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Quand les américains parlent aux français... (4/5)
 
Entrevue comics avec Haden Blackman et Brian Ching
19/12/2004
Ces interviews ont été réalisées par Mike Jozic pour le site SilverBullet Comicