoire de puits à gravité soit au cœur du dénouement de l'intrigue, ou du moins soit un enjeu important des tomes suivants.
J'aime beaucoup ta façon d'utiliser les personnages secondaires, même si j'ai parfois l'impression que les amis de Jagen se ressemblent un peu tous.

Du reste l'histoire n'avance pas des masses, si ce n'est le cliffhanger de fin qui nous dirige droit vers une nouvelle Guerre de l'Hyperespace. Conséquence de la chute de la Brigade Stellaire ? Ou bien celle-ci est-elle moins morte qu'on pourrait le croire ? Qu'arrivera-t-il à Willspawn, a-t-il quelque chose à voir avec ce "soulèvement" ? (Jagen va-t-il faire crac crac avec Vanya ou avec Syal ? :transpire: )
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 26 Fév 2015 - 21:34   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Merci pour la lecture et le comm'. :jap:

Yorkman a écrit:J'aime bien le cousin de Jagen, et le mystère qui entoure l'Endar Spire prend du volume. Je ne serai pas surpris si cette histoire de puits à gravité soit au cœur du dénouement de l'intrigue, ou du moins soit un enjeu important des tomes suivants.


Pourquoi pas... :sournois:

J'aime beaucoup ta façon d'utiliser les personnages secondaires, même si j'ai parfois l'impression que les amis de Jagen se ressemblent un peu tous.


C'est vrai qu'il s'agit d'un tort que je reconnais aisément. Ils ont sensiblement tous le même profil... Des jeunes déconneurs. :D
Pour nuancer ça, on a d'un côté les déconneurs à la façon de Theran ou d'Ait, et ceux plus sérieux comme Jaim... ^^

Du reste l'histoire n'avance pas des masses, si ce n'est le cliffhanger de fin qui nous dirige droit vers une nouvelle Guerre de l'Hyperespace. Conséquence de la chute de la Brigade Stellaire ? Ou bien celle-ci est-elle moins morte qu'on pourrait le croire ? Qu'arrivera-t-il à Willspawn, a-t-il quelque chose à voir avec ce "soulèvement" ? (Jagen va-t-il faire crac crac avec Vanya ou avec Syal ? :transpire: )


Un certain nombre de réponses vont arriver dans le prochain chapitre... :sournois:

Et j'espère le livrer la semaine prochaine ! :cute:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 12 Mar 2015 - 18:01   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Et voilà, un chapitre assez bavard, mais bon, il faut bien passer par là de temps en temps ! :cute:

Chapitre 21
 
« Dernière minute – On nous signale le détournement de la circulation dans le Quadrant 4927, qui semble hors d’accès pour toutes les personnes non-autorisées. Le cabinet du Chancelier a confirmé les rumeurs indiquant qu’une prise d’otages était en cours au Musée de l’Exploration Galactique, mais s’est refusé à tout commentaire. Plus d’informations dans nos éditions à venir. »
 
Bulletin d’informations de Coruscant & Core Network.
 
Sénat Galactique, cinq cent dix jours AK.
 
La rampe de la navette atmosphérique s’abaissa lentement, trop au goût de Jagen qui n’attendit pas qu’elle soit totalement déployée pour l’emprunter. Il sauta légèrement l’espace restant pour atterrir sur le sol de la plateforme du Sénat. La vue d’un capitaine légèrement enveloppé s’approchant du vaisseau le calma un peu, mais son pouls battait toujours bien plus vite que d’habitude.
— Ait n’est pas là ? demanda-t-il d’emblée.
— Bonjour à toi aussi, Jag ! Il est en pleine intervention dans le secteur Corbantis, répondit Helaw en arrivant à la hauteur de son ami, qui lui marmonna des salutations en retour. Mais ne t’inquiète pas, il a rendu ses devoirs. Bonjour, Sénateur, salua-t-il en voyant le nouvel arrivant.
— Bonjour, Capitaine, répondit l’homme qui descendait la rampe. Colonel, vous vous rendez aussi à la convocation du Chancelier, j’imagine ?
— Dès que possible, assura Jagen. Mais j’ai déjà un point à faire avec le capitaine Helaw.
— Très bien. J’en profiterai pour faire un premier compte-rendu sur les récents évènements.
— Comme vous voulez.
Jagen regarda Palpatine s’éloigner vers le hall monumental qui reliait la plateforme aux couloirs entourant la Rotonde du Sénat, sans parvenir à déterminer s’il appréciait ou abhorrait l’homme qu’il suivait des yeux.
— Les récents évènements, hein ? répéta Jaim. Eh bien, ta journée a dû être plus intéressante que la mienne…
— Si tu savais… soupira le colonel. Tout est précipité, un vrai chaos. Je suis rentré depuis vingt-quatre heures, et j’ai déjà eu deux interventions sur le dos. Les gars des FSC sont débordés.
— Des insurrections ?
— Dans les bas-quartiers, en effet. J’ai envoyé mes hommes pour sécuriser une zone du niveau neuf cent vingt, ça a été un sacré bazar. Et, comme si ça ne suffisait pas, on a été appelés pour une prise d’otages au musée de l’Exploration Galactique.
— Des morts ?
— Aucun, heureusement. Le terroriste voulait négocier avec le Chancelier lui-même, mais Palpatine s’est porté volontaire. Nous sommes allés le distraire le temps que Salussa évacue les civils… Malheureusement, il a compris ce qui se passait. Il ne reste pas grand-chose de cette aile du musée…
— Des destructions ?
— Tout le département Cartographie. Rien d’irremplaçable, mais le bâtiment sera fermé pendant quelques temps.
— Bref, tu n’as que des mauvaises nouvelles ?
— Et toi, que des questions ?
— Non, j’ai aussi des réponses.
Il tendit à Jagen son datapad. Le colonel l’attrapa, et regarda les données qui s’affichaient sur l’écran, l’inquiétude s’ancrant plus sur son visage à chaque seconde.
— Tu es sûr de… Tout ?
— Absolument certain. J’ai vérifié chacun des chiffres, j’ai fait appel aux meilleurs droïdes analystes… Tout est vrai, d’un point à l’autre du rapport. Ait est même retourné sur place faire des prélévements complémentaires. Non, vraiment, tout… J’en suis le premier désolé, tu peux me croire.
— Et moi donc.
Il n’arrivait pas à détacher son regard du datapad, faisant défiler d’un glissement de doigts les pages virtuelles, les unes après les autres, pâlissant à vue d’œil à chaque nouvelle ligne. Tout est à refaire…
— Viens avec moi, ordonna-t-il à Jaim en lui rendant son bloc de données.
— Où donc ? demanda le capitaine, surpris.
— À la convocation du Chancelier.
Conscient qu’il valait peut-être mieux ne pas discuter, Jaim suivit son ami vers l’intérieur du bâtiment.
D’ordinaire, la vue plongeante sur l’environnement coruscanti depuis les plateformes d’atterrissage, les couloirs richement décorés du Sénat et l’apparat majestueux que constituaient les gardes de la Chancellerie dans leurs uniformes d’un bleu royal plongeaient Jagen dans une sorte d’état second, où il prenait pleinement conscience de l’importance de sa tâche, de la puissance qu’accompagnait sa fonction. Aujourd’hui, pourtant, cela ne faisait qu’assombrir son humeur. Il ne voyait plus qu’une fragilité dérangeante, exarcerbée, qu’il aurait du mal à protéger face à un ennemi aussi rusé.
Ils arrivèrent finalement dans l’antichambre située au cœur de la Chancellerie. Bien que modeste en taille, l’endroit n’avait rien à envier en aura aux grandes salles d’un antique palais. Un givin, en uniforme des FAR, attendait près du bureau où siégeait le secrétaire de Kalpana. L’air nerveux, il jetait de petits coups d’œil dans toutes les directions ; sa tension sembla monter d’un cran quand Jagen approcha de lui.
— Bonjour, Colonel, dit-il en se raidissant.
— Bonjour, Galieet, répondit Jagen en lui tendant une main qu’il s’empressa de serrer.
— J’ai tout ce qu’il vous fallait…
— Je m’en doute. Allons-y.
Il fit un signe au secrétaire, qui enclencha sans attendre le mécanisme d’ouverture d’une des portes encastrées dans les murs de l’antichambre.
Les tons métalliques de la pièce qu’il apercevait au-delà tranchaient nettement avec le luxe ostentatoire du reste du Sénat. C’était une pièce de travail, et elle convenait parfaitement à la situation présente.
Prenant une inspiration, Jagen franchit la porte encadrée par deux gardes sénatoriaux.
Au cours de l’année écoulée, le chancelier Kalpana avait réformé le Conseil de Sécurité Républicain pour lui donner davantage de pouvoirs. Le chef d’État n’avait que peu d’influence dans le Conseil de Sécurité ; il en était l’un des membres consultatifs, au même titre que le Commandeur Suprême, en l’occurrence l’amiral Willspawn. Le pouvoir était essentiellement entre les mains des neufs membres, élus parmi leurs pairs, qui représentaient les grands secteurs républicains.
La Bordure Extérieure était représentée par trois non-humains. Le premier était le sénateur de Bothawui, Lak Tram’lar,  dont la fourrure châtain se teintait de gris. Ses collègues étaient une quermienne, Gal Galna, et le représentant  de Kashyyyk, le sénateur Yarua, assisté d’un droïde de protocole. Jagen jaugea du regard les trois politiciens ; ils étaient les premiers concernés par le sujet du jour.
Trois autres sénateurs représentaient la Bordure Médiane. Aks Moe, du Conglomérat Gran, était généralement considéré comme le plus influant, mais Jagen estimait que ce rôle revenait au délégué du secteur Chommell, Palpatine. Le troisième, Tendau Bendon, était un ithorien, représentant du secteur Ottega et soutien inconditionnel des politiques pacifistes du Sénat.
Enfin, le Noyau reposait entre les mains du sénateur du secteur Lytton, Finis Valorum, celles du représentant du secteur Aldérande, Bail Antilles, et celles de la skakoanne Gles Androm, qui portait une combinaison ample lui permettant de survivre en l’absence de méthane.
Les humains représentaient donc un tiers de ce conseil, mais l’effort d’ouverture pratiqué par le chancelier Kalpana pour limiter leur pouvoir avait été néanmoins salué. Les seuls représentants admis ici étaient tous réputés pour leurs compétences, politiques, diplomatiques… Mais, hélas – en tout cas, aux yeux de Jagen –, pas militaires.
À ces membres réguliers s’ajoutaient évidemment le chancelier, l’amiral Willspawn ainsi qu’un autre wookiee, que Jagen n’avait jamais rencontré, mais qu’il reconnut au sabre-laser à sa ceinture. C’était le maître Tyvokka, un membre du Conseil Jedi, parmi les plus respectés, et le kel dor à ses côtés devait être son apprenti.
Et c’est au milieu de cette arène que venaient d’entrer trois jeunes officiers dans la vingtaine, porteurs de nouvelles si mauvaises qu’elles ébranleraient la République toute entière…
En voyant entrer Jagen, Kalpana lui fit signe de s’asseoir à sa droite, mais le colonel s’excusa d’un geste et désigna la place en face, d’où il pourrait présenter ses informations. Le chancelier sembla comprendre et l’approuva d’un léger hochement de tête.
— Nous vous écoutons.
— Merci, Excellence. Je crois que personne n’a besoin de revoir le message envoyé sur toutes les fréquences la semaine dernière….
— Nous préférerions savoir comment nos si brillants services de Renseignements se sont fait berner par un bête anagramme, lança Trem’lar d’une voix acerbe.
— Évidemment, Sénateur… admit Jagen en baissant la tête.
— Il est inutile de s’en prendre à lui, Lak, intervint Willspawn. Les Bothans ne sont-ils pas les meilleurs espions de la galaxie ? Pourtant, vous non plus n’avez pas démasqué le traître.
Jagen regarda son supérieur, surpris. Il ne s’attendait pas à le voir prendre sa défense si vite… Mais Willspawn savait, tout comme lui, dans quel danger ils étaient désormais.
— Je vais tout de même faire un point, pour ceux qui n’auraient pas suivi. Il apparaît désormais clair qu’Isak Corta, le neuvième et dernier chef de la Brigade Stellaire, n’est autre que Iaco Stark. Comme l’a souligné le sénateur Tram’lar, son pseudonyme était l’anagramme de son nom véritable, ce qui nous met dans une position désagréable. 
— Stark n’a jamais été soupçonné ? demanda Yarua par l’intermédiaire de son droïde traducteur.
— Non. Théoriquement, les droïdes analystes des Renseignements sont capables de repérer les similitudes entre deux noms, les proximités de construction, de phonétique… Galieet ?
Le capitaine givin s’éclaircit la voix et prit la parole.
— Le problème vient du fait que Corta ou Stark sont des noms extrêmement courants. Rien que sur Coruscant, nous avons comptabilisé douze mille deux cents soixante-trois « Isak Corta », la plupart humains, mais aussi quelques duros et même un twi’lek. J’ai comparé notre évaluation récente du profil psychologique établi sur Stark à celui de ces gens ; il fait partie du tiers le plus respectable… Si l’on omet, bien sûr, les horreurs commises par la Brigade Stellaire, soit plus de cent mille morts référencés entre les civils, les milices et nos propres forces.
— Ces chiffres sont effrayants, commenta Kalpana.
— Je suis d’accord, Excellence. Et si mes projections sont exactes, ils ne sont qu’un début ; les probabilités pour que ce qui nous attend soit pire sont extrêmement élevées.
Le Chancelier acquiesça distraitement, puis regarda à nouveau Jagen qui vérifiait une dernière fois ses données.
— À présent que nous connaissons l’identité de Stark, nous devrions avoir une meilleure compréhension de notre adversaire, non ?
— Rien n’est moins sûr, répondit Eripsa en soupirant. Le dossier de Stark a disparu.
— J’ai du mal à comprendre, Colonel, fit savoir Gal Galan en penchant son long cou en direction de lui.
— Immédiatement après le piratage de l’Holonet – celui qui a conduit à la diffusion du message sur toutes les fréquences, nous avons tenté de récupérer le maximum d’informations sur Stark, afin de procéder au plus vite à son arrestation, tant que cela était encore possible. Malheureusement, le seul fichier encore disponible dans son dossier était une copie de son discours… Une copie qu’il a lui-même introduit. Le capitaine Helaw pourra vous en dire plus, finit-il en désignant son ami.
— Effectivement. D’après nos experts informatiques, Stark a appliqué une nouvelle méthode, inédite jusque lors, dérivée de celle de l’équidé tionese. Habituellement, il s’agit de faire entrer un virus dans un système informatique par le biais d’un fichier apparemment sain. Ici, Stark s’est servi du piratage visible du réseau Holonet pour masquer le piratage invisible de nos serveurs militaires via ce même réseau, ce qui lui a permis d’effacer le contenu de son dossier sans le moindre problème.
— Quel est son intérêt à le faire ? demanda Antilles, les bras croisés et une expression dubitative sur le visage. Aurait-il quelque chose à cacher ?
— C’est une hypothèse, admit Jaim. En effaçant sa biographie, il nous cache toute une liste de collègues, d’amis ou même une famille qui pourrait compter quelques-uns de ses alliés – ce qui permettrait, pour nous, de l’atteindre plus facilement. On ignore aussi son parcours, ce qui est plus dangereux encore. Les planètes qu’il connaît, celles sur lesquelles il s’est battu… Grâce à nos enquêteurs, nous avons retrouvé la trace de son passage par l’Académie de Carida, mais pas sa planète d’origine. Ses amis le décrivent comme un garçon à part, brillant mais plutôt solitaire, avec de rares amis et une conduite sobre et discrète.
Jagen sentit sa gorge se serrer en entendant cette description. Avec leurs ressemblances, en d’autres circonstances, Stark et lui auraient pu être les meilleurs amis du monde…
— Heureusement, nous disposons de quelques pistes que nous comptons exploiter, poursuivit Helaw. D’abord, ses enregistrements : la dernière vidéo, mais aussi les archives publiques de Cademimu – Jagen, enfin, le colonel Eripsa, va vous expliquer pourquoi ils sont plus que ravis de collaborer avec nous – ainsi que quelques documents amateurs. Nous pensons les confier à des interprètes gestuels lorrdiens, qui pourraient ainsi déterminer sa planète d’origine ou son parcours avec une relative fiabilité.
— Mais sans assurance de succès, comprit Antilles.
— Non.
— Mais nous devons tout de même exploiter cette piste, reprit Jagen. Tout ce que nous pourrons faire pour comprendre Stark sera un grand pas en avant, un pas qui nous permettra de ne plus être pris au dépourvu face à lui.
— Merci, Colonel, conclut Kalpana. Passons à présent à l’analyse du risque que son Cartel Commercial et lui représentent. Vous voulliez peut-être commencer ?
— Je préférerais le faire, intervint Willspawn. J’ai également reçu le rapport du capitaine Helaw, et d’autres informations qui vous ont échappé…
— Vous êtes l’amiral, approuva Jagen avec un signe de tête. Allez-y, je vous en prie.
Willspawn se leva de son siège et fit le tour de la table avec une certaine assurance, pour venir prendre la place qui lui cédait Jagen. Celui-ci en profita pour regarder de près son supérieur. Vêtu d’une veste grise très règlementaire, à la coupe droite et sans le moindre pli, ce n’était plus clairement plus le même homme que celui qui avait remplacé Aiden près de deux ans plus tôt. Il était cerné, les traits tirés, mais ce n’était sans doute plus lié à ses addictions passées ; la situation présente ne laissait guère d’occasions de se reposer, et le colonel sentait lui-même le manque de sommeil le tirailler.
— Le danger que représente Stark est multiple, commença Willspawn. Ce n’est pas un vulgaire pirate comme nous avons l’habitude d’en affronter. Non, Stark est bien plus rusé. Je pense que toute l’affaire de Cademimu, réglée par le colonel Eripsa ici présent, a été orchestrée de bout en bout par Stark lui-même. À l’époque, l’assassinat du gouverneur Carpj semblait être un dommage collatéral… Mais notre adversaire avait sans doute tout prévu. Suite à ce meurtre, il a accédé au poste de gouverneur suppléant. Trois jours avant son piratage de l’Holonet, il a indiqué à ses assistants qu’il prenait quelques jours de repos… Après la diffusion du message, ils ont compris la supercherie, pour découvrir finalement que Stark a vidé les réserves d’armement de la planète pour son bénéfice personnel. Et celles de Cademimu étaient les plus importantes de la Bordure Extérieure.
Plusieurs conseillers échangèrent des regards entendus. La puissance de l’arsenal cademimien était reconnue de longue date.
— Stark a sans doute planifié son opération depuis de nombreuses années. Grâce aux dépositions de Fierruj, le seul de ses collègues encore vivant, nous savons que les premiers contacts entre lui et la Brigade Stellaire datent de sept ans, c’est-à-dire à l’époque où il se trouvait encore à l’Académie de Carida. C’est manifestement un plan conçu de grande date… Je pense toutefois que la disparition de la flotte Katana n’est pas l’œuvre de Stark. Par contre, la constitution de la Brigade Stellaire est de son fait ; c’est sous son aile que les anciens membres d’équipage du Blood Angel ont commencé à regrouper la vermine et tous les marginaux de la Bordure.
— Peut-on penser que la bataille de Lok a été un coup d’arrêt à sa stratégie ? demanda Valorum. Peut-être a-t-il été obligé de changer de plan, non ?
— Hélas, non. En fait, la bataille de Lok a offert à Stark ce dont il avait besoin pour lancer cette nouvelle phase…
— J’ai peur de comprendre, le coupa Trem’lar. Vous dites qu’en détruisant sa flotte, nous avons servi les objectifs de Stark ?
— Oui. Colonel ?
— Merci, Amiral. Lors de la bataille, j’ai remarqué que la flotte de la Brigade Stellaire comportait une forte avant-garde zygerrienne, dont nous n’avions pas pu expliquer la présence. Les Zygerriens sont un peuple d’esclavagistes, parmi les premiers fournisseurs de l’espace Hutt, et en théorie la Brigade Stellaire était son principal concurrent. Après enquête, nous avons découvert que les vaisseaux zygerriens escortaient des émissaires en vue de négocier une alliance.
— Dans ce cas, pourquoi Stark aurait-il souhaité leur destruction ?
— L’image, c’est le plus important chez Stark. L’image. Son discours est d’une mise en scène remarquable, digne d’un professionnel. Il sait utiliser son image à son avantage. Le Cartel Commercial se prétend opposé aux grands consortiums mercantiles, mais également contre tout ce qui oppresse la Bordure. Donc, contre les esclavagistes… La Brigade Stellaire regroupait à la fois des contrebandiers, des pirates et des esclavagistes. Les troisièmes ont payé la plus grande part du tribut de la bataille de Lok. Les autres, théoriquement moins dangereux, se sont retrouvés sans attaches… De plus, nous avons affaibli Zygerria, qui a été ensuite la cible d’une attaque du Cartel Commercial, lequel s’est emparé de nombreux vaisseaux armés mal défendus.
Il posa son regard sur le chancelier, mal à l’aise.
— En somme, en détruisant la Brigade, nous avons donné à Stark les moyens de construire son Cartel.
Le plan était le sien. Il avait mis au point la stratégie… Et pourtant, il n’était qu’un pion sur l’échiquier de Stark, un élément de son plan.
— C’est donc à vous qu’on doit ce désastre ? conclut hâtivement le bothan.
— Le colonel Eripsa est irréprochable sur ce point, contra Willspawn avec sévérité. Nous sommes tous les dupes de Stark, dans cette affaire.
— La question des responsabilités passées ne se pose pas, dit Kalpana. Je préfère que nous discutions du présent et du futur. Colonel, quelles forces affrontons-nous ?
— Nous n’avons pas de chiffres précis. On peut estimer qu’un tiers environ des forces de la Brigade Stellaire suit toujours les ordres de Stark ainsi que de nombreux contrebandiers et pirates neutres jusque lors. Principalement des modérés. Nous nous attendons également à ce que quelques forces planétaires les rejoignent.
— Mais dans l’ensemble, il serait moins puissant que la Brigade Stellaire ?
— Sur un plan strictement militaire, oui. Mais ne négligeons pas l’image.
— Vous voulez dire qu’il est plus difficilement attaquable, avec sa position respectable ? demanda Gles Androm avec une voix métallique.
— Exactement, Sénatrice, répondit Helaw avec l’accord de Jagen. Stark se prononce contre les guildes marchandes. L’attaquer, ce serait les soutenir, y compris dans des politiques allant clairement à l’encontre de nos principes. Pourtant, ne pas l’attaquer reviendrait à approuver ses actions…
— Nous sommes donc dans une impasse, résuma Antilles.
— Exactement.
— En attaquant immédiatement, nous pourrions limiter les dégâts, suggéra Aks Moe. Nous pourrions même frapper un grand coup, en demandant au sénateur Tarkin de se joindre à vous.
Jagen grimaça. Tarkin avait constitué depuis peu ce qu’il nommait la « Force de Sécurité des Confins Ouest », une milice surarmée destinée à protéger les convois de ravitaillement et de passagers dans sa région de la Bordure Extérieure. Le chef des Militaristes était lui aussi considéré comme un héros par une partie de la population excentrée de la République ; opposer les deux et les laisser s’autodétruire avait un attrait non négligeable pour les officiers des FAR, blessés dans leur amour-propre par cette force rivale.
— Tarkin n’a rien d’un militaire, contra Antilles. Lui et ses Militaristes…
— Merci, Bail, le coupa Kalpana. Amiral, Colonel, vous préconisez donc tous deux une solution diplomatique ?
— Dans la mesure du possible, approuva Willspawn.
— C’est la seule solution valable, jusqu’à ce que Stark fasse une erreur, renchérit Jagen. Pourtant, rien ne me ferait plus plaisir que de coller une rafale entre ses deux yeux.
— Qui s’y oppose ?
Aks Moe leva immédiatement la main. Après quelques instants d’hésitation, il fut suivi par Trem’lar. Les autres ne bougèrent pas.
— Motion adoptée, dans ce cas. Passons à présent au choix du terrain d’entente. Sénateur Valorum…
Jagen s’installa dans le siège, et observa les propositions successives sans piper mot. La politique n’était pas son domaine…
Pourtant, il ne parvenait pas à ôter de son esprit l’impression que les évènements à venir allaient conduire à un tournant majeur de son existence. 
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Yorkman » Lun 16 Mar 2015 - 17:55   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Ça cause, dis-donc.

J'ai beau apprécier la qualité de tes dialogues, mais je trouve dommage de te voir alterner chapitres consacrés à l'action et chapitres tournés vers la réflexion et l'analyse, même si encore une fois cela permet de découvrir au fur et à mesure le scénario.
Peut-être que tu pourrais essayer d'équilibrer le tout au risque de livrer des chapitres plus longs, mais où est le mal parce que je trouve que ce sont les meilleurs (l'attaque du Knight's Blade, dieu que c'était bon ! :oui: ). C'est surtout une question de rythme à mon avis.

Sinon, ben... ça fait des semaines que je te réclame Vanya, à chaque ligne j'espère la voir apparaître, et à chaque ligne je suis dèçu :cry: Ce qui m'oblige à tout lire deux fois pour apprécier la globalité de l'intrigue :grrr: Malotru...

Vivement la suite ! :)
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Lun 16 Mar 2015 - 18:54   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Merci pour la lecture et le comm'. :jap:

Yorkman a écrit:J'ai beau apprécier la qualité de tes dialogues, mais je trouve dommage de te voir alterner chapitres consacrés à l'action et chapitres tournés vers la réflexion et l'analyse, même si encore une fois cela permet de découvrir au fur et à mesure le scénario.
Peut-être que tu pourrais essayer d'équilibrer le tout au risque de livrer des chapitres plus longs, mais où est le mal parce que je trouve que ce sont les meilleurs (l'attaque du Knight's Blade, dieu que c'était bon ! :oui: ). C'est surtout une question de rythme à mon avis.


Disons que cette construction m'est un peu imposée par le scénario. Il devait y avoir une scène d'action dans ce chapitre, la fameuse prise d'otages du musée de l'Exploration Galactique. Mais outre le fait que c'est d'assez mauvais goût en ce moment - même si j'y pensais depuis un an - je ne suis pas parvenu à écrire un passage intéressant.

Pour être tout à fait franc, j'ai plutôt hâte d'en finir avec ce premier tome... C'est quand même la deuxième fois que je l'écris, et j'aimerais passer à autre chose. Avec ce chapitre, on est entré dans le grand arc final, et on devrait avoir très vite des séquences mêlant action et discours. Quelques chapitres, et on pourra passer au tome 2... Où j'espère être plus inspiré. :cute:

Yorkman a écrit:Sinon, ben... ça fait des semaines que je te réclame Vanya, à chaque ligne j'espère la voir apparaître, et à chaque ligne je suis dèçu :cry: Ce qui m'oblige à tout lire deux fois pour apprécier la globalité de l'intrigue :grrr: Malotru...


