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Hem, hem. Restez-là, braves gens, ça ne prendra pas longtemps, un texte court posté en une seule fois ; il ne date pas d'hier, j'ai commencé à l'écrire il y a des mois, alors que j'étais encore en train de galérer pour finir Perle Rouge, mais j'avais abandonné car l'idée ne me plaisait plus... Et puis hier, j'ai redécouvert ce vieux projet avec plaisir, et j'ai décidé de le terminer pour vous le présenter en tant que One Shot ; mais il s'agit d'un cas un peu particulier... Ce texte est complètement Infinities comme le précise la balise dans le titre, vous allez vite comprendre pourquoi, je pense ; à vrai dire, cela ne mérite pas vraiment le nom de fan-fiction, vous vous en apercevrez. Je ne suis pas sûr que ça va intéresser grand monde, en fait, mais à tout hasard, voici :
Récit de Mitth'raw Nuruodo
Allongé contre le sol métallique, les yeux fermés, je frissonnai légèrement ; le froid n'avait pas cette intensité mordante du vent glacial que j'avais parfois dû affronter chez moi, il était juste assez fort pour agiter mon corps de haut en bas. Juste assez fort pour m'empêcher de dormir, en fait. Remarquez, l'avantage, dans ces cas-là, c'est que ça permet d'infiniment mieux apprécier la chaleur protectrice de la couverture ; le problème, c'est que je n'avais pas de couverture.
Pour quelle raison, d'ailleurs ? Et... Étais-je bien dans mon lit, au fait ? Ce furent les premières questions qui parvinrent à mon esprit embrumé.
Oh, je n'en sais rien, je m'en moque, d'ailleurs ; tout ce que je veux, c'est dormir, plonger dans une noirceur qui recouvrira temps et pensée... C'est tout.
Ce qui semble être un sol métallique remplaçant mon lit tremble légèrement, des sifflements lugubres se font entendre quelque part... Une voix grave donne des ordres au loin...
Bon, allez, je rend les armes, impossible de dormir davantage... J'ouvre les yeux.
L'espace d'un instant, je fus surpris par mon environnement métallique, par les parois ocres et les systèmes de toutes sortes qui illuminaient la pièce ; pourquoi donc? Je dois tout simplement être à bord d'un vaisseau spatial... J'ai les idées un peu confuses, mais enfin quand même... Allez, cherchons, qu'est-ce que je suis venu faire dans cette galère? Enfin, ce vaisseau... C'est curieux, tout cela me semble familier, je suis sûr d'avoir déjà vu des intérieurs semblables dans divers navires, et pourtant, j'ai toujours le sentiment d'une anomalie flagrante autour de moi, comme si j'assistai à une conférence pacifiste organisée par des Gamorréens...
Et soudain, le choc : je n'ai rien à faire ici, strictement rien, cet endroit n'existe même pas ! Un vaisseau spatial, comme si c'était normal ! J'ai envie d'exploser, ce n'est pas possible, que se passe-t-il donc vraiment ?
Bon... On se calme. Le plus probable est que je sois tout bonnement en train de rêver, auquel cas il s'agit d'un rêve lucide puisque je parviens à réfléchir suffisamment normalement pour avoir cette réflexion... Alors, ai-je le souvenir de m'être endormi ? Quand et où? Un étrange souvenir me revient, un souvenir qui semble parfaitement invraisemblable là où je suis... J'en conclus que c'est sûrement mon dernier souvenir réel.
Je suis à l'intérieur d'un appartement dans une ville construite au bord de la mer, il est tard, très tard, ma sœur et moi venons de finir de regarder une série dont le héros est un médecin sévèrement détraqué, avec une actrice qui a de très jolis yeux ; il faut que j'aille me coucher, j'ai un devoir surveillé de mathématiques le lendemain, mais je n'ai trois fois rien révisé, le prof va me tuer... Allez, je m'en fiche, il faut que je dorme, je verrais bien... Je m'allonge et éteins la lumière ; je ne peux pas m'empêcher, l'espace de quelques minutes, de réfléchir à ce que me réserve la journée de demain, mais je suis réellement fatigué, aussi je succombe rapidement aux ténèbres...
Bon, voilà, je me suis endormi, donc a priori, là, je suis dans un rêve un peu dingue, mon réveil va sonner, je vais me lever avec l'impression que ma tête est en plomb, revoir la sale bobine de mon professeur de mathématiques, manquer d'étrangler ma professeur d'Anglais, perdre mon après-midi à lire des bêtises sur une Galaxie lointaine, très lointaine ou à chercher une histoire que je pourrais moi-même écrire sur cet étrange univers... Peut-être même qu'à mon réveil, j'aurai tout oublié. Qui sait combien de rêves farfelus j'ai pu oublier ainsi!
Cependant, il m'apparait clairement que ces parois de vaisseau ne vont pas disparaître simplement parce que je ne croie plus à leur existence, donc on va faire avec.
