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Chroniques de la Marine Républicaine

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Messagepar Jagen Eripsa » Lun 13 Fév 2012 - 17:33   Sujet: Chroniques de la Marine Républicaine

[url=http://www.starwars-universe.com/forum/fan-fictions-hdf-f17/cdlmr-tome-1-l-avenement-de-l-amiral-t14524.html][center][size=150]--> Les [i]Chroniques de la Marine Républicaine[/i] ont un nouveau topic <--[/size]
[size=150]--> Cliquez sur le lien pour accéder au Tome 1<--[/size][/center][/url]


[size=150]Chapitre 1[/size]

[i]« De tous temps, la République a prétendu protéger la population. Mais que peut-on attendre d’un régime incapable de se défendre lui-même ? »[/i]

Renator Virgilio, critique politique d’HNE

Académie d’Anaxes – An 954 ARR

Les coursives de l’académie étaient encombrées en ce jour de fête. Comme tant d’autres, Jagen devait recevoir aujourd’hui sa première affectation, en tant que cadet de la promotion Forn Dodonna. Contrairement à tant d’autres, il ne pouvait pas se permettre de se laisser entraîner par l’esprit festif.
Son mentor l’avait convoqué dans son bureau voici une heure, mais Jagen, occupé à écrire à sa famille sur Bespin, n’avait reçu son message que dix minutes auparavant. [i]C’est bien ma veine… Arriver en retard un jour comme celui-là…[/i] Devant lui, un groupe de fêtards s’amusait à déranger les rares passants civils de cette partie de la citadelle d’Anaxes, à la fois la plus réputée et la plus inaccessible.
Jagen eût une moue de dégoût en voyant le chef des perturbateurs. Kendal Ozzel avait le même âge que lui et faisait partie de la même promotion, celle des officiers supérieurs. On murmurait souvent que le jeune Ozzel ne devait son entrée dans la prestigieuse académie qu’à son nom : sa famille était l’une des plus importantes de Carida, et lui-même disposait déjà d’un grand nombre d’actions dans des entreprises manufacturières de tout le Noyau.
Ironiquement, Jagen était assez proche de ce modèle, et en même temps très différent. La famille Eripsa vivait depuis longtemps sur le monde de Bespin, dans la Cité des Nuages, où Jagen avait passé son enfance. Il gardait de cette époque un excellent souvenir, ainsi que l’amour de la mécanique, un trait de caractère obligé pour vivre sur une plate-forme flottante suspendue au-dessus du vide. Le père de Jagen, Saron, était devenu sénateur du corridor d’Ison après avoir fait fortune dans l’ingénierie des moteurs ; sa société, Bespin Motors, était désormais l’un des principaux partenaires de la Corporation Technique Corellienne, le premier constructeur de vaisseaux de la République. L’entrée en politique de Saron avait obligé les parents de Jagen à déménager sur Coruscant, mais leurs moments préférés étaient sur Bespin, dans le calme du manoir familial. La mère de Jagen, Palina, avait toujours souhaité voir le fils suivre les traces du père, en commerce et en politique. Ce qui avait semblé évident dans un premier temps, jusqu’à ces fameuses vacances avec son ami Kenth.
Et Tatooine…
Le bureau d’Aiden se trouvait à présent devant lui. Lorsqu’il était entré à l’Académie, cinq ans auparavant, le militaire était devenu un second père pour lui. Sa femme Alvira le considérait comme le fils qu’elle n’avait jamais eu, et lui la voyait comme une tante bienveillante. De fait, Aiden et Alvira étaient de vieux amis de Palina, tous trois corelliens. Si Jagen avait pu entrer et réussir à l’Académie, c’était en partie grâce au soutien indéfectible qu’il avait reçu de la part de son mentor. Il s’approcha de la porte, frappa et entra.
L’amiral Aiden Corona, Commandeur Suprême des Forces Armées de la République, était assis dans son fauteuil, tourné vers la baie vitrée qui s’étendait derrière le bureau. Lorsqu’il entendit la porte s’ouvrir, il se retourna, laissant apparaître son visage bienveillant encadré par sa chevelure argentée. Âgé d’une cinquantaine d’années, Aiden Corona était un de ces self-made men, un de ces hommes hors-pair dont le mérite est vanté par beaucoup. En vérité, l’amiral avait comme tous bénéficié de coups du destin pour avancer. Son amitié avec le sénateur Kalpana d’Aargau, récemment élu Chancelier Suprême, lui avait permit de prendre la tête des Forces de Sécurité, et de diriger par la même occasion l’académie d’Anaxes. Il avait cependant tenu à garder Jagen à ses côtés, et était devenu un excellent professeur pour l’aspirant-officier.
- Ah, Jagen ! Je me demandais où tu étais passé !
- Un courrier urgent à rédiger, amiral.
- Je t’ai déjà dit cent fois de m’appeler Aiden en privé ! le houspilla son mentor. Je sais que le protocole compte beaucoup dans l’armée, mais à l’abri des oreilles indiscrètes…
- Entendu, am… Aiden.
- Bien. Tu sais pourquoi je t’ai fait venir, n’est-ce-pas ?
- J’ai ma petite idée sur la question, répondit Jagen. Les affectations.
- Effectivement. Comme tu le sais, il est traditionnellement remis à chaque nouvel officier sa première affectation au cours d’une cérémonie comme celle qui se déroulera cet après-midi. Et les négociations au Conseil d’administration ont été assez houleuses, cette année. J’ai bien cru qu’on en viendrait au blaster… En tout cas, j’ai tout fait pour empêcher cet imbécile d’Ozzel d’accéder à un poste ; mais il a trop de soutiens. Par contre, j’ai obtenu une contrepartie.
- Pour moi, je suppose ?
- Tu es le major de ta promotion, et un excellent soutien par la même occasion. J’ai réussi à te mettre à la tête d’un vaisseau.
Jagen était stupéfait. Les officiers nommés capitaines à leur première affectation se comptaient sur les doigts d’une main… depuis la fondation de la République.
- Je… je … ne sais pas quoi dire…
- Ce n’est pas tout à fait ce à quoi tu t’attendais. Avoue quand même que c’est mieux que de passer des journées dans un trou paumé à faire des rondes dans les bars.
- Ord Mantell ?
- J’y ai passé trois ans, dit le vieil homme avec sourire. Mais ce n’est pas tout à fait ce que tu penses. Ce n’est pas un des Katana.
On y venait enfin. La flotte Katana était l’œuvre conjointe de Corona et de Kalpana. L’homme de guerre et l’homme de paix, le militaire et le diplomate, pour une flotte qui devait accomplir les mêmes fonctions. L’histoire était pleine de coïncidences de ce genre. La construction arrivait à son terme. Le but était de redonner à la Marine Républicaine sa gloire d’antan, afin de pouvoir à la fois impressionner la populace et atomiser les pirates. Les cuirassés Dreadnougth, de Rendili Stardrive, avaient été choisis pour leur robustesse et leurs capacités de stockage. Si les vaisseaux d’origine nécessitaient plus de seize mille hommes, ceux de Katana n’en demandaient que deux mille deux cents, grâce aux nouveaux systèmes asservis.
- Comme tu le sais, les officiers de tous bords veulent avoir un commandement là-dedans. On a à présent plusieurs vaisseaux sans capitaine. Le tien sera le [i]Forte Tête[/i].
- Le croiseur Hammerhead NG-2 ? Vous voulez rire ?
- Pas du tout. Tu vas avoir un sacré boulot avec ceux-là… mais tu t’en sortiras. Et je veux absolument te confier une mission.
- Laquelle ?
- Comme tu l’auras compris, le Forte Tête ne sera pas intégré à la flotte Katana. Il ne sera pas sous mes ordres.
- Oh non. Vous voulez dire que…
- Oui.
- Willspawn.
Trevor Willspawn était le commandant en second des troupes républicaines. Avec sa réputation sulfureuse, Willspawn ne faisait pas partie de ceux qu’on pourrait appeler les « battants ». Il était devenu officier grâce à ses contacts, et jouissait d’une réputation lamentable auprès des cadets sérieux de l’Académie : on lui prêtait tous les vices, du sexe à l’alcool… en passant par la drogue.
Et, de plus, c’était le protecteur de Kendal Ozzel.
- Ecoute, Jagen… J’ai besoin que tu le surveilles pour moi. Je me méfie de ce qu’il trame. C’est un imbécile, mais il pourrait être dangereux pour toutes les FAR… Pourrais-tu faire cela pour moi ?
- Bien sûr. Je le tiendrais à l’œil.
- Encore désolé d’avoir à t’infliger tout ça.

[center]*********[/center]

Le soir venu, Jagen se posa sur son lit. Il réfléchissait, étendu dans le noir, quand ses deux colocataires entrèrent.
Jaim Helaw et Ait Convarion étaient tous deux d’excellents cadets de l’Académie. Au cours de l’après-midi, l’amiral Corona leur avait remis leur diplôme à tous les trois, ainsi que leurs affectations. Jagen se souvint de la gêne qu’il avait éprouvé lorsqu’un millier de regards s’étaient tournés vers lui à l’annonce de sa promotion. Jaim et Ait étaient quant à eux affectés sur Ord Biniir, un avant-poste calme et inintéressant du Braxant. Ils avaient fêtés l’événement. Lui pas.
- Allons, Jagen… Fais pas cette tête d’enterrement !
- Ferme-la, Ait… Tu vois pas qu’il n’est pas bien ?
- Compréhensible, Willspawn est le pire officier de l’histoire de la Marine.
- Tu oublies Karath.
- Lui au moins savait tirer.
- Mouais… Bon, Jagen, tu vas rester encore longtemps comme ça ?
- Mets-toi à ma place. Je me suis renseigné sur le [i]Forte Tête[/i].
- Et ?
- L’équipage a reçu un F aux dernières notations.
- Aïe.
- Tu l’as dit.
Le Comité de Sécurité du Sénat devant s’assurer de l’état des troupes de la République, des inspecteurs vérifiaient chaque année la tenue et le comportement des équipages et escouades de toute les bases et vaisseaux d’affiliation républicaine. Le F était la plus basse note admissible ; au-delà, on passait chez des mutins.
- Un défi à ta hauteur, pour une fois ! Tu comptes t’y prendre comment ?
- Ce n’est pas le moment de…
- Arrête, Jaim… Ce n’est pas à toi que je parle…
- Comme tout à l’heure, quand je tenais cette superbe Twi’lek dans mes bras ?
- Là, c’était un cas de force majeur, procédure de sécurité cinq. Le timide cadet Helaw qui embrasse une fille qu’il ne connaît pas ! C’est incroyable !
- C’était bien ? demanda Jagen, intéressé.
- Oui… euh, ça ne vous regarde pas, ni l’un ni l’autre. Et d’abord, c’est lieutenant Helaw, maintenant.
- Si ça te chante. Pour moi, tu resteras toujours le petit type qui a perdu au simulateur spatial en mode gungan.
- Ait !
- Désolé, Jagen, je disais ça pour rire… N’empêche, j’en avais déjà vu se faire abattre en niveau gamorréen, mais là…
- Je ne sais pas piloter, je l’ai toujours dis, non ? répliqua Helaw, vexé.
- Oui, mais à ce point…
- Arrêtez, tous les deux.
- Allez, Jagen, reconnais qu’il ne vaut pas un pet de bantha aux manettes…
- Vous n’allez pas m’impliquer là-dedans !
- C’est sûr que toi tu n’as pas ces problèmes, hein…
- Stop !
- Un pilote dans ton genre….
Ce qui pouvait passer pour un compliment ironique était en réalité la vérité. Jagen avait toujours su se débrouiller avec les machines, et surtout il faisait partie de ces pilotes talentueux qui étaient devenus l’apanage des Corelliens. [i]Et ils ignorent encore beaucoup… Ce que j’ai fait dans l’amas de Cron… Kenth était vert ![/i] Kenth Onasi, son ancien meilleur ami, était l’héritier d’une prestigieuse dynastie de Telos IV, qui descendait en droite ligne du légendaire Carth Onasi, héros des Guerres Mandaloriennes et de la Guerre Civile des Jedi. Les deux amis se connaissaient depuis leur enfance, et étaient partis en voyage dans la galaxie lors d’une odyssée palpitante… qui avait trouvé une fin tragique ; alors qu’ils étaient entre les mains de pirates, Thyrs, le frère aîné de Kenth, avait trouvé la mort en venant à leur secours. Ils avaient finalement réussi à s’échapper grâce à ce sacrifice. Aujourd’hui encore, cinq ans plus tard, la mort de Thyrs pesait toujours sur sa conscience. Il a voulu nous sauver, il a donné sa vie pour ça. Si nous avions été moins écervelés… . Les Onasi, bien que bouleversés, ne lui en avaient pas voulu. Les pirates étaient pour eux les seuls responsables : ils les avaient capturés dans le système Arkanis et avaient demandé une rançon. Thyrs Onasi était mort en faisant son devoir. Et Jagen comptait bien effectuer lui aussi le sien. Les esclaves sur Tatooine, les conditions de vie révoltantes auxquelles ils étaient confinés… [i]La doctrine de la République est ma raison d’être. La liberté en préservant l’égalité. Je me battrai pour la préserver[/i].

[size=150]Chapitre 2[/size]

[i]« Rapport 954-A9-B6-Aurek. Croiseur Hammerhead NG-2 [/i]Forte Tête[i]. L’inspection accorde à ce navire la note F. L’équipage est entièrement incontrôlable. Nous avons rencontré le navigateur givin Galieet Hurieegh, qui nous a confié les problèmes d’autorité rencontrés par l’ancien capitaine. Le navire a été mis à quai en l’attente d’un nouvel officier. Envoyez le meilleur. »[/i]

Rapport de la Commission d’inspection Aurek,
Note à l’intention de l’amiral Aiden Corona.

Quai Alpha-6, Ord Mantell, Croiseur Hammerhead NG-2 [i]Forte Tête[/i], 3 mois plus tard

- Capitaine sur le pont ! lança le navigateur lorsque Jagen passa la porte de la passerelle.
- Du calme, du calme, Galieet, tu vas encore nous énerver, lança un lieutenant de forte carrure.
- Garde à vous !
- Hé, les gars, ça vous dirait de frapper le Givin ?
- Du calme, ou vous allez le regretter, dit Jagen d’une voix dure.
- Qu’est-ce que t’as, le bleu ? Tu t’imagines que… Houmpf !
Sans avertissement, le jeune capitaine venait de lui décrocher un coup de poing magistral dans l’estomac, envoyant ainsi le lieutenant patibulaire au tapis.
- Ce sera maintenant le tarif pour l’insubordination ! Je vais remettre ce vaisseau sur pied au plus vite !
- Vous… n’avez pas… le droit.
- Qui a dit cela ?
- L’amiral Willspawn. Vous êtes interdit de nous donner des ordres qu’il n’approuve pas.
- Ah, il a dit ça ? Très bien, je respecte sa décision.
- Vous voyez, les gars ? lança l’autre en fanfaronnant. On l’a maté le p’tit nouveau ! Corek, va chercher une bière corellienne pour fêter ça !
- Très bonne idée. D’ailleurs, lieutenant… sortez-les toutes. Vous avez parfaitement le droit d’aller les boire sur les quais.
- Hein ?
- Article Eta-76-A4 de la charte militaire : « Tout capitaine de vaisseau a le droit s’il le souhaite de se séparer de son équipage, si celui-ci montre des tendances à la mutinerie. ». Faites vos bagages.
- Mais…
- On dit « Oui, capitaine ».
L’air penaud, l’ex-lieutenant retourna auprès de ses congénères, et ils quittèrent tous ensemble le pont. Le silence tomba sur le pont, où Jagen se tenait seul.
Enfin, presque seul.
- Lieutenant Hurieegh, je présume ?
- Oui, capitaine.
- Vous êtes le seul membre d’équipage qui soit resté. Vous respectez la hiérarchie. C’est remarquable.
- Merci, capitaine.
- Et je pense que vous ferez un excellent second, maintenant que ce vaisseau est nettoyé.
- M..moi, capitaine ? bredouilla le givin. Mais je n’ai aucune formation, je suis un simple navigateur !
- Et vous êtes loyal, je ne l’oublierai jamais. Connaissez-vous un autre membre d’équipage qui restera à bord ?
- Il y en a un, capitaine. Un mécanicien sullustéen nommé Tiken Sovv. Il est en charge du bloc moteur gauche.
- Très bien. Pouvez-vous aller le chercher ?
- Tout de suite, capitaine.
La porte du pont se referma sur le givin, laissant Jagen avec ses pensées. Il commença à prêter attention à la salle.
Le pont du croiseur était semblable à celui que comportaient les premiers Hammerhead, près de quatre mille ans auparavant. La forme de V caractéristique imposée par la forme de la proue du vaisseau ne se retrouvait nulle part ailleurs. La classe Hammerhead NextGen2 avait été mise en service un an auparavant, et le Forte Tête était l’un des quatre mis en service dans la flotte républicaine. Tout comme Katana, le but de ces vaisseaux était plus d’impressionner que de combattre. Tout citoyen de la République connaissait cette silhouette impressionnante, ces vaisseaux tout droit sortis du passé.
Jagen s’assit dans son siège et se mit à réfléchir. Son coup d’éclat face à cet équipage corrompu ferait du tort à Willspawn, il le savait. Il devrait recruter absolument de nouveaux membres d’équipage ici, sur Ord Mantell.
Et où étaient donc passés ces foutus uniformes ? Aucun, pas même Galieet, ne portait l’uniforme réglementaire. Il faudrait lui poser quelques questions à ce sujet. Le lieutenant Hurieegh avait un fort potentiel, cela ne faisait aucun doute. Son instinct lui soufflait qu’il lui serait un soutien inconditionnel face à la domination de Willspawn. Et son instinct avait rarement tort.
La porte du pont s’ouvrit à nouveau, et laissa apparaître une paire atypique. Si Galieet Hurieegh était un représentant de son espèce, avec la maigreur caractéristique des givins, Tiken Sovv contrastait avec la plupart des sullustéens rencontrés par Jagen jusqu’à présent. Un faible nombre, certes, mais qui présentait plusieurs caractéristiques communes.
Contrairement à la plupart des sullustéens, dont la réputation casanière était répandue dans la galaxie, Sovv semblait avoir vécu un vie pleine d’aventures. Sa tenue de mécanicien laissait apparaître un corps musclé, et son visage était plein de cicatrices. Son oreille gauche était entaillée, et un tatouage marquait sa joue gauche.
- Lieutenant Tiken Sovv au rapport, capitaine. Heureux de voir que vous avez réussi à écumer la vermine de ce navire.
Il avait dit tout cela en sullustéen, mais Jagen put tout de même le comprendre. Il disposait d’un don inné pour les langues, et en parlait une vingtaine, du basic au hutt en passant par le wookiee et le tionese.
- Il dit, capitaine, que…
- J’ai parfaitement compris, merci. Je suis ravi de vous avoir à mes côtés, lieutenant Sovv. Maintenant, on va mettre les choses au clair.
- Capitaine ?
- Vous connaissez le vaisseau mieux que moi, vous avez plus d’expérience, alors si vous remarquez un problème, faites-le moi savoir, d’accord ? Et appelez-moi Jagen en privé, le grade n’est valable qu’en public.
- Compris, Jagen.
- Ca me convient.
- J’en étais sûr, Tiken. Dites-moi, vous m’avez l’air d’avoir eu une vie… mouvementée ?
- J’ai commencé comme mécanicien sur un navire corellien. Des contrebandiers. Au fil des rixes de bar, j’en ai eu ma claque et j’ai décidé de m’embarquer sur le premier vaisseau calme que je trouverai. Le hasard a fait que ce soit le Forte Tête. Pas un vaisseau calme.
- Jusqu’à présent. Galieet, j’ai une question à vous poser : qu’en est-il des uniformes ? Je n’en ai pas vu un seul !
- C’est parce qu’il n’y en a pas. Depuis les réformes de Ruusan, nous n’avons plus d’uniforme commun à toute la flotte. Les groupes de combat, comme Katana, en ont, mais les petits vaisseaux…
- Il va donc falloir que j’en conçoive un. Très bien, on va maintenant recruter nos nouveaux membres d’équipages.
- Ici ? Sur Ord Mantell ?
- C’est ça ou faire une demande auprès de la Commission de Sécurité. Ce qui veut dire qu’on risque de mourir de vieillesse ici.
- Très bien, comme vous voulez. Mais je vous préviens : les rixes sont monnaie courante.
- On peut trouver les meilleurs pilotes de la galaxie sur Ord Mantell. C’est aussi le repaire des plus infâmes malandrins du secteur. Ne vous inquiétez pas, j’ai bien appris mes leçons.
- Espérons-le…

[center]********[/center]

Le soir venu, l’équipage était au complet, à l’exception du médecin de bord.
Cela n’avait pas été dur de trouver des gens compétents sur ce monde. Ord Mantell était l’un des points de passage les plus empruntés de la Bordure Médiane, et les talents couraient les rues. Les nouveaux membres étaient doués et disciplinés, ils seraient d’excellents hommes pour la Marine Républicaine.
La proportion d’humains ou de proche-humains était assez forte, mais d’autres en étaient très éloignés. Le remplaçant de Tiken était un wookie nommé Chrwarrork, qui avait réussi à échapper à des esclavagistes sur Muunilist et qui était venu se réfugier ici. Tiken, qui était devenu responsable de la maintenance du vaisseau, était secondé par Kol’yan, un Twi’lek lethan originaire de Nar Shaddaa. Le mécanicien du réacteur droit était un humain de Brentaal, Ren Jorvis, qui appartenait auparavant à la base d’Ord Mantell, tout comme Tern Hoovys et Jos Geraan, deux canonniers extrêmement doués affectés aux tourelles anti-chasseurs. Sur le pont, le navigateur restait Galieet, qui grâce à ses compétences en mathématiques pouvait assurer ce travail sans problème. Le responsable des communications était un bothan, Horsk Tre’far, qui après avoir fait partie du réseau d’informateurs de Kothlis souhaitait revenir à un travail plus calme. Enfin, les artilleurs du pont étaient Thnod Jurgan, un ancien mandalorien, et Kento Gaarufan, un zabrak. Tous deux avaient fait équipe auparavant et restaient très mystérieux quant à leur passé. Ce qui aurait pu être un tort pour d’autre était un atout aux yeux de Jagen ; chacun, à commencer par le vaisseau, repartait de zéro.
- Capitaine, il y a une communication entrante en provenance d’Anaxes. C’est l’amiral Corona qui cherche à vous contacter.
- Très bien, je le prends dans la salle de réunion.
Aiden était sûrement déjà au courant de ses agissements. Il lui avait demandé de se modérer pour ne pas alerter Willspawn… mais c’était ne pas le connaître. Le fonctionnement du vaisseau nécessitait bien quelques petits arrangements.
Jagen se dirigea vers la salle de réunion. La pièce était située entre le sas d’arrimage et le pont, pour faciliter l’accès lors de négociations. Le centre de la pièce était occupé par une vaste table ovale, au centre de laquelle se trouvait un holoprojecteur. Jagen s’assit et lança la communication, faisant apparaître le visage de son mentor.
- [i]Jagen ! Comment vas-tu ?[/i]
- Bien, merci, amiral. Et vous ?
- [i]Je me porte comme un charme. La construction du [/i]Katana[i] vient de s’achever, et il ne reste plus que dix vaisseaux à terminer. Nous sommes dans les temps.[/i]
- Rendili StarDrive est une société sérieuse.
- [i]Je le sais bien. Maintenant, parlons de toi. Et de tes actes.[/i]
- Vous voulez sans doute parler de mon comportement face à l’ancien équipage ?
- [i]Willspawn était furieux. J’ai réussi à arranger le coup et pourtant… Je me demande bien comment il compte contre-attaquer. [/i]
- Si vous aviez vu le comportement des ex-membres d’équipage lorsque je suis entré… J’en ai gardé deux : le navigateur givin et le mécano sullustéen. Les deux seuls à être loyaux.
- [i]Je sais, je sais. J’ai reçu plusieurs rapports à ce sujet. Tu as très bien agi à mon sens, mais je doute que cela soit en ta faveur contre Trevor.[/i]
- Je ne sais pas quoi vous dire…
- [i]Je fais tout pour le faire tomber, mais il a trop de soutien. Il a été surpris en compagnie d’une des « suivantes » d’Orn Free Taa, le sénateur de Ryloth. Je pense qu’il lui a prêté. Il a des contacts assez…[/i]
- … malfaisants.
- [i]Entre autres. Je l’ai vu l’autre soir en compagnie du sénateur du secteur Chommell, comment s’appelle-t-il…[/i]
- Palpatine, je crois ?
- [i]Voilà, c’est ça. Le chancelier Kalpana m’a confié que ce type ne lui plaisait pas. Un sentiment partagé par Finis.[/i]
- Le sénateur Valorum ?
- [i]Lui-même, un de mes meilleurs soutiens, avec Yarua, le sénateur de Kashyyyk. Des hommes politiques comme il en faudrait plus.[/i]
- A qui le dites-vous… Et mon père ?
- [i]Il est sur Bespin ces derniers temps… Il ne te l’a pas dit ?[/i]
- Il a dû oublier.
- [i]Peut-être… Il est remplacé par Joran Calrissian, d’Anoat.[/i]
- Je vois.
- [i]J’ai également autre chose à te dire. Il faut que tu viennes sur Rendili, nous aimerions examiner le Forte Tête. [/i]
- J’ai d’abord besoin d’uniformes. Il n’y en avait pas à bord et…
- [i]J’y ai déjà pensé. Des uniformes qui devraient te plaire. La version Mark XXII.[/i]
La version Mk.XXII des uniformes républicains était entrée en vigueur quatre mille ans auparavant. De couleur jaune et rouge, ils avaient été employés par tous les combattants de la République durant la Guerre Civile des Jedi, une période que Jagen aimait beaucoup.
- Merci beaucoup, amiral. Le temps de nous mettre en route, et nous serons à Rendili en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

[center]***********[/center]

Lorsque le [i]Forte Tête[/i] quitta l’hyperespace et entra dans l’orbite de Rendili, tous les hommes sur le pont retinrent leur respiration.
Devant eux, la planète occupait l’ensemble de la verrière, mais ce n’était pas ce spectacle, à la fois si habituel et si unique, qui leur coupait le souffle. C’était la vision des chantiers navals de la planète, et des vaisseaux amarrés à ces quais.
La Flotte Katana s’étendait à leurs pieds.
Depuis le pont, Jagen pouvait observer chacun des deux cents cuirassés Dreadnought améliorés. Il comprenait à présent son appellation de Force Sombre ; les vaisseaux étaient peints en noir, et semblaient tels des ombres dans un mer d’encre. Les seules sources de lumières en provenant étaient les lampes des coursives du vaisseau ; mais leur nombre était fortement réduit du fait de la présence des systèmes automatisés.
Après mille ans de décadence, la République retrouvait enfin une puissance militaire digne de ce nom. Le regard embué et plein d’envie, Jagen admira chacun des croiseurs.
L’un d’eux se dirigeait vers le [i]Forte Tête[/i]. Sur sa coque, à quelques mètres en-dessous du pont, était écrit en lettres dorées son nom.
[i]Katana[/i].
Le vaisseau-amiral s’approcha et demanda l’autorisation d’arrimage. Rapidement, chacun des vaisseaux déploya son sas, et le couloir formé se pressurisa. Jagen alla dans le hall d’embarquement et entra dans la coursive de verre.
C’était un spectacle formidable. Il se tenait là, dans ce couloir transparent, mais il avait l’impression de voguer dans l’espace, d’être suspendu dans le vide.[i] La majesté de l’espace… et sa dangerosité[/i], pensa-t-il. [i]Ce qui est beau n’est pas sans risques. A trop vouloir voir l’espace, on finit par s’y perdre.[/i]
En entrant dans le [i]Katana[/i], Jagen perçut la puissance de ce navire. Aucun autre ne lui avait donné un tel sentiment de force.[i] Republic is back[/i], dit-il en se remémorant le slogan aurabesh de la campagne. [i]Aiden a bien agi, comme toujours. Ce vaisseau sera le symbole de la République.[/i]
L’impression perdura tandis qu’il parcourait les coursives. De nombreux mécaniciens et droïdes s’affairaient ça et là ; ce vaisseau était bien plus peuplé que le [i]Forte Tête[/i], malgré leur taille équivalente. La grande différence entre ces deux frégates est la puissance de feu ; Si l’Hammerhead était une frégate polyvalente, le Dreadnought consacrait son énergie dans sa puissance offensive ; les ingénieurs de Rendili StarDrive parlaient d’un rapport d’un contre dix.
Cependant, l’agitation qui régnait dans le vaisseau paraissait faible pour Jagen. Lors de ses études, il avait dû embarquer sur un Dreadnought Mk.I, et il se souvenait de la promiscuité étouffante et des mouvements incessants.
En pénétrant dans le bureau de l’amiral Corona, c’est une impression de luxe qui engloba Jagen ; l’ensemble de la pièce était bleu et doré, marque d’une richesse exhibitionniste. Le jeune capitaine qu’il était savait qu’un bon officier ne devait jamais rechercher la luxure, et il savait que ce n’était pas le cas de l’amiral Corona. Son bureau était en fait l’une des chambres réaménagées ; la Flotte ayant aussi pour rôle d’assurer le convoi de sénateurs, les politiciens avaient exigé un tel confort décadent. Une marque supplémentaire, s’il en fallait, de la conduite du Sénat. Quatre hommes se trouvaient dans ce bureau ; l’amiral Corona, un portant la tenue de chantier de Rendili StarDrive, un autre arborant une tunique à la fois riche et dépouillée et un quatrième en robe bleue, que Jagen, bien qu’il ne l’eût jamais rencontré, reconnut immédiatement.
Le chancelier Kalpana.
- Ah, Jagen, vous voilà. Je vous présente le chancelier Kalpana…
- Mes hommages, Excellence.
- Je suis ravi de rencontrer un officier si prometteur, aux dires d’Aiden.
- … le sénateur Valorum…
- Enchanté, Sénateur.
- Moi de même, capitaine. Je suis un ami de votre père au Sénat. Il m’a toujours dit du bien de vous.
- … et le concepteur des croiseurs Hammerhead NG-2, Walex Blissex.
- Félicitations pour votre travail, Monsieur. Ce vaisseau fonctionne à la perfection.
- Et si je suis là, c’est pour l’améliorer d’avantage.
- La direction de Rendili StarDrive souhaite ton avis sur le navire, reprit Corona. Je sais que tu l’as très peu expérimenté, mais c’est mieux que rien.
- Dans ce cas, puis-je convier mon second, le lieutenant-navigateur Hurieegh, et le mécanicien en chef Sovv pour leurs conseils ? Ils sont les doyens de l’équipage et connaissent sans doute mieux que moi le vaisseau.
- Sans problème.
- Dans ce cas, allons-y.

[center]**********[/center]

Ils inspectaient le département médical encore vide lorsque que le sas derrière eux s’ouvrit, laissant apparaître une silhouette peu agréable.
- Messieurs, je suis à vous.
Trevor Willspawn était un homme d’une cinquantaine d’années, mais qui en paraissait quarante. En comparaison d’Aiden Corona, usé avant son temps par les soucis, Willspawn semblait plus jeune, plus dynamique, plus énergique, bien que les deux hommes eussent le même âge. Cependant, son regard vacillait de temps à autre, montrant par là son addiction aux épices dont il ne faisait aucun mystère, sauf devant le chancelier. Comme à son habitude, il était vêtu d’une tunique ample très peu fonctionnelle, mais qui convenait bien à ses activités.
Jagen n’avait jamais rencontré l’amiral Willspawn ; il l’avait juste aperçu au détour d’un couloir, ou lors d’importantes conférences. Contrairement à Aiden, il n’accordait que peu d’importance à l’académie, bien qu’il ait parrainé quelques élèves, comme Kendal Ozzel.
- Excellence, sénateur, bienvenue sur [i]mon[/i] vaisseau.
- Amiral Willspawn, répondit poliment le chancelier Kalpana.
- Vous êtes là aussi, Aiden ? Ce vaisseau ne fait pas partie de votre juridiction, il me semble ?
- Et vous, Trevor, pourquoi êtes-vous là ? Les maisons closes et les bars sont tous fermés, à cette heure ? demanda acerbement Airen.
- Messieurs, messieurs, calmez-vous ! intervint le chancelier. Soyez civilisés !
- Bien, Excellence, répondit Willspawn. Quant à vous, capitaine Eripsa, on m’a averti de votre comportement scandaleux sur Ord Mantell. Vous prenez des décisions qui ne relèvent pas de votre autorité.
- Ces hommes ne souhaitaient pas suivre les ordres, amiral. J’ai usé de l’article Eta-76-A4, concernant la prévention des mutineries.
- Ils ne suivaient pas vos directives, dites-vous. Mais qu’en était-il des miennes ?
- Ils ne les suivaient pas plus, ils…
- Assez ! Vous êtes capitaine depuis une semaine et vous n’avez fait qu’embrouiller la situation ! Incapable ! Vous mériteriez….
- Il dit vrai, amiral, intervint Galieet.
- Vous, dit Willspawn en se tournant vers lui, espèce de sale…
Le regard que lui lança Kalpana le dissuada de continuer.
Alors qu’ils se remettaient en marche, Jagen se dit que cette confrontation avec l’amiral Willspawn n’était que la première.
Et sûrement pas la dernière…
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Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 16 Fév 2012 - 19:57   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

40 passages et pas un commentaire ?
Je poste quand même les chapitres 3 et 4, qui font encore partie de l'installation du background, avant de lancer les choses sérieuses....
PS : Si vous constatez des erreurs notoires, faites-le moi savoir SVP

Chapitre 3

« La flotte Katana est ce que l’on appelle un symbole. La République, quoi qu’on en dise, a toujours possédé une flotte. Cependant, à l’exception de rares occasions, celle-ci a été assez hétéroclite. C’est la première fois que l’on assiste à une telle commande en temps de paix. Puisse-t-elle veiller sur les citoyens galactiques. »

Renator Virgilio, critique politique d’HNE, lors de la cérémonie inauguratrice de la Flotte Katana.

Coruscant, Cité Galactique, bâtiment du Sénat, trois mois plus tard.

