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1. Avant-propos
 

La série live ... ou l'une des principales sources de spéculations qu'a pu connaître la licence. Annonces officielles et officieuses, reports multiples, rumeurs en tous genres ... Beaucoup de bruit pour pas grand chose finalement. Des années après la première mention d'une série live avec acteurs se déroulant entre les épisodes III et IV de la saga, force est de constater qu'il n'existe rien de concret. Voici une ébauche de ce qu'aurait pu être la fiche technique, d'après les déclarations officielles :

George Lucas lors du Celebration 3Titre de travail : Star Wars : Underworld
Producteur : Rick McCallum
Format : 100 épisodes de 60 minutes
Période : quelque part durant les 19 années séparant les Episodes 3 & 4
Héros : principalement des nouveaux personnages, des personnages secondaires des films, des héros de l'Univers Etendu, des chasseurs de primes
Histoire : plutôt sombre ; centrée sur des personnages
Chef de projet : George Lucas lancerait et soutiendrait la série, mais quelqu'un d'autre la superviserait 
Date : Inconnue
Budget : inconnue, mais "ce qui coûtera réellement (par exemple) 1 million de dollars semblera en coûter 30 à l'écran"
Tournage : caméra numérique Sony Haute-Définition, semi-professionnelle
Lieux de tournage : partout dans le monde, avec probablement comme base principale Sydney
Avancée du projet :  le scénario d'un téléfilm et de 50 heures d'épisodes déjà écrit
Raisons de la mise en pause : Le coût trop élevé. 50 millions de dollars par épisode

***

Bref, tout ceci est bien mystérieux. Pour tenter de déblayer le terrain, notre vieux dinosaure Darkee (Pierre-Eric Salard) vous propose un petit voyage dans le temps. Vous vous en rendrez bientôt compte : nous sommes passés à côté de quelque chose de grand...

2. Au commencement
 

Avant qu’il ne confie l’avenir de Lucasfilm à Disney, George Lucas a tenté d’imposer un dernier projet ambitieux. L’univers Star Wars se serait épanoui dans une série télévisée, accompagnée par un jeu vidéo. Si les scripts et illustrations de production d’«Underworld» et Star Wars 1313 resteront cloitrés dans les archives de Lucasfilm, leur influence se fait parfois sentir dans les plus récentes productions…

Au printemps 2005, à l’occasion de la sortie de La Revanche des Sith, George Lucas initie plusieurs projets visant à préparer l’avenir de la franchise. Son studio LucasArts se lance dans la production, en interne, du jeu vidéo Pouvoir de la Force (The Force Unleashed, 2008). L’intrigue tourne autour des aventures de l’apprenti secret de Dark Vador, entre les épisodes III et IV. Maintenant que la prélogie est terminée, les auteurs ont enfin l’opportunité d’imaginer des histoires situées pendant les 19 années séparant la prise de pouvoir de Palpatine de la destruction de l’Etoile de la mort. A l’exception de quelques romans publiés à l’époque de la trilogie classique, cette période est longtemps restée inexplorée – à la demande expresse de George Lucas, qui en avait fait sa chasse gardée. Le Pouvoir de la Force va ainsi pouvoir relier thématiquement et narrativement les deux trilogies cinématographiques.


Image promotionnelle du jeu Le Pouvoir de la Force (2008)

 

Mais George Lucas ne se contente pas de donner le feu vert au Pouvoir de la Force et d’annoncer la production de la série d’animation 3D The Clone Wars. Il indique également qu’une série en prises de vues réelles – un format encore inexploité par la franchise, à l’exception de quelques téléfilms – verra le jour. Indiana Jones, lui, avait déjà eu le droit à sa propre série, dans les années 1990 – Les Aventures du jeune Indiana Jones lui avait permis de mettre à l’épreuve plusieurs technologies qui seront ultérieurement utilisées lors de la production de la prélogie Star Wars. Le coup d’envoi du processus de pré-production de la série est alors annoncé pour l’automne 2005. Il faudra malgré tout attendre 2012 pour que Rick McCallum, le producteur de la prélogie, dévoile son titre de travail : «Star Wars Underworld» (un terme dont la traduction pourrait être «la pègre», mais aussi «l’enfer»). Si l’espace cinématographique est réservé aux mésaventures de la famille Skywalker, George Lucas ne s’interdit donc pas d’explorer les secrets des criminels, mercenaires ou chasseurs de primes que nous avons aperçus dans les films. Et dont les leaders règnent sur les bas-fonds de Coruscant, capitale de l’Empire. Assassinats, trafics de drogue, esclavage, prostitution : cette série révèlera la face sombre de la galaxie, et ne s’interdira aucun sujet.

