Les conditions et l'historique réel du rachat de Lucasfilm par la Walt Disney Company restent floues malgré la récente interview de George Lucas sur ce sujet. Pourtant, de nombreux événements passés permettent de comprendre la proximité entre les deux entreprises et d'imaginer les raisons qui ont poussé George Lucas à se tourner vers la firme de Mickey.

On pourrait penser que George Lucas a été influencé par l'univers de Walt Disney dès son enfance, lors de sa première visite à Disney Land en 1955, année de création du parc de Californie. Pourtant, le jeune George Lucas n'a pas été spécialement attaché à l'univers de Disney mais plutôt à celui de Flash Gordon et du monde de la course automobile.

Les Parcs à Thèmes

La première implication tangible de Lucasfilm (LFL) en relation étroite avec la Walt Disney Company (WDC) remonte à 1984. Alors que Disney est en difficulté financière, la société est sauvée d'un rachat par l'apport de la famille Bass qui devinrent les principaux actionnaires de la firme. L'idée des Bass pour réorganiser la société, est d'ouvrir les parcs d'attraction à des produits issus de l'extérieur de l'entreprise. George Lucas est alors contacté pour produire un film qui serait diffusé dans le parc de Floride. C'est un partenariat entre les équipes d'animation de Disney et Industrial Light & Magic qui donne le film Captain EO en 3D relief stéréoscopique, mettant en vedette Michael Jackson. Le film est réalisé par Francis Ford Coppola et George Lucas y joue le rôle de producteur exécutif. La première diffusion est datée du 12 septembre 1986. Cette première incursion dans les parcs à thèmes Disney n'est que la première du longue série à venir.

En effet, par la suite, deux univers de LFL sont apparus dans les parcs Disney du monde entier : Indiana Jones et Star Wars. Le premier, sous différentes formes, dont l'attraction que vous devez sans doutes tous connaître si vous lisez ces lignes : Indiana Jones et le Temple du Péril. Ces montagnes russes proposées à Disneyland Resort Paris sont en réalité uniques au monde. Une déclinaison du concept existe à Tokyo DisneySea mais la licence Indiana Jones n'y est pas rattachée. La raison de cette différence est la proximité au parc de Tokyo du Temple of the Crystal Skull une autre attraction Indiana Jones de type parcours scénique en véhicules à mouvements renforcés. Il est d'ailleurs amusant de noter que la présence du crâne de cristal est antérieure au quatrième film de la franchise. Cette attraction a été à l'origine construite au parc de Californie sous le nom The Temple of the Forbidden Eye. Cependant, la première apparition du célèbre aventurier dans un parc Disney date de août 1989 aux Disney's Hollywood Studios de Floride, avec le spectacle Indiana Jones Epic Stunt Spectacular ! qui met en scène des cascadeurs recréants des scènes de la saga en direct.

Star Wars n'est évidemment pas en reste avec le maintenant très célèbre Star Tours dévoilé en 1987 aux Etats-Unis, ce qui en fait le premier univers existant hors Disney à intégrer le parc. Ce simulateur de vols spatiaux (technologie issue de l'armée américaine!) reste une référence pour nombre de fans. L'attraction n'existe dans sa version initiale que dans le parc français, alors que la nouvelle version Star Tours : The Adventures Continue opère dans les parcs américains depuis 2011 et devrait ouvrir ses portes à Tokyo ce printemps. Cette mise à jour du simulateur entraîne l'apparition d'un tout nouveau film réalisé par les équipes de ILM diffusé en plus en 3D stéréoscopique.

Au-delà des attractions liées à Star Wars, les Disney's Hollywood Studios organisent depuis 1997 les Star Wars Weekends, véritables festivals consacrés à l'univers de George Lucas qui amènent des acteurs et personnalités associés à Star Wars à rencontrer les fans dans des décors tirés de la Saga. De nombreux événements comme la parade de la 501^st Legion, ou un entraînement Jedi de maniement au sabre laser animent ces journées durant lesquelles les personnages de Disney sont déguisés en héros de Star Wars. Les Star Wars Weekends 2013 se dérouleront du 17 mai au 9 juin avec pour premiers invités Warwick Davis (Wicket) et Ray Park (Dark Maul).

L'avenir de Lucasfilm dans les parcs Disney semble déjà bien ancré, notamment aux Etats-Unis. Pour la France, l'exclusivité du grand-huit Indiana Jones reste un avantage, mais l'arrivée du nouveau Star Tours n'est pas encore officialisée. Pour autant, d'insistantes rumeurs font état de l'ouverture dans le parc parisien d'une nouvelle zone totalement consacrée à l'univers de la Guerre des Etoiles. Il reste difficile à l'heure actuelle de savoir exactement ce qu'il en est de ce projet, même si Philippe Gas, le président d'Euro Disney S.A.S, a récemment déclaré que des concepts existaient bel et bien pour une telle extension autour de Star Wars. Quoi qu'il en soit, l'activité récente autour des nouveaux films donnera certainement l'occasion pour les DisneyLand du monde entier d'étoffer leur catalogue autour de Lucasfilm. Le lien entre les deux entreprises au niveau des parcs à thèmes n'a jamais été aussi fort et l'avenir nous dira si l'énergie donnée dans l'Episode VII et ses suites sera déployée autour de nouvelles attractions.

