Le recueil "SW et l'épouvante" m'a beaucoup inspiré. Trop en fait .
J'ai écrit plusieurs textes en rapport avec le sujet. N'ayant pas eu le temps de les finir pour les proposer à temps ( ), je m'en vais maintenant vous les proposer.
Je les ai retravaillé pour qu'ils forment un tout unique à la manière d'un cycle intitulé Dans les Ombres.
Chaque histoire est indépendante (et de fait aura son propre topic à mesure que nous avancerons). Elles peuvent donc être lues de façon autonome.
Des personnages seront récurrents, des événements se répondront entre eux mais, selon vos envies, il ne sera pas nécessaire de lire toutes les histoires (même si je préférerais ).
La publication des textes composant la série ne respectera pas un ordre chronologique, j'entends par là la chrono interne de la série Dans les Ombres. En clair, un texte peut se dérouler avant ou après un autre. J'ai instillé suffisamment de repères temporels cependant pour que quiconque entame la lecture complète du cycle sache quand se déroule l'histoire qu'il est en train de lire (à la fois dans la chrono interne que dans la chrono "officiel" de Star Wars).
Ce n'est pas juste une lubie de ma part; cela a un sens.
Etant l’auteur d'une FF demeurée inachevée, le Jedi Errant, je tiens à préciser que tous les textes sont déjà écrits et terminés (ce qui n'empêchera pas, si le besoin se fait sentir par vos commentaires, que je les retravaille).
Ce qui devrait vous garantir le fait de lire une histoire avec une fin et un rythme de publication soutenu (lequel, parcontre, je ne sais pas encore )
Ah, petite précision, nous sommes dans l'Univers Legends.
Bref, voici donc le premier texte de la série Dans les Ombres: Cauchemar
La FF sera composée de 5 chapitres + un épilogue. (Ce post sera édité au fur et à mesure afin de servir de sommaire)
Démarrons avec les Chapitres 1 et 2.
Chapitres 3 et 4
Chapitre 5 et Épilogue
J’espère que cela vous plaira.
Bonne Lecture à toutes et à tous!
La frégate légère NR-Susquehanna voyageait dans l’hyperespace depuis quatre jours. Le Capitaine Howdy ne dormait plus depuis cinq jours. Il fixait le tourbillon psychédélique bleu et blanc figurant l’espace autour de son navire. Son regard accrocha son reflet sur la vitre du poste de pilotage. Le capitaine ne voyait que ses cernes violacés sous deux petits yeux fatigués tirant sur le rouge. Une voix s’éleva du trou de commandement. Il s’arracha à la contemplation. Au bout de quelques secondes, la voix devint une silhouette. Celle de son officier de navigation, un Zabrak répondant au nom de Mirnak. Le non-humain avançait vers son supérieur d’un pas las. Lui aussi n’avait pas beaucoup dormi. D’une voix éraillée, Mirnak réitéra sa question.
— Commandant, nous serons bientôt à court de carburant. Quels sont vos ordres ?
Howdy ne répondit pas. Il ne le pouvait pas ; la réponse n’existait tout simplement pas. Alors il se contenta juste d’hocher la tête. Mirnak soupira, ses épaules s’affaissèrent. Howdy savait que ses hommes attendaient plus de lui mais il se révélait si impuissant dans la situation actuelle. Le Zabrak retourna à son poste, jetant des regards accablés à ses collègues. Même sans les voir, Howdy devinait aisément les réactions de chacun. Les deux pilotes, Reyes et Oël, qui étaient parmi ceux qui avaient le moins dormi, se renfrognaient un peu plus. La délicate Absara retenait ses larmes fixant son écran d’artillerie. Son compère, Dolph, passa une main dans sa longue chevelure d’or trahissant son désarroi. Seule Koly, la jeune Twi’lek en charge des communications sur le vaisseau, paraissait, malgré ses longues heures de sommeils en moins, tenir le coup et garder la foi en son officier supérieur. Il lui en sut gré.