Elle a été évoquée dans l'avant-dernier chapitre, non ? :siffle:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Jagen Eripsa » Ven 01 Mai 2015 - 17:21   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Chapitre 22

« Iaco Stark représente tout ce que j’ai toujours combattu. La traîtrise. L’opportunisme. L’arrogance. C’est un être dangereux, un pirate qui doit être neutralisé. Chancelier Kalpana, vous refusez qu’il le soit ! Vous êtes aussi coupable que lui des malheurs qui sévissent dans la Bordure et des crimes que lui et ses hommes commettent ! »
 
Sénateur Ranulph Tarkin, lors d’un discours adressé à la Chambre du Sénat.  
 

Base Centrale des Forces Armées de la République, Centax, cinq cent quarante-et-un jours AK.
 
Lorsqu’il avait imaginé les installations de Centax, Jagen avait accordé une importance toute particulière aux quartiers habitables. Tous les hommes affectés ici devaient pouvoir résider sur place plutôt que sur Coruscant, où ils seraient retenus en cas d’urgence. Dans son esprit, c’était davantage qu’un dortoir et un hangar ; Centax était le cœur des Forces Armées de la République, leur foyer, au même titre que Coruscant pour le reste de la galaxie.
Rien d’étonnant donc à ce que ses appartements ici soient assez vastes pour comporter plusieurs pièces. Il s’agissait, après tout, de son habitation principale, au contraire de nombreux autres officiers qui disposaient d’un pied-à-terre sur Coruscant ou ailleurs. La salle principale se trouvait au centre ; elle servait d’entrée, de séjour, de bureau privé et disposait d’une grande baie vitrée s’ouvrant sur l’immense piste de ferrobéton en contrebas où était actuellement posé le Knight’s Blade. Quatre portes en partaient, menant vers une chambre, la cuisine, une pièce de stockage et les commodités.
La décoration était plutôt sobre. Ces quartiers représentaient pour le colonel une pause bienvenue entre le stress continuel des missions, et il avait fait de son mieux pour que cette quiétude ne soit pas troublée. Pas de d’images, juste quelques touches de bleu sombre sur le métal argenté des parois.
Assis en tailleur au milieu du hall – à l’endroit où l’on trouvait habituellement la table basse et quelques rafraîchissements –, vêtu d’une tenue sportive aux couleurs délavées, il inspira et projeta son esprit vers la balle devant lui.
Elle n’avait rien de particulier. Une petite sphère de mousse synthétique, recouverte d’une mince couche de silicone plastifié, avec quelques couleurs criardes pour donner un semblant de relief. Ce n’était pas un de ces ballons de grav-ball ou d’une toute autre activité sportive. Non, rien de plus qu’un simple balle.
Une balle qu’il devait faire léviter.
Il dessina dans son esprit tous les contours de la sphère, ses courbes régulières, et imagina que l’ensemble s’élevait doucement, lentement, pour flotter dans les airs sans aucune attache matérielle. Rien que par le pouvoir de la Force et de son esprit. Il sentait la balle, ses minuscules imperfections et aspérités, il sentait l’espace entre elle et le sol. Sûr de lui, il ouvrit les yeux.
Elle reposait toujours sur le plancher, et ne donnait pas l’air d’avoir bougé ne serait-ce que d’un micron.
— Je n’y arrive pas, soupira Jagen. Je pensais y être…
— Ne sois pas si sévère avec toi, répondit une voix féminine dans son dos.
Melena Nash s’extirpa du fauteuil où elle s’était assise pour observer son exercice et vint s’accroupir à côté de lui.
— La télékinésie n’est pas une discipline aisée, surtout pour quelqu’un qui n’a jamais suivi l’entraînement des Jedi. Tu peux y parvenir, coupa-t-elle en le voyant s’apprêter à protester, mais au prix de grands efforts seulement. Il faut une discipline mentale de fer, une rigueur d’acier…
— Et un bon antirouille ?
Elle sourit à sa remarque, mais d’une façon qui semblait osciller entre l’amusement et les regrets.
— Au moins, le moral est bon…
— Si tu savais ce que j’ai subi ces derniers temps ! Il en faut beaucoup pour me faire plier, maintenant !
Il regretta presque aussitôt ses paroles. Moins d’un an plus tôt, Melena avait vu son maître se faire assassiner sous ses yeux…C’était une Jedi, et ce simple fait impliquait une vie chaotique, comprenant souvent des situations bien plus délicates que celles qu’il avait vécues.
Mais, fidèle à elle-même, elle encaissa la remarque en silence. Silence plutôt gênant d’ailleurs, que Jagen n’osa briser jusqu’à ce qu’elle en prenne l’initiative quelques instants plus tard.
— Tu sais, je me disais, que, peut-être… Enfin… Nous devrions peut-être suspendre ton entraînement.
La remarque prit le jeune homme au dépourvu.
— Je croyais que tu m’encourageais, là ? D’où vient ce revirement ?
Il échangea un regard avec la jeune chevalière, et perçut dans ses yeux un éclat, fugace, qu’il avait déjà surpris à quelques reprises – de la culpabilité.
— Melena… Si tu as des doutes…
— Je ne suis pas certaine de faire le bon choix. Tu peux comprendre, non ?
— Difficile à dire. Je suis plutôt un spécialiste des mauvais choix ! Tu parles à l’homme qui a serré la main de Iaco Stark et lui a offert un accès en or à nos informations stratégiques.
— C’est différent. Tu n’avais pas toutes les informations en main. Tu as agi selon ce que tu savais de lui. Moi, j’hésite en toute connaissance de cause…
— Tu n’as pas confiance en moi.
Elle se leva et se mit à faire les cent pas.
— Ce n’est pas une question de confiance ! La Force est… Indescriptible. Une réalité à part. Et son pouvoir de corruption est réel, Jagen. Ne le néglige pas.
— J’en suis bien conscient. Mais ne me sous-estime pas non plus. J’ai des convictions, des valeurs et un certain sens moral…
— Tu crois que tous les Jedi Noirs étaient des types immoraux ? Parfois, les meilleurs sentiments peuvent mener aux pires actes. Nous sommes les descendants d’un couple de Jedi qui ont connu le Côté Obscur, tu t’en rappelles, n’est-ce pas ?
— Et ils en sont revenus.
— Difficilement. Et toi, tu as déjà une part d’ombre en toi. Une certaine haine enfouie… Je la sens quand je sonde ton esprit…
Piqué au vif, Jagen se leva à son tour. Il n’avait pas l’intention de laisser un malentendu se créer.
— Je veux faire la peau au salaud qui a tué le frère de mon meilleur ami. Ce n’est pas un grand dessein, une ambition galactique… Juste un compte entre deux hommes, une vie pour une vie.
— Et c’est le genre d’ambitions qui peuvent mener au Côté Obscur.
— Melena…
— Tu ne serais pas le premier Eripsa à y basculer, tu le sais ?
Il faillit répliquer vertement, mais choisit de se taire. Le rappel de cet épisode sombre de l’histoire de la famille lui avait ôté les mots de la bouche.
— Je… Par les Neuf Enfers, Melena, tu as raison. Je… J’ai…
— Tu comprends le danger qui te menace ? Cette fois-ci, il ne vient pas de l’extérieur… Mais de ton propre esprit.
— Oui… Oui, je le saisis.
Ses pensées le portèrent vers un des contes qui lui racontait son père quand il était enfant. Pas ceux de soir, destinés à l’endormir… Non, celui-ci était bien trop sombre pour entraîner des rêves agréables. C’était l’histoire d’un homme ayant commis des actes inavouables et qui avait choisi la mort comme repentir, laissant à ses deux fils le poids de ses fautes. L’aîné avait choisi de persévérer, tandis que le cadet privilégiait le repentir. Le premier avait fini par basculer du Côté Obscur, obligeant le second à mettre un terme à sa vie.
Cette histoire le terrifiait, mais moins à l’époque qu’aujourd’hui ; depuis, il avait appris à lire entre les lignes, pour finalement découvrir l’horrible vérité cachée derrière la fable. Les trois hommes étaient des Eripsa ; le père, sénateur de Corellia, avait été compromis avec le Soleil Noir dans une affaire de corruption, et s’était suicidé avant qu’elle n’éclate. L’aîné avait tenté un temps de racheter la mémoire de son géniteur, mais, confronté à la vindicte populaire, il s’était enfoui et avait rallié la Bordure Extérieure. Là, poursuivant sa chute, il avait finalement rejoint la Confrérie des Ténèbres et les Sith. Le cadet, en revanche, avait fait amende honorable. Après plusieurs années consacrées au rachat des fautes de ses pairs, il s’était engagé dans une compagnie de volontaires pour la protection des zones périphériques assaillies par les troupes du Seigneur Kaan. Les deux frères s’étaient retrouvés pour une ultime confrontation – fatale à l’aîné – dans les cieux de Ruusan.
— Si… Si tu penses que je ferais mieux d’arrêter… Je le ferai.
— J’envisage une piste, Jag. Rien de plus. La véritable réponse ne peut venir que de toi.
— Tu es mon… « Maître » officieux, non ? Si tu refusais – ou si le Conseil Jedi découvrait cela et t’interdisait de m’enseigner, je ne pourrais rien y faire, non ?
— La Force n’est pas qu’affaire de doctrines. De nombreux utilisateurs ont été autodidactes… Plus souvent du Côté Obscur que Lumineux, d’ailleurs. Tu pourrais toujours apprendre. Non, ce que je veux savoir de toi, ce sont tes motivations véritables – la lueur que tu essaies d’atteindre avec cet entraînement. Les racines de ton choix.
Épineuse question, songea-t-il avec un soupir silencieux. L’idée de cet entraînement avec la jeune femme lui était venue trois semaines plus tôt, après la réunion du Sénat. L’ampleur de la trahison de Stark lui était revenue en pleine face, l’affectant bien plus qu’il ne voulait l’admettre. Il avait le sentiment d’un échec personnel, surtout pour la façon dont il s’était fait manipuler au cours des mois précédents. Il prenait la bataille Lok pour sa réussite… Alors qu’il n’avait fait que le jeu du traître.
Il se sentait trahi, mais surtout d’une incroyable faiblesse face à la ruse de son adversaire. Et il savait – non, il sentait – que d’autres combats allaient venir. Toujours plus nombreux, toujours plus redoutables, jusqu’au jour où il ne pourrait plus résister.
Mais il ferait son possible pour retarder ce moment fatidique.
— Je veux disposer d’un atout caché, lâcha-t-il alors. Une cartouche de blaster dans la manche. De quoi prendre par surprise mon adversaire et me tirer d’une situation qui aurait pu être fatale. Je sais que je ne suis pas de taille face à ce qui approche, mais je veux quand même me battre jusqu’au bout. Et, qui sait, un tour de télékinésie ou de confusion mentale pourrait bien me sauver la mise…
Melena le regarda, mi amusée mi agacée, comme si elle oscillait entre deux appréciations.
— Tu ne me facilites pas la tâche… finit-elle par dire en roulant des yeux avec un soupir audible. Tu oscilles entre le devoir et la vengeance…
— Je préfère appeler ça « Justice », mais tu as peut-être raison.
— La justice ne se mêle pas des sentiments… qui n’ont pas plus leur place dans la vie d’un Jedi.
— Et est-ce que ce concept abstrait est applicable ? demanda Jagen en haussant les sourcils.
— C’est un concept, comme tu le dis, admit Melena. Écoute… Je veux bien t’enseigner quelques manœuvres de base. Pas au-delà.
— Je n’en demandais pas plus, assura-t-il.
Elle acquiesça, puis se pencha vers la table pour attraper la balle et la lui lança.
— Concentre-toi sur ton objectif et imagine que faire léviter cette balle est l’unique moyen d’y arriver. Tu peux t’imaginer l’attrapant à distance avec ton bras – que tu peux tendre si cela t’aide à imaginer l’action.
Il ferma les yeux et fit ce qu’elle venait de lui dire. La concentration fut difficile à obtenir ; il avait encore l’esprit embrouillé par les nombreuses questions qu’il venait de se poser. Lorsqu’il parvint enfin à chasser les pensées parasites, il tendit le bras imagina une fois encore la balle ; non pas suspendue dans les airs, mais sur le sol, entre ses doigts. Ensuite, avec légèreté, il souleva son bras – et sentit toute la difficulté qu’il avait à le faire. Il progressait centimètre par centimètre, ralenti par quelque chose
Il se risqua à ouvrir les yeux.
La balle flottait à une brasse de lui, sans aucune attache visible, mais de façon pourtant plus régulière qu’en apesanteur. Elle tournoyait très légèrement sur un axe légèrement incliné par rapport à la verticale, comme une planète en orbite autour d’une étoile. Il ne relâcha pas un seul instant sa concentration, mais cela ne l’empêcha pas d’être fasciné par ce qu’il voyait et d’en inscrire chaque détail dans sa mémoire.
Trois coups sourds et brefs s’abattirent sur la porte.
Immédiatement, l’esprit de Jagen revint à la normale ; combattif, terre-à-terre et terriblement prompt à émettre des hypothèses à toute vitesse. Ses sens revenant à la normale, il sentit son corps encore fébrile et les gouttes de sueur qui perlaient sur son front. Dans le même temps, la balle retomba en sol et fit quelques petits bonds jusqu’à s’immobiliser.
Sans attendre de réponse, la porte s’écarta pour laisser entrer Vanya Cadera, blaster au poing, s’attendant visiblement à une attaque ou au moins un traquenard. En voyant Jagen et Melena, le premier en sueur affalé sur le sol et la deuxième prête à porter la main à sa ceinture, elle leva les yeux aux ciels et rangea son arme.
— Ça fait dix minutes que je vous appelle, lança-t-elle en guise de salutations. On a un problème au central informatique.
Jagen, interloqué, lança un regard à Melena, qui lui fit un signe de la tête pour l’approuver. Il se leva, se saisit de sa veste qui pendait sur le canapé et sortit à la suite de la lieutenante.
— Vous auriez pu attendre que je vous autorise à entrer, lui lança-t-il en enfilant sa tenue, sans cesser de marcher.
— Je voulais m’assurer que vous n’aviez rien, répondit-elle avec amertume. Désolée de vous avoir dérangé en pleine action.
Le colonel mit quelques secondes à voir où elle voulait en venir.
— Ce n’est pas ce que vous croyez, dit-il finalement.
— Non, vraiment ? Suis-je bête ! Une fois que nous en aurons fini là-bas, je vous ferai escorter aux vapodouches. Vous semblez en avoir bien besoin.
— Mais je vous dis qu’il n’y a rien entre mademoiselle Shan et moi !
— Bien sûr. Vous étiez en train de faire du sport. Un entraînement Jedi.
Il faillit lui répondre « Oui, et vous allez voir que je me débrouille pas si mal » avant de la projeter à l’autre bout du couloir, mais la voix de Melena résonna dans sa tête. Méfie-toi du Côté Obscur.
Si je m’étais attendu à ce qu’il me tente ainsi…
— Bien sûr, reprit-elle, je ne devrais pas être surprise. Puisque vous ne laissez même pas votre comlink ouvert comme c’est la règle hors des permissions, je ne devrais pas m’attendre à ce que vous soyez plus respectueux des conventions dans votre vie sentimentale. Quitte à bafouer les mœurs Jedi, visiblement.
— Parce que vous, vous respectez tous les ordres ? s’emporta Jagen, qui préféra ne pas relever la dernière phrase – il était déjà suffisamment énervé comme cela.
— Nous sommes des soldats, répliqua-t-elle vertement. Le respect de la hiérarchie devrait être votre souci premier, non ? Les comlinks doivent rester ouverts et les corsets des jeunes filles Jedi fermés, c’est le règlement. Édité par vos supérieurs, ce qui fait que vous y êtes soumis, vous aussi.
— Très bien…
Elle s’arrêta et le regarda avec une moue dubitative.
— Je ne m’attendais pas à ce que vous capituliez si facilement.
— Et vous avez bien raison. Vous respectez la hiérarchie, n’est-ce pas ? Donc, en tant que colonel, je vous ordonne, lieutenante¸ de la boucler jusqu’à ce que nous arrivions à destination.
Vanya entrouvrit la bouche pour protester, mais se ravisa et, détournant la tête, repartit de plus belle dans la coursive, obligeant Jagen à marcher à toute allure pour rester à sa hauteur.
Après trois minutes de marche à cette allure, ils arrivèrent aux abords du central informatique.
Un millier de serveurs enfuis au cœur de la planète, autant d’écrans relayant leurs données en surface avec une petite armée de techniciens toujours en alerte ; voilà comment décrire en quelques mots cette salle qui n’avait été inaugurée que deux mois plus tôt. Jagen se plaisait à l’imaginer comme la deuxième base de connaissances de la Galaxie, après le Temple Jedi. Les informations stockées ici n’étaient pas aussi vénérables que celles de l’Ordre ; il s’agissait avant tout de rapports d’activité, de descriptions d’appareils ou de fichiers d’identité. Tout le nécessaire pour élaborer des opérations avec un succès optimal.
Depuis quelques semaines, cette installation était reliée en permanence aux serveurs du Bureau des Vaisseaux et Véhicules, qui supervisait l’ensemble du trafic commercial déclaré de la Galaxie. En cas de disparition d’un cargo quelconque, il était possible en quelques instants au Haut Commandement de Centax de connaître sa dernière position certifiée et d’intervenir au plus vite sur la zone de recherche. LE tout avec méthode, calme et sérénité.
Mais il n’y avait rien de calme et de serein au-delà de la porte aujourd’hui, et Jagen le constata très vite.
En entrant  dans le vaste poste de contrôle, il se trouva pris dans un maelström d’une ampleur considérable. Des bataillons de techniciens courraient dans tous les sens, d’un terminal à l’autre, en aboyant des ordres dans tous les sens. Les écrans affichaient des données à une vitesse si astronomique que la calculer aurait donné un sacré mal de tête à un givin. Les intervenants étaient eux-mêmes obligés de bloquer la procédure pour y saisir une information au passage, mais ils semblaient dépassés par l’ampleur de l’attaque.
Il assistait visiblement à la plus grande attaque informatique depuis celle de la corporation Delvin, soixante-sept ans auparavant, qui avait provoqué à l’époque un krach boursier menant trois systèmes à la faillite. Il héla un homme pour faire un point sur la situation, mais le seul qui s’approcha était la personne qu’il avait le moins envie de voir près d’un ordinateur.
— Qu’est-ce que tu fous là ? demanda-t-il violement à Ait Convarion qui arrivait avec un sourire gêné. Ne me dis pas que c’est toi qui est à l’origine de tout ça ?
— Relax, Jag, relax ! répondit-il, avant d’apercevoir deux techniciens qui protégeaient un serveur à l’ancienne – en coupant l’alimentation. Bon, d’accord, c’est peut-être un peu dur pour le moment. Je peux t’assurer que je n’ai rien à voir avec tout ça…
— De la part du gars qui a fait planter le système de simulation de l’Académie d’Anaxes, j’ai du mal à le croire.
— Je venais juste enregistrer un rapport ! Je…
— Ah, vous êtes là, Colonel.
Un bothan plutôt court sur patte s’approcha d’eux et lui tendit une main velue. Jagen reconnut le technicien qu’il avait placé à la tête du centre, le capitaine Hok’lye, à sa fourrure noire et crème. Il avait l’air revêche et mal embouché, même en temps normal, mais c’était un excellent superviseur.
— Que se passe-t-il, Capitaine ?
— J’ai chargé le lieutenant Cadera de vous faire un point sur la situation. Vous aurez donc compris que…
Il s’interrompit en voyant le regard plein de fureur que Vanya lançait à Jagen. Celui-ci recula d’un pas, préférant ne pas risquer de se faire brûler par la colère qui irradiait de la jeune femme.
— Euh… Nous n’avons pas eu le temps, risqua-t-il. Comment se présente la situation ?
— Catastrophique. Si nos défenses étaient une planète, ce qu’on leur fait subir actuellement serait une procédure Base Delta Zéro.
— L’annihilation totale ? demanda Jagen, qui sentit un frisson glacial le parcourir. Vous êtes sérieux ?
— Très.
— Et ce genre de problèmes ne peut pas être provoqué par – Il lança un regard suspicieux à Ait, qui fit l’innocent – une fausse manœuvre ?
— Si c’était aussi simple… ! Non, Colonel, c’est une attaque. Elle est d’ailleurs signée.
Il lui fit signe de s’approcher d’un terminal, le seul qui ne semblait pas être pris par la frénésie d’affichage généralisée. Un unique fichier était visible sur l’interface.
— On a reçu ça juste après que j’aie envoyé mademoiselle Cadera vous prévenir, expliqua Hok’lye.
— Ouvrez-le, ordonna Jagen.
Il s’agissait d’une vidéo, qui occupa immédiatement l’intégralité de l’écran. Jagen y vit immédiatement ce qu’il craignait ; un visage blanc, presque juvénile, avec des yeux vert d’eau et un sourire roublard encadré par des cheveux et des favoris d’un blond doré. Au-delà, on distinguait le pont d’un croiseur et une baie s’ouvrant sur l’espace, avec une flotte de vaisseaux hétéroclites en orbite d’une planète lointaine.
— Bonjour, Colonel Eripsa, fit l’enregistrement avec la voix de Iaco Stark. J’ai appris dernièrement que vous aviez renoncé à me traquer. J’en suis navré. Vous ne vouliez pas vous venger de la Brigade Stellaire et anéantir son créateur ? Si c’est le Sénat qui vous en empêche, l’attaque d’aujourd’hui devrait vous donner quelques arguments pour reprendre la lutte. Surtout, ne me remerciez pas. Ah, j’oubliais ; j’en ai profité pour copier les plans de vol des navires commerciaux des guildes marchandes. Bon courage, Colonel. Vous allez en avoir besoin.
L’image disparut et fut remplacée par des lignes de code défilant à toute vitesse, comme sur les autres terminaux.
— Je crois que je hais ce type… se lamenta Jagen, la tête dans les mains.
 
** 
  Rotonde du Sénat, Coruscant, cinq cent quarante-cinq jours AK.
 
D’ordinaire, Jagen fuyait autant que possible les longs débats du Sénat. Son estime de la politique et son tempérament peu attentiste le faisaient considérer les discussions des sénateurs comme de bons somnifères, rien de plus.
Aujourd’hui, il avait complètement bousculé son emploi du temps pour assister à la séance exceptionnelle convoquée la veille pour discuter de l’affaire Stark.
Le piratage des serveurs de Centax était encore frais quand d’inquiétantes nouvelles venues de Thyferra avaient atteint Coruscant. Une usine de traitement de l’alazhi, une plante essentielle à la création du bacta, avait explosé lors d’une erreur de manipulation de composants chimiques. Les cours du remède avaient explosé, et Stark, qui connaissait désormais les itinéraires de tous les transports en convoyant, avait monté plusieurs opérations pour s’emparer de stocks et le redistribuer dans la Bordure. Il y avait grandement augmenté sa côte de popularité... Au détriment, bien sûr, de la République qui risquait à présent de se faire chasser des systèmes périphériques.
L’intervention du représentant de la Fédération du Commerce venait de commencer quand Jagen arriva sur la plateforme de son père.
— Salut, Papa, dit-il en l’étreignant.
— Jag, salua celui-ci en réponse. Je t’en prie, assis-toi. Tu vas en avoir besoin. Il va y avoir du sport…
— À ce point-là ?
— Ça fait plus de dix ans que je siège ici, et je n’ai jamais vu une telle tension. Les sénateurs de la Bordure sont tiraillés entre leurs intérêts personnels et la volonté de leurs peuples… Très favorables à Stark. Cette situation est une vraie fosse à rancors…
— …devons agir pour que les agissements de Iaco Stark et de son Cartel Commercial cessent ! harangua le délégué néimoïdien.
— Cette voix me dit quelque chose, murmura Jagen alors que les applaudissements envahissaient la Rotonde.
— Hem, pas étonnant, répondit Saron, gêné. Nute Gunray a été nommé sénateur en remerciement de son « comportement héroïque » à la bataille de Denon… Cette fameuse bataille qui a fini en désastre pour toi.
— « Comportement héroïque » ? Il n’était qu’un pion pour la Brigade !
— Je sais, je sais. Écoute.
— Ces attaques contre nos vaisseaux ne doivent pas être permises plus longtemps, reprit Gunray. Si la République n’a pas la volonté nécessaire pour protéger nos intérêts, elle devra nous autoriser à augmenter nos contingents de droïdes de combats  pour nous défendre nous-mêmes !
D’autres approbations se firent entendre, mais Jagen n’y participa pas. Cette idée ne lui inspirait rien de bon.
— Notre seul autre choix serait de stopper toutes les transactions commerciales ! Que feriez-vous ensuite ? ajouta-t-il à l’adresse des sénateurs captivés.
Une plateforme se détacha de la structure pour rejoindre celle de Gunray qui orbitait déjà autour du podium central. Jagen était trop loin de Kalpana pour distinguer son visage, mais il connaissait assez bien le chancelier pour reconnaître une de ses postures d’agacement caractérisé.
— La parole est donnée au sénateur Ranulph Tarkin du secteur Seswenna, indiqua le greffier du Sénat.
Celui-ci ne salua pas et entama d’emblée son discours.
— Nous voyons à présent la folie que représente l’absence d’une force d’intervention forte dépendant du Sénat. Les Jedi, aussi puissants soient-ils, ne répondent pas directement à cette chambre ! Comment pouvons-nous espérer une négociation avantageuse sans une véritable puissance militaire ? Quand le Sénat se décidera-t-il à véritablement recréer une Armée et une Flotte de la République au lieu de ces Forces Armées qui ne sont rien de plus qu’une branche bureaucratique du Département Judicaire, dépendant du simple bon vouloir d’un homme quand c’est notre assemblée toute entière qui devrait décider de leur affectation ?
— Les bureaucrates l’emmerdent, grommela Jagen. Si Tarkin voulait agir sur le terrain, il n’avait qu’à s’engager dans l’armée. On s’est battus contre la Brigade pendant que lui se la coulait douce sur Triple Zéro – pardon, Coruscant.
— Je sais, je sais, répondit Saron. Mais évite de le tenter. Il se prend déjà pour le prochain Commandeur Suprême. Si les Militaristes obtiennent la majorité, c’est ce qui se produira d’ailleurs.
Le colonel secoua la tête de dépit.
— La parole est donnée au sénateur Valorum du secteur Lytton.
Une troisième plateforme quitta la paroi pour venir flotter au centre de la Rotonde.
— Une Grande Armée serait une arme trop puissante entre les mains d’une assemblée unique. Son existence serait une violation des principes de la République elle-même ! La subordination des Forces Armées de la République au Département Judiciaire a permis une utilisation raisonnée de cette puissance de feu : contre la piraterie et les menaces semblables à la Brigade Stellaire. Stark est peut-être un pirate, mais il a des idéaux et de nombreux partisans qui ne sont pas tous mauvais, loin s’en faut. Les idéaux de la justice et de la liberté doivent nous diriger. La solution de cette crise réside dans la diplomatie !
— S’il croit que Stark est prêt à revenir dans le rang rien qu’avec quelques beaux discours, il se met le doigt dans l’œil…
— Écoute.
— Nous devons résoudre les problèmes qui nous conduiront à la guerre, pour éviter justement que ce conflit n’éclate ! La question du bacta nous préoccupe aujourd’hui. Cette pénurie nous menace. Nous devons trouver les solutions pour calmer la situation…
Des huées éclatèrent parmi les rangs de la Bordure Extérieure. Plusieurs sénateurs se levèrent et quittèrent la salle en hurlant dans leur langue natale. Visiblement, la négociation ne les intéressait pas.
La Fédération du Commerce, victime surarmée. Ranulph Tarkin, exalté applaudi. Finis Valorum, modéré conspué.
Jagen considéra que la situation ne pouvait être pire.
Bien sûr, il se trompait.  


