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L'Ascension de Sev'rance Tann

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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Lun 27 Avr 2009 - 18:12   Sujet: L'Ascension de Sev'rance Tann

En Chute Libre dans les Ténèbres est terminée ; je commence donc cette nouvelle fan-fiction, qui s'intitule L'Ascension de Sev'rance Tann (pas possible? Mitth', tu sais, c'est écrit en haut^^) et que j'espère terminer plus vite que la précédente^^ Il s'agit d'un projet bien plus ambitieux que ma précédente fan-fic, car il a pour objectif rien de moins que d'adapter la campagne Séparatiste du jeu Star Wars Galactic Battlegrounds Clone Campaigns sur le papier! Cette fan-fic se déroule donc en parallèle de En Chute Libre dans les Ténèbres. Même si elle est plutôt destinée aux lecteurs de En Chute Libre dans les Ténèbres (la fin de ce premier chapitre est une réécriture du deuxième chapitre de En Chute Libre dans les Ténèbres) et aux joueurs de SWGB CC, il est possible de la lire sans connaitre ni l'un ni l'autre. Je vous livre donc ce premier chapitre, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. Bonne lecture! :)


L'Ascension de Sev'rance Tann


Fan-fiction Star Wars de Mitth'raw Nuruodo (d'après les personnages du jeu Star Wars Galactic Battlegrounds Clone Campaigns)

Dramatis Personae (présent et passé)

Boorka Besadii (Hutt), Seigneur du Crime
Comte Dooku (Humain), Seigneur Sith et leader de la Confédération
Darm Barzii (Darjan), Commodore de la flotte Séparatiste
Daz'arde'nuruodo (Chiss), Colonel de l'infanterie Chiss
Hess'arga'nuruodo (Chiss), Directeur des Services de Renseignements Chiss
Jor Drakkas (Twi'lekk), Chevalier Jedi et Général de la République
Gorlan Kadraa (Humain), Mercenaire Mandalorien
Pors Tonith (Muun), Amiral de la Confédération
Sev'rance Tann (femme Chiss), Jedi Noire et Général de la Confédération
Tav'andalo'rorgia (Chiss), Lieutenant de l'infanterie Chiss
Wyrd Ashen (Humain), Vice-Amiral de la flotte Loyaliste


L'Ascension de Sev'rance Tann-Main Theme

Après des années de relations tendues entre Séparatistes et loyalistes, la Guerre des Clones vient d'éclater suite au sauvetage du Sénateur Padmé Amidala ainsi que des Jedi Obi-Wan Kenobi et Anakin Skywalker; les soldats clones et les Jedi de la République affrontent les droïdes de la Confédération sur la planète Géonosis. Peu à peu, les droïdes et les guerriers Géonosiens sont forcés de reculer face aux clones, et le Comte Dooku, responsable de la guerre, paraît proche d'être capturé. Mais le Seigneur Sith détient encore un ultime atout: le Général Sev'rance Tann...

Chapitre I


La chaleur de Geonosis les accablait, la fatigue les gagnait, la peur les envahissait ; mais ils devaient continuer à combattre. Parce qu'ils étaient les soldats clones, ils étaient nés pour cela : servir la République.
« Continuez à tirer, ils ne devraient plus être très nombreux! » ordonna le sergent Deylarn à ses hommes.
Il aurait aimé être sûr de ce qu'il affirmait, mais ce nuage de poussière gênait trop la visibilité pour avoir la moindre certitude quant à l'effectif réel des Super Droïdes qui leur tiraient dessus de l'autre côté. Les armuriers ayant manifestement fait des économies sur les détecteurs intégrés aux casques, les soldats clones en étaient réduits à tirer à l'aveuglette dans ce maudit nuage ; fort heureusement, les Super Droïdes souffraient exactement du même désavantage. Le problème, c'était que cet échange de tirs risquait de durer encore longtemps si ce maudit nuage de poussières ne se dissipait pas assez vite... Et si les clones étaient les soldats les mieux entraînés de la Galaxie, ils n'en restaient pas moins des êtres vivants qui subissaient la fatigue, contrairement aux droïdes... Il fallait donc espérer que ces maudits assassins mécaniques ne soient réellement plus très nombreux de l'autre côté du nuage...
Ce qui rassurait Deylarn, c'était que le nombre restreint de tirs venus de l'autre côté du nuage semblait indiquer que c'était effectivement le cas. La survie, voir même la victoire, semblait assurée pour les soldats clones ; du moins jusqu'à leur prochaine rencontre avec des droïdes ou des Géonosiens... Les soldats clones continuèrent à tirer avec une ardeur renouvelée par l'espoir.
Deylarn n'était pas loin de penser que la victoire était proche, lorsqu'il entendit des hurlements d'agonie. Se retournant brusquement, il comprit soudain que les Super Droïdes de l'autre côté du nuage n'étaient qu'une diversion ; les clones tournaient le dos à la véritable menace. La véritable menace, c'était une femme aux yeux entièrement rouges et dont la peau bleue contrastait avec les couleurs du désert de Geonosis, portant une cape d'un noir d'ébène ; son sabre-laser à la lame couleur d'or aurait pu la faire passer pour une Jedi, mais cette apparence était démentie par les cadavres, à ses pieds, des deux soldats clones qu'elle venait de tuer. Une Jedi Noire, qui mettait son pouvoir au service de la Confédération et du Comte Dooku!
En dépit de l'écrasante supériorité numérique des clones, Deylarn sut qu'ils n'avaient aucune chance contre elle.

« Je sais que je peux compter sur vous, Sev'rance... »... Les paroles du Comte Dooku résonnaient encore dans l'esprit de Sev'rance Tann alors qu'elle entreprenait de tuer les soldats clones. Oui, le Comte Dooku pouvait compter sur elle, et pour cette première mission en tant que Général, elle allait le lui montrer. Le temps que tous les clones aient réalisé que le véritable danger était derrière eux, cinq d'entre eux étaient déjà à terre ; lorsqu'ils commencèrent à lui tirer dessus, Sev'rance se servit de la Force pour anticiper leurs tirs et les renvoyer. De nouveaux soldats ennemis s'effondrèrent, victimes de leurs propres tirs. Les quatre derniers, malgré leur situation critique, ne paniquèrent pas ; comprenant que Sev'rance n'avait aucune difficulté à dévier des tirs provenant d'une seule et même direction, ils se séparèrent et entreprirent de la cerner. Mais même cela ne les sauva pas : grâce à la Force, Sev'rance s'enveloppa d'un bouclier qui détourna les tirs à sa place tandis qu'elle égorgeait les clones survivants un par un.
L'affrontement n'avait duré que quelques minutes ; lorsqu'il fut fini, les Super Droïdes rejoignirent Sev'rance, qui laissa retomber le nuage de poussière qu'elle avait elle-même soulevé à l'aide de la Force.
« Avec votre permission, Général Tann, commença l'officier droïde, je vous rappelle que le Comte Dooku nous a ordonné de vous aider et de vous protéger ; et nous ne le pourrons pas si vous continuez à vous éloigner de nous en pleine bataille...
-Et moi, le Comte Dooku m'a ordonné de rassembler les droïdes encore en état de marche dans le Grand Canyon et de le rejoindre pour l'escorter, et je ne le pourrais pas si je me retrouve avec un effectif de soldats trop réduit ; or, ces clones étaient trop nombreux, nous aurions subi trop de pertes pour poursuivre la mission. Cette diversion était donc nécessaire à mon aide et à ma protection... Allez, venez, les derniers rapports indiquent un autre détachement de Super Droïdes aux prises avec des soldats clones. »
Les droïdes et la Jedi Noire se remirent en marche. A leur arrivée, les Super Droïdes qu'ils étaient venus secourir résistaient toujours, mais deux véhicules quadripodes venaient d'arriver pour soutenir les clones; il était clair que sans une aide immédiate, les Super Droïdes ne verraient pas l'heure suivante...
« Espacez-vous, ordonna Sev'rance aux droïdes. Je connais pas ce type de quadripodes, mais ils n'ont pas l'air très maniable et ils ne sont équipés que d'un seul canon ; ils sont sans doute normalement destinés à affronter d'autres véhicules. Si nous ne sommes pas trop proches les uns des autres, cela devrait limiter les dégâts... Et laissez-moi les quadripodes, votre puissance de feu n'est probablement pas suffisante pour percer leur blindage suffisamment vite. »
Les droïdes obéirent, puis ouvrirent le feu sur les clones, qui se retrouvèrent pris entre deux feux. Sev'rance estima leur espérance de vie ultérieure à dix minutes... Mais elle devait s'occuper des deux quadripodes. La solution la plus simple pour les mettre hors d'état de nuire serait de leur couper les pattes au sabre-laser; mais si cela les empêcherait de prendre part à la suite de la bataille de Geonosis, ils pourraient toujours tirer sur les Super Droïdes qui passaient à leur portée pour cet affrontement précis... Non, il y avait mieux: Sev'rance alluma son sabre et fonça sur l'un des deux véhicules ; effrayés de voir qu'une Jedi Noire se trouvait parmi leurs ennemis, les pilotes des deux quadripodes commencèrent aussitôt à lui tirer dessus. Grave erreur: Sev'rance n'eut qu'à utiliser la Force pour orienter les canons des deux véhicules ennemis et les forcer à se tirer l'un sur l'autre. Comme l'avait deviné la Jedi Noire, les deux véhicules avaient été réquisitionnés à la hâte pour combattre les Super Droïdes, mais ils étaient initialement armés pour détruire d'autres véhicules ; ils se mirent mutuellement hors de combat. Sev'rance rejoignit ses Super Droïdes pour les aider à achever les clones, ce qui ne lui prit que quelques minutes. Lorsqu'il ne se trouva plus que des cadavres pour faire face aux Séparatistes, Sev'rance vint trouver les Super Droïdes qu'ils venaient de sauver:
« Je suis le Général Tann, Apprentie du Comte Dooku, se présenta-t-elle. Suivez-moi, mon Maître m'a ordonné de rassembler tous les Séparatistes que je trouverais dans ce canyon pour l'escorter.
-Nous sommes à vos ordres, Général. Mais je dois vous prévenir que le sous-officier qui commandait ces soldats a eu le temps de prévenir ses supérieurs de votre présence avant de mourir. Ils essayeront sûrement de nous arrêter.
-Ils peuvent toujours essayer! Est-ce que vous savez s'il y a d'autres forces Séparatistes à proximité?
-Notre détachement était accompagnement de droïdes-araignées, mais ils ont été séparés de nous. J'ignore s'ils sont toujours en état de marche.
-Espérons-le... Des droïdes-araignées, voilà qui nous serait très utile, si nous les trouvons... »
Les droïdes avaient subi peu de pertes, et leur groupe était même plus important qu'avant l'affrontement car leur détachement de droïdes qu'ils avaient secouru s'y était ajouté. Comme c'est facile, songea Sev'rance. Bien plus facile que toutes les batailles terrestres auxquelles elle avait pris part avant de rencontrer le Comte Dooku. La Force était vraiment l'arme la plus redoutable de la Galaxie...
Alors qu'elle et ses droïdes s'avançaient entre les immenses falaises de Geonosis, Sev'rance songea que cette planète, avec ses déserts rocheux, lui rappelait beaucoup la planète Tehirahs, où elle avait combattu comme fantassin de l'armée Chiss... Ce type d'environnement était idéal pour se cacher entre deux escarmouches ou tendre des embuscades, aussi la tactique de guérilla menée par les Chiss sur cette planète avait-elle rapidement porté ses fruits... Mais cette fois, Sev'rance devait mener une offensive ; elle ne pouvait donc utiliser ainsi l'environnement de Geonosis. En revanche, il était probable que les Loyalistes ne se priveraient pas de le faire, eux, si les Super Droïdes avaient raison et qu'ils avaient bien été prévenus de l'arrivée de Sev'rance Tann et ses troupes...
Suivant son intuition, Sev'rance se servit de la Force pour sonder les falaises alentour, à la recherche de l'étrange sensation qui caractérisait les clones dans la Force... Elle comprit très vite qu'elle ne s'était pas trompée, ils étaient bien là : une vingtaine de soldats clones, divisée en deux groupes de dix hommes chacun, un de chaque côté du canyon ; ils l'attendaient, dissimulés par les impressionnants rochers de Geonosis. Les clones, Sev'rance avait pu le constater durant cette bataille, étaient les meilleurs soldats de la Galaxie ; Sev'rance n'était pas certaine qu'après une confrontation avec une vingtaine d'entre eux il lui reste assez de droïdes pour poursuivre la mission, même si les clones n'avaient plus l'avantage de la surprise... Sev'rance eut une idée qui pourrait bien remédier au problème. Elle s'arrêta de marcher et se tourna vers l'officier droïde:
« Envoyez quatre de vos soldats près de ce rocher ; vous et vos autres soldats droïdes, arrêtez-vous là et ne tirez pas tant que je ne vous l'aurais pas ordonné, sauf si des ennemis approchent derrière nous.
-A vos ordres, Général. »
L'un des avantages qu'il y avait à commander des droïdes, c'était qu'ils ne cherchaient pas à comprendre le sens des ordres de leurs supérieurs, encore moins à les discuter.
Sev'rance se servit à nouveau de la Force pour soulever un nuage de sable tandis que les quatre droïdes envoyés par Sev'rance s'approchaient du rocher derrière lequel étaient cachés une dizaine de soldats clones. Comme prévu, les soldats clones en question comprirent qu'ils avaient été découverts, et, supposant que ces quatre Super Droïdes étaient les seuls rescapés du groupe qui avait attaqué leurs camarades, ils ouvrirent le feu et les abattirent. Malheureusement pour eux, la visibilité du groupe embusqué de l'autre côté du passage était considérablement gênée par le nuage de sable... Lorsqu'ils entendirent l'arrivée de troupes dans le passage, Sev'rance n'eut qu'à utiliser la Force pour influencer leurs esprits à distance comme le lui avait appris le Comte Dooku pour les convaincre que les arrivants étaient probablement les droïdes... Ils commencèrent à tirer sur les silhouettes qu'ils distinguaient à travers le nuage de poussière, et les clones du premier groupe ripostèrent aussitôt ; les clones étaient des soldats intelligents, et ils comprirent vite leur erreur. Mais c'était déjà trop tard : près de la moitié des soldats clones avaient déjà péris. Profitant en plus de l'effet de surprise, Sev'rance donna ses droïdes l'ordre de massacrer les soldats clones survivants et rejoint elle-même la bataille.
Les clones furent tués jusqu'au dernier, tandis que Sev'rance n'avait laissé que six droïdes, en comptant les quatre appâts, dans l'opération.
« Bien... A présent, allons chercher ces droïdes-araignées. »
Sev'rance et ses droïdes repartirent à la recherche de Séparatistes à secourir ou de Loyalistes à tuer.

Dans quelques heures, il aurait réussi à déclencher la première guerre galactique depuis un millénaire, ou il serait mort. Il allait arriver au bout de dix ans de patientes manipulations politiques et d'apprentissage aux côtés du Seigneur Sidious.
Le Comte Dooku en personne s'avançait seul dans le grand canyon de Geonosis, espérant que le Général Tann avait rempli sa mission, car force lui était de reconnaître que même lui aurait du mal à échapper à tous les clones et Jedi qui combattaient aux alentours... Le Seigneur Sith sourit en sentant dans la Force la présence froide, intelligente et déterminée de Sev'rance Tann. Elle était toujours en vie ; et Dooku connaissait Tann depuis suffisamment longtemps pour savoir que si elle n'était pas morte, c'était qu'elle avait accompli sa mission. Elle se battrait jusqu'au bout pour la Confédération, soit par conviction, soit par ambition personnelle ; Dooku n'avait jamais vraiment tranché. Peut-être était-ce un mélange des deux. Quoi qu'il en fut, Dooku retrouva Tann et ses troupes un peu plus loin dans le canyon. Il dut admettre qu'il était impressionné ; partie avec un détachement d'une douzaine de Super Droïdes, Tann avait à présent rassemblé sous son commandement au moins deux cent droïdes de combats en tous genres : la camelote de la Fédération du Commerce, les Super Droïdes Géonosiens, des droïdekas, et même de puissants droïdes-araignées et des Chars d'Assaut Blindés. Elle avait du éliminer les forces Loyalistes très vite pour sauver autant de droïdes. Dooku ne regrettait pas de l'avoir nommé Général... D'un autre côté, l'efficacité dont faisait preuve Sev'rance Tann n'avait rien d'étonnant, Dooku l'avait personnellement formée. Malgré ses nombreux talents pour le combat et la stratégie, elle restait une non-humaine, après tout. Mais une non-humaine très utile...
« Excellent, Général, commenta simplement Dooku en la rejoignant. Mais il faut nous hâter ; le Général Grievous et les Géonosiens repoussent les Jedi dans les catacombes, mais il semble qu'un groupe de Maîtres Jedi survivants soit parvenu à détruire deux de nos sphères de débarquement à proximité, et ils seraient ravis de me capturer. Il faut que je rejoigne mon voilier solaire, je vais rejoindre le Seigneur Sidious.
-A vos ordres, Maître. »
Un droïde pilotant un CAB prit la parole.
« Général Tann, nous détectons une importante force Loyaliste devant nous ; ils possèdent deux véhicules très lourdement armés et blindés.
Tann jeta un regard à ses forces.
« Je crois que nous avons largement de quoi faire face à tout ce qu'ils pourraient nous servir... Adoptez la formation habituelle : les CAB et les droïdes-araignées, votre blindage ne craint pas les tirs de l'infanterie, passez devant et concentrez-vous sur ces deux véhicules imposants ; les droïdes-araignées nains, je sais que vous êtes construits pour affronter l'infanterie, mais il va falloir que vous vous occupiez des véhicules légers ; les Super Droïdes et les Droïdes Combat, vous vous occuperez des soldats clones, les Droïdes de Combat en premier ; les droïdekas, protégez le Comte Dooku, on ne sait jamais... N'intervenez dans la bataille qu'en dernier recours»
Dooku estimait pouvoir se passer sans problèmes d'une garde rapprochée, même s'il n'était plus très jeune, il était un Seigneur Sith et un ancien Maître Jedi ; mais Tann n'avait pas entièrement tort, même les meilleurs pouvaient se laisser surprendre. De toute façon, un homme de son importance n'allait jamais où que ce soit sans personne pour le protéger, qu'il en ait besoin ou non. Comment ses ancêtres les nobles Comtes de Sereno l'auraient-ils regardé s'il avait combattu en personne...?
La force Loyaliste qu'ils découvrirent était réellement intimidante : aux deux énormes hexapodes hérissés de canons lourds s'ajoutaient plusieurs véhicules quadripodes et bipodes, et au moins une centaine de soldats clones. Mais ce qui était le plus dangereux potentiellement, c'était trois individus, deux Elomims et une Humaine, vêtus de manteaux brun clairs qui tenaient dans leurs mains des sabre-lasers aux lames bleues et vertes... Des Chevaliers Jedi. Sev'rance se tourna vers une douzaine de Droïdes de Combat:
« Je ne vais pas pouvoir m'occuper de trois Jedi à la fois... Occupez-vous des deux extraterrestres, je me charge de l'humaine.
-A vos ordres, Général Tann. »
Suivant une consigne que Tann leur avait probablement donné au préalable pour ce type de situation, les CAB engagèrent le combat les premiers ; une pluie de rayons rouges s'abattit sur les deux énormes véhicules ennemis. Les tirs des CAB s'avérèrent peu efficaces, mais là n'était pas le but de l'opération : les CAB étaient équipés d'un blindage supérieur à celui des droïdes-araignées qui leur permit de tenir le temps que ces derniers repèrent les cellules énergétiques des hexapodes et viennent en renfort. A l'aide de leurs puissants canons, les hexapodes entreprirent d'éliminer leurs adversaires, mais ceux-ci étaient trop nombreux et trop dispersés, et surtout, ils visaient à présent les cellules énergétiques. Les hexapodes finirent par s'effondrer.
La confrontation entre les droïdes-araignées nains et les véhicules légers fut moins réussie pour les Séparatistes : les bipodes ennemis étaient destinés à combattre l'infanterie plutôt que des véhicules, ce qui permit aux droïdes-araignées nains d'en éliminer un grand nombre ; mais les quadripodes étaient bien plus résistants, et ils parvinrent à détruire jusqu'au dernier droïde-araignée nain. Heureusement, Tann, sachant que les droïdes-araignées nains ne pourraient de toutes façons pas détruire les quadripodes, leur avait ordonné de détruire les bipodes en priorité. Lorsqu'ils eurent achevés les hexapodes, les droïdes-araignées et les CAB rescapés éliminèrent sans difficultés les quadripodes.
Le combat entre les fantassins était le plus inquiétant : les droïdes, particulièrement les fragiles Droïdes de Combats de la Fédération du Commerce, peinaient à vaincre les soldats clones, moins nombreux mais agiles et intelligents.
Mais ce n'était pas cela qui intéressait Dooku : il voulait voir comment s'en tirerait Tann face aux Jedi. Elle n'avait que peu de temps pour éliminer la Jedi Humaine, car les douze Droïdes de Combat ne faisaient pas du tout le poids contre deux Chevaliers Jedi, même non-humains. Dooku sourit ; il avait décidément très bien formé Tann au combat au sabre-laser. La terreur se lut sur le visage de la Jedi humaine lorsqu'elle vit Tann dégainer son sabre ; elle n'avait probablement jamais affronté un autre utilisateur de la Force en combat singulier. L'effroi retenant son bras, elle ne bloqua le premier coup de Tann, une attaque circulaire tout ce qu'il y avait de plus classique, qu'au dernier moment. Brusquement, alors que la Jedi humaine s'attendait vraisemblablement à ce que son adversaire dégage sa la lame pour tenter un autre coup circulaire, Tann retourna sa lame d'un mouvement souple du poignet et la planta dans son ventre. L'humaine s'effondra avec un cri de douleur. Sans y prêter la moindre attention, Tann se retourna pour parer un coup venu du premier Jedi Elomim. Elle y parvint aisément, mais l'Elomim ne se laissa pas démonter ; il frappa à nouveau, et sa lame fut interceptée par Tann à nouveau. Il eut beau enchaîner coup sur coup, Tann le bloqua systématiquement. Rien de plus normal : l'Elomim commettait ce que Dooku considérait comme une erreur monumentale et typique des Jedi de son époque en combattant avec ce style circulaire que l'on nommait Soresu ; c'était certes très efficace contre une tempête de tirs de blasters, mais dans un duel au sabre-laser, rien ne valait le makashi. Ce style singulier était basé sur des mouvements de haut en bas et d'avant en arrière qui pouvaient surprendre même le plus aguerri des sabreurs ; c'était ce style que maîtrisait Dooku, et c'était lui qu'il avait appris à Tann. C'était pour cela que Tann paraît si aisément la tempête de coups que le robuste Jedi Elomim faisait pleuvoir sur elle. Il était rapide et résistant, bien plus que l'inexpérimentée Jedi humaine, mais cela ne suffisait pas face à la finesse et à la subtilité que Dooku avait appris à Tann. La suite était prévisible : l'Elomim finit par commettre une erreur et lasser une ouverture à Tann; beaucoup de sabreurs n'auraient probablement pas su en profiter, mais Tann savait exploiter la moindre occasion. Un rapide mouvement de la lame d'or vers le cœur de l'Elomim, et le Jedi tomba. Le second Elomim avait à peine mis hors-service le dernier droïde que Tann se jetait sur lui ; il fut assez rapide pour parer les premiers coups, mais il finit par se laisser surprendre et se faire décapiter.
Sans prendre ne serait-ce qu'une seconde pour se remettre des trois duels, Tann vint au secours des Super Droïdes et commença à massacrer les clones.
« Les droïdekas, venez nous aider à les achever! » ordonna Tann, estimant peut-être que les clones ne représentaient de toutes façons plus aucune menace pour le Comte.
Dooku se demanda cependant si elle venait de prendre cette décision ou si elle n'avait ordonné aux droïdekas de protéger le Comte que pour les garder comme dernier joker, pour le cas où ils auraient dû battre en retraite, par exemple... Ou peut-être avait-elle simplement voulu faire d'une pierre deux coups.
Avec l'aide des droïdekas, des Super Droïdes (pas un seul des Droïdes de Combat n'avait survécu) et des derniers droïdes-araignées, Tann extermina jusqu'au dernier les clones.
« Je vous en prie, achevez-moi... » entendit Dooku.
A sa grande surprise, il constata que la Jedi humaine était toujours vivante. Mourante, son sang s'échappant massivement de son ventre pour irriguer le sol aride de Geonosis, mais vivante malgré tout. Peut-être avait-elle utilisé la Force pour se maintenir en vie dans l'espoir que les clones l'emporteraient et l'amèneraient à quelqu'un qui pourrait la sauver. Espoir vain, bien entendu, mais l'espoir était la chose la plus ancrée chez les êtres pensants. C'est uniquement grâce à lui que la plupart d'entre eux vivaient.
Dooku connaissait Sev'rance Tann depuis des années, mais il fut tout de même surpris de ne lire nulle cruauté sur son visage lorsqu'elle répondit à la Jedi agonisante:
« Si c'est ce que tu souhaites... »
Elle lui planta son sabre dans le cœur. La Jedi ferma les yeux pour ne plus les rouvrir.
« Vous avez admirablement combattu ces trois Jedi, Général Tann, dit Dooku. Et vous avez brillamment dirigé votre armée. Mais pourquoi ne pas avoir achevé directement cette Jedi, une fois que vous en aviez fini avec les deux autres?
-Je ne tue pas un adversaire désarmé, surtout quand il a le ventre ouvert et va de toute façon mourir dans quelques minutes. C'est lâche, contraire à l'honneur, en plus d'être inutile et cruel. Je n'ai achevé cette Jedi que parce qu'elle voulait que je mette un terme à ses souffrances.
-Je peux comprendre cela. L'honneur est la première chose qui distingue un véritable noble, c'est lui qui place les uns au-dessus des autres. Mais dans ce cas précis, vous aviez affaire à une Jedi ; ces gens ne sont jamais désarmés, car comme nous, ils ont la Force avec eux. Ne confondez pas honneur et faiblesse, Général...
-Je tâcherais de m'en souvenir, répondit Tann.
Toutefois, Dooku savait qu'elle n'était pas entièrement convaincue, voire pas du tout. Cela faisait des années que Dooku tentait de convaincre Tann de renoncer à ces principes démodées comparables à ceux des Jedi. C'était ce que Dooku avait fait, en devenant l'Apprenti du Seigneur Sidious ; et contrairement à ce qu'il venait de dire à Tann, contrairement à ce qu'il faisait croire à toute cette Galaxie d'imbéciles, il n'avait plus aucun respect pour l'honneur. Une invention des faibles et des imbéciles pour justifier leur faiblesse et leur stupidité, voilà ce que c'était! La noblesse, c'était aussi la force ; et celui qui se bornait à agir contre son propre intérêt n'était pas fort. Tel était le point de vue des Seigneurs Sith sur l'honneur, tel était le point de vue de Dooku, tel aurait du être celui de Sev'rance Tann. Mais qu'importait, tant qu'elle servait la Confédération! Et surtout, tant qu'elle servait Dooku...
Lorsque la bataille fut finie, il restait encore à Tann une bonne cinquantaine de droïdes, dont tous les droïdekas et quelques droïdes-araignées. L'armée Séparatiste reprit sa marche dans ce qui restait du grand canyon. Ils trouvèrent quelques autres droïdes en état de marche, mais la plupart de ceux qu'ils découvrirent n'étaient plus que des carcasses criblées d'impacts de blaster. Une fois seulement, ils rencontrèrent des Loyalistes, mais ils étaient trop peu nombreux pour représenter une menace: commandé par un Chevalier Jedi humain, le groupe ne comptait qu'un bipode et une douzaine de soldats clones ; cela ne les empêcha pourtant pas de charger les Séparatistes, comme s'ils pensaient avoir une chance... Sev'rance Tann et ses troupes les exterminèrent jusqu'au dernier.
« Très bien, Général.... dit Dooku alors qu'ils sortaient du canyon. Il semble que nous ayons échappé aux Loyalistes, et sauvé une cinquantaine de droïdes en prime! Je vais prendre un véhicule et rejoindre le hangar où est posé mon voilier solaire, il faut que je rejoigne mon Maître. Mais sachez que vous vous êtes brillamment acquittée de votre mission, et je ne l'oublierais pas ; lorsque je serais de retour, vous pouvez vous attendre à vous voir confier une mission de première importance, pour laquelle j'ai besoin de quelqu'un de compétent...
-Merci, Maître. Quelle que soit cette mission, je ferais tout mon possible pour la remplir et servir la Confédération au mieux. »
Dooku remarqua qu'elle avait dit « servir la Confédération au mieux» plutôt que « vous servir au
mieux ». Mais cela avait peu d'importance ; Dooku était la Confédération.
Le comlinck du Comte Dooku sonna soudain.
« Qu'y-a-t-il?  demanda-t-il.
Ce fut la voix d'un Géonosien qui lui répondit.
« Comte Dooku, je voulais vous prévenir que le groupe de Maître Jedi qui a détruit deux des sphères d'embarquement de la Fédération du Commerce se dirige droit vers le grand canyon ; ils ont manifestement l'intention de vous arrêter, vous et le Général Tann! Ils vous auront rejoint dans environ un quart d'heure.
-Maudits Jedi! Hâtons-nous, Général ; même nous ne pouvons espérons vaincre plusieurs Maîtres Jedi, surtout si Yoda ou Mace Windu se trouvent parmi eux... »
Au bout de dix minutes, Dooku commença sérieusement à s'inquiéter : le bâtiment Géonosien où il
espérait trouver une motojet qui lui permette de rejoindre le hangar n'était toujours pas en vue, et les
Jedi ne devaient plus être très loin... S'ils étaient rattrapés, il faudrait espérer que Tann et les droïdes
retiendraient les Jedi assez longtemps pour que Dooku puisse s'échapper... Le Seigneur Sith en était
là de ses pensées lorsqu'un Super Droïde prononça les paroles que le Comte redoutait :
« Jedi repérés à l'arrière! »
Dooku, Tann, les droïdes, tout le monde se retourna brusquement pour faire face à l'ennemi. Des Jedi étaient bien là, en effet, et pas n'importe lesquels : les Maîtres Jedi que Dooku avait connu durant de longues années, ceux-là mêmes qui l'avaient si longtemps considéré comme un ami avant sa trahison.... Heureusement, ni Yoda ni Windu n'étaient présents ; en revanche, Dooku reconnaissait Plo Koon, Depa Billaba, Ki-Adi-Mundi et Echuu Shen-Jon, tous des Maîtres Jedi accomplis ; le dernier Jedi était un jeune homme aux cheveux blonds, vraisemblablement le Padawan de l'un des Maîtres...
« Comte Dooku, vous et votre Apprentie êtes en état d'arrestation! prévint Plo Koon. Vous devez répondre de la mort de la mort de bien des Jedi aujourd'hui! Rendez-vous immédiatement, renoncez à cette folie, et nous serons peut-être plus cléments!
-Je ne me rends jamais, Maître Koon ; vous devriez le savoir... Et mon Apprentie non plus.
Plo Koon soupira.
-Vous ne pourrez pas dire que je n'ai pas tout tenté pour éviter qu'on en arrive là...
-Si ça vous aide à mieux dormir, railla Dooku. Ouvrez le feu! »
Les droïdes obéirent et commencèrent à tirer. Le premier à attaquer fut Shen-Jon, un Maître Jedi humain à la barbe noire qui commença à tailler en pièces les Super Droides. Les autres Maîtres ne tardèrent pas à venir l'aider, et malgré leur supériorité numérique écrasante, les droïdes commencèrent à reculer, submergés par l'élite de l'Ordre Jedi, au point que Shen-Jon, Plo Koon et les autres parvinrent à s'ouvrir une voie vers le Comte et entreprirent de le cerner. Les droïdes restants, notamment les droïdekas, arrivaient pour protéger leurs chefs, mais avant cela, les Jedi auraient peut-être le temps de tenter quelque chose... Comprenant le danger, Tann alluma son sabre ; mais le seul Jedi assez fou pour les attaquer à ce moment fut le Padawan, qui, sans attendre que les Maîtres aient achevé de cerner Dooku, oubliant que dans quelques dizaines de secondes il devrait combattre les droïdes en plus d'un Seigneur Sith et d'une Jedi Noir, se jeta sur Sev'rance Tann. Courageux, mais stupide.
« Stam! Non » cria Shen-Jon.
Il s'agissait sûrement de son Padawan. Mais il était trop tard : Tann, profitant de l'élan de son adversaire, le tira vers elle et l'empala sur son sabre. Il devint le cinquième Jedi tué par Tann lors de la Bataille de Geonosis. Les Maîtres Jedi s'arrêtèrent brusquement, épouvantés par la rapidité et la facilité avec laquelle Tann s'était débarrassé du jeune Jedi. Lorsqu'ils tentèrent d'attaquer Dooku et Tann, il était déjà trop tard ; ils étaient assailli par les droïdekas.
« Venez, Général, dit Dooku à Tann. Ces droïdekas devraient les retenir le temps que nous trouvions un moyen de nous échapper, mais il ne leur faudra pas longtemps pour obtenir des renforts. »
Dooku et Tann marchèrent jusqu'à un bâtiment militaire Géonosien ; là, Dooku réquisitionna une motojet ; escorté par deux chasseurs Géonosiens dont l'un était piloté par Sev'rance Tann, il s'enfuit en direction d'un hangar où l'attendait un voilier solaire. Sur le chemin, une canonnière clone commandée par deux jeunes Jedi très prometteurs nommés Anakin Skywalker et Obi-Wan Kenobi tenta de les arrêter ; c'est Sev'rance Tann qui abattit cette canonnière. Cependant, les deux Jedi avaient eu le temps de descendre de la canonnière avant cela, et ils poursuivirent Dooku jusqu'à son hangar. Mais ils furent vaincus lors d'un duel contre le Comte Dooku ; même le puissant Maître Jedi Yoda, arrivé au dernier moment pour sauver Kenobi et Skywalker, ne put empêcher le Seigneur Sith de s'échapper. Quant à Tann, elle quitta Geonosis dès qu'elle fut sûre que le chef de la Confédération était parti. Ainsi Dooku échappa-t-il aux Jedi pour poursuivre la Guerre des Clones ; ainsi Sev'rance Tann lui prouva-t-elle pour la première fois qu'elle était un atout majeur pour la Confédération.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 02 Mai 2009 - 22:26   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Aucune réaction....? Sérieusement, vous commencez à m'inquiéter, là... Quoi qu'il en soit, voilà le chapitre 2; j'ai décidé, pour cette fan-fic, d'alterner les batailles du jeu Star Wars Galactic Battlegrounds Clone Campaigns et les flashbacks sur le passé de Sev'rance Tann, à la manière du film The Godfather part II. Je pense que cela devrait permettre de mieux expliquer la psychologie du personnage. Voici donc le Chapitre 2, assez court (pour une fois :D ) qui retrace la jeunesse parmi les Chiss de Sev'rance... (Et n'hésitez pas sur les comms, hein, si c'est nul, dîtes-le....)

Chapitre II


Sev'rance Tann était née vingt-sept ans avant la bataille de Geonosis, dans cette mystérieuse partie de la Galaxie que la République nommait «Régions Inconnues», parmi le peuple Chiss. La Famille Sev était alors l'une des plus puissantes de l'Ascendance Chiss ; le grand-père de Sev'rance, Sev'ara'csapla (dont le diminutif était « Varac », d'après la formation traditionnelle des noms Chiss), était à la tête d'une riche colonie Chiss du nom de Xelva. Sev'rance ne manqua donc de rien durant ses premières années. Mais ses origines aisées n'étaient pas la seule chose qui distinguait Sev'rance des autres Chiss ; outre le fait qu'elle était dotée d'une intelligence clairement supérieure à la moyenne, Sev'rance faisait parfois preuve d'une étrange intuition, comme si elle voyait les choses avant qu'elles n'arrivent... Toutefois, elle n'en parla jamais à personne.
Sa jeunesse parmi les Chiss marqua à jamais Sev'rance ; le sens de l'honneur rigide, la solidarité, le sang-froid, la patience, le pragmatisme, la discipline, toutes ces valeurs chères aux Chiss devinrent celles de Sev'rance.
L'oncle de Sev'rance, Sev'orga'nuruodo, n'avait jamais été intéressé par la carrière sédentaire d'administrateur menée par le père et le grand-père de Sev'rance ; il devint officier de la Flotte de Défense Chiss, et monta en grade suffisamment vite pour avoir un vaisseau sous son commandement. Bien qu'il ait choisi une carrière moins mouvementée et qu'il estimait plus utile à l'Ascendance Chiss, le père de Sev'rance, Sev'ilar'csapla, admira toujours ce frère aîné, si bien que Sev'rance le considéra longtemps comme un exemple ; c'est lui qui, le premier, lui donna l'envie de mettre ses talents au service de la défense de son peuple. Très vite, Sev'rance n'hésita plus qu'entre deux carrières possibles : celle de pilote de chasse, qui lui aurait permis d'exploiter sa mystérieuse faculté d'anticiper le danger, ou celle d'officier sur le pont d'un vaisseau de guerre, comme son oncle.
Mais un jour, un événement changea bouleversa ce destin tout tracé, alors que Sev'rance avait douze ans ; cette journée commença pourtant comme une autre, et Sev'rance ne se doutait de rien alors qu'elle rentrait tranquillement de l'Azferah, où étudiaient les Chiss jusqu'à treize ans.
« Ne t'inquiètes pas, conseillait-elle ce jour-là à une camarade de classe. Je me charges de ton devoir de Cheunh (le Cheunh était la langue principale des Chiss) ; tu connais la prof, il suffira de reformuler un peu mes réponses, et elle ne se doutera de rien...
Depuis très jeune, Sev'rance n'hésitait pas rendre service, et ses camarades lui en étaient reconnaissants. En effet, elle avait vite pris conscience qu'elle avait de la chance d'avoir une famille haut placée, et elle savait qu'elle avait des qualités qui l'avantageaient pour étudier, elle était patiente, curieuse, douée d'une belle intelligence analytique, et lorsqu'un sujet l'intéressait, l'intéressait vraiment, elle était capable d'y travailler aussi longtemps qu'il le faudrait pour que le résultat lui semble parfait ; surtout, elle avait l'impression qu'au-delà de ces qualités qu'elle avait conscience d'avoir, ses enseignants la surestimaient, car ses parents, bien que satisfaits, se montraient plus exigeants avec elle ; or, loin de lui donner un sentiment de supériorité, tout cela lui procurait le sentiment qu'elle devait aider autant que possible ceux qui n'avaient pas sa chance.
-Merci ; j'ai de la chance d'avoir une amie qui a de meilleures notes que moi et qui est prête à rendre service!
Sev'rance avait alors sourit.
-C'est normal, il faut s'entraider, entre élèves. » avait-elle répondu avec le plus grand naturel.
Les deux jeunes Chiss avaient continué à marcher en discutant de divers sujets ; Sev'rance parlait moins facilement que son amie, non tant par réelle timidité que par un certain manque d'intérêt, elle était alors d'un tempérament rêveur peu porté sur les conversations ordinaires de ses camarades, la tête pleine de projets lointains, de rêves, d'histoires imaginaires... Toutefois, elle n'y voyait qu'une façon comme une autre d'occuper son esprit, elle ne se voyait pas comme en retrait par rapport aux autres et elle ne voulait pas l'être ; aussi s'efforçait-elle de comprendre les intérêts des autres jeunes Chiss et d'essayer autant que possible d'en discuter avec eux. Puis, alors que Sev'rance était presque arrivée chez elle et s'apprêtait à prendre congé de son amie, elle lui demanda en veillant à paraître modeste et hésitante :
« Au fait, pourrais-je à mon tour te demander un service?
-Tu sais bien que oui! De quoi s'agit-il?
-C'est qu'il ne s'agit pas de m'aider pour un devoir de Cheunh... Tu te souviens de ce garçon de dixième année dont je t'avais parlé? Je sais que tu le connais bien ; si tu vois une occasion de...
-N'en dis pas plus, j'ai compris! Même les élèves sérieuses qui ne pensent qu'à leurs rêves de rejoindre la flotte n'échappent pas à l'amour, hein? »
Sev'rance sourit d'un air gêné qui cette fois n'avait rien de feint.
«C'est d'accord?
-Mais oui!
-Merci beaucoup. Bon, je vais te laisser... A demain.
-A demain. Euh, pourquoi y-a-t-il tant de véhicules aériens devant chez toi, aujourd'hui? En plus, ils
ont l'air officiels.... »
Sev'rance s'était alors figée. Jusque là, trompée par la routine, elle n'avait prêté attention qu'à sa camarade ; mais à présent que cette dernière le lui faisait remarquer, il y avait effectivement quatre speeders d'allure officielle devant la riche demeure où elle vivait avec ses parents et sa petite sœur. Saisie par un très mauvais pressentiment qui devait hélas s'avérer justifié, Sev'rance avait alors couru jusqu'à la porte et à travers la maison jusqu'au salon.
Elle devrait se rappeler à jamais l'effroi et l'incompréhension qui l'avaient envahi lorsqu'elle avait vu ces douze Chiss en uniformes noirs et gris dont l'expression indiquait qu'ils n'étaient pas là pour plaisanter et son oncle, menotté, prisonnier de deux des Chiss en uniformes.
« Mais puisque je vous dis que je ne savais rien à ce sujet! disait le père de Sev'rance lorsque la jeune Chiss entra sans mot dire, comprenant vite qu'il valait mieux qu'elle ne se mêle pas de ce qui se passait. Ni lui ni mon père, ni qui que ce soit d'autre, ne m'ont parlé de ça!
-Il ne sait rien, vous dis-je, avait confirmé Sev'orga'nuruodo d'un ton las qui ne lui ressemblait pas. Nous l'avons tenu à l'écart de tout ça.
L'un des Chiss en uniforme, à la carrure imposante et à la barbe noire, avait alors foudroyé du regard l'oncle de Sev'rance.
-Je n'en crois pas un mot! Toute la Famille Sev est impliquée, et n'imaginez pas que qui que ce soit à la Direction de la Surveillance de la Flotte Chiss n'en ait pas conscience! Cela fait des années que nous essayons de prouver que votre Famille n'est là où elle est qu'à force d'opérations illégales! Toutefois, puisque vous avez apparemment été assez malins pour ne laisser aucune preuve de la complicité du vice-administrateur Sev'ilar'csapla, excusez-moi du dérangement, et au revoir! » avait achevé d'un ton qui ne laissait planer aucun doute quant à la sincérité de ses excuses le Chiss à la barbe noire, probablement l'officier du groupe.
Il se dégageait de ce Chiss quelque chose qui effrayait Sev'rance ; manifestement, il avait beaucoup d'autorité et il détestait la Famille Sev. Cela choquait Sev'rance, car elle se rendait bien compte qu'il y avait quelque chose de personnel là-dedans, et jamais on ne lui avait appris que ces manœuvres politiques douteuses avaient toujours cours chez les Chiss...
Alors que les agents de la DSFC quittaient la demeure des Sev, emportant Vorgan avec eux, et remettaient en ordre les endroits où ils avaient probablement perquisitionnés, l'officier avait ajouté :
« Ceci dit, n'allez pas vous faire d'illusions, Vilarc ; il y aura des répercussions, et elles ne vont pas vous plaire. Votre carrière est brisée, et l'ensemble de la Famille Sev va se retrouver en très mauvaise posture politique... »
Vilarc ne répondit rien, bien que ce ne fut manifestement pas l'envie qui lui en manquait. Les agents de la DSFC finirent par quitter les lieux.
« Que s'est-il passé? avait alors demandé Sev'rance à son père en tentant de masquer son inquiétude.
-Exactement ce que tu as vu et entendu : la DSFC a décidé d'arrêter oncle Vorgan et ton grand-père ; et je doute qu'ils se seraient arrêtés là s'ils avaient eu des preuves contre moi aussi....
-Mais qu'est-ce que la DSFC? Et pourquoi les ont-ils arrêtés?
Sev'ilar'csapla réfléchit avant de répondre, tout en jaugeant Sev'rance du regard comme s'il se demandait quel effet lui ferait la réponse.
-La DSFC s'assure que les officiers Chiss fassent bien leur devoir, expliqua-t-il finalement, pesant bien ses mots. Et Vorgan a... Agi d'une manière que la DSFC n'approuve pas... Il a attaqué des ennemis sans les laisser attaquer les premiers, et ce à plusieurs reprises, ce qui est contraire aussi bien au sens de l'honneur qu'aux lois des Chiss... Grand-père a contribué à couvrir ses agissements pendants des mois ; ce qu'il ne savait pas, c'est que l'agent que Vorgan lui a envoyé la semaine dernière pour lui demander de l'aide était en fait un informateur de Hess'arga'nuruodo, le directeur de la DSFC...
-Et tu le savais?
-Oui. 
-Et les menaces de Sargan? Étaient-elles sérieuses?
Vilarc hocha sombrement la tête.
-J'ai bien peur que oui. Plus d'une des autres Familles n'attendaient que cette occasion pour nous écarter du pouvoir... Je vais sûrement être muté dans une quelconque colonie isolée, loin de la Capitale Csilla... Les Familles Régnantes s'en chargeront à la première occasion.»
Sev'rance comprit que ses parents n'en diraient pas plus et se tut, mais d'autres questions lui brûlaient les lèvres : pourquoi Sargan accusait-il toute la Famille Sev d'être arrivée en haut de l'échelle sociale grâce à des agissements douteux? Et qu'avait fait Vorgan, exactement? S'était-il contenté d'ouvrir le feu le premier sur un ennemi qui s'apprêtait de toute façon à l'attaquer, ou avait-il lui même lancé des escarmouches sur des peuples voisins de l'Ascendance Chiss? S'en était-il servi, d'une façon ou d'une autre, pour promouvoir sa carrière?
Et dire qu'une demi-heure plus tôt, elle n'avait pas d'autres soucis que d'aider une amie à finir un devoir ou d'obtenir un rendez-vous avec un garçon... Cela lui semblait tout simplement inconcevable que deux choses si opposées puissent arriver dans la même journée...
Les craintes du père de Sev'rance s'avérèrent malheureusement fondées ; la famille fut contrainte de partir pour Helrah, une petite colonie Chiss sans la moindre importance, et les Sev perdirent totalement la confiance des Familles Régnantes. Vorgan fut condamné à la prison à vie et Varac à un an de prison et des amendes qui le ruinèrent. Vilarc n'avait plus aucune chance d'obtenir une promotion dans cette vie, et, privée du soutien financier du riche grand-père de Sev'rance Tann, la famille perdit l'essentiel de sa fortune. Sev'rance n'avait plus aucune chance de devenir officier ou pilote de chasse pour la Flotte Chiss ; elle avait tout perdu, presque du jour au lendemain. Sev'rance ne put jamais vraiment oublier cette brutale déchéance ; même alors qu'elle avait cessé d'y penser depuis longtemps, le souvenir de cette cruelle injustice à cause de laquelle elle avait tout perdu resta à jamais gravé dans son inconscient. Il y créa une profonde soif de revanche, un besoin pour Sev'rance de s'élever dans la hiérarchie pour récupérer ce dont on l'avait privé si injustement, de réussir à tout prix, d'obtenir pouvoir et notoriété. Elle ne devait plus être à la merci de qui que ce soit, plus personne ne devait pouvoir tout lui prendre quand il le voulait ; elle préférait être la première sur Helrah que la deuxième sur Csilla! Elle prit brusquement conscience que l'injustice était partout, même dans l'Ascendance Chiss ; partout, des gens qui n'avaient pourtant rien fait pouvaient se retrouver écartés de tout pouvoir et de toute richesse parce que des gens plus puissants qu'eux en avaient décidé ainsi. Et si elle voulait changer cela, elle savait au fond d'elle-même qu'elle ne pouvait compter que sur elle-même, pas question de compter sur des politiciens ou des militaires uniquement soucieux de leurs propres intérêts ; une raison de plus pour réussir à tout prix.
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 8:35, modifié 2 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 17 Mai 2009 - 9:06   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Aaaargh! Troisième chapitre et toujours pas un commentaire en vue! :shock: Cette fan-fic n'intéresse personne, ou quoi? :? Enfin, quoi qu'il en soit, je poste le troisième chapitre (des fois que quelqu'un le lise un jour. On ne sait jamais^^), qui se déroule à nouveau dans le présent.
Chapitre III

Le lendemain de la bataille de Geonosis, le Haut Commandement Séparatiste se réunit à bord de la Main Invisible, vaisseau-amiral du Général Grievous. Alors qu'elle entrait dans la salle, Sev'rance Tann s'efforça de garder un expression et un regard impassibles ; mais en réalité, elle bouillait d'impatience. Le Comte Dooku lui avait promis une mission de première importance... Avec peut-être à la clé un rôle plus important dans la Confédération...
« Asseyez-vous, Général Tann. » lui ordonna le Général Grievous alors qu'elle refermait la porte derrière elle.
Sev'rance s'assit entre l'Amiral Ssran, un imposant pirate Quarren récemment engagé par le Comte Dooku, et l'Amiral Tonith, du Clan Bancaire Intergalactique ; cette fois, c'est son mépris qu'elle dut dissimuler. Elle n'avait jamais compris comment un homme aussi honorable que le Comte Dooku pouvait s'allier avec des gens aussi ignobles : Grievous tenait à son avis bien plus du fou dangereux que de l'honorable défenseur de la Confédération, et ce prétendu chasseur de primes, Durge, ne valait pas mieux ; Nute Gunray, San Hill et les autres hommes d'affaires qui avaient accepté de financer et d'armer la Confédération étaient des imbéciles lâches et complètement obsédés par l'argent ; mais celle que Sev'rance haïssait le plus, c'était Assajj Ventress. Sev'rance avait déjà du mal à accepter que Dooku ait une autre Apprentie qu'elle, mais c'était encore plus dur quand l'autre Apprentie en question était une folle furieuse complètement dépourvue de bon sens ; à cela s'ajoutait un sentiment de jalousie, car Sev'rance devait admettre que Ventress était plus puissante dans la Force qu'elle... Pourquoi fallait-il que de si grands pouvoirs aient été confiés à qui savait si peu s'en servir? Mais Sev'rance n'avait pas pour habitude de laisser ses sentiments lui dicter son comportement ; elle était au service de la Confédération et du Comte Dooku, elle devait donc travailler avec ces gens. Du moins jusqu'à ce qu'elle ait assez d'importance au sein de la Confédération pour pouvoir les remplacer par des militaires compétents...
Tandis que Sev'rance s'asseyait, le Comte Dooku, qui n'était présent qu'holographiquement, achevait de donner ses ordres à l'Amiral Ssran.
«... Vous êtes donc libres de remplacer nos officiers par votre équipage ; nous vous confions cette flotte. Si vous l'emportez, vous aurez toutes latitudes pour piller Palanhi et son secteur.
Le pirate sourit d'un air appréciateur. Dooku se tourna vers Sev'rance, qui sentit son rythme cardiaque s'accélérer ; mais elle n'en laissa rien paraître, comme toujours.
« Quant à vous, Général Tann, malgré les doutes de certains (Sev'rance était sûre que le Comte visait Grievous et Ventress) à votre sujet, je vous ai réservé l'une des missions les plus importantes : vous partirez donc pour le système Siskeen, où vous trouverez la plate-forme orbitale Kaer, construite par nos alliés du Clan Bancaire Intergalactique ; il y a là-bas des ressources en grandes quantités et de grandes usines de droïdes qui pourraient bien nous aider à remplacer les pertes subies sur Geonosis, et j'ai besoin de quelqu'un de compétent pour superviser la production de cette nouvelle armée...
-A vos ordres, Comte Dooku. »
Sev'rance aurait préféré une mission plus dangereuse, mais celle-ci était indéniablement vitale, car la Confédération avait besoin de nouveaux droïdes, et vite ; c'était donc une preuve que le Comte avait confiance en elle. Il fallait qu'elle saisisse cette nouvelle occasion de faire ses preuves, car Sev'rance ne savait pas combien de temps elle allait supporter l'idée que c'était Grievous le bras droit de Dooku...

«La plate-forme orbitale Kaer, répondit Maître Plo Koon. Construite il y a quelques années par le Clan Bancaire Intergalactique dans le système Siskeen.
-Et qu'y-a-t-il de si intéressant, là-bas? demanda le Chevalier Jedi d'origine Twi'lek Jor Drakkas.
-Le Clan Bancaire Intergalactique avait installé là de grandes usines destinées à fabriquer à la chaîne des droïdes lourdement armés, avant de se faire taper sur les doigts par la Cour Suprême pour violation des restrictions imposées aux armées protégeant les organisations commerciales ; nous pensons que le Comte Dooku va essayer de les remettre en marche, et plusieurs témoignages récents confirment nos craintes. Vous devez vous préparer à une résistance soutenue, Général Drakkas ; si les Séparatistes ont déjà commencé la production à votre arrivée... »
Général Drakkas... Jor n'aimait pas porter ce titre : il était un Chevalier Jedi, pas un tacticien ; d'après lui, le Conseil et le Chancelier avaient eu une très mauvaise idée en transformant les Jedi en officiers de la Grande Armée de la République... Mais qu'importait, puisqu'il le fallait, il ferait de son mieux.
« Très bien, j'irais, Maître Koon ; et si les Séparatistes ont vraiment remis les usines en marches, je les détruirais.
-Soyez tout de même prudent, Général Drakkas, conseilla Maître Windu. Le Comte Dooku a dû confier la surveillance de ses usines à quelqu'un de dangereux, et nous ignorons combien de Jedi Noirs ou de je ne sais quelles autres horreurs il peut avoir à son service... Nous ignorons toujours qui a tué Maître Ur-Sema Du dans les catacombes de Geonosis ; et il y a aussi cette Jedi Noire qui a tué quatre Chevaliers Jedi et le Padawan d'Echuu... Si les choses tournent vraiment mal, n'hésitez pas à vous retirer ; trop de Jedi sont déjà morts...
-N'ayez crainte. A bientôt, j'espère. » dit Jor tout en prenant congé du Conseil des Jedi.
Cela devait arriver un jour ou l'autre... La Guerre des Clones, comme l'avait appelé Maître Yoda, avait commencé deux semaines auparavant ; Jor aurait dû s'attendre à recevoir une mission de ce genre, d'autant qu'il était considéré comme l'un des meilleurs sabreurs de sa génération, même s'il était loin d'avoir le niveau d'un Mace Windu, d'un Agen Kolar... Ou d'un Dooku. Savoir que ce grand Maître Jedi était à présent l'ennemi n'avait rien de rassurant ; avant que Dooku ne trahisse l'Ordre Jedi, Jor, qui n'était alors qu'un jeune Chevalier Jedi de vingt-trois ans, avait eu l'occasion de voir le Comte s'entraîner au sabre-laser contre d'autres Maîtres Jedi, et il avait été stupéfait par la finesse et la rapidité de son style. Pour ne rien arranger, Dooku avait sûrement enseigné personnellement le combat au sabre-laser à cette Jedi Noire qui avait combattu sur Geonosis... Il fallait espérer que le commandant Séparatiste que Jor trouverait sur la plate-forme Kaer n'était qu'un humble officier Neïmodien ou Géonosien...
Jor se ressaisit. Peu importait ce qui l'attendait sur la plate-forme Kaer, il devrait de toutes façons y faire face, que ce soit un sous-fifre de la Fédération du Commerce ou une Jedi Noire. Le vrai courage ne consiste pas à ne jamais ressentir la peur ; le vrai courage, c'est vaincre sa peur, se souvint-il.
«Vous partez, Jor? entendit le Chevalier Jedi Twi'lek alors qu'il quittait le temple.
C'était Echuu Shen-Jon, un Maître Jedi Humain à la barbe noire avec lequel Jor avait autrefois mené quelques missions ; Jor sentit dans la Force un sentiment de profonde tristesse et de colère réprimée émaner de lui, et il se souvint que le Padawan d'Echuu était mort sur Geonosis.
-Oui. Le Conseil m'envoie dans le système Siskeen, où on soupçonne la Confédération d'avoir remis en service une ancienne plate-forme. Ils ne vous ont pas encore attribué de mission?
-Pas encore, non. (Echuu sembla hésiter un peu avant de continuer) Comme... Comme Stam est mort sur Geonosis, le Conseil a décidé de m'attribuer un nouveau Padawan ; et justement, la sœur de Stam n'a plus de Maître, il a refusé de prendre part à cette guerre, estimant que c'était contraire aux principes des Jedi. Maître Windu s'y oppose, mais je crois que finalement, le Conseil va me donner la sœur de Stam, Naat Reath, à former.
-Toutes mes condoléances pour Stam, Maître Shen-Jon. Une idée de la mission que le Conseil vous confiera après cela?
-Rien de certain, mais d'après ce que m'a dit Shaak Ti, on devrait m'envoyer du côté d'Ando ; apparemment, les Séparatistes comptent y installer une base pour prendre, par la force ou par la diplomatie, une planète neutre occupant une position stratégique dans le secteur...
-Quoi qu'il en soit, je vous souhaite bonne chance, Maître Shen-Jon. Que la Force soit avec vous.
-Vous en aurez plus besoin que moi pour le moment... Que la Force soit avec vous, Jor. »
Les deux Jedi se quittèrent. Echuu ne l'avait apparemment pas compris, mais par « bonne chance », Jor ne visait pas tant la future mission d'Echuu dans le Secteur d'Ando que la formation d'une nouvelle Padawan probablement au bord du Côté Obscur suite à la mort de son frère quand Echuu lui-même était encore sous le choc de la mort de Stam... Le choix de Naat Reath comme nouvelle Padawan d'Echuu n'était peut-être pas le plus judicieux qu'il fut, il risquait d'entraîner le Maître comme la Padawan vers le Côté Obscur ; mais peut-être les sauverait-il tous les deux, après tout. Peut-être qu'ensemble, Echuu et Naat s'empêcheraient mutuellement de basculer du Côté Obscur...
Jor se demandait combien d'autres Jedi étaient ainsi endeuillés par la mort d'un Padawan, d'un Maître, d'un ami ou d'un frère sur Geonosis ; et plus grave encore, combien seraient-ils à mesure que la guerre avancerait? Si cette maudite Guerre des Clones ne tuait pas les Jedi jusqu'au dernier, combien en entraînerait-elle du Côté Obscur? A combattre le Comte Dooku, ne risquait-on pas de créer plus de Jedi Noirs et d'assassins en général qu'on en supprimerait? C'était probablement là la raison pour laquelle l'ancien maître de Naat refusait de prendre part à la guerre, et celle pour laquelle, quatre mille ans plus tôt, le Conseil des Jedi de l'époque avait refusé d'aider la République dans les Guerres Mandaloriennes... Et le destin de Dark Revan leur avait largement donné raison : il suffisait qu'un seul Jedi bascule du Côté Obscur pour que l'ensemble de l'Ordre soit mis en danger ; et si l'histoire venait à se répéter avec la Guerre des Clones...?

Le Padawan de Jor, Merasz Atren, également Twi'lek, parut exagérément enthousiaste à l'idée de cette mission, d'après Jor ; mais il était jeune, après tout. Il ne se rendait pas compte que cette mission n'aurait que bien peu à voir avec les négociations et les captures de criminels qu'on leur avait confié jusque là ; c'était la guerre. Sachant qu'essayer de le convaincre que cette mission serait extrêmement dangereuse ne ferait que renforcer l'enthousiasme du jeune Twi'lek, Jor passa leur voyage en hyperespace à s'entraîner avec lui au duel au sabre-laser ; ils voyageaient dans un robuste Croiseur Acclamator avec les soldats clones placés sous leurs ordres, aussi eurent-ils de la place pour cela.
« N'oublies pas une chose lorsque tu te bats contre un autre sabreur, dit Jor à Merasz alors qu'ils s'entraînaient pour la dernière fois avant leur arrivée dans le système de Siskeen. Tu dois bouger le moins possible pour parer les coups de ton adversaire. Si tu t'amuses à donner des coups grands et larges comme les Jedi que l'on voit dans les holofilms, tu seras épuisé en moins de cinq minutes, et tu perdras énormément de temps. Un simple petit geste du poignet pour réorienter ta lame vaut bien mieux que de décrire un large arc de cercle avec ton bras entier lorsqu'il s'agit de parer ; c'est moins spectaculaire, mais bien plus rapide et moins fatiguant.
Merasz sourit.
-Je sais bien, Maître, vous me répétez cela depuis six ans...
-Certes, mais tes mouvements sont toujours inutilement larges... Les mouvements larges et circulaires sont l'apanage du Soresu, et ils sont très efficaces pour te protéger d'une tempête de tirs de blasters ; n'hésites pas à les employer face à des droïdes. Mais contre un autre sabreur, tu dois songer à la rapidité de tes mouvements avant de songer à la puissance avec laquelle tu pares le coup ennemi ; dans les combats au sabre-laser, ce sont les mouvements secs et précis du makashi et du Djem So qui prédominent... Et évidement, il y a le Vaapad de Maître Windu, mais il s'agit plus d'un état d'esprit que d'un style à proprement parler ; et je le déconseille fortement à quiconque n'est pas un Maître Jedi expérimenté, car il amène son utilisateur au bord du Côté Obscur.
Merasz approuva d'un hochement de tête ; Jor lui en avait suffisamment dit sur les dangers du Côté Obscur pour qu'il l'écoute au moins sur ce point.
-Bien sûr, reprit Jor, ce type de parades n'est permis que par la légèreté des sabres-lasers ; un utilisateur de vibro-lames est forcé de mettre bien plus d'énergie dans ses coups. N'hésites pas à en profiter, si un jour tu en affrontes un.
-Je tâcherais de m'en souvenir.
-Bien. En garde! »
Pour être sûr que cette fois, son Padawan avait bien compris, Jor frappa violemment sur le côté ; comme il le craignait, Merasz fut un peu trop lent à réagir à cause d'un mouvement trop circulaire, mais c'était déjà mieux que ce qu'il avait fait précédemment et bien mieux que ce dont la plupart des Padawans de son âge étaient capables. Jor avait toujours mis un point d'honneur à ce que son Padawan sache bien se servir d'un sabre-laser. Merasz contre-attaqua aussitôt d'un puissant coup de Djem So, et Jor dut déployer de grands efforts pour le contrer ; si Merasz avait des mouvements peu économiques en défense, il était en revanche excellent en attaque. Jor avait à peine paré l'assaut que Merasz frappait à nouveau du côté gauche ; Jor bloqua à nouveau le coup, et avant que son Padawan n'ait eu le temps de comprendre ce qui se passait, glissa sa lame sous celle de Merasz tel un serpent. Le coup aurait éventré le jeune Twi'lek si Jor ne l'avait pas arrêté à quelques centimètres de son Padawan.
«Pas mal, mais encore une fois, tu dois toujours partir du principe que ton adversaire sera assez rapide pour contre-attaquer dès qu'il a bloqué ton coup ; aussi tiens-toi toujours prêt à ramener ta lame vers toi pour te défendre. En pratique, peu de sabreurs sont aussi rapides que moi, mais tu ne peux jamais savoir à qui tu as affaire ; c'est pourquoi tu dois toujours être prêt à interrompre ton attaque. Si tu manques une occasion de vaincre ton adversaire, tu as toutes les chances de la retrouver à un moment ou à un autre ; en revanche, on ne revient jamais d'une attaque trop risquée...
-C'est vrai ; j'essayerais de faire plus attention la prochaine fois.
Jor faillit lui ressortir le vieil adage de Maître Yoda « Essayer ne veut rien dire », mais il estima finalement que Merasz l'avait probablement suffisamment entendu durant ses premières années au Temple Jedi.
-La prochaine fois risque de ne pas être un entraînement, Merasz ; nous n'allons pas tarder à arriver dans le système Siskeen. »
Le Padawan sourit de plus belle ; n'y-avait-il donc rien à faire pour le convaincre que cette mission pourrait bien être la dernière?

Une demi-heure avant la sortie de l'hyperespace, Jor réunit les officiers et sous-officiers clones en plus de son Padawan ; tentant de se composer un visage de Général d'après ce qu'il avait vu dans les holofilms, il fit apparaître une holocarte représentant la plate-forme Kaer.
« Voici notre cible, la plate-forme Kaer, équipée de boucliers pour maintenir une atmosphère respirable ; il y a quelques années, le Clan Bancaire Intergalactique l'a construite dans l'optique d'y créer des droïdes lourdement armés et blindés pour son armée privée, avant d'être contraint de l'abandonner. Le CBI y a cependant laissé ses énormes usines de droïdes ultra-modernes, capables de produire en un temps record, et des ressources destinées à la production de droïdes en grandes quantités ; deux choses qui seraient très utiles à nos ennemis, s'ils parvenaient à mettre la main dessus... Plusieurs témoignages font état de forces Séparatistes dans les environs, et leur présence sur la plate-forme est donc presque certaine ; dans l'hypothèse extrêmement improbable où les Séparatistes n'auraient pas encore pris possession de la plate-forme, notre mission consistera simplement à détruire les usines et à récupérer les ressources. Dans le cas contraire, un bombardement est hors de question, car la plate-forme est équipée de puissantes défenses anti-aériennes, et notamment de boucliers, près des usines ; nous nous poserons ici, car cet endroit est éloigné des usines et avec un peu de chances, les Séparatistes n'auront pas eu le temps ou les moyens d'y remettre en marche les défenses aériennes. La suite dépendra de l'avancement de la production de l'armée ennemie à notre arrivée : si elle n'est pas encore assez achevée pour nous vaincre, nous devrons immédiatement détruire les usines ; sinon, nous devrons ériger des défenses à partir du matériel que nous avons emporté et des ressources laissées par le CBI, et nous préparer à un rude combat... Des questions?
Un sergent clone leva la main.
-Avons-nous au moins une estimation de l'étendue des forces Séparatistes? En dehors des droïdes qu'ils sont venus produire, je veux dire.
-D'après les forces que les Séparatistes ont engagé sur le front, celles dont nous sommes à peu près sûrs qu'elles restent défendre des sites vitaux et les estimations du nombre de droïdes dont dispose l'ennemi, le Conseil a estimé que nos chances de l'emporter étaient raisonnables ; le Comte Dooku n'a probablement pu consacrer que peu de droïdes à la surveillance des usines.
-Certes, mais dans ce cas, il a dû leur laisser un commandant compétent...
-C'est probable, oui ; à ce propos, je dois vous prévenir que le Comte Dooku a certainement un ou plusieurs Jedi Noirs à sa disposition. Nous en trouverons peut-être un sur la plate-forme, auquel cas la bataille risque d'être encore plus acharnée que prévu... »
Cela ne sembla pas intimider les clones, qui en savaient bien peu sur les Jedi Noirs ; quant à Merasz, il semblait encore plus excité à l'idée d'affronter l'un de ces légendaires adversaires des Jedi. Mais Jor, qui n'avait plus dix-neuf ans et qui savait par l'enseignement des Jedi de quoi étaient capables les serviteurs du Côté Obscur, sentait l'inquiétude le gagner ; mais encore une fois, quoi qu'il trouve sur la plate-forme Kaer, il l'affronterait, il l'affronterait parce que c'était son devoir de Jedi et de serviteur de la République.

« Les Jedi ont découvert votre présence, Général Tann, dit l'hologramme du Comte Dooku. Un Croiseur Acclamator a été repéré dans le secteur, et selon toutes probabilités, il se dirige vers la plate-forme Kaer. Préparez-vous à une attaque imminente des Loyalistes.
-N'ayez crainte, Comte Dooku, répliqua Sev'rance. Si des Jedi viennent ici, ils trouverons à qui parler... »
La communication prit fin. Sev'rance sortit du bâtiment construit à la hâte par les Séparatistes et contempla la base qu'elle et les ouvriers Géonosiens que lui avait donné le Comte Dooku avaient installé sur la plate-forme ; suivants ses plans, ils avaient travaillé vite et intelligemment, et Sev'rance estimait qu'ils étaient parfaitement prêts à faire face à un assaut Loyaliste, d'autant plus que la Force avait permis à Sev'rance de localiser les ressources du CBI en un temps record pour remettre en marche les usines, qui fonctionnaient maintenant à plein régime ; chaque jour, droïdes-araignées nains, CAB et droïdes-araignées sortaient de leurs chaînes d'assemblage. Elle commandait pour le moment bien plus de forces qu'elle n'en avait sur Geonosis, et elle avait hâte de voir ce qu'elle pourrait en faire avant de les rendre au Comte Dooku.
En fait, une offensive Loyaliste serait même souhaitable ; ce serait probablement l'occasion pour Sev'rance de prendre un peu de galon...
Sev'rance consulta une holocarte de la plate-forme. Si elle avait été un commandant Loyaliste conscient qu'il rencontrerait probablement une forte résistance, elle aurait choisi pour atterrir un site éloigné des usines, pour surprendre ses ennemis et se donner ainsi plus de temps pour installer une base ; mais il fallait aussi que l'endroit soit proche d'une réserve de ressources installée par le CBI. Deux endroits sur la plate-forme correspondaient à cette définition tout en ayant assez de place pour permettre l'atterrissage d'un Croiseur Acclamator, l'un à l'extrémité est de la plate-forme, l'autre à l'extrémité nord ; grâce à la Force, Sev'rance pressentait que ses ennemis choisiraient l'est.
Elle appela un officier droïde.
« Commandant, d'après le Comte Dooku, nous ne devrions pas tarder à recevoir la visite de forces Loyalistes; qu'un groupe de soixante-dix Super Droïdes, quatre droïdes-araignées nains, deux droïdes-araignées et vingt ouvriers Géonosiens se rendent dans ce passage, au nord-est. Mais que seuls deux droïdes-araignées nains et vingt Super Droïdes se rendent aillent jusqu'au bout, à l'extrémité est ; s'ils y rencontrent une résistance trop forte pour l'ensemble du groupe, que les ouvriers Géonosiens érigent des barricades et des tours avec le matériel disponible.
-A vos ordres, Général, répondit le droïde, qui n'était pas programmé pour discuter les ordres de ses supérieurs.
En revanche, le chef des Géonosiens prit la parole.
-Mais comment savez-vous que les Loyalistes choisiront ce site pour atterrir, Général Tann? Il y en a au moins sept autres qui pourraient accueillir un Croiseur Acclamator, dont trois situés nettement plus près de nous...
-Je sais ce que je fais ; je vous dis que les Séparatistes atterriront à cet endroit, et ils y atterriront. Alors arrêtez de discuter, et donnez-moi vingt ouvriers.
-Comme vous voudrez, Général » répondit le Géonosien d'un ton peu convaincu.
Sev'rance se demanda s'il aurait eu la même attitude avec le Général Grievous ou l'Amiral Ssran, ou si c'était parce que Sev'rance était une femelle qu'il doutait tant d'elle... Quoi qu'il en fut, il découvrirait bientôt à quel point il avait tort.

« Alors? demanda Merasz d'un ton inquiet qui ne lui ressemblait pas. Les Séparatistes sont-ils bien là?
-Nos détecteurs sont formels, répondit le pilote clone de l'Acclamator. Il y a une forme de vie sur la plate-forme, et bon nombre de choses mécaniques mais en mouvement ; sûrement des droïdes. Et il semble que les usines aient bel et bien été remises en marche...
-Ce n'est pas vraiment une surprise, commenta Jor. Allez-y, posez le vaisseau à l'emplacement prévu et débarquons ; et vite, car les Séparatistes ont peut-être été avertis de notre arrivée. Apparemment, ils se sont déjà bien installés...
-Ils n'auraient pas dû, nous allons vite les chasser d'ici... » dit Merasz avec un sourire.
Il semblait avoir retrouvé son assurance, mais Jor ne s'y trompait plus ; ce n'était qu'une façade. Le jeune Twi'lek ne voulait pas l'avouer, mais il était encore plus inquiet que son Maître.
Le pilote clone posa le vaisseau sans ménagement, car ils n'avaient pas de temps à perdre ; la surprise serait leur meilleure alliée. Jor, Merasz et les soldats clones descendirent de l'appareil ; mais le dernier soldat clone était à peine sorti que des rayons rouges jaillirent et frappèrent les premiers soldats, qui s'effondrèrent.
« Des Super Droïdes! cria Merasz en désignant une vingtaine de silhouettes argentées qui s'avançaient en direction du Croiseur Acclamator.
Et pire encore, derrière les Super Droïdes venaient deux droïdes-araignées nains ; les soldats clones ripostèrent aussitôt par un feu nourri. Les deux Jedi allumèrent leurs sabres et commencèrent à trancher en deux tous les Super Droïdes qui passaient à leur portée, tout en détournant les rayons mortels qui fusaient vers eux. Tous les Super Droïdes furent très vite transformés en pièces détachés, et les soldats clones achevèrent les deux droïdes-araignées nains au détonateur thermique ; cependant, sept soldats clones avaient trouvé la mort durant la courte bataille.
« Une embuscade! Mais comment le commandant Séparatiste savait-il que nous atterririons ici? s'interrogea Jor. Il y avait plusieurs sites qui auraient bien mieux convenu...
-A moins qu'il ne se soit douté que nous ne choisirions pas la solution la plus évidente, suggéra Merasz, qui semblait avoir du mal à détacher les yeux des clones morts. Ou qu'il ait senti que nous atterririons ici grâce à la Force... Mais je me demande pourquoi les droïdes étaient aussi peu nombreux... Nous avons cent clones et cinq quadripodes ; le commandant Séparatiste, quel qu'il soit, devait se douter qu'une force aussi réduite n'aurait pas raison de nous....
-Des éclaireurs... Il veut savoir combien nous sommes, si nous sommes bien armés, si certains d'entre nous sont des Jedi... Probablement pour savoir s'il doit adopter une stratégie défensive, en attendant que ses usines aient produit assez de droïdes pour être sûr de nous éliminer, ou nous attaquer tout de suite ; manifestement, il connait son métier.
-Quels sont vos ordres, Général? demanda un commandant clone. Devons-nous immédiatement commencer à sécuriser la zone, puisque les Séparatistes savent déjà où nous trouver?
Jor réfléchit ; ce serait la solution la plus logique dans une telle situation, car ils pouvaient être attaqués à tout moment... Mais d'un autre côté, s'ils commençaient déjà à s'ancrer dans la défensive alors que les Séparatistes étaient toujours maîtres des usines, ils seraient débordés tôt ou tard ; pour une fois, la défense passerait en second.
-Non... Non, la priorité est d'empêcher le commandant Séparatiste de poursuivre la production de droïdes, sinon nous ne tiendrons pas longtemps. La principale réserve de duracier ne se trouve pas très loin d'ici, au nord-ouest ; si nous nous en emparons et que nous la défendons, les Séparatistes devront rapidement stopper la production, ce qui leur laissera l'offensive immédiate ou la retraite pour seules options. Mais une fois que nous y serons, prenez garde, car les Séparatistes ne reculerons devant rien pour récupérer la réserve.
-A vos ordres, Général Drakkas. »
Les Loyalistes se mirent en route, les quatre quadripodes prenant la tête de l'expédition ; Jor songea que son Padawan et lui avaient l'air bien étranges au milieu du paysage métallique de la plate-forme, des véhicules d'assaut et des soldats en armure... Ils semblaient être les seuls êtres vivants dans ce milieu artificiel et désolé...
Averti par la Force, Jor interrompit brusquement sa rêverie : au beau milieu du corridor s'élevait une barricade apparemment construite avec tout ce que les Séparatistes avaient de métallique sous la main, hérissée de mitrailleuses laser, de canons soniques Géonosiens... Derrière, les Loyalistes pouvaient apercevoir des Super Droïdes en grand nombre, des Géonosiens et même des droïdes-araignées ; et tout ce monde-là leur tiraient dessus...
« Repliez-vous! » ordonna Jor, conscient que ses troupes ne pourraient franchir cette barricade sans subir de très lourdes pertes. Fort heureusement, le puissant blindage des quadripodes résistait plutôt bien aux tirs ennemis, mais une bonne dizaine de soldats clones tombèrent avant que les Loyalistes ne soient parvenus hors de portée des tirs ennemis.
« Qu'allons-nous faire, Maître? demanda Merasz lorsqu'ils furent de retour près de l'Acclamator.
-La seule chose qu'il nous reste à faire... Nous allons ordonner aux droïdes ouvriers de bâtir des fortifications ici, et y installer notre base... Ce qui m'inquiètes, c'est que nous avons apparemment affaire à un bon tacticien: le détachement qui nous a tendu une embuscade ne servait pas seulement d'éclaireur, il devait aussi nous ralentir pendant que le reste du groupe barricadait l'accès aux réserves de duracier ; et j'imagine que si nous avions été suffisamment peu nombreux pour cela, il nous aurait immédiatement attaqué....
-Oui... Vous aviez raison, Maître : cette mission est bien plus dangereuse que je ne l'imaginais... Nous venons d'arriver, et nous avons déjà perdu près d'un cinquième de nos soldats clones... En fait, si le commandant ennemi est un Jedi Noir, même nous ne sommes pas à l'abri!
-En effet ; mais c'est notre mission, celle que la République nous a confiée, alors nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour l'accomplir. »

« Nous avons fini d'installer les tours de guet, expliqua l'ouvrier Géonosien. Les Loyalistes n'ont plus aucune chance d'accéder aux réserves de duracier sans perdre énormément de soldats.
-Très bien, félicitez vos hommes, ils ont travaillé vite et efficacement. »
Sev'rance Tann reporta son attention sur une holocarte représentant la plate-forme. Trois larges corridors permettaient d'accéder à l'endroit où les Loyalistes avaient posé leur vaisseau ; le premier, qui permettait également d'accéder aux réserves de duracier, était à présent barricadé. Restaient les deux autres... La tactique que Sev'rance aurait normalement adopté dans cette situation était tout simplement de les défendre également : ainsi, le commandant ennemi se sentirait pris au piège, paniquerait et ferait une bêtise ; une simple embuscade en aurait alors eu raison. Un bon commandant ne devait pas prendre en compte uniquement l'aspect purement stratégique de ses tactiques, mais aussi leur impact psychologique sur l'adversaire ; et Sev'rance Tann était une excellente commandante. Mais dans ce cas précis, Sev'rance sentait bien que son adversaire, un Jedi Twi'lek d'après les Géonosiens qui gardaient la barricade, était d'une autre trempe ; il ne perdait pas facilement son sang-froid, à l'instar de Sev'rance elle-même. Sev'rance l'avait vu lorsqu'il avait décidé de marcher droit sur les réserves de duracier, quand bien d'autres commandants auraient simplement installé des défenses pour se protéger contre une éventuelle attaque suivante. Assiéger la base Loyaliste ne servirait donc qu'à retarder la production de droïdes, ce qui était tout sauf l'objectif... Cependant, c'était de toute évidence ce que le commandant ennemi attendait d'elle...
Sev'rance appela le chef des Géonosiens, celui-là même qui avait douté d'elle et lui témoignait maintenant bien plus de respect.
« Dites aux ouvriers qui ont bloqué le passage au nord de la base Loyaliste d'aller en faire autant sur le passage ouest ; qu'ils prennent pour escorte la moitié des droïdes de la première muraille (à présent que les Géonosiens avaient achevé leur travail, ce qu'ils avaient bâti était bien plus qu'une simple barricade).
Le Géonosien ne sembla pas comprendre davantage que la fois précédente ; sans doute se demandait-il pourquoi Sev'rance faisait dégarnir la première muraille alors qu'ils avaient tant d'autres droïdes à disposition pour escorter les ouvriers. Mais cette fois, il ne protesta pas ; il connaissait maintenant trop bien Sev'rance pour ignorer qu'elle savait ce qu'elle faisait.