Les filiales de Lucasfilm chez Disney

Au-delà de l'implication directe des licences de Lucasfilm dans les parcs à thèmes de chez Disney, on retrouve beaucoup de l'ADN des différentes branches de LFL dans nombre de productions Walt Disney.

Tout d'abord, comment ne pas citer Pixar ? L'histoire de la société à la lampe de bureau débute d'une façon que nombre de personnes semble avoir oubliée. À l'origine, Pixar (nommé alors Graphics Group) n'est autre qu'un service de la division informatique de LFL, dont l'objectif était de développer de nouvelles techniques de graphismes par ordinateur, ainsi que le précurseur du célèbre moteur de rendu RenderMan bien connu des fans de Pixar. L'équipe travail alors en relation avec ILM sur des films tels que Star Trek 2 ou Le Secret de la Pyramide bien connu pour l'animation, à l'époque époustouflante, d'un chevalier issu d'un vitrail.

C'est en 1986 que Steve Jobs rachète la société à George Lucas et la nomme Pixar. La société se focalise alors sur la vente de matériel informatique haut de gamme, dont l'un des principaux acheteurs n'était autre que Disney, pour développer des solutions d'animation par ordinateur. John Lasseter alors simple employé de Pixar produit en parallèle des publicités animées par ordinateur, et c'est en 1990 que l'entreprise abandonne officiellement sa division de matériel informatique. Un contrat est alors signé avec la WDC pour la production de trois longs métrages d'animation, dont le premier ne sera autre que Toy Story. Ce sera le point de départ du succès de Pixar qui n'est plus à présenter maintenant. Une réussite fulgurante qui n'aurait peut-être pas pu voir le jour si la volonté initiale de George Lucas de développer les technologies de graphisme par ordinateur ne s'était pas exprimée.

Industrial Light & Magic ainsi que Skywalker Sound ont un très long C.V. raccord avec nombres de productions Disney. Avec des films comme Pirates des Caraïbes, The Rocketeer, 101 Dalmatiens, Pear Harbor ou plus récemment The Avengers, ces deux entités montrent leur suprématie dans le domaine des grandes productions. L'acquisition de LFL et de l'ensemble de ses dérivés va entraîner un attachement encore plus fort entre Disney, Marvel, Pixar et l'ensemble de leurs produits. Un point névralgique dans l'histoire de ce rachat, qui est pourtant bien vite écarté dans les débats.

Lucasfilm à la télévision

L'actualité de Star Wars à la télévision n'a jamais été aussi prenante que ces derniers jours. L'avenir incertain de la série The Clone Wars intrigue tout le monde, alors que les projets Star Wars Detours et la série Live semblent bien nébuleux. L'arrivée de Disney va-t-elle nuire à l'importance de Star Wars sur le petit écran ? Faisons le point sur les précédentes incursions de LFL dans le monde du petit écran :

• C'est en Novembre 1984 que la première production télévisuelle Lucasfilm arrive sur les écran avec le premier téléfilm sur les Ewoks : La Caravane du Courage.
• Novembre 1985, la suite au premier téléfilm Ewoks arrive : La Bataille d'Endor.
• En septembre 1985, le dessin animé Droids est diffusé sur la chaîne américaine ABC pour une saison unique.
• Dans la même période le dessin animé Ewoks est également diffusé sur ABC pour deux saisons.
• En 1992, The Young Indiana Jones Chronicles débarque sur les écrans américains toujours sur ABC pour un développement de 24 épisode suivis de 4 téléfilms diffusés sur The Family Channel.
• En 2003, Star Wars revient sur les écrans avec Clone Wars, la première série réalisée par Genndy Tartakovsky pour Cartoon Networks.
• Depuis 2008, The Clone Wars est diffusée sur Cartoon Networks avec pas moins de 5 saisons à son actif.

Le travail de LFL à la télévision n'est pas nouveau et bien souvent synonyme de qualité (on omettra volontairement le Holiday Special bien à part dans le cœur des fans). Pourtant, avec l'arlésienne de la série Star Wars Live-Action et les récentes annonces de Lucasfilm au sujet de The Clone Wars et de Detours, le doute subsiste sur l'influence de Disney dans la création de contenus télévisuels. Pour ce qui est des séries animés, nous savons officiellement qu'une nouvelle série est en cours de production. Elle devrait se dérouler dans une période non couverte par les médias cinématographiques ou télévisuels et l'implication de Cartoon Networks dans le procédé semble logiquement écarté. Disney est propriétaire de plusieurs chaînes de télévisions dont le public cible est le même que The Clone Wars, ce qui entraîne sans nul doute une diffusion vers ce réseau. De plus, les derniers arcs narratifs de The Clone Wars n'ont pas officiellement de lieu de diffusion. Disney prendra-t-il la peine de montrer sur ses chaînes une série débutée chez la concurrence ? Une autre solution serait la diffusion en ligne de ces nouveaux épisodes ou bien encore une sortie directement en DVD/Blu Ray. Quoi qu'il en soit, la fin de The Clone Wars semble bien affectée par le rachat de LFL par la WDC. Et pour Detours ? La raison invoquée est l'arrivée de l'Episode VII prochainement au cinéma. D'après Lucasfilm Animation, proposer une série comique avant l'arrivée des nouveaux films n'aurait pas ou peu de sens. La série de Seth Green, emprunt d'humour autour de la trilogie originale se retrouve donc avec un avenir totalement incertain à ce jour.