En bonus, une première illustration de Jagen !
Spoiler: Afficher
Image


Prélude à d'autres personnages... :sournois:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Yorkman » Sam 09 Mai 2015 - 12:21   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Bigre, tout va de mal en pis dans cette histoire. :D

J'aime bien ta façon de faire des clins d’œil à la Saga, ça donne de la substance et de la cohérence au tout. Est-ce que tu as décidé d'assumer le côté infinity de ton histoire au point de changer drastiquement des éléments de l'UE Legends (voire des films) ou tu te contentes de changements mineurs ?

La confrontation finale se rapproche, hâte de découvrir la suite. :)
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Sam 09 Mai 2015 - 12:27   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Merci pour la lecture et le comm'. :jap:

Yorkman a écrit:J'aime bien ta façon de faire des clins d’œil à la Saga, ça donne de la substance et de la cohérence au tout. Est-ce que tu as décidé d'assumer le côté infinity de ton histoire au point de changer drastiquement des éléments de l'UE Legends (voire des films) ou tu te contentes de changements mineurs ?


Les deux mon capitaine ! Il y aura des évolutions dans les évènements des films et de l'UEL, mais j'aime également "jouer" avec les oeuvres de l'UE elles-même en les faisant vivre sous un autre angle. La dernière séquence est directement tirée de la BD sur la guerre de Stark. :jap:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Jagen Eripsa » Ven 05 Juin 2015 - 17:23   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Il n'est jamais trop tard pour une suite ! :cute:

Chapitre 23
 
« Une réponse armée à cette crise serait le pire des messages à adresser aux planètes soutenant le Cartel de Stark. Pourquoi croyez-vous donc que les mondes de la Bordure soutiennent un pirate plutôt que notre République ? Tout ce que nous leur donnons, c’est une impression d’oppression, fiscale et législative, bien peu adaptée à leurs besoins. Nous les avons jetés dans les bras d’individus sans scrupules comme Stark, et c’est aussi à nous de les en sortir. »
 
Sénateur Bail Antilles, en réponse au sénateur Ranulph Tarkin. 
  
Centax, cinq cent soixante jours AK.  
— Vous devez comprendre notre point de vue, déclara l’amiral Willspawn d’une voix calme mais résolue. Changer l’ensemble des systèmes de contrôle de la Flotte empièterait sur notre budget d’acquisition pour les trois années à venir, et nous ne pouvons pas nous le permettre.
Ralph Sienar acquiesça avec tristesse. À peine plus âgé que Jagen, le fils cadet de Narro Sienar – directeur exécutif d’une des compagnies les plus puissantes de la Galaxie – comprenait que la vente qu’il espérait tant conclure avait peu de chances de se concrétiser.
— Proportionnellement, le prix serait moins élevé pour vos destroyers que pour vos corvettes, tenta-t-il sans trop d’espoir. Nous y avons déjà des systèmes de contrôle secondaire activés grâce à notre partenariat avec Kuat Drive Yards.
— J’en suis bien conscient, répondit Jagen, mais nous sommes catégoriques, monsieur Sienar. La République fait confiance depuis plusieurs siècles à Rendili StarDrive pour élaborer ses ordinateurs centraux. Vous devez comprendre que le changement – s’il survient – mettra du temps à se produire.
— S’il survient, répéta Willspawn sans ménagement. Les Rendiliens sont d’excellents programmeurs, avec une réputation en or.
— Qui a fortement baissé depuis l’échec de la flotte Katana.
Jagen ressentit un tressaillement au cœur, comme à chaque fois qu’il se souvenait d’Aiden Corona, de ses hommes et de ses vaisseaux, mais avec un peu plus de détachement qu’autrefois. Peut-être ses blessures morales finissaient-elles par guérir en partie.
— Vous avez raison, admit-il, conciliant. Et j’ai pu moi-même constater que vos terminaux sont performants. Le Knight’s Blade en a un depuis que l’ancien a subi quelques dommages contre la Brigade Stellaire, et deux de nos frégates ont été équipées dans un essai à grande échelle que nous proposait Santhe/Sienar après un appel d’offres. Je pense que nous pouvons trouver un arrangement qui ménagera nos fonds tout en vous assurant une affaire juteuse.
— J’en suis également persuadé, assura Sienar. Je sais que le nombre a son importance, mais les meilleurs stratèges privilégient également le bon matériel ! Et comme vous avez sans doute pu le constater, nos systèmes de ciblage coordonnés sont d’un niveau inégalé.
— Le développement d’une telle technologie a dû vous coûter très cher ? demanda Willspawn, intéressé.
— C’est une des spécificités de notre compagnie. Toujours être à la pointe de l’innovation. Nous avons mis au point ces ordinateurs pour répondre à un appel d’offres du général Tarkin.
— Sénateur Tarkin, corrigea l’amiral d’une voix soudainement devenue glaciale. Il n’a pas le moindre galon à faire valoir.
— Si vous le dites. Je ne suis pas du sérail ! Comme vous, il a préféré garder pour l’heure ses systèmes Rendili, mais il envisage de procéder au remplacement pour l’ensemble de la Force de Sécurité des Confins Ouest d’ici quelques années.
— Intéressant… commenta Jagen. Il estime donc qu’il aura des combats à mener… Qui nécessiteront un armement de pointe ?
Sienar sourit d’un air entendu.
— Le client est roi, y compris lorsqu’il souhaite masquer ses motifs d’achat.
Willspawn fit glisser quelques pages sur le datapad de présentation, jetant un coup d’œil rapide à chacune.
— Nous allons mener quelques essais à partir des vaisseaux déjà équipés, promit-il. Le colonel Eripsa se chargera des mesures et me transmettra les résultats, puis nous déciderons avec le Conseil de Sécurité de l’achat ou non de vos systèmes de combat.
— Une solution honnête, salua le commercial. Merci pour le temps que vous m’avez accordé.
Il les salua l’un après l’autre puis sortit, laissant les deux chefs des Forces Armées de la République assis l’un en face de l’autre dans la salle de conférences faiblement éclairée, séparés par une large table dégarnie.
Willspawn fut le premier à briser la glace.
— Je n’étais qu’un enfant quand Kerred Santhe a racheté Sienar Technologies, lança-t-il en se levant. Mais je me souviens des commentaires que cela avait suscité : la disparition de l’excellence Sienar, rien que ça ! Aujourd’hui, nous avons pu constater à quel point ils avaient tort.
— C’est un bon commercial, admit Jagen. J’ignore toutefois s’il a lui-même participé à la conception de ces systèmes.
— Je ne pense pas. À ce qu’on dit, c’est son frère, Raith, qui a hérité du génie familial. Mais il faut de tout pour faire une société !
— C’est incontestable. Sinon, en ce qui concerne sa référence à Tarkin…
Une ombre passa sur le visage de Willspawn. L’affaire le tracassait autant qu’elle perturbait Jagen.
— Le sénateur a l’air d’être de plus en plus ambitieux, poursuivit le jeune homme. Il veut équiper la Force de Sécurité des Confins Ouest pour en faire une arme de guerre.
— Il veut nous damer le pion, lança l’amiral avec aigreur. Il souhaite nous supplanter. Neutraliser notre flotte de l’intérieur.
— Il aura besoin d’un financement conséquent !
— Il l’a déjà. Il est soutenu par de grandes corporations commerciales de la Bordure et par de nombreux mondes qui aspirent à jouer un plus grand rôle dans la construction républicaine.
— D’un côté, Tarkin, et de l’autre, Stark…
Willspawn se leva et invita Jagen à le suivre.
— Stark ne sera bientôt plus un problème, selon le Chancelier, affirma-t-il sans trop de conviction. Je n’en suis pas si certain, mais au moins la situation va-t-elle évoluer.
Le jeune homme acquiesça distraitement. Le sénateur Valorum avait organisé une rencontre avec Iaco Stark pour négocier un arrêt des  attaques sur les convois marchands. Le sommet devait avoir lieu à un endroit tenu secret, connu seulement de quelques personnes parmi lesquelles Kalpana et le Conseil Jedi.
— Tant que le problème du bacta ne sera pas réglé, les attaques continueront. Il faut absolument inciter les corporations de Thyferra à accélérer la reprise des activités !
— C’est plus facile à dire qu’à faire, soupira l’amiral. Il s’agit d’usines très…
La sonnerie de son comlink le fit s’interrompre. Sans cacher son agacement, il le décrocha de sa ceinture et l’approcha de son visage.
— Willspawn.
— Ici le secrétariat de la Chancellerie. Le Chancelier Kalpana souhaiterait prendre contact avec vous sur une ligne sécurisée au plus vite.
L’amiral, qui s’apprêtait à sortir de la salle de réunion, s’interrompit et retourna vers la table centrale.
— J’ouvre une ligne immédiatement, répondit-il. Terminé.
Il coupa la ligne et, avec un juron, entra plusieurs commandes sur la console holographique.
— Je me demande ce qui va encore nous tomber sur le coin du nez… Ici Willspawn, Excellence. Nous pouvons parler.
L’hologramme du chef d’État de la République apparut alors, flottant à quelques centimètres au-dessus de la table.
— Merci, Trevor. Ah, Jagen, vous êtes là également. Bien, ça m’évitera de le répéter deux fois.
— Nous vous écoutons, Monsieur, indiqua le colonel en inclinant respectueusement la tête.
— Je viens d’apprendre que le sénateur Tarkin a quitté Coruscant. Officiellement, il se rend sur Eriadu, mais d’après les derniers relevés, il prenait plutôt la direction de Cademimu.
— C’est très loin d’Eriadu, commenta Willspawn sur le ton de la conversation.
— Mais c’est là que la Force de Sécurité des Confins Ouest est rassemblée.
Un frisson secoua l’échine du jeune Eripsa. J’ai un mauvais pressentiment…
— Cademimu ne fait pas partie des mondes alliés à Tarkin, dit-il précipitamment. Je sais de quoi je parle ; je surveille la planète de très près depuis la trahison de Stark.
— La flotte y est arrivée hier soir.
— Mais pourquoi…
Une idée germa dans sa tête, mais Willspawn le dépassa.
— Où a lieu la rencontre entre Stark et Valorum ? demanda-t-il pressement.
— Sur Troiken, avoua Kalpana. Et Tarkin doit déjà le savoir.
— L’imbécile ! s’emporta l’amiral. Il va tout gâcher !
— Et il n’a aucune chance, renchérit Jagen. Les membres du Cartel sont de vieux briscards de l’espace dotés d’une expérience qui en fait de redoutables adversaires. Tarkin n’est pas préparé à affronter ça.
— Je ne serais pas si catégorique, tempéra Willspawn. Il a recruté un grand nombre de nos soldats ces derniers temps. Vous n’avez pas lu le rapport ?
— Il a dû m’échapper, s’excusa le colonel.
— Il ne sera pas complètement pris au dépourvu. Mais il n’a aucune idée de ce qu’il peut déclencher en attaquant Stark !
— Trevor, Jagen vous devez le rattraper, dit le Chancelier d’une voix grave.
La projection de sa silhouette disparut pour laisser la place à une vue globale de la galaxie.
— Troiken est au bout de la Perlémienne et Cademimu de l’autre côté de l’Hydienne, expliqua-t-il à mesure que les lieux cités s’allumaient sur la carte en trois dimensions. Je pense que vous pourrez l’intercepter sur Columex, juste avant l’amas de Tion.
— C’est possible, acquiesça Willspawn. Dans le pire des cas, j’irai moi-même sur Troiken et je stopperai les hostilités aussi vite que possible. J’ai douze vaisseaux en attente, ajouta-t-il en se tournant vers Jagen, mais vous pourrez peut-être m’en fournir d’autres ?
— Je crains que non, Amiral. Il n’y a que le Knight’s Blade ici, et il est en révision. Tous les autres navires ont été affectés à des patrouilles routinières. Si j’avais su…
— Vous ne pouviez pas le savoir, le consola l’aldéranien. De toute façon, je fais fausse route : débarquer dans l’espace de Troiken avec une flotte prête au combat provoquera plus Stark qu’autre chose. L’Opportuniste s’y rendra seul. Vous, restez ici et attendez mes instructions.
— À vos ordres, répondit Jagen en se raidissant.
— Vous souhaitez rajouter quelque chose, Excellence ? demanda l’amiral en revenant vers Kalpana.
— Malheureusement, je ne vois pas quoi rajouter d’autre que « bonne chance ».
— C’est déjà ça, marmonna Willspawn. Je crois que je vais en avoir besoin.
 
*  * 
  — Lancez la démonstration, ordonna Jagen dans le comlink.
Il entendit un clic en guise de confirmation, puis, immédiatement après, un grondement sourd indiqua que les turbines du vaisseau d’abordage s’étaient mises en route.
Survint alors le bruit strident de la pointe de duracier tournant à toute vitesse et s’enfonçant dans la paroi d’une même matière. L’obstacle, installé au beau milieu du hangar pour l’occasion, était solidement arrimé dans le sol mais vibrait malgré tout avec une intensité effrayante. Puis la pointe traversa finalement le mur, élargit le trou et s’écarta pour laisser passer huit bras préhensibles, minces mais solides, qui agrandirent le passage jusqu’à ce qu’il soit suffisant pour laisser passer deux hommes de front.
— Très impressionnant, commenta le colonel.
— Et sensuel… ajouta Syal Rodan à sa suite.
Voyant le regard dépité qu’il lui lança, elle rougit jusqu’à devenir plus écarlate que ses galons de lieutenante.
— Le perçage par instrument physique a trop longtemps été négligé, expliqua Vanya en approchant. Contrairement au laser, cette technique permet de limiter les dégâts… Voyez plutôt.
Elle appuya sur un commutateur, et les bras se recentrèrent, sans lâcher la paroi qui les suivit. Lorsque la pointe s’éloigna finalement de la paroi, le trou n’avait pas un demi-mètre de large et pouvait sans doute être réparé avec un simple fer à souder.
— Dans l’espace, reprit la mandalorienne, cela suffirait à nous envoyer tous dans le vide en quelques secondes, bien sûr. Mais un petit champ de force portatif peut facilement être installé par les assaillants.
— S’ils veulent sauver l’équipage du vaisseau, rappela Jagen.
— C’est notre cas, répliqua Vanya.
— Espérons alors que cet outil ne tombera pas entre les mains de pirates ! C’est du bon travail, lieutenante. Sans indiscrétion, qu’est-ce qui vous a donné l’idée d’un engin pareil ?
— Notre incursion sur le Champion de Rendili. Bien des dangers auraient été évités si nous avions pu accéder directement au pont…
— Je ne peux que l’admettre. Bien joué, vraiment.
Son comlink émit alors deux bips rapides. Vif comme l’éclair, il l’attrapa et répondit.
— Eripsa.
— MPU-1 au rapport, Monsieur.
Entendre la voix de son droïde de protocole fit retomber la tension de Jagen, qui tempêta contre son impatience. L’amiral Willspawn n’était parti que depuis vingt-quatre heures ; il devait à peine avoir atteint Columex. Il restait néanmoins sur le qui-vive, prêt à répondre à un éventuel besoin de renforts.
— Je t’écoute, MP.
— Un visiteur demande à vous rencontrer. Il dit que c’est urgent.
— Urgent comment ?
— Impossible de le déterminer. Il ne veut rien préciser.
— Est-il armé ?
— Le scan est négatif.
Ce qui n’a jamais empêché un assassin résolu de faire son œuvre.
— Transmets-moi le rapport d’identification.
Le droïde obéit aussitôt, et Jagen lut rapidement les quelques informations le concernant.
— Dis-lui que j’arrive, ordonna-t-il, rassuré, à son assistant mécanique. Lieutenant Cadera, ajouta-t-il en coupant son transmetteur, vous avez mon approbation pour le développement de cette machine. Dès que l’amiral Willspawn reviendra, je lui en parlerai personnellement.
— À votre convenance, salua-t-elle avant de s’éloigner.
Jagen l’observa faire quelques pas. Sensuel… avait dit Syal ; et c’était sans doute le mot qui s’appliquait le mieux à ce qu’il voyait. Avec un soupir, il s’en détourna et partit en direction de son bureau.
Il y parvint en deux minutes à peine, et trouva finalement son visiteur dans l’antichambre. Vêtu d’une tunique grise en tissu synthétique, très fonctionnelle et qui n’était pas sans rappeler dans sa coupe les uniformes républicains, l’homme avait un visage fin aux traits creusés et un maintien d’aristocrate qui n’aurait pas départi dans les cercles les plus huppés du Noyau.
— Bienvenue sur Centax, fils du Grand Darakaer, salua-t-il selon l’usage. Les natifs d’Irmenu sont toujours les bienvenus auprès de la Marine Républicaine.
Parmi toutes les planètes de la Galaxie, Irmenu avait toujours occupé une place à part dans le cœur des officiers républicains, moindre qu’Anaxes certes, mais néanmoins présente. La planète, percluse dans ses traditions millénaires, était l’une des rares à conserver une véritable flotte maritime. Le mythe du guerrier-navigateur Darakaer, le plus important de leur folklore, leur valait un respect d’une rare unanimité dans les rangs des Forces Armées Républicaines.
L’homme s’approcha et lui tendit la main sans se départir d’un sourire ironique qui mit Jagen mal à l’aise.
— Ce n’est pas au nom d’Irmenu ni même en qualité d’irmenien que je viens vous voir, Colonel. Je suis ici au nom d’un ami commun.
— Peut-être pouvons-nous entrer dans mon bureau pour en discuter ? proposa le corellien.
— Volontiers. Évitons les oreilles indiscrètes.
Insérant sa clé d’identification dans l’interstice dédié, il ouvrit la porte menant à son bureau et invita l’homme à y entrer. Il le suivit et attendit que le panneau se referme pour parler.
— Alors, Monsieur… Vau, dit-il en jetant un coup d’œil à son datapad
— Appelez-moi Walon.
— D’accord, Walon. Puis-je savoir qui vous envoie ?
— Jango Fett.
Jagen eut un petit sourire.
— Vous n’avez pas l’air d’un mandalorien.
— Invitez Vanya Cadera à nous rejoindre et elle vous confirmera mon identité, affirma Vau avec assurance. Le Mand’alor m’envoie pour commencer à régler la dette qu’il estime avoir envers vous après Galidraan.
— Il n’est pas mon débiteur, répondit le colonel. J’ai fait ce qui était juste, rien de plus.
— Et il veut vous rendre la pareille. Il a appris l’attaque dont votre centre informatique a été la cible il y a peu.
— C’était il y a presque un mois, et nous avons rétabli les protections ; le pare-feu, les sauvegardes et autres détecteurs…
— En quoi consistait l’attaque ?
— Stark s’est emparé de nombreux fichiers du Bureau des Vaisseaux et Véhicules. Des plannings commerciaux, des plans de vaisseaux ainsi que des schémas tactiques décrivant le déploiement des forces de sécurité de la Fédération du Commerce ou de la Guilde des Marchands.
— Le volume est donc énorme…
— Colossal, oui.
— En bon stratège, Colonel, vous connaissez sans doute la manœuvre du galvon ?
— Évidemment.
Ce poisson corellien était l’un des mets les plus raffinés de la gastronomie du système aux cinq planètes. Son mode de vie atypique, entre rivières et océans, avait passionné de nombreux biologistes des siècles durant. Le galvon naissait dans les rivières d’eau douce mais vivait dans les mers de la planète, et remontait le courant une fois l’an pour donner naissance à une nouvelle portée.
— Je peux donc vous affirmer qu’on a introduit dans vos serveurs des fichiers qui ne devraient pas s’y trouver.
Jagen accusa le coup. Ils ne s’étaient rendu compte de rien….
— Face à l’ampleur du flux des données volées par Stark, le volume d’entrée était si négligeable qu’il n’a pas été détecté par vos opérateurs, expliqua Vau. Jango a compris ce qui se passait une semaine après l’opération.
— Comment ?
— Le marché noir, bien sûr. Stark a volé un nombre immense de données. Il savait que son opération ne passerait pas inaperçue, et que les corporations changeraient vite leurs registres et leurs habitudes. Les fichiers volés étaient trop nombreux pour que son Cartel Commercial puisse arraisonner un volume réellement significatif de vaisseaux marchands ! Si les profits avaient été son but premier, il aurait revendu une grosse part des données aux trafiquants indépendants. Et ce n’est pas ce qui s’est produit… Jango a donc déduit qu’il ne s’agissait que d’une couverture. Le reste a été une formalité ; il existe peu de hackeurs capables de percer des défenses comme celles de la République, et nous les connaissons tous. Il a donc retrouvé très vite ceux recrutés par Stark, et déterminer les fichiers qu’ils ont introduit.
— Je vous écoute.
— Pas grand-chose, en fait, une altération aléatoire de coordonnées dans le serveur des cartes galactiques.
— À quoi cela sert-il ?
— Cela empêche juste d’atteindre un endroit précis sans avoir les bons codes. De nombreux groupes pirates s’en servent pour protéger leur base en ne laissant que quelques officiers triés sur le volet capables d’y accéder. Dans le cas de Stark, c’est un système isolé qui est visé.
Le colonel se raidit, un frisson glacé lui parcourant l’échine.
— Troiken.
Le nom prit le mandalorien au dépourvu.
— Eh bien… Oui. Troiken.
Reste calme. Complètement calme.
— Que va-t-il se passer pour les vaisseaux touchés ? demanda-t-il en tentant de garder son calme.
— L’arrivée sur une autre planète ? Le passage dans une supernova ? La plongée dans un trou noir ? Difficile à dire. Quelques-uns pourraient même arriver jusqu’à la planète, s’ils ont de la chance…
— Et la flotte de Stark les détruira…
Le pirate les avait encore pris de court. Il avait prévu longtemps en avance les tentatives de négociation de la République, l’ambition dévorante de Tarkin, qui le pousserait à agir, et peut-être même la réaction de l’amiral Willspawn qui tenterait de l’arrêter.
— Vous avez des contre-mesures ?
— Pas encore, admit Vau. Elles seront compliquées à mettre au point. Et comme tous les ordinateurs de bord Rendili sont concernés par cette « mise à jour », vous n’avez aucun vaisseau capable d’atteindre à coup sûr la planète.
Il a raison. Comme je l’ai dit hier à Sienar, Rendili est le principal fournisseur en ordinateurs de bord de la…
Minute.
— J’en ai trois, en fait, dit-il sans pour autant reprendre espoir.
Il fit un rapide calcul mental. L’amiral Willspawn ne l’avait pas contacté sur Columex, comme c’était prévu s’il parvenait à intercepter Tarkin. Les forces du gouverneur allaient être dispersées et pour une bonne part détruites, mais il y aurait des survivants. Ainsi qu’une équipe de diplomates et de Jedi coincés sur la surface d’un monde hostile.
À présent, chaque seconde comptait.
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Yorkman » Dim 14 Juin 2015 - 22:01   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Ahlala j'en aurais presque oublié de laisser mon comm' habituel. :transpire:

Bon j'aimerais bien voir les choses avancer mais au moins la pression monte, et c'est une bonne chose. J'ai encore un peu de mal à cerner les personnages de Stark et Willspawn, et autant c'est une bonne chose pour le premier autant le second a connu un changement radical de caractère après la mort de Corona et on ne sait toujours pas à quoi s' en tenir.

On remarque également dans ce chapitre que les pensées de Syal envers Jagen sont plus explicites qu'attendues, alors que jusque là elle avait démontré son attirance pour le colonel de manière plus sage et timide. D'ailleurs, son rentre-dedans à peine voilé a l'air d ' exaspérer Jagen qui n'a décidément d'yeux que pour Vanya et son tempérament froid de Mandalorienne.

La suite ! :)
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Dim 14 Juin 2015 - 22:39   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Merci pour la lecture et le comm' ! :jap:

Yorkman a écrit:Bon j'aimerais bien voir les choses avancer mais au moins la pression monte, et c'est une bonne chose. J'ai encore un peu de mal à cerner les personnages de Stark et Willspawn, et autant c'est une bonne chose pour le premier autant le second a connu un changement radical de caractère après la mort de Corona et on ne sait toujours pas à quoi s' en tenir.


Après la mort de Corona, Willspawn est devenu le chef, le seul maître à bord...

Yorkman a écrit:On remarque également dans ce chapitre que les pensées de Syal envers Jagen sont plus explicites qu'attendues, alors que jusque là elle avait démontré son attirance pour le colonel de manière plus sage et timide. D'ailleurs, son rentre-dedans à peine voilé a l'air d ' exaspérer Jagen qui n'a décidément d'yeux que pour Vanya et son tempérament froid de Mandalorienne.


Effectivement, c'est tout à fait ça !

La suite est en bonne voix, j'ai déjà rédigé cinq pages... Les 400 sont dépassées !
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Yorkman » Lun 15 Juin 2015 - 13:33   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Jagen Eripsa a écrit:Après la mort de Corona, Willspawn est devenu le chef, le seul maître à bord...

J'entends bien, mais justement après la mort de Corona il est devenu un vrai chef, ce qui me fait penser qu'il cache quelque chose. Et qu'en est-il de son protégé, ce cher Kendal Ozzel ? J'espère le revoir avant la fin du Tome 1.
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Yorkman » Dim 30 Aoû 2015 - 12:26   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Je double-post mais l'heure est grave, je me languis de tes personnages et je me demandais si, par un ô grand hasard, la suite était en chemin ? :cute:

Bien cordialement, Iorqui.
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Dim 30 Aoû 2015 - 13:45   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Eh bien, j'y pense et puis j'oublie... :ange:


Plus sérieusement, j'ai toujours ce damné chapitre en tête, mais je suis bloqué sur un passage et je cherche désespérément un substitut qui me permettrait d'avoir un morceau de qualité - ou pas de morceau du tout - plutôt que le "truc" plat que je me sens capable d'écrire dessus. :(
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mar 29 Sep 2015 - 16:23   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

J'y serai finalement parvenu ! :D

Chapitre 24

« Qu’importent les planètes soutenant Stark ? Elles sont dominées par des élites corrompues qui méprisent la République. Moi, au contraire, je l’aime, quand elle est forte et imposante. Notre armée en est l’âme, virile et guerrière ! Donnons à Stark un avant-goût de ce qui l’attend ! Traquons ses partisans, offrons-les à une justice qui leur court après depuis bien trop longtemps ! Mais ne faisons pas acte de faiblesse par des palabres incessants avec ces traîtres ! »

Sénateur Ranulph Tarkin, en réponse au sénateur Bail Antilles, avant de quitter la Rotonde du Sénat.

Espace de Troiken, cinq cent soixante-quatre jours AK.