« Comme vous le voyez, les enregistrements des éclaireurs sont clairs, affirma le commandant clone. Ces Géonosiens sont en train de barricader le passage ouest ; et comme vous le voyez ici (il montra un autre enregistrement), il y a avant cela eu des mouvements de troupes sur la première barricade. Le commandant Séparatiste ne dispose donc probablement pas d'autant de droïdes qu'on aurait pu le craindre ; et il est en train de nous enfermer dans notre propre base...
-Peut-être fait-il cela dans l'espoir que nous nous tiendrons tranquilles en attendant qu'il ait fini de produire ses droïdes? suggéra Merasz. Quoi qu'il en soit, si nous voulons réussir, c'est le meilleur moment pour lui voler dans les plumes ; au lieu d'une muraille bien défendue, il en a maintenant deux faiblement défendues, dont l'une n'est même pas encore achevée...
-Mauvaise idée, répondit Jor. Notre adversaire est rusé ; à mon avis, il tente de nous assiéger non pas pour nous forcer à le laisser achever la production ou à battre en retraite, mais pour que nous agissions exactement comme vous le suggérez. Je suis sûr que derrière ces quelques droïdes empruntés à la première muraille se cache une bonne centaine d'autres lourdement armés, et pourquoi pas notre mystérieux commandant ennemi en personne... Il veut que nous paniquions à l'idée de nous retrouver prisonniers de notre propre base ou que nous le sous-estimions pour que nous nous jetions dans une embuscade, j'en suis sûr.
Merasz sembla un peu refroidi à l'idée de se jeter tête baissée dans une embuscade Séparatiste, mais il ajouta tout de même:
-Et s'il s'agissait d'un coup de bluff? Peut-être que le commandant ennemi expose ainsi ses troupes justement dans l'espoir que nous croyions à un piège ; mais en fait, il n'a rien de plus.
-Peut-être, oui. Mais es-tu prêt à parier ta vie là-dessus, Merasz? Es-tu prêt à parier celle de nos hommes là-dessus? Souviens-toi : Si tu manques une occasion de vaincre ton adversaire, tu as toutes les chances de la retrouver à un moment ou à un autre ; en revanche, on ne revient jamais d'une attaque trop risquée...
-Certes... Cependant, vous m'avez aussi dit que plus nous attendions, plus l'ennemi construisait de droïdes ; si nous n'agissons pas très vite, nous serons submergés, en plus d'être entourés de défenses Séparatistes...
-En effet, et ne t'inquiètes pas nous allons effectivement agir bientôt. Réfléchissons : si hier, les Séparatistes ont bloqué le passage nord et si aujourd'hui ils bloquent le passage ouest, il y a de fortes chances pour que demain, ils s'occupent du passage sud ; c'est à ce moment-là, et pas avant, que nous passerons à l'action.
Le commandant clone intervint:
-Mais ne redoutez-vous pas une embuscade à ce moment-là aussi, Général?
-Si. En fait, je suis sûr que les Géonosiens seront accompagnés de loin par autant de droïdes que le commandant ennemi l'estimera nécessaire pour nous vaincre... Sauf que ce n'est pas dans le couloir sud que nous attaquerons, mais bien dans le couloir nord, qui sera logiquement encore plus dégarni qu'aujourd'hui!
-Je vois... approuva Merasz. Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué...
-C'est à peu près le principe, oui ; le commandant Séparatiste n'a aucune raison de nous attendre au nord, car il nous sera bien plus facile d'attaquer des ouvriers Géonosiens et quelques droïdes qu'un rempart, même faiblement défendu... Et s'il s'agit finalement d'une embuscade... Eh bien, tout ce qu'il nous restera à faire, c'est nous retrancher derrière nos propres défenses -nos droïdes ouvriers n'ont pas chômé, même s'ils ne valent pas les Géonosiens- en espérant que cela sauve la plupart de nos soldats...
-Ça me va, comme plan, approuva le commandant clone.
-Je suis d'accord, dit à son tour Merasz. Il devrait nous permettre d'attaquer sans risquer de tomber dans une embuscade ennemie. »

Sev'rance Tann n'était habituellement pas du genre à afficher ses émotions, mais elle ne put s'empêcher de sourire en écoutant le sous-officier droïde qui dirigeait les forces de la muraille nord faire son rapport. Lorsque ce fut fini, le chef des ouvriers Géonosiens prit la parole :
« C'est à croire que vous avez toujours raison, Général ; c'est la deuxième fois que vos ordres les plus tordus s'avèrent justifiés...
Sev'rance sourit encore plus largement ; au temps où elle servait l'Ascendance Chiss, on avait trop souvent douté d'elle à cause de la famille où elle était née pour qu'elle n'apprécie pas le compliment.
-Même si le Jedi avait décidé de ne rien faire, mes ordres auraient été justifiés, car nous aurions alors pu cerner de défenses la base Loyaliste... Mais puisqu'il a choisi d'attaquer la muraille nord, comme je l'avais prévu d'après ce que j'ai deviné de sa personnalité, nous pouvons passer à la suite du plan ; et les Loyalistes ne vont pas l'apprécier... »

Avec l'appui de la Force, Jor se hissa en haut du rempart à la suite de son Padawan et trancha en deux un sous-officier droïde qui finissait son rapport à son supérieur.
« Je répète : nous sommes attaqués, Général Tann! Il nous faut des renforts immédiats, les Jedi et les clones nous... »
Ce fut tout ce que Jor comprit avant que le Super Droïde ne fut mis hors-service par sa lame. Jor s'apprêtait à descendre s'occuper des artilleurs lorsqu'il entendit la voix de Merasz :
« Ne vous dérangez pas, Maître; j'ai déjà détruit tous les droïdes sans vous...
-Égoïste, va...
Jor sauta à terre et s'éloigna de la muraille; son Padawan était bien là, seul au milieu des carcasses de Super Droïdes.
-C'est bon, les quadripodes, vous pouvez y aller...
Les quatre véhicules d'assaut quadripodes ouvrirent le feu sur la muraille bâtie par les Séparatistes ils ouvrirent une brèche en quelques minutes.
-Parfait. A présent que la voie est libre, allons nous emparer des réserves de duracier... »
Jor avait ordonné que les blindés passent les premiers, car les canons soniques installés par les Géonosiens n'avaient quasiment aucun effet sur eux ; ainsi, seuls deux soldats clones avaient trouvé la mort lors de l'assaut contre la muraille. Deux de trop, bien sûr, mais cela aurait pu être bien pire... Jor songea qu'il ne faisait finalement pas un si mauvais Général... Jusqu'à ce que, après seulement dix minutes de marche vers leur cible, les Loyalistes se retrouvent face à une véritable tempête de tirs envoyée par une véritable armée de droïdes-araignées, de Super Droïdes, de Droïdes de Combat... Avant que Jor n'ait pu faire quoi que ce soit, douze clones tombèrent et un quadripode s'effondra ; les deux Jedi eux-mêmes ne durent leur survie qu'aux murs qu'ils créèrent autour d'eux grâce à leurs sabres. Mais il leur fallait renvoyer les rayons extrêmement vite, les droïdes étaient bien trop nombreux, et il était évident qu'ils ne tiendraient pas longtemps à ce rythme.
« Retraite! ordonna Jor. Les quadripodes, couvrez-nous ; les clones, repliez-vous immédiatement! »
C'était donc bien une embuscade, ce mystérieux Général Tann avait compris que Jor n'attaquerait pas le passage sud... Les trois quadripodes restants ne parvinrent à détruire que deux droïdes-araignées avant d'être à leur tour détruits ; fort heureusement, les droïdes n'étaient pas l'armée la plus rapide qu'il soit, et les Loyalistes survivants parvinrent à se maintenir hors de leur portée pour le reste du trajet jusqu'à la base. Là, pensa Jor, ils seraient à l'abri, protégés par les défenses installées par les droïdes ouvriers...
Grave erreur, Jor s'en aperçut dès qu'ils parvinrent en vue de leur base ; il n'y avait plus de défenses. A leur place se tenait une autre armée de droïdes, et leur commandante, une humanoïde à la peau bleue et aux yeux rouges... Soudain, une lame dorée, comme celle de Jor, jaillit d'un sabre-laser qu'elle tenait dans la main droite ; une Jedi Noire, pour couronner le tout! Et pas n'importe laquelle... D'après les descriptions que lui en avaient faites le Conseil des Jedi, Jor comprit qu'il avait affaire à cette même Jedi Noire qui avait tué quatre Jedi sur Geonosis, dont Stam Reath... Merasz s'arrêta brusquement, saisi par l'effroi en voyant ses pires craintes se matérialiser sous ses yeux.
« Ne tirez pas, ordonna la Jedi Noire qui de toute évidence ne pouvait être que le Général Tann.
-Très bien, ne tirez pas, confirma Jor aux soldats clones.
A sa grande surprise, les droïdes en firent autant ; Tann avait apparemment un sens de l'honneur étonnement grand, pour une Jedi Noire.
-Quel est votre nom, Jedi?
-Je suis le Général Jor Drakkas ; et vous?
-Général Sev'rance Tann, mais cela ne vous avancera pas à grand chose. Général Drakkas, vous avez bien combattu : bon nombre de commandants auraient attaqué dès que mes ouvriers ont commencé à cerner votre base de remparts, mais vous avez préféré essayer de me surprendre en attaquant le rempart nord...
-Oui... Mais à ce que je vois, vous aviez prévu cela...
-En effet. En réalité, la construction de la muraille ouest visait seulement à vous convaincre que j'essayerais également d'en installer une autre dans le passage sud ; ainsi, lorsque vous avez su que des Séparatistes approchaient par ce passage, vous avez cru qu'il s'agissait de nouveaux bâtisseurs et vous avez attaqué le passage nord... Il ne vous ai pas venu à l'idée qu'il pouvait s'agir de l'avant-garde de mon armée, venu pour détruire votre base pendant que vous ne vous y trouviez pas!
-Malin. Je me demande quand même ce que vous auriez fait si je m'étais jeté dans ce que je croyais être une embuscade et que j'avais attaqué votre armée...
-J'aurais battu en retraite, et je serais revenu avec une armée plus grande ; seulement, j'y aurais laissé plus de droïdes...
-Je vois... Et puis-je vous demander pourquoi vous restez là à bavarder au lieu de donner l'ordre de nous tuer jusqu'au dernier?
-Parce que je respecte votre courage et votre sang-froid, et que j'ai une offre à vous faire : retournez dans votre vaisseau, rentrez sur Coruscant et expliquez au Conseil des Jedi que la situation sur la plate-forme Kaer était intenable et que vous avez dû vous replier ; mais laissez-moi finir la production. Je vous offre la vie sauve, pour vous, votre Padawan et vos hommes ; en échange, vous repartez et vous me laissez finir ma mission.
C'était tentant, Jor devait l'admettre. Depuis son arrivée ici, il voyait ses soldats massacrés, il avait peur pour son Padawan ; et bien sûr, il avait aussi peur pour lui-même. Une offre tentante, mais que Jor ne pouvait accepter ; il avait juré de défendre la République et ses citoyens, le Conseil des Jedi lui faisait confiance pour faire tout son possible pour mener à bien cette mission. Et il n'abandonnait jamais, ne serait-ce que par principe. C'était comme cela qu'il était devenu l'un des meilleurs Chevaliers Jedi de sa génération, c'était comme cela qu'il avait réussi tout ce qu'il avait réussi ; si cela devait aussi lui coûter la vie, ainsi soit-il. Mais il serait loyal à la République jusqu'au bout.
« Qu'est-ce que la Confédération a à y gagner, exactement? demanda Jor pour gagner du temps.
-J'imagine que la réponse est non, puisque vous essayez de gagner du temps (Jor grimaça ; Tann lisait vraiment en lui comme en une datacarte en mode lecture...)... Mais pour répondre à votre question, vous et vos hommes pourriez éliminer beaucoup de droïdes avant de mourir ; et j'estime qu'il serait plus bénéfique à la Confédération d'avoir plus de soldats que moins d'ennemis...
-Au final, c'est donc la Confédération qui y gagnerait?
-Au niveau des factions, oui. Mais vous pouvez aussi penser à la vie de vos hommes... Et à la votre, bien sûr.
-Je peux aussi penser à la vie de tous ceux qui mourront si la Confédération gagne ; me prenez-vous pour un lâche, un égoïste? Vous avez raison, je refuse votre offre, je refuse parce que je ne trahirais jamais la République.
-Loyal à la République jusqu'au bout, donc? Vous prenez-vous pour un héros d'holofilms?
-Je suis loyal à la République comme vous semblez l'être à la Confédération, alors n'essayez pas de me faire croire que vous trouvez mon attitude ridicule pour me pousser à accepter votre marché, car je suis sûr que si nos rôles étaient inversés, vous auriez exactement la même.
Sev'rance Tann sourit.
-En effet. Mais êtes-vous sûrs d'avoir bien compris la situation, ou espérez-vous encore réussir votre mission? Car j'ai ici largement assez de droïdes pour vous vaincre, vous n'avez aucune chance ; et si vous refusez, sachez que je ferais tout ce que je peux pour vous tuer, vous et vos hommes.
-Alors c'est ce que vous allez devoir faire, car je refuse.
-J'aurais essayé. Feu à volonté! »
La bataille fut tout simplement un massacre ; les soldats clones étaient coincés entre le marteau constitué par l'armée droïde qui les avait chassés du passage nord et l'enclume constitué par l'armée de Sev'rance Tann... Beaucoup d'entre eux, Jor n'aurait su dire combien exactement étant trop concentré sur sa propre survie, tombèrent dès le début de l'engagement. Mais c'était les soldats clones ; les survivants eurent tôt fait de se disperser pour augmenter leurs chances de survie face à l'artillerie lourde ennemie, et, comprenant que l'heure n'était plus à l'utilisation d'armes légères, lancèrent leurs détonateurs thermiques. Les droïdes étaient en formation très serrée ; une bonne centaine d'entre eux, dont quelques droïdes-araignées nains, furent anéantis par les puissantes explosions.
Jor dut se jeter sur le côté pour échapper de justesse à l'onde de choc d'un détonateur, puis il renvoya le tir d'un Super Droïde à son expéditeur. Il savait que son dernier espoir, pour lui comme pour Merasz et les clones, résidait dans la fuite ; aussi se servit-il de la Force pour renverser une douzaine de Super Droïdes qui se trouvaient entre lui et l'Acclamator. Il allait s'attaquer à un droïde-araignée pour poursuivre sa progression lorsqu'il vit que Sev'rance Tann se dirigeait droit vers Merasz... Ce fut plus fort que lui ; il savait que ce n'était pas raisonnable, mais à la pensée que son Padawan était en danger, il était incapable de continuer à se tailler un chemin vers l'Acclamator. Le cœur de la bataille était envahi par les tirs des soldats clones et des droïdes, il semblait n'y avoir pas un centimètre carré d'espace libre, replonger là-dedans tenait du suicide ; et pourtant, c'est ce que fit Jor Drakkas. Il ne lui était jamais sérieusement venu à l'esprit qu'il puisse perdre son Padawan, même lorsqu'il avait rencontré Echuu Shen-Jon ; mais à présent que lui venait la pensée que cela pouvait lui arriver à lui aussi, il mesurait combien elle lui était insupportable. Il fallut à Jor toute son habileté au sabre pour parvenir vivant jusqu'à son Padawan, mais il y parvint.
Lorsqu'il arriva, le combat avait déjà commencé. Jor eut l'impression qu'un sarlacc tentait d'attraper son cœur lorsqu'il vit la lame d'or de Tann frapper d'un coup rapide et serpentin vers le ventre de son Padawan ; jamais Merasz ne parviendrait à parer un tel coup... Et pourtant, si : avec une habilité exceptionnelle, surtout chez un Padawan, Merasz frappa brutalement vers le bas pour chasser la lame adverse... Qui n'était déjà plus là! Tann avait déjà retiré sa lame et frappait à nouveau, de haut en bas, cette fois ; Merasz n'eut cette fois pas le temps de réagir, mais Jor était là. Il bloqua la lame de Tann et l'attaqua d'un puissant coup de Djem So, tandis que son Padawan en faisait autant de l'autre côté ; Tann bloqua les deux coups à la fois en mettant son sabre à l'horizontale... Et, alors que les deux Jedi Twi'lek s'apprêtaient à retirer leurs lames pour frapper à nouveau, elle fit pivoter sa main pour transformer sa simple parade en un coup qui aurait égorgé Jor s'il ne s'était écarté in extremis.
Jor n'avait aucun doute à ce sujet, la Jedi Noire était bien l'excellente sabreuse qu'on lui avait décrite ; mais elle ne pouvaient espérer l'emporter contre deux Jedi à la fois, surtout contre Jor et Merasz. Alors que Merasz allait lui asséner l'un de ses puissants coups de Djem So qui faisaient l'orgueil de Jor, elle ordonna au droïde-araignée le plus proche d'ouvrir le feu sur les Jedi, qui durent se jeter à terre pour esquiver.
« Viens, ordonna Jor à Merasz, il faut que nous rejoignions l'Acclamator! »
Tann était toujours en vie, les Jedi avaient échoué dans leur mission, mais ce qui comptait avant tout pour Jor en cet instant, c'était que lui et son Padawan étaient toujours en vi e; laissant Tann loin derrière eux, les deux Jedi entreprirent de se frayer un chemin parmi les droïdes à coups de sabre-laser.
« Venez! » cria Jor à l'adresse des derniers soldats clones, qui s'engouffrèrent aussi vite que leur permettait la fatigue dans le passage ouvert par les Jedi.
Ils devaient s'échapper, ils devaient s'échapper à tous prix... Une quinzaine de Super Droïdes séparaient encore les Loyalistes de leur vaisseau... Jor et Merasz commencèrent à renvoyer leurs tirs...
« Tirez sur les réacteurs de leur vaisseau! ordonna Sev'rance à ses droïdes-araignées. Ils ne doivent pas s'échapper, la Confédération a déjà perdu trop de droïdes à cause d'eux! »
Les droïdes-araignées changèrent aussitôt de cible suivant ses ordres ; Jor sentit la peur le gagner : combien de temps les réacteurs du Croiseur Acclamator tiendraient-ils face au pilonnage intensif qu'ils subissaient? Il fallait vraiment qu'il quitte la plate-forme très vite...
Alors qu'il entreprenait de découper les derniers Super Droïdes devant lui, Jor regarda comment s'en tirait son Padawan : le jeune Twi'lek se débrouillait bien ; en dépit du grand nombre de tirs dirigés contre lui, il parvenait à tous les renvoyer, le plus souvent sur ses adversaires... Tous sauf un. En dépit de son habileté, après quelques minutes de ce tir, un éclair rouge parvint à se glisser sous sa lame... Et le frappa en plein ventre. Devant un Jor Drakkas horrifié, le Padawan tomba avec un cri de douleur.
Non, pas maintenant! Pensa Jor. Pas maintenant qu'il croyait Merasz tiré d'affaire! Pas maintenant qu'ils venaient d'échapper à une puissante Jedi Noire!
Se rendant à peine compte de ce qu'il faisait, Jor détruisit les derniers droïdes proches et souleva son Padawan à l'aide de la Force ; Merasz vivait encore, Jor le sentait dans la Force, mais pour combien de temps?
« Général, il faut y aller! » dit un soldat clone.
Jor reprit ses esprits ; s'ils voulaient quitter cet endroit, c'était maintenant ou jamais. Lui et les soldats clones rescapés embarquèrent aussitôt à bord du Croiseur, emportant Merasz ; la rampe était à peine refermée qu'ils coururent jusqu'au poste de pilotage.
« Combien de temps avant le décollage? s'informa-t-il auprès du clone qui avait pris le poste de pilote, sans être sûr de vouloir le savoir.
-Pas plus de deux minutes, si vous ne tenez pas trop à un départ en douceur.
-Et combien de temps les réacteurs tiendront-ils encore?
-Je n'en sais rien, mais pas longtemps! »
De toutes façons, Jor n'y pouvait rien ; et s'il lui restait une chance de sauver Merasz, il devait la saisir. Jor s'efforça de garder son Padawan en vie grâce à la Force, mais il était mourant; si seulement Jor avait su que ce jour viendrait, il aurait étudié les techniques de guérison Jedi avec bien plus d'attention...
Le sourd martèlement des tirs des droïdes-araignées résonnait dans le vaisseau, et Jor commençait à se dire que finalement, lui non plus ne reviendrait pas vivant de cette mission, lorsqu'enfin, le Croiseur décolla. Malgré tout, Jor avait réussi à survivre à cette mission désastreuse ; mais à quel prix? Pour la première fois depuis la fin de la bataille, Jor s'inquiéta du nombre de clones survivants ; ils étaient six. Un vingtième de leur effectif de départ, et la survie de ces six-là tenait déjà du miracle.

Sev'rance avait beau savoir sa mission accomplie, elle ne put s'empêcher de ressentir une pointe de déception en voyant le vaisseau Loyaliste s'élever au-dessus de la plate-forme ; non qu'elle prenne plaisir à tuer, mais elle avait dit à Drakkas qu'elle le tuerait s'il refusait le marché qu'elle lui avait généreusement proposé. Toutefois, ce Jor Drakkas semblait être un guerrier comparable à elle, un excellent sabreur et un bon tacticien doté d'un grand sens de l'honneur... Un jour, Sev'rance en était sûr, ils seraient amenés à se recroiser. La Galaxie était trop petite pour que cela n'arrive pas.
Elle se tourna vers le chef des Géonosiens.
« Continuez la production ; nous devrions avoir environ une semaine et demie devant nous avant que d'autres Loyalistes n'arrivent. Le Comte Dooku aura son armée, je m'y engage. »
Elle était curieuse de voir quel commandement et quelle mission le Comte Dooku lui confierait après cela...
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 8:39, modifié 1 fois.
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Messagepar pauju » Dim 17 Mai 2009 - 10:18   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

tu voulais un commentaire, en voila un:
pour le moment je n'ai lus que le premier chapitre,l'histoire est bien raconté etc, mais j'ai trouvé deux défauts:
1: le général grievous n'était pas encore général pendant la bataille de géonosis, je crois qu'il à juste éssayé de s'enfuir en tuant quelque jedi
2: les dialogues, sont trop littéraire, il faut les racoucir un peu et enlever les négation dans les scène de bataillle par exemple
mais je te remerci de me faire re-découvrir l'histoire, mon jeu étant rayé :( :( :(
Peu de personnes peuvent se vanter d'avoir rencontré un Chadra-fan psychopathe cannibale, mais croyez moi, encore moins peuvent se vanter d'en avoir vaincus un - Pauju Opa, contrebandier
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 17 Mai 2009 - 11:02   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

C'est gentil de passer^^

1: le général grievous n'était pas encore général pendant la bataille de géonosis, je crois qu'il à juste éssayé de s'enfuir en tuant quelque jedi


Ah, je l'ignorais... Je penserais à rectifier.
2: les dialogues, sont trop littéraire, il faut les racoucir un peu et enlever les négation dans les scène de bataillle par exemple

OK, je vais voir si je peux y faire quelque chose sans trop abîmer le scénario.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 05 Juil 2009 - 13:50   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Voici le Chapitre 4, constitué d'un nouveau flash-back sur le passé de Sev'rance... Bonne lecture (des fois que quelqu'un passe par ici^^)
Chapitre IV


An -27
Tentant désespérément d'ignorer la chaleur et la fatigue, Sev'rance se jeta sur le côté pour esquiver le coup de poignard de son adversaire ; le guerrier à l'armure blanche comme des ossements avait conscience qu'il était trop proche d'elle pour utiliser son fusil blaster. Profitant de sa surprise, Sev'rance se jeta sur lui pour un assaut désespéré ; le soldat en armure parvint à la repousser, mais Sev'rance avait réussi à lui faire lâcher son poignard. L'autre tenta de reprendre son fusil-blaster, mais Sev'rance s'était déjà glissé derrière lui ; elle le frappa à la gorge, l'une des rares failles de son armure. Le soldat ennemi s'effondra sur le sol aride de Tehirahs.
Son charric ayant été coupé en deux, Sev'rance reprit le fusil-blaster de son adversaire ; il n'avait pas la précision d'une arme Chiss, mais il faudrait faire avec. Sans perdre un dixième de seconde, Sev'rance commença à tirer sur l'un des quatorze autres soldats ennemis ; sa cible tenta de riposter, mais Sev'rance, mue par son étrange intuition, esquiva le coup sans problèmes ; après quatre impacts, le fusil-blaster de Sev'rance transperça l'armure blanche, et sa cible s'effondra. Sev'rance se choisit une autre cible. Dans cette étroite gorge, ancien cours d'eau, qui serpentait entre les montagnes de Tehirahs, neuf de ses camarades fantassins Chiss combattaient également les soldats en armure blanche ; des éclairs bleus jaillissaient de leurs charrics, auxquels répondaient les lasers ennemis. Les Chiss, qui avaient tendu une embuscade à leurs ennemis, étaient abrités derrière des rochers ; l'un d'eux fut tué, un autre grièvement blessé au cours d'un combat au corps-à-corps, mais les soldats en armure blanche finirent par tous tomber.
« Bravo, sergent, dit un soldat Chiss nommé Lat'oira'tann en s'approchant de Sev'rance. Vous en avez eu trois à vous seule. Mais comment saviez-vous qu'ils passeraient par cette gorge?
Sev'rance sourit pour montrer au soldat que cela n'avait pas grande importance.
-Appelez cela une intuition, sergent... De toutes façons, il fallait bien que nous choisissions l'une des trois gorges, surveiller les trois en même temps aurait été bien trop dangereux. »
Toirat hocha la tête. L'intuition était bien peu estimée chez les Chiss, trop rigoureux pour se contenter d'une méthode aussi hasardeuse, mais Toirat combattait aux côtés de Sev'rance depuis suffisamment longtemps pour se fier à tout ce à quoi Sev'rance se fierait, même son intuition.
Sev'rance se tourna vers les autres survivants de l'affrontement.
« Dépêchons-nous de rentrer à la base ; le Capitaine Daz'arde'nuruodo a bien des qualités, mais pas celle d'être clément avec les retardataires, même quand ils font bien leur travail. »
La petite troupe se mit en route. Sev'rance avait une fois de plus accompli la mission que ses supérieurs lui avaient confié, elle avait une fois de plus prouvé sa valeur ; et pourtant, elle n'était toujours qu'une simple sergent de l'infanterie Chiss, combattant au sol de Tehirahs plutôt que dans l'espace. Elle avait parfaitement conscience de ne devoir cela qu'à une succession d'injustices...

Même après l'arrestation de son oncle et de son grand-père, Sev'rance avait continué à travailler dur sur Helrah pour rejoindre la flotte Chiss ; sa nature rêveuse n'avait fait que s'amplifier après son départ pour une nouvelle vie qu'elle refusait sur Helrah, et elle s'était mise à passer de longs moments à imaginer une autre vie qu'elle espérait voir devenir réelle un jour, une vie où elle pourrait mettre ses talents au service de son peuple dans la flotte, une vie où elle combattrait encore et encore l'injustice dont elle était brutalement devenue consciente, une vie où elle n'aurait plus à craindre qui que ce soit... Mais il ne s'agissait plus vraiment de rêves comme lorsqu'elle était enfant, à présent, c'était devenu une obsession qui la dévorait jour et nuit ; adolescente, cela n'avait fait que dégrader sa sociabilité, elle était devenue moins bavarde que jamais, mais elle s'en apercevait à peine. Elle travaillait plus que jamais, s'efforçant de ne pas perdre espoir, perdue qu'elle se sentait sur Helrah. A quinze ans, toutefois, alors que l'intervention du directeur Hess'arga'nuruodo n'était plus qu'un lointain souvenir dans son esprit conscient et qu'elle ne pouvait plus ne pas s'habituer à Helrah, elle fut prise de lassitude ; la flotte Chiss, n'était-ce pas qu'un rêve d'enfant auquel elle s'accrochait par esprit de contradiction et qu'elle ferait mieux d'abandonner ? Pourquoi travaillait-elle autant, allant jusqu'à se couper de ses camarades ? Ne pouvait-elle pas, tout simplement, oublier le coup qu'elle avait subi ? Mais alors, elle fut en âge de s'intéresser à ce qui se passait dans les Régions Inconnues en-dehors des frontières de l'Ascendance Chiss, et elle y vit un reflet de plus de l'injustice qui l'avait-elle-même frappée, même au sein de l'Ascendance Chiss qui lui inspirait tant de respect ; guerres des Régions Inconnues, tyrannies, luttes de pouvoir absurdes entre les familles Chiss, tout cela participait d'une même logique de pouvoir arbitraire qui dévastait toute la Galaxie, elle-même n'en avait subi qu'un faible impact qui avait pourtant suffi à la marquer. Et même si son travail devint plus raisonnable, elle sut que non, elle ne pouvait pas ne pas faire de son mieux pour changer les choses. Quant à ses rêves de devenir un officier respecté au sein de la flotte pour prendre sa revanche sur la malédiction qui s'était abattue sur sa famille, si elle tenta de les tenir à distance considérant qu'il n'y avait là rien de noble, ils ne quittèrent jamais tout à fait son esprit, où ils s'étaient enfouis trop profondément.
Pourtant, tout ce qu'elle avait tenté pour obtenir cette place tant désirée au sein de la flotte Chiss avait été peine perdue. Le directeur de la DSFC avait, semblait-il, mis un point d'honneur à prévenir les recruteurs que Sev'rance, issue d'une Famille désormais considérée comme peu recommandable, avait tout d'une traitresse potentielle ; elle y voyait un rejet au nom de l'intérêt général du peuple Chiss et cela ne lui rendait pas l'injustice plus acceptable, on ne lui avait pas laissé le bénéfice du doute alors qu'elle avait provoqué la stupéfaction de ses professeurs en relevant un défi jugé insurmontable lancé par eux, à savoir dresser des bêtes sauvages nommées Yresilini et les entraîner comme des soldats. La soif de reconnaissance de Sev'rance n'avait alors fait que reprendre de plus belle, elle devait plus que jamais prouver qu'elle était capable de grandes choses, mais elle était cependant parvenue à contenir son sentiment d'injustice ; elle avait voulu garder espoir et mettre de côté son ressentiment personnel contre ceux qui se défiaient d'elle pour trouver un autre moyen de servir l'Ascendance Chiss de son mieux, et elle s'était tournée vers une carrière administrative, comme son père, espérant gérer les choses au mieux pour améliorer la vie au sein de la société Chiss. Mais là encore, la méfiance était de mise ; il n'était pas question de laisser la nièce de Sev'orga'nuruodo approcher de la moindre parcelle de pouvoir... Sev'rance n'avait réussi à obtenir que des postes administratifs mineurs, en dépit de ses compétences en économie et d'une motivation réelle. Refusant son échec, se contraignant à ne pas trop en vouloir à sa hiérarchie, elle poursuivit sa carrière de son mieux, travaillant avec dévouement le jour et désespérant de parvenir à quoi que ce soit dès que le soir était venu. Elle passait alors de longues heures à appréhender son avenir sans éclat, à se demander si sa vie avait bien un sens, à chercher où elle-même avait commis une erreur qui l'empêchait d'accéder à ce qu'elle désirait ; ce n'était que lorsqu'elle avait passé tant de temps à ressasser ses noires pensées qu'elle ne distinguait plus la lumière des ténèbres que le sommeil acceptait de l'emporter.
Lorsqu'une expédition sur une planète baptisée Farza, du nom de l'exploratrice Chiss qui l'avait découverte, rapporta avoir été attaquée sans la moindre provocation et malgré des tentatives de négociations par de mystérieux guerriers portant des armures à l'aspect osseux, l'Ascendance Chiss était entrée dans une nouvelle guerre. Les Chiss n'attaquaient jamais sans provocation, c'était leur règle la plus stricte ; mais lorsqu'ils en arrivaient à la guerre, ils se transformaient très vite en guerriers implacables. Toutefois, l'ennemi, que le Haut Commandement baptisa « Kryshzla » d'après le mot Chiss « Kryzl » qui signifiait « ossements », se révéla plus redoutable que prévu ; commandés par un mystérieux « Seigneur Heckara », ces guerriers avaient déjà entrepris la conquête de plusieurs mondes voisins et réduisaient en esclavage des peuples peu avancés technologiquement. En dépit de la conquête de Farza, le Haut Commandement Chiss avait besoin d'investir plus de forces dans la guerre, sans quoi il risquait l'enlisement ; il fut donc décidé de recruter des fantassins en masse. Lasse d'un an de carrière administrative sans espoir, Sev'rance, avait saisi cette occasion de rejoindre l'armée, sachant que la méfiance ne serait pas de mise pour recruter de simples soldats terrestres ; c'est ainsi que Sev'rance fut envoyée sur Tehirahs, planète principalement composée d'arides déserts rocheux ainsi que de montagnes escarpées pour le continent le plus important.
Les Chiss étaient un peuple pacifistes, et Sev'rance l'était en arrivant sur Tehirahs au moins autant que ses congénères ; même alors qu'elle savait que c'était les Kryshzlas qui avaient déclenché la guerre, même alors qu'elle pensait que la guerre était nécessaire, la confrontation avec sa réalité fut un choc pour elle. La première fois qu'elle fut responsable de la mort d'un combattant ennemi, elle passa des jours à remettre en cause sa participation à la guerre et à se maudire elle-même d'avoir pris la décision de tuer un être pensant comme elle simplement parce qu'elle était convaincue que c'était la meilleure chose à faire ; elle songea qu'elle contribuait finalement à l'injustice et au malheur qui accablaient l'univers, à cela même qu'elle voulait combattre. Puis il y eut l'autre moment dramatique de sa vie de jeune soldat, celui où elle commença à perdre ceux qui combattaient avec elle ; ce fut cela qui la décida à considérer qu'elle n'avait pas le choix, au-delà des intérêts lointains de l'Ascendance Chiss. Elle fit le deuil de l'idée qu'elle pouvait traverser l'existence sans rien avoir à se reprocher, elle commença à accepter l'idée que ce qu'elle faisait était peut-être mauvais ; mais elle fut plus certaine que jamais qu'en dépit du risque qu'elle n'ait fait que détruire des vies en vain, il fallait qu'elle agisse pour ce qu'elle croyait être juste, défendre l'Ascendance Chiss. Jamais tuer ne la laissa indifférente pour autant, et voir tomber ses camarades encore moins ; mais plutôt que de s'en vouloir de participer à la guerre, elle se mit à en vouloir à ceux qui la rendait nécessaire, et cela ne faisait qu'accroître sa détermination à agir, d'une façon ou d'une autre, pour lutter contre cela, même sans résultat.
Après des années à subir le mépris et la méfiance des autres Chiss sous prétexte que la loyauté de sa Famille était sujette à caution, Sev'rance fut agréablement surprise de découvrir la solidarité qui liait les fantassins Chiss ; elle n'était plus une Sev, elle était leur égale. Il semblait aller de soi pour tout le monde qu'elle n'abandonnerait jamais l'un de ses compagnons d'armes et que jamais l'un de ses compagnons d'armes ne l'abandonnerait. Personne ne mettait en doute la loyauté et le désintéressement d'une personne assez dévouée à l'Ascendance pour combattre en tant que simple fantassin quand il lui aurait été si facile de poursuivre sa carrière administrative ; car malgré tout ce qu'elle avait subi, Sev'rance restait parfaitement loyale à son peuple. En fait, la paranoïa dont on faisait preuve à son égard avait paradoxalement renforcé sa loyauté ; elle voulait par-dessus tout prouver que cette méfiance était injustifiée. Combattant avec courage et toujours aidée par sa mystérieuse intuition, Sev'rance s'était hissée au grade de sergent après six mois de combat ; l'embuscade qu'elle avait tendue aux Kryshzla dans cette gorge constituait sa troisième bataille à ce grade. Elle aurait bientôt vingt-deux ans ; cela faisait presque dix ans que sa famille avait été déchue...
Les neuf Familles Régnantes qui dirigeaient l'Ascendance Chiss avaient coutume d'adopter de nombreux Chiss issus de lignées mineures comme les Sev, qui étaient alors liés à ces familles bien qu'ils n'y soient pas nés ; le nom de la famille d'adoption d'un Chiss constituait la troisième partie de son nom. Sev'rance avait été adoptée par la Famille Tann ; théoriquement, son nom complet aurait donc dû s'écrire Sev'rance'tann, et son diminutif aurait dû être Vranceta. Toutefois, Sev'rance refusait de se considérer comme une Tann ; parce que l'on s'acharnait tant sur sa famille, Sev'rance resterait loyale jusqu'au bout aux Sev. Son allégeance à la Famille Tann n'était pour elle qu'un détail d'ordre administratif, aussi Sev'rance écrivait-elle son nom «Sev'rance Tann » et persistait-elle à employer « Sev'rance » comme diminutif.
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Sam 25 Juin 2011 - 16:19, modifié 2 fois.
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Messagepar Darkliser » Dim 05 Juil 2009 - 16:00   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

J'ai lu le premier chapitre :)

Je l'ai assez apprécié, tout est bien décrit et je me représente bien les scènes dans la tête. Je lirais peut-être la suite prochainement.

Quelques remarques cependant :
_ C'est Makashi et non Makatchi
_ Grievous n'est pas encore général à cette époque
_ N'utilises pas "extraterrestre" mais alien à la place car la Terre n'existe pas dans SW
_ Essaye de raccourcir les phrases au maximum dans la mesure du possible

Voilà c'est à peu près tout. Si tu as le temps je t'invite à venir lire ma FF Le Mystère de la Force
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 05 Juil 2009 - 16:11   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Je l'ai assez apprécié, tout est bien décrit et je me représente bien les scènes dans la tête. Je lirais peut-être la suite prochainement.


Merci :)

C'est Makashi et non Makatchi


Grievous n'est pas encore général à cette époque


Décidément, il faut que je pense à rectifier...

N'utilises pas "extraterrestre" mais alien à la place car la Terre n'existe pas dans SW


En effet... Je crois que le mieux, ce serait encore "non-humain", plus Français, mais "extraterrestre" est employé si souvent dans l'UE qu'il m'arrive de l'utiliser moi-même...
Essaye de raccourcir les phrases au maximum dans la mesure du possible


C'est vrai que depuis la fin de En Chute Libre dans les Ténèbres, mes phrases battent des records de longueur^^ Je vais essayer d'arrêter d'en abuser^^

Voilà c'est à peu près tout. Si tu as le temps je t'invite à venir lire ma FF Le Mystère de la Force


Le bac est fini, je penserais à y faire un tour :)

Edit: Heu, "erreur générale" quand j'essaye de rectifier...? :?
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Lun 20 Juil 2009 - 11:16   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Il s'avère que le cinquième chapitre est particulièrement long... Pour ne pas décourager les lecteurs éventuels, je vais donc l'envoyer en deux fois, mais il s'agit cependant du même chapitre. Voici donc la première partie. maintenant, je fais une pause que je vais mettre à profit pour lire mes collègues...

Chapitre V


Après une mission si éprouvante, revenir sur Coruscant sembla presque irréel à Jor ; Coruscant, c'était le Temple Jedi, la planète où il avait grandi, celle où il se sentait le plus en sécurité. Il lui semblait inconcevable qu'en l'espace de quelques jours de voyage en hyperespace il puisse passer des combats acharnés de la plate-forme Kaer à la paix et la sécurité du cœur de la République... C'était comme si cette mission n'avait été qu'un mauvais rêve... Mais ce n'était qu'une illusion, bien sûr ; pour Jor, les choses ne seraient plus jamais comme avant cette mission.
« Heureux je suis de voir que survécu vous avez, Général Drakkas, l'accueillit Yoda lorsque le Chevalier Jedi Twi'lek fut descendu du croiseur Acclamator, ou plutôt de ce qu'il en restait. Qu'en est-il de votre Padawan?
Il fallut quelques secondes à Jor pour répondre.
-Merasz n'a pas survécu à ses blessures ; j'ai fait tout mon possible pour le soigner, mais il est mort pendant le voyage en hyperespace. Et il ne me reste que six soldats clones...
-Oui, votre rapport j'ai bien lu. Désolé je suis, Général Drakkas ; un bon Chevalier Jedi Merasz aurait fait...
Cela, Jor n'en doutait pas, surtout après avoir vu le Padawan parer les assauts de la Jedi Noire... Alors que les deux Jedi se dirigeaient vers le Temple, Yoda reprit la parole.
-Étant donné les circonstances, qu'il vous faille un peu de temps avant d'accepter une nouvelle mission, je comprendrais très bien, Général Drakkas. La formation d'un autre Padawan, souhaitez-vous commencez ?
Jor pensa aussitôt à Echuu Shen-Jon, qui devait à présent être en mission quelque part avec sa nouvelle Padawan ; il comprenait maintenant ce que le Maître Jedi ressentait... Mais lui ne se sentait pas prêt à reprendre un Padawan. Pas alors que la Galaxie entière était déchirée par la guerre entre la République et la Confédération, pas alors qu'il se remettait à peine de la mort de Merasz.
-Non, Maître Yoda. Plus tard, peut-être ; mais pour l'heure, vous allez avoir besoin de tous les Jedi disponibles... Donnez-moi une nouvelle mission, Maître. J'ai échoué sur la plate-forme Kaer, je veux une nouvelle chance de servir la République.
-Comme vous voudrez. Votre échec, vous n'avez pas à vous reprocher, Général Drakkas, je sais que vous avez fait tout votre possible. Les Séparatistes étaient plus nombreux, mieux préparés, et il semble que l'une des meilleures commandantes de Dooku vous ayez eu à affronter... Si votre rapport j'ai bien lu, elle vous a dit se nommer Sev'rance Tann...
-Oui. Elle a également ajouté que cette information ne nous servirait à rien...
-Sur ce point, menti elle ne vous a pas! Le directeur des services de renseignements, rien sur elle n'a pu trouver. Même du peuple auquel elle appartient, sûrs nous ne sommes pas.
Jor se sentit brusquement très intrigué. Il n'avait jamais eu confiance en Armand Isard, cet homme était parvenu à son poste en se montrant aussi ambitieux que dépourvu de scrupules. Mais Isard était aussi très loyal envers le Chancelier Palpatine, ayant bien senti que celui-ci dominerait la vie politique de la République encore longtemps ; de plus, il haïssait les non-humains, dont la Confédération était essentiellement composée. S'il n'avait trouvé aucune information sur Sev'rance Tann, c'était qu'il n'en existait aucune.
-Rare, cette absence totale d'informations est, reprit Yoda. Mais pas exceptionnelle. Des planètes, recensées sont parfois bien qu'on ait qu'une très vague idée des populations qui y vivent...
-Et elle pourrait aussi venir des Régions Inconnues... Encore que dans ce cas, je ne vois pas ce qu'elle ferait au sein de la Confédération.
-En effet. Très mystérieux, cela est.
-Quoi qu'il en soit, j'irais où vous me l'ordonnerez, Maître Yoda. Ma peine pour la mort de Merasz ne m'empêchera pas de servir la République ; exceptée ma propre mort, rien dans cette Galaxie n'y parviendrait. »
Entrant dans le Temple, Jor songea que Sev'rance Tann semblait avoir un dévouement semblable pour la Confédération ; Jor n'avait eu qu'une brève conversation avec elle, mais cette mystérieuse Jedi Noire lui avait paru aussi différente que possible des autres leaders Séparatistes. En fait, si elle ressemblait à quelqu'un, c'était plutôt à lui... Qu'est-ce qui pouvait bien la pousser à travailler pour le Comte Dooku? Étant donné l'intelligence dont elle avait fait preuve, il était exclu qu'elle soit simplement naïve... Quoi qu'il en fut, elle était dangereuse, très dangereuse. Jor se demanda où elle pouvait bien se trouver à présent, et de quelle nouvelle mission la chargerait le Comte Dooku...

Alors qu'elle s'avançait dans l'étroit couloir ménagé dans la roche, Sev'rance Tann ne put s'empêcher d'admirer la beauté exceptionnelle des lieux. Située à proximité de Bakura, cette planète se nommait Pashzra ; la température trop élevée de la surface avait contraint les habitants, des colons venus de Layssrat, à s'installer dans le dédale d'immenses et majestueuses cavernes qui s'étendait au-dessous... La salle où serpentait le couloir sur lequel marchait Sev'rance était longue de près d'un kilomètre et haute de plusieurs centaines de mètres. Plus ancienne que la République et l'Ascendance Chiss, voir plus ancienne que toutes les civilisations modernes, elle était décorée de stalactites monumentales auxquelles la faible lueur venue des installations Layssriennes conférait un aspect étrange et mystérieux. Même les cavernes qu'elle avait pu visiter sur Tehirahs n'étaient pas aussi belles. Face à un tel spectacle, Sev'rance se sentait... remise à sa place. Devant tant de majesté, il lui semblait que les êtres pensants et leurs inventions étaient éphémères et sans importance ; la guerre que se livraient la République et la Confédération devenait absurde, et le besoin que Sev'rance avait de s'élever dans la hiérarchie et prouver sa valeur aussi... Mais ce n'était qu'une illusion, bien sûr. Il suffirait qu'un commandant Séparatiste ou Loyaliste ordonne la destruction de cette salle, et elle serait détruite sans la moindre difficulté ; qu'une entreprise voit une chance d'augmenter ses bénéfices en détruisant les cavernes de Pashzra, et elle le ferait sans le moindre scrupule.
Grievous, Nute Gunray et les autres ne voyaient pas la majestueuse beauté de ce lieu, bien sûr ; tout ce qui les avaient intéressés en établissant une base sur cette planète, c'était le fait que ce dédale de cavernes rendait la planète facilement défendable. Le lieu idéal, donc, pour organiser la rencontre entre le Comte Dooku et Sev'rance Tann et remettre à cette dernière sa nouvelle armée.
Sev'rance rejoignit Dooku dans le quartier général des forces Séparatistes locales, à l'est de la gigantesque salle. Lui qui aimait tant la grandeur devait se sentir comme chez lui en ce lieu... Il sourit en la voyant entrer.
« Soyez la bienvenue sur Pashzra, Général Tann. Et permettez-moi de vous féliciter pour votre travail sur la plate-forme Kaer, bien peu de mes officiers auraient aussi bien géré la situation ; les droïdes que vous avez produits me seront sûrement très utiles.
Sev'rance n'apprécia pas l'usage de la première personne dans cette dernière déclaration, mais elle n'en laissa rien paraître ; elle servait la Confédération, et la Confédération, c'était le Comte Dooku, pour l'heure.
-Cependant, reprit Dooku, le Général Jedi et quelques-uns de ses clones vous ont échappés. Vous m'avez dit que c'était Jor Drakkas?
-C'est ce qu'il m'a dit, en tous cas. Il m'a donné l'impression d'être un officier compétent ; il est parfaitement loyal à la République et ne perd pas facilement son sang-froid. Lui et son Padawan sont également bien entraînés au combat au sabre-laser ; ceci dit, j'ignore si son Padawan est toujours en vie, il était grièvement blessé quand les Loyalistes se sont enfuis...
-Leur survie n'est pas si grave. Drakkas est l'un des meilleurs Chevaliers de l'Ordre Jedi, mais ce n'est pas un maître, et il n'a jamais été qu'un pion de la République... A présent, j'ai une nouvelle mission pour vous, qui pourrait s'avérer capitale ; en fait, il se pourrait bien qu'elle soit le premier acte de la défaite de la République...
Ces dernières paroles firent brusquement bouillir d'impatience Sev'rance ; la beauté des lieux n'existait plus comparée à la possibilité de prendre plus d'importance au sein de la Confédération...
-...Toutefois, malgré l'importance possible de cette mission, je ne peux vous confier qu'un nombre de troupes limitées ; pour l'heure, il n'y a rien de concret. Je sais seulement par mes services de renseignements que le criminel Hutt Boorka, chef actuel du clan Besadii, détiendrait des informations sur une arme d'un type nouveau qui pourrait renverser le cours de la guerre. On ne se méfie jamais assez des Hutt, aussi c'est vous que j'envoie négocier avec Boorka sur Tatooine, une planète de la Bordure Extérieure qu'il dispute au clan rival des Desilijik ; s'il accepte de vous livrer ces informations, c'est vous qui serez chargée de vous emparer de cette arme, puis de vous en servir contre une planète vitale pour la République... Vous devrez surtout prendre garde à ce que personne au sein de la République ne comprenne ce que nous préparons ; personne qui survive, du moins. Cette mission pourrait donc être assez délicate, mais je pense pouvoir compter sur vous, Général Tann ; Grievous n'est pas d'accord avec moi là-dessus, mais ce n'est pas à lui d'en décider.
-Je ferais selon vos ordres, Comte Dooku. Ne serais-je entourée que de droïdes pour cette mission, ou aurais-je également des êtres vivants pour me seconder? Si je meure, les droïdes ne seront cette fois pas assez autonomes pour continuer la mission seuls...
-En effet, il vous faudra un lieutenant, et je pense avoir trouvé quelqu'un qui fera l'affaire. Entrez, M. Kadraa. »
La porte opposée à celle par laquelle Sev'rance était entrée s'ouvrit pour laisser passer un homme portant une armure d'un rouge très sombre avec des bordures d'un bleu tout aussi sombre; sa tête était couverte d'un casque à la visière en forme de « T ». Paradoxalement, son apparence faisait justement penser à celle d'un droïde, mais tout dans sa façon de se mouvoir souple et rapide ainsi que dans son attitude volontairement intimidante démentait cette allure. Sev'rance, qui s'attendait à un simple officier recruté dans les rangs de la Fédération du Commerce, fut très surprise même si, comme toujours, elle n'en laissa rien paraître. Elle trouva assez déstabilisant de ne pas pouvoir lire l'expression de Kadraa, le visage de celui-ci étant masqué par son casque.
« Général Tann, commença Dooku, je vous présente Gorlan Kadraa, mercenaire Mandalorien qui vous secondera pour cette mission et portera le grade de colonel tant qu'il servira la Confédération. 
-Très bien... Avez-vous beaucoup d'expérience, Colonel Kadraa?
-Pas dans un conflit majeur, mais j'ai passé quelques années à travailler pour les seigneurs du crime Hutt, dans la Bordure Extérieure, répondit Kadraa, la voix filtrée par son casque. C'est moi qui commandait le groupe qui a assassiné Zagda le Rodien et ses lieutenants ; j'ai aussi combattu pendant la répression d'Ürdouroor, entre autres.
Sev'rance, qui avait grandi dans les Régions Inconnues, ne savait pas à quoi il faisait référence, mais elle supposa qu'il s'agissait de simples règlements de compte entre organisations criminelles ou d'opérations menées contre la police.
-Comme vous, expliqua le Comte Dooku, le Colonel Kadraa débute sa carrière et n'a pas encore eu le temps de se faire un nom au-delà de la Bordure Extérieure ; mais comme vous, je pense qu'il a un bel avenir devant lui. Les Mandaloriens sont un peuple de grands guerriers, et le Colonel Kadraa est sans nul doute l'un des meilleurs d'entre eux. Je suis sûr que vous ferez du bon travail ensemble. »

Après avoir lu le rapport de Jor Drakkas, il était évident pour le Conseil des Jedi que Sev'rance Tann était une Jedi Noire et une tacticienne extrêmement dangereuse, d'autant que plusieurs Maîtres Jedi l'avaient vu tuer Stam Reath sur Geonosis ; il était urgent de savoir où l'enverrait le Comte Dooku pour mettre un terme à ses exploits. Par conséquent, ce fut un grand soulagement pour les membres du Conseil lorsque le directeur des Services de Renseignements de la République, Armand Isard, envoya l'un de ses agents leur annoncer que le Général Tann avait peut-être été aperçue sur Pashzra.
« Notre agent là-bas est donc certain d'avoir vu une femme correspondant à la description du Général Tann dans les environs d'installations Séparatistes. Il semble que sa visite ait été brève, elle a été vue quelques heures plus tard à proximité de vaisseaux chargés de droïdes de combat qui ont quitté la planète peu après ; elle était alors en compagnie d'un homme en armure Mandalorienne dont nous ignorons encore l'identité, acheva l'agent des renseignements, une jeune femme aux cheveux d'un noir de jais et aux étranges yeux verrons.
Il était clair que Isard pouvait avoir confiance en elle pour ne pas laisser filtrer d'informations, c'était sa fille Ysanne ; le ton hautain sur lequel elle s'adressait au Conseil et son expression suffisante laissaient penser qu'elle était déjà aussi arrogante et méprisante envers les non-humains que son père.
-Elle serait venu sur Pashzra prendre possession d'une nouvelle armée? conclut Shaak Ti. Avons-nous une idée de leur destination?
-La visite de Tann sur Pashzra a été trop longue pour qu'elle soit venue simplement prendre le commandement de nouvelles troupes, reprit Ysanne Isard. Il est plus probable qu'elle y ait également rencontré un autre dirigeant Séparatiste, qui devait lui transmettre des informations trop précieuses pour passer par l'Holonet Séparatiste... Bien que rien ne le prouve, étant donné le haut niveau de sécurité de Pashzra, nous estimons tout à fait vraisemblable qu'il s'agisse du Comte Dooku en personne.
-Il a dû confier une mission particulièrement importante à Tann, en déduisit Mace Windu. Votre agent sur place n'a pas pu découvrir la destination de cette flotte à bord de laquelle elle aurait embarqué?
-Non. En revanche, nos agents sur Bpfassh nous ont confirmé que des vaisseaux correspondant à la description de ceux à bord desquels voyage probablement Sev'rance Tann sont passés par leur système. Si nous partons du principe que Tann est bien à bord de ces vaisseaux et que ce sont les mêmes qui sont passés par Bpfassh, il y a trois possibilités : Tann a pu continuer vers Arkania pour se rapprocher de la route Perlemienne, prendre la direction de l'Hégémonie Ciutrique ou de la Bordure Extérieure...
-Je vois mal Dooku envoyant l'un de ses meilleurs Généraux dans la Bordure, commenta Plo Koon. En revanche, il lui serait très utile de s'ouvrir un chemin vers la route Perlemienne ou de s'emparer de l'Hégémonie Ciutrique... Laquelle de ces deux possibilités est-elle la plus probable, d'après le commandement de la flotte?
Ysanne Isard eut un sourire suffisant.
-En fait, nous avons une troisième information qui semble confirmer le reste et permet de trancher par le même occasion : les troupes Séparatistes de Corvis Major attendent des renforts et un nouveau commandant... Tout concorde ; Dooku envoie Tann conquérir l'Hégémonie Ciutrique.
-C'est la conclusion qui saute aux yeux, en effet, approuva Plo Koon. Vous féliciterez votre père et le reste de la direction des Renseignements ; ils ont fait un travail admirable en rassemblant et en recoupant tant d'informations.
-Il reste tout de même un élément qui ne colle pas, intervint Mace Windu. Pourquoi Dooku a-t-il voulu rencontrer Sev'rance Tann en personne si c'était simplement pour lui ordonner d'attaquer l'hégémonie Ciutrique? Cette information n'était pas précieuse à ce point...
Agen Kolar devança Isard, irritant cette dernière.
-N'oublions pas que la présence du comte Dooku ou d'un autre dirigeant Séparatiste sur Pashzra est purement hypothétique...
-... Comme tout le reste, contra Windu. Pour ce que nous en savons, Tann n'a peut-être jamais vraiment embarqué sur ces vaisseaux et pourrait aussi bien se trouver toujours sur Pashzra....
-L'envoi de Tann sur Corvis Major n'en reste pas moins une hypothèse qui expliquerait tout le reste, coupa Isard d'un ton tranchant. Seule la rencontre supposée entre Tann et un autre dirigeant Séparatiste ne cadre pas ; c'est donc que cette rencontre n'a jamais eu lieu. Tann devait avoir une raison que nous ignorons de s'attarder sur Pashzra.
Plo Koon prit la parole.
-De toutes façons, si Tann a vraiment rencontré Dooku et n'est pas en route pour l'Hégémonie Ciutrique, alors nous n'avons pas la moindre idée de l'endroit où elle se trouve ; autant partir du principe que notre hypothèse est juste, non?
-C'est vrai, céda Windu.
-A présent, Maîtres (Isard prononça ce mot d'un ton qui indiquait sans ambiguïté ce qu'elle pensait des Maîtres Jedi), veuillez m'excuser, je suis attendue ailleurs... »
La jeune femme prit congé du Conseil des Jedi.
« La digne fille d'Armand Isard, remarqua sèchement Agen Kolar.
Adi Gallia sourit d'un air sarcastique.
-C'est vrai que ces deux-là ne font rien pour se rendre sympathiques... Mais il faut avouer qu'ils ont fait de l'excellent travail, c'est à croire qu'ils ont des espions sur toutes les planètes de la Confédération... Bon, je crois que nous sommes tous d'accord à ce sujet : il faut envoyer quelqu'un sur Ciutric qui puisse venir à bout de Tann... Vous avez quelqu'un en tête, Maître Yoda?
-Possible, cela est. Pour vaincre Sev'rance Tann, un Chevalier Jedi puissant, courageux, intelligent et expérimenté il faudra ; quelqu'un qui aurait déjà été confronté à Sev'rance Tann et ait survécu. Quelqu'un comme Jor Drakkas... »

Gorlan Kadraa prit le temps d'enfiler son casque de guerrier Mandalorien pour masquer son visage, celui d'un jeune homme d'environ vingt-cinq ans aux cheveux blonds coupés courts, avant de rejoindre le pont de commandement de la Suprématie lorsque l'alarme lui signala que cette Frégate Munificent à bord de laquelle il voyageait en compagnie du Général Tann était sortie de l'hyperespace.
« Nous sommes arrivés à proximité de Tatooine, Colonel Kadraa, lui annonça Tann en le voyant entrer. Les droïdes qui nous accompagnent sont déjà en train de rejoindre leurs transports ; mais vous, restez avec moi tant que nous ne serons pas sûrs qu'il n'y a pas de présence Loyaliste dans les environs.
-A vos ordres, répondit Gorlan à contrecœur.
Lorsqu'il avait accepté de travailler pour la Confédération des Systèmes Indépendants, il s'était attendu à se retrouver sous les ordres d'un imbécile de la Fédération du Commerce ou d'un guerrier renommé mais à la santé mentale douteuse comme Grievous ou Durge ; il avait donc été très surpris de découvrir à quel point le Général Tann pouvait être éloignée de ces deux archétypes. Mais même après une semaine de voyage avec elle, il n'aurait su dire si c'était préférable ou non.
D'un côté, Tann faisait preuve d'une intelligence et d'un courage que Gorlan ne pouvait qu'admirer. Il se souvenait parfaitement avoir douté de sa compétence lorsqu'elle avait pris la décision de faire un détour par le système de Bpfassh, ce qui augmentait considérablement les risques qu'ils soient repérés par des espions Loyalistes ; mais en réalité, elle avait une raison parfaitement valable.
« La dernière chose que nous voulons, avait-elle expliqué, c'est bien que les Loyalistes s'intéressent à nos opérations pour localiser une éventuelle arme secrète ; or, ils auront des soupçons si nous disparaissons purement et simplement... Il faut donc les lancer sur une fausse piste pour qu'ils s'imaginent nous avoir trouvé. L'Amiral Tonith doit justement prendre prochainement le commandement des forces Séparatistes de l'Hégémonie Ciutrique ; Bpfassh étant un point de saut tout à fait crédible vers Corvis Major, les services de renseignements ennemis pourraient être tentés de faire le lien et de prendre l'Amiral Tonith pour moi... A la guerre, les coïncidences peuvent être utiles, surtout quand on les créé soi-mêmes...
-Vous supposez donc que les services de renseignements Loyalistes savent que les forces de Corvis Major attendent un nouveau commandant et que nous sommes passés par Bpfassh?
-Même s'ils ne détiennent qu'une seule de ces deux informations, ma ruse pourrait fonctionner ; et sinon, nous aurons simplement perdu un peu de temps... »
Mais si Tann était certainement une commandante plus que compétente, elle faisait également preuve d'un rare dévouement envers la Confédération ; Gorlan l'avait plusieurs fois prise à s'entraîner ou à mettre au point des stratégies possibles à des heures extrêmement tardives. Le problème, c'était qu'elle semblait attendre le même dévouement de Gorlan et de l'équipage de la Suprématie ; elle faisait souvent preuve d'une exigence et d'une volonté de tout contrôler elle-même qui agaçait sérieusement le mercenaire Mandalorien, d'autant plus qu'il n'avait pas l'habitude d'être sous les ordres d'une femme...
Ceci dit, Tann savait aussi écouter ses subordonnés, comme elle l'avait montré en demandant l'avis de Gorlan à plusieurs reprises sur les forces dont pouvaient disposer les Hutt ; elle avait conscience que le mercenaire Mandalorien en savait plus long qu'elle à ce sujet. Cette qualité était assez rare chez les officiers pour que Gorlan sache l'apprécier.
Le Capitaine de la Suprématie, un Bothan nommé Shray'lya, prit la parole:
« Nous ne repérons aucun vaisseau de guerre Loyaliste dans le système de Tatooine, Général Tann; toutefois, il est difficile de dire s'il y a ou non une base terrestre, étant donné que nous ignorons tout des installations des contrebandiers...
-Peu importe, intervint Gorlan, même si les Loyalistes ont installé une base terrestre, il faudrait vraiment une malchance incroyable pour qu'elle soit sur le chemin du palais de Boorka le Hutt! On l'oublie souvent, à l'époque des voyages hyperspatiaux, mais une planète, c'est grand....
Tann, qui n'appréciait que très moyennement que ses subordonnés prennent ainsi la parole sans qu'elle le leur eut demandé, le foudroya du regard ; mais elle ne semblait pas en désaccord avec lui.
-Très bien, dans ce cas, nous pouvons débarquer... dit-elle finalement. Mais que les Loyalistes soient présents ou non, soyons prudents : les Hutt et leurs hommes de mains ne sont peut-être ni nombreux ni bien armés, mais cela fait des millénaires que leur seule occupation est de se battre pour l'argent... »

« Général Drakkas, nous serons sortis de l'hyperespace dans quelques heures, informa le commandant du Destroyer Stellaire Victoire, le Vice-Amiral Wyrd Ashen.
-Parfait, répondit Jor. Dîtes aux pilotes des chasseurs de se préparer à décoller dès que nous serons entrés dans le système Ciutric ; je sens qu'il se passe quelque chose d'anormal, et on est jamais trop prudents...
-Comme vous voudrez, Général. »
Manifestement, l'officier faisait confiance aux pouvoirs des Jedi, même s'il en savait probablement peu sur eux ; mais en l'occurrence, il avait parfaitement raison. Jor en était sûr, il se tramait quelque chose d'étrange sur Ciutric... Ce qui n'avait rien d'étonnant si Sev'rance Tann s'y trouvait réellement.
Dans ce cas, cette mission serait tout aussi périlleuse que la précédente, sinon plus, malgré les douze Destroyers Victoire et les quinze cuirassés Carrack placés sous le commandement de Jor, malgré les cinq cent soldats clones qui l'accompagnaient et malgré les défenses de Ciutric qu'il rejoignait...
Mais cette mission était également singulière par d'autres aspects ; Jor eut un pincement au cœur en songeant que ce serait la première qu'il accomplirait sans Merasz depuis presque sept ans...
Ce qui était plus réjouissant, c'était que c'était aussi la première fois que le Conseil lui faisait à ce point confiance : Maître Yoda avait été clair, peu importait où il trouverait Sev'rance Tann, il avait toutes latitudes pour y réquisitionner les forces de la République... Cependant, la confiance que le Conseil plaçait en lui impliquait également que Jor se devait plus que jamais de réussir...
Dans la verrière du pont de commandement du Résolu, Jor vit le flou de l'hyperespace céder la place à de longues lignes bleues qui se replièrent sur elle-même pour devenir les étoiles, et la planète Ciutric apparut... Ainsi qu'un vaisseau de classe Lucrehulk aux gigantesques bras-hangars, entouré d'un essaim de chasseurs-vautours. Les épaves enflammées de vaisseaux portant les insignes de la République qu'apercevait Jor à côté indiquaient que le vaisseau de guerre Séparatiste n'était pas là pour plaisanter.
Jor réagit aussitôt.
«Chasseurs, préparez-vous à intercepter tout chasseur-vautour qui s'approcherait de nous, mais n'attaquez pas si on ne vous demande rien ; senseurs, qu'y-a-t-il d'autre dans le système?
Ce fut un sous-officier Calamarien qui répondit:
-Nous détectons deux autres Lucrehulk et sept Destroyers Stellaires de classe Recusant pour ce qui est des forces Séparatistes ; seuls deux Cuirassés Rendilis sont encore en état défendre Ciutric contre eux, à part nous...
-Dois-je donner l'ordre d'attaquer le Lucrehulk, Général? demanda Ashen. Ce sera peut-être un peu juste, mais nous pourrions l'emporter...
-Non, attendez... Le commandant Séparatiste doit être assez troublé par notre arrivée, je crois qu'il va...
-Communication d'un Lucrehulk, Général Drakkas, prévint un sous-officier.
-Très bien, affichez-moi son hologramme. »
L'image tridimensionnelle d'un non-humain à l'épaisse peau noire et aux yeux dorés d'une espèce que Jor ne connaissait pas apparut sur la passerelle ; il portait un uniforme de la flotte Séparatiste.
« Ici le Commodore Barzii, de la flotte Séparatiste ; ma flotte est suffisamment puissante pour vaincre la votre, alors qui que vous soyez, j'exige votre reddition immédiate afin d'éviter un bain de sang inutile.
-Comme c'est curieux, j'allais dire la même chose, répliqua Jor en se composant un visage de militaire. Vous ne vous imaginez tout de même pas que notre apparition au moment où vous vous apprêtez à envahir Ciutric est due au hasard? Je suis le Général Jor Drakkas, Chevalier Jedi et chef de cette force d'assaut ; nous sommes venus en renforts de Ruuria car nous nous doutions que vous lanceriez une offensive au cœur du secteur pour couvrir l'arrivée de vos propres renforts et de votre nouveau commandant... Vous ne pensiez quand même pas qu'il suffirait de brouiller les communications à longue portée de Ciutric pour que nous ne nous doutions de rien? Apparemment, nous nous sommes légèrement trompés sur vos effectifs, mais ce n'est pas si grave, l'Amiral Atren est déjà parti de Crondre, et nous pouvons vous retenir ici en attendant. N'avez-vous donc pas remarqué que vous êtes pris entre le marteau formé par ma force d'assaut et l'enclume formée par celle de Ciutric? Le Code des Jedi m'oblige à vous laisser une chance, aussi je vous recommande de battre en retraite afin, comme vous le dîtes si bien, d'éviter un bain de sang inutile...
Jor se tut, stupéfait par l'aisance de son propre mensonge ; même Ashen et l'équipage le regardaient comme s'ils pensaient que c'était la vérité et que Jor la leur avait caché tout le long du voyage pour de quelconques raisons de sécurité...
-Je ne vous crois pas, Drakkas, répondit Barzii après quelques secondes d'hésitation.
Mais c'était peine perdue ; malgré les efforts de l'officier Séparatiste pour le dissimuler, Jor percevait sans mal son manque d'assurance.
-Très bien, commenta Jor avec un sourire très convaincant. Vice-Amiral Ashen, vous pouvez donner l'ordre de...
Comme Jor s'y attendait, le visage de Barzii se décomposa.
-Attendez! Pour cette fois, je ne vais pas prendre le risque ; nous battons en retraite. Mais j'espère pour vous que votre Amiral Atren existe réellement, car nous reviendrons en bien plus grand nombre... »
L'intégralité de la flotte Séparatiste sembla brusquement accélérer et disparut dans l'hyperespace ; tout le monde sur le pont du Résolu soupira de soulagement.
« Bien joué, Général Drakkas, complimenta Ashen. Même moi, j'ai failli me laisser embobiner!
-Oui, c'est ce que les joueurs de Sabacc et les escrocs en tous genres appellent le bluff Diamala, se servir de certaines informations qu'on est censé méconnaitre pour faire croire qu'on en connait d'autres qui sont en fait le fruit de simples hypothèses... Ceci dit, si Barzii et son nouveau commandant ont réellement l'intention de revenir, je crains que cela ne nous sauve pas longtemps... »
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 8:51, modifié 2 fois.
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Messagepar Darkliser » Sam 25 Juil 2009 - 19:09   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

J'ai lu les deux chapitres suivants et je dois dire que ça m'a bien plus.
L'enfance de sev'rance laisse place à de l'action comme je l'aime. J'espère que le Padawan va s'en tirer, il était bien sympa.
J'aime bien aussi les détails et le lien Maître-Padawan, c'est bien retranscrit.

Bref continue :wink:
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Messagepar Notsil » Mar 28 Juil 2009 - 16:03   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Hop, , j'ai lu les débuts de cette histoire prometteuse ;)

La longueur des phrases ne me choque pas vraiment, puisqu'elles sont aérées ; tu peux éventuellement remplacer quelques " ; " par des points pour qu'elles soient plus courtes ceci dit.
Les points négatifs que je vois, c'est beaucoup de "mais", quelques répétitions (surtout au tout début, entre "maudit", "nuage", "tirs" ^^), et des Jedi un peu trop axés sur "le sabrelaser c'est la Force" (m'enfin ça encore, c'est presque partout pareil ^^).
Les points positifs, je pense aux caractères des deux protagonistes principaux (un "méchant" intelligent !), un Jedi très humain (bien que Twi'lekk ^^), et de bonnes explications tactiques.

Bon courage pour la suite ;)

EDIT : ah oui, au tout début, tu dis
Sev'rance estima leur espérance de vie ultérieure à dix minutes...
: ce n'est pas inférieure que tu voulais dire par hasard ? ^^
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mar 28 Juil 2009 - 18:36   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Ah, voilà un commentaire que j'attendais: celui d'un ancien lecteur de En Chute Libre dans les Ténèbres...

histoire prometteuse


Merci :)

c'est beaucoup de "mais", quelques répétitions (surtout au tout début, entre "maudit", "nuage", "tirs"


J'avoue :transpire:

et des Jedi un peu trop axés sur "le sabrelaser c'est la Force" (m'enfin ça encore, c'est presque partout pareil ^^).


ça, par contre, c'est voulu: contrairement à Echuu Shen-Jon, le potentiel de Jor, s'il est bon, n'est pas exceptionnel; le sachant, il mise bien plus sur son habileté au sabre pour compenser.

(un "méchant" intelligent


Oui, c'est exactement l'objectif concernant le personnage de Sev'rance Tann; pour autant, je ne voulais pas en faire une version féminine de Thrawn (pas parce que je n'aime pas le personnage, bien sûr, mais parce que ça fait déjà-vu^^). J'utilise donc régulièrement son point de vue interne pour que le lecteur se sente plus proche d'elle. Enfin, l'Amiral Ssran n'était pas un abruti non plus; complètement psychopathe, mais pas idiot :lol:

un Jedi très humain (bien que Twi'lekk


:lol:

bonnes explications tactiques


Merci :)

J'ai lu les deux chapitres suivants et je dois dire que ça m'a bien plus


Merci aussi :)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 05 Aoû 2009 - 20:32   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Voici la deuxième partie du chapitre 5; même coupé en deux, il reste extrêmement long, c'est le plus long que j'ai jamais écrit. Mais que cela ne vous rebute pas, prenez le temps qu'il vous faudra pour tout lire, tout commentaire sera le bienvenu.