Comme le protocole l’exigeait, Aiden Corona disposait d’un bureau au sein même du Sénat. Cependant, comme la plupart de ses prédécesseurs, il ne l’utilisait que rarement, lors d’occasions spéciales. Et aujourd’hui était une occasion très spéciale.
- Et donc, si j’ai bien compris, nous passons par le secteur 1138 avant de replonger vers le Sénat, résuma-t-il.
- Et le Katana doit se diriger vers Monument Plaza, rappela Mas Amedda. La zone sera évacuée et le chancelier pourra procéder à l’inauguration du vaisseau.
L’amiral Corona se leva, l’air soucieux. Jagen n’avait pas revu son mentor depuis cette visite sur Rendili, trois mois auparavant. Mais le changement était effrayant. Aiden avait vieilli de dix ans, accaparé par les préparatifs du vol inaugural de la Flotte Katana. Et les dernières nouvelles n’étaient pas pour le rassurer.
- Et pour ce qui est de la destination ? Vous vous êtes enfin décidés ? demanda le vieil officier en se tournant vers la baie de transparacier.
- Le Sénat doit débattre là-dessus dans dix minutes. Si vous l’acceptez, nous allons assister à la séance.
Deux politiciens assistaient à la réunion ; le nouveau secrétaire du Sénat, Mas Amedda, qui était chargé de planifier la cérémonie, et le président du Conseil de Sécurité, le sénateur Aks Moe de Malastare. Ils prirent congé, laissant les deux militaires seuls.
- Ces vermines veulent ma tête, dit Aiden lorsqu’ils furent sortis. Le sénateur Moe a offert une villa à Willspawn sur sa planète, ça a fait la une des médias. Manque de bol, c’est lui qui va inaugurer la Flotte Katana, en compagnie du chancelier Kalpana.
- Vous vous en tirerez très bien, le rassura Jagen.
- L’avenir nous le dira. Bon, il est temps d’assister à ce débat des sénateurs. A ce propos, ton père est revenu. Il doit être ici.
- Nous allons le rejoindre ?
- Oui, il doit être en compagnie du sénateur Valorum, de toute façon. Allons-y.
Les coursives du Sénat étaient, à l’avis de Jagen, plus impressionnantes que celles du Katana ; contrairement au cuirassé, ce n’était pas la puissance offensive que l’on ressentait ici, mais le pouvoir de décision. Des millions de milliards d’êtres vivants dépendaient des décisions prises entre ces murs. Les statues, vestiges des grands hommes de jadis, jalonnaient les couloirs, et des gardes du Sénat se tenaient de part et d’autre de chaque porte. La lumière soigneusement tamisée donnait l’impression d’être dans un temple. Pendant son enfance, Jagen avait accompagné une fois son père lors d’une session, et il avait gardé le souvenir de débats compliqués, d’hommes malhonnêtes et de décisions futiles. Après un interminable couloir circulaire, Aiden entra dans l’une des plateformes.
Un homme seul y était assis : Saron Eripsa, sénateur du Corridor d’Ison, et accessoirement père de Jagen.
- Jagen, te voilà ! Cela faisait longtemps !
- Bonjour, papa.
Cela faisait près de six ans qu’ils ne s’étaient pas vus, depuis une dispute mémorable. Saron n’avait jamais vraiment accepté la carrière qu’avait embrassée Jagen. S’il était ami avec Aiden, le fait que son fils unique s’engage dans l’armée l’inquiétait fortement ; Jagen lui avait alors répondu que son engagement était irrévocable, et la dispute avait dégénérée. Il avait pris le premier transport pour Anaxes, et n’avait plus repris contact avec eux autrement que par messages enregistrés. Maintenant, je n’ai plus à avoir honte, pensa-t-il. Je suis capitaine d’un vaisseau de combat, j’ai six mois de service, un bon équipage… Il a été forcé de l’accepter. Bien sûr, Aiden ne savait rien du désaccord. Cependant, Jagen avait longtemps soupçonné qu’il le soit, du fait d’allusions ou d’actes indicatifs. Mais le vieil homme était un excellent joueur de dejarik ; il cachait bien son jeu.
- Bonjour, Aiden, Comment vas-tu ? C’est un jour de fête, pour toi !
- Si peu, si peu. Les débats ont déjà commencés ?
- Pas encore, mais… voilà Kalpana… On y est.
Pendant que le chancelier introduisait la session du jour, Jagen réfléchit aux conséquences de ce moment sur sa carrière. L’inauguration de la Flotte Katana était un grand moment pour la Flotte, certes, mais il risquait de poser problème quant à son avenir. Aiden serait de plus en plus absent, ce que Trevor Willspawn ne manquerait pas d’exploiter, évidemment. Le Forte Tête dépendant du bon vouloir de l’amiral, il risquait de faire face aux caprices de cet homme dangereux. Son équipage, bien que compétent, pourrait être renvoyé. Ce sont des soldats valeureux. Je pourrais peut-être quitter la Marine, et appartenir à une force privée… Ce serait une compensation. Mais Aiden n’acceptera jamais. Il fera tout pour éviter ma démission.
- … destination de la Flotte Katana. Comme vous le savez, chères sénatrices, chers sénateurs, notre flotte sera inaugurée dans maintenant deux heures. Le vol inaugural doit avoir lieu immédiatement après, cependant nous sommes en désaccord sur la destination.
- Je propose une traversée de la Voie Corellienne. En effet, cette piste…
- C’est le sénateur de Corellia, chuchota Saron. Il a envie de les voir, ces vaisseaux… Il n’a pas apprécié que vous choisissiez Rendili StarDrive…
- … notre glorieuse station Centerpoint.
- Je vous remercie de votre proposition, sénateur Pannor. D’autres idées ?
- Le système de Vuulspar, chancelier. Nos industries ont fournies les métaux nécessaires à la construction des cuirassés. Je demande que notre planète soit honorée.
- J’admets que la proposition est intéressante. Le vote… Sénateur Palpatine, vous souhaitez dire quelque chose ?
- J’ai moi-même une proposition à faire, Excellence, intervint le représentant du secteur Chommell. Les médias nous ont informés récemment d’une grave crise humanitaire sur la planète Vjun. L’envoi d’une coalition humanitaire était prévue, les vivres, achetées et des packs médicaux et énergétiques préparés. Le mieux serait d’envoyer nos cuirassés pour porter assistance à ces pauvres habitants.
- Une proposition qui fait la preuve de votre bienveillance, sénateur Palpatine, répondit polimment Kalpana. Le vote va maintenant avoir lieu, je vous rappelle que…
- Bien manœuvré de la part de Palps… chuchota Saron. Il ira loin, celui-là. Je vote pour qui, Aiden ?
- Le sénateur de Vuulspar. Vjun peut aller se faire voir.
Jagen fut surpris par l’agressivité latente dans les propos de son mentor.
- Ces gens-là n’y sont pour rien, ce n’est pas leur faute si c’est le sénateur Palpatine qui a proposé cette idée ! s’exclama-t-il.
- Je le sais, mais, vois-tu, les sénateurs ne voient pas plus loin que le bout de leur nez… ou de leur tablette. J’ai l’avantage de disposer d’un meilleur réseau d’information.
- Que voulez-vous dire ?
- Les habitants de Vjun sont hostiles à la République. Le virus n’est pas d’origine naturelle, si tu veux savoir. Il a été créé pour détruire les Jedi. Alors, aller aider ces sauvages…
- Palpatine le sait ?
- Apparemment non, mais avec lui, il faut se méfier de tout… Il serait au courant de tout que cela ne m’étonnerait pas.
- … et, avec neuf cents vingt-six voix, le projet Vjun est accepté. Messieurs, je vous invite à rejoindre Monument Plaza, car la cérémonie d’inauguration va bientôt commencer.
- Tonnerre ! Il a réussi ! pesta Aiden. Foutus politiciens…. Je vais avoir l’air fin, moi, avec mes croiseurs, sur cette planète de fous…

*************


Les environs de Monument Plaza étaient noirs de monde. Chaque mètre carré était occupé, à des kilomètres à la ronde. A voir les innombrables espèces représentées, Jagen ne put s’empêcher de se dire que la République toute entière s’y était rassemblée.
Il avait pris place dans la tribune officielle, aux côtés de son père, à la place qui aurait normalement dû échoir à son assistant, Calrissian. Ce que les holomags appelaient « le gratin » s’était rassemblé ici ; tous les sénateurs avaient pris place, à l’exception de quelques-uns, qui s’étaient néanmoins excusés. Aiden, pour sa part, était dans la tribune officielle, aux côtés de tout l’état-major de la flotte Katana , accompagnés pour l’occasion de Trevor Willspawn, qui était l’officier le plus haut gradé à l’extérieur des « Katanas ». Celui-ci avait aperçu Jagen au début de la cérémonie, et s’était contenté de lui jeter un regard plein de mépris. Il n’avait pas revu son supérieur officiel depuis cette visite sur Rendili, mais il avait malgré tout le sentiment que ce silence apparent n’était que le calme avant la tempête. Aiden, quant à lui, avait l’air nerveux. A la sortie de la séance au Sénat, il avait été informé de l’arrivée d’un colis dans ses quartiers, et avait refusé de laisser entrer Jagen, ce qui était anormal compte tenu des antécédents du militaire. Sans doute était-ce le stress qui le faisait réagir ainsi.
Le chancelier venait à présent d’achever son discours, et les fanfares se mirent en marche.
Aiden lui avait confié que le Sénat avait recruté spécialement les meilleurs orchestres de Clak’dor VII, d’Orto et de Corellia pour l’occasion. Et il ne s’était pas trompé. Tout n’était que musique à cet instant ; le son provenait d’instruments graves, mais métalliques. Sûrement des cors, pensa Jagen. Ils soulignent l’apartenance militaire de cette flotte…
A la fin du plus grand crescendo, un bruit assourdissant de moteur commença à envahir la place. Un des spectateurs aux alentours cria :
- Regardez !
Les croiseurs de la Flotte Katana, tels des nuages d’orage sous le soleil, avançaient et traversaient la glorieuse Monument Plaza. Si les rues alentour et les immeubles avoisinants étaient bondés, il n’en était rien de la place ; à l’exception de la fanfare en bas de la tribune, cette vaste étendue pavée était totalement vide. C’est alors qu’un des cuirassés amorça un virage à 90°, déploya son train d’atterrissage pour venir finalement se poser entre la tribune sénatoriale et la montagne qui, devenue seul vestige de la nature coruscantienne, étendait sa fière pointe vers les cieux. Une fois de plus, Jagen contemplait ce bijou de la technologie, ce joyau noir qu’était le Katana.
Le vaisseau éteignit ses moteurs, et les sénateurs, les journalistes et les militaires se levèrent à la suite du chancelier suprême Kalpana, qui se dirigea immédiatement vers le cuirassé. Du croiseur descendirent plusieurs assistants, qui déployèrent le traditionnel ruban et le tapis rouge sur la rampe d’accès. Le chancelier Kalpana arriva enfin, suivi de peu par Aiden Corona et Finis Valorum ; ces trois hommes avaient fait de la Flotte Katana une œuvre considérable, et c’est à eux qu’il revenait l’honneur de l’inaugurer. Le chancelier prit alors la paire de ciseaux en or qu’on lui tendait, puis coupa le ruban, et s’exclama :
- Puisse cette valeureuse flotte servir la République et la défendre lorsqu’elle sera attaquée !
Suite à ces mots, il pénétra dans la structure qu’il avait déjà visitée, mais où il retournait cette fois officiellement. Il y a tout un monde entre l’officiel et l’officieux, et nous venons de la franchir pour le Katana, pensa le jeune capitaine.
- Jagen, je peux te parler un instant ?
La voix d’Aiden Corona vint troubler ses pensées. Son mentor était là, devant lui, et ne menait pas la visite ; surpris, Jagen se dit qu’il devait y avoir un problème.
- J’ai besoin que tu me rendes un service, dit son mentor. Va en reconnaissance dans le système Vjun, je n’aimerais pas que nous tombions sur des pirates lors du premier vol. Et, pour répondre à ta question, je pense que ton vaisseau est suffisamment rapide pour pouvoir échapper à d’éventuels poursuivants.
- Très bien.
- Ton père est déjà au courant. Il souhaite que tu le rejoignes sur Bespin lors de ta prochaine permission.
- Je le ferai.
- Il a des informations importantes pour toi.
- Vraiment ?
- Il ne me les a pas révélées, si c’est ce que tu veux savoir. Va à Vjun, attends-moi et nous en reparlerons là-bas.
- Comme vous voudrez.

************


- Passage en vitesse subluminique dans 5… 4… 3… 2… 1… Maintenant !
A travers la vitre du pont, la spirale incessante des étoiles se résorba, laissant place à une planète brune, Vjun.
Même depuis l’espace, cette masse brunâtre ne paraissait pas accueillante. Contrairement à la plupart des planètes tempérées, Vjun ne comportait pas d’océan ou de lacs. C’était une boule de pierre dure, coupante, et ce qu’Aiden avait dit la veille lui semblait plus compréhensible maintenant. Cette planète aurait dû être le vol final d’un vaisseau… pas son vol inaugural ! On se croirait à un enterrement, avec le mort à la vue de tous…. Sur le pont, tous semblaient avoir la même pensée ; nul ne souhaitait séjourner sur Vjun.
- Ne vous inquiétez pas, les gars. On n’y restera pas très longtemps. Galieet, la flotte donne des nouvelles ?
- La voilà, capitaine. L’amiral Corona vous passe le bonjour.
- Moi de même.
Simultanément, les deux cents croiseurs de la Flotte Katana sortirent de l’hyperespace. Jagen ne put s’empêcher d’arborer un petit sourire ironique. Aiden l’avait envoyé en éclaireur, alors qu’il savait pertinemment que les Dreadnoughts étaient bien plus rapides que l’Hammerhead. Pour l’instant, amiral… Je ne me ferai pas avoir une deuxième fois… pensa-t-il en se jurant d’améliorer les réacteurs. Les premières navettes commencèrent à quitter le vaisseau, emportant avec elles un ravitaillement important.
- Capitaine, l’amiral Corona souhaite que vous montiez à bord de son cuirassé, dit l’officier des transmissions bothan. Dois-je accepter ?
- Evidemment. Vous prenez les commandes, Galieet.
- Bien, capitaine.

************


Comme lors de son autre visite à bord du Katana, Aiden l’attendait dans son bureau, mais il était cette fois-ci en train de lire ce que Jagen identifia comme étant des rapports.
- Jagen. Tu as apprécié ma petite plaisanterie ?
- Sur la vitesse hyperluminique ? Galieet m’en a fait part après notre départ de Coruscant. J’en ai déduis que vous vouliez me parler.
- En effet. Assieds-toi, je te prie.
Jagen s’exécuta et pris place dans un des moelleux fauteuils au capitonnage bleu.
- Comme tu le sais déjà, je dispose d’un excellent relais d’informateurs.
- Ceux qui vous ont renseignés sur Vjun ?
- Exactement. Mais ce n’est pas leur première utilité. J’en ai recruté une grande partie lorsque je me suis aperçu de certains flux de capitaux, à l’époque où je travaillais sur Coruscant.
- Que voulez-vous dire ?
- J’ai développé une certaine capacité à… dénicher certaines informations, expliqua Aiden. En piratant deux ou trois serveurs. Et je me suis aperçu qu’une personne rassemblait un nombre incroyable d’actions dans un nombre immense d’entreprises.
- Quelqu’un qui cherche à obtenir un monopole ? Mais…
- Attends un peu. J’ai remonté cette piste en long, en large et en travers, depuis dix ans. J’ai réussi à obtenir une date. L’an 0.
- Ce qui signifie ?
- Cette personne, ou plutôt un de ses ancêtres, a commencé ses acquisitions au moment des réformes de Ruusan. J’ai tout essayé pour la trouver, mais elle a échappé à mes informateurs. Jusqu’à maintenant.
- Que s’est-il passé ?
- Je pense qu’ils ont réussi à le repérer… mais il doit avoir un garde du corps formé aux arts Jedi… Mes hommes ont été tués, et par un sabre-laser.
- Un assassin Jedi ? Je doute que le Conseil ait recours à de tels moyens.
- Tout comme moi. Ce n’est pas le Conseil.
- Alors, qui est-ce ?
- Je pense qu’il s’agit des Sith.
- … Aiden, vous plaisantez ?
- Pas du tout.
- Les Sith ont disparu ! Leur ordre s’est éteint et il ne reste aucune trace de leur religion. C’est de la folie pure.
- Je ne plaisante pas ! s'énerva le vieil homme.
- D’accord, d’accord… c’est pour ça que vous êtes si soucieux ?
- En effet… Je pense qu’ « il » a retrouvé ma trace.
- Vous êtes bien protégé. J’ai vu ces TP-TTs, en entrant… de vrais bijoux…
- On verra. Je suis pressé de rentrer chez moi ; j’ai déjà fait entrer les coordonnées d’Anaxes dans l’ordinateur de bord, et…
- Amiral, dit une voix dans l’interphone, la navette des représentants de Vjun va arriver. Le capitaine requiert votre présence pour les accueillir.
- Très bien, j’y serai. Quant à toi, Jagen, réfléchis à ce que je t’ai dit, nous en reparlerons une foi que ces olibrius seront partis.
- Prenez garde à vous.
- Toi aussi. Et, je n’ai pas l’habitude de le dire, mais… Que la Force soit avec toi, Jagen Eripsa.
- Et avec vous, Amiral Corona.
- L’avenir nous le dira…

**********


Dans la navette qui le ramenait au Forte Tête, à l’écart de la Flotte Katana, Jagen eût encore tout le loisir d’observer le vaisseau-amiral et ses croiseurs d’escorte. Il vit ainsi la navette des représentants de Vjun arriver, mais son attention était plus retenue par les multiples lumières en provenance des cuirassés noirs. Cependant, son esprit revenait encore et toujours aux paroles de son mentor. Il avait l’air sérieux, et pire même, inquiet. Pour un homme de sa trempe, c’est un signe indicateur. Enfin, il a dû être abusé. Les Sith ne sont pas revenus, nous le saurions, sinon. Des armadas déchireraient notre espace, des flottes entières tomberaient sous le feu de l’ennemi…Ils ne reviendraient pas cachés ; ils l’ont déjà fait, mais je doute qu’ils recommencent à nouveau, et surtout si tôt. Parmi nous ? Ce n’est pas leur façon d’agir, ils s’entretuent trop pour rester inaperçus. Non, il a dû être abusé, j’en suis certain. Quant à ces agents abattus… Les Jedi et les Sith ne sont pas les seuls à posséder des sabre-lasers, je suis certain qu’un malfrat en aura usé pour masquer son crime…
Il était toujours absorbé par ses pensées lorsque son comlink commença à recevoir des appels :
- A toutes les unités, c’est…. Oh mon dieu ! Aaaaaahhhhh !!!!
- Qu’est-ce que… la Flotte Katana ! Le signal vient de là ! Pilote, faites demi-tour !
- Oui, monsieur, mais…
Alors que le pilote demandait les raisons de ce changement de direction, Jagen, dont le regard était toujours tourné vers la Flotte Katana, vit les moteurs des vaisseaux briller. Puis, comme un seul être, tous les cuirassés de la Flotte Katana passèrent en hyperespace.
- Ils sont passés en vitesse lumière ! Il faut que je rejoigne le Forte Tête au plus vite ! Galieet, tu me reçois ?
- Oui, Jagen. Ils n’étaient pas censés partir aussi vite, non ?
- Fais chauffer les réacteurs. On va les suivre.

***********


Lorsque le Forte Tête émergea de l’hyperespace dans l’orbite d’Anaxes, le vide qui y régnait confirma les pires craintes de Jagen.
- Contactez le bureau du Chancelier. Dites-lui que la Flotte Katana a disparue dans l’hyperespace.





Chapitre 4

« La crise actuelle est sans précédent. Des foules entières crient à la démission du chancelier Kalpana. Partout, des messages de deuil apparaissent. Les recherches infructueuses nous permettent de penser qu’il n’y a plus d’espoir pour les quatre cents quarante mille huit cents membres d’équipage et leur commandant, l’amiral Corona. Nos pensées vont surtout aux familles, endeuillées en ce jour de tristesse galactique. »

Keiran Hoolris, présentateur du journal d’HNE

Coruscant, Cité Galactique, 500 Republica, cinq jours plus tard

Décidément, les choses allaient de mal en pis pour Jagen. Et ce n’était pas près de s’améliorer.
Après avoir pénétré dans l’espace d’Anaxes et avoir contacté le cabinet de Kalpana, il avait reçu l’ordre de se tenir à l’écart le temps des recherches ; sa mission n’étant pas officielle, sa présence sur Vjun aurait pu être l’occasion qu’attendait Willspawn pour le renvoyer. Il avait donc passé deux jours aux côtés d’Alvira Corona, qui ne pouvait accepter d’être veuve. Jagen savait déjà que les recherches n’aboutiraient pas ; il aurait obligatoirement détecté la Flotte si elle s’était arrêtée. De plus, les réservoirs ne contenaient que le carburant nécessaire pour un seul vol, l’excédent ayant été chargé à bord des premières navettes et conduit sur Vjun.
Deux jours auparavant, alors que la foule commençait à réaliser l’ampleur du désastre, Jagen avait reçu un message du chancelier en personne, qui l’invitait à le rejoindre dans sa suite du 500 Republica pour discuter des évènements récents.
L’imposant édifice représentait, pour Jagen, l’importance du luxe pour les politiciens. On assistait cependant à de nombreuses variations dans l’ornement, allant du kitsch pour l’étage du sénateur de Ryloth, Orn Free Taa, au dénuement à la fois simple et élégant près des appartements du représentant d’Aldérande, Bail Antilles. Cependant, la suite la plus luxueuse, la plus impressionnante de toutes était celle où Jagen se rendait à présent, celle du chancelier Kalpana.
Il tendit son badge aux gardes du Sénat présents à l’entrée puis entra lorsque ceux-ci déverrouillèrent les portes. Il pénétra dans l’antichambre, ornée de vases luxueux dont la valeur dépassait certainement celle de planètes entières, puis entra dans la salle de réception. A l’autre bout de la pièce, regardant le trafic illuminé de Coruscant à travers la grande baie vitrée, se tenait le dirigeant de la République.
- Capitaine Eripsa au rapport, Excellence.
Le chancelier Kalpana se retourna et regarda le nouvel arrivant. Il se rapprocha pour s’asseoir dans l’un des canapés qui meublaient le centre de l’espace.
- Prenez place, capitaine, dit-il en indiquant le sofa qui lui faisait face.
- Comme vous voudrez.
- Savez-vous ce qui vous amène ici ?
- Je suppose que vous souhaitez connaître mon récit des derniers moments de la Flotte Katana.
- C’est… inexact. Le major Deire, qui vous a interrogé, m’a convenablement rapporté les faits. Non, c’est à propos de vous, capitaine Eripsa.
- De moi, Excellence ?
- En effet. Ce que vous ignorez peut-être, c’est qu’Aiden savait parfaitement ce qu’il faisait lorsqu’il vous a nommé aux commandes du Forte Tête.
- Je n’en ai jamais douté.
- Menteur, dit Kalpana avec un sourire aux lèvres. Il savait parfaitement ce que vous pensiez de sa décision. Je dois avouer que, pour tout homme honnête, l’amiral Willspawn est un être répugnant.
- Ce n’est pas à moi d’en juger, vous en conviendrez.
- Certes. Mais votre nomination à ce poste fait de vous le plus haut gradé des officiers sous les ordres de Trevor Willspawn, puisque le fait de commander un navire expérimental vous accorde des bénéfices supplémentaires.
- D’accord, mais…
- Avec la disparition de la Flotte Katana, coupa le chancelier, vous devenez donc le second homme de la Flotte.
Jagen en eût le souffle coupé. Il n’avait que vingt-quatre ans, et la possibilité qu’il puisse accéder à un tel poste si jeune ne lui avait jamais effleuré l’esprit. Mais avec l’ « incident Katana », comme l’appelaient les journalistes, tous ses repères avaient été bouleversés.
- Tout comme moi, vous savez que cette position, à un tel âge, est une première. Cependant, Aiden m’a assuré plusieurs fois qu’il vous voyait déjà comme un remarquable amiral… De toute façon, vous ne pouvez pas être pire que le seul dont nous disposons actuellement.
- L’amiral Willspawn ? Il va prendre la place d’Aiden ?
- Je ne peux malheureusement pas m’y opposer.
- Alors je n’occuperai pas cette position bien longtemps. Il ne peut pas me supporter.
- Mais il ne peut plus vous renvoyer. En raison de la pénurie d’officiers consécutive à la perte de la Flotte Katana, les démobilisations ne sont plus possibles. Tout comme les permissions.
- Cela ne changera rien à la situation, j’en ai bien peur. Les pirates vont profiter de cette occasion royale pour prendre du terrain.
- J’ai déjà demandé à plusieurs chantiers leur aide. De nouveaux vaisseaux devraient nous rejoindre bientôt. Ils seront sous vos ordres, bien sûr, colonel Eripsa.
Le grade sonna comme un coup de tonnerre. Aucun officier n’avait jamais porté ce grade si jeune ; la célèbre générale Garza, officier prodige de la Grande Guerre, n’avait-elle même accédé à ce grade qu’à l’âge de trente ans.
- Un bien fort poids sur de si jeunes épaules, commenta Kalpana. J’ai cependant le sentiment que vous vous en sortirez fort bien.
- Merci pour votre confiance, Excellence. Et…
- Vous avez une question à me poser ?
- Oui, Excellence. Au cours de mes années à l’académie navale d’Anaxes, j’ai rencontré quelques camarades très talentueux. Ai-je la permission de… ?
- Je vais les affecter sous vos ordres. Vous voulez sans doute parler des cadets Helaw et Convarion ? Aiden m’avait dit que vous étiez assez proche. Connaissant ces familles, je peux vous assurer que vous avez fait un excellent choix.
- Vous connaissez Jaim et Ait ?
- Non, pas personnellement. Mais, vous savez, je viens d’Aargau, et j’ai pas mal de temps travaillé dans les banques…

**********


- Colonel ?!? Colonel Eripsa ! C’est une blague ?
- Pas du tout, Ait. Je pensais aussi, au début, mais non. Il était vraiment sincère.
- Si jeune… notre tour viendra, Jaim !
- Plus tard peut-être… Jagen, tu es vraiment le deuxième homme de la Flotte.
- Il faut croire. Après ce rendez-vous, nous sommes allés dans la salle de réunion du Sénat, avec le Conseil de Sécurité et Willspawn. Vous auriez dû voir la tête qu’il faisait lorsqu’on lui a annoncé… Et pire encore, quand Kalpana a dit que je disposais du quart du budget de la Flotte !
- Le quart du budget ! C’est énorme ! Tu vas en profiter pour commander des vaisseaux ?
- Tais-toi, Jaim ! Jagen, ça te dirait si on allait sur Nar Shaddaa, direction le Quartier Rouge et…
- Cet argent n’est pas à moi, et non, de toute façon. Pour répondre à ta question, Jaim, je vais aller sur Kuat en premier lieu. J’ai vu leurs derniers prototypes et je pense que ces chantiers sont promis à de grandes choses. J’ai passé commande de plusieurs Hammerheads à Rendili et de corvettes CR-70 à Corellia.
- Pas de Dreadnought ?
- Tu comprendras que je me méfie de ces croiseurs, à présent. La perte de l’amiral Corona…
- …a été un choc, nous le savons. Pour toi encore plus que pour nous. C’était ton mentor et ta tristesse est compréhensible. Sache que nous sommes avec toi.
- Merci, Jaim.
- Il parle pour moi, cette fois-ci. Compte sur nous !
- Merci, Ait. J’ai d’ailleurs quelques nouvelles pour vous.
- Nous allons être nommés capitaines, c’est cela ?
- Oui… Comment…
- La plupart des cadets d’Anaxes gagnent en grade depuis quelques jours. On pensait bien que si tu étais venu nous voir sur Talasea, c’était pour un truc du genre.
Jagen se tourna vers la fenêtre. Devant lui, le soleil se couchait sur l’horizon d’azur des mers de la planète, colorant le ciel d’une vive lumière orangée. La base de Talasea était l’une des nombreuses installations louées par le Conseil pour maintenir sa présence dans chaque secteur. Tant de bases, et si peu d’hommes. Nos forces sont trop dispersées ; il nous faudrait une armée centrale et des forces de défense sectorielles. Ainsi, nous pourrions affecter plus d’hommes à la sécurisation des voies commerciales, par exemple. Jagen se promit qu’il inspecterait les comptes dès qu’il en aurait l’autorisation.
A la tombée de la nuit, tous trois quittèrent la base pour rejoindre le Forte Tête, dont la silhouette atypique se profilait dans l’espace talaesien.
- Alors c’est ça, ton vaisseau, Jagen… Je comprends pourquoi Willspawn ne t’aime pas.
- Je ne comprends pas, Ait. Sois plus clair pour une fois.
- Il a une corvette CR-20. L’Autocrate. Une vraie poubelle, à ce qu’on dit. Alors ton vaisseau, à côté…
- Pas faux. Pour une fois, Ait a raison, Jagen. Il est jaloux de toi.
- Ce n’est pas réciproque, je vous l’assure. Je préfère être colonel par honnêteté qu’amiral par corruption.
- C’est juste. Et si tu pouvais avoir les deux ?
- Une telle occasion ne se refuse pas….
“Nulla dies sine linea.” - Pline l'Ancien
Jagen Eripsa
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Messagepar Jagen Eripsa » Mer 29 Fév 2012 - 20:00   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Le chapitre 5, qui lance enfin l'action (oui, je sais, le démarrage a été long, mais la suite arrive)


Chapitre 5

« Et maintenant, les infos galactiques. Ces dernières heures, le gouvernement de Korda VI a dû faire face à un nombre inquiétant de heurts sur son territoire. On soupçonne des pillards mandaloriens ; ils seraient à l’origine d’un grand nombre de meurtres. Le dernier bilan fait état de soixante sept morts, dont vingt deux enfants. Le chancelier a demandé l’envoi d’une commission d’enquête auprès du gouvernement kordien. »
Keiran Hoolris, présentateur du journal d’HNE

Croiseur Consulaire CR-20 Path of Truth, espace Kordien, dix-sept jours plus tard.

Malgré son nouveau grade de colonel, Jagen se devait toujours d’obéir aux ordres. Et aujourd’hui, il le regrettait fortement.
Le Path of Truth était l’un de ces nombreux croiseurs CR-20 dont le gouvernement disposait pour mener des missions diplomatiques en tout genre. Habituellement, Jagen était aux commandes du Forte Tête, mais les derniers examens menés par Rendili StarDrive sur le vaisseau avaient décelés un problème au niveau du réacteur. J’aurai mon nouveau croiseur l’année prochaine¸ pensa le jeune colonel, mais je veux que Galieet puisse en disposer en bon état. Il pensait tout d’abord profiter de ces réparations pour accorder à tous ses hommes une permission. Le chancelier avait cependant insisté pour qu’il convoie le sénateur Valorum, nommé ambassadeur exceptionnel de la République, sur la planète Korda VI, afin de mettre un terme aux troubles occasionnés par les bandits. Et tout son équipage était de corvée.
- Le contrôle de vol nous demande nos codes d’atterrissage, colonel. Je dois les transmettre ?
- Bien sûr. Et, Horsk … ?
- Oui, colonel ?
- Profitez-en pour leur expliquer que nous venons en paix. Je n’ai pas envie de me faire accueillir comme sur Garos V. Je n'ai pas encore digéré les gardes duros.
- Bien sûr…
Les procédures étaient pour l’instant respectées ; tout allait pour le mieux. Cependant, Jagen n’était pas de cet avis. J’ai un mauvais pressentiment… Il y a quelque chose…
- Jagen ? Tout va bien ?
Finis Valorum venait d’entrer sur le pont, entouré de deux gardes en uniforme, qui n’étaient autres que Thnod et Kento, les deux artilleurs du pont. L’espace exigu était à présent complet.
- Bien sûr, sénateur. Je repensais juste à cette mission et…
Le vaisseau fut alors secoué de part et d’autre, jetant à terre tous ceux qui n’étaient pas sanglés à leur siège. Un son strident retentit alors sur le pont : l’alarme de collision.
- Galieet ! Que se passe t-il ?
- C’est un missile, monsieur ! Nous ne sommes pas les bienvenus !
- Bon sang !
- Accrochez-vous, en voilà un autre !
Quelques secondes plus tard, le vaisseau fut à nouveau bousculé, et un avertisseur s’alluma sur le panneau de commande.
- Les moteurs ne répondent plus ! Je vais tenter un atterrissage forcé !
- D’accord… Là-bas ! Une clairière ! Ralentis !
La chute continua encore quelques instants, qui donnèrent à Jagen l’impression d’être des heures. En-dessous d’eux, une vaste forêt s’étendait jusqu’à l’horizon, à l’exception de zones dégagées comme celle qu’ils rejoignaient. Le vaisseau était malheureusement trop rapide, les volets ayant été endommagés par le second missile. Au moment où il toucha terre, un nouveau choc, plus fort que les précédents, se fit sentir, puis s’atténua tandis que le vaisseau s’arrêtait.
- Argh ! Foutu vaisseau ! s'exclama Jagen en se relevant. Etat des dégâts, Galieet ?
- Les moteurs et les volets sont H.S., et la coque a été endommagée. Nos batteries de communication n’ont pas été touchées, heureusement.
- Une vraie chance, ironisa le colonel. Horsk, tu sais ce qu’il te reste à faire.
- Pour le bureau du chancelier, cette fois-ci ?
- C’est lui qui nous a fourrés dans ce pétrin. Thnod, Kento, suivez-moi. On va vérifier les alentours.
- Bien, colonel.
Le sas n’était heureusement pas obstrué par les gravats, et ils purent sortir sans difficulté. Korda VI était une planète de type I, comme il en existait tant d’autres dans la galaxie. Cependant, son soleil était assez proche d’elle, et occupait une grande partie du ciel. Au cours du briefing, Jagen avait lu que Korda, l’étoile autour de laquelle ils se trouvaient à présent, était un astre extrêmement chaud. Ainsi, malgré le fait que cinq autres planètes soient plus proches de ce soleil qu’elle, Korda VI était tempérée. Le climat automnal qui régnait donnait une impression de mélancolie sereine ; un calme à la fois reposant et inquiétant.
Ils s’éloignèrent du Path of Truth et entrèrent dans les bois. L’ambiance vermeille des lieux enveloppait le tout de mystère. Jagen, qui avait vécu toute son enfance sur des planètes où la végétation se résumait à des serres et des pots, avait toujours trouvé ce paysage à la fois magique et inquiétant ; et, pour ne rien arranger, il avait à présent le sentiment d’être observe, d’être…
- Lâchez vos armes ! Vite ! Posez vos mains sur le sol !
Brusquement, un groupe de soldats camouflés dans la végétation surgit et les visa. Jagen, surpris par la vitesse à laquelle leurs assaillants étaient apparus, entreprit d’obéir.
- Des soldats de la République… Trois… Deux hommes et un zabrak… Voilà qui est inhabituel ! Silas ! Préviens Myles et la seconde patrouille !
Jagen se risqua à regarder les mystérieux individus qui les avaient capturés. Lorsqu’il les reconnut, il eût un haut-le-cœur.
Des mandaloriens !
L’armure caractéristique et la visière en T des mandaloriens symbolisaient dans toute la galaxie la rage du combat et la violence. Jagen n’avait encore jamais eu affaire aux enfants de Mandalore… à l’exception de Thnod. Il jeta un coup d’œil à ce dernier, et ce qu’il vit ne le rassura pas ; l’ex-mando, d’ordinaire impassible, était visiblement inquiet.
- Jango, celui du milieu… Il est colonel ! s'exclama l'un des hommes.
- Ah, une patrouille importante, alors… Relevez-le.
Des mains vigoureuses arrachèrent Jagen du sol, et il fit face à un mandalorien en armure verte et rouge, que tous les autres semblaient respecter. Leur chef, probablement. Il a l’air de s’y connaître…
- Maintenant, le rep, vous allez répondre à toutes mes questions.
- Si vous laissez mon équipage en paix.
- Cela dépendra des réponses. Que faites-vous ici ?
- Nous sommes en mission officielle pour le compte du chancelier. Le gouvernement kordien a requis notre assistance pour mener des médiations entre lui et les mercenaires mandaloriens qui massacraient sa population.
- C’est ce qu’on vous a dit ?
- Oui.
- Alors vous avez été dupés. Vous et le chancelier. Les kordiens sont les alliés du Death Watch.
- De quoi ?
- Le Death Watch. Nous sommes ce qui reste des vrais mandaloriens, ceux qui suivent le Codex des Supercommandos, établi par Jaster Mereel, le plus grand Mandalore du dernier millénaire.
- Vous, je présume ?
- Non, mon maître.
L’homme retira son casque. Il avait approximativement le même âge que Jagen, avec une épaisse tignasse foncée et bouclée. Son regard déterminé, sa posture… Aux yeux de Jagen, il faisait un ennemi redouté.
Ou un allié recherché.
- Je m’appelle Jango Fett. Jaster était mon mentor. Il est mort lorsque nous nous sommes posés sur cette fichue planète. Nous sommes tombés dans un piège. Toute l’aide est la bienvenue.
- L’aide ? Mais je croyais que…
- Le gouvernement kordien n’est qu’une marionnette au service de Vizsla, le chef des Death Watch. Ce sont eux qui vous ont abattus. Ils veulent des otages. C’est rentable, comparé aux primes sur les opposants. Et souvent moins risqué. Vous êtes ?
- Colonel Jagen Eripsa, à la tête de la Seconde Flotte. Je parie que vous êtes aussi le Mandalore, non ?
- En effet, c’est ainsi que mes hommes me nomment. Un titre hérité des traditions d’antan. Mais rien ne vaut un bon blaster quand il s’agit de montrer qui est le chef.
- Je confirme. Certains de mes supérieurs ont tendance à…
- Mand’alor ! Il y a un aru’e ! cria l'un des bras droits.
- Quoi ? répondit brusquement Jango. Vous avez encore beaucoup de choses à expliquer !
Jagen regarda derrière lui. La plupart des mandaloriens s’étaient regroupés autour de Thnod et le tenaient en joue. D’énormes gouttes de sueur perlaient sur son front.
- Cet homme est un ennemi ! Un Death Watch infiltré parmi vous !
- Il doit y avoir une erreur. Il est loyal, et…
- Son visage ne trompe pas. Myles, vas-y.
- Attendez ! Ce n’est pas de moi que vous voulez vous venger !
- Vraiment, Vragh ? Le fameux Jurgan, le lieutenant de Vizsla ! Le meurtrier de mes parents !
A ces mots, Jango lui cracha au visage. Jagen se maudit intérieurement ; il n’aurait jamais dû prendre Thnod avec lui pour cette mission, surtout en sachant qu’il aurait à agir avec des mandaloriens.
- Mon nom est Thnod Jurgan ! Vragh est mon frère jumeau ! J’ai fais partie des Death Watch, mais je me suis enfui il y a vingt ans ! Je ne l’ai jamais revu depuis ! Je vous le jure !
- Y a t-il quelqu’un ici qui puisse confirmer ses dires ? Personne ?
- Moi.
Tous se tournèrent vers Jagen. Celui-ci venait de se rendre compte de l’impact de ces mots : ils avaient le pouvoir de sauver Thnod… ou de les condamner tous.
- Quand avez-vous vu ce Vragh Jurgan pour la dernière fois ?
- Au début de la bataille. Il pilote le char de Vizsla.
- Combien de temps ?
- Deux mois.
- Voilà, c’est aussi simple que cela. Cela fait plus de deux mois que je vois Thnod tous les jours, depuis que je l’ai recruté sur Ord Mantell. Et c’est la première fois que je pose les pieds sur ce caillou.
- Très bien, si vous le dites… Relâchez-le…
Les mandaloriens qui enserraient les bras de Thnod le libérèrent de leur emprise. Alors qu’il se relevait, Jango s’approcha de lui.
- Je te préviens… Je te laisse la vie sauve aujourd’hui, grâce à lui, dit-il en montrant Jagen du doigt. Mais si tu trahis la confiance qu’il place en toi… Disons que je ferai comme si tu étais ton frère.
- Oui, Mand’alor.
- Et une dernière chose… Souviens-toi qu’il a tué mes parents.
Le silence se fit alors, et le jeune colonel put sentir la menace latente dans l’air. Il fit alors son possible pour calmer la situation.
- Vous dites qu’ils veulent des otages…
- En effet. Mais je ne vois pas pourquoi la République paierait pour des soldats.
- Tout dépend de celui qui reçoit la facture. Mon supérieur… serait même prêt à payer les Death Watch pour qu’ils m’achèvent, j’en suis sûr. Mais la chancelier Kalpana ne réagirait pas ainsi. Et nous ne sommes pas que des soldats. Je suis le second homme de la flotte républicaine, et notre ambassadeur, le sénateur Valorum, est le principal conseiller de Kalpana.
- Donc vous savez pourquoi ils veulent vous capturer. Vous voyez, c’est pas plus dur.
- D’accord, d’accord… Si j’ai bien compris, ça veut dire que Vizsla est en route pour ici, non ?
- En effet. Et comme vos moteurs sont détruits, vous ne pouvez pas vous échapper. Nos vaisseaux sont repartis avec le gros des troupes, nous ne sommes plus qu’une dizaine sur Korda VI.
- Si nous nous allions, nous pouvons les vaincre.
- Vraiment… Ils sont dix fois plus nombreux que nous…
- Nous nous battrons tous les trois, et je suis sûr que les mécaniciens de bord feront de même. Le mieux est de leur tendre une embuscade.
- Je le sais. Mais de toute façon, ils sont de l’autre côté de la planète, si mes informations sont exactes. Ils seront là dans trois jours, au mieux. Ce qui nous donne le temps de nous préparer.
- Je suis d’accord. Trois jours, c’est largement suffisant.
- Que proposez-vous ?
- Vous connaissez vos hommes, vous savez ce qui est le mieux pour eux.
- On se retranche. Derrière le vaisseau.
- Et nous, on remet en état les tourelles. Elles sont pitoyables contre les chasseurs, mais elles seront très utiles.
- Ils ont un char. Il vaudrait mieux que nous évacuions rapidement la zone une fois les premiers tirs lancés.
- Un char… Pourra t-il accéder jusqu’ici ?
- Ils l’ont équipé de scies circulaires à l’avant pour nous pourchasser dans la forêt. Je ne m’inquiète pas pour eux. Par contre, cela oblige leurs soldats a être loin devant. Ce tank serait facile à saboter pour un commando.
- Je pense avoir trouvé. Rejoignons le vaisseau.