Le Knight’s Blade et sa mince escorte émergèrent de l’hyperespace cinquante heures après leur départ de Coruscant. Emprunter un itinéraire direct sans arrêt avait raccourci leur trajet vers Troiken de près d’une journée.
Pourtant, il était déjà presque trop tard.
Les vestiges de la flotte de l’éphémère « général » Tarkin flottaient à une certaine distance de là. La plupart des vaisseaux de combat de la Force de Sécurité des Confins Ouest – du moins parmi ceux qui étaient parvenus jusqu’à Troiken – avaient été réduits en débris qui tournoyaient lentement sous l’effet de l’attraction planétaire. Les croiseurs pirates de Stark – qui étaient un peu amochés mais semblaient pour la plupart opérationnels – faisaient l’effet de vautours voletant au-dessus d’un futur repas.
— Capte-t-on des signaux ? demanda Jagen d’une voix blanche.
— Quelques capsules de sauvetage flottent à dix kilomètres d’ici, indiqua Tinor qui avait lui aussi pâli sous le coup de l’émotion.
Tout l’équipage était affecté par ce qu’ils voyaient. Deux jours de préparation ne valaient rien face à la réalité du désastre.
— Envoyez des navettes pour les récupérer, ordonna le colonel en tentant de garder son sang-froid.
— Il n’y a peut-être plus personne de vivant à bord… murmura Syal. Mais s’il existe des survivants, nous pouvons le savoir très vite. Je peux tenter de les contacter.
— Faites-le, lieutenant Rodan.
Penchée sur son poste de travail, elle entra quelques fréquences d’urgence. À ses premiers appels ne répondirent que des crépitements angoissants, mais une voix se fit finalement entendre.
— …épète, Knight’s Blade, ici la capsule de sauvetage CCSCFSCO-509, me recevez-vous ?
— Ici le Knight’s Blade, répondit Syal. Nous vous recevons.
— Je m’en occupe, intervint précipitamment Jagen. Ici le colonel Eripsa. Je vous écoute. Déclinez votre identité.
— Commandant Dodonna, Forces Armées de la République.
Le nom était bien familier à Jagen, qui s’empressa de répondre.
— Le capitaine du Folor ?
— De ce qu’il en reste !
Il poussa un soupir de soulagement. L’officier en question était un jeune homme prometteur, issu d’une vieille famille de Commenor, était plus jeune d’un an que lui et faisait partie des promotions venues combler la perte de la flotte Katana.
Le désastre n’est donc pas total…
— Nous allons organiser votre rapatriement immédiat. Avez-vous des nouvelles de l’amiral Willspawn ? Ou du sénateur Tarkin ?
— Les autres rescapés ont rejoint la surface depuis plusieurs heures. L’Invincible s’est écrasé, mais le sénateur n’était pas à bord. Par contre, nous n’avons aucune nouvelle de l’Opportuniste. Son antenne comm a été détruite dès le début de l’engagement et des navettes d’abordage sont montées à son bord. J’ignore ce qu’il est advenu de l’amiral, mais nous avons capté des bribes de communications venant de la surface qui parlent des soucis que créent les Jedi. Je doute que Stark prenne le risque d’y conduire un otage aussi précieux.
— Bien raisonné, approuva Jagen. Si vous avez d’autres informations, rappelez-nous. Knight’s Blade, terminé.
Dès que la liaison fut coupée, le colonel redirigea son attention vers son propre équipage. Nous risquons tous de craquer, comprit-il avec anxiété. C’est un nouveau désastre, un de plus après Katana. Qui sait combien Willspawn est-il parvenu à rassembler de navires et combien ont filé dans les pièges spatiaux ?
— Des nouvelles de l’armada pirate ? demanda-t-il aux opérateurs des senseurs.
— Aucune, lança l’un d’entre eux. Colonel, c’est à peine s’ils semblent nous avoir remarqués.
— Stark doit se demander comment nous avons fait pour parvenir jusqu’ici… Avec un groupe de combat au complet.
Hélas, le « complet » du jour se composait seulement du Blade, du Forte Tête et du Champion de Rendili, les trois seuls appareils de la flotte à ne pas être atteints par le virus informatique de Stark.
Le développement d’un tel programme coûtant cher, les ingénieurs du Cartel Commercial s’étaient limités à une sélection d’ordinateurs centraux parmi les plus répandus, en espérant que les similitudes d’architecture rendraient les effets équivalents sur toutes les machines. Hélas pour eux, le modèle installé par Sienar était entièrement inédit.
Et promis à un grand avenir, après une telle publicité…
— Jaim ? Ait ? Vous m’entendez ? demanda-t-il sur son comlink.
— Cinq sur cinq, répondit Helaw.
— En attente, ajouta Convarion.
Jagen avait confié à ses deux amis les deux autres vaisseaux non atteints par le virus. Le Champion, récemment réarmé, avait vu son équipage pourvu en urgence ; le Forte Tête, lui, était opérationnel, mais avait vu son capitaine givin réaffecté temporairement à la base de Centax pour tenter d’élaborer une contremesure qui pourrait rouvrir l’accès à Troiken.
— Gardez vos vaisseaux en formation serrée et veillez à limiter vos dommages au plus bas possible pour élaborer une ligne de défense compacte, ordonna-t-il en réfléchissant à toute allure. D’autres instructions arriveront ultérieurement.
Puis, revenant sur son propre écran, il changea de fréquence pour s’adresser à toute la flotte.
— Ici le colonel Eripsa qui vous parle, commença-t-il. Comme nombre d’entre vous le savent déjà, nous sommes actuellement dans l’espace de Troiken où la flotte du Cartel Commercial de Stark s’est rassemblée. Je ne reviendrai pas sur les raisons qui nous ont conduits ici, sur leur valeur légale ou le sentiment que vous éprouvez à ce propos ; je vous demande juste de laisser parler vos cœurs. Iaco Stark a détruit une flotte entière. Par lâcheté. Par traîtrise. Par pur opportunisme. Pour ces raisons, nous n’avons pas d’autre choix que de contenir la menace ici et de détourner ses vaisseaux des survivants à la surface de la planète. Des mercenaires, me direz-vous ? Pour certains, peut-être. Mais il y a aussi parmi eux des Jedi, et, plus importants encore, quelques-uns de nos frères d’armes de la République. Et il ne sera pas dit que les garants des valeurs galactiques abandonnent ceux qui partagent leurs idéaux ! Pas aujourd’hui !
La fin du discours ne provoqua pas d’acclamations sur le pont, mais fit juste disparaître quelques grimaces crispées et deux ou trois mines maussades. Puis l’exaltation du combat qui approche prit le dessus et des mains s’entrechoquèrent, seules quelques-unes d’abord, puis toute une foule.
Non. Pas aujourd’hui…
Jagen se tourna alors vers son second, qui semblait avoir retrouvé quelques couleurs.
— Je vous laisse les commandes, Mell.
Le blanc lui revint immédiatement au visage.
— Pardon ? Je veux dire, Colonel…
— Nous avons discuté du plan de bataille pendant le trajet, rappela le corellien d’un air grave. Il n’a pas changé. Vous coordonnerez l’effort des capitaines Helaw et Convarion.
— Je ne suis qu’un simple lieutenant…
— Considérez-vous capitaine jusqu’à nouvel ordre. J’ai une autre mission à accomplir. Venez avec moi…
Il quitta son poste de commandement et descendit quelques marches pour arriver au niveau du terminal de Syal.
— Lieutenant Rodan, dites au capitaine Salussa de rassembler ses troupes dans le hangar principal.
— Entendu, répondit la jeune femme.
— Que faites-vous ? demanda une autre voix féminine.
Vanya, revêtue d’une combinaison de combat intégrale et armée de deux lourds blasters accrochés à sa ceinture, approchait à vive allure.
— Vous avez entendu Dodonna, répondit-il. Stark n’a pas transféré l’amiral sur la planète. Pourquoi l’aurait-il changé de navire ?
Il désigna une importante masse sombre placée au cœur de la formation pirate sur les relevés des senseurs.
— L’Opportuniste, souffla Syal.
— Colonel, avec tout le respect que je vous dois, c’est extrêmement risqué… tenta Tinor. Les forces d’abordages sont sans doute très nombreuses.
— C’est l’idée la plus stupide que j’aie jamais entendu, déclara Vanya. Elle peut marcher.
Voyant les regards interloqués de ses collègues, elle poursuivit :
— Les pirates ne s’attendront certainement pas à cela. Quand les forces en présence sont si disproportionnées, les stratégies inattendues sont les meilleures.
— L’amiral Willspawn est un otage de choix pour Stark, compléta Jagen. Vous imaginez la crise que provoquerait la nouvelle de la capture du Commandeur Suprême ? Il n’aurait même plus besoin d’utiliser des turbolasers pour nous anéantir ! Nos hommes déserteraient par manque de confiance !
— Je reste opposé à la participation du colonel. Le capitaine Salussa peut s’en charger seul.
— Nous parlons de combattre sur un vaisseau, rappela Vanya. Celui qui le contrôle peut envoyer ses ennemis dans le vide sans autre forme de procès… Nous l’avons déjà fait. Par contre, une cible comme le colonel représente un intérêt bien plus grand. Stark est un joueur, et ses hommes sont comme lui ; ils ne résisteront pas à l’attrait d’une rançon si forte.
—  Ce n’est pas exactement comme cela que je voyais les choses… grommela Jagen. Mais si nous pouvons retourner leur rapacité contre eux, ça me va.
Tinor les regarda d’un regard supliant.
— Vous voulez vraiment me voir commander la plus grande déroute de l’histoire de la République ?
Surprenant les regards gênés de ses subalternes, Jagen lui posa une main sur l’épaule, l’air compatissant.
— Elle a déjà eu lieu, dit-il en montrant d’un geste de l’autre bras le champ de bataille, et ce n’était pas de votre fait.
— Je viens avec vous, annonça alors Syal. Comme l’a dit le capitaine Dodonna, les antennes de l’Opportuniste sont en hors-service. Vous aurez besoin d’aide pour transmettre vos instructions. Je peux m’en charger.
— Entendu, approuva le colonel. Allez au hangar et enfilez une tenue.
— Je viens aussi, dit Vanya d’une voix déterminée.
Jagen, qui s’était tourné vers la sortie, interrompit son geste pour revenir vers la jeune femme.
— Non, ordonna-t-il d’un ton qui ne souffrait pas la contradiction. C’est hors de question. J’ai trop besoin de vous ici.
— Colonel, reconsidérez votre décision…
— Pourquoi croyez-vous qu’ils se sont risqués à aborder l’Opportuniste ? Ils voulaient un otage et son vaisseau. Nous devons retourner cette cupidité à leur avantage et les pousser à nous attaquer ici. S’ils nous abordent, je veux avoir quelqu’un de confiance pour diriger la défense du vaisseau. Ce sera vous.
Se sachant vaincue, elle ne revint pas à la charge et s’éloigna sans entrain. Jagen la suivit des yeux pendant quelques instants, puis, conscient du regard insistant que posait sur lui Syal, s’éloigna sans rajouter un mot.
Il retourna brièvement à ses quartiers pour enfiler sa tenue blindée puis se dirigea vers les hangars. Lorsqu’il y entra, le capitaine Salussa et un bataillon d’une vingtaine d’hommes l’attendaient déjà.
— C’est peu, commenta-t-il en voyant l’équipe.
— Pour prendre un tel vaisseau d’assaut, la discrétion sera notre meilleur atout, répliqua le capitaine. Nous ne pouvons pas mener l’abordage au cœur de la formation ennemie avec une dizaine de barges de débarquement…
— Oui, évitons d’attirer l’attention, concéda Jagen. J’ai d’ailleurs prévu une approche mesurée en utilisant les chasseurs pour nous couvrir.
— Audacieux, mais risqué. Ils ont sans doute davantage d’appareils que nous.
— Mais pas d’escadrons complets avec des pilotes bien entraînés, répliqua le colonel. Barvel ? lança-t-il à un lieutenant qui accourait vers les chasseurs parés au décollage.
— Au rapport ! répondit le jeune lieutenant.
— Je veux que l’escadron Rouge suive notre situation de très près, ordonna-t-il. Assurez-vous qu’on ne nous remarque pas…
— Ce sera fait, assura le jeune homme avec gravité.
— Alors allons-y. Messieurs…
— Et Madame, intervint Syal Rodan en approchant avec son équipement.
— Et Madame, approuva Jagen. Bonne chance, et que la Force soit avec vous !
 
*  * 
  Les douze minutes que la navette d’assaut mit pour parcourir la distance entre le Knight’s Blade et l’Opportuniste furent les plus longues de la vie de Jagen, sentiment sans doute partagé par le reste de l’équipage.
Ils atteignirent bien trop tôt l’espace où croisaient les chasseurs ennemis, portés à leur rencontre, et il y eut bientôt pléthore d’échanges de tirs entre les appareils agiles des deux camps. Fort heureusement, leur discipline et la qualité de leur matériel fournissaient aux Républicains un avantage décisif sur leurs adversaires pourtant plus nombreux. Ils bénéficiaient en outre de l’effet de surprise ; de nombreux pilotes de l’armada du Cartel étaient encore au sol ou endormis.
Ils parvinrent finalement jusqu’au vaisseau de Willspawn, isolé à l’arrière de la flotte, sans attirer l’attention d’un ennemi concentré sur la menace la plus apparente. Le croiseur Loronar offrait une apparence sinistre, sans les lumières qui courraient habituellement dans ses coursives. Cette vision rappelait au colonel la Force Sombre, la Flotte Katana, et il ne classait pas cela dans ses meilleurs souvenirs.
La navette d’assaut s’arrima à un sas isolé, près de la section des moteurs, et libéra ses troupes dans les entrailles du vaisseau. Après une brève concertation, les officiers présents choisirent de conserver le groupe uni ; ils n’avaient aucune idée de ce qui les attendait, et Syal Rodan était la seule à disposer du matériel nécessaire pour communiquer avec le Blade.
Ils commencèrent par inspecter les casernements des techniciens, pensant qu’il y aurait peut-être quelques survivants réfugiés ici, mais la recherche fut un échec. Ils tentèrent également de se connecter à l’ordinateur central du vaisseau, sans succès ; tous les systèmes avaient été coupés, à l’exception de la ventilation et de quelques autres circuits de survie.
Jagen ne pouvait négliger le malaise grandissant dans son cœur. Tout était trop calme. Il n’y avait pas de traces d’un assaut : ni marques de blaster, ni cadavres étendus sur le sol, même pas une simple odeur d’ozone indiquant l’utilisation d’un blaster. Il se demanda alors si l’équipage avait pu être envoyé dans le vide, et décida que c’était sans doute la solution la plus probable. La Brigade Stellaire avait sans doute eu vent du sort réservé aux assaillants du Knight’s Blade quelques mois plus tôt, et la capture de l’Opportuniste était probablement la réponse des survivants de la Brigade Stellaire à l’intransigeance du corps militaire républicain. Cette hypothèse l’angoissait, et, à s’en fier aux gestes de contrôle du matériel respiratoire qu’il surprenait ici et là, il n’était pas le seul à l’avoir envisagée.
Ils décidèrent finalement de gagner la passerelle, espérant y trouver d’autres indices. Le temps pressait, car la bataille faisait désormais rage depuis une demi-heure ; malgré les rapports encourageants qu’envoyait Tinor, le combat était loin d’être gagné.
La progression se fit une fois encore sans encombre. Ce n’est qu’en sortant de l’ascenseur qu’ils remarquèrent que l’éclairage était encore actif dans cette section. La luminosité, accentuée par les panneaux blancs qui couvraient les murs, était difficilement supportable pour les yeux après la pénombre des niveaux inférieurs.
Lorsqu’ils entrèrent finalement sur la passerelle de commandement, leur attention fut d’abord attirée par le spectacle mortel qui se déroulait de l’autre côté de l’immense baie vitrée qui s’ouvrait au fond de la salle où s’alignaient les terminaux. Puis le silence complet et les sièges vides exposèrent une évidence.
— vide, constata Jagen avec un soupir de dépit.
— Pas exactement, répondit alors une autre voix dans son dos.
Il se retourna brusquement. Appuyé sur la clôture de verre du ponton surplombant la porte principale du pont, Trevor Willspawn, habillé de son plus bel uniforme, libre et sans entrave, les accueillait avec un grand sourire aux lèvres. 
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Yorkman » Ven 02 Oct 2015 - 15:27   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Fin très intéressante. Je ne sais pas si je suis dans le vrai, mais mes doutes vis-à-vis des intentions de Willspawn semblent être fondées. :sournois:
Bon si ça se trouve il y a une explication tout à fait logique à ce retournement, mais je doute qu'il aurait planifié la déroute de sa propre flotte pour contrer Stark. Moi je pense qu'il bosse avec lui... :idea:

La suite!
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Lun 05 Oct 2015 - 21:27   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Merci pour la lecture et le comm'. :jap:

Difficile de répondre à tes hypothèses sans spoiler... Alors, quoi de mieux qu'un nouveau chapitre ? :D

Chapitre 25
 
« Je n’ai jamais été idéaliste. J’ai appris très jeune que les plus belles idées ne conduisent qu’à l’aveuglement et au désastre. »
 
Trevor Willspawn, dans son autobiographie, Uniforme Aldéranien¸ publiée deux ans avant la Guerre de Stark.
 
— Jagen Tarsus Eripsa, lança l’amiral d’une voix grave où perçait une pointe d’ironie. Je vous attendais.
Le colonel le regarda sans répondre. Son cerveau peinait à comprendre la situation ; il ne parvenait pas à admettre la seule réponse valable à cette problématique – un officier présumé captif libre et en parfaite santé, souriant en voyant une escouade de soldats pénétrer sur le pont.
— Vous n’avez jamais été prisonnier, comprit-il enfin.
— Excellent, Jagen, vraiment, répondit Willspawn en se redressant. Non. Je suis un homme libre, en effet. Libre dans tous les sens du terme. Libéré des faux-semblants et des serments. Libéré de la République.
Le jeune homme sentit son cœur manquer quelques battements, alors que des larmes de rage lui montaient aux yeux. Tout ce qu’il avait affronté au cours des dernières heures – la perte de tant d’hommes vaillants, le stress du combat, le sentiment d’envoyer ses hommes à la mort – lui semblait désormais vain.
— Vous l’avez trahie, lança-t-il avec hargne. La République. La flotte. Tous ceux qui vous faisaient confiance…
— Je vous en prie, ne partez pas dans les absolus. La République s’est trahie elle-même depuis bien longtemps, et vous vous en rendriez compte sans votre loyauté aveugle à Kalpana et ses sbires. Le Sénat n’est qu’un monstre bureaucratique informe, un carnassier vivant sur le dos de la Galaxie toute entière !
— Vos propres compagnons d’armes…
— Vous vous méprenez, une fois encore. La Force de Sécurité des Confins Ouest est anéantie, c’est vrai, mais je n’ai jamais considéré les laquais de Tarkin comme mes alliés.
— Il est mort, je suppose ?
— Il a eu le bon goût de s’échapper de son vaisseau avant qu’il ne s’enflamme, apparemment. Les forces du Cartel affrontent un petit groupe au sol, dont quelques Jedi qui cherchent à protéger votre cher Valorum. Ils finiront bien par capituler.
— Et Dodonna ? Le Folor était un élément de votre groupe de combat…
— Comme je vous l’ai déjà appris par le passé, les victoires ne se font pas sans pertes. Le Folor était un vaisseau à la loyauté douteuse – envers moi. Les éléments les plus fiables de ma flotte sont encore dispersés à travers la Galaxie. Certains répondront à l’appel, le moment venu… Et je détruirai personnellement les autres.
Il faut prévenir le Knight’s Blade, et vite… Avertir Coruscant de l’ampleur du désastre et de la trahison. Si des éléments séditieux surgissent partout dans la Galaxie…
Il comptait sur Syal pour transmettre d’une façon ou d’une autre l’information à Tinor, qui saurait alors comment agir. D’ici là, il devait gagner du temps, et si possible défouler ses nerfs en se montrant le plus hargneux possible avec le traître.
— Vous présumez bien vite de la loyauté que vous inspirez. Que penseront les autres officiers en apprenant le sort réservé à leurs congénères ? Vous croyez vraiment que c’est ainsi que vous remporterez leur adhésion ?
— Je ne compte pas uniquement sur leur estime de ma personne, se défendit Willspawn. J’ai les arguments nécessaires pour les rallier. Ils comprendront comme moi que l’avenir des militaires n’est pas dans la République, mais contre celle-ci.
— Une junte ? C’est ce que vous voulez créer ? Vous pensez vraiment que les convictions démocratiques peuvent être balayées par vos promesses illusoires ?  
— Des « convictions » ? C’est bien plus simple que cela, Jagen. Vous êtes un homme du passé, né en un siècle qui n’est pas le sien. Vous pensez vraiment que les ambassades vont encore continuer longtemps, que le Noyau conservera toujours sa paix décadente ? Non ! Tout cela appartient au passé. Je représente l’avenir ! Celui d’une galaxie forte, en expansion constante, où le Sénat n’imposera plus jamais ses lois égoïstes à des planètes qu’il ne connaît pas ! 
— Et c’est pour cela que vous vous êtes allié à une bande de pirates anarchistes ? demanda le colonel en hochant la tête de dépit. Vous êtes définitivement cinglé.
— Ne me jugez pas, répondit l’amiral déchu.
— Combien avez-vous monnayé votre ralliement à Stark ? Que vous-a-t-il promit ? Une planète ? Un poste à ses côtés ?
Willspawn le regarda quelques instants, l’air incrédule, puis partit d’un rire franc qui acheva de déstabiliser le jeune homme.
— « Monnayer mon ralliement » ! répéta l’aldéranien une fois son hilarité retombée. Mon pauvre ami !  Il n’a rien monnayé du tout. N’avez-vous pas compris ? Je suis l’Amiral. La Brigade Stellaire, le Cartel Commercial… Ils n’ont été que des avatars, des illusions destinées à préparer ce moment.
— C’est impossible, répondit Jagen, pâlissant. Cela fait des années…
— Plus de vingt ans, en fait.
Le regard de Willspawn se fit lointain pendant quelques instants, avant de se poser une fois encore sur son jeune adversaire.
— Je vous ai déjà conté l’histoire de mon frère, n’est-ce pas ? Mon jeune frère. Tué lors d’un affrontement contre des contrebandiers. J’étais là, Jagen. J’ai vu son vaisseau se faire détruire lors d’un affrontement qui n’était pas nécessaire, et j’ai compris ce jour-là que mes dernières illusions envers la République avaient fait long feu. Cette mission de « sauvegarde des intérêts commerciaux », comme ils l’appelaient alors, avait été mandatée pour sauvegarder les profits des grandes banques qui investissaient alors massivement dans les compagnies commerciales dotées de monopoles. Vous savez comme moi que la planète qui concentre le plus grand nombre de sièges bancaires est Aargau, ce qui a motivé l’intervention de son représentant. Et qui était sénateur d’Aargau, à cette époque ?
— Kalpana, devina Jagen.
— Kalpana, approuva Willspawn. Mais je ne devais le savoir que bien plus tard. Pour l’heure, j’étais effondré. Firrin était jeune, à peine marié… Et voilà qu’il n’était plus qu’un cadavre flottant dans le vide spatial. J’ai éprouvé de la haine, bien plus que vous ne pouvez en concevoir.
— Cela n’excuse pas tous ces morts…
— Quelques mois plus tard, la veuve de mon frère est venue me trouver dans mon pied-à-terre sur Aldérande, où je m’étais retiré pour vivre mon deuil. Elle avait un nouveau-né dans les bras. Le fils de mon défunt frère, si ressemblant que j’en eus les larmes aux yeux. J’ai alors fait le serment de donner à cet enfant de quoi compenser ce que la République lui avait pris en provoquant injustement la mort de son père.
Jagen le regardait avec de plus en plus d’appréhension. Il avait l’impression de revivre cette scène à mesure que Willspawn la racontait, sans savoir s’il s’agissait d’une prescience venue de la Force. Et, si telle était le cas, pourquoi se manifestait-elle maintenant ?
— J’ai alors construit un personnage qui m’aiderait à atteindre mon but. L’amiral Willspawn qu’Aiden Corona croyait si bien connaître. Je me suis donné toutes les apparences du vice, parce qu’on cherche rarement à voir au-delà de l’évident. Les stéréotypes, la caricature servaient mes projets et réussissaient au-delà de mes espérances. Mais, pendant qu’on me croyait au bordel ou dans les bars, je rejoignais le logement anonyme où j’élevais l’enfant en compagnie de sa mère, qui lui avait donné son nom. Je…
Il parut soudainement submergé par les souvenirs, mais cette impression passa aussi vite qu’elle était survenue.
— Je n’ai jamais voulu prendre la place qu’aurait dû avoir mon frère dans le cœur de cet enfant. Mais j’étais son devenu son père de cœur, lui mon fils adoptif… Elle ma compagne des heures difficiles. Ces trop rares moments me permettaient de forger une détermination de carriériste, prêt à grimper tous les échelons de la République. Ce que je parvins à faire avec assez d’aisance pour devenir le second homme de la Marine Républicaine. C’est peu après que mon obtention du grade d’amiral que je suis parvenu à faire entrer – de façon anonyme – mon neveu à l’Académie de Carida. C’est à cette époque que nous avons commencé à rassembler la Brigade Stellaire pour rassembler les parias de toute la Galaxie sous une même bannière.
— Et que vous avez tenté de recruter l’équipage du Blood Angel
— Le capitaine Fehn était un meneur d’hommes, respecté par tous les esclavagistes. Je souhaitais utiliser ses compétences pour rassembler une armée suffisamment puissante pour que le Sénat soit obligé de la prendre au sérieux. La mort de Fehn dans le système Arkanis n’a été qu’un contretemps.
— Et après ? demanda Jagen, les lèvres serrées et le cœur douloureux à l’évocation de ce souvenir qu’il détestait tant.
— La République devait réagir en constituant une flotte, et elle l’a fait. Mais je n’avais pas prévu le projet de flotte Katana.
— Vous l’avez donc fait disparaître, comprit le colonel, épouvanté.
— Je n’ai rien à voir avec ça, se défendit Willspawn. La flotte Katana aurait au contraire pu servir mes desseins. Imaginez une exécution du piège de Jafan III contre le Katana… Malheureusement, la disparition d’Aidan et de ses chers vaisseaux a ôté tout espoir d’accomplir cette prouesse. Bien sûr, je m’en suis servi plus tard… Contre vous, comme test. Je n’espérais rien de l’utilisation de cette tactique sur un Eripsa.
Il eut un petit rire nerveux.
— Où en étais-je, déjà… Ah, la constitution de la Brigade Stellaire. Belillier ayant renoncé au poste de Commandeur Suprême, Aiden avait le champ libre tandis que je devais me contenter de la place de l’ombre. Mais cela me convenait. J’ai pu coordonner à cette époque suffisamment d’opérations pour que la République soit mise sur ses gardes et songe sérieusement à augmenter ses moyens au-delà même de la flotte Katana, qui de par son fonctionnement était plus destinée à de larges batailles qu’à des missions de patrouille routinière. C’est alors que vous êtes intervenu dans le processus… Un jeune officier, fraîchement émoulu, tout droit venu des bancs d’Anaxes… Et, qui plus est, le protégé de mon rival au sein de la flotte. Aiden était parvenu à vous faire affecter à l’un de mes vaisseaux, et, sachant cela, j’ai craint de ne trouver en vous qu’un pur produit de la bureaucratie républicaine, nommé à son poste parce que « fils de… », et non pour ses talents. Les évènements qui ont suivi ont tempéré mon jugement. J’ai découvert qu’il y avait en vous une bonne dose de sens tactique, et, plus important encore, quelques graines de rébellion qui seraient prêtes à germer s’il n’y avait pas votre idéalisme juvénile. J’ai donc révisé mes plans à votre égard pour vous tester, éprouver vos convictions et vos véritables capacités. Vous êtes un guerrier, encore naïf du fait de votre jeunesse dorée, mais un guerrier malgré tout. Il y a en vous les qualités d’un chef, des atouts qui vaudront de l’or dans la nouvelle société que je veux façonner.
— Une nouvelle société, rien que ça !
— Ne sous-estimez pas ces mots. Ce que je vous ai dit plus tôt sur le pouvoir de la République, je le pense. La Bordure Extérieure vit dans la misère la plus totale, quand le Noyau se vautre dans ses richesses. Même sur Coruscant, les inégalités atteignent des sommets – ou le fond des canyons, selon le point de vue. Tout cela va s’effondrer. Dans cette Galaxie remodelée, il faudra un point d’unité, et ce ne seront plus les politiciens honnis du Sénat et de ses annexes. L’ancienne flotte de la République, celle qui se sera soulevée la première contre ces injustices criantes, sera le symbole de cette unité forte, le moteur de cet ordre renouvelé.
— Et vous seriez à sa tête, devina Jagen. C’est évident. Tout cela ne me dit pas ce que votre neveu vient faire dans cette histoire.
— Rien de moins que conduire ce nouvel organisme.
— Et vous pensez que Stark va vous laisser faire ?
Willspawn eut un sourire franc.
— Aurais-je oublié de vous mentionner que Iaco est le fils de feu mon frère ?
De toutes les révélations de ces dernières heures, ce fut celle-ci qui le désarçonna le plus. Il comprenait, enfin, le sentiment étrange qu’il avait pu éprouver en rencontrant Stark. Quelques ressemblances lui parurent évidentes : la couleur des cheveux, la forme des yeux…
— Cela dépasse l’entendement… lâcha-t-il finalement.
— Plaît-il ?
— Votre trahison. Toute cette guerre que nous traversons depuis deux ans, ces pertes subies à chaque bataille… C’est votre faute.
— Les victoires ne s’obtiennent pas sans sacrifices. Combien d’autres seraient-ils morts prochainement, en laissant la République agir comme elle l’a toujours fait ? Je veux offrir un autre avenir aux générations futures.
— Vous voulez surtout ravager la Galaxie pour votre vengeance. Vous avez tué des milliers d’innocents au nom de votre frère… Je ne vois rien d’autre à plaider pour votre cause que la folie. Mais la partie est terminée, Trevor. Rendez-vous.
 — Me rendre ? Je ne pense pas.
— Je ne vous laisse pas le choix, déclara Jagen en levant son arme.
Ses compagnons l’imitèrent immédiatement. S’ensuivirent quelques secondes de tension, jusqu’à ce que le colonel lâche son arme et lève les mains. Les autres soldats posèrent alors délicatement leurs fusils au sol et laissèrent leurs bras choir le long du corps.
— Pourquoi ? demanda simplement Jagen.
— Vous ne pourriez pas comprendre, répondit Syal Rodan, son sourire peiné se ressentant dans le ton qu’elle employait tandis que le canon de son blaster était enfoncé entre les omoplates du jeune homme.
— Laissez-moi deviner. Vous êtes la jumelle de Stark, ou sa cousine germaine. C’est ça ?
— Vous ne pouvez pas comprendre parce qu’il s’agit simplement d’argent, répliqua-t-elle, plus courroucée.
— Je vois. Depuis combien de temps ?
— Le début, répondit Willspawn. J’avais besoin de vous tenir à l’œil. Grâce à elle, vous avez subi quelques déconvenues sur Opah Settis ou lors de l’assaut de votre navire. Rien de dangereux pour vous, bien sûr ; c’était plutôt formateur.
Jagen tourna légèrement de la tête pour que Syal apparaisse à la limite de son champ de vision.
— Vous êtes donc le genre de femme à porter des diamants corelliens, lâcha-t-il d’une voix aigre.
— Des diamants corelliens ?
— Les Corelliens ont pour coutume de se faire incinérer après leur mort et de compacter leurs cendres pour former des diamants synthétiques, expliqua Willspawn à sa comparse. Le colonel suggère que vous êtes le genre de personne à ne s’intéresser qu’aux profits, sans vous préoccuper de leur coût en vies.
— Ça me va, répondit Syal en haussant les épaules. Il n’y a pas que des activistes politiques dans la Galaxie ; certains, comme moi, veulent seulement tracer leur route dans un univers hostile.
— En trahissant ceux qui vous faisaient confiance, martela Jagen.
— Vous comprenez donc que votre idéalisme vous a fait du tort, lança l’amiral avec vigueur. Aujourd’hui, je vous offre une chance de passer outre ce travers et de vous forger un nouvel avenir. Ne laissez pas votre orgueil et votre attachement à cette République décadente vous perdre.
Jagen ne répondit pas. Il pensait à tous ces mois éprouvants, à tous ceux qui étaient tombés à ses côtés… Aux deux trahisons qu’il venait de subir… Aux errements de son cœur et aux erreurs qu’il avait commises.
— Je regrette, Trevor, finit-il par lancer. Jamais je ne me rallierai à vous. Pas à cause de mon serment, de mes convictions politiques ou même de ma famille… Mais en l’honneur de ceux qui ont été victimes de vos machinations. Je ne parviendrai peut-être pas à vous faire payer vos crimes, mais je refuse catégoriquement d’y prendre part.
Le visage de Willspawn prit un air réellement peiné.
— Je dois avouer que je m’y attendais, même si j’espérais une autre issue… Messieurs ?
Un groupe d’une trentaine de soldats sortit des pièces annexes à la passerelle. Jagen réalisa qu’ils devaient suivre la conversation depuis le début ; même si Syal ne les avait pas trahis (ou n’avait pas intégré le groupe d’assaut), Willspawn n’aurait jamais été en réel danger.
— Ne vous inquiétez pas, reprit l’amiral. Je n’ai pas l’intention de vous tuer. Vous et votre équipage servirez d’otages de choix pour faire pression sur Kalpana… Et, si cela échoue, vous reverrez peut-être votre position vis-à-vis de ma proposition.
On commença alors à menoter les soldats qui accompagnaient Jagen. L’angoisse le submergea en voyant les entraves métalliques et les liens énergétiques entre les bracelets. Il avait déjà connu cela… Sur Tatooine, longtemps auparavant. À l’époque, tout espoir lui semblait vain. Et, quand il avait été sauvé, le prix à payer s’était révélé terrible.
Aujourd’hui, il était prisonnier au beau milieu d’une guerre galactique, et il savait pertinnement que la République ne négocierait pas une reddition pour sa seule personne. Sa seule chance était que sa maigre flotte parvienne à s’échapper, que Jaim et Ait, en qui il gardait confiance, mènent le combat contre l’amiral félon…
— Parquez-les dans la soute vingt-trois, ordonna Willspawn à un lieutenant à la carrure de géant. Il ne faut pas…
Il s’interrompit, le regard perdu dans le lointain jusqu’à ce qu’une expression de stupeur mêlée d’horreur recouvre son visage pâlissant.
— Renforcez les boucliers de la passerelle ! hurla-t-il alors.
Mais il s’adressait à des hommes de pied qui n’avaient aucune idée du fonctionnement d’un croiseur de combat, et qui de toute manière n’avaient pas le temps d’accomplir les ordres donnés.
Un immense fracas retentit et une vague de froid glaçial envahit la passerelle, alors même que l’air était aspiré en-dehors de la coque. Jagen et tous ceux qui l’entouraient furent entraînés en arrière ; Willspawn lui-même bascula par-dessus la barrière à laquelle il s’accrochait. Puis l’aspiration s’arrêta alors que le colonel, sonné et alongé sur le sol, reconnaissait le cône de perçage de l’appareil d’abordage qu’il avait inspecté quelques dizaines d’heures plus tôt.
Les parois de l’appareil s’ouvrirent, libérant des soldats de la République en tenue de combat, lourdement armés. Les hommes de Willspawn, percevant la menace, furent prompts à réagir, et la passerelle s’emplit très vite du son des blasters chauffés à blanc.
Jagen avait été rejeté au pied d’une console où gisaient quelques blasters amenés par le souffle d’aspiration qu’avait provoqué l’appareil d’abordage en perçant la paroi de la passerelle. Syal hors de combat – elle gisait inconsciente au pied du cône géant –, il était libre d’agir. Prenant garde à ne pas se trouver dans les trajectoires de tir des deux camps, il attrapa un blaster léger et avança prudemment vers l’arrière de la passerelle.
Willspawn avait eu la même idée. L’amiral progressait accroupi vers les escaliers qui lui permettraient de regagner ses quartiers ; là, se souvint Jagen, il disposait d’une capsule de sauvetage toujours opérationnelle. Il pouvait s’échapper et continuer à semer le chaos.
Le colonel tenait une chance de mettre fin à cette guerre. Il la tenta.
L’amiral s’aperçut qu’il était visé. Avec des réflexes hérités d’une longue carrière dans la Marine et d’une constitution vigoureuse savamment entretenue, il se redressa, son arme de poing dressée, et tira quelques fractions de seconde avant que Jagen ne fasse de même.
La salve toucha le bord du biceps droit de Jagen, lui arrachant un hurlement de douleur. Le corellien, incapable de mouvoir son bras, laissa choir son arme et tomba à genoux.
— J’ai tiré le premier, exulta Willspawn d’un air mauvais, ses yeux rendus brillants par l’adrénaline du combat.
Il avait à peine achevé sa phrase qu’un tir le frappa au bas-ventre et l’envoya voler à quelques mètres en arrière.
— Mais c’est celui qui frappe en dernier qui achève le combat, lança Vanya Cadera, son blaster encore fumant en main.
 