PS: Eh bien, raté, je dois encore le couper en deux, trop de caractères... Choquant, je sais :shock:

Sev'rance Tann ne put s'empêcher de se dire que cette mission s'annonçait mal alors qu'elle débarquait sur Tatooine, entourée de ses droïdekas ; pour une fois, il ne s'agissait pas d'un pressentiment venu de la Force, mais d'une simple impression née des circonstances dans lesquelles sa mission débutait.
Pour commencer, elle n'arrivait pas à se faire une opinion sur Kadraa. Lors des entraînements, le Mercenaire Mandalorien s'était vite révélé être un combattant hors-paire, maniant aussi bien les blasters que les vibrolames ; ce n'était pas non plus un mauvais tacticien, il ne manquait ni de sang-froid ni d'inventivité, deux qualités indispensables aux officiers. Mais d'un autre côté, si Kadraa faisait un lieutenant parfaitement compétent, il n'en restait pas moins un mercenaire, quelqu'un qui ne travaillait pour la Confédération que pour l'argent et non par conviction, et cela se sentait dans son attitude. Plusieurs fois, Sev'rance avait eu l'impression qu'il lui obéissait de mauvaise grâce ; il semblait déterminé à ne faire que le nécessaire pour être payé, comme s'il avait peur de trop s'attacher à une cause quelconque... Par là, il adoptait l'attitude exactement inverse de Sev'rance, et celle-ci peinait à le supporter...
A présent, un nouveau paramètre venait renforcer l'impression de Sev'rance selon laquelle cette mission aurait pu mieux commencer : la chaleur générée par les soleils jumeaux de Tatooine se révélait accablante, c'était bien pire que sur Geonosis ou Tehirahs ; Sev'rance, qui était née sur la glaciale planète Csilla, capitale de l'Ascendance Chiss, avait été contrainte d'alléger sa tenue en ôtant entre autres la cape et les manches, sans quoi son efficacité au combat serait encore plus diminuée...
Or, Sev'rance pressentait justement que les combats qui l'attendaient sur ce monde désertique n'auraient rien de facile ; Kadraa l'avait prévenu à ce sujet :
« Ne sous-estimez pas les mercenaires des Hutt sous prétexte que ce ne sont pas des militaires réguliers avec tout l'entraînement et l'armement qui vont avec ; j'ai moi-même travaillée pour Jiliac la Hutt, et je peux vous dire que ces types-là sont dangereux. Contrairement à des soldats ordinaires, ils ne sont pas entraînés, ils sont endurcis. La plupart d'entre eux participent à des batailles bien réelles depuis plusieurs années, contrairement aux soldats clones ; et s'ils n'ont pas la discipline des soldats ordinaires, ils sont souvent bien plus inventifs. N'oubliez pas non plus que contrairement à vous, ils connaissent bien Tatooine... »
Tann n'oublierait pas cela ; les officiers bornés qui ne savaient pas écouter leurs subordonnés lorsque ceux-ci avaient quelque chose d'intelligent à dire ne survivaient pas longtemps. Elle se tourna vers son second et ses droïdes, qui débarquaient du transporteur de troupes posé juste à côté du chasseur de Sev'rance.
« Tatooine est une planète trop chaude pour vous ou vous essayez de me séduire, Général? demanda Kadraa d'un ton faussement innocent en rejoignant Sev'rance, au sujet de sa tenue plus légère qu'à l'ordinaire.
-Colonel Kadraa, veuillez réserver l'usage de vos cordes vocales aux remarques intelligentes et constructives, répliqua Sev'rance d'un ton tranchant.
Kadraa, probablement en réaction au sérieux et au pragmatisme de Sev'rance, semblait prendre plaisir à se montrer insubordonné au possible...
-Boorka le Hutt et son entourage sont censés être les invités du clan Desilijik sur cette planète, commença Sev'rance. Bien sûr, en réalité, c'est surtout une occasion pour lui de concurrencer son vieil ennemi Jabba sur sa propre planète, mais aucun des deux clans n'ose encore s'attaquer à l'autre sans être sûr d'avoir le soutien des autres clans Hutt, alors Boorka et les autres Besadii profitent de la situation... Jabba a donné à Boorka un palais situé au sud-est de notre zone d'atterrissage, c'est là que nous allons ; au sud se trouve l'astroport de Mos Osnoe.
Kadraa reprit la parole.
-Et comment sommes-nous censés convaincre le Hutt de nous céder ses informations? Par la force?
-Il vaudrait mieux éviter cela, il serait dangereux pour la Confédération de s'aliéner une organisation aussi puissante que le Cartel des Hutt... Mais j'ai des ordres très stricts du Comte Dooku ; nous n'avons pas de temps à perdre en négociations. Si Boorka se montre trop exigeant, ce sera donc à nous de chercher le moyen de le satisfaire qui conviendra le mieux à la Confédération...
-J'ai l'impression que cela ne vous amuse pas beaucoup...
-Non, en effet. Mais j'obéirais, donc partons immédiatement. »
Kadraa et les officiers droïdes relayèrent l'ordre ; brusquement, trois cent Droïdes de Combat, une centaine de Super Droïdes, vingt Droïdekas, dix droïdes-araignées nains, quatre droïdes-araignées et deux droïdes lance-missiles Mur-de-feu se mirent en marche sur le sable de Tatooine. Il s'agissait là d'une force d'assaut impressionnante pour un simple seigneur du crime Hutt, et pourtant, Sev'rance avait la certitude qu'ils ne tarderaient pas à faire connaissance avec les hommes de main de Boorka...
La Force confirma bien vite cette intuition ; Sev'rance sentit dans la Force la présence de plusieurs individus un peu plus loin dont l'état d'esprit indiquait qu'ils s'apprêtaient à combattre... Mais ils étaient étonnamment peu nombreux.
« Colonel Kadraa?
-Qu'y a-t-il, Général?
-Je sens dans la Force que des ennemis nous attendent derrière ces dunes... Mais je n'en sens qu'une vingtaine ; c'est peu par rapport aux forces dont les Hutt doivent disposer, n'est-ce pas? Sans parler d'une hypothétique base de la République...
-En effet... Êtes-vous sûre de leur nombre?
-Je peux me tromper, mais pas de beaucoup. A mon avis, Boorka nous teste... Il a probablement envoyé quelques hommes de main d'abord pour savoir si nous sommes capables de résister à une embuscade tendue par des forces plus importantes ; dans ce cas, il pourra toujours annuler son embuscade et prétendre que ces mercenaires ne travaillaient pas pour lui...
-Ce qui est peut-être vrai, d'ailleurs!
-Peu importe qui nous tend cette embuscade, je ne pense pas qu'il soit assez fou pour s'attaquer à nous avec seulement une vingtaine d'hommes sans prévoir de forces plus importantes. Si c'est bien Boorka, nous avons tout intérêt à lui montrer qu'il n'a pas intérêt à faire de nous ses ennemis... Vous allez donc continuer dans la même direction avec une centaine de droïdes de combat et cinquante Super Droïdes ; je pars vers l'ouest avec le reste, et je vous rejoindrais si vous êtes confrontés à des forces trop importantes pour vous...
-Vous voulez être sûr qu'il vous tende cette embuscade, si je comprend bien? Mais essayer de l'intimider dès le départ ne nous permettrait-il pas de garder plus de droïdes en état de marche?
-Certes, mais ça ne l'impressionnera jamais autant qu'une embuscade qui se retourne contre lui... Les informations détenues par le clan Besadii sont plus précieuses que quelques droïdes, je pense...
-Et plus précieuse que moi?
-Pour la Confédération, oui.
Même si le visage du Mandalorien était dissimulé par son casque, Sev'rance devina sans mal un sourire sarcastique.
-Très bien, mais ce que vous ne semblez pas comprendre, Général Tann, c'est que moi, je n'ai pas la moindre envie de me sacrifier pour Gunray et les autres imbéciles ; si ce n'est pas votre cas, tant mieux pour vous, mais...
Sev'rance, y voyant une occasion providentielle de remettre les horloges à l'heure, l'interrompit d'un ton agacé.
-Ce que vous, vous ne comprenez pas, Colonel Kadraa, c'est qu'il existe des gens qui ont d'autres objectifs dans la vie que l'argent...
-Comme servir un imbécile de vice-roi Neïmodien, un banquier Muun, un ancien Jedi qui...
-Arrêtez-vous, ordonna Sev'rance aux droïdes, comprenant que la mise au point serait plus longue que prévu. Je ne sers ni Nute Gunray, ni San Hill, ni Wat Tambor, ni même le Comte Dooku, Colonel Kadraa ; je sers la Confédération. Et vous êtes censé en faire autant.
-Non, je suis censé servir ceux qui me payent et ne me font pas tuer! Et je vous signale en passant que servir la Confédération revient à servir le Comte Dooku ; il en est le fondateur et le chef.
-Ça peut changer. Quoi qu'il en soit, vous n'allez tout de même pas me dire qu'une poignée d'hommes de main des Hutt vous font peur?
-Ce n'est pas la question. Je voulais juste que vous compreniez que tout le monde n'a pas votre dévouement pour la Confédération...
-Bon, faites ce que je vous dit ; vous avez ma parole que je viendrais vous secourir avant que les choses ne tournent mal pour vous. Et si vous ne m'obéissez pas, vous serez immédiatement exécuté.
-Je sais. Il n'empêche que je suis un mercenaire parfaitement indépendant, et vous feriez bien de ne pas l'oublier!
Il fallut un effort à Sev'rance pour contenir l'agacement que lui inspirait Kadraa.
-Peu importe, tant que vous m'obéissez ; remettez-vous en marche immédiatement! »

Contrairement à ce que semblait penser Tann, Gorlan ne ressentait nulle peur alors qu'il s'avançait dans les dunes de Tatooine ; des combats difficiles, il en avait vu d'autres, que ce soit pendant sa jeunesse dans les quartiers les moins reluisants de Coruscant, dont certains étaient pires que Nar Shadaa, comble de l'ironie pour une planète qui abritait les personnalités les plus influentes de la Galaxie, ou au cours de sa carrière de mercenaire Mandalorien. Il n'avait provoqué Tann que pour lui remettre les idées en place au sujet de son rôle dans la guerre ; apparemment, cela n'avait que peu servi. Si le conflit avait eu un effet sur Tann, elle le cachait bien... Ce qui présageait d'autres affrontements du même type, car Gorlan n'avait pas pour habitude de céder face à qui que ce soit, et Tann semblait aussi têtue que lui.
Quoi qu'il en fut, elle ne s'était pas trompée sur l'embuscade, Gorlan put très vite le constater ; une vingtaine de mercenaires Aqualish, Quarren et Nikto surgirent dès que la visibilité du Mandalorien et des droïdes que lui avait laissé Sev'rance Tann fut gênée par quelques dunes particulièrement imposantes. Mais comme il s'agissait manifestement d'amateurs, ils n'avaient pas pensé que le casque de Gorlan pouvait être équipé de senseurs suffisamment puissants pour les repérer à l'avance... Gorlan commença à tirer dès que les ennemis apparurent, vite imité par les droïdes ; prenant à peine le temps de viser tant les mercenaires étaient densément regroupés, il en abattit six personnellement. Quelques Droïdes de Combat tombèrent, plus lents à réagir que les Super Droïdes, mais la plupart des mercenaires tombèrent sans avoir eu le temps de tirer ne serait-ce qu'une seule fois. Très vite, il ne resta des vingt hommes de mains de Boorka que des cadavres sur le sol de Tatooine.
Tann a raison, pensa Gorlan en regardant mourir les deux derniers assassins Aqualish, c'est beaucoup trop facile ; non seulement ces mercenaires ne sont qu'une vingtaine, mais en plus ils sont inexpérimentés au possible... Ils nous testent, ils préparent quelque chose.
Une trentaine d'autres hommes de main des Hutt, principalement des Rodiens et des Weequay cette fois, firent leur apparition et commencèrent à tirer sur les fantassins droïdes ; pris de court, une quinzaine de Droïdes de Combat et quelques Super Droïdes furent abattus.
Gorlan changea aussitôt son arme de direction et abattit un mercenaire Rodien.
« Occupez-vous de ceux-là, maintenant! »
Bien que les Séparatistes aient perdu l'avantage de la surprise, ils gardaient celui du nombre ; les nouveaux arrivants eurent beau mitrailler et abattre autant de droïdes qu'ils le pouvaient, près de la moitié d'entre eux furent bientôt réduits à l'état de corps sans vie par la tempête de tirs blasters qui s'abattit sur eux.
« Repliez-vous, ils sont trop nombreux! » ordonna un Weequay.
Une poignée d'entre eux servant de couverture aux autres, les mercenaires semblèrent battre en retraite en direction d'une zone vers une zone où les nombreux rochers les protégeraient ; un officier régulier, formé dans une académie selon des règles figées, s'y serait peut-être laissé prendre, mais pas Gorlan. Cette retraite n'avait rien d'improvisée, les mercenaires les attiraient dans la véritable embuscade des Hutt...
Il saisit son comlink.
« Général Tann, je crois que nos ennemis sont sur le point de découvrir leur jeu ; ils font semblant de se replier pour mieux nous attirer vers une zone bien pourvue en rochers... Si je voulais tendre une embuscade, c'est ici que je le ferais...
-Compris ; vous pouvez y aller, j'arrive. 
-Très bien (il était hors de question qu'il se salisse la bouche en répondant « à vos ordres » ; il coupa son comlinck). Les droïdes de combat, passez devant, et poursuivez-les! »
Alors qu'il donnait ses ordres, Gorlan constata qu'il avait perdu environ un tiers de ses effectifs, ce qui lui laissait une centaine de droïdes, l'effet de surprise et la retraite précipitée du deuxième groupe ayant limité les pertes ; si les forces qui leur tendaient une embuscade étaient plus puissantes que prévu et si Tann arrivait trop tard... Mais jusque là, l'officier aux yeux rouges ne s'était pas trompée ; il fallait espérer que cela continue.
Malgré cela, le début de la bataille au moins s'annonçait serré ; c'est donc le cœur un peu plus joyeux que Gorlan suivit ses droïdes à la poursuite des mercenaires en fuite... Comme prévu, ils furent accueillis par une pluie de blasters qui terrassa la plupart des droïdes de combat ; ils étaient au moins une centaine de mercenaires de toutes espèces à mitrailler les Séparatistes... Gorlan dut se jeter précipitamment sur le côté pour échapper aux tirs d'un Weequay manifestement bien plus aguerri que les ennemis précédents ; avant même de s'être relevé, Gorlan lui avait logé un tir dans la tête... Le Mandalorien fut alors heurté par quelque chose d'incroyablement lourd qui l'emprisonna de ses énormes bras ; avant même d'avoir pu identifier la chose en question, il vit une vibro-lame s'abattre sur lui... Gorlan, soudain rempli de l'excitation d'un combat où il pouvait perdre la vie, parvint à esquiver le coup d'un mouvement souple et rapide. Il se retourna vers son adversaire, un énorme Gamorréen, et l'assomma d'un coup de tête ; les Gamorréens avaient la tête dure, mais le casque des guerriers Mandaloriens était encore plus dur.
Se relevant rapidement, Gorlan constata que ses droïdes tombaient les uns après les autres, abattus par les tireurs ennemis ou par les énormes mercenaires Gamorréens qui s'attaquaient à présent à eux au combat rapproché; en revanche, seuls une vingtaine de bandits étaient à terre... Sentant avec plaisir l'adrénaline l'envahir, il abattit un deuxième mercenaire Gamorréen qui se dirigeait sur lui ; pendant ce temps, il fut touché par quelques tirs dans le dos, mais son armure tint bon jusqu'à ce qu'il se retourne et abatte ses adversaires.
« Attention, Colonel Kadraa! » prévint un Super Droïde.
Et il faisait bien : Gorlan s'éloigna le plus vite possible, échappant à une explosion qui détruisit cinq Super Droïdes. Leurs ennemis avaient apparemment un lance-missiles à leur disposition ; Gorlan le repéra très vite, légèrement en hauteur, défendu par une douzaine d'hommes de main Weequay et Gamorréens. Trop pour un seul et unique combattant, fut-il un mercenaire Mandalorien.
« Vous quatre, venez avec moi, on va essayer de détruire leur lance-missiles! ordonna Gorlan aux Super Droïdes les plus proches alors que les tirs de missiles poursuivaient leurs ravages. Et les autres, adoptez une formation moins dense, ça limitera les dégâts! »
Gorlan et les droïdes qui l'accompagnaient ouvrirent le feu sur les mercenaires qui défendaient le lance-missiles ; le Mandalorien abattit un, puis, puis trois mercenaires Weequay en l'espace de quelques secondes, et les Super Droïdes parvinrent à tuer un Gamorréen avant d'être abattus. Gorlan entendit un Weequay donner un ordre à l'artilleur, et il vit le lance-missiles se réorienter vers lui...
Cette fois, il eut moins de chance : s'il parvint de justesse à échapper à l'impact, l'onde de choc le plaque à terre et son armure encaissa quelques tirs. Se relevant aussi vite que c'était possible pour un humain sur lequel les effets de la fatigue commençaient à se faire sentir, Gorlan parvint à mettre un tir dans la tête de l'artilleur malgré la distance ; il sourit et commença à s'occuper des derniers mercenaires qui s'interposaient encore entre lui et le lance-missiles... Ceux-ci continuaient de le mitrailler, mais l'armure tint jusqu'à ce que Gorlan ait abattu les derniers. Son armure ne tolérerait probablement plus beaucoup d'impacts, mais il était vivant, et il avait à présent le lance-missiles à sa disposition.
Le fonctionnement de l'arme était tout ce qu'il y avait de plus simple, et il ne fallut que quelques secondes à Gorlan pour lancer un premier missile sur les hommes de main des Hutt ; mais il ne s'agissait pas de droïdes, et seuls deux d'entre eux ne purent s'écarter à temps. Gorlan grimaça ; les assassins des Hutt avaient choisi l'arme en sachant qu'on pourrait difficilement le retourner contre eux...
Il songea que ce n'était pas son jour de chance lorsqu'il s'aperçut que seule une dizaine de ses droïdes fonctionnaient encore ; et au moins une dizaine de mercenaires se dirigeaient vers lui... Gorlan commençait à se demander s'il allait survivre, finalement ; mais cela n'en rendait le jeu que plus excitant... Sachant qu'il ne tiendrait pas seul face à autant d'ennemis, il se replia vers les derniers droïdes avant que les autres ne soient suffisamment proches pour viser correctement ; cela ne l'empêcha pas de décocher trois tirs dans la foulée, qui atteignirent chacun leur cible.
La situation était déjà désespérée, et elle le devint davantage encore lorsque de nouveaux bataillons de mercenaires Weequay, Gamorréens, Rodiens, Nikto, Quarren, Devaroniens, Humains et d'autres espèces que Gorlan ne parvint pas à identifier se joignirent à leurs adversaires, désormais sûrs de leur victoire.
Aux grands maux, les grands remèdes, pensa Gorlan. Il saisit les deux grenades à fragmentation accrochées à sa ceinture et les lança en direction des mercenaires les plus proches avant de s'éloigner précipitamment. Les explosions obstruèrent son champ de vision, ajoutant la lumière de leurs flammes à celle des soleils jumeaux de Tatooine. Lorsque Gorlan put à nouveau regarder devant lui, il ne vit que les corps déchiquetés de la vingtaine de mercenaires qui se trouvaient là auparavant... Sans perdre une fraction de seconde, il recommença à tirer sur les mercenaires les plus proches, décidé à livrer un beau combat avant de mourir...
C'est alors qu'il entendit le bruit d'activation d'un sabre-laser ; se retournant, il vit Sev'rance Tann, un sourire aux lèvres et sa lame dorée dans la main... Et tout le reste de l'armée droïde derrière elle, cernant les hommes de main des Hutt.
« Beau travail, Colonel Kadraa, complimenta-t-elle. Allez, finissons-en. »
A peine ces derniers mots eurent-ils franchi ses lèvres que les droïdes-araignées et Mur-de-feu lancèrent leurs missiles ; tout l'espace entre Tann et Gorlan sembla brusquement s'embraser... Des dizaines de mercenaires furent brusquement réduits en cendres, et les survivants se trouvèrent bientôt confrontés aux tirs de plus de deux-cent-soixante-dix droïdes...
« Grenades! » ordonna un mercenaire Rodien.
Comme Gorlan en avait fait l'expérience plus tôt, c'était l'arme idéale lorsque l'on souhaitait couvrir efficacement sa retraite ; mais en l'occurrence, cela n'eut pas l'effet escompté, car Tann avait placé les droïdes-araignées et les droïdekas en première ligne... Le blindage des premiers et les boucliers des seconds leur permit de faire face, et seule une poignée d'entre eux furent donc détruits.
« Il faut avouer qu'ils se débrouillent bien, admit Tann en rejoignant Gorlan. Mais pas assez pour nous...
-Oui... Vous êtes arrivée juste à temps, Général, remarqua Gorlan d'un ton sarcastique. Encore quelques minutes et je me faisais tuer...
-Et quelques minutes de moins, et ils n'auraient pas dévoilé leurs renforts. Vous êtes vivant, non?
-J'ai failli y laisser ma peau au moins trois fois! Ce n'est pas le problème, bien sûr, dans mon métier, j'ai l'habitude ; mais avouez-le : vous étiez prête à me sacrifier pour qu'ils exposent leurs renforts, hein?
-Vous êtes quand même vivant! Je savais que je pouvais avoir confiance en vos capacités, c'est tout. A présent, au lieu de discuter les ordres de votre supérieure, venez, et traquons ces mercenaires jusqu'au palais de Boorka s'il le faut! »
Gorlan obéit, mais il se demanda combien de temps il survivrait aux ordres de quelqu'un d'aussi intraitable...

Sev'rance sentait que la victoire était proche. En dépit de leur expérience, les mercenaires se repliaient dans le plus grand désordre, tant ils avaient été surpris par la brusque arrivée des troupes de Sev'rance et la mort de leurs camarades. Ils tombaient les uns après les autres sous les tirs des droïdes, parfaitement incapables de ralentir la progression des Séparatistes.
Toutefois, les Hutt ne semblaient pas vouloir abandonner la partie : alors qu'ils approchaient de l'emplacement présumé du Palais de Boorka, une soixantaine de gardes Weequay armés de vibro-lames s'interposèrent.
« Vous êtes sur le territoire du Seigneur Boorka, repartez immédiatement ou nous... »
Le chef des Weequay fut décapité par le tir d'un Super Droïde. Les autres déferlèrent sur les Séparatistes, toujours armés de leurs vibro-lames, mais beaucoup furent tués avant d'avoir atteint leurs cibles. Cependant, ceux qui avaient survécu se révélaient très efficaces contre les droïdes, qui n'avaient pas été conçus pour le combat rapproché... Sept d'entre eux se jetèrent sur Sev'rance, qui sourit ; manifestement, Boorka tenait à la mort de cette mystérieuse Général Séparatiste qui l'avait ainsi piégé... Elle repoussa les quatre premiers à l'aide de la Force et planta son sabre dans le ventre du Weequay le plus proche ; sans perdre un instant, elle se jeta sur le côté pour échapper aux coups de vibro-lames de ses deux derniers adversaires debout. Elle se releva aussi vite que possible et les décapita. Les quatre premiers Weequay étaient en train de se relever, mais aucun d'entre eux ne fut suffisamment rapide pour échapper au sabre de Sev'rance.
La Jedi Noire s'aperçut que deux nouveaux venus avaient rejoint la bataille du côté des mercenaires; mais ceux-là étaient différents des autres, ils portaient des armures semblables à celle de Kadraa, à ceci près que la première était d'un vert sombre avec des bords argents et la seconde entièrement dorée à l'exception de la visière noire... Des guerriers Mandaloriens. A l'instar de Kadraa, ils se montraient aussi agiles que bons tireurs, abattant droïde sur droïde, leur armure se chargeant des tirs qu'ils ne parvenaient pas à esquiver. A l'évidence, ils constituaient une menace prioritaire ; le sabre à la main, Sev'rance fonça sur le Mandalorien à l'armure verte... Celui-ci la repéra aussitôt et comprit apparemment que ce n'était pas le moment de faire dans la finesse ; il jeta ce que Sev'rance estima être une grenade dans sa direction. Grave erreur: Sev'rance se servit de la Force pour renvoyer l'objet dans sa direction. L'armure Mandalorienne n'était pas résistante à ce point ; l'adversaire de Sev'rance fut tué sur le coup. Alors qu'elle s'attaquait à un nouveau mercenaire Weequay, Sev'rance se demanda où était passé le guerrier à l'armure dorée ; elle le vit combattant avec Kadraa. Les deux Mandaloriens s'affrontaient au corps-à-corps, sachant que leurs armures étaient trop résistantes pour être percées rapidement par des blasters; Kadraa se montra finalement le plus rapide et parvint à trancher la gorge de son adversaire.
Sev'rance sourit; le Comte Dooku avait bien choisi son lieutenant... Aidés de Sev'rance et Gorlan, les droïdes repoussèrent peu à peu les gardes Weequay ; d'autres arrivaient, accompagnés de toutes sortes de mercenaires des Hutt, mais ils n'étaient ni assez nombreux ni assez bien armés pour causer la moindre difficulté aux Séparatistes.
Finalement, Sev'rance et ses troupes arrivèrent à proximité du palais où s'était établi le clan Besadii sur Tatooine, une immense construction probablement bien plus vieille que Boorka... Et il ne restait plus que quelques gardes Gamorréens et Weequay entre eux et leur objectif. Alors que Kadraa et les droïdes continuaient à s'ouvrir un chemin à travers les hommes de main, Sev'rance se servit de la Force pour défoncer les gigantesques portes du Palais. A l'intérieur l'attendaient des gardes de toutes espèces, armés de vibro-lames ou de blasters qu'elle commença à trancher en deux, les uns après les autres...
« Seigneur Boorka, appela-t-elle d'une voix forte, si je dois tuer tout votre entourage pour vous trouver, je le ferais! Cessez donc de vous retrancher derrière vos imbéciles de mercenaires, et montrez-vous! »
L'espace d'un instant, Sev'rance se demanda si elle ne s'était pas trompée ; Boorka avait peut-être pris la fuite en laissant ses hommes de main et ses courtisanes s'expliquer avec elle... Mais un rire sonore typiquement Hutt lui répondit; une grande porte au fond de la salle s'ouvrit, et apparut un Hutt particulièrement impressionnant, entouré de gardes Gamorréens. Malgré son apparence, Sev'rance sentait que le Hutt avait une intelligence particulièrement alerte. Il prononça quelques paroles en Hutt, que Kadraa traduisit pour Sev'rance.
« Vous vous battez bien, pour une Jedi. J'aime votre style... La façon dont vous avez retourné ma propre embuscade contre moi était particulièrement impressionnante, et je pense maintenant que vous êtes digne de négocier avec moi...
-Je ne suis pas une Jedi, mais une Jedi Noire, répliqua sèchement Sev'rance (Kadraa ne prit pas la peine de traduire ; manifestement, Boorka comprenait le basic, même s'il refusait de le parler). L'attaque de vos hommes de main n'était qu'un test, n'est-ce pas?
Le Hutt sourit, et Kadraa commença à traduire de nouvelles paroles.
-Bien évidemment. Je savais quel type de vaisseaux atterrissait sur mon domaine, je savais donc que celui-ci renfermait de toutes façons trop de troupes pour que je puisse les vaincre avec les forces dont je dispose ici. Ceci dit, je dois admettre que je n'aurais jamais pensé que vous écraseriez mes hommes si facilement... Ce que vous devez comprendre, Jedi Noire, c'est que m'impliquer dans un camp ou dans l'autre de cette guerre est pour moi très risqué ; je sais pourquoi vous êtes venus, vous voulez mes informations sur le projet que la République appelle Decimator. Vous les donner pourrait m'aliéner la République, je devais donc avant cela m'assurer que vous êtes à même de me défendre contre elle... Quel est votre nom, Général?
-Sev'rance Tann.
-Eh bien, Général Tann, je constate que vous êtes particulièrement douée et que vous n'avez pas froid aux yeux, vous l'avez montré en vous servant de votre lieutenant Mandalorien comme appât ; aussi je crois que vous devriez écouter mon offre, elle vous plaira...
-Peut-être, si vous ne vous montrez pas trop exigeant...
-La République a installé un astroport à proximité de Mos Osnoe ; ils espèrent se tailler une part du marché de la Bordure Extérieure pour financer leur guerre...
-Et j'imagine que votre organisation n'est pas ravie de cette nouvelle concurrence...
Boorka sourit.
-En effet. Les Desilijik, c'est une chose ; ce sont des Hutt, comme moi. Mais la République... Ce ne sont pas des criminels, eux ; ils disposent de moyens que je n'ai pas, de croiseurs et d'armées qui viendront m'anéantir si je m'oppose à eux. Voilà pourquoi j'ai besoin de votre aide, Général Tann... La destruction de cet astroport est dans notre intérêt à tous les deux ; et si vous faites cela, je vous donnerai en plus mes informations sur cette arme que la République développe dans le plus grand secret...
-Une offre raisonnable... Très bien, si vous acceptez de me donner ces informations, je détruirais cet astroport et je vous placerai sous protection de la Confédération, ce qui vous avantagera certainement face à vos rivaux. Qui d'autre sait-il que vous détenez ces informations?
Le Hutt sourit.
-L'un des hommes que j'ai fait torturer pour reconstituer le puzzle peut encore respirer, si personne ne le débranche...
Sev'rance eut du mal à rester impassible ; comme l'avait fait remarquer Boorka, elle n'avait pas froid aux yeux, mais seulement à condition que l'objectif soit valable... Or, tout ce qu'espérait le Hutt en faisant torturer et assassiner, c'était un peu plus d'argent qui viendrait s'ajouter à sa fortune déjà considérable...
-Très bien, alors débranchez-le, dit-elle finalement. Ma mission doit rester secrète pour que nous puissions mieux frapper la République quand elle s'y attendra le moins...
-Comme vous voudrez. Marché conclu, dans ce cas... »
Sev'rance approuva d'un hochement de tête, scellant le destin de l'astroport de la République et de tous ceux qui s'y trouvaient.

L'Amiral envoyé par le Comte Dooku s'avéra être un Muun du nom de Pors Tonith, qui travaillait autrefois pour le Clan Bancaire Intergalactique. Le Commodore Barzii appréciait déjà très moyennement de se voir ainsi dépossédé de la conquête de l'Hégémonie Ciutrique, mais l'Amiral Tonith se rendit encore plus antipathique à ses yeux dès son arrivée sur Corvis Major, alors que Barzii était venu l'accueillir en compagnie de quelques autres officiers et de gardes droïdes.
« J'exige des explications, Commodore Barzii, commença-t-il d'un ton impérieux. Je vous avais ordonné de prendre Ciutric pour que les Loyalistes soient trop occupés pour remarquer l'arrivée de renforts ; la flotte ennemie s'étant laissée prendre à notre diversion sur Xankora et Karsti, il ne devait y avoir que peu de vaisseaux dans le système pour s'opposer à vous! Alors pourquoi m'apprenez-vous que vous avez échoué?
-Je suis désolé, Amiral Tonith, s'excusa Barzii en s'efforçant de dissimuler son agacement, mais alors que nous allions détruire les deux derniers Cuirassés ennemis, une flotte Loyaliste est sortie de l'hyperespace de façon à ce que nous nous retrouvions pris en étau entre les deux! Notre situation n'était pas vraiment confortable, et en plus de cela, le commandant ennemi, un Jedi du nom de Jor Drakkas, m'a affirmé que d'autre renforts viendraient bientôt de Crondre, la flotte d'un certain Amiral Atren....
-Et vous, comme un imbécile, vous l'avez cru!
-Amiral, ce Jor Drakkas était parfaitement informé de votre arrivée et de notre attaque sur Ciutric! En quoi était-il si invraisemblable qu'une autre flotte ait été en route? Vous n'avez tout de même pas me dire qu'ils sont arrivés au beau milieu de la bataille par hasard?
-Commodore Barzii, vous êtes prié d'adopter un autre ton avec votre officier supérieur! rétorqua Tonith. N'aggravez pas votre cas, je me demande déjà si je ne devrais pas vous relever de vos fonctions! Vous savez comme moi qu'on attribue aux Jedi le don de pressentir l'avenir ; qui vous dit que ce n'est pas leur mystérieuse Force qui a conseillé à Drakkas ce moment précis pour arriver sans qu'il sache pour autant que nous attaquions?
-Même en admettant que ces renforts n'existent pas, Amiral, il était bien moins risqué d'interrompre notre attaque ; nous pouvons la relancer immédiatement, tandis que si une autre flotte Loyaliste était effectivement en route, impossible de faire marche arrière... J'ai essayé le bluff en demandant à Drakkas de se rendre, cela n'a pas marché ; je lui ai dit que je ne le croyais pas, ça n'a pas marché non plus. Que pouvais-je faire de plus sans compromettre nos opérations dans ce secteur?
-Soit, soit, mais vous êtes tout de même prié de vous montrer plus respectueux envers vos officiers supérieurs, à l'avenir... A présent, venez, il faut que nous reprenions notre offensive sans perdre une minute... »

Jor Drakkas avait l'impression d'être l'un de ces grands généraux que l'on voyait dans les holofilms alors qu'il observait une holocarte représentant l'Hégémonie Ciutrique au centre de la table hexagonale d'une salle de réunion sur Ciutric.
« Comme vous pouvez le constater, le secteur est à présent coupé en trois parties à peu près égales, expliqua le Capitaine Yla, qui commandait l'un des Cuirassés défendant Ciutric. Initialement, nous ne tenions que Liinade III, mais depuis, la prise de Ciutric a convaincu de nombreux mondes neutres de nous rejoindre...
-Les systèmes Séparatistes sont regroupés autour de Corvis Major, ajouta le Général Barjam, un Chevalier Jedi Calamarien. Enfin, le dernier tiers est formé de mondes encore neutres, car la plupart d'entre eux étant situé entre nous et les Séparatistes, ils n'ont pas vraiment intérêt à choisir leur camp...
-Pour l'heure, reprit Yla, il y a trois planètes que nous devons impérativement conserver : Ciutric, Xankora et Karsti ; ce sont les seules à posséder des hyperoutes menant aux systèmes Séparatistes. Si nous les perdons, les Séparatistes auront accès au reste des planètes Loyalistes de ce secteur, et surtout, nous devrons passer par les mondes neutres...
-... Et naturellement, poursuivit Jor, le premier à annexer une planète neutre verra aussitôt toutes les autres se retourner contre lui...
-Probablement, oui.
-Avant votre arrivée, Barzii avait réussi à intoxiquer nos renseignements pour nous faire croire à une attaque sur Xankora ou Karsti, c'est pourquoi il ne nous restait que très peu de vaisseaux sur Ciutric, informa Barjam. Si vous n'étiez pas arrivé à temps, nous aurions certainement perdu la planète...
-Je serais étonné que les Séparatistes nous attaquent à nouveau sur Ciutric, estima le Vice-Amiral Ashen. Il est plus probable qu'ils essayeront plutôt Xankora ou Karsti, car nous croirions alors à une nouvelle diversion...
Jor secoua négativement la tête.
-J'ignore si c'est vraiment Sev'rance Tann qui a pris la tête des forces de Corvis Major, mais si oui, elle doit se douter que nous raisonnerons ainsi... A propos, avons-nous trouvé quelque chose sur ce Commodore Barzii?
-Oui, confirma le Capitaine Yla. Il est originaire de la planète Darlja, à proximité de Corvis Major ; il a été officier des forces de défense de sa planète pendant dix-huit ans, dont trois ans à leur commandement ; lorsque Darjla a choisi de rejoindre la Confédération, le Comte Dooku a estimé que c'était Barzii le plus compétent pour prendre la tête des forces Séparatistes du Secteur. Après la prise de Ciutric, Dooku a apparemment décidé d'envoyer un membre de son état-major prendre le commandement des opérations à la place de Barzii... Cependant, Barzii est considéré comme un officier sérieux et parfaitement capable de gérer correctement une flotte...
-Il ne doit pas être ravi que Dooku lui ait retiré la direction des opérations, commenta Jor.
-Vous pensez que c'est un transfuge potentiel? demanda Ashen d'un ton sceptique. Simplement parce qu'il a perdu le commandement de sa flotte?
-Je ne sais pas, mais ce pourrait être une piste à explorer : nul part dans son dossier il n'est indiqué qu'il a un jour massacré des civils, ni même qu'il soit particulièrement loyal à la Confédération... Il semble avoir simplement suivi le changement d'allégeance de sa planète...
-Comme la grande majorité des officiers de la Confédération!
-Certes, mais nous nous éloignons du sujet. Nos ennemis ont deux solutions : ils peuvent tenter de prendre directement Ciutric, ce qui nécessitera un combat long et difficile mais leur permettra d'avoir une base depuis laquelle frapper soit Xankora, soit Karsti, et de séparer ces deux planètes l'une de l'autre ; soit ils attaquent Xankora et Karsti, et Ciutric se retrouvera alors prise en tenailles, nous ne pourrons savoir depuis laquelle de ces deux planètes ils comptent attaquer... De plus, ils sauront forcément d'où viendra notre attaque, puisque nous n'aurons alors plus qu'un seul système possédant des hyperroutes menant aux systèmes Séparatistes... Vous connaissez mieux la question que moi : d'après vous, laquelle de ces possibilités est la plus intéressante pour les Séparatistes?
Le Vice-Amiral Ashen réfléchit un peu avant de répondre.
-Tout dépend du commandant ennemi : s'il est sûr de lui et veut miser avant tout sur l'offensive, il attaquera Ciutric pour couper les communications entre Xankora et Karsti ; mais s'il veut rester prudent, le plus simple est de prendre Xankora et Karsti, ce qui lui offrira deux positions depuis lesquelles nous attaquer au lieu d'une et nous forcera à attaquer Urtra, si nous voulons frapper une planète importante pour les Séparatistes...
-Très bien. Et quelles sont nos possibilités pour attaquer?
Le Capitaine Yla prit la parole.
-A l'heure actuelle, nous n'en avons que deux : Urtra, à laquelle nous avons accès grâce aux voies hyperspatiales de Ciutric et Karsti, ainsi que Darlja, à laquelle nous avons accès grâce aux voies hyperpsatiales de Xankora...
-Si je comprends bien, il ne nous sert à rien de tenir Karsti pour lancer une offensive, tant que nous avons aussi Ciutric?
-En effet.
Jor réfléchit quelques minutes ; à présent qu'on lui expliquait clairement la situation, il voyait une stratégie susceptible de leur permettre de l'emporter dans ce secteur, mais elle ne lui plaisait pas... Cependant, il savait que c'était la seule solution acceptable ; en acceptant d'être Général, il avait aussi accepté de faire des choses qui lui déplairaient si elles servaient la République. C'était sa responsabilité.
-Très bien, merci pour ces explications... Je pense que notre ennemi, qu'il s'agisse ou non de Sev'rance Tann, va se montrer prudent ; j'ai fait échouer ses plans à mon arrivée, il en sait peu sur moi et ma mission, ce n'est pas vraiment le contexte idéal pour lancer une grande offensive sur Ciutric... Logiquement, il frappera d'abord Xankora, de sorte que nous ne puissions plus attaquer Darlja ; autrement dit, nous aurons les mains libres pour attaquer Urtra pendant ce temps...
Le Général Barjam réagit brusquement.
-Attendez : vous suggérez d'abandonner purement et simplement Xankora?
-Temporairement, seulement...
-C'est vous qui le dîtes!
-Je regrette, Général Barjam, mais c'est la solution la plus raisonnable. Si nous essayons de défendre Xankora coûte que coûte et que nous échouons, ni nous ni les habitants de ce système n'y auront rien gagné ; de plus, imaginons que je me trompe et que les Séparatistes s'apprêtent à attaquer Ciutric... Nous aurons au moins récupéré Urtra, ce qui nous permettra de frapper directement Corvis Major ; tandis que si nous attendons les Séparatistes sur Xankora puis revenons sur Ciutric, nous risquons d'être vaincu et même dans le meilleur des cas, nous n'aurons rien gagné du tout...
-Si, la liberté d'une planète!
-Seulement si nous l'emportons sur les Séparatistes, ce qui est loin d'être garanti avec les pertes que vous avez subi lors de l'offensive ennemie sur Ciutric... D'ailleurs, même dans ce cas, faîtes le calcul : si nous libérons Urtra mais que nous perdons Xankora, au final, il y a autant de planètes libres que si nous conservons Xankora ; autant de planètes libres, et moins de morts dans notre flotte! Et la possibilité d'attaquer directement Corvis Major!
-Je n'aime pas beaucoup ce type de raisonnement, Général Drakkas...
-Dommage, parce que c'est celui de votre officier supérieur. 
Jor se tourna vers le Président du Conseil Exécutif de Ciutric, Anthr Lynel, un homme d'une soixantaine d'années au long nez qui n'était pas intervenu jusque là.
-M. le Président, il va de soi que nous n'allons pas laisser tomber purement et simplement Xankora ; il vous faudra recruter des hommes qui pourront s'infiltrer sur Xankora pour former des réseaux de résistance... Capitaine Yla, chargez-vous de leur trouver du matériel. Faites tout cela en secret, bien entendu ; ni le gouvernement ni la population de Xannkora ne doivent savoir que nous nous apprêtons à les abandonner...
-Si vous pensez que c'est la meilleure solution, répondit le Président.
-A vos ordres, Général, répondit Yla. 
Mais Barjam reprit la parole.
-Avec tout le respect que je vous dois, Général, si vous ne prévenez ni le gouvernement ni la population de Xankora, ils tenteront de résister, et il pourrait y avoir des morts... Je sais bien que c'est dans l'intérêt de la République, et donc dans l'intérêt général, mais allez-vous les sacrifier à votre plan?
-J'y viens. (Jor se tourna à nouveau vers le Président) M. le Président, dîtes également aux hommes que vous enverrez sur Xankora d'y chercher un groupe pro-Séparatiste, il doit sûrement en exister un ou plusieurs ; qu'ils les arment, les organisent et leur donnent toutes les informations nécessaires pour renverser le gouvernement en place...
Cette fois, même Ashen ne put rester impassible.
-Vous voulez monter un putsch contre un gouvernement allié au profit des Séparatistes?
-C'est le seul moyen d'empêcher que quelqu'un meure par notre faute sur Xankora... M. le Président, que vos agents fassent également en sorte que les membres du gouvernement légitime puissent s'échapper à temps...
-Comme vous voudrez. »
Jor songea que finalement, il ne faisait pas un si mauvais Général ; il n'aimait pas beaucoup l'idée d'abandonner Xankora, encore moins celle de devoir mentir aux civils pour cacher ses intentions à ce sujet, mais il savait que c'était la seule chose à faire. Mais si le Conseil ne s'était pas trompé et que c'était bien Sev'rance Tann qui commandait les Séparatistes, nul doute qu'il ne ferait pas le poids... Ce qui ne l'empêcherait évidemment pas de faire tout ce qu'il pourrait pour l'emporter.

Barzii passa le voyage en hyperespace à craindre que l'Amiral Tonith ne se soit trompé ; mais non, aucun vaisseau ennemi ne les attendait lorsque le Redoutable jaillit de l'hyperespace dans le système Xankora. Apparemment, l'ennemi avait effectivement cru qu'ils attaqueraient à nouveau Ciutric. Tonith remonta un peu dans l'estime de Barzii ; malgré son autoritarisme et son attitude suffisante, il était apparemment compétent.
« Aucun signe de vaisseaux armés ennemis dans le système, Amiral, annonça Barzii à l'hologramme de son Amiral, qui se trouvait toujours sur Corvis Major.
-Je vous l'avais bien dit. Profitez-en, cela ne durera probablement pas ; commencez à bombarder pour détruire les batteries planétaires, puis débarquez immédiatement vos troupes.
-A vos ordres. Attendez : nous recevons une transmission de Xankora... »
Barzii coupa la communication avec Tonith et accepta celle venue de Xankor a; le cryptage correspondait à celui employé par le gouvernement. L'image tridimensionnelle d'un humain remplaça celle de Tonith.
« Ici le Commodore Barzii, commandant de la force d'assaut Séparatiste ; je vous écoute, humain.
-Ici Fyor Cilath, Président du gouvernement provisoire de Xankora ; inutile de bombarder notre planète, Commodore, je vous présente notre reddition si vous pouvez me promettre que notre planète ne subira ni pillage ni esclavage...
-Attendez : le gouvernement provisoire? Que s'est-il passé? Un coup d'état?
-Exactement. Des agents des services de renseignements Séparatistes nous ont prévenu de votre arrivée imminente ; sachant que cela pousserait la population à nous soutenir, nous nous sommes servis d'informations et d'armes qu'ils nous ont fourni pour renverser le gouvernement ce matin... Vous l'ignoriez?
-Non, les services de renseignements ne nous ont informés de rien ; mais ça ne me surprend pas outre mesure... Quoi qu'il en soit, vous avez bien fait, cela évitera sûrement des morts inutiles. Attendez, je dois en référer à mon supérieur, mais je pense que votre reddition sera acceptée. »
Barzii coupa à nouveau la communication, cette fois pour en ouvrir une autre avec l'Amiral Tonith.
« Amiral, il semble que les services de renseignements nous aient facilité la tâche ; ils ont appuyé le coup d'état d'une faction pro-Séparatiste sur Xankora, qui nous présente à présent sa reddition à condition qu'il n'y ait ni pillage ni esclavage... Dois-je accepter ces conditions?
-Oui, acceptez-les ; cela devrait limiter les pertes, et pour ce qui est du pillage, nous pourrons nous rattraper une autre fois... 
Barzii dut faire un effort pour se contrôler ; il ne s'était pas engagé dans les forces de Darlja puis dans la flotte Séparatiste pour participer au pillage d'une planète... Mais après tout, c'était la guerre, ils avaient besoin de toutes les ressources disponibles. Lorsqu'il fut sûr que sa voix ne le trahirait pas, il répondit :
-A vos ordres, Amiral. »
Il reprit la communication avec Fyor Cilath.
« Très bien, M. Le Président ; nous allons débarquer nos troupes. Mais je vous préviens que si une seule de vos batteries tente de nous en empêcher...
-Cela ne se produira pas, Commodore ; nous les avons déjà fait évacuer. Certains tenteront peut-être de jouer les héros, mais nous devrions les maîtriser sans problèmes... 
-Parfait. »
Barzii se tourna vers ses subordonnés.
« On commence le débarquement : envoyez les trois premières sphères sur le continent sud et les cinq autres sur le contient est, dont une pour la capitale; que les officiers prennent contact avec les autorités locales pour installer des troupes dans les vingt plus grandes villes qu'ils trouveront. »
S'ensuivit une longue heure au cours de laquelle Barzii dut gérer depuis l'espace la pagaille causée par l'arrivée massive de troupes sur une planète qui ne les accueillait pas toujours à bras ouverts ; mais alors qu'il indiquait aux officiers vers quelle ville se diriger, il ne put s'empêcher de se poser la question : pourquoi les Loyalistes ne faisaient-ils rien pour les empêcher de prendre la planète...?

Jor parvint à sourire en observant la planète Urtra dans la verrière du Résolu ; il n'y avait pas un seul vaisseau Séparatiste en vue...
« On dirait que votre plan a marché, Général, commenta le Vice-Amiral Ashen.
-Pour l'instant, oui ; mais ne parlez pas trop vite, si c'est vraiment Sev'rance Tann qui commande nos ennemis, il faut nous attendre à des surprises... Enfin, commençons l'assaut. Y-a-t-il beaucoup de forces terrestres ennemies?
-Nous détectons cinq bases de tailles variées ; d'après nos estimations, il devrait y avoir environ cinq mille droïdes à la surface, à proximité des grandes villes. Un bombardement orbital devrait rapidement en venir à bout...
-Mauvaise idée, des civils pourraient y passer ; ce n'est pas qu'une question de principes, car ce serait aussi une débâcle diplomatique. Un bombardement aérien effectué par les chasseurs me semblerait donc plus approprié...
-Et plus dangereux, nous risquons d'y perdre quelques pilotes clones...
-Dîtes-leur que je viens avec eux.
Ashen prit une expression stupéfaite.
-Vous êtes sérieux, Général? C'est vous qui commandez cette mission, vous ne devriez pas risquer votre vie ainsi...
-J'ai la Force avec moi, je peux donc faire un très bon pilote ; il est hors de question que je reste ici pendant que les clones risquent leurs vies... Et pour ce qui est de commander la flotte, je crois que vous êtes plus qualifié que moi pour cela, n'est-ce pas?
-Comme vous voudrez. »

Jor se sentit mieux alors qu'il observait l'une des forêts tropicales d'Urtra défiler sous son chasseur, en approche d'une base Séparatiste avec quatre chasseurs Z-95 pilotés par des clones. La situation stratégique de l'Hégémonie Ciutrique, la trahison de Xankora, tout cela disparaissait de ses pensées, effacé par la bataille imminente, où tout était clair, simple tranché. Toutefois, rien ne pourrait faire oublier à Jor que Merasz n'était pas avec lui et ne le serait plus jamais... Jor s'efforça de bannir cette idée de son esprit ; il était en mission, la République était en guerre, ce n'était pas le moment de se laisser envahir par la douleur de la mort de Merasz...
« Base Séparatiste à dix kilomètres au nord, annonça Jor à ses ailiers clones. Attention, j'ignore s'ils disposent ou non de défenses anti-aériennes légères... »
En effet, la base Séparatiste, un assemblage de bâtiments métalliques qui semblaient parfaitement déplacé entre la forêt tropicale et les montagnes, apparut très vite dans la verrière du chasseur de Jor ; il ne fallut que quelques secondes pour que deux lueurs d'un rouge étincelant fassent également leur apparition... Averti par la Force, Jor parvint à aligner les missiles dans son viseur et à les abattre à temps...
« Attention, ils ont effectivement des armes anti-aériennes, et pas des plus légères... R4, repère-moi vite les lance-missiles... »
Quatre tours s'affichèrent en rouge sur l'écran. Jor remercia son droïde astromécano puis s'adressa à nouveau aux pilotes clones.
« Bleu 1 et 2, vous vous chargez de la tourelle est, 3 et 4, vous prenez la tourelle ouest, je m'occupe de celle au sud ; quand vous en aurez fini avec elles, il ne restera plus qu'à détruire le reste de la base...
-A vos ordres. »
Des centaines de Super Droïdes se trouvaient entre les différents bâtiments de la base, tentant désespérément d'atteindre les chasseurs Loyalistes de leurs tirs ; plutôt que de prendre de l'altitude pour être sûr de leur échapper, Jor descendit au contraire vers eux, tout en mitraillant la base de la tourelle ennemie. Comme il s'y attendait, la tourelle lança deux nouveaux missiles rougeoyants sur lui ; Jor remonta en flèche, s'attendant à voir les missiles s'écraser sur les Super Droïdes... Consterné, il ne put retenir un juron Twi'lek en voyant les missiles continuer à le suivre.
« Attention, les missiles sont à tête chercheuse! » prévint-il tout en remettant son chasseur à l'horizontale.
Il ne savait pas si les boucliers de son chasseur pourraient résister à l'impact, mais il ne voulait pas prendre le risque... Tout en continuant à arroser de lasers la tourelle, il fonça sur elle, toujours poursuivi par les missiles, jusqu'à ce que le blindage de la tourelle occupe toute la verrière de son chasseur ; encore plus attirés par la chaleur des cellules d'énergies de la tourelle ennemie que par celle du chasseur de Jor, les missiles se détournèrent et frappèrent la tourelle ennemie lorsque le Chevalier Jedi remonta brusquement... Il ne put cependant pas échapper à l'onde de choc lorsque toute la partie supérieure de la tourelle se transforma en flammes et shrapnels ; toutefois, le bouclier de son chasseur le sauva.
Satisfait de voir que la tourelle était désormais inutilisable, Jor réorienta son chasseur vers le centre de la base ennemie et commença à tirer sur les droïdes; incapables de se défendre, ceux-ci furent détruits par dizaines. Jor vit les Z-95 des clones l'imiter à l'extrême opposé de la base ; les droïdes étaient cernés.
« Bleu 1, avez-vous subi des pertes?
-Bleu 2 et 4 ont perdu leurs boucliers, Général ; mais nous sommes tous encore en état de combattre.
-Parfait, alors finissons le travail. » conclut Jor en lançant une torpille à protons sur un bâtiment ennemi.

« Tout va bien, le continent sud est sous contrôle, annonça l'officier Séparatiste.
-Parfait, alors c'est fini ; Xankora est sous contrôle de la Confédération des Systèmes Indépendants, affirma Barzii.
Et la République n'avait absolument rien entreprit pour les en empêcher ; ce à quoi il fallait ajouter cette mystérieuse histoire de putsch appuyé par les services de renseignements... Quelque chose d'étrange était en train de se produire. Barzii estima qu'il ne pouvait plus l'ignorer et ouvrit une nouvelle communication avec l'Amiral Tonith :
« Amiral, le débarquement de nos troupes sur Xankora est fini ; excepté quelques incidents, tout s'est passé sans aucun problèmes. Mais je trouve la passivité de la République franchement inquiétante...
Tonith sourit, apparemment ravi de cette occasion d'expliquer quelque chose à l'un de ses subordonnés.
-Je viens de recevoir un message de détresse d'Urtra, les Loyalistes ont profité de l'invasion de Xankora pour lancer une offensive sur cette planète...
-Mais cela leur laissera une ouverture vers Corvis Major! Ne devrions-nous pas aller les repousser, Amiral?
-Pour qu'ils puissent reprendre Xankora? Certainement pas ; ils ont une ouverture vers Corvis Major, nous en avons une vers Ciutric...
-Cela me paraît très risqué, Amiral...
-Peut-être, mais ce sont mes ordres ; les défenseurs d'Urtra devront se débrouiller sans nous. »

La dernière batterie légère de la capitale d'Urtra céda sous les lasers de Jor ; l'ultime résistance aux Loyalistes était à présent constituée d'un bâtiment blindé où s'était réfugié le gouverneur avec quelques droïdekas.
« On détruit le bâtiment à la torpille à protons, Général? demanda un pilote clone.
-Non, essayons plutôt de capturer le gouverneur vivant, il a peut-être des informations utiles...
-A vos ordres. »
Les Loyalistes posèrent leurs chasseurs ; la population semblait complètement indifférente à leur arrivée, comme s'ils se moquaient de savoir si leur planète faisait partie de la République ou de la Confédération... Jor ne comprenait pas cette attitude.
Le sabre à la main et les soldats clones à sa suite, il courut vers le refuge du gouverneur.
« Pouvez-vous détruire cette porte au détonateur thermique, commandant?
-Je pourrais, oui ; mais ne serait-il pas moins dangereux que vous la découpiez au sabre?
-Si... Sauf que je suis à peu près sûr que des droïdekas nous attendent de l'autre côté ; il vaudrait donc mieux que nous restions éloignés...
-En effet... »
Le commandant clone et un de ses soldats posèrent leurs détonateurs près de la porte et s'éloignèrent précipitamment, suivis de Jor et des autres soldats. A peine s'étaient-ils arrêtés que de longues langues de flammes jaillirent dans toute la rue, accompagnées d'une explosion assourdissante ; mais cela avait eu l'effet escompté, la lourde porte blindée était en miettes.
Cependant, l'hypothèse de Jor sur les droïdekas fut très vite confirmée lorsque des éclairs rouges jaillirent de l'ouverture ; sans perdre une seconde, reconnaissant immédiatement les tirs caractéristiques des droïdekas, les soldats clones lancèrent de nouveaux détonateurs thermiques. Cette fois, les explosions furent en grande partie absorbées par les boucliers des droïdekas, mais les soldats clones achevèrent aussitôt au blaster ceux qui avaient survécu.
« Excellent, allons-y, dit Jor aux clones en s'engouffrant dans l'ouverture. Et espérons que c'était les derniers droïdekas, car je n'aimerais pas en rencontrer à présent que nous n'avons plus de détonateurs... »
Fort heureusement, il ne rencontrèrent pas d'autres droïdes destroyers alors qu'ils arpentaient les couloirs du bâtiment ; apparemment, le gouverneur avait tout misé sur le fait que Jor forcerait la porte au sabre-laser.
« Je suis prêt à parier que le gouverneur est là-dedans, c'est la salle la plus sûre du bâtiment, déclara Jor devant une nouvelle porte blindée.
-Vous pensez qu'il pourrait y avoir d'autres surprises derrière, Général?
-Ça ne me surprendrait qu'à moitié... Écoutez, voilà ce que nous allons faire : montons à l'étage, juste au-dessus de cette salle, et de là, je découperais le sol... Si ce sont des droïdekas devant l'entrée, ça ne changera pas grand chose, mais si ce sont de simples mines, cela pourrait bien nous sauver la vie... »
Ils ne rencontrèrent pas davantage de résistance à l'étage supérieure que précédemment ; lorsque la Force indiqua à Jor qu'il se trouvait juste au-dessus de la salle où s'était probablement réfugié le gouverneur, il commença à découper un cercle dans le sol ; il devait travailler vite, sans quoi le gouverneur comprendrait ce qu'il se passait et fuirait.
Lorsque l'ouverture fut assez grande, Jor sauta à l'intérieur sans perdre une seconde, immédiatement suivi des six clones qui l'avaient accompagné ; ils atterrirent dans une pièce aux murs argentés comme le reste du bâtiment, et remplie d'ordinateurs. Son unique occupant, un Gossam écarquilla les yeux de surprise en voyant les Loyalistes ; Jor se jeta sur lui avant qu'il ne puisse activer un quelconque piège.
« Gouverneur, vous êtes en état d'arrestation!
-Vous mourrez avec moi, Jedi! Nystshza! »
Les lèvres du Gossam s'étaient à peine refermées que Jor entendit le son caractéristique de l'arrivée d'un gaz ; il aurait voulu s'étrangler pour ne pas avoir pensé à un dispositif à commande vocale... Mais cela n'avait finalement pas grande importance ; il maîtrisait à la perfection les techniques Jedi pour lutter contre les gaz toxiques, et les clones étaient équipés de respirateurs...
« Je sais ce que vous pensez, Jedi, ricana le Gossam. Mais ne vous y trompez pas, j'ai bien choisi ce gaz... Il n'est pas seulement toxique, il est aussi corrosif ; même vous ne pouvez rien contre ça! Et inutile de vous dire que vous ne pourrez quitter cette pièce assez vite... Je n'ai plus aucun moyen de fuir, votre flotte intercepterait mon vaisseau; alors autant que vous mourriez avec moi! »
Jor réfléchit le plus vite possible ; il ne pouvait lutter à la fois contre l'intoxication et la corrosion, c'était certain...
«Très bien, alors donnez l'ordre qui arrêtera le gaz, et j'accepte d'ordonner à la flotte de vous laisser partir...
Le Gossam sembla encore plus surpris que précédemment.
-Vous me laisseriez fuir?
-Tant que nous gardons les ordinateurs...
-Jiztrah!
Le sifflement du gaz s'interrompit ; les occupants de la pièce soupirèrent de soulagement. Jor saisit son comlinck et parla sur une fréquence destinée aux soldats clones situés dans les environs.
« Ici le Général Drakkas. Trouvez un vaisseau non-armé pour le gouverneur, et dîtes de ma part au Vice-Amiral Ashen qu'il ne doit rien tenter pour l'empêcher de fuir...
-Très bien, dans ce cas, je m'en vais... »
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 9:01, modifié 1 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 05 Aoû 2009 - 20:33   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Voici donc la troisième partie du chapitre 5....

Une froide nuit tombait sur les dunes de Tatooine alors que Sev'rance regagnait son vaisseau en compagnie de Kadraa, qui avait remplacé son armure rouge et bleue par l'armure dorée du Mandalorien qu'il avait tué.
« Vous vous en êtes bien tirée avec le Hutt, admit Kadraa. Si vous n'aviez pas infligé une telle débâcle à ses hommes de main, il se serait sûrement permis d'exiger que vous chassiez les Desilijik de la planète, voir plus.
Appuyée sur le chasseur que les Géonosiens lui avaient construit, Sev'rance but une gorgée d'une boisson chaude Corellienne avant de répondre.
-Probablement; heureusement, il ne pouvait pas savoir que j'avais ordre de ne pas perdre de temps à négocier avec lui et d'accepter ses conditions dans la mesure du possible. A propos de Boorka et ses acolytes, nous changeons l'emplacement des vaisseaux pour la nuit ; il faut que nous nous enfoncions dans le désert, pas question que nous soyons attaqués à l'improviste par je ne sais quels pirates engagés par Boorka... Nous ne pouvons pas non plus nous fier aux droïdes pour nous réveiller en cas de problème ; nous veillerons pendant quatre heures chacun.
-Vous pensez vraiment que Boorka et son clan vont tenter quelque chose? Ils viennent de perdre environ trois cent hommes de main, et ce n'est pas vraiment dans leur intérêt...
-C'est aussi ce que je pense, et je serais étonné que nous soyons attaqués pendant la nuit ; mais le problème, c'est que tout que tout ce que nous savons des intérêts du clan Besadii se résume à ce que Boorka nous en a dit et à ce que nous supposons... Je ne sais rien des manœuvres politiques dans lesquelles Boorka peut être engagé vis-à-vis des autres clans de Hutt et de la République ; toute cette histoire d'informations sur une nouvelle arme de la République que détiendrait le clan Besadii pourrait bien n'être qu'un écran de fumée d'Armand Isard pour nous attirer dans un piège... Alors autant être prudents, ça ne coûte rien dans ce cas précis.
-Je suis d'accord là-dessus... Je prendrais le premier tour, si ça ne vous dérange pas. Comment nous occuperons-nous de l'astroport? Bombardement orbital?
-Très mauvaise idée ; cela reviendrait à informer tous les contrebandiers, pirates et chasseurs de primes de Tatooine de notre présence ici, ce qui signifie en informer toute la Galaxie. Il est beaucoup plus facile aux services de renseignements Loyalistes d'interroger les hors-la-loi sur nos activités que d'infiltrer nos forces... Si nous voulons que notre mission reste secrète, l'assaut terrestre est la seule solution.
Gorlan sourit et se servit à son tour en café Corellien.
-Ça me va, je préfère ça que d'observer la Suprématie réduire l'astroport en cendres depuis l'orbite...
Au fait, avez-vous remarqué qu'il y a un camp de Jawas à proximité? Ils pourraient nous être utiles...
-Qui sont les Jawas?
-Des marchands de droïdes ; je suis à peu près sûr que nous trouverons des droïdes ouvriers chez eux...
Sev'rance sourit.
-Parfait... Nous les attaquerons demain à l'aube ; après, on s'occupe de l'astroport... »
Sev'rance ne fit aucune remarque à ce sujet, mais elle fut surprise par le ton employé par Kadraa ; il semblait plus respectueux qu'auparavant. Peut-être avait-il été impressionné de voir Sev'rance tenir tête à un Hutt, ou peut-être avait-il été surpris de voir qu'au cours d'une bataille, Sev'rance prenait autant de risques qu'elle lui ordonnait d'en prendre. Il avait de plus fait preuve d'une surprenante bonne volonté en suggérant d'attaquer les Jawas ; aussi Sev'rance se risqua-t-elle à lui poser une question d'ordre plus personnel.
«Ces deux hommes en armure qui combattaient pour Boorka... C'étaient des Mandaloriens, n'est-ce pas? De quel côté combat votre peuple, finalement? Cela n'a pas paru vous poser problème de devoir tuer un autre Mandalorien...
-Nous ne combattons d'aucun côté ; cela fait quatre mille ans que nous combattons pour les autres. Ces deux-là avaient choisi de servir Boorka le Hutt, j'ai choisi de servir la Confédération ; il n'y a rien de personnel là-dedans. D'autres de mes compatriotes, notamment Kal Skirata, se sont mis au service de la République. Autrefois, nous avions une immense armée, et nous avons combattu la République et les Jedi, mais ils nous ont vaincu ; depuis, nous ne sommes plus que des mercenaires isolés, nous mettant au service du plus offrant.
-Et de quelle planète les Mandaloriens sont-ils originaires?
-D'aucune, c'est bien là notre spécificité et la raison pour laquelle nous avons tenu tête à toute la République! Les premiers Mandaloriens n'étaient pas des Humains mais des Taung, les premiers habitants de Coruscant ; mais par la suite, de nombreux peuples se sont ralliés à eux, notamment les Zhell, les ancêtres des humains actuels. Nous n'hésitons pas à recruter parmi toutes les espèces intelligentes de la Galaxie, être Mandalorien est plus une question de culture qu'autre chose...
-Oui, c'est sans doute une grande force ; la xénophobie est plus contre-productive qu'autre chose...
-Mais au lieu de parler des Mandaloriens, qu'en est-il de votre peuple, au fait? Maintenant que j'y pense, je n'en ai jamais entendu parler...
-Tout ce que je peux vous dire à ce sujet, c'est que nous sommes appelés les Chiss.
-Les Chiss... C'est curieux, je n'en ai jamais entendu parler ; et votre méconnaissance des Hutt et des Mandaloriens est elle aussi très étrange... »
Sev'rance ne répondit pas et alla se coucher en souhaitant une bonne nuit au Mandalorien.

Gorlan agrandit la zone à l'aide de ses macrojumelles ; en ce début d'après-midi, les soleils jumeaux gênaient considérablement sa vision, mais une chose au moins était claire : les Loyalistes n'avaient pas lésiné sur la sécurité de leur astroport. Les défenses n'étaient pas tant constituées par des troupes nombreuses que par des tours de défense et des remparts, ce qui se comprenait étant donné l'infériorité numérique écrasante des clones sur les droïdes.
Fort heureusement, les Séparatistes avaient pu faire atterrir des renforts ; cela n'avait pas été facile, car trop de vaisseaux de débarquement auraient attiré l'attention et mis en danger le secret de la mission. Mais c'était compter sans l'intelligence de Sev'rance Tann. Elle avait ordonné que les droïdes soient mis en pièces détachés, et avait fait réquisitionner de simples cargos pour transporter chaque type de pièces détachées à Mos Osnoe ; les droïdes ouvriers que les Séparatistes avaient réquisitionné aux marchands Jawas dans la matinée n'avaient alors plus eu qu'à assembler à nouveau les droïdes. Toute une armée avait ainsi débarqué sur Tatooine sans que personne n'y voit autre chose que de la contrebande de pièces détachées pour droïdes ; les marchands Jawas ayant tous été exécutés sur ordre de Tann, Boorka et son clan étaient les seuls informés de la présence des forces Séparatistes.
Gorlan agrandit soudain une autre zone ; ne serait-ce pas... Si, il n'y avait plus aucun doute, il y avait dans cet astroport un Jedi... Voilà qui risquait de compliquer les choses, surtout s'il n'était pas seul... Le mercenaire Mandalorien se tourna vers la douzaine de Super Droïdes qui l'avaient accompagné :
« On en sait assez ; repartons. »
Les nouvelles n'allaient pas plaire à Sev'rance.

Le Padawan Jedi Defel Ziat Râ revint dans le bâtiment réservé aux cinq Jedi chargés de défendre l'astroport ; jusque là, leur présence avait semblé quasiment inutile, la Confédération ignorant complètement Tatooine, et Ziat avait eu du mal à accepter que le Conseil des Jedi l'ait ainsi éloigné du front. Ceci dit, Ziat et les quatre autres Padawans n'avaient pour la première fois pas de Chevalier Jedi avec eux pour les superviser, le Conseil ayant estimé qu'ils devaient prouver leur capacité à se débrouiller et à s'organiser seuls pour gérer la défense de cet astroport avant de devenir Chevaliers Jedi. Il était donc normal qu'on leur confie une mission de routine.
Mais finalement, cette mission pourrait bien s'avérer plus dangereuse que prévue... Comme toujours, le Padawan humain qui s'occupait en cet instant du poste de communication ne le remarqua pas ; les Defels avaient pour particularité d'absorber la lumière, si bien que les humains ne voyaient d'eux qu'une ombre.
Ayant tout de même senti sa présence dans la Force, le Jedi humain se retourna brusquement.
« Ça t'amuse de te glisser ici sans prévenir? demanda-t-il avec un grand sourire.
Mais il retrouva très vite son sérieux.
-Il n'y a rien à faire, reprit-il d'un ton moins joyeux, je n'arrive toujours pas à contacter qui que ce soit en dehors du système... Et quand Xar et moi avons inspecté les antennes de communication, nous n'avons strictement rien trouvé d'anormal ; peut-être que nous n'avons simplement pas su déceler la panne, mais c'est quand même très étrange... Et de ton côté? Rien qui approche de la base?
-Pas assez près pour représenter une menace, en tous cas ; mais je crois que je crois avoir senti la présence d'un homme aux alentours. Il avait une aura assez inquiétante, la violence émanait de lui comme la lumière d'une étoile ; mais cela n'a peut-être aucun rapport, pour ce que j'en sais, ce pouvait être un simple homme de main des Hutt qui nous surveillait...
-Tu y crois vraiment?
-En même temps qu'une défaillance des communications? Peu probable, hein? Tout cela ressemble beaucoup aux signes avant-coureurs d'une offensive ennemie... Un vaisseau lourd brouille les communications quelque part dans le système, ils envoient des éclaireurs vérifier que nous sommes bien la proie facile qu'ils s'imaginent...
-Oui, c'est aussi ce que je crains... Cependant, les Séparatistes n'ont pas débarqué de troupes, ou alors très peu ; un ou deux vaisseaux de transport ont pu nous échapper, surtout sachant que nous devons prendre garde à ne pas être nous-mêmes repérés. Mais nous aurions forcément été avertis d'un débarquement massif...
-Qu'est-ce que les Séparatistes peuvent bien nous vouloir? Cet astroport n'est qu'une opération parmi d'autres pour financer la guerre...
-Quoi qu'il en soit, nous avons intérêt à être vigilants... »

La nuit était déjà tombée depuis longtemps lorsque commença l'assaut sur l'astroport Loyaliste ; l'ennemi fut totalement pris de court par la soudaine arrivée de plus de cinq cent Droïdes de Combat, deux cent Super Droïdes, cinquante droïdekas, vingt droïdes-araignées, vingt Chars d'Assaut Blindés et quatre droïdes Mur-de-feu. L'obscurité et le silence de la nuit de Tatooine furent brusquement déchirées par l'éclat de centaines de blasters et le vacarme des combats.
L'astroport avait été puissamment et intelligemment fortifié : les architectes Loyalistes s'étaient tout simplement servi de falaises déjà existantes pour y bâtir les tours défensives, si bien que tout ennemi disposant uniquement de forces terrestres, comme c'était le cas de Sev'rance Tann, était contraint de subir leur feu sans pouvoir riposter avant d'avoir franchi les murailles qui protégeaient l'astroport. Cependant, la décision de Tann de placer les unités les plus résistantes, à savoir les CAB et les droïdes-araignées, sur les flancs de sa force d'assaut limita considérablement les dégâts, si bien que la majeure partie des droïdes étaient toujours intacts lorsqu'ils vinrent à bout des portes de l'astroport, bien qu'aucun CAB n'ait survécu.
Gorlan sourit sous son casque ; cette bataille s'annonçait bien...
« Continuez à vous enfoncer dans l'astroport avec les Droïdes de Combat et les droïdekas ; je vais m'occuper des tours défensives avec les véhicules et les Super Droïdes, ordonna Tann.
-A vos ordres. »
Gorlan et les droïdes que lui avait laissé Tann ne rencontrèrent quasiment aucune opposition alors qu'ils progressaient dans l'astroport ; la foule terrifiée d'humains, d'Aqualish, de Quarren et même de Jawas qu'ils rencontrèrent s'écarta très vite de leur chemin, et les rares qui tentèrent de résister furent aussitôt abattus. Partout sur leur passage, ils détruisaient les bâtiments après avoir pris tout ce qui avait de la valeur à l'intérieur et clouaient les vaisseaux au sol à coups de missiles. L'astroport était en flammes.
Soudain, plusieurs explosions dévastèrent les rangs des droïdes ; quelques dizaines de soldats en armure blanche avaient surgi dans les rues autour de l'armée droïde et lançaient à présent des détonateurs thermiques sur les droïdes. Encore une fois, Gorlan sourit sous son casque ; il allait enfin avoir l'occasion de combattre ces fameux soldats clones...
« Espacez-vous! » ordonna-t-il aux droïdes pour limiter les dégâts des détonateurs.
Mais les puissants blasters des clones avaient déjà pris le relais et décimaient à présent les rangs des droïdes. Contrairement à ces derniers, les clones avaient l'avantage de l'intelligence et de l'agilité ; ils utilisaient à la perfection les bâtiments en ruines pour se protéger des blasters Séparatistes.
Gorlan commença aussitôt à mitrailler les clones, mais ceux-ci se montrèrent encore plus vifs à tirer puis à se jeter sous leur barricade sommaire ; le Mandalorien dut admettre que sans son armure, il n'aurait probablement pas survécu. Sachant qu'escalader la barricade ne ferait que l'exposer aux tirs des soldats clones, Gorlan alluma son jetpack et s'éleva dans les airs, puis commença à décocher ses traits mortels. Les quatre soldats qui se trouvaient derrière la barricade furent tous abattus.
A nouveau au sol, Gorlan put mesurer à quel point la situation était désastreuse ; les droïdes, obéissant à leur programmation bon marché, s'étaient éparpillés pour poursuivre les clones, qui disposaient d'une infinité d'embuscades possibles dans cette environnement urbain... Même les droïdekas, contraints de se passer de leur bouclier pour se déplacer, subissaient des pertes. Quelques dizaines de clones étaient en train de tenir tête à plusieurs centaines de droïdes.
Non sans laisser échapper quelques jurons Mandaloriens, Gorlan décida de commencer par secourir un petit groupe d'une vingtaine de droïdes, pris au piège par cinq soldats clones. Profitant de la surprise de ses adversaires, il en élimina un d'un tir de blaster en pleine tête ; sa victime était à peine à terre que Gorlan fut brutalement plaqué au sol par deux autres soldats clones, tandis que les deux restants continuaient à décimer les droïdes... Comme le Mandalorien précédemment, les soldats clones avaient compris que son armure était trop résistante pour être percée rapidement. L'un des clones immobilisa immédiatement les bras de Gorlan, tandis que l'autre tentait de s'emparer de son couteau ; toutefois, malgré la force qu'ils avaient hérité de Jango Fett, les clones ne pouvaient rivaliser avec douze ans d'expérience du combat rapproché. Au moment où ses adversaires s'y attendaient le moins, Gorlan envoya valser le premier clone d'un puissant de pieds. Il n'avait que quelques secondes pour agir, le deuxième clone allait le poignarder d'un instant à l'autre... Ses mains désormais libres, Gorlan, abattit les deux autres soldats clones, qui se précipitaient à sa rencontre après avoir détruit les derniers droïdes ; sa main avait à peine relâché la gâchette qu'il sentait la froide morsure de son poignard en gemme corusca dans son épaule...
Aux alentours, des puissantes explosions ravageaient le spatioport. Gorlan comprit ce qu'il se passait : d'un naturel pragmatique, Tann avait décidé de détruire les bâtiments à l'aide de son artillerie lourde pour mettre les clones à découvert, quitte à renoncer aux marchandises à l'intérieur... Gorlan n'avait aucun doute qu'elle parviendrait à éliminer les clones jusqu'au dernier ; mais lui allait mourir poignardé dans cette ruelle...
Le soldat clone voulut frapper une seconde fois, cette fois pour égorger Gorlan ; mais le Mandalorien était bien décidé à se battre jusqu'au bout, et il bloqua le bras du clone tout en lui décochant un violent coup de poing. Le soldat clone tomba à terre, mais alors que Gorlan se jetait sur lui pour lui reprendre son poignard et le tuer, il fut à son tour repoussé d'un violent coup de pied. Gorlan était à peine tombé que le clone était déjà sur lui pour l'achever...
Le poignard descendit sur sa gorge... Et s'arrêta brusquement.
Le soldat clone porta ses mains à la gorge, comme pour se débarrasser de quelque chose d'invisible qui serait en train de l'étouffer ; finalement, il s'effondra. Gorlan se releva précipitamment ; dans la nuit de Tatooine, subissant parfois l'éclairage intermittent des explosions, Sev'rance Tann prenait une apparence cauchemardesque...
«Merci, Général ; il allait m'avoir...
-Je sais, j'ai senti dans la Force que vous étiez en danger...
-Mais... Les clones auraient pu être nombreux ; n'aurait-il pas été plus prudent de détruire cette rue au droïde Mur-de-feu comme vous êtes en train de le faire avec les autres? Ce n'est pas que je sois mécontent que vous m'ayez sauvé, mais...
-Je vous l'ai dit, je n'abandonne pas ceux qui combattent à mes côtés. Jamais. Et bravo, au fait, éliminer neuf soldats clones, ce n'est pas courant pour quelqu'un qui n'a pas la Force avec lui, même avec une armure Mandalorienne... »
Gorlan hocha la tête sans répondre ; Sev'rance remontait dans son estime. Peut-être n'était-elle pas prête à tout sacrifier, y compris ses subordonnés, à l'intérêt de la Confédération, finalement...
« Maintenant, dépêchez-vous de venir ; il ne doit plus rester beaucoup de soldats clones, mais une patrouille de Super Droïdes a rapporté avoir tué un individu d'origine non-humaine armé d'un sabre-laser, il pourrait y en avoir d'autres... »

Les forces Séparatistes étaient très clairement en train de reprendre l'avantage sur les défenseurs de l'astroport. Suivant les ordres de Sev'rance, les Super Droïdes cernaient les zones où des soldats clones avaient été repérés, puis les droïdes Mur-de-feu détruisaient les bâtiments environnants à coups de missiles ; les soldats clones qui survivaient sortaient de leurs cachettes et tombaient immédiatement sous le feu des Super Droïdes.
Les droïdes commandés par Gorlan ayant pris soin de clouer tous les vaisseaux au sol, les Loyalistes étaient incapables de fuir l'astroport ; les Loyalistes ne tenaient plus qu'un seul bâtiment où s'étaient retranchés, d'après les rapports des droïdes, « des individus armés de sabre-lasers », qui avaient combattu aux côtés des soldats clones.
«Les droïdes, restez là, ordonna Sev'rance à l'entrée du grand bâtiment. Vous nous gêneriez plus qu'autre chose dans un bâtiment comme celui-ci, les clones et les Jedi pourraient nous tendre des embuscades sans fin ; le Colonel Kadraa et moi-même iront seuls. Si nous ne sommes pas ressortis dans une heure, détruisez le bâtiment à coups de missiles.
-A vos ordres, Général, répondit l'officier Super Droïde.
-Alors allons-y, Colonel. »
Le mercenaire Mandalorien et la Jedi Noire s'engagèrent dans les couloirs sombres du bâtiment ; manifestement, il avait servi à loger des défenseurs de l'astroport... Les Jedi? C'était probable. Dans ce cas, il y en avait cinq, d'après le nombre de chambres que trouvèrent Sev'rance et Gorlan. Mais ils n'y trouvèrent pas signe de vie.
Sev'rance sentait toutefois la présence de clones et de Jedi dans le bâtiment...
« Par là, dit Sev'rance à Kadraa en indiquant la direction de la salle de communication, d'après les données trouvées sur place.
-Logique, commenta Kadraa, ils se sont réfugiés dans le lieu où il y avait le plus de matériel possible... Logique, et donc évident. Ces Jedi ne doivent pas être très expérimentés... »
Sev'rance approuva avec un sourire et se dirigea dans la direction qu'elle avait indiqué tout en allumant son sabre-laser.
« Occupez-vous des soldats clones, s'il y en a ; le ou les Jedi sont pour moi. » ordonna-t-elle juste devant la porte de la salle.
Sev'rance plongea la lame de son sabre dans la porte blindée et commença à y découper un cercle ; mais elle s'interrompit brusquement pour défoncer la porte d'un brutal coup de bélier télékinétique. A l'intérieur de la pièce, trois Jedi d'espèces variées et cinq soldats clones l'observaient d'un air subjugué. Les soldats clones surent reprendre leurs esprits à temps et commencèrent à tirer inutilement sur les intrus ; les Jedi, non. Il ne leur fallut que quelques secondes pour réagir, mais c'était quelques secondes de trop pour le Jedi Iktotchi sur lequel se jeta Sev'rance avant de lui planter sa lame en plein cœur...
Tandis que Kadraa entreprenait d'abattre les clones, elle se retourna précipitamment pour parer la lame du Jedi Khil ; elle le repoussa allègrement d'un coup de pied au visage. A peine était-ce fait qu'elle dut parer la lame d'un Jedi humain ; malgré la fatigue due à la vitesse à laquelle elle était contrainte de se mouvoir, elle y parvint. Derrière, le Jedi Khil se relevait ; Sev'rance le réexpédia au sol d'une poussée de la Force pendant qu'elle attaquait le Jedi humain d'un coup de Djem So. L'humain la bloqua et contre-attaqua, usant lui aussi du Djem So ; le coup aurait décapité Sev'rance, ou tout au moins l'aurait forcée à ramener sa lame vers elle, si elle ne s'était jetée à terre. Avant que l'humain n'ait compris, Sev'rance l'avait éventré. Mais à peine s'était-elle relevé que le Jedi Kihl, à présent le dernier, l'attaquait de nouveau ; Sev'rance bloqua son coup, puis, d'une simple rotation du poignet, réorienta sa lame vers la gorge du Kihl. Celui-ci parvint à échapper au coup en se jetant à terre, mais Sev'rance lui avait enfoncé sa lame dans le cœur avant qu'il n'ait pu se relever.
Sev'rance, constatant que tous les Jedi étaient morts, s'apprêtait à aller aider Kadraa à tuer les deux derniers soldats clones... Lorsqu'elle sentit la brûlure d'un de lame de sabre-laser dans son dos, un sabre dont l'extrémité ne tarda pas lui traverser la poitrine.
« Maudite Jedi Noire! entendit-elle. Tu as tué mes amis! Tu as tué les soldats clones!Tu as tué tous ces innocents qui n'essayaient que de s'abriter dans les entrepôts de l'astroport! Mais je vais te faire subir le même sort... »
Non! C'est impossible! pensa Sev'rance. Il ne restait que trois Jedi, et je les ai tous tués!
Elle sentait qu'elle allait mourir ; la blessure que lui avait infligé le dernier Jedi était probablement grave, elle devait lutter pour ne pas perdre connaissance ; et elle ne pouvait compter sur le Mercenaire Mandalorien qui était bien trop occupé à combattre les clones... Malgré la douleur incroyablement intense, elle fit un dernier effort pour tourner son regard et voir qui l'avait tué...
C'était une ombre. Une ombre sans personne pour la projeter, une ombre au service de la lumière. Rien d'étonnant à ce qu'elle n'y ait pas fait attention.
« Eh oui, Jedi Noire, je suis un Defel, j'absorbe la lumière, voilà pourquoi tu ne m'as pas vu... J'aurais pu fuir ; mes amis voulaient se sacrifier pour que tu penses avoir tué tous les Jedi ici et que je puisse m'échapper grâce à ma quasi-invisibilité... Mais je n'ai pas pu, finalement. Je n'ai pas pu, parce qu'en te voyant les éventrer, je ne pouvais pas ne pas rester pour les venger...»
Sev'rance se sentait perdre connaissance pour ne plus jamais la retrouver... Elle payait pour avoir sous-estimé les Jedi... Mais elle mourrait la conscience tranquille : on se souviendrait d'elle comme de quelqu'un de dévouée jusqu'au bout aux causes pour lesquelles elle avait combattu et comme d'un grand Général qui se souciait en plus de la vie de ses hommes... Bien sûr, les familles et les amis de tous les Jedi et des soldats qu'elle avait tué ne verraient pas les choses de cette façon ; mais seul le jugement de l'Histoire l'intéressait...
Au dessus d'elle, le Defel s'apprêtait à l'achever d'un coup de sabre en plein cœur ; peut-être avait-il finalement eu pitié d'elle et décidé de l'achever plutôt que de la regarder mourir de ses blessures... Même lorsqu'ils haïssaient profondément une personne, la plupart des êtres pensants n'étaient pas assez cruels pour la regarder souffrir ainsi sans rien faire... Sev'rance attendait le coup de grâce comme un soulagement... Lorsque la tête du Defel explosa, percé de rayons blasters. Le dernier Jedi vivant de Tatooine s'effondra.
Bien que mourante, Sev'rance parvint à se tourner pour voir qui avait tué le Defel ; Kadraa avait interrompu son combat avec le dernier soldat clone pour la sauver... Le clone en avait profité pour se libérer des bras du Mandalorien, et il allait à tirer dans la tête de Kadraa (à qui il avait apparemment réussi à arracher son casque)... Mais c'était trop tard ; Sev'rance faisait déjà appel à ses dernières réserves d'énergie pour envoyer le sabre-laser bleue du Defel le tuer. Le clone cessa brusquement de bouger, rejoignant les huit autres cadavres qui jonchaient déjà le sol de la pièce. Dès qu'il fut hors de danger, Gorlan saisit son comlink:
« Ici le Colonel Kadraa! Le Général Tann est grièvement blessée! Une équipe de secours, vite! (il se tourna vers Sev'rance) Courage, Général ; si vous tenez jusqu'à ce que l'équipe de secours arrive, vous vivrez. »
Mais Sev'rance savait que rien n'était moins certain. A présent qu'elle voyait un espoir de survie, elle invoqua la Force aussi puissamment qu'elle le pouvait pour tenter de se maintenir en vie ; une chose lui redonnait espoir : la Jedi qu'elle avait éventré sur Geonosis avait réussi à survivre une dizaine de minutes. Mais contrairement à elle, Sev'rance avait appris à tuer bien plus assidument qu'à sauver... Il serait très philosophique que cela finisse par la tuer.