Lorsqu’ils approchèrent de l’épave du Path of Truth, à la nuit tombante, ils furent accueillis par un Kol’yan bien méfiant, que Jagen envoya rassembler les membres d’équipages. Une fois tous réunis, Jango décréta que l’heure du repas était venue, et tous se mirent à table. C’était un spectacle étrange, se dit Jagen, que tous ces hommes, de cultures différentes, de rangs épars, qui festoyaient ensemble, comme des égaux. Le sénateur Valorum s’attira ainsi la sympathie des mandaloriens en décochant quelques blagues bien ajustées sur les sullustéens, auxquels ils rirent tous, y compris Tiken, qui répliqua ensuite par une satyre des humains vus par les natifs de Sullust, qui là encore déclencha des exclamations de joie. Alors que la fête improvisée battait son plein, Jagen vit le chef des mandaloriens s’approcher de lui.
- Si nous nous étions tous comportés ainsi durant les âges, bien des massacres auraient pu être évités.
- Vous prêchez un convaincu. Etrangement, les mandaloriens sont bien plus proches des républicains qu’ils ne veulent le faire croire. Belle nuit, n’est-ce pas ?
- Pour le moment, je suis inquiet. J’ai contacté le groupe d’éclaireurs que j’ai envoyés à l’est ce matin. Ils n’ont pas répondus.
- Les arbres, peut-être…
- Si vous le dites… Je me suis renseigné à votre sujet. Vous avez dit la vérité.
- Surprenant ?
- Vous comprenez, la Marine Républicaine n’a plus aussi bonne réputation qu’auparavant. Cette histoire de flotte qui disparaît, ces rumeurs sur un militaire pas très vertueux.
- Ce ne sont pas des rumeurs, j’en ai bien peur. Je suis comme vous, Jango ; révolté contre un homme, qui veut mettre en place des bases nouvelles, qui refuse que je suive les anciens préceptes. La seule différence, c’est que vous l’affrontez à coups de blasters, et que je n’ai pas ce plaisir.
- Je ne pense pas que ce soit réellement un bien. Avec la mort de Jaster…
Comme moi avec la disparition d’Aiden. Tous les repères sont chamboulés, on accomplit des faits dont on ne se serait pas cru capable…
- Dites-moi, Jango, j’ai entendu parler d’un certain Cassus Fett, un général mandalorien des anciens temps. La famille ?
- Pas que je sache. Mes parents…
Soudain, un rugissement assourdissant se fit entendre. Trois mandaloriens en armure sortirent des arbres en courant, et semblaient fuir une menace invisible. C’est alors qu’un bruit de piétinement se fit entendre ; de la forêt émergea alors la plus formidable bête que Jagen ait jamais vu. Ce monstre, fait de muscles et d’écailles, fonçait sur les soldats en déroute.
N’écoutant que son instinct, Jagen saisit les blasters de Jango, posés à côté de lui. Il fit feu sur l’animal, qui se détourna alors de sa proie pour foncer vers lui. Jagen rassembla alors toutes ses forces et, alors que l’affreuse bête allait le percuter, bondit sur son dos. Les écailles reptiliennes de la créature étaient coupantes, mais il ne le sut que trop tard. Alors qu’il était dans cette position inconfortable, il saisit une corne de la tête de la bête, et tira dans ses oreilles proéminentes. La gueule de l’animal laissa échapper un cri plaintif, et il s’arrêta doucement. Jagen eût juste le temps de sauter avant que le monstre ne bascule, mort.
Blessé, fatigué, Jagen ne vit que les silhouettes des hommes qui arrivaient. Le noir se fit alors, et il n’entendit plus rien.

************


Lorsqu’il ouvrit les yeux, il faisait face à la voûte étoilée, dont la beauté n’était atténuée que par la lumière du feu de camp. Des soldats s’affairaient autour de lui ; il eut le temps de distinguer Horsk et Kol’yan, avant qu’un des mandaloriens n’entre dans son champ de vision.
- Je ne m’attendais pas à ça d’un militaire républicain. Tout, mais pas ça.
Jango lui tendit alors une main que Jagen saisit. Son bras gauche, celui qui avait été en contact avec l’animal, lui faisait mal. Il distingua plusieurs entailles profondes.
- Un homme seul qui affronte un zakkeg, qui le tue et qui en sort vivant… Et sans armure, en plus ! Les Jedi n’auraient pas fait mieux.
- Un zakkeg ?
- Ils vivent sur Dxun, normalement, mais certains spécimens ont été apportés sur cette planète… En tout cas, vous avez sauvé la vie de tous ces éclaireurs.
- C’était naturel de faire ça, je n’allais pas les laisser mourir.
- Ne soyez pas trop modeste. D’autres se seraient contentés de fuir. Vous êtes dignes d’entrer chez les mandaloriens, mon vieux.
- J’en suis honoré, mais mon avenir est auprès de la République.
- Alors elle a de la chance. Myles, Silas… apportez mon cadeau à notre ami !
Deux mandaloriens approchèrent alors, portant chacun un paquet d’objets. Le plus grand des deux en portait un qui avait le mérité d’être reconnaissable : un buy’ce¸ le fameux casque mandalorien.
- D’ordinaire, on conserve ces armures et on ne les offre pas aux aruetiise… Mais ce cas est particulier. C’est une armure neuve. On en a toujours une ou deux dans nos transports, au cas où... J’ai demandé à mes hommes de les emporter pour ne pas les laisser aux Death Watch.
- C’est un immense honneur que vous me faites.
- Montrez-vous en digne !

************


Jagen sortit du vaisseau dès l’aube. Il avait hâte d’essayer cette magnifique armure, peinte en bleu et argent. Lorsqu’il l’avait enfilée, il s’était rendu compte qu’elle différait de toutes celles qu’il avait pu essayer : c’était une seconde peau, tout simplement. L’armure et lui ne faisaient qu’un, chacun des équipements ne semblaient être qu’une extension de ses membres. Elle était lourde, bien sûr ; et malgré sa beauté apparente, Jagen savait qu’il ne s’agissait que de duracier. Il se promit qu’il s’intéresserait au cours du cortosis en rentrant sur Coruscant.
Quant au casque… Eh bien, il s’y adapterait avec le temps. La vision à 360°, les multiples instructions… C’était extrêmement dur de parvenir à maîtriser tous ces équipements. Jagen avait aussi réussi à dénicher un jetpack dans les réserves du croiseur. Il décida de faire un vol rapide pour s’entraîner.
Alors qu’il s’élevait au-dessus de la forêt, il observa les alentours. Tout était calme… excepté au sud. Il augmenta le zoom de ses macrobinoculaires et observa. C’était sans aucun doute le char de Vizsla. Et il était bien en avance sur les prévisions de Jango.
Il se précipita vers le camp et atterrit devant un Jango surpris des progrès de sa nouvelle « recrue ».
- Ils arrivent. Dix klicks au sud. Ils seront là dans une heure.
- M…. ! Ils ont dû prendre leur cargo ! Vous pensez que…
- J’ai tout expliqué à Horsk hier soir. Dites-lui que l’heure est venue. Je vais réveiller les autres.
L’alerte fut vite donnée, et Jagen se retrouva bientôt devant tous les membres d’équipages et les mandaloriens, accompagnés d’un Finis Valorum visiblement inquiet.
- Très bien, vous êtes tous là… Je vais vous expliquer le plan. Les forces du Death Watch arrivent. Ils veulent capturer le sénateur Valorum, ici présent (le désigné sénateur lança à Jagen un regard gêné). Nous ne permettrons pas qu’ils puissent y arriver. Tern, Jos, vous prenez les commandes des tourelles du vaisseau. Les autres vont derrière. Galieet, comme tu n’es pas taillé pour le combat rapproché, tu restes avec le sénateur. A l’extérieur du vaisseau. Ils ont un char et si Horsk ne réussit pas à le détruire, nous l’aurons sur le dos. Compris ?
Rapidement, tout le monde alla à son poste. Jagen était derrière la tourelle du pont, avec à ses côtés un des éclaireurs mandaloriens qu’il avait sauvé la veille. Silencieux, le soldat observait l’orée de la forêt.
Alors que la matinée touchait à sa fin, les premiers soldats du Death Watch arrivèrent. D’abord un à un, puis par paire et enfin par groupes de dix. Les tourelles commencèrent immédiatement à rugir, mais des hommes de Vizsla apportèrent des lance-missiles. Lorsqu’ils visèrent le pont, Jagen vit que son partenaire, trop occupé à abattre les soldats ennemis, allait se faire toucher par l’explosion. Il sauta sur lui et le projeta sur la partie inférieure du vaisseau, alors que le projectile détruisait le canon. Ils touchèrent violemment la coque métallique. Le jeune mandalorien perdit alors son casque. Jagen regarda son visage et resta ébahi. C’était une femme, la plus belle qu’il ait jamais vu.
Bien que sonnée, la guerrière ne perdit pas ses esprits. Elle sauta sur son casque, le remit rapidement et reprit le tir. Jagen fit de même. Jos et Tern, les deux artilleurs, émergèrent du vaisseau par la trappe des astromechs et les rejoignirent. Cependant, les Death Watch étaient bien plus nombreux. La moitié étaient tombés ; mais les défenseurs avaient subi la perte de deux des mandaloriens et de Ren Jorvis, le mécanicien, qui avait été tué par une grenade. Après une heure de combat, les soldats de Viszsla retournèrent près des armes.
- Ils se replient ? Ils ont l’avantage ! Quelque chose ne…
Ses paroles furent interrompues par la vue d’une rangée d’arbres qui s’écoula, laissant voir un immense char blindé. Les hommes du Death Watch se regroupèrent autour.
- Osik ! C’est Vizsla ! Mandaloriens, en avant !
- Jango, stop ! Ils vont…
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Le tank se transforma en une boule de feu incandescente, qui explosa en quelques nanosecondes. Leurs ennemis, regroupés autour de ce piège mortel, furent balayés. Horsk avait réussi sa mission. La bataille était finie.
Les défenseurs descendirent alors du vaisseau. Ils furent alors rejoints par un Valorum stupéfait par le spectacle qui s’offrait à lui. La zone autrefois paisible avait été ravagée. Les guerres sont toutes les mêmes. Aucune n’apportera jamais le bien absolu. Il y aura toujours des dommages collatéraux.
Le lieutenant Horsk Tre’far sortit alors des bois, et, comme tout héros qui se respecte, fut largement acclamé et porté en triomphe. Jagen ne put s’empêcher de sourire ; alors qu’il devait détruire le char pendant sa progression dans la forêt, le rusé Horsk avait attendu afin qu’un maximum d’ennemis soient emportés par l’explosion. On fêta la victoire et on pleura les morts. Hélas, d’après Jango, Vizsla avait réussi à s’enfuir.
Jagen sentit une présence derrière lui et se retourna. La guerrière mandalorienne était là, sans son casque, et Jagen put une nouvelle fois admirer son regard bleu perçant, ses cheveux courts aussi noirs que l’espace qui tombaient sur ses oreilles, son teint chaleureux. Elle souriait, et semblait ainsi, comme toute mandalorienne qui se respecte, à la fois heureuse et dangereuse.
- Oya, ad’ika ! Comment se fait-il qu’un rep sache si bien se battre ?
- Pardon ?
- Et modeste en plus ! Eh bien, vous m’avez sauvé la vie, non ?
- Euh… oui…
- Et deux fois ! Un dur !
Quelque chose ne tournait pas rond. Jagen, d’ordinaire si loquace, capable de remballer un Ait Convarion ivre (ce qui n’était pas rien), ne pouvait rien dire. Je n’arrive plus à rien… D’habitude, je peux sans problème fermer le clapet de Willspawn… se pourrait-il que… oh, non… je n’ai vraiment pas besoin de ça… Pourtant, tout concordait. La conclusion était sans appel.
- Hého ! La statue ! Je te parle !
- Oui, euh.. qui êtes-vous ?
- Appelez-moi Vanya. Bon, quand vous serez plus loquace, vous me préviendrez.
Elle s’éloigna et rejoignit le groupe, laissant à Jagen le temps d’admirer sa démarche, son corps, tout ce qu’elle avait de si parfait, de si…
- Elle s’appelle Cadera, si vous voulez savoir. Vanya Cadera. Et n’espérez pas trop. Elle a brisé le cœur de la moitié de mes hommes.
Jango avait observé la scène depuis le vaisseau, et utiisa le jetpack qu’il avait emprunté pour rejoindre Jagen, encore en extase.
- Dites voir, Jagen, vous n’êtes pas un peu… amoureux ?
- Moi ? Euh… pas du tout.
- Très convaincant.
- Je ne peux pas me permettre ce genre de sentiments.
- C’est humain. Si je pouvais… mais mes hommes comptent trop sur moi. Nous avons remporté une grande victoire sur le Death Watch, mais il reste encore du chemin.
- Tout comme pour moi.
- D'un certain point de vue. Profitez-en, la guerre ne frappe pas la République. Pas encore.

************


La corvette CR-70 Infatigable rejoignit Korda VI neuf jours plus tard. Son capitaine, Jaim Helaw, aurait put contempler le spectacle désolant laissé par la bataille et le crash du Path of Truth, mais il n’en fit rien. Cela faisait à présent dix jours que le vaisseau s’était abîmé, et il savait parfaitement qu’aucun des exilés volontaires ne souhaitait rester ici plus longtemps. Le croiseur corellien se posa sur la terre brûlée par les lasers.
- Vous êtes sûr de ne pas vouloir qu’on vous dépose ?
Jagen était devant le sas, avec Jango et la plupart de ses mandaloriens lui faisant face.
- Non merci, Jagen. Dis…
- Oui ?
- Je n’aurai jamais pensé me lier d’amitié avec un républicain convaincu.
- Et moi avoir des amis et une armure d'origine mandalorienne ! De toute façon, il ne peut ressortir que du bien de ces liens.
- Espérons-le. Mandalore n’a pas besoin d’autres malheurs, surtout après les actes de Vizsla.
- Toujours aucune nouvelle de ce lâche ?
- On va poursuivre les recherches, mais j’ai peu d’espoir. Il a déjà du rejoindre son cargo et s’enfuir.
- Prends soin de toi.
- Tire bien et vis longtemps.
- Toi aussi.
- Attendez !
La voie qui avait prononcé ce dernier mot était aisément reconnaissable. C’était une voix féminine. Celle de Vanya.
- Mand’alor, j’ai bien réfléchi, et j’ai fait mon choix : je veux rejoindre les républicains.
- Tu ne te sens pas chez toi, avec nous ?
- C’est que… je veux poursuivre les idéaux de mes ancêtres, défendre le gouvernement de Coruscant. Je n’en reste pas moins une mando.
- Comme tu voudras… Jagen, tu peux la prendre ?
- Euh… oui, bien sûr…
- Tu as de la place pour ton équipage, non ?
- Oui, en effet. Horsk va passer capitaine, j’ai donc besoin d’un lieutenant de communication.
- Parfait ! Jagen, tu en prendras soin ?
- Bien sûr…
- Et profites de la vie. Tant que tu le peux. Moi, je dois encore me venger de l’ordure qui a abattu mes parents.
- Fais gaffe à toi.
Jagen et Vanya rentrèrent alors à l’intérieur de la corvette, et rejoignirent côte à côte la baie d’observation latérale. Et, tandis que la planète s’éloignait, le jeune colonel Eripsa se dit qu’une part de lui ne serait plus jamais comme avant.







Chapitre 6

« La situation galactique actuelle est préoccupante. Les tensions augmentent sans cesse. Regardez ce qui se passe sur Télos : c’est la deuxième crise meurtrière en dix ans. Et que dire des indépendantistes d’Haruun Kal ? Des extrémistes Quarren ? Et de la piraterie qui s’étend ? La flotte Katana avait été conçue en réponse à ces menaces. Et elle n’existe plus. »

Hirib Bassot, expert en questions d’actualité d’HNE

Kuat, six mois plus tard

S’il y avait bien une situation que Jagen détestait par-dessus tout, c’était celle-là.
Le Knight’s Blade était un croiseur de classe Arrow, une des dernières créations des Chantiers Navals de Kuat. Après la perte de la flotte Katana, le récemment promu colonel Eripsa avait hérité de la gestion d’un quart des ressources militaires de la République. Alors que son supérieur, l’amiral Willspawn, était soupçonné de se servir de ces crédits pour ses besoins personnels, Jagen s’était promis à lui-même de veiller à ce que toutes ses ressources soient utilisées au mieux. Son nouveau vaisseau amiral en était la preuve incarnée.
La classe Arrow, dont le Knight’s Blade était le premier exemplaire, appartenait à la catégorie des croiseurs d’assaut triangulaires, dont la classe Centurion avait été le plus illustre représentant lors de la Guerre Civile de Jedi, près de quatre mille ans plus tôt. A l’instar de ce dernier, le Knight’s Blade disposait d’un vaste pont, mais il était bien mieux intégré au vaisseau. En effet, les récentes recherches en matière de défense stellaire montraient qu’une forme lisse était plus facile à protéger. La classe Arrow appliquait cette doctrine à la lettre, et presque rien ne distinguait le bloc du pont du reste du navire. C’était là une véritable lame aiguisée, prête à percer le cœur des lignes ennemies. Jagen en avait commandé dix autres, et il commençait à se dire que cet investissement, couplé avec l’achat de cinquante croiseurs Hammerhead NG-2 et d’une centaine de corvettes CR-70, permettrait de compenser rapidement la perte de la Flotte Katana.
Alors qu’il se disait que la situation s’améliorait, le sénateur de Kuat acheva son discours ennuyeux, qui avait plongé Jagen dans un torpeur telle qu’il avait cru un moment avoir été drogué.
- … et à présent, chers amis, je laisse la parole à Alcorion Kuat, notre cher directeur général, qui va vous révéler les étapes de ce laborieux projet.
- Merci, sénateur, répondit le dénommé Alcorion. Et, bien, très chers invités, ….
Jagen réprima un bâillement, et vit que d’autres personnes en faisaient autant. Cela faisait maintenant deux heures que, dans ce hall bondé, des hommes en tout genre parlaient de ce projet à tous les malheureux invités, dont Jagen faisait partie. La visite du vaisseau étant impossible pour raisons de sécurité, on les avait parqués là, dans la salle de conférences de la station Toryaz, où ils attendaient impatiemment la fin.
Non loin de lui, Jagen apercevait le sénateur Valorum, accompagné de son assistant, le délégué Tarkin. Si Finis s’était montré d’un grand secours envers lui au cours des derniers mois, son second ne s’était pas fait aussi accueillant. La tension était palpable à chaque rencontre, et l’animosité se sentait dans l’air.
Une fois encore, Jagen déplora l’absence de Galieet, Vanya et des autres. L’équipage du Forte Tête était resté sur son navire, avec le fidèle lieutenant givin à sa tête. C’était probablement mieux ainsi, selon Jagen. Il disposerait au moins de ce navire comme soutien. Mais il ne pouvait s’empêcher de déplorer leur absence, en particulier celle de la courageuse guerrière mandalorienne.
Tout à coup, l’assistance toute entière se leva, extrayant Jagen de ses pensées. L’interminable conférence s’était achevée, et il prit immédiatement la direction de ses quartiers.
Le Knight’s Blade avait été amarré à la station au cours de la journée. Alors que Jagen pénétrait dans le navire, il eût le plaisir de sentir cette odeur de neuf si particulière qu’il appréciait tant. Les coursives du vaisseau étaient en effervescence ; le premier voyage en hyperespace se promettait d’être mémorable. Lorsqu’il pénétra sur le pont, Jagen fut émerveillé par le magnifique panorama qui s’offrait à lui, si paisible et pourtant bien plus intéressant que la conférence à laquelle il venait d’assister. Un jeune lieutenant humain, qui ne devait pas avoir plus de vingt ans, s’approcha de lui.
- Lieutenant Tinor au rapport, colonel. Je suis votre nouveau second à bord du Knight’s Blade. Je serai ravi de servir à vos côtés.
- Moi de même, lieutenant Tinor. Quel est votre prénom ?
- Mell, monsieur.
- Eh bien, Mell, qu’avez-vous à m’annoncer ?
- Un représentant commercial est là, monsieur. Il demande à vous voir d’urgence, il prétend avoir une offre intéressante à vous faire. Et il y a aussi votre chef de la sécurité qui est arrivé pendant votre absence, colonel. Il vous attend dans vos quartiers.
- Très bien. Je présume que le représentant est en salle de conférences ?
- Oui, monsieur.
- Je vais le rejoindre. Ensuite, nous nous préparerons à un vol inaugural. Direction Coruscant, et le Sénat. J’ai un projet à défendre.
- Je vais donner les instructions nécessaires.
- Je n’en attendais pas moins.
Le lieutenant Tinor se dirigea alors vers la console centrale et commença à distribuer les tâches à effectuer. Jagen esquissa un sourire ; son nouveau second semblait aussi compétent que Galieet pour ce qui était du commandement. Il rejoignit la salle de conférences ; deux soldats de la République en uniforme, l’un bothan et l’autre kel dor, se tenaient de part et d’autre de la porte. En le voyant, ils ouvrirent le sas, révélant une vaste salle dont le centre était occupé par une grande table. Un homme âgé se trouvait assis à l’autre bout.
Il devait avoir une cinquantaine d’années, à moins que les soucis ne l’aient vieilli prématurément. Le teint cireux, les orbites creusés, l’homme semblait connaître tous les ennuis possibles dans cette galaxie. Il devait, selon Jagen, porter toute la misère du monde sur ses épaules. Son front dégarni amplifiait la maigreur de ses traits. Jagen entra et s’installa face à lui.
- Ah, colonel Eripsa. Je suis ravi de vous rencontrer.
- Moi de même, monsieur… ?
- Deranin, colonel. Hyarus Deranin. Je suis le directeur des chantiers navals Gallofree.
- Je connais cette maison. Du travail de qualité, d’après mes souvenirs.
- Je suis flatté que vous considériez mes cargos comme tel.
- J’aime reconnaître les atouts de chaque vaisseau. Soyez assuré que certaines sociétés n’ont pas apprécié ma franchise.
- Je m’en doute.
- Qu’est-ce qui vous amène ici, sur Kuat ?
- Des problèmes, colonel. Ma société va mal.
- Vraiment ?
- Nos deux meilleurs productions, le croiseur Gozanti et le transport AA-9, subissent de plein fouet la concurrence des corelliens.
- Compréhensible. Vous avez bien racheté les plans du Gozanti à la CTC ?
- Oui, oui, en effet. Mais pour ce qui est des AA-9, notre problème est bien plus grave. C’est pour cela que nous avons décidé de faire appel à vous. Le conseil d’administration a découvert que votre père a été un des plus grands clients de notre compagnie.
- C’est exact. Mon père possède la TibCo, le plus grand exploitant de gaz Tibanna de la galaxie. Les gisements de Bespin et Ord Ibanna, notamment. Il a choisi des AA-8 comme transporteurs de gaz, et un Gozanti modifié comme vaisseau diplomatique.
- Nous le savons.
- Si j’ai bien compris, vous souhaitez que je fasse comme mon père ?
- Oui… et non.
- Expliquez-vous.
- Notre société connaît une grave crise financière. Les ventes de AA-9 sont en grand déclin. Nous avons un modèle presque opérationnel, le AA-10, mais…
- … il vous manque de l’argent.
- Oui.
- Les AA-9 ne me sont d’aucune utilité. Ils nécessitent des quais adaptés, et sont configurés pour le transport de marchandises.
- Bien sûr. Mais nous avons deux modèles, le TM-1 et le THA qui vous conviendront à merveille.
- Le TM-1, dites-vous ?
- Le transport moyen Gallofree. Solide, et conçu pour le transport de passagers. Ou de troupes.
- Et pour ce qui est du THA ?
- Un cargo atmosphérique idéal pour convoyer des hommes ou du matériel entre une zone d’atterrissage et le champ de bataille. Deux emplacements pour canons lourds. Le must des véhicules de haute altitude.
- Intéressant….
- Si vous nous en commandez un nombre suffisant, les Chantiers Navals Gallofree s’engageront à faire bénéficier les forces armées de la République de tarifs avantageux sur toute notre gamme future.
- Vraiment ? Vous savez, les corelliens et les kuatis ont également fait d’excellentes propositions sur ce secteur….
- Je… Qui… Que voulez-vous ?
- L’accès aux plans. Je souhaite être certain que ces vaisseaux seront adaptés pour l’usage auquel je les destine. Je vous assure que je ne les remettrai pas à vos concurrents. Il s’agit d’un but purement… comment dire… désintéressé ?
- Très bien. Je dois contacter mes collègues. Pour ce qui est de la commande…
- Je me rends sur Corulag pour quelques temps. Je vous recontacterai au bon moment.
Le représentant commercial se leva, salua Jagen et sortit, laissant le jeune colonel seul dans la salle. Il fit pivoter son siège, se plaçant ainsi face à une grande verrière qui lui offrait une vue imprenable sur l’espace. Il observa le flux constant de navettes en provenance de tout le Noyau qui se dirigeaient vers la surface de la planète. Il quitta son siège et se dirigea vers ses quartiers. Il inséra son passe dans le lecteur de sécurité et entra.
Alors qu’il avançait dans le salon, il perçut un bruit derrière lui. Avant qu’il n’ait eu le temps de se retourner, il sentit un blaster sur sa tempe et entendit une voix familière.
- Su’cuy, ad’ike. Me’vaar ti gar ?
Surpris, Jagen fit volte-face.
- Van… Euh, lieutenant Cadera, que faites-vous là ?
- Je suis votre nouveau chef de la sécurité, al’verde.
- Mais… et le Forte Tête ? Et Galieet ?
- Le capitaine Hurieegh vous envoie ses salutations. Comme j’ai demandé ma mutation à vos côtés de façon… convaincante, il a consenti à me l’accorder.
- Donc…
- Je prends les choses en main.
- Ah.
- Ne vous inquiétez pas, colonel. Je prendrais soin de votre vaisseau. Le lieutenant Tinor m’a indiqué que nous faisions route vers Coruscanta. Vrai ?
Les nouvelles vont vite, se dit Jagen. Je dois apprendre à tenir ma langue… La visite de Jagen sur Coruscant n’avait rien d’anodin. Au cours du mois dernier, il était parvenu à obtenir l’accès aux comptes de la Marine républicaine. Les résultats étaient consternants : près de 80 % des crédits affectés à l’armée étaient utilisés pour louer des bases ou des quais spatiaux dans de nombreux systèmes. Il était temps d’y remédier.
- En effet. Je suis attendu par le Chancelier Kalpana.

************


- Ah, vous voilà, Jagen, comment allez-vous ?
Le chancelier Kalpana, toujours pareil à lui-même, était assis dans un confortable fauteuil de cuir blanc. De l’autre côté de son bureau, près du siège où Jagen allait prendre place, Finis Valorum attendait, l’air inquiet. Depuis son entrevue avec le colonel plus tôt dans la journée, il n’avait pas dû retrouver le sourire.
- Bien, Excellence. Je suis ravi que vous ayez accepté de me recevoir.
- Voyons, c’est tout naturel. Vous êtes notre meilleur militaire, quoi qu’en dise Willspawn. Par contre, vous n’avez pas été très clair sur les motifs de cette rencontre.
- Les comptes de l’armée, Excellence.
- Aïe.
- Comme vous dites.
- C’est un gouffre béant. Enfin, c’en est un à cause de la mauvaise gestion des fonds.
- Vous savez quelle pourcentage est dédié à la location de locaux inutilisés ?
- Oui. C’est aberrant, n’est-ce pas ?
- J’ai un projet pour réduire ces coûts.
- Poursuivez.
- Une base géante sur une planète appartenant aux F.A.R..
- Intéressant… Qu’en dites-vous, Finis ?
- Je suis d’accord avec vous, mais nous avons toujours un problème de taille.
- Lequel ? demanda Jagen.
- Les planètes elles-mêmes. Les gouvernements sectoriels n’accepteront jamais une telle perte de revenus.
- Nous pourrions proposer des contreparties, comme je vous l’ai déjà expliqué, sénateur Valorum, répondit le colonel. Excellence, soyez assuré que ce projet est la solution à tous nos problèmes.
- Je vous crois, Jagen. Mais les sénateurs concernés ne seront pas aussi compréhensifs, soyez-en certain.
- Je le sais. Trouvez quelque chose… Des achats de matériel, des installations publiques, des trucs dans le genre… Tout ce qui peut contenter des politiciens mécontents !
- J’en parlerai au Sénat. Cependant, si j’ai bien compris, vous souhaitez une planète ?
- Ou une lune, Excellence.
- Vous avez une idée en tête, colonel ?
- Centax II.
- Excusez-moi, mais j’ai bien peur d’avoir mal entendu… Qu’avez-vous dit, au juste ?
- Centax II, Excellence. La seconde lune de Coruscant.
- Vous avez perdu l’esprit ! Comment croyez-vous que le Sénat va réagir en apprenant que la plus grande base militaire jamais construite se trouvera si proche du District Administratif ?
- Je n’ai pas compris, Excellence.
- Nos chers sénateurs ne craignent en aucun cas une invasion, colonel. Non, leur plus grande peur est un putsch militaire qui les priverait de leur immunité diplomatique !
- Ils n’auront rien à craindre, je vous l’assure.
- Les vrais politiciens craignent toujours les hommes intègres, colonel. C’est un des critères qui font de nous de mauvais sénateurs, hein, Finis ?
- En effet… admit l'intéressé.
- J’aurai donc ma base ?
- Je ferai passer le projet. Mais attendez-vous à quelques problèmes. En attendant, je souhaiterais que vous fassiez vos preuves, avec votre nouveau croiseur rutilant.
- Il faut savoir, Jagen, reprit Finis, que le meilleur moyen de rassembler des partisans reste l’action. Si vous organisiez une campagne contre les pirates, vous deviendriez un héros.
- Qu’avez-vous à me proposer ?
- Le Soleil Noir a attaqué plusieurs convois de ravitaillement près de Yag Dhul, et j’aimerais que…

************


- …. que vous alliez y jeter un œil ? Ils t’ont vraiment dit ça ? Bande de foutus hypocrites…
- Je le sais, Ait. Mais bon, le chancelier… Je n’allais quand même pas refuser, non ?
- Bien sûr, mais il n’a pas été très honnête avec toi.
Le White Moon était un croiseur Hammerhead tout juste sorti des chantiers rendiliens. Le manque de vaisseaux se faisant cruellement sentir après la perte de Katana, Jagen avait réquisitionné tous ceux qui l’intéressaient dans différents docks navals. Le White Moon était destiné à une société de défense arkanienne, et bénéficiait d’un arsenal bien fourni. Le capitaine Convarion avait reçu comme mission la défense du secteur de Thyferra, où était produit le fluide guérisseur connu sous le nom de bacta. Et les incursions fréquentes de pirates n’étaient pas pour l’arranger.
- Eh bien… par où dois-je commencer… ah, oui, les « visites amicales » de nos chers flibustiers du Soleil Noir. Vraiment charmants, ces gens-là. Ils ont attaqué un cargo, la semaine dernière. Ils ont pris le bacta et égorgé tous les occupants. De la cruauté gratuite. Mais le « plus » à savoir, c’est la façon dont ils coordonnent leurs attaques. Les givins ont réussi à trouver leur algorithme d’attaque. On sait quand aura lieu la prochaine.
- Vraiment ? Tu ne me racontes pas de bobards ?
- Jamais pendant le boulot. Je transmets tout cela au Knight’s Blade ?
- Oui. J’aurai besoin de toute l’aide disponible.
- J’avais peur que tu me dises ça.

************


- Vaisseau ennemi non identifié, veuillez couper vos réacteurs et vos armes.
- Ici le Black Eye. Allez vous faire voir.
- Vous ne nous laissez pas le choix, Black Eye. Messieurs, ouvrez le feu.
Le lieutenant Tinor, debout sur le pont, lança les manœuvres d’approche. Le vaisseau du Soleil Noir était imposant et menaçant, et son apparence massive interpella Jagen. Ils doivent avoir beaucoup de crédits, se dit-il. Ou d’excellents abordeurs… Les batteries turbolasers de son propre croiseur crachaient à présent des rafales de lasers verts sur les flancs du navire ennemi. Les boucliers des pirates commençaient déjà à céder, lorsque la liaison com reprit soudainement vie.
- Black Eye à Knight’s Blade. Vous êtes foutus. Nos renforts sont là.
Un vaisseau, qui était apparemment un cargo SoroSuub modifié, vint se placer entre le transporteur de bacta et le destroyer de classe Arrow. Jagen, voyant la menace qui planait, n’hésita pas.
- Ouvrez le feu ! Détruisez-le !
Un déluge de tirs s’abattit sur le malheureux navire, qui n’eût même pas le temps de mettre ses boucliers. Il fut proprement réduit en cendres avant même d’avoir eu le temps d’agir. Alors que les flammes éphémères envahissaient les coursives de l’épave, le chargé des communications l’appela.
- Monsieur, le Black Eye… Il vient de passer en hyperespace, pendant que vous étiez occupé. Il a laissé un message.
- Quoi ?... Très bien, lisez-le.
« Depuis quand vous ne vérifiez plus les transpondeurs avant d’attaquer ? En tout cas, vous remercierez les survivants de votre massacre pour nous avoir offert une si belle diversion ! »

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Messagepar Patatos » Jeu 01 Mar 2012 - 18:51   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Voila je vien enfin de finir de tout lire :transpire: .

Pour commencer, je trouve ton histoire super ! Dès le début on rentre dans le truc même si l'histoire ne commence vraiment qu'au chapitre 4. L'histoire est vraiment prenante. :jap:

Très bonne idée de relater les circonstances de la disparition de la flotte Katana, très bien raconté, chapeau :jap:

J'ai beaucoup apprécié les citations en début de chapitre, c'est très original :) .

Inclure des personnages existant dans le filme est une très bonne idée, cela rend ton récit encore plus accrocheur puisqu'on retrouve des têtes connues. :)

Le chapitre avec Jango Fett et les Death Watch était vraiment bien, il fallait y penser :oui: .


Je ne suis pas très bon pour déceler les fautes d'orthographe ect... je n'ai pas relevé de fautes notoires :)

Juste une petite chose qui m'a un peu gêné à deux endroits : Dans les dialogues avec 3 personnages ( Chapitre 1 : Jagen et ses 2 colocs / chapitre 6 avec Jagen, le chancelier et Valorum ) à des moment j'étais perdu je ne savais plus qui parlait) :transpire:

Sinon, j'attend la suite avec impatience :) Jagen va-t-il réussir à chopper le vaisseau du Soleil Noir ? :cute: supens.....
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Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 01 Mar 2012 - 19:02   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Eh bien, tout d'abord merci pour ce commentaire !
PaTaT0ss a écrit:Les citations en début de chapitre, c'est très original.

En fait non, c'est Traviss qui a inventé le truc, et comme ça me plaisait bien et que ça servait à résumer le contexte, je l'ai repris.
PaTaT0ss a écrit:Inclure des personnages existant dans les films est une très bonne idée, cela rend ton récit encore plus accrocheur puisqu'on retrouve des têtes connues.

Là encore, ce n'est que le début... Je ne sais pas si tu connais la chronologie SW, mais le récit se déroule pour le moment en -46, c'est-à-dire à peu près quatorze ans avant l'Episode I... Donc ne t'inquiète pas, on va retrouver pas mal de personnages des films, mais surtout vers la fin !
PaTaT0ss a écrit:Juste une petite chose qui m'a un peu gêné à deux endroits : Dans les dialogues avec 3 personnages ( Chapitre 1 : Jagen et ses 2 colocs / chapitre 6 avec Jagen, le chancelier et Valorum ) à des moment j'étais perdu je ne savais plus qui parlait)

Je sais, c'est un petit problème que j'ai eu lorsque j'ai commencé, j'avais quelques problèmes pour identifier les participants, mais par la suite ça devrait s'améliorer (J'en suis au chapitre 17 du tome 3 :transpire: )
PaTaT0ss a écrit:Sinon, j'attend la suite avec impatience Jagen va-t-il réussir à chopper le vaisseau du Soleil Noir ? suspense.....

La suite arrive dans quelques minutes, mais je pense que tu devrais déjà connaître la réponse à ta question : n'oublie pas que le vaisseau est passé en vitesse lumière, et que Jagen a tué des innocents... Quoi qu'il en soit, les deux chapitres suivants devraient apporter quelques réponses concernant les capacités de Jagen !
Modifié en dernier par Jagen Eripsa le Jeu 01 Mar 2012 - 23:55, modifié 1 fois.
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Messagepar Patatos » Jeu 01 Mar 2012 - 19:04   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Jagen Eripsa a écrit:(J'en suis au chapitre 17 du tome 3 )


Ah oui quand même :paf:

Jagen Eripsa a écrit:En fait non, c'est Traviss qui a inventé le truc, et comme ça me plaisait bien et que ça servait à résumer le contexte, je l'ai repris.


D'accord je ne savais pas, je lis surtout les bd de chez delcourt :transpire: , je me mettrai aux romans peut être plus tard :jap: ( quand j'aurai les sous aussi parce que c'est pas donné vu le nombre :paf: )
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Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 01 Mar 2012 - 19:57   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Et voilà la suite !


Chapitre 7

« Les liens du sang ne mentent jamais »

Proverbe corellien

Anoat, deux mois plus tard

- Garçon, un autre verre, s’il vous plaît.
Les bars d’Anoat City n’étaient pas aussi malfamés que ceux de Nar Shaddaa ou des bas-fonds de Coruscant, mais à une heure aussi tardive, il ne faisait pas bon traîner dans les rues. Heureusement, la chambre que Jagen louait était située dans le même immeuble, ce qui lui permettrait de la rejoindre, même en état d’ébriété.
Ce qui viendrait bien assez vite.
C’était sa dixième bière de la soirée, et même si sa résistance à l’ivresse avait bien augmentée, il ne tiendrait pas deux verres de plus. Trois, à la rigueur.
Alors qu’il entamait le jus de juma que le serveur venait de lui apporter, une silhouette entra dans son champ de vision et s’assit à sa table.
- Ah, je vous ai enfin retrouvé. Je vous porterai bien un toast, Jagen, mais je ne pense pas que vous êtes en état pour ce genre de mondanités.
L’homme qui venait d’arriver avait une peau d’ébène et des cheveux noirs de jais. Jagen le reconnut immédiatement.
- Délégué Calrissian…
- C’est bien, vous savez encore faire travailler votre mémoire ! railla l’admnistrateur. Bon sang, votre père m’a bien dit que vous étiez au bout du rouleau, mais je ne pensais pas à ce point….
- Mon… père…
- Il m’a envoyé vous retrouver. Saron souhaite que vous le retrouviez sur Bespin le plus vite possible.
- J’aurais dû m’en douter… Maintenant que je vais être viré de l’armée, il va se réconcilier avec moi…
- Vous dites n’importe quoi ! L’enquête avance bien, et on sait maintenant qu’il s’agissait de contrebandiers activement recherchés, vous n’aurez donc…
- Quand bien même, coupa Jagen, ces hommes seraient les pires meurtriers de l’histoire galactique, j’ai malgré tout commis une faute ! Il aurait pu s’agir de femmes et d’enfants innocents ! Vous imaginez ? Je ne peux pas supporter cette idée !
- Sortez de votre cocon ! s’énerva Calrissian. Les erreurs de ce genre arrivent tous les jours ! On a même inventé un terme pour ça : les ba-vu-res ! Vous n’êtes ni le premier, ni le dernier !
- Mais… j’aurais pu…
- Au lieu de ressasser vos erreurs passées, profitez de la vie ! Vous êtes né sur une magnifique planète, dans une famille aisée ! Moi-même, je ne peux pas me plaindre : je viens d’une famille ancienne de Saccoria, et j’ai plein de ressources. Mais profitez de ce que la vie vous offre ! J’ai commis pas mal d’erreurs, je peux vous l’assurer, mais ça ne m’empêche pas de dormir. Alors, arrêtez !
Il prit une datacarte dans sa pochette et la mit dans la main de Jagen.
- Ceci est votre billet pour Bespin. Le vaisseau part demain après-midi. Votre père vous attend à l’arrivée. Bonne nuit.