Howdy se leva de son fauteuil de commandement prenant soin de ne pas regarder le siège vide de Keren, l’officier tactique. Il voulut leur dire que tout allait s’arranger. Un autre mensonge qui vint mourir au fond de sa gorge. Il quitta la passerelle en silence sentant le regard accusateur de ses subalternes. Une fois dans la coursive, il se mit à sangloter. Les pleurs se faisaient de plus en plus forts à mesure qu’il rejoignait sa cabine. Sans se rendre compte qu’il ne croisa personne.
Assis sur sa couche, Howdy tremblait. Son corps exténué le trahissait. Ses yeux papillonnaient mais il luttait, avec l’énergie du désespoir, contre le sommeil. Il devait tenir encore. Après lui, il le savait, le Susquehanna n’aurait plus de commandant. Son devoir envers son équipage passait avant toute autre considération. Il bailla fortement. Sa tête dodelinait ostensiblement. Il succombait. Dans un dernier ultime effort, il se mordit la lèvre jusqu’au sang. La douleur le secoua. On frappa à la porte. Prestement, il s’essuya la bouche du revers de la manche de son uniforme.
— Entrez ! fit-il d’une voix fatiguée par le manque de sommeil.
26-06-EB entra. Le droïde médical pénétra dans la cabine doucement, ses longs membres mécaniques pendant le long de son corps tubulaire. Son visage translucide évoquait un crane humain doté d’un masque respiratoire. Howdy vit les rouages du robot s’agiter sous le crâne en plastique. Le capitaine savait ce que cela signifiait. Le docteur robotique réfléchissait car il devait annoncer de mauvaises nouvelles. Les circuits commandants son serveur émotionnel tournaient à plein régime. Howdy attendit que les logiciels empathiques de 26-06 EB aient terminé leurs processus.
— Vas-y 26, crache le morceau. Pas besoin de prendre des pincettes. encouragea finalement le capitaine.
— Toute l’équipe du lieutenant Kyral a succombé. lâcha, avec un accent peiné aux tonalités électroniques, le robot.
— Merde ! murmura Howdy.
Désormais la frégate ne possédait plus de soldats à son bord. Howdy prit une longue et profonde inspiration. Cette mission, si simple au départ, prenait de plus en plus une tournure regrettable. Ils avaient obéi aux ordres. Ils en payaient le prix maintenant. En son for intérieur, le capitaine essayait de passer en revue les différentes options. Il était désemparé. Une goutte de sang perla sur le coin de sa bouche. Le gout métallique réveilla le dernier fragment de volonté.
— Mets leurs dépouilles en quarantaine. ordonna Howdy tout étant parfaitement au fait de l’inutilité de la procédure.
— Je me suis déjà occupé de cette mesure de précaution.
— Bien, bien. Tu as programmé une autopsie ?
— L’auxiliaire 78-B a entamé les premières procédures dans ce sens. Résultats attendus d’ici une à deux heures standards.
— D’accord, préviens-moi dès que vous les avez. demanda Howdy, triste mais résolu.
— A vos ordres, Commandant.
26-06-EB resta un instant sans bouger, comme hésitant à ajouter quelque chose. Howdy le regarda interrogateur. Le droïde médical esquissa un geste avant de se raviser et de tourner les talons pour quitter la chambre, silencieux. Howdy garda son regard dirigé vers la porte. Il réprima un bâillement. Il ne put contenir un deuxième, plus intense. Il se leva. Tenta de faire quelques exercices de gymnastique afin de se revigorer. Vainement. Il commanda à son système domotique une tasse de stimu-caf. Qu’il ne but jamais.
Koly et Absara le découvrirent une heure plus tard plongé dans un profond coma. Les deux membres de l’équipage n’eurent pas besoin du diagnostic de 26-06-EB pour deviner que leur capitaine ne se réveillerait jamais.
Cela faisait une semaine que personne ne se réveillait jamais.
L’infirmerie du NR-Susquehanna était pareille à tant d’autres sur tant de navires militaires. D’un blanc lumineux, froid et stérile. Tel était le domaine de 26-06-EB, droïde médical chargé de veiller sur la santé de l’équipage. Une mission à laquelle il savait faillir en ce moment même. Quelque part dans son corps composite, de fer et de plastique, un processeur essayait de le convaincre que tout ce qui affligeait le vaisseau et ses membres échappait à son expertise. Ses oculaires d’un jaune fade se posèrent sur une cuve de bacta où flottait, inerte, le corps d’un Bothan. L’une des premières victimes.
26-06-EB enclencha son logiciel mémoriel.
Tout avait commencé lorsque le Susquehanna reçut ordre d’effectuer une mission d’extraction. Une équipe scientifique de l’université de Mrlsst avait émis un appel de détresse. La frégate, patrouillant dans le secteur, fut déroutée vers la planète Carcosa, un monde inhabité de la frontière avec les Vestiges de l’Empire. Le Capitaine Howdy n’accueillit pas très favorablement l’ordre. Le vaisseau revenait d’une longue mission de sécurisation le long des voies hyperspatiales communes avec l’Empire, le vieil ennemi. L’officier ne pensait pas que c’était une bonne idée de titiller les impériaux, peu importe le traité de paix récemment signé entre Pellaeon et Gavrisom. En bon soldat, il finit néanmoins par obéir.
Une fois arrivé en orbite, le Susquehanna braqua ses senseurs sur la surface de Carcosa. Un monde hostile, aride, recouvert de désert de pierres rouges et brunes se déploya sur les écrans de la frégate. Un indéfinissable trouble s’installa dans l’esprit des membres d’équipage. Le paysage sauvage qui s’étendait devant leurs yeux dégageait une dérangeante sensation d’une nature malsaine, agressive et irréelle. Un panorama de montagnes anguleuses aux improbables pics acérés, jaillissants au milieu de plaines rocailleuses dénuée de toutes formes de végétations, sous un ciel d’un jaune maladif balayé de poussières semblables à des cendres noires.
Devant ce spectacle incroyable, Absara, qui avait abandonné bien des années auparavant la religion de son peuple, se surprit à marmonner les cantiques d’une ancienne prière. Dolph, jamais à l’abri d’une vanne cynique sur les vieilles croyances de sa collègue, se tut pourtant. Ce silence cataleptique se propagea bientôt à tout le poste de pilotage.
Oël, d’une voix profonde où trainaient des relents palpables de malaise, brisa cette quiétude terrifiée. La balise de détresse des scientifiques n’émettait plus. Howdy fut traversé par une décharge d’adrénaline. Il brailla une série d’ordres. Peu à peu, son équipe se ressaisit ; leur professionnalisme prit le pas sur l’étonnement horrifié qui venait de les paralyser. Des vies étaient en jeu.
Il ne fallut pas beaucoup de temps aux équipements du NR-Susquehanna pour localiser le campement des universitaires. Située au bord d’un lac, unique étendue d’eau de la planète, la base scientifique se constituait de trois petits bâtiments en préfabriqué s’articulant autour d’un grand cargo corellien, grossière soucoupe au cockpit excentré. De la rampe du vaisseau partait une imposante tente en toile de forme hexagonale. Et nuls signes de vie ou de la moindre activité. Koly fit de son possible pour établir une liaison. Seul un persistant bruit de statiques parasites lui répondait, revenant sans cesse moqueur. La frégate envoya une sonde pour des relevés plus complets. Les images que renvoyait le drone n’apportèrent pas de précisions. Tout juste pouvait-on distinguer des traces de pas, reliquats d’une activité, qui s’estompaient doucement à mesure que le vent sec soufflait. Plus curieusement, on observait de minuscules pierres plates très érodées, parfaitement alignées, comme les vestiges d’une ancienne cité engloutie par le sol poussiéreux.