Le sourire avec lequel Boorka Besadii accueillit Gorlan et son escorte droïde ressemblait à celui de beaucoup d'hommes d'affaires humains, mais appliqué à la bouche gigantesque d'un Hutt...
« Bravo, je savais que vous réussiriez, mais je ne pensais pas que vous y arriveriez sans attirer l'attention de la République! A présent que la République et les Jedi sont écartés, je peux vous donner ce que vous êtes venu chercher... 
L'énorme main du Hutt tendit plusieurs datacartes à Kadraa.
-Voici tout ce que je sais sur le projet que la République nomme Decimator, reprit Boorka. Il s'agit apparemment d'une nouvelle arme pensée par les ingénieurs Wookiees, dont les Loyalistes pensent qu'elle pourrait leur permettre de prendre le dessus dans cette guerre... Il m'a fallu beaucoup de mal pour obtenir ces informations, tout là-dessus est extrêmement confidentiel ; j'ai dû espionner ou faire torturer beaucoup de gens, et l'un de mes agents s'est même rendu en personne sur la colonie Wookie d'Alaris Prime. Il s'est fait prendre, mais pas avant d'avoir pu me confirmer ce qu'il s'y passait... 
Gorlan doutait que le Hutt se soit réellement donné « beaucoup de mal », il avait certainement tout commandité depuis son agréable palais entre deux spectacles de danseuses Twi'lek... Mais c'était certainement là l'idée que les chefs de gang Hutt se faisaient de la difficulté. Cependant, il ne fit aucun commentaire à ce sujet. Finalement vint la question que Gorlan attendait :
-Mais où est le Général Tann? J'espère qu'elle n'a pas péri dans la bataille, cette fille ne manque ni de courage ni d'intelligence... Dommage qu'elle soit honnête...
-Elle est toujours dans une cuve à bacta ; elle a été grièvement blessée après avoir combattu quatre jeunes Jedi à elle seule. C'est un miracle qu'elle ait survécu, mais elle devrait s'en tirer.
Le Hutt sourit à nouveau.
-Tant mieux... Elle sera certainement très utile à Dooku pour gagner cette guerre... »

Sev'rance venait à peine de reprendre conscience, surprise et heureuse d'être toujours en vie, lorsque Gorlan entra dans la pièce où elle était allongée.
« Vous allez mieux?
-Ça va, oui... On dirait que la Force m'a maintenu en vie jusqu'à que les médecins puissent me sauver ; je ne me savais pas si puissante... Où sommes-nous? A bord de la Suprématie?
-Exactement. Le Hutt nous a donné les informations sur cette nouvelle arme que la République prépare ; conformément aux ordres du Comte Dooku, c'est nous qui allons devoir nous en emparer...
-Très bien... Je devrais être remise, d'ici là. 
-Probablement... Bravo, en tous cas, tenir tête à trois Jedi à la fois, même s'il s'agissait apparemment de Padawans en fin de formation, et se remettre d'une telle blessure, ça n'est pas donné à tout le monde...
-Merci. Et surtout, merci d'avoir tué le Defel ; sans vous, je ne serais sûrement pas en train de vous parler...
Sev'rance hésita un peu, puis posa la question qui l'obsédait depuis son réveil.
-Pourquoi m'avez-vous sauvée? Vous avez failli vous faire tuer...
A son tour, Gorlan réfléchit quelques secondes avant de lui répondre, comme s'il hésitait à le lui dire.
-Vous savez, moi non plus, je n'abandonne pas ceux qui se battent à mes côtés, surtout quand ils ont déjà pris des risques pour me sauver ; ce n'est pas parce que je vends mes services au plus offrant que je suis un égoïste fini, vous savez... Quand vous m'avez utilisé pour piéger les mercenaires de Boorka, au début de cette mission, j'ai vraiment crû que vous vous fichiez complètement que j'y passe, que tout ce qui vous importait, c'était les intérêts de la Confédération ; mais vous m'avez prouvé le contraire dans l'astroport... Je ne pouvais pas vous laisser tomber...
-Il y a deux choses pour lesquelles je serais prête à mourir et à tuer : la Confédération, et la vie de ceux qui combattent avec moi ; si je dois choisir entre les deux, je choisirais la vie de ceux qui combattent avec moi. »
A présent qu'il était évident que Gorlan n'était pas si intéressé qu'elle ne l'avait craint, il était évident pour Sev'rance que Dooku avait eu raison : Gorlan et elle feraient de l'excellent travail ensemble. Ceux qu'ils combattaient, en l'occurrence les Jedi et la République, allaient comprendre le sens du mot « peur »...
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 9:07, modifié 1 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Lun 24 Aoû 2009 - 18:39   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Désolé de vous accabler de chapitres de retard, mais voici le Chapitre 6; prenez le temps qu'il vous faudra pour tout lire... Bonne lecture.

Chapitre VI


An -26
Âgé d'environ une cinquantaine d'années, dont vingt-quatre passées dans l'infanterie Chiss, un visage à l'expression sérieuse, même pour un Chiss, le Colonel Daz'arde'nuruodo était le commandant des forces Chiss qui combattaient sur Tehirahs.
Ce n'était pas le genre d'officier à se retrouver contraint de rencontrer en personne une Lieutenante en laquelle il n'avait pas confiance, Sev'rance Tann le savait ; aussi interpréta-t-elle sa convocation dans la tente du Colonel comme un signe qu'elle n'était plus si basse que cela dans l'estime de ses supérieurs. Le Colonel Zarden confirma lui-même cette impression dès l'entrée de Sev'rance.
« J'ai une mission qui nécessite quelqu'un en qui je puisse avoir confiance, Lieutenante Tann, annonça-t-il. Et malgré les doutes de la DSFC à votre sujet, je pense que vous êtes la seule à même de la remplir.
-De quoi s'agit-il?
-Le contexte, d'abord. Vous le savez, notre offensive sur Tehirahs est en train de s'enliser. Les Kryshzla sont trop nombreux, et ils connaissent trop bien cette planète ; cependant, ils n'arrivent pas non plus à nous chasser des montagnes. C'est en partie grâce à vous, Lieutenante, vous vous êtes révélée particulièrement experte dans l'art de piéger et tromper l'ennemi... Bref, la situation est bloquée : d'un côté comme de l'autre, les forces sont trop éparpillées, les attaques trop prudentes et la défense trop soutenue ; sans un rassemblement et un assaut massif immédiats, cette guerre pourrait durer encore des années...
-Une arrivée de renforts serait aussi une solution.
-Oui, mais cela, je n'y crois pas trop ; du moins pas de notre côté... Depuis quelques mois, nous attendons donc l'occasion de provoquer cette bataille finale pour en finir avec les Kryshzla sur cette planète ; or, il semble que nous l'ayons enfin trouvé. Notre flotte a vaincu celle des Kryshzla dans ce système sans problème, Lieutenante ; la seule chose qui protège encore les Kryshzla d'un bombardement, ce sont plusieurs générateurs de boucliers répartis à la surface...
-J'imagine d'ici la suite... Vous avez localisé l'un de leurs principaux générateurs de boucliers au sud, et vous m'envoyez le saboter...
-C'est à peu près cela, oui. Les Kryshzla ont un autre générateur de bouclier ; privés du premier, ils seront contraints de se rassembler dans une zone précise pour être protégés par celui-ci, et nous aurons notre bataille finale. Plus de forces dispersées en petits groupes dans les montagnes et les déserts, plus de petites escarmouches et embuscades, seulement une grande bataille entre fantassins Chiss et Kryshzla dont dépendra le contrôle des boucliers de la planète. J'ignore si nous l'emporterons, mais la situation ne peut plus durer ; nous ne pouvons nous laisser entraîner dans une guerre d'usure.
-Pourquoi ne pas envoyer deux équipes pour saboter les deux générateurs en même temps? demanda Sev'rance, bien qu'elle soupçonna la réponse.
-Pour deux raisons : d'abord, parce que deux équipes, c'est deux fois plus de chances pour qu'il y en ait une qui échoue, ce qui compromettrait l'autre ; ensuite, parce que les Kryshzla ne seraient alors pas rassemblés dans une seule zone, et le bombardement pour les éliminer totalement pourrait prendre encore des semaines... et comme je vous l'ai dit, les combats sur Tehirahs doivent cesser au plus tôt.
Sev'rance sourit froidement ; elle devinait trop bien ce que tout cela cachait.
-Seriez-vous en train de me dire que le Haut Commandement menace de nous couper les vivres? Ils veulent du résultat rapidement pour limiter les dégâts économiques et politiques, quitte à échouer sur Tehirahs, c'est ça? Alors vous avez accepter le premier plan qui vous permettrait de l'emporter rapidement... Tout cela est trop facile, ça pue l'embuscade à plein nez ; d'ailleurs, vous le savez aussi bien que moi...
Zarden prit une expression désabusée.
-Je vois que vous ne manquez pas d'intelligence, Lieutenante ; j'ai bien fait de vous choisir pour cette mission... Je n'y suis pour rien, vous savez? Je suis aussi méfiant que vous envers ce cadeau tombé du ciel, mais j'ai mes ordres ; et vous avez les vôtres... »
Sev'rance ne répondit rien. Elle veilla à garder une expression neutre, car Zarden n'avait pas besoin d'éléments qui lui permettent de mettre à nouveau sa loyauté en doute ; mais en réalité, elle se sentait déchirée. Elle devait obéir à ses supérieurs ; prouver sa loyauté à l'Ascendance Chiss était profondément ancré en elle depuis que sa famille avait été accusée de trahison, après toutes ces années durant lesquelles tout le monde n'avait cessé de douter d'elle. Mais elle aspirait aussi depuis toujours à remporter de grandes victoires pour l'Ascendance Chiss, à faire une brillante carrière dans la flotte ; et ce ne serait pas possible si elle prenait part à la désastreuse débâcle dans laquelle ses supérieurs semblaient vouloir la précipiter...
Mais au fond, avait-elle le choix? Cela n'apporterait rien de bon à sa renommée comme à l'Ascendance Chiss si elle se retrouvait devant une coure martiale... Elle devait être réaliste : elle ne pouvait rien changer aux plans désastreux du Colonel Zarden pour le moment, tout comme le Colonel ne pouvait rien changer aux ordres du Haut Commandement...
« Cela va de soi, répondit finalement Sev'rance en espérant que son silence n'avait pas trop intrigué Zarden.
-Bien. Je vais vous donner les cartes de la région où se déroulera votre mission. A partir de maintenant, vous prendrez le grade de Capitaine (Sev'rance dut dissimuler son trop large sourire). Pour cette mission, vous aurez également sous vos ordres mon meilleur tireur d'élite sur Tehirahs, Tav'andalo'rorgia.
-Parfait ; je ferais donc tout ce que je peux pour détruire ce générateur. Mais vous n'arriverez pas à me convaincre que nous ne fonçons pas droit dans un piège quelconque...
-A vrai dire, je n'arrive même pas à m'en convaincre moi-même... » admit Zarden avec un soupir.
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 9:09, modifié 1 fois.
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Messagepar Notsil » Sam 12 Sep 2009 - 21:48   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Hop, suite lue ;)

Ca avance et ça se met en place...^^

C'est sympa de voir comment évoluent les points de vue de la chiss et du mando ; par contre, un peu plus de "sentiments", de réalité du coup, dans les batailles, serait un plus. Là on ne voit aucune différence entre un droide qui massacre mécaniquement et un être vivant : la peur - maitrisée ou non -, l'adrénaline, la sueur, la fatigue...

Pareil quand elle se prend le sabre au travers de la poitrine (vaudrait peut-être mieux préciser le poumon d'ailleurs sinon ça risque fortement d'être mortel ^^), aucune douleur, juste elle sent qu'elle va s'évanouir...un ptit truc genre ses sens qui la quittent, une faiblesse/torpeur qui l'envahit, la douleur aussi (pareil, même si maitrisée au final...on devrait ressentir un minimum de difficulté à réussir l'exercice, tout en papotant sur la loyauté ^^). Bref même si niveau tactique on sent bien que tu précises le truc (en présentant les plans et en variant les points de vue), même si côté Jedi y'a un peu plus de sentiments (quoique l'autre qui "sacrifie" sans sacrifier vraiment une planète, ça pourrait aussi être l'occasion de développer ses remords/logique : un mal pour un + grand bien, n'est-ce pas le commencement du coté obscur ? ^^ ).

Valà valà, bon courage pour la suite ceci dit ^^
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Ven 02 Oct 2009 - 18:53   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Que ce soit pour Darkliser ou pour moi, heureusement que tu es là, Notsil^^

par contre, un peu plus de "sentiments", de réalité du coup, dans les batailles, serait un plus. Là on ne voit aucune différence entre un droide qui massacre mécaniquement et un être vivant : la peur - maitrisée ou non -, l'adrénaline, la sueur, la fatigue...

Pareil quand elle se prend le sabre au travers de la poitrine (vaudrait peut-être mieux préciser le poumon d'ailleurs sinon ça risque fortement d'être mortel ^^), aucune douleur, juste elle sent qu'elle va s'évanouir...un ptit truc genre ses sens qui la quittent, une faiblesse/torpeur qui l'envahit, la douleur aussi (pareil, même si maitrisée au final...on devrait ressentir un minimum de difficulté à réussir l'exercice, tout en papotant sur la loyauté ^^). Bref même si niveau tactique on sent bien que tu précises le truc (en présentant les plans et en variant les points de vue), même si côté Jedi y'a un peu plus de sentiments (quoique l'autre qui "sacrifie" sans sacrifier vraiment une planète, ça pourrait aussi être l'occasion de développer ses remords/logique : un mal pour un + grand bien, n'est-ce pas le commencement du coté obscur ? ^^ ).


Intéressant, j'avais justement peur d'en faire trop à ce sujet (dans En Chute Libre dans les Ténèbres, j'ai eu l'impression que je passais mon temps à décrire les sentiments des personnages^^)... J'essaierais de m'étendre un peu plus sur ce plan, du moins côté Jedi.
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Messagepar Darkliser » Dim 01 Nov 2009 - 13:36   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

J'ai enfin tout lu et c'est long. Ce que j'ai préféré et de loin, c'est le respect mutuel et même plus qui s'installe entre le mandalorien et sevrance.
Après j'ai été surpris que la chiss se fasse avoir même si son adversaire pouvait se camoufler. Je pensais qu'elle était assez forte pour ressentir sa présence. Enfin ça aura eu le mérite de nous faire voir que le mandalorien ne pense pas qu'au blé.

Bon sinon, faut avouer que Tann est vraiment une tacticienne hors-pair. Elle a méme berné Mace et tout le tralala. Je suis déçu qu'elle n'ait pas eu une place au premier plan dans la guerre des clones ( à la place de cet imbécile de Grievous par exemple).

Au niveau de l'écriture, il y a toujours des phrases trop longue mais on les comprend quand même. Dans l'ensemble tout est trés bien décrit même si je préfère rester dans le vague lorsqu'on énumère des unités dans l'armée.
Je m'explique :
Moi-même je suis sur un chapitre où il y a la guerre pure et dure. Et je préfére rester dans le vague sur les forces en présence et ne pas dire "les républicain ont 9000 soldats, 150 speeders de choc et 20 mécanoides d'assaut " enfin des trucs comme ça.
Ce n'est que de petits détails et tu es libre d'en prendre compte ou pas.

voilà c'est tout ce que j'ai à dire à chaud, puis met nous la suite :)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 01 Nov 2009 - 13:55   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Content de te revoir, Darkliser ici :) Allez, avec Notsil, Darkwilliam et Oiki Ran, on va y arriver, à maintenir cette section en vie! :D

J'ai enfin tout lu et c'est long


Oui, j'en ai conscience; c'est assez impressionnant de voir comment je suis passé des chapitres très brefs, voir même un peu trop light maintenant que je me relis, à des chapitres gigantesques, ultra-développés. J'essaie de compenser en morcellant mes chapitres, parce que le chapitre 7 s'annonce lui aussi très long.

Après, le problème vient surtout du fait que je me refuse à laisser tomber le personnage de Jor Drakkas entre la plate-forme Kaer et la bataille finale comme le fait la campagne du jeu, ce qui fait que je me retrouve la plupart du temps avec trois histoires parallèles au lieu de deux...

Moi-même je suis sur un chapitre où il y a la guerre pure et dure. Et je préfére rester dans le vague sur les forces en présence et ne pas dire "les républicain ont 9000 soldats, 150 speeders de choc et 20 mécanoides d'assaut " enfin des trucs comme ça.
Ce n'est que de petits détails et tu es libre d'en prendre compte ou pas.


Oui, je comprends, et j'aie effectivement peur que ça fasse un peu trop "compte-rendu militaire"; mais jusque là, je préfère quand même donner des indications chiffrées pour que mes lecteurs se rendent compte de la difficulté/facilité des combats.

Je suis déçu qu'elle n'ait pas eu une place au premier plan dans la guerre des clones ( à la place de cet imbécile de Grievous par exemple).


A qui le dis-tu? :D J'écris justement cette fan-fic en partie pour signaler que Dooku n'avait pas qu'une chauve et un cyborg à son service :lol: J'imagine que ça veut dire que je m'en tire bien au niveau des tactiques employés? C'est exactement ce que je cherche, en tant que fan de Zahn.

Je pensais qu'elle était assez forte pour ressentir sa présence.


Oui, je me suis demandé si ce n'était pas un peu limite aussi, mais finalement, je me suis dit qu'ayant déjà trois Jedi pour s'amuser, on ne pouvait pas tellement lui en vouloir de ne pas avoir senti qu'un monsieur invisible approchait^^

Au passage, j'ai essayé de justifier tant bien que mal la présence de cinq Padawans sans Maître sur Tatooine qui m'était imposée par la campagne; c'est à peu près crédible?

Enfin ça aura eu le mérite de nous faire voir que le mandalorien ne pense pas qu'au blé.


Oui, je tiens à étoffer un minimum la personnalité de mes personnages; là encore, fan de Zahn spotted^^

Dans l'ensemble tout est trés bien décrit même si je préfère rester dans le vague lorsqu'on énumère des unités dans l'armée.


Merci :)
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mar 03 Nov 2009 - 15:58   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Bon, je n'ai tout simplement pas le choix avec le nouveau chapitre, il fait déjà 11 pages, donc bon^^ Voilà la première partie^^

Chapitre VII


Le Commodore Barzii rentra chez lui l'esprit rempli d'inquiétudes, après une réunion de plus avec l'Amiral Tonith. La campagne de l'Hégémonie Ciutrique n'évoluait pas du tout comme il l'aurait voulu, l'Amiral Tonith n'était pas du tout le supérieur qu'il aurait voulu, et même la circulation aérienne semblait prendre un malin plaisir à le retarder...
Comme toujours, la première chose qu'il fit en rentrant fut d'appeler sa femme, restée sur Darlja. Voir apparaître son hologramme n'arrangea d'ailleurs pas son humeur : quand aurait-il enfin une nouvelle permission?
« Tu n'as pas l'air d'aller... remarqua son épouse après quelques minutes de conversation. Que se passe-t-il, la guerre tourne si mal que ça? J'ai vu aux informations que les Loyalistes avaient pris Urtra ; mais vous vous êtes emparé de Xankora, non?
-Ce n'est pas tellement cela qui m'inquiète, en fait... Avec ces deux batailles, la plupart des planètes neutres ont compris que la confrontation finale était proche, et elle veulent savoir à qui se rallier ; ils ont décidé de négocier leur ralliement lors d'une conférence sur Wazt-ahl la semaine prochaine, en présence de représentants des deux camps ; et l'Amiral Tonith veut que ce soit moi qui représente la Confédération... Bien sûr, le côté positif, c'est que personne n'osera attaquer tant que les planètes neutres n'auront pas choisi leur camp, ce serait la pire chose à faire, diplomatiquement ; mais je n'y connais rien en diplomatie, et le représentant de la République sera sûrement Jor Drakkas...
-Oh... Pourquoi l'Amiral Tonith ne veut-il pas représenter la Confédération? Il ne veut pas assumer la responsabilité d'un échec?
-Il y a probablement un peu de ça, mais ce n'est pas la raison qu'il m'a donné : apparemment, Drakkas aurait des raisons de croire que ce n'est pas Tonith qui commande notre flotte, mais Sev'rance Tann, l'un des généraux les plus doués de Dooku... Et Tonith veut maintenir cette illusion ; il faut donc que le chef des forces Séparatistes locales ne vienne pas en personne...
-Mais pourquoi? Drakkas sera plus prudent s'il pense avoir affaire à Tann, non?
-Franchement, je n'en sais rien. Peut-être veut-il justement pousser Drakkas à se montrer trop prudent? Ou peut-être que ses ordres émanent directement du Comte Dooku, et que celui-ci veut garder une couverture pour Tann...
-Ou peut-être qu'il est assez bête pour s'imaginer que dissimuler des informations à l'ennemi est systématiquement bénéfique...
-Peut-être, oui. Je ne fais pas vraiment confiance à Tonith, tu sais, et ce n'est pas seulement qu'il a pris ma place ; j'ai l'impression qu'il se soucie bien plus de la Confédération, et surtout des corporations qui la soutiennent, que des gens qui y vivent et qui combattent pour elle... Enfin, je n'y peux pas grand chose, sinon être à la hauteur face à Drakkas dans une semaine... »

La République s'installait vite sur Urtra.
Sous la direction de Jor Drakkas, des plate-formes de défense légère étaient assemblées rapidement à partir de composants récupérés un peu partout dans l'Hégémonie, des vaisseaux de guerre Loyalistes commençaient à croiser dans ce système, des bases terrestres étaient construites, notamment à partir du matériel laissé sur place par l'Armée Séparatiste. Urtra était la seule base depuis laquelle les Loyalistes pouvaient attaquer Corvis Major, et Jor tenait à la garder le plus longtemps possible ; il trouverait une utilité au moindre centime, à la plus petite pièce détachée pour cela.
Après deux jours à superviser les opérations, il dut se préparer à partir sur la colonie Darjan de Wazt-ahl négocier le ralliement des planètes neutres ; le Général Barjam vint donc le remplacer. Jor fut satisfait de voir son regard admiratif à son arrivée au centre de commandement des forces Loyalistes de la planète.
« Général, on dirait que je vous doit des excuses, déclara le Jedi Calamarien. Lorsque vous avez ordonné de ne pas défendre Xankora, j'ai pensé que vous étiez prêt à tout sacrifier à la défaite des Séparatistes...
Jor traduisit : j'ai pensé que vous aviez basculé du Côté Obscur parce que votre Padawan est mort sur la plate-forme Kaer.
-Et qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis?
-Vous avez laissé s'échapper le gouverneur d'Urtra pour sauver la vie de vos soldats et la votre. Un Jedi Noir n'aurait jamais fait cela.
Jor haussa les épaules.
-Vous savez, ça n'aurait probablement pas servi à grand chose, de toutes façons ; toutes les informations étaient sûrement dans les ordinateurs, je n'aurais rien confié de plus à cet imbécile de gouverneur si j'étais le commandant ennemi...
-Oui, mais cela, un Jedi Noir ne l'aurait pas compris... Bref, maintenant, je comprend que si vous avez pris cette décision, c'est parce que vous n'aviez pas le choix ; vous aviez raison.
Barjam semblait néanmoins ne pas être tout à fait sûr de ce qu'il disait ; Jor avait l'impression qu'il n'avait pas encore retrouvé toute la confiance du jeune Chevalier Jedi.
-Merci. Et n'ayez plus la moindre inquiétude à ce sujet ; il y a deux choses que je respecte par dessus tout, dans cette Galaxie : la République, et les droits des êtres pensants. (Jor parlait doucement mais avec fermeté, pour appuyer ses propos) Si je dois choisir entre les deux, ce sera les droits des êtres pensants, parce qu'il faut mieux défendre une mauvaise cause en respectant ces droits qu'essayer d'imposer par la force une bonne cause. Je suis convaincu que la République, si elle n'est pas parfaite, est le gouvernement le plus juste que cette Galaxie ait trouvée ; mais certains leaders Séparatistes (en réalité, Jor ne désignait que Sev'rance Tann et peut-être le Comte Dooku par cette expression) ne sont-ils pas aussi convaincus que la Galaxie irait mieux si elle était dirigée par la Confédération? L'Histoire nous le montre, le seul moyen de ne pas basculer du Côté Obscur n'est pas tant de bien choisir la cause que l'on défend que les moyens avec laquelle on la défend... J'en ai conscience, alors faites-moi confiance.
Barjam approuva d'un hochement de tête, à présent parfaitement rassuré sur Jor.
-Vous vous y connaissez en Histoire? demanda-t-il, intrigué. Peu de Jedi choisissent de l'étudier en profondeur...
-... A tort. Il faut connaître les erreurs du passé pour comprendre celles du présent et ne pas les répéter à l'avenir.
-Vous avez probablement raison... Eh bien, au revoir, et bonne chance sur Wazt-ahl. J'essaierais d'être un commandant aussi sage et efficace que vous...
Il ne parlait pas que de la gestion d'Urtra, Jor le savait.
-Au revoir, Général Barjam. Je suis sûr que vous vous en tirerez très bien. »
Là encore, les deux Jedi savaient que Jor ne parlait pas seulement d'Urtra. Jor sortit de la pièce et se dirigea vers son chasseur stellaire.
Barjam semblait avoir définitivement oublié ses soupçons sur Jor, il semblait même admiratif ; c'était une bonne chose, des subordonnés loyaux étaient l'une des choses qui pouvait faire basculer la victoire d'un côté ou de l'autre, l'Histoire l'avait montré à plusieurs reprises.
Mais cela mettait Jor aussi un peu mal à l'aise, car il n' était finalement pas si convaincu de ce qu'il venait de dire à Barjam ; après tout, était-il bien normal qu'il ne soit pas débordé par le besoin de venger Merasz, de faire le plus de mal possible à Sev'rance Tann pour lire un tant soit peu de regret dans ses yeux? Cela ne cachait-il pas une absence de sentiments qui pouvait mener au Côté Obscur aussi sûrement qu'un excès? Quoi qu'en pense Barjam, qu'il ait laissé s'échapper le gouverneur ne changeait strictement rien ; cet imbécile ne lui aurait de toutes façons servi à rien. Et son discours non plus : il y avait une grosse différence entre savoir qu'il faut faire passer les droits les plus fondamentaux des êtres pensants avant ce que l'on estime être l'intérêt général et avoir le courage de l'appliquer... Il avait menti au gouvernement de Xankora, ainsi qu'aux médias et à la population par la même occasion ; cela signifiait-il qu'il était désormais près à employer des moyens peu honorables pour vaincre la Confédération?
Jor se reprit : il n'allait quand même pas s'en vouloir de ne pas être consumé par la soif de vengeance. Cela lui fendait le cœur de continuer à servir l'Ordre Jedi après la mort de son Padawan, chaque jour Merasz lui manquait un peu plus ; il n'était donc pas encore dépourvu d'émotions au point d'agir de la même façon que ses ennemis. S'il n'était pas dévoré par la haine de Tann, ce n'était pas parce qu'il était coupé de tout sentiment Twi'lek, c'était parce qu'il savait rester objectif et reconnaître que Merasz était mort au cours d'une bataille, que s'il y avait un responsable, c'était la guerre ; honnêtement, Jor savait qu'il ne se serait pas reproché la mort de Sev'rance Tann, alors pourquoi devrait-il reprocher la mort de Merasz à Tann? Savoir rester objectif était une qualité, ce n'était pas pour autant que Jor était capable de tuer des civils ou de faire quoi que ce soit d'autre qui soit condamné par l'Ordre Jedi.
Et Jor n'avait pas à s'en vouloir d'avoir temporairement abandonné Xankora ; il s'était retrouvé dans une telle situation qu'il ne pouvait pas prendre de bonnes décisions. Défendre Xankora, ça aurait été laisser Ciutric sans défense au moins temporairement, et cela aurait pu très mal tourner si Jor s'était trompé au sujet de la stratégie du commandant ennemi. Il avait pris la meilleure décision possible. Il n'avait pas à s'en vouloir. Il devait se sortir cette idée de la tête ; lorsque l'on devait prendre une décision difficile, passer des heures à chercher un autre moyen quand on sait pertinemment qu'il n'y en a pas était la pire des choses à faire.
Se sachant incapable de chasser définitivement ses doutes de son esprit, Jor monta dans le cockpit de son chasseur en essayant de ne plus y penser ; au fond, ces doutes le rassuraient. Le jour où il n'en aurait plus, il saurait qu'il aurait basculé du Côté Obscur.
Mais l'heure n'était pas à la remise en question ; les représentants des mondes neutres l'attendaient sur Wazt-ahl, et Jor devrait alors entrer dans son rôle de Général confiant en sa propre cause, bienveillant envers tous ses alliés mais redoutable pour tous ceux qui avaient la mauvaise idée de le défier, ce même rôle qu'il avait joué pour Barzii et qu'il jouait encore pour Ashen, pour Barjam et tous ceux qui traversaient la guerre à ses côtés. Il jouait ce rôle parce que, contrairement aux autres Généraux Jedi, il comprenait que les troupes Loyalistes avaient besoin d'un Général, pas d'un Chevalier Jedi ; il s'efforçait donc d'être ce Général, même si ce n'était pas sa vocation initiale.
Il fit décoller son chasseur.

Perdue dans l'une des régions les plus reculées les plus reculées de la Galaxie, seule planète plus ou moins habitable du système Erediss et de presque tout le secteur, petite perle d'une blancheur éclatante au milieu de la noirceur de l'espace, la planète Eredenn Prime était probablement l'une des moins intéressantes de la Galaxie ; outre son éloignement de tous les centres de décision de la Galaxie, la planète ne possédait aucune ressource de valeur et n'avait même pas été choisi comme refuge par les contrebandiers ou les organisations criminelles, en raison de son climat froid.
Le site idéal pour tester une nouvelle arme dont on tenait à ce qu'elle reste secrète. Observant la planète depuis le hangar de la Suprématie, Sev'rance Tann sourit et se tourna vers Gorlan, qui allait embarquer dans un transport de troupes.
« Il faut avouer que les espions du Clan Besadii ont fait du bon travail ; cette planète est à l'écart de tout, même nos services de renseignements n'auraient pas pu s'y infiltrer...
-A se demander qui est vraiment le plus à craindre entre les puissances Galactiques et les organisations criminelles, hein? Vous savez, il y a des fois où je me dis que le baratin des agents du Soleil Noir n'est pas tout à fait faux : la République et la Confédération finiront par tomber un jour ou l'autre, et après cela viendront d'autres puissances galactiques, qui auront une fin elles aussi... Mais il y aura toujours des gens pour se droguer, pour s'acheter les services de prostituées, pour céder face aux racket, pour emprunter à des taux d'usure scandaleux, pour faire assassiner leur voisin... Il est bien plus facile de convaincre les gens de vous fournir des informations si vous êtes un criminel que si vous êtes un défenseur d'une quelconque idéologie politique, même si vous êtes prêt à tuer pour elle...
Sev'rance sourit avec amusement :
-Si vous essayez de me convaincre de me joindre au crime organisé, c'est perdu d'avance... Je suis un cas désespéré...
Plutôt que de rire ou de rejoindre les droïdes à bord du transport, Gorlan continua à observer Sev'rance en silence.
-Qu'y-a-t-il? demanda-t-elle, intriguée.
-C'est la première fois que je vous entend plaisanter...
Sev'rance sourit mais préféra ne pas répondre ; était-ce vraiment là l'image qu'elle donnait d'elle-même?
-Embarquez, Colonel Kadraa. Les Loyalistes et leur Decimator nous attendent. »

Le Commandant Kraen Weest, d'origine Durosienne, fit un effort pour ne rien laisser transparaitre de son inquiétude avant de reprendre la parole:
« Confirmez, site Shard. Les vaisseaux ont-ils été formellement identifiés comme appartenant à la Confédération des Systèmes Indépendants?
-Je confirme, Commandant : des transporteurs de troupes Séparatistes se sont posés au sud de notre base. Leurs transpondeurs sont très clairs, ce ne sont pas des contrebandiers.
-Reçu. Doublez les patrouilles, tenez-vous prêts à une attaque, mais ne faites rien sans m'en avoir parlé au préalable.
-A vos ordres, Commandant. »
La nouvelle était arrivée sans prévenir : des Séparatistes, ici, sur Eredenn Prime, loin de tous les renforts dont Kraen pourrait avoir besoin... Armand Isard lui avait pourtant assuré que les services de renseignements Séparatistes ne parviendraient jamais à les localiser... Mais d'une façon ou d'une autre, ils y étaient parvenus. Et maintenant, Kraen Weest allait avoir un sérieux problème si les Séparatistes étaient trop nombreux...
Il fallait qu'il soit fixé, qu'il sache à quoi s'attendre, qu'il fasse taire cette sourde angoisse des possibilités, quitte à la remplacer par le désespoir. Il appela le commandant des soldats clones sur son comlinck.
« Qu'y-a-t-il, Commandant? (n'importe quel autre officier aurait jugé inacceptable de mettre un commandant d'infanterie sous les ordres d'un commandant des renseignements, mais pas un clone).
-Commandant, les Séparatistes ont fini par s'inviter, malgré les promesses de mes supérieurs ; mettez immédiatement sur pied une équipe d'éclaireurs et rapportez-moi le plus d'informations possible sur eux, pendant que les communications fonctionnent encore... 
-A vos ordres. »
Kraen retrouva son sang-froid ; il faisait ce qu'il fallait, si débâcle il devait y avoir, ce ne serait pas de sa faute. Il avait servi loyalement la République pendant vingt ans en obéissant aux ordres les plus tordus d'Isard, c'était la raison pour laquelle on l'avait choisi pour cette mission ; il ne serait pas non plus accusé d'incompétence cette fois-ci, il faisait de son mieux, et c'était le principal.
Il essaya de se concentrer entièrement sur les possibilités stratégiques, mais une question ne cessait de lui revenir à l'esprit : qu'attendaient les Séparatistes pour commencer à brouiller les communications?

Comme le laissait penser la blancheur de la planète vue de l'orbite, la surface d'Eredenn Prime était essentiellement recouverte de plaines couvertes de neige et de lacs à l'eau glaciale ; le climat, s'il était viable pour la plupart des humanoïdes, n'en était pas moins très froid, et Gorlan ne pouvait s'empêcher de frissonner un peu sous son armure, allongé dans la neige d'une petite forêt de conifères. Avec ses yeux bleus et ses cheveux d'un blond clair, il était évident que ses ancêtres lointains venaient d'une région dont le climat avoisinait celui-ci ; mais Gorlan n'avait pas grandi là-bas, mais sur Ürdouroor, une planète de la Bordure Médiane au climat bien plus clément que celui-ci... Ce froid ne semblait d'ailleurs pas beaucoup gêner Sev'rance -le Général Tann, dut se reprendre Gorlan- ce qui laissait penser qu'elle était originaire d'une planète au climat froid. D'ailleurs, Gorlan se souvenait qu'elle avait dû raccourcir sa tenue sur Tatooine tant elle souffrait de la chaleur.
Quelqu'un approchait, comme l'avait prévu Sev'rance.
Les pas étaient légers et discrets, aucun mouvement n'était inutile ; un autre que Gorlan n'aurait probablement rien entendu, mais lui avait appris à entendre ses ennemis venir au fil des années, sans quoi il n'aurait pas survécu longtemps... Et comme l'avait également prévu Sev'rance, c'était des soldats clones. Ces types étaient des professionnels, Gorlan devait l'admettre : ils commençait tout juste à faire l'expérience réelle du combat, et ils savaient déjà se déplacer de façon quasiment inaudibles alors qu'ils portaient des armures de composite plastoïde...
D'authentiques professionnels, oui, et c'était bien pour cela qu'aucun droïde n'était impliqué dans l'embuscade : trop stupides, trop maladroits, trop longs à la détente, alors que les soldats clones devaient mourir avant d'avoir eu le temps de dire à leurs supérieurs que les forces dont disposait Sev'rance Tann étaient en fait peu nombreuses. Sev'rance avait en effet estimé qu'elle obtiendrait un avantage psychologique non-négligeable si elle ne brouillait pas les communications pour laisser les officiers Loyalistes s'inquiéter de se savoir découverts alors qu'ils étaient incapables de demander des renforts ; cet avantage serait évidemment réduit à néant si les éclaireurs clones informaient le commandement ennemi que la force d'assaut Séparatiste n'était pas si importante que cela.
Voilà pourquoi Gorlan devrait tuer rapidement les quatre soldats clones qui s'avançaient dans la forêt, chacun ayant son blaster pointé d'un côté de la forêt, scrutant les alentours avec attention...
Le murmure d'une voix humaine filtrée par un casque rompit le silence de la forêt enneigée.
« On approche de la position, les gars... Faites vite, n'oubliez pas que nous ne pourrons peut-être pas rester très longtemps sans être repérés...
Un autre éclaireur prit la parole.
-Attendez, je détecte une forme de vie non-végétale à proximité ; peut-être un animal, mais je crois qu'on ferait mieux de... »
C'était trop tard ; la guerre était ainsi, les plus brillants soldats pouvaient mourir parce qu'ils leur aurait fallu une demi-seconde de plus pour réagir... Gorlan n'eut qu'à presser un bouton pour déchaîner l'enfer. Une puissante déflagration déchira soudain le silence de la nature, de longues langues de flammes jaillirent au beau milieu des couleurs froides de la forêt enneigée, des cris d'effroi, de douleur et d'agonie retentirent sur ce monde qui n'avait plus connu la violence des êtres pensants depuis des temps immémoriaux. L'explosion des mines avait probablement tué les quatre soldats clones, et un autre se serait probablement contenté d'attendre que les débris soient retombé pour vérifier que ses ennemis étaient bien morts ; mais Gorlan n'était pas comme ça. Le nuage de poussière n'était pas encore retombé qu'il se releva et commença à mitrailler tout ce qui pouvait se trouver à l'intérieur ; un nouveau cri lui confirma qu'il avait eu raison d'agir ainsi.
Les quatre corps déchiquetés étaient bien là, au milieu des ravages que l'explosion avait causé à la forêt, quatre brillants soldats clones morts bêtement et sans héroïsme, quatre hommes semblables à Gorlan qui avaient connu la vie et ses aléas (ou du moins une approximation, Gorlan n'en savait pas beaucoup sur les conditions dans lesquelles les Kaminiise avaient élevé les clones et il ne tenait pas à en savoir plus) tués en quelques secondes. C'était là le vrai visage de la guerre, celui que les idéalistes comme Sev'rance Tann refusaient de voir et qui les horrifiaient tant lorsqu'ils étaient obligés d'ouvrir les yeux ; mais Gorlan, lui, n'y voyait pas une abomination ou un gâchis, tout simplement parce qu'il n'avait quasiment jamais rien connu d'autre et qu'il avait grandi dans un milieu où ceux qui ne parvenaient pas à se faire à l'horreur de la violence ne survivaient pas longtemps.
Il ouvrit une communication avec Sev'rance.
« Je les ai eu, Sev... Euh, Général Tann. Exactement à l'endroit prévu, à croire que vous avez toujours raison...
Gorlan imaginait d'ici le haussement d'épaules de Sev'rance.
-C'était l'endroit le plus logique pour nous observer discrètement tout en pouvant se retirer discrètement en cas de problèmes ; boisé et en hauteur... Bien joué, en tous cas ; vous pouvez rentrer. Le fait que leurs soldats aient été tués aussi vite va probablement donner aux commandants Loyalistes l'impression qu'ils ont affaire à une force d'assaut nombreuse et bien armée.
-Probablement, oui. Dites-moi : comment saviez-vous que les Loyalistes allaient nous envoyer des éclaireurs plutôt que de paniquer et nous attaquer immédiatement?
-Déformation professionnelle : les essais du Decimator ont probablement été placés sous l'autorité des services de renseignements, et ces gens-là savent à quel point la connaissance est précieuse dans une guerre. Pour eux, envoyer des éclaireurs était la solution la plus logique ; ils ne se rendent pas compte qu'ici, où ils ne peuvent ni réellement fuir ni demander des renforts, savoir à quoi ils ont affaire exactement est inutile...
-Bien vu. Bon, j'arrive. »
Gorlan redescendit la colline boisée et enneigée. En-dessous, les droïdes étaient occupés à installer ce qui commençait à ressembler sérieusement à une base.
Le Mandalorien interpella Sev'rance, occupée à ordonner l'aménagement de tranchées et de barricades.
« Vous pensez que la lutte sera si longue? lui demanda-t-il. On a vraiment besoin de prendre racine?
-Oh oui, nous en avons besoin, lui confirma le Général. Nous en avons besoin, parce que dans un environnement avec de la neige et des forêt, chaque soldat clone vaut bien dix droïdes ; nous en avons besoin, parce que tôt ou tard, les commandants Loyalistes vont se rendre compte que le Comte Dooku ne nous a en fait attribué que peu de troupes, pour ne pas dégarnir le front...
Gorlan sourit sous son casque.
-Le Comte Dooku n'a peut-être pas mobilisé beaucoup de troupes pour cette mission, mais il nous a donné le meilleur Général de la Galaxie...
Une ombre de sourire passa sur son visage, mais l'expression de Sev'rance resta finalement parfaitement sérieuse.
-Ne me surestimez pas. Croyez-moi, nous n'allons pas tarder à regretter les dunes de Tatooine... »

Wazt-ahl était probablement l'une des planètes les plus sinistres que Jor ait jamais vu, du moins d'un point de vue Twi'lek. Jor ignorait si son climat était toujours ainsi et sur toute la planète, mais alors que sa navette descendait dans l'atmosphère, les orages étaient si densément massés qu'il faisait presque aussi sombre qu'en pleine nuit ; sous la pluie, une sorte de jungle dense et sauvage, à l'allure aussi peu engageante que possible dans cette semi-obscurité, recouvrait la majeure partie des terres immergées. La plupart des Twi'lek n'aimaient pas les jungles, avec leur vie sauvage fourmillant partout, car c'était aussi éloigné que possible de la topologie de Ryloth ; alors une jungle où la lumière du soleil pénétrait à peine... Et au beau milieu de ce paysage de mauvais augure se dressaient de gigantesques pyramides de pierre noire, dont le volume devait être suffisant pour abriter plusieurs cités humaines de taille moyenne ; à croire que les colons Darjans avaient estimé que le paysage n'était pas assez sinistre comme cela... On se serait crû en plein holofilm d'horreur...
Jor profita du temps qui lui restait avant l'arrivée à la pyramide-capitale pour ouvrir une communication avec le Vice-Amiral Ashen.
« Donc, vous pensez que la priorité est d'obtenir le ralliement des Darjans?
-Absolument, Général. D'un point de vue tactique, c'est largement préférable ; les colonies Darjans sont une plaque tournante du commerce local, et si nous tenons à la fois Ciutric et ces systèmes, il deviendra économiquement très avantageux de nous rejoindre...
-Très bien, je vais me concentrer là-dessus... Quitte à nous mettre à dos quelques colonies humaines, j'imagine. Ça ne risque pas de créer des tensions avec le gouvernement de Ciutric, au moins?
Ashen sourit.
-Étant humain moi-même, je peux vous rassurer tout de suite ; nos différents peuples ne sont pas très solidaires les uns des autres... Tant que Ciutric restera la pierre angulaire des forces Loyalistes de l'Hégémonie, Anthr Lynel et ses Ministres seront très compréhensifs...
-Très bien... A propos, nous allons enfin être fixés sur l'identité de notre adversaire, j'imagine...
-Eh bien, en fait, non... Le représentant de la Confédération est déjà arrivé, et c'est le Commodore Barzii ; on ne sait donc toujours pas si c'est le Général Tann qui est à la tête de nos ennemis...
-Mais pourquoi nous envoient-ils Barzii?
-Peut-être tout simplement parce qu'il est Darjan lui-même?
-Ou parce qu'ils veulent nous cacher quelque chose au sujet de leur commandant... Enfin, nous verrons bien. A plus tard, Vice-Amiral. »
Jor mit fin à la communication. Peu après, le pilote de la navette l'appela :
« Nous allons atterrir, Général Drakkas.
-Très bien, prévenez le reste de la délégation... »
Souviens-toi, pensa Jor, ton attitude peut te faire prendre l'avantage plus sûrement que tout ce que tu promettras. Ils doivent avoir l'impression en t'observant qu'ils seront en sécurité du côté Loyaliste.

Au sommet de la plus haute des pyramides-cités bâties par les premiers colons Darjans pour se protéger des dangers de la jungle s'ouvrait d'énormes hangars ; c'est là que se posa la navette du Commodore Barzii.
A l'intérieur, l'éclairage était parfait pour un Darjan, même si d'autres espèces comme les humains l'auraient probablement trouvé trop crû. Barzii et la délégation de représentants envoyés par chaque système Séparatiste de l'Hégémonie Ciutrique étaient attendus par un petit groupe d'individus, probablement des représentants du gouvernement de Wazt-ahl ; comme Barzii, c'étaient des Darjans à la peau d'un noir d'ébène et aux yeux dorés.
Barzii salua le Darjan de tête.
« Je suis le Commodore Barzii, de la flotte de la Confédération des Systèmes Indépendants ; c'est moi qui mènerais les négociations.
-Soyez le bienvenu sur Wazt-ahl, Commodore. Je suis Deryi, le Ministre des Affaires Étrangères ; le représentant Loyaliste ne devrait pas tarder, et nous pourrons commencer les négociations. Nous allons devoir vérifier que vous n'êtes pas armés (comme si quelqu'un allait penser qu'il aurait plus de chances de rallier des systèmes à sa cause en flinguant son adversaire en plein milieu des négociations... pensa Barzii), et vous pourrez entrer dans la salle de conférences. »
Une heure passa. N'oublies pas, pensa Barzii, tu as deux avantages sur Drakkas : tu es un militaire professionnel, et tu es un Darjan, tu n'as pas été « parachuté » dans ce secteur. Tu dois exploiter au maximum ces deux avantages, car lui va sûrement jouer à fond la carte du Maître Jedi sage et puissant. Barzii était assis au bout d'une longue table dans la salle que les Darjans avaient choisi pour les négociations avec le reste de la délégation Séparatiste d'un côté de la table en attendant Drakkas et les Loyalistes.
Ils entrèrent finalement par la porte opposée à celle par laquelle était passée Barzii, entouré d'une escorte de Darjans. Et Drakkas était bien à leur tête.
Bien qu'il ait déjà vu son hologramme à la bataille de Ciutric, Barzii dut admettre qu'il était impressionné. Drakkas s'avançait d'un pas ferme, la tête haute, le regard empli d'une détermination qui était cependant nuancé de compréhension ; on aurait dit que rien ne suffirait à le convaincre de s'arrêter, même si un Rancor s'était trouvé sur son chemin. Il ne s'en rendait peut-être pas compte, mais il ne se contentait pas de jouer à la perfection les généraux charismatiques ; il en était devenu un. Barzii avait fréquenté assez de militaires pour s'en rendre compte : Drakkas savait instinctivement comment inspirer à la fois confiance et crainte, à croire que la guerre avait réveillé quelque chose chez lui.
Enfin, une troisième porte s'ouvrit au fond de la salle, et les représentants des mondes neutres entrèrent ; ils étaient humains ou Darjans pour la plupart. L'un des Darjans prit la parole :
« Chers représentants de la République Galactique, de la Confédération des Systèmes Indépendants et des mondes neutres, en tant que Premier Ministre de Wazt-ahl et organisateur de ces négociations, je vous souhaite la bienvenue sur cette planète.
« Comme vous le savez, moi et mes collègues dirigeants des actuels systèmes neutres de l'Hégémonie Ciutrique ne soutenons aucune des deux causes qui s'opposent dans cette guerre ; nous avons déclaré notre indépendance vis-à-vis de la République, mais nous ne sommes pas non plus joints à la Confédération du Comte Dooku, et je pense parler au nom de tous les gouvernements neutres en affirmant que pour nous, la République est un gouvernement faible et corrompu (Drakkas veillait à maintenir un visage inexpressif digne d'un joueur de sabbacc, mais l'œil exercé de Barzii vit tout de même qu'il n'avait pas apprécié cette affirmation ; sans doute le Premier Ministre de Wazt-ahl essayait-il de rassurer des électeurs en s'en prenant à la République et à la Confédération) et la Confédération une dictature dominée par le patronat... Cependant, nous savons que vous voulez tous deux de notre aide dans cette guerre ; nous sommes prêts à vous l'accorder, mais seulement en échange de contreparties valables, car nous ne nous battrons pas gratuitement pour des puissances galactiques que nous n'approuvons pas! J'ai donc pris la décision de vous réunir ici afin que vous puissiez librement échanger vos offres aux systèmes neutres.»
Barzii songea que c'était là une jolie façon de présenter ce qui n'était finalement rien de plus qu'une vente aux enchères des systèmes neutres motivé uniquement par l'opportunisme... Ce Premier Ministre de Wazt-ahl, qui s'appelait Talrii si les souvenirs de Barzii étaient bons, étaient manifestement un politicien de talent.
Ceci dit, nul peuple n'excellait autant dans cet art que les humains ; leurs meilleurs orateurs maîtrisaient encore mieux les amalgames et les sophismes que les politiciens Bothans ou Diamalas...
Tandis que les hommes politiques des quatre coins de l'Hégémonie présentaient leurs discours, tous plus plats les uns que les autres, Barzii repassa dans sa tête la liste des priorités, de tous ses arguments et contre-arguments. Il regarda Drakkas, qui arborait une expression impassible ; beaucoup s'y seraient laissé prendre, mais Barzii était sûr que le Jedi était en train de faire exactement la même chose.
La bataille serait féroce.

Jor sentait que la négociation serait particulièrement éprouvante nerveusement ; une bonne douzaine de systèmes cherchaient à y trouver leur compte, cela risquait de durer longtemps, d'autant que les diplomates de chaque système chercheraient par-dessus tout à défendre bec et ongles les intérêts de leur propre planète... Jor n'aimait pas cela, ou plutôt, il ne l'aimait plus ; ce n'était qu'à présent que la guerre avait commencé qu'il s'en rendait compte, mais il était en fait bien plus à l'aise à mettre au point une stratégie avec d'autres officiers dans un centre de commandement ou en train de combattre sur le terrain que dans des négociations comme celle-là, occupé à essayer de convaincre un politicien obtus d'augmenter ses taxes de cinq pour cent pour mettre fin à une grève sur le point de dégénérer... Une pensée dérangeante ; était-il toujours un Jedi? Commençait-il à prendre goût à la guerre? Non, s'il préférait cela, c'était... C'était parce que dans une bataille, les choses étaient franches, bien tranchées ; il n'y avait pas tous ces artifices, toute cette hypocrisie et cette sournoiserie que l'on retrouvait dans la politique interstellaire. A chaque fois, et elles avaient été nombreuses au cours de sa carrière de Jedi, qu'il avait été contraint de négocier, Jor avait eu l'impression de marcher sur un fil, incapable de savoir quel était l'impact réel de ses paroles sur ses interlocuteurs, incapable de distinguer ses alliés réels de ses adversaires. Il avait l'impression que le moindre faux-pas lui serait fatal, ce qui n'était paradoxalement pas le cas dans une bataille.
Le début des négociations confirma ses pires craintes. Talrii céda la parole à un représentant humain d'un système éloigné et sans réelle importance stratégique qui affirma être prêt à rejoindre la Confédération si celle-ci pouvait lui garantir sa protection.
« N'ayez aucune crainte à ce sujet, assura Barzii. Nous ferons tout notre possible pour empêcher cette République corrompue, incapable et conservatrice de porter la guerre sur les planètes qui choisissent de nous soutenir, qu'il s'agisse de vous ou de n'importe quelle autre ; nous installerons autant de bases droïdes qu'il sera possible et nécessaire pour défendre votre planète.
Mais Jor n'était pas disposé à abandonner sans rien tenter ; il se tourna vers le délégué humain.
-Vous savez comme moi que la République Galactique peut tout aussi bien vous protéger que la Confédération ; nous avons les effectifs nécessaires pour cela. Donc, il y a autre chose, et nous ne risquons pas de parvenir à un arrangement qui vous serait favorable si vous n'exposez pas vos véritables raisons... Alors, qu'est-ce qui vous fait penser que les Séparatistes vous protégerons mieux que nous?
Le délégué sembla hésiter un peu avant de répondre :
-Puisque vous tenez à le savoir... Le Commodore Barzii est un Darjan, il a grandi et vécu ici, il est attaché à ce système, et c'est aussi le cas de beaucoup de ses hommes. Il a servi dans la flotte de Darlja avant de servir dans celle de la Confédération. Vous, vous êtes un Jedi, et un Jedi Twi'lek de surcroit ; vos hommes sont soit ces soldats clones élevés et endoctrinés pour servir la République sur Kamino, soit des militaires venus d'ailleurs. Vous défendez la République, pas l'Hégémonie Ciutrique. Nous ne pouvons vous faire confiance, parce que vous êtes ici sur ordre de la République, parce que l'Hégémonie Ciutrique n'est pour vous qu'un champ de bataille de plus, parce que vous nous considérez comme des pions dans la partie de Dejarik qui vous oppose au Comte Dooku.
Jor sourit d'un air désabusé.
-Ah... Alors tout cela n'est finalement qu'un problème de xénophobie? Vous refusez de faire confiance à ceux qui sont venus d'ailleurs que de l'Hégémonie Ciutrique pour vous protéger contre la dictature de la Confédération? Dites-moi une chose : pensez-vous que si le Commodore Barzii était envoyé dans un autre secteur de la Galaxie il ne chercherait pas à défendre les intérêts des Séparatistes locaux aussi bien qu'il le fait ici? Alors pourquoi serais-je différent?
Le diplomate humain sembla brusquement assez mal à l'aise. Jor ne l'avait pas accusé de spécisme, et pourtant, Jor était sûr que c'était ce que tout le monde avait en tête ; il revint à la charge, mais d'un ton plus aimable :
-Si vous ne pensez pas qu'un militaire Twi'lek se préoccupe moins des intérêts d'un secteur auquel il n'appartient pas qu'un militaire Darjan, alors je ne vois pas ce qui vous fait penser que vous serez plus en sécurité au sein de la Confédération...
Barzii vola au secours de l'humain :
-Je crains que vous n'ayez mal compris ses inquiétudes, Jedi (Jor doutait que le Commodore ait employé le qualificatif de Jedi plutôt que celui de Général par hasard)... Le problème n'est pas que les Twi'lek, ou ceux qui ne sont pas originaires de l'Hégémonie Ciutrique en général, n'inspirent pas confiance à certains systèmes neutres ; le problème, c'est que vous, vous et les officiers sous votre commandement, n'inspirez pas confiance. (Barzii désigna le représentant humain d'un geste de la main) Je pense que ce que ce délégué essaye de vous faire comprendre, c'est que vous, vous considérez les planètes de la République comme des pions sur un échiquier, et qu'il accorde plus de confiance à moi et à mon supérieur qu'à vous parce que nous, nous n'avons jamais abandonné une planète alliée, acheva l'officier Darjan d'un ton lourd de sous-entendus.
Jor sentit brusquement la peur s'insinuer en lui...
-Qu'est-ce que vous sous-entendez? demanda-t-il d'un ton glacial. Que nous avons abandonné Xankora parce que vous vous en êtes emparés? Parce que si c'est à cela que vous faites allusion, je vous conseille de regarder les informations au sujet d'Urtra, il s'y est passé quelque chose ces jours-ci...
-C'est curieux, je ne me souviens pas que sur Urtra, une opération des services de renseignements dont personne n'a jamais entendu parler vous ai mâché le travail... Vous ne pensiez tout de même pas que votre couverture pour sacrifier Xankora allait tenir longtemps, tout de même? Le directeur des services de renseignements Séparatistes a été très surpris lorsque nous lui avons parlé de ce pseudo-coup d'état sur Xankora...
Jor dut faire un effort considérable pour ne rien laisser transparaître de son angoisse et de ses doutes qui revenaient à la charge...
-Je ne sais pas de quoi vous parlez, dit-il en se faisant l'effet d'un méchant de mauvais holofilm. Si vous faites allusion au fait que nous n'avons pas défendu Xankora, je pense que vous conviendrez qu'il est assez compliqué de combattre sur trois fronts à la fois... Attaquer Urtra était la seule chose à faire...
-Naturellement, répliqua Barzii d'un ton sarcastique. Et si à l'avenir vous êtes à nouveau contraints de vous battre sur trois fronts à la fois et que la planète de ce délégué se trouve parmi eux, peut-être sera-t-elle également sacrifiée... On se demande vraiment pourquoi il ne vous fait pas confiance...
Jor sentait qu'il marchait sur des œufs ; cependant, il était trop tard pour faire marche arrière.
-Et naturellement, contra-t-il, si à l'avenir vous voulez de nouveau lancer une offensive pour isoler Ciutric en ne laissant qu'une poignée de droïdes et un imbécile de gouverneur Gossam pour défendre la planète de ce délégué, peut-être sera-t-elle également sacrifiée... On se demande vraiment pourquoi je pense qu'il ne peut pas vous faire confiance plus qu'à moi...
Barzii eut un sourire amusé.
-En ne laissant qu'une poignée de droïdes, peut-être ; en y laissant une pseudo-opération de vos services de renseignements pour renverser le gouvernement en place, certainement pas.
-Je ne sais pas de quoi vous parlez, mais ça n'a rien à voir avec moi. » répliqua Jor d'un ton froid.
Il tenta de se rappeler ses raisons de céder Xankora aux Séparatistes ; c'était beaucoup plus difficile en face de délégués des systèmes neutres qui se demandaient si on pouvait lui faire confiance pour les protéger...
Le système représenté par ce délégué humain rejoignit la Confédération, sans surprise. Ce fut ensuite le tour des anciennes colonies de Darlja, qui avaient une importance économique capitale.
Jor espéra que Barzii n'avait pas d'autres surprises du même acabit dans sa manche.

Les négociations s'interrompirent dans la soirée, et chaque camp put regagner son vaisseau. Anthr Lynel, le Président du Conseil Exécutif de Ciutric, avait fait le voyage en personne.
« Ça aurait pu être pire, affirma-t-il à Jor. Vous vous en êtes plutôt bien sorti, dans l'ensemble.
-Oui... répondit le Chevalier Jedi. J'ai bien crû qu'il nous avait fichu par terre dès le début, en ressortant nos manœuvres sur Xankora... Mais si les ex-colonies Darjans nous rejoignent, ça devrait aller ; je pense qu'on devrait surtout miser sur le fait que si elles rejoignent la Confédération, elles risquent de perdre de leur importance par rapport à Darlja... Seriez-vous prêts à supprimer les taxes sur leurs exportations de matériel de sécurité? C'est leur principale industrie, et aussi celle de Darlja ; si nous leur garantissons l'exclusivité de ces exportations dans l'espace Loyaliste, elles vont être tentées de nous rejoindre...
-Les entreprises de Ciutric ne vont pas apprécier, et mes électeurs non plus...
-Dites-vous bien une chose, c'est qu'ils apprécieraient encore moins la domination de la Fédération du Commerce sur leur industrie...
-Je sais, oui. Si vous pensez que ça peut rallier les colonies Darjans, je baisserais ces taxes. »
Jor hocha la tête. Barzii avait joliment réussi son coup avec sa tirade sur l'abandon de Xankora, la plupart des systèmes qui craignaient avant tout pour leur sécurité avaient décidé de rejoindre les Séparatistes ; mais Jor avait peut-être encore une chance avec ceux qui recherchaient un intérêt économique... Outre l'autonomie des systèmes Darjans vis-à-vis de Darlja, il faudrait aussi mettre en avant le risque d'exploitation abusive de la main d'œuvre et de pollution des planètes, inévitable avec l'ultra-libéralisme économique que Dooku avait promis aux grandes corporations comme la Fédération du Commerce...
Oui, Barzii s'en sortait bien, mais Jor avait encore de bonnes chances de l'emporter.

Alors qu'il regagnait sa navette, le Commodore Barzii avait du mal à décider si ce début des négociations était satisfaisant ou non. En tous cas, il réussissait mieux que prévu ; l'allusion à Xankora avait manifestement désarçonné Drakkas, même si le Jedi avait fait de son mieux pour limiter les dégâts. Néanmoins, la République avait bien plus à offrir économiquement, surtout aux colonies Darjans ; Barzii voyait bien que son actuel avantage risquait de tourner très vite, s'il ne trouvait pas très vite quelque chose... Peut-être miser sur la scandaleuse sur-représentation des humains au sein de la République Galactique? Mais cela risquait aussi de lui aliéner les systèmes dominés par les humains... Il devait prendre garde, car s'il échouait, l'Amiral Tonith le tiendrait certainement pour responsable...
Cependant, lorsque Barzii entra dans sa cabine, toutes ces préoccupations disparurent aussitôt de sa tête ; une douzaine d'individus d'espèces variées vêtus de noir étaient déjà à l'intérieur.
« Qui êtes-vous, et comment êtes-vous entré ici? demanda Barzii d'un ton qui indiquait qu'il n'aimait pas beaucoup ce genre de surprises.
Pour toute réponse, un Rodien que Barzii supposa être le chef enclencha un holoprojecteur ; la silhouette de l'Amiral Tonith se dressa brusquement devant le Commodore.
« Bonjour, Commodore Barzii, salua l'officier Muun. Les négociations se passent-elles comme vous le souhaitiez?
-Jusque-là, ça va, répondit froidement Barzii. C'est pour prendre de mes nouvelles que vous m'envoyez ces gens?
Tonith sourit comme si Barzii était un enfant qui venait de faire une plaisanterie.
-Voyez-vous, compte tenu du contexte économique peu favorable aux industries de Wazt-ahl et des autres anciennes colonies Darjans, je me suis laissé dire que vous auriez peut-être besoin d'aide pour ces négociations... Une aide musclée...
-Oh, je vois. C'est vrai que s'il devait arriver quelque chose à Drakkas, personne n'irait imaginer que j'y suis pour quelque chose...
-Allons, Commodore, qu'allez-vous imaginer? Assassiner un Chevalier Jedi? Ce ne sont pas mes méthodes... Non, je m'étais simplement dit que les négociations seraient un peu retardées si quelques envoyés de systèmes qui ont choisi de soutenir la Confédération devaient mourir dans l'explosion de leurs navettes et que des témoignages sur des tentatives d'intimidation par les Loyalistes étaient fournis...
-Drakkas finira par être innocenté, vous le savez aussi bien que moi, sans parler du fait que...
-Il sera innocenté, oui, coupa Tonith, mais les négociations auront été retardées, et Drakkas contraint de rester sur la planète en attendant... Ce qui serait assez gênant pour les Loyalistes si dans le même temps, Karsti était attaqué par une flotte Séparatiste...
-Amiral, avec tout le respect que je vous dois, avez-vous perdu la tête?
-Commodore, je vous conseille fortement d'adopter un autre ton et un autre vocabulaire avec votre officier supérieur! N'oubliez pas que vous êtes tout à fait remplaçable, imbécile!
-Mais vous parlez d'assassiner des civils! Des représentants de gouvernements alliés, et peut-être des civils Darjans qui se trouverons à proximité des navettes au mauvais moment!
-Commodore, vous ne vous rendez pas compte que vous êtes aveuglé par votre appartenance au peuple Darjan? Je vous ai envoyé négocier en mon nom sur Wazt-ahl ; vous êtes libre de choisir la marche à suivre, libre de décider quelles méthodes vous paraissent acceptables ou non. Si vous réussissez à convaincre la plupart des systèmes neutres de nous rallier sans vous servir du commando que je vous ai envoyé, tant mieux pour vous ; mais je ne tolérerais pas que vous échouiez sans avoir employé toutes les ressources à votre disposition, vous êtes prévenu. Alors si vous voyez que la partie contre Drakkas est perdue d'avance et que vous ne voulez pas être traduit en cours martiale... Le commando est là, et vous pouvez me prévenir pour que je lance l'attaque-surprise. Au revoir, Commodore Barzii. »
L'hologramme disparut et le commando d'assassins prit congé du Commodore en lui laissant des moyens de le contacter, laissant Barzii en état de choc, toutes ses certitudes effondrées.
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 9:18, modifié 2 fois.
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Messagepar Notsil » Sam 14 Nov 2009 - 17:24   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Sympa ce passage ;) J'aime bien voir ce que cogitent les gens dans leur petite tête ^^
J'ai eu un peu de mal à raccrocher sur les noms et la situation globale, mais bon normal avec le temps d'attente :P

La partie de négociations s'annonce intéressante, surtout quand on voit de "gentils" séparatistes qui se demandent soudain dans quelle galère ils se sont embarqués ;)

J'attends aussi de voir comment l'attaque de l'avant-poste va se dérouler ; si Isard est de la partie, quel trésor cache ce coin paumé ? ^^
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 06 Jan 2010 - 16:48   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Voilà le passage suivant; je ne parle plus en termes de chapitres, ça ne sert à rien, ils sont trop longs... Bonne lecture :wink:

Note: l'un des dialogues de ce chapitre aborde les débats économiques; Jor Drakkas y tient un discours implicitement Keynésien tandis que son adversaire reprend les thèses néo-classiques. On est évidemment pas obligé d'être en accord avec Drakkas ou en désaccord avec son adversaire, je me suis contenté de reprendre les opinions politiques de George Lucas (que je partage d'ailleurs, mais là n'est pas la question).

Sev'rance se sentait revivre sur cette planète enneigée ; Eredenn Prime n'avait que bien peu à voir avec la splendeur glaciale de Csilla, berceau de la civilisation Chiss, mais elle s'y sentait bien plus chez elle que sur Geonosis ou Tatooine. Et elle ne reverrait de toutes façons probablement jamais l'espace Chiss après ce qu'elle y avait fait... Et mieux encore, les choses se passaient selon ses plans ; Sev'rance aimait cela, elle avait assez subi les plans des autres comme ça...
« J'en suis sûr, Général, affirma l'hologramme du Capitaine Shray'lya. Il n'y a aucun mouvement de troupes conséquent vous concernant, pas d'offensive en préparation à l'heure actuelle ; vous pouvez me faire confiance, la Suprématie est bien équipée en détecteurs.
-Parfait, Capitaine, vous pouvez disposer, dit Sev'rance en coupant la communication. (elle s'adressa à Gorlan, juste à côté d'elle) On dirait que mon plan a fonctionné, l'ennemi ne nous attaque pas ; il s'imagine sans doute que nous sommes une armée nombreuse et bien équipée...
Sev'rance imaginait le sourire de Gorlan sous son casque.
-Vous feriez une bonne joueuse de sabacc, Général... Ceci dit, il va bien falloir leur montrer notre jeu à un moment ou à un autre ; vous avez prévu quoi? Le commandant ennemi doit être affolé à l'idée de perdre son précieux Decimator ; les sites de tests indiqués par les informations de Boorka doivent être surprotégés, donc en ce qui me concerne, je pense qu'on devrait carrément s'attaquer à la station Eredenn... En plus, les sites de tests sont éloignés, en plein milieu des collines et des forêts, ils pourraient nous tenir tête des siècles, là-bas...
Sev'rance sourit.
-Ce que vous dîtes est loin d'être idiot, Gorlan, euh, Colonel ; beaucoup d'officiers compétents diraient la même chose. Une fois prise la station Eredenn, les forces ennemies seraient désorganisées et les deux sites de test séparés, nous finirions par nous emparer du Decimator après une longue lutte ; oui, c'est ce que diraient beaucoup de commandants, et ils auraient tort. On attaque les sites de test.
-Général, sans vouloir faire de mauvais jeux de mots, vous êtes givrée... Enfin, passons. Vous voulez vous occuper duquel en premier, Facet ou Shard?
Le sourire de Sev'rance s'élargit.
-Mais... Des deux! Il faut maintenir l'illusion que nous sommes une armée nombreuse, n'oubliez pas.
-Général, je ne vous suis pas ; en attaquer un, ça va être coton, mais attaquer les deux, c'est du suicide, même pour nous! Le premier truc qui a dû passer par la tête du commandant ennemi, c'est bien de protéger les sites de test ; c'est là qu'il garde le Decimator, l'arme qu'on lui a confiée et qui peut peut-être changer le cours de la guerre, là qu'il lui est le plus facile de se défendre. N'importe quel militaire sain d'esprit défendrait les sites Facet et Shard en priorité, et il aurait raison, parce que même si on prend la Station Eredenn, on en a encore pour un moment avant d'en finir avec la résistance des sites de test...
-N'importe quel militaire, vous l'avez dit. Mais les gens des renseignements ne pensent pas comme ça ; ce sont des gens patients et qui calculent à long terme, accoutumés à combattre des gens patients et qui calculent à long terme, leurs priorités et leurs façons de penser ne sont souvent pas les mêmes que celles du militaire lambda. Nous allons attaquer les deux sites de test, et nous allons les prendre tous les deux, parce que le commandant ennemi s'attendra à ce que nous attaquions la Station Eredenn et y aura déplacé une bonne partie de ses forces. Faites-moi confiance cette fois encore.
Gorlan resta un moment à regarder Sev'rance sans mot dire, puis il conclut:
-Vous êtes folle, Général ; il n'y a aucune raison pour que le commandant ennemi agisse comme vous le prévoyez, et vous, vous pariez tout là-dessus... Vous êtes folle, mais je suis avec vous. »

Le Commandant Kraen Weest entra dans le centre de commandement de la base Loyaliste après une nuit presque aussi blanche que les plaines d'Eredenn ; c'était parfait, il n'était plus seulement inquiet, il était aussi fatigué, à présent... Pourtant, il devrait faire de son mieux ; jamais il n'avait eu un tel défi à relever et jamais l'enjeu n'avait été aussi important.
« Ça s'annonce mal, commandant... annonça d'emblée le Commandant Clone. Je n'ai toujours aucune nouvelle de mes éclaireurs ; je crois qu'il va falloir se faire à l'idée qu'on ne les reverra plus... »
Il parlait exactement comme à l'ordinaire, avec la voix maîtrisée d'un parfait professionnel ; cependant, Kraen n'était pas dupe. Les clones étaient entraînés à ignorer la mort de leurs camarades, mais Kraen savait qu'en pratique cela signifiait surtout qu'ils étaient entraînés à faire croire, que ce soit à eux-mêmes ou aux autres, qu'ils ignoraient la mort de leurs camarades ; il le savait parce que les agents des services de renseignements avaient exactement les mêmes règles, et qu'il était pourtant toujours aussi incapable de les appliquer réellement.
Je les ai envoyés à la mort, pensa-t-il. Pourtant, il ne pouvait pas écouter de cette pensée, pas s'il voulait commander efficacement.
« Probablement, acquiesça-t-il lentement. Le pire, c'est qu'ils n'ont même pas eu le temps d'émettre... Commandant, c'est vous l'expert en infanterie ; qu'est-ce que vous en concluez sur les forces dont dispose l'ennemi? Elles doivent être importantes, non?
-Franchement, difficile de fournir une estimation, Commandant ; mais elles sont plus importantes que les nôtres, ça, c'est sûr, mes hommes n'auraient pas pu être repérés aussi vite par une armée droïde à l'effectif plus réduit. La seule alternative serait que l'ennemi ait su à l'avance que nous enverrions des éclaireurs et par où ils viendraient l'observer...
-En effet, c'est peu probable... Mais le problème, c'est que nous protégeons le Decimator, Commandant ; nous n'avons pas droit à l'erreur, alors évitons de trop nous fier aux probabilités avant d'agir. Partons plutôt du principe que notre adversaire est vraiment un très bon stratège, et qu'il a vraiment une armée puissante. (Kraen se tourna vers un ingénieur civil) Dites-moi, pour combien de temps avons-nous des vivres?
-On en a encore pour un mois, Commandant, peut-être un mois et demi ; si le conflit dure jusque là, ça va poser problème, surtout sur une planète glacée comme celle-là. Mais d'ici là, la République aura eu le temps de nous envoyer des renforts, n'est-ce pas? Même Eredenn n'est pas paumée à ce point-là...
-D'accord, et où sont entreposés ces vivres? L'ensemble, je veux dire, pas seulement l'essentiel...
-Nous avons trois entrepôts au nord de cette base, que l'on pourra facilement déplacer, mais tout le reste se trouve ici, à la station Eredenn.
-Bien. (Kraen se tourna à nouveau vers le Commandant Clone) Encore une fois, c'est vous l'expert en la matière, Commandant, alors je vais me fier à votre jugement : quelles seraient les chances des Séparatistes si la bataille devait s'enliser dans les plaines et les forêts?
-A forces égales, très défavorables, Commandant ; les forces Séparatistes sont presque systématiquement constituées de droïdes incapables de tenter autre chose qu'un assaut frontal, et cela leur serait fatal dans ce type d'environnement, la neige nous permettrait de mener une guérilla sans fin... Mais les droïdes sont certainement bien plus nombreux, ils l'emporteront, même avec de lourdes pertes.
-Un unique assaut frontal serait donc plus avantageux pour eux?
-Oui. Si leur commandant est compétent et sain d'esprit, c'est plutôt ce qu'il cherchera.
-Bien, et merci pour votre avis. Écoutez, voilà ce que j'en pense : si le commandant ennemi veut éviter de s'enliser dans une guérilla sans fin, sa meilleure chance, c'est de nous priver de vivres ; nos soldats mangent, pas les siens. J'en conclus qu'il va directement tenter un assaut ici même; après cela, les sites de tests Shard et Facet pourront probablement lui résister encore quelques temps, mais ils finiront par devoir se rendre, faute de vivres...
-Ça me semble logique, acquiesça le clone. Je suppose que je m'occupe de l'organisation de la défense?
-Allez-y, approuva Kraen.
Lorsqu'un subordonné en savait plus que lui dans un domaine, un bon officier devait savoir le reconnaître et l'exploiter ; exploiter au maximum tout ce qui pouvait l'être était le fondement du renseignement, même si c'était plus mal vu dans des milieux censés être plus stricts comme l'armée ou la politique.
-Laissez quand même de quoi se défendre aux sites de test, ajouta ensuite Kraen. Et bloquez tous les Decimator jusqu'à nouvel ordre ; on ne sait jamais ce qui peut se passer dans la tête d'un ennemi... »

Accroupie dans la neige au milieu des conifères, Sev'rance Tann reposa ses macro-jumelles, qui n'avaient fait que lui confirmer ce que lui disait déjà la Force ; à côté d'elle se dressaient des dizaines de Super Droïdes de Combat, silhouettes d'acier plantés au milieu de la forêt enneigée, parfaitement immobiles comme un prédateur à l'affut. Mais bientôt, ils se mettraient en mouvement ; et alors, plus rien ne les arrêterait...
« C'est bon pour nous, murmura Sev'rance dans son comlink, ils ne s'attendent à rien ; nous ne détectons que des fantassins... Et de votre côté?
Tandis que Sev'rance commandait l'assaut sur le site de test Shard, elle avait envoyé Gorlan s'occuper du site Facet, à l'est.
-C'est incroyable, Général, vous aviez raison ; ils ne sont pas préparés à nous recevoir ici non plus...
-Je vous l'avais bien dit ; l'officier des renseignements a dû vouloir sauvegarder les vivres en priorité, ou peut-être un transport aérien pour pouvoir se replier au cas où il échouerait...
-Il fallait quand même que vous soyez cinglée pour tout miser là-dessus, Général! Vous auriez très bien pu vous planter...
-Mais ce n'est pas ce qui s'est produit. Et qui est le plus fou des deux? Le fou, ou celui qui le suit?
Gorlan rit à l'autre bout de la communication.
-Allez, assez causé, coupa Sev'rance, on a du boulot... Lancez l'assaut. »
Soudain, à travers toute la forêt, plus de cent cinquante Super Droïdes de Combat, quatre droïdes-araignées nains et deux droïdes-araignées s'animèrent et se mirent à piétiner la neige de leur pas métallique ; l'acier et la glace, une combinaison que Sev'rance appréciait... En contrebas, leur cible apparaissait : un ensemble de bâtiment métalliques typiquement militaires, entre lesquels allaient et venaient civils et soldats clones ; le Site de Test Shard, avec probablement le Decimator...
Sev'rance avait opté pour un détour par la forêt afin de surprendre encore plus les Loyalistes ; malheureusement, comme elle l'avait craint, cette initiative fut gâchée par le professionnalisme des soldats clones. Descendant de la forêt, les droïdes essuyèrent d'énormes salves rouges dès qu'ils furent parvenus à portée des tours de garde ennemies ; près d'une dizaine de Super Droïdes furent aussitôt réduit en shrapnels.
Cela ne coûtait rien d'essayer, pensa Sev'rance.
« Dispersion! ordonna aussitôt Sev'rance. Super Droïdes des groupes un et deux, entrez dans la base et essayez de trouver le Decimator ou des otages, ça les fera réfléchir avant de tirer ; groupe trois et droïdes-araignées nains, mettez-vous hors de portée et préparez-vous à revenir nettoyer ; droïdes-araignées, détruisez les mitrailleuses ; groupe quatre, vous venez avec moi, on essaye de déloger les clones de la tour de garde! »
Sev'rance était heureuse d'avoir choisi des Super Droïdes pour cette mission ; des Droïdes de Combat aurait probablement mis dix minutes avant de comprendre et de s'exécuter... Au lieu de cela, les Super Droïdes argentés foncèrent immédiatement vers l'intérieur de la base ennemie sous la pluie d'obus et de blasters tirés par la tour de garde et les mitrailleuses. La stupidité des droïdes avait aussi ses avantages ; jamais une armée vivante n'aurait foncé aussi vite dans un environnement aussi dangereux, les droïdes tombaient par dizaines... Le pire, c'était que les soldats clones étaient probablement très peu nombreux, pas plus d'une trentaine, la plupart aux commandes des défenses.
Aux tirs des clones répondirent bientôt les explosions des missiles tirés par les droïdes-araignées entre les bâtiments ennemis, sur les mitrailleuses ; le feu rejoignait l'acier et la neige...
Sev'rance Tann alluma son sabre-laser et leva sa lame couleur d'or en un geste de ralliement pour les Super Droïdes en réalité parfaitement inutile ; cependant, nul doute que les clones qui l'apercevaient et le commandant Loyaliste qui visionnerait les images de l'assaut apprécieraient de savoir qu'il y avait une Jedi Noire parmi leurs adversaires...
« A nous, maintenant! hurla-t-elle pour se faire entendre par-dessus le vacarme des combats. Il faut qu'on prenne la tour de garde! »
Suivie par les Super Droïdes, elle se mit à courir entre les bâtiments métalliques des Loyalistes ; l'air autour d'eux était strié par les tirs des mitrailleuses clones et des Super Droïdes des groupes deux et trois, mais la manœuvre avait eu l'effet escompté, il n'y avait quasiment plus aucun combat dans l'allée principale et Sev'rance n'avait quasiment que des tirs perdus à détourner. Et les clones avaient très peu de tirs perdus... Il faudrait que Sev'rance agisse vite si elle voulait sauver assez de droïdes.
Après quelques minutes de course, elle et le groupe trois parvinrent à proximité d'une tour haute d'une quinzaine de mètres sur laquelle était juchés de puissants canons lasers et des lance-missiles à fragmentation ; probablement maniées par des clones à l'intérieur, les armes tiraient sans discontinuer.
Le comlink de Sev'rance reçut une communication d'un officier Super Droïde :
« Général Tann, nous sommes parvenus à prendre en otages un groupe d'une vingtaine d'ingénieurs civils.
-Parfait, dites aux clones que vous voulez dix minutes pour vous replier sans quoi vous exécuterez les civils ; cela devrait être suffisant pour qu'on s'empare de la tour de garde...
-A vos ordres, Général. »
N'importe quel officier vivant aurait hurlé « Dix minutes? ». Sev'rance se retourna vers ses droïdes :
« On y va! Évitez de tirer sur des civils si possible ; mais si vous n'avez pas le temps de faire la différence, laissez tomber, il faut qu'on aille vite. »
Sev'rance laissa la Force affluer en elle et lança une onde de choc dévastatrice sur la porte blindée ; celle-ci partit en arrière avec violence. Sev'rance entendit un cri venir de sous la porte ; sans chercher à en savoir plus, elle planta son sabre-laser au beau milieu de la porte, et un nouveau cri de douleur lui confirma qu'elle avait bien fait. Sous la porte était étendu un soldat clone, son blaster à la main, probablement chargé par ses camarades de monter la garde.
« Attendez... murmura Sev'rance aux droïdes. Si ce soldat clone était là, ça veut dire que ceux à l'étage n'ont pas les moyens de savoir que nous sommes entrés autrement ; je vais embrouiller leurs esprits par la Force pour nous faciliter le travail... »
A nouveau, Sev'rance invoqua la Force jusqu'à ce qu'elle sente tous les êtres vivants autour d'elle comme un tout dont elle faisait partie, de la même façon qu'un ordinateur détectait les autres en se connectant à l'Holonet ; le Comte Dooku avait dû employer cette métaphore pour lui expliquer, l'esprit très rationnel de Sev'rance ayant du mal à accepter l'idée qu'elle était entourée d'un champ d'énergie invisible... Et soudain, elle les repéra ; une dizaine de jeunes hommes au sommet de la tour, maniant les armes avec dextérité... Elle sut immédiatement qu'elle ne parviendrait pas à tous les forcer à rediriger leurs armes sur les Loyalistes, ils étaient trop nombreux et trop éloignés, leurs esprits étaient trop alertes ; en revanche, elle réussit à les inciter subtilement et discrètement à se concentrer plus encore, jusqu'à ce qu'ils ne soient plus conscient de quoi que ce soit d'autre autour d'eux... Elle avait du mal à se concentrer assez pour maintenir la suggestion chez les dix clones à la fois, mais elle y parvint.
« On y va, ordonna-t-elle au Super Droïde le plus proche. Ils sont tous au sommet de la tour. »
Ce fut très rapide. En une minute, les Super Droïdes et la Jedi Noire furent au sommet de la tour ; désireuse de ne pas alerter les clones dont elle s'efforçait de détourner l'attention grâce à la Force, Sev'rance ouvrit la porte au sabre-laser ; dès que l'ouverture fut assez grande, les Super Droïdes ouvrirent le feu, ils arrosèrent toute la pièce de leurs rafales rougeoyantes, indifférents aux cris de douleurs des soldats clones qu'ils assassinaient. Lorsque leurs canons se turent, la pièce était pleine de traces d'impacts de blasters et de corps, mais il n'y avait plus un soldat ennemi vivant. Sev'rance avait pris la tour sans perdre un seul des Super Droïdes de son groupe ; tel était le pouvoir de la Force, arme étrange et déroutante mais aux multiples possibilités stratégiques...
Sev'rance s'assit devant les commandes de l'arme principale, un double-canon laser.
« Assurez-vous qu'aucun ennemi n'entre ici. » ordonna-t-elle aux Super Droïdes.
L'ordinateur de visée fournissait une vision parfaite du Site de test Shard ; conformément aux ordres de Sev'rance, les clones avaient cessé le feu en attendant que le délai de dix minutes soit écoulé. Sev'rance sourit ; les soldats qui avaient ordre de protéger la vie des civils avant tout étaient si aisément manipulables...
« Combien de temps nous reste-t-il avant que le délai ne soit écoulé? demanda-t-elle à un Super Droïde par pure curiosité.
-Trois minutes, Général.
-Ça me laisse le temps de faire un carton... »
La précision de l'armement encore accrue par sa sensibilité à la Force, elle aligna un groupe de soldats clones dans son viseur... Et pressa la détente avec un sourire carnassier. La rafale rougeoyante jaillit du sommet de la tour de garde et alla frapper sa cible ; quelques soldats clones virent le danger arriver et tentèrent de s'écarter, mais l'impact fut trop fort ; toute la rue fut carbonisée, tous les soldats visés furent tués. Sans perdre une seconde, Sev'rance déplaça le canon, mais les clones avaient compris et s'étaient déjà dispersés ; seuls deux furent tués.
Sev'rance saisit son comlink et ouvrit un canal avec le groupe trois:
« A votre tour maintenant, entrez dans la base avec les droïdes-araignées nains et éliminez tous les clones survivants. »
Comme elle l'avait craint, les clones s'étaient abrités près des bâtiments, ce qui l'empêchait de tirer sous peine d'endommager le Decimator ; mais qu'importait, à présent que les droïdes-araignées nains rentraient dans la partie, Sev'rance donnait deux minutes d'espérance de vie aux clones...