*  * 
 
Le chaos du combat s’aténua bien vite. Les hommes de Willspawn étaient taillés pour le combat, mais l’avantage de la surprise était pour la République, et, quand Salussa et ses troupes eurent récupérés leurs armes, la bataille s’acheva par une victoire sans condition des soldats du Knight’s Blade. Les blasters se turent enfin, et l’on n’entendit plus que le crépitement des incendies allumés à une dizaine d’endroits différents et les hurlements parfois incohérents des blessés.
Jagen n’en avait cure. Il avançait lentement, serrant les dents contre la douleur lancinante qui le prenait au bras, vers son ennemi vaincu. Arrivant là où Willspawn était étendu, il constata avec surprise que l’amiral était encore conscient… Et qu’il riait.
— Vingt ans… disait-il dans son délire. Vingt ans pour ça !
— Ainsi chutent les traîtres, répondit Jagen d’une voix dure.
La remarque attira l’attention de Willspawn, qui afficha un sourire entendu.
— Ainsi finissent les rêves…
— Les médics vont s’occuper de vous, déclara le colonel en baissant les yeux sur l’impact et ses contours noircis.
— Non ! Ma colonne vertébrale est brisée, comme le sont mes espoirs… Et c’est peut-être ce qui me fait le plus mal. Je ne veux pas continuer à vivre après cela. Subir l’affront d’un jugement. J’aurai eu une mort honorable, celle d’un guerrier.
— Vous pensez que vous la méritez ? cracha Jagen avec mépris. En avez-vous donné une à tous ces pauvres bougres que vous avez précipités dans des soleils ou des trous noirs ? À tous ces êtres qui ont péri à cause de votre Brigade Stellaire ?
Willspawn ne se départissait toujours pas de son rictus amusé.
— Vous me ressemblez plus que vous ne le croyez, lâcha-t-il enfin. Je pressens qu’un jour vous comprendrez ce qui m’a poussé à agir ainsi. Je ne me cherche pas d’excuses… Mais je suis persuadé que vous trouverez mes motifs. Peut-être regretterez-vous-même de ne pas avoir accepté mon offre.
Une quinte de toux le saisit, projetant du sang sur le plastron blanc du colonel.
— J’ai une dernière question, déclara Jagen. Trenik Fehn. Est-ce vous qui êtes à l’origine de la destruction du Blood Angel ?
L’amiral le regarda d’un air étrange, comme si cette question le laissait songeur.
— Non, répondit-il finalement. J’aurais presque envie de vous répondre l’inverse, pour vous éviter des années de recherches longues et vaines… J’ai moi-même enquêté pour comprendre ce qui s’était produit, et je n’ai trouvé aucune réponse.
Jagen sentit une présence à ses côtés, et, d’un bref mouvement de tête, reconnut Vanya, qui regardait avec un air songeur l’ex-Commandeur Suprême de la République, le militaire le plus puissant de la Galaxie, poussé à l’agonie par son propre tir.
— J’ai moi aussi une dernière volonté, poursuivit Willspawn.
Il eut un bref rire qui expulsa encore quelques gouttes de sang de sa bouche.
— Cela peut paraître futile, après tout cela… Mais j’y tiens. Dites à Iaco que je l’aimais.
Le colonel acquiesça avec gravité. La promesse parut rassurer Willspawn, qui, apaisé, tourna alors sa tête vers Vanya :
— Maintenant, Mademoiselle, achevez votre travail.
Après un bref hochement de tête et un dernier long regard, Vanya leva son arme et tira un coup bref au cœur.
L’amiral Trevor Willspawn n’était plus. 
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Yorkman » Mar 06 Oct 2015 - 19:18   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Révélations, que de révélations... Tout paraît plus clair dorénavant. Même si j'avais mes doutes sur Willspawn, rien ne laissait présager d'un volte-face de cette nature. On retombe assez facilement dans le stéréotype du vilain se retournant contre le système qu'il défend à la suite d'une tragédie personnelle, mais bon...
La façon dont il raconte le décès de son frère m'a rappelé la tragédie similaire que Jagen a vécu sur Tatouine. Intéressant parallèle. :jap:

Laissez-moi deviner. Vous êtes la jumelle de Stark, ou sa cousine germaine. C’est ça ?

Excellente réplique. :D

— Mais c’est celui qui frappe en dernier qui achève le combat

Pareillement.

Il comprenait, enfin, le sentiment étrange qu’il avait pu éprouver en rencontrant Stark. Quelques ressemblances lui parurent évidentes : la couleur des cheveux, la forme des yeux…

J'avais complètement zappé ce passage, peut-être que ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille plutôt.

Maintenant j'imagine que Jagen va partir à la poursuite de Stark, ou alors on se dirige doucement vers la fin du tome 1 et ce sera pour les suivants.
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mer 07 Oct 2015 - 9:10   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Merci pour la lecture et le comm'. :jap:

Yorkman a écrit:Révélations, que de révélations... Tout paraît plus clair dorénavant. Même si j'avais mes doutes sur Willspawn, rien ne laissait présager d'un volte-face de cette nature. On retombe assez facilement dans le stéréotype du vilain se retournant contre le système qu'il défend à la suite d'une tragédie personnelle, mais bon...


Le changement de caractère de Willspawn a été l'une des plus importantes modifications entre les deux versions des Chroniques. Celui que j'ai décrit dans l'ancien texte n'était qu'un personnage vicieux et malsain - hélas inspiré d'une de mes connaissances...
Ici, je voulais lui donner plus de profondeur, ne pas en faire un homme motivé uniquement par le profit - il y avait déjà Syal, personnage inédit, pour ça. J'ai donc préparé très tôt les éléments et cela explique son évolution progressive de caractère à mesure que l'histoire progresse. Le personnage est à mon avis plus humains, même s'il a commis d'innombrables crimes. Alors, certes, c'est stéréotypé, mais l'identification en est d'autant plus facilitée. Et pas seulement pour nous ;

Yorkman a écrit:La façon dont il raconte le décès de son frère m'a rappelé la tragédie similaire que Jagen a vécu sur Tatouine. Intéressant parallèle. :jap:


C'est un rapprochement voulu et dont Jagen va vite prendre conscience. Le titre de cette histoire est L'Avènement de l'Amiral... Mais je ne précise pas duquel, car il s'applique aux deux adversaires qui ont plus en commun qu'ils ne l'imaginent. Bien qu'il soit désormais mort, l'amiral n'a pas fini de faire parler de lui...

Yorkman a écrit:Maintenant j'imagine que Jagen va partir à la poursuite de Stark, ou alors on se dirige doucement vers la fin du tome 1 et ce sera pour les suivants.


On se rapproche effectivement de la fin, mais il reste quelques affaires à régler... Notamment avec un personnage que, me semble-t-il, tu aimes beaucoup. :siffle:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Yorkman » Mer 07 Oct 2015 - 17:16   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Jagen Eripsa a écrit:On se rapproche effectivement de la fin, mais il reste quelques affaires à régler... Notamment avec un personnage que, me semble-t-il, tu aimes beaucoup. :siffle:

Oui et je pense savoir qui c'est. :love:
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 22 Oct 2015 - 14:40   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Allez, on poursuit l'arc final ! Après ce chapitre, il n'y en aura plus que deux... :sournois:

Chapitre 26
 
« Vous ne pouvez pas comprendre, pas plus que la sénatrice Amidala ! Comment imaginer ce que nous avons vécu sur Troiken, isolés du reste de la galaxie face à un ennemi plus nombreux, rusé, implacable ? C’est pour éviter que de tels drames se reproduisent que nous devons nous doter de cette armée qui tiendra les Séparatistes en respect. Jamais plus les forces de la République ne doivent être prises en otage. Jamais ! »
 
Laslo Dorits, porte-parole de l’Assemblée des Vétérans de la Guerre Hyperspatiale de Stark, un an avant la bataille de Géonosis.
 
La fumée qui embrumait le pont retombait peu à peu, laissant voir le carnage du champ de bataille autour d’eux. La plupart des terminaux étaient hors d’usage ; des cadavres étaient étendus à plusieurs endroits, certains portant la tenue des FAR. Les médics de terrain des escouades s’affairaient sur les soldats en grand danger, mais l’un d’eux remarqua la blessure que Jagen portait au bras et s’approcha de lui.
— Occupez-vous des autres ! ordonna-t-il en leur faisant signe de s’en aller. Évacuez ceux qui peuvent l’être.
Les blessés, tels que le capitaine Salussa, touché à la jambe, n’étaient pas les seuls à quitter la passerelle; les quelques prisonniers menottés avec leur propre équipement de détention étaient escortés par les hommes encore valide. S’asseyant devant une console de contrôle des boucliers pour soulager sa lassitude, il suivit du regard Syal, sonnée, entravée mais indemne, qui se tourna une dernière fois vers lui avant d’être poussée hors de la passerelle. Ses yeux brûlaient d’une haine dont il s’étonna qu’elle ne puisse pas le foudroyer sur place.
— Elle est très sympathique, n’est-ce pas ? lança une voix pleine d’ironie dans son dos.
Il ne prit même pas la peine de se retourner.
— Ne me dites pas que vous aviez détecté son double-jeu…
— Si je n’avais pas mis au point un système de contact discret avec le capitaine Salussa, vous seriez prisonnier à l’heure qu’il est.
— D’accord, vous marquez un point, admit Jagen. Comment avez-vous contourné les brouillages ?
— En utilisant les fréquences ennemies avec du code Dadita. C’est une ancienne méthode de communication mandalorienne… Rodan n’a pas transmis le moindre rapport depuis votre arrivée sur le croiseur. Quand Rihad m’a confirmé que vous n’aviez eu aucun ennui, j’ai compris qu’il y avait un gros problème en approche et j’ai préparé l’engin. Nous sommes arrivés à temps…
— Les pirates ne vous ont pas posé de problèmes ?
— Ils auraient bien voulu, mais vos escadrons ne les laissent pas suffisamment tranquilles pour ça. Nous parlions de Syal, je crois ?
— Écoutez, ne remuez pas le couteau dans la plaie… D’autant que si vous aviez eu le moindre soupçon sur elle, vous l’auriez dénoncée.
Vanya fit le tour de la console et vint s’asseoir à côté de lui.
— Peut-être que je n’avais rien, en effet. Mais dès le début, je savais déjà qu’elle ne vous apporterait que des ennuis. À moins, bien sûr, qu’elle ne vous ait donné suffisamment pour compenser ?
Il eut un rire sans joie.
— Tous vos sarcasmes ne suffiraient pas à me mettre en colère, lança-t-il, aigri.
— Vraiment ?
— Je crois bien que je ne suis plus capable d’éprouver quoi que ce soit, aujourd’hui…
— Vous voulez dire : depuis que votre supérieur et votre lieutenante vous ont trahi ?
— Quelque chose comme ça, en effet.
— Vous réagissez comme un enfant hyperémotif ! s’emporta-t-elle en se penchant sur le bras blessé du colonel pour lui appliquer un spray au bacta. Vous êtes colonel depuis deux ans, le deuxième homme des forces républicaines… Et, à présent, l’unique chef. Vous ne pouvez pas laisser vos sentiments pour cette garce vous briser comme ça.
La remarque piqua au vif Jagen, qui répliqua aussitôt.
— J’aurai réagi de la même façon pour n’importe quelle trahison venant de mes hommes de confiance, répondit-il d’une voix aigre. Et je ne vous permets pas de vous occuper de mes sentiments. Je ne vous ai pas questionné sur votre relation avec Salussa, que je sache ?
— Ma « relation avec Salussa » ? répéta Vanya, sourcils froncés.
— Oui ! s’emporta Jagen. J’ai tout vu ! Les regards complices, les rires échangés, les balades à deux… Et vous vous permettez de me juger ?
La jeune femme le regarda quelques instants avec un regard perplexe, puis eut une réaction à laquelle il ne s’attendait pas.
Elle éclata de rire.
Le son, incongru au milieu de ce capharnaüm encore empli de l’odeur acre des fumées du combat, attira les regards des quelques hommes valides qui s’affairaient encore. Jagen, lui, regardait son interlocutrice sans comprendre ce qui se passait.
— C’était donc ça ! laissa-t-elle échapper entre deux rires. C’est trop drôle !
Quand elle parvint à se calmer, ce fut pour afficher un visage illuminé de larmes mais tellement joyeux que Jagen sentit son cœur faire quelques bonds – bien différents de ceux qu’il avait éprouvés jusque lors.
— Alors, comme ça, ce qui vous inquiétait, c’était ce que Rihad… Enfin, ce que vous pensiez qu’il…
— Si vous me disiez où est la plaisanterie, je pourrais aussi en rire, suggéra Jagen d’un ton pincé.
— Eh bien… Si je m’en fie à ses… exercices nocturnes en compagnie du docteur Ternesi, tu as plus de souci à te faire que moi à ce niveau-là, lança-t-elle avec un grand sourire.
— Oh.
Après quelques instants de silence gêné, il ajouta :
— Bon, j’ai vraiment merdé sur ce coup-là.
— Ce n’est qu’un symptôme du véritable problème ! poursuivit Vanya. Nous sommes ton équipage, et tu ne nous connais pas.
— Je…
Il avait l’impression que sa capacité de locution était réduite à néant ; le passage au tutoiement de la jeune femme le désarçonnait.
— Si tu avais discuté avec nous au lieu de rester enfermé dans ton rôle de supérieur hiérarchique, tu aurais su tout cela ! Tu aurais aussi compris que Rodan n’en avait rien à faire des autres et ne pensait qu’à sa petite personne méprisable…
— Un instant ! Tu m’as accusé d’hyperémotivité il y a deux minutes à peine, accusa-t-il en passant lui aussi au tutoiement.
— Les sentiments, la force de caractère… Cela n’a rien à voir avec la camaraderie. C’est elle qui différencie les bons chefs des planqués. Je pensais que Jango t’avait inculqué cette leçon…
— Mais je…
— Tu te contentais de regarder tes lieutenantes en te demandant laquelle tu pourrais mettre dans ton lit…
— Faux ! répliqua vivement Jagen. Je t’ai demandé de venir avec moi à ce bal, pour la nouvelle année…
— Et tu as prétexté avoir besoin d’un officier…
— Parce que j’avais peur de ta réaction ! s’emporta-t-il malgré la douleur.
— Mais ça ne s’est pas si mal passé, non ? Tu as fini la soirée avec cette…
— Il n’y a rien eu – Je répète : rien – entre Syal et moi. Même avant aujourd’hui, je sentais que cela n’aurait pas marché.
Vanya eut un sourire de contentement.
— Au moins, tous tes neurones ne sont pas grillés.
Il allait répliquer quand une secousse fit trembler le vaisseau de part en part. De sa main encore valide, il s’accrocha à son siège de fortune et parvint tant bien que mal à ne pas tomber.
— Je n’aime pas ça, lança-t-il quand la structure se stabilisa enfin.
— Moi non plus. Gallagher ? dit-elle d’un air inquiet dans son comlink à l’intention du chef de l’escouade qui devait rejoindre le pont auxiliaire. Gallagher ?
Il n’y eut que le crépitement d’une fréquence muette pour toute réponse.
— Vraiment pas, marmonna-t-elle en balayant la passerelle du regard à la recherche d’un terminal valide.
Elle finit par en repérer un, autour duquel étaient déjà affairés quelques techniciens. Jagen la suivit tandis qu’elle demandait des explications aux spécialistes, de plus en plus anxieux en voyant son visage se tendre à mesure qu’elle recevait des nouvelles décourageantes.
— Bon, voilà le topo, dit-elle en revenant vers lui. Un nouveau groupe de combat affilié à Stark est sorti de l’hyperespace sur l’autre versant de la planète, et il a l’air suffisamment conséquent pour que notre flotte n’ait aucune chance d’en réchapper. Par chance – si l’on peut dire – nous avons encore une bonne demi-heure avant son arrivée dans notre secteur, ce qui laisse le temps au vaisseau d’abordage de rejoindre le Knight’s Blade. Autre problème, nos adversaires ont compris que l’Opportuniste était passé sous leur contrôle, et ils se dirigent vers nous. Ils préfèrent nous massacrer que de se risquer avec Tinor, qui se défend plutôt bien, je dois l’admettre.
— Nous pouvons répliquer ?
— Nous pourrions programmer un tir automatique, en effet… Mais ça va prendre quelques minutes. Et il y a une autre solution… L’éperonnage.
— Excellente idée, approuva Jagen.
— Je plaisantais, répliqua Vanya, l’air choquée.
— Pas moi, répondit-il avec une voix où pointaient à nouveau les accents du commandement. Ce croiseur est perdu quoi qu’il arrive, alors autant qu’il emporte un maximum d’appareils de Stark avec lui. Ce sera toujours ça en moins… Faites décoller le vaisseau d’abordage. Je veux que nos chasseurs le couvrent jusqu’à ce qu’il soit à l’abri ; qu’il transmette ensuite l’ordre à Tinor de se retirer.
— Et nous ?
— Nous programmerons un cap d’interception, puis nous mettrons les voiles. Tentez de repérer où ont atterri les capsules des survivants de la flotte de Tarkin, nous tenterons de les rallier.
— Entendu, acquiesça-t-elle. Vous devriez monter à bord du transport… Vous êtes blessé, après tout.
Comprenant vite ce que l’air impassible de Jagen signifiait, elle soupira et transmit vite les ordres.
Le retrait du vaisseau d’abordage, qui avait percé les parois vitrées de la passerelle, les obligea à transférer les commandes principales dans les quartiers de l’amiral. Les seuls hommes restants, au nombre d’une vingtaine, se répartirent entre les programmeurs – occupés sur les terminaux – et les autres, qui préparaient les capsules de sauvetage. La moitié environ partit en direction des coursives arrières pour disposer de leurs propres engins d’évacuation, laissant l’usage de celle de Willspawn à Jagen, Vanya et aux techniciens.
— C’est prêt, annonça l’un d’eux après cinq minutes au cours desquelles le vaisseau avait été régulièrement secoué par les salves ennemies. L’Opportuniste va aller percuter un gros cargo bourré de batteries… Ça va faire un joli raffut.
— Excellent, approuva le colonel en grimpant dans la capsule.
Ils envoyèrent l’ordre de confirmation à l’autre groupe, puis activèrent la séquence de lancement.
Jagen n’avait jamais employé de capsule de sauvetage en condition réelle avant ce jour, et son expérience se limitait à des simulations qui ne pouvaient reproduire les véritables sensations éprouvées dans de telles conditions. L’engin filait à toute vitesse vers l’atmosphère de Troiken sans leur laisser le temps d’apprécier la destruction de l’Opportuniste. C’est la troisième destruction de vaisseau que je subis¸ songea-t-il alors. Il y a eu le Blood Angel, puis le Freedom Messenger
Il repensa alors à ce crash sur Korda et à ses conséquences, un sourire aux lèvres. Puis, pivotant légèrement la tête, il chuchota dans l’oreille de Vanya, assise à sa droite :
— Si nous nous sortons de ce guêpier… Pourra-t-on tout reprendre depuis le début ?
Elle eut un instant d’hésitation, puis, souriant à son tour, elle acquiesça.
Ragaillardi par cette perspective, il concentra à nouveau son attention sur la planète. Couverte aux trois-quarts de terres colorées dans des tons uniformes de brun-vert, Troiken n’était pas une planète belle à regarder comme pouvaient l’être d’autres mondes tels que Coruscant, Aldérande, Bespin ou Corellia. À l’instar de Ryloth, sa rotation très légère rendait la vie difficile à sa surface, sauf sur une zone médiane qu’ils essayaient à présent d’atteindre.
— On va tenter d’atteindre le mont Avos, annonça Vanya. D’après les signaux, c’est là que sont retranchés nos alliés.
— Alors programmez la zone d’atterrissage en léger décalage, ordonna Jagen. Derrière les lignes, qu’on ne tombe pas au beau milieu d’un groupe du Cartel.
— Ça ferait un peu de ménage, répliqua la jeune femme.
— Ouais, et une capture assurée. Ne t’en déplaise, tu as descendu le cher tonton de Stark. Je doute qu’il te le pardonne un jour…
— Tant qu’il ne le sait pas, je n’ai rien à craindre.
— Vrai, admit-il avec une moue embarrassée.
Et ce n’est pas de moi qu’il l’apprendra, tu peux en être sûre !
La capsule trembla légèrement, incitant Vanya à consulter ses écrans.
— C’est l’onde de choc, expliqua-t-elle quelques instants plus tard. L’Opportuniste n’est plus qu’un tas de débris.
— Des dégâts pour nous ?
— Rien de visible… Accrochez-vous, nous allons entrer dans l’atmosphère.
Le passage dans les couches supérieures s’accompagna de la formation de quelques étincelles, qui devinrent très vite de véritables flammes de friction entourant le front circulaire du vaisseau. Plus inquiétant, la chaleur augmenta sensiblement.
— On a peut-être perdu quelques systèmes de survie, constata Vanya avec une grimace.
La verrière de proue ne montrait plus à présent que le sol aride de Troiken, dont ils percevaient de plus en plus de détails… Ils allaient vite, bien trop vite.
— Je vais redresser la trajectoire, annonça la jeune femme. Ça risque de secouer…
La manœuvre était salutaire et permit de rendre leur chute moins perpendiculaire, mais le choc fut tout de même violent. Malgré les ceintures attachées, ceux qui étaient assis furent projetés vers l’avant de l’appareil. Manque de chance pour Jagen, assis à tribord, ce mouvement projeta tout son poids sur le bras blessé, retenu par les sangles. La douleur, insoutenable, le fit plonger dans un néant salvateur.
 