Howdy consulta ses plus proches officiers, les lieutenants Kyral et Keren, dans le secret étroit de sa chambre. L’officier tactique préconisait une approche prudente. A l’opposé, l’impulsif chef du peloton d’infanterie de marine argumentait pour un axe plus direct. Le capitaine trancha rapidement dans une voie consensuelle : le Susquehanna continuerait à envoyer des droïdes sondes pendant encore deux heures ; si, au bout de ce laps de temps, aucunes nouvelles données n’apparaissaient alors les hommes de Kyral atterriraient pour investigation sur le terrain.
Ce fut alors qu’intervint le premier incident. Même si personne ne le comprit alors.
Reyes se gratta la barbe de satisfaction. Tout le monde se trouvait dans la salle de briefing à suivre la descente de la navette du commando de Kyral et lui, il savourait le plaisir d’être enfin seul, chose trop rare sur un navire de cette taille. De son enfance dans la jungle de Haruun Kal, Reyes avait gardé un goût prononcé pour la solitude difficilement compatible avec sa carrière militaire ; ce qui le faisait passer pour un bougon associable aux yeux de ses partenaires exception faite de Oël, unique exemplaire de corellien timide.
A travers la baie vitrée, Carcosa s’étendait, perle cramoisie. Au loin, Reyes devinait l’étoile blanche autour de laquelle orbitait la planète. La fatigue engourdissait ses membres. Il s’étira, ses muscles endoloris protestèrent. Il grimaça avant de bailler si fort qu’une fulgurante douleur lui vrilla la mâchoire. Le pilote enchaînait là son troisième tour de garde sur la passerelle. Ses paupières ne cessaient de s’obstiner à vouloir se fermer. En des gestes rapides, ses doigts agiles courant d’un bouton à une touche, il programma plusieurs systèmes d’alerte. Il s’autorisa alors à s’assoupir, juste quelques secondes, juste pour reprendre un peu de force.
Reyes se réveilla en sursaut, de grosses gouttes de sueur sur le front. Une boule de panique naquit au creux de son estomac. Son cœur battait avec une vigueur agitée comme s’il bataillait pour s’extraire de sa cage thoracique. L’adrénaline affluait dans son corps, intoxicante. Le pilote s’agita, il consulta sa console où rien n’indiquait un quelconque changement. Pas d’alerte. Il s’était écoulé à peine cinq petites minutes. Et il était toujours seul dans le trou de commandement. Son rythme cardiaque s’apaisa, son souffle court redevint régulier.
— Le cauchemar de merde… murmura-t-il avant de se rendormir.
Tandis que Reyes replongeait dans les abîmes du sommeil où les cauchemars rôdent, la navette de Kyral s’approchait du camp. Le petit appareil effilé survola le lac. L’eau y était surnaturellement cristalline, sans la moindre vaguelette, une mer d’huile calme, un miroir parfait où se reflétait le ciel ocre et la silhouette du vaisseau. La navette effectua plusieurs passages en cercle au-dessus du campement pour finalement atterrir quelques mètres plus loin, à bonne distance.
Le crépuscule avançait, les ombres s’allongeaient et le silence, à peine perturbé par les ronronnements des moteurs, régnait. Puis une cavalcade. Le bruit de bottes claquant sur la rampe de métal. Les vingt-quatre soldats s’éparpillèrent dans le camp, fusil blasters à l’épaule, sens aux aguets.