Je prend une petite inspiration, mon cœur a l'air de se rebeller à l'idée de s'éloigner encore un peu de tout ce que je croyais être réel... Eh, mais rêve ou pas, il va bien falloir sortir à un moment ou à un autre, je ne vais pas demeurer éternellement là à me demander si ce qui m'arrive est réel ou non... Ça va aller? Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir.
Je me lève et marche droit vers l'ouverture... Un couloir aux parois ocres, quelle surprise. Eh bien, on va continuer ; j'ai entendu des voix, tout à l'heure, je finirais bien par tomber sur quelqu'un... Normalement. Je m'avance dans ce nouveau corridor quelques minutes, cherchant désespérément un sens à tout cela... Tiens, une porte? Sans poignée visible, bien entendu. Comment ça s'ouvre, ces machins-là ? Je pianote un instant sur le clavier implanté sur la paroi à côté, sans résultat visible.
Je ne vois pas vraiment ce que je pourrais tenter d'autre pour ouvrir la porte... Alors je vais continuer, en espérant que je trouve autre chose. J'entends d'étranges vrombissements à la périphérie de mon audition... Les moteurs du vaisseau ?
Ah, je parviens à un embranchement... Mais... Une seconde... J'entends des pas se rapprocher... Oui, il n'y a pas d'erreur, c'est par ici que l'on vient! Mais qui vient, exactement? Je tremblai un peu, sans savoir ce que je redoutais exactement... Dans le doute, je préférais me dissimuler de l'autre côté de l'ouverture ; je me plaquai contre la paroi, essayant de limiter ma respiration légèrement pénible sous le double coup de la peur et de l'excitation... L'autre jaillit de l'ouverture.
Seule la crainte glaçante qui m'enserrait la gorge me retint de crier de surprise. L'être qui venait de franchir l'ouverture, revêtu d'une sorte d'uniforme blanc et gris, ne paraissait tout simplement pas humain ! Il ne l'était pas, en fait, l'erreur n'était pas possible : comment pouvait-on avoir cette épaisse peau grise-verte, ces yeux oranges globuleux? Le pire, c'est un qu'un mot me venait à l'esprit pour décrire cette créature, un mot que je croyais purement imaginaire : Durosien.
Eh bien, si cette fois, ce n'est pas un rêve... Cette certitude devrait me calmer un peu, mais mon cœur n'a pas l'air convaincu...
Ne m'ayant manifestement pas remarqué, le Durosien poursuivit sa route, probablement en direction de la porte à laquelle j'ai été confronté précédemment ou de l'endroit où je me suis réveillé... Pour ma part, je vais prendre le corridor dont il sortait, je verrais moi-même si je dois ou non révéler ma présence aux éventuels autres occupants du vaisseau que je pourrais rencontrer, mais je tiens à me laisser ce choix... Même si ce n'est qu'un rêve. On ne sait jamais.
Je poursuivis ma progression, m'efforçant de ne penser à rien, rigoureusement rien... En fait, j'avais l'impression que la moindre tentative de réflexion dans une telle situation suffirait à me rendre fou...
Une porte achève le couloir, mais je vois également un escalier ; des voix s'élèvent de derrière la porte. Je crois que je vais plutôt prendre l'escalier, pour me donner au moins le temps de découvrir à qui j'ai affaire... Et où je suis exactement, ce ne serait pas de refus non plus.
Cependant, mon inconscient ne devait pas être tout à fait d'accord, car alors même que je prenais la direction de l'escalier, la porte s'ouvrit en coulissant ; cette fois, je ne pus contenir un cri effrayé, et je reculais instinctivement.
À nouveau, c'était un non-humain qui se tenait devant moi, un être à l'aspect peu engageant doté d'une peau orangée à l'aspect étrangement lisse et de courts tentacules en guise de menton...
Allez, trouve quelque chose à dire, trouve quelque chose à dire... Mais les quelques bribes de phrase qui me traversèrent l'esprit en cet instant furent aussitôt rejetées les unes après les autres par mon cerveau, alors je restais là, muet de stupéfaction face à cette créature que j'aurais nommé Quaren si elle avait été réelle...
« Vous êtes le passager clandestin? »
Oui, c'était bien du Quarren que jaillissait cette question rauque... Étais-je le passager clandestin? Je n'en avais aucune idée.
-C'est vous qui êtes monté hier pendant que notre vaisseau était posé, non?
Était-ce le cas? Cela faisait-il partie du scénario de mon rêve? Ou la question du Quarren n'avait-elle rien à voir?
-Je... Où suis-je? parvins-je enfin à articuler, la gorge sèche d'incompréhension.
Le Quarren me regarda un instant, sans expression déchiffrable pour moi, naturellement.
-Suivez-moi sur le pont, déclara-t-il finalement avant de se retourner.
Ce n'est qu'en m'engageant à sa suite, contraignant au mouvement mes jambes pétrifiées, que je réalisais un curieux détail : le Quarren ne m'avait-il pas parlé en Français? Curieusement, je ne saurais le dire aujourd'hui. En tous cas, il est indéniable que ce jour-là, j'ai compris tout ce que l'on m'avait dit.