*  * 
  — Lieutenante, il reprend conscience…
— Laissez-moi passer. Jagen ? Jagen ?
Les yeux encore fermés, il entendit cette voix qu’il chérissait tant et voulut lui répondre.
— …Ai…ien…
Manifestement, non, il n’allait pas si bien que ça. Mais sa conscience s’éclaircissait un peu plus à chaque instant, et il ressentit bientôt assez de force pour ouvrir les yeux.
Ils étaient plusieurs penchés sur lui, et il pouvait clairement lire l’inquiétude qui hantait ces regards fixés sur son visage. Pour les rassurer, il tenta de se redresser, mais le sang lui monta à la tête, déroutant ses sens. Il interrompit son geste.
Parallèlement à cette expérience désagréable, il recouvra les sensations de son corps. La douleur qu’il éprouvait au bras droit était toujours virulente, mais il commençait semble-t-il à s’y accoutumer. Pendant son sommeil, on lui avait posé un nouveau bandage et le membre lui-même était attaché à son cou par une minerve. Il avait un autre point de douleur, très concis, au niveau du postérieur.
— Une piqûre d’adrénaline, lança Vanya comme pour répondre à sa question muette. Savoure-la bien, je n’ai pas beaucoup.
— Ça ira, merci. Combien de temps suis-je resté dans cet état ?
— Une vingtaine de minutes. Je me suis occupé de toi, puis je suis allé observer la bataille. Tinor est parvenu à se replier.
— Bonne nouvelle. Alors, on fait quoi ?
— Comme prévu, on va tenter de rejoindre le mont Avos. Ma petite manœuvre nous a amenés à une dizaine de kilomètres des pentes arrières du pic, ce qui nous laisse trois heures de marche environ devant nous.
— Nous sommes bien du bon côté ?
— Fort heureusement, au point le plus éloigné possible des forces de Stark.
— S’il n’a pas déjà encerclé toute la montagne… rappela alors un des soldats.
— J’ai déjà tranché le débat, répliqua vivement la jeune femme. Il n’ a pas les forces nécessaires pour une telle opération. Surtout quand des Jedi sont dans le lot.
— Sommes-nous sûrs qu’il y en a ? demanda Jagen. Ils n’étaient pas avec Tarkin. Ils ont peut-être réussi à s’échapper…
— Pour aller où ? Les naviordinateurs sont hors-service. Non, s’ils sont encore en vie, c’est au mont Avos que nous les trouverons.
Jagen grimaça légèrement à l’idée de la longue marche qui l’attendait, mais il tenta de ne rien laisser paraître et se leva doucement.
— Vous avez entendu la lieutenante, lança-t-il alors. En avant.
La première demi-heure ne posa aucune véritable difficulté. Le sol, balayé par les vents et les ruissellements depuis des temps immémoriaux, était plutôt lisse et praticable, ce qui facilitait leur progression. La pierre ocre était tiède au toucher, leur permettant de s’agripper sans problème pour gravir les obstacles.
Puis vint l’ascension de la montagne à proprement parler. Le terrain était devenu bien moins régulier ; cette partie de Troiken avait été exploitée par de nombreuses compagnies minières, et les gravats jonchaient encore les pentes de faible verticalité. Ils n’obstruaient pas le passage, mais leur grand nombre et leur petite taille en faisaient des supports instables, surtout lorsqu’un homme adulte se tenait dessus. Les chutes furent nombreuses, et Jagen n’était pas le dernier à tomber. Fort heureusement, il parvenait à chaque fois à se récupérer sur les genoux, les fesses ou la main gauche, ce qui le garda d’une trop grande douleur.
La progression du groupe était silencieuse. Même pour des hommes qui avaient connu au cours des deux dernières années un grand nombre de coups durs, les dernières heures étaient plus qu’éprouvantes. Le colonel faisait toutefois en sorte de ne plus y penser.
Son esprit était tourné vers d’autres considérations. Il était une fois de plus impressionné par l’incroyable diversité de la Galaxie. Depuis l’espace, Troiken ressemblait à des milliers d’autres objets célestes et ne semblait pas très attirante, mais au sol ce spectacle désolé revêtait une certaine magie sauvage qu’il ne pouvait s’empêcher d’admirer. S’il y avait bien un côté de son métier qui ne le décevrait jamais, c’était bien celui-là ; il adorait découvrir de nouveaux mondes, même si les conditions ne s’y prêtaient pas toujours, comme aujourd’hui.
Un seul autre sujet parvenait à le détourner de cet émerveillement. Vanya. Il repassa dans sa tête chaque mot de leur conversation sur le pont du vaisseau de Willspawn, et songeait à tout ce qu’impliquait ce dernier échange à bord de la capsule. Oui, il avait eu tort. Il n’avait pas eu le courage d’exprimer ses sentiments, et c’est ce qui avait détourné Vanya de lui… Cela dit, elle n’avait pas trahi non plus son éventuelle attirance, qu’elle avait confirmée à demi-mot un peu plus tôt. Mais la relation supérieur/subalterne, d’ordre professionnel, qui existait entre eux faussait cet échange. Ils étaient tous deux guindés dans un carcan, relégués à ne pas être égaux. Et cela juste parce qu’il sortait d’une école planquée au cœur du Noyau… Il voyait là une sorte d’injustice, eut égard au sort difficile de la jeune femme qui avait sans doute de meilleures compétences de commandement que lui sur le terrain. Une envie de révolte le prenait face à ce sort indésirable… Et pourtant, il gardait espoir, revenant à ce hochement de tête magique. Il avait encore une chance… Et il comptait bien la saisir.
Il ne lui restait plus qu’à survivre.
Le soleil se couchait quand ils passèrent dans l’ombre de la montagne. La lueur crépusculaire rendait les aspérités du terrain moins difficile à détecter, et Jagen n’était pas sûr de pouvoir repérer une éventuelle entrée arrière dans le réseau de mines creusé au cœur du mont. Une fois de plus, il chuta pour se recevoir sur les genoux.
Ce pantalon blanc était encore une idée formidable…
Il se relevait avec précaution quand un hurlement glaçant déchira le silence du soir. Tous se raidirent en comprenant que la source du bruit n’était guère éloignée.
Vanya fut la première à en repérer l’origine.
— Là ! Sur ces rochers !
D’ordinaire, elle n’aurait pas pris le risque de révéler l’emplacement de sa cible à haute voix.
En l’occurrence, la « cible » se précipitait sur eux depuis la crête qui les surplombait, et le silence était donc leur dernière préoccupation.
C’était une bête de grande taille, sans doute plus de deux mètres au garrot avec une peau couverte d’écailles de la couleur de la roche environnante. Il ressemblait vaguement à un de ces petits lézards que Jagen observait avec plaisir sur les murs du domaine corellien de Tayrili pendant son enfance ; mais les yeux exorbités et les crocs saillants n’incitaient pas à la tendresse ou à l’amusement.
— À couvert ! Ouvrez le feu !
Les instructions de Vanya étaient excellentes, mais Jagen ne pouvait malheureusement pas les exécuter. Son holster était attaché à droite, hors d’atteinte de son bras gauche. La seule solution qui lui restait était la fuite.
De toute façon, les tirs ne semblaient avoir que peu d’impact sur la créature. Il comprit que, loin d’une fine peau de serpent, c’était une carapace presque minérale qui entourait cette bête de cauchemar. Et les armes de poing dérisoires des soldats ne pourraient rien face à cela.
Les autres semblaient l’avoir compris, car ils se mirent à détaler. Vanya s’obstina, mais Jagen la tira en arrière alors que le monstre venait de passer sous la barre des trente mètres de distance. Elle rechigna un court instant, puis commença à courir à son tour.
Jagen tenta de rester à son niveau, mais sa faiblesse physique se faisait sentir. Il avait mal, il était fatigué et il ne lui restait pour adrénaline que celle produite par la peur de la mort, qui n’était pas suffisante pour lui rendre toutes ses capacités.
Ils tentèrent de se disperser, ce qui désorienta la créature pendant quelques instants. Très vite, pourtant, elle choisit une nouvelle cible.
Évidemment, songea Jagen avec une pointe de résignation. La proie la plus faible. Chien de Sith !
Il perdait du terrain à chaque instant, et l’acceptation de sa propre mort se fit de plus en plus présente dans son esprit. Quand elle ne fut plus qu’à quatre mètres, il se prépara à sentir les crocs se refermer sur son crâne ou son ventre. Dans une dernière résolution, il décida de ne pas tourner le dos à son destin, et fit volte-face pour tenir tête à la bête.
Laquelle fit alors un écart impressionnant sur le côté, manquant Jagen d’un bon mètre.
Deux bourdonnements s’élevèrent alors. Jagen n’eut pas le temps de voir les lueurs bleues et vertes qui vinrent éclairer la pénombre croissante, choqué qu’il était, visage tourné vers la créature qui reprenait ses esprits.
Deux silhouettes vêtues de toges et de capes bondirent alors par-dessus lui pour affronter le monstre, qui rugit en tentant d’atteindre à nouveau sa proie. Mais il était désorienté, et Jagen n’eut qu’à se jeter sur le côté pour lui échapper.
Malheureusement, c’était le côté droit.
Ce qu’il vit ensuite, une fois allongé sur le dos, lui sembla si irréel qu’il pensa sur l’instant être de nouveau inconscient. Les deux Jedi – car c’en étaient, bien sûr – virevoltaient autour de leur adversaire bien plus imposant. À présent qu’il l’observait depuis le côté, Jagen prenait pleinement conscience de la grande taille de cet animal carnassier, qu’il estimait à près de huit mètres de long. Les deux chevaliers ne semblaient pourtant pas impressionnés. Le plus petit, armé de sa lame bleue, lui sauta sur le dos pour tenter d’entamer la carapace au niveau du coup, tandis que l’autre se concentrait sur les pattes en passant de l’une à l’autre à grande vitesse. Les ruades successives ne parvinrent pas à les décourager ; quand le premier bascula finalement de son perchoir, ce fut pour se réceptionner en douceur et planter son sabre dans le crâne de l’animal, qui s’effondra avec un râle sourd.
Les Jedi éteignirent alors leur arme et vinrent vers de lui. Sur le côté, il aperçut Vanya et le reste des soldats qui avançaient prudemment ; l’inquiétude qui se peignait sur le visage de la jeune femme était touchante.
— Tout va bien ? demanda le plus âgé des chevaliers en lui tendant une main vigoureuse.
Avec ses cheveux longs bruns et sa barbe de même couleur, il dégageait une impression de sagesse et de tranquillité qui aidèrent Jagen à reprendre ses esprits.
— Eh bien, répondit-il en se relevant, si j’étais en couple, je m’inquiéterais !
Vanya, qui approchait pour l’aider, leva les yeux au ciel.
— Maître, il a peut-être une commotion cérébrale… hasarda le plus jeune des Jedi, dont la longue tresse indiquait la qualité.
L’autre eut un sourire franc.
— C’est de l’humour, Padawan, le meilleur signe de santé !
— Merci pour votre intervention, reprit Jagen sur un ton plus sérieux. Vous êtes arrivés juste à temps.
— Cela fait partie des habitudes de l’Ordre. Je suis Qui-Gon Jinn, et voici mon padawan, Obi-Wan Kenobi.
Le garçon, qui devait à peine avoir treize ans, s’inclina légèrement.
— Je suis le colonel Eripsa, répondit le corellien.
— Le fils du sénateur ?
— Lui-même. Vous avez rejoint les troupes de Tarkin ?
— Nous avons effectué la jonction. Les négociations ont tourné au fiasco et nous avons subi de lourdes pertes.
— Le sénateur Valorum ?
— Non, il va bien. Mais maître Tyvokka a péri, et de nombreux hommes de Tarkin sont déjà morts ou blessés.
— Toutes mes condoléances pour la perte de votre confrère. Je ne suis pas étonné que la situation soit si catastrophique… Nous sommes tous tombés dans un immense piège dont je commence à peine à percevoir l’ampleur. J’ai renvoyé tout ce que j’ai pu comme vaisseaux jusqu’à Coruscant….
— Et le sénateur, maître Gallia et le représentant Gunray sont également partis, à bord du yacht de Stark.
Il fronça les sourcils.
— Comment êtes-vous parvenu à déjouer le virus des ordinateurs de navigation ?
— Les vaisseaux que j’ai amenés ici sont équipés d’un nouveau modèle, qui n’est pas synchronisé aux serveurs du Bureau des Vaisseaux et Véhicules… Mais, comme je vous l’ai dit, ils n’étaient pas assez nombreux.
— Stark n’avait pas prévu cela.
— C’est bien pire que vous ne le croyez, maître Jinn. Stark sait tout de nos forces et de nos stratégies parce qu’il n’a pas élaboré ce plan seul. Le véritable chef du Cartel était l’amiral Willspawn.
— Le Commandeur Suprême, lâcha le jeune Kenobi. Allié à Stark ?
— C’est compliqué… En somme, oui, c’est ça. Mais il est mort, à présent.
— Et vous êtes donc le nouveau Commandeur Suprême, déduisit Jinn.
La phrase fut un électrochoc pour Jagen. Dans l’effervescence qui régnait depuis ce funeste combat sur l’Opportuniste, il n’avait pas pris le temps d’y songer. Oui, il était désormais le plus haut gradé de l’armée de la République – lui, un colonel d’à peine vingt-six ans.
Il eut un petit rire nerveux.
— Nous sommes échoués sur ce caillou sans moyens de communication, avec des hordes d’ennemis à proximité. La flotte a été presque anéantie. Franchement, c’est le dernier de mes soucis !
— La situation ne va pas durer, assura Jinn. Une fois le sénateur parvenu sur Coruscant, il pourra faire évoluer la situation.
— Oui… C’est notre meilleur espoir, à présent. Allons-y.
La marche vers la montagne prit encore une bonne demi-heure jusqu’à ce qu’ils atteignent la galerie minière dissimulée qui servait d’entrée arrière. Elle était bien plus basse qu’il ne l’aurait cru, et il ne pouvait que se féliciter de l’intervention des Jedi qui les avaient opportunément repérés. Jagen ne parla pas pendant le trajet ;  les effets de sa récente chute se faisaient encore sentir.
Après quelques minutes dans le dédale de galeries sombres qui menaient au cœur de la montagne, ils parvinrent enfin au centre de commandement improvisé.
La salle rocheuse ressemblait davantage à un hôpital de campagne qu’à un véritable quartier général. Des blessés étaient allongés sur des couches synthétiques étendues par terre, et les mieux portants se trouvaient installés à même le sol. Dans un coin s’entassaient quelques caisses de vivres et des citernes d’eau – c’était là tout le poste d’approvisionnement. À l’opposé, dans une large alcôve d’où partaient d’autres tunnels, quelques caisses vides étaient installées en cercle autour d’un holotransmetteur éteint.
Une seule silhouette était assise sur ces caisses ; quand elle se leva, ce fut pour approcher des nouveaux venus d’une démarche agressive.
Jagen reconnut alors avec effarement Ranulph Tarkin, qui semblait avoir pris dix ans en quelques jours.
— Sénateur, salua-t-il en inclinant la tête.
— Général ! répliqua l’autre avec fermeté.
— Non, vous vous trompez. Je ne suis que colonel.
L’autre ne prit pas sa remarque à la rigolade.
— Vous voulez jouer au plus malin, Eripsa ?
— Pourquoi pas. Je gagnerai sans aucun doute, Tarkin.
— Vous osez…
— Parfaitement, j’ose. Si ma blessure ne m’embarrassait pas, je peux vous assurer que je vous en collerais une pour le désastre que vous avez provoqué aujourd’hui.
— Le baiser de Keldabe, chuchota Vanya à son oreille.
— Excellente idée.
Il s’approcha du sénateur, ramena sa tête en arrière et la rabattit en avant d’un grand coup pour le frapper au front.
Elle s’immobilisa à moins d’un centimètre du crâne de Tarkin.
— La violence ne résoudra rien, dit alors une nouvelle voix, particulièrement rocailleuse.
Un Jedi kel dor venait d’entrer, et Jagen reconnut en lui le disciple de Tyvokka qu’il avait aperçu à la réunion du Conseil de Sécurité.
— Voici maître Plo Koon, présenta Jinn en désignant son confrère, qui s’inclina. Il connaît bien les questions militaires et la télépathie, ce qui en fait un stratège de choix.
— C’est ça, rajoutez-en une couche… marmonna Tarkin.
— Nous allions faire un briefing. Prenez place…
D’autres hommes arrivèrent, notamment deux Jedi qui se placèrent dans l’ombre derrière Plo Koon. Il y avait aussi dans le lot des soldats, et l’un parut familier à Jagen. Vanya réagit avant lui.
— Dallin ! s’exclama-t-elle. Que faites-vous ici ?
— Bonjour, Colonel, Lieutenante… salua le jeune homme en question, l’air un peu honteux.
— Je croyais que vous aviez démissionné…
— Le sénateur Tarkin m’a recruté pour être son assistant, avoua-t-il avec gêne. Je pensais qu’avec lui, la République serait protégée plus efficacement qu’en attendant les ordres du Sénat…
— Vous voilà servi, répliqua Jagen avec un sourire ironique.
Il se laissa tomber sur un baril vide qui datait probablement de l’époque minière. Les autres s’installèrent comme ils purent.
Jagen commença par relater les évènements survenus sur l’Opportuniste¸ puis ce fut au Jedi inconnu d’expliquer sa mission sur Thyferra, la planète de fabrication du bacta. Maître Tholme avait découvert que la crise de production était l’effet d’une machination de la section néimoïdienne de la Fédération du Commerce.
— Mais Stark les a pris à leur propre piège, conclut-il finalement.
Puis vint le moment de faire le point sur leur situation présente.
— Nous avons achevé de sécuriser la montagne, commença Plo Koon de sa voix si particulière. Toutes les galeries menant au cœur des mines ont été condamnées pour éviter aux mangeurs challats de pouvoir nous atteindre.
— Des « mangeurs challats » ? répéta Jagen. L’espèce de gros lézard qui s’est jeté sur moi ?
— Non. Ce sont des insectes mangeurs de chair…
— Beaucoup plus sympathique, en effet, commenta le colonel en pâlissant.
— Nous avons à nos côtés un natif qui nous a conduits aux bureaux abandonnés. À l’heure actuelle, il aide une équipe à inventorier le matériel utilisable. Les mines sont abandonnées depuis longtemps, mais il reste encore quelques lampes et outils laissés là quand le problème des mangeurs challats a pris trop d’ampleur.
Doux euphémisme pour qualifier un festin sanglant.
— Le problème vient des vivres. Nous avons trouvé des sources d’eau potable, mais la nourriture risque de manquer. Colonel, avez-vous apporté des provisions avec vous ?
— Je ne pense pas, répondit Jagen en se tournant vers Vanya. 
— Nous n’avons pas grand-chose, confirma la jeune femme. Quelques barres de rations lyophilisées des capsules, des boissons concentrées… Nous avons quelques kits de soins, également, y compris des sprays au bacta.
— C’est déjà ça. Nous en manquons cruellement.
— Formidable, railla Tarkin. Non seulement nous mourrons de faim, mais nous mourrons plus vite parce que nous pouvons soigner les blessés. Et vous voulez des félicitations pour ça ?
— Pas de la part de celui qui a jeté le tiers de ses hommes dans un trou noir, répliqua le colonel.
— Et à cause de qui ? Votre cher amiral !
— Lequel de nous deux a été assez stupide pour se croire capable de mettre un terme à la guerre tout seul ?
— Sans cette trahison, c’est ce que j’aurais fait !
— Messieurs ! gronda Plo Koon. Ce n’est pas le moment de nous déchirer. Si nous parvenons à rester unis, nous sortirons de ce piège.
— Impossible !  s’emporta Tarkin. Nous sommes coincés sur ce caillou, encerclés par des troupes bien supérieures en nombre et sans ravitaillement !  Nous n’avons aucun moyen de faire parvenir des renforts !  Stark a gagné, c’est tout ! Il le sait déjà et il préfère nous laisser goûter au désespoir avant de nous asséner le coup de grâce !
— Vous vous trompez, Sénateur, répondit paisiblement le Kel Dor. Il hésite bien plus que vous ne le croyez.
— Vraiment ? Comment pouvez-vous l’affirmer ?
— Parce que je le lis dans son esprit à cet instant.
— Vous savez ce qu’il pense ? insista Jagen.
— Oui. Il doute… Il doute parce qu’il ignore ce qui s’est passé, sur l’Opportuniste. C’est pour cette raison qu’il a donné l’ordre d’épargner les vaisseaux de sauvetage qui s’en sont échappés… Il garde l’espoir que Willspawn ait survécu.
— Alors c’est fichu. Il est mort… Et Stark ne tardera pas à le savoir. S’il a des espions sur Coruscant, il apprendra la nouvelle dès que le Knight’s Blade arrivera.
— Il doute aussi parce que sans l’amiral, assurer l’unité de son cartel hétéroclite va devenir de plus en plus difficile. Ses alliés pensaient avoir de nombreux otages, et surtout contrôler les informations sortant de Troiken… Or ils n’ont aucun prisonnier et nous sommes parvenus à envoyer plusieurs vaisseaux vers Coruscant. La situation est plus compliquée qu’il l’espérait.
— Que faisons-nous, alors, maître Koon ? demanda Dallin.
— Nous allons attendre. Le meilleur espoir que nous ayons, c’est une contre-attaque républicaine. La patience est notre meilleure arme, à présent. Reposez-vous... Jusqu’au prochain combat. 
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Dark vador40 » Jeu 22 Oct 2015 - 14:59   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Super chapitre :wink: J'ai adoré :love:
Staffeur Jeux Vidéo
Dark vador40
Staff SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 4294
Enregistré le: 14 Mai 2015
Localisation: Seul dans la mer des dunes, probablement en train de contempler le paysage...
 

Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 22 Oct 2015 - 15:07   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Merci. :cute:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Dark vador40 » Jeu 22 Oct 2015 - 15:40   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

De rien tu es vraiment doué j'espère que les deux prochains seront aussi bien :hello:
Staffeur Jeux Vidéo
Dark vador40
Staff SWU
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 4294
Enregistré le: 14 Mai 2015
Localisation: Seul dans la mer des dunes, probablement en train de contempler le paysage...
 

Messagepar Yorkman » Dim 25 Oct 2015 - 19:38   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Ah enfin ça se précise avec Vanya (oui en fait c'est la seule raison pour laquelle je lis encore cette fic... :whistle: )

Mais visiblement notre joyeux duo n'est pas encore sorti de l'auberge et il leur faudra un bien joli coup du sort pour s'en sortir cette fois (mais comme à chaque fois, vous me direz...).
Jagen, toujours aussi cabotin dans l'action quand on le fait descendre de son pont de commandement, c'est à croire qu'il a séché les cours d'auto-défense à l'Académie (et un entraînement Jedi ne sera pas de trop pour lui permettre de ne plus faire pâle figure face à sa nouvelle copine).