Minutieusement, la section entreprit une fouille des baraquements. Ils n’y trouvèrent que le vide et l’absence. Tout paraissait inoccupé depuis des lustres. Kyral ressentait comme un picotement dérangeant qui lui parcourait l’échine. De sa voix sifflante de Trandoshan, il ordonna à ses hommes de se recentrer sur le cargo. En des pas feutrés, les soldats s’approchèrent du navire corellien qui faisait office de lieu nodal du campement. Le vent se leva brusquement. La toile de la tente claqua. Les rafales sifflèrent dans le campement désert portant en elles comme l’écho d’un gémissement fantomatique. Le picotement devint démangeaison, les écailles de Kyral frissonnèrent. Sous la tente, ils découvrirent, entassés dans un coin, les dépouilles inertes d’une demi-douzaine de droïds. Kyral et son second, le Major Alcor, se penchèrent sur ces étranges cadavres de fer. Pas de traces de blasters, leurs carapaces semblaient en bon état mais on avait arraché leurs carte-mères. Alcor releva sa visière et le lieutenant put lire dans les yeux du sous-officier de l’incompréhension. La même que le Transdoshan ressentait. Il dressa un poing griffu en l’air et une colonne de ses hommes pénétra dans le vaisseau.
De longues minutes stressantes s’écoulèrent. Et rien que le vent et le silence. Kyral fit un signe de la main. Une deuxième section s’avança, crispée. Dans le casque du lieutenant, un grésillement monta d’abord faiblement puis de plus en plus intense. A travers la friture, il entendit vaguement les paroles de ses hommes. Ils étaient inquiets. Sa mâchoire s’ouvrit dévoilant des crocs féroces ; il aboya un ordre. Les soldats se précipitèrent à sa suite dans le cargo, prêts à faire feu, prêts à décharger toutes leurs tensions.
Ils trouvèrent leurs compagnons dans la cale où le désordre donnait une dimension angoissante à l’endroit. La soute, comme le reste du cargo, était plongée dans une pénombre épaisse lacérée par les traits de lumières projetés par les torches frontales des soldats. L’un d’eux attira l’attention de Kyral sur une pile d’équipements électroniques récemment et sauvagement fracassés. Dont la balise de détresse qui crépitait encore. Sans émettre le moindre bruit, sans échanger la moindre parole, les militaires commencèrent une nouvelle fouille. Le lieutenant observa la scène. Quelque chose clochait, n’entrait pas dans le schéma pourtant chaotique de la cale. Il ne voyait que caisses retournées, rangements renversés et appareils en morceaux. Il eut comme une vision d’un cimetière où les cadavres étaient de métal et d’électricité. Parfois des étincelles jaillissaient d’un appareil pour mourir en grésillant sur le sol. Kyral s’éloigna pour faire un premier rapport circonstancié au Capitaine Howdy.
Il se tut en plein milieu d’une phrase et, sans respect pour son supérieur, raccrocha le comlink. Il jurait avoir vu, du coin de l’œil, une ombre tressaillir. L’arme au poing, suivi par deux soldats aussi tendus que lui, Kyral s’avança vers un angle de la cale, vers une cloison tordue De deux rapides mouvements de la tête, il indiqua à ses hommes de se positionner de part et d’autres de la cloison. Dehors le vent redoubla d’intensité, martelant impitoyablement la carlingue du vaisseau. Les jointures du cargo craquaient sinistrement. Le Transdoshan découvrit qu’il pouvait avoir la langue sèche. Il déglutina avec peine. Ses griffes saisirent un pan de la cloison. Il jeta un dernier regard à ses deux soldats puis compta mentalement jusqu’à trois. Il renversa la cloison. Le bruit de la tôle fut si assourdissant dans le silence lugubre de la cale que les capteurs des casques saturèrent brièvement. Un nuage d’une poussière grasse s’éleva. Avant de retomber lentement sous les rayons de lumières des lampes des soldats. Peu à peu, à travers la poussière, Kyral découvrit la silhouette d’un Bothan émacié. Secoué de spasmes qu’il peinait à contenir, le scientifique leva des yeux surpris vers le lieutenant où pulsait une étincelle de vie entourée d’une profonde frayeur.
— On a un ssssurvivant ! hurla Kyral.