C'est alors que je pénétrai sur un pont, un vrai pont de vaisseau spatial comme j'en avais tant de fois imaginé... J'en eus le souffle coupé. La première chose que je vis fut naturellement la verrière, avec l'infini de l'espace étoilé qui s'y étendait de toutes parts... Sauf que les étoiles étaient toutes d'un bleu glacial. Étrange. Une foule de personnages paraissait occupée derrière des consoles en tous genres... Certains d'entre eux étaient humains, mais la plupart appartenaient à des espèces aussi variées qu'étranges... Voilà un spectacle que je n'oublierai vraisemblablement jamais ; je ne sais pas si je le qualifierai d'horrible ou d'intéressant, mais je me sentis soudain totalement perdu... Je devais me réveiller à présent, ce n'était pas possible autrement...
« Capitaine Vonotar? L'humain qui est monté à bord...
Un homme monte de quelque part en contrebas. Je suis un peu plus grand que la moyenne, mais lui me surplombe clairement ; l'espace d'un instant, j’eus l'impression d'avoir affaire à un humain, un homme à la carrure imposante et à la barbe noire bien taillée... Jusqu'à ce que je remarque que ses yeux étaient d'un noir d'encre. L'intégralité de ses yeux.
Je me mis à trembler alors que ces étranges yeux se posaient sur moi...
-Où suis-je? demanda-je à nouveau, d'une voix faible.
-Vous êtes sur le Sept de Cœur, Terrien. Mon vaisseau. Vous êtes monté hier, vous ne vous en rappelez pas ?
Sa voix paraissait surgir d'un abysse sous-marin... Le Sept de Cœur, a-t-il dit? Voilà un étrange nom que choisit mon inconscient pour un vaisseau d'une autre Galaxie... Mais je commence à douter de plus en plus d'être en train de rêver, sinon de me réveiller un jour. Oh non...
-Et... Où allons-nous, Capitaine?
-Partout... Et nulle part. Nous sommes ici dans le système de Ankou-813, là où aboutissent toutes les voies hyperspatiales.
Curieusement, je ne vois ni de planète ni d'étoile proche? Cependant, je viens d'obtenir une information de taille : l'équipage sait que je suis Terrien.
-Si je peux me permettre... Repasserez-vous sur Terre? J'ignore... Sais pas pourquoi... Suis monté sur ce vaisseau. La curiosité... Sans doute.
Je me perdis un instant dans ces yeux noirs... Pouvaient-ils lire en mon âme, savaient-ils que chaque fibre de mon être rêvait de se réveiller? Je ne savais pas pourquoi, mais ce nom d' « Ankou-813 », cette idée de croisement de toutes les voies hyperspatiales, cet étrange Capitaine, il y avait dans tout cela quelque chose d'indéniablement sinistre, sans que j'arrive à décider quoi exactement...
-Je vous l'ai dit, nous sommes partout et nul part, nous sommes sur Terre et nous n'y sommes pas, nous sommes dans l'instant présent et nous n'y sommes pas... Si vous voulez revenir chez vous, si vous voulez revenir au moment où vous êtes parti, il vous suffira de le vouloir et de quitter mon vaisseau. Mais pas maintenant. Nous avons une mission à remplir...
Je ne sus pas vraiment quel sens donner à ses paroles... Cette histoire était encore plus folle que je ne le croyais...
-Excusez-moi, mais... Voulez-vous dire... Voulez-vous dire que nous nous trouvons ici hors de l'espace et du temps?
Le Quarren parut sourire.
-Vous ne pouvez pas comprendre... Le temps n'est qu'une façon de pensée, une manière pour votre cerveau de classer des choses de manière linéaire...
-Tout à fait, approuva le Capitaine. A présent... Excusez-nous, mais elle devrait arriver.
Je n'osa pas demander qui devait arriver. L'équipage commençait manifestement à s'agiter, mais leurs gestes restaient ceux de professionnels qui savaient ce qu'ils avaient à faire ; le Capitaine, lui, se tourna simplement vers la verrière et resta à la fixer de ses yeux noirs, une expression indéchiffrable sur le visage... Et puis, il se passa quelque chose dans la verrière, comme une étoile filante, un trait d'or qui illumina la toile noire du cosmos au milieu des étoiles bleues...
-La voilà, ne la ratez surtout pas ! gronda le Quarren, et l'équipage lança aussitôt le Sept de Cœur à la poursuite de l'étrange objet lumineux qui traversait le système à toute vitesse...
-Elle est bien pressée, celle-là, grommela le Capitaine. Il n'y a pas de gravité, ici, le poids ne compte pas, c'est l'espoir qui alourdit les choses, et celle-là n'en a plus aucun... Mais nous la rattraperons. C'est notre mission.
Incapable de déterminer s'il s'adressait à moi ou s'il parlait pour lui-même, je ne répondis rien. Le vaisseau fonçait maintenant à travers l'espace, les étoiles bleues défilaient dans la verrière, l'objet incandescent que nous poursuivions droit devant nous...
-Allez, plus vite ! exigea le Quarren comme si sa vie dépendait de la réussite de l'opération... On prépare les rayons tracteurs avant, Capitaine ?