3. Une approche plus adulte
 

A l’instar du Pouvoir de la Force, «Underworld» se déroulera entre les Episodes III et IV, au cœur d’une époque troublée par l’essor d’un jeune l’Empire galactique. L’Ancienne République n’est plus, et l’Alliance rebelle entame tout juste sa formation. Ce territoire quasiment vierge permettra aux auteurs de ne pas être contraints par des rebondissements présentés sur d’autres supports officiels. Pour concrétiser sa vision, George Lucas cherche avant tout à réduire les coûts nécessaires à la production d’un projet si ambitieux, comme il avait réussi à le faire une décennie plus tôt pour les «Aventures du jeune Indiana Jones». Si la Revanche des Sith a coûté 113 millions de dollars, à combien pourrait s’élever le budget d’une série d’une quinzaine épisodes, et qui reprendrait l’imagerie de Star Wars ? A l’époque, les 10 à 14 millions de dollars investis dans la production du pilote de «Lost» - réalisé par J.J. Abrams ! - viennent de marquer les esprits. A l’été 2015, George Lucas explique qu’il compte diviser le budget escompté - par dix ! – en accumulant les méthodes permettant de dégager des économies, et notamment en utilisant des caméras numériques semi-professionnelles.

Dans les semaines suivantes, George Lucas, Rick McCallum et les responsables de Lucasfilm entament des discussions afin de préciser les contours de leur ambitieux projet. La pré-production devait alors s’étaler sur l’année 2006, avant que le tournage ne débute en 2007 en Australie (et de filmer en extérieur sur toute la planète). Rappelons que les Episodes II et III furent eux-aussi tournés sur les plateaux des Fox Studios, à Sidney. D’ici là, un certain nombre de scénaristes seront recrutés pour imaginer une série au ton bien plus sombre, dramatique et mature que les longs-métrages. Les enfants et préadolescents représentaient le cœur de cible de la saga (et de «The Clone Wars») ? La nouvelle série, elle,  sera destinée aux jeunes adultes. Si leur apparition n’est pas exclue, aucun protagoniste des films n’obtiendra un rôle majeur. «Underworld» sera consacrée à des personnages mineurs (parfois introduits dans l’univers étendu des romans et comics), qui n’ont pas le destin de la galaxie entre leurs mains.


Concept art d'un droïde astromech pour le projet 1313

4. L’éternel retour de Boba Fett
 

George Lucas ne manque jamais d’ambition : dès le départ, il imagine un long récit s’étalant sur près de cent heures ! L’idée est d’écrire un maximum de scripts en amont du tournage afin de connaitre la direction globale de la série – et la manière dont elle se terminera. Enfin, chaque épisode doit être produit pour un budget inférieur à deux millions de dollars. Si cet exploit n’est pas atteint, la série ne verra jamais le jour : George Lucas souhaite lui-même financer ce projet, avant de revendre les droits de diffusion. Six mois plus tard, en 2006, deux axes semblent avoir les faveurs du cinéaste : la volonté de réduire les coûts de production, et l’idée de concevoir la série, du début à la fin, avant même d’entamer le tournage. La diffusion d’«Underworld», que l’on envisageait pour 2008, est repoussée pour l’aube des années 2010. Avant toute chose, il est nécessaire d’écrire l’intégralité des scripts, terminer le processus de recherche conceptuelle, dessiner des milliers d’illustrations, etc. Parallèlement, George Lucas concentre son attention sur la production de «The Clone Wars», un projet qui obtient la priorité.