Le Major Alcor relaya l’information au Capitaine Howdy. A bord de la frégate, ce dernier ordonna au détachement de remonter dans le vaisseau de guerre. Kyral approuva silencieusement, prenant l’ordre avec soulagement. Il avait hâte de quitter la planète et de retrouver l’abri du Susquehanna. Ici, sur la surface de Carcosa, il sentait constamment une présence invisible, prédatrice. Plus tard, dans le vaisseau, le lieutenant avouera à Howdy que pendant toute la mission il tremblait, à cause de cette sensation permanente d’une menace dans son angle mort, dans son dos même s’il était certain d’être seul.
La troupe rejoignit la navette. Le Bothan marchait avec difficulté ; Alcor dut le soutenir durant tout le trajet. Le vaisseau décolla. Tandis que le caporal-chef Nomi prodiguait les premiers soins au survivant, les vingt-trois autres soldats glissèrent dans le mutisme. Assis dans le ridicule cockpit, Kyral assista à un spectacle étonnant. Dehors, le vent se renforça encore, les rafales soufflèrent puissamment dévoilant un peu plus les ruines basses des fondations d’une antique cité. Plus la navette grimpait haut dans l’atmosphère, plus la ville ensevelie prenait des proportions colossales.
Le Capitaine Howdy observait l’examen médical du survivant à travers la baie d’observation de l’infirmerie. A ses côtés, Keren relisait les notes du rapport de Kyral. De temps à autres, il surprenait un haussement de sourcils ou un soupir.
— Votre analyse, Lieutenant ?
— Je peine à croire à son rapport.
— Le lieutenant Kyral est un officier compétent et expérimenté. Nous servons ensemble depuis Mindor ; il a toute ma confiance. En toutes circonstances. la réprimanda vertement Howdy.
— Il y a trop d’éléments qui échappent à toute analyse rationnelle. Trop de ressenti, pas assez de faits. continua, imperturbable, Keren. Peut-on en tirer quand même des conclusions ? Des conjectures tout au plus. Pas de traces des autres membres de l’équipe scientifique. Pas de corps ou de sépultures. Ni d’indices sur la raison de leurs disparitions. Vu l’état de la balise, on peut juste en déduire que les événements sont récents et que le Bothan…
— Puis-je vous interrompre Commandant ? questionna la voix lisse du droïde médical 26-06-EB derrière eux.
— Comme si ce n’était pas déjà fait ça. chuchota une Keren énervée de l’interruption.
— Oui 26, je t’en prie. répondit Howdy, avec un petit sourire qu’il savait devoir ne pas arborer. Alors ?
— Le patient présente des symptômes d’une extrême fatigue. L’état général de son corps traduit un manque de sommeil prolongé. L’auxiliaire 78-B a trouvé de nombreuses traces de stimulants dans son sang.
— C’est lui qui ne voulait pas dormir ? s’étonna Keren.
— En effet Lieutenante. acquiesça sans émotions le robot avant de poursuivre. Bien qu’exténué, le patient était particulièrement agité lorsque nous lui avons injecté un somnifère. Il devait se reposer mais il le refusait.
— A-t-il dit pourquoi ? interrogea le capitaine.
— Ses propos étaient incohérents. Cela s’explique, en partie, par son état physiologique. répondit 26-06-EB.
— Rien ce qui s’est passé sur Carcosa ? Où est le reste de son équipe ? enchaina Keren.
— Non. Le patient possède tous les signes d’épisodes névrotiques ; probablement induits par un stress intense. Le manque de sommeil joue aussi sur ses capacités cognitives. expliqua le robot docteur. Cependant, je ne possède pas de programmations en lien avec la neuropsychologie, mon expertise sur ce domaine est donc limitée.
— Merci 26, ce sera tout pour le moment. Continuez de le surveiller. fit Howdy.
Le droïde retourna dans l’infirmerie. Keren et Howdy s’échangèrent un regard perplexe où sourdait de l’anxiété. Rien dans cette mission d’apparence si banale ne faisait sens.
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