-Non, ordonna Vonotar. Non, je crois que l'étoile est plutôt au-dessous de nous, cette fois, elle va la récupérer... Préparez plutôt ceux de tribord, on va réessayer la manœuvre de basculement... Ah, je crois que nous y sommes.
L'objet que nous poursuivions s'était soudain figé quelque part devant nous, son éclat grossissant dans la verrière ; allions-nous le rattraper ? Son éclat commença à s'intensifier à mesure que nous approchions... Et soudain, il tomba, tomba tout droit à la verticale.
-Basculez ! hurla Vonotar. Activez les rayons tracteurs tribord !
Je sentis les moteurs droits du vaisseau se couper brutalement, et nous tombâmes à la renverse, comme si la gravité reprenait soudain ses droits dans l'espace... Je criais de peur alors que je m'effondrais sur la passerelle, mais personne n'y fit attention, l'équipage était trop occupé à se cramponner... Quant à Vonotar, il restait debout sur la passerelle, le regard toujours rivé sur la verrière, comme une apparition...
Plaqué contre la paroi du vaisseau, je reportais mon attention sur la verrière, et je vis ce qui nous attirait : une énorme chose bleue était au-dessous de nous, immense, si immense que nous n'en voyions qu'une partie, une incroyable boule de feu bleuâtre... Je sentis quelque chose d'effroyablement froid me gagner en faisant face à ce qui ne pouvait être que l'étoile Ankou...
Ainsi c'était cela qu'il y avait au cœur de l'espace et du temps...
En regardant plus attentivement, je vis graviter autour de l'étoile des choses bleues, à peu près de la taille de l'objet que nous poursuivions... J'en voyais des dizaines de là où le vaisseau se trouvait, et s'il y en avait autant sur toute l'orbite, ils devaient être des milliers ou plus...
-Ne vous en faites pas pour eux, me recommanda le Capitaine, ils n'ont rien à craindre, ils sont trop lourds d'espoir pour être attirés par Ankou...
-Euh... tant mieux, répondis-je, supposant qu'il s'agissait d'une bonne nouvelle.
Vonotar me sourit, voyant probablement que je n'avais pas compris grand chose.
-Ça y est, on la tient ! signala une humaine à la peau mâte qui surveillait attentivement un écran, quelque part à droite de la passerelle.
-Parfait, remontez-la vite ! l'enjoignit le Quarren. Et remontez avant que Ankou ne s'aperçoive de notre présence !
Tout le monde sembla se détendre brusquement, à part quelques membres précis de l'équipage... Je supposais que c'était eux qui étaient en charge des rayons tracteurs... Une idée étrange me vint.
-Vous n'avez pas d'espoir ? demanda-je à Vonotar. Puisque nous sommes nous aussi attirés par Ankou...
Vonotar me regarda un moment sans rien dire, et je crus reconnaître de la tristesse dans ses yeux noirs d'ébène.
-Aucun. J'ai volé le secret de l'hyperespace à Ankou pour me permettre de voyager, de fuir la planète qui m'avait été assignée par le destin, et ce savoir s'est répandu dans la Galaxie... Ceux que vous voyez dans mon équipage n'ont rien à voir les uns avec les autres, ils viennent d'époques et de lieux différents, mais tous ont un point commun : ils n'avaient plus rien à perdre dans leur vie, alors ils ont accepté de me rejoindre dans ma mission, et nous la mèneront jusqu'à la fin des temps... Nous ne mourrons pas, jamais, mais nous sommes coupés des vivants pour toujours, à l'exception des visiteurs comme vous que nous accueillons parfois, nous ne pouvons plus que remplir notre mission à travers toutes les voies hyperspatiales de la Galaxie... Nous ne nourrissons ni espoir ni désespoir. Nous sommes vides. Et cela nous rend bien plus rapides que n'importe quelle âme...
-De quelle mission s'agit-il ? osais-je encore demander.
Vonotar sourit mais ne me répondit pas. Le moteur droit s'était rallumé, et je vis que peu à peu, nous nous arrachions à l'attraction d'Ankou ; le feu bleu-blanc commençait tant bien que mal à disparaître de la verrière, et la pesanteur qui me clouait à la paroi tribord refluait... Enfin, l'effroyable soleil bleu disparut, et le Sept de Cœur se mit à foncer à foncer loin de lui à travers l'espace...
-Nous n'avons pas d'autres interventions pour le moment, affirma le Capitaine à l'équipage. Préparez-vous à passer en hyperespace, mettez le cap... N'importe où. Nous ne sortirons pas, de toute façon, ajouta-t-il à mon attention.
Je hochai la tête. Quelques secondes passèrent, puis toute la toile de l'espace sembla brusquement se déchirer autour de nous, la lueur bleue des étoiles s'étirant indéfiniment comme pour nous dire adieu... Je connaissais cela, le passage en hyperespace, mais c'était impressionnant de le voir de ses propres yeux ; et puis, nous transperçâmes la toile pour de bon, et il n'y eut plus dans la verrière qu'un flou bleuté...
-Quand pourrais-je partir ? demanda-je au Capitaine, incertain.
Il haussa les épaules.