En attendant, les coups de chance et l'intervention des Jedi sont encore la meilleure stratégie pour se sortir de tels pétrins, et sans ses amis porte-flingues notre cher Jagen serait parti en fumée depuis belle lurette...

Plus que deux chapitres, snif, c'est triste. :( La suite !
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mer 28 Oct 2015 - 14:56   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Merci pour la lecture et le comm' !

Effectivement, plus que deux chapitres... Et d'autres tomes, rassure-toi ! :D
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Jagen Eripsa » Sam 07 Nov 2015 - 16:40   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

L'avant-dernier chapître !

Chapitre 27
 
« Nous n’avons plus aucun contact avec Troiken, le trafic hyperspatial de l’ensemble de la République – Oui, l’ensemble de la République ! – est toujours interrompu par précaution, Coruscant risque la famine, les émeutes couvent… Et vous me demandez d’envoyer un corps expéditionnaire vers une bataille incertaine pour une mission de sauvetage dont l’utilité reste à prouver ? Je regrette, Messieurs, mais ce n’est pas possible. Si Jagen et les autres sont encore en vie, ils devront trouver un moyen pour survivre seuls. »
 
Chancelier Kalpana, lors d’une discussion privée avec le sénateur Valorum.
 
Troiken, camp républicain assiégé du mont Avos, cinq cent soixante-treize jours AK.
 
— La République ne viendra pas.
La phrase tomba comme un couperet, et avec elle les derniers espoirs de Jagen s’envolèrent.
En pleine méditation, Plo Koon leur livrait les informations qu’il percevait dans les méandres de la Force.
— Le sénateur Valorum n’est pas parvenu à convaincre le Sénat de l’envoi d’une flotte de secours…
— Rien d’étonnant à cela, répondit Tarkin, amer. Kalpana est habitué au choix de la lâcheté.
Le sénateur était assis face à lui, de part et d’autre du Jedi en transe. Un peu plus tôt, le colonel lui aurait répondu violemment, et ils se seraient énervés – comme chaque jour depuis une semaine. Mais, à cet instant, il préféra garder le silence.
— Nous allons devoir nous débrouiller par nous-mêmes, déduisit Koon en sortant de sa méditation. Revenez d’ici vingt minutes, le temps que je rassemble les autres.
 Sans un mot, Jagen s’éloigna – à l’opposé du sénateur, comme il en avait l’habitude.
La République les avait abandonnés. Il savait tout du contexte difficile qu’elle traversait – la panne généralisée des ordinateurs de navigation, la perte du Haut Commandement, mort ou impossible à contacter… Mais il avait compté malgré tout sur l’intervention du chancelier. Aujourd’hui, ses illusions s’évanouissaient, laissant place à la terrible réalité.
— Hé ! l’interpella Vanya quand il passa à sa hauteur.
Il s’approcha d’elle et elle lui fit signe de s’asseoir pour pouvoir examiner son bandage. Elle défit la minerve et inspecta la blessure rectiligne, dont les bords étaient toujours fortement marqués.
— Ce n’est pas joli à voir, commenta-t-elle, mais une fois que nous serons rentrés sur Coruscant, un traitement au bacta devrait suffire à faire disparaître toutes les cicatrices.
Voyant qu’il ne répondait pas, elle poursuivit :
— Tu n’es pas très bavard, aujourd’hui…
— Ils ne viendront pas, lâcha-t-il finalement. Jaim, Ait… Kalpana veut éviter de les envoyer sur Troiken. Nous n’aurons pas de renforts.
Elle prit quelques instants de réflexion, puis s’exprima d’une voix pensive :
— Stratégiquement, ça se défend. Les vaisseaux sous notre contrôle immunisés contre le virus sont peu nombreux. Un circuit asservi pourrait fonctionner, mais c’est loin d’être sûr, et après Katana je doute qu’on envisage encore cette solution… Bien sûr, humainement, c’est problématique.
— « Problématique » ? répéta-t-il, incrédule. Il nous condamne tous à la mort !
Vanya ne répondit pas, préférant lui poser une main réconfortante sur l’épaule. Ils restèrent là, en silence, le regard plongé dans le vide jusqu’à ce que Plo Koon les convoque finalement.
Le kel dor résuma brièvement ce qu’il avait appris en sondant l’esprit de Stark, comme il le faisait depuis une semaine.
— Les membres hauts placés dans la hiérarchie du Cartel ont de plus en plus de doutes en ses capacités, expliqua-t-il. La mort de Willspawn leur est maintenant connue, puisque Kalpana l’a publiquement annoncée au Sénat ; de fait, certains de ses partenaires que toute la stratégie employée par Iaco lui venait de son oncle, ce qui n’est que partiellement vrai.
— Il a son idée sur le coupable ? demanda Jagen.
— Évidemment.
— Génial… marmonna le colonel.
— Pourtant, notre meilleur espoir est désormais de collaborer avec lui.
Les paroles de Plo Koon s’abattirent comme un coup de massue. Le premier à retrouver ses esprits fut le sénateur Tarkin.
— Vous parlez de vous rendre ? Comme je le répète depuis une semaine ?
— Non, je parle bien d’une collaboration. Il sait qu’il est dans une impasse. Même en cas de victoire, son sort est en suspens. Il pense donc que la meilleure solution pour lui est de se rallier à nous.
— Stark n’est pas du genre à changer d’idées si facilement, remarqua Qui-Gon Jinn. Que veut-il en échange.
— L’amnistie.
— C’est hors de question ! s’exclama Jagen en se levant.
Le mot avait provoqué en lui une poussée de rage incontrôlable.
— Trop d’êtres sont morts à cause de ce que Stark et Willspawn ont manigancé ! Je refuse de devenir son complice !
— Que veut-il précisément, maître Koon ? demanda alors Vanya.
— Il accepte de nous aider à débloquer la situation, à condition de ne pas être associé aux crimes du Cartel.
— Aux crimes du Cartel…
— Il faut qu’il soit jugé ! insista Jagen.
— Il n’attend qu’un simple serment Jedi, conclut le kel dor. Il a confiance en ma parole…
— En vos pensées, Maître, signala le jeune Kenobi.
— Très juste. Si les autorités de la République acceptent de l’absoudre des crimes du Cartel, il nous transmettra toutes les informations nécessaires.
— Pouvons-nous vous laisser quelques instants pour en discuter ? demanda Vanya en jetant un regard inquiet à Jagen, qui fulminait toujours.
— À votre guise.
Elle remercia le Jedi d’un signe de tête, se leva et prit le colonel par le bras pour le mener à quelques mètres de là dans un recoin hors de portée de voix de quiconque.
— Jagen, je comprends ce que tu ressens… commença-t-elle maladroitement.
Il plongea son regard dans celui de la jeune femme, et vit qu’elle disait vrai. La douleur qui transparaissait dans ces yeux magnifiques était immense, forgée par les expériences malheureuses de sa jeunesse et les désastres subis par son clan au cours de la Guerre Civile Mandalorienne. Avec un frisson, le corellien réalisa que des événements de ce genre l’auraient brisé.
— Désolé, souffla-t-il dans un murmure. J’ai du mal à concevoir qu’il puisse échapper à la justice…
— Jag, il faut accepter ce que Plo Koon propose.
— Et abandonner tout espoir de voir Stark payer pour ses crimes ?
— Il a demandé d’être absous de tout ce qu’il a pu faire pour le Cartel.
— Oui…
Voyant qu’il ne comprenait pas, elle répéta :
— Pour le Cartel.
Alors Jagen comprit, et une nouvelle lueur s’alluma dans son regard, synonyme d’espoir et de vengeance.
— Tu es géniale, lui confia-t-il à voix basse. Et je pèse mes mots.
— Contrairement à leur réputation, les Mandaloriens savent réfléchir, répliqua-t-elle.
— Euh…
— Je te taquine, ajouta-t-elle avec un petit sourire. Retournons-y.
Ils regagnèrent leurs sièges improvisés et ce fut à Jagen de reprendre la parole :
— Soit. Nous suivrons votre solution, maître Koon. Quel est votre plan de bataille ?
S’il n’avait pas eu son masque respiratoire, le kel dor aurait sans doute affiché un sourire confiant.
— Nous allons renverser la situation.
 
*  * 
  Accroupi sur le sol de la caverne, Jagen vérifiait les sangles de son paquetage et le niveau d’énergie de son arme avec méticulosité. Il savait que l’affrontement à venir ne souffrirait aucune erreur d’organisation, aussi était-il résolu à faire le maximum pour transformer le désastre de Troiken en…
Eh bien, ce ne sera jamais une victoire, mais peut-être la défaite sera-t-elle moins cuisante.
Vanya était à trois pas de là et le regardait d’un air inquiet. Elle ne portait pas d’armes, seulement un paquet de munitions en tous genres – le même que cinq autres artificiers affectés à la seconde phase du plan de Plo Koon. À côté d’elle, Jace Dallin – le visage couvert de bandages à cause d’une vilaine estafilade – gardait les mains sur son fusil et parlait d’une voix nerveuse.
— Vous êtes sûr de ne pas vouloir qu’on échange ? demanda-t-il au colonel pour la troisième fois depuis que les rôles avaient été répartis.
— Sûr et certain, confirma Jagen. Vous êtes blessé, Jace.
— Vous aussi.
— J’ai eu du bacta quand il y en avait encore, et je vous assure que je n’ai presque plus mal.
— Je ne le laisserais pas aller au feu s’il n’était pas au meilleur de sa forme, assura Vanya.
— Bon…
Jagen laissa ses affaires sur le sol, se redressa et posa une main vigoureuse sur l’épaule du capitaine.
— Votre rôle est aussi important et aussi dangereux que le mien. Vous devez vous assurer que les prédateurs ne s’approcheront pas jusqu’à ce que vous ayez rallié maître Koon.
— Entendu.
Les autres Jedi étaient partis à l’aube pour leurs missions respectives, et le kel dor était le dernier soutien des combattants de la République – le pivot de leur défense.
— Vous ne me demandez pas de veiller sur elle ? ajouta Dallin en désignant Vanya d’un signe de tête.
— Je ne pense pas que ce soit nécessaire, répondit Jagen avec un petit rire.
— Je sais très bien me défendre toute seule, confirma la jeune femme. Jace, vous pouvez nous laisser un instant ?
Le rendilien acquiesça et quitta l’alcôve où Jagen avait rassemblé ses affaires, laissant le colonel seul avec la mandalorienne.
Il sentait bien que quelque chose se produisait ; tous ses sens étaient en alerte, et pourtant… Il n’y avait qu’elle et lui. Seuls. Il pouvait la contempler, apprécier la finesse de ses traits, imaginer la douceur de ses cheveux soyeux, admirer la couleur de ses lèvres…
Proches, si proches…
Soudain, ils ne faisaient plus qu’un. Il sentait l’énergie de la jeune femme, la passion qui couvait en elle, sa sensualité intime si différente de la couche glaciale qu’elle revêtait fréquemment pour se protéger de l’extérieur…
Quand ils se séparèrent finalement, le cœur de Jagen battait si vite qu’il semblait prêt à exploser dans sa poitrine brûlante. Il était pétrifié, sous le choc face à ce qu’il venait de vivre.
— Je croyais que nous devions attendre… murmura-t-il finalement. Recommencer quand nous serons sortis d’ici…
— Je voulais juste te donner une motivation supplémentaire pour revenir en vie, répondit-elle en souriant. Ça fonctionne ?
Le colonel la salua à la façon des caricatures de militaires.
— Oui M’dame !
— Fais attention à toi.
— Toi aussi.
Il sortit, revigoré par ce moment aussi inattendu qu’exaltant. Il était prêt à détruire le Cartel à lui tout seul pour revivre ça ! En quelques enjambées, il rejoignit la petite salle qui servait de corps de garde au campement, où l’attendaient maître Koon et les autres soldats qui partaient défier les pirates amassés dehors. Dans un coin, assis sur le sol, la tête sur les genoux, Ranulph Tarkin les fixait d’un air mauvais.
— Vous avez l’air de meilleure humeur que tout à l’heure, constata le Jedi.
— J’ai hâte qu’on en finisse, éluda Jagen. Allons-y.
Quelques minutes plus tard, ils émergèrent de la cachette. Leur tâche était d’une simplicité effarante : ils devaient sortir quelques instants, arroser leurs adversaires de quelques tirs et attendre que le sang chaud et le manque de coordination de ces vermines les conduisent à assaillir la montagne. Mais contrairement aux autres jours, il n’y aurait aucune bataille dans le dédale de couloirs, le labyrinthe de pierre au cœur des ténèbres où s’étaient retranchés les Républicains ; ils n’avaient qu’à courir et courir encore jusqu’au point de sortie.
Évidemment, c’est la théorie, songea le colonel en attrapant sa première bombe lacrymogène. Voyons ce qu’il en est de la pratique…
Perché sur un promontoire, il s’avança en même temps que trois autres grenadiers et ils lancèrent ensemble leurs cadeaux à destination des mercenaires.
La réaction à l’attaque fut plus rapide encore qu’il ne l’avait prédite, et ils se retrouvèrent bientôt à courir, poursuivis à une cinquantaine de mètres par le groupe des pirates au grand complet. Ils avançaient moins vite, craignant sans doute une embuscade dans cet endroit propice aux pièges. S’ils savaient…
Il songea à l’espace, à des centaines de kilomètres au-dessus d’eux, aux équipages de Stark qui observaient sans comprendre la manœuvre. Si le minutage était bon…
— Les navires de la Fédération du Commerce viennent d’arriver, signala Dallin sur la fréquence républicaine. Apparemment tout marche comme prévu.
Jagen leva le pouce à l’attention de ses hommes. Plo Koon était parvenu à entrer en contact avec les Jedi de Coruscant pour programmer un assaut contre les forces pirates qui menaçaient de les bombarder. Les informations rapportées par maître Tholme sur le trucage du marché du bacta avaient permis de faire pression sur le sénateur Gunray, qui avait mis à disposition la flotte de transporteurs de la Fédération. Qui-Gon Jinn et son padawan n’avaient eu qu’à récupérer l’antivirus qui permettrait aux vaisseaux de rallier Troiken.
— Ils sont presque tous à l’intérieur de la montagne, signala un des éclaireurs déployés en vue de l’entrée principale. Prêts à faire sauter les charges ?
Un concert d’approbations lui répondit, au sein duquel Jagen parvint à distinguer la voix de Vanya. Elle va bien…
— Tenez-vous prêt à faire sauter les charges, ordonna Plo Koon, à quelques mètres en arrière mais qu’il ne parvenait pas à comprendre sans comlink à cause du bruit de la course qui se poursuivait.
— Ils sont entrés !
— Maintenant !
Les multiples décharges secouèrent l’ensemble du mont, comme l’aurait fait un tremblement de terre. Des morceaux de roche se détachèrent du plafond par endroits ; un de ces cailloux fit trébucher le soldat devant Jagen, qui s’écroula brutalement. Quand le colonel se pencha sur lui, il vit qu’un filet de sang coulait de son crâne.
— Portez-le ! ordonna-t-il à deux autres fusiliers qui s’étaient retournées en entendant la chute.
— Nous sommes en position à la sortie principale, indiqua Dallin. Malheureusement, nous n’avons plus de charges explosives…
— Le compte y était !
— Je sais, Colonel. Et… Le sénateur Tarkin manque aussi à l’appel.
Un mauvais pressentiment s’empara de Jagen, qui n’était sans doute pas le seul à l’éprouver vu l’expression du visage de Koon.
— Il était dans la salle principale quand nous sommes partis. J’y vais.
— Je viens avec vous, déclara le colonel.
Ils obliquèrent sur la droite pour rejoindre cette caverne, croisant les doigts pour que les pirates n’avancent pas trop vite. En moins d’une minute, ils y arrivèrent pour découvrir qu’ils étaient attendus.
Ranulph Tarkin était perché sur une pile de gravats, et regardait dans leur direction, une lueur de folie brillant dans ses yeux. À ses côtés, Jagen aperçut la charge manquante, mais le détonateur manquait. La bouche du sénateur, tordue dans un rictus de rage, s’ouvrit alors.
— Oui, je suis là, Jedi. Si tu peux vraiment lire mon esprit, tu connais mes intentions…
Il leva alors sa main droite, serrée autour d’un petit objet cylindrique. Une vague de froid courut le long de l’échine du colonel quand il reconnut un déclencheur.
— Vous avez volé mon commandement, martela Tarkin, la voix pleine de haine. Volé la gloire qui devait me revenir… Mais je vais tout récupérer. J’achèverai ma mission et on se souviendra de moi comme l’homme qui a anéanti le Cartel de Stark.
La voix grave de Plo Koon s’éleva alors dans l’esprit de Jagen.
Courez.
Il lui obéit immédiatement, mais l’écho lui rapporta malgré tout les paroles qui suivirent.
— Ce n’est pas nécesaire, Tarkin ! cria le Jedi. Nous n’avons pas besoin de les tuer ! Ils sont piégés !
— Oui… répondit le sénateur. Piégés avec les mangeurs challat !
Il appuya sur le bouton.
Jagen était déjà loin mais il sentit la nouvelle explosion et comprit ce qu’elle signifiait. Dans son geste de folie, Tarkin avait lâché sur les pirates les insectes carnivores scellés dans les tunnels la semaine passée.
À présent, tomber sur les pirates du Cartel était bien le dernier des soucis pour le colonel qui continuait sa course désespérée.
Il aperçut finalement la lumière du jour et redoubla d’efforts pour l’atteindre. Son cœur battait à toute allure. Encore un peu…
Un croulement soudain retentit au moment où il émergeait, tremblant, de la galerie. D’énormes blocs de roche tombèrent de la montagne, provoquant un immense nuage de poussière grisâtre.
— Maître Plo ! Maître Plo ! cria quelqu’un.
Quand les gravats retombèrent, la silhouette du Jedi kel dor se détacha clairement, son sabre laser en main.
— La montagne est sellée, annonça-t-il de sa voix grave. Je regrette le destin de ceux piégés à l’intérieur…
Après un dernier regard vers le pic, il ajouta :
— Appelez les vaisseaux. La guerre est finie.
 
*  * 



  Jagen observait les tours et les larges rues avec un intérêt non feint. Après la semaine qu’il venait de vivre, ce spectacle si normal, ce paysage ressemblant tant à son monde était d’une banalité déconcertante.
Trois heures s’étaient écoulées depuis qu’ils avaient quitté la montagne à bord des transports de marchandises que la Fédération du Commerce avait mis à la disposition des Jedi. Ils avaient rapidement été menés vers cet astroport de la zone tempérée, dans la ville où s’étaient tenues quelques jours plus tôt les négociations fantoches et où Stark s’était depuis lors installé.
Il arrivait en marchant, encadré par Jinn et Kenobi comme s’ils étaient ses gardes du corps plutôt que ses gardiens. Ce qui n’était pas forcément faux d’ailleurs ; les regards de haine auxquels il avait droit de la part des survivants de la flotte de Tarkin ou de l’escouade du Knight’s Blade. Après tout ce qu’ils avaient vécu, le voir pavaner ainsi avait de quoi dégoûter de la justice.
Apercevant Jagen au pied du vaisseau qui devait les ramener à Coruscant, Stark se fendit d’un sourire plus fanfaron encore, qui ne parvenait toutefois pas à occulter la colère dans son regard.
— Vous pensez avoir gagné ? lança-t-il alors.
— Non, admit Jagen.
Comment aurait-il pu le prétendre, après toutes ces morts et ces trahisons ?
— Mais vous, par contre, vous avez perdu.
— Vos Jedi m’ont garanti l’amnistie, rappela Stark. Dans quelques jours, je serai libre, et en mesure de vous faire payer la mort de mon oncle. Mettez-vous le dans le crâne.
— Vraiment ?
Il leva son arme en direction du torse du neveu de Willspawn. Les Jedi semblèrent hésiter à réagir, mais y renoncèrent en voyant les autres soldats imiter Jagen.
— Iaco Stark, annonça-t-il alors, au nom de la République Galactique et du Sénat, vous êtes en état d’arrestation pour actes de piraterie. Rendez-vous sans résister.
— Les Jedi m’ont promis l’absolution ! cria Stark.
— Pour les crimes du Cartel, c’est vrai. Pas pour ceux de la Brigade Stellaire.
— Non !
Dallin, qui avait été mis dans la confidence, s’avança pour lui passer des menottes électromagnétiques. En les entendant se refermer, Jagen éprouva une intense satisfaction et l’espoir qu’enfin justice serait faite.
— Les juges trancheront. Emmenez-le…
Deux hommes l’entraînèrent vers un des transports. Stark ne résista pas ; il était toujours sous le choc. Jagen le suivit du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse dans le vaisseau, en espérant ne plus jamais le revoir.  
— Maintenant, la guerre est vraiment terminée… lâcha-t-il finalement.
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Yorkman » Lun 09 Nov 2015 - 13:21   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Snif, c'est la fin :cry:

Tu as déjà commencé à travailler sur le Tome 2 ou pas du tout ?
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Lun 09 Nov 2015 - 14:26   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Eh, il reste un chapitre ! :D

J'ai déjà quelques passages écrits pour le tome 2. ;)
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar L2-D2 » Mar 10 Nov 2015 - 13:23   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Chapitre 3 ( :transpire: ) lu !

J'avais déjà lu les deux premiers il y a de cela quelques mois, et j'ai décidé de me replonger dans cette fic que j'avais honteusement laissé de côté ! Passés donc les quelques moments à me remémorer les noms et les situations des personnages principaux, j'ai pleinement apprécié le spectacle... car c'est bien de cela qu'il s'agit ! Une démonstration de talent de Palpatine ? L'introduction de Ranulph Tarkin ? Une référence à Garm Bel Iblis senior ? Et, au détour d'un couloir, Hego Damask ? ça, c'est du récit que j'aime ! :love:

Surtout que finalement, le récit semble démarrer bien vite. Après deux Chapitres introductifs, l'intrigue débute véritablement. J'adhère ! Promis, je vais tâcher de ne pas attendre encore quelques mois avant de lire le suivant !

(Plus que 24 Chapitres, et je serais à jour ! :paf: )

-- Edit (Mar 10 Nov 2015 - 19:21) :

Chapitre 4 lu !

Je ne pensais pas que la flotte Katana disparaitrait dès sa première mission ! Il y a vraiment à boire et à manger dans ce Chapitre qui lance les pistes d'une vaste intrigue millénaire, remontant jusqu'au temps de la Guerre Froide Galactique, pour mettre finalement le lieutenant Eripsa sur la piste des Sith... sans savoir qu'il les a rencontrés quelques jours plus tôt, sur Coruscant ! :x

Si je devais émettre une critique, toutefois, ce serait sur la "mise en scène" du dialogue entre Airen et son jeune protégé : il refuse de parler sur Coruscant, d'où le fait qu'il demande à Jagen de se rendre sur Vjun (alors que, comme le dit le second du jeune gradé, la flotte Katana est arrivée avant eux sur place !), il lui fait promettre de défendre la République et - boum ! - il disparait. Je comprends l'intérêt dramatique consistant à isoler le héros de son mentor et allié mais j'ai trouvé le procédé un peu tarabiscoté. :neutre: Enfin, je dis ça, mais je ne m'attendais pas à ce que Corona disparaisse de la circulation si vite, donc en un sens, la technique est peut-être "facile", elle n'en est pas moins efficace ! :oui:
Que Monsieur m'excuse, mais cette unité D2 est en parfait état. Une affaire en or. C-3PO à Luke Skywalker

Staffeur Fan-Fictions & Littérature VF
L2-D2
Modérateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 9273
Enregistré le: 26 Fév 2013
Localisation: Nîmes
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mer 11 Nov 2015 - 13:24   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Merci pour la lecture et le comm'. :jap:

Pour le chapitre 3, effectivement, on est plutôt plongés dans les intrigues sénatoriales... Un monde intéressant que je traiterai bientôt plus en détail ! :cute:

L2-D2 a écrit:Si je devais émettre une critique, toutefois, ce serait sur la "mise en scène" du dialogue entre Airen et son jeune protégé : il refuse de parler sur Coruscant, d'où le fait qu'il demande à Jagen de se rendre sur Vjun (alors que, comme le dit le second du jeune gradé, la flotte Katana est arrivée avant eux sur place !), il lui fait promettre de défendre la République et - boum ! - il disparait. Je comprends l'intérêt dramatique consistant à isoler le héros de son mentor et allié mais j'ai trouvé le procédé un peu tarabiscoté. :neutre: Enfin, je dis ça, mais je ne m'attendais pas à ce que Corona disparaisse de la circulation si vite, donc en un sens, la technique est peut-être "facile", elle n'en est pas moins efficace ! :oui:


Effectivement, c'est un peu tarabiscoté. ^^
J'avais une petite contrainte, celle de la disparition de la flotte Katana lors de son vol initial, acte qui fait partie de sa légende comme c'est le cas pour le Titanic. Le dialogue d'Airen et de Jagen devait d'autre part avoir lieu sur le Katana pour quelques raisons qui devraient t'apparaître plus claires dans le chapitre 5. ;)

Et voilà l'épilogue du tome 1 :

Chapitre 28
 
« Le Sénat a annoncé ce matin la fin des restrictions concernant le trafic hyperspatial, tout en maintenant les obligations de vérification des ordinateurs de bord. La Bourse Galactique de Coruscant a immédiatement salué ces déclarations avec des valeurs en hausse pour les compagnies de transport : plus sept virgule cinq pour cents pour les titres de la Guilde Marchande, huit  virgule neuf pour Core Feeding Corp et même onze virgule deux pour la Fédération du Commerce. Dans le même temps, le chancelier Kalpana a décrété une semaine de commémorations en mémoire des morts de ce récent conflit qu’on surnomme déjà « la Guerre de Stark ». Une cérémonie particulière rendra hommage au sénateur Ranulph Tarkin d’Eriadu pour son action héroïque. »
 
Bulletin d’informations d’Holonet News Edition.
 
Coruscant, Bureaux du Sénat, cinq cent soixante-seize jours AK.
 