Le site de test Shard avait manifestement souffert des combats ; peu de bâtiments avaient été complètement détruits, mais beaucoup avaient été gravement endommagés par les missiles tirés par la tour de garde, les mitrailleuses clones ou les droïdes-araignées. Cependant, l'essentiel était intact... L'essentiel, c'était un grand hangar au sud de la base vers lequel Sev'rance Tann marchait d'un pas ferme ; à en croire les informations de Boorka le Hutt, c'était dans ce bâtiment que se trouvait le Decimator...
« Avez-vous évalué nos pertes? demanda Sev'rance à un Super Droïde sur le chemin.
-Oui, Général : quarante-et-un fantassins Super Droïdes détruits sur cent cinquante ; un droïde-araignée détruit sur deux ; aucune perte parmi les droïdes-araignées nains.
Sev'rance hocha la tête.
-Et quelles sont les pertes pour l'ennemi?
-Vingt-neuf soldats clones tués. »
Cela aurait pu être bien pire avec les défenses dont disposait le site de test et des soldats clones à leurs commandes.
« Voilà l'engin que nous soupçonnons être le Decimator, Général, prévint un Super Droïde.
Sev'rance sentit les battements de son cœur s'accélérer légèrement ; c'était donc là l'arme pour laquelle Dooku l'avait éloigné du front envoyé dans la Bordure Extérieure... C'était un véhicule d'une douzaine de mètres de long et d'un peu moins de trois mètres de haut, couleur d'acier, sur une base rectangulaire qui s'ouvrait à l'avant en deux bras ; la forme, avec son cockpit en forme de tour et les lance-missiles à l'avant, entre les deux pinces, était du reste assez classique. La seule chose qui semblait indiquer que ce véhicule n'avait rien d'ordinaire était une sorte de sphère rouge assez volumineuse, devant le cockpit.
Il était étrange de penser que c'était pour ce véhicule que tant de combattants étaient morts, ici ou sur Tatooine.
-Parfait... Nous demanderons à la Suprématie de nous envoyer son équipe de spécialistes pour voir ce que nous pouvons en tirer ; en attendant, nous rentrons à la base.
Gorlan prit contact avec elle quelques minutes plus tard, alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre leur base.
-Je vous écoute, Colonel.
-Ça y est Général, nous avons pris le Site Facet ; et nous avons mis la main sur un véhicule qui pourrait bien être le Decimator...
-Remarquable, Colonel, cela ne fait que dix minutes que j'ai pris le Site Shard et son Decimator, commenta Sev'rance d'un ton sarcastique. Quelles sont vos pertes?
-Cinquante-cinq Super Droïdes détruits sur cent cinquante, plus deux droïdes-araignées nains ; et vous?
-Quarante-et-un Super Droïdes et un droïde-araignée, répliqua Sev'rance.
Gorlan rit.
-Vous verrez, je ferais mieux que vous, la prochaine fois...
-Ça m'étonnerais! Rentrez à la base, en tous cas ; nous allons voir si ce Decimator valait la peine de parcourir autant d'années-lumière... »

Les négociations reprirent après une nuit trop courte. Rien ne semblait avoir changé : Drakkas affichait toujours la même expression impassible digne d'un joueur de sabacc, les diplomates des colonies Darjans cherchaient toujours quelle faction leur apporterait les plus grands avantages économiques, le tout sous la surveillance du Premier Ministre de Wazt-ahl, Talrii ; mais pour Barzii, tout semblait avoir changé.
Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire? Il se sentait tout simplement écartelé ; son devoir d'officier Séparatiste ou son refus de devenir un criminel de guerre? Tuer des civils, à plus forte raison des civils alliés, était ignoble ; trahir était impensable. Quand on avait passé des décennies dans la flotte, on savait qu'un officier ne désobéissait pas brusquement parce qu'un ordre était contraire à ses valeurs morales ; mais quand on était un être pensant doté d'une conscience, on n'acceptait pas de tuer des civils. Le choix paraissait évident, il l'était pour des héros de romans ou d'holofilms... Mais Barzii n'était pas un héros, seulement un officier de la flotte Séparatiste tout ce qu'il y avait de plus ordinaire ; il comprenait maintenant comment des gens ordinaires pouvaient commettre des actes horribles, il savait ce que cela faisait que de recevoir des ordres révoltants et de découvrir brutalement que non, on était peut-être pas plus courageux qu'un autre, finalement...
Qu'est-ce que je vais faire? se demanda-t-il encore une fois.
Faire de son mieux aujourd'hui, pour commencer ; s'il réussissait à convaincre les colonies Darjanes de rejoindre la Confédération, il n'aurait pas à choisir. Mais pouvait-il vraiment rester au sein d'une flotte qui engageait des gens comme l'Amiral Tonith? Lorsqu'il avait abandonné Xankora, le Général Drakkas avait au moins veillé à limiter au maximum les pertes civiles... Barzii se surprit à penser qu'il préfèrerait être sous les ordres de Drakkas que sous ceux de Tonith...
Mais un officier digne de ce nom ne désobéissait pas. Il n'y avait rien de rationnel ou de réfléchi là-dedans, c'était ainsi.
Pour ne rien arranger, Drakkas ne semblait pas déterminé à lui faciliter la tâche ; si seulement il savait...
« ...Je peux donc d'ores et déjà vous affirmer, annonça-t-il, que Ciutric est prête à baisser ses taxes sur les importations de matériel de sécurité de 10% pour toutes les entreprises issues de colonies Darjanes qui auront rejoint la Confédération, à condition que ces entreprises respectent le droit du travail et les accords de protection de l'environnement en vigueur au sein de la République Galactique, ce qui est déjà le cas ; j'en ai discuté hier avec le Président du Conseil Exécutif de Ciutric, M. Lynel, et nous pensons tous deux que cet accord peut facilement s'étendre à tous les systèmes Loyalistes de l'Hégémonie Ciutrique.
-Une offre intéressante, commenta Talrii. D'autant que cela nous éviterait la concurrence de Darlja, dont les entreprises sont actuellement notre seul concurrent dans le Secteur...
-Ah oui, acquiesça Drakkas, Darlja, la planète d'origine du Commodore Barzii...
-S'il y a un sous-entendu, dîtes-le clairement, Jedi, coupa Barzii d'un ton tranchant.
-Je remarquais seulement une certaine présence de Darlja dans l'espace Séparatiste ; c'est de cette planète que sont issues les entreprises les plus présentes sur le marché du matériel de sécurité, et également de celle-ci qu'est issu le commandant, ou plutôt l'ex-commandant, des forces Séparatistes locales... A la place des représentants des colonies Darjanes ici présents, je me sentirais un peu écrasé au sein de l'espace Séparatiste ; j'aurais l'impression que Darlja profite de la guerre pour retrouver une certaine hégémonie sur ses colonies...
L'attaque était redoutable, car elle faisait appel à un désir d'émancipation très ancré au sein des colonies Darjanes ; Drakkas avait manifestement étudié les conditions économiques, sociales et culturelles du Secteur.
-Ou alors, répliqua Barzii, vous penseriez que la sécurité et la liberté de votre planète passent avant des avantages économiques et une vieille rivalité avec Darlja qui n'a plus aucun sens à l'heure des états Galactiques ; un des deux... N'essayez pas de nous faire croire que vous comprenez quoi que ce soit à l'Hégémonie Ciutrique, Jedi ; vous ne parviendrez qu'à nous rappeler que vous n'êtes qu'un pion de la République envoyé dans ce Secteur...
-Je n'essaye pas de raviver une quelconque querelle entre une planète et ses colonies, la solidarité est le fondement de la République, je me contente d'énoncer des faits (ce qui revenait finalement au même ; Barzii songea que Drakkas aurait probablement fait un politicien redoutable) ; tandis que vous, vous sous-entendez qu'un système est plus libre et en sécurité au sein de la Confédération sans l'appuyer par le moindre fait...
-Vous voulez des faits? Général, vous tenez vraiment à ce que nous reparlions de Xankora?
-D'abord, quelle que soit la raison de ce coup d'état sur Xankora, elle n'a strictement rien à voir avec moi ; ensuite, je vous pose la question à l'échelle galactique, à un niveau qui dépasse de très loin les petites décisions prises par les officiers d'un camp ou de l'autre, sans quoi j'aurais également une liste d'agissements douteux d'officiers Séparatistes à travers la Galaxie à vous fournir... Donc je vous repose la question : pourquoi un système devrait-il gagner en liberté et en sécurité en rejoignant la Confédération plutôt que la République?
Drakkas avait subtilement réussi à écarter la question de sa responsabilité dans le coup d'état de Xankora ; Barzii songea à ramener le sujet sur le tapis, mais il estima finalement que cela ne servirait à rien sachant qu'il n'avait de toute façon pas les moyens de prouver ses affirmations.
-Franchement, je crois que M. Talrii et ses confrères des autres colonies Darjanes se fichent un peu de ce qui peut se passer sur Corulag ou sur Tatooine, Jedi ; d'autant plus que la guerre est très équilibrée sur le plan Galactique, les Jedi comme vous et l'armée clone qu'ils ont commandé dans le plus grand secret compensant notre avantage numérique... Ce qui est vraiment important, c'est ce qui se passe ici, Jedi; et le fait est que la Confédération tient plus de systèmes que la République dans l'Hégémonie Ciutrique. La guerre étant la guerre, je ne pourrais pas garantir que les systèmes de la République ne subiront aucune perte civile ou matérielle au cours des combats lorsque nous les conquérons ; alors, les systèmes qui ont choisi de soutenir la République seront-ils en sécurité?
-Vous ne l'avez peut-être pas senti, Commodore, mais le vent a tourné... C'est vrai, vous avez toujours plus de planètes derrière vous que nous. Mais ce qui est aussi vrai, c'est qu'il y a seulement quelques semaines, la République n'avait qu'un seul système dans ce secteur, et que depuis, nous avons pris Ciutric, obtenant le ralliement d'un bon tiers du secteur ; ce qui est aussi vrai, c'est que vous avez déjà tenté deux offensives, l'une sur Ciutric et l'autre sur Xankora, et que toutes deux se sont soldées par des échecs... Plus le temps passe, plus la République devient puissante dans ce secteur ; votre avantage ne durera pas, Commodore...
-Permettez-moi d'en douter, riposta Barzii avec un sourire glacial. Ce que vous dites n'est que supposition sur la tournure que vont prendre les combats d'après les batailles qui ont eu lieu jusque là ; moi, j'ai des faits concrets à offrir aux colonies Darjanes, à savoir la supériorité actuelle des forces Séparatistes dans le Secteur.
-Ça ne durera pas, je vous l'ai dit. Et au fait, qu'en est-il de la liberté? De quelle liberté pouvez-vous parler pour vous imaginer que les systèmes Séparatistes sont plus libres que les systèmes Loyalistes? La liberté de ne pas pouvoir prélever un sou d'impôt aux grandes firmes interstellaires comme la Fédération du Commerce, de devoir les laisser faire des profits incroyables sans contribuer au bon fonctionnement des sociétés au sein desquelles elles agissent? La liberté de voir toutes ses entreprises rachetées les unes après les autres et tous ses travailleurs exploités par ces mêmes firmes interstellaires? Ou mieux encore, la liberté de ne pas pouvoir choisir démocratiquement son gouvernement galactique? Et j'en passe...
-Je ne crois pas que le moment soit approprié pour se lancer dans un débat sur les avantages et les inconvénients du libéralisme économique, Jedi ; la politique économique est une chose qui peut changer avec les gouvernements, et mon allusion à la liberté ne visait pas tant cela que l'hégémonie humaine qui s'est établie depuis bien longtemps sur la République... Vous ne l'avez peut-être pas remarqué, occupé que vous étiez à méditer et à jouer les arbitres dans les conflits interstellaires, mais les non-humains qui n'ont pas la chance d'être nés Jedi sont scandaleusement sous-représentés au sein des élites de la République, il suffit de chercher les origines des deux derniers Chanceliers de la République pour s'en convaincre, ou celles de votre second, ce Vice-Amiral Ashen... Les humains ont énormément de colonies à travers la Galaxie, ils forment une population très nombreuse, mais pas à un point qui justifie cette situation...
-Mais je suis tout à fait d'accord, Commodore! C'est bien pour cela que je pense qu'il y a assez d'humains au sein des élites de la République comme cela, et surtout, assez de non-humains au sein de celles de la Confédération! Si l'on excepte le Comte Dooku, la quasi-totalité du haut commandement Séparatiste est d'origine non-humaine ; si l'on y prend pas garde, la guerre va dégénérer en un conflit entre humains et non-humains. Il y a déjà les Neïmodiens et les Géonosiens du côté des Séparatistes, entre autres ; vous ne voudriez pas y ajouter les Darjans? Un Chancelier de la République Darjan, ce n'est peut-être pas pour demain, mais la République ne pourra pas travailler à l'égalité entre humains et non-humains sans non-humains... Par ailleurs, à en croire le Commodore, vous vous fichez de ce qui peut se passer sur Corulag ou Tatooine ; dans ce cas, que vous importe que la République ait un Chancelier humain tant que vous gardez la maîtrise de vos propres mondes?
Talrii intervint :
-Un instant! L'une de nos exigences pour rejoindre un camp ou un autre est justement la sauvegarde de notre économie ; j'aimerais beaucoup vous entendre expliquer en quoi le libéralisme économique promis par le Comte Dooku aux corporations qui lui fournissent ses armées droïdes sera bénéfique à Wazt-ahl...
Barzii sentait qu'il perdait du terrain ; et cela n'allait pas s'arranger, il ne connaissait quasiment rien à l'économie... Fort heureusement, Drakkas souffrait probablement du même désavantage. Le délégué de Corvis Major prit la parole à sa place :
-Le Comte Dooku ne promeut pas le libéralisme économique simplement pour rallier des hommes d'affaires comme le vice-roi Gunray, encore que ce serait compréhensible en temps de guerre ; il le promeut parce qu'il sait que c'est la meilleure solution pour la Galaxie, que l'économie de la République souffre depuis toujours de tout un arsenal de règles compliquées imposées par une administration lourde et corrompue et qui ne font en fait qu'entraver le bon fonctionnement des entreprises.
« Les syndicats, salaires minimums et autres mesures censées protéger les travailleurs ne servent qu'à accroitre le coût du travail, à décourager les entrepreneurs et donc à détruire de l'emploi ; les impôts sur la production et les importations qui viennent remplir les poches de la bureaucratie nuisent à la concurrence plutôt que d'encourager les entreprises d'une planète à s'améliorer pour y faire face, comme ce serait le cas dans une économie saine et libérale.
« Je pourrais en dire beaucoup plus, mais en clair, les mesures protectionnistes et de soi-disant défense des travailleurs ne font que décourager la production et la compétitivité des entreprises, et donc l'emploi ; la victoire de la Confédération se traduirait donc par une augmentation des richesses qui atteindra toute la Galaxie, y compris Wazt-ahl. Vos entreprises de matériel de sécurité et de surveillance qui font l'orgueil du peuple Darjan dans ce secteur pourront travailler dans les conditions qu'elles jugeront les plus appropriés, et ne feront que s'améliorer au contact de la concurrence de Darlja, car seules les meilleures subsisteront. »
Barzii se sentit déjà mieux ; malgré sa logique apparente, tout ce discours sonnait atrocement faux à ses oreilles, il trouvait qu'il y avait là-dedans une logique parfaitement inhumaine, mais Drakkas n'avait probablement pas les connaissances en économie requises pour répondre...
« Je me fie à l'avis de M. le délégué de Corvis Major, affirma Barzii, il sait de quoi il parle. Comme je ne pense pas que le Jedi Drakkas ait étudié l'économie, je...
-...Détrompez-vous, Commodore, répliqua Drakkas, j'ai toujours considéré qu'un Jedi devait avoir un minimum de connaissances en Histoire, en Économie et en Sociologie pour résoudre certains problèmes ; bon nombre d'autres Chevaliers Jedi ne s'y intéressent pas, mais moi si. J'ai toujours pensé qu'étudier la Force ne devait pas empêcher un Jedi de s'intéresser à des choses plus concrètes et qui concernent davantage le reste de la Galaxie.
-Et vous avez quelque chose à redire à cela? demanda Barzii d'un ton sceptique.
-Bien sûr. Pour commencer, vous accusez l'administration de la République de corruption, et c'est là une accusation qui n'est ni rare ni nouvelle ; mais pouvez-vous me dire qui a corrompu les Sénateurs et les gouvernements planétaires les uns après les autres, ôtant tout pouvoir à la République, la rendant lourde et incompétente? La Fédération du Commerce, le Techno Syndicat... De grandes corporations dont la plupart sont aujourd'hui rassemblées sous la bannière du Comte Dooku.
« Vous prétendez qu'assurer le maintien d'un salaire élevé par des mesures politiques encourage les entrepreneurs à produire peu et donc à employer peu ; d'abord, l'économiste vous répondra que cela garantit une consommation élevé, et donc favorise la production, et donc l'emploi. Le Jedi vous répondra que vous semblez tenir à la croissance économique même si seule une toute petite partie de la population en profitera...
« Quant aux impôts sur la production, les mêmes hommes d'affaires qui protestent contre eux seront bien contents que l’État ait de l'argent sous la main pour relancer la consommation en cas de crise, vous ne croyez pas? Et c'est la seule protection des planètes qui ne peuvent faire face à la concurrence contre les firmes interstellaires, car dans un système basé sur la concurrence la plus sauvage, il y a inévitablement des perdants... Et je ne pense pas que Wazt-ahl veuille en faire partie. Après, il est aussi exact que cela poussera probablement les entreprises à s'améliorer et à produire le plus possible.
« Enfin, sur le sujet des prestations sociales et des droits du travail, tout ce que j'ai à répondre, c'est qu'il ne sert à rien d'avoir une économie saine si une grande partie de la population vit dans des conditions désastreuses. Moi aussi, je pourrais en dire plus ; mais à terme, tout dépend si l'on veut d'une économie basée sur la compétition ou la coopération.
Talrii cligna lourdement des yeux, l'équivalent Darjan d'un hochement de tête humain.
-Voilà un discours au moins aussi convaincant que celui du délégué de Corvis Major... Je vois qu'on ne nous a pas envoyé n'importe quel Jedi...
-Tout cela n'ôte rien au fait que nous pouvons proposer une plus grande sécurité à nos systèmes, crut bon de rappeler Barzii.
Il ne lui fallut qu'une seconde de plus pour comprendre son erreur ; cette affirmation impliquait qu'il considérait que le délégué de Corvis Major avait perdu la partie sur le plan économique... Et c'était effectivement le cas, mais il ne devait pas le dire s'il voulait remporter les négociations!
-Si personne n'a plus rien à ajouter, reprit Talrii, en ce qui me concerne, mon choix est fait : Wazt-ahl vous apportera son plein soutien, Général Drakkas, à condition que Ciutric réduise effectivement ses taxes...
Un deuxième délégué Darjan prit la parole:
-Mon système rejoindra aussi la République, il est évident que c'est la meilleure solution économique pour nous...
Le suivant tint heureusement un discours différent :
-Je crois vraiment que vous vous trompez ; la politique économique que nous propose la Confédération a aussi ses intérêts, elle créé une économie puissante et dynamique, et par ailleurs, la sécurité de notre population passe avant tout...
Cependant, le quatrième délégué Darjan confirma la tendance générale :
-Peu importe l'économie et la sécurité ; à présent les choses sont très claires, et ce n'est pas aujourd'hui que nous choisirons de rallier une dictature Galactique...
Il me reste la plupart des systèmes neutres humains, pensa Barzii. Mais cela ne suffirait probablement pas à l'Amiral Tonith, il le savait...
A la surprise générale, un délégué humain qui avait déjà choisi de rallier la Confédération au nom de la sécurité prit la parole :
-Je pense ne pas être le seul parmi les délégués des systèmes neutres qui ont choisi de rejoindre les Séparatistes à penser que je vais peut-être remettre en jeu le sort de ma planète... Il n'est pas question que les Darjans soient les seuls à profiter d'avantages économiques...
Talrii réfléchit un moment à la question puis affirma :
-C'est peu orthodoxe, mais... Très bien, si des systèmes souhaitent renégocier leur ralliement, nous pourrons nous en occuper demain. »
Pour Barzii, ce fut le coup de grâce ; il avait échoué. Mais ce n'était pourtant pas de sa faute s'il ne connaissait pas la diplomatie... Et si la Confédération était indéfendable. Quoi qu'il en soit, il allait maintenant devoir prendre une terrible décision, qui changerait à jamais le cours de sa vie, et qu'il regretterait inéluctablement, quelle qu'elle soit. Il n'était pas un traître ; mais il n'était pas un criminel de guerre non plus... Qu'allait-il faire? Si un ami lui avait dit être dans cette situation, il lui aurait sûrement dit que perdre sa carrière, sa réputation et peut-être sa vie était le prix à payer pour rester du bon côté ; mais à présent qu'il était dans cette situation, il voyait bien à quel point ce prix pouvait paraître élever, à quel point il tenait à tout cela, à quel point il serait plus facile d'obéir même aux ordres les plus immoraux... Mais qu'allait-il bien pouvoir faire? Où trouverait-il le courage ou la lâcheté de prendre une décision?
Drakkas, sans doute convaincu qu'il avait gagné, souriait... Si seulement il savait ce qu'il avait provoqué en remportant ces négociations...
Si seulement il savait.
Une fois loin de la salle de conférences, perdu dans les couloirs sinistres à l'éclairage crû de la pyramide-capitale de Wazt-ahl, il utilisa son comlink.
Une voix Rodienne lui répondit.

« C'est tout simplement incroyable, murmura le Commandant Krean Weest dans la salle de réunion de la Station Eredenn. Ils n'avaient tout simplement aucune raison de faire ça... N'importe quel commandant censé aurait attaqué ici... Je ne sais pas ce qui a pris au commandant ennemi ; c'est comme s'il avait deviné que je craindrais un assaut sur la Station Eredenn... Mais ce n'est pas possible, et même si ça l'était, il faudrait être complètement dingue pour parier autant de droïdes là-dessus...
-Ce n'est pas de votre faute, commandant, affirma le commandant clone. N'importe quel autre officier Séparatiste compétent aurait attaqué la Station Eredenn ; je ne sais pas si celui-ci ne l'a pas fait parce qu'il était trop stupide ou parce qu'il avait anticipé votre stratégie, mais ce n'est pas votre faute.
Un ingénieur humain entra dans la pièce.
-Nous avons fini d'analyser les images, commandants. Je peux? demanda-t-il, un holoprojecteur à la main.
-Allez-y.
Les images de l'assaut Séparatiste sur le Site Shard apparurent ; l'ingénieur agrandit une petite partie de l'image.
-Ces images ont été prises par la tour de garde du site et nous ont été automatiquement transmises, expliqua l'ingénieur. Nous y avons trouvé un détail particulièrement intéressant ; regardez bien le personnage dans le coin droit, devant un détachement de Super Droïdes...
Kraen voyait où l'ingénieur voulait en venir, à présent ; devant les droïdes se trouvait une silhouette vêtue de noir, une femme à la peau bleue à y regarder de plus près... Et cette femme tenait un sabre-laser à la lame couleur d'or.
-Une Jedi Noire? demanda-t-il d'un ton un peu effrayé.
-Probablement. Nous avons également pu analyser la bataille, et nous pouvons être sûrs d'au moins un chose, c'est qu'elle est loin d'être idiote : elle a envoyé deux groupes de droïdes faire diversion en prenant des otages pendant qu'elle-même menait un assaut rapide et efficace pour prendre la tour de garde, et elle a laissé une partie de ses forces en dehors de la bataille pour revenir exterminer les soldats clones une fois qu'elle aurait pris la tour...
-Donc nous avons affaire à une Jedi Noire et à une excellente stratège ; vous avez d'autres bonnes nouvelles dans ce goût-là?
-En fait, oui... D'après les images des assauts des Sites Shard et Facet, moins de quatre cent droïdes étaient impliqués au total, très majoritairement des fantassins ; cette armée n'est peut-être pas aussi impressionnante qu'ils essayent de nous le faire croire, finalement...
Kraen y réfléchit un instant ; compte tenu de ce qu'il savait maintenant de l'intelligence de la Commandante ennemie, il était tout à fait possible qu'elle essaye de lui donner une fausse estimation des forces dont elle disposait. Mais d'un autre côté, si elle avait pu deviner que Kraen défendrait en priorité la Station Eredenn, elle avait aussi pu intercepter les éclaireurs clones avant qu'ils n'aient pu transmettre quoi que ce soit... Et il y avait ce large geste sur l'image, où elle mettait inutilement son sabre-laser bien en vue ; Kraen était dans les renseignements depuis suffisamment longtemps pour reconnaître un coup de bluff... Elle essayait de l'intimider pour le dissuader de lancer un assaut direct.
Le Commandant Clone prit la parole :
-Commandant, je crois qu'il serait temps de sortir de notre stratégie défensive... Avec votre permission, je peux organiser le siège de la base ennemie ; cette fois, ils ne devront plus combattre dans un de nos sites de test mais dans la neige et les forêts...
-Mauvaise idée, intervint l'ingénieur. Notre meilleur chance, c'est le temps ; des renforts finiront bien par arriver, et nous sommes plus forts ici que n'importe où ailleurs. Jamais ils n'oseront attaquer la Station Eredenn, nous devons profiter de cet avantage.
-Non, il a raison, déclara Kraen. En théorie, oui, il faudrait nous en tenir à notre stratégie défensive, mais nous n'avons pas affaire à une adversaire ordinaire ; regardez ce que cette Jedi Noire a fait au Site Shard! Sachant la supériorité des clones sur les droïdes et l'armement dont nous disposions, ce qu'elle a réussi là-bas est une victoire écrasante. Bien sûr qu'elle osera nous attaquer ici, et elle l'emportera peut-être!
-J'ai donc votre autorisation, Commandant?
-Oui, mettez au point un plan pour attaquer, ou du moins isoler, la base ennemie ; il faut déjouer le bluff de leur commandante. Nous allons lui montrer que nous aussi, nous savons mener une guerre, et elle ne va pas apprécier... »
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 9:25, modifié 1 fois.
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Messagepar Notsil » Mer 13 Jan 2010 - 11:10   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Oh, ça avance bien ici aussi :)

J'avoue que l'économie, c'est absolument pas mon truc, donc j'ai trouvé le dialogue un peu long sur ce point (bien que ça puisse être intéressant d'aborder ces notions, m'enfin...^^).

J'ai hâte de voir si Tann va réussir à être surprise par ses adversaires ^^
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 13 Jan 2010 - 11:33   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

J'avoue que l'économie, c'est absolument pas mon truc, donc j'ai trouvé le dialogue un peu long sur ce point (bien que ça puisse être intéressant d'aborder ces notions, m'enfin...^^).


Oui, je peux comprendre que ça puisse paraitre un peu long, mais je tenais à ce que les négociations paraissent réalistes; et comme je suis justement élève de Terminale ES option Economie... Enfin, j'espère que la logeek d'ensemble reste assez claire?
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 27 Jan 2010 - 13:57   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

En voilà un autre morceau :) Laissez tomber la numérotation des chapitres, il faudra que je la réorganise quand j'aurais le temps, mais on est censés être toujours dans le chapitre sept.

Le noir vaisseau des assassins de l'Amiral Tonith était posé dans l'un des hangars les plus mal éclairés de Wazt-ahl ; même un Darjan comme Barzii trouvait cela sinistre. Mais son malaise n'avait rien à voir avec cela, bien sûr...
« Celui-là a été conçu par des ingénieurs Verpines pour une petite firme de Corulag, expliqua le chef Rodien à Barzii en lui montrant un impressionnant fusil mitrailleur à l'intérieur du vaisseau. Finalement, il n'a pas vraiment réussi à se vendre, les coûts de production étaient trop élevés ; il n'empêche que c'est un vrai bijou, qui tire à une vitesse et à une puissance phénoménale... On en a trois, comme cela.
Manifestement, le Rodien savait de quoi il parlait.
-Le lance-grenades n'est pas mal non plus, ajouta-t-il. Faites-moi confiance, on a l'habitude de ce genre d'opérations, la sécurité de Wazt-ahl ne pourra rien contre nous ; même si ce Jor Drakkas s'en mêle, il ne pourra rien faire.
-Vous en êtes sûr? On prête des pouvoirs impressionnants aux Jedi en général, et Drakkas est considéré comme l'un de leurs meilleurs combattants...
-De l'exagération bâtie à partir de quelques Jedi particulièrement doués, rien de plus ; même un Jedi ne peut rien contre quinze professionnels bien armés... De toutes façons, ne vous tracassez pas pour cela ; les bombes tueront nos cibles bien avant que Drakkas ne se soit rendu compte de ce qu'il se passe... »
Le Rodien avait certainement raison, mais le malaise de Barzii ne portait pas du non plus sur la capacité des assassins à venir à bout d'un Jedi...
Qu'as-tu fait? hurlait une voix dans sa tête. C'était si compliqué que cela d'appeler Drakkas au lieu de ce maudit terroriste Rodien? Tout ce qui va arriver maintenant sera uniquement de ta faute...
Oui, mais maintenant, c'était trop tard ; il était impliqué là-dedans jusqu'au cou, il fallait faire marche arrière plus tôt...
« On y va? demanda une femme humaine aux cheveux blonds, l'experte en explosifs du groupe.
-Commodore? demanda le Rodien.
-Oui, on y va, acquiesça difficilement Barzii.
-Très bien. Vous allez voir, vous avez bien fait de nous contacter ; l'Amiral Tonith sera content de vous... »
La voix dans l'esprit de Barzii hurla à cette idée...
Les membre du commando partirent les uns après les autres, chargés d'armes et d'explosifs sophistiqués, pour rejoindre les trois navettes Séparatistes qu'ils devaient faire exploser.
Tu es tout seul, maintenant, murmura encore cette voix effrayante, tu n'as aucune excuse pour ne rien faire...
Alors Barzii céda ; il saisit son comlinck et appela les services de sécurité de Wazt-ahl.
« Ici le Commodore Barzii. Je voudrais que ce message soit transmis au Général Jor Drakkas d'urgence... »

En regagnant sa navette, Jor songea qu'il ne se ferait jamais à cette planète, même après plusieurs jours passés à Wazt-ahl, les couloirs sombres de la pyramide centrale lui paraissaient toujours aussi sinistres... Mais au moins, il en avait quasiment fini avec ces maudites négociations, et il s'en était apparemment bien sorti.
« Vous avez été brillant, Général, lui dit Anthr Lynel sur le chemin. Grâce à vous, les systèmes Loyalistes seront bientôt majoritaires dans ce secteur. Vous faites vraiment du bon travail.
-Merci.
-Vous êtes un Jedi très singulier, Général Drakkas ; vous vous êtes montré très pragmatique en cédant Xankora, vous avez des connaissances en Économie et en Histoire, et on dit que vous maîtrisez mieux le sabre-laser que la Force à proprement parler... D'ordinaire, on imagine plutôt les Jedi comme des gens totalement coupés de la réalité matérielle qui consacrent leur vie à l'étude de la Force...
Jor se demanda vaguement quels obscurs calculs politiques avaient poussé Lynel à faire cette réflexion...
-En fait, j'essaye surtout de compenser des lacunes ; je suis beaucoup moins doué pour la télékinésie ou la télépathie...Ce sont des domaines dans lesquels on ne réussit pas en étudiant et en s'entraînant ; on est doué pour cela ou on ne l'est pas, c'est tout.
-Peut-être. Mais en pleine guerre, avec les Jedi qui prennent la tête de l'armée clone, je crois que nous avons plus besoin de Jedi comme vous ; vous faites un meilleur Général que des Jedi plus classiques, et je pense que quelques apparitions de vous à l'Holonet local pourrait renverser l'opinion publique en ce qui concerne...
Par chance, le comlink de Jor sonna à ce moment précis.
-Excusez-moi...
Une voix Darjane se fit entendre:
-Excusez-moi de vous déranger, Général Drakkas, mais le Commodore Barzii a demandé à ce qu'un message vous soit remis... Je vous envoie l'enregistrement?
-Allez-y. »
L'enregistrement de la voix du Commodore Barzii se fit entendre:
« Général Drakkas, murmurait le Commodore. Écoutez-moi attentivement et faites-moi confiance, car ce que je vais vous dire est d'une importance vitale, et je n'ai pas beaucoup de temps : l'Amiral Tonith, mon véritable supérieur, a l'intention d'attaquer Karsti pendant les négociations, et pour s'assurer que personne ne réagira à temps, il va vous faire accuser ici d'avoir fait assassiner des émissaires de mondes qui ont choisi de soutenir la Confédération ; pour cela, il a engagé une équipe de mercenaires. Ils agiront d'ici environ une heure, leur chef est un Rodien.
« Vous vous demandez sûrement pourquoi je vous dit tout cela... Franchement, Général Drakkas, je ne sais pas si je suis toujours un Séparatiste, et je ne suis pas sûr non plus de vouloir soutenir la République ; tout ce que je sais, c'est que l'Amiral Tonith a ordonné la mort de civils alliés, et que vous me semblez être quelqu'un de bien plus honorable que lui.
« Je n'ai aucune idée de ce que je vais faire, ni de ce que je vais devenir... Quoi qu'il en soit, agissez vite et soyez prudent, ces assassins sont une douzaine, et ils ont l'air de connaître leur métier ; si ma trahison devait être découverte... J'ai une femme sur Darlja, si vous pouviez la mettre à l'abri... »
L'enregistrement s'interrompit.
« C'est complètement dingue... murmura Jor, stupéfait.
-Trop dingue pour être vrai, affirma Lynel d'un ton ferme. Je sais que vous les Jedi aimez bien laisser une chance à chacun ; mais ça, c'est clairement un piège, faites-moi confiance...
-Probablement, mais... Et si c'était vrai?
-Si vous y tenez, dites au Vice-Amiral Ashen qu'il y aura peut-être une attaque sur Karsti, et partons tout de suite le rejoindre...
-D'accord, et les émissaires Séparatistes?
-Eh bien, quoi? S'ils ont choisi de soutenir un assassin, ce n'est pas notre problème...
Manifestement, Lynel ne comprenait pas ; Jor décida d'abandonner l'approche morale.
-C'est vous le politicien ; si je fuis et que des émissaires Séparatistes sont assassinés une heure après, nous risquons de perdre tout ce que nous avons gagné aujourd'hui, vous ne croyez pas?
-Certes, mais ce serait très risqué d'essayer de les sauver, Général... Même pour un Jedi particulièrement talentueux comme vous, sans vouloir vous vexer.
-Je ne suis pas un Jedi, M. Lynel. Je suis le Général Jor Drakkas.
Sans ajouter un mot de plus, Jor fit volte-face en courant.

A peine conscient de ce qu'il faisait tant il était sous l'emprise de la peur et de l'excitation du combat, Gorlan leva son lance-flammes ; de longues langues de flammes jaillirent pour aller lécher la neige d'Eredenn, mais les soldats clones s'étaient repliés à temps et reprenaient leurs tirs, abattant les Super Droïdes l'un après l'autre. Et le lance-flammes ne fonctionnait déjà plus... Il aurait au moins fait gagner un peu de répit à Gorlan et aux droïdes qui l'accompagnaient... Gorlan vit l'un des soldats clones lancer un objet sphérique... Seuls ses réflexes de combattant expérimenté lui permirent d'actionner son jetpack pour s'éloigner ; quelques secondes plus tard, l'explosion du détonateur thermique annihilait une bonne douzaine de Super Droïdes.
Gorlan revint à terre et activa son comlink.
« Général Tann, vous auriez quelques droïdes-araignées à nous prêter? Sans vouloir faire de mauvais jeux de mots, ça devient chaud, ici...
-Je vous en envoie deux tout de suite ; mais je ne peux pas faire mieux sans dégarnir l'est, désolée... 
-OK, on fera avec.», acquiesça Gorlan tout en reprenant son blaster pour mitrailler les clones.
Malheureusement, les dunes de neige ne lui facilitait pas vraiment la tâche... Alors qu'un soldat clone venait de tomber, la tête explosée, le casque du guerrier Mandalorien l'informa qu'un véhicule ennemi arrivait probablement à proximité... Il ne manquait plus que cela.
A côté, les Super Droïdes faisaient de leur mieux pour tirer sur les clones, mais ceux-ci faisaient preuve de bien plus d'habileté et d'intelligence... Heureusement, cette fois, les collines enneigées étaient le seul atout que l'environnement procurait aux clones ; une heure plus tôt, Gorlan avait perdu une bonne trentaine de droïdes dans une embuscade tendue par une poignée de soldats clones dans une forêt de conifères...
Dire que la veille, ils avaient détruit deux bases Loyalistes et s'étaient emparés de modèles du Decimator... Mais les Loyalistes étaient brusquement passés à l'attaque, cherchant à déborder la base Séparatiste, et les combats avaient connu un regain d'intensité exceptionnel... Heureusement que Sev'rance avait envisagé cette possibilité et envoyé Gorlan et les droïdes défendre les principales voies d'accès à la base, sans quoi la situation serait pire encore...
Gorlan vit passer les trainées étincelantes de missiles qui indiquaient que le véhicule ennemi était entré en jeu ; deux explosions aveuglantes déchirèrent ce paysage de couleurs froides... Encore une fois, les droïdes avaient dû subir des pertes conséquentes...
« Dispersez-vous! ordonna Gorlan. Il faut qu'on tienne jusqu'à l'arrivée des droïdes-araignées! 
Les Super Droïdes commencèrent à modifier leurs positions, mais nombre d'entre eux tombèrent encore sous le mitraillage des clones... Gorlan faisait de son mieux pour abattre les clones, mais ce n'était pas si simple sans détonateur thermique, avec ses adversaires allongés sur les collines... Et s'il essayait de passer au-dessus au jet-pack, il serait certainement abattu par le véhicule ennemi... Il fallait pourtant qu'il trouve quelque chose, il n'allait pas pouvoir continuer à mitrailler et à esquiver les détonateurs longtemps, la fatigue commençait à le rattraper, il le sentait...
Ceci dit... La neige n'était pas forcément un avantage seulement pour les clones...
Quelques minutes plus tard, de longues rafales rougeoyantes plus hautes que Gorlan vinrent frapper le véhicule Loyaliste, confirmant à Gorlan que les droïdes-araignées étaient arrivés. Bien qu'abîmé, le véhicule Loyaliste tint le coup et riposta... La tête du premier droïde-araignée explosa, mais les deux droïdes avaient eu le temps de tirer leurs missiles ; une nouvelle explosion déchira la neige, et le véhicule Loyaliste ne fut plus qu'un nuage de shrapnels, de même que les clones qui s'étaient trouvés trop près de lui.
Cependant, il restait le problème des soldats clones, trop dispersés et trop agiles pour que les droïdes-araignées soient efficaces contre eux... C'était le moment pour Gorlan de mettre son idée en application ; il se tourna vers le droïde-araignée survivant.
« Changement de cible ; vise la plus grande colline à ta gauche, à coup de missiles! »
Le droïde s'exécuta ; l'impact fit tout simplement exploser la colline, libérant une énorme quantité de neige et de rochers...
Gorlan entendit un clone hurler à ses camarades de partir, mais c'était trop tard; la coulée de neige les ensevelit. Avec la vitesse des soldats entraînés qu'il étaient, les clones commencèrent à se dégager, mais les droïdes les abattaient l'un après l'autre dès qu'ils émergeaient... La neige se faisait de plus en plus rouge...
Sans perdre une minute, Gorlan saisit son comlink.
« On les a repoussé ici, Général Tann... Vous voulez qu'on les poursuive jusque dans les forêts?
-Non, vous y laisseriez trop de droïdes pour que ce soit rentable... Rejoignez-moi plutôt ici, je pense qu'ils ne reviendront pas avant d'avoir installé un minimum de défenses autour de notre base...
-J'arrive. Les droïdes, vous restez là et vous nous prévenez si les Loyalistes reviennent à la charge. »
Gorlan espéra que Sev'rance avait raison et que les clones ne repasseraient pas à l'attaque avant un moment, car ils n'allaient pas pouvoir tenir longtemps à ce rythme-là...
Lorsqu'il fut de retour à la base Séparatiste, Sev'rance l'attendait auprès du Decimator avec une équipe d'ingénieurs civils envoyée par la Suprématie ; Gorlan se demanda si ce véhicule couleur acier, avec cette étrange sphère rouge au sommet, valait vraiment la peine de mener un combat aussi intense...
« Dites-moi que vous avez compris comment activer ce truc-là, Sev... Euh, Général. Parce que là, la situation devient franchement intenable, on a réussi à les repousser à l'ouest, mais je les soupçonne d'avoir encore pas mal de véhicules en réserve... Le plus vexant, c'est qu'on est à au moins trois contre un...
-Je vous avais bien dit qu'on allait regretter Tatooine... Mais non, nous n'arrivons pas à en tirer quoi que ce soit...
Un ingénieur humain prit la parole.
-Les renseignements Loyalistes ont veillé à ce qu'on ne puisse s'en servir sans des codes d'activation, et le commandant ennemi a apparemment été assez malin pour verrouiller tous ses Decimators avant notre attaque... Rien à faire, on ne peut pas passer outre.
-Alors qu'est-ce qu'on fait?
-Alors on attaque la station Eredenn, répondit Sev'rance, parce que les codes sont sûrement là-bas ; et ça va être coton avec les clones en train de camper dans les forêts autour de la base...
-Ouais, je vois ce que vous voulez dire...
-Heureusement, les Loyalistes ne peuvent pas faire grand chose de leur côté non plus, nous n'avons pas installé toutes ces tranchées et ses tourelles autour de la base pour rien... Bref, tout le monde est dans l'impasse. On pourrait toujours essayer de passer toutes les forêts et les plaines alentour à l'artillerie lourde, mais pas assez vite pour empêcher l'ennemi de quitter les lieux ; et évidement, il est hors de question de bombarder la station Eredenn, nous risquerions d'y perdre les codes...
-S'il n'y a pas d'autres solutions, il va bien falloir essayer d'attaquer directement la station Eredenn, Général...
-Je sais bien, mais ce serait très risqué... Je préfère attendre de voir s'il n'y a pas une meilleure solution ; en attendant, vous feriez mieux de repartir sur le front ouest, vous pourriez observer les préparatifs de nos ennemis...
-OK. Quand se risqueront-ils à lancer une nouvelle attaque, à votre avis?
Sev'rance réfléchit un instant.
-Si j'étais eux, j'attendrais une tempête de neige, il y en a souvent, sur cette planète... Et priez pour qu'il n'en arrive pas avant que nous sachions quoi faire, Colonel, parce que je ne vois pas du tout ce que nous pourrions faire contre cela ; nos droïdes seraient parfaitement vulnérables... »
L'idée qu'ils étaient à la merci des éléments ne rassurait pas Gorlan, parce qu'il n'avait tout simplement aucune prise là-dessus : contre une armée de soldats ennemis, il pouvait se défendre, il pouvait essayer de faire quelque chose, même quelque chose de voué à l'échec ; mais contre les caprices du climat, il ne pouvait rien.
Gorlan se demanda s'il avait bien fait de se mettre au service du Comte Dooku, finalement ; il n'aurait jamais crû dire cela, mais à présent qu'il avait combattu des soldats clones et vu à quoi ressemblait une guerre galactique, il regrettait le temps où il tuait pour les Hutt... Mais il continuerait à servir la Confédération, parce que Dooku payait bien et parce qu'il aimait les défis, combattre n'avait jamais été aussi excitant qu'à présent qu'il avait des adversaires dignes de lui et de vraies batailles à mener ; et aussi parce qu'il lui plaisait de combattre aux côtés de Sev'rance Tann, maintenant qu'il y pensait. L'officier Séparatiste avait sans doute ses défauts, Gorlan ne comprendrait jamais l'idéalisme qui semblait l'animer, mais elle n'en restait pas moins une combattante loyale et courageuse comparable à lui...
S'il mourrait sur Eredenn, il mourrait dans la plus belle bataille qu'il ait connu et aux côtés d'une alliée qu'il appréciait, c'était déjà cela.

Lorsqu'ils regardaient le ciel étoilé, tous les jeunes êtres pensants se posaient un jour la question: « Qu'y-a-t-il là-haut? Pourrais-je un jour visiter tous ces autres mondes que j'aperçois à peine? ». Le Comte Dooku ne faisait pas exception à cette règle, même lui était semblable à n'importe quel autre être humain sur ce point ; à présent qu'il n'était plus un Padawan haut comme Maître Yoda mais un grand Seigneur Sith d'un âge respectable, lorsqu'il regardait le champ d'étoiles par la verrière de sa navette, il ne pouvait s'empêcher de trouver ironique la pensée que nombre de ces mêmes étoiles dont il n'apercevait qu'une émanation de la lumière tant elles étaient lointaines lui appartenaient maintenant, qu'il était le chef de tant de systèmes stellaires... C'était incroyablement grisant de penser qu'il maîtrisait presque la moitié de la Galaxie, c'était un signe de réussite incontestable, le signe qu'il était devenu plus puissant que ses ancêtres les Comtes de Sereno ne l'avaient jamais été ; il ne laisserait jamais personne lui voler une telle chose.
Ceci dit, cette puissance impliquait en contrepartie des obligations particulièrement agaçantes comme expliquer ce qu'il devait faire à cet imbécile de cyborg non-humain dont l'hologramme s'affichait dans sa navette ; même pendant ses voyages, il devait surveiller la façon dont ses officiers menaient la guerre...
« J'aurais donc besoin de plus d'armement si nous voulons tenter une offensive sur Mrisst, les forces de l'Amiral Tallon sont particulièrement redoutables, affirmait l'hologramme du Général Grievous, et cela en vaut la peine, croyez-moi, nous pourrions ainsi ouvrir un nouveau front près du Secteur Sesswenna...
-Et moi, martela Dooku, je pense qu'une victoire des forces du Général E'Tyra sur Barab III serait un coup sérieux pour la diplomatie de la République ; si les rebelles Barabels veulent combattre à la place de nos droïdes, le moins que nous puissions faire est de les armer...
-Comme vous voudrez, Comte Dooku ; la situation se dégrade aussi dans l'Hégémonie Ciutrique, l'Amiral Tonith m'a dit qu'il était contraint de négocier pour obtenir le ralliement de systèmes neutres... Apparemment, c'est là que le Conseil des Jedi a parachuté Drakkas, ils doivent s'imaginer que le Général Tann s'y trouve...
-Je lui enverrais peut-être des renforts, ce Jor Drakkas est un Chevalier Jedi particulièrement retors ; à présent, si vous n'avez plus rien à ajouter...
-Une dernière chose : en parlant du Général Tann, comment progresse le plan Decimator? Si nous réussissons à nous en emparer, nous pourrions peut-être reporter l'offensive sur Mrisst...
La question paraissait bien innocente, mais Dooku commençait à trouver que Grievous aimait un peu trop parler de Sev'rance Tann, particulièrement lorsqu'elle avait toutes les chances de se trouver dans une situation délicate...
-Tann a réussi à s'emparer de quelques exemplaires du Decimator ; dans son dernier rapport, elle indique que ses ingénieurs ne sont pas parvenus à les mettre en marche, il leur manque des codes d'activation... Actuellement, elle rencontre des difficultés car l'ennemi a finalement opté pour une stratégie de guérilla qui lui coûte de nombreux droïdes, mais je ne doute pas qu'à terme, elle réussira à s'emparer des codes, c'est un Général parfaitement compétent et elle a toute ma confiance.
-Certainement, c'est à la fois une bonne stratège et une Jedi Noire puissante ; je comprend que le Seigneur Sidious ait pensé qu'elle serait très utile à la Confédération... Je suis sûr qu'elle réussira à mettre la main sur cette arme et à la mettre en marche ; je vais donc reporter un peu l'assaut sur Mrisst, on ne sait jamais... Au revoir, Comte Dooku. »
L'hologramme disparut, et Dooku ne put s'empêcher de repenser aux paroles de Grievous... « C'est à la fois une bonne stratège et une Jedi Noire puissante »... C'était la vérité, et Sev'rance avait même des compétences administratives ; un excellent atout, donc, que Sidious avait mis entre les mains de Dooku... Peut-être Grievous craignait-il pour sa position? Dans ce cas, il avait raison, parce que si Sev'rance parvenait à ramener le Decimator à la Confédération malgré la supériorité des forces Loyalistes d'Eredenn et à s'en servir efficacement contre la République, Dooku devrait se demander si Grievous méritait vraiment sa place de commandant suprême des forces Séparatistes... Ceci dit, le problème de Tann, c'était qu'elle était trop intelligente et saine d'esprit par rapport à Grievous ou Ventress ; la plupart des autres commandants de Dooku se moquaient bien de savoir ce qu'il faisait tant qu'il leur donnait l'occasion de tuer... Mais pas Tann, il fallait quelqu'un de plus assoiffé de sang comme commandant suprême des armées Séparatistes...
En fait, si Tann devait succéder à quelqu'un, ce serait plutôt à lui, Dooku ; si jamais il mourrait, Tann ferait une bonne leader de la Confédération, elle savait se montrer diplomate, contrairement à Grievous...
Cette pensée fit sursauter Dooku.
Tann serait une excellente leader pour la Confédération ; Jedi Noire, Général charismatique et intelligente, avec en prime des compétences en diplomatie et en administration... Et elle aurait bientôt le Decimator... Dooku repensa à tous ces mondes qu'il ne visiterait probablement jamais qu'il contrôlait, il repensa au fait qu'il était devenu l'un des deux hommes les plus puissants de la Galaxie, à quel point il était fier d'avoir réussi tout cela ; il devait prendre garde à ce que Tann ne prenne pas trop d'importance, sinon le Seigneur Sidious estimerait peut-être que la Confédération pouvait se trouver un meilleur chef que lui... Ou peut-être que Sev'rance Tann elle-même commencerait à trouver ses galons de Général Séparatiste trop petits...
Le seigneur Sith se reprit : ces soupçons étaient exactement ce qu'espérait Grievous, bien sûr ; pourtant, il ne parvint pas à les chasser de son esprit...
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 9:35, modifié 1 fois.
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Messagepar Notsil » Ven 29 Jan 2010 - 15:12   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Oh, comme j'aime bien Dooku qui cogite ^^
Bon, Tann a l'air un peu coincée dans la neige :) Va-t-elle avoir la malchance de la tempête de neige, va-t-telle la retourner à son avantage ? (ou va-t-elle être capturée, mais bizarrement, je le sens moins ? ^^).

Le général Jedi est toujours aussi intéressant ; un Jedi cultivé et qui réfléchit pragmatiquement, c'est pas toujours donné :p Ca fait plaisir à voir ^^
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Messagepar Den » Jeu 04 Fév 2010 - 15:41   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Mitth'raw Nuruodo (je m'y suis repris à cinq fois pour bien orthographier ton nom^^)...hmmm... je t'appellerais Thrawn pour plus de simplicité :P , j'adore ta fic!
Elle est vraiment sympathique et plutôt bien écrite!
J'avoue avoir un faible pour Jor Drakkas, un Jedi qui sait réfléchir!
Sev'rance à une évolution plutôt intéressante.
Je lirai les prochains chapitres avec plaisir!

Bonne continuation! :wink:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 06 Fév 2010 - 17:44   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Den a écrit:Mitth'raw Nuruodo (je m'y suis repris à cinq fois pour bien orthographier ton nom^^)...hmmm... je t'appellerais Thrawn pour plus de simplicité :P , j'adore ta fic!
Elle est vraiment sympathique et plutôt bien écrite!
J'avoue avoir un faible pour Jor Drakkas, un Jedi qui sait réfléchir!
Sev'rance à une évolution plutôt intéressante.
Je lirai les prochains chapitres avec plaisir!

Bonne continuation! :wink:


Den! :) Ca faisait longtemps, content de te revoir sur mes fics! :)
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Messagepar Den » Sam 06 Fév 2010 - 18:01   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Merci! Je suis Ravis d'être de retour :)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 14 Fév 2010 - 20:02   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Allez, une double-dose pour s'occuper pendant les vacances^^ (en tous cas, moi, ça m'a occupé^^)

L'aube se leva, projetant d'étranges lueurs sur les plaines enneigées d'Eredenn Prime, leur donnant un aspect de paysage de fin du monde ; le spectacle valait le détour, mais Sev'rance Tann était trop fatiguée et trop préoccupée pour réellement s'en soucier. Deux jours, cela faisait déjà deux jours que les Loyalistes et eux étaient en train de se regarder en chiens de faïence... Les Loyalistes étaient trop malins pour attaquer maintenant : avec les tranchées et les canons que Sev'rance avait mis en place autour de sa base, ils savaient très bien qu'ils couraient au massacre ; et à quoi bon, d'ailleurs, puisqu'il leur suffisait d'attendre une tempête de neige ou des renforts... Et de son côté, Sev'rance ne pouvait pas non plus attaquer de front la Station Eredenn, les clones étaient trop nombreux et trop bien armés... C'était l'impasse, et elle avait intérêt à s'en sortir très vite.
«Que font les Loyalistes, il y a du nouveau? demanda Sev'rance à Gorlan dès qu'elle le vit à l'intérieur du centre de commandement, bien qu'elle ait deviné la réponse.
Comme elle, Gorlan avait peu dormi, il fallait qu'il reste des officiers vivants et éveillés pendant la nuit au cas où les clones décideraient finalement d'attaquer plus tôt que prévu.
-La même chose qu'hier, ils continuent à nous observer de loin en narguant un peu nos troupes par des tirs éloignés et imprécis pour nous faire croire toutes les dix minutes qu'ils vont attaquer...
Sev'rance connaissait très bien ce type de tactiques pour en avoir elle-même usé et les avoir subies sur Tehirahs ; cela n'avait pas de réel avantage tactique, mais cela permettait de mettre un pression psychologique sur l'ennemi... Même inconsciemment, cela ne pouvait que fonctionner sur des êtres pensants, à long terme. Il n'y avait rien à faire, même si le plan qui lui était venu cette nuit était des plus aléatoires, il fallait absolument qu'elle fasse quelque chose pour se sortir de cette situation, même quelque chose d'idiot.
-Si vous voulez mon avis, reprit Gorlan, les forêts doivent être saturées de clones et de mitrailleuses maintenant, et on ne doit pouvoir poser le pied nul part sans tomber sur une mine... J'espère que vous avez encore une idée géniale pour nous tirer de là?
-Peut-être... Mais autant vous prévenir tout de suite, c'est complètement fou.
-Alors j'en suis! »

Une heure.
Il avait une heure pour trouver les navettes des délégués Séparatistes et les sauver des assassins de l'Amiral Tonith, en espérant que Sev'rance Tann ne soit pas en train de jouer avec lui...
Courant aussi vite que possible à travers les couloirs de la pyramide capitale de Wazt-ahl, qui s'avéraient encore plus inquiétants la nuit, se fiant à la fois à la Force et au sens de l'orientation particulièrement développé des Twi'lek pour guider son chemin, Jor parvint à un commissariat Darjan au bout d'un quart d'heure.
« Je suis le Général Drakkas, l'envoyé de la République pour les négociations! se présenta-t-il rapidement à l'employé de service en entrant. Tenez, voici mes papiers et mes autorisations... Pourrais-je parler à votre supérieur? C'est vraiment urgent!
Jor avait parlé très vite, et l'employé mit un peu de temps à comprendre ce qu'il avait dit ; puis il appela son supérieur, et un autre Darjan entra dans la pièce.
-Je suis responsable de la sécurité du nord-est de la pyramide, se présenta le Darjan dans un basic incorrect et beaucoup trop lent au goût de Jor. Que se passe-t-il, Général? Les Séparatistes ont tenté ou vont tenter quelque chose contre vous? Vous avez besoin d'aide?
Jor réalisa brusquement l'absurdité de ce qu'il allait annoncer... Mais peu importait, il n'avait pas le choix.
-Non, commissaire, ce n'est pas nous qui avons besoin d'aide, ce sont les délégués Séparatistes! J'ai reçu un appel du Commodore Barzii il y a quelques minutes dans lequel il m'expliquait que contre sa volonté, son supérieur avait décidé de faire assassiner des délégués Séparatistes pour m'en accuser... Tenez, voici l'enregistrement... J'ignore s'il était sincère, mais il faudrait au moins dire aux équipes de sécurité sur place de faire attention...
-Attendez une minute, ça sent la manœuvre politique à plein nez, tout ça...
-Bon, si vous ne me faites pas confiance, mettez au moins quelques agents en faction près des vaisseaux Séparatistes, ça ne vous coûtera rien... Et j'irais voir ce que je peux faire pour les aider, si besoin est...
Le commissaire jaugea un trop long instant Jor du regard.
-D'accord, j'espère que ce n'est pas une arnaque... Laissez-moi un peu de temps pour passer les appels nécessaires... Et d'analyser votre enregistrement, tant que j'y suis...
-Très bien. »
Le commissaire repartit avec l'enregistrement ; Jor en profita pour allumer son comlink et dire à Lynel de prévenir le Vice-Amiral Ashen de ce qui se passait. Son rythme cardiaque se calmant un peu, il repensa aux paroles de Lynel ; au fond, le politicien n'avait pas tord, ce qu'il était en train de faire était stupide... Ce n'était pas ce que ferait un vrai Général, et Jor voulait être un vrai Général, car cela seul sauverait le République ; un simple Jedi n'était pas fait pour mener une guerre... Mais non. Savoir faire preuve de pragmatisme lorsque cela s'imposait, avoir des connaissances qui concernaient plus directement ses concitoyens, c'était une chose ; décider froidement qu'il était plus rentable de laisser mourir des civils ennemis que d'essayer de les sauver en était une toute autre. Ce que voulait être Jor, ce n'était pas un Général Jedi, c'était un Jedi Général.

La chasse, la traque, le combat. Ces activités étaient depuis des millénaires les plus valorisées chez les Rodiens ; ils aimaient cela, ils se définissaient même comme des chasseurs avant tout, à tel point que le gouvernement considérait cela comme une activité si sacrée que seuls les meilleurs chasseurs de primes étaient autorisés à quitter la planète. Mais si la chasse en tous genres était valorisée chez les Rodiens, ceux-ci considéraient néanmoins qu'il y avait des méthodes : égorger un adversaire au terme d'un long combat au corps à corps, c'était honorable ; abattre un adversaire d'un tir rapide et précis, c'était acceptable ; poser des bombes près de la navette d'un adversaire, c'était lâche.
Aussi Turgolt était-il souvent méprisé par les siens, qui refusaient de le considérer comme un vrai chasseur... Mais il s'en fichait. Il avait commencé sa carrière comme simple chasseur de primes, comme nombre de ses congénères, et au cours, d'une mission, il avait été amené à travailler avec un groupe terroriste, une bande d'allumés persuadés qu'ils allaient sauver leur planète de l'« impérialisme Coruscanti »... Et il avait vite compris que poser des bombes pouvait être à la fois moins dangereux et plus lucratif que d'assassiner des personnalités quelconques...
Cela faisait quinze ans qu'il exerçait ce métier, et il pensait être devenu l'un des meilleurs de sa profession ; il n'avait plus personne à craindre, c'était pour lui une certitude, et il n'allait certainement pas se laisser impressionner par un Jedi présent à l'autre bout de la pyramide et qui ne savait probablement rien de ce qu'il préparait...
« Tout est en place de votre côté, Kayshra? » murmura-t-il dans son comlink tout en marchant dans un corridor peu fréquenté de la pyramide de Wazt-ahl.
C'était une chance que la pyramide ait une constitution aussi labyrinthique, avec tant de vieux couloirs dont plus personne ne se souciait... Celui-ci menait à un hangar où la navette d'un délégué Séparatiste attendait sagement que Turgolt et les les quatre autres mercenaires qui l'accompagnaient viennent la faire exploser...
« C'est presque fait, répondit l'humaine. Encore un truc à connecter, et je fais sauter la moitié du hangar.
-Bien. Attendez que nous soyons prêts avant de déclencher l'explosion, hein, ça laissera moins de temps à la sécurité pour comprendre et réagir si les trois navettes explosent en même temps... On devrait pouvoir s'éclipser sans problèmes dans la confusion qui s'ensuivra... »
Turgolt coupa la communication ; lui et les quatre autres assassins, deux Jeodu et un Darjan, émergèrent du couloir abandonné pour entrer dans un hangar de la pyramide. Le vaisseau à l'intérieur était de conception typiquement Darjane, à l'image même de leurs sinistres pyramides-cités : il était peu esthétique d'un point de vue Rodien ou Humain avec ses formes trop carrées, trop brutales, et sa couleur d'un noir ébène, mais il était probablement rapide et puissamment blindé ; les Darjans étaient un peuple qui aimait la sécurité.
Ce vaisseau était celui de l'émissaire de Darlja, planète natale du peuple Darjan, la plus influente de l'Hégémonie Ciutrique après Ciutric ; ce système était depuis le début l'un des principaux alliés du Comte Dooku dans ce Secteur. Et pourtant, c'était aussi lui que Turgolt et ses hommes devaient détruire.
Le Darjan du groupe passa devant Turgolt et vint parler aux membres de l'équipage du vaisseau postés devant, tranquillement occupés à bavarder et à boire du café Corellien ; Turgolt ne comprenait pas le Darjan, mais l'assassin était censé les identifier comme des spécialistes étrangers employés par Wazt-ahl, lui-même s'étant procuré un uniforme de la sécurité de l'astroport. On soupçonnait un grave problème sur leur vaisseau, leur disait-il d'après le scénario prévu par Turgolt, aussi cette équipe de spécialistes allait-elle vérifier qu'il n'y avait pas de problèmes ; non, il n'y avait pas lieu de prévenir monsieur l'émissaire et de s'inquiéter, cela ne prendrait que quelques minutes, tout serait bientôt fini.
Une fois que l'assassin Darjan eut montré les papiers confirmant ses dires, que Turgolt avait eu un mal fou à se procurer, les membres de l'équipage les laissèrent aimablement accéder à la coque du vaisseau sans discuter davantage. Pourquoi l'auraient-ils fait, d'ailleurs? Il faudrait être complètement fou pour tenter de les assassiner pendant les négociations ; être complètement fou ou s'appeler Pors Tonith... Sachant que les Darjans ne pouvaient pas interpréter son expression, Turgolt se permit un sourire ; oui, tout serait bientôt fini pour eux...
Les mercenaires passèrent de l'autre côté de la coque pour ne pas que l'équipage voit ce qu'ils étaient en train de faire, même s'ils ne sauraient probablement pas l'interpréter ; ils sortirent les explosifs déguisés en appareils de détection de leurs sacs... Et entendirent une annonce faite par les haut-parleurs de la pyramide, d'abord en Darjan puis en Basic :
« Votre attention, s'il vous vous plait, ceci est une annonce de la sécurité de Wazt-ahl! Nous soupçonnons l'intrusion à proximité des vaisseaux d'émissaires Séparatistes de plusieurs individus animés d'intentions violentes ; l'un d'eux serait d'origine Rodienne. Des équipes de policiers vont se charger d'assurer votre sécurité, merci de leur faciliter la tâche et d'être vigilants, signalez toute activité suspecte... »
Turgolt lâcha quelques jurons Hutt particulièrement imagés qu'il n'avait plus utilisé depuis au moins deux ans.
« Chef? l'interpella l'un des mercenaires Jeodu.
-Je sais, attendez une seconde... 
A l'évidence, de l'autre côté de la navette, les membres de l'équipage étaient en train de se demander ce qu'ils devaient faire... Les assassins n'avaient pas beaucoup de temps devant eux. Turgolt appela le comlink de Kayshra.
-Kayshra, laissez tomber, et faites sauter cette navette pendant que vous en avez encore l'occasion, on laisse tomber l'approche subtile, il va falloir nous frayer un chemin au blaster si on veut sortir d'ici... Kayshra? »
Des bruits de tirs de blasters et quelques cris furent la seule réponse qu'il obtint.
Rapidement suivis du son caractéristique de l'activation d'un sabre-laser.

Ils y étaient presque. Cela devait faire au moins une heure qu'ils traversaient péniblement les plaines et les forêts enneigées plongées dans la nuit sans lune d'Eredenn, et Gorlan était manifestement pressé d'en finir avec cette mission de reconnaissance ; Sev'rance, au contraire, se sentait plus que jamais chez elle dans la neige et la nuit... Il y avait pour elle quelque chose de magnifique dans ce champ de bataille plongé dans le froid et les ténèbres, de poétique, quelque chose qui éveillait en elle une étrange nostalgie... Quelque chose qu'elle aimait, en tous cas, malgré le désagrément de la neige qui s'infiltrait dans sa tenue noire. Si tout se passait bien, cette neige d'un blanc si pur qu'elle ne voyait pas dans la nuit serait bientôt tâchée de sang.
« C'est bon, on peut y aller? demanda le guerrier Mandalorien dans un murmure, allongé dans la neige à côté de Sev'rance.
-Pas encore, rétorqua la Jedi Noire Chiss, elle aussi allongée dans la neige. Il y a quelques clones éveillés près de cette dune, j'en mettrais ma main à couper... Attendez, je m'en occupe... »
Là encore, Sev'rance sentit l'exaspération de Gorlan ; il aurait probablement préféré foncer sur les soldats clones pour les égorger aussi rapidement et silencieusement que possible... Seulement, les Loyalistes ne devaient pas savoir ce qu'ils préparaient avant que le moment ne soit venu...
Sev'rance s'ouvrit à la Force, laissa l'énergie invisible affluer en elle jusqu'à ce qu'elle ressente tous les autres êtres vivants présents dans la désolation glacée d'Eredenn ; elle trouva les trois soldats clones, fatigués, nerveux mais néanmoins concentrés, qui veillaient à proximité, à côté d'une puissante mitrailleuse... Fort heureusement, ils attendaient une attaque massive, pas deux éclaireurs, sans quoi Sev'rance et Gorlan auraient déjà été repérés et attaqués... Délicatement et prudemment, Sev'rance s'infiltra dans l'esprit des soldats ; non, il n'y avait rien, et d'ailleurs, pourquoi restait-ils éveillés? Ce n'était plus leur tour de garde, tout allait bien, ils pouvaient dormir... Quelques minutes passèrent, puis Sev'rance sentit l'attention des trois esprits diminuer nettement ; ils ne s'endormirent pas, mais ils étaient apparemment désorientés et inattentifs. Sev'rance veilla à les maintenir dans cet
état et se tourna vers Gorlan :
« Maintenant, on peut y aller, chuchota-t-elle. Mais soyez discret, tout de même, je ne suis pas très douée avec ce genre de choses... »
C'était malheureusement vrai : Sev'rance savait parfaitement se servir de la Force pour accroitre ses talents au combat, elle devinait instinctivement ce qu'allaient faire ses adversaires, et elle s'en sortait plutôt bien avec la télékinésie ; mais elle éprouvait plus de difficultés avec la télépathie, l'idée de pénétrer dans l'esprit de quelqu'un lui paraissait très étrange. Elle avait besoin de pouvoir voir sa cible, ses longues années dans l'infanterie Chiss ne l'avaient pas vraiment préparé à un exercice aussi coupé de la réalité matérielle...
Gorlan se leva doucement, suivi par Sev'rance ; lentement, en prenant garde à ne pas alerter les clones, ils reprirent leur marche dans la neige. Ils finirent par dépasser les soldats ennemis et purent à nouveau marcher et parler normalement.
« Je crois que c'était les derniers, affirma Sev'rance, je n'en sens plus d'autres...
-Très bien. Je ne m'étais jamais rendu compte à quel point cela peut être utile, d'avoir une Jedi Noire avec soi... Tous les utilisateurs de la Force peuvent faire ce genre de trucs?
-Beaucoup sont plus doués que moi dans ce domaine, en fait ; je vous l'ai dit, je ne maîtrise pas très bien la télékinésie, et je n'ai étudié la Force que trois ans... En revanche, je pense que je suis l'une des plus douées avec un sabre-laser...
-En tous cas, c'est déjà impressionnant... J'aurais bien aimé vous avoir avec moi quand je travaillais pour les Hutt!
-Et moi, je suis contente de vous avoir avec moi maintenant que je travaille pour la Confédération! »
La neige commençait à s'incliner en pente douce ; après environ un quart d'heure de marche, Sev'rance entendit le bruit d'un cours d'eau. Ils étaient arrivés. Pour en être sûre, Sev'rance alluma sa lampe; un fleuve serpentait entre les plaines enneigées ; plus loin, il rejoignait un petit lac avant de reprendre son cours vers la station Eredenn. Eredenn étant Eredenn, le lac était en bonne partie gelé, d'imposants morceaux de glace entravaient sa circulation.
Jusque là, ni Sev'rance ni les Loyalistes ne s'étaient souciés de ce cours d'eau : certains de ses affluents passaient à proximité des deux sites de test et de la Station Eredenn, c'était tout. Pas assez gelé à cette période de l'année pour pouvoir être traversé, pas assez libre pour y permettre la navigation ; aucun intérêt stratégique à priori. Mais comme venait de le faire remarquer Gorlan, maîtriser la Force impliquait des possibilités stratégiques nouvelles et intéressantes...
« Celle-ci me semble assez volumineuse, non? dit Sev'rance à Gorlan en désignant l'une des plaques de glace qui entravaient la circulation du fleuve.
-Difficile à dire d'ici, mais cela ne coûte rien d'essayer...
Une nouvelle fois, Sev'rance fit appel à la Force ; elle concentra l'énergie pour mettre en mouvement la plaque de glace, la faire venir à elle... Tiré par la main invisible de la Force, le bloc approcha de la rive jusqu'à se retrouver juste devant Sev'rance ; celle-ci sentit la fatigue réclamer son dû, mais ce n'était pas le moment de lui céder, le plus dur restait à faire...
-Qu'est-ce que vous en pensez, est-ce assez solide? demanda Sev'rance.
Le Mandalorien toucha la plaque, l'évaluant probablement grâce aux fonctions d'analyse de son casque.
-Très épaisse... Oui, avec un coup de pouce de votre Force et à condition d'y aller doucement, ça devrait tenir, sachant que nous n'aurons pas à nous soucier des droïdes-araignées puisqu'ils sont amphibies.
-C'est aussi mon avis... Alors allons-y. »
Sev'rance posa le pied sur le bloc de glace ; celui-ci resta parfaitement stable et ferme. Rassurée, la Jedi Noire monta entièrement dessus, suivie de Gorlan.
« Et maintenant, le plus dur... » murmura Sev'rance.
C'était maintenant que la Force allait vraiment lui servir ; imaginant des milliers de ficelles invisibles tirant le bloc de glace, elle fit appel à la Force pour manœuvrer la plaque. Celle-ci commença aussitôt à se déplacer le long du cours d'eau, Sev'rance écartant les autres blocs à l'aide de la Force pour lui faire de la place...
« Au fait, Général...
-Oui?
-Je confirme, votre plan est complètement dingue! 
Sev'rance sourit malgré la fatigue.
-Qui est le plus fou des deux? Le fou, ou celui qui le suit? »
Essayant d'être la plus concentrée possible, Sev'rance saisit d'autres plaques particulièrement imposantes derrière elle et les fit suivre son embarcation improvisée tel un troupeau... L'effort était réellement épuisant, elle devait veiller à maintenir six blocs en même temps dans la direction souhaitée... Brusquement, elle se rendit compte qu'elle se compliquait la vie pour bien peu de choses ; à quoi bon manœuvrer les blocs entiers quand il était plus facile de laisser le courant travailler pour elle...? L'eau formait un tout, elle aurait besoin de beaucoup moins de concentration pour manipuler le courant, et les blocs suivraient...
Elle se sentit mieux dès qu'elle eut mit son idée en application. Le convoi de blocs de glace circulait à présent sans problèmes le long du fleuve, se dirigeant vers un point situé derrière la base Séparatiste par rapport à la Station Eredenn, un point auquel les Loyalistes n'avaient aucune raison de s'intéresser... Ils ne pouvaient pas savoir que toute l'armée Séparatiste attendait à cet endroit d'embarquer sur des navires de glace pour franchir les lignes de défense des clones...
« Bien joué, Général, commenta Gorlan en voyant la plaque de glace sur laquelle ils se tenaient tous deux s'avancer majestueusement sur le fleuve. Mais la prochaine fois, j'apprécierais quand même que Dooku nous fournisse des navires!
Sev'rance, les mains tendues vers les plaques de glace car cela l'aidait à se concentrer, sourit.
-Il ne pouvait pas savoir que je serais assez cinglée pour tenter un truc pareil... »
Au loin, l'aube se levait, enflammant à nouveau la neige. Sev'rance sentit son rythme cardiaque s'accélérer ; une belle bataille approchait, elle allait à nouveau montrer aux Loyalistes comme à Dooku de quoi elle était capable...