-Pourquoi pas maintenant ? Nous sommes au cœur de l'hyperespace, nous sommes partout et nulle part, nous ne sommes pas plus loin de la Terre que de Coruscant ou Csilla... Dans la Galaxie des vivants, en tous cas. Allez-y, vous trouverez bien une capsule pour vous ramener chez vous...
Je hocha la tête.
-Très bien... Alors au revoir, Capitaine.
-Dites plutôt adieu, jeune homme... Vous êtes monté ici une fois, vous avez le choix, maintenant ; mais quoi que vous choisissiez, vous ne reviendrez pas...
-Euh... Alors adieu. »
Je me retournai et quittai le pont de commandement ; je ne comprenais pas ce que le Capitaine avait voulu dire, mais tant pis... J'étais tenté de rester sur le vaisseau, il serait idiot de le nier, mais j'avais encore plus envie de rentrer chez moi, maintenant. J'en avais vu assez...
Alors, je me retrouvais à nouveau seul dans ces couloirs ocres... Je franchis plusieurs portes ouvertes, grimpai et descendis plusieurs petits escaliers, le vaisseau ne devait pas être assez haut pour justifier l'emploi d'un turbo-élévateur, mais impossible de retrouver l'endroit où je m'étais réveillé... Cette bizarrerie m'intriguait, mais qu'importait, c'était les capsules que je cherchais. Là... Soit je me réveillerais, et j'espérais ne pas oublier ce rêve, ce serait triste, soit je rentrerais chez moi pour de bon. Cette histoire était vraiment folle, je le savais ; et même à présent que vous me lisez, me croyez-vous ?
Mais la phase la plus incroyable de mon voyage était encore à venir... J’errai probablement quelque chose comme un quart d'heure ou vingt minutes dans le vaisseau sans trouver signe de vie, me demandant si c'était la construction du vaisseau qui était labyrinthique, mais j'en voyais mal l'utilité, ou si je tournais tout simplement en rond, ce qui n'était pas exclu car les lieux n'étaient pas aisé à différencier ; je ne nourrissais pas de réelle inquiétude pour autant, convaincu que j'avais tout mon temps. Quoi qu'il en soit, je me trouvait au bout d'un moment confronté à une porte ouverte dont je ne me souvenais pas, soit que je n'étais effectivement pas passé devant, soit qu'elle était fermée à ce moment-là.
J'entrais... C'était une partie du vaisseau plus étroite et basse de plafond... Arrivé à mi-chemin, je me figeais en entendant du mouvement et me serrais contre le mur ; c'était deux membres de l'équipage, des Talz je crois, qui passèrent juste devant moi sans me prêter attention, en émettant de petits cris incompréhensibles. J'en conclus que ce n'était probablement pas la direction des capsules de sauvetage, je voyais mal ce qu'ils auraient eu à y faire ; cependant, je pensais que c'était peut-être là qu'aboutissaient les rayons tracteurs tribord, et j'étais curieux de voir ce que le Sept de Cœur avait poursuivi puis ramené à son bord avec tant d'acharnement... Le Capitaine Vonotar n'avait-il pas parlé d'âmes ?
Alors je suivis cet étroit couloir et j'arrivais dans une petite pièce un peu plus haute de plafond ; au fond, il y avait quelque chose comme une cuve à bacta, mais elle ne contenait pas de liquide, elle semblait envahie d'une sorte de poussière dorée qui voletait délicatement, non sans une certaine grâce... Mon regard y resta fixé un instant, fasciné, puis je me forçais à détourner les yeux vers le coin opposé de la pièce ; il y avait là une sorte de couchette... Et dessus...
Je m'avançai. C'était... C'était une femme, une femme vêtue de noir, avec une cape de la même couleur qui se terminait par une bordure violette ; mais sa peau était bleue, bleue clair... Un très beau bleu, mais qui jurait avec les parois ocres. Cela lui donnait quelque chose de très exotique... Du reste, elle ne semblait pas beaucoup différer d'une humaine... C'était une femme qui devait avoir entre vingt-cinq et trente ans, plutôt belle, mais sans donner l'impression d'avoir été taillé à la perfection par un artiste de génie comme certaines femmes.
C'était une Chiss, compris-je, une Chiss à la peau bleue et aux yeux rouges de la planète Csilla... Il me semblait même... Son visage m'évoquait quelque chose... Un personnage de jeu vidéo...
Je ne pouvais en détourner le regard tant elle m'intriguait...
Brusquement, je me demandais si elle était bien vivante ; je pris son pouls, cherchant un moment pour retrouver comment on s'y prenait... Je crus d'abord que la vie l'avait bel et bien quitté, et ce fut mon cœur à moi qui fit une embardée sous le coup de la tristesse ; mais, à bien y prendre garde, je perçus encore quelques faibles battements... Je n'en étais pas tout à fait sûr, mais ça me donnait cette impression, et j'avais envie d'y croire...
« Qui êtes-vous ? murmura-je, sans réellement attendre de réponse.
-Ra... Ramenez-moi.
Je sursautais. Oui, c'était ses lèvres qui venaient de remuer, elle me demandait quelque chose ! Je l'observai attentivement, mais elle ne donna pas d'autre signe de vie.
-Vous ramener ? » interrogea-je, à la fois émerveillé et effrayé par ce qu'il se produisait.
Il n'y eut pas de réponse, cette fois ; avais-je rêvé ? Il ne me le semblait pas... Et j'étais de plus en plus incapable de détourner le regard d'elle... Je réalisais que je ne voulais pas la laisser là. Ne me demandez pas pourquoi, c'est simplement que... Eh bien, elle m'inspirait, voilà, mille rêves et cauchemars se bousculaient à la porte de mon esprit en la voyant, j'avais l'impression d'un univers entier qui grandissait dans mon esprit, et cela me la rendait plus précieuse que n'importe quelle richesse matérielle...
Et puis, j'étais triste de la laisser, cette belle femme presque morte au milieu d'un vaisseau condamné à rester loin du monde des vivants pour l'éternité, si j'avais bien compris... Elle m'appelait, son image appelait mon esprit...
Mais évidemment, si je ne rêvais pas, la ramener chez moi serait source de mille problèmes dont je n'imaginais pas la moitié... Et je ne savais pas détourner les yeux d'elle, alors que serait-ce si je l'emmenais avec moi, quelle place prendrait-elle dans mon esprit ?
Et pourtant, cela me fendait le cœur de la laisser ici...
Surtout si j'avais bien compris et qu'elle voulait venir avec moi...
Lentement, j'acceptais l'idée que je repartirais pas d'ici seul ; qu'en dirait Vonotar ? Je ne le savais pas, lui et son équipage avaient manifestement pris des risques pour sauver cette femme, si c'était bien elle que nous avions poursuivi précédemment... Mais je ne voulais pas la laisser là ; si je la ramenais dans le monde des vivants, cela ne pourrait pas lui faire de mal, non?
Non, décidément, il n'y avait rien à faire, il fallait que je l'emmène.
Je fis un effort pour la soulever, espérant que l'équipage ne reviendrait pas avant que je ne sois loin... Elle était plus petite que moi et je pensais pouvoir l'emmener sans trop de problèmes si les capsules n'étaient pas trop loin...
De fait, la Chiss dans mes bras, je trouvai cette fois les capsules sans difficulté... Encore un corridor que je n'avais pas vu tout à l'heure, il menait à une sorte de hangar ouvert sur l'espace, l'air retenu par un générateur de champ ; cinq petits vaisseaux étaient visibles. Il me semblait qu'une capsule n'était pas équipée d'hyperpropulsion... Mais après tout, puisque nous étions déjà dans l'hyperespace, peut-être celles-ci avaient-elles simplement pour vocation d'en sortir. Personne n'était visible, alors je portais simplement la Chiss jusqu'au premier vaisseau ; la porte s'ouvrit toute seule lorsque je parvins en face.
Un droïde m'attendait apparemment, une haute et étroite silhouette d'argent qui ne semblait pas avoir été conçue par des humains ; je me demandais un moment s'il n'allait pas remarquer que j'emportais avec moi la prise du Sept de Cœur et donner l'alerte, mais sa programmation ne semblait pas aller jusque-là.
« Bonjour Monsieur, vous désirez emprunter cette navette ? me demanda simplement le droïde d'une voix féminine parfaitement inexpressive.
-Oui, répondis-je. Il faut que je me rende sur la planète Terre... C'est possible ?
Faudrait-il que je pilote ce truc ?
-Bien sûr, me rassura le droïde, il suffira que je vous sorte de l'hyperespace au bon moment... Vous n'avez à vous occuper de rien. Entrez, vous et l'autre passagère.
-Euh, merci...
Je m'exécutais ; deux rangées parallèle d'une demi-douzaine de sièges nous attendaient à l'intérieur, en face d'une petite verrière. J'allongeai la mystérieuse Chiss sur deux d'entre eux puis m'installais dans la rangée d'en face.
-Il n'y a pas d'autre passager ? me demanda le droïde en actionnant un mécanisme qui refera la porte.
-Non.
-Alors nous quittons le Sept de Cœur tout de suite... Durée du voyage estimée, trois heures, vous aurez le temps de dormir, mais nous devrions arriver à peu près à l'heure où vous êtes parti.
-Euh... Très bien, répondis-je, renonçant à essayer d'y comprendre quoi que ce soit.
-Décollage... »
Je sentis la capsule frémir à l'allumage des moteurs ; encore un peu et le petit vaisseau s'élançait dans le hangar vers les étoiles, passait le champ de force pour quitter le Sept de Cœur... Nous étions seuls dans l'hyperespace, à présent, nous étions seuls dans l'hyperespace et je laissais un sourire ravi se dessiner sur mes lèvres... Naviguant dans l'étrange espace bleuté, nous commençâmes à nous éloigner du vaisseau... Là, je voyais la forme sombre et massive du Sept de Cœur que nous fuyions, juste à côté de nous dans l'hyperespace... Le vaisseau ne payait pas vraiment de mine, ses lignes s'apparentaient plus à un bricolage géant qu'à une œuvre d'art...