************

L’astroport de Bespin était semblable à tous les autres de la galaxie, à l’exception de son terminal gazier, le plus impressionnant de toute la région des Colonies. Jagen venait d’y débarquer, après un voyage sans histoire à bord d’un croiseur de tourisme. Traversant le vaste terminal baigné de l’habituelle couleur ocre, il embarqua dans un bus à destination de la maison de ses parents.
Que me veut-il ? Cela fait bien longtemps que je ne l’ai pas vu…
Depuis leur dispute, six ans auparavant, rien n’était plus pareil. Lorsque Jagen avait annoncé son désir d’entrer à l’académie d’Anaxes, lorsqu’il leur avait expliqué qu’il abandonnait ses projets politiques et commerciaux… Ils n’avaient jamais réussi à l’accepter. Le fait qu’Aiden, pourtant ami de longue date, l’ait pris sous son aile n’avait rien changé. Et maintenant que son moral était au plus bas, tout redevenait subitement… comme avant. Il descendit du bus à l’arrêt Central.
Il se tenait à présent devant l’immeuble où vivaient ses parents. La famille Eripsa était la plus riche et la plus ancienne famille de la Cité des Nuages, et ils étaient parmi les seuls à posséder une maison individuelle. Le bâtiment, de forme carrée, possédait une cour intérieure où Jagen aimait se ressourcer. Le reste de la structure était divisé en un grand nombre de pièces, des plus communes à certaines qui l’étaient beaucoup moins, à l’instar du centre de communication holographique. Il frappa et un droïde serviteur ouvrit la porte principale. Le majordome mécanique le conduisit silencieusement dans le bureau, où son père et sa mère se tenaient, droits, sans un mot, de l’autre côté d’une grande statue d’art moderne typique de Bespin.
Voyant leur fils entrer, Saron et Palina se précipitèrent vers lui et le prirent dans leurs bras. Sa mère sanglotait.
- P’pa… M’man… Votre fils est de retour…
- Jag… Tu nous as tant manqué…
- Je sais, m’man… Et je regrette tout ce que j’ai pu vous dire…
- C’est nous qui sommes désolés, dit son père. Nous n’aurions jamais dû nous opposer à tes choix.
Jagen n’en crut pas ses oreilles. Les choses avaient bien changées.
- Ton… erreur… ne portera pas de préjudices sur ta carrière, poursuivit Saron. Kalpana l’a annoncé lui-même ce matin devant le Conseil de Sécurité. Bail Antilles m’a confié qu’il fait tout pour virer Willspawn et te mettre à la place.
- Ce serait bien… murmura Jagen, sans espoir.
- Jag, dit doucement sa mère, nous allons prendre notre temps pour nous retrouver… Mais avant, ton père a un défi pour toi.
- Papa ?
- Il y a des choses que tu dois savoir. Mais pour cela, tu dois t’en montrer digne. Tu t’élèveras plus haut que la plupart de tes ancêtres, j’en suis certain. Lorsque tu nous a annoncé ta poursuite d’études, il y a six ans, nous avons pensé que tu ne serais pas assez fort pour affronter un tel destin. Mais avec ces évènements… la disparition de Katana, les menaces qui grandissent… Tu n’as plus le choix.
- Que dois-je faire ?
- Je vais te déposer en bas de l’extracteur de la Cité des Nuages. Tu devras remonter jusqu’à une pièce qui devrait, selon moi, t’intéresser. Elle contient tous les secrets de notre famille.
- Je peux prendre mon équipement spécial ?
- Ah, oui, j’ai entendu parler de ta mission sur Korda et de tes amis Mandos… Je te conseille de prendre ton jetpack. Il pourrait t’aider. Mais j’aimerais avant tout te donner des indices.
- Je t’écoute.
- Tout d’abord, méfie-toi de tout ce qui pourrait sembler facile. Ensuite, si tu es perdu, suis la voie du sage. Reste humble face à ce qui te surpasse et enfin, si tout te paraît impossible, ferme les yeux et plonge.
- Euh… d’accord…
- Tu comprendras le moment venu.
- Je l’espère. Avant qu’il ne soit trop tard, au moins.

************

L’airspeeder le déposa sur le chemin de ronde circulaire qui ceinturait la base de l’extracteur central de la Cité des Nuages. Jagen, dans son armure mandalorienne, se mit à examiner la zone environnante.
Comme prévu, il était suspendu au-dessus des abîmes sans fond qui formaient le cœur de Bespin. Il n’y avait aucun moyen d’atteindre les autres plateformes extérieures, qui se trouvaient à près de cinq mille mètres plus haut, hors d’atteinte de son jetpack. C’est alors qu’il repéra un grille d’aération.
Tout était si facile, dès lors. Jagen se souvint que l’extracteur effectuait en permanence un mouvement de vérin. En passant par cet orifice, il pourrait se hisser sur la plateforme et monter en douceur.
Il tira sur la grille qui obstruait l’accès et se prépara à entrer. C’est alors qu’il entendit un énorme bruit d’air et sentit une forte poussée s’exercer sur lui. Il fut projeté en arrière et tomba dans le vide béant. Alors qu’il se préparait à une mort lente et douloureuse, il se remémora le jetpack qu’il venait d’acheter. Il enclencha le système de mise à feu et commença sa remontée. Il reprit vite pied sur la plateforme métallique. Il comprit alors son erreur : l’extracteur devait descendre brusquement pour fonctionner, et le rôle des grilles d’aération était d’évacuer le trop plein. En ne tenant pas compte de ce paramètre, il lui avait paru facile d’accéder à l’extracteur... Méfie-toi de tout ce qui pourrait sembler facile… La première énigme ! Plus que trois !
Alors que l’extracteur entamait une nouvelle chute, il se prépara à sauter sur la surface du piston géant. Une fois celui-ci en bas, il rampa dans la bouche d’aération à toute vitesse, mais il faillit tout de même louper son opération. Alors qu’il se rétablissait sur l’ascenseur improvisé, il se rendit compte d’un détail gênant : son jetpack était resté coincé. Tant pis, ce qui est fait est fait. Voyons la suite… Alors qu’il arrivait au sommet, il se rapprocha du bord pour accéder à la porte du service technique. C’est alors qu’il remarqua un autre détail.
Fierfek… La porte est de l’autre côté ! Il courut à pleines jambes vers l’opposé mais avant qu’il n’ait atteint son objectif, un fort bruit métallique confirma ce qu’il craignait. L’extracteur venait de rentrer dans un autre cycle.
J’espère que mon déjeuner est bien accroché, pensa-t-il alors que la plateforme cylindrique entamait une nouvelle chute libre. Malheureusement, la réponse était non.

************

Jagen parvint malgré tout à franchir la porte à la fin du cycle suivant. Affaibli par une chute vertigineuse, tenant à la main un casque auquel il avait confié le contenu de son estomac, il entra dans la salle. Il constata une nouvelle fois que les choses seraient tout sauf simples.
La porte au-dessus de laquelle il était marqué « Retour Cité » était verrouillée, tandis que celle qu’il venait de franchir se condamna derrière lui. Il était piégé. Seul dans cette pièce abandonnée.
Enfin, presque seul.
Un droïde astromech R2 se trouvait là. Son dôme bleu et gris percé d’un unique œil noir était tourné vers lui. Jagen s’en approcha.
- Salut, toi ! Qu’est-ce que tu fais là ?
Le droïde bipa une réponse en binaire, le langage commun à tous les droïdes. Jagen n’en comprit rien. Il n’avait encore jamais était confronté aux nouvelles unités R2, mais il avait espéré que les ingénieurs d’Industrial Automaton retravailleraient l’interface utilisateur. Visiblement, ce n’était pas le cas.
Voyant que son interlocuteur ne saisissait pas le sens de ses gazouillis, le droïde se dirigea vers une plaque d’aération et commença à la dévisser. C’est alors que Jagen comprit. Il n’allait certainement pas avoir la vie facile…
- Merci, vieux frère, dit-il au droïde une fois qu’il eut terminé.
Celui-ci bipa une réponse qui sembla affirmative, d’après le ton. Jagen entra alors dans le sombre conduit et se mit à ramper. Contrairement à ce qu’il pensait, la bouche d’aération ne mesurait pas plus de deux mètres. Elle déboucha dans une salle noire, qui semblait vide. Jagen se mit debout, et la lumière, certainement reliée à un détecteur de mouvements, s’alluma.
Il se trouvait en vérité dans une vaste salle circulaire, effectivement vide, mais dont les murs étaient percés d’une vingtaine de portes marquées de runes anciennes. Laquelle choisir ? La moitié au moins doivent déboucher sur des pièges mortels ! Sans compter celles qui me perdront dans l’obscurité !
Il s’approcha d’une des portes et l’effleura. Une lettre lui vint à l’esprit : K. Surpris, il se plaça devant la porte de droite et répéta l’opération. Cette fois, ce fut la lettre L qui lui apparut. C’est un alphabet ! Pourquoi je ne peux le comprendre seulement qu’en l’effleurant, c’est une bonne question, mais toutes ces portes ont une signification. Cela ne m’avance pas plus, cependant. C’est alors que le second conseil lui vint à l’esprit. Suis la voie du sage ! Je dois passer par la porte S !
Il suivit l’opération, et parvint à une autre salle identique. Il prit cette fois-ci la porte A, et répéta l’opération avec la porte G et la porte E dans les deux pièces suivantes. Il arriva alors dans ce qui semblait être une chambre de traitement de la carbonite à l’abandon.
La pièce avait une forme de demi-lune ; l’extrémité la plus courte lui faisait face. Elle était percée d’une ouverture. Jagen s’engagea dans ce qui lui semblait être la suite du parcours.
Alors qu’il posait le pied sur le sol du couloir, un mur de flammes jaillit devant lui. Surpris, il bascula en arrière, et vit par la même occasion l’obstacle impromptu disparaître. Il renouvela l’opération plusieurs fois, et en vint à conclure qu’il lui était impossible de passer outre ce piège. Cette situation me dépasse… Mais oui ! Reste humble face à ce qui te surpasse ! Maintenant, réessayons…
Avançant doucement dans le couloir, il observa le piège plus en détail. C’est alors qu’il vit quelque chose d’essentiel qui lui avait pourtant échappé : les flammes ne lui barraient pas le passage sur toute la hauteur du mur. Il lui serait possible de passer à travers en rampant.
Une fois l’obstacle franchit, Jagen put faire face à une nouvelle porte. La salle qui se trouvait derrière était dans l’obscurité la plus totale, mais l’air froid qui en sortait donnait une impression d’immensité peu familière au jeune colonel, coutumier des coursives étroites des croiseurs de combat. Il entra malgré tout, et l’ouverture derrière lui se verrouilla, le laissant dans le noir le plus total. Il avança à tâtons.
Il marcha lentement sur un, deux, puis trois mètres… avant de sauter en arrière en sentant le vide sous ses pieds. Il se trouvait sur une plateforme sans issue. Sans son jetpack, il lui était impossible de la quitter.
La quatrième partie de l’énigme se révélait. Prenant son courage à deux mains, Jagen avança jusqu’au rebord, ferma les yeux et sauta dans le vide.
La chute ne dura que deux secondes. En pleine chute libre, il entendit un bruit de moteur assourdissant. Un instant plus tard, les lumières s’allumèrent et il fut emporté dans les airs.
Entrouvrant les yeux, Jagen vit en-dessous de lui un énorme ventilateur. Le flux d’air le conduisit près d’une plateforme, située à trois mètres au-dessus de celle dont il était parti.
Prenant pied à cet étage, il vit une porte en face de lui. Il poursuivit donc son chemin et entra dans un ascenseur. La cabine se referma une fois qu’il fut entré, et commença une longue ascension à vitesse rapide.
Enfin, après cinq minutes de montée, les portes coulissantes s’ouvrirent, et Jagen fut stupéfait de ce qu’il vit. La salle qui s’étendait devant lui était un immense cylindre de trente mètres de diamètres et de plusieurs dizaines de mètres de haut, avec des passerelles intermédiaires à intervalles réguliers. Les murs étaient couverts de rayonnages de livres. Le centre de la pièce était occupé par une gigantesque colonne, contenant apparemment des centaines de serveurs de stockages des données. Il s’agissait visiblement d’une très ancienne bibliothèque, qui datait probablement de la construction de la cité. Juste devant Jagen, au pied des serveurs, un poste informatique était allumé. Le nom « Jagen Eripsa » était écris dessus.
Le jeune colonel s’assit et regarda ce qui semblait être son arbre généalogique. Seule sa branche paternelle était développée, et Jagen mit près d’une heure à la remonter. Il avait sous ses yeux toutes les générations d’Eripsa depuis des siècles : il vit ainsi apparaître les noms de Heiran Eripsa, qui s’était battu contre la Confrérie des Ténèbres dans les cieux de Ruusan, Trenan Eripsa, qui commandait la flotte républicaine à l’époque de la Guerre Froide… Tout à coup, l’arbre s’arrêta net. La vue du nom qui emplissait l’écran fit chanceler Jagen.
Renor Vandorn.
Plus connu sous le nom de Revan.
Héros, traître, conquérant, sauveur : Revan avait été tout cela. Le héros qui avait protégé la République des assauts mandaloriens, qui l’avait trahie ensuite pour revenir en conquérant sith. Celui qui s’était retourné ensuite contre son disciple et avait une nouvelle fois sauvé le régime de Coruscant. Jagen n’en croyait pas ses yeux.
- Tu comprends maintenant ce que je voulais dire, Jagen. Ce secret, c’est notre raison d’être.
Jagen leva les yeux. Son père se trouvait à l’étage supérieur, entré par une porte qui s’était jusque-là dérobée à son regard. Saron descendit lentement les marches et vint se placer aux côtés de son fils.
- C’est donc vrai ? Je descends de Revan ?
- Tu n’as jamais remarqué que ton instinct était toujours plus rapide que ceux des autres, que tu percevais plus de choses qu’eux, les comprenait mieux ?
Il se souvint de la fois où il avait sauvé Vanya du zakkeg, et de celle où il s’était jeté sur elle pour lui éviter d’être touchée par un tir. Tout s’expliquait donc.
- Je maîtrise la Force ?
- Maîtrise, non. Tu peux t’en servir, instinctivement, mais tu ne la contrôle pas. Aucun de tes ancêtres ne l’a fait depuis Revan lui-même.
- Mais alors, comment se fait-il que les Jedi n’aient jamais… Enfin, qu’aucun Eripsa n’ait intégré l’Ordre ?
- La Loi de Protection des Colons.
- Bespin en fait partie ?
- Bien sûr. Aucun habitant de Bespin ne peut être réquisitionné pour servir les forces armées. Et l’Ordre Jedi ne peut pas recruter d’enfant ici sans son consentement. Ce qui veut dire que les Jedi « traditionnels » ne viennent jamais ici.
- Les Jedi « traditionnels » ?
- Oui, d’autres apprécient beaucoup cette planète. Question de goût, je suppose…
- Quel est cet endroit ?
- C’est un refuge. Un endroit où le savoir est conservé jusqu’à des temps plus propices.
- Il y a beaucoup de connaissances, ici ?
- Plus que tu ne l’imagines. Je pense que seul le Temple Jedi et sa merveilleuse bibliothèque peuvent rivaliser avec cet endroit. Les sources sont multiples ; nombre de ces ouvrages proviennent de la Grande Bibliothèque d’Ossus, ou des archives de la République. Tu peux y trouver tout ce dont tu as besoin. C’est sûrement la plus grande richesse de Bespin, malgré la quantité faramineuse de gaz Tibanna que nous pouvons produire. La connaissance est la plus grande des valeurs.
- Il y a aussi des artefacts ?
- Il y a une autre salle, que je te montrerais tout à l’heure, qui contient toutes les possessions de Revan. Ses voyages ont été extrêmement instructifs.
- Mais… pourquoi Bespin ?
- C’est un concours de circonstances. Vois-tu, notre lignée est issue de l’union entre Revan et Bastila Shan, deux grands Jedi dont tu connais l’histoire. Environ un an après la fin de la Guerre Civile des Jedi, le couple a eu deux faux jumeaux, un garçon et une fille. La fille se nommait Lena. Le garçon s’appelait Jagen.
Saron eut un regard amusé.
- Tu ne savais pas que ton nom était prédestiné, hein ?
- Non, papa, mais… continue, s’il te plaît.
- Donc, ces deux enfants sont nés peu de temps après la fin de la Guerre Civile des Jedi. Mais, juste après leur naissance, Revan partit pour les Régions Inconnues, pour se battre contre une menace qu’on appellerait plus tard le Second Empire Sith. Ce qu’il ignorait, c’est que Bastila était enceinte lors de son départ. Un troisième enfant naquit, un fils. Kinan.
- Trois enfants, donc… Une fille et deux fils.
- En effet. Bastila comprit tout de suite quels dangers risquaient de s’abattre sur ces jeunes personnes. Les naissances étaient restées secrètes, mais elle fut surprise en compagnie de sa fille par un holoreporter. La nouvelle fut un scandale : l’enfant de Revan et Bastila, deux héros Jedi qui ont également été des Sith ! Ce qui n’a pas dérangé Bastila outre mesure, jusqu’au conclave de Katarr.
- Le conclave de Katarr ? Mais c’est…
- … le massacre de l’Ordre et des miralukas par Dark Nihilus. L’annihilation de la quasi-totalité de l’Ordre. A ce moment, les Jedi ont presque disparus, tués par les Sith et leurs nombreux assassins. Elle prit donc une décision extrêmement difficile : cacher ses deux fils. Elle leur donna le nom de la mère de Revan, Eripsa. Un nom originaire de Deralia, ce qui explique qu’il soit très différent des autres de Bespin et très peu commun dans le Noyau. En fait, je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’autre qui l’ait porté.
- Donc les deux fils s’appelaient Jagen et Kinan Eripsa ?
- Tout à fait. Avant de les confier à des colons qui venaient s’installer ici, Bastila eut une vision : « Une fois réunis, mes enfants, vous sauverez la République. ». Mais ils ne l’ont jamais été. Jagen fonda la dynastie des Eripsa, et s’éteignit dans sa cent deuxième année, riche propriétaire d’une société de transport de fret. Pour ce qui est de Kinan, ce fut quelque peu différent.
- Il réalisa cette prophétie ?
- Pas du tout. En fait, seul Jagen savait ce qu’il en était de leurs origines communes. Kinan lui-même n’a jamais su qu’il avait un frère. Jagen avait été chargé de veiller sur lui, discrètement. Il a cependant fait preuve de certains dons.
- Lesquels ?
- Eh bien, alors qu’il était encore tout jeune, il a basculé par-dessus l’une des rambardes de sécurité de la Cité encore en construction. Il aurait pu en mourir ; mais il a réussi à stopper sa chute et à remonter. Il a ensuite été nommé « le marcheur du ciel », Skywalker en aurabesh. Il s’est par la suite engagé dans les forces de sécurité. Quant à Lena, elle a donné naissance à l’une des plus grandes lignées de Jedi, avec notamment le Grand Maître de l’Ordre pendant la Guerre Froide, Satele Shan. Une lignée qui a ensuite disparue, officiellement du moins. Mais les Nash sont encore ses descendants. Ce qui a conduit l’opinion à penser que tous les descendants de Revan avaient disparu.
- D’accord, mais quel est le rapport avec votre refus de ma carrière ?
- À ta naissance, ta mère a insisté pour choisir ton prénom. Lorsqu’elle l’a choisi… Eh bien, je dois t’avouer que je préférais envisager une sinistre coïncidence. Mais tu as choisi la voie des armes, et j’ai alors compris.
- Compris quoi ?
- La prophétie de Bastila… Eh bien, elle a été réinterprétée par la suite. Nos ancêtres pensaient qu’un jour, Jagen Eripsa, Lena Shan et Kinan Skywalker seraient réunis pour sauver la République. Et j’ai découvert qu’une Jedi se nommait Melena Nash.
- Donc…
- Tu ne comprends donc pas ? Ton destin est de sauver la République ! Tu t’en es montré digne au cours de cette épreuve, capable de surmonter toutes les difficultés auxquelles tu vas faire face ! Réfléchis un peu : cette prophétie ne s’est réalisée ni au cours de la Grande Guerre, ni au cours des Mille ans d’Obscurité. Tu as le pouvoir de sauver la République de la plus grande menace qu’elle ait jamais affrontée ! C’est ton destin ! La disparition de la Flotte Katana, la recrudescence de la piraterie… tout cela est annonciateur de temps de malheurs. Deviens ce que tu dois être ! L’homme qui va sauver la République !
Et voilà. Tout était dit. Jagen vit la longue route qui s’amorçait devant lui. La République avait besoin de son aide, il serait capable de lui porter secours. Toute cette corruption au Sénat, toutes ces menaces…
« J’ai confiance en toi, Jagen. ».
La voix de son mentor lui revint en tête. Aiden savait-il ? Non, bien sûr, mais il avait tout de même pressenti son destin. La Force était percée de bien des secrets.
- Bien des informations à appréhender, hein ? Viens, je vais te montrer l’autre salle pour te changer les idées.
Il conduisit Jagen dans une pièce annexe, de l’autre côté du terminal. Il se trouvait cette fois-ci au sommet d’un hangar, et sous ses pieds se trouvait…
… l’Ebon Hawk.
Le vaisseau de Revan, intact malgré son âge, trônait fièrement dans cette vaste pièce. Les lumières du toit s’allumèrent, et révélèrent de nombreuses caisses de verre, contenant des objets en tout genre. Ils descendirent par un vieil ascenseur et arrivèrent dans les couloirs de ce musée improvisé.
- Tu peux voire à ta droite les objets retrouvés par Revan lors de sa quête sur Korriban. Des artefacts Sith d’une grande valeur… Si le fisc savait qu’on les avait… Il y a de quoi tripler la déclaration de biens… Voici l’épée de Naga Sadow, et celle d’Ajunta Pall… Les gants de Marka Ragnos, et le masque de Tulak Hord… Des objets d’une grande puissance obscure…
Il disait vrai, Jagen le sentait. Il retrouvait dans ces objets une puanteur insoutenable : ils sentaient la corruption du Côté Obscur, une pourriture nauséabonde que Jagen crut avoir déjà senti. Atténuée, peut-être, mais bien présente… Mais où ?
Cela lui reviendrait. Pour l’instant, il valait mieux se concentrer sur l’instant présent.
- Et voici les vestiges des trois martyrs de la Grande Chasse. Duron Qel-Droma, Shaela Nuur, Guun Han Sareesh : ce sont les biens qui ont été retrouvés sur Korriban et Kashyyyk près de leurs dépouilles. Les pauvres… Cette arme, que tu vois là, appartenait à Freedon Nadd. Oui, nous sommes arrivés aux objets amassés par l’Exilée Jedi au cours de sa quête. Le plus horrible : ce masque, à ta gauche. Il appartenait à Dark Nihilus. Et voici l’armure de Dark Malak, et celle de Dark Bandon ; à présent, montons à bord du vaisseau.
Ils grimpèrent à bord de la rampe d’accès. Rien ne semblait s’être produit depuis près de quatre mille ans. Ils entrèrent dans la pièce en face d’eux.
Cela semblait être un ancien garage, mais il était vide, à l’exception de deux silhouettes reconnaissables.
- Les deux droïdes fétiches de Revan. T3-M4 et HK-47. Ils ont servi de modèles à bien des séries destinées à la réparation, au protocole ou à l’assassinat. Viens, nous allons dans la soute.
La soute se trouvait à gauche, deux portes plus loin. Elle ne payait pas de mine de l’extérieur, mais son contenu était bien plus reluisant.
- Des holocrons, expliqua Saron. Beaucoup ont été récupérés lors du Cataclysme d’Ossus. D’autres proviennent de différents Jedi solitaires.
Le regard de Jagen fut attiré par une visière en T qui lui parût familière. Le masque de Revan.
Tellement semblable à son buy’ce.
- Revan a sauvé la République et a permis aux mandaloriens de se reconstruire. Les Mandos ne l’ont jamais détesté : ils se sont inclinés et sont devenus plus prudents avec les Sith. Certains clans sont nés à cette époque, comme le clan Cadera, qui fut créé par Kelborn, un des lieutenants de Canderous Ordo. Le fait que tu ais été accepté parmi les guerriers en armure est significatif de ton importance, Jagen.
Le clan Cadera. Vanya. Tout était lié, finalement. En repensant à la belle guerrière, Jagen comprit que ses sentiments n’étaient pas falsifiables. Il en était réellement amoureux.
- Et maintenant ? demanda-t-il.
- Accomplis ton devoir. C’est tout ce que je peux te dire. Par la suite, j’aimerais que tu reprennes ma place au Sénat tout en conservant tes fonctions, mais c’est toi qui décideras. Occupe-toi déjà de prendre la place de Willspawn ; qui sait, c’est peut-être ainsi que tu deviendras le plus grand héros de la République…
Modifié en dernier par Jagen Eripsa le Jeu 01 Mar 2012 - 23:56, modifié 1 fois.
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Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 01 Mar 2012 - 20:00   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Chapitre 8

« Maîtres Jedi, j’ai besoin de votre assistance. Mes forces de sécurité ont assisté à plusieurs massacres d’activistes politiques par des mercenaires mandaloriens. Il faut que vous mettiez un terme à leurs agissements. »

Le gouverneur de Galidraan, dans un message secret à destination du Temple Jedi.

Centax I, Lune de Coruscant, 5 mois plus tard

La surface sans vie de Centax I, première lune de Coruscant, s’étendait sous le vaisseau de Jagen.
Depuis le cockpit de sa navette Nu, le jeune colonel pouvait observer les travaux réalisés pour la construction de sa base. Le Sénat avait refusé l’attribution de Centax II, un astre bien plus grand, à Jagen, et s’était contenté de lui offrir cette petite boule de pierre. Mais cela importait peu. La base n’en paraîtrait que plus imposante.
Le premier hangar achevé, situé au pied de ce qui sera très bientôt la tour de commandement, ouvrit ses portes, et Jagen pilota sa navette pour la placer sur le sol métallique à la fois froid et accueillant du vaste hall.
Conformément à la procédure, Jagen fit pivoter sa navette, pour la placer en position de sortie. Le hangar offrait une vue imprenable sur Coruscant et le district du Sénat. Dans l’étendue entre les deux lieux, le Knight’s Blade flottait, éclipsant partiellement la lumière de la planète capitale.
Jagen se leva de son siège et sortit de la navette. Si le hangar et le premier caisson étaient pressurisés, ils n’en étaient pas pour autant totalement achevés. Cependant, son bureau était à présent fonctionnel. Le jeune colonel saisit son code d’accès et entra.
La pièce était plongée dans la pénombre. La seule clarté présente provenait de la grande verrière, située au-dessus du hangar, qui offrait la même clarté que celui-ci. Une silhouette se découpait à travers.
- Maître Nash. Je suis heureux que vous ayez répondu à mon appel.
La lumière s’alluma doucement, révélant une jeune femme approximativement aussi âgée que Jagen, aux cheveux bruns coupés courts tombants sur ses épaules.
- C’est moi qui suis ravie que vous m’ayez contactée, colonel Eripsa.
- Je vous en prie, asseyez-vous.
Ils prirent tous deux place de part et d’autre du bureau.
- Maintenant, ma chère, entrons dans le vif du sujet.
- Je suppose que vous m’avez contactée en apprenant nos origines communes ?
- En effet. Vous savez donc, pour la prophétie de Bastila ?
- Bien sûr. Ma mère me l’a transmise, il y a des années.
- Votre mère ?
- Une grande Jedi. Elle a rejoint la Force il y a maintenant cinq ans. Une mission sur Maan Grear, dans la Bordure Extérieure.
- Toutes mes condoléances, tardives mais sincères.
- Je vous en remercie. Pour en revenir à la prophétie de Bastila…
- Oui, je voulais savoir si vous aviez un quelconque indice sur ce qui est arrivé à la famille Skywalker.
- Pas le moindre. Je croyais que c’était aux Eripsa de veiller sur eux ?
- En effet, mais mon père a failli à sa tâche. Il m’a révélé que les derniers descendants de cette famille avaient disparus lors d’une attaque de pirates, dans la Bordure Extérieure, à deux pas de l’Espace Hutt.
- Alors, nous ignorons si un dénommé Kinan est né.
- Il faut le découvrir. Mais je pense que oui. La coïncidence, entre nos deux noms, la situation galactique générale…
- Vous avez des soupçons ?
- Quelle a toujours été la plus grande menace pour la République ?
- L’Empire Sith.
- Ils sont de retour.
- Les Sith ont disparu depuis près d’un millénaire. Ils n’existent plus, Jagen.
- Ils se sont déjà cachés pendant plus longtemps que cela.
- L’Ordre a traqué tous les survivants de la Confrérie des Ténèbres à la suite de la bataille de Ruusan. Aucun n’a pu s’échapper vivant. La dernière manifestation d’un Seigneur Sith en activité a eu lieu sur Ambria, dix ans plus tard. Il a été massacré.
- Peu importe. Je veux être prêt. Et j’ai besoin de votre aide, Melena.
- Je vous écoute.
- Je souhaiterais que vous effaciez une planète des banques de données du Temple.
- Laquelle ?
- Anoth, près du Corridor d’Ison.
- Pourquoi ?
- Je vais assembler une flotte secrète.
Melena ne dit mot. Elle semblait stupéfaite. Ce que Jagen comprenait. Seuls les putschistes et les dictateurs agissaient ainsi.
- Vous n’allez pas vous en servir pour prendre le pouvoir ?
- Ce n’est pas mon but.
- C’est ce qu’ils disent tous. Et à chaque fois, la plèbe les croit.
- Je veux être prêt à toute éventualité.
- Et… pourquoi particulièrement Anoth ?
- C’est une planète extrêmement intéressante. Elle dispose de vieilles installations datant de la création de Tibannapolis, lorsqu’il a fallu assembler une autre plateforme géante. Le système est auto-suffisant, et la proximité avec Bespin assure un approvisionnement aisé en carburant.
- Le secret ne tiendra pas. Les ouvriers parlent, vous savez.
- Pas les droïdes.
- C’est insensé. Où trouverez-vous des modèles suffisamment perfectionnés pour réaliser des travaux de cette importance ?
- J’ai deux engins qui ont fait leurs preuves…
- Vous les avez récupérés ? Les deux ?
- Ainsi que le vaisseau et une tonne d’autres reliques. Dont le masque.
- Incroyable…
- C’est bel et bien un masque mandalorien. En beskar.
- Tiens, ça me rappelle la réunion dont je sors, dit la Jedi sur le ton de la conversation.
- Ah ?
- Oui. Il y a des problèmes avec des commandos sur Galidraan, et Maître Dooku a été envoyé pour mettre un terme aux agissements de ces bandits. Leur chef a un nom bizarre… Feet, je crois.
- Fett. Jango Fett.
Le sang de Jagen ne fit qu’un tour. Dooku était connu dans toute l’armée pour ses méthodes pour le moins… expéditives. Jango n’avait aucune chance.
A moins que…
- Que faites-vous ?
Jagen était en train de se lever lorsqu’il vit une ombre passer derrière lui. Des croiseurs consulaires.
Ils sont déjà en route.
- Jagen ?
- Ils font erreur. C’est un coup monté.
Jango en serait capable. Mais le gouverneur de Galidraan n’est pas réputé pour sa tolérance. Il leur a tendu un piège.
Mais pourquoi ?

- Ecoutez, Melena. Avertissez le Conseil que Dooku fait fausse route. Il traque le mauvais coupable.
- Mais enfin, comment pouvez-vous en être si sûr ? Ce n’est…
- Je connais Jango. C’est mon ami. Et je vais aller l’aider.
On disait que les liens les plus forts étaient ceux tissés au cœur du combat. Et à présent, Jagen comprenait pourquoi.
Il sortit de la pièce précipitamment et courut vers sa navette. Le vaisseau encore chaud décolla instantanément. Il se dirigea vers le Knight’s Blade et contacta le pont.
- Lieutenant Tinor, vous me recevez ?
- Cinq sur cinq, colonel. Que puis-je faire pour vous ?
- Faites chauffer les réacteurs et calculez les coordonnées pour un saut vers Galidraan. On a un problème à régler.
- Très bien. Je dois inscrire cette manœuvre dans le journal de bord ?
- Ça peut attendre.
- Bien reçu. Tinor, terminé.
Un bon soldat, ce Tinor. Jagen se dit que cette mission serait l’occasion de tester sa loyauté envers lui. Il aurait besoin de tous les appuis disponibles dans le futur.
Une compagnie de soldats en armure au garde-à-vous était déjà là. Le lieutenant ne badigeonnait pas avec la hiérarchie. Ils vinrent se placer de part et d’autre de la rampe du vaisseau.
Jagen coupa les moteurs et sortit en courant. Lui qui s’habitude inspectait les tenues de ses hommes ne leur jeta même pas un regard. Il atteignit le turbolift devant lui et monta à l’étage du pont.
Lorsqu’il y entra, le personnel était en effervescence. Plusieurs techniciens s’affairaient à éplucher les rapports de situation des différents moteurs. Tinor avait dû sentir dans sa voix à quel point la situation était tendue.
Le jeune lieutenant s’approcha de lui, toujours aussi rigide. Il était aussi l’un des rares à regarder Jagen droit dans les yeux, non pas par désinvolture envers son rang mais en raison de sa taille, aussi imposante que celle du colonel. Et Jagen, qui ne voyait habituellement dans ses yeux que loyauté et obéissance, y saisit une nouvelle lueur.
Le doute.
Mes hommes ont le droit de savoir. Le droit de savoir où je les mène, le droit de savoir ce que je compte faire d’eux, le droit de savoir pourquoi ils vont mourir.
- Lieutenant, tout est prêt ?
- Nous n’attendions plus que vos ordres.
- Alors, passons en hyperespace.
Le navigateur abaissa une manette et Jagen vit les étoiles s’étendre et tournoyer. L’hyperespace est si fascinant. Une poésie sans mots. Une chanson sans mélodie. Un holofilm sans intrigue. Si simple, trop simple, mais tellement beau. Il prit place sur son siège.
- Très bien. Mell, vous aviez des questions à me poser ?
- Euh… oui, colonel, mais comment le saviez-vous ?
- Appelez ça un pressentiment. Vous voulez savoir pourquoi nous allons sur Galidraan, n’est-ce-pas ?
- Avec votre respect, colonel.
- Le Conseil Jedi a commis une erreur. Une faute qui risque de conduire à un véritable massacre. Mon rôle est de l’en empêcher. Et le votre est d’amener ce croiseur à destination.
- Si vous le dites… Monsieur, les croiseurs consulaires qui nous ont dépassé tout à l’heure… Ils allaient aussi vers Galidraan non ?
- En effet. C’est l’équipe de l’Ordre. Nous devons arriver au campement mandalorien avant eux.
- Des mandaloriens, colonel ? Des ennemis de la République ?
- Pas le moins du monde. Plus maintenant, en tout cas. Ce sont des hommes valeureux, appliquant les règles de l’honneur à la lettre. Et leur chef est un de mes amis.
- Un de vos amis, colonel ?
- Si vous voulez tout savoir, demandez à lire le débriefing de la mission sur Korda VI.
- Je vous fais confiance, monsieur. Comment doit-on agir ?
- Pardon ?
- Il est hors de question de vous laisser seul sur ce tas de neige. Nos hommes débarqueront avec vous.
- J’irai plus vite seul.
- Je me permets d’insister. Nous ne pouvons pas vous perdre.
- Alors, ils devront se poser un peu plus loin. Mais je dois arriver là-haut avant que tout ne dégénère.
- Vos désirs seront des ordres, colonel.
- C’est là qu’est le problème, lieutenant.
Tinor eut l’air surpris ; et Jagen sentit dans la Force qu’il l’était vraiment. C’est pratique, ce truc, dans les conversations…
- Vous êtes trop rigide, vous acceptez toutes les remontrances. Je n’accepte pas les écarts de tenue, et je souhaite un bon comportement de la part de mes hommes, mais vous en faites trop. Je ne suis pas à l’abri d’une erreur ; j’en ai déjà commise une sur Yag’Dhul.
- Mais, colonel…
- Appelez-moi Jagen. En public, vous pouvez user du protocole, mais je ne vois pas pourquoi je ne vous appellerais pas par votre nom. Y a deux syllabes de moins…