« Rien de nouveau? Ils n'ont pas encore attaqué? demanda Kraen Weest en entrant dans la salle de commandement, comme tous les matins.
Cette phrase était devenue pour lui un véritable rituel tant il s'attendait à ce que la Jedi Noire lance une contre-attaque fulgurante... Mais non, pour l'heure, ils tenaient bon ; le commandant clone avait intelligemment disposé ses forces autour de la base Séparatiste de sorte que l'ennemi ne puisse parvenir à la station Eredenn qu'après un combat long et difficile ; leur principal espoir était qu'une tempête de neige ou l'arrivée de renforts leur permette de passer enfin à l'attaque... Pour l'heure, cependant, les Séparatistes n'avaient pas tenté d'attaque massive... Mais pour combien de temps encore? Que préparaient-ils? Kraen avait pu voir de quoi était capable la commandante ennemie sur les images de l'assaut sur le Site de Test Shard, et il savait pertinemment, après toutes ces années dans les services de renseignements, que ce genre de personnages ne renonçait jamais...
Mais comme tous les matins, le commandant clone répondit d'un ton rassurant:
-Rien, commandant. Ne vous inquiétez pas, nous les tenons en échec... La puissance des Jedi Noirs et la stratégie ont leurs limites ; tout ce qui est entre nous et leur base est défendu par des clones disséminés et bien armés, à part le fleuve, évidemment. S'ils lancent une offensive, on le saura longtemps à l'avance, croyez-moi ; je ne suis même pas sûr qu'ils parviendraient jusqu'ici, faites-moi confiance, mes hommes sont des professionnels...
-Je vous crois, c'est juste que ce manque de réaction commence à devenir suspect...
Le commandant clone haussa les épaules.
-Je vous comprend, mais croyez-moi, il n'y a vraiment pas de quoi s'inquiéter... Ils ne réagissent même plus à nos provocations...
-Plus du tout? demanda Kraen, intrigué. Commandant, êtes-vous sûres que tous les passages par lesquels les Séparatistes pourraient nous attaquer, du moins sans nous contourner sur des kilomètres, sont défendus?
-Certain. Je vous l'ai dit, la seule zone où je n'ai pas d'hommes, c'est le fleuve.
-Mais les droïdes-araignées ne sont-ils pas amphibies, justement?
-J'y ai déjà pensé, mais rassurez-vous, ils n'en possèdent pas en nombre suffisant pour qu'ils représentent une menace.
-Bon... Je voudrais quand même être sûr qu'ils ne sont pas en train de nous préparer une mauvaise surprise ; alors pourriez-vous envoyer quelques-uns de vos hommes s'aventurer aussi près que possible de la base ennemie, pour voir ce qu'ils y détectent?
-Très bien, de toutes façons ils ne réagissent plus beaucoup, donc... »
Le commandant clone partit donner ses ordres tandis que Kraen Weest rejoignait les ingénieurs pour gérer les problèmes d'approvisionnement. Trois quarts d'heures plus tard, le commandant clone l'appelait sur son comlink d'un ton préoccupé qui ne lui ressemblait pas :
« Mes excuses, commandant, votre intuition avait vu juste!
-Pourquoi, que se passe-t-il?
-La base Séparatiste est vide, complètement vide! Ils ont tout laissé sur place à part les deux Decimators qu'ils ont volés! Je ne sais pas ce qu'ils comptent faire, mais à l'évidence ils préparent une belle offensive!
-D'accord... Dans ce cas, rappelez immédiatement vos hommes ici, nous allons avoir besoin d'eux.
-J'y ai pensé, mais... Et s'ils comptaient justement là-dessus? Ils ont pu partir se cacher quelque part en attendant...
-Dans ce cas, nous n'aurons qu'à reprendre nos positions après...
-C'est vrai, je rappelle immédiatement mes soldats. »
Kraen espéra qu'il n'était pas trop tard...

Tout en courant, Jor alluma son sabre-laser à la lame couleur d'or à dix mètres du hangar ; son cœur battait la chamade, s'il échouait cette fois, les victimes seraient des civils...
« Ils sont déjà là! » cria un policier Darjan, un peu essoufflé.
En effet, dès qu'il entra dans le hangar, il comprit que les assassins ne les avaient pas attendus : une humaine aux cheveux blonds coupés courts, un Darjan, un Omwati et un Trandoshan semaient le chaos à coups de blasters et de grenades... Le policier juste devant Jor tomba, abattu d'un tir à la tête, et deux autres subirent le même sort plus loin.
Jor sentit son sang bouillir sous le coup de la colère devant l'inutilité de ces morts... Les mercenaires n'avaient à l'évidence plus aucune chance de parvenir à leurs fins, tout le monde saurait bientôt que c'était Tonith qui avait commandité les meurtres, mais ils s'obstinaient à tuer et à semer la destruction, probablement par pure fierté...
« Arrêtez cela tout de suite! hurla le Jedi. Vous avez perdu d'avance, et nous pouvons vous payer bien plus que l'Amiral Tonith, alors jetez vos armes!
Comme Jor le craignait, les assassins n'en firent rien.
-Gardez vos promesses pour vous, Jedi! Dans notre profession, on ne trouve pas du travail en retournant sa veste à la première occasion, imbécile! rétorqua le Darjan d'un ton méprisant avant de reprendre ses tirs sur les policiers.
Fort heureusement, les policier savaient eu le temps de se mettre à l'abri et avaient ouvert le feu à leur tour ; hélas, les mercenaires étaient mieux armés et entraînés, Jor ne doutait pas que d'autres policiers tomberaient... Il courut vers l'assassin Darjan, décidé à en découdre ; mais au même moment, il sentit que ce n'était pas ce qu'il devait faire... La Force lui soufflait que le pire danger venait de la femme aux cheveux blonds, au fond du hangar...
Jor, troquant son style habituel pour les mouvements larges et circulaires du Soresu, para un à un les tirs dirigés contre lui ; voyant l'assassin Darjan projeter une grenade dans sa direction, il sut que cette fois, cela ne suffirait pas... Ne prenant que quelques fractions de secondes pour y réfléchir, il s'éleva dans les airs d'un bond puissamment amplifié par la Force, passant très loin de la grenade... Il entendit la terrifiante déflagration derrière lui, mais la Force lui soufflait qu'il n'avait pas le temps de se retourner ; dès qu'il fut retombé à terre, passé derrière le Darjan, il se remit à courir vers l'humaine. Celle-ci commença à l'arroser d'un feu nourri à l'aide de son puissant fusil mitrailleur; l'arme tirait à une cadence phénoménale...
Concentres-toi! s'ordonna Jor en ralentissant son rythme de marche pour se donner le temps de parer les coups.
S'immergeant totalement dans la Force, il entreprit de détourner les rayons un à un ; c'était terriblement difficile, il avait à peine le temps d'en détourner un que trois autres arrivaient sur lui... Néanmoins, il parvenait à anticiper toutes les trajectoires de cette tempêtes de tirs concentrée; de justesse, mais il y parvenait. Après quelques dizaines de secondes, alors qu'un cri derrière lui signalait que l'assassin Darjan était tombé sous le feu des policiers, il parvint à reprendre sa progression vers l'humaine.
Paniquant, celle-ci tendit la main vers un boîtier de commande à sa ceinture ; horrifié, Jor comprit aussitôt pourquoi la Force tenait tant à ce qu'il s'attaque à l'humaine en premier. Ces assassins ne comptaient pas simplement tuer les représentants Séparatistes d'un tir de blaster, ils voulaient faire sauter le vaisseau entier! Il n'avait vraiment pas de temps à perdre... Sans prendre le temps de réfléchir, Jor bondit à nouveau à l'aide de la Force pour atterrir juste devant l'humaine et, à peine conscient de ce qu'il faisait, il lui planta son sabre-laser en plein cœur.
La femme aux cheveux blonds s'effondra.
Sans prendre le temps de reprendre son souffle, Jor se retourna vers le terroriste Trandoshan, qui levait un redoutable lance-missile vers lui ; son cœur battant toujours plus vite mais son cerveau réfléchissant lui aussi toujours plus vite, Jor lança son sabre-laser avec l'aide de la Force vers le ventre du Trandoshan, qui tomba à son tour, toujours vivant mais hors d'état de nuire. A côté, l'Omwati succombait également, criblé d'impacts.
Il fallut un moment à Jor pour retrouver une respiration normale. Les policiers survivants se redressèrent et rejoignirent le Jedi.
« C'est bon, on les a tous eu, commenta l'un d'eux. Général, que tenait l'humaine? Une commande d'explosifs?
Jor ramassa le boîtier de commandes, et une pensée terrifiante lui vint en voyant cette femme qu'il venait de tuer ; et si la Force l'avait trompé, et si l'humaine n'avait eu aucune intention de faire sauter le vaisseau...? Sur le moment, Jor l'avait tué sans même y réfléchir tant il était absorbé par le combat et par la peur... Et si... Mais non. Il soupira de soulagement ; l'instrument commandait bien des bombes installées sur le vaisseau... Ceci dit, Jor espérait qu'il n'aurait plus jamais à faire une chose pareille pour sauver des vies, il avait beau savoir que c'était nécessaire, cette vision l'horrifiait...
-C'est bien cela, oui... Quelqu'un peut s'occuper du Trandoshan?
-Une équipe médicale est en route, s'il tient jusque là.
-Quelles sont vos pertes?
-Six hommes, mais je crois que nous en aurions perdu bien plus si vous n'aviez pas été là...
-Peut-être... Des nouvelles des autres hangars? Ces quatre-là n'étaient sûrement pas seuls...
Un autre policier prit la parole.
-Il y a eu des attaques sur deux autres hangars, les équipes envoyées sur place sont parvenues à les mettre en fuite, mais pas avant qu'ils n'aient atteint leurs objectifs ; ils sont actuellement poursuivis...
-Très bien, indiquez-moi l'endroit où ils ont été vus pour la dernière fois, je vais tout de suite aider les équipes sur place...
-Comme vous voudrez, mais... Vous n'êtes pas trop fatigué pour cela, Général?
Objectivement, Jor l'ignorait ; le combat avait été aussi rapide qu'éprouvant, surtout le moment où il avait dû parer cette tempête de tirs blasters... Mais il devait essayer, parce que c'était en partie à cause de lui que les émissaires Séparatistes et les civils Darjans avaient été menacés, parce que le Commodore Barzii risquait sa carrière et sa vie pour qu'il puisse empêcher la mort de civils.
-Ne vous en faites pas pour cela, j'irais.
Le policier hocha la tête.
-C'est admirable d'en faire autant pour des ennemis, Général. 
-C'en est d'autant moins honorable de la part de l'Amiral Tonith de s'attaquer à ses propres civils...»

Il ne savait pas pendant combien de temps il avait couru dans tous ces couloirs sinistres qui se ressemblaient tous, il ne savait pas combien de ses camarades étaient tombés, il ne savait pas non plus combien de Darjans il avait tué ; mais ce dont il était sûr, c'était que Jor Drakkas allait le lui payer...
Assis dans un appartement de la pyramide-capital dont il venait de tuer l'occupant, Turgolt le Rodien reprenait son souffle. Il ne savait pas comment Drakkas s'était débrouillé pour savoir ce qu'il préparait et lui envoyer la police de Wazt-ahl, mais peu importait... C'était la première fois qu'il subissait une telle débâcle, et même si les policiers n'avaient finalement pas pu l'empêcher de faire exploser les deux navettes, il avait bien l'intention de le faire payer au Jedi... Ensuite, seulement, il s'inquiéterait de savoir comment il allait quitter cette maudite pyramide...
On entra. Turgolt et ses deux compagnons survivants, les deux Jeodus, saisirent aussitôt leurs armes, mais ce n'était que leurs camarades du troisième groupe, un Falleen, un Darjan et deux humains. Il y avait aussi un Barabel avec eux, avant cette mission, mais il était clair qu'ils ne le reverraient pas avant longtemps...
« C'est bon, les gars, vous êtes à l'abri, ici... Vous êtes sûrs que vous avez semé les flics?
-Ne te fais pas de soucis pour ça... répondit le Darjan. Tout le groupe de Kayshra y est passé, ou ils ne sont pas encore arrivés?
-Tous morts, à ce qu'on dit ; ils ont eu affaire au Jedi en personne...
-Ils ont eu le temps de faire sauter la navette, au moins?
-Non, Drakkas et les flics ont réussi à sauver celle-là...
Le Falleen jura.
-Mais ce sont eux qui ont installé leurs explosifs en premiers!
-Je sais... Ce Drakkas n'est pas n'importe quel Jedi, on dirait...
-Super... Et maintenant, on fait quoi? On se casse? Ce serait sans doute le plus raisonnable, mais moi, je n'ai pas vraiment envie de voir Drakkas s'en tirer comme ça...
-Ne t'inquiètes pas pour ça, répliqua Turgolt d'un ton déterminé. On le tue, et après, on s'inquiètera de survivre ; l'idéal, ce serait de prendre des otages pour le forcer à nous affronter sans les flics... Nous sommes sept, il est seul ; nous avons des fusil-mitrailleurs ultra-perfectionnés, des lance-missiles, des grenades en tous genres, il n'a que son sabre-laser et de vagues pouvoirs télékinésiques ; Jedi doué ou pas, il n'a aucune chance, mais l'arrogance des utilisateurs de la Force le poussera à croire le contraire. Nous le tuerons, même si c'est la dernière chose que nous ferons.
-Ça me va, approuva le Falleen, imité par les autres assassins.
-Ah, autre chose : tu as de quoi envoyer une communication cryptée à l'Amiral Tonith?
-Non, mais on peut passer par les contacts qu'il nous a indiqué, tant que cela ne les compromet pas... Pourquoi?
-Pour lui dire que le Commodore Barzii est un lâche et un traître. »

L'eau, la neige, le métal. Éclairés par un soleil encore assez bas dans le ciel bleu clair, les remparts métalliques et les tourelles de la Station Eredenn se dressaient devant le fleuve qui traversait les plaines d'Eredenn, devant les six gigantesques blocs de glace que Sev'rance Tann avait arraché au fleuve pour en faire ses embarcations.
C'était un véritable miracle que la glace n'ait pas encore cédé malgré les nombreux Super Droïdes et Droïdekas entassés dessus... Elle était certes très solide, mais Gorlan sentait bien que Sev'rance faisait tout son possible pour qu'elle ne cède pas, en plus de déplacer les plaques et de leur ouvrir la voie... Le visage de la Chiss exprimait un degré de concentration stupéfiant, à croire qu'elle allait s'évanouir d'une seconde à l'autre... Quoi qu'il en soit, Gorlan était réellement admiratif ; semer la confusion à distance dans les esprits de soldats ennemis, c'était déjà quelque chose, mais cela, c'était réellement incroyable...
« On arrive, tenez-vous prêts, ordonna Gorlan aux droïdes.
Un beau combat approchait... Il se tourna vers Sev'rance :
-Général, ça va?
-Je tiens le coup, assura Tann. Mais... Il vaudrait tout de même mieux que vous preniez le commandement de l'assaut dans un premier temps...
-Très bien... Attention, ils nous ont repérés! »
Alors que les plaques se rapprochaient de plus en plus de la rive, de puissantes rafales rouges passèrent à proximité des embarcations ; plusieurs véhicules quadripodes au long canon, exactement semblables à ceux Sev'rance avait combattu sur Geonosis, et d'autres véhicules bipodes avaient pris place sur la rive. Mais une fois de plus, Sev'rance avait un coup d'avance sur les Loyalistes ; les vaisseaux de glace ne constituaient en fait pas l'avant-garde de la formation Séparatiste...
Bien avant que les Super Droïdes n'aient pu accoster, les droïdes-araignées et les droïdes-araignées nains amphibies, que les Loyalistes n'avaient pu repérer à temps, jaillirent de l'eau et ouvrirent le feu. Les Loyalistes ripostèrent aussitôt, mais les fragiles bipodes, visés en priorité, avaient déjà explosé sous les tirs des droïdes-araignées. Les échanges de tirs rougeoyant se poursuivirent quelques minutes dans un vacarme assourdissant, et plusieurs droïdes-araignées succombèrent, abattus par les puissants canons des quadripodes, mais les véhicules Loyalistes finirent tous par s'effondrer, criblés d'impacts, tels d'étranges cadavres métalliques sur la neige.
Les droïdes-araignées survivants formant un périmètre de sécurité autour de la zone, les embarcations de glace purent enfin accoster et les fantassins droïdes débarquèrent ; avec un soulagement visible, Sev'rance put enfin relâcher son contrôle sur les plaques de glace, les laissant partir à la dérive sur le fleuve. Cependant, elle semblait encore très faible.
« Vous venez, Général, ou...
-Désolée, mais je crois que vous allez devoir commencer sans moi... articula difficilement Sev'rance. Vous pouvez me laisser deux droïdekas?
-Bien sûr. J'essaierais de ne pas finir tous les clones sans vous... »
Gorlan n'aurait jamais accepté cela en temps normal, mais ce que venait d'accomplir Sev'rance était réellement exceptionnel, il était normal qu'elle ne puisse rien faire de plus pour le moment...
« A l'assaut! » ordonna Gorlan.
Avec leur brutalité caractéristique, les droïdes se mirent immédiatement en marche vers les remparts de la Station Eredenn ; sachant de quelle puissance de feu disposaient encore les Loyalistes, il ordonna aux droïdes-araignées de se mettre en avant-garde en formation serrée, formant ainsi un bloc relativement compact protégeant les Super Droïdes et les Droïdekas.
Dès qu'ils furent parvenus à portée des remparts, une véritable tempêtes de tirs rougeoyants s'abattit sur eux sous le rugissement des armes clones et des double-canons des tourelles de défense ; bien peu de fantassins en souffrirent, mais les droïdes-araignées prirent l'assaut de plein fouet, plusieurs disparurent dans des nuages de shrapnels avec un vacarme effroyable.
« Tirez vos torpilles sur les remparts, vite! » hurla Gorlan aux derniers droïdes-araignées pour couvrir les déflagrations.
Les droïdes-araignées étaient les seuls à pouvoir leur ménager rapidement une ouverture dans les remparts ; s'ils étaient tous abattus avant cela...
Les six derniers droïdes-araignées ployaient sous les impacts de blasters, mais ils parvinrent tout de même à activer leurs lances-torpilles en direction des remparts; en l'espace d'un clignement de paupières, les missiles aux traînées rougeoyants foncèrent vers les remparts de duracier et les heurtèrent avec une violence fulgurante. Toute la partie des remparts située en face de Gorlan disparut sous une explosion assourdissante d'un blanc éclatant ; lorsque la poussière fut retombée, une énorme brèche coupait en deux les remparts.
« Allez, on entre, maintenant! Groupe de Super Droïdes un, vous venez avec moi, on nettoie les remparts! »
L'explosion ne perturba pas les soldats clones outre-mesure, ils reprirent leurs tirs sur les droïdes-araignées dès qu'ils eurent retrouvé toute la visibilité nécessaire ; en l'espace de quelques secondes, les six derniers véhicules Séparatistes s'effondrèrent dans la neige, touchés aux moteurs, leurs carcasses gênant le chemin des fantassins droïdes. Mais qu'importait, ils avaient rempli leur rôle.
Comme toujours, Gorlan sentit la peur et l'envie de combattre l'envahir.
A moi de jouer!
Et cette fois-ci, Sev'rance Tann ne viendrait peut-être pas à temps pour le sauver... Ce qui était encore plus excitant.
Les droïdekas, protégés par leurs boucliers, se déployèrent en demi-cercle à l'intérieur de l'enceinte de la base Séparatiste pour protéger Gorlan et le premier groupe de Super Droïdes le temps qu'ils montent sur les remparts des tirs des clones. Ils accomplissaient leur tâche à merveille, les soldats clones furent bientôt obligés de sortir les détonateurs thermiques pour se débarrasser des droïdekas ; quelques droïdekas disparurent alors dans les puissantes déflagrations grises-bleues typiques des détonateurs thermiques, mais le guerrier Mandalorien et ses droïdes étaient déjà sur les remparts.
Plié en deux pour échapper aux tirs des clones au-dessus, Gorlan ouvrit le feu dès qu'il fut assez haut pour viser précisément, et un premier soldat clone tomba, un impact au milieu de la poitrine ; Gorlan dut aussitôt se jeter à terre afin d'esquiver les tirs des soldats clones suivants, qui touchèrent les Super Droïdes derrière lui. Plus vif qu'un Vaapad, il se redressa à moitié et se jeta sur l'un des clones ; ses compagnons commencèrent aussitôt à lui tirer dessus, mais l'armure Mandalorienne de Gorlan tint bon et il jeta le malheureux clone par-dessus le bord du rempart.
Lorsqu'il revint aux autres soldats ennemis, ils avaient déjà été réduits au silence par les Super Droïdes, leurs corps criblés d'impacts était au sol. Mais une douzaine d'autres arrivaient, et ce n'était pas le plus grave ; la deuxième tourelle n'avait pas été touchée par les missiles des droïdes-araignées, et elle pivotait vers Gorlan et les Super Droïdes...
« Espacez-vous! » ordonna aussitôt Gorlan aux Super Droïdes pour limiter les dégâts.
Lorsque les imposants canons de la tourelle se furent arrêtés et que jaillit la puissante salve verte, Gorlan actionna son jet-pack pour passer au-dessus ; il avait bien fait, car l'explosion au-dessous dévasta une bonne partie du rempart, réduisant à néant une vingtaine de droïdes. Les Super-Droïdes survivants veillèrent à se tenir hors de portée de la tourelle, mais les clones fonçaient sur eux pour les achever...
Toujours en l'air, Gorlan se dirigea vers la tourelle ; ces maudits artilleurs avaient failli le tuer, il allait leur rendre la monnaie de leur crédit... Le guerrier Mandalorien atterrit sur le toit ; il fallait qu'il calcule bien son coup... Oui, c'était faisable ; du moins, ça en avait suffisamment l'air pour lui donner envie d'essayer... Il fit jaillir son grappin et l'accrocha au bord du toit, puis, toujours accroché, il sauta dans le vide de façon à ne plus être retenu à la tourelle que par le grappin ; il était légèrement au-dessus de la verrière de la tourelle. Allez, c'était effrayant d'être comme cela, suspendu dans le vide, surtout pour tenter un truc pareil, mais il pouvait le faire... Prenant appui sur le mur de la tourelle à l'aide de ses pieds, il laissa son grappin le faire descendre un peu plus et se relança de façon à ce qu'il vienne heurter la verrière ; il n'eut pas le temps de réfléchir alors que la verrière approchait à grande vitesse et qu'il se balançait sur son grappin tel un Wookie sur une liane, mais il saisit automatiquement ses blasters à temps et mitrailla la verrière, qui explosa... Comme prévu, Gorlan ne heurta pas la verrière et pénétra dans la salle de commande de la tourelle, couvert de verre mais vivant...
L'artilleur clone et les deux soldats à l'intérieur, surpris par l'explosion de leur verrière et par l'irruption du guerrier Mandalorien, réagirent trop tard ; il y eu trois tirs, trois morts.
Gorlan sourit et coupa son grappin, sentant son rythme cardiaque redescendre un peu ; il avait pris des risques, mais cela en avait valu la peine... Sans perdre une fraction de secondes, il écarta le cadavre de l'artilleur et s'installa aux commandes de la tourelle ; elles étaient très basiques et il les maîtrisa très vite.
Sur le rempart, les droïdes affrontaient toujours les soldats clones et subissaient de lourdes pertes malgré leur supériorité numérique ; dans le reste de la base, les droïdekas et les Super Droïdes restants avaient bien progressé, mais étaient maintenant mis en difficulté par un nouveau bataillon de véhicules Loyalistes, quelques quadripodes mais surtout des bipodes, qui se révélaient aussi meurtrier contre l'infanterie qu'ils avaient été inefficaces face aux droïdes-araignées, précédemment... Gorlan appela par comlink un officier Super Droïde.
« Écartez-vous des véhicules ennemis tout de suite, ça va barder! »
Les droïdes obéirent sans discuter. Sans leur laisser le temps de se retirer entièrement pour ne pas alerter les clones, Gorlan aligna le gros des véhicules ennemis dans son viseur et ouvrit le feu ; il ne put s'empêcher d'éprouver un sentiment de toute-puissance lorsqu'il n'eut qu'à presser un bouton pour que jaillisse une puissante rafale d'un vert éclatant qui frappa les véhicules ennemis avec une formidable explosion, ne laissant derrière elle que les carcasses noircies des véhicules et des corps brûlés dans la neige...
Gorlan réorienta aussitôt ses canons vers les remparts, où des soldats clones étaient toujours en train d'affronter les derniers Super Droïdes du groupe un... L'occasion était trop belle ; un nouveau tir et une nouvelle explosion anéantit tout à la fois une nouvelle portion des remparts, les clones et les droïdes.
Soudain, il sentit la structure de la tourelle défensive trembler violemment.
Sors de là! lui hurla son intuition.
Gorlan se jeta par l'ouverture qui avait remplacé la verrière et alluma son jet-pack juste à temps : en dessous, deux quadripodes Loyalistes tiraient à nouveau leurs missiles sur la tourelle, et cette fois, elle n'y survécut pas ; sa base anéantie par les puissantes explosions des missiles, elles s'effondra à terre dans un fracas épouvantable.
Gorlan redescendit à terre et, tout en sentant que ses muscles commençaient à se lasser du combat, lança l'un de ses détonateurs thermique sur le premier véhicule ; le quadripode vacilla sous l'impact, mais il resta debout et commença à se tourner vers Gorlan, qui poussa un juron...
Le premier quadripode réorienta son canon vers le mercenaire Mandalorien, et celui-ci dut se jeter sur le côté pour esquiver le tir ; avant que le véhicule ne l'ait à nouveau aligné dans son viseur, Gorlan fonça sur son adversaire, conscient que le quadripode n'était pas armé pour combattre à une portée aussi faible, sans bien savoir ce qu'il allait faire après cela...
Mais au même moment, le second quadripode avait été heurté par une petite silhouette noire qui, à une vitesse fulgurante, fit apparaître une lame d'or dans sa main et enfonça cette arme dans le cockpit du quadripode à deux reprises, tuant probablement le pilote et l'artilleur ; elle n'eut même pas à pénétrer dans le cockpit pour que le canon pivote vers le premier véhicule et qu'en jaillisse une puissante rafale. Gorlan s'éloigna en courant du quadripode, qui tomba à terre, frappé de plein fouet.
Sev'rance Tann laissa le deuxième véhicule et sauta à terre.
Gorlan sourit ; elle devenait lourde à lui sauver la mise à chaque bataille... Ceci dit, il avait tout de même réussi à en faire autant pour elle à l'astroport de Tatooine... C'était cela, des compagnons d'armes : ils savaient qu'ils pouvaient réciproquement compter l'un sur l'autre quoi qu'il arrive, ce qui était assez surprenant étant donné que Gorlan avait d'abord jugé Sev'rance capable de tout sacrifier à la Confédération...
« Je vois que vous allez mieux, Général...
Sev'rance sourit à son tour.
-Oui, mais j'espère que je n'aurais pas à recommencer cela à chaque bataille! Bon boulot en tous cas, je vois que vous avez bien avancé...
-Hein? Ah oui, mais si nous ne sommes pas encore allés plus loin, c'est seulement parce que je vous avais promis de ne pas finir tous les clones avant vous... Au fait, je m'attendais à ce que les Loyalistes soient moins nombreux, sachant le nombre qui étaient occupés à assiéger notre base...
-Oui, le commandant Loyaliste a dû comprendre qu'on lui préparait une mauvaise surprise et les rappeler... Mais tant mieux, ça nous évitera de devoir nettoyer la forêt après cela... »
Gorlan ne put s'empêcher de penser que la victoire ne leur était pas encore acquise, mais il n'en dit rien ; la façade arrogante qu'il affichait en permanence le protégeait, d'une certaine façon...
Sev'rance et Gorlan traversèrent la base Loyaliste dévastée par les Super Droïdes de Combat et les Droïdekas pour aller les rejoindre ; la plupart des bâtiments avaient été gravement endommagés par les tirs des véhicules et les détonateurs thermiques dont les clones avaient usé à outrance pour contenir les droïdes... Il ne restait plus qu'une trentaine de Super Droïdes et cinq Droïdekas face à une vingtaine de clones abrités derrière des barricades, mais ils avaient efficacement fait reculer les Loyalistes.
Sev'rance fonça sur les barricades, détournant sans problèmes tous les tirs blasters passant à sa proximité, et se mit à frapper tous les clones passant à sa proximité ; la lame d'or décapita ou éventra un, deux, trois, quatre soldats clones en l'espace de quelques dizaines de secondes, tandis que Gorlan joignait son feu à celui des droïdes, mitraillant les clones. Les Super Droïdes continuaient à tomber comme des mouches, mais il était probable que les clones céderaient les premiers...
Du moins était-ce ce que croyait Gorlan jusqu'à ce qu'un pas mécanique qu'il commençait à connaître trop bien ne se fasse entendre... Trois nouveaux bipodes Loyalistes firent irruption et commencèrent à mitrailler les droïdes, rééquilibrant la bataille.
« Dispersion! » ordonna Sev'rance.
Elle fit un rapide geste de la main en direction de l'un des bipodes et celui-ci s'effondra à terre, comme s'il avait été renversé par un coup de bélier invisible ; Gorlan songea qu'il aurait bien aimé maîtriser cette fameuse Force tout en lançant son dernier détonateur thermique sur un autre bipode, qui explosa en endommageant les bâtiments proches. La minute suivante, Sev'rance avait tué le pilote du troisième véhicule Loyaliste d'un coup de sabre.
« Où sont passés les clones? demanda Sev'rance.
Gorlan s'aperçut que les fantassins ennemis avaient effectivement profité de la confusion semée par les bipodes pour s'éclipser ; il ne put s'empêcher d'éprouver du respect pour les pilotes des bipodes qui s'étaient sacrifiés pour leurs camarades...
-Il semble qu'ils se dirigent vers le bâtiment le plus à l'est, Général, répondit un officier droïde. Un vaisseau de transport se trouve à proximité, il est donc probable que l'ennemi envisage de fuir la planète...
Sev'rance sourit.
-Qu'ils essaient... Ils sont fait comme des rats. »
Suivie par Gorlan et la dizaine de droïdes survivants, elle prit la direction de l'est, son sabre-laser à la main.
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 9:41, modifié 3 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 14 Fév 2010 - 20:10   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Deuxième morceau... Au fait, on en a fini avec ce qui aurait dû être le septième chapitre, hein^^ (M'énerve, cette limite de 6000 caractères^^)


Il courait sans savoir pourquoi dans la neige à travers les bâtiments endommagés ou en flammes. A quoi bon? Il avait échoué, c'était un désastre, tous ces clones étaient morts à cause de lui... Comment tout avait-il pu tourner à la débâcle aussi vite? Du moment où les droïdes avaient été repérés sur le fleuve à celui-ci, rien ne s'était passé comme prévu... Ce n'était pas parce que les droïdes avaient été les plus nombreux, et ils n'étaient pas mieux armés ; non, la mystérieuse Jedi Noire et ce guerrier Mandalorien qui avait pris la tour défensive sans aide avaient renversé le cours de la bataille à eux seuls, alors que tout indiquait que les Loyalistes allaient l'emporter... Le commandant clone était bravement tombé à la tête de ses hommes, essayant désespérément de défendre les barricades qu'il avait érigé, poignardé en plein cœur par la Jedi Noire...
Comment allait-il expliquer cela à Armand Isard? Et comment allait-il survivre, pour commencer? Il était avec seize survivants clones et cinq ingénieurs, il leur restait une navette spatiale et la Jedi Noire n'avait pas de flotte en orbite pour les intercepter, seulement une frégate ; à priori, leur fuite était tout ce qu'il y avait de plus faisable. Mais depuis que les Séparatistes et cette Jedi Noire étaient arrivés sur Eredenn, Kraen Weest avait subi tant de revers improbables qu'il n'était plus sûr de rien... L'espace d'un terrible instant, il imagina sa femme, sur Duro, recevant la visite d'un agent d'Isard qui lui expliquait que Kraen était mort pour la République...
Bien sûr, selon les règles de la guerre telles que les définissait la République, on ne tuait pas un ennemi qui se repliait, car il ne représentait pas de menace directe ; mais Kraen, en tant qu'agent des renseignements, était bien placé pour savoir que la République elle-même ne respectait pas toujours ces règles, alors une Jedi Noire travaillant pour le Comte Dooku ne reculerait évidemment devant rien pour éliminer des ennemis, surtout si cela pouvait retarder un peu l'alerte au sujet du Decimator...
La navette, de couleur brune, de forme longue et allongée, l'attendait juste devant... Kraen, bien qu'il ne sut toujours pas pourquoi il tenait tant à rester en vie, embarqua dès qu'il le put, suivis des ingénieurs et de la plupart des soldats clones. La plupart, mais pas tous ; cinq soldats restèrent devant la navette, leurs armes pointés devant eux.
« Qu'est-ce que... demanda Kraen, encore sur le seuil, redoutant la réponse.
-Nous restons pour vous donner une chance, Commandant ; il vous faudra du temps avant que les moteurs soient prêts, nous retiendront les Séparatistes s'ils arrivent avant... 
C'était exactement la réponse que redoutait Kraen...
-Nous partons tous ou nous ne partons pas, soldats... Venez avec nous, vous n'avez pas besoin de...
-Désolé Commandant, mais c'est non. Cela ne servirait à rien que nous soyons tous à bord si cette navette ne décolle jamais ; partez, vous, et allez alerter vos supérieurs de ce qui se prépare...
Kraen songea que son comportement était en parfaite inadéquation avec tout ce qu'on lui avait appris dans les renseignements, et même avec ce qu'il avait souvent fait ; dans sa profession, on se devait d'être pragmatique jusqu'au bout des ongles, chacun savait cela. Et pourtant... Kraen revit les missiles des droïdes-araignées Séparatistes frapper les remparts de la station, annihilant un nombre de clones qu'il ne voulait pas connaître ; il revit la tourelle défensive survivante se retourner contre ses propres hommes et détruire presque tous les derniers blindés de Kraen ; il revit le commandant clone qui l'avait tant soutenu depuis le début empalé sur un sabre-laser ; il revit les trois derniers bipodes partir combattre les Séparatistes pour laisser une chance à Kraen et au groupe de fuyards... Il avait vu trop de morts aujourd'hui, tous ces soldats avaient souffert encore plus que lui des évènements, et il ne supportait plus l'idée d'en laisser même un seul sur place...
Mais finalement, sa formation reprit le dessus, parce qu'il savait que ce serait une erreur stratégique grave de ne pas laisser ces soldats clones mourir pour lui et qu'il avait un devoir envers la République avant tout, parce que l'on oublie pas comme cela vingt ans dans les renseignements...
-Vous en êtes sûrs? demanda-t-il encore, sachant très bien ce qu'on lui répondrait.
-Tout à fait sûrs, Commandant. Après tout... Nous sommes nés pour cela.
Kraen le regarda avec une tristesse infinie, espérant qu'on ne voyait pas qu'il était au bord des larmes... Il aurait l'air ridicule... Brusquement, il se demanda quels monstres étaient ces Kaminoans pour prédestiner ainsi des millions de jeunes hommes à la guerre ; jusque là, il ne s'était jamais posé la question, les clones étaient trop utiles pour qu'il s'interroge à leur sujet...
-Alors adieu. Et merci. »
La porte de l'appareil se referma. Kraen entendait déjà des tirs de blasters et le grésillement d'un sabre-laser, presque couverts par le bruit des moteurs que les pilotes mettaient en marche ; Kraen s'éloigna au premier cri d'agonie pour rejoindre le poste de pilotage.
« On y est presque, Commandant, indiqua un clone d'un qui se voulait rassurant mais qui était surtout nerveux. Encore quelques minutes...
Kraen était sûr qu'il entendait déjà des impacts sur le vaisseau... Partiraient-ils à temps? Survivraient-ils pour prévenir Isard? Kraen n'était pas sûr de vouloir connaître la réponse... En fait, il n'était même pas sûr qu'elle l'intéresse.

« Venez seul avant une demi-heure, Drakkas, sinon je tue le commissaire et ses hommes, termina la voix du Rodien dans les haut-parleurs, résonnant dans les couloirs de pierre noire de Wazt-ahl. Je ne suis pas sûr de savoir comment vous avez su ce que nous préparions, c'est sans doute cet imbécile de Commodore qui nous a trahi, mais vous allez me le payer... Alors si vous ne voulez pas que je tue tout le monde dans le poste de sécurité central sud-est, venez seul ; il n'y aura pas d'autres morts civils, je vous le promet. Seulement vous ou nous, un Général de la République ou des terroristes. »
C'était exactement le scénario que Jor avait redouté... Mais puisqu'il y avait une chance, même mince, pour qu'aucun autre civil Darjan ne soit tué, il devait la saisir ; le Rodien et ses hommes tiendraient probablement leur promesse, ils n'avaient aucun intérêt à tuer plus de policiers civils, c'était à lui qu'ils en voulaient. Alors il devait y aller.
« La communication a bien été identifiée comme venant du commissariat central sud-est? s'assura Jor auprès du chef suprême des forces de police de Wazt-ahl, juste à côté de lui.
-Oui, il n'a pas menti là-dessus ; mais Général, vous ne pouvez pas faire ce qu'il dit, c'est de la folie! Ils doivent vous attendre en embuscade quelque part sur lez chemin du commissariat ; si vous me laissez faire, je peux vous donner au moins vingt hommes, vous en viendrez à bout sans problèmes...
-Oui, mais ce n'est pas leur travail ; ce sont des civils, ils se sont engagés pour combattre des malfaiteurs ordinaires, pas des agents d'une puissance étrangère... C'est trop dangereux pour eux ; faites-moi confiance, je suis un Jedi, je peux m'en occuper seul.
Jor mentait effrontément ; les terroristes n'étaient pas des droïdes, ils étaient bien plus intelligents et bien mieux armés, et il n'était pas du tout sûr de l'emporter seul contre sept d'entre eux... Oui, mais c'était son devoir de Jedi de protéger les civils tant que c'était possible. S'il y avait eu une autre solution, il l'aurait saisi, mais il n'y en avait pas.
-Ne pourriez-vous pas abuser leurs esprits avec la Force pour leur faire croire que vous venez seuls, Général? suggéra encore le commissaire.
Mais Jor secoua négativement la tête.
-Je ne maîtrise vraiment pas très bien la télépathie, essayer serait très risqué et ne ferait que diminuer mon efficacité au combat... En plus, nous ne savons pas exactement à quel endroit ils m'attendent. Non, je dois vraiment y aller seul.
Le commissaire le regarda gravement.
-C'est votre choix... Je ne vous remercierais jamais assez d'en faire autant pour nous, Général.
-C'est mon devoir, parce que je peux essayer. Et un Jedi ne se dérobe pas à son devoir. »

Turgolt ne sentit pas les battements de son cœur s'accélérer alors qu'il attendait seul, debout dans la lumière crue d'un autre couloir de Wazt-ahl, exactement semblable à tous les autres à ses yeux à part qu'il était maintenant désert ; au contraire, il sentait une froide résolution l'envahir, il était plus calme que jamais, comme s'il était déjà mort, parce que pour la première fois depuis bien des années, il allait faire quelque chose qui lui tenait vraiment à cœur : tuer Jor Drakkas, le Jedi qui avait provoqué la mort de tant de ses compagnons et avait fait échouer sa mission pour la première fois. Il s'en rendait compte à présent, rien ne lui avait réellement paru important jusqu'à présent : il accomplissait ses missions pour l'argent, sans y prendre plaisir comme le faisaient nombre de ses congénères, mais il ne savait pas quoi faire ensuite de cet argent, aucune façon de le dépenser ne l'intéressait vraiment ; quant à ses compagnons qui l'avaient suivi toutes ces années, il avait toujours pensé qu'ils étaient sans importance, que c'était des armes, rien de plus.
Jusqu'à présent. Mais maintenant qu'il avait perdu tout cela, il se rendait compte qu'il tenait bien plus à Kayshra et aux autres qu'il ne l'avait jamais soupçonné, il se rendait compte qu'il ne supportait pas d'échouer ; au fond, qu'est-ce qui pouvait donner un sens à sa vie sinon sa fierté d'être un assassin renommé et la solidarité avec ses camarades? Voilà pourquoi il devait absolument tuer Jor Drakkas, parce qu'il venait de s'apercevoir au moment où il l'avait perdu que le Jedi lui avait pris les deux seules choses importantes pour lui.
La seule chose importante maintenant, c'était donc de faire tout son possible pour tuer ce Jedi, que l'on retienne que Turgolt le Rodien avait réussi à tuer un brillant Chevalier Jedi et avait lavé l'affront qu'on lui avait infligé ; après... Après, il ne savait pas ce qu'il ferait, plus rien ne compterait après cela, plus rien ne le maintiendrait en vie.
« Il ne doit plus être très loin, maintenant... Tout est prêt? demanda Turgolt dans son comlink.
-Tout est en place comme vous l'aviez ordonné, oui, répondit le Falleen. Ne vous inquiétez pas, on le tuera. Peut-être que nous y passerons aussi, mais... Franchement, je crois que je m'en fiche un peu.
-Oui, moi aussi. »
Un bruit de pas se fit entendre au loin.
Turgolt saisit son fusil-mitrailleur.

Les couloirs de tout le quartier entourant le commissariat sud-est avaient été désertés, ce fut la première chose que remarqua Jor en approchant ; ralentissant un peu, il alluma son sabre-laser. Les terroristes pouvaient l'attendre n'importe où, et la moindre erreur contre eux lui coûterait la vie... Marchant quelques minutes dans ce quartier en se rapprochant de plus en plus du commissariat, il vit que l'un des innombrables corridors menait vers un véritable dédale de couloirs petits et étroits dans le quartier d'habitations... L'endroit idéal pour combattre un Jedi, il aurait du mal à manier son sabre avec aussi peu d'espace...
Jor chercha dans la Force et sentit dans ces couloirs sept présences irradiant la violence et une sinistre détermination ; il avait vu juste, c'était bien là que les assassins l'attendaient... Deux hommes ne pouvaient pas se tenir de front dans ce couloir, le plus logique était donc que plusieurs d'entre eux soient cachés dans les habitations à côté, ou même dans le plafond ; s'il se contentait de foncer sur eux, Jor courait clairement à sa perte. Il saisit son comlink et appela le commissaire en chef :
« Est-ce que vous pourriez m'indiquer comment couper l'éclairage des couloirs du secteur, commissaire?
-Attendez, je vais trouver cela... Voilà, l'alimentation en électricité se trouve deux pièces après le commissariat de ce quartier, vous devriez trouver assez facilement...
-Très bien, merci. »
Bien sûr, Jor serait plongé dans l'obscurité aussi sûrement que les terroristes ; mais la Force verrait pour lui... Malgré tout, le combat serait serré. Il trouva la pièce gérant l'alimentation assez facilement et força la porte à l'aide de son sabre-laser ; il devait agir vite, le délai imposé par les terroristes serait bientôt écoulé... Voilà, il savait comment il allait faire : son comlink pouvait facilement passer pour un modèle de détonateur thermique cylindrique semblable à ceux qui équipaient les soldats clones, il allait le déposer dans un endroit où il représenterait un danger... Voilà, près de ces câbles partant pour le quartier d'habitation, ce serait très bien ; si le centre de gestion répondait aux normes de sécurité exigeantes des Darjans, il couperait automatiquement le courant dans cette direction pour éviter une catastrophe. Un sabotage silencieux et sans explosions, mais tout aussi efficace. En fait, il y avait même mieux à faire ; il pouvait le poser entre les câbles, le système mettrait plus de temps à le repérer et donc à couper le courant, donc les terroristes auraient moins de temps pour réagir. C'était parfait.
Maintenant, il n'avait plus de temps à perdre ; il sortit en courant du centre de gestion et reprit la direction des quartiers d'habitation, où les terroristes étaient probablement toujours en train de l'attendre, et s'engagea dans les corridors noirs, étroits et mal éclairés... A gauche, il sentait ses ennemis tapis dans le couloir de gauche ; oui, au fond, il apercevait la silhouette d'un unique Rodien... Il devait faire vite, très vite...
« Approches, Jedi, viens te battre! » lui hurla le Rodien dès que Jor s'engagea dans le couloir.
Il commença aussitôt à tirer, Jor vit les rafales rougeoyantes d'un fusil mitrailleur, aussi rapide que celui de la terroriste humaine qu'il avait tué précédemment, foncer sur lui à une vitesse terrifiante ; mais la Force, que Jor maîtrisait maintenant depuis des décennies, était plus rapide encore... Il parvint à se jeter à terre, en-dessous des tirs de l'ennemi. Le Rodien voulut réorienter son fusil, mais au même moment, avec le hurlement assourdissant d'une alarme de sécurité, la lumière disparut, plongeant le couloir dans l'obscurité. Jor éteignit son sabre-laser pour ajouter à la confusion de son adversaire, le frappa de la garde du sabre à ce qu'il devinait être son ventre grâce à la Force, et ralluma l'arme. La lame d'or ressortit de l'autre côté du Rodien, et l'adversaire de Jor s'effondra.
Mais déjà, Jor entendait des portes s'ouvrir à proximité, et de nouvelles rafales blasters fendirent les ténèbres en direction de son sabre ; les tirs fonçaient sur lui à une cadence terriblement soutenue et avec une puissance effroyable, Jor s'employa à les détourner le mieux possible, son sabre-laser bougeant si vite que cela donnait l'impression qu'il était entouré d'un bouclier doré dans l'obscurité... Les salves, non contentes d'être rapides et puissantes, étaient aussi très rapprochées, et Jor sentit que ses poignets ne tiendraient pas plus de quelques secondes... En face, ses adversaires, conscients de l'imminence de leur victoire, se concentraient sur leur cible ; mais Jor n'était pas décidé à se laisser tuer si facilement. Les tireurs en face, trop concentrés sur cette lame dorée qui était tout ce qu'il voyait de Jor, ne s'aperçurent pas que derrière eux, dans l'obscurité, la porte d'une habitation s'était détaché de son encadrement et fonçait droit sur eux...
Elle les heurta avec un choc sourd ; les fusil-mitrailleurs se turent.
Mais Jor n'eut pas le temps de reprendre son souffle pour autant ; ce qu'il supposa être une section du plafond céda aussitôt avec un craquement sourd, et les silhouettes obscures de trois nouveaux assassins firent leur apparition, des lampes au bout de leurs armes mettant fin à l'avantage de Jor... L'un d'eux leva le canon de son arme vers le Jedi ; celui-ci leva son sabre, redoutant de nouvelles rafales... Mais ce fut bien pire. Jor ne bondit en arrière qu'au dernier moment, mu par une intuition venu de la Force; cela lui sauva la vie, car ce ne furent finalement pas des tirs blasters qui jaillirent de l'arme mais un puissant jet de flammes... Jor se débarrassa immédiatement de sa cape, qui commençait à prendre feu...
Il sentit la peur l'envahir; que pouvait-il faire contre cela? L'idéal serait de faire s'effondrer le plafond sur les trois terroristes, mais il n'avait pas le temps de se concentrer assez pour cela, les assassins revenaient déjà à la charge... Il ne pouvait pas non plus bondir au-dessus d'eux, avec ce maudit plafond trop bas...
Il vit le terrifiant jet de flammes se rapprocher de plus en plus, il vit les deux autres mercenaires lui tirer dessus dans le même temps avec leurs fusils-mitrailleurs, et il sut que son sabre ne lui serait d'aucune utilité contre tout cela... Il rassembla intérieurement autant d'énergie que possible, s'immergea dans la Force pour laisser son pouvoir agir à travers lui, et tenta de s'envelopper dans son énergie télékinétique, créant un bouclier qui repousserait tout ce qui l'approcherait... Les rafales blasters aussi bien que le jet de flammes s'arrêtèrent brusquement, comme s'ils avaient heurté un mur invisible. Les trois adversaires de Jor, de peur de voir leurs tirs se retourner contre eux, cessèrent aussitôt le feu, mais Jor avait déjà dû contraindre ses muscles épuisés à le jeter à terre ; un long tir rougeoyant venait de traverser l'obscurité derrière lui, le visant à bout portant. Manifestement, un quatrième assassin se trouvait derrière le Jedi... Son tir manqué transperça finalement l'homme au lance-flammes, et Jor se releva pour éventrer un deuxième mercenaire ; avec un calme effrayant, le troisième, un Darjan recommença à tirer au fusil-mitrailleur sur Jor, tandis que celui derrière le Jedi en faisait autant.
Encore une fois, Jor rassembla son énergie, et le corps de l'homme au lance-flamme s'éleva dans les airs pour s'interposer entre le tir de l'assassin de l'autre côté du couloir et Jor ; de son côté, le Jedi employait toute son habileté à parer les rafales du fusil-mitrailleur. Il se jeta brusquement à terre dans le but de trancher les jambes du Darjan, mais celui-ci parvint à se dérober à temps. Comprenant manifestement qu'il lui faudrait plus que quelques rafales pour se débarrasser du Chevalier Jedi, il lança un objet sphérique en direction de Jor...
Un détonateur thermique... Jor ne connaissait qu'un seul moyen par lequel un Jedi pouvait échapper à l'un de ces objets, mais c'était compliqué...
Priant pour réussir à temps, il tenta de saisir l'explosif au vol grâce à la Force... Où était-il, comment le saisir? Le détonateur se rapprochait beaucoup trop vite, il n'y arriverait pas, il allait mourir ici, tué par l'explosion... Non, ça y est, il le tenait... Vite, il lui restait trop peu de temps pour que ce soit mesurable... L'objet noir repartit dans l'autre sens ; il n'atteint jamais le Darjan, explosant à mi-distance. Tout le champ de vision de Jor fut bouché par la formidable déflagration, le souffle brûlant de l'explosion le projeta à terre... Complètement sonné, il vit que l'explosion avait dévasté le couloir, les habitations à côté étaient maintenant entièrement visibles à la lueur des flammes... Sonné, mais vivant.
Ne pouvant se permettre de se reposer même une seconde (et pourtant, il en avait bien besoin!) ou de se demander ce qu'était devenu le terroriste Darjan, le Jedi se redressa juste à temps pour parer une nouvelle salve du tireur derrière lui, qui était maintenant visible, probablement un Falleen... Sans lui laisser le temps de réitérer sa tentative, Jor courut vers lui, et sa lame frappa de droite à gauche pour le décapiter... Mais le Falleen parvint miraculeusement à esquiver le coup, et, trop proches pour réutiliser son fusil blaster, se jeta sur le Jedi ; avec une vivacité typiquement reptilienne, il sortit un couteau et s'apprêta à égorger Jor. Fort heureusement, celui-ci parvint une fois de plus à invoquer la Force et repoussa son agresseur au loin. Il se releva et ralluma son sabre ; le Falleen fonçait à nouveau sur lui, mais cette fois Jor était prêt... Il ne devait pas faire d'erreur, ne lui laisser aucune chance, car ce Falleen était manifestement dangereux au corps à corps... Un balayage horizontale de son sabre de gauche à droite, un autre en diagonale de droite à gauche, parfaitement exécutés.
Cette fois, la tête tomba.
Jor put enfin respirer un peu alors que le corps du Falleen tombait à terre... Mais il vit plusieurs tirs de blaster jaillir de l'autre côté du couloir de pierre noire, trop imprécis pour le toucher.
« Jedi! hurla une voix.
Ainsi, le Darjan avait survécu... Jor le voyait mieux à présent qu'il s'approchait, tout en parant les tirs qui passaient un peu trop près ; il était à terre, en grande partie brûlé, il avait notamment perdu un bras, mais il était vivant...
-Arrêtes, c'est fini, lui dit doucement Jor, las de toute cette violence. Les autres sont tous morts, ça ne sert à rien ; ne m'obliges pas à te tuer toi aussi, il y a eu assez de morts pour aujourd'hui...
Le terroriste Darjan éclata d'un rire totalement dépourvu de joie, un rire de désespoir face à l'absurdité de tout ce qui s'était passé...
-A quoi bon? Autant aller jusqu'au bout... Je m'en fiche, je me fiche bien de vivre ou de mourir... Finissons-en. »
Avant que Jor n'ait compris ce que l'autre faisait, le Darjan lâcha son blaster et actionna un boîtier de commande exactement semblable à celui que tenait l'humaine quelques heures plus tôt...
« Deux minutes, dit le Darjan avec un sourire désabusé, comme si tout cela n'avait plus aucun sens pour lui. Turgolt voulait que tu aies le temps de voir la mort arriver... »
Jor comprit brusquement, et son cœur fit une nouvelle embardée ; Turgolt avait pris ses précautions pour le cas où les sept mercenaires ne parviendraient pas à tuer Jor... Ils n'avaient donc pas utilisé tous leurs explosifs contre les navettes Séparatistes, finalement...
Qu'est-ce que je fais, maintenant? se demanda-t-il brusquement, saisi par la panique.
Il n'avait quand même pas survécu à ce combat pour finir tué par des bombes installées quelque part dans le sol ou les appartements voisins par les terroristes, tout de même...
Du calme. Il devait réfléchir, au lieu de penser qu'il n'avait pas le temps; c'était ce qui l'avait toujours sauvé, tandis que paniquer ne lui avait jamais servi à rien...
Le mur est. Le mur est était le plus proche, alors vite!
Préférant ne pas savoir combien de temps exactement il lui restait, Jor se mit à courir comme il n'avait jamais couru, comme s'il était poursuivi par l'explosion... Après le combat dont il sortait, il ne lui fallut que très peu de temps pour être complètement épuisé, ses muscles hurlant qu'il leur fallait absolument du repos ; mais cette fois, il ne pouvait pas s'arrêter, quelle que soit la douleur et la fatigue engendrées, il ne devait pas ralentir tant qu'il ne serait pas évanoui. Il fonça à toute vitesse dans le dédale de Wazt-ahl, rejoignant les couloirs qui n'avaient pas été touchés par la panne de courant, laissant la Force et le sens de l'orientation Twi'lek le guider vers le mur est... La douleur était insoutenable, un incendie semblait s'être allumé dans sa cage thoracique, la tête lui tournait... Non, il y était presque, il devait continuer!
Oui, le mur noir était là, avec sa verrière d'où l'on voyait la jungle environnante plongée sous la pluie, comme toujours... Mais derrière lui, Jor entendit brusquement la déflagration qu'il avait tant redouté. Préférant ne pas se retourner, il envoya une nouvelle impulsion de la Force (il ne se souvenait pas avoir jamais autant sollicité ses capacités télékinétiques!) pour faire voler en éclat la verrière... Et sauta, s'élançant dans l'air frais et la pluie de la nuit de Wazt-ahl pour échapper au souffle brûlant de l'explosion qui le suivait de près...
Tombant à une vitesse étrangement ralentie, il se réceptionna sur le côté de la pyramide, en contrebas ; heureusement qu'il n'avait pas tenté cela sur un gratte-ciel... Naturellement, il commença aussitôt à glisser ; il prit cependant le temps de regarder vers le haut : l'étage de la pyramide où il se trouvait quelques secondes plus tôt était en flammes... Luttant pour ne pas s'évanouir, le Jedi parvint à se rattraper ; il brisa à nouveau une verrière, en-dessous de lui cette fois, et revint dans la pyramide, passant par l'appartement d'une famille de Darjans subjugués, épuisé au-delà des mots mais vivant.

A son retour, Jor entra au commissariat central de la pyramide-capitale de Wazt-ahl sous les applaudissements ; les policiers Darjans étaient là bien sûr, mais Jor reconnut également le Premier Ministre Talrii, Anthr Lynel et l'émissaire humain d'un système Séparatiste que Jor avait sauvé des terroristes plus tôt.
« Général, commença Talrii d'un ton sincèrement impressionnant, vous avez toute la gratitude du peuple Darjan pour ce que vous avez fait aujourd'hui! Personne ne croyait à votre victoire et pourtant vous l'avez emporté, vous avez bravé de grands dangers pour nous, et nous ne l'oublierons pas.
-Les Darjans ne sont pas les seuls, confirma l'émissaire. L'Amiral Tonith a tué deux de mes collègues tandis que je vous dois la vie, Général Drakkas ; la République aura le plein soutien de mon système, je vous le promet, et je suis sûr qu'après ces évènements, je ne serais pas le seul à prendre cette décision...
-Merci, répondit Jor, se demandant ce qu'il devait répondre exactement. Je ferais tout mon possible pour continuer à vous protéger de l'Amiral Tonith. A propos, on sait ce qu'est devenu le Commodore Barzii?
-Sa navette est repartie peu après les attaques sur les hangars, probablement sur ordre de l'Amiral, pourquoi? répondit le commissaire.
-Parce que le Rodien a dit qu'il soupçonnait Barzii... S'il a eu le temps de faire part de ses soupçons à l'Amiral...
Lynel prit une expression compatissante.
-Oui, il risque des ennuis, Général, mais nous n'y pouvons rien...
-Je sais, oui...
Pourtant, Jor se jurait que si une occasion se présentait de sauver Barzii, même risquée, il la saisirait...
-Vous avez informé le Vice-Amiral Ashen des projets de l'Amiral Tonith, monsieur le Président?
-C'est fait, oui, il a décidé de se rendre sur Karsti en personne.
-Très bien, dans ce cas, il serait temps que nous les rejoignons... »
Jor et Lynel prirent congé des officiels et rejoignirent leur navette ; Jor allait enfin pouvoir se reposer un peu... Alors que la navette décollait dans les cieux toujours aussi sombres de Wazt-ahl, survolant la pyramide géante de pierre noire, Jor repensa à tout ce qui lui était arrivé depuis son arrivée sur cette planète ; il revit sa stupéfaction alors qu'il recevait le message du commodore Barzii, il se revit bondissant entre les terroristes, tuant l'une d'entre eux pour l'empêcher de faire sauter la navette d'un délégué Séparatiste, il revit l'intensité de son combat contre les sept survivants du commando, il se revit courant désespérément pour échapper à l'explosion...
Et dire qu'il avait eu peur de s'ennuyer pendant ces négociations.

Wyrd Ashen l'avait compris depuis bien longtemps, l'équipage d'un vaisseau de guerre comme le Résolu avait besoin d'un Capitaine qui semblait savoir ce qu'il faisait, quelqu'un qui puisse leur faire croire que non, ils n'étaient pas tous complètement paumés dans cette guerre ; c'était l'unique raison pour laquelle il se retenait d'arpenter nerveusement le pont de commandement...
Ceci dit, l'équipage ne comprendrait pas forcément ce qui l'inquiétait ; ils étaient persuadés que Drakkas les envoyait simplement faire une vérification d'après une information donnée par un officier ennemi qui avait toutes les chances de s'avérer fausse... Mais Ashen savait bien que cela n'avait rien à voir, il connaissait suffisamment bien Drakkas pour savoir que s'il croyait le Commodore Barzii, c'était que celui-ci disait la vérité ; Drakkas n'avait-il pas affirmé avant leur arrivée dans l'espace de Ciutric qu'il avait un mauvais pressentiment? Et résultat, dès leur sortie d'hyperespace, ils étaient tombés nez à nez avec la flotte de Barzii... Il était donc malheureusement probable qu'ils aient à faire face à une flotte Séparatiste à leur sortie d'hyperespace.
Dommage que Drakkas ne soit pas avec eux, d'ailleurs, il avait fait une forte impression à l'équipage en tenant tête à Barzii au-dessus de Ciutric et en allant combattre avec les clones sur Urtra... Mais quitte à souhaiter quelque chose d'impossible, Ashen ferait mieux d'espérer obtenir rapidement une permission et rentrer sur Coruscant pour retrouver sa femme et son fils Tal, le petit Tal si admiratif de son père officier qu'il envisageait déjà une carrière dans les forces armées de la République... La famille Ashen avait compté nombre de militaires, Wyrd trouvait agréable de savoir que quelqu'un reprendrait le flambeau lorsqu'il serait à la retraite... Ou mort, ce qui pourrait bien se produire aujourd'hui.
Mais cela faisait partie des risques. Drakkas lui avait ordonné d'aller défendre Karsti, alors il défendrait Karsti coûte que coûte.
« Sortie d'hyperespace dans cinq minutes, Vice-Amiral, prévint un Lieutenant d'un ton beaucoup trop détendu pour quelqu'un qui n'allait pas tarder à risquer sa vie.
-Très bien. Les chasseurs sont-ils prêts à décoller?
-Tout à fait, répondit un autre officier, un Quarren.
Ces phrases, Ashen les avait entendu et répété tout au long de sa carrière, aussi bien lors des missions de routine que lors des expéditions les plus dangereuses telles que celles-ci ; un rituel immuable, destiné à rassurer inconsciemment le militaire inquiet, à lui faire croire qu'on avait la situation en main, que tout se passerait aussi bien que d'habitude. Mais lorsqu'on était un Vice-Amiral de quarante-deux ans et plus une recrue de dix-huit ans, cela perdait de son effet...
-La flotte d'Urtra pourra bientôt nous rejoindre, en cas de besoin? demanda-t-il en espérant que sa nervosité n'était pas trop perceptible.
-Environ une demi-heure, Vice-Amiral. »
C'est alors que le Résolu jaillit de l'hyperespace ; dans la verrière, les lignes bleutées semblèrent se replier sur elle-même, et l'espace normal du système Karsti réapparut.
Il était vide, le champ d'étoiles et les planètes du systèmes étaient les seuls à tenir compagnie au Résolu et au reste de sa force d'intervention, huit Destroyers Stellaires de classe Victoire et dix croiseurs légers Carrack.
Ashen entendit quelqu'un soupirer de soulagement, et le Capitaine affirma :
-C'est bon, il ne se passe rien, finalement...
-N'en soyez pas si sûr, rétorqua sèchement Ashen. Nous sommes peut-être simplement arrivés les premiers... Que les chasseurs commencent à patrouiller dans le système, je veux un relevé complet des senseurs.
Il donnait ces ordres non parce qu'il pensait qu'ils allaient donner quelque chose, mais pour occuper l'équipage le temps qu'il soit sûr qu'il ne se passait rien et qu'il puissent tous rentrer en soupirant de soulagement... Ashen mourrait d'envie de repartir, mais il avait un devoir, et il devait l'exécuter le plus consciencieusement possible.
Même si cela devait lui coûter la vie.
Il passa un quart d'heure à écouter les rapports inintéressants des chasseurs et des senseurs, et quelque part en lui grandit l'espoir que finalement, Drakkas s'était peut-être trompé...
« Attendez... murmura un sous-officier Calamarien en charge des senseurs. Flotte Séparatiste détectée! Vice-Amiral, elle est énorme! Sept vaisseaux de classe Lucrehulk... Quinze Destroyers Stellaires de classe Recusant... Euh, vous voulez le nombre précis d'escadrons de chasseurs-vautours?
-Inutile, répondit Ashen d'un ton sombre.
Peu importait combien ils étaient, les chasseurs-vautours étaient toujours trop nombreux...
-Rappelez tous les chasseurs, ramenez les déflecteurs à l'avant... ordonna-t-il tout en forçant son cerveau à chercher une solution rapidement.
Là encore, ils s'agissait de phrases qu'il prononçait à peu près à chaque bataille ; pourtant, cette bataille-là n'aurait rien d'ordinaire, les vaisseaux de classe Lucrehulk étaient bien trop résistants et trop bien armés pour ses fragiles Destroyers Stellaires Victoire... Bon. Que pouvait-il faire contre cela? Aucune stratégie miraculeuse ne lui venait à l'esprit ; il pouvait battre en retraite, bien sûr, mais... Les Destroyers Recusant ennemis aux silhouettes longilignes ouvrirent le feu sur l'avant-garde Loyaliste ; une pluie d'aiguilles rouges traversa soudain l'espace pour aller s'abattre sur les trois Destroyers Stellaires de classe Victoire qui formaient l'avant-garde de la formation Loyaliste, des chasseurs-vautours foncèrent sur eux... Qu'allait faire Ashen? Inutile de passer des heures à y réfléchir, il n'y avait pas trente-six solutions, même si cela ne lui plaisait pas...
-On ne ne va pas pouvoir tenir, affirma-t-il. On bat en retraite sur Ciutric, ordonnez à la flotte d'Urtra de nous y rejoindre, et nous pourrons lancer notre contre-attaque...
-Euh, Vice-Amiral? intervint le Capitaine. Je crois que ce ne sera pas si simple...
Ashen regarda par la verrière : les Destroyers Stellaires Recusant avaient interrompu leur attaque et entamaient ce qui ressemblait beaucoup à une manœuvre d'enfermement Marg Sabl ; ils veillaient à adopter une formation pour protéger les chasseurs-vautours afin qu'ils puissent attaquer les vaisseaux Loyalistes par en-haut, de sorte qu'ils puissent toucher les systèmes vitaux plus facilement et sans être gênés par les turbolasers dans un premier temps... Ashen maudit silencieusement l'Amiral Tonith, ou le Général Tann, ou qui que soit le commandant de cette flotte...
-Bon... Dans ce cas, nous laissons quatre Croiseurs Carrack, Deux Destroyers Stellaires Victoire et deux escadrons de chasseurs pour les tenir en respect le temps que le reste de nos forces puissent battre en retraite.
-A vos ordres, Vice-Amiral. Mais... Ce sera très risqué pour ceux qui resteront...
Ashen sentit une pointe d'hésitation percer dans son esprit au moment de répondre, mais au fond, il avait déjà pris sa décision depuis longtemps ; le jour où il s'était engagé dans la flotte, en fait.
-Je le sais bien, Capitaine... Nous restons avec eux. Le Résolu sera le deuxième Destroyer Stellaire Victoire.
Comme prévu, tout le monde se retourna vers lui, surpris.
-Rassurez-vous, dit Ashen, Nous devrions avoir le temps de quitter les lieux, du moins la plupart d'entre nous... Exécution, maintenant, nous n'avons pas de temps à perdre.
-A vos ordres, Capitaine. »
Comme prévu, les quatre Croiseurs Légers Carrack couleur d'acier, le Résolu et un autre Destroyer Stellaire de classe Victoire en forme de triangle blanc, ainsi que deux escadrons de chasseurs Z-95 restèrent face aux Destroyers Stellaires Recusant tandis que le reste de la force manœuvrait derrière eux pour prendre l'hyperespace. Ashen entendit le rugissements des turbolasers du Résolu lorsque les artilleurs du vaisseau ouvrirent le feu sur les Destroyers Recusant, sentit le vaisseau trembler sous l'impact des tirs des Recusant ; il connaissait bien ce moment où son propre vaisseau se trouvait pris dans la bataille, où lui et son équipage avaient l'impression de ne plus faire qu'un avec leur vaisseau, et paradoxalement, il l'aimait...
Les Destroyers Stellaires Victoire et les croiseurs Carrack étaient heureusement équipés de puissantes batteries turbolasers ; les rafales vertes frappèrent violemment les boucliers des Recusant, et les transpercèrent même en certains endroits, Ashen vit des explosions perler sur leurs coques squelettiques... Le Résolu, de son côté, n'avait pas trop souffert des salves ennemies pour le moment, ses boucliers tenaient le coup, et ceux de l'autre Destroyer Stellaire Victoire aussi ; en revanche, l'un des Croiseurs Légers Carrack annonça que ses boucliers étaient en train de céder, et les trois autres étaient également en difficulté.
« La moitié de la flotte a réussi à passer en hyperespace, annonça un Lieutenant alors que la passerelle vibrait toujours sous les assauts des Recusant. Encore cinq minutes avant qu'ils soient tous partis.
Au loin, l'un des Recusant fut coupé en deux par l'impact des turbolasers du Résolu, laissant son équipage à une mort horrible, sans air, dans le froid de l'espace... Mais cela, un officier de la flotte ne devait pas y penser, sinon il ne pouvait plus faire son métier, à moins d'être un psychopathe comme l'Amiral Ssran...
-Ils vont nous envoyer les chasseurs-vautours, Vice-Amiral, prévint le Capitaine.
-Je sais, répondit Ashen d'un ton un peu plus fort que d'ordinaire pour couvrir le grondement des turbolasers. Que les artilleurs continuent à se concentrer sur les Recusant ; par contre, que le premier escadron de Z-95 fasse un balayage au-dessus de nous de gauche à droite et le deuxième de droite à gauche. Qu'ils abattent autant de chasseurs-vautours que possible sans se soucier des vaisseaux lourds. A propos, n'utilisez que les turbolasers, pas les torpilles à protons, elles pourraient nous servir plus tard.
-A vos ordres. »
Les deux flottes continuaient à se mitrailler ; Ashen vit au moins trois Recusant supplémentaires éclater sous les tirs Loyalistes, mais deux Croiseurs légers Carrack furent également transformés en épaves enflammées. Ashen eut un pincement au cœur devant ce spectacle, mais il fallait continuer. Pourvu que la flotte passe vite en hyperespace, sinon ils auraient les énormes Lucrehulk sur le dos en plus des Recusant...
C'est alors que les chasseurs-vautours passèrent à l'attaque ; leurs silhouettes acérées bondirent par-dessus les Recusant qui les couvraient jusque là et plongèrent droit sur les vaisseaux Loyalistes... Une pluie d'aiguilles rougeoyantes s'abattit sur le Résolu et le reste de la force Loyaliste, frappant durement les boucliers ; Ashen entendit des explosions de mauvais augure...
« Trois senseurs et le turbo-laser trois neutralisés, Vice-Amiral! annonça un sous-officier. L'un des destroyers Victoire sensé battre en retraite a subi des dommages trop importants, son équipage évacue ; l'un des Carrack a été détruit. »
Mais les pilotes clones des chasseurs Z-95 veillaient : ils passèrent à l'attaque dès que les chasseurs-vautour furent assez défendus, en situation défavorable en raison de leur manque de maniabilité. Il fallait aux chasseurs Séparatistes un moment pour se remettre à l'horizontale et pouvoir combattre, et les clones en profitèrent pour en détruire le plus possible. Presque à chaque seconde, des dizaines d'explosions témoignèrent du nettoyage qu'ils effectuaient. Mais les chasseurs-vautours finirent par se ressaisirent et se retrouver face aux Z-95 ; le combat devint alors plus équitable, et trois pilotes clones furent tués avant que les deux escadrons n'aient pu se replier.
« Nos boucliers sont sur le point de céder, Vice-Amiral! prévint le Capitaine.
Ashen se sentit couler dans le bain glacé de la peur, mais il lutta pour garder la tête hors de l'eau... Un autre officier prit la parole :
-Toute la flotte est passée en hyperespace à part l'autre Destroyer Stellaire Victoire, Vice-Amiral.
-Parfait, dans ce cas nous pouvons y aller...
-Amiral, nous sommes encerclés, le temps de nous retourner et de passer, nous serions peut-être mort...
Cela, Ashen n'avait pas besoin qu'on le lui rappelle, pas dans le vacarme des turbolasers et des déflagrations, pas dans la panique qui se lisait dans les gestes de l'équipage...
-Qui a parlé de se retourner? On fonce dans la flotte ennemie, nous passerons au travers... En tous cas, nous allons essayer. C'est la seule solution. Allez-y à la torpille à protons, ça ira plus vite.
Le Capitaine le regarda d'un air à la fois surpris et admiratif.
-A vos ordres, Vice-Amiral.
-Et, Capitaine...
-Oui?
-Nous passerons en hyperespace en dernier.
-Comme vous voudrez, Vice-Amiral. C'est... Très courageux de votre part, vous êtes admirablement dévoué à la République...
-Pas seulement à la République, Capitaine ; si je fais tout cela, c'est aussi parce que j'ai également un devoir envers mes hommes et envers le Général Drakkas... On est tous dans le même vaisseau, au sens propre ou au sens figuré. Et maintenant, allons-y, pendant que nous avons encore une coque... »
Le Vice-Amiral, cette fois, ne put s'empêcher de trembler un peu ; ça allait être très, très juste... D'ailleurs, où qu'il regarde, les autres membres de l'équipage ne parvenaient pas non plus à contrôler leur tension en cet instant décisif.
Les Deux Destroyers Stellaires Victoire, plutôt que de pivoter pour passer en hyperespace, ce qui aurait dangereusement exposé leurs poupes, accélérèrent et foncèrent à la rencontre des Destroyers Stellaires Recusant... Surpris, ceux-ci ne réagirent qu'au dernier moment ; mais il était trop tard pour eux, des traînées d'un blancs étincelant quittaient déjà les tubes lance-missiles des Victoires pour aller les frapper... Des explosions titanesques firent voler en éclat deux Destroyers Recusant, et les Loyalistes en fuite passèrent.
Ashen aperçut par la verrière un Lucrehulk, facilement reconnaissable à ses deux énormes bras-hangars abritant des essaims de chasseurs-vautours ; de puissantes salves vertes jaillirent du vaisseau pour aller frapper les Loyalistes...
Ashen vit quelques sections de l'autre Destroyer Stellaire Victoire voler en éclat, tuant quelques hommes de plus, mais le vaisseau parvint finalement à passer en hyperespace ; bien qu'il ne fut toujours pas tiré d'affaire, il soupira de soulagement. Il aurait au moins sauvé la plupart de ses hommes, aujourd'hui... Mais il en restait plusieurs milliers qui étaient morts aujourd'hui dans l'explosion de leurs vaisseaux...
C'était au tour du Résolu de braver le feu du Lucrehulk ; Ashen pressentit tout de suite que non, cette fois, cela n'irait pas. Les salves vertes frappèrent le destroyer avec de terribles chocs qui firent vaciller le vaisseau.
« Turbolasers neutralisés! hurla un sous-officier dans le vacarme. Un seul senseur encore en état de marche!
Les batteries ennemies continuaient à marteler le vaisseau. Le vaisseau continuait à avancer, mais Ashen en était maintenant convaincu, ils n'allaient pas y arriver... Ils allaient peut-être tous mourir ici...
« Hangars des chasseurs détruits! Les tubes lance-missiles aussi...
Une explosion plus forte que les autres suivit.
-Vice-Amiral, nous n'avons presque plus de réacteurs!
C'était le moment de donner l'ordre que Ashen redoutait...
-Abandonnez le navire! Tous aux navettes de sauvetage! Je passerais en dernier. »
Les membres de l'équipage, à bout de force psychologique, n'attendaient que cela ; tout en conservant un semblant de discipline militaire, ils commencèrent à quitter le pont en courant... Avant de partir, le Capitaine regarda Ashen.
« Merci, Vice-Amiral.
-C'est mon devoir, affirma Ashen en se faisant l'effet d'un personnage de mauvais holofilm. Je vous l'ai dit, nous sommes tous sur le même vaisseau, chacun doit faire ce qu'il a à faire... Si jamais je ne peux pas embarquer, vous direz au Capitaine Yla de prendre le commandement le temps que Drakkas revienne. Allez-y maintenant, je vous suis. »
Le Capitaine sortit, et de nouvelles déflagrations au-dessus témoignèrent de la destruction semée par les batteries turbo-lasers du Lucrehulk. Ashen respirait de plus en plus difficilement sous l'effet de la peur ; combien de temps encore le vaisseau tiendrait-il...?
Ashen suivit le Capitaine et les autres officiers jusqu'au hangar où attendaient les navettes de sauvetage ; les membres de l'équipage s'y ruaient nerveusement. L'une d'entre elle parvint à décoller, ses réacteurs bleutées furent la dernière chose que Ashen en vit avant qu'elle ne disparaisse dans le champ d'étoiles. Une deuxième, remplie, décolla et partit...
Pourvu qu'ils aient tous le temps d'embarquer à temps...
Il y eut une nouvelle explosion, qui projeta plusieurs officier à terre tant elle fit trembler le vaisseau ; cette fois, Ashen était sûr que le pont de commandement y était passé...
Tout le monde se pressait de plus en plus dans les navettes de sauvetage. La troisième s'éleva dans le hangar des navettes, et partit à son tour. Ashen se sentit un peu mieux, il était presque entré dans la navette qui l'emmènerait loin des Séparatistes.
Mais soudainement, il y eut une une nouvelle explosion assourdissante, juste à côté cette fois ; le Vice-Amiral sentit son cœur sur le point d'exploser à force de battre lorsqu'il se retourna pour voir ce qui s'était passé : le vaisseau avait disparu, la noirceur étoilé de l'espace avait remplacé le couloir qui se trouvait normalement derrière Ashen, le hangar était en flammes...
Dans ses derniers instants, Ashen compris ce qui s'était passé : la dernière salve turbolaser avait fait éclater le Résolu, le brave Résolu qui avait tant souffert de la bataille, et le hangar des navettes partait à la dérive partait à la dérive dans l'espace... Ashen eut encore le temps de regarder ses compagnons, aussi pétrifiés de terreur que lui en ces ultimes minutes... Ils étaient en train de mourir!
Ils étaient en train de mourir!
Non, c'était impossible, ça ne pouvait pas être en train d'arriver! Il ne pouvait pas être en train de mourir! Ashen réalisa brusquement qu'inconsciemment, il n'avait jamais vraiment assimilé l'idée qu'il était mortel...
Il fut soudain envahi par un froid si grand qu'il n'aurait jamais cru qu'il était possible de le ressentir, sa bouche s'ouvrit pour respirer comme Ashen l'avait fait durant quarante-deux ans... Et ne trouva pas d'air. Pas d'air! Il allait mourir, mourir comme tant d'autres aujourd'hui!
C'est impossible! Je vais me réveiller! hurlait une voix en lui...
Et pourtant si, c'était ce qui était en train d'arriver. Il cessa de chercher vainement de l'air, il se calma, car il n'y avait plus rien à faire...
Adieu, Général Drakkas, adieu Capitaine, adieu mon amour, adieu Tal... Fais mieux que ton papa, moi, j'ai fait ce que je pouvais... Ce fut sa dernière pensée, alors que son corps, comme celui de ceux de ses hommes qui n'étaient pas partis à temps, s'éloignait de l'épave pour dériver dans l'espace, pour rejoindre les étoiles...
Il avait froid.
Si froid.

Rien n'y faisait. Gorlan et les Super Droïdes avaient beau mitrailler la coque de la navette où s'étaient réfugiés les derniers survivants, sa coque tenait bon et ses moteurs étaient manifestement sur le point de la faire décoller... Si seulement ces clones ne les avaient pas retenus... Néanmoins, Sev'rance ne pouvait s'empêcher d'admirer leur attitude, même s'ils étaient ses adversaires, même si leur attitude la desservait.
L'espace d'un instant, Sev'rance songea qu'un Jedi comme Jor Drakkas aurait sûrement laissé s'échapper la navette... C'était une attitude admirable de renoncer ainsi à une partie de ses propres forces pour ne pas enfreindre les règles qu'on s'était fixé, et c'était ce que faisait parfois Sev'rance ; quoi qu'en disent le Comte Dooku et les préceptes Sith, obéir aux règles qu'on s'était soi-même fixé était la seule véritable forme de liberté, car sans cela, les actions d'un être conscient ne faisaient qu'obéir à des circonstances et à des désirs sur lesquelles il n'avait aucun contrôle conscient... Mais cette fois, Sev'rance, contrairement aux Jedi, irait jusqu'au bout, parce que elle, elle admettait que même si ce vaisseau et ses passagers ne représentaient pas de menace directe et immédiate pour elle, ils pouvaient en devenir une à long terme, pour elle ou pour n'importe quel autre Séparatiste, par exemple en rapportant les évènements d'Eredenn à Isard...
Les réacteurs de la navette se mirent en marche, et elle s'éleva dans les airs sous les tirs des droïdes, emportant les derniers survivants Loyalistes.
La Jedi Noir sortit son comlink et contacta le Capitaine Shray'lya, sur la Suprématie ; les Loyalistes devaient s'imaginer qu'ils étaient tirés d'affaire, à présent qu'ils avaient décollé... Elle allait les détromper, leur montrer qu'on échappait pas à Sev'rance Tann...

