La Résistance a peut-être détruit l'arme suprême Starkiller, mais le Premier Ordre a eu le temps d'asseoir sa domination sur l'ensemble de la galaxie. La Nouvelle République a été anéantie et D'Qar, siège de la Résistance, est la nouvelle cible de l'armada ennemie, qui dispose d'une innovation technologique de pointe : suivre une cible dans l'hyperespace. Le dernier espoir de revoir une galaxie libre réside entre les mains de Luke Skywalker, le dernier des Jedi. Mais celui-ci, brisé par son échec dans la formation de son neveu Ben Solo devenu le redoutable Kylo Ren, vit désormais en ermite sur la planète Ahch-To et attend que la mort vienne. A charge pour la jeune Rey de le convaincre de reprendre la lutte...
A l'issue du
Réveil de la Force, j'étais partagé mais globalement déçu. Si les nouveaux personnages Rey, Finn et Poe m'avaient convaincu, Kylo Ren m'avait laissé l'image d'un personnage à la limite de l'idiotie et, surtout, l'absence de prise de risques visuelle et narrative étaient de réelles déceptions. Mon unique espoir résidait alors dans la direction que prendrait l’
Épisode VIII. Pas de faux suspense : Rian Johnson a parfaitement réussi à corriger les erreurs du
Réveil de la Force tout en lançant la saga sur de formidables rails pour l'avenir et en prenant un malin plaisir à faire tourner le spectateur en bourrique. Explications.
La première chose qui me vient à l'esprit, c'est que j'ai l'impression d'avoir retrouvé la saga au cinéma, d'avoir véritablement l'esprit de la trilogie originale, là, devant moi. Un rythme soutenu, sans temps mort, une gigantesque course en avant, une traque impitoyable, fort heureusement contrebalancé par un humour régulier et des séquences sur Ahch-To qui permettent au spectateur de reprendre son souffle. Et pourtant, le film est noir, nos héros souffrent, la Résistance s'effondre : jamais dans la saga les héros n'avaient été aussi près de l'échec total.
Le film a d'ailleurs de nombreuses innovations : première suite directe (allez, à peine quelques jours d'écart, tout au plus, pour la situation sur D'Qar), premiers flash-backs (et narrés
d'un certain point de vue en plus!), premier film à se dérouler autant dans l'espace et à montrer une poursuite aussi longue... Le développement des personnages est également à signaler : Poe Dameron est l'un des gagnants, Finn reste égal à lui-même et se voit adjoindre l'excellente Rose, tandis que Rey et Kylo Ren/Ben Solo voient leur relation considérablement développée. Et de quelle belle façon ! Sans cesse présents dans les pensées l'un de l'autre, jouant à la fois le rôle de confident ou de manipulateur, emmenant avec eux le spectateur qui ne sait plus ce qu'il va se passer pour chacun d'eux. Superbe ! Et d'ailleurs, à la fin du film, Kylo semble bien être devenu le nouveau Vador, ne serait-ce que dans son allure générale : le personnage a accompli sa mue, il a gagné en charisme et en intérêt pour le spectateur.
J'ai pu noter, dans plusieurs critiques, que l'on ne se souciait guère du sort des protagonistes à cause de l'humour. Si je peux comprendre cet argument, je ne le partage pas. J'ai sincèrement cru que Leia allait mourir au bout de quinze minutes de film, je ne m'attendais pas à ce que Snoke disparaisse, j'ai sincèrement cru que Finn allait se sacrifier. Et enfin, Luke : nous passons par toutes les émotions : la joie de le revoir, la peur qu'il se sacrifie, l'admiration devant ses exploits, l'émotion lorsqu'on croit qu'il est abattu... puis le soulagement pour, en fait, en venir à pleurer. Quel talent !
De façon générale, d'ailleurs, j'ai la nette impression que Rian Johnson a pris tout ce qui ne fonctionnait pas dans
Le Réveil de la Force et l'a corrigé : le mystère autour de l'identité des parents de Rey ? C'est fait, et c'est à mon sens une vraie bonne surprise : elle n'est véritablement personne ! Phasma, personnage totalement surestimé et n'existant que pour faire vendre des jouets ? Poubelle ! On comprend mieux pourquoi Lucasfilm a lancé une mini-série de comics et un roman peu de temps avant la sortie du film... Kylo Ren, qui jouait l'apprenti Vador ? Allez hop, première apparition du personnage qui se fait réprimander par Snoke, et adieu l'horrible casque de Dark Tapir. La liste est longue, mais à chaque fois, tout cela est fait naturellement, et je n'ai pu m'empêcher de penser que tout cela était volontaire, pour dire aux spectateurs « maintenant, on ne rigole plus ».
Un point sur Luke. Comme, je pense, beaucoup de monde, j'ai eu un peu de mal avec Luke au début du film, tellement éloigné de ce que je m'étais imaginé sur le personnage. Mais à la réflexion, c'est parfait. J'ai retrouvé Luke, un personnage qui s'est auto-exilé pour une pensée qu'il avait eu, un instant de faiblesse. Et c'est la présence de Rey qui va, petit à petit, lui ouvrir les yeux, ainsi que le concours de Maître Yoda. Car le vénérable Maître Jedi fait ici son retour, fidèle à lui-même, comme si on l'avait quitté hier. Il ne manquait plus qu'une apparition d'Obi-Wan Kenobi, et ça aurait été parfait... d'autant plus que nous avons enfin des liens avec la prélogie ! Ténus, certes, mais présents : le nom de Dark Sidious, le symbole de Jedi, une analyse critique du fonctionnement de l'Ordre... Et aussi avec
Rogue One à travers le vaisseau
Raddus mais aussi, sans doute, avec le futur film
Solo. Tout cela contribue à inscrire
Les Derniers Jedi dans la grande histoire de la saga, bien plus que ne le faisait
Le Réveil de la Force.
Allez, parce qu'il faut bien trouver quelques défauts, sinon ce n'est pas drôle : la musique reprend les très bons thèmes du
Réveil de la Force et les utilise même mieux que dans le film d'où elles sont tirées... mais il manque un thème musical marquant propre à cet Épisode. Et le fan en moi est un peu déçu de ne pas en avoir appris davantage sur Snoke... mais se console en se disant que le personnage réapparaîtra sans doute, tôt ou tard, dans les films, les romans ou les comics. Peut-être même dès l’
Épisode IX, qui sait ?
En conclusion,
Les Derniers Jedi relance avec une incroyable audace la franchise au cinéma. J'étais, jusque là, sceptique sur la pertinence d'une nouvelle trilogie, je suis incroyablement heureux de m'être trompé. J'ai retrouvé avec ce film l'ambiance de la trilogie originale avec des nouveaux personnages attachants et un passage de flambeau émouvant, le tout avec un rythme trépidant, des retournements de situation, du développement de personnages, de l'humour mais aussi de l'émotion. C'est presque la perfection.
Je suis désormais plus qu'impatient de découvrir l’
Épisode IX !
Note : 95 %