************


Lorsque le Knight’s Blade sortit de l’hyperespace, le sphère blanche qu’était Galidraan emplit la baie vitrée du pont. Un spectacle magnifique pour tous les connaisseurs.
Jagen savait cela, mais n’y assista pas. Il était dans le hangar, prêt à décoller, aux commandes de sa navette. Une petite escouade de soldats en armure polaire l’accompagnait. Dès le retour dans l’espace réel, les portes du hangar s’ouvrirent et libérèrent le frêle vaisseau dans le vide.
Immédiatement, Jagen rechercha les traces du campement mandalorien. Les Jedi étaient en train de se poser ; les réacteurs des croiseurs consulaires étaient moins rapides que ceux des destroyers Arrow, mais pas suffisamment pour permettre au vaisseau de combat républicain de les dépasser dans l’hyperespace.
Mais la taille jouait cette fois-ci en faveur de Jagen.
Il repéra une carrière où s’élevaient de nombreuses tentes. La base des commandos. Une petite clairière s’étendait à une centaine de mètres de là. Jagen lança la procédure d’atterrissage et se prépara à sortir. Inutile de revêtir son armure et son buy’ce pour le moment, Dooku n’en serait que plus méfiant. Et il l’était déjà assez.
La rampe d’accès s’abaissa et Jagen sortit à toute vitesse. Courut comme si sa vie en dépendait. Ce qui risque d’être le cas si ces Jedi sont aussi bornés qu’on le dit. Dans tous les cas, il faut sauver Jango. Lorsqu’il émergea dans la carrière, voyant un groupe d’hommes et de femmes encapuchonnés à sa gauche, il crut avoir échoué. Mais celui qui semblait être le chef des assaillants s’avança vers les commandos situés à la droite de Jagen. Il parla d’une voix forte et grave, pleine de noblesse et de dédain.
- Mandaloriens, je suis Maître Dooku. Vous êtes accusés de meurtres. Rendez-vous et vous aurez droit à un traitement équitable.
Une jeune femme à sa droite s’avança également et ajouta :
- Mais résistez, et nous ferons justice sur-le-champ !
Prenant son courage à deux mains, Jagen se rua sur le groupe de Jedi en hurlant :
- STOP ! ARRÊTEZ TOUT !
Il sentit son erreur plus qu’il ne la vit et perçut une lame à moins de trois centimètres de son cou. Les Jedi ne semblaient pas apprécier ce visiteur impromptu.
- Eh bien… qu’avons-nous là, Komari ?
- Un militaire, maître. Il porte l’uniforme de la République.
- Sur Galidraan, soutenant les mandaloriens ?
Jagen se risqua à répondre :
- Je suis le colonel Eripsa. Les mandaloriens ne sont pas vos ennemis.
- Vraiment ? Alors pourquoi ont-ils massacré des opposants politiques ?
Un bruit de pas écrasant la neige se fit entendre. Jango.
- Cet homme est notre ami, Jedi. Il sait que nous ne tuons pas sans raisons.
- Vraiment, mandalorien ? Et pourquoi devrais-je vous croire ?
- Parce que vous avez été abusés, tout comme nous l’avons été.
- C’est ce que vous dites. Très bien, expliquez-vous.
La situation semblait s’apaiser. Mais Jagen devait encore régler un problème.
- Euh… maître Dooku ?
- Oui ?
- Pourriez-vous demander à votre padawan de couper sa lame ? Parce que je trouve cette situation quelque peu stressante, si vous voyez ce que je veux dire.
- Très bien. Komari ?
- Tout de suite, maître.
La lame bleue s’éteignit, et les autres Jedi firent de même. Jango fit signe à Dooku de le suivre dans ce qui semblait être sa tente. A l’intérieur du bâtiment de toile, plusieurs caisses étaient posées sur le sol. Dooku, Jagen et Jango s’assirent sur ces sièges improvisés. Chacun gardait un regard sur les autres.
- Et maintenant, mandalorien ? Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?
- Nous avons été trahis, expliqua Jango. C’est le gouverneur de Galidraan lui-même qui nous a embauchés. D’habitude, je préfère me charger des pirates, mais il a expliqué que ces extrémistes commettaient des attentats. Et pour être sûr de notre implication. Il nous a tendu un appât. Vizsla.
- Qui ? demanda Dooku.
- Le chef des Death Watch. Une organisation terroriste aux ordres d’un criminel. Les mandaloriens rénégats, ceux qui préfèrent aux voies de l’honneur celles du pillage.
- Vous mentez.
- Non, maître Dooku, intervint Jagen. Ce groupuscule a déjà commis des actes contre la République. Il y a un an, peu de temps après la disparition de la Flotte Katana, j’ai été envoyé escorter le sénateur Valorum sur Korda VI. Les Death Watch ont essayé de nous capturer et ont détruit notre vaisseau. Sans Jango, je serais mort à l’heure qu’il est.
- Si vous le dites.
- Je vais vous dire une chose, Jedi, commença le Mand'alor. Je ne respecterai jamais l’autorité de votre Conseil de Coruscant. Il est lâche et obséquieux. Les seuls Jedi qui ont jamais obtenu le respect du peuple Mandalorien sont ceux qui se sont montrés forts, comme l’Exilée Jedi ou Revan.
A la mention de son ancêtre, Jagen sentit ses joues rougir. Si Jango savait…
- Il se sont battus contre nous, poursuivit-il. Ils se sont aussi battus à nos côtés. Et ils ont gagné notre loyauté, en se montrant plus intelligents, plus combattifs, plus retors aussi que nous.
C’était une idée, ça. Des Jedi et des Mandaloriens se battant côte à côte, dans la même armée. Très tentant.
Il faudrait que le monde change beaucoup pour voir un tel acte s’accomplir.
Mais on peut déjà faire un test….
- Si j’ai bien compris, dit Jagen, nous avons donc un ennemi commun ?
- Le gouverneur de Galidraan a trompé l’Ordre, répondit Dooku. Nous allons le traduire devant la justice de Coruscant, où il devra répondre de ses actes. Mais sans aide, nous ne pouvons pas l’atteindre. Les forces gouvernementales et le Death Watch doivent travailler de paire.
- Et moi, j’ai un dette à faire payer à Vizsla.
- Alors, travaillons ensemble. Mes hommes sont en train de débarquer avec leur équipement. Mettons un terme à l’existence de ces traîtres.
- Je vais en parler au Conseil.
- Moi, je suis d’accord, dit Jango. Du moment qu’on me laisse la tête de mon ennemi. Je veux le tuer moi-même.
- Dans ce cas, conclut le maître Jedi, préparons-nous pour la bataille qui approche.
Dooku sortit, laissant seul les deux militaires.
- On dirait que j’arrive à temps, cette fois-ci ? dit Jagen, un sourire aux lèvres
- Tu me sauves la mise, répondit le mandalorien. Tu es vraiment un ami des Mandos. Tu as pris ton armure ?
- Bien sûr. Elle reste toujours à bord de mon croiseur. Dans mes quartiers privés. Tes hommes seront bientôt là ?
- Ils doivent être en train de décharger les chars. J’ai quelques T1-Bs et des TP-TTs. De quoi empêcher cette vieille sangsue de gouverneur de dormir.
- Et de m’aider à écraser la tête de Vizsla contre un rocher.
Sur ces mots, il sortit à son tour de la tente, laissant Jagen seul avec ses pensées. Les Mandaloriens ont un rapport très proche avec le Côté Obscur. Mais c’est contrebalancé par leur amour et leur camaraderie. Ils ne sont pas mauvais. Il faut juste ne pas les avoir comme ennemis…

************


La salle de briefing improvisée dans les soutes du transport Gallofree de Jagen était rudimentaire, mais avec la tempête qui balayait tout à l’extérieur, tout le monde était content d’y être au chaud. Les différents officiers, commandos, et chevaliers Jedi étaient assis sur des sièges de fortune ; les trois commandants étaient debout devant eux, en train d’expliquer le plan de bataille. Une image tridimensionnelle du château s’étendait derrière eux.
- D’après nos repérages, commença Jango, le palais du gouverneur de Galidraan dispose de plusieurs entrées de secours, dans les souterrains. Elles sont peu ou pas défendues. Mon groupe s’occupera de cette porte (il désigna ce qui ressemblait à un petit hangar, à la base de la structure), tandis que celui de Myles prendra celle-là (il montra cette fois-ci une porte de sécurité incendie). Nous pénétrerons le palais et attaquerons le gouverneur.
- Les soldats républicains et les Jedi, reprit Jagen, se concentreront sur l’entrée principale. Nous attirerons les gardes et le Death Watch à l’extérieur du palais, grâce à nos chars et à la présence des Jedi.
- Et pour ce qui est de leurs tourelles ? demanda un des hommes de Jagen.
- Le Knight’s Blade effectuera un bombardement préventif sur leurs défenses. Les chasseurs patrouilleront ensuite et viseront leurs cibles à découvert. Le croiseur concentrera ses tirs ici (il pointa du doigt un bloc de casernes) et là (une antenne com). Le Death Watch ne pourra pas ainsi appeler ses vaisseaux pour évacuation. C’est l’occasion d’en finir une fois pour toutes.
- Le Conseil a donné son accord à cette opération, expliqua Dooku. Le gouverneur est à présent sous le coup d’un mandat d’arrêt. Nous devons le prendre vif.
- Mais, ajouta Jango, cela n’est pas valable pour Vizsla.
- Il est à vous, Mandalorien.
- Dans ce cas, conclut Jagen, il est temps d’y aller. Nous nous mettrons en marche dans une heure.
Dehors, la tempête semblait s’être un peu calmée. Jagen sortit par la rampe de débarquement et vint se placer près d’un char. Il se posa et attendit, au chaud dans son armure, en consultant les infos sur le terminal HNE intégré.
Lorsque l’heure vint à son terme, les groupes de combats se mirent en marche. Le son des pas des TP-TTs dominait, un vacarme métallique et régulier. Jango vint se placer aux côtés de Jagen.
- Nous allons passer par un petit village, dit-il. La route qui part de là nous conduira directement au palais. Nous nous séparerons cent mètres avant pour gagner les entrées secondaires sous le couvert des arbres.
- Ok. Tout ira bien ?
- Sans problème. Et, au fait…
- Oui ?
- Merci d’être venu à notre aide. Dooku aurait pu nous abattre tous si tu n’étais pas intervenu. Et… Jagen ?
- Qu’y a t-il ?
- Comment ça se passe, avec Vanya ?
La guerrière mandalorienne était en mission de routine à l’académie de Raithal. Elle serait sûrement furieuse en apprenant l’engagement de Jagen aux côtés de ses anciens frères d’armes.
- Elle va bien. Elle ira loin, cette petite.
- Et tu l’aideras, hein ?
- Pourquoi dis-tu cela ?
- Quand tu parles d’elle… On voit que tu l’aimes.
Décidément, il était donc si facile à percer à jour ? J’aimerais bien ne plus y penser, mais c’est plus fort que moi. Qu’est ce qui m’attire chez elle ? Son teint, ses jambes, sa poitrine ? Elle est belle, mais c’est plutôt son caractère. Si forte, si têtue… Elle a tout pour me plaire ! Il faudrait que…
Ses pensées s’interrompirent net. Ils venaient de pénétrer dans une autre clairière, occupée par des maisons. Des maisons en feu.
Le village avait été attaqué.
Les soldats accélérèrent le pas et pénétrèrent au centre des habitations. Les habitants, hommes, femmes et enfants, gisaient là, avec des marques de blasters.
Ils ont été massacrés. Par la Force, comment peut-on être si cruel ?
Jango s’agenouilla sur la dépouille de l’un d’eux. Il portait les marques d’une botte sur sa figure. Une botte mandalorienne.
- Il est mort depuis moins de trois heures. Son corps est encore chaud. Vous croyez encore en notre culpabilité, Jedi ?
Dooku était abasourdi. Chancelant, il s’assit sur un bloc de pierre arraché à l’une des maisons.
- Tant de morts…
- Nous étions avec vous à ce moment là. Ces gens sont les victimes des Death Watch.
- Le gouverneur avait dit que vous aviez massacré des femmes et des enfants…
- Les mandaloriens n’agissaient ainsi qu’au temps des néo-croisés. Nous avons évolué, en quatre mille ans. Je connais des commandos issus du monde de la finance, ayant été de grands docteurs, qui faisaient même partie d’une quelconque noblesse planétaire et qui ont tout abandonné pour faire partie des Mandos. Nous ne sommes pas des monstres.
- Le Conseil n’aurait jamais dû écouter les suppliques du gouverneur….
- Il est heureux que vous n’ayez pas vous-même commis d’injustices, conclut Jango. Nous rendrons hommage aux morts plus tard. Occupons-nous déjà des vivants.
Le groupe se remit en marche sur ce qui était une longue route droite, pavée par de gros blocs de roche. Le sol inégal ne posait cependant problème qu’aux hommes, les chars républicains étant prémunis contre les difficultés de ce genre.
Après une nouvelle heure de marche, ils arrivèrent en vue du château. Jango fit un geste de ralliement en l’air et disparut dans les arbres. Sans un mot, les autres supercommandos le suivirent. Il ne restait donc là que les Jedi, les soldats républicains et Jagen, habillé de son armure qu’il avait repeint aux couleurs de la République. C’était à lui de lancer l’assaut.
- En avant. Avancez à couvert. Le Knight’s Blade va bientôt effectuer son travail.
Il avait bien raison. Moins d’une minute plus tard, des explosions se firent entendre et une fumée s’éleva dans les airs. Tinor est ponctuel, on dirait… Une alarme stridente retentir aux alentours du palais. L’état d’alerte était enclenché.
- Vite ! Il faut gagner du temps !
- Colonel, des mandaloriens sortent du palais !
Ce qui était inexact mais pas faux. Pour des non-initiés, l’armure des soldats du Death Watch était identique à celle que portait Jagen. Il était temps de mettre les choses au point.
- L’armure du Death Watch est jaune et verte avec des pointes sur le casque ! Souvenez-vous-en !
Le mur d’enceinte du palais leur offrait pour l’instant un excellent abri, mais cela ne durerait pas. Les renégats mandaloriens les détruisaient déjà à coups de tanks. Ils seraient bientôt sur eux. A moins que…
- On change de plan ! s'écria-t-il. Les Jedi défendent les chars ! On va dans le fossé !
Le château du gouverneur, en plus d’être partiellement ceint d’une haute muraille à présent compromise, était entouré de fossés qui avaient dû être d’anciennes douves, vestiges d’un temps préglaciaire où Galidraan connaissait les vagues de chaleur.
Alors que le haut mur de pierre s’effondrait sous les tirs des hommes du Death Watch, les soldats de Jagen coururent s’abriter dans le fossé. Leurs ennemis, croyant la voie dégagée, avancèrent sur le pont qui reliait le palais à la route par laquelle ils étaient arrivés. Cachés sous le l'édifice, les soldats républicains étaient hors d’atteinte des canons des chars des Death Watch. Les Jedi devaient à présent affronter seuls les véhicules. Pour quelques instants. Les walkers et les speeders reculaient à présent, protégés des tirs lasers par les Jedi, qui se faisaient peu à peu surpasser. Deux d’entre eux étaient tombés, et le speeder qu’ils protégeaient avait été détruit. Alors que le véhicule allié s’enflammait, Jagen choisit de passer à l’attaque.
- En avant ! Prenons-les par derrière !
Les soldats de la République, comme un seul homme, reprirent leurs positions d’origine, et se mirent à tirer sur les commandos de Vizsla. Ceux-ci, surpris, choisirent de faire face à leurs assaillants. C’est le moment que choisit Dooku pour contre-attaquer. Alors que les véhicules ennemis pivotaient, les Jedi bondirent sur leur toit et entrèrent en découpant les flancs métalliques grâce à leurs sabrelasers. Les canons se stoppèrent ensuite les uns après les autres. Quelques-uns des soldats de Jagen étaient déjà tombés, mais ils reprirent vite l’avantage sur les Death Watch.
Quelques minutes plus tard, les commandos ennemis gisaient sur le sol, morts ou blessés. Le camp républicain était vainqueur, avec malgré tout des pertes qui, malgré leur faible nombre, paraissaient énormes aux yeux de Jagen. Je dois me battre pour chaque homme qui meurt. Si je n’avais pas souhaité venir ici, ils seraient encore en vie. « Et d’autres seraient morts, répondit une petite voix dans sa tête. Et des criminels seraient en fuite. On ne peut pas savoir ce que décide la Force… ».
Alors qu’il observait les Jedi agenouillés sur les blessés et administrant les premiers soins à ceux qui en avaient besoin, une sonnerie de comlink bipa. Il vérifia son appareil, mais celui-ci était hors service. C’est alors qu’il comprit. Mon casque.
- Jagen, tu me reçois ?
La voix de Jango était atténuée par un bruit de rafales de tirs, de cris d’hommes blessés et d’explosions de grenades.
- Oui, Jango ?
- On rencontre un peu plus de difficultés que prévu ! Les gardes du gouverneur nous bloquent le passage ! Entre dans le palais !
- Ok, j’arrive.
Il coupa la com et se dirigea vers Dooku. Celui-ci était en train de lire un rapport.
- Jango a des problèmes. Nous devons le rejoindre.
Dooku se retourna, lentement. Il dégageait une aura impressionnante, un sentiment d’élégance. Et ce que Jagen avait vu au cours des combats ne le démentait pas.
- Très bien. Les chevaliers, ma padawan et moi-même entreront dans le palais par la porte principale. Les autres padawans doivent rester ici pour s’occuper des blessés. Qu’allez-vous faire, colonel ?
Le fait que Dooku commence à le désigner par son grade était bon signe. Le maître Jedi avait l’ai si hautain en général que Jagen se demanda s’il n’avait pas fait partie de la noblesse de telle ou telle planète.
- Mes hommes ont des grappins. Nous passerons par les fenêtres.
Dooku rejoignit alors les autres Jedi, laissant Jagen seul. Le jeune colonel se rapprocha de ses hommes, qui attendaient en bavardant.
- On a encore du boulot, monsieur ?
Le soldat qui venait de parler était un caporal appartenant aux patrouilles du Knight’s Blade. Jace Dallin, si ses souvenirs étaient exacts.
- Quelques ennemis à dégommer et la journée est finie, caporal Dallin. Ne vous inquiétez pas, tout sera terminé à l’heure du dîner.
- J’espère, colonel, le cuistot doit faire du crabe berbésien, au mess, ce soir.
Ils rirent tous vigoureusement, profitant encore quelques instants de ce court répit. C’était le rire d’hommes sachant qu’ils risquaient de mourir, et qui savaient que c’était un des risques du métier. La plupart d’entre eux étaient des humains, mais Jagen distingua au sein de l’escouade des mâles d’autres espèces, comme des Duros ou des Twi’leks. Il distinguait même un Togorien, au dernier rang, qui dominait tous les autres de par son imposante stature.
Tandis que la blague s’estompait – mais était-ce vraiment une blague ? – les soldats s’approchèrent des flancs de l’imposante structure. Jagen se souvint d’un voyage sur Vortex au cours de ses études ; et le palais du gouverneur, de style gothique coruscantien, n’était pas sans rappeler la Cathédrale des Vents. Les hommes en armure se placèrent au pied du mur, visèrent la corniche surplombant les fenêtres et tirèrent.
Une trentaine de fils s’élevèrent quasi-simultanément dans les airs, munis à leur extrémité d’un grappin magnétique. Tous les tirs firent mouche, offrant aux tireurs des cordes de fortune.
Les soldats se ceinturèrent avec le fil et entamèrent la montée. Jagen préféra pour sa part utiliser son nouveau jetpack, destiné à remplacer celui qu’il avait perdu sur Bespin. Lorsque tous ses hommes prirent enfin pied sur le rebord des fenêtres, il saisit son blaster et tira.
Les ouvertures se transformèrent en une véritable poudre de verre. Aussitôt, les soldats républicains sautèrent à l’intérieur et découvrirent un couloir ensanglanté. Les gardes qui s’y étaient tenus avaient été couverts par cette poussière mortelle. Ceux qui y avaient survécu ne seraient pas en état de combattre avant longtemps. Heureusement pour Jagen, ses hommes, dont le visage était masqué par les casques standards de l’armée, n’avaient rien. Dallin s’approcha de lui.
- Et maintenant, colonel ?
- Nous devons atteindre les quartiers du gouverneur, dit le colonel. Les Jedi et les Mandaloriens nous y retrouveront.
Enjambant les blessés, Jagen se rapprocha de la porte située au bout du couloir. L’ouverture en bois était très travaillée, ce qui laissait Jagen penser que le gouverneur vivait bien mieux que ses « citoyens ».
Mais ce qui était beau n’était pas forcément pratique, et la porte, qui selon le colonel aurait dû être capable de résister à un tir de blaster, s’ouvrit d’un simple coup de poing. Tout était beaucoup trop simple. Et en voyant ce qui l’attendait derrière, il comprit pourquoi.
Une escouade complète de gardes du palais s’était retranchée derrière des tables en bois dur, qui faisaient office de barricades improvisées. Ils le mirent en joug, prêts à faire feu. Ses hommes arrivèrent par derrière, et Jagen se retrouva dans le no man’s land entre les deux.
Le combat semblait inévitable, et les forces étaient si équilibrées que l’affrontement engendrerait sans alternative de lourdes pertes. Jagen devait tenter le tout pour le tout.
- Baissez vos armes, dit-il aux gardes. Nous ne sommes pas vos ennemis.
- Vous avez tué nos collègues, dans ce couloir, répondit le chef des défenseurs. Nous ne sommes pas idiots. Vous profitiez de votre avantage. Maintenant, c’est à notre tour.
- Nos renforts seront bientôt là. Nous ne voulons que le gouverneur et le Death Watch. Ils doivent répondre de leurs crimes devant la justice.
- Vous mentez. Le gouverneur est sage et juste avec son peuple.
- Voulez-vous savoir ce qui est arrivé aux habitants du petit village, à une heure de marche du château ? Ses habitants étaient heureux, en paix. Et il les a massacrés. Pour appuyer ses propos. Pour nous monter les uns contre les autres.
- Le… non, ce n’est pas possible…
- Vous y aviez de la famille ?
- Non, des amis. Ils m’ont envoyé un message com disant que des mercenaires des Death Watch approchaient d’eux tout à l’heure ; ils voulaient savoir pourquoi ils avaient été envoyés. Je leur ai dit que je ne savais pas….
- Toutes mes condoléances. Qu’en pensent vos hommes ?
- Rien d’étonnant, dit l’un d’eux. Depuis que ce Vizsla est arrivé, ce palais est une vraie fosse d’aisance. Il est temps de revenir à quelque chose de plus sain.
Et voilà. La négociation avait fait ses preuves. Et la rumeur se propagerait vite sur les circuits com du palais. Le gouverneur allait très vite perdre toute sa garde.
- Comment peut-on accéder aux quartiers du gouverneur ?
- Il a fermé sa porte blindée, répondit l'un des gardes, mais il existe un autre moyen. Jax, tu peux les y conduire ?
- Pas de problème, lieutenant.
- Quant à moi, je vais rester ici et contacter toutes les escouades. Prévenez vos camarades Jedi. Heureusement, il n’y a pas encore eu de morts.
- Et dans les souterrains ?
- Des larbins du Death Watch, dit un des soldats. Y z’ont volé pas mal d’armures, et le gouverneur a dit quedal. Seraient plus efficaces que nous, à c’qui paraît. Mon œil. Y reculent surtout devant rien.
- Merci pour ces informations. Soldat Jax, nous vous suivons.
- Par ici, je vous prie.
Le garde du palais les emmena par une porte dérobée et les conduisit dans un véritable dédale de couloirs. Dallin marchait aux côtés de Jagen, peu rassuré par l’endroit. Je serai incapable de m’y retrouver, même si ma vie en dépendait…
Après cinq minutes de marche dans ce labyrinthe improvisé, leur guide les fit passer par une petite trappe. Émergeant de l’ouverture étroite, Jagen vit…
… des femelles Twi’leks.
Des esclaves, ici ! L’esclavage était interdit depuis longtemps au sein de la République, et la présence de cette salle au cœur des quartiers du gouverneur de Galidraan était une preuve supplémentaire, s’il en fallait, de sa corruption.
Leur guide fit signe aux esclaves de se taire, et leur dit de passer par une grande porte qui se trouvait au bout de la salle. Après cela, il retourna dans les couloirs pour rejoindre son groupe. Couvert par ses hommes, Jagen enfonça la porte.
Le gouverneur était assis dans son fauteuil, au centre d’une salle si richement décorée qu’elle devait avoir plus de valeur que tout le reste de la planète. Plusieurs gardes des Death Watch se tenaient auprès de lui, dont leur chef.
Vizsla était tel que Jango lui avait décrit, un être repoussant aux longs cheveux gras dont la moitié du visage portait les marques d’une explosion. Son regard transpirait la folie et la cruauté, et sa bouche était tendue en un rictus qui aurait pu pour toute autre personne être de la douleur.
- Ah, mais voilà le petit prodige de Korda… Cet osik de République aide les Mandaloriens, à présent ? Ou agis-tu contre les ordres de tes chefs ? Hmm…. Voyons comment Jango réagira une fois que je t’aurai arraché le cœur….
Alors que Vizsla saisissait son blaster, plusieurs choses se produisirent simultanément.
Le criminel portait la main à son holster lorsqu’un bruit inimitable se fit entendre. Des sabrelasers entaillaient la porte blindée du gouverneur. Le chef des Death Watch fut distrait par cette intervention impromptue, qui n’était pas la dernière.
Les Mandaloriens, avec leur Mand'alor en tête, pénétrèrent dans le bureau, et abattirent immédiatement les hommes de Vizsla. Celui-ci avait oublié Jagen, et faisait à présent face à Jango.
- Tu vas mourir, Mandalorien !
Les deux hommes commencèrent un combat que Jagen aurait aimé suivre, mais il en fut empêché par l’arrivée des derniers commandos des Death Watch.
Se retranchant derrière une table avec ses hommes, Jagen commença à affronter les ennemis nouvellement arrivés. Les Mandaloriens privés de leur chef se placèrent derrière le bureau, avec l’un d’eux retenant le gouverneur prisonnier. L’arrivée des Jedi, alors que Jagen abattait l’un des traîtres mandaloriens d’un tir de blaster dans la tête, acheva de rendre la bataille confuse. Les sabrelasers bleus et verts des chevaliers s’occupèrent des derniers membres des Death Watch.
Le calme retomba quelque peu dans la pièce, mais le combat entre Jango et Vizsla continuait. Jango évita de peu la lame surgie de la manche de son adversaire et bondit au-dessus de la table, s’accrocha au magnifique lustre de cristal qui la surplombait, et se balança de façon à faire basculer Vizsla des deux pieds. Un autre coup de couteau s'enfonça dans l'entrejambe, et le Mand'alor poussa un cri de douleur avant de se relever. A la gauche de Jagen, Dallin fit mine d’intervenir, mais il le retint.
- Cette bataille est celle de Jango ; nous n’interviendrons que s’il est en difficulté.
Les deux combattants se livraient à présent un duel au sabre, chacun portant ce qui semblait être un splendide beskad mandalorien. Les lames tourbillonaient et frappaient, mais chaque coup était arrêté, et aucun des deux adversaires n’avait l’avantage. Ils tournaient en cercle sans s’en rendre compte, entourés par une foule de spectateurs improvisés. Mandaloriens, soldats de la République et Jedi, tous observaient ce combat de titans.
Mais les deux combattants s’épuisaient peu à peu, et Jango, bien plus jeune que son adversaire, prenait l’avantage. Il alluma son jetpack, fonça sur Vizsla et l’accrocha. Celui-ci, surpris, lâcha son arme et essaya d’agripper le lustre auquel Jango s’était pendu auparavant ; une erreur fatale, puisque l’objet fragilisé lui resta dans les mains. Le Mandalorien fonça vers une grande fenêtre, la transperça et s’éleva dans les airs avant de lâcher Vizsla, qui tomba comme une masse. Alors qu’il allait toucher le sol, Jango saisit son blaster et tira. Le rayon frappa le Mandalorien déchu en pleine poitrine.
On pouvait difficilement survivre à une chute d’une telle hauteur, et Vizsla avait, en plus de son crâne fracassé, un large impact noirci sur son torse. Le chef des Death Watch était mort ; la neige autour de lui avait été souillée de son sang. Alors que Jagen se tenait là, sur le balcon, à observer la dépouille du criminel, Jango vint se poser près de lui, et retira son casque pour contempler la scène.
Les mois qui venaient de passer depuis la dernière fois qu’il l’avait vu tête nue avaient dû être très éprouvants, car le visage de Jango était bien plus marqué qu’auparavant. Mais Jagen y décela quelque chose qu’il n’avait encore jamais vu chez cet homme frappé par la mort de ses parents et de son mentor ; un sentiment de devoir accompli.

************


Le gouverneur de Galidraan avait été conduit à bord d’un croiseur Jedi immédiatement après son arrestation. Il avait prétendu être une victime dans cette affaire, un otage des Death Watch. La persuasion Jedi avait cependant mis fin à ces élucubrations, ce qui rappela à Jagen à quel point il fallait être prudent avec les utilisateurs de la Force. C’est comme le chasseur de primes dont la tête est mise à prix ; je peux accéder à la Force, et si je ne cachais pas mes talents, les gens me regarderaient comme je regarde ces Jedi aujourd’hui. Ce que je ne souhaite pour rien au monde.
- Colonel Eripsa, je remettrai un rapport sur vous au Chancelier Kalpana. Il sera averti de votre conduite au cours de cette mission.
Jagen, qui observait ses chars en train d’avancer, se retourna. Maître Dooku était là, accompagné de sa padawan.
- Cependant, je dois vous féliciter pour votre intervention, poursuivit le Jedi. Vous avez évité un massacre, pour les Mandaloriens mais aussi pour l’Ordre.
- C’était mon devoir, mais aussi mon souhait, Maître Dooku.
Jagen estima que le moment était venu de poser une question qui lui tenait à cœur.
- Dites-moi, vous n’auriez pas des origines dans la noblesse ?
Dooku eut un petit sourire.
- Vous êtes observateur, Eripsa. Je suis un Comte de Serenno.
Il s’éloigna sans un mot de plus, accompagné de sa padawan à l’air suffisant. La dénommée Komari avait apparemment effectué un excellent travail lors de cette mission, et elle arborait à présent un sourire narquois qui n’était pas sans rappeler celui de Willspawn.
- Un étrange Jedi, n’est-ce-pas ?
Jango venait d’atterrir à côté de lui.
- Je ne sais pas ce qu’il va devenir, mais je pense que nous entendrons encore parler de lui.
- Mouais. Je n’aime pas plus les Jedi qu’avant, mais je dois reconnaître qu’ils ont eu leur utilité.
- Que vas-tu faire, maintenant ?
- Il y aura toujours du travail pour les mercenaires mandaloriens dans cette galaxie, crois-moi.
- Ce n’est pas une réponse.
- Je n’ai pas encore eu le temps d’y réfléchir. Depuis la mort de Jaster, j’ai passé tout mon temps à traquer Vizsla. Maintenant qu’il n’est plus….
- … Tu n’as plus de but.
- Il paraît que chasseur de primes, ça rapporte pas trop mal. Mes gars ont une famille, ou l’envie d’en fonder une. Moi, je ne sais pas y faire avec les femmes. Il vaut mieux les rencontrer avec un portefeuille bien rempli.
- Promets-moi juste une chose.
- Laquelle ?
- Celle de ne jamais abattre des cibles de la République. Au moins, informe-moi des contrats. Je te fournirai les renseignements nécessaires.
- Et toi, occupe-toi de Vanya. C’est une fille bien. Elle n’a pas à être déçue.
- Un jour viendra, peut-être…
- D’ici là, tire bien et vis longtemps.
- Toi aussi, mon ami.
Et, alors que le transport mandalorien décollait, Jagen repensa à Korda, et à Vanya. Un jour viendra, avait-il dit.
Il fallait espérer que ce jour arriverait vite….




PaTaT0ss a écrit:D'accord je ne savais pas, je lis surtout les bd de chez delcourt , je me mettrai aux romans peut être plus tard ( quand j'aurai les sous aussi parce que c'est pas donné vu le nombre )


T'inquiète pas j'y fais pas mal de références, plus qu'aux romans même ! (ou presque...)
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Messagepar Patatos » Jeu 01 Mar 2012 - 23:39   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Je viens de terminer le chapitre 7.
C'est très intéressant tout ça :sournois:;
J'ai bien aimé le parcours à la fort boyard :paf:, non plus sérieusement l'histoire est toujours aussi prenante. :jap:

J'ai juste remarqué une petite faute de frappe :transpire: :
Dans le 2eme paragraphe tu as écrit : " Je te conseille de prendre de ton jetpack " je penses que tu as mis un "de" en trop.
Sinon j'ai pas trouvé d'autre faute :jap:

Je lirai le chapitre 8 demain je pense :)
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Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 01 Mar 2012 - 23:55   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

PaTaT0ss a écrit:J'ai bien aimé le parcours à la fort boyard

Fort Boyard ? Le truc avec les énigmes données par le père ? Le saut dans le vide, le "Reste humble", le "Marche dans la voie du Sage"...
C'est pas Fort Boyard ça :paf:
La faute a été corrigée :jap:
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Messagepar Patatos » Ven 02 Mar 2012 - 0:01   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Jagen Eripsa a écrit:
PaTaT0ss a écrit:J'ai bien aimé le parcours à la fort boyard

Fort Boyard ? Le truc avec les énigmes données par le père ? Le saut dans le vide, le "Reste humble", le "Marche dans la voie du Sage"...
C'est pas Fort Boyard ça :paf:


C'était une façon de parler, il y a des énigme et des épreuves physiques :D ( C'était pas pour critiquer hein :wink: c'est juste que quand j'ai lu ce passage j'ai tout de suite pensé à ça :paf: )
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Messagepar Jagen Eripsa » Ven 02 Mar 2012 - 0:10   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

En fait, c'était une référence à Indiana Jones et la Dernière Croisade... Mais bon c'est pas grave ^^
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Messagepar Patatos » Ven 02 Mar 2012 - 0:50   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Jagen Eripsa a écrit:En fait, c'était une référence à Indiana Jones et la Dernière Croisade... Mais bon c'est pas grave ^^



Maintenant que tu me le dis, c'est vrai :transpire: ( j'y avais pas pensé tout de suite parce que ça fait longtemps que je l'avais pas regardé :whistle: )
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Messagepar Patatos » Sam 03 Mar 2012 - 18:14   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Je viens de finir le Chapitre 8 :
Toujours aussi bien :jap: .
Beaucoup d'action, on ne s'ennuie pas.
J'attends de connaitre la suite des événements :D
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Messagepar Jagen Eripsa » Sam 03 Mar 2012 - 18:17   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Ça viendra, patience...peut-être demain soir mais plus probablement lundi :jap:
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Messagepar ordo181 » Dim 04 Mar 2012 - 16:23   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Dis moi Jag tu es partout, çà t'arrive de dormir ??? :D

Sinon j'aime bien, un poil trop de dialogues à mon goût, mais ce n'est qu'un avis perso, les séquences actions sont bien écrites
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Messagepar Jagen Eripsa » Dim 04 Mar 2012 - 22:07   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

ordo181 a écrit:Dis moi Jag tu es partout, çà t'arrive de dormir ??? :D

Quand le serveur est down :diable:
Par contre pour les dialogues j'assume, c'est mon petit point faible, j'aime en mettre partout :transpire:
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Messagepar ordo181 » Lun 05 Mar 2012 - 0:08   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Quand le serveur est down :diable:

çà va c'était jour de sieste aujourd'hui :transpire:

Par contre pour les dialogues j'assume, c'est mon petit point faible, j'aime en mettre partout :transpire:


chacun ses petits travers :D
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Messagepar Jagen Eripsa » Lun 05 Mar 2012 - 15:28   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Un teaser pour la suite !
Image
J'ai essayé de redimensionner l'image mais ça marche pas du tonnerre, ouvrez-la dans un nouvel onglet :wink:
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Messagepar ordo181 » Lun 05 Mar 2012 - 19:06   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Nice :D
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Messagepar Jagen Eripsa » Lun 05 Mar 2012 - 21:40   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

La suite !


Chapitre 9

« Une arme ne sert à rien si elle n’est pas prestigieuse. Nos croiseurs Consulaires ont été conçus pour imposer le respect à nos ennemis. C’est sur ce point que le colonel Eripsa et moi-même ne parvenons pas à trouver un arrangement. Mais pour ce qui est de Iaco Stark, faites-moi confiance. Je vais m’en occuper. »

Amiral Trevor Willspawn, lors d’une conférence sur la situation inquiétante dans la Bordure, suite aux agissements de Iaco Stark.

Centax, deux mois plus tard

La première lune de Coruscant n’était encore qu’une boule de roches et poussières un an auparavant. La construction de la Base Centrale des Forces Armées de la République, plus couramment dénommée B.C.F.A.R. ou tout simplement Centax, avait profondément bouleversé la tranquillité de l’astre. Mais ce n’étaient pas les travaux continuels sur le chantier qui, en ce jour de l’an 956 après les Réformes de Ruusan, provoquaient le plus de chaos. Non, le cœur des perturbations était la toute nouvelle salle des serveurs informatiques, pressurisée et mise en service un mois auparavant.
Debout au cœur de la zone des postes de travail, le colonel Eripsa assistait à ce qui semblait être la plus grande attaque informatique de l’année, voire même depuis le piratage des banques de données de la corporation Delvin, soixante-sept ans auparavant. Assis devant leurs ordinateurs, les meilleurs techniciens de l’armée tentaient désespérément de repousser un ennemi vicieux, insaisissable, qui semblait concentrer ses assauts sur le domaine des transports commerciaux. Minute après minute, à chaque seconde, il parvenait à saisir de nouvelles bribes d’informations, qui une fois assemblées lui permettrait de connaître le plan de vol de plusieurs milliers de cargos spatiaux.
Jagen n’avait aucune connaissance des techniques informatiques, de la programmation et de la sauvegarde des données. Ainsi, lorsque le chef des programmeurs, un givin au nom imprononçable lui conseilla de laisser le champ libre aux techniciens, il accepta bien volontiers. Il était pour cette fois impuissant face à une attaque qui, dans un certain sens, était bien plus dangereuse que toutes celles auxquelles il avait dû faire face.
Il retourna donc dans son bureau, où l’attendait un homme d’une trentaine d’années qu’il ne connaissait que de nom.
- Colonel Eripsa.
- Monsieur Sienar. Que me vaut le plaisir de votre visite ? dit Jagen en s’asseyant.
- Une proposition commerciale, colonel, dit le dénommé Ralph en prenant place à son tour.
- Je vous écoute.
- Comme vous le savez sans doute, je suis à la tête du département Sienar Fleet Systems de la maison mère, Santhe/Sienar.
- Et ?
- Nos scientifiques sont parmi les plus doués de la galaxie. Ils sont capables du meilleur. Vous possédez déjà un de nos ordinateurs Analyzor™ sur votre vaisseau amiral, si mes souvenirs sont exacts ?
- En effet, comme sur tous les croiseurs Arrow, en fait.
Les ordinateurs Analyzor™ étaient de petites merveilles. Ces ordinateurs occupaient en réalité une salle entière, mais permettaient une représentation holographique totale du champ de bataille. Jagen se référait souvent aux analyses du lieutenant Tinor, qui restait parfois dans cette salle pendant la durée du combat, surveillant l’évolution des déplacements ennemis.
- Vous avez donc pu profiter de cette innovation. Récemment, nos scientifiques ont mis au point l’invention que le monde militaire attendait.
- Laquelle ?
- Le générateur de puits de gravité.
L’apothéose de la stratégie militaire. L’arme qui permet de piéger son ennemi où l’on veut, qui permet de choisir le lieu de la confrontation à son avantage, qui empêche l’ennemi affaibli de s’enfuir avant d’être massacré. Par la Force !
- Vous êtes certain ? demanda Jagen, perplexe. Ce n’est pas une mine gravifique à usage unique ? Nous avons cessé depuis longtemps d’utiliser ces saletés dans l’armée ; elles posaient trop de problèmes.
- Le générateur tombe en panne après chaque essai, reconnut Sienar. Nous avons identifié les pièces qui font défaut. Nos chantiers de Corulag s’engagent à les remplacer gratuitement après chaque usage.
- Dans ce cas, quel est le bénéfice pour vous ?
- L’étude, colonel. Plus vous effectuerez d’essais, plus vite nous parviendrons à trouver un générateur totalement fonctionnel.
- Intéressant…. Combien ?
- Pardon ?
- Je vous l’achète exclusivement. Combien ?
- Il n’est pas à vendre.
- Alors, pourquoi m’en parlez-vous ?
- Je vous l’offre.
C’est le Jour de la République avant l’heure.
- Cela me paraît bien désintéressé pour un industriel dans votre genre.
- Il y a en fait deux raisons, expliqua Sienar. La première, officielle, c’est que le générateur une fois opérationnel rapportera beaucoup d’argent à ma compagnie.
- Et l’autre ?
- La seconde est officieuse. Avec cette arme, vous deviendrez bientôt amiral.
Il disait vrai, bien sûr. Une telle arme, bien employée, lui permettrait de remporter d’incroyables victoires. Les huiles du Sénat qui ne voyaient en lui qu’un jeune blanc-bec ambitieux devraient fermer leur clapet. Le chancelier Kalpana serait ravi d’une telle avancée, ainsi que son ami Finis Valorum, qui était devenu le mois dernier sénateur du secteur de Lytton et conseiller militaire du Bureau Exécutif.
- Ce qui sert vos intérêts, bien sûr.
Le jeune ingénieur paru piqué au vif. Il fit une moue vexée.
- Je n’aurai aucun intérêt à ce que vous achetiez les produits de mon frère. Il est ambitieux et vénal. Moi, je suis patriote.
Intéressant. Le frère de l’homme qui se tenait devant lui n’était autre que Raith Sienar, qui était devenu au cours des dernières années l’investisseur le plus féroce du marché, rachetant nombre de petites compagnies. La société Santhe/Sienar, devenue grâce à lui de plus en plus puissante, arriverait bientôt au niveau de CNK, s’il poursuivait ainsi. Les objectifs des deux compagnies n’étaient pas les mêmes, bien sûr, Kuat produisant des croiseurs imposants quand SIenar se concentrait sur les transports personnels. Mais les faits étaient là. Le fait que le vice-président de la société cherche à obtenir, sinon son amitié, son approbation, était révélateur des tensions sous-jacentes au sein du groupe.
- Je suis flatté que vous ayez pensé à moi, monsieur Sienar. Puis-je vous demander où vous comptez installer un tel générateur ?
- J’ai travaillé à mes débuts aux côtés de Walex Blissex, le concepteur de votre vaisseau. Il travaille alternativement pour Kuat et Rendili, d’après ce que j’en sais.
- En effet. L’ingénieur-chef Blissex a conçu mon premier vaisseau, le Forte Tête. Je lui ai donc demandé de devenir le concepteur attitré des vaisseaux de la Marine Républicaine.
- Je l’ai contacté lors de la création de la classe Arrow. Je lui ai fait part de mes intentions, et il a accepté de réserver un emplacement sur votre croiseur, le Knight’s Blade.
L’ingénieur avait peut-être fait preuve d’un peu trop d’autonomie, mais Jagen aimait cela. Les meilleurs concepteurs sont ceux qui sont le moins entravés.
- Il a bien fait. Quelle sera la durée de l’installation ?
- Une semaine, peut-être deux. Dans le même temps, mes scientifiques se chargeront de former vos hommes au maniement d’un tel engin.
- Très bien. Maintenant, dites-moi, pourriez-vous…
Jagen n’eût pas le temps d’achever sa phrase. Son comlink bipa, et il l’activa aussitôt. La silhouette du programmeur givin qui l’avait congédié tout à l’heure apparut.
- Désolé de vous déranger, colonel, mais je souhaitais vous informer que l’attaque vient de cesser. Vous feriez bien de venir au plus vite.
- Des dégâts ?
- Les pirates ont envoyé un fichier, et… Enfin, vous verrez par vous-même.
- Un virus ?
- Dépêchez-vous de venir.
L’insolent technicien coupa la communication. Jagen se tourna vers Ralph Sienar, qui l’observait.
- Pas de problème, dit l'homme avec un regard compréhensif. Je resterais muet comme un bloc de carbonite. Passez une bonne journée.
Sans un mot de plus, l’ingénieur passa la porte, laissant Jagen seul avec ses pensées. Quelques instants plus tard, il se ressaisit, et se dirigea vers la salle des serveurs.
Depuis qu’il l’avait quittée, une demi-heure auparavant, la salle s’était calmée. Tous les techniciens étaient à leur poste, et faisaient l’inventaire des fichiers téléchargés par les assaillants au cours de l’attaque virtuelle. Lorsqu’il le vit entrer, le technicien givin lui fit signe de venir.
- Ils ont envoyé une vidéo, monsieur. Voyez par vous-même.
Il appuya sur plusieurs touches, et la séquence filmée occupa tous l’écran. Elle était apparemment centrée sur un homme qui devait avoir son âge, les cheveux d’un blond brillant, avec de légers favoris de chaque côté du visage. Son air juvénile était accompagné d’une expression de malice, comme s’il se moquait de la caméra et de tous ceux qui pourraient voir la vidéo. Jagen ne l’avait jamais rencontré, mais cet homme lui avait causé un grand nombre d’ennuis au cours des derniers mois. Lorsqu’il parla, ce fut de la même voix que celle qu’il avait entendue sur de nombreux autres messages retrouvés à bord de cargos attaqués. Un sourire fendait son visage, familier à Jagen sans qu’il ne sache pourquoi.
- Bonjour à tous ! Comme vous pouvez le constater, messieurs les dirigeants de la République, vos installations sont bien protégées des assauts physiques, mais tombent sous le coup de mon premier assaut virtuel. Ça fait réfléchir, hein ? Quoi qu’il en soit, vous avez le bonjour de Iaco Stark !