« On va s'en sortir, murmura le clone assis aux commandes.
Kraen Weest respirait déjà mieux alors qu'il regardait défiler le paysage enneigé au-dessous de lui ; ils allaient survivre, les chasseurs-vautours ne seraient pas assez rapides pour les rattraper avant qu'ils n'aient quitté l'atmosphère... Pourtant, il continuait à se demander comment il allait annoncer son échec à Isard... Mais peu importait, finalement ; quoi qu'en dise Isard, la première chose qu'il ferait en rentrant sur Coruscant serait de démissionner des services de renseignements... La vie ne valait plus la peine d'être vécue dans l'enfer des grandes batailles comme Eredenn, et il en verrait d'autres s'il ne changeait pas de métier...
Ainsi pensait-il en regardant la navette s'élever dans le ciel bleu clair pour rejoindre l'espace...
« Ont-ils lancé des chasseurs pour nous intercepter? demanda-t-il aux clones à présent que la pression de la peur se relâchait un peu.
-Non, pas encore, Commandant ; peut-être qu'ils ont laissé tomber l'idée de nous intercepter... De toutes façons, dans deux minutes, nous sommes en orbite... Attendez une seconde, qu'est-ce que c'est que ça?
-Qu'y-t-il? demanda Kraen, ses inquiétudes refaisant brusquement surface, peut-être pour rien.
-Je détecte une énorme masse juste au-dessus de nous, on ne peut pas quitter l'atmosphère! Attendez une seconde... C'est leur Frégate Munificent, elle est juste au-dessus de nous! Et elle perd de l'altitude, vite, il faut redescendre! »
Kraen, son cœur se remettant à battre la chamade, vit la navette redescendre brusquement dans le ciel pour se rapprocher du sol enneigé... Par la verrière, il apercevait l'ombre immense et oppressante de la Frégate qui tombait sur eux...
« Vite, il faut s'éloigner de cette maudite Frégate! affirma nerveusement le pilote clone.
Lorsqu'il se fut assez rapproché du sol pour être sûr de ne pas être écrasé par la Frégate, il réorienta le vaisseau pour sortir de son ombre et remonter ; mais Kraen savait que c'était peine perdue, la Jedi Noire les aurait dominé du début à la fin, ils étaient condamnés...
-Ils lancent leurs chasseurs-vautours! prévint un deuxième clone, qui s'occupait des détecteurs.
Il fallut du courage à Kraen pour oser regarder l'écran tactique ; les chasseurs vautours sortaient des différents hangars de la Frégate Munificent, et eux, ils étaient juste en-dessous... Ils s'abattaient sur la navette comme un rideau qui tomberait de la Frégate, les encerclant sans espoir...
La navette trembla sous un impact et Kraen sut qu'il était déjà mort... D'autres impacts vinrent, et il vit la silhouette acérée de l'un des chasseurs ennemis par la verrière ; la navette n'était pas armée, et il le savait très bien... Elle n'avait probablement même plus de boucliers, avec le nombre de tirs qu'elle avait essuyé...
-Attendez, dit le pilote d'un ton plus nerveux que jamais, j'ai encore quelque chose pour eux...
Il fit brutalement pivoter la navette à quatre-vingt-dix degrés, et un craquement affreux confirma que la navette avait heurté le chasseur-vautour, le réduisant probablement en miettes ; la navette aussi devait être gravement endommagée, mais apparemment pas assez pour l'empêcher de voler.
Kraen ne reprit pas espoir pour autant alors que la navette recommençait à voler, s'émancipant du rideau de chasseurs-vautours et de l'ombre de la Frégate, c'était perdu et il le savait... Il se demanda vaguement comment ce serait de mourir et de ne plus exister...
Il y eut un nouvel impact à l'arrière.
-Ils nous poursuivent! hurla un clone en faisant remonter l'appareil en flèche, manœuvre qui aurait probablement effrayé Kraen en d'autres circonstances.
Voyant qu'il parviendrait à portée des turbolasers de la Frégate Munificent s'il persévérait, le pilote ramena le vaisseau à l'horizontale.
-Ils sont toujours derrière nous... murmura-t-il. Mais j'ai peur que... Aïe, nos réacteurs ont été salement touchés quand j'ai détruit le chasseur-vautour, tout à l'heure ; priez pour que ça tienne... »
Qu'on en finisse, pensa Kraen, qu'ils nous tuent ou que nous nous échappions, tout plutôt que de rester comme ça, dans la peur, le doute et le désespoir...
Le vaisseau passa quelques longues minutes encore à filer dans le ciel bleu, survolant des montagnes enneigées, jusqu'à ce que Kraen sente qu'il perdait à nouveau de l'altitude...
-On redescend, remarqua-t-il avec un effort pour dissimuler sa panique, même si cela ne servait plus à grand chose au point où ils en étaient.
-Je sais... Le réacteur droit est en train de nous lâcher... »
Le vaisseau ralentissait en plus de perdre de plus en plus d'altitude, Kraen voyait défiler de plus en plus nettement les forêts enneigées en-dessous du vaisseau, et il les voyait de plus en plus proches... Bientôt il pourrait presque toucher la cime des plus hauts conifères...
« Ils nous rattrapent! cria le pilote clone, sa terreur à présent clairement perceptible. Ils vont... Non! »
Le bruit d'une dernière explosion emplit les oreilles de Kraen, il ressentit la chaleur des flammes juste derrière lui, et il sut que la poupe du vaisseau avait été détruite ; l'espace d'un instant, il vit, terrifié, le cockpit plonger vers les arbres enneigés, les heurter avec une violence stupéfiante, il vit les troncs des conifères transpercer la verrière, il se sentit projeter vers l'avant avec les clones... Il heurta le sol, et sentit dans tout son corps le hurlement d'une douleur si grande qu'il semblait incroyable qu'il n'explose pas ; tous ses membres étaient cassés, il en avait la certitude, allongé dans la neige entre les sapins et conscient qu'il ne se relèverait jamais... A côté, les arbres ployaient sous le poids de la navette en flammes, et ils finirent par céder, elle s'effondra à côté dans un fracas effroyable, et l'incendie envahit tous les arbres alentours, illuminant la neige de lueurs orangées...
Tous les arbres, et tous les corps à terre.
Kraen trouva encore l'énergie de hurler de douleur et de peur en voyant et en sentant les flammes commencer à dévorer ses jambes ; il brûlait vif! Il allait mourir dévoré par les flammes! Jamais il n'aurait imaginé qu'une souffrance aussi grande existait, chaque millimètre carré de son corps hurlait, suppliait pour que tout cela prenne fin, et Kraen entendait d'autres hurlements à proximité, dans la forêt enflammée, ceux des soldats clones qui avaient survécu à la chute du vaisseau et étaient comme lui paralysés au sol, brûlant lentement...
Kraen voyait les flammes remonter le long de son corps, il sentait l'explosion de douleur à mesure qu'elles progressaient ; il allait mourir, cela ne faisait aucun doute, mais si seulement il pouvait mourir plus vite! Il ferait n'importe quoi pour échapper à cela, c'était absolument insupportable mais il n'y avait rien à faire maintenant... Il aurait peut-être dû commencer par ne pas s'engager dans les renseignements...
La mort serait pour lui un soulagement ; il échapperait à la souffrance, à la guerre, il échapperait à cet enfer où tant d'hommes à travers la Galaxie se consumaient lentement pour finir dans le froid de l'espace ou dans le feu d'un brasier...
Mais la mort se fit attendre ; Kraen et plusieurs autres survivants du crash passèrent trois minutes à brûler vifs dans la neige, à hurler de douleur et de terreur, jusqu'à ce qu'enfin les flammes atteignent leur cœur et leurs poumons ; la souffrance fut alors pire que jamais, la dernière qu'ils connurent, le bouquet final.
La dernière pensée consciente de Kraen consista à maudire le responsable de la Guerre des Clones, quel qu'il soit.

Le chasseur-vautour qui avait intercepté la navette survola encore le site du crash pendant quelques minutes, ses détecteurs surveillant la situation, observant de haut l'incendie autour de l'épave noircie et coupée en deux de la navette par laquelle les Loyalistes avaient crû s'échapper, le feu dans la neige. Puis, lorsque ses détecteurs lui eurent appris tout ce qu'il était programmé pour vouloir savoir, il repartit tout en envoyant son rapport à la Suprématie :
VAISSEAU ENNEMI INTERCEPTÉ ET DÉTRUIT.
AUCUN SURVIVANT DÉTECTÉ.
MISSION ACCOMPLIE.
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 9:50, modifié 2 fois.
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Messagepar Den » Lun 15 Fév 2010 - 10:40   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Waho! Tu as été productif! :lol:
J'ai vraiment passé un bon moment avec ce nouveau chapitre!
Tu prends bien le temps de faire évoluer ton histoire et tes personnages, tu décris parfaitement les situations, et l'histoire est vraiment plaisante à lire!
Tu as su insuffler un petit côté épic à ce chapitre, je trouve!
Je n'ai donc rien à redire sur ton histoire, je suis comblé!

Bonne continuation! :)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Lun 15 Fév 2010 - 11:33   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Oui, j'avoue que je suis particulièrement fier de ce chapitre, écrit tout en écoutant Rammstein en boucle (pas de John Williams sous la main, pour des raisons un peu compliquées :transpire: ); je précse que chez moi aussi, il neige, en ce moment :lol:
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Messagepar Den » Lun 15 Fév 2010 - 11:45   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

écrit tout en écoutant Rammstein en boucle
Aaaaah! De la bonne musique! :D
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Lun 15 Fév 2010 - 11:48   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Den a écrit:
écrit tout en écoutant Rammstein en boucle
Aaaaah! De la bonne musique! :D


Oui^^ Nebel convenait particulièrement bien à ce chapitre, je trouve^^

Conseil à tous les auteurs de fan-fics, essayez d'écrire tout en écoutant de la musique (John Williams, c'est encore l'idéal, dans notre profession^^), je vous assure que ça aide^^
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Messagepar Notsil » Lun 15 Fév 2010 - 12:36   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Oh un bon gros chapitre ^^ Avec des morts :( Et des utilisateurs de la Force assez impressionnants ;)

J'ai relevé 2-3 ptits trucs :

Cela faisait quinze ans qu'il faisait ce métier

-> 2 "faisait" (le 2ème aurait pu être remplacé par "exerçait"), 1 "cela", bref, des trucs un peu moche :p Y'en a + au début de ton texte, on dirait qu'en avançant tu trouves plus facilement tes mots ^^
Y'a aussi de nombreux "mais", je pense que si on les comptait on serait impressionnés ;)

C'était une chance que la pyramide est une constitution aussi labyrinthique

-> soit ou ait et non "est", je suppose ?

Mais les droïdes-araignées ne sont-ils pas amphibies, justement?
-J'y ai déjà pensé, mais rassurez-vous; le fleuve est en partie gelé, ils ne peuvent pas le traverser, d'une façon ou d'une autre.

->je ne vois pas pourquoi ils ne peuvent pas le traverser, si justement ils sont amphibies...en nageant et en marchant sur les plaques de glace, c'est bien la définition d'amphibie de pouvoir aller sur terre et dans l'eau ?

Kraen et plusieurs autres survivants du crash passèrent trois minutes à brûler vifs dans la neige

->le "3 min" fait un peu "je chronomètre combien de temps ils mettent à mourir " ^^ ; quant à brûler dans la neige, heu...ils restent bien immobiles ou ils se tordent de douleur et "s'éteignent" grâce à la neige ? ^^ (quittes à mourir des suites de leurs blessures / brûlures ^^).

Bon courage pour la suite :p
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Lun 15 Fév 2010 - 15:16   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Avec des morts :(


Eh oui, c'est un chapitre particulièrement violent... M'enfin, pour Kraen Weest, tu devais quand même t'y attendre un peu; comme Ziath Ra et ses amis, il était là seulement pour se faire tuer par Sev'rance^^ Idem pour les sept mercenaires ( :lol: ) avec Jor Drakkas, ils étaient là pour qu'il puisse démontrer qu'il n'est, pour reprendre l'expression de mon ami Rodien, "pas n'importe quel Jedi", c'est un grand maître sabreur courageux et intelligent; quelque part, je veux aussi montrer qu'il a aussi beaucoup de points communs avec Sev'rance, comme elle, il est pragmatique, loyal, intelligent, et il a du mal avec les usages de la Force les moins matériels, car l'un comme l'autre ont un esprit très rationnel. La différence, c'est que Jor n'a pas eu le parcours chaotique que j'expose dans les chapitres "flash-back" de Sev'rance Tann, il a grandi dans la paix et la sécurité au sein de l'Ordre Jedi.

Quant au Vice-Amiral Ashen, je devais l'écarter pour les besoins de l'histoire, alors... Disons que j'ai voulu mettre en valeur le personnage avant qu'il s'en aille, quoi, que mon lecteur sache ce qu'il se passe dans la tête d'un commandant Loyaliste qui choisit de se mettre en danger pour protéger ses hommes; et puis, je trouvais que ça manquait de batailles spatiales par rapport à En Chute Libre dans les Ténèbres^^

-> 2 "faisait" (le 2ème aurait pu être remplacé par "exerçait")


Aïe, en effet, je vais rectifier^^

Y'en a + au début de ton texte, on dirait qu'en avançant tu trouves plus facilement tes mots ^^


En effet, ce qui est dur, c'est de commencer, une fois que je suis dans mon délire (de préférence avec une bonne musique de Rammstein ou de John Williams dans les oreilles^^), ça va tout seul^^

Y'a aussi de nombreux "mais", je pense que si on les comptait on serait impressionnés ;)


Je sais, mais bon... La seule alternative, ce sont les "cependant", "néanmoins", "toutefois"; ça fait très bien au début d'une phrase dans une argumentation, mais je trouve ça franchement lourd au milieu d'une phrase dans une description...

(Et hop, deux "mais" de plus^^)

-> soit ou ait et non "est", je suppose ?


Faute d'étourderie, j'ai honte^^

->je ne vois pas pourquoi ils ne peuvent pas le traverser, si justement ils sont amphibies...en nageant et en marchant sur les plaques de glace, c'est bien la définition d'amphibie de pouvoir aller sur terre et dans l'eau ?


Et paf :paf:

Oui et non, au moment où j'ai écrit ça, je considérais que la configuration des droïdes-araignées ne leur permettait de passer de l'eau à la terre que dans une eau qui ne soit pas encombrée par d'énormes plaques de glace, comme on le voit dans ROTS; leurs pattes ne sont pas vraiment faites pour marcher au fond de l'eau et ensuite remonter sur des blocs de glace... Mais ta remarque est quand même justifiée, car finalement, Sev'rance utilise effectivement les capacités amphibies de ses droïdes pour surprendre les Loyalistes; à rectifier, donc.

->le "3 min" fait un peu "je chronomètre combien de temps ils mettent à mourir " ^^ ; quant à brûler dans la neige, heu...ils restent bien immobiles ou ils se tordent de douleur et "s'éteignent" grâce à la neige ? ^^ (quittes à mourir des suites de leurs blessures / brûlures ^^).


Maintenant que tu m'y fais penser, je vais plutôt dire "au milieu de la neige", ce sera plus explicite; en effet, je considère que la navette enflammée a créé un incendie si grand et si vif qu'il n'y a en fait plus de neige autour des survivants, elle a déjà fondu sans suffire à éteindre le feu pour autant. je voulais absolument jouer sur le contraste, mais bon^^
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Messagepar Notsil » Lun 15 Fév 2010 - 20:09   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Je sais, mais bon... La seule alternative, ce sont les "cependant", "néanmoins", "toutefois"; ça fait très bien au début d'une phrase dans une argumentation, mais je trouve ça franchement lourd au milieu d'une phrase dans une description...

Disons que ce sont plus les "mais" inutiles auxquels je pensais ; typiquement, on utilise beaucoup ce mot pour donner du punch à l'action, alors que "puis", "ensuite", "au lieu de quoi"... ou parfois juste un changement dans la ponctuation, suffit aussi ^^
Bon après c'est aussi une vendetta personnelle :p

Pour la neige, si tu précises qu'en effet l'explosion a crée une zone sans neige, ça les empêchera de s'éteindre ^^ (après, vu la douleur, ils doivent vraiment être mal en point pour ne pas réussir à se trainer sur les quelques mètres nécessaires à leur survie ^^).
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Jeu 18 Mar 2010 - 17:31   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

On attaque ce qui devrait être le chapitre 8; il s'agit à nouveau d'un chapitre flash-back, c'est le premier qui soit suffisamment long pour que je prenne la peine de le découper en passages. Il faudra que j'essaye de l'équilibrer avec le chapitre 6, abominablement court... Enfin bref, bonne lecture :wink:
Chapitre VIII



An -26

Incapable de trouver une autre façon d'agir, Sev'rance avait choisi à contrecœur d'obéir au Colonel Zarden ; elle était sûre qu'elle travaillait à mener l'armée Chiss dans une débâcle majeure, mais que faire d'autre? Si elle refusait d'exécuter ses ordres, Zarden trouverait quelqu'un d'autre et la traduirait en cours martiale. Et cela, il n'en était pas question ; jamais, plus jamais elle ne devait être accusée de trahir les Chiss, elle voulait absolument qu'on garde d'elle l'image de quelqu'un qui s'était battu jusqu'au bout pour la cause qu'elle défendait, qu'on sache qu'elle avait été rejetée à tort...
C'était ainsi qu'elle s'était retrouvée là, dans cette caverne de Tehirahs où elle tremblait de froid, en compagnie des quinze autres fantassins Chiss envoyés avec elle pour saboter le générateur de bouclier sud des Kryshzla pour permettre à la flotte Chiss de bombarder la planète ; seul le bruit émis par les gouttes d'eau et par leurs propres pas assurait aux voyageurs qu'ils n'avaient pas perdu l'ouïe...
« On ressort bientôt? demanda le sergent Lat'oira'tann dans un murmure, comme s'il craignait de s'attirer la fureur du silence qui régnait ici depuis tant d'années.
-Demain, normalement, répondit à la place de Sev'rance le Lieutenant Tav'andalo'rorgia, le tireur d'élite du Colonel Zarden. Pourquoi?
-Je ne sais pas, ça me rend malade de savoir qu'il y a des montagnes entières juste au-dessus de nos têtes... En plus, c'est étroit, pas vraiment l'idéal si on veut pouvoir s'échapper...
-Mais c'est justement pour ne pas croiser de Kryshzlas que nous passons par là, rappela Sev'rance. Nous avons de la chance que le Colonel Zarden connaisse ce passage souterrain et pas eux...
-Peut-être qu'ils le connaissent, justement, remarqua Toirat, et qu'ils nous attendent...
-Ils auraient fait tout cela pour intercepter deux escouades de fantassins Chiss? Ça ne tient pas debout...
-Je sais, mais... Enfin, laissez tomber ; je n'aime pas les endroits étroits et souterrains, c'est tout.
-Franchement, sergent, si vous tenez à vous inquiéter de quelque chose, inquiétez-vous plutôt de savoir si le générateur de bouclier sera bien à l'emplacement prévu...
-Pourquoi? demanda Vandalor, sa voix grave résonnant dans la caverne.
-Parce que je ne sais pas vous, mais moi, j'ai trouvé que le Colonel Zarden avait appris un peu trop facilement l'emplacement de leurs générateurs de boucliers ; et je trouve aussi un peu risqué de nous jeter comme cela dans une grande bataille finale... Il y a sûrement un piège quelque part ; je ne sais pas où, mais il y en a un...
-Pourquoi avez-vous accepté cette mission, alors?
-Parce que je n'avais pas le choix!
-Oh si, vous l'aviez... affirma Vandalor d'un ton véhément. Vous auriez pu flinguer Zarden dans son bureau et vous enfuir... Ou rejoindre les Kryshzlas.
Sev'rance cessa de marcher et se retourna brusquement ; l'expression du tireur d'élite était aussi dure qu'à l'ordinaire, il n'y avait pas trace d'un sourire...
-Vous plaisantez? demanda-t-elle cependant. Parce que vous parlez de trahison, là...
-Je ne plaisante pas, et je n'essaye pas non plus de vous inciter à trahir ; je vous explique que vous aviez le choix, et que vous avez préféré mener cette mission, c'est tout.
-Bon... Vu comme cela, oui, j'avais le choix ; mais je préfère encore mener une mission vouée à l'échec que de trahir mon peuple. Maintenant, dépêchons-nous, il faut que nous soyons ressortis demain, quand même ; et laissez-moi vous dire que une fois à l'air libre, ça va être coton, les Kryshzla vont nous mener la vie dure...
-Pourquoi? demanda Toirat. Vous l'avez dit, si c'est un piège, ce n'est certainement pas pour tuer seize soldats Chiss ; ils doivent donc espérer que nous parviendrons jusqu'au générateur...
-Oui, mais nous n'avons pas forcément besoin de tous y arriver... A leur place, je ferais tuer la plupart d'entre nous pour ne pas que cela semble trop facile...
-En tous cas, vous, vous en sortirez, Lieut... Euh, Capitaine. Je n'ai jamais vu ni de soldat ni d'officier terrestre Chiss aussi brillante, et je suis sûr que le Haut Commandement n'en connaît pas beaucoup non plus... Si nous nous en sortons, ils vous nommeront sûrement à la place de Zarden.
Sev'rance apprécia le compliment et sourit aimablement.
-Merci, mais que je sois plus douée que vous ou pas, vous êtes quand même mes hommes, nous combattons ensemble, vous êtes sous ma responsabilité, et je ne veux pas voir un seul d'entre vous tué par les Kryshzla.
-Je sais bien, Capitaine ; c'est bien pour cela que je suis content d'être sous vos ordres. »
Les raisons pour lesquelles Sev'rance voulait perdre le moins d'hommes possibles étaient en fait plus compliquées que cela : d'abord, ils avaient été les seuls à lui faire entièrement confiance depuis ses douze ans ; ensuite, elle avait toujours cette mystérieuse intuition qui faisait d'elle une combattante exceptionnelle, bien meilleure que ses camarades, et pour cette raison, elle s'en sentait responsable. Elle ignorait d'où lui venait ce don, mais ce qu'elle savait, c'est qu'il n'était pas juste qu'elle le possède et pas les autres, elle essayait donc de le mettre au service de ses camarades autant que possible ; les injustices qui lui étaient favorables la dérangeaient presque autant que celles qui lui étaient nuisibles... Elle haïssait l'injustice d'où qu'elle vienne et qui qu'elle concerne, c'était tout.
Les seize soldats Chiss poursuivirent leur chemin dans la caverne toute la journée durant. Sev'rance comprenait que cet endroit effraye Toirat, ils n'y voyaient pas à trois mètres avec leurs lampes, ils passaient d'immenses salles à d'étroits couloirs comme celui-ci, ils pourraient difficilement s'enfuir, piégés comme ils l'étaient sous les montagnes ; c'était ce qu'en disait sa part rationnelle, mais une autre partie d'elle-même n'était pas d'accord. Une autre part d'elle-même aimait à penser qu'ils étaient enfin seuls ici, loin des civilisations comme les Chiss ou les Kryshzla et de leur barbarie ; cette autre part d'elle-même se plaisait à penser à l'ancienneté de ces cavernes, à imaginer les mystérieux êtres qui pouvaient s'y tapir, oubliés de toute la Galaxie depuis des millénaires... Oui, quelque part, elle avait envie de rester ici et d'envoyer promener les Chiss, les Kryshzlas et leur guerre ; mais elle ne le ferait pas, parce qu'elle avait un devoir.
Alors que le soir devait probablement tomber à la surface, les fantassins Chiss débouchèrent sur une salle aux dimensions plus que respectables ; ils voyaient à peine le plafond tant il était haut.
« Ça va mieux, sergent? demanda Sev'rance avec un sourire.
-C'est déjà mieux, oui, répondit Toirat, arborant lui aussi un sourire amusé.
-Bien... On va s'arrêter là pour aujourd'hui, il faut que nous dormions ; je voudrais partir avant que le soleil ne soit levé demain, au cas où les Kryshzla nous prépareraient une mauvaise surprise. On se répartit de façon espacée dans la salle, comme d'habitude, ça nous donnera plus de temps pour réagir si nous avons une mauvaise surprise pendant la nuit...
-A vos ordres. »
Sev'rance n'avait pas besoin de leur dire de garder leurs charrics à portée de main, la plupart combattaient sur Tehirahs depuis aussi longtemps qu'elle ; la jeune femme Chiss s'allongea dans un coin de la salle. Le sergent Prard'alk'ieraglio, une Chiss peu bavarde mais fiable à sa gauche, et Vandalor, à sa droite, étaient les plus proches s'il arrivait malheur.
Vandalor... Il ne faisait pas partie des fantassins habituellement sous le commandement de Sev'rance, et ce nouveau venu l'intriguait ; Sev'rance avait pensé que Zarden l'envoyait avec elle peut-être pour la surveiller en plus de l'aider, mais son allusion à la possibilité que Sev'rance avait de trahir disait clairement le contraire... En fait, c'était peut-être même l'inverse ; Zarden avait pu considérer que Vandalor serait utile pour saboter le bouclier, mais qu'il faudrait le placer sous les ordres d'une Capitaine à la loyauté sûre comme Sev'rance...
S'était-il trompé?
Sev'rance se considérait, voulait se considérer en fait, comme un officier entièrement loyale à l'Ascendance Chiss, comme la preuve que non, tous les Sev n'étaient pas des traîtres ; et pourtant, elle devait admettre qu'elle avait du mal à se sortir les paroles de Vandalor de la tête... C'était vrai, après tout, pourquoi restait-elle parmi ce peuple qui se méfiait d'elle depuis ses douze ans et dont un officier venait de lui donner un ordre complètement idiot? La loyauté et la volonté de défendre son peuple étaient ancrés en elle depuis si longtemps qu'elle n'avait jusque là que rarement envisagé les choses sous cet angle, mais il fallait reconnaître que le Haut Commandement Chiss aurait bien mérité qu'elle le trahisse... Mais non. D'abord, elle ne devait pas confondre les agissements de quelques incompétents comme le directeur de la DSFC, Hess'arga'nuruodo, et l'intérêt de son peuple ; ensuite, en trahissant, elle ne ferait que démonter qu'ils avaient raison depuis le début, et cela, il n'en était pas question...
Mais obéir aux ordres de Zarden, alors que lui-même reconnaissait que ce plan était extrêmement risqué, n'était-ce pas déjà une sorte de trahison? Elle trahissait les Chiss, parce qu'elle cautionnait une stratégie qui les mènerait à la débâcle, et elle trahissait aussi ses compagnons d'armes en les menant dans une mission qui serait à coup sûr mortelle pour plusieurs d'entre eux...
La jeune femme se tourna vers la droite ; Vandalor ne paraissait pas dormir non plus. Elle se rapprocha discrètement de lui.
« Lieutenant? appela-t-elle dans un murmure.
Vandalor se tourna vers elle.
-Qu'y-a-t-il, Capitaine?
-Nous sommes seuls, personne ne nous entend, je pense... Alors je voudrais votre avis, et répondez moi franchement : qu'est-ce que vous, vous pensez de cette mission? Est-ce que vous croyez que j'aurais dû désobéir au Colonel?
-Je ne sais pas, Capitaine. Vous avez peut-être raison, peut-être qu'on nous envoie dans un piège... Mais en ce qui me concerne, je m'en fiche, si je réussis à m'en sortir quand même ; d'ailleurs, si c'est un piège, on peut penser qu'ils nous laisseront quand même aller jusqu'au générateur, non?
Ces propos choquèrent Sev'rance; c'était la première fois qu'elle entendait un Chiss dire de façon aussi franche, aussi simple, sur un ton presque banal, qu'il se fichait de la victoire de son peuple. Les Chiss respectaient avant tout l'honneur et la loyauté ; un ennemi loyal à sa propre cause méritait pour eux presque autant de respect qu'un des leurs, même si c'était un ennemi. En fait, les Chiss avaient tendance à mépriser les autres peuples justement parce qu'ils ne faisaient pas preuve de cette même loyauté implacable envers la cause qu'ils défendaient, quelle qu'elle soit.
-Vous vous fichez donc de savoir si nous allons l'emporter ou pas sur les Kryshzla? demanda Sev'rance, espérant encore avoir mal compris.
-Ce que j'espère, c'est que je ne vais pas y passer ; pour ce qui est de la victoire des Chiss... Franchement, peu importe. Nous sommes un peuple parmi d'autres, celui dont je suis issu, mais cela n'a pas d'importance, c'est un accident, je ne l'ai pas choisi ; alors tous ces beaux idéaux sur la loyauté et l'honneur, j'en ai eu plus que ma part.
Plus Sev'rance parlait avec le tireur d'élite, plus elle trouvait ses propos choquants, surtout pour un Chiss...
-Je ne comprend pas... C'est justement le fait de défendre une cause jusqu'au bout qui fait notre supériorité...
Et c'est comme cela que j'arriverais à être reconnue comme un officier loyal et compétent, c'est comme cela qu'on reconnaîtra que le directeur Sargan m'a jugée trop vite, entre autres... ajouta mentalement Sev'rance.
-Vraiment? répliqua Vandalor d'un ton cynique. Écoutez, mon père est mort dans une bataille il y a bien des années, quand j'étais enfant ; ce n'est pas que j'y tenais beaucoup, il était très strict, mais vous savez pourquoi il est mort? Parce qu'il voulait rester fidèle au principe Chiss de ne pas attaquer le premier, d'attendre de voir s'il n'y a pas une autre solution que le combat... Alors que le vaisseau en face, même si nous n'étions pas en guerre, était clairement bien armé et dangereux ; mon père et tout l'équipage de son vaisseau ont perdus jusqu'à leurs vies plutôt que d'enfreindre les beaux principes des Chiss... Qu'y-a-t-il de si admirable là-dedans? Qu'est-ce qui peut être si précieux qu'on nous apprenne à le placer au-dessus de la vie, même de la notre ?
« Et nous, nous allons peut-être mourir pour obéir aux ordres d'un Colonel qui n'y croit pas lui-même... Sincèrement, je vous aime bien, Capitaine Tann, vous êtes intelligente, courageuse, on sent que vous tenez à nous, et vous êtes même très belle ; mais ne soyez pas naïve... Si vous tenez à servir les Chiss, ça vous regarde, mais n'oubliez pas que vous aussi, vous avez le droit de survivre... Et de les servir à votre manière. Si vous devez obéir au Colonel, faites-le parce que vous pensez que c'est la meilleure chose à faire, pas à cause de valeurs abstraites qu'on vous a inculquées.
Sev'rance était de plus en plus troublée ; vu comme cela, les propos de Vandalor n'étaient pas si idiots... Et aussi choquants soient-ils, elle trouvait paradoxalement intéressant, et même agréable, de converser avec quelqu'un dont la pensée différait autant de la sienne...
-Tout cela ne répond pas à ma question ; est-ce que vous pensez que nous devrions désobéir?
-Pas si vous n'avez rien de mieux que les ordres du Colonel à nous proposer ; sinon... Faites ce que vous voulez, assez de sang a déjà été versé comme cela au nom de tous les beaux principes Chiss... En tous cas, moi, je ne vois pas ce que nous pourrions faire d'autre pour l'instant que de saboter ce foutu générateur ; mais si vous avez une meilleure idée, ne vous empêchez pas de la suivre sous prétexte que ce ne sont pas les ordres du Colonel, d'accord ?
-Je ne sais pas comment vous faites, Lieutenant...
-Appelez-moi Vandalor.
-Comme vous voudrez. En tous cas, je ne comprend vraiment pas comment vous pouvez vivre comme cela, sans vous soucier de rien d'autre que de vous-même... Moi, j'ai besoin de servir quelque chose de plus grand que moi-même ; mon peuple, ses principes... N'importe quoi, mais quelque chose. Je dois penser en-dehors de moi-même, espérer quelque chose, imaginer, aimer... Je ne suis rien sans cela !
Vandalor eut un rire étouffé.
-Capitaine...
-Appelez-moi Sev'rance.
-Sev'rance, j'ai vu assez de gens mourir et j'ai assez frôlé la mort moi-même pour savoir combien ma propre vie est précieuse! On avait pas mal de problèmes sur le colonie où j'ai grandi, surtout après la mort de mon père... J'ai appris à tirer bien avant de m'engager dans l'infanterie Chiss.
Sev'rance se demanda ce que Vandalor faisait dans l'infanterie Chiss s'il était si attaché à sa propre survie...
-Moi non... En fait, ma famille a longtemps été très puissante, et je rêve depuis aussi longtemps que je me souvienne de combattre dans la flotte Chiss ; après cela, mon oncle et mon grand-père se sont retrouvés impliqués dans un scandale, et nous avons perdu toute influence, mais je n'ai pas cessé un seul instant de vouloir me mettre au service des Chiss, de préférence par une carrière militaire... En fait, je crois que je n'en ai jamais eu autant envie que depuis que ma famille a été écartée du pouvoir... Je n'ai pas pu m'engager dans la flotte, peut-être parce que les recruteurs se méfiaient de moi connaissant mon passé, mais j'ai toujours voulu me rendre utile, d'une façon ou d'une autre, bien plus que je ne veux survivre...
Sev'rance se rendit brusquement compte qu'elle en disait peut-être trop long sur elle-même à cet étrange soldat Chiss ; mais lui-même semblait lui faire confiance, et... Et elle aimait lui parler, elle aimait parler de tout ce qu'elle avait enduré, si incompréhensible que soit son interlocuteur... Quelque part au fond d'elle-même, elle se disait que si elle devait être tuée demain, ou dans n'importe quelle autre bataille, il faudrait qu'au moins une personne ait compris ce qu'elle ressentait, même un soldat Chiss aux valeurs diamétralement opposées aux siennes...
Vandalor reprit :
-Ça vous regarde, Sev'rance... Moi, j'ai assez entendu parler comme cela d'honneur, de loyauté, de générosité, et assez vu à quel point ces valeurs sont creuses, subjectives, dénuées de sens... Mais si vous voulez absolument servir les Chiss même au prix de votre vie, c'est votre choix ; encore faut-il le faire intelligemment... Combattre de votre mieux, c'est servir les Chiss intelligemment ; mourir en obéissant à des ordres idiots, non.
-Vous pensez donc que je devrais désobéir?
-Pas forcément. D'abord, parce que vous vous trompez peut-être, vous ne pouvez pas être sûre que c'est un piège ; ensuite, parce que ce n'est pas tout de savoir qu'un plan est bidon, encore faut-il en avoir un meilleur à proposer...
Ce qu'il disait rejoignait la conviction de Sev'rance...
-Une dernière chose, Vandalor. Que pensez-vous de moi, honnêtement? Est-ce que vous pensez que je suis dingue de me dévouer autant à une cause?
Vandalor mit un peu de temps à répondre.
-Vous voulez que je sois vraiment franc? Oui. Je ne vous comprend pas, vous êtes encore plus cinglée que la plupart des autres Chiss, je ne vois pas comment une personne sensée peut être prête à mourir pour servir son peuple ; c'est votre cas, n'est-ce pas? Mais... Je ne sais pas, vous m'intriguez, justement ; je pense que vous avez tort de vous soucier aussi peu de vos propres intérêts, mais quelque part... C'est admirable. Et puis, vous êtes vraiment la personne la plus courageuse, la plus intelligente et la plus loyale que je connaisse ; je suis sous vos ordres depuis peu de temps, mais j'en ai assez vu et entendu pour le savoir. Et bien sûr, le fait que vous soyez belle ne gâte rien...
Ce dernier compliment toucha particulièrement Sev'rance ; elle se savait belle, mais d'ordinaire, on la jugeait si vite trop centrée sur sa carrière et son dévouement à la défense des Chiss que bien peu prenaient vraiment la peine de s'intéresser à elle... Jusque là, elle n'avait entretenu que deux relations sexuelles, la première, qui avait peu duré, avec un camarade de classe lorsqu'elle était étudiante, la seconde avec une pilote de chasse du nom de Hess'afe'rajaldo, qu'elle avait réellement aimé et dont elle avait été réellement aimée... Jusqu'à ce qu'elle soit tuée sur une mystérieuse planète aquatique sous la tyrannie des Kryshzlas. Sev'rance en avait éprouvé une douleur si grande qu'elle en avait souhaité ne plus jamais rien éprouver, ne plus jamais s'attacher à quelqu'un, ne plus être qu'une arme aux mains de ses supérieurs... C'était impossible, naturellement ; mais Sev'rance ne voulait néanmoins pas répéter l'expérience. Elle s'était senti si bien en rencontrant Safera, elle n'était plus seule, elle n'avait plus à vouloir à tout prix devenir une héroïne, elle était satisfaite ; mais elle ne s'était jamais senti plus mal qu'à sa mort. Elle en aurait souhaité être morte, elle, plutôt que de subir cela... Quoi qu'il en soit, elle avait décidé, une fois remise, que l'amour ne ferait que la détourner de ses véritables objectifs.
Cependant, Vandalor, c'était différent ; le soldat Chiss l'attirait par sa singularité, c'était sûr, mais pas de la même façon que Safera. Elle commençait tout juste à le connaître, mais elle savait qu'elle ne se sentirait jamais incroyablement proche de lui, elle n'avait pas l'impression qu'elle n'avait à se soucier de rien tant qu'ils étaient ensemble, elle pouvait tout à fait envisager de vivre sans lui. Étrangement, il lui plaisait, mais s'il mourrait, elle ne se sentirait pas coupée en deux ; et s'il vivait, elle garderait sa volonté de servir les Chiss au mieux et d'être reconnue comme une brillante commandante à l'esprit... De toute façon, elle mourrait peut-être demain, pour ce qu'elle en savait. Elle éprouvait pour lui un désir probablement éphémère, mais ça s'arrêtait là. Autrefois, elle avait vu les relations charnelles et amoureuses comme allant de paire ; mais à présent que Safera était morte, elle ne se sentait plus concernée par l'amour, elle ne voyait plus en les sentiments qu'elle pourrait éprouver dorénavant qu'un leurre, même si elle chérirait à jamais les jours où Safera et elle étaient deux amoureuses... Et parallèlement, ce rejet de l'amour auquel elle se raccrochait pour ne pas sombrer à nouveau n'affectait naturellement que ses pensées, pas sa chair, il ne faisait pas disparaître les désirs inhérents à sa féminité...
Tout le monde semblait dormir dans la caverne, et ceux qui ne dormaient pas étaient probablement très éloignés pour que Sev'rance ne s'en aperçoive pas... Elle se glissa plus près de Vandalor, jusqu'à ce qu'il soit juste à côté d'elle ; elle se redressa, tâtonna pour trouver son visage, et elle l'embrassa.
Elle devina le sourire de Vandalor à sa voix :
-Apparemment, officier loyal ou pas, les vauriens dans mon genre ne vous déplaisent pas...
-Ça saute aux yeux, commenta Sev'rance tout en se rallongeant sur le dos. Mais ne restez pas là, il fait froid dans cette caverne ; approchez, et réchauffons-nous... »
Son cœur battant plus vite pour une fois sous le coup d'autre chose que de la peur, elle sentit soudainement le mystérieux soldat Chiss plus proche d'elle...
Beaucoup plus proche.

Loin de cette caverne sous les montagnes de Tehirahs où se reposaient les fantassins Chiss, dans la noirceur de l'espace des régions inconnues, d'autre combattants d'une autre armée se préparaient eux aussi à une bataille risquée.
Vêtu de l'armure blanche comme des ossements qui avaient valu aux Lanshruls le surnom de « Kryshzla », combattant la fatigue due au manque de sommeil, le commandant du Fléau s'avançait lentement sur le pont de son vaisseau, parmi les autres officiers de pont, portant eux aussi l'armure blanche.
Ils y étaient presque ; si tout se passait suivant le plan de l'Amiral Vorgan, ils en auraient fini dans la semaine avec ces combats acharnés sur Tehirahs... Peut-être alors pourraient-ils en finir avec cette guerre désespérée contre les Chiss ; le Seigneur Heckara avait fait une folie en entrant en guerre contre eux, il était clair qu'ils ne tiendraient pas, à long terme... Il leur fallait rentabiliser leurs investissements sur Tehirahs ; après cela, ils devraient disparaître des régions surveillées par les Chiss pour retourner au plus profond des Régions Inconnues piller et réduire en esclavage des peuples plus faibles...
Les rapports de l'équipage semblaient cependant encourageants ; le Fléau, vaisseau-amiral de la flotte Lanshrul, était parfaitement prêt au combat. En espérant que cela en vaille la peine, car si l'Amiral Vorgan s'était trompé au sujet des Chiss...
L'Amiral vint le rejoindre une demi-heure plus tard. Comme tout l'équipage, comme toute l'armée Lanshrul en fait, il portait l'armure blanche avec les indications de son grade ; cependant, pour être l'un des rares officiers à avoir déjà vu son visage, le commandant du Fléau savait qu'il n'avait rien d'un officier Lanshrul ordinaire...
« Tout est prêt? demanda Vorgan.
-Parfaitement, Amiral ; le dernier escadron est revenu de patrouille, nous n'attendons plus que vos ordres pour passer à l'attaque.
-Très bien. Dans ce cas, nous partons dans trois heures, nous devrions arriver à temps ; je vais ordonner à mes contacts dans l'Ascendance Chiss de passer à l'action...
-Comme vous voudrez, Amiral.
Le commandant supposa que sa voix avait dû paraître trop nerveuse à l'Amiral Vorgan, car il lui demanda :
-Quelque chose ne va pas, commandant?
-Non, c'est juste que... Enfin, Amiral, êtes-vous sûr de pouvoir vous fier à vos contacts dans l'Ascendance Chiss? Seuls vous et le Seigneur Heckara savez de qui il s'agit, donc je ne peux pas vraiment juger s'ils sont dignes de confiance ou pas, et je ne remettrais pas en cause le jugement du Seigneur Heckara, mais... Supposez qu'ils nous trahissent?
-Ne vous inquiétez pas pour cela, mes contacts n'y ont strictement aucun intérêt, et ils le savent très bien... Cela fait quinze ans que nous travaillons ensemble, ne l'oubliez pas, avant même ce regrettable incident sur Farza qui nous a conduit à la guerre contre les Chiss ; et ils nous ont toujours parfaitement servi, excepté un léger malentendu il y a une dizaine d'années...
Le commandant ignorait à quoi Vorgan faisait allusion, mais cela ne semblait pas remettre en cause la loyauté de ces mystérieux espions ; de toute façon, le Seigneur Heckara faisait confiance à Vorgan depuis bien des années, et chez les Lanshruls, on ne discutait pas les choix du Seigneur Heckara, on ne remettait pas en cause le jugement de celui qui les avait conduit dans la conquête de tant de mondes... Pas ouvertement, du moins.
-Très bien, Amiral.
-Soyez tranquille... assura Vorgan. Bientôt, nous pourrons nous retirer de Tehirahs, et les Chiss nous laisserons tranquilles, nous pourrons revenir à nos activités habituelles... Croyez-moi, le Haut Commandement Chiss fera exactement ce que je pense ; c'est dans son intérêt à lui aussi que les combats sur Tehirahs prennent fin d'une façon ou d'une autre, après tout... Quand les vaisseaux de guerre Chiss qui défendent Tehirahs auront quitté l'orbite suite à une fausse information de mes contacts et que ces imbéciles de fantassins auront eux-même détruit les seuls boucliers de la planète, nous pourrons bombarder tranquillement... Après cela, on prend toutes les ressources possibles sur la planète, et on dégage.
-Je sais, Amiral, pardonnez-moi ; votre plan est excellent, et nous avons de la chance de vous avoir parmi nous. »
Le commandant espéra tout de même qu'il n'y avait personne d'aussi rusé que Vorgan parmi les Chiss...
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 9:58, modifié 2 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Ven 09 Avr 2010 - 23:45   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Et alors, je n'ai plus de lecteurs...? :( Ce sont les flash-backs qui ne vous intéressent pas? Vous avez perdu le fil? Vous n'avez pas eu le temps? Enfin bref, voilà la suite, en tous cas, la fin de ce chapitre flash-back, en deux morceaux:

« Allez, on se réveille, on va avoir une dure journée, et ce sera pire si nous partons trop tard... » dit Sev'rance à le sergent Dalkie en la réveillant, bien que sa propre voix soit assoupie.
A sa décharge, il fallait dire qu'elle avait encore moins dormi que les autres fantassins, elle avait passé plusieurs heures à réfléchir à ce qu'elle allait faire aujourd'hui et à cette étrange relation qu'elle avait commencé avec Vandalor... Oui, mais même si elle commençait sérieusement à douter de la compétence de ses supérieurs, elle avait quand même un devoir, alors il fallait qu'elle se lève, même si elle tenait à peine debout...
« Quelle heure est-il, Capitaine? demanda Vandalor, à côté d'elle.
C'était lui qui semblait le moins souffrir du manque de sommeil ; rien dans sa voix, encore moins dans le fait qu'il l'appelle de nouveau « Capitaine », ne laissait deviner ce qui s'était passé la nuit précédente.
-A peu près quatre heures du matin si ma montre est bien réglée ; si nous marchons vite, nous devrions ressortir à l'air libre vers six heures, ça nous donnera de l'avance sur les Kryshzla... Allez, je sais que ce n'est pas facile, mais il faut le faire, alors levez-vous... »
Les fantassins Chiss se levèrent les uns après les autres et reprirent leur marche dans les cavernes de Tehirahs, là où il n'y avait de toutes façons jamais de jours, seulement une nuit éternelle dont ils espéraient sortir bientôt. Sev'rance songea que s'il était compréhensible que la civilisation ne se soit jamais développé à la surface chaude et montagneuse, il était plus surprenant qu'il n'en existe pas dans les vastes cavernes de cette planète... Mais peut-être y en avait-il, justement, cachées quelque part à l'abri des guerres des Chiss et des Kryshzla... Mais dans ce cas, ils avaient probablement leurs propres guerres, comme toutes les civilisations...
Comme la veille, les soldats Chiss passèrent une quantité de temps qu'ils n'auraient pu définir sans l'aide des montres à errer de couloirs tortueux en salles immenses, qui se ressemblaient tous, à croire qu'ils ne sortiraient jamais de sous terre... Mais ils en sortirent finalement, pour retrouver la surface et ses combats. Ils remontèrent doucement pendant environ une demi-heure, jusqu'à apercevoir la lumière éclatante du soleil de Tehirahs et sortir à l'air libre. Ils étaient seuls à la sortie de la caverne, aussi seuls qu'ils l'avaient été pendant leur voyage sous terre.
« Prudence, maintenant... Ils peuvent être n'importe où... » rappela Sev'rance dans un murmure.
Une pensée saugrenue lui vint à l'esprit ; peut-être qu'il s'était passé quelque chose de décisif pendant qu'ils étaient dans les cavernes, coupés du monde, une catastrophe qui aurait anéanti tous les Chiss et tous les Kryshzlas de la planète, de sorte qu'elle et les autres fantassins n'auraient plus qu'à rester vivre ici, sans jamais plus se soucier de combattre... C'était une pensée enfantine, naturellement, et Sev'rance la chassa aussitôt de son esprit.
Comme le voulait Sev'rance, le soleil n'était pas encore levé, les fantassins Chiss voyaient à peine les immenses montagnes autour d'eux ; ils pouvaient progresser sans crainte, les Kryshzlas ne les attendaient probablement pas avant une heure ou deux... Après, songea Sev'rance en commençant sa progression dans les montagnes, après ils devraient s'inquiéter. Mais ce n'était pas cela que redoutait le plus Sev'rance ; lorsqu'ils seraient parvenus au générateur de bouclier, s'ils y parvenaient, que ferait-elle?

Quelques heures plus tard, plus loin dans ces montagnes qui se ressemblaient toutes, un soldat Kryshzla murmurait :
« Venez vite, ils arrivent! Ils sont seize, probablement des soldats aguerris, et ils seront à portée d'ici un quart d'heure!
-Déjà? Je croyais qu'on ne les attendaient pas avant midi...
-Je sais, ils ont dû partir plus tôt pour nous surprendre... Heureusement que je les ai repérés à temps, sinon ils nous seraient passés sous le nez... »
Les soldats en armure blanche se hâtèrent de rejoindre leurs postes ; oui, leur camarade ne s'était pas trompé, seize silhouettes noires s'avançaient avec précaution sur la montagne en face...
« Prévenez les autres groupes que nos invités arrivent plus tôt que prévu, et préparez-vous à tirer la première salve...
-Ils ne peuvent pas nous repérer, au moins?
-Non, ils ne sont pas équipés pour... Allez-y doucement, n'oubliez pas qu'on ne doit pas tous les tuer... »
Le soldat Kryshzla s'installa aux commandes de l'artillerie et aligna patiemment les seize soldats ennemis dans le viseur.

Arrêtes-toi tout de suite, il y a un problème!
hurlait quelque chose en Sev'rance depuis plusieurs minutes ; Sev'rance ne savait pas d'où lui venait ses intuitions, mais ce qu'elle savait, c'était qu'elles s'étaient toujours révélé utiles jusque-là...
Sev'rance leva une main pour faire signe aux autres.
« Arrêtez-vous tout de suite, et dispersez-vous, il y a un problème!
Un lieutenant la regarda d'un air stupéfait.
-Franchement, Capitaine, je ne vois pas ce qui peut vous... »
Trop tard! pensa Sev'rance en se jetant brusquement sur le côté; avant d'avoir pu se rattraper, elle se mit à dévaler la pente à toute vitesse... En haut, une énorme salve s'abattait sur le chemin et l'explosion faisait voler en éclat la roche sous les cris des malheureux fantassins fantassins Chiss...
Sev'rance s'arrêta dix mètres plus bas. Sans perdre une seconde, elle actionna son grappin pour remonter, entendant le bruit d'un échange de tirs au-dessus ; alors qu'elle était presque remontée, une main saisit la sienne et la hissa sur ce qui restait du chemin.
C'était Vandalor.
« Vous venez de perdre dix années entières de chances en cinq minutes, Capitaine...
-Que se passe-t-il?
-On a cinq fantassins qui ont été tués par l'artillerie, on pense qu'elle est installée en face ; le Lieutenant Toirat et le sergent Dalkie essayent de les... Dissuader de recommencer au lance-missiles...
-Ils nous attendaient, d'autres ne vont sûrement pas tarder... » prévint Sev'rance en levant son charric.
Deux explosions successives indiquèrent à Sev'rance que Toirat et Dalkie avaient réussi à réduire au silence l'artillerie. Elle et Vandalor durent se livrer à une escalade compliquée pour contourner la zone de l'impact et rejoindre les autres fantassins.
« Qu'est-ce qu'on fait, Capitaine? demanda Toirat. On change d'itinéraire?
-Oui, parce que ça m'étonnerait que les Kryshzla aient crû que leur artillerie suffirait, il y a sûrement des fantassins ennemis ailleurs ; en fait, même en changeant d'itinéraire, je serais étonné que nous ne croisions pas de patrouille Kryshzla... Bref, on passe au plan... Attention! »
Sev'rance fut interrompue par de nouvelles détonations ; dix soldats Kryshzlas venaient de surgir et commençaient à tirer. Un autre fantassin Chiss fut abattu, mais Sev'rance réagit aussitôt et tira en prenant à peine le temps de viser, vite imitée par les autres fantassins ; les tirs de son charric transpercèrent un soldat Kryshzla, puis deux, avant que l'un d'eux n'ait la mauvaise idée de l'aligner dans son viseur. Essayant de ne pas prêter attention aux détonations et aux cris des combats à côté d'elle, Sev'rance se jeta sur le Kryshzla ; il se débattit, mais pas assez vite.
Sev'rance lui fit exploser le crâne d'un tir rapide, et réorienta son charric pour abattre le dernier Kryshzla encore debout.
Elle se retourna vers sers camarades ; un autre d'entre eux ne se relèverait pas, ils n'étaient plus que dix.
« Je disais donc : on change d'itinéraire, je serais surprise que nous en croisions pas d'autres soldats Kryshzlas... » reprit-elle d'un ton sarcastique.
Les soldats l'apprenaient vite, le cynisme affiché était le seul moyen de rester sain d'esprit dans l'horreur d'une guerre moderne, lorsque les gens avec qui vous combattiez depuis des années disparaissaient sous vos yeux en quelques secondes, lorsque vous-même vous saviez que vous pouviez mourir en quelques secondes, par malchance ou par maladresse ; mais bien sûr, elle était à des années-lumières d'être aussi détachée qu'elle voulait le paraître, comme tous ses camarades, et même plus, car elle se sentait responsable d'eux... Si seulement ils l'avaient écouté lorsqu'elle leur avait dit de s'arrêter...

Les deux choses les plus importantes pour un militaire était d'obéir à ses supérieurs et de savoir se faire obéir de ses subordonnés ; le Colonel Zarden s'efforça donc de gommer toute trace de nervosité de son visage pour afficher un masque de sérieux implacable lorsque son second entra dans son bureau.
« Le rassemblement se passe bien, annonça l'officier. Nous avons déjà réussi à faire évacuer soixante pour cent des forces de l'est sans que les Kryshzlas ne s'en aperçoivent, apparemment... Nous laissons quelques patrouilles pour la forme, comme vous l'avez demandé, mais l'essentiel des fantassins devrait être disponible pour la bataille de demain.
-Parfait. Des nouvelles du commando du Capitaine Tann?
En réalité, ce n'était pas parfait du tout, pour Zarden ; ce plan était un véritable suicide stratégique, et il le détestait. Mais il fallait obéir aux ordres, sans quoi on allait droit à toutes sortes de problèmes...
-Pas encore, Colonel.
-Informez-moi dès qu'elle prendra contact avec nous ; j'aie confiance en elle, mais une bonne partie de ce plan repose uniquement sur elle... »
Le Colonel se remit à travailler sur les estimations de la puissance dont disposait les Kryshzlas et les stratégies qu'il comptait employer. Deux heures plus tard, le Capitaine revint avec un transmetteur.
« Communication du Capitaine Tann, Colonel.
-Allez-y. »
La voix de la jeune femme, apparemment fatiguée mais déterminée, se fit entendre.
« Nous serons au générateur de bouclier dans une heure, Colonel, mais l'ennemi nous oppose une résistance soutenue ; j'ai perdu six hommes dans une embuscade tendue par une pièce d'artillerie et des fantassins Kryshzlas. Plus aucun depuis, mais je suis obligée de modifier mon itinéraires tous les quarts d'heure pour éviter les patrouilles... Ils sont très nombreux, ça nous prend un temps incroyable de les contourner... En tous cas, il est clair qu'ils nous attendaient ; nous avons beau être en territoire ennemi, ils étaient trop bien préparés à nous recevoir...
-Faites-moi savoir quand vous lancerez votre attaque, Capitaine.
-Colonel?
-Oui?
-Puis-je encore vous suggérez de revoir notre plan? L'ennemi sait manifestement à quoi s'attendre, et je ne pense pas qu'il ait fait tout cela pour seize fantassins Chiss... C'est un piège. Ce ne peut être que cela.
-Je regrette, Capitaine, mais nous nous en tiendrons au plan initial, répliqua Zarden d'un ton ferme, destiné autant à le convaincre lui-même qu'à convaincre Tann.
-Colonel, nous courons au massacre...
-Vous est-il venu à l'idée, Colonel, que mes supérieurs ont peut-être des raisons que nous ignorons de proposer ce plan?
-Êtes-vous prêt à sacrifier vos hommes, et même à vous sacrifier vous-même, pour des raisons que vous ignorez?
-Je suis prêt à me sacrifier pour les Chiss, rien de plus, rien de moins, acheva Zarden d'un ton las.
Sev'rance ne se serait probablement pas montrée si insolente s'il avait été devant elle... Zarden avait déjà constaté que son autorité diminuait avec la distance, mais le phénomène prenait de proportions impressionnantes avec cette étrange mais brillante Capitaine... Ce qui n'arrangeait pas les choses, c'était qu'elle sentait peut-être qu'il savait qu'elle avait raison...
-On applique le plan, poursuivit Zarden. Rien de plus, rien de moins. 
-A vos ordres. répondit Tann à contrecœur.
La transmission prit fin ; mais Zarden ne reprit pas son travail et entra en communication avec le Général chargé de l'offensive sur Tehirahs. Une fois de plus, il lui fit part de ses doutes sur ce plan, et une fois de plus, le Général lui répliqua que les informations sur l'emplacement des générateurs de boucliers, fournies par les services du directeur des services de renseignements, Hess'arga'nuruodo, étaient parfaitement sûres et qu'il n'y avait donc pas lieu de s'inquiéter; une fois de plus, Zarden dut couper la communication avec la certitude qu'il contribuait à un désastre stratégique.
Oui, mais ce n'était pas à lui d'en décider. Être responsable de la vie d'êtres pensants, c'était comme naviguer sur un fleuve en pleine jungle : vous pouviez rester sur le bateau, celui-ci coulerait peut-être, mais ce ne serait pas votre faute, plutôt de celle de l'incompétent qui avait construit le bateau ; ou vous pouviez quitter le navire et partir dans la jungle, où à peu près n'importe quoi pouvait vous arriver, et alors vous en étiez le seul responsable, le seul à blâmer. Faire passer ses idées avant ses ordres, c'était la porte ouverte à toutes les dérives possibles, au meilleur comme au pire.
Bien sûr, les gens qui choisissaient d'agir uniquement de leur propre initiative étaient libres ; mais dans ce cas, ils étaient les seuls à blâmer lorsqu'ils avaient du sang sur les mains, et l'Histoire démontrait que c'était souvent le cas. C'était pour cela que Zarden n'avait jamais voulu être un leader, c'était pour cela qu'il ne cherchait pas à imposer ses idéaux aux autres ; contrairement à beaucoup, il comprenait qu'il n'était pas meilleur que les autres, il savait que ses principes pouvaient être erronés, alors il s'en remettait à des gens censés connaître mieux que lui l'intérêt des Chiss.
Censés, dans ce mot était tout le problème...
Il fallait espérer que Sev'rance Tann comprenne cela, qu'elle ne quitte pas le bateau pour partir dans la jungle...

Sev'rance Tann n'en pouvait plus ; cela faisait plusieurs heures qu'ils auraient dû être au générateur de bouclier, et au lieu de cela, ils n'avaient cessé de faire des détours à travers les montagnes, au pas de course, incapables d'être sûrs qu'ils n'étaient pas en train de se jeter dans une nouvelle embuscade Kryshzla... Pourtant, pas une seule fois Sev'rance n'avait failli tout au long de la journée ; elle avait toujours su dire à ses hommes par où ils devaient passer pour ne pas courir de risques... Ce n'était pas seulement du bon sens stratégique, Sev'rance le savait; elle avait réellement compris comment pensaient les Kryshzlas. Frapper de loin et repartir, attendre dans l'ombre et attaquer pour en finir au plus vite, telles étaient les bases de leur stratégie ; miser sur la puissance et la résistance semblait n'avoir aucun sens pour eux.
A présent, il était clair qu'ils allaient en finir, d'une façon ou d'une autre. Sev'rance et ses hommes avaient réussi à se faufiler à travers le territoire Kryshzla, à éviter habilement toutes les patrouilles ennemies qui auraient été trop fortes ou trop bien préparées pour eux ; à présent... A présent, il leur fallait sortir de leur cachette pour attaquer le générateur pour de bon, parce qu'ils avaient une mission à remplir.
Elle regarda la vallée en contrebas... Elle distinguait au moins deux tranchées remplies de soldats armés de mitrailleuses et de lance-missiles, défendant plusieurs bâtiments dont l'un, énorme, ne pouvait être que le générateur de bouclier ; le plus impressionnant, c'était la tourelle de défense hérissée d'armes, manifestement conçue pour décimer l'infanterie.
« Vous en pensez quoi? demanda Vandalor, à côté. On essaye de prendre la tourelle et après on la retourne contre eux?
-Oui... Mais il nous faut une diversion, sinon nous n'arriverons jamais jusque-là...
-Vous voulez que je m'en occupe?
-Non. C'est vous le tireur d'élite, même si je suis loin d'être mauvaise dans ce domaine ; alors occupez-vous de la tour, et moi je fais diversion. Je vous fais confiance.
-Très bien. Je peux vous poser une question, Capitaine?
-Dites?
-Imaginons qu'on en sorte vivants... Vous allez en faire quoi, de ce générateur?
Sev'rance le regarda sans mots dire pendant quelques secondes.
-Je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas, Lieutenant. »
Sev'rance saisit son comlink.
« Colonel Zarden? Nous allons essayer de détruire le générateur ; à votre place, je me mettrais en mouvement maintenant...
-Reçu, Capitaine Tann. »
Sev'rance se retourna vers ses hommes ; l'espace d'un instant, elle resta là, à se demander combien d'entre eux reviendraient. Mais elle donna l'ordre malgré tout.

Il y eut d'abord une explosion devant la première ligne de défense Kryshzla, qui créa un nuage brouillant la visibilité des fantassins ; les Kryshzlas connaissaient cela, une tactique vieille comme la guerre pour dissimuler ses propres forces... Les Chiss étaient décidément incapables de la subtilité dont faisait preuve les Kryshzlas, c'était rassurant ; les Kryshzlas concentrèrent aussitôt le feu de leurs mitrailleuses et de leurs blasters vers le centre du nuage, où devait se trouver le commando Chiss.
« On y va. », murmura Tann dans son comlink.
Elle, le sergent (ou le Lieutenant, les grades étant devenus assez flous avec les perte que le commando avait subi) Toirat et l'autre fantassin Chiss qui l'accompagnaient s'engagèrent aussitôt dans la tranchée, où les Kryshzlas étaient toujours absorbés par le nuage inutile.
Ils ne perdirent pas une seconde.
Dès qu'elle fut à portée des fantassins ennemis, Sev'rance tira, se souciant à peine de viser ; le charric transperça l'armure Kryshzla et sa cible s'effondra dans le vacarme des tirs des autres fantassins Chiss du groupe de Tann. Aussitôt, Sev'rance se choisit une nouvelle cible, et l'abattit, puis une autre encore, et elle dut se baisser à une vitesse qui n'était due qu'à son sixième sens pour esquiver la riposte des Kryshzlas ; Toirat n'eut pas cette chance et Sev'rance l'entendit tomber avec un cri derrière elle, touché au cœur.
« Prenez la mitrailleuse, je vous couvre! » ordonna Sev'rance au fantassin restant tout en se redressant légèrement pour lancer une nouvelle salve au Kryshzlas.
Elle manqua sa cible cette fois, mais le fantassin Chiss qui l'accompagnait était parvenu à se jeter sur les commandes de la mitrailleuse ; il en écarta rapidement le cadavre d'un soldat Kryshzla et prit les commandes. Ce fut un carnage. La mitrailleuse changea brusquement de direction et cribla les Kryshzlas à portée d'impacts.
De l'autre côté de la tranchée, le sergent Dalkie faisait exactement la même chose, afin de prendre les Kryshzlas en tenailles ; pendant ce temps, le groupe de Vandalor devait normalement être en train de se faufiler vers la tour de garde... Les explosions de deux lance-missiles de l'autre côté de la tranchée indiquèrent à Tann que Dalkie rencontrait des problèmes de l'autre côté.
Sev'rance fit signe au fantassin Chiss de le suivre ; les soldats Kryshzlas survivants avaient conservé le contrôle d'un lance-missile, l'autre étant aux mains de Dalkie, seule survivante... Qui ne le serait pas resté bien longtemps si Sev'rance et l'autre soldat chiss n'avaient pas ouvert le feu à cet instant sur les Kryshzlas. Ils les abattirent les uns après les autres, six en tout, avant même qu'ils n'aient eu le temps de retourner leur arme.
« Merci, Capitaine, dit Dalkie.
-De rien, vous avez fait du bon travail... Maintenant, au boulot, il nous reste encore de quoi nous amuser... »
Les soldats de la seconde tranchée commençaient à tirer à la mitrailleuse sur les Chiss ; Sev'rance se baissa rapidement et lança aussitôt deux grenades dans la tranchées adverses pour couvrir ses deux compagnons tandis qu'ils rejoignaient le lance-missiles et la mitrailleuse... Pour l'heure, la tour de garde ne réagissait pas, ce qui semblait indiquer que Vandalor n'était pas encore mort et combattait toujours pour s'en emparer...
Les explosions des deux grenades de Tann dévastèrent la seconde tranchée, mais la plupart des soldats ennemis l'avaient déjà quitté.
Juste à temps pour devoir se disperser pour échapper au puissant lance-missile de Dalkie et aux tirs de la mitrailleuse ; ils n'eurent le temps de tirer que quelques coups mal ajustés avant de succomber.
Ce n'était pas fini ; Sev'rance voyait une nuée de Kryshzlas, pas tous armés mais certains l'étaient, sortir des bâtiments pour se ruer vers eux.
« Stop, quittez la tranchée! » ordonna brusquement Sev'rance aux deux autres Chiss qui s'apprêtaient à ouvrir le feu, mue par son étrange intuition.
Cela leur sauva la vie à tous les trois ; trois des soldats Kryshzlas qui arrivaient lancèrent des grenades qui dévastèrent la tranchée. Sev'rance et les deux autres eurent à peine le temps de quitter les lieux avant d'être projetés à terres par l'onde de choc. Tout le corps de Sev'rance hurla de protestation lorsqu'elle se releva, mais elle n'avait pas le choix ; dès que la poussière se serait dissipée, elle ferait une belle cible pour les Kryshzlas si elle ne se relevait pas, et elle ne servirait pas les Chiss en se faisant tuer ici. Les autres se relevèrent également, et ils se mirent à courir tous les trois pour se tenir hors de portée des nouveaux arrivants.
« Qu'est-ce qu'on fait, maintenant, Capitaine? demanda Dalkie, la respiration haletante.
-Maintenant? On prie pour que le Lieutenant Vandalor parvienne à prendre cette fichue tour de garde, parce que sans lui, nous n'aurons plus qu'à retourner dans les montagnes dire au Colonel que nous n'avons rien pu faire de plus... »

Les trois soldats Kryshzlas qui gardaient le poste de commande de la tour à ses pieds, Vandalor estima que ce devait être le bon moment pour passer à l'action en voyant six soldats Kryshzlas sortirent du poste de commande ; il jaillit de sa cachette, charric en main, et tira aussitôt sur le soldat ennemi de tête. Aussitôt, les deux autres soldats Chiss qui l'accompagnaient, le troisième ayant été tué au rez-de-chaussée, firent de même, et un deuxième Kryshzla s'effondra ; sans même attendre que les cinq soit mort, Vandalor s'écarta du combat et tira une grenade de sa ceinture.
Il la lança par la porte ouverte du poste de commande ; l'explosion dévastatrice à l'intérieur ne coûta que quelques instants d'inattention aux trois soldats Kryshzlas encore de bout, mais ce furent quelques instants de trop. Les Chiss les abattirent tous de quelques tirs rapides et précis.
Sans perdre un instant, Vandalor pénétra dans le poste de commande ; un Kryshzla tenait encore debout à l'intérieur. Vandalor y remédia très vite.
« Il ne faut pas être un peu cinglé pour balancer une grenade dans le poste de commande de la tour qu'on est censé capturé, Lieutenant?
-Il ne faut pas être un peu cinglé pour se battre à un contre trois sans une bonne grenade, soldat? répliqua Vandalor. Bon, essayons de voir s'il reste encore quelque chose en marche... »
Après quelques dizaines de secondes d'investigations rapides, les Chiss mirent la main sur deux postes de tir.
« Parfait... murmura Vandalor. Maintenant, voyons si le Capitaine Tann est encore en vie...
-Je l'ai, indiqua l'un des soldats Chiss. Elle est toujours en vie, et il y en a deux autres avec elle, mais ils sont en train de jouer au chat et à la souris avec les Kryshzlas...
-Oui, je l'ai... Si elle pouvait faire en sorte que les Kryshzlas viennent un peu plus à gauche, on aurait un angle de tir parfait... Attendez un peu avant de tirer, je crois qu'elle va...
-Lieutenant, elle est en danger!
-Franchement, si elle et les autres ont survécu pendant que nous prenions la tour, ce ne sont pas quelques dizaines de secondes de plus qui vont... Ah, voilà, parfait... Feu! »
Vandalor et l'autre soldat Chiss pressèrent les commandes de tirs ; deux jets de tirs rougeoyants jaillirent aussitôt du bas de la tour pour aller frapper les Kryshzlas. Sev'rance était parvenu à s'écarter à temps avec la vivacité quasi-surnaturelle qui la caractérisait, mais Vandalor était sûr d'avoir tué au moins une dizaine de Kryshzla. Il tira à nouveau, forçant les Kryshzlas à se disperser, et commença à les poursuivre sadiquement... Oui, ces deux-là étaient dans son viseur; il tira et tua deux soldats Kryshzlas, puis réorienta le canon pour changer de cible...
Sev'rance semblait avoir cessé de courir alors que les Kryshzlas avaient cessé de tirer.
« Transmission du Capitaine Tann, Lieutenant, prévint l' un des soldats Chiss. »
Vandalor saisit le comlink ; elle ne l'appelait quand même pas seulement pour le féliciter...?
« Que se passe-t-il, Capitaine? Nous sommes sur le point de triompher, laissez-moi le temps de tuer les derniers, et...
-Nous avons déjà vaincu, Lieutenant ; les survivants Kryshzlas nous présentent leur reddition, cessez de tirer.
-C'est vraiment indispensable, Capitaine?
-Oui.
Vandalor réfléchit un peu avant de répondre ; il n'aimait pas beaucoup l'idée d'arrêter un combat ainsi... Mais après tout, Tann lui avait fait confiance pour prendre la tour tandis qu'elle s'exposait dans les tranchées pour faire diversion, il lui devait bien cela.
-Très bien. 
-Alors vous pouvez nous rejoindre, il faut que nous décidions de ce que nous allons faire de ce générateur de bouclier... »

Ils étaient six, six sur les seize fantassins Chiss que Sev'rance commandait au début de cette mission ; elle, Vandalor, Dalkie et trois soldats, et la survie de ces six-là était déjà un petit miracle. Toirat, qui suivait Sev'rance depuis le début, et neuf autres soldats Chiss avaient déjà payé de leur vie le plan du Colonel Zarden. Si la destruction du générateur de bouclier faisait partie du plan des Kryshzlas, alors celui qui avait conçu ce plan était complètement dingue, car Sev'rance et son commando auraient tout aussi bien pu ne jamais arriver à s'emparer du générateur ; et pourtant, c'était ce qui s'était produit... Les plans les plus fous étaient souvent ceux qui réussissaient le mieux...
Sev'rance utilisa une bonne partie des derniers explosifs pour faire sauter la porte du générateur de bouclier, et les Chiss pénétrèrent à l'intérieur ; les Kryshzlas à l'intérieur, non-armés, ne leur opposèrent aucune résistance.
« Capitaine? interpella Vandalor alors qu'ils progressaient dans la bâtiment. On fait quoi? On fait exploser l'alimentation du générateur? Ou on laisse tout en l'état?
Sev'rance cessa de marcher et regarda Vandalor ; elle avait tant espéré qu'elle saurait quoi faire une fois ici... Mais puisque ce n'était pas le cas, il fallait quand même qu'elle prenne une décision ; l'idéal serait bien sûr de pouvoir revenir sur cette décision en cas de problème, mais il n'y avait que deux solutions, ils sabotaient le générateur ou ils ne le sabotaient pas... Ceci dit, ce n'était peut-être pas si simple, il y avait plus d'un moyen de saboter un générateur de bouclier...
-On ne touche pas à l'alimentation, ordonna Sev'rance, ce serait irréparable. Par contre, on pourrait s'attaquer aux câbles qui conduisent l'énergie, eux devraient être bien plus faciles à remplacer, au cas où nous aurions à nouveau besoin d'un bouclier au-dessus de nos têtes... Dalkie, vous restez ici ; nous dirons au Colonel que vous êtes morte. Tenez en respect le personnel Kryshzla, vous êtes la seule armée ; si moi ou Vandalor vous en donnons l'ordre, vous réactiverez le bouclier, compris? J'ai confiance en vous...
-Capitaine, vous êtes consciente que ça pourrait vous mener en cour martiale? rappela Dalkie.
Sev'rance haussa les épaules, essayant de se donner l'air bien plus détendue qu'elle ne l'était réellement.
-Le Colonel Zarden nous a ordonné de désactiver le générateur, il n'a pas précisé comment... Pour le reste, le seul mensonge concerne le fait que vous ayez survécu ; et compte tenu des circonstances, je ne suis pas sûr qu'on m'en voudra... Je peux compter sur vous?
-Bien sûr, Capitaine. Je suis avec vous. »

La bataille finale pour le contrôle de Tehirahs approchait.
Pour la première fois depuis plusieurs années sur Tehirahs, les Chiss s'apprêtaient à passer à l'attaque unis, rassemblés plutôt que de poursuivre cette stratégie de guérilla qui leur avait coûté tant de temps et de ressources ; les Kryshzlas, s'ils avaient un tant soit peu de bon sens, étaient certainement déjà en train de se rassembler à proximité de leur dernier générateur de bouclier...
Assis dans un véhicule de combat qui progressait au côté des milliers de fantassins Chiss, le colonel Zarden tenta de rester concentré là-dessus ; ils étaient en route pour une bataille qui mettrait fin à la lutte pour Tehirahs et à la guerre contre les Kryshzlas, c'était tout. S'il commençait à se préoccuper des possibilités pour qu'il s'agisse d'un piège, il ne pourrait plus faire son travail.
Il aurait l'air d'un bel abruti si Sev'rance Tann échouait, il n'aurait plus qu'à regagner leur vieilles positions et retrouver cette guerre d'usure sans fin...
« Transmission du Capitaine Tann, Colonel. » annonça le pilote du véhicule.
Zarden sourit; si Sev'rance était vivante, c'était qu'elle avait rempli sa mission.
« Capitaine, je suppose que votre appel signifie que le premier générateur de bouclier ennemi a été détruit...
-Nous l'avons neutralisé, en effet ; mais nous ne sommes plus que cinq...
-Vous étiez partis à seize en plein territoire ennemi, il est déjà étonnant que vous ayez survécus, et vous méritez des félicitations, Capitaine... Très bien, retrouvez-moi à ces coordonnées-là, je vais avoir besoin de mon meilleur capitaine pour la bataille qui s'annonce...
-Colonel, une dernière fois, je vous demande de repenser votre plan, nous courons au massacre...
-Refusé, Capitaine ; la difficulté que vous avez eu à remplir votre mission prouve justement qu'il n'y a pas de piège, personne ne serait assez fou pour prendre autant de risques...
-Vous l'êtes assurément, si vous voulez vraiment vous jeter dans une bataille aussi désespérée! Je ne vois pas pourquoi le commandant ennemi serait forcément différent...
Zarden soupira.
-Capitaine Tann, vous êtes un excellent officier, mais cela ne vous autorise pas à vous montrer aussi irrespectueuse envers votre officier supérieur... Vous allez me rejoindre, nous allons nous battre suivant le plan prévu par le Haut Commandement, et nous l'emporterons. C'est tout. »

A sa démarche, il était évident que l'officier en charge des communications du Fléau avait une bonne nouvelle à annoncer, songea le Capitaine du navire en l'observant se diriger vers l'Amiral Vorgan.
« Transmission des forces de Tehirahs, Amiral ; un commando de fantassins Chiss est parvenu à entrer sur les territoires que nous contrôlons et à détruire le générateur de bouclier.
Le capitaine Lanshrul était sûr que l'Amiral souriait largement sous son casque...
-Parfait. Je savais que je pouvais compter sur le Capitaine Tann... Dans ce cas, on applique le plan prévu. »

« Apparemment, la fête a déjà commencé... » lâcha Sev'rance d'un ton cynique.
Avec sa plaine prisonnière entre les montagnes et une mer à proximité, le champ de bataille n'était pas très différent de tous ceux que la Chiss avait connu au cours de cette guerre, y compris celui qu'elle venait de quitter où elle avait détruit le générateur de bouclier ; cependant, la situation n'avait rien à voir avec tout ce qu'elle avait connu précédemment.
De là où elle se trouvait, elle distinguait quatre puissants véhicules d'assaut Chiss occupés à vomir missiles et lasers, qui constituaient l'atout majeur des Chiss puisque les Kryshzlas n'avaient manifestement pas ou plus de véhicules à leur opposer; en revanche, les fantassins Chiss semblaient peiner à faire reculer les lignes Kryshzlas, ceux-ci étant manifestement bien mieux préparés, abrités dans des tranchées et largement disséminés.
« J'étais sûr que cette bande d'égoïstes ne nous attendrait pas, commenta Vandalor. Qu'est-ce que vous en pensez? On dirait qu'il y en a encore pour un moment, non?
-Si vous faites allusion à la résistance des fantassins Kryshzlas, je crois que le Colonel Zarden a son idée sur la question, murmura Sev'rance en désignant ce qui ressemblait beaucoup à des pièces d'artillerie Chiss, attendant sagement en face d'eux, à l'écart des regards et des senseurs Kryshzlas.
-Euh, oui, et il compte en faire quoi, au juste? Les fantassins Kryshzlas sont bien trop disséminés pour que ce soit efficace...
-Zarden est peut-être incapable de remettre en question les décisions du Haut Commandement, mais ce n'est pas un imbécile... A sa place, je ferais semblant de reculer face à la résistance des Kryshzlas ; ils s'engouffreront dans la brèche, espérant endommager suffisamment nos véhicules pour nous forcer à battre en retraite, et ils seront alors assez regroupés pour faire une bonne cible... Un nettoyage rapide et efficace, expéditif; oui, c'est ce que Zarden va faire.
-Je ne vous suis plus, Capitaine... Je croyais qu'il y avait un piège dans tout cela? Où serait-il, alors?
-Qui vous dit que le Haut Commandement Kryshzla a informé ses forces sur Tehirahs de ce qu'il préparait, quoi que ce soit?
-Intéressant... Ça impliquerait une frappe aérienne ou du moins une brusque arrivée de renforts, dans ce cas ; le problème, c'est qu'à priori, nous avons toujours notre flotte en orbite pour nous défendre contre ce genre de surprises!
-Mais pour combien de temps encore? Ils vont trouver un moyen de mettre notre flotte hors-jeu ; je ne sais pas comment, mais ils vont le faire.
-Peut-être ; ou alors vous vous mettez le doigt dans l'œil et Tehirahs n'est qu'une diversion parce qu'ils préparent autre chose...
-Peut-être, oui, mais ça m'étonnerais ; ce n'est pas ainsi que pensent les Kryshzlas.
-Euh... Si vous le dites.
Sev'rance sourit.
-C'est moi la Capitaine, non? Allez, venez, il faut que nous rejoignons le Colonel... En évitant de lui dire que nous avons laissé Dalkie au premier générateur de boucliers, tant qu'on y est. »

« Ça se présente plutôt mal, Colonel, expliqua un Capitaine, réussissant l'exploit de se faire entendre malgré les explosions des missiles qui pilonnaient sans réelle efficacité les Kryshzlas. Nous sommes en train net recul sur l'est et l'ouest ; le nord tient un peu mieux, mais si ça continue comme ça, ils seront pris en tenailles...
-Oui, enfin, c'est aussi un peu l'objectif, répondit Zarden d'un ton désabusé. On continue comme ça encore... Je dirais trois heures, peut-être un peu plus, avant de faire semblant de nous replier, sauf aggravation exceptionnelle de la situation...
-A vos ordres, Colonel. »
Le capitaine se retira. Le Colonel se sentait étonnamment calme pour quelqu'un qui jouait sa carrière, voir sa vie, sur une seule bataille ; certes, les Kryshzlas résistaient mieux que prévu, tentant d'enliser leur offensive dans une guerre de tranchées, mais il n'y avait pas de quoi s'affoler : l'ennemi goûterait bientôt à son artillerie... Et ferait connaissance avec son meilleur Capitaine.
Sev'rance Tann approchait.
«Colonel Zarden, nous attendons vos ordres.
Zarden sourit.
-Je vous ai réservé la mission la plus essentielle, Capitaine Tann : prenez les commandes du groupe de fantassins est ; à mon signal, vous vous retirerez jusqu'à ces coordonnées et...
-... Et comme les Capitaines des deux autres groupes seront en train de faire pareil, votre artillerie pourra entrer en scène et nettoyer les fantassins ennemis ; et après?
Zarden dut admettre qu'il était impressionné ; Sev'rance était réellement douée pour la stratégie, à se demander pourquoi elle avait passé autant de temps en tant que simple fantassin... Il se félicita d'avoir sous ses ordres une subordonnée aussi compétente ; il ne pouvait même pas lui reprocher sa méfiance envers le plan du Haut Commandement, puisqu'il éprouvait exactement la même...
-Et après, pendant qu'ils seront encore pris de court, vous foncerez à travers les lignes ennemies pour nous ouvrir la voie jusqu'au générateur de bouclier ; je compte sur vous pour écraser toute résistance aussi vite que possible et laisser les Kryshzlas complètement désorganisés... Je vous laisserais deux véhicules d'assaut pour cela. Après cela, l'artillerie et mes véhicules s'occuperont du générateur et de ses défenses.
-Très bien.
-Que pensez-vous de ce plan, Capitaine?
Poser cette question n'était pas très orthodoxe pour un officier supérieur s'adressant à sa subordonnée, mais Zarden tenait vraiment à le savoir.
-J'en pense qu'il est idéal... Pour prendre le générateur.
-Soyez plus claire, demanda Zarden tout en sachant pertinemment que c'était exactement la question que Tann attendait de lui.
-Je pense aussi que si pour une raison ou pour une autre, nous étions privés de notre flotte, détruire le dernier générateur de bouclier actif de la planète pourrait être une erreur funeste...
-Intéressant... Mais il n'y a aucune raison pour que cela arrive.
-Non. Pas plus qu'il n'y a de raison pour que l'un des deux camps soit assez bête pour lâcher l'emplacement de ses deux générateurs de boucliers en même temps à l'autre, j'imagine...
Zarden tiqua ; ce que disait Tann était loin d'être idiot, il le savait... 
-Très bien, votre avis est noté, Capitaine Tann; maintenant, exécution.
-A vos ordres. » lui répondit Tann après un temps d'arrêt, avant de partir.
Zarden regarda autour de lui. Je suis au beau milieu d'un champ de bataille, en train de gagner cette même bataille, et moi, je me demande si je ne devrais pas la perdre... songea-t-il avec ironie. Le plan paraissait pourtant simple : il laissait le choix aux Kryshzlas entre venir l'affronter ici dans une bataille finale et le laisser détruire le générateur de bouclier, les exposant aux bombardements... Puisque les Kryshzlas avaient manifestement choisi la première solution et s'étaient massivement regroupés pour défendre leur générateur de bouclier, détruire le générateur était-il vraiment indispensable, à présent? Le générateur n'avait jamais été qu'un prétexte ; le véritable objectif de la bataille, c'était d'éradiquer une fois pour toute la présence Kryshzla de la planète dans une bataille terrestre à grande échelle. S'ils y parvenaient, à quoi bon détruire ce générateur qui, comme venait de le faire remarquer Tann, pouvait toujours s'avérer utile?
Oui, mais les ordres du Haut Commandement étaient de tenter de détruire le générateur de bouclier pour attirer les Kryshzlas dans une bataille décisive, pas de faire semblant ; et le haut commandement pourrait très bien rétorquer que seule la possibilité de bombarder la planète pouvait assurer une disparition durable des Kryshzlas de la planète, à coup sûr, contrairement à une bataille terrestre.
Toutefois... Zarden se demandait si Tann n'avait pas raison, il devrait peut-être davantage discuter les ordres ; il gardait à l'esprit son principe de se conformer aux ordres pour ne pas prendre le risque de dérives inimaginables, mais... Il fallait reconnaître que le Haut Commandement était allé vraiment trop loin en les jetant dans ce piège...
Peut-être que... Peut-être que s'il trouvait un moyen de neutraliser le générateur de bouclier sans tout à fait le détruire, ce ne serait pas plus mal...