La série s’inscrit dans un contexte géopolitique : les décisions et actes de certaines personnalités illustres pourraient impacter le récit. Les ombres de L’Empereur Palpatine et Dark Vador planeraient ainsi sur les parcours des protagonistes. La présence de chasseurs de primes issus de la saga est de plus en souvent évoquée. Les fans imaginent déjà retrouver un jeune Boba Fett, au sommet de sa gloire. Au printemps 2006, Rick McCallum, l’optimiste producteur de la prélogie, annonce que le tournage débutera deux ans plus tard. En octobre, George Lucas évoque la possibilité de raconter une histoire autour des pilotes d’une toute jeune Alliance rebelle. La série pourrait donc se permettre d’explorer d’autres territoires que la pègre galactique.


Boba Fett - Concept art de 1313

En 2007, la production semble s’accélérer. Lucasfilm continue à rencontrer des scénaristes, aux Etats-Unis comme en Europe. Rick McCallum affirmera que près de 200 auteurs furent approchés ! Dont ceux des séries «Lost» et «Battlestar Galactica». Une première étape est inscrite dans le marbre : l’organisation d’une première réunion à l’automne, afin que les premiers jalons du récit puissent être posés. «La stratégie de George, très audacieuse, consistait à obtenir une cinquantaine de scripts vraiment bons avant de commencer à tourner la série», se souvient le scénariste Matthew GrahamAshes to Ashes»). «Nous saurions ainsi dans quelle direction irait la série. Nous pourrions dire à n'importe quel acteur ou réalisateur ce qui se passerait vingt semaines plus tard». Lucasfilm compte désormais lancer le processus du casting à l’été 2008, pour un tournage en 2009 en Australie.

5. Un projet multimédia
 

Rick McCallum précise les contours du projet : chaque saison sera composée d’une douzaine d’épisodes. Si la série fonctionne auprès des spectateurs, un personnage secondaire obtiendrait ultérieurement sa propre série dérivée. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que plusieurs aventures se déroulent en parallèle – à l’instar des séries «Star Trek» dans les années 1990. Cet objectif – Rick McCallum évoque même jusqu’à 100, voir 400 épisodes en fin de parcours - s’avérera évidemment bien trop ambitieux. Mais «Underworld» commence à prendre forme. Le producteur annonce d’ailleurs qu’un personnage des films s’invitera bel et bien dans la série : Boba Fett. Il sera accompagné de personnages originaux, dont une bande de chasseurs de primes. Certains fans feront ainsi un rapprochement avec les séries HBO «Les Soprano» et «Deadwood».

Quelques années plus tard, Rick McCallum préfèrera la comparer au Parrain : «La série est consacrée à des chefs de réseaux criminels, alors que le pouvoir de l’Empire s’accroit». En novembre 2007, un petit groupe d’une demi-douzaine d’auteurs, de nationalités américaine, britannique et australienne, se rassemble au Skywalker Ranch, dans le nord de la Californie. Or une grève des scénaristes s’abat à Hollywood, paralysant l’ensemble de l’industrie. Ce qui provoquera de nouveaux délais. Bon gré mal gré, à l’aube de 2008, l’équipe de recherche conceptuelle compte quatre illustrateurs, qui produisent un grand nombre de concept arts sous l’œil bienveillant de George Lucas. Parmi eux, Erik Tiemens a réalisé de nombreuses (splendides) esquisses pour les Episodes II et III (et, ultérieurement, pour Le Réveil de la Force).


Les bas-fonds de Coruscant - Concept Art pour 1313

Au printemps 2008, George Lucas compare «Underworld» à un mélange entre les films noir de l’âge d’or d’Hollywood et un soap opera spatial : les relations entre les personnages seront au cœur de l’intrigue. Le tournage est désormais programmé pour 2010, pour une diffusion en 2012. En 2009, peu après la sortie du Pouvoir de la Force, une équipe de LucasArts est chargée de développer en interne un jeu vidéo destiné à accompagner la future diffusion d’«Underworld». Ce jeu devait reprendre la direction artistique, le ton et des éléments narratifs de la série. Au départ, LucasArts souhaitait réaliser un jeu de rôle, dans le style de Knights of the Old Republic (2003). Puis un jeu d’action en monde ouvert, à la Grand Theft Auto 4 (GTA 4, 2008). Avant de se concentrer, fin 2009, sur une aventure axée sur la coopération entre deux joueurs, dans le genre d’un Gears of War - où les éléments du décor font office de couverture lors des affrontements.