************


Assis dans son bureau, Jagen se remémora tout ce qu’il savait sur Iaco Stark.
Diplômé de l’académie de Raithal, seconde école d’officiers de la République derrière Anaxes, Stark avait tout pour devenir l’un des plus grands amiraux de l’histoire de la République. Disposant d’un flair tactique acquis au cours d’entraînements remarquables, il faisait preuve d’une intelligence très prononcée. Ses instructeurs disaient qu’il ressemblait quelque peu de par son intelligence à Trevor Willspawn, qui avant de devenir le plus célèbre débauché de Coruscant avait été un cadet brillant de cette académie. Mais Stark avait sombré dans l’illégalité et était devenu un capitaine pirate lambda, attaquant de temps à autre des vaisseaux commerciaux peu défendus.
Cependant, cette période d’anonymat n’avait pas été inutile. Mettant à profit tout un réseau de contacts, Stark avait réussi, trois mois auparavant, à devenir le chef de ce qu’on appelait à présent le Cartel Commercial de Stark. C’était là le coup de génie de Stark ; disposant à présent des ressources de plusieurs organisations de piraterie, il s’était mis à attaquer les cargos des grandes corporations commerciales, et à revendre son butin dans la Bordure à un prix moindre que celles-ci, passant de fait aux yeux des peuples de ces systèmes pour un bienfaiteur. Ne craignant pas l’opprobre du peuple, Stark avait ensuite concentré ses attaques sur la toute-puissante Fédération du Commerce, l’organisation qui possédait la plus puissante armée privée de la Galaxie. Mais les troupes de mercenaires de la Fédération n’avait pas pu faire face, de même que les nouveaux droïdes de combat B1, mis en service pour l’occasion. L’explosion d’une usine de bacta sur Thyferra, deux jours plus tôt laissait craindre que le fluide guérisseur soit la prochaine cible des pirates, son prix ayant triplé au cours des dernières heures.
Impossible de prévoir vraiment ce qu’un homme tel que Iaco Stark ferait. Jagen disposait pour cette fois d’un ennemi à sa taille ; la seule solution était d’attendre que celui-ci commette un mauvais pas.

************


Deux semaines plus tard, force était de constater que la situation avait empirée.
Jagen était assis au sein du prestigieux Conseil de Sécurité, réuni en urgence par le chancelier Kalpana pour résoudre la crise du bacta. La fréquence des attaques avait augmentée, grâce aux renseignements glanés au cours de l’attaque des serveurs du Centax. Jagen avait envoyé un message aux vaisseaux concernés en leur demandant d’ajourner leurs déplacements, mais peu de capitaines avaient suivi ses ordres. La situation venait de franchir un nouveau cap, avec l’intervention le matin même au Sénat du délégué de la Fédération, Nute Gunray, demandant le renforcement de ses troupes de droïdes, déjà plus puissantes et plus nombreuses que celles de la République.
Le chancelier Kalpana était à l’extrémité de la table, entouré de Bail Antilles, d’Aldérande, qui était le chef du Conseil, et de Finis Valorum, le conseiller militaire de l’exécutif. Le sénateur du secteur Chommell, Palpatine, était lui aussi présent, ainsi que Trevor Willspawn, qui pour l’occasion était vêtu d’un uniforme flambant neuf ; le simple fait qu’il ait consenti à porter ces vêtements qu’il décriait en général montrait bien la gravité de la situation. Le sénateur Tarkin d’Eriadu, qui avait remplacé Finis à son poste, complétait cette réunion, ainsi que maître Windu, du Conseil Jedi. Jagen avait rencontré peu de Jedi, et il ne les avait pas observés, à l’exception de Melena Nash, et celui-ci paraissait particulièrement puissant, une impression renforcée par son crâne chauve et ses yeux brillants qui ressortaient sur sa peau sombre.
Les yeux des participants étaient tournés vers un écran de grande taille, où se déroulait un exposé de la situation. Jagen retint un bâillement. Il avait déjà eu une vingtaine de rapports identiques cette semaine, et cela se poursuivrait sûrement. Après une vingtaine de minutes, le diaporama prit fin et Kalpana prit la parole.
- Voilà, messieurs, vous savez tout. Enfin, jusqu’à ce matin.
Jagen se redressa sur son siège. Cela devenait intéressant.
- Suite à l’intervention du représentant Gunray, Iaco Stark a fait parvenir une invitation, pour une rencontre secrète qui doit avoir lieu très rapidement.
- Et peut-on savoir où elle se déroulera ?, demanda Tarkin.
- Non, Ranulph. Stark a été très clair là-dessus ; les coordonnées ne seront transmises qu’à Nute Gunray et moi-même. Je les révélerai ensuite au représentant du Sénat qui ira sur place.
- Qui sera ?
- Nous allons le choisir dans quelques instants. Avez-vous des questions ?
Fait rare s’il en est, Willspawn prit la parole.
- Vous refusez donc de révéler à la Marine Républicaine les coordonnées d’une telle rencontre ?
- Cela fait partie du contrat, Trevor. Et je ne suis pas homme à renier mes paroles.
- C’est insensé ! s'écria l'amiral. Quel sénateur acceptera de se trouver au beau milieu d’une horde de pirates sans foi ni loi ?
- Moi, intervint Valorum. J’irai pour rencontrer Stark.
Kalpana se tourna vers lui, avec un regard appuyé. Ils se sont déjà entendus.
- Je suis d’accord, répondit Kalpana. Vous êtes un excellent négociateur, et un politicien habile. Vous serez accompagnés par des Jedi, si maître Windu le veut bien.
Le Jedi à la peau sombre, immobile depuis le début de la séance, s’anima soudainement.
- Maître Tyvokka est celui qui convient le mieux pour cette mission. Il sera accompagné de maître Gallia et du chevalier Koon.
Il marqua une pause.
- Je crois, reprit-il, que maître Jinn et le padawan Kenobi sont rentrés de Telos IV. Ils iront aussi.
Voilà une excellente nouvelle. Jagen avait appris récemment qu’un Jedi Noir du nom de Xanatos avait pris le pouvoir sur Telos, forçant son ami Kenth à entrer dans la clandestinité. C’était la deuxième fois en neuf ans qu’un incident de ce genre se déroulait sur la planète restaurée, et Jagen ne pouvait s’empêcher d’espérer que cette période trouble parvienne à son terme.
- Bien. Pour ce qui est de Gunray, il a été autorisé à venir en compagnie d’une troupe de combat pour assurer sa sécurité. Des droïdes B1, je crois.
Willspawn réagit énergiquement.
- Et nous, nous ne serions pas conviés ! Ce Stark ne sait pas à qui il a à faire !
Tant de véhémence n’était pas dans les habitudes de Willspawn. Il pouvait se montrer très ordurier dans sa vie personnelle, mais il avait été jusque là si peu intéressé par sa carrière militaire qu’il n’avait jamais bronché contre les décisions venant de plus haut. Le fait qu’il réponde de la sorte au chancelier indiquait bien son stade d'énervement. Peut-être est-il en manque...
- Nous refusons de négocier avec un pirate comme Stark, dit Tarkin d'une voix catégorique. En tant que général honoraire des troupes de la République, je refuse. Dès que nous découvrirons où se terre Stark, nous l’écraserons comme un insecte. Messieurs, à plus tard !
Il sortit sans un mot, accompagné de l’amiral Willspawn. Tout cela ne vaut rien qui aille…
- La situation est grave. SI ces deux imbéciles interviennent, nous pourrions avoir des morts.
Le chancelier ne faisait qu’énoncer la vérité. Avec Willspawn et un Tarkin autoproclamé général, la guerre serait bientôt inévitable.
- En effet, Excellence, intervint Palpatine. Je peux vous assurer de mon soutien. Nous devons persévérer dans la voie diplomatique.
La voix doucereuse du sénateur de Naboo faisait mouche. Et, pour une fois, Jagen devait admettre qu’il avait raison.
- Je vous remercie, sénateur Palpatine, dit Kalpana. Messieurs, la séance est levée.
Tous les participants se levèrent de leur chaise, et les deux sénateurs sortirent. Jagen allait les suivre quand Kalpana lui fit un signe de tête.
- Venez, Jagen, maître Windu. J’ai quelque chose à vous confier.
La salle disposait d’une autre porte, qui permettait d’accéder directement à l’endroit le plus convoité du Sénat : le Bureau Exécutif, où trônait le chancelier en personne.
La pièce si célèbre était connue pour changer de teinte selon les goûts de ses utilisateurs. Malgré les coûts inévitables de tels travaux, la tradition subsistait. Les caméras étaient rarement admises à l’intérieur de ces murs, mais à chaque fois des dizaines de journalistes en profitaient pour commenter le caractère de son locataire, des interprétations les plus faciles aux plus loufoques. Sous la régence de Kalpana, la pièce était teinte en bleu et or, rappelant ainsi la fameuse Flotte Katana dont il était l’instigateur.
La chancelier se dirigea vers son bureau et s’assit devant la grande verrière qui offrait un magnifique panorama sur tout Coruscant. Les trois hommes restants prirent place dans de confortables fauteuils qui rappelèrent à Jagen sa dernière entrevue avec Aiden sur le Katana.
- Troiken.
En prononçant cet unique mot incompréhensible, le chancelier parvint à attirer l’attention maximale de ses trois interlocuteurs.
- Je vous demande pardon, Excellence ? dit Jagen.
- La rencontre aura lieu sur Troiken. Je n’aurais pas dû vous le révéler, Jagen, maître Windu, mais la situation est bien plus grave que vous ne l’imaginiez.
Aïe. L’imagination de Jagen était déjà très pessimiste, ces derniers temps.
- Le piratage du Centax, reprit le chancelier, a été effectué en utilisant un identifiant d’utilisateur militaire.
Un traître dans l’armée. La chose que redoutent le plus tous les militaires, moi y compris. Voilà qui éclairait cette attaque jusque là inexpliquée sous un jour nouveau.
- Vous en êtes sûr, Excellence ?
- Mes services secrets sont très fiables. L’ennui, c’est que notre ennemi est rusé. Le profil n’existait pas avant et a été supprimé ensuite.
- Donc nous ne savons pas qui l’a créé.
- Seulement qu’il s’agit d’un officier.
Seuls les officiers habilités au recrutement, c’est-à-dire les capitaines et leurs supérieurs, disposaient du droit de créer de nouveaux comptes d’utilisateurs. Ce traître n’est peut-être pas n’importe qui, finalement.
- Jagen, de tous les militaires, vous êtes le seul en qui j’ai confiance.
- J’en suis honoré.
- Quant à vous, maître Windu, poursuivit le chancelier, je souhaiterais que vous dépêchiez une équipe sur Thyferra. La corporation Xucphra n’est pas réputée pour son honnêteté, et je la soupçonne de tramer quelque chose avec la Fédération.
- Comme vous voudrez. Je sais déjà qui conviendra.
- Très bien.
- Excusez-moi, chancelier, intervint Jagen. Vous semblez certain que l’amiral Willspawn et le sénateur Tarkin découvriront les coordonnées du rendez-vous.
Kalpana eût un sourire entendu.
- Voyez-vous, Jagen, Nute Gunray n’est pas le représentant des neimoïdiens pour rien. Il est aussi lâche que le reste de son peuple. Je le vois mal ne pas confier où il se rend à ses subordonnés. A partir de là, c’est un jeu d’enfant. Un des mercenaires de la Fédération finira bien par parler. Peut-être Gunray en personne. C’est une question de temps. Maître Windu, votre navette vous attend. Quant à vous, colonel, restez sur vos gardes. L’ennemi n’est pas visible, cette fois-ci. Cette guerre qui commence n’est semblable à aucune autre bataille. Vous ne remporterez pas la victoire en ayant le plus gros blaster. Il faudra avoir un atout dans sa manche. Et des amis là où il faut.

************


Le lendemain matin, Jagen dut admettre que Trevor Willspawn avait des amis là où il fallait.
Jagen avait été réveillé dès l’aube, après avoir passé une très mauvaise nuit, sans doute due à l’adrénaline. Je n’aurais pas dû tester le simulateur, hier soir…. Il faut vraiment que je me raisonne… Il prenait son petit déjeuner dans son bureau, observant l’extérieur par sa verrière, lorsqu’il remarqua que des ennuis s’annonçaient.
Il était six heures et demie lorsqu’un Croiseur Consulaire CR-20 sortit de l’hyperespace. Jusque là, le seul vaisseau militaire visible entre Centax et Coruscant était le Knight’s Blade, sorti des chantiers de Corulag deux jours auparavant. Les autres bâtiments appartenant à la flotte du colonel Eripsa étaient stationnés dans de vastes hangars à la surface même de la lune militaire de la planète-capitale. Jagen pensa d’abord qu’il s’agissait du vaisseau désigné pour convoyer Valorum sur Troiken, avant de se souvenir qu’il était parti la veille. Saisissant ses jumelles macrobinoculaires, il les régla de façon à pouvoir distinguer le nom du vaisseau, normalement peint sur sa coque. C’était l’Autocrate.
La présence du vaisseau amiral de Willspawn ici, dans les cieux de la capitale galactique, ne pouvait signifier qu’une seule chose : il avait découvert le lieu de rendez-vous entre Stark, Gunray et Valorum.
C’est alors qu’un ballet qui parut interminable commença ; d’autres corvettes CR-20 sortirent de l’hyperespace et vinrent se placer autour de l’Autocrate. La plupart affichaient les couleurs de la République, mais un certain nombre étaient d’origine inconnue ; Jagen supposa qu’ils appartenaient aux soutiens de Willspawn, à commencer par Tarkin, dont le vaisseau diplomatique, l’Invincible, était présent aux côtés des croiseurs républicains. Près de cent vingt appareils se rassemblèrent ainsi jusqu’à dix heures, jusqu’à ce que Willspawn donne le coup d’envoi d’une nouvelle guerre. Les croiseurs s’enfoncèrent alors dans les ténèbres de l’hyperespace, dégageant l’espace de Coruscant, laissant le Knight’s Blade comme seule défense apparente de la capitale.
Jagen tenta alors de contacter le Bureau Exécutif, mais un chagrien à la peau bleue lui indiqua que le chancelier Kalpana était en réunion. Il patienta et refit plusieurs essais, recevant à chaque fois la même réponse.
Il était midi lorsque le garde placé à l’entrée de ses quartiers lui signala qu’un visiteur demandait à le voir. Jagen l’autorisa à entrer.
Le nouveau venu était un mandalorien, qui revêtait non pas la combinaison de combat des Death Watch, mais bien l’armure traditionnelle, semblable à la sienne et à celle de Jango, à la seule différence que les plaques en étaient dorées. Jagen trouva cet arrangement plutôt clinquant, avant de se rappeler que l’or était la couleur de la vengeance dans le folklore des supercommandos. Le nouveau venu n’était visiblement pas à prendre à la légère, malgré sa petite taille.
L’inconnu retira son casque. Il devait avoir une trentaine d’années, avec un visage qui semblait taillé à la serpe. Son regard était extrêmement dur, mais Jagen savait par expérience que certains soldats s’employaient à paraître ferme, afin de masquer un cœur tendre. L’impression qu’il émanait de lui dans la Force était plutôt sombre ; un torrent de haine, de colère… et d’amour. C’était à l’évidence un homme prêt à tout pour ses semblables, un guerrier tel que Jagen aimait avoir à ses côtés. Il savait qu’il aurait pu confier sa vie à cet homme sans hésiter, pour peu que celui-ci l’apprécie, car il percevait une loyauté sans faille. Une loyauté qui était peut-être la cause de sa présence ici.
- Kal Skirata, se présenta l’inconnu.
- Jagen Eripsa, répondit le colonel en lui serrant la main. Ravi de vous rencontrer.
L’homme ne répondit pas tout de suite, ce qui permit à Jagen de fouiller un peu plus ses sentiments. Et il lui semblait qu’il n’était pas dans son cœur…
- Moi de même, finit-il par répondre, mais sa tête semblait indiquer le contraire. Je suis ici sous les ordres du Mand’alor.
Jagen releva la tête, surpris. Depuis leur rencontre sur Korda, il communiquait avec Jango environ une fois par mois. Le fait que celui-ci lui ait envoyé un messager indiquait qu’il y avait un problème. Un de plus aujourd’hui. Foutue journée.
- Jango a des problèmes ? Que puis-je faire pour lui ?
- Tout va bien pour le Mand’alor, répondit Skirata, quelque peu surpris par la réaction du militaire. Il m’envoie vous faire part de quelque chose.
- Très bien. Prenez un siège, je vous prie.
Tandis que Jagen contournait le bureau, il jeta un regard en coin au mandalorien. Celui-ci semblait perplexe en observant les sièges de métal. Jagen se remémora ce que Jango lui avait dit sur les fauteuils rembourrés, qui avaient deux inconvénients : le surplus de confort qui ramollissait les soldats, et le fait que l’armure les perce. Jagen avait fini par comprendre la sagesse qu’il y avait derrière cette boutade ; en ne proposant à ses invités que des sièges inconfortables, il s’assurait que ceux-ci restent concentrés sur ce qu’il disait. Le fait qu’un officier républicain prenne en compte de telles considérations semblait étonner Skirata.
- Eh bien, que me veut donc Jango ?
- Sachez qu’il vous tient en haute estime, commença Skirata. Personnellement, je pensais comme lui, jusqu’en arrivant ici.
La remarque prit Jagen au dépourvu. Il avait cru comprendre le contraire.
- Pouvez-vous m’expliquer pourquoi ?
- A cause de ça, répondit-il en montrant du doigt la verrière.
Le Knight’s Blade traversait paisiblement l’espace se situant entre Centax et Coruscant, projetant une ombre sur la salle.
- D’après ce que m’avait dit Jango, vous êtes très attaché aux questions de liberté, lâcha Skirata. Et pourtant, vous avez acheté un vaisseau aux Chantiers Navals de Kuat.
- En quoi cela pose-t-il problème ? demanda Jagen.
- Les grandes familles Kuatis exploitent des millions d’hommes dans leurs usines. Des esclaves, ni plus, ni moins. Vous ne le saviez pas ?
- Je ne m’étais jamais posé la question, admit Jagen.
- Mon père était ingénieur pour CNK, poursuivit le mandalorien. Il est mort, ainsi que ma mère, lors de la guerre civile de Surcaris, quand les familles nobles ont décidé d’anéantir toute résistance. Les habitants de cette planète souhaitaient pouvoir vivre décemment, comme les autres habitants du Noyau. Mais lorsque cela ne vous touche pas, vous, les habitants de Coruscanta, vous ne vous en occupez pas ! Cette shabla de République n’est jamais intervenue pour sauver ces gens du massacre !
Voilà d’où provenait le ressentiment. Jagen se dit qu’il était temps de fermer les vannes, sinon la tension du guerrier risquait d’exploser.
- Que voulez-vous que je fasse ? La Marine n’a aucun pouvoir !
- Faites ce que vous voulez, mais agissez. Dressez-vous contre les injustices, comme Jango pensait que vous le faisiez. C’est tout.
C’était une situation irréaliste. Le n°2 des Forces Armées de la République, recevant des leçons de morale de la part d’un mercenaire envoyé comme messager par un chef de clan sans véritable planète. Willspawn aurait explosé, mais Jagen était intéressé par tous les conseils qu’on pouvait lui donner. Quel chef peut prétendre être juste sans écouter les aspirations du peuple ?
- D’accord. Maintenant, si vous le voulez bien, revenons-en à Jango et à son message.
- Ah, oui… C’est à propos du piratage des banques de données du Centax.
- Je vous écoute.
- Jango pensait qu’un piratage de cette ampleur était injustifié. Stark avait bien trop peu de vaisseaux pour attaquer autant de convois. Il a donc décidé de fouiller plus loin.
- Qu’a t-il découvert ? demanda Jagen, retenant son souffle.
- Un virus a été introduit dans les ordinateurs de bord de vos croiseurs consulaires. Une vraie saleté, capable de changer leurs trajectoires. Mais programmé pour une seule destination.
- Troiken.
- Je vois que vous avez saisi l’ampleur du problème.
- Willspawn fonce dans un soleil ou un trou noir, si j’ai bien compris ?
- Presque. L’introduction du virus était également un masque.
- Un autre danger ?
- Une modification dans la base de données citoyenne. Concernant le livret de famille de Iaco Stark.
- Dans quel but ?
- Le père qui y est désormais indiqué n’a jamais existé.
- Ah ?
- En fait, il n’y avait pas de père avant. La modification a été effectuée pour éviter que l’on pose des questions.
Jagen s’émerveilla des efforts déployés par Jango pour l’aider. Il n’avait fait que lui confier un identifiant, deux semaines auparavant, et il trouvait à présent des failles que les meilleurs spécialistes de Centax avaient loupées. Les hackers mandaloriens doivent être redoutables.
- Et ?
- Il a découvert chez qui Morgana Stark travaillait en tant qu’assistante. Et tout est devenu clair.
- Vraiment ?
- Maintenant, asseyez-vous, car vous allez avoir un choc…

************

Une minute, vingt secondes et seize centièmes plus tard, le colonel Jagen Eripsa ordonnait le déploiement d’urgence des vaisseaux sous ses ordres dans les cieux de Coruscant en vue d’un passage dans l’hyperespace.







Comme vous l'aurez compris, il ne s'agit que de la première partie du chapitre, histoire de faire durer le suspense....
Modifié en dernier par Jagen Eripsa le Lun 05 Mar 2012 - 22:04, modifié 1 fois.
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Messagepar ordo181 » Lun 05 Mar 2012 - 21:43   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

T'es infatigable Jag'ika :lol:
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Messagepar Jagen Eripsa » Lun 05 Mar 2012 - 21:54   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Tiens d'ailleurs y a un personnage que tu devrais apprécier là-d'dans :wink:
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Messagepar ordo181 » Lun 05 Mar 2012 - 21:58   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Jango :love:

Ils se sont déjà mis entendus.
là par contre je suis pas sur d'avoir compris :transpire:
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Messagepar Jagen Eripsa » Lun 05 Mar 2012 - 22:05   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Petite coquille due à une ancienne répétition....
C'est corrigé ! :wink:
Non, pas Jango...
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Messagepar ordo181 » Lun 05 Mar 2012 - 22:08   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Mais j'aime bien Jango !! :D

ceci dit lui et Skirata (KAL'BUIRRRRR) çà risque de faire des étincelles :ange:
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Messagepar Jagen Eripsa » Lun 05 Mar 2012 - 22:10   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

ordo181 a écrit:Mais j'aime bien Jango !! :D

ceci dit lui et Skirata (KAL'BUIRRRRR) çà risque de faire des étincelles :ange:


Ça viendra, mais pas avant le chapitre 3 du tome 2 :paf:
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Messagepar Patatos » Lun 05 Mar 2012 - 22:30   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Jagen Eripsa a écrit:Ça viendra, mais pas avant le chapitre 3 du tome 2


Au fait j'ai oublié de demander : tu as combien de chapitre par tome ? :D
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Messagepar Jagen Eripsa » Lun 05 Mar 2012 - 22:33   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

C'est très variable, celui-ci en fait onze, le suivant cinq et le troisième... Ben le troisième j'en suis au chapitre 17, et à un peu plus de la moitié selon mes estimations.
Tout ce que je peux révéler à ce sujet, ce sont les noms : Opération Léviathan et La Guerre Noire.
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Messagepar ordo181 » Lun 05 Mar 2012 - 22:48   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

ordo181 a écrit:Mais j'aime bien Jango !! :D

ceci dit lui et Skirata (KAL'BUIRRRRR) çà risque de faire des étincelles :ange:

Ça viendra, mais pas avant le chapitre 3 du tome 2 :paf:


.....(cherche le numéro....chapitre 9....livre 1)
:cry:
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Messagepar Patatos » Mar 06 Mar 2012 - 14:03   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Toujours aussi bien :jap:
Tu nous tiens en haleine là, le suspens est insoutenable :x

Ne poserais-tu pas les bases de la naissance des séparatiste avec cette histoire de Gunray ? :sournois:

En tout cas la suite promet d'être épique :lol:
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Messagepar Jagen Eripsa » Mar 06 Mar 2012 - 14:21   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

PaTaT0ss a écrit:Ne poserais-tu pas les bases de la naissance des séparatiste avec cette histoire de Gunray ? :sournois:

Les bases du blocus de Naboo, en fait. C'est à cause de ce conflit que la Fédération a obtenu le droit d'augmenter ses troupes.

Par contre, je tiens à rappeler que cette histoire a été écrite l'été dernier. Toute ressemblance fortuite avec les déboires d'un économiste renommé n'est donc pas une pure coïncidence :transpire:
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Messagepar ordo181 » Mar 06 Mar 2012 - 15:06   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Par contre, je tiens à rappeler que cette histoire a été écrite l'été dernier. Toute ressemblance fortuite avec les déboires d'un économiste renommé n'est donc pas une pure coïncidence :transpire:


C''est c'là oui :D
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Messagepar Jagen Eripsa » Mar 06 Mar 2012 - 23:21   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Chapitre 9 (suite)


Le Knight’s Blade émergea de l’hyperespace, suivi par plusieurs frégates Hammerhead et quelques corvettes CR-70. Le pont était en effervescence, et Jagen, assis dans son siège, remarqua avec ironie le contraste qu’il marquait avec la vue vide de mouvements qu’offrait la grande verrière.
La révélation faite par Skirata avait été un choc retentissant. Tout devenait intelligible, cette histoire de traître, le financement de Stark….
Il était temps de contre-attaquer.
Jagen pressa le bouton de l’intercom du vaisseau. La silhouette d’un duro en uniforme, qui n’était autre que le responsable de la maintenance, apparut.
- Lieutenant Stazi au rapport, colonel. Mes hommes sont prêts. Nous attendons vos ordres.
- Très bien, lieutenant. Activez dès maintenant le générateur de puis de gravité. Les vaisseaux de Willspawn devraient bientôt arriver.
Grâce à des moteurs plus performants et à un raccourci déniché par Jango, Jagen avait réussi à dépasser les croiseurs consulaires de la Flotte d’Expédition de Troiken. L’occasion était venue de tester la dernière invention de Ralph Sienar.
Le lieutenant duro acquiesça et coupa la communication. Quelques instants plus tard, une alarme retentit sur le pont ; l’ordinateur de bord détectait la présence d’une masse importante à proximité. Ça fonctionne ! Mais le plus dur reste à faire, à présent…
Le rapport venant du Forte Tête, qui se trouvait à la gauche du Knight’s Blade, lui indiqua que Galieet approchait du but. Jagen esquissa un sourire ; nul problème informatique ne résistait au givin ! Il lui avait demandé de trouver un antidote au virus informatique implanté dans les ordinateurs des croiseurs consulaires CR-20 ; il espérait à présent que le remède serait prêt lors de l’arrivée des forces de Tarkin…
Le Corps Expéditionnaire sortit de l’hyperespace, et la silhouette des croiseurs CR-20 remplit le champ visuel de la passerelle du Knight’s Blade. C’était incroyable, pensa Jagen, de voir quel pouvoir des hommes ayant des idées horribles (puisqu’après tout, la marge de la Fédération était indécente, tout le monde s’accordait là-dessus, la défendre n’est donc qu’une mauvaise chose, même si considérer Iaco Stark comme un héros était aller un peu loin) pouvaient amasser. Mais Tarkin était un grand orateur ; ses idées d’oppression de la Bordure par le Noyau n’avaient choqué aucun de ceux qui se prétendaient beaux penseurs. Et d’après ce qui se disait dans les couloirs du Centax, son fils était bâti à l’identique. C’est donc ainsi que va notre galaxie, se dit Jagen, soupirant à la vue des dizaines de croiseurs CR-20. Puisse la Force nous venir en aide.
La réaction de Willspawn à cet arrêt impromptu ne se fit pas attendre. Moins d’une minute après l’arrivée des premiers vaisseaux, l’officier des communications lui signala que l’Autocrate le contactait. Jagen approuva la liaison, et l’écran principal du pont fit apparaître la silhouette de l’amiral Trevor Willspawn.
- Eripsa !
La fureur déformait les traits de son supérieur. Jamais Jagen n’avait vu ce militaire si flegmatique dans un tel état. Aiden se mettait en colère, lui, mais de telle façon que Jagen savait qu’il n’avait rien à craindre. Mais ce n’était pas dans les habitudes de Trevor Willspawn. Lui qui était d’habitude si huileux, si placide, qui pouvait se révéler charismatique lorsqu’il n’était pas imbibé d’alcool et de drogues, était à présent dans un tel état de fureur que Jagen n’aurait pas été étonné de le voir cracher du feu.
- Décidez-vous, à la fin ! Vous ne vouliez pas venir, et maintenant vous posez des mines hyperspatiales sur ma route ! A quoi jouez-vous ? Vous m’attaquez, à présent ? Vous souhaitez prendre ma place, n’est-ce pas ? Mutinerie !
Il était temps de prendre la parole. Les yeux de la dizaine d’hommes présents sur le pont étaient tournés vers lui. La moitié possédait des enregistreurs. Jagen se sentit chancelant ; ce qui allait suivre passerait à la postérité. Il se ressaisit et prit la parole.
- Non, amiral. Ce n’est pas une mutinerie. C’est un sauvetage.
- Que dites-vous ?
La voix de Ranulph Tarkin, bien plus aigüe et tranchante que celle de Willspawn, précéda sa silhouette malingre. Trois hommes s’affichaient à présent sur l’écran. Le troisième revêtait un uniforme des F.A.R., et son visage n’était pas inconnu à Jagen, bien qu’il soit incapable de mettre un nom dessus.
- Je disais, sénateur, qu’il s’agissait d’un sauvetage. Un virus a été introduit dans les naviordinateurs de votre flotte. Vous vous précipitez droit dans un piège.
- Un piège ? C’est ridicule, nous sommes sur la bonne route, bien armés, bien équipés, motivés….
- Et vous vous êtes fait avoir.
- Impensable !
- Et pourtant si.
- Faux !
- Le piratage du Centax a eu lieu parce qu’un des membres du Conseil Suprême Militaire était sous les ordres de Iaco Stark.
L’atmosphère sur le pont se refroidit d’un coup. Tout le monde retenait son souffle.
- Vous divaguez, Eripsa, dit Willspawn, passablement calmé.
Mais Tarkin semblait plus intéressé par ses arguments. Le caporal à ses côtés (Jagen venait de se rappeler son nom : il s’agissait de Jace Dallin, qui avait combattu à ses côtés sur Galidraan), pour sa part, gardait tout son calme.
- Poursuivez, colonel, reprit le sénateur.
- Le traître dans nos rangs a fourni un code d’accès à Iaco Stark, afin d’accomplir plusieurs tâches. Le virus était la première, mais la plus importante était une modification de la fiche d’identité de ce même Iaco Stark.
- Comment cela ?
- Celui qui a couvert Iaco Stark n’était autre que son père. Et il a tenté de le cacher.
- Mais il n’y a pas de Stark au Conseil des Officiers.
- Stark est le nom de sa mère. Si ses parents avaient été mariés, il se serait appelé Iaco Willspawn.
Tous les regards sur les ponts des deux vaisseaux étaient tournés vers l’amiral, qui restait immobile sur le pont. Après quelques secondes de silence, il prit la parole.
- Toutes mes félicitations, Eripsa. Vous êtes certainement le meilleur affabulateur que j’aie rencontré.
Jagen s’attendait à une telle remarque ; et si elle n’était pas venue de son supérieur, si mauvais soit-il, il n’y aurait même pas répondu.
- Donc, selon vous, je suis un menteur ?
- L’un des meilleurs que j’aie rencontré. Avez-vous des preuves ?
- Pas plus que vous.
- Qu’il en soit ainsi. Détruisez votre puits de gravité, que nous puissions passer en hyperespace. Maintenant, je préviens mes troupes : je ne veux aucun suppôt de cette enflure à mes côtés. Par contre, si un de ses suivants doute de sa parole, il sera le bienvenu à mes côtés. Tous ceux qui resteront avec lui auront droit à la cour martiale lorsque je retournerai sur Coruscant. Willspawn, terminé.
Il coupa la communication, au moment même où Jagen désactivait le puits de gravité en arrêtant le générateur central. En effet, Willspawn. Vous êtes terminé. Fini. Vous ne vous relèverez pas du coup que je vous porte aujourd’hui.
Alors que l’Autocrate et la plupart des Croiseurs Consulaires se préparaient au saut hyperspatial, un petit groupe de CR-20s sortit du lot. Avec satisfaction, Jagen remarqua qu’aucun de ses hommes n’avait rejoint Willspawn. Les dernières corvettes du Corps Expéditionnaire disparurent, ne laissant derrière elle que les forces du Centax et ceux qui avaient rejoint Jagen. Le visage de leur commandant apparut sur l’écran.
- Capitaine Jan Dodonna au rapport, colonel. Nous attendons vos ordres.
Jagen le connaissait de réputation, bien entendu. Plus jeune d’un an que lui, c’était un excellent officier, le digne légataire de la dynastie Dodonna, et qui selon la rumeur avait hérité des capacités tactiques de sa lointaine ancêtre. Ce qui n’était pas le cas pour le physique : il avait le teint sombre, tout comme ses yeux, et ses traits étaient fins et tranchants.
- Je vous remercie de votre confiance, capitaine Dodonna. Nous vous enverrons bientôt l’antivirus.
- Et ensuite, colonel ?
- Nous partirons pour Troiken.
- Troiken ? Mais je croyais que…
Il s’interrompit brusquement, comprenant où Jagen voulait en arriver.
- En effet, capitaine. L’amiral Willspawn va avoir droit à une autre surprise, aujourd’hui. Nous serons prêts dans deux heures, lorsque le générateur de mon vaisseau sera rétabli. A ce moment-là, capitaine, nous pourrons attaquer.