Plus rapides, nous passâmes devant le vaisseau, et l'espace d'un instant, nous nous tînmes juste devant la verrière du Sept de Cœur, je voyais confusément les silhouettes obscures qui s'agitaient à l'intérieur sous les reflets bleus de l'hyperespace...
Là... Devant la verrière...
Je distinguais mal ses traits de là où j'étais, et pourtant j'étais sûr que c'était le Capitaine Vonotar ; il souriait.
Je ne me souviens pas vraiment de la suite, alors nous allons approcher de la conclusion de mon récit, mes amis... Vous vous en doutiez depuis le début, j'imagine, j'ai effectivement fini par me réveiller, par me réveiller chez moi, dans mon lit, pas à bord du Sept de Cœur... Paradoxalement, je crois me souvenir qu'au bout d'un moment à voyager dans l'hyperespace, j'ai fini par m'assoupir dans la capsule.
Je me suis donc réveillé, assez tôt, vers six heures du matin ; dans deux heures, ce serait l'heure du cours de mathématiques, mais j'avais encore la tête dans cet étrange rêve... J'essayais d'en reconstituer le puzzle, ce n'était pas évident ; j'ai essayé de vous le restituer au mieux, de reconstruire les dialogues d'après ce dont je me rappelais, de vous présenter dans l'ordre tout ce que j'ai vécu cette nuit-là, mais je ne pourrais jurer n'avoir pas trahi le véritable sens des paroles du Capitaine Vonotar ni ne m'être trompé sur certains détails...
C'est donc ainsi que s'est terminée mon aventure à bord du Sept de Cœur voilà déjà plus de deux ans, c'était en avril 2009 ; et pourtant, ce rêve me réservait encore une surprise.
La surprise, je la découvris quelques minutes après mon réveil en entendant une autre respiration dans ma chambre ; je me figeais un instant... Lorsque j'allumais la lumière, eh bien, croyez-le ou ne le croyez pas, elle était là.
La femme extraterrestre que j'avais ramenée du Sept de Cœur se tenait sous mes yeux ! Elle était allongée sur le matelas rangé à côté de mon lit, que quelqu'un avait manifestement étendu sur le sol pour y reposer la Chiss ; était-ce moi, même si je ne m'en souvenais pas ? Était-ce le droïde ? En tous cas, malgré mon incrédulité, malgré le mélange de peur et d'émerveillement devant ce que je ne pouvais expliquer, elle restait bien là, sous mes yeux, sa peau bleue incongrue au possible dans ma chambre terrestre comme une mauvaise blague... Il n'y avait plus cet étrange scintillement autour de son corps que j'avais crû remarquer à bord du Sept de Cœur...
Elle paraissait dormir... Oui, j'entendais sa respiration, donc je n'avais pas de soucis à me faire de ce côté-là.
Mais comment expliquer une telle chose... Aujourd'hui, c'est bien simple : je ne l'explique pas. Mon aventure à bord du Sept de Cœur n'était pas un rêve, c'est la seule conclusion que j'en tire... Pour le reste... Est-ce qu'il existe vraiment une autre Galaxie comparable à celle que l'on voit dans une saga cinématographique de Space Opera, ou est-ce que l'imagination n'est qu'un autre monde avec lequel certains d'entre nous communiquent parfois, ou est-ce que ça n'a rien à voir... Est-ce que je suis cinglé... Je vous laisse y réfléchir si vous en avez envie ; moi, j'ai décidé de ne pas m'en occuper. Et sur le moment, j'avais déjà choisi de laisser les questions de côté ; au fond, j'étais heureux qu'elle soit là, non ?
Même si je ne voyais vraiment pas comment réconcilier sa présence avec ma vie terrestre...
Je toucha doucement son épaule bleue, la secoua un peu ; je vis ses yeux s'ouvrir doucement... Comme je le pensais, ils étaient entièrement rouges, et l'espace d'un instant, la peur revint me pétrifier... Je cherchais quelque chose à dire, mais l'extraterrestre me devança.
« Où... Suis-je ?
-Vous êtes sur la planète Terre, lui répondis-je, la bouche sèche, nerveux.
-Vous m'avez emmenée ici, n'est-ce pas ? Je ne suis plus... L'espace... Le froid... Même le vaisseau...
-Non. Je... Je vous ai emmené avec moi du Sept de Cœur.
Elle hocha lentement la tête en me regardant ; elle avait l'air aussi désorientée que moi, cela me rassura.
-Alors je suis sauvée... Merci.
-De quoi... De quoi vous ai-je sauvé exactement ?
-D'Ankou. Du désespoir... De l'inexistence. Vous m'avez ramenée avec vous. J'existe pour vous. Tant que vous vous occuperez de moi, l'espoir fera battre mon cœur, et j'existerais...
-M'occuper de vous ? C'est à dire ?
Elle me sourit gentiment.
-Faites en sorte que j'existe... Je vous raconterai mon histoire. Plus vous me connaîtrez, plus je serais réelle. Et si vous faites connaître mon histoire, ça n'en sera que mieux...
-D'accord... Ce serait... Ce serait parfait. Merveilleux, même.
Ayant oublié toute notion de réalité et de surnaturel, je commençais à penser que ce ne serait pas très différent dans la forme de mon travail de fan sur un texte que j'avais baptisé En Chute Libre dans les Ténèbres... Sauf que cette fois, j'avais vraiment un sujet devant moi, au sens littéral du terme, qui ne demandait qu'à me raconter son histoire...
-Comment vous appelez-vous ?
-Sev'rance Tann.
Ah... C'était bien ce que je pensais, le jeu Galactic Battlegrounds Clone Campaigns, celui-là même que j'avais déjà exploité pour En Chute Libre dans les Ténèbres... La Jedi Noire Sev'rance Tann... Je commençais à comprendre de quel choix me parlait le Capitaine Vonotar ; j'avais trouvé Sev'rance, et j'avais choisi de l'emmener avec moi et de l'aider quelles que soient les difficultés... De lui donner une réalité. Et j'étais maintenant sûr que le Sept de Cœur était réel lui aussi, d'une certaine façon. De toute évidence, le Capitaine voulait que je trouve Sev'rance et que je la ramène, il m'avait même probablement laissé monter à bord de son vaisseau pour cela...
-Et vous ? me questionna Sev'rance.
-Appelez-moi Thibault. Comment se fait-il que vous parliez ma langue, au fait ?
Sev'rance haussa les épaules.
-Quoi qu'on en dise, en apprenant sa langue maternelle, on apprend qu'à parler... La langue n'est qu'une connaissance qui nous sert à communiquer... Vous m'avez ramenée ici, j'existe pour vous, alors je parle de façon à ce que vous puissiez me comprendre ; je venais juste de retrouver corps quand vous m'avez trouvée, le Sept de Cœur a attrapé mon âme, et dans la forme physique que j'ai à présent, mon cerveau connait votre langue. De la même façon, personne d'autre dans votre monde ne me verra... Ni ne vous verra me parler, ne vous en faites pas. Je n'existe, dans le temps comme dans l'espace, plus que pour vous.
-C'est triste...
-Le Sept de Cœur et vous m'avez sauvé d'un destin bien plus triste... Si je retrouve suffisamment d'espoir grâce à vous, peut-être pourrais-je repartir... C'est triste, mais ça doit arriver.
-Je vous aiderais ; vous n'aurez qu'à me raconter votre histoire, et je l'écrirais... J'inventerais le reste, au besoin.
-Vous m'aiderez... Quoi qu'il arrive ? Je n'étais pas forcément quelqu'un de bien, vous savez... C'est pour cela que mon âme partait mourir sur Ankou...
-Je vous aiderais... Je connais déjà un peu de votre histoire. Je sais que vous étiez une Jedi Noire, mais vous avez besoin de moi et vous voulez que je vous aide, alors je le ferais...
Je n'ajoutai pas qu'elle était beaucoup plus gentille que je me l'étais imaginé en jouant à Clone Campaigns ; mais cela s'expliquait aisément, se retrouver ainsi transporté loin de l'univers que vous considériez jusque-là comme la réalité, il y avait de quoi changer quelqu'un en profondeur... Et puis, si toutes les Jedi Noires pouvaient être aussi jolies !
-Vous croyez en moi ?
-Oui, aussi longtemps que vous en aurez besoin, et peut-être même après ! assurai-je.
-C'est parfait... Pour retrouver espoir, je veux être comprise. Je ne demande pas à être excusée de quoi que ce soit, seulement à ce que l'on comprenne... Mais je ne suis pas sûr de me comprendre moi-même... Il va me falloir du temps pour vous expliquer certaines choses.
-Nous en prendrons autant que vous voudrez... Mais je vais devoir vous laisser pour le moment, il faut que j'aille au lycée... Restez avec moi, restez vivante, je vous promets de faire tout ce que je peux pour vous. »
Lorsqu'elle me rassura d'un discret hochement de tête, un sourire joyeux et reconnaissant aux lèvres, je sus qu'elle resterais avec moi... Ce qui m'arrivait était incroyable, bien sûr, et sans doute ne croyez-vous pas cette partie de mon histoire, vous devez penser que j'ai fait un rêve étrange et que ça s'est arrêté là ; mais moi, je voulais y croire... Peut-être est-ce pour cela que le Capitaine Vonotar est venu me chercher et m'a proposé de ramener à la vie sur Terre un personnage d'un autre monde, un monde qui est peut-être tout aussi réel que le nôtre, je ne sais pas... Quoi qu'il en soit, de fait, Sev'rance ne m'a plus jamais quitté depuis, où que je sois, je savais que dès que je serais seul, si je le lui demandais, elle viendrait me voir, elle n'a pas fini de me raconter ses histoires de l'autre monde, et c'est tant mieux ; il n'y a pas besoin de partir pour une autre Galaxie lorsqu'on a ce rêve vivant près de soi...
Voilà, c'est ainsi que j'ai rencontré Sev'rance Tann pour la première fois et que j'ai eu l'honneur de devenir son biographe.