6. Sans limites
 

Du côté de la série, les scénaristes s’affairent, dont Stephen Scaia («Jericho», «Limitless»), Ronald D. Moore («Battlestar Galactica»), Chris Chibnall («Torchwood», «Broadchurch»), Louise Fox («Glitch»), Tony McNamara («Doctor Who») et Matthew GrahamLife on Mars»). «Tous les deux mois environ, nous nous rassemblions au Skywalker Ranch pour imaginer des histoires et écrire des scénarios», se souvient Ron Moore, qui a confirmé que la série aurait eu des point commun avec «Les Soprano». «George était présent, avec nous, tous les jours, dans cette salle rassemblant des auteurs venus du monde entier. Ce fut une expérience fascinante et incroyable. Et il y a eu ce moment où je me suis retrouvé dans une discussion intense avec George à propos de ce que Dark Vador ferait ou ne ferait pas. Une partie de mon cerveau me disait : Mais qu’est-ce que tu fais? Tu vas vraiment débattre avec George Lucas de ce que Dark Vador ferait ?»

Entre-temps, les langues se sont déliées. Comme le montre l’exemple du Seigneur des Sith, les personnages des films n’étaient pas autant hors de portée que ce que voulait bien avouer George Lucas. «Vador n'était pas le personnage central de la série», précise Ron Moore. Mais il allait bel et bien apparaitre au cours d’un double épisode. «Il y avait une insurrection sur Coruscant, qui était suivie par une vague de répression. Vador arrivait sur place, et cela revenait à dire : ce désordre va immédiatement s’arrêter». Stephen Scaia a également évoqué des discussions concernant la rencontre entre Han et Chewie, ou la manière dont Lando Calrissian a perdu le Faucon Millenium. «J'ai même eu l’opportunité d’écrire une scène d'action avec Boba Fett, qui utilisait son jetpack», s’enthousiasmait le scénariste de «Warehouse 13». Cory Barlog, le directeur créatif du prochain jeu vidéo de la série God of War, a quant à lui parlé d’une femme gangster qui aurait réussi à piéger l’Empereur Palpatine. Les scripts qu’il aurait lu – il travaillait alors pour LucasArts – auraient été signés par d’anciens scénaristes de «24 Heures chrono» et «The Shield». «George voulait cinquante scénarios», renchérit Matthew Graham. «Et nous en sommes arrivés à un point où il y avait effectivement cinquante scénarios. Certains d'entre eux en étaient à leur première version, d'autres à leur troisième. Plusieurs scripts nécessitaient encore beaucoup de travail. Les autres étaient prometteurs. Nous avions un bon aperçu de ce monde». Mais l’ambition de George Lucas va bientôt se retourner contre lui. «Les scénarios ont été écrits comme si l'argent n’existait pas», ajoute Ronald D. Moore. «George disait quelque chose dans le genre : ‘Ne t'inquiète pas pour ça’. Puis Rick McCallum gémissait et mettait régulièrement sa tête entre ses mains. On écrivait ce qu’on voulait».


Rick McCallum et George Lucas

A partir de la fin 2009, les responsables de Lucasfilm arrêtent soudain d’évoquer la production de la série. Il faut attendre le printemps 2010 pour se rendre à l’évidence : le projet n’est pas près de voir le jour. Pourtant, en avril 2010, un épisode de la seconde saison de «The Clone Wars» montre pour la première fois les bas-fonds de Coruscant - et plus exactement l’étage 1313 – où devaient se dérouler une partie de l’intrigue d’«Underworld». Cette première tentative de synergie entre les séries s’avère inutile : la série en prises de vues réelles s’est heurtée à un mur.