Le cas de la série Live-Action est encore différent. Depuis longtemps annoncée, elle n'a cessé d'être repoussée. L'arrivée de Disney pourrait changer la donne, et ce n'est pas le Président de la chaîne ABC qui dira le contraire. Si ABC est à présent propriété de la WDC, ce n'était pas encore le cas lors des précédentes productions Lucasfilm. Il est alors impossible de savoir si le précédent partenariat entre les deux entités peut influencer les projets actuels. Quoi qu'il en soit, Disney semble bien décidé à ne pas négliger Star Wars à la télévision. Si le destin de The Clone Wars peut sembler abrégé de façon un peu brutale, la venue d'une toute nouvelle série animée Star Wars ne peut qu'enchanter l'audimat après le succès de la Guerre des Clones.

Et les autres médias ?

Il n'y a pas ou peu de relations entre la Walt Disney Company et Lucasfilm dans les autres médias tels que les livres ou les jeux vidéos. Néanmoins, le rachat a quand même eu certaines répercutions directes sur les projets en cours.

Comme vous avez pu le voir récemment, l'heure n'est pas vraiment à la réjouissance chez LucasArts. Quand Star Wars 1313 est repoussé dans les abysses, et First Assault annulé avant même d'être annoncé, on se demande un peu ce qu'il se passe chez LucasArts.
Chez LucasBooks les nouvelles sont un peu plus réjouissantes, même si l'ensemble des futures parutions ressemblent un peu à un status-quo général. En effet, les prochains romans annoncés se déroulent durant la Trilogie Originale avec la trilogie Rebels ou juste avant avec le roman Kenobi. Dans le monde du comics, avec la nouvelle série Star Wars qui se déroule également durant la Trilogie, rien de neuf sous les tropiques avec simplement la suite de Dark Times, de Dawn of the Jedi ou encore une suite à Legacy. La raison de cette situation est très simple, tout est arrêté avant l'arrivé des nouveaux films.

WDC et LFL se consacrent exclusivement à la création de la nouvelle trilogie et l'ensemble des projets annexes sont actuellement figés en attendant de dévoiler le plan d'attaque général concernant les produits dérivés Star Wars. Le développement de Star Wars 1313 reste très attaché à la série Live-Action, mais le projet de films Spin-off pourrait très bien se dérouler, comme les rumeurs l'indiquent, durant la période entre les épisodes III et IV de Star Wars. Ce qui remet encore une fois en cause l'histoire de 1313. Il paraît invraisemblable que Disney abandonne l'ensemble de ces projets qui sont pour certains très avancés. Mais l'arrivée de nouveaux films change le contexte général de la franchise avec de nouvelles histoires et de nouvelles pistes marketing à étudier. La décision de figer les projets en cours semble la solution la plus évidente pour pouvoir développer de façon cohérente la Saga sur différents supports. Reste que la communication de Disney et Lucasfilm à ce sujet laisse vraiment à désirer pour le fan qui attends impatiemment de nouveaux produits estampillés Star Wars. L'avenir de la franchise semble bien ambitieux, et pourtant nous n'avons à l'heure actuelle aucune information concrète à étudier...

Des liens bénéfiques ?

Toutes les raisons sont favorables pour croire à la réussite du retour de Star Wars sur le grand écran. Walt Disney et Lucasfilm ont de longues années de travail en commun sur de nombreux projets. Les relations entre les deux entreprises ont souvent eu un caractère exceptionnel comme l'atteste la grande participation de LFL aux parcs à thèmes Disney, ce qui reste encore aujourd'hui un fait assez rare pour être souligné. De manière moins formelle, Disney a souvent eu recours aux compétences des entités de LFL pour la production de leurs longs métrages ou de leurs films d'animation. Si les deux groupes n'ont pas été exclusivement partenaires, ils partagent la même identité et le même ADN dans certains domaines.
Les récentes interventions autour des projets annexes peuvent inquiéter quand à la capacité de Disney à gérer la franchise Star Wars sur tous les fronts, mais la temporisation des différents projets peut également permettre à l'ensemble de ces projets de retrouver une cohérence dont ils manquaient de plus en plus au fil du temps. Nous assistons certainement à un grand tournant dans l'exploitation de la licence Star Wars, et attendons avec une grande impatience de nouvelles annonces sur tous les médias exploitables.