Le greffier qui gardait l’accès au bureau du chancelier tenta de s’interposer, mais Jagen le repoussa violemment et franchit les portes qui s’étaient ouvertes à son approche.
— Voilà des manières qui laissent à désirer ! s’exclama Kalpana.
Il était assis dans son fauteuil à haut dossier ; de l’autre côté de son bureau massif étaient installés, dans des sièges moins imposants, les sénateurs Valorum, Antilles et le propre père de Jagen, Saron Eripsa.
— Les rumeurs sont vraies ? demanda le jeune homme.
— Tout dépend desquelles.
— On dit partout que vous allez rendre un hommage à Tarkin.
— C’est exact.
Jagen serra le poing, pris de colère. Depuis qu’il avait entendu l’information, une demi-heure plus tôt, il était saisi d’une rage qu’il avait rarement connue.
— Vous avez reçu mon rapport, martela-t-il. Vous savez parfaitement qu’il n’a pas été héroïque, loin de là.
— Il est mort, Jagen. Vous souhaitez salir sa mémoire ?
— C’est ce que vous faites pour tous ceux qui sont morts à cause de lui ! s’emporta le corellien.
— Le véritable coupable était Trevor Willspawn, rappela Bail Antilles. Tarkin a juste été pris au piège.
— En bravant les lois républicaines, Sénateur ! répliqua le jeune Eripsa. Bravo, bel exemple d’héroïsme !
— Il n’a pas tort, intervint son père en se tournant vers le chancelier. Je vous en prie, annulez cet accord.
— Non !
— Quel accord ? demanda Jagen, pris d’un mauvais pressentiment.
— Ce n’est pas à vous de me dire comment agir ! déclara Kalpana en fusillant du regard Saron. Cet hommage à Tarkin est un prix dérisoire pour le maintien de l’unité de la République…
— Et votre réélection, persiffla le sénateur du Corridor d’Ison.
— Je n’aime pas ces méthodes, intervint Finis Valorum. Mais la situation est bien trop critique pour ne pas y avoir recours.
— Si vous m’expliquiez ? suggéra Jagen.
— La mort de Tarkin prive les militaristes de chef, déclara le représentant du secteur Lytton. Leurs partisans représentent un tiers des représentants du Sénat environ, bien assez pour peser sur les prochaines élections. S’ils s’abstiennent, le parti de la Bordure remportera la Chancellerie.
— Et vous ne serez pas réélu, conclut le colonel en se tournant vers Kalpana. Vous croyez vraiment que la République s’effondrera sans vous ? Elle a survécu à pire !
— Les représentants de la Bordure sont pour beaucoup à la botte des guildes marchandes. Vous voulez vraiment de la Fédération du Commerce à la tête du Sénat ? En traitant Tarkin comme un héros, je nous assure l’appui des militaristes et de sa famille, très influente sur Eriadu.
— Au prix de la vérité.
Il baissa la tête de dépit.
— Tarkin s’est comporté de façon honteuse pendant toute la durée du siège, reprit-il sans relever les yeux. Et s’il est mort, c’est pour ne pas revenir ici ridiculisé. Pour son suicide, il a transformé en massacre immonde ce qui devait être l’une des opérations les plus propres de l’histoire de la République.
— Si tant de gens sont morts, c’est à cause de votre ancien supérieur.
— Et de Iaco Stark. Quand son procès aura-t-il lieu ?
— Ne vous imaginez pas qu’il sera condamné.
Jagen eut la sensation d’être poignardé une nouvelle fois.
— Une autre façon d’apaiser la Bordure ? Vous savez quels crimes il a commis.
— Les allégations qui font de lui l’un des chefs de la Brigade Stellaire ne sont construites sur aucune preuve matérielle, rappela Kalpana. Il a une petite fortune personnelle ; il sera capable de se payer des avocats suffisamment compétents pour exploiter ces failles. Il ressortira libre, surtout si l’influence qu’a pu exercer son oncle sur lui est reconnue.
— Je vois que la justice de la République fonctionne toujours aussi bien, ironisa Jagen.
Après quelques instants, il reprit :
— Vous m’aviez fait une promesse, Excellence. La destruction de la Brigade Stellaire contre le nom de celui qui a détruit le Blood Angel et tué un de mes amis. La tiendrez-vous ?
— Vous avez posé la même question à Willspawn, j’imagine ?
— Il a assuré qu’il n’y était pour rien.
— Peut-être… Peut-être pas. Vous feriez mieux de considérer qu’il était coupable.
— Vous ne me donnerez pas le nom ?
— Je ne l’ai pas. Les archives sont muettes à ce sujet.
Troisième désillusion de la journée.
— Nous avons d’autres soucis, reprit Kalpana. Pour la deuxième fois en deux ans, la flotte de la République a été sévèrement amputée de ses troupes et de ses moyens.
— Mais nous avons un Commandeur Suprême tout désigné, rappela Valorum. Jagen a démontré qu’il était parfaitement compétent.
— Il aura donc les galons d’amiral et le rôle qu’occupait jusqu’à présent Willspawn. Il n’y aura pas de cérémonie, vu les circonstances…
— Et pour le budget ? demanda Saron. Vous le maintenez ?
— Non. La République a beaucoup trop investi pour ce qui n’est après tout que la brigade d’intervention du Département Judiciaire.
— Les Forces Armées de la République, corrigea Jagen.
— Il n’y a plus d’armée de la République depuis Ruusan. Les mots sont une chose, les faits une autre. Il n’y a plus de vrais militaires, que des fonctionnaires de défense.
— Expliquez-moi la différence.
— Votre dépendance totale au Sénat et à mon cabinet. L’interdiction de toute intervention dans les conflits entre membres de la République. Ces règles ont trop longtemps été oubliées… Je compte sur vous pour les appliquer à la lettre.
— En somme, cracha Jagen, vous honorez ou libérez mes ennemis, vous me nommez Commandeur et Amiral mais vous déchargez ces titres de tout pouvoir, et vous imaginez que je vais vous obéir ?
— Que pouvez-vous faire d’autre ?
— Démissionner.
Valorum et Antilles échangèrent un regard inquiet, tandis que Saron marqua son approbation d’un signe de tête. Mais la proposition n’avait pas ébranlé l’assurance de Kalpana.
— Relevez-moi de mes fonctions, insista Jagen.
— Vous avez prêté serment à la République.
— Vous pouvez m’en libérer.
— Et qui nommerais-je à la place ? Peut-être le commandant de la base de Carida… Comment s’appelle-t-il, déjà ? Kendal Ozzel ?
— Vous n’oseriez pas.
— Vous seriez surpris.
Jagen le fixa avec dégoût, puis s’inclina, vaincu, avant de se redresser et de regarder de haut l’homme le plus puissant de la Galaxie.
— Willspawn avait raison, déclara-t-il simplement.
Il se détourna et sortit de ce bureau de malheur.
En quelques minutes, il sortit du bâtiment administratif du Sénat et rejoignit la Rotonde et ses larges couloirs, ruminant sa rage et son dégoût absolu de la politique. Il repéra deux officiers dans leur uniforme de cérémonie qui attendaient en bas de quelques marches, absorbés dans une discussion. Ils s’interrompirent en l’entendant arriver.
— Alors ? demanda Jaim Helaw quand il s’approcha d’eux.
— Kalpana a complètement perdu l’esprit, grommela Jagen.
— Tu as proposé de démissionner ?
— Oui.
Ait Convarion amorça un signe de victoire.
— J’en étais sûr !
— Il a accepté ?
— Il voulait nommer Ozzel à ma place. Du coup, j’ai retiré ma proposition…
— Match nul, déclara Helaw à Convarion.
— Dommage, répondit celui-ci. Je n’aurais pas dit non à quelques crédits et des galons flambants neufs.
— Ça viendra, assura Jagen en les entraînant vers le hall de la Rotonde.
Dès qu’il y entra, il détailla des yeux la foule déjà présente : sénateurs allant à leur bureau, assistants échangeant des ragots et visiteurs s’émerveillant devant la majesté de ces lieux pourtant emplis de corruption. Il traversa rapidement le large corridor pour rejoindre l’entrée qui donnait sur l’avenue des Fondateurs du Noyau.
Sur le parvis ombragé par la coupole du Sénat, une jeune femme observait cette impressionnante perspective, l’une des plus célèbres de la Galaxie. Les gigantesques sculptures qui s’y tenaient depuis un âge reculé semblaient garder pour l’éternité le cœur de la République. En temps normal, Jagen aurait pris quelques instants pour contempler ce spectacle, comme il en avait l’habitude ; mais ses yeux étaient concentrés sur la jeune femme.
— Puis-je vous aider ? demanda-t-il quand il se fut approché d’elle.  
Elle tourna vers lui son visage rayonnant.
— Je cherche un fringant colonel, déclara-t-elle en souriant. Peut-être l’avez-vous vu ?
— Je regrette, Mademoiselle… ?
— Cadera. Vanya Cadera.
— Mademoiselle Cadera, je crois que le colonel en question est parti. Pourrez-vous vous contenter d’un amiral ?
Elle laissa échapper un rire claironnant comme un chant d’oiseau.
— Je crois bien que oui, déclara-t-elle en lui prenant la main pour l’entraîner vers l’avenue…
…Et leur futur. 


* *
*


Voilà pour L'Avènement de l'Amiral.

Il ne me reste plus qu'un petit "Making-Of" que j'aimerais partager, et ce sera fini... Après 450 pages et plus de 150 000 mots ! :cute:

Enfin, fini pour le premier tome ; le second, Les Ombres de Coruscant, commencera bientôt... :sournois:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Yorkman » Mer 11 Nov 2015 - 18:24   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Bon, pour une histoire intitulée L'Avènement de l'Amiral, c'est un peu facile. C'est dommage car j'aurais pensé que Jagen prendrait ses nouvelles fonctions dans le feu de l'action et mènerait sa flotte vers la victoire, plutôt que lors d'une bataille terrestre où il ne maîtrisait rien.

Je pense même que tu aurais pu greffer ce chapitre à la fin du 27. J'ai un peu l'impression que cet épilogue n'est là que pour justifier le titre, on apprend même que tout ce que Jagen a fait n'a (pratiquement) servi à rien et qu'on le bombarde Amiral parce que bon, voilà, c'est the last man standing.
Finalement, tous les supérieurs de Jagen sont soit morts soit des pourris (même le chancelier Kalpana, visiblement), et c'est le plus droit et le plus idéaliste qui reste. Mais à aucun moment je n'ai vraiment ressenti que Jagen méritait ses galons (je le sentais déjà dès les premiers chapitres avec son ascension fulgurante).
Pas un mot sur l'entraînement Jedi de Jagen ou la famille Eripsa pour conclure, dommage que cela reste en suspens (mais je ne doute pas qu'on en réentendra parler).

Sinon j'ai quand même bien apprécié cette histoire : bien écrite, intrigue prenante et rondement menée, excellents dialogues, personnages intéressants et attachants. Malgré quelques twists un peu faciles, ce fut une bonne lecture dont je me souviendrai. :)
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Mer 11 Nov 2015 - 18:55   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Yorkman a écrit:Bon, pour une histoire intitulée L'Avènement de l'Amiral, c'est un peu facile. C'est dommage car j'aurais pensé que Jagen prendrait ses nouvelles fonctions dans le feu de l'action et mènerait sa flotte vers la victoire, plutôt que lors d'une bataille terrestre où il ne maîtrisait rien.

Je pense même que tu aurais pu greffer ce chapitre à la fin du 27. J'ai un peu l'impression que cet épilogue n'est là que pour justifier le titre, on apprend même que tout ce que Jagen a fait n'a (pratiquement) servi à rien et qu'on le bombarde Amiral parce que bon, voilà, c'est the last man standing.


En fait, c'est exactement ce que je voulais montrer. :D

Il est finalement arrivé à la tête des troupes de la République parce qu'au final, entre la disparition de la flotte Katana et la trahison de Willspawn, 90% des officiers y sont passés. C'est un Commandeur Suprême par défaut, bien loin des rêves de gloire qu'il avait à ses débuts, parce que les Forces Armées de la République ne sont, au final, qu'une armée fantoche.

Finalement, tous les supérieurs de Jagen sont soit morts soit des pourris (même le chancelier Kalpana, visiblement), et c'est le plus droit et le plus idéaliste qui reste. Mais à aucun moment je n'ai vraiment ressenti que Jagen méritait ses galons (je le sentais déjà dès les premiers chapitres avec son ascension fulgurante).


C'est aussi un effet voulu. ^^

Ces circonstances vont lourdement peser sur la conscience de Jagen et guider ses actions ultérieures. ;)

Pas un mot sur l'entraînement Jedi de Jagen ou la famille Eripsa pour conclure, dommage que cela reste en suspens (mais je ne doute pas qu'on en réentendra parler).


En effet, ça reste en suspens. La famille Eripsa en particulier sera plus présente dans les tomes à venir. ^^

Yorkman a écrit:Sinon j'ai quand même bien apprécié cette histoire : bien écrite, intrigue prenante et rondement menée, excellents dialogues, personnages intéressants et attachants. Malgré quelques twists un peu faciles, ce fut une bonne lecture dont je me souviendrai. :)


Merci beaucoup. :jap:


Je suis pour ma part content d'en avoir fini avec ce premier tome... Les suivants seront, je l'espère, plus inspirés et avec une meilleure trame de fond que celui-ci. :cute:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 03 Déc 2015 - 11:00   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Allez, pour finir, quelques explications !

Making-of

La République de Bespin : Les origines de Jagen
 
J’ai découvert mes deux sagas favorites, Star Wars et le Seigneur des Anneaux, par l’intermédiaire des jeux-vidéos. Curieux, non ? Pour être honnête, j’ai vu une première fois les Épisodes I, II et IV en 2003, mais ce n’est qu’à la fin de cette année-là que ma passion s’est révélée, avec le jeu Rogue Squadron III : Rebel Strike. Des vaisseaux, de superbes graphismes (Pour l’époque, bien qu’ils soient encore très bien aujourd’hui), des paysages merveilleux, et une musique entraînante… Que fallait-il pour renforcer cet intérêt naissant ? Le coffret DVD de la Trilogie, l’année suivante. Puis Battlefront, et Empire at War, qui a vraiment scellé cette passion.
 
C’est en découvrant ce jeu que j’ai commencé à voir plus loin que les films. J’ai emprunté alors les quelques romans épars dispos à la bibliothèque du coin (La Guerre du Bacta, La Force Unifiée) et je les ai dévorés, littéralement. Il y avait néanmoins un incident dans le lot, celui que j’ai découvert dans mon CDI : La Cité Perdue des Jedi. Ceux qui auront reconnu le cauchemardesque Tome II de la Saga du Prince Ken comprendront où je veux en venir ; je n’avais plus qu’une seule idée en tête, réécrire l’UE.
 
Un soir d’études, pendant l’hiver 2007-2008, j’ai parlé de ce projet à mon ami Mell Tinor, et nous avons mis au point, ensemble, un personnage qui allait ensuite devenir mon pseudo : Jagen Eripsa. Mais ce n’est pas le Jagen Eripsa que vous connaissez, tout comme son histoire n’était pas celle des Chroniques de la Marine Républicaine. D’ailleurs, la saga s’intitulait La République de Bespin.
 
Non, ce Jagen-là n’avait vraiment rien à voir avec l’histoire que vous avez découvert. C’était un orphelin originaire de Frésia, que Luke, Han et Leia découvraient lors d’une mission commando destiné à récupérer les plans du nouveau chasseur d’Incom, le E-Wing. Jagen se révélait sensible à la Force, et Luke le prenait sous son aile, comme padawan, en le ramenant sur Bespin… D’un autre côté, un mystérieux duo de Sith, avec l’inquiétant Dark Keldarn comme apprenti, intriguait avec le Grand Amiral Thrawn contre la Nouvelle République, qui avait installé son Sénat sur Bespin. Il en résultait une bataille forcément épique, avec Jagen qui finissait par détruire l’Éclipse d’une torpille de son B-Wing.
 
Avec un peu de recul, je me rends compte que ça ressemble affreusement aux Conseils pour ceux qui veulent débuter dans la Fan-Fiction…
 
L’histoire ne va pas bien loin, et s’interrompt après deux chapitres. Je ne me souviens même pas si j’avais imaginé à l’époque la scène où Keldarn annonçait à Jagen : « Je suis ton frère ». J’ai perdu tous ces fichiers dans un crash de disque dur pour ne les retrouver que très récemment….
 
Mon projet de roman a mis trois longues années avant de refaire surface. Pendant tout ce temps, le personnage de Jagen avait mûri dans mon esprit, à mesure que je prenais connaissance de l’UE, à travers les livres et les encyclopédies en ligne. D’aspirant Jedi, il est passé à militaire. Il était originellement né aux alentours de la Bataille de Yavin ; mais je voulus le faire participer à la Rébellion, aussi prit-il vingt ans. Comme je m’intéressais à la Guerre des Clones, il en prit trente de plus ; quitte à intégrer Géonosis, pourquoi ne pas y ajouter Naboo ? Puis je me suis intéressé à la Guerre Hyperspatiale de Stark et à la flotte Katana, et j’ai donc fixé 46 BBY comme date de début de mon récit, ce qui nous donne 70 BBY comme date de naissance pour Jagen. Un sacré coup de vieux…
 
Mais le personnage était né. Restait alors la question du caractère ; une question qui me travaille toujours, puisque Toujours en mouvement est l’avenir. Comment rendre mon personnage réel et attachant ? Grâce aux conseils de Mitth’raw Nuruodo sur ma première version d’ébauche, j’ai pu apporter des réponses claires à ce problème, et je suis à présent en mesure de comprendre ce personnage – ce qui n’était pas une mince affaire.
 
« Vous êtes un homme du passé, né en un siècle qui n’est pas le sien ». C’est ce que déclare Trevor Willspawn à Jagen lors de leur dernière confrontation. Jagen, en effet, ne ressemble pas aux personnages des films de la Prélogie, sauf peut-être à Bail Organa pour le côté idéaliste. Si je devais choisir une inspiration, ce serait Carth Onasi, du jeu KoTOR ; un personnage charismatique, aux convictions fortes, et terriblement torturé. Jagen, d’ailleurs, est torturé de manière similaire par la perte d’un Onasi, Thyrs, qu’il souhaite venger. Ce trait de caractère n’existait pas dans la version originelle. L’intrigue de la capture sur Tatooine était présente, bien sûr, mais elle jouait un rôle minime dans le premier tome. Ici, c’est la motivation de Jagen, la volonté qui est à l’origine de sa détermination froide : la vengeance. Cette face sombre, cette haine en lui reste enfouie par son attachement à son devoir… Et à ses amis. Mais je reviendrais sur ce point plus tard.
 
Ensuite, Jagen est corellien. De Bespin, certes, mais corellien quand même. Ce n’est pas anodin. Quels sont les stéréotypes des Corelliens dans Star Wars ? Un peuple d’arrogants ne respectant pas les lois, qui prônent la liberté mais vivent sous le Diktat, des charmeurs beaux-parleurs mêlés à quelques traîtres ignobles, mais au final, des types tellement attachants… Oui, je crois que les Français ont inspiré les Corelliens.
 
J’ai parlé un peu plus tôt du devoir, celui qui maintient Jagen sur le droit chemin et l’invite à s’opposer à Willspawn. C’est pour cette raison que Jagen est anachronique. Il appartient à une République qui ne croit plus en elle-même, mais lui continue de suivre les principes qui l’ont fondée. Cette anomalie est symbolisée par son statut de militaire au sein d’une bureaucratie envahissante.
 
De Vanya à Willspawn : les relations
 
Comme je l’ai écrit plus haut, Jagen a une progression qui est en grande partie basée sur ses relations avec les autres, de quelque nature qu’elles soient.
 
Vanya Cadera : On dit que les opposés s’attirent ; ici, en tout cas, c’est le cas. Ayant grandi dans la rue ou au combat, elle se distingue largement d’un Jagen sorti des académies républicaines, dans son uniforme fringant. Grâce aux conseils de Notsil, j’ai grandement approfondi la personnalité de l’attrayante Mandalorienne. Courageuse, belle, intelligente et rusée ; la femme parfaite ? Pas tout à fait. Elle est à la fois impulsive et colérique, et c’est ce qui la rend attirante aux yeux de Jagen : cette force, cette vitalité naturelle. La concrétisation de la relation à la fin du tome va m’obliger à repenser en partie son caractère et celui de Jagen, mais je peux vous assurer qu’elle demeurera fidèle à elle-même malgré tout.
 
Syal Rodan : Le personnage de Syal n’existait pas dans la première version de l’histoire. Dans les premières ébauches de la seconde, elle devait être la rivale de Vanya dans le cœur de Jagen, mais sa mort lors de la bataille finale ne me convenait pas tellement. J’ai donc fait un travail sur ses origines et sa personnalité. Syal est à la fois coupable et victime. Coupable, parce qu’elle joue pour des raisons criminelles avec les sentiments de Jagen, qui ne succombe que par dépit à ses charmes. Mais victime également : elle est elle-même manipulée par Stark et Willspawn. Reviendra-t-elle dans les prochains tomes ? Peut-être. Je n’ai encore aucune idée de son destin ultérieur, même s’il devrait être lié à celui de Jagen et Iaco d’une façon ou d’une autre.
 
Saron et Palina Eripsa : Dans les premiers chapitres, Jagen est en froid avec sa famille, et ne les voit plus que très occasionnellement, suite à sa décision de poursuivre une carrière militaire. Pourtant, il hérite d’eux bien plus qu’il ne veut l’admettre. De sa lignée paternelle, faite d’industriels et de politiciens, il tient son caractère pragmatique, un certain amour des bons mots et l’attachement à la République. Des Astrell (sa famille maternelle), il récupère une certaine impulsivité qui refait surface par moments, celle nécessaire aux magnats de la finance qu’ils sont. Saron pourrait-il se battre sur Korda ou Galidraan comme son fils ? Sans doute pas, pas plus que Palina ne pourrait se conformer à la volonté de Kalpana et Valorum à la fin du livre. Mais, au final, la relation entre ces trois-là est celle d’une famille unie par-delà les épreuves.
 
Aiden Corona : L’amiral est par plusieurs aspects le mentor de Jagen. Corona est bien moins idéaliste que son élève, mais il lui a inculqué l’honneur des Forces Armées de la République, bien plus important pour le jeune homme que des règles tactiques très théoriques. Sa disparition est une épreuve pour la République, mais plus encore pour Jagen, car les rumeurs sur sa folie obligent le jeune homme à remettre en question ce qu’il a appris.
 
Jango Fett : Jango Fett occupe dans l’histoire de la Saga Star Wars un rôle qui est souvent sous-estimé. C’est un personnage tragique, qui perd peu à peu tout ce qu’il a, de sa famille à sa vengeance en passant par son peuple, et qui finalement meurt sous les yeux de son propre fils. Ici, la rencontre avec Jagen marque le véritable point de rupture de la saga, ce qui permet vraiment de passer du canon à l’Infinities ; Jagen, par son intervention sur Galidraan, lie définitivement son destin à celui du Mand’alor, et son avenir en sera changé à jamais. Mais pour l’heure, chacun va suivre son chemin de son côté, et Jango ne devrait pas apparaître dans le prochain tome des Chroniques de la Marine Républicaine.
 
Kalpana, Valorum et Antilles : Les dignitaires du Sénat, à commencer par le Chancelier, sont bien plus les représentants de leur époque que Jagen. Ils symbolisent ce qu’il reste de bon dans la République déclinante de l’époque ; mais les hésitations, les compromis et la diplomatie de l’ombre qui apparaissent peu à peu marquent bien les erreurs qui provoqueront leur chute.
 
Trevor Willspawn : Si j’en crois les retours de mes lecteurs réguliers, il s’agit du personnage le plus apprécié de ce premier tome. Soit, soit. Pourtant, rien ne l’y prédestinait. Willspawn est né de la nécessité pour les Forces Armées de la République d’avoir un chef entre la disparition de la Flotte Katana et l’anéantissement du groupe de Tarkin dans le ciel de Troiken. Willspawn, en tant que tel, ne devait pas être le méchant originel. Stark occupait ce rôle dans les premières ébauches. Mais son côté arrogant et lubrique était si prononcé qu’il devint dans la première version le méchant final.
Mais c’est alors un méchant opportuniste – d’où le nom de son vaisseau –, mené par la simple avidité. Au cours de la rédaction de la seconde mouture, l’idée m’est venue d’en faire un personnage bien moins transparent. Willspawn connaît donc ses propres drames, et, malgré son comportement toujours aussi déviant – du moins, en apparence – il prend à cœur sa charge. Toutefois, dans l’ombre, il manigance pour défendre ses intérêts en montant un complot qui, pour une fois, n’implique ni la Force ni les Jedi.
Willspawn est donc l’oncle de Iaco Stark, et son mentor militaire. Qu’en est-il de ses origines ? Eh bien, je voulais en faire un aldéranien, parce qu’il me semblait intéressant qu’un représentant de ce peuple pacifique soit à la fois un militaire et un traître. En jouant à The Old Republic, j’ai découvert qu’un personnage au nom similaire et aux origines aldéraniennes existait : Jaesa Willsaam. Non, je ne m’en suis pas inspiré ! Mais on peut considérer que Trevor Willspawn a des origines remontant à la famille Willsaam, qui par honte a changé son nom pour ne plus le voir associé à celui d’une Sith. Pour ses proches, tout est à refaire, à présent…
 
Iaco Stark : L’utilisation de ce personnage m’est vite apparue comme une évidence, ce que j’en ferais un peu moins. Le Stark des comics a un côté « vaurien » que n’aurait pas renié Han Solo, tandis que le mien est tout de même plus machiavélique qui correspond à son rôle dans la machination de Willspawn. Dans la première version, il était en fait le fils illégitime de l’amiral, mais cette version ne cadrait pas avec le lien fort existant entre les deux frères.
Stark est le double négatif de Jagen, chacun étant le pire ennemi de l’autre. Cette rivalité n’est pas finie… 
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Messagepar Yorkman » Jeu 03 Déc 2015 - 19:57   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Toujours intéressant de savoir par quels étapes est passé un auteur dans la conception de son histoire, et dans le cas des fan-fictions cela n'arrive pas souvent. :)

N'étant pas un grand connaisseur de l'UE Legends (on va finir par le savoir), les changements apportés aux personnages ne m'a pas frappé. En fait, pour moi, c'est comme si j'avais lu un vrai roman de l'UE.
Je suis impatient de découvrir le destin de tes personnages (surtout Vanya et Iaco, qui je trouve n'a pas vécu une fin de tome très palpitante), et d'en voir d'autres débarquer pour prêter main-forte à Jagen.

D'ailleurs, maintenant que ce dernier vient d'être promu Amiral, aura-t-il l'occasion et les ressources d'orienter la Flotte Républicaine selon sa vision idéaliste ou sera-t-il contraint par Kalpana et le Sénat ?
Comme le second tome est intitulé Les Ombres de Coruscant, je m'attends à beaucoup d'intrigues politiques et de complots. Je serais particulièrement intéressé par un épisode moins aventurier, et plus mystérieux... :sournois:

Vivement la suite ! :jap:
"Luke, we are what they grow beyond. That is the true burden of all masters."
Yorkman
Ancien staffeur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 1606
Enregistré le: 11 Nov 2012
Localisation: Colombie
 

Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 03 Déc 2015 - 20:11   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine - Tome 1

Yorkman a écrit:D'ailleurs, maintenant que ce dernier vient d'être promu Amiral, aura-t-il l'occasion et les ressources d'orienter la Flotte Républicaine selon sa vision idéaliste ou sera-t-il contraint par Kalpana et le Sénat ?
Comme le second tome est intitulé Les Ombres de Coruscant, je m'attends à beaucoup d'intrigues politiques et de complots. Je serais particulièrement intéressé par un épisode moins aventurier, et plus mystérieux... :sournois:


Sans spoiler l'histoire, je peux donner une première information de taille, le placement chronologique : de 34 à 32 BBY, soit au moment de la dernière partie de Dark Plagueis. Ce qui donne des indications sur les difficultés que va rencontrer l'Amiral... :sournois:
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
Administrateur
Avatar de l’utilisateur
 
Messages: 23414
Enregistré le: 07 Fév 2012
Localisation: Aunis Prime
 

Précédente

Retourner vers Les Archives (textes inachevés)


  •    Informations