7. Le retour du réel
 

Pour produire une œuvre aussi ambitieuse, il aurait effectivement fallu réussir à réduire les coûts de production, comme George Lucas l’avait évoqué cinq ans plus tôt. Ce but n’ayant pas été atteint, Lucasfilm ne possède tout simplement pas les moyens financiers pour développer, en toute indépendance, la série. «Nous voulions faire du Star Wars, mais pour le dixième du prix», déclare George Lucas. «Ce fut un défi beaucoup plus important que ce que nous imaginions». Il évoque un coût de 50 millions de dollars – a minima – par épisode ! Soit près de la moitié du budget de La Revanche des Sith. La frustration est à son comble : les secripts d’un téléfilm/pilote et cinquante épisodes, sont, eux, terminés ! «George nous avait dit de ne pas nous inquiéter», rappelle Ron Moore. «Nous avons donc écrit des scènes d’action gigantesques». Le cinéaste, lui, évoque son impuissance : «Nous ne savons pas quoi faire, et je refuse de compromettre la qualité de la série».

Le cinéaste décide donc de s’armer de patience. Après la sortie du Retour du Jedi, en 1983, il avait attendu onze années avant de juger que les progrès, en matière d’effets visuels numériques, lui permettaient enfin de concrétiser sa vision de la prélogie. Il patientera donc encore une fois. «La série verra le jour», promet-il. «Mais on doit faire en sorte que les effets spéciaux ne nous coûtent pas une fortune». «Maintenant, à la lumière du Réveil de la Force - un film terriblement divertissant- les gens peuvent voir quels risques George osait prendre avec chaque projet», souligne Matthew Graham. «À tort ou à raison : nous savons tous qu'il a des faiblesses en tant qu'écrivain. Mais il était réellement doué pour prendre des décisions courageuses et audacieuses, et pour essayer de nouvelles choses».


Star Wars 1313

Lucasfilm envisage de relancer la production aux alentours de 2015. Le jeu vidéo développé par LucasArts est évidemment impacté par la mise en pause d’ «Underworld». L’histoire est bientôt remaniée afin de prendre son autonomie. Fin 2010, le studio, dirigé depuis peu par Paul Meegan, décide d’adapter les styles de jeux vidéo les plus populaires à la sauce Star Wars. L’ancien spin-off devient ainsi un jeu d’action-aventure linéaire à la Uncharted, baptisé Star Wars 1313 et réalisé par Dominic Robilliard (Lucidity, CounterSpy). L’intrigue et le contexte restent similaires à ce qui avait été développé pour «Underworld» ; le joueur incarne ainsi un chasseur de primes, dont les activités le forcent à plonger dans les entrailles de Coruscant.

8. Une page s’est tournée
 

En janvier 2012, alors que le fondateur de Lucasfilm, échaudé par les incessantes critiques de certains fans, évoque son désir de prendre sa retraite, Rick McCallum dévoile le titre de la série. Un aveu qui, avec le recul, signe la fin définitive du projet «Underworld». Ou presque. Séduit par les prototypes de Star Wars 1313, George Lucas incite son équipe à reprendre des rebondissements et des personnages d’«Underworld». Et finalement, à remplacer le protagoniste original par Boba Fett lui-même ! En juin 2012, le jeu est malgré tout présenté au grand public dans son ancienne configuration… et soulève l’enthousiasme des fans.


Boba Fett dans 1313

Quelques jours plus tard, George Lucas impose Kathleen Kennedy à la direction de Lucasfilm. Etrangement, malgré les réactions positives des fans, les cadres du studio ne semblent pas vouloir accorder à ce projet les moyens humains et financiers dont il aurait besoin. Et pour cause : George Lucas est en négociation avec Disney. En octobre, il signe l’acte de vente de sa société, avant de dire adieu à la saga qu’il a imaginée. Ironiquement, un épisode de la cinquième saison de «The Clone Wars», diffusé quelques jours plus tôt, introduit le personnage de Saw Gerrera. Il s’agit en réalité d’un recyclage, puisqu’il fut inventé par George Lucas pour «Underworld» ! Saw Gerrera sera ensuite incarné par Forest Whitaker, en 2015 dans Rogue One puis la série d’animation «Rebels». Les scripts de la série, eux, sont bientôt examinés par Kathleen Kennedy, qui va donner la priorité à la production du Réveil de la Force, de Rogue One, et vraisemblablement d’un spin off consacré à Boba Fett (qui devait être réalisé par Josh Trank). A l’heure actuelle, nous ne savons pas si Lucasfilm comptait recycler une partie de l’intrigue ou du travail de pré-production d’«Underworld» pour les besoins de ce spin off.