************


Lorsque le Knight’s Blade et sa flotte sortirent de l’hyperespace dans les cieux de Troiken, tous ceux qui à bord avaient accès à une verrière se ruèrent dessus. Et le spectacle qu’ils virent leur fit froid dans le dos.
La plupart des vaisseaux du Corps Expéditionnaire avaient disparus. La plupart avaient fini dans les soleils et les trous noirs environnants, mais une poignée était apparemment parvenue dans l’espace de Troiken. De ceux-là, il ne restait plus que l’Autocrate, qui ne portait aucune marque des combats qui devaient avoir eu lieu ; les autres n’étaient plus que des carcasses vides, des épaves dérivant dans le vide stellaire.
La flotte du Cartel « Commercial » de Stark ne devait pas s’attendre à leur arrivée, car les capitaines des différents vaisseaux pirates mirent près de cinq minutes avant de remarquer leur présence.
Mais leur réaction, si elle ne fut pas rapide, dépassa en violence tout ce qu’il avait pu imaginer.
Les services de renseignements de la République ont été floués, pensa Jagen. Il y avait en face près de deux cents vaisseaux, allant du simple cargo modifié aux frégates lourdement armées. L’Autocrate, pour sa part, avançait aux côtés du vaisseau amiral de Stark. Jagen ne savait rien sur ce croiseur, sinon son nom : l’Opportuniste.
Il fallait réagir vite. Il ne disposait que de cinquante vaisseaux ; un seul appartenait à la catégorie des vaisseaux lourds, mais tous étaient neufs. Ce qui compterait pour beaucoup dans cette bataille.
- Lancez les chasseurs. Tous les escadrons en formation delta. Approche d’attaque par l’arrière. Les frégates restent groupées autour du Knight’s Blade. Formez un barrage défensif.
Vanya était à ses côtés, retransmettant ses ordres aux différentes sections du croiseur. Les officiers de communication, pour leur part, s’acharnaient à faire parvenir les plans de vol aux différents escadrons. Les pirates, à leur désavantage, ne disposaient pas de matériel standardisé ; et c’était, selon Jagen, leur plus grande faille : ils ne pouvaient pas effectuer d’opérations de maintenance rapidement. Heureusement, la Marine Républicaine ne connaissait pas ce genre de problèmes : les chasseurs Z-95, les intercepteurs R-22 et les bombardiers Y-wings étaient tous rigoureusement identique.
La bataille durait depuis un quart d’heure lorsque Vanya l’interrompit, alors qu’il ordonnait à une corvette CR-70 de se placer sur le flanc babord d’un croiseur Hammerhead.
- Jagen, j’ai une communication insistante sur une fréquence. Des petits bruits, rien de plus. Mais c’est assez répétitif.
- Montre-moi voir.
Elle lui tendit le comlink. Il ne fallut à Jagen que quelques secondes pour identifier ce qui perturbait Vanya : il s’agissait d’un code dadita. Ce codage basé sur une série de petits bruits permettait de communiquer à l’insu de l’ennemi. Jagen avait appris cela sur Galidraan, et l’avait enseigné à ses hommes afin de communiquer en toute sûreté. Et c’est en se remémorrant cela qu’il comprit.
Dallin.
Il prit son datapad et entra ce qu’il entendait. Malheureusement, la bataille environnante masquait certaines parties de la séquence codée. Mais il réussit tout de même à déchiffrer l’essentiel.
« Ic……..llin….etenu avec le sénat……..kin…[i]Oppor…nis……….tier de sécurité……..pawn avec un man……………miné.[/i] »
Il n’était pas très difficile de comprendre la manœuvre de Willspawn. Puisqu’il avait capturé Ranulph Tarkin, et qu’il mettrait bientôt la main sur les ambassadeurs, il disposait pour le moment d’une confortable retraite. Seulement pour le moment, car Jagen était bien décidé. C’est l’heure du contrôle fiscal, Willspawn.
- Lieutenant Tinor, dit-il, vous prenez le commandement. Je veux que vous vous occupiez de tout jusqu’à mon retour. Si je ne reviens pas d’ici quatre heures, prévenez les capitaines Helaw et Convarion.
- Bien, colonel.
Jagen sortit du pont en courant, suivi de près par Vanya. Il était inutile d’essayer de l’empêcher de venir : elle était si tenace d’ordinaire qu’il ne voulait pas la provoquer en plein cœur d’une bataille.
Les coursives du croiseur Arrow étaient désertes ; tous les hommes étaient à leur poste. Jagen ne croisa qu’un Rodien blessé, qui devait sans doute se diriger vers l’infirmerie ; il portait le costume des artilleurs.
- Que se passe t-il, soldat ?
- Une explosion sur la batterie huit, colonel. Mon coéquipier a été tué et j’ai perdu mon bras.
Il montra un moignon vert sanguinolent.
- Alors, filez à l’infirmerie. Dites-leur que je veux tous les médecins en état d’alerte.
- Oui, colonel.
En arrivant dans le hangar, Jagen vit que sa navette l’attendait. C’était un bel appareil, mais hautement modifié ; du vaisseau corellien de base, il ne restait plus que l’armature, qui avait malgré tout été largement renforcée. Et, plus important que tout, l’appareil était à présent maniable et rapide.
Ce qui avait son importance au cœur d’une bataille stellaire, après tout.
Les moteurs rugirent immédiatement. Vanya était assise au siège du copilote ; elle était tendue, ses traits exprimaient la concentration ; mais même ainsi, elle était plus belle que toute autre femme. Concentre-toi sur ta mission, Jag. Le reste viendra après.
Le vaisseau émergea du hangar et plongea dans le vide interstellaire. Il était au centre de la formation républicaine, qui était à présent infiltrée par les corvettes d’avant-garde pirates.
Ainsi que par quelques escadrons de chasseurs.
Les premiers appareils ennemis se détournèrent de leur trajectoire initiale et accélérèrent pour se placer juste derrière lui. Jagen fit tanguer sa navette, afin qu’ils ne puissent pas verrouiller leur cible. Mais les petits vaisseaux étaient bien plus agiles, et ils réussirent bien vite à déjouer la manœuvre. L’appareil de tête verrouilla sa cible et tira.
Les premières salves avaient dû atteindre la navette, car l’alarme des boucliers arrière s’activa. C’était le signal qu’attendait Vanya pour tirer à son tour ; avant qu’il n’ait eu le temps de provoquer plus de dégâts, le leader d’escadrille ennemi disparut dans une boule de feu flamboyante. Pratique, ce canon de poupe…
La cible de Jagen se trouvait à présent presque à la verticale en-dessous de lui. Il fit plonger sa navette, qui protesta au moyen de plusieurs sonneries agaçantes. Mais, grâce à la Force, Jagen savait réellement ce qui se passait autour et surtout devant lui. Il redressa son appareil juste à temps pour se poser dans le pont d’envol du Forte Tête.
Le hangar du croiseur Hammerhead était bien plus petit que celui qu’il venait de quitter, mais la navette pouvait tout de même y pénétrer. En moins d’une minute, Jagen se retrouva sur le pont, saluant son ami Galieet et lui expliquant la situation.
- Oui, j’ai bien des hommes à vous fournir, colonel, dit le givin, mais ce ne sont pas des vétérans. Ils n’ont jamais effectué d’abordage.
- Moi, je viens.
Le mécanicien en chef Tiken Sovv entra sur la passerelle. Il était en tenue de combat, son blaster pendant dans son holster. L’un des artilleurs, que Jagen reconnut comme étant Thnod Jurgan, se leva et vint se placer à ses côtés.
- Allons-y, colonel. Allons se rappeller aux bons souvenirs de ce cher amiral.
- Très bien. Vanya ?
Elle était à ses côtés, comme à son habitude, écoutant en silence.
- Oui, Jag’ika ?
- Reste à bord et coordonne nos déplacements dans le vaisseau de Stark.
Il avait dit cela doucement, mais elle le perçut comme il fallait : c’était un ordre, ni plus, ni moins. Et même si cela ne lui plaisait pas, le premier devoir d’un soldat était d’obéir aux ordres. Ils vous maintiennent en vie.
Sans un mot de plus, il sortit, suivi par Tiken, Thnod et les commandos.
Le plus dur restait à faire.

************


- Chasseurs ennemis en approche !
Ils n’étaient dans la navette que depuis trois minutes. Et les deux dernières s’étaient révélées les plus longues de leurs vies. Les intercepteurs pirates les avaient pris en chasse, et ils se rapprochaient à présent un peu plus à chaque instant.
Mais le plus important, c’est que la manœuvre d’approche était sur le point d’être effectuée. Il fallait pour cela ralentir la navette avant de l’arrimer à un sas ; et cette simple phrase suffisait pour résumer leurs problèmes. Dès qu’ils arrêteraient les réacteurs, ils deviendraient des cibles peintes en rouge faciles à dégommer pour n’importe quel gungan bourré. Et les pilotes de chasseurs étaient généralement plus précis.
Le pilote avait le visage tendu par la concentration. Il savait que sa vie se jouait au cours de ces quelques secondes, des instants si courts qui paraissaient à la fois infiniment longs et pourtant éphémères lors de tels moments. Il approcha le vaisseau de la carlingue ennemie et s’arrima à un sas ; les commandos firent sauter la porte et pénétrèrent en courant dans la coursive, suivis pr Jagen, Tiken, Thnod et le pilote. Ils n’avaient parcouru que 4 mètres lorsque ce qu’ils craignaient se produisit : ils entendirent d’abord une explosion, puis furent entraînés vers l’arrière : l’explosion de leur vaisseau avait formé une brèche. La plupart purent s’accrocher aux murs ou aux portes du couloir de l’Opportuniste, mais le pilote et un des commandos n’eurent pas cette chance. Ils furent instantanément aspirés à l’extérieur du vaisseau, vers une mort horrible dans le vide stellaire. La procédure de sécurité mit quelques instants à s’enclencher et ils purent de nouveau marcher normalement. Mais il leur était impossible de s’arrêter. Bientôt, les patrouilles viendraient inspecter les dégâts ; il leur faudrait déjà avoir quitté les lieux. Jagen décida de contacter le Knight’s Blade. La voix du lieutenant Tinor vint résonner dans son casque.
- Colonel ?
- Lieutenant, donnez l’ordre de cesser le feu sur l’Opportuniste. Concentrez les tirs sur le reste de la flotte pirate.
- Bien, colonel. Autre chose ?
- Ce sera tout.
Il coupa la communication et fit signe à ses hommes de le suivre. Ils n’étaient plus que dix-huit sur les vingt qui s’étaient embarqués dans cette mission, alors qu’ils n’avaient pas encore fait face à l’ennemi. La suite s’annonçait chaotique.
Ils avancèrent dans une suite de coursives mal éclairées qui arboraient toutes les couleurs de Stark, le jaune et le bleu. Chose surprenante, ils ne rencontrèrent aucune patrouille ; ce fait, plus que tout autre, indiquait que malgré son génie, Stark était incapable de transformer de vulgaires boucaniers stellaires en un équipage digne de ce nom. Leurs adversaires, cependant, avaient l’avantage du nombre. Jagen et ses hommes ne pouvaient compter que sur l’effet de surprise.
Les cellules, d’après le plan qu’ils avaient visionné avant de décoller, étaient situées juste au-dessus des compartiments des réacteurs ; ils prirent donc cette direction. Le calme régnait dans le croiseur. Ils arrivèrent au sas des prisons et entrèrent.
La première chose que Jagen remarqua sur le visage des gardiens, ce fut la stupeur. Une surprise mêlée de peur. Ils ne comprenaient pas pourquoi le combat était parvenu jusqu’à eux ; et ils mourraient avec cette question dans l’esprit. Ils étaient une vingtaine, portant l’uniforme de Stark ; mais, pensa Jagen, il devait y en avoir beaucoup plus dans les couloirs du secteur pénitentiaire, bien plus que dans cette simple entrée.
Les commandos de la République, comme un seul homme, firent feu sur la première ligne ennemie. Leurs tirs firent tous mouche, sauf un qui ne frappa que le bras de sa cible. Leurs adversaires, cependant, se ressaisirent vite ; se réfugiant derrière des abris de fortune, ils ouvrirent le feu à leur tour.
C’était un véritable capharnaüm ; les tirs fusaient dans tous les sens, sans qu’on sache qui les avait tirés. Deux des soldats de Jagen s’effondrèrent, raides morts. Leurs ennemis subissaient des pertes bien plus importante, mais ils avaient malgré tout l’avantage : des renforts affluaient de tous les côtés, attirés par les bruits de combat. Les républicains furent rapidement pris en tenaille entre de véritables presses ; Jagen abattit un dévaronien qui le narguait, mais fut touché au coude par un laser tiré par un sniper rodien. Ils n’étaient plus que huit, à présent ; Tiken, se battant comme un lion, Thnod, dans son armure mandalorienne, qui faisait à peine moins bien, Jagen et cinq soldats ; tous les autres étaient hors de combat, morts ou blessés. Ils allaient perdre cette bataille. Il pensa à Vanya, à ce qu’il ressentait pour elle…
- STOP !
La voix qui avait prononcé ce simple mot avait un air à la fois juvénile et puissant, tout comme l’homme qui avait parlé. Ils baissèrent tous les armes, observant le nouveau venu. Iaco Stark, vêtu de son uniforme bleu et jaune, avançait vers eux de son habituelle démarche nonchalante. A ses côtés se tenaient son père, Trevor Willspawn, qui portait toujours sa tunique de l’armée, bien qu’il l’ait trahie à présent. Il affichait un sourire joyeux sur les lèvres, qui était bien de circonstances. Il y avait également un guerrier mandalorien, plutôt grand, qui arborait une armure semblable à celle de Jango ; un autre personnage, qui restait dans l’ombre, semblait leur servir de garde du corps.
- Ah, colonel Eripsa… dit Stark, toutes mes félicitations pour cette attaque ambitieuse… Trop, peut-être, mais si j’en crois mon père (il fit un signe en direction de Willspawn, qui semblait de plus en plus heureux), cela fait partie de vos nombreux défauts.
- Parce que lui n’en manque pas ? répondit Jagen.
- Voyons, Eripsa, dit l’amiral, qu’auriez-vous fait à ma place ? Il existe des choix où la raison laisse sa place à la passion. Dans mon cas, il s’agit un peu des deux. Mais vous, vous valez bien mieux que ça.
- Que voulez-vous dire ?
- Rejoignez-nous, Jagen. Le Cartel Commercial de Iaco Stark sera bientôt plus puissant que la République ; il a déjà de l’influence sur toute la Bordure, là où la République n’existe pas. Et cela s’étendra bientôt au Noyau. Vous pourriez devenir le chef de notre flotte militaire. Vous en êtes capable.
- Ne gaspillez pas votre salive, Willspawn.
- Dommage. Quant à vos compagnons… Mais qu’avons-nous là ?
Il avait le regard fixé sur Tiken. On pouvait difficilement déchiffrer les sentiments d’un sullustéen ou d’un représentant d’une de ces espèces aux yeux noirs, mais Tiken portait à présent sur Willspawn un regard qui transpirait la haine et le dégoût. Et Willspawn ne semblait pas surpris.
- Vous êtes le lieutenant Sovv ?
- En personne.
- Trak… C’était votre père ?
- Ne prononcez pas son nom !
Le sullustéen semblait hors de contrôle. Des hommes de Stark l’attrapèrent pour le retenir.
- Messieurs, dit Willspawn en s’adressant à l’assemblée, apprenez que le père de cette créature était mon lieutenant. Il a osé me contredire devant mes hommes. Et je lui ai tout pris : son travail, son foyer, son honneur… et maintenant celui de son fils.
Voilà qui expliquait la haine viscérale que portait Tiken à l’amiral, et son empressement à en découdre.
- Maintenant, agenouille-toi, chien galeux.
Et il lui enfonça son genou dans l’estomac. Tiken poussa un cri de douleur mais se redressa aussitôt.
- Jamais.
Et il lui cracha au visage.
Le reste se passa en une fraction de seconde. En sentant l’amas visqueux toucher son visage, Willspawn dégaina avec une rapidité que Jagen n’aurait jamais soupçonné de lui. Il pointa son canon sur le front du sullustéen et tira. Tiken s’effondra, le front noirci pas la décharge.
Le silence se fit sur la scène. Jagen était encore paralysé par l’horreur quant il vit le mandalorien s’approcher de Thnod.
- Montross… dit celui-ci dans un soupir.
- Bien… tu connais mon nom… Ton frère a décimé mon équipe avant de mourir, Jurgan. Tu le sais ?
- Oui.
- Ma vengeance sera bien plus terrible. Pour toi, ajouta t-il avant de se retourner. Kerrhak !
Le garde du corps dans l’ombre s’avança. Il avait l’air d’un homme d’une grande taille, en pleine forme, les cheveux noirs. Mais la forme de son nez ne trompait pas. Il s’agissait d’un anzati.
L’assassin avança lentement. Il semblait flotter au-dessus du sol, revêtu de sa tunique noire. Jagen n’en avait jamais rencontré, mais comme la plupart des gens, il avait entendu des histoires à leur sujet. Depuis son plus jeune âge, ils apparaissaient dans ses plus noirs cauchemars ; il les voyait penchés sur lui, aspirant avec leurs trompes nasales sa cervelle, la « soupe » comme ils l’appelaient…
L’anzati se pencha sur Thnod et retira son casque. Le mandalorien aussi avait peur ; il savait quel sort l’attendait ; Le visage de l’anzati s’approchait de plus en plus, ses trompes commençaient à sortir de son nez…
Un rayon vert illumina la pièce et transperça le front de l’assassin. Il n’eut même pas le temps de retomber à terre que d’autres tirs fusèrent par l’entrée de la pièce. Jagen saisit cette chance ; il attrapa son fusil tombé à terre et fit volte-face, foudroyant le garde qui le retenait. Il se joignit au reste de ses hommes, qui faisaient de nouveau face aux hommes de Stark. C’est là qu’il comprit que quelque chose n’allait pas.
Il perçut un des pirates qui le pointait. Il ne pouvait pas le voir, mais il le percevait au sein de la Force. Il savait que sa tête était au centre du viseur. Il savait que le tireur avait le doigt sur la gâchette. Il savait enfin qu’il n’en réchapperait pas.
L’homme appuya sur la détente. Jagen, tout en continuant de se battre, se prépara à la douleur insoutenable qu’il imaginait. Mais un évènement inattendu se produisit.
Il sentit un des soldats se jeter sur lui, le plaquant au sol. Le tir qu’il redoutait le frôla et alla s’écraser contre les parois de la pièce. Avant qu’il n’ait pu voir le visage de son sauveur, celui-ci se retourna et abattit le tireur. Jagen se retrouva bientôt une nouvelle fois au cœur du combat, tirant sur tous ceux qui portaient l’uniforme jaune et bleu.
Le combat s’acheva en une minute. La garde pirate avait été proprement balayée. Stark lui-même était capturé, entouré de deux soldats en uniforme, qui faisaient partie des renforts. Jagen chercha des yeux son sauveur. Il n’en crut pas les yeux. C’était Vanya.
Le mandalorienne était perchée sur le corps de l’ennemi qu’elle avait abattu en le sauvant, tenant son pistolet à fléchettes de la main droite. Jagen baissa son regard sur le cadavre. Il revêtait une ample tunique, qui semblait aplatie et fripée, comme de vulgaires fripes.
Un filet de sang s’écoulait par la bouche de l’amiral Trevor Willspawn. Du coin de l’œil, Jagen vit une larme couler de l’œil de Iaco Stark.

************


Thnod Jurgan, tout juste remis de ses émotions face à l’anzati, tapota un code sur le panneau de contrôle de la porte. Le panneau métallique coulissa instantanément, faisant apparaître un Tarkin surpris accompagné d’un Dallin souriant. Le caporal sortit en premier et résuma les évènements qui s’étaient produits avant que la flotte de Jagen n’arrive. Il en était à la trahison de Willspawn lorsque les sirènes d’évacuation retentirent dans un bruit assourdissant.
- Vite, aux capsules de sauvetage ! hurla Stark.
Personne ne bougea. Tous le fixaient.
- J’ai installé cette alarme pour me prévenir en cas de risque majeur, dit-il d’un air agacé. Si vous préférez attendre que nous sautions tous…
Il semblait sérieux. Jagen estima que le risque était important.
- Ok, cria t-il. On évacue dans le calme vers les capsules de sauvetage. Rendez-vous au sol, Troiken niveau 0, zone de rencontre pour le sommet de conciliation.
Ce qui suivit ressemblait à chaque évacuation de navire. Les consignes n’avaient aucun impact dans ces cas-là, en tout cas beaucoup moins que les sirènes et les cris de panique. Jagen ne fit pas mieux ; il se précipita derrière dans la première capsule qu’il trouva. Hasard ou pas, c’est également dans celle-là que se trouvaient Tarkin, Dallin, et Stark, entouré des deux gardes qui l’entravaient. Une fois qu’ils furent entrés, Dallin appuya sur le bouton de mise à feu. Les réacteurs se mirent en marche, et Jagen sentit la petite structure bouger.
La chute ne dura que quelques minutes. L’entrée dans l’atmosphère fit chauffer l’air à l’intérieur, bien que ce soit encore respirable. Le choc, quant à lui, fut vraiment brutal. S’ils n’avaient pas tous attaché leurs ceintures de sécurité, ils auraient sûrement été projetés dans tous les sens ; au lieu de cela, ils sentirent un choc intérieur et tombèrent en léthargie.
Jagen fut le premier à se réveiller au bout de quelques minutes. Pendant que les autres reprenaient tour à tour leurs esprits, il déverrouilla le sas et sortit.
La nature de Troiken était commune ; elle ressemblait à celle de la plupart des planètes habitables de type I, c’est-à-dire dont l’atmosphère était essentiellement composée d’oxygène et d’azote. Les alentours étaient calmes et verdoyants ; la planète ressemblait à un de ces paradis créés pour rapprocher les riches coruscantiens de la nature. Pourtant, Jagen savait qu’il ne fallait pas se fier à ces paysages idylliques ; lors du briefing de la mission, il avait appris que Troiken était le berceau des mangeurs de challat, des insectes carnivores autrefois utilisés lors d’exécutions plus cruelles les unes que les autres. On prétendait que l’espèce s’était éteinte, balayée par la chasse intensive dont elle avait été l’objet, et Jagen espérait qu’il s’agisse de la vérité.
Les autres émergèrent un à un de la capsule. Aucun des autres engins d’évacuation n’avait atterri dans les environs ; Jagen devait cependant espérer qu’ils n’étaient pas tous détruits. Sa priorité, cependant, était de retrouver le sénateur Valorum et les Jedi qui devaient à présent fuir les troupes de Stark. Le mieux était de contacter le Knight’s Blade, qui devait balayer la planète avec ses radars.
- Lieutenant Tinor ?
- Louée soit la Force, vous vous en êtes sorti, colonel. Que s’est-il passé ? Nous avons perdu le contact avec vos troupes, j’ai donc jugé bon d’envoyer le lieutenant Cadera à votre secours. Mais l’Opportuniste allait passer en hyperespace, alors j’ai préféré le détruire.
- Vous avez bien fait. Vous réussissez à nous localiser ?
- Sans problème. Mais je ne peux pas envoyer de vaisseaux à votre secours, ça grouille de chasseurs ennemis par ici.
- Vous pouvez localiser Valorum ?
- Lui et les Jedi se sont retranchés dans le mont Avos. C’est le nom donné à un complexe d’épices abandonné. Il se trouve au nord-est de votre position. J’envoie la carte dans votre datapad. Faites attention, les troupes de Stark sont au nord.
- Nous tenons déjà leur chef, et Willspawn est mort. Je ne comprends pas qu’ils persistent.
- Stark a fédéré de nombreux consortiums sous ses ordres. Je ne serai pas surpris qu’un des pirates ait repris le flambeau.
- Tenez-moi informé.
- Bien, colonel. Tinor, terminé.
Le groupe avançait à présent vers lui, Tarkin en tête. Il semblait être tout à fait remis des chocs qui lui avaient été infligés, à présent.
- Ridiculisé… Je suis ridiculisé… Et c’est votre faute, Eripsa !
Il ne s’attendait certainement pas à une telle réaction, même de la part de cet homme.
- Je vous demande pardon ?
- J’ai perdu toute crédibilité auprès des militaires. Si encore j’avais été victime d’une honteuse trahison, et que le chancelier en personne avait payé pour me libérer… Mais non, rien de tout cela, c’est un colonel désobéissant à mes propres ordres qui vient sauver ma peau !
- Eh bien, apprenez que j’aurai pu sans problème vous laisser sauter. Et sans la présence du caporal Dallin à vos côtés, c’est ce que j’aurai fait.
Jace esquissa un sourire. Il avait dû prévoir cet échange.
- Je ne suis pas intervenu pour vous sauver, reprit Jagen. Mais il y avait de simples soldats à vos côtés. Des hommes qui méritaient d’être sauvés. En tout cas, beaucoup plus que vous.
- Quel toupet !
- Qu’avez-vous fait de bien ces derniers temps ? Rien. Le néant. Vous ne vous préoccupez pas des autres, juste de votre petite personne égoïste. Non, vous ne serez pas le futur chancelier. De toute façon, la République vaut mieux que ça.
Tarkin ne disait plus rien. Il se contentait de regarder Jagen d’un air ébahi.
- On va au nord-est, vers le mont Avos. C’est à cinq kilomètres.
La masse de terre et de roche était déjà visible. Sa couleur brune peut accueillante était masquée par les pointes des hauts pins qui bordaient la clairière.
- En route, maintenant.
Et il s’enfonça dans la forêt, suivi par les autres. Une fois passée l’orée, les arbres devinrent plus menaçants, moins accueillants ; une présence masquée rendait l’air lourd. Au bout d’une heure, alors qu’ils arrivaient au pied du mont Avos, Thnod leur intima d’arrêter tous leurs mouvements.
- Qu’y a-t-il ? chuchota Jagen.
- C’est gros et ça nous suit depuis un quart d’heure. Ça a compris qu’on fuyait quelque chose et ça va nous attaquer.
- Que fait-on ?
- Courez. Maintenant.
Il ne chuchotait plus. Les autres avaient déjà commencé une course désespérée vers la pente vierge de toute occupation. Jagen regarda derrière lui.
C’était un prédateur géant, un lézard monstrueux qui avançait en courant sur ses courtes pattes. Comprenant le danger mortel qu’il représentait, Jagen se mit à courir de toutes ses forces. Trop tard cependant. Il perdait plusieurs pas d’avance à chaque seconde. Il se préparait à sentir les dents pénétrer sa chair…
Le bourdonnement familier d’un sabre-laser parvint à ses oreilles. Deux Jedi se tenaient en embuscade derrière les arbres. Bondissant promptement, ils se mirent à taillader la créature avec leurs lames luminescentes. Jagen et les autres les regardaient, louant leur apparition providentielle.
Lorsque le prédateur rendit son dernier soupir, les deux chevaliers se retournèrent. L’un d’eux ne devait avoir que treize ans, à peine ; l’autre, plus grand, arborait une barbe et des cheveux longs. Tous deux revêtaient une tunique ample, qui servait d’uniforme à tous les Jedi.
Le plus âgé des Jedi prit la parole.
- Je m’appelle Qui-Gon Jinn, et voici mon padawan, Obi-Wan Kenobi.
- Enchanté, maître Jinn, répondit Jagen. Je suis le colonel Eripsa. Ces hommes (il désigna Tarkin, Dallin, les soldats et Vanya) sont sous mes ordres.
- Un instant ! s’écria le sénateur antipathique. Sous vos ordres ? Depuis quand un colonel peut-il ordonner quoi que ce soit à un sénateur républicain ?
Jagen se retourna et avança vers lui. Le fixant dans les yeux, il se planta juste devant lui, de telle sorte que Tarkin devait à présent lever les yeux pour ne pas le lâcher du regard.
- Depuis que vous vous êtes autoproclamé général, sénateur. Depuis que je vous ai sauvé, il y a maintenant deux heures, parce que vous avez été suffisamment orgueilleux pour refuser mes conseils lorsqu’il était encore temps.
Il soutenait toujours le regard, et un éclat de fureur mêlé de folie luisait au fond de ses yeux.
- Il suffit, Eripsa ! Vous m’avez déjà volé mon honneur et ma fierté, vous voulez aussi me prendre ma notoriété auprès de l’Ordre ?
Il s’éloigna vers le mont, et disparut dans une ouverture qui devait être le repaire des négociateurs républicains. Jagen le suivit des yeux puis se tourna vers le Jedi.
- Il risque de provoquer du grabuge. Cependant, j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer, maître Jinn. Nous avons capturé Iaco Stark.
Il venait d’arriver, encadré des deux soldats qui étaient restés en arrière avec lui. Ils n’avaient pas été inquiétés par la bête, étant donné que Stark, dont les bras étaient entravés et les jambes attachées, marchait plus lentement que les soldats ou même Tarkin.
- Mais, reprit Jagen, j’ai bien peur que cela ne suffise pas à stopper le conflit.
- Le sénateur Valorum a quelques idées pour résoudre ce problème. Suivez-moi, je vous prie.
Ils suivirent la même route que Tarkin et entrèrent dans les profondeurs de la montagne. Les galeries n’étaient pas naturelles ; elles étaient renforcées de poutres en de nombreux endroits, et les murs portaient des traces d’outils multiples. La marche dura une quinzaine de minutes, avant qu’ils n’aboutissent dans une grande caverne éclairée.
Cette salle semblait au contraire taillée par la nature elle-même. Pour confirmer cela, un filet d’eau vigoureux tombait du plafond dans une petite mare sans issue visible. Le rayon lumineux qui éclairait la pièce provenait d’une ouverture grande comme une porte à plusieurs mètres du sol, qui débouchait des deux côtés sur une petite corniche. Plusieurs personnes se tenaient autour d’une table de fortune, parmi lesquels Tarkin et un Neimoïdien qui discutaient entre eux. Le reste des hommes présents était composé de Jedi, parmi lesquels un Kel Dor, et d’un sénateur que Jagen reconnut immédiatement. La poignée de mains avec Finis Valorum fut vigoureuse, bien que le politicien aux cernes marquées semblât manquer de sommeil.
- Finis ! dit Jagen, un sourire aux lèvres. Pourquoi faut-il qu’à chaque fois que tu mènes des négociations, tu finisses par avoir besoin que je ne te sauve ?
- Parce que sans cela, tu serais au chômage, répondit Valorum, visiblement heureux. On a déjà recueilli quelques survivants de ton groupe d’assaut, qui se reposent dans la salle à côté. Tu as réussi à avoir Willspawn ?
- En fait, c’est Vanya qui l’a eu, rectifia Jagen en désignant la jeune femme d’un hochement de tête. Stark est prisonnier, mais ces vermines de pirates ne semblent pas en faire grand cas. Ils poursuivent leur assaut, si j’ai bien compris.
- Ils dorment, pour l’instant. Les Jedi ont réussi à mettre hors-service leurs véhicules, et l’entrée est scellée, ajouta t-il en montrant ce qui semblait être un éboulement. Maître Koon va d’ailleurs faire le point sur la situation.
Le Jedi Kel Dor était déjà entouré de la plupart des autres. Une fois qu’ils furent tous assis autour de lui il parla d’une voix grave.
- Vous savez tous à présent que la flotte pirate est détruite et que Stark est capturé. Mais nos problèmes ne sont pas réglés pour autant.
- Ils ne vont pas tuer leur chef, objecta un des soldats. Il dort dans la pièce juste à côté, ce serait de la folie !
- La folie, caporal, c’est Iaco Stark qui en est victime. En essayant de réunir des dizaines de chefs pirates, il a précipité de tels problèmes. Tous ces pirates dehors ne rêvent que de la mort de Stark.
- Il pourrait malgré tout essayer de leur parler, proposa Jagen. Par ce promontoire, là-haut, ajouta t-il en désignant la petite ouverture.
- Il sera abattu immédiatement, et nous perdrons l’occasion de le juger. Non, cela ne conviendrait pas. La seule solution qui convienne, c’est de libérer les mangeurs de challat sur leurs troupes.
Jagen n’en crut pas ses oreilles. Le fait qu’une telle proposition sorte de la bouche d’un Jedi indiquait bien à quel point l’Ordre s’était laissé aller dans la discipline.
- Il y aura de gros risques, poursuivit le Kel Dor. Je mènerai les troupes près de leur nid, en bas, et nous ferons sauter l’entrée. Je sais qu’il risque d’y avoir des morts, mais ils seront honorés comme des héros.
Tout le monde fixait le Jedi, et Tarkin encore plus fixement que les autres. On aurait dit que ses yeux tentaient de transpercer la peau rugueuse du proche-humain.
- Ne pourrions-nous pas attendre que nos forces débarquent ? demanda Jagen. Je vous assure que le lieutenant Tinor est parfaitement digne d’une telle tâche.
- Non, colonel, répondit le Kel Dor d’un air navré. D’après les capteurs que nous avons réussi à installer, il y a en ce moment même un orage ionique dans les hautes couches de l’atmosphère. Tenter un passage serait de la folie pure. Et même si nous avons pu saboter leurs véhicules, ils les répareront bien vite. Sûrement avant que les renforts ne puissent nous sauver.
Il distribua ensuite les tours de garde entre tous ceux qui ne participeraient pas à l’opération, fixée à deux heures du matin. Voyant qu’il écopait de la ronde de minuit, Jagen alla tout de suite prendre une couverture pour tenter de dormir un peu avant sa corvée.

************


Tout était calme et silencieux. Vraiment, cette ronde était inutile, même si la présence de l’ennemi à moins de cent mètres la rendait obligatoire.
Tous les autres dormaient. Jagen allait bientôt les rejoindre. Une bonne nuit de sommeil et avec un peu de chance, au réveil, tout serait terminé.
Il entra dans la caverne où étaient étendus les commandos qui mèneraient cette opération suicide dans moins de deux heures. Dire qu’ils dormaient là, avec cette fichue bombe posée sur…
Jagen crut que son cœur allait s’arrêter de battre.
La bombe avait disparue.
Il jeta un coup d’œil aux alentours avant de s’engouffrer dans le tunnel. Il avait dû se libérer, il allait s’enfuir…
En arrivant dans la salle où était retenu Stark, il dut se rendre à l’évidence ; il était encore là, les mains attachées, et il dormait paisiblement. Jagen retourna dans la pièce principale.
Alors qu’il pénétrait dans la vaste caverne, il entendit des bruits de pas précipités derrière lui. Il s’agissait des Jedi.
- Nous vous avons entendu. La bombe a disparue.
- Ce n’est pas Stark. Il dort.
- Je le sais, colonel.
- Regardez, dit le padawan de Jinn, Kenobi, si ses souvenirs étaient exacts. Le plafond… la corniche…
- Bon sang !
Une échelle de corde pendait. Quelqu’un avait dû sortir.
Sans attendre, Jagen escalada l’escalier improvisé. Arrivé en haut, il passa la tête à travers l’ouverture.
Les pirates occupaient un vaste camp où brûlaient quelques feux. Des silhouettes semblaient monter la garde ; mais ce n’était pas le plus intéressant dans ce spectacle. Non, l’attention de Jagen et des Jedi qui l’avaient rejoint était focalisée sur la silhouette malingre qui se tenait au-dessus d’un petit éboulement, quelques mètres plus bas.
- Tarkin ! chuchota Jagen, furieux. Revenez immédiatement !
Le sénateur avait le regard dur et plein de dégoût.
- Non, Eripsa. Vous m’avez volé ma vie, mais vous ne me prendrez pas aussi ma mort.
Sans un mot de plus, il activa la ceinture d’explosifs accrochée à sa ceinture.
Jagen sauta par réflexe à l’intérieur, tout comme les Jedi. Mais tous purent assister au monstrueux geyser qui s’éleva immédiatement. La roche et la terre étaient mêlées aux morceaux de chairs et aux gerbes de sang du sénateur. L’explosion en elle-même fit trembler la terre et s’écrouler en partie la montagne, si bien que la fenêtre fut obstruée par un ensemble de pierres.
Mais s’ils n’avaient plus l’image, ils bénéficiaient toujours du son, grâce à des micros posés par les Jedi qui avaient saboté les véhicules adverses. Ce fut d’abord la surprise et l’incompréhension qui dominèrent chez les pirates, ainsi que le dégoût lorsqu’ils virent ce qui restait de Tarkin. Et, bien vite, arriva l’horreur.
Des cris insoutenables résonnèrent dans l’air, et tous ceux dans la grotte qui n’avaient pas été réveillés par l’explosion l’étaient maintenant par ce bruit insoutenable. Les pirates se faisaient dévorer vivants par ces insectes carnivores, et hurlaient de toutes leurs forces. Les insectes mirent tout le reste de la nuit à traquer les derniers pirates. Enfin, au lever du soleil, les cris de douleurs cessèrent. Ils avaient gagné, mais le prix à payer avait été terrible. Et ce prix n’était pas dans le sang des hommes morts, mais dans la conscience de ceux qui restaient. Aucun des survivants du siège du mont Avos n’oublièrent jamais la Nuit des Hurlements.

************


Jagen fut convoqué devant le Chancelier Suprême une semaine plus tard. Kalpana avait dû avoir un grand nombre de soucis avec cette affaire ; il était encore plus ridé que lorsqu’il l’avait vu, une semaine auparavant. Le changement était effrayant ; mais malgré cela, il semblait heureux. Tout comme Jagen, même si leurs motifs étaient sans aucun doute différents.
- Ah, Jagen. Entrez donc !
Tout comme la dernière fois, Finis se trouvait dans le bureau. Il l’avait déjà croisé quelques heures avant, dans le bureau de son père.
- J’étais en train d’expliquer au sénateur Valorum mes… projets. Vous savez, Jagen, vous me mettez dans un grand embarras.
- Toutes mes excuses, Excellence.
- Mais je préfère ça. Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins : vous allez être nommé amiral.
A vingt-six ans. Plus de comptes à rendre, si ce n’est au Chancelier. Plus de supérieur militaire. Il allait être le seul maître à bord. Même s’il s’était attendu à la nouvelle, il restait un peu sonné.
- J’en suis très honoré, Excellence. Je m’en montrerais digne.
- Je n’en doute pas. Je vous accorde également le titre de Commandeur Suprême à vie, en remerciement de vos actions pour préserver la Marine Républicaine.
Là, c’était toute autre chose. Le titre de Commandeur Suprême ne revenait qu’aux meilleurs ; le dernier à en avoir légitimement bénéficié était Aiden Corona, bien que Willspawn ait plusieurs fois utilisé ce titre. Kalpana faisait de lui son égal sur la question militaire.
- Le Conseil de Sécurité a accepté, tout comme la Commission des Honneurs. En fait, ce sont eux qui m’ont donné le plus de fil à retordre. Comme j’étais en train de l’expliquer à Finis, Ranulph Tarkin va être décoré de la Médaille d’Honneur.
La récompense la plus convoitée, mais aussi celle qui était le plus souvent accordée posthume.
- Je sais, tout comme vous, poursuivit Kalpana, que Tarkin ne la mérite pas. Je sais ce qui s’est passé sur Troiken. Mais ses deux fils ont insisté pour qu’il soit décoré. Finis a intercédé en leur faveur.
- Pour obtenir plus de voix, expliqua l’intéressé.
- En effet, reprit Kalpana. Comme vous le savez, Jagen, les élections auront lieu cette année. Le soutien de la famille Tarkin pourrait être déterminant. Et comme je souhaite que Finis prenne ma suite…
- … nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir des ennemis aussi puissants, acheva Valorum. Et une simple médaille est peu par rapport à cela.
- C’est de la corruption, dit Jagen. Vous me décevez.
Les deux politiciens semblaient avoir prit une claque. Cependant, Kalpana se reprit assez vite.
- Il vaut mieux que la vérité sur le comportement de Tarkin ne soit pas révélé. Qu’y gagnerons-nous ? Des rumeurs ? Une polémique ? Entre cela et une réélection face à un concurrent qui n’apporterait que des torts à la République…
Tout semblait juste, mais quelque chose n’allait toujours pas.
- Faites comme vus le souhaitez. Mais c’est ainsi que nous courrons tous à notre perte.
Et il sortit, laissant les deux plus puissants politiciens de la République à cette époque se regarder, à la fois surpris et contents.