C'était la plus grande bataille terrestre que Sev'rance Tann ait jamais vu ; ils étaient environ vingt mille fantassins Chiss à affronter légèrement plus de Kryshzlas, des explosions assourdissantes retentissaient toutes les dix minutes en moyenne autour de Sev'rance et des survivants du commando alors qu'ils rejoignaient le groupe qu'on leur avait assigné.
« Capitaine Tann, nous vous attendions, lui dit un Lieutenant entre deux rafales aux Kryshzlas en face.
-Combien avons-nous d'hommes disponibles ici?
-Environ trois mille, Capitaine. Nous étions quatre mille il n'y a pas si longtemps, mais... Bon.
-Je vois cela, oui, commenta Sev'rance d'un ton sarcastique avec un coup d'œil aux fantassins Chiss à terre.
Une idée lui vint à l'esprit : s'ils devaient prochainement feindre de battre en retraite, l'idéal serait de crédibiliser cela en jouant maintenant les désespérés, par exemple en envoyant quelques soldats tenter une action vouée à l'échec ; elle rejeta aussitôt cette idée. Il n'y a pas si longtemps, elle était l'un de ces milliers de fantassins Chiss anonymes ; il y avait des limites qu'elle ne franchirait jamais, agir ainsi la rendrait comparable au haut commandement qui les jetait dans ce piège pour en finir avec les combats sur Tehirahs... Et cela, il n'en était pas question.
S'ils devaient crédibiliser leur retraite à venir, le plus acceptable serait plutôt de l'entamer dès maintenant...
-Bien, reprit Sev'rance dans le vacarme des combats, dans ce cas, il faut réduire notre engagement, nous aurons besoin d'hommes plus tard... Trouvez-moi trois positions aisément prenables, et nous nous bornerons à les défendre ensuite. »
Tandis que Sev'rance saisissait son charric et commençait à mitrailler les Kryshzlas cachés en face sans grand résultat, le Lieutenant échangea quelques mots avec ses subordonnés.
« C'est bon, Capitaine Tann, j'ai vos trois positions.
-Très bien, montrez-moi ça... Parfait. Alors, occupez-vous de celle-ci, je vais prendre celle du milieu et le Lieutenant Vandalor se chargera de la dernière ; et vite, si possible, je ne sais pas combien de temps nous avons devant nous...
-A vos ordres, Capitaine. » confirma l'officier avant de repartir tandis que Vandalor prenait la direction opposée.
Cessant de tirer, Sev'rance se tourna vers les sous-officiers restants :
« Vous, vous restez ici faire diversion, dit-elle à plusieurs d'entre eux, n'hésitez pas à employer tous les moyens, grenades compris, pour cela. Les autres, vous venez avec moi, on va faire les contourner et les prendre sur le côté
-A vos ordres. »
Laissant seuls les soldats chargés de faire illusion, Sev'rance et son armée, environ six cent hommes, quittèrent leurs lignes pour entreprendre un long contournement par les montagnes ; Sev'rance exigea de ses hommes qu'ils pressent le pas le plus possible, elle aurait l'air maligne si elle était toujours dans les montagnes lorsque l'ordre de replis serait donné...
Après environ une demi-heure de course, ils parvinrent juste au-dessus des Kryshzla qu'ils étaient censés chasser ; incapables de considérer les Chiss comme connaissant autre chose que la force brute, ceux-ci n'avaient pas remarqué les silhouette vêtues de noires sur la colline au-dessus d'eux...
« Pas de grenades, nous en aurons besoin plus tard... » précisa Sev'rance tout en alignant tranquillement ce qui ressemblait à un officier Kryshzla dans le viseur de son charric.
« Feu à volonté! »
Elle n'eut qu'à presser la détente pour que jaillisse une salve bleue qui vint transpercer la tête de l'officier Kryshzla, en même temps que tous les autres Chiss à côté d'elle ouvraient le feu ; la plupart d'entre eux atteignirent leurs cibles.
Sans laisser les Kryshzlas se remettre de leurs émotions, Sev'rance et les autres fantassins se redressèrent et dévalèrent la pente tout en tirant sans grande précision en direction des Kryshzlas, qui se mettaient à tirer sur les nouveaux arrivants ; Sev'rance vit beaucoup de ses hommes tomber sous les salves rouges, mais elle ne fut pas inquiétée et une fois en bas, elle et les autres commencèrent à tirer sans discontinuer sur les soldats en armure blanche.
Tout l'espace environnant fut brusquement envahi de tirs rouges et bleus, l'environnement sonore devint encore plus saturé de détonations et de cris, des êtres pensants se mirent à tomber par dizaines autour de Sev'rance ; par trois fois, un Kryshzla la prit pour cible, mais à chaque fois, son intuition la sauva. Elle ne sut jamais combien de Kryshzla elle avait tué exactement durant ce bref combat, mais beaucoup, elle avait des cibles à perte de vue. Les Chiss et les Kryshzlas combattirent ainsi férocement pendant environ un quart d'heure avant que les officiers Kryshzlas ne se rendent compte que la proportion de Kryshzlas parmi les cadavres qui jonchaient le sol commençait à devenir réellement préoccupante et n'ordonnent la retraite. Le vacarme des tirs cessa, le rythme cardiaque de Sev'rance redescendit légèrement.
« Beau travail. » dit-elle à ses hommes alors que les Kryshzlas commençaient à leur tirer dessus depuis la tranchée suivante, sans réelle précision, presque pour la forme.
Après le massacre, la guerre d'usure reprit, les deux forces en présence se tirant mutuellement dessus d'une tranchée à l'autre ; Sev'rance avait perdu environ deux cent hommes dans l'opération, deux cent morts à terre qui semblait la surveiller pour s'assurer qu'elle faisait en sorte qu'ils ne soient pas morts pour rien. Néanmoins, les troupes qui faisaient diversion précédemment, qui étaient environ trois cent cinquante à présent, vinrent la renforcer ; conformément à ses projets, Sev'rance ne chercha pas à faire davantage avancer le front est, seulement à garder ses hommes en vie en attendant l'ordre de se replier.
Dix minutes plus tard, Vandalor et l'autre Lieutenant l'informèrent qu'ils étaient également parvenus à prendre les positions ciblées ; il fallut encore vingt minutes avant que Sev'rance n'entende la voix du Colonel Zarden lui annoncer sur le comlink :
« Bon travail Capitaine, mais ça ira comme ça ; c'est le moment, repliez-vous, et laissez l'artillerie terminer le travail...
-A vos ordres. Vandalor? Lieutenant? Repliez-vous aux coordonnées que je vais vous envoyer, et tout de suite, c'est impératif.
-A vos ordres, Capitaine. »
Sev'rance donna des ordres similaires à ses sous-officiers ; une partie des troupes resta un peu plus longtemps pour couvrir la retraite car Sev'rance tenait à ce que la manœuvre paraisse réaliste, mais toutes ses forces finirent par la suivre dans un repli rapide, reculant leurs lignes apparemment face à la pression mise par les Kryshzlas. Les Chiss se retrouvèrent très loin des positions qu'ils défendaient plus tôt, à l'ombre des plus grandes montagnes visibles, apparemment en proie à un formidable recul.
« Colonel? Comment est-ce que ça se passe? Pas moyen d'avoir une vue d'ensemble d'ici...
-Ça marche, Capitaine Tann ; ils se jettent dans la gueule du loup, et mon artillerie est en place sur les hauteurs... Installez-vous confortablement pour le spectacle, ça va barder...
-Je n'y manquerais pas. » rétorqua Tann avec un sourire que son interlocuteur ne pouvait évidemment pas voir.
Effectivement, Tann voyait les Kryshzlas se rapprocher de leurs positions par milliers, ils seraient bientôt sur eux... Mais normalement, ils ne vivraient pas assez longtemps pour cela.
Les Kryshzlas n'eurent aucune chance ; Sev'rance vit tomber du ciel ni plus ni moins qu'une pluie de missiles et de tirs monstrueux. L'effet fut dévastateur. Pendant plusieurs minutes, Sev'rance ne put plus rien voir d'autre à distance que la lueur aveuglante des déflagration ; si elle s'était trouvé plus près, le bruit l'aurait rendu sourde. Les salves colossales frappèrent encore quelques minutes, jusqu'à ce que les artilleurs comprennent apparemment qu'il n'y avait plus rien à détruire à leur portée. Ce qui restait de l'infanterie ennemie battait en retraite à grande vitesse.
« Wahou... murmura Vandalor, à côté de Sev'rance. Ça, c'est du pilonnage...
-Les Kryshzlas se diront la même chose tout à l'heure, quand ils nous bombarderons alors que nous aurons détruit le générateur de bouclier, rappela Sev'rance d'un ton acide. Maintenant, on a du boulot ; il faut que nous ouvrions la voie à l'artillerie et aux véhicules du Colonel vers le générateur de bouclier, et ça risque d'être coton...
-D'accord, et vous comptez faire quoi, exactement?
-Oh, un grand classique : on fonce dans le tas.
-Sérieusement?
-Vous avez raison, c'est trop évident ; formation poignard, alors, les deux véhicules d'assaut que le Colonel Zarden devrait nous prêter passent devant pour dégager le chemin et assurer une progression rapide à l'infanterie ensuite.
-Vous vous fichez vraiment de moi, là? C'est exactement ce que les Kryshzlas attendent de vous...
Sev'rance sourit.
-Bien sûr que c'est ce qu'ils attendent de nous, et c'est pour ça que c'est ce que nous allons faire... Dans un premier temps. Oui, je me fiche de vous, Lieutenant, et surtout, je me fiche des Kryshzlas... Dès que le poignard aura commencé à s'enfoncer, formation trident.
Vandalor la regarda d'un air amusé.
-Ça n'existe pas, Capitaine...
-Non? répliqua Sev'rance, faussement dépitée. Eh bien, on va l'inventer, alors : je veux trois colonnes de fantassins avec les mêmes commandants que tout à l'heure qui se séparent des véhicules dès que le poignard sera bien enfoncé pour semer la pagaille ; dans la mesure du possible, qu'elles ne s'éloignent pas trop les unes des autres, comme ça elles pourront s'assister mutuellement et prendre les Kryshzlas entre deux feux...
-Pas mal, Capitaine. Il faudra penser à déposer les droits d'auteur...
Sev'rance sourit à nouveau.
-J'y penserais, mais là, nous avons du travail... »

L'attaque de Sev'rance Tann fut aussi rapide qu'efficace. Zarden vit les troupes sous son commandement se séparer brusquement du reste de l'armée Chiss, regroupées derrière les deux véhicules et foncer sur les Kryshzlas, manifestement sans lésiner sur la puissance de feu ; utilisant avec efficacité grenades et missiles, Tann parvint rapidement à se ménager un passage dans l'armée Kryshzla en fuite.
Cependant, les Kryshzlas avaient manifestement anticipé la manœuvre en poignard, et commencèrent à encercler les forces de Tann ; mais là encore, Sev'rance avait un coup d'avance sur eux. Alors que les deux véhicules succombaient sous le feu ennemi après avoir fait des dégâts respectables, Zarden vit le poignard se disloquer sans prévenir en trois colonnes de fantassins qui partirent dans des directions différentes, tout en gardant une certaine proximité... Les Kryshzlas au milieu se retrouvèrent pris entre deux feux.
« C'est ça, cette formation trident dont elle nous parlait, Colonel? demanda le Capitaine.
Zarden sourit.
-C'est bien ce qu'il semblerait, oui... Le Capitaine Tann est une commandante pleine de surprises...
-Je ne connaissais pas cette tactique.
-Moi non plus! Elle vient de l'inventer. Mais pas de temps à perdre, dites au Capitaine Galrn de s'engouffrer dans la brèche, on le suit tout de suite avec l'artillerie.
-A vos ordres. Et, Colonel...?
-Oui?
-Vous allez vraiment détruire ce générateur de bouclier?
-Eh bien, disons que... Si on peut l'éviter, ce ne sera pas plus mal, le Capitaine Tann n'a pas tort là-dessus ; ce sera plus compliqué, bien sûr, mais c'est encore le moins risqué...
-Oui, je suis du même avis. »
Plus tard, alors que l'armée Chiss commandée par Zarden achevait les fantassins Kryshzlas complètement désorganisés par l'offensive de Tann, un sous-officier interpella Zarden.
« J'espère que c'est important, je n'aime pas beaucoup être dérangé en pleine bataille...
-Ça l'est, Colonel! Transmission du directeur des services de renseignements, il dit qu'il a des informations capitales à vous communiquer...
-Très bien, montrez-moi cela... Capitaine, prenez le commandement en attendant.
Le sous-officier donna le comlink à Zarden, qui dut s'éloigner un peu avant que la voix grave du directeur Hess'arga'nuruodo devienne audible.
-Colonel, j'ai de bonnes nouvelles pour vous ; nous avons pris en compte vos doutes sur le plan, le risque qu'il s'agisse d'un piège tendu par les Kryshzlas, et il est à présent clair que vous aviez raison de vous inquiéter...
Zarden se sentit brutalement plus léger ; finalement, il n'aurait pas eu besoin de déformer les ordres du haut commandement pour ne pas tomber dans un piège...
-Et quel est le problème, Monsieur le directeur?
-Les forces Kryshzlas de Tehirahs ne le savent probablement pas, mais il s'agit en fait d'une façon de forcer la flotte à rester au-dessus de Tehirahs... En réalité, ils préparent une offensive spatiale sur Xelva pour détruire nos chantiers navals ; j'ai transmis l'information au commandement de la flotte, qui m'a assuré que la flotte serait retirée de Tehirahs pour parer l'attaque-surprise.
Si cela se passait sur Xelva, ce n'était plus le problème de Zarden ; mais il fallait espérer que la flotte Chiss serait à la hauteur, Xelva était une planète vitale pour l'Ascendance Chiss...
-Il faudra donc vous débrouiller sans bombardement, reprit Sargan. Vous pourrez en finir avec eux quand même?
-Ça devrait aller, oui, les Kryshzlas sont en pleine débâcle... Pour ce qui est de mes avertissements sur un éventuel piège Kryshzla, remerciez surtout le Capitaine Sev'rance Tann, elle a beaucoup insisté sur le caractère incertain de notre plan...
-Très bien.. Quel nom avez-vous dit?
-Sev'rance Tann. Affiliée à la famille Tann, mais elle insiste pour qu'on l'appelle Sev'rance plutôt que Vranceta...
-De la famille Sev, à l'origine?
-C'est exact.
-Intéressant... Dans ce cas, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter bonne chance, Colonel, et pardon de vous avoir dérangé pendant la bataille. »
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 10:07, modifié 2 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Ven 09 Avr 2010 - 23:46   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Allez, on y est presque, pas le moment de lâcher, pensa Sev'rance. Sa tactique avait fonctionné à merveille : elle, Vandalor et cet autre Lieutenant dont il faudrait qu'elle songe à apprendre le nom avaient chacun pris le commandement d'une colonne de fantassins pour assassiner ce qu'elle avait identifié comme trois officiers Kryshzlas, tuant de nombreux soldats ennemis au passage... A présent, elle avait reformé le poignard, toute l'armée Chiss suivait derrière elle, et les Kryshzlas battaient en retraite dans le désordre le plus complet...
« Lieutenant Vandalor? appela-t-elle à l'aide de son comlink. Un rassemblement important de Kryshzla à votre droite, allez-y à la grenade... Parfait, ajouta-t-elle lorsque deux explosions impressionnantes décimèrent le groupe de soldats ennemis.
Devant apparaissaient les tours de garde Kryshzlas et le générateur de bouclier ; les tours faisaient ce qu'elles pouvaient pour ralentir l'avance des Chiss, le dernier véhicule en état de marche jusque-là des Chiss avait d'ailleurs succombé sous leurs tirs, mais l'artillerie lourde serait bientôt là...
Quant aux soldats ennemis, partout autour de Sev'rance, ils se faisaient massacrer par les Chiss, certains se rendaient même ; la Chiss vit une puissante salve d'artillerie frapper la première tour de garde avec une violence terrifiante, et elle sut que la victoire était à portée de main...
« Capitaine Tann? appela la voix du colonel Zarden dans son comlink. Vous pouvez vous retirez, vous et vos troupes l'avez bien mérité, et vous n'êtes plus vraiment utiles face aux tours de garde ; faites confiance à l'artillerie, encore une fois.
-A vos ordres.
-Quelles pertes avez-vous subies?
-Environ trois cent hommes.
-C'est remarquablement faible, Capitaine.
-Peut-être, mais ça fait déjà trop.
-Cela va de soi. »
Sev'rance donna l'ordre à ses subordonnés de se replier, ce qu'ils firent avec joie ; alors que les tours de garde s'effondraient sous les coups répétés de l'artillerie Chiss, elle rejoignit le Colonel Zarden.
« Comment ça se passe?
-Quelques groupes isolés de soldats ennemis sont parvenus à nous échapper, mais la majorité s'est rendue ; les autres groupes de fantassins vont s'occuper de chasser les derniers, vous, vous avez bien mérité un peu de repos, d'autant plus que j'ai une excellente nouvelle à vous annoncer...
-J'espère que c'est « J'ai décidé de ne pas détruire totalement le générateur de bouclier », remarqua Sev'rance d'un ton acide.
Zarden sourit.
-Je voulais vous dire que vous aviez raison, les Kryshzlas ont volontairement laissé échapper des informations sur l'emplacement de leurs générateurs de boucliers... Mais tout va bien, j'ai fait part de mes doutes et des vôtres au Haut Commandement, et le directeur des services de renseignements a décidé de chercher plus d'informations ; au final, il s'avère que cette manœuvre des Kryshzlas n'était pas destinée à leur permettre de nous bombarder, mais à forcer notre flotte à rester ici, tandis qu'ils préparent en fait un raid sur Xelva. La flotte est déjà en route pour Xelva normalement, ce n'est plus notre problème ; nous pouvons détruire le générateur. En fait, je viens d'en donner l'ordre, l'artillerie devrait s'en être occupé...
Sev'rance sourit d'un air glacial.
-Est-ce que vous êtes en train de me dire que nous n'avons plus ni flotte ni générateur de bouclier au-dessus de nos têtes?
Zarden la regarda d'un air déconcerté ; à l'évidence, il avait crû faire plaisir à Sev'rance.
-Je suis en train de vous dire que vous aviez raison de vous inquiéter, mais que le problème ne nous concerne plus, car les Kryshzlas ont fait tout cela pour frapper Xelva... Et j'ai parlé de vous au directeur des services de renseignements, le Haut Commandement vous nommera probablement à ma place si je suis promu Général, ce qui serait logique après cette victoire...
-Je vous remercie, Colonel, mais franchement... Je vous avais dit que les Kryshzlas trouveraient un moyen d'éloigner la flotte de Tehirahs ; manifestement, c'est ce qu'ils ont fait...
Un sous-officier les interrompit.
-Rapport de l'artillerie, Colonel ; le générateur de bouclier ennemi a été détruit.
Sev'rance regarda Zarden et lui dit d'un ton sans réplique:
-Il se passe exactement ce que je vous avais dit, Colonel, comment pouvez-vous ne pas le voir? Les Kryshzlas ont attiré la flotte loin d'ici, et vous, vous avez détruit le générateur de bouclier... Nous sommes vulnérables face à un bombardement ennemi ; c'était ça, le véritable plan des Kryshzlas...
-Écoutez-moi bien, Capitaine Tann, rétorqua Zarden en haussant la voix, si le directeur Hess'arga'nuruodo dit que les Kryshzlas vont attaquer Xelva, c'est que l'information est fiable ; la vérité, c'est que vous êtes incapable de reconnaître que vous vous êtes trompée sur le plan des Kryshzlas! Vous êtes une femme très intelligente, Capitaine, mais vous devez apprendre à accepter vos erreurs!
-Mais je ne me suis pas trompée! Ce raid sur Xelva n'entre pas du tout dans la logique des Kryshzlas : ils pensent essentiellement leur stratégie à partir de frappes rapides et rentables économiquement, la fierté et la haine n'entrent pas en ligne de compte pour eux ; attaquer Xelva ne leur servirait à strictement rien à moins de vouloir continuer leur guerre désespérée contre nous, tandis qu'ici, ils pourraient s'emparer de leurs anciennes ressources et disparaître une fois pour toutes, ayant rentabilisé leur investissement sur Tehirahs. C''est comme cela que pensent les Kryshzlas!
-Vous délirez, Capitaine. Et plus grave, vous mettez en doute la compétence du directeur Hess'arga'nuruodo...
Hess'arga'nuruodo... N'était-ce pas le nom de cet officier de la DSFC qui avait fait arrêter l'oncle de Sev'rance? Si oui, il avait pris du galon, depuis...
-Il n'y a qu'un seul moyen d'échapper à la débâcle, reprit Sev'rance. Nous devons immédiatement partir pour la zone couverte par le premier générateur de bouclier, nous pouvons le remettre en marche...
-Êtes-vous en train de me dire que vous ne l'avez pas détruit conformément à mes ordres, Capitaine?
-Je l'ai neutralisé.
-Bravo... Je n'aurais pas dû parler de vous au Haut Commandement, capitaine, vous êtes un brillant officier, mais on ne peut pas vous faire confiance! Votre seule insubordination est une bonne raison pour ne pas faire ce que vous me dites...
-Colonel, je vais vous dire quel est le vrai problème : vous aviez trop peur de désobéir en partie au Haut Commandement, alors puisque le directeur Hess'arga'nuruodo vous offre une occasion de le faire tout en gardant la conscience tranquille, vous refusez de voir que c'est en fait le véritable piège des Kryshzlas... On s'en fiche que vous vous donniez l'impression d'avoir bien agi ou non ; ce qui est important, ce n'est pas la façon dont vous percevez vos actions, ce qui est important, c'est que le sang de ceux qui dépendent de vous ne coule pas !
-Taisez-vous, Capitaine. C'est la dernière fois que je tolère vos écarts au respect que vous devez à votre officier supérieur, alors partez, ou vous ne resterez pas capitaine longtemps. Tout de suite. »
Sev'rance le dévisagea quelques secondes encore.
Puis elle partit.

En partant, Sev'rance passa devant les ruines des installations Kryshzlas ; aucun doute possible, le générateur de bouclier était bel et bien détruit... Une partie des fantassins était partie dans les montagnes environnantes traquer les quelques groupes Kryshzlas qui avaient réussi à prendre la fuite, d'autres fouillaient les décombres ou interrogeaient les prisonniers ; elle aperçut Vandalor, en train de discuter avec un petit groupes d'officiers et de soldats Chiss; elles les rejoignit aussitôt.
« Je peux vous parler? C'est important... les interrompit-elle.
-Bien sûr, confirma Vandalor. Je suppose que ça concerne vos doutes sur le plan du Colonel...
-Oui. Il vient de me dire lui-même que la flotte a quitté l'orbite suivant une information des services de renseignements au sujet d'une attaque Kryshzla sur Xelva ; et comme il n'y a plus de générateur de bouclier, nous sommes vulnérables face à un bombardement ennemi... Je trouve cela très pratique...
-Vous doutez de la fiabilité des services de renseignements? demanda un Lieutenant que Sev'rance voyait pour la première fois.
-Oui, répondit-elle brutalement. Les Kryshzlas n'ont aucun intérêt à attaquer Xelva, et je suis convaincue qu'ils le savent ; leur flotte est probablement en route pour nous bombarder...
-Vous avez parlé au Colonel du générateur de bouclier encore en service? demanda Vandalor. Si nous rejoignons la zone qu'il couvre, nous n'aurons plus rien à craindre...
-Je lui en ai parlé, et il refuse de m'écouter ; par fierté, par refus de mettre en doute les informations du Haut Commandement... Je ne sais pas, mais il est persuadé que les Kryshzlas vont gentiment nous laisser camper ici et il est décidé à ne pas bouger d'ici...
-Oui, enfin, c'est compréhensible, de son point de vue, remarqua un sergent. Si nous partons maintenant, il restera toujours une poignée de combattants Kryshzlas sur la planète ; il faut en finir tant que nous savons à peu près où les trouver...
-Cela vaut-il la peine de prendre un risque pareil?
-Non, bien sûr... Le problème, c'est que nous n'y pouvons pas grand chose ; à moins de déserter, et encore, cela ne sauverait pas les autres...
-Ou alors, nous pouvons tout simplement... Démettre le Colonel Zarden de ses fonctions, lâcha Vandalor.
Un moment de silence suivit ; Sev'rance était contente de n'avoir pas eu à faire elle-même cette proposition...
-Et nous retrouver en cour martiale, remarqua un soldat d'un ton acide.
-En cour martiale, mais vivants...
-Vous parlez de trahison, là, rappela un Lieutenant.
Sev'rance reprit la parole :
-De trahison envers qui? Certainement pas envers nos compagnons d'armes, en tous cas, et c'est le plus important pour moi. Envers l'Ascendance Chiss? Même si je me trompe, tout ce qui va se passer, c'est que quelques groupes de soldats Kryshzlas isolés vont continuer à nous résister quelques temps... Le seul que nous allons trahir, c'est le Colonel Zarden ; et en refusant d'agir pour le bien de ses hommes, c'est lui qui nous a trahi le premier.
-Capitaine, franchement... Je vous comprend, c'est vrai que le Colonel et le haut commandement se trompent sûrement, mais... C'est sur le principe que ça me dérange ; si chacun se met à refuser d'obéir à son officier parce qu'il est persuadé d'avoir raison, on va droit dans le mur... Une mutinerie, même pour les meilleures raisons de la Galaxie, est toujours une trahison envers l'Ascendance Chiss.
Plusieurs des autres, notamment Vandalor, le foudroyèrent du regard.
-Et alors? On sera vivants, non?
-Lieutenant, répondit Sev'rance sur un ton plus diplomate, je comprend très bien que vous trouviez cela illégitime, mais franchement... Où allons-nous si chacun cesse de défendre ce qu'il croit juste pour se transformer en machine aux ordres de ses supérieurs en partant du principe qu'ils savent ce qu'ils font la plupart du temps? Toute ma famille a souffert d'une décision injuste de la DSFC, c'est pour cela que je suis là aujourd'hui et pas officier de la flotte ; lorsque des décisions injustes comme celle du Colonel Zarden sont prises, s'il n'est pas à un moment donné parmi les victimes une pour se révolter, la Galaxie n'avance pas.
« Je sais que cela peut paraître choquant de cautionner des méthodes aussi violentes pour faire triompher son point de vue, mais... Il faut bien que quelqu'un fasse quelque chose. Quelque chose pour nous et les autres soldats de Tehirahs cette fois, pour l'ensemble du peuple Chiss une autre fois, pour n'importe quelle autre victime d'une injustice n'importe quand ; alors je suis prête à utiliser toute la violence nécessaire à établir un pouvoir qui aide ceux qui ont besoin de moi. Y compris mon propre pouvoir d'ailleurs, mais ce n'est pas mon objectif.
Le Lieutenant hésita un instant, manifestement impressionné, puis répondit d'un ton compréhensif :
-Encore une fois, je vous comprend très bien, Capitaine, mais... C'est exactement comme cela qu'on se retrouve avec du sang sur les mains, et on s'aperçoit au bout du compte que finalement, cela n'en valait peut-être pas la peine... Il faut que vous acceptiez l'idée que vous n'avez pas forcément raison, que les causes que vous défendez ne valent peut-être pas la peine de causer tant de mal.
Sev'rance avait exactement les mêmes doutes, même si elle s'efforçait de ne pas le laisser transparaitre... Le sergent intervint furieusement avant elle :
-Arrêtez ça, on doit prendre une décision, et vite, la flotte Kryshzla peut être là d'une minute à l'autre ; et le Capitaine Tann a raison, on ne va pas se laisser tuer!
-Attendez, sergent, dit Vandalor. Lieutenant... Moi, je pense comme le sergent que nous devrions surtout chercher à survivre, mais franchement, posez-vous cette question : qui a le plus de sang sur les mains de celui qui tue en faisant ce qu'il croie devoir faire et de celui qui le regarde faire? Le premier n'aurait jamais pu tuer sans le second. Et quitte à avoir du sang sur les mains, vaut-il mieux que ce soit parce qu'on s'est trompé ou parce qu'on est un lâche? Vous pouvez aider le Capitaine Tann à empêcher le Colonel Zarden de commettre ce que vous considérez comme une erreur monumentale potentielle, alors vous devez le faire; le pouvoir implique la responsabilité.
-C'est ce que je pense aussi, déclara Sev'rance. Vous aviez raison, il y a deux jours, Vandalor ; je n'aurais pas dû obéir à des ordres que je désapprouvais. Personne ne doit hésiter à imposer ses décisions par la force pour ce qu'il croie juste, c'est la seule méthode qui ait jamais réussi à lutter contre l'injustice. Lieutenant, est-ce que vous êtes avec nous?
« Vous le savez, je ne me suis que très rarement trompée jusqu'à présent, et lorsque c'est arrivé, c'était presque systématiquement pour des raisons qui ne dépendaient pas de moi ; je sais comment pensent les Kryshzlas, et croyez-moi, si nous n'agissons pas très vite, ils ne vont pas se gêner pour nous bombarder. De toutes façons, cela ne nous coûtera pas grand chose de rejoindre la zone du premier bouclier. Le Colonel Zarden se conduit comme un imbécile ; est-ce que vous allez le laisser faire, ou est-ce que vous êtes avec moi?
Le Lieutenant soupira.
-Je n'aime pas ça du tout, mais... Très bien, je vais partir du principe que vous savez ce que vous faites mieux que Zarden. De toutes façons, on ne va pas rester là à attendre de se faire bombarder, hein? Mais à une condition : ne tuez pas le Colonel.
-Je n'en avais pas l'intention, Lieutenant ; Zarden ne mourra pas si je peux l'éviter.
-Bien. On va quand même se retrouver en cour martiale, vous savez...
-Je sais, oui. Mais comme l'a dit Vandalor... Il faut bien que quelqu'un fasse quelque chose.
Vandalor prit la parole.
-Euh, à propos... Désolé Capitaine, mais si on tuait Zarden en faisant croire qu'un groupe de Kryshzla a réussi à l'avoir, ça nous éviterait des ennuis...
-Non, répliqua Sev'rance d'un ton ferme. Je fais ça pour sauver les autres et nous sauver nous-mêmes des Kryshzla ; je ne tuerais pas quelqu'un parce que je ne suis pas prête à assumer mes actes devant ceux que je suis censée défendre.
-Comme vous voudrez.
-A propos, vous êtes tous d'accord pour que je prenne le commandement en remplacement de Zarden? Ça va être le bordel si on ne sait pas qui mettre à sa place...
-Bien sûr, Capitaine, assura un soldat, et je ne pense pas que qui que ce soit d'autre y verra un inconvénient ; Zarden disait lui-même que vous étiez son meilleur Capitaine, et après vos coups d'éclat de ces derniers jours, personne ne sera assez bête pour vous contester...
-Parfait. Alors prévenez les autres Capitaines, dit-elle à un sergent et au Lieutenant, je veux que le transfert d'autorité se fasse sans problèmes ; je vais prévenir le sergent Dalkie de remettre le générateur de bouclier en service ; Vandalor, vous et les soldats, vous pourrez aller arrêter le Colonel dès que les autres officiers auront été prévenus.
-A vos ordres, Colonelle.»

Mais qu'est-ce que je suis en train de faire, par toutes les planètes des Régions Inconnues? La question revenait à l'esprit du Colonel Zarden environ tous les quarts d'heure depuis qu'il avait congédié Sev'rance, alors qu'il donnait ses ordres aux groupes de fantassins partis chasser les survivants Kryshzlas dans les montagnes.
Il fallait le reconnaître, le discours de Sev'rance Tann ne l'avait pas laissé indifférent ; au fond, il était tout aussi possible que les Kryshzlas veuillent bombarder Tehirahs qu'ils veuillent attaquer Xelva... Et il était exact qu'il était moins risqué de laisser les Kryshzlas en plan pour se mettre sous la protection de l'autre générateur de bouclier, encore actif d'après Tann...
Oui, mais ce que Tann ne comprenait pas, c'était qu'il était aussi possible que les renseignements ne se soient pas trompés, c'était même le plus probable malgré les talents de stratège de Sev'rance ; pourquoi fallait-il que les personnes les plus intelligentes soient presque toujours aussi les plus incapables de reconnaître que cette fois, juste cette fois, elles avaient pu se tromper...? Agir suivant les conseils de Tann aurait été la conforter dans cette attitude, c'était pour cela que Zarden s'y refusait ; Tann devait comprendre, et les autres par la même occasion, qu'il était possible que les gens plus haut placés qu'elle dans la hiérarchie avaient peut-être de bonnes raisons d'agir...
Si le directeur Sargan disait qu'elle avait fait une erreur et semblait avoir de bonnes raisons de le dire, Sargan aussi bien que Tann devaient considérer que c'était le cas ; c'était à partir du moment où vous refusiez d'admettre que les autres avaient peut-être de bonnes raisons d'agir qui vous échappaient que vous quittiez le navire pour partir dans la jungle, pour reprendre la métaphore...
« Ils devraient être légèrement au nord de votre position d'après le rapport du groupe 1, expliqua le Colonel dans son comlink. Allez-y ; au pire, le groupe 4 pourra vous rejoindre d'ici dix minutes, mais je préfèrerais éviter... Un groupe équipé d'un lance-missile a été repéré dans les environs...
-A vos ordres, Colonel.
Zarden avait à peine coupé la communication qu'une autre lui parvint de l'officier du groupe 3 :
-Ici le Capitaine Galrn, Colonel. Les Kryshzlas que nous poursuivions viennent de nous présenter leur reddition, ils sont vingt-cinq à voir survécu.
-Parfait, ramenez-les ici. »
C'était un véritable cauchemar de gérer toutes ces équipes à la fois, sur autant de champs de batailles différents... Mais ils devaient en finir maintenant ; c'étaient les ordres du haut commandement.
« Groupe cinq, si c'est réglé, vous pouvez rentrer, le groupe 4 et le groupe 2 sont trop loin de toutes façons et... Attendez, je vous recontacterais plus tard, on dirait qu'on a besoin de moi ici... »
Le Lieutenant Vandalor, le tireur d'élite qu'il avait placé aux côtés de Sev'rance Tann, approchait, en compagnie de deux soldats ; que se passait-il? Un groupe de Kryshzla avait-il quitté les montagnes pour une attaque rapide? Ou... Une flotte Kryshzla avait-elle été repérée? Dans ce cas, Zarden n'était pas sûr de pouvoir à nouveau se regarder en face... Mais il n'aurait fait qu'obéir aux ordres, il n'avait rien à se reprocher.
« Que se passe-t-il, Lieutenant?
Plutôt que de répondre, Zarden et les deux soldats pointèrent leurs charrics sur lui ; le colonel blêmit. Non... Tann n'irait quand même pas jusque-là, ce devait être un coup de bluff... Il fallait l'espérer, en tous cas...
-Colonel, commença Vandalor sur un ton solennel qui ne lui ressemblait pas, je suis au regret de vous annoncer que vous êtes démis de vos fonctions et en état d'arrestation sur une décision conjointe de vos subordonnés... N'opposez pas de résistance, poursuivit-il sur un ton plus nonchalant, c'est un conseil ; Sev'rance Tann ne veut pas vous tuer, mais moi, je continue de penser qu'un cadavre a moins de chances de nous faire passer en cour martiale...
Aucun des sous-officiers et soldats qui entouraient Zarden ne broncha ; manifestement, Tann s'était assuré le soutien de l'ensemble des forces de Tehirahs avant de passer à l'action... Et maintenant, elle lui envoyait Vandalor, un officier connu pour son impulsivité et son imprévisibilité, pour l'arrêter, un excellent moyen de se dédouaner en cas de problème pendant l'arrestation... Ce n'était pas du tout un coup de bluff, c'était un coup de maître. Zarden aurait dû le voir venir ; cela crevait les yeux à présent, Sev'rance Tann était dévorée par l'ambition, elle n'attendait qu'une raison légitime de pouvoir prendre un peu plus d'importance, et Zarden venait de la lui offrir sur un plateau... C'était pour cela qu'elle avait accepté toutes les missions les plus dangereuses que Zarden lui avait proposé, c'était pour cela qu'elle avait passé des années à combattre avec un tel acharnement sur Tehirahs...
Zarden se força à conserver son sang-froid malgré sa situation catastrophique et reprit la parole, d'un ton qui se voulait confiant :
-Lieutenant, je ne vous conseille pas de prendre part à cela, ni vous ni aucun autre soldat Chiss; si c'est vraiment le Capitaine Tann qui vous envoie, elle est finie, et tous ceux qui auront pris part à une mutinerie motivée par ses mensonges le seront avec elle... Baissez vos armes, vous et les deux autres, et j'oublierais votre participation à tout cela...
L'un des deux soldat hésita, mais Vandalor n'eut pas l'air très impressionné.
-Nous jouons tous nos vies dans cette affaire, Zarden ; je ne sais pas ce qui nous arrivera après, mais ce que je sais, c'est que nous n'allons pas rester ici à attendre de nous faire bombarder pour vous faire plaisir... (Zarden saisit discrètement son comlink, sans bien savoir ce qu'il allait en faire ; Vandalor, tout à sa tirade, ne sembla rien remarquer) J'ai confiance en Sev'rance Tann, pas en vous. Suivez-nous sans faire d'histoires, nous n'avons pas de temps à perdre... Et si je dois vous tuer, je le ferais sans hésiter. »
Zarden se mit à réfléchir à toute vitesse au moyen de se tirer de cette situation ; il s'aperçut qu'il n'y en avait aucun qu'il jugeât acceptable. Comment les choses avaient-elles pu mal tourner aussi vite? Maintenant, c'était trop tard... Il ne lui servirait à rien d'essayer d'échapper à Vandalor, à part à se faire tuer; bien sûr, il pouvait en revanche accepter de perdre le commandement de l'armée Chiss, se laisser emprisonner et conclure un accord avec Sev'rance Tann après cela pour retrouver sa liberté et la sauver de la cour martiale... Il pourrait mentir au Haut Commandement et prétendre avoir volontairement renoncé à son grade de Colonel, ce en échange de quoi Sev'rance le laisserait certainement partir s'il ne lui causait plus d'ennuis...
Oui, mais il n'aimait pas du tout cela ; Sev'rance venait de franchir une limite, et jusqu'où irait-elle après cela dans sa quête désespérée de pouvoir? Même si elle était peut-être percluse d'intentions admirables aux yeux de Zarden, il semblait à présent clair qu'elle n'avait pas froid aux yeux lorsqu'elle l'estimait nécessaire... Que ferait-elle, la prochaine fois qu'elle estimerait pouvoir empêcher une injustice en usant de la violence? Enfreindre les très strictes règles pacifistes des Chiss? Ou pire, massacrer des civils? Et jusqu'où irait-elle pour prendre plus d'importance? Car même si elle se refusait certainement à l'avouer et à se l'avouer, il semblait clair que c'était aussi cela qui se cachait au fond de ses agissements...
Zarden avait l'impression de brusquement comprendre Sev'rance Tann, comme si ce qu'elle était en train de faire lui avait ouvert les yeux, et ce qu'il comprenait lui faisait peur ; non, il fallait que quelqu'un arrête Sev'rance Tann pendant qu'il en était encore temps... Avec un sentiment croissant d'irréalité, Zarden comprit qu'il devait mourir ; c'était terrible, il ne l'aurait jamais envisagé il y avait seulement dix minutes, mais c'était ainsi. Pourquoi pas, après tout? Ces dernières années, il n'avait plus été qu'un instrument entre les mains du haut commandement Chiss ; même si son instinct hurlait d'horreur à cette idée, Zarden ne trouvait finalement pas l'idée qu'il allait mourir si terrible. De toute façon, il avait un devoir. Si seulement il avait pu comprendre plus tôt ce qui se cachait derrière le courage et la détermination implacable de Sev'rance, peut-être aurait-il pu l'empêcher de prendre cette direction, peut-être beaucoup d'autres auraient-ils pu le faire s'ils avaient compris à temps, mais c'était trop tard.
Zarden remit son arme à Vandalor, qui la saisit.
« Je vois que je n'ai pas le choix... Mais croyez-moi, vous, Tann et les autres le regretterez...
-Vous nous remercierez quand vous verrez qu'on vous emmène loin du bombardement... Qui ne va pas forcément tarder, d'ailleurs, alors venez.
Mais pendant que l'autre parlait, Zarden avait porté le comlink à ses lèvres ; l'appareil était réglé pour que son appel soit retransmis à la flotte Chiss.
-Ici le Colonel Zarden de Tehirahs, j'appelle pour vous prévenir que que...
Déjà, Vandalor se jetait sur lui et le plaquait au sol ; mais Zarden, se battant avec l'énergie du désespoir, parvint à garder le contrôle du comlink.
-... Que je suis victime d'une mutinerie menée par le Capitaine Tann, qui... »
C'était la fin, Zarden le voyait ; avec toute la vitesse du soldat d'élite qu'il était, Vandalor saisissait son arme de poing et s'apprêtait manifestement à le tuer pour l'empêcher d'en dire plus. Il ne devait pas rester plus d'une ou deux secondes à vivre à Zarden. Au fond, c'était peut-être mieux ainsi ; peut-être sa mort ferait-elle prendre conscience à Tann qu'elle était allée trop loin...
Zarden le savait, il fallait savoir se retirer du jeu quand on ne pouvait espérer en faire plus.
Vandalor mit fin aux jours du Colonel d'un rapide tir bleuté qui fit exploser sa tête.

« Le groupe 2 est bien de retour, Colonelle Tann, nous pouvons partir, l'informa un soldat.
Sev'rance soupira de soulagement.
-Alors nous partons, et tout de suite! Vandalor a rempli sa mission?
-Il affirme que oui, mais qu'il y a eu un problème dont il veut d'abord vous...
-Nous verrons cela plus tard, si Zarden est neutralisé, nous partons, il n'y a pas une seconde à perdre.
Sev'rance avait à peine fini de parler que son comlink recevait un appel, apparemment de la base Chiss, à bien des kilomètres de là.
-Que se passe-t-il? Je suis un peu occupée, là...
-C'est urgent, Colonelle! Des vaisseaux viennent d'entrer dans le système ; l'identification est encore en cours, mais il est extrêmement probable qu'il s'agisse de vaisseaux de guerre Kryshzlas... Vous aviez raison, Colonelle.
-J'aurais presque préféré me tromper... Il n'y a vraiment pas une seconde à perdre dans ce cas, si nous n'allons pas très vite, nous n'y survivrons pas. »
L'armée Chiss se mit immédiatement en marche, les soldats sachant que leur survie dépendrait de la vitesse à laquelle ils pourraient rejoindre le générateur de bouclier ; Sev'rance préférait ne pas penser à ce qu'elle ferait si elle survivait, lorsqu'elle serait accusée de trahison, ce qu'elle voulait à tous prix éviter depuis ses douze ans...
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 10:10, modifié 1 fois.
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Messagepar Notsil » Sam 10 Avr 2010 - 12:41   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Oh, très chouette double passage :) (moi j'aime bien le flash-back ^^ mais j'ai eu un peu moins de temps de lecture là :p).
J'aime beaucoup Zarden, sa logique, ses points de vue, tes perso ont une bonne psychologie et des réflexions intéressantes ^^
(je me demande par contre si on féminise vraiment les grades de l'armée ? Je crois que non ^^).

Bon, ils vont passer un sale petit quart d'heure quand même, on ne sait pas encore trop combien vont s'en sortir, ni comment Sev va finalement se retrouver avec les Séparatistes ;) Ca promet :p
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 11 Avr 2010 - 10:34   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

(moi j'aime bien le flash-back ^^ mais j'ai eu un peu moins de temps de lecture là :p).


Le truc, c'est que j'ai un peu peur que ces quelques flash-back relativement courts se perdent dans la masse de la novélisation de SWGB CC, j'ai pensé que ce n'était pas forcément évident de reprendre le fil des débuts de Sev'rance après trente pages de combats sur Eredenn Prime :neutre:

J'aime beaucoup Zarden, sa logique, ses points de vue, tes perso ont une bonne psychologie et des réflexions intéressantes ^^


Merci; sur En Chute Libre dans les Ténèbres comme sur L'Ascension de Sev'rance Tann, j'ai toujours tenu à ce que le lecteur puisse comprendre le point de vue de chacun des personnages principaux :)

(je me demande par contre si on féminise vraiment les grades de l'armée ? Je crois que non ^^).


Franchement, je n'en sais rien^^ Je me rappelle avoir vu écrit "Amirale" quelques fois au sujet de Daala, et comme Open Office n'a pas trop râlé quand je lui proposé "Colonelle" :o

ni comment Sev va finalement se retrouver avec les Séparatistes ;) Ça promet :p


Et comment :diable: D'après ce que j'ai prévu, les flash-back suivants devraient être particulièrement intéressants... Et donc durs à écrire, mais enfin, il faut souffrir pour écrire ce qu'on aime :D

Bref, merci d'être passée, Notsil :)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 25 Avr 2010 - 17:42   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Allez, on revient au présent avec ce morceau du chapitre 9 actuel... Bonne lecture :)

Chapitre IX


L'aube se levait à peine sur les forêts d'Alaris Prime, et Layrritcuk sentait déjà que la journée serait particulièrement pénible ; cet endroit, avec la lumière dorée du jour perçant l'épais feuillage des arbres Wroshyr, avec sa via abondante aux alentours, avait pourtant de quoi ravir un Wookie comme lui qui vivait depuis tant d'années loin de Kashyyyk... Mais il n'était pas venu ici pour admirer la majesté de la forêt.
Le scientifique Wookie se tourna vers les soldats clones à côté de lui.
« On est sûrs que c'est lui? demanda-t-il.
Un droïde de protocole Wookie, spécialement conçu pour l'environnement d'Alaris Prime, traduisit pour les humains ; la question devait leur paraître stupide, mais Layrritcuk n'avait jamais vraiment compris comment les non-Wookies faisaient pour se différencier entre eux. Sans parler des clones, d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, Layrritcuk ne perçut aucun signe d'exaspération dans la voix du sous-officier clone qui lui répondit.
-Il a bien été identifié comme étant Bogeega Bu'Daay, les tests ADN sont formels ; et qui d'autre serait assez fou pour aller s'aventurer dans la jungle sans être lui-même un Wookie?
Allongé dans les hautes herbes sous le Wookie et les clones se trouvait ce qui avait autrefois été un espion Bothan, à présent si mutilé qu'il en était méconnaissable, du moins aux yeux de Layrritcuk ; lorsqu'ils attaquaient quelqu'un, les Gundarks ne prenaient pas de gants. Ils étaient l'incarnation de la jungle telle que la connaissaient les Wookies : lorsqu'ils attaquaient quelqu'un, ils faisaient avec une sauvagerie et une haine réelle, la même passion avec laquelle ils défendaient leurs proches ; c'était exactement le contraire de cet individu qu'ils avaient tué, ce misérable espion qui s'était tant acharné à percer leurs secrets simplement pour pouvoir les revendre aux Seigneurs du Crime Hutts... Combattre quelqu'un dont on ne savait rien par intérêt matériel, les non-Wookies semblaient trouver cela très pragmatique, mais c'était pour Layrritcuk et la plupart des Wookies le comble de l'absurde.
-Le fait que nous ne sachions pas pourquoi quelqu'un d'autre ferait cela ne prouve rien en soit, on ne peut jamais savoir ce qu'il peut se passer dans la tête de quelqu'un, expliqua Layrritcuk. Mais si vous me dîtes que c'est bien lui...
Les clones commencèrent à fouiller le cadavre et les hautes herbes autour, à la recherche de l'appareil qui confirmerait leurs craintes...
-Je ne trouve rien sur lui, déclara le sous-officier. On a peut-être eu de la chance, finalement...
-Euh... Sergent?
-Oh non... 
Layrritcuk vit l'un des soldats clones sortir de l'herbe un objet manifestement de technologie humaine... Un databloc, avec une datacarte insérée dedans.
-C'est bien la datacarte qui a été volée à côté de Chendrrl, annonça sombrement le sergent clone. On dirait bien que nous avons un problème...
Décidément, tout cela ne plaisait pas du tout à Layrritcuk...
-Les officiers de vos services de renseignements nous avaient promis la sécurité, gronda-t-il à l'adresse du sergent clone, même s'il savait que celui-ci n'y était pour rien. Il va falloir qu'ils m'expliquent comment cet espion a pu leur échapper...
Le sergent clone avait apparemment pour instruction de défendre ses supérieurs lorsqu'ils étaient critiqués, car il répondit :
-Ce n'était qu'un espion isolé, et il n'a réussi à voler qu'une seule datacarte; cela n'aura peut-être aucune répercussion...
-Il n'a pas volé n'importe quelle datacarte! Et bien sûr que si, des ennuis sont à venir ; cela fait bien longtemps que les Seigneurs du Crime Hutts sont sur notre piste, cette fois, ce sera peut-être l'étincelle qui met le feu aux poudres! Combien de temps cela fait-il que cet imbécile de Bothan a laissé tomber sa couverture d'agent des renseignements et disparu dans la jungle? Ses employeurs sont peut-être déjà informés, et ils ont peut-être déjà vendu l'information à la Confédération!
-Je sais. » céda le clone.
Toute l'ironie de l'histoire était que si le Bothan était finalement parvenu à obtenir des informations pour ses employeurs Hutts, tout ce qu'il y avait gagné, c'était de devoir prendre la fuite dans la jungle et mourir tué par un gundark... Ses informations serviraient une cause en laquelle il ne croyait pas, et il ne verrait même sa paye, à supposer que l'argent lui aurait vraiment servi à quelque chose ; oui, ce qu'il avait fait était le summum de l'absurde...
Le Wookie et la patrouille clone se remirent en marche ; après trois heures, ils ressortirent de la forêt. Devant eux, au bord d'un fleuve couleur saphir se trouvait Rwookawarrump, colonie Wookie installée quelques années auparavant. Bien que la planète soit connue des Wookies depuis longtemps, notamment pour l'inexplicable présence des arbres Wroshyr à sa surface, ils n'avaient commencé à la coloniser que récemment, du moins d'après la perception du temps Wookie, par Attchititcuk et son fils Chewbacca ; ils avaient alors rencontré un différend avec la Fédération du Commerce, réglé avec l'aide du Maître Jedi Qui-Gon Jinn. Depuis, la Colonie n'avait plus jamais semblé menacée.
Oui, mais au loin, derrière Rwookawarrump et Llamitcuk, se trouvait les bases Loyalistes, avec leurs laboratoires et leurs usines, où les ingénieurs Wookies avaient mis au point pour le compte de la République le Decimator...
« Ceci dit, reprit le sergent, ne vous inquiétez pas trop pour Alaris Prime : si la Confédération parvient à mettre sur pied une force d'assaut conséquente, c'est sûr que le site de test d'Eredenn Prime va avoir des problèmes ; mais nous, on aura le temps de les voir arriver et d'obtenir des renforts, d'évacuer...
-Ils n'ont pas besoin de venir en nombre, grogna Layrritcuk. Ils n'ont même pas besoin de conquérir la planète, seulement de voler les codes d'accès pour activer les modèles qu'ils trouveront sur Eredenn...
-Allons... Nous sommes au milieu de la jungle, entourés de colonies Wookies et d'avant-postes clones ; il faudrait être complètement cinglé pour s'attaquer à nous sans une armée assez grande pour qu'on la voie arriver les yeux fermés...
Il fallait reconnaître que le clone n'avait pas tord là-dessus...
-Oui, approuva-t-il. Complètement cinglé... »

Ils avaient fait du bon travail, sans nul doute ; il n'y avait plus un combattant Loyaliste vivant sur Eredenn Prime, sur terre ou dans les cieux, à en croire le Capitaine Shray'lya.
« … Nous avons donc utilisé la manœuvre que vous nous avez conseillé, expliquait l'officier Bothan à Sev'rance, leur tomber dessus avec la Suprématie ; j'ai eu peur qu'ils ne s'attaquent à mes hangars avant de mourir, mais vous aviez raison, ils ont été encore assez optimistes pour essayer de s'échapper...
-Bien sûr, coupa la Jedi Noire. S'ils étaient capables d'accepter l'inévitable, ils combattraient pour la Confédération...
-Sûrement, Général. En tous cas, mes chasseurs-vautours ont réussi à les intercepter, malgré une ou deux manœuvres audacieuses de leur part ; leur vaisseau s'est écrasé, et les survivants, s'il y en avait, sont apparemment morts brûlés vifs. Plus aucun signe de vie après quelques minutes.
Une fin qui n'avait rien d'enviable, Sev'rance le savait... Mais il le fallait. Ce n'était pas à elle qu'il fallait reprocher que de telles horreurs arrivent, elle en était convaincue, c'était à ceux qui rendaient ces horreurs nécessaires, à ceux qui faisaient en sorte que son devoir consiste en de telles choses.
-Très bien, bon travail, Capitaine. »
Sev'rance coupa la communication ; autour d'elle, malgré la nuit tombant sur ce qui avait autrefois été une base Loyaliste, les dégâts de la bataille étaient clairement visibles, témoignant de la violence des combats. Elle passa devant les ruines de la formidable tourelle turbolaser que les Loyalistes avaient été obligés de détruire eux-mêmes pour tenter de tuer Gorlan, et rejoignit une équipe de Super Droïdes occupée à fouiller ce qui ressemblait à une installation de recherches.
Elle trouva leur officier dans une grande salle remplie de matériel informatique aux murs blancs et à l'éclairage minimal ; avec les Super Droïdes, l'équipe d'ingénieurs de la Suprématie étaient manifestement occupés à fouiller les ordinateurs.
« Vous avez trouvé quelque chose? leur demanda-telle. Vous n'avez pas rencontré de problèmes?
-Non, Général, affirma l'officier droïde. Nous n'avons rencontré que des civils ennemis qui nous ont présenté leur reddition.
-Il n'y a rien dans les ordinateurs, en tous cas, répondit un ingénieur. En revanche, il y a cette pièce verrouillée avec une porte blindée, juste à côté... On préférait vous attendre pour la forcer, au cas où il y aurait un piège...
-Je vais vous dire ça tout de suite. 
Sev'rance s'efforça de se concentrer sur cette porte qu'elle voyait à gauche, demandant à la Force ce qui se passerait si elle choisissait d'y entrer ; elle ne perçut aucune sensation de danger.
-C'est bon, vous pouvez y aller, c'est sans danger. »
Aussitôt, sur ordre de l'officier droïde, les Super Droïdes présents dans la pièce se tournèrent vers la porte en levant leurs bras canons ; lorsque tout le monde se fut écarté, ils tirèrent sans discontinuer pendant plusieurs minutes, jusqu'à ce que la porte ne soit plus qu'un amas de métal noirci qui céda facilement à Sev'rance.
Elle ne s'était pas trompée, ce n'était pas un piège ; aucune bombe n'explosa lorsqu'elle entra dans le petite pièce obscur derrière la porte, aucun canon automatique ne tira. Non, mais Sev'rance apercevait une silhouette dans la pièce... Quelqu'un? Non, un être vivant aurait immédiatement réagi, et Sev'rance l'aurait senti dans la Force...
« Je vous en prie, ne me faites pas de mal, articula une voix mécanique.
-Nous ne t'en ferons pas si tu ne nous en donnes pas de raison... Rejoins-nous, et tu n'auras aucune raison de t'inquiéter.
Il sorti, s'exposant à la lumière ; comme Sev'rance le pensait, il s'agissait d'un droïde à la cuirasse argenté, dont les yeux noirs démesurés et le vocodeur à la forme étrange indiquaient qu'il n'avait probablement pas été fabriqué par des humains.
-Comment t'appelles-tu, et quelle est ta fonction? Que faisais-tu là?
-Je suis le droïde RAM, personne ne s'est jamais soucié de me nommer autrement ; j'ai entendu le bruit de tirs et d'explosions dans la matinée, et mon maître m'a enfermé là... Je suis chargé par mes maîtres de conserver des informations qu'ils jugent précieuses.
-Une clé de stockage informatique sur pattes, si je comprend bien... Possèdes-tu des informations sur un projet appelé Decimator?
-Qui êtes-vous?
Manifestement, le droïde avait une programmation pour détourner la conversation lorsqu'on lui posait une question à laquelle il n'était pas censé répondre ; ça ou ses programmes d'apprentissage l'avaient acquis seuls en observant les êtres pensants. A l'évidence, le droïde réclamerait des codes d'identifications à Sev'rance si elle essayait de se faire passer pour une Loyaliste.
-Je suis le Général Sev'rance Tann, de la Confédération des Systèmes Indépendants ; et je t'ai posé une question...
-Je regrette Général, mes centres de logique m'indiquent que vos m'avez sauvé en ouvrant cette porte et je vous en suis reconnaissant, mais vous êtes identifiée comme hostile au gouvernement de la République Galactique, et je ne suis pas autorisé à vous donner quelque information que ce fut, c'est pourquoi je vais... Dzzzt-dzzzt-weuh! »
Le droïde tomba à terre sous la poussée télékinétique de Sev'rance.
« Désactivez-le, vite, avant qu'il ne s'auto-détruise! »
Un ingénieur s'était déjà jeté sur le droïde, et il parvint apparemment à couper les bons circuits ; le droïde RAM revint à l'état d'objet inerte.
« Intéressant... Continuez à fouiller, on ne sait jamais ; mais si nous ne trouvons rien d'autre, il faudra faire avec cet étrange droïde... 
-A vos ordres, Général. »
Les ingénieurs et les Supers Droïdes repartirent fouiller le laboratoire, mais Sev'rance était sûr qu'ils venaient de trouver leur seule chance d'activer les Decimators... Et si malgré le droïde, ils n'y parvenaient pas, ils auraient fait tout cela pour rien.
Convaincue qu'ils avaient trouvé tout ce qu'ils étaient venus chercher, Sev'rance quitta le laboratoire ; elle dut allumer une lampe en ressortant, la nuit était tombée sur Eredenn. Marchant entre les installations militaires et scientifiques des Loyalistes, elle retrouva Gorlan, accompagné de quelques droïdes.
« Nous avons fini de fouiller le deuxième complexe, Général, et nous n'avons toujours rien trouvé... Et vous? Ne me dites pas qu'on a détruit cette base pour le sport, quand même?
-Je crois que nous pouvons arrêter les recherches là, Colonel, nous avons trouvé un droïde RAM au laboratoire qui pourrait bien contenir les codes d'activation du Decimator ; malheureusement, il se montre assez peu coopératif...
-Autre chose : qu'est-ce qu'on fait des civils qui se sont rendus?
Sev'rance réfléchit un instant à la question ; ils ne pouvaient pas laisser de témoins, ça, c'était sûr, le Comte Dooku avait été suffisamment clair là-dessus. Le plus simple aurait été de les tuer sur place, comme les marchands Jawas de Tatooine ; un Jedi aurait sûrement été horrifié à cette idée, et quelque part, Sev'rance aussi, mais son sang bouillait à la seule idée que la Confédération puisse perdre la guerre et que tout redevienne comme avant, alors elle tuerait autant de gens que nécessaire pour empêcher cela. Mais après tout, s'il était clair que les civils Loyalistes n'avaient certainement pas les codes d'activation du Decimator, peut-être l'un d'entre eux savait-il quelque chose qui pouvait aider Sev'rance à les obtenir?
-Transférez-les sur la Suprématie, on verra plus tard s'il y a quelque chose à en tirer.
-A vos ordres, Général.
-Alors nous allons pouvoir rentrer à la base et plier bagage... Nous avons déjà passé assez de temps ici comme cela. »
Sev'rance s'exprimait d'un point de vue tactique, bien entendu; en réalité... Eredenn Prime, ses forêts de conifères, ses étendues enneigées et ses rivières lui manqueraient ; le froid, la neige, tout cela était si calme et si mystérieux, et cette planète était si loin de la guerre, si loin de la politique, si loin des êtres pensants et des injustices permanentes de leur monde... Sev'rance y aurait bien emménagé si elle n'avait pas fait partie de ce monde des êtres pensants, justement, si elle n'avait pas été impliquée dans les guerres et les luttes de pouvoir ; mais parce qu'elle en faisait partie, elle devait travailler à rendre ce monde meilleur, à vaincre l'injustice permanente qu'elle-même avait subi et que tant d'autres subissaient encore.
En servant un Seigneur Sith s'il le fallait, en tuant des civils s'il le fallait.
Oui, Sev'rance était convaincue que ce qu'elle faisait était nécessaire, et pourtant, en embarquant dans la navette qui l'emmenait vers la Suprématie, loin d'Eredenn, elle ne put s'empêcher de trouver aussi étrange qu'attirant le concept de cesser d'essayer d'obtenir quelque chose à tout prix, de ne plus être l'esclave de quelque idée que ce soit, d'être enfin en paix avec le reste de la Galaxie.
Mais lorsqu'elle essaya de s'imaginer vivant paisiblement, ayant un travail comme n'importe qui d'autre, loin de la guerre et de la politique, elle se rendit compte que ce n'était pas possible ; ce n'était pas pour elle, tout simplement. Une telle existence lui paraitrait vide, creuse, dépourvue de sens. Ça, c'était pour... Les autres. Ceux qui pouvaient être heureux sans rien accomplir d'exceptionnel, sans détruire ni construire quoi que ce soit d'important ; mais elle, la Galaxie lui avait fait trop de mal pour cela.

Nerveux, Barzii avait à peine eu le temps de dormir lorsque l'alarme de la navette l'informa qu'il allait sortir de l'hyperespace ; non qu'il ait le moindre doute sur le fait qu'il avait fait ce qu'il avait à faire, il était au contraire convaincu d'avoir agi au mieux en révélant les intentions de l'Amiral Tonith à Drakkas, il ne pourrait plus se regarder en face s'il ne l'avait pas fait... S'il devait se reprocher quelque chose, c'était plutôt d'avoir été assez lâche pour appeler les mercenaires avant cela.
Mais qu'allait-il faire, à présent?
D'abord, si Drakkas parvenait à empêcher les meurtres, l'Amiral Tonith soupçonnerait-il le rôle que Barzii avait joué là-dedans? C'était difficile à dire. Mais même en-dehors de cette incertitude, est-ce qu'il était toujours un officier Séparatiste, à présent? Il venait de dévoiler des informations à l'ennemi ; si la guerre avait été aussi simple et tranchée que dans un holofilm, cela l'aurait automatiquement classé parmi les Loyalistes. Mais c'était bien plus compliqué que cela, bien sûr ; quoi qu'en dise Drakkas, Barzii restait convaincu que la République était un gouvernement corrompu et incapable, sans quoi la Confédération n'aurait jamais pu émerger... Et le fait que Drakkas se soit à terme montré plus loyal que Barzii ne prouvait rien en soi sur aucune des deux factions, d'autres officiers Séparatistes étaient sûrement plus recommandables tout comme d'autres officiers Loyalistes agissaient peut-être de façon illégitime... Et Barzii n'était pas sûr de pouvoir déterminer qui de la démocratie corrompue et de la dictature serait le plus nocif pour la Galaxie, à terme...
Barzii devrait peut-être tout simplement donner sa démission de la flotte et laisser les Loyalistes et les Séparatistes s'étriper, laisser les Jedi régler leur compte avec Dooku... Devenir employé de banque, professeur, inspecteur de police... N'importe quelle profession dans laquelle il ne serait plus mêlé à tout cela. Et naturellement, il serait ainsi un mari plus présent.
L'espace d'un instant, il essaya de s'imaginer se réveillant tous les jours dans la même maison, travaillant tous les jours à des horaires fixes quelque part à la surface de Darlja, écoutant les informations sur la guerre sans y être personnellement impliqué ; ce serait... Étrange. C'était comme si après toutes ces années dans la flotte Darjane, son identité y était maintenant liée, comme s'il n'arrivait plus à se penser autrement que comme un officier de la flotte ; mais il finirait par s'y faire...
Ceci dit, il n'en était pas encore là. Après la bataille, si Tonith gagnait, peut-être serait-il envoyé ailleurs, et Barzii resterait alors seul à la tête de la flotte Séparatiste du Secteur.
La navette jaillit de l'hyperespace dans le système de Karsti. Comme prévu, l'espace était bondé de vaisseaux de guerre Séparatistes ; Tonith avait donc réussi son attaque-surprise, soit parce que les Loyalistes avaient été incapables de l'arrêter, soit parce que Drakkas n'avait pas pris Barzii au sérieux...
Dans le cockpit avec l'équipage, Barzii observa sa navette se frayer un chemin jusqu'à un puissant vaisseau de classe Lucrehulk, entouré d'un essaim de chasseurs-vautours. Son rythme cardiaque s'accéléra légèrement lorsque la navette se posa dans l'un des hangars ; maintenant, il fallait espérer que Drakkas avait réussi et que Tonith ne savait rien... L'officier Séparatiste parvint cependant à dissimuler sa nervosité en descendant de la passerelle.
« L'Amiral Tonith est sur la passerelle, il vous attend, l'informa-t-on.
-Très bien. »
Il se mit en marche dans les coursives du vaisseau, essayant de conserver une démarche et une expression semblables à n'importe quel autre jour ; il ne devait pas se montrer trop docile face à Tonith, sinon celui-ci soupçonnerait quelque chose... Il s'avança sur le pont de commandement d'un pas qu'il espérait ferme et assuré; l'Amiral Tonith l'attendait devant la verrière, le dos tourné (les officiers supérieurs étaient toujours en train de contempler l'espace dans la verrière quand ils n'avaient rien d'autre à faire, Barzii le savait et lui-même n'échappait pas à la règle, encore une invention du cinéma qui avait fini par s'imposer dans la vie réelle). Il se retourna exactement au moment où Barzii approchait, encore une chose que Barzii avait vu et revu chez les officiers de la flotte, encore une chose qui aurait pu lui faire croire que c'était un jour comme un autre.
« Ah, Commodore, vous tombez bien ; notre attaque a été un succès, comme vous pouvez le voir... Heureusement, car je crois que vous vous en êtes moins bien sorti aux négociations, ajouta Tonith d'un ton incisif.
-J'ai fait ce que j'ai pu, répliqua Barzii un peu plus sèchement que ne le prévoyait le règlement. Mais tant mieux si votre offensive est réussie... Ils n'ont pas opposé de résistance du tout?
-En fait, si... Un petit groupe de vaisseau Loyaliste se trouvait déjà sur place quand nous sommes arrivés, soit parce que le Général Drakkas est paranoïaque, soit par pure malchance ; mais cela n'a pas posé de vrai problème... Ils se sont battus avec beaucoup de courage mais peu de puissance de feu.
-Des pertes?
-Minimes, même si nous avons surtout eu de la chance qu'ils soient si peu nombreux. Vous reprendrez votre commandement pour la suite des opérations...
-Très bien. Et qu'en est-il des assassinats sur Wazt-ahl? Ça a marché? Cela nous éviterait de nous retrouver avec Drakkas en face, ce sera déjà ça...
-Ah... Malheureusement, cela n'a pas aussi bien marché que prévu ; seulement deux cibles sur trois ont été tuées, et Drakkas a réussi à tuer tous mes mercenaires. Il est libre, tout le monde sait qu'il n'y est pour rien dans les attentats et beaucoup de monde vont sûrement réviser leur allégeance en faveur de la République...
-C'est... Regrettable, Amiral. Mais je vous ai fait part de mes doutes concernant vos méthodes...
Voilà, il devait rejeter la faute sur Tonith... Au moins, Drakkas avait réussi ; à présent, le problème était de savoir ce que savait l'Amiral...
Le Muun eut un sourire qui glaça le sang de Barzii.
-Ce qui est encore plus regrettable, Commodore, c'est la transmission que l'un des assassins m'a fait parvenir avant d'être tué... Il vous attribue la responsabilité de cet échec.
Barzii se retrouva brusquement sans voix.
-Suivez-moi. Nous avons à discuter, et cela ne sera pas long. »
Barzii savait qu'il n'avait pas le choix... Il valait mieux suivre Tonith maintenant et faire face à ses soupçons que tenter vainement de s'échapper... Il suivit l'amiral loin du pont de commandement, vers ses quartiers ; en voyant les deux Super Droïdes devant la porte, il sut qu'il aurait intérêt à être très convaincant. Une fois entré, l'Amiral s'assit à son bureau et Barzii s'assit en face.
La porte se referma presque sans faire de bruit.
« Amiral, commença Barzii d'un ton qui se voulait insulté par les accusations qu'on portait contre lui, je me permet de protester contre ces accusations ; si je n'approuve effectivement pas vos méthodes, je ne suis pour rien dans cet échec, et n'importe qui au sein de la flotte Darjane vous dira que je suis un officier loyal et compétent. Ce n'est en rien de ma faute si vos assassins n'ont pas su venir à bout d'un Jedi.
Tonith sourit à nouveau.
-Je n'en doute pas... Mais j'aimerais savoir comment vous expliquez que Drakkas ait pu être informé de mes intentions au moins une heure avant que mes assassins ne passent à l'action ; et aussi par quel miracle il savait qu'il y aurait une attaque sur Karsti...
-Amiral, franchement, je n'en ai aucune idée, mais je ne connais rien à la Force... On peut tout expliquer avec cela, les pouvoirs des Jedi sont aussi grands qu'imprévisibles...
-Je trouve cela un peu facile, Commodore...
-Je regrette, mais je ne vois pas d'autre explication.
-Moi, en revanche, j'en vois une : vous êtes un traître, et vous avez dévoilé mon plan à Drakkas.
Le ton de Tonith était calme, presque banal ; Barzii avait beau savoir que l'Amiral faisait cela uniquement pour le déstabiliser, cela fonctionnait... Non, il devait réfléchir, trouver quelque chose pour réfuter les accusations...
-Je n'y suis pour rien, Amiral, et je suis loyal à la Confédération. Vous pensez qu'il est plus probable qu'un Commodore Séparatiste vous ai trahi plutôt que l'un des mercenaires?
Réfléchissant à toute vitesse, il ajouta :
-Par ailleurs, si j'étais vraiment un traître, je ne serais pas revenu ici.
Cette fois, Tonith abandonna son sourire.
-Vous avez peut-être raison, Commodore, et peut-être pas ; je n'en sais rien. Mais ce que je sais, c'est que j'en ai assez de vous avoir dans les pattes à vous dire ce que je dois faire ou non, et que vous êtes au moins un traître potentiel; vous combattez pour la Confédération, mais vous pensez toujours comme un officier de cette République vieillissante... Il n'y a plus de place pour les gens comme vous dans la nouvelle Galaxie ; aujourd'hui, quand on a un moyen de porter un coup à un ennemi, on le fait, au lieu de se poser des questions inutiles. On ne peut pas vous faire confiance, alors que vous soyez vraiment le coupable ou non ne compte pas parce que vous pourriez très bien l'être ; c'est sûrement le cas, d'ailleurs.
L'Amiral pressa un bouton sur son bureau, et les deux super Droïdes entrèrent.
-Commodore Barzii, vous êtes en état d'arrestation pour trahison, annonça Tonith sur un ton solennel.
Avec une impression d'irréalité, Barzii réalisa qu'il était perdu ; c'était fini, c'était la fin de sa carrière, de sa liberté et peut-être même de sa vie... Dire qu'il n'y avait pas si longtemps, son seul souci était de savoir s'il ferait le poids contre Drakkas pendant les négociations. Il se retourna vers Tonith, sachant que ce serait sûrement les dernières paroles qu'il lui destinerait avant de se retrouver dans une prison sur Corvis Major ou sur le vaisseau...
-Vous ne pourrez pas faire arrêter tout le monde, Tonith. S'il se trouve plus de gens pour refuser d'obéir à un imbécile et un criminel de guerre que de lâches, vous vous retrouverez seul un jour ou l'autre ; Drakkas vous vaincra, et ce jour-là, moi et tous ceux qui ont refusé d'obéir à des ordres illégitimes sauront que nous avons bien agi. »
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Lun 16 Mai 2011 - 10:15, modifié 3 fois.
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Messagepar Notsil » Lun 26 Avr 2010 - 15:56   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Chouette cette dernière phrase :p
J'espère qu'on retrouvera ce petit gars un peu plus tard ^^
Tuer ou épargner les civils, bon pour l'instant on temporise en les faisant prisonniers ? Hâte de voir ce qui peut pousser Sev'rance à tant de dureté ^^
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Messagepar Dark Sheep » Mer 05 Mai 2010 - 15:34   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

ça n'aura pas été rapide mais voilà... je suis à jour ici aussi.
:)

Cette histoire est très intéressante... mais qu'est-ce qui va-t-il se passer ou bien ?!?
Tu arrives à accrocher l'attention sur chaque région spatio-temporelle de ton récit en tout cas, et tes scènes de batailles sont intéressantes et nombreuses.

Et euh, sinon... à quand la suite ? :perplexe:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 05 Mai 2010 - 15:41   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

ça n'aura pas été rapide mais voilà... je suis à jour ici aussi.


Sérieux?! Là, j'admire, parce qu'il faut se les taper tous ces chapitres :shock:

Bravo, et merci :)

La suite devrait être là d'ici une ou deux semaines, peut-être trois; par contre, je vais bientôt devoir ralentir un peu la cadence quand même, parce que le bac approche :neutre:
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Messagepar Dark Sheep » Mer 05 Mai 2010 - 16:07   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Ben merci à toi aussi alors, tu permets à des lecteurs de partager tes fictions, c'est sympa.
Après j'avoue que partir de zéro et tout lire demande un peu de motivation, parce que tu en as pas mal écrit là !
Mais vu que j'aime bien écrire et que je suis bon public je me suis lancé tête baissée dans la bataille :x

Et puis bon, je ne me suis pas incrusté dans la partie Fan-Fictions pour faire de la pub par tous les moyens pour mon projet vidéo, mais plutôt pour participer un peu à la vie de cette section. Alors à mon goût prêter attention aux créations des autres c'est le minimum... surtout quand on voit que c'est ce que font les dits autres :wink:

En tout cas j'attendrai donc le temps qu'il faudra pour profiter de la suite de ton histoire, que la force de l'imagination guide ta pensée :)
Et bravo pour ton boulot !


ps : et bon courage pour le bac
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 26 Mai 2010 - 20:42   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Bon, je repasse parce qu'au vu de l'estimation que je t'ai donné Dark Sheep, je m'aperçois que l'écriture du prochain chapitre va prendre beaucoup plus de temps que prévu, je n'ai pas pu y toucher depuis des semaines pour des raions compliquées et indépendantes de ma volonté; et manque de bol, le bac et le concours de Science Politique approchent à grands pas :( Je vais essayer de boucler ça entre deux révisions :chut:

ps : et bon courage pour le bac


Merci :)
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Messagepar Notsil » Ven 28 Mai 2010 - 17:28   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Ah tiens, pas de retard ici ^^ Je suis à jour :)

Bon courage pour tes épreuves, en espérant que tu n'aies pas d'idées soudaine qui te déconcentrerai en pleine épreuve ^^
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