9. L’avenir dans le recyclage
 

En janvier 2013, le Président d’ABC (un réseau TV qui appartient également à Disney), Paul Lee, évoque sa volonté de diffuser une série Star Wars en prises de vues réelles. Mais Kathleen Kennedy garde le contrôle sur l’avenir de la saga. Et son objectif n’est pas d’inonder le marché en œuvres audiovisuelles : un film par an, c’est déjà bien assez ! En février, un épisode de «The Clone Wars » retourne au niveau 1313 de Coruscant. Deux mois plus tard, le couperet tombe : LucasArts ferme ses portes, et le développement du prometteur Star Wars 1313 est annulé. Le travail précédemment réalisé pour le jeu rejoint la série TV dans les archives de Lucasfilm. Peu importe les supports : «Underworld» restera maudit. «Je suis allé voir Lucasfilm alors qu'ils préparaient encore la production de l'épisode VII», raconte le scénariste Matthew Graham. «Je sais qu'ils ont les scripts, et que ces derniers ont été lus. Mais seules quelques personnes sont réellement au courant de ce qu'ils comptent en faire ! Une grande stratégie à long terme était en train d'être formulée pour Star Wars».


Le niveau 1313 dans The Clone Wars

 

Deux ans plus tard, Kathleen Kennedy déclare que la série «Underworld» n’est pas forcément abandonnée. «On a consacré beaucoup de temps à lire tout le matériel que George avait développé», précisait-elle. «Nous aimerions vraiment l’explorer. Nous ne jetons absolument rien, car il s’agit d’une véritable mine d’or». Ce qui ne sera pas jeté peut être recyclé. Le concept de l'Église de la Force – l’organisation à laquelle appartient Lor San Tekka (Max Von Sydow) dans Le Réveil de la Force – a ainsi été créé par George Lucas pour la série. Le superviseur des effets visuels John Knoll avait imaginé le synopsis de Rogue One dès le milieu des années 2000 ; il espérait que le vol des plans de l’Etoile de la mort puisse devenir un épisode d’«Underwold» !

Ron Howard, le réalisateur du film consacré au jeune Han Solo, a quant à lui dévoilé une photographie d’un décor rappelant un concept art réalisé pour «Underworld» ou 1313 : une épave de droïde astromech abritant des flammes réchauffant des sans-abris. Sans oublier que certains épisodes de la série devaient vraisemblablement raconter – peut-être de manière détournée- la rencontre de Han Solo avec Chewbacca puis Lando…  «J'espère qu'un jour, les fans pourrons voir une version de la série», déclarait Ron Moore. «Mais pour l'instant, c’est peu probable». Notons toutefois qu’une série Star Wars, baptisée The Mandalorian, a bel et bien été annoncée en 2017. Elle devrait permettre de convaincre les fans à s’abonner au concurrent à Netflix que Disney compte inaugurer en fin de décennie (à l’instar de Star Trek Discovery pour le service de vidéo à la demande CBS All Access, aux Etats-Unis – ironiquement, la dernière série Star Trek en date est diffusée sur Netflix en France). Cette future série reprendra-t-elle le travail réalisé pour Underworld ? Rien n’est moins sûr. Si cela s’avère malgré tout le cas, vous saurez qu’il vous suffira de revenir sur SWU pour obtenir les premières informations sur sa gestation pour le moins complexe !

 

[MAJ DU 31/01/20]

Surprise totale ! En début d'année 2020, des enregistrements tests réalisés par la société d'effets spéciaux Stargate Studio pour Star Wars Underworld ont fuité. Ces enregistrements datent de 2010 et montrent à quel point George Lucas était en avance sur son temps, et à quoi cette série pouvait ressembler :

 


Encore merci à Darkee !

Sources : StarWars.com Kotaku, Io9, Wired, Syfy, Slashfilm, The LA Times, Vanity Fair, The Hollywood Reporter, Variety, Den of Geek, PC Gamer, Collider, Game Informer, Gamasutra,  Lucasfilm, LucasArts, Blood, Sweat, et Pixels: The Triumphant, Turbulent Stories Behind How Video Games Are Made de Jason Schreier