************


Alors que la navette approchait du Knight’s Blade, le sourire qu’il avait eu lorsqu’il avait imaginé cette journée lui revenait aux lèvres. Il ne parvint pas à l’effacer pendant la phase d’atterrissage, et renonça à le faire pendant qu’il circulait dans les coursives, saluant ses hommes. Tous pensaient qu’il était si joyeux en raison de la promotion non officielle mais que des rumeurs rapportaient déjà. Bien peux s’imaginèrent que la raison pouvait être tout autre.
Lorsqu’il entra sur le pont, le calme régnait. Des techniciens étaient assis à leur poste, vérifiant toutes les données transmises par l’ordinateur central du croiseur. La seule personne debout était le lieutenant Tinor, qui deviendrait bientôt capitaine. En voyant arriver Jagen, il eût un sourire entendu.
- Tout est prêt, dit-il sans qu’il ne lui ait rien demandé.
Le gratifiant d’un signe de tête, il se dirigea vers ses quartiers. Il se concentra et parvint à cesser de sourire. Il tapa le code et entra.
La vaste baie vitrée qui séparait son salon du vide intersidérale était à présent orientée vers Coruscant. En plus des contours des meubles, une fine silhouette se détachait dans la lumière émise par la planète-capitale.
Jagen ferma la porte derrière lui et s’avança. Il contourna le canapé et se retourna vers celle qui l’occupait. Mettant un genou à terre, il parla d’une voix monotone, contrôlée, comme s’il avait peur de ne pas arriver au bout de sa phrase.
- Vanya Cadera, veux-tu m’épouser ?
La femme qu’il aimait le regarda, et lui fixait ses yeux aussi bleus que le ciel de Spira, ces yeux qui l’avaient tout de suite frappés. Une lueur d’amusement les éclaira.
- Il était temps, di’kut.
Et tout à coup, il sentit qu’elle le tirait vers elle ; il se retrouva en contact avec son corps, sa chaleur, et ne voulut plus jamais la quitter.


Fin de la première partie du livre, la suivante prendra place onze ans plus tard, peu avant le Blocus de Naboo.
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Messagepar ordo181 » Mer 07 Mar 2012 - 12:20   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

tu fais exprès de nous tenir en haleine petit gredin :D

j'adore le dik'ut à la fin :cute:
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Messagepar Jagen Eripsa » Mer 07 Mar 2012 - 12:38   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Rhooo, Ord'ika, je ne tiens personne en haleine là ^^
Les situations sont bien claires : Jagen est amiral, marié, Willspawn est mort, Tarkin est mort, tout le monde il est beau est tout le monde il est content ^^

Le teaser du prochain chapitre :
AA2.JPG
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Messagepar ordo181 » Mer 07 Mar 2012 - 12:51   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

tout le monde il est beau est tout le monde il est content ^^


je suis pas sur que ceux qui sont morts soient beaux...ni contents :D
c'est toi qui bricole les couv avec photoshop ou c'est des trucs que tu récupère sur le net ??
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Messagepar Jagen Eripsa » Mer 07 Mar 2012 - 12:59   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Les deux premières images sont bricolées, mais celle-là j'en voyais pas l'intérêt, il suffisait de rajouter le texte.
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Messagepar ordo181 » Mer 07 Mar 2012 - 13:06   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Même les premières sont sympas :D
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Messagepar Nicravin » Mer 07 Mar 2012 - 17:45   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Voilà, tout lu.
Avant tout, félicitations. L'histoire est vraiment bien et on suit avec plaisir l'intrigue.
Hâte de découvrir ce que va donner la filière des origines de Jagen.
Excellente idée, le coup des Skywalker descendant de Revan.
Kinan presque anagramme d'Anakin :sournois:
Et puis sinon, c'est sympa de retrouver des têtes connues :oui:
Je ne dis pas que la femme est méchante, je dis que l'homme est con.
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Messagepar Jagen Eripsa » Mer 07 Mar 2012 - 17:51   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Nicravin a écrit:Voilà, tout lu.
Avant tout, félicitations. L'histoire est vraiment bien et on suit avec plaisir l'intrigue.
Hâte de découvrir ce que va donner la filière des origines de Jagen.
Excellente idée, le coup des Skywalker descendant de Revan.
Kinan presque anagramme d'Anakin :sournois:
Et puis sinon, c'est sympa de retrouver des têtes connues :oui:

Content que cela t'ait plu :cute:
Tu es sur la bonne piste, comme tu pourras le constater d'ici deux chapitres :siffle:
Et pour les têtes connues, ce n'est qu'un début :wink:
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Messagepar Patatos » Jeu 08 Mar 2012 - 0:41   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Fini de tout lire.
J'en ai marre de me répéter mais c'est toujours aussi bien :jap:
La suite promet d'être énorme avec Jagen amiral :lol:
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Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 08 Mar 2012 - 0:50   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Tu as vu le teaser ? ^^
Plus sérieusement, j'essayerai de poster la suite demain, mais un certain roman de James Luceno qui sort en France en octobre a posé un gros retcon qui m'oblige à réécrire une partie du texte ^^
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Messagepar Patatos » Jeu 08 Mar 2012 - 0:53   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Jagen Eripsa a écrit:Tu as vu le teaser ? ^^


Ouep et ça me donne encore plus envie de savoir la suite :x

Jagen Eripsa a écrit:Plus sérieusement, j'essayerai de poster la suite demain, mais un certain roman de James Luceno qui sort en France en octobre a posé un gros retcon qui m'oblige à réécrire une partie du texte ^^


Sont soulant c'est écrivains à faire foirer les fan-fictions :paf: :lol:
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Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 08 Mar 2012 - 11:24   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

La suite !

Chapitre 10

« Ce que l’on prétend être n’a aucune importance. Ce sont nos actes qui nous déterminent. »

Proverbe corellien.

Base militaire de la République, Gala, onze ans et neuf mois plus tard.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette base aurait besoin d’un changement de direction. Il devrait s’en occuper en rentrant.
Sa tournée d’inspection dans la Bordure Médiane l’amenait sur différentes planètes, toutes plus exotiques les unes que les autres. Mais le plus inquiétant était de voir le laisser-aller général dans les bases des F.A.R. situées dans cette zone.
Gala ne disposait d’aucune position stratégique. Une huile du Sénat avait décidé d’y envoyer des hommes, il y a de cela près de trois mille ans, lorsque les sullustéens de la SoroSuub avaient décidés de construire des chantiers navals en orbite autour de ce caillou. Petit à petit, l’endroit avait pris de l’importance, amenant le Conseil de Sécurité à décréter Gala base sectorielle. Mais depuis le retrait des garnisons régionales lorsqu’il était devenu amiral, près de douze ans auparavant, ce qui avait été le poumon martial de cette zone déclinait.
Il lui faudrait en parler à Ait et Jaim. Tous deux étaient devenus amiraux, et ils formaient tous trois ce que les mauvaises langues appelaient le « plan à trois », qui n’était en fait que le Conseil Décisionnaire de la Flotte, créé pour empêcher l’apparition d’un autre Willspawn.
Jagen sourit en pensant à son vieil ennemi. Il avait été dégradé de façon posthume, de sorte qu’un sentiment de honte frappait tous ceux qui se réclamaient autrefois de lui. Et il y en avait partout au sein de la République, même au cœur de l’armée, puisque Kendal Ozzel était à présent le commandant de la base de Danuta. Quant à son fils, Iaco Stark, son jugement avait été empêché par la popularité qu’il avait dans la Bordure ; deux procès en appel et un pourvoi en cassation n’avaient pas suffi à le faire enfermer. Mais, une fois redevenu libre, il avait sombré dans l’anonymat. Jagen se demanda ce que penseraient ses fans s’ils savaient que leur héros travaillait à présent pour la Guilde du Commerce, une des organisations qu’il combattait autrefois.
Il repensait souvent à cette journée, cette bataille de Troiken. Stark en était le seul survivant parmi les pirates, si l’on exceptait le mandalorien nommé Montross, son garde du corps qui avait pris la fuite en voyant que les choses tournaient mal. Mais tant de choses s’étaient écoulées depuis.
Il s’était marié, tout d’abord. Deux cérémonies : une sur Bespin, répondant à la tradition corellienne. L’autre avait eu lieu avant, sur le Knight’s Blade, après leurs ébats, à la façon mandalorienne. Une façon qui était un peu trop expéditive pour Jagen, il devait le reconnaître.
Puis Eiran était né. Son fils avait maintenant sept ans ; il avait grandi entre Bespin, pendant ses congés, Centax et leur cabine sur le Knight’s Blade. Il savait déjà parler trois langues et en comprenait cinq ; et, d’après sa mère, il surpassait en intelligence tous les autres enfants de son âge. Ils devaient à présent être installés dans la Cité des Nuages, pendant que lui était coincé sur ce tas de boues puant.
Le caporal qui lui faisait faire la visite était vraisemblablement le commandant de la base. La scène lui rappelait son arrivée sur le Forte Tête, au début de sa carrière. La grande différence, c’est qu’il était maintenant amiral, et à la seule mention de ce grade les gens éprouvaient du respect pour lui. Les seuls qui dérogeaient à la règle étaient les mandaloriens, avec leur gaieté habituelle ; mais Jagen ne s’en formalisait pas. Cela le réjouissait même, tant il en avait assez des regards condescends qu’il sentait posés sur lui.
Les soldats qu’il voyait étaient pour la plupart en fin de carrière. Le monde de Gala était réputé pour ses installations pour retraités, et bon nombre de militaires âgés demandaient cette affectation. La plupart n’avaient donc plus aucune motivation, plus aucun tonus. Oui, il fallait fermer cette base. Très vite.

************


La base qu’il devrait visiter ensuite était celle d’Ord Mantell. Mais cette fois, le mieux était de s’y introduire incognito. C’est pour cela que Jagen se trouvait à présent au spatioport de Gala, en train de chercher un vaisseau qui rejoindrait la fameuse planète des Savrips Mantelliens.
La rodienne assise derrière le guichet ne parlait le basic, il dût donc se débrouiller en huttese pour réserver un billet sur le Centry Reaver, un transport qui ralliait cette destination sans escale. Il partait le même jour, à deux heures près. Louant sa chance, Jagen entra dans le vaste hangar public et monta dans le vaisseau qui semblait quelque peu défraîchi. L’intérieur était en accord avec la coque, décoré dans un style kitsch et peu pratique. Il y avait une dizaine de voyageurs, tous humains, des hommes pour la plupart, à l’exception d’une femme et de son fils qui jouaient ensemble autour d’une des tables. Il alla poser ses affaires dans sa cabine puis revint dans la salle centrale, prit son datapad et commença la lecture des journaux de Coruscant. Le transport décolla peu après, et ne vibra que légèrement lorsqu’il passa dans l’hyperespace.

************


Cela commença par une immense sensation de mal-être, au cours du second jour de voyage. Il était en train de lire un essai du poète et philosophe Geral Sollon lorsqu’il se sentit nauséeux, incommodé. La femme, qui était à présent assise à sa droite, remarqua sa pâleur.
- Vous ne vous sentez pas bien, monsieur ?
Son fils, qui devait avoir un peu près trois ans, le regarda d’un air curieux.
Avant qu’il ait eu le temps de répondre, le son des réacteurs changea : ils venaient de sortir de l’hyperespace.
- Mesdames et messieurs, annonça la voix du capitaine dans l’interphone de bord, nous venons d’entrer dans le système Horuset. Nous allons maintenant… Merde !
Quelque chose n’allait pas, manifestement.
- Gardez votre calme, nous sommes poursuivis par des pirates, nous allons leur échapper…
Ils sentaient les mouvements de la carlingue, et ce malgré la gravité artificielle.
Une grande vibration secoua l’ensemble. Jagen se sentait de plus en plus mal.
- Attachez vos ceintures, reprit le capitaine, nous allons nous poser…
La douleur devint insoutenable, et il y céda.

************


Lorsqu’il revint à lui, toujours aussi nauséeux, plusieurs personnes se trouvaient dans son champ de vision. L’une d’elles l’aida à se relever. Il la remercia et regarda autour de lui.
La planète sur laquelle ils avaient atterri était vraisemblablement rocailleuse, du moins sur cette partie. On ne voyait aucune végétation sous ce ciel rouge, juste une étendue de montagnes ocres et de roches coupantes. Jagen était en train de classer la planète comme inhabitable, lorsqu’il se rendit compte d’une chose.
Ils étaient dans un champ d’obélisques. Des obélisques si âbimées par le temps qu’il avait d’abord cru en leur origine naturelle. Mais il n’en était rien. Et lorsqu’il aperçut une statue dans le lointain, la vérité se fit dans son esprit.
Oh, non, c’est pas vrai, par la Force, que quelqu’un me dise que j’ai tort….
Des passagers étaient en train d’observer les environs du vaisseau, qui était écrasé à côté d’une falaise. L’un d’eux semblait avoir trouvé quelque chose d’intéressant.
- N’y touchez pas ! hurla Jagen.
- Pourquoi ? répondit l’autre. Tu veux tout pour toi ?
Et il souleva ce qui ressemblait à une antique épée.
Plusieurs évènements se produisirent simultanément. Les maux de tête de Jagen augmentèrent brusquement, si bien qu’il se trouva assis la tête dans les mains près du bord du précipice. Sa vision étai troublée, mais il réussit à apercevoir plusieurs bêtes sauvages, apparues comme par magie. L’une d’elle se précipita vers lui. Il ne chercha même pas à l’éviter, mais la créature ne put pas se jeter sur son corps. Son énorme poids avait fait basculer la corniche sur laquelle ils se trouvaient tous deux dans le vide.
La chute dura quelques secondes, puis un énorme bruit sourd survint, et tout disparut à nouveau.

************


La nuit était tombée lorsqu’il se réveilla. Surpris d’être encore en vie, il se demanda tout d’abord si cela n’avait pas été un mauvais rêve. Mais le cadavre de la bête à ses côtés ne laissait aucun doute.
Il se leva prudemment, mais fut surpris de n’avoir aucune côte cassée. La chute avait dû faire une centaine de mètres, et il était surprenant qu’il y ait survécu. Levant les yeux, il vit l’épave du Centry Reaver, perchée en haut de la falaise. Le mieux à faire était d’y retourner.
L’ascension dura de nombreuses heures, et il ne parvint sur le plateau qu’au petit matin. Le spectacle qu’il y vit le terrorisa.
Les autres passagers et les membres d’équipage n’étaient plus que des cadavres sans vie, à moitié dévorés. L’enfant et sa mère étaient au nombre des victimes, une expression de terreur sur leurs visages défunts.
Jagen ramassa des pierres aux alentours et érigea un tumulus pendant toute la journée. C’était autant par respect envers ces morts innocents que par précaution. Car il savait qu’aucun mort ne l’était vraiment sur la planète-cimetière des Sith, Korriban.
Le mal-être qui envahissait Jagen ces dernières heures n’était sans aucun doute qu’une réaction face au Côté Obscur omniprésent sur cette planète. Jagen avait déjà senti une puanteur à la fois semblable mais moins intense ; c’était lors de son unique séance au Sénat, lors de l’inauguration de la Flotte Katana. Sûrement les magouilles politiques.
« La paix est un mensonge. Seule la passion existe. »
La force de l’assaut mental était terrifiante. Il n’avait pas pu y résister.
Mais cette voix caverneuse n’avait peut-être pas tort dans ce qu’elle disait. La République était officiellement en paix, et pourtant il y avait tant de conflits…
« La passion me confère la force. »
La voix devenait plus suave, moins cassante. Là encore, Jagen dût reconnaître la véracité de ses dires : lui qui s’était battu avec passion au cours de toutes ces années était devenu si fort…
« La force me confère la puissance. »
Le pouvoir. Sa flotte lui avait donné le pouvoir nécessaire pour être entendu.
« La puissance me confère la victoire. »
Personne ne l’écoutait, avant. Mais il était devenu quelqu’un de puissant, à présent.
« La victoire me libère de mes chaînes. »
La voix disait vrai. Il était libre, à présent.
« Marche vers l’est. »
Il obéit à cet ordre, pressé de découvrir ce qui l’attendait.
Avoir entendu la voix lui avait fait oublier ses propres mises en garde.

************


Douze jours plus tard, c’est un Jagen transfiguré, méconnaissable qui émergeait du vaste massif montagneux qu’il venait de traverser.
La voix était revenue plusieurs fois. C’était son guide. Lorsqu’il avait eu faim, elle lui avait expliqué comment subsister en puisant dans le Côté Obscur. Affamé, il n’avait pas eu d’autre choix. La sensation de chaleur qu’il éprouva alors était sans pareille. Il se sentait incroyablement bien.
« Les Jedi redoutent le Côté Obscur parce qu’ils ne le connaissent pas, lui avait dit la voix. Quel Jedi aurait pu survivre à une telle épreuve ? Aucun, car ils ignorent la véritable teneur de la Force. »
Son regard jauni par l’utilisation qu’il avait fait de ses pouvoirs ces derniers jours se posa sur le haut temple noir dressé devant lui. D’énormes hiéroglyphes étaient inscrits sur son fronton. Jagen n’avait jamais appris à les lire, mais leur affinité naturelle avec le Côté Obscur était telle qu’il pouvait à présent les comprendre.
L’Oracle des Sith.
Il pénétra à l’intérieur grâce à une large ouverture qui perçait la façade. Il alluma une torche, et se laissa guider dans un vaste dédale de couloirs par la voix.
Il arriva dans une grande salle vide, à l’exception d’une pierre noire posée sur un piédestal en son milieu. Son instinct lui conseillait de faire demi-tour, mais la voix le poussait à toucher cette pierre. Ce qu’il fit.
Il fut aussitôt transporté en d’autres lieux, dans d’autres temps, dans d’autres dimensions, pour finir dans une sorte de gouffre abyssal, prostré devant une douzaine de sombres silhouettes.
Il s’agissait sans aucun doute des anciens Seigneurs Sith. Il en distinguait plusieurs : une iktotchi aux cornes âbimées, un homme massif et chauve, un hybride sith-humain avec une haute coiffe plate, une femme à la fois belle et ténébreuse avec ses cheveux blonds.
L’homme massif s’avança.
- Voici donc celui que nous avons guidé jusqu’ici. Celui qui fera renaître notre Ordre.
- Pensez vous qu’il en sera capable, maître ? demanda la femme blonde. Il n’a reçu aucune formation.
- Il en recevra une, assura le colosse.
- Vous voulez rire ? se moqua le sith à la coiffe haute. Vos « Sith » se terrent depuis près de mille ans. Nous n’allons pas attendre un millénaire de plus notre vengeance !
- Il suffit, Sadow, répondit l’iktotchi. Dark Millenial m’a trahie, et Sidious fera de même avec Plagueis. Nous l’avons vu. Cela arrivera très bientôt. Mille ans d’efforts réduits à néant. Nous avons besoin d’un nouveau Seigneur Noir.
- Qu’en dis-tu ? demanda le colosse en se tournant vers lui. Es-tu près à t’affranchir de la larve que tu es actuellement, afin de maîtriser le vrai pouvoir du Côté Obscur ?
Jagen se vit conquérant des mondes par la simple pensée, créant les armes les plus dévastatrices, tuant ceux qui ne seraient pas d’accord avec lui. Il serait le maître. Il modèlerait la galaxie à son image. Tout cela était si tentant… il allait répondre oui quand une vision s’imposa à ses yeux.
A travers ses pensées, Vanya et Eiran le fixaient, peinés.
Ce fut comme s’il retrouvait la mémoire. D’un seul coup, tout ce qui s’était passé depuis son crash sur Korriban lui parut clair. Il faisait fausse route. Il devenait ce qu’il avait juré de combattre.
- Non.
- Non ? Très bien... Dans ce cas, meurs !
Il fut brusquement ramené vers la réalité, au cœur de l’Oracle des Sith. Un frémissement parcourut la salle, suivi d’un long râle. Et quand Jagen identifia sa provenance, il resta tétanisé.
Possédé par le pouvoir du Côté Obscur, il avait été concentré par cette pierre si puissante. Maintenant, il remarquait que le sol de la salle n’était pas aussi lisse qu’on aurait pu le croire. Il était en fait recouvert d’un tapis.
Un tapis de cadavres.
Les dépouilles s’animèrent et essayèrent de l’attraper. Il se concentra et réussit à les repousser avec une poussée de Force.
Il ne portait pas d’arme ; en effet, il venait de se rendre compte de la disparition de sa tenue de voyage, remplacée par une tunique entièrement noire. Le temps était donc venu de fuir.
Il sauta en faisant appel à la Force et retomba en toute légèreté de l’autre côté. Prenant ses jambes à son cou, il se précipita dans le dédale inextricable. Mais il n’était pas guidé par le Côté Obscur ; il se retrouva donc dans une pièce sombre, qui n’était rien d’autre qu’un cul-de-sac.
Cependant, cela aurait été un pur mensonge que de considérer cette salle comme inintéressante. Il s’y trouvait une belle collection de sabres lasers, qui étaient apparemment fournis par les Jedi déchus qui rejoignaient les Sith en guise d’offrande.
La collection avait dû être entretenue, à une époque, puisque la plupart des pièces étaient étiquetées. Le nom sur l’une d’elles l’attira.
C’était le sabre-laser de Revan.
Les monstres cadavériques se rapprochaient ; il n’avait plus le temps de tergiverser. Il saisit l’arme et l’alluma. Malgré ses quatre mille ans de sommeil, le sabre fonctionnait toujours et une lame d’un bleu azur apparut. Mais la sensation qui en découla n’était pareille à aucune autre : ce rayon énergétique faisait partie de lui. Intégralement.
Les premiers monstres se jetèrent sur lui. Il les trancha en deux avant de s’occuper de ceux qui suivaient. La technique, si elle était efficace face à l’avant-garde, serait bientôt inutile ; les créatures allaient l’encercler.
Une idée lui vint à l’esprit alors qu’il regardait autour de lui lesquels s’avèreraient les plus dangereux. Il saisit son sabre et coupa les colonnes de pierre qui soutenaient le plafond.
L’éboulement qui en découla ensevelit entièrement les cadavres animés. Mais il était à présent coincé contre le mur, sans espoir de sortie.
De l’autre côté des éboulis, d’autres monstres commençaient à arriver. Il fallait faire vite. Se souvenant de quelques holovids qu’il avait visionné sur les plus célèbres missions de Jedi, il planta son arme dans le mur et commença à tracer un large cercle. L’opération lui prit une minute ; déjà, les premières mains cadavériques émergeaient des gravats. Il poussa le bloc de roche, qui laissa passer la lumière du jour, et sortit.
Il courut encore quelques mètres avant de s’arrêter et de se retourner. L’Oracle se dressait encore là, grande forme noire qui masquait la lueur rougeoyante de l’étoile Korr. Il avait la conviction, sans qu’il ne puisse expliquer pourquoi, que les cadavres ne sortiraient pas sous le soleil. Il lui faudrait donc être loin lors que la nuit tomberait. Ce qui ne devrait pas se produire avant six ou sept heures.
Le moment était donc venu de faire un bilan sur sa situation. Il s’assit et commença à méditer sur tout ce qui lui était arrivé depuis son arrivée dans le système Horuset. Tout devenait clair : ses malaises, les créatures, cette voix… Il s’agissait des manifestations du Côté Obscur, cela ne faisait aucun doute. Le plus troublant était cependant ce qui lui était arrivé lorsqu’il avait trouvé cette pierre noire, à l’intérieur du temple.
Il avait d’abord cru à un rêve, mais il n’en était plus certain. Les personnages qu’il avait pu voir étaient des Sith, cela ne faisait aucun doute. Il en connaissait un : le tristement célèbre Naga Sadow, leader des armées des Ténèbres lors de la Grande Guerre de l’Hyperespace. Les autres étaient en revanche de parfaits inconnus. Ils le voyaient comme destiné à devenir l’un d’entre eux ; afin de remplacer un qui les aurait trahi, ce Dark Sidious. Et à les en croire, il les aurait trahi récemment.
Mais c’était purement impossible… Il n’y avait plus de véritable Sith depuis près de mille ans… Il avait dit à Melena Nash qu’ils allaient revenir, mais il pensait avant tout à de très puissants Jedi Noirs. Pas aux héritiers d’une culture plurimillénaire.
« Je pense qu’il s’agit des Sith. »
Ce n’était pas la voix d’un quelconque Seigneur Noir qui résonnait à présent dans sa tête, mais celle de son bien-aimé mentor, Aiden Corona.
Il avait prononcé ces mots lors de leur dernière entrevue, dans les cieux de Vjun.
Environ un quart d’heure avant la disparition de toute la Flotte Katana dans l’hyperespace.
Dans la précipitation qui avait suivi le drame, Jagen avait complètement effacé cette conversation de son esprit. Maintenant, elle lui revenait, et il s’en souvenait tellement bien qu’il avait du mal à croire qu’elle s’était déroulée quatorze ans auparavant.
Aiden avait pensé qu’il était traqué. Il avait dit être pressé de rentrer chez lui… Il avait déjà entré les coordonnées dans le naviordinateur… Il lui avait parlé de ses agents… de ceux qui avaient été tués par un sabre-laser.
Il avait raison.
Les Sith sont de retour.

Le mieux à faire à présent était de quitter Korriban. D’avertir la République. Son instinct, qui n’était plus obscurci par la noirceur du Côté Obscur, lui dit de marcher vers le nord. Ce qu’il fit.

************


Jagen réussit difficilement à prendre pied sur le plateau situé au sommet de cette falaise, la troisième qu’il avait escaladé depuis deux jours, depuis son départ de l’Oracle.
La faim le tiraillait quelque peu, mais il s’y faisait. Quant à la soif, il avait eu la chance de trouver un petit filet d’eau. Elle avait mauvais goût, mais c’était bien mieux que rien.
Époussetant la tunique noire et le blaster qu’il avait trouvé abandonné deux heures auparavant, il jeta un coup d’œil aux alentours. Il se trouvait visiblement dans une autre zone de la Vallée des Seigneurs Noirs, dans laquelle il était entré la veille.
Ce n’était certainement pas le trajet qu’il aurait emprunté s’il avait eu le choix, mais comme il était sans carte et sans GPS, c’était déjà un bon début. Il savait que l’astroport de Dreshdae était autrefois situé à l’extrême limite nord de la vallée ; c’était sûrement devenu à présent un repaire de contrebandiers, d'où il pourrait quitter la planète.
Quatre tombeaux se dressaient dans ce corridor rocheux. Deux étaient à sa droite et les deux autres à sa gauche. Une forêt d’obélisques endommagées se dressait entre eux. Deux autres, bien plus grandes, encadraient une antique route, qui lui permettrait de quitter le défilé. Ce qu’il allait faire très vite.
Alors qu’il parvenait au bout du plateau, un hurlement sonore se fit entendre derrière lui. Il identifia des Tuk’atas, les chiens de Sith comme on les appelait couramment. Les créatures courraient vers lui. Il savait que leurs morsures, si elles ne vous déchiraient pas en deux, étaient tout de même mortelles à cause du poison présent sur leurs dents. Il prit ses jambes à son cou et remonta la route.
Elle était raide et montait, ce qui contribua à le fatiguer. Les Tuk’atas se rapprochaient de lui à chaque instant. Il vit une grotte devant lui et entra à l’intérieur.
Les Tuk’atas reniflèrent et s’assirent. Ils semblaient avoir peur de la caverne. Il n’avait donc pas le choix. Il devrait se réfugier quelques temps à l’intérieur.
Se faufilant discrètement dans la pénombre, il avança dans la grotte. Plusieurs couloirs partaient de la branche principale. Au détour de l’un d’eux, Jagen vit ce qui devait faire si peur aux quadrupèdes : les Shyracs, des monstres volants. Ils ne l’avaient heureusement pas repéré. Il arriva enfin à une vaste salle divisée en deux par un profond groupe. Un mince pont de pierre reliait les deux bords.
Jagen alla de l’autre côté, intrigué. Un énorme squelette était placé à l’autre extrémité du pont. Il appartenait à une sorte de petit rancor. La scène lui parut quelque peu familière, sans qu’il puisse dire pourquoi.
Il alla vers la gauche, persuadé d’avoir vu des traces de constructions. Il avait vu juste : une porte de pierre donnait sur la caverne.
La porte s’ouvrit lorsque Jagen passa devant. Poussé par la curiosité, il entra.
La porte se referma dans un bruit sec derrière lui. Malgré cela, il n’était pas dans le noir ; de petits éclairs violets tapissaient l’encadrement de la porte située devant lui, au bout du couloir rectiligne. Il passa l’ouverture et eut un choc.
Trevor Willspawn et Iaco Stark le regardaient, avec un sourire malicieux.
- Ah, Jagen. Je me demandais quand vous arriveriez.
Quelque chose n’allait pas. Pas du tout, même.
- Vous êtes mort, répondit Jagen en le montrant du doigt. Quant à lui, ajouta t-il en désignant Stark, il fait partie de la Guilde du Commerce.
- Vous avez bien raison. Je suis mort. En fait, vous m’avez un peu tué, non ? Et qu’est-ce que cela vous apporté, Jagen ?
Il resta muet, attendant la suite.
- Rien, bien sûr. Ah, si, vous êtes amiral. Pour autant, pouvez-vous influencer les décisions du Sénat ? Non. Pouvez-vous imposer votre volonté sans être contredit ? Non. Vous n’avez même pas le droit de renvoyer quelqu’un sans remplir une dizaine de formulaires. Non, vraiment, ma mort était inutile.
Il ne dit rien.
- Alors, reprit Willspawn, visiblement irrité, je vous fais la même proposition que la dernière fois. Voulez-vous servir ma cause, devenir le chef de la piraterie galactique ? Le héros de la Bordure, la terreur du Noyau ?
Le fantôme de Willspawn, ou ce qui s’en approchait le plus, le fixait intensément. Celui de Stark également.
- Non. Je sers la République. Pas ses ennemis.
- Non ? répéta Willspawn avec un sourire diabolique. Comme tu voudras.
Les deux apparitions sortirent des blasters de leurs poches et firent feu. Il riposta et ne loupa pas ses tirs. Tous deux furent touchés en pleine tête et disparurent dans le néant. Il ne restait aucun cadavre.
Sur ses gardes, Jagen passa la porte suivante et traversa la salle suivante. Rien ne se produisit. La pièce d’après, par contre, n’était pas si calme.
Une escouade de soldats de la République l’attendait lorsqu’il entra. Jagen put notamment reconnaître le lieutenant Dallin, qui était devenu colonel au lendemain de la Guerre de Stark. Tous ces hommes portaient une tenue adaptée au froid.
Galidraan.
- Colonel, dit l’un des hommes, les Death Watch ont posé des mines. Les Jedi sont de l’autre côté. Devons-nous traverser ?
Le ton de sa voix indiquait qu’il ne le souhaitait pas.
Jagen regarda le pont qui traversait la pièce. Il avait déjà enlevé des mines, à l’Académie Navale, il savait comment faire.
- Restez là, ordonna t-il. Je vais les enlever.
Il les neutralisa une à une. A ce moment, la porte du fond s’ouvrit, laissant apparaître les commandos renégats des Death Watch.
Tous les républicains ouvrirent le feu. Comme avec Willspawn, les apparitions foudroyées disparaissaient avant d’avoir touché le sol. Lorsque le dernier ennemi fut vaincu, les soldats de la République disparurent à leur tour.
Se demandant ce que lui réservait la salle suivante, il passa la porte par laquelle les mandaloriens étaient entrés. Elle menait à un embranchement ; suivant son instinct, il prit celui de gauche.
La salle était brumeuse. Il avança jusqu’au milieu, avant d’entendre des bruits de pas.
C’était Vanya, portant Eiran dans ses bras.
Elle était plus belle que jamais, et en même temps bien plus repoussante. Il ne parvenait pas à se l’expliquer.
- Tu nous as trahis.
La voix était glaciale, pleine de reproches.
D’autres pas. Les silhouettes de Jaim Helaw, Ait Convarion, Galieet Hurieegh et Mell Tinor apparurent.
- Ecarte-toi d’elle, Jagen, dit la silhouette d’Ait Convarion. Elle ne te veux que du mal.
- Vous êtes venus pour le corrompre, dit la voix glaciale qui sortait de la bouche de Vanya.
- Tu es une meurtrière, la mandalorienne, dit un Galieet empli d’une véhémence qui ne lui ressemblait pas.
Il lui était difficile de voir ceux qu’il aimait et ses amis s’entredéchirer. Il fallait qu’il intervienne.
- Arrêtez tous.
Les regards glaciaux des six silhouettes, y compris celle de son fils, se posèrent sur lui. Ils dégainèrent des armes et tirèrent.
Il lui fallut les abattre tous, jusqu’au dernier. Lorsqu’il en eût finit, Jagen se pencha pour vomir.
Ces visions, car il était maintenant sûr que c’en était, étaient de plus en plus horribles. Abattre Willspawn et Stark était une chose ; tuer Vanya, Eiran et tous ses amis, même s’il ne s’agissait que d’illusions, en était un autre.
La porte à sa droite était maintenant ouverte. Rassemblant tout son courage, Jagen la passa.
Le couloir descendait abruptement et était fermé d’une autre de ces portes encadrées d’éclairs lumineux. Jagen inspira et entra.
Il était manifestement entré dans un tombeau. Maintenant qu’il y pensait, tout le complexe n’était sûrement que la dernière demeure d’un quelconque Seigneur Sith. Mais son attention était focalisée sur les deux silhouettes qui se tenaient droites devant le sarcophage.
Celle de gauche était celle d’un homme qui paraissait immensément âgé, mais n’avait en rien la bonhommie qu’arboraient généralement les personnes d’un certain âge. Sa figure était creusée de profondes rides, et sa peau pâle lui donnait l’apparence d’un squelette. Deux yeux jaunes le fixaient.
L’autre était à la fois moins horrible et plus dérangeante ; c’était celle d’un grand homme en armure noire ; son plastron intégrait visiblement un appareillage qui était en partie recouvert par la cape qui descendait depuis ses épaules. Mais le plus choquant était son casque : le visage de l’inconnu n’était pas visible, remplacé par ce qui ressemblait le plus à un masque mortuaire.
Il s’agissait sans aucun doute de Seigneurs Sith.
Jagen alluma son sabre laser.
Les deux autres l’imitèrent.
Ils portèrent le premier coup à deux. Jagen ne le retint que difficilement, et dût user de toute sa force pour les repousser. Les engagements s’enchainèrent ainsi pendant près d’une minute, aucun d’entre eux ne prenant l’avantage. Il eût à repousser plusieurs éclairs de Force, lancés par la silhouette ridée. Celui qui lui donnait le plus de mal au sabre laser était le grand vêtu d’une armure noire. Son instinct lui disait malgré tout que leur condition de vision de Force limitait leur puissance.
Réussissant à embrocher le colosse sombre, qui disparut immédiatement, Jagen se concentra sur le petit. Un rictus déformait sa bouche.
- Tu oses me défier ? Défier Dark Sidious ?
Ce nom. Celui prononcé par le Seigneur Sith. Au moins, il connaissait à présent son ennemi. Son visage lui rappelait déjà quelqu’un, mais qui ?
D’un moulinet du poignet, il arracha son arme au Sith. De nouveau seul, il regarda la porte s’ouvrir.
Il était de retour dans la vaste caverne. Mais cette fois-ci, il voyait une sortie sûre.

************


La navette qui s’approchait de Centax transportait une personne qu’il tenait absolument à voir, et pourtant, Jagen avait le sentiment de ne pas être prêt.
Attendant son invitée, Jagen se remémora les jours qui avaient suivi son évasion en tant que passager clandestin de Korriban. Le vaisseau du contrebandier dans lequel il s’était caché fit une escale sur Brentaal IV, d’où il put contacter ses forces. Tout le monde le recherchait depuis deux semaines déjà.
Il avait été débriefé par les Forces Judiciaires du Sénat quant au crash du Centry Reaver. Il ne leur avait raconté qu’une petite partie de l’histoire, gardant l’autre secrète pour sa visiteuse.
La porte de son bureau s’ouvrit, laissant apparaître Melena Nash.
- Bonjour, Jagen.
Elle s’assit dans un siège devant lui.
- Bonjour, Melena. Vous allez bien ?
- Ce n’est pas à moi qu’il faut poser cette question, Jagen. C’est à vous. Dans votre message, vous mentionniez votre disparition, le mois dernier.
- C’est vrai. C’est une longue histoire…
Pendant près d’une heure, il lui raconta tout dans les moindres détails, chose qu’il n’avait faite avec personne d’autre, pas même Vanya. Ce qui en disait long.
A la fin du récit, Melena s’affaissa dans son fauteuil, pensive.
- Dark Sidious, dit-elle. Au moins, nous savons qui chercher.
- Nous savons aussi que la prophétie va bientôt s’accomplir, souligna Jagen. Il faut accélérer nos préparatifs.
Elle le regarda d’un air navré.
- Jagen, vous vous rendez compte que tout ce que vous pouvez faire en dix ans dans le secret, la République pourra le faire en quelques semaines…
- Peut-être, coupa t-il. Ou peut-être pas, la question n’est pas là. Je pense que nous allons assister à une guerre d’un genre nouveau. Sidious… vous savez ce que cela signifie ?
- C’est limpide. L’insidieux.
- Exactement. Il va nous attaquer de l’intérieur, retourner le peuple contre nous, par exemple. C’est peut-être même un des maîtres Jedi qui siègent au Conseil.
- Je ne crois pas, objecta poliment Melena. Enfin, pour le moment, concentrons-nous sur notre tâche principale. Trouver le nouveau Kinan Skywalker.
- Ne vous inquiétez pas pour ça, dit Jagen avec un sourire. La Force nous guidera….

Le dernier chapitre du tome I se déroulera en parallèle de l'Epidode I.
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Messagepar Nicravin » Jeu 08 Mar 2012 - 14:27   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Encore un très bon chapitre avec beaucoup d'action.
C'était une très bonne idée d'utiliser les lieux de KoTOR :oui: .
Après les tètes connues, voilà les lieux connus. Où s'arrêtera Jagen? :transpire:
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Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 08 Mar 2012 - 15:18   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Ah, mais je ne m'arrêterai pas de si bon chemin ! L'une de mes petites marques de fabrique est le placement de citations issues des films ou des livres, ou de situations qui s'en inspirent ^^
Sinon, content que cela te plaise, c'est vrai que ce chapitre parle avant tout aux joueurs de KoTOR et KoTOR II, mais c'est parce qu'il s'agit des meilleurs RPG auxquels j'ai pu jouer et que j'avais envie de les faire apparaître dans mon histoire. D'ailleurs le deuxième tome traitera également beaucoup de KoTOR.
Sinon, comme dit ci-dessus, le dernier chapitre du tome I se déroulera en même temps que la Menace Fantôme, il y aura donc quelques situations en rapport (et on découvrira pourquoi la flotte républicaine n'intervient pas sur Naboo :transpire: )
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Messagepar Nicravin » Jeu 08 Mar 2012 - 18:10   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

et on découvrira pourquoi la flotte républicaine n'intervient pas sur Naboo :transpire:

Parce que sinon y aurait pas d'histoire? :idea:
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Messagepar ordo181 » Jeu 08 Mar 2012 - 19:15   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

(et on découvrira pourquoi la flotte républicaine n'intervient pas sur Naboo :transpire: )


parce que c'est l'heure de la pause déjeuné ?? (je suis déjà loin :transpire: )
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Messagepar Jagen Eripsa » Jeu 08 Mar 2012 - 19:23   Sujet: Re: Chroniques de la Marine Républicaine

Bien essayé, mais c'est pas ça :wink:
En fait, je suis parti d'un passage de Death Star, où l'un des personnages récurrents de ma FF raconte une histoire se déroulant aux alentours de la bataille de Naboo. J'en ai fait un bon gros chapitre qui clôt le livre de telle sorte que... Eh bien, vous savez ce qui se passe à la fin de la Menace Fantôme, non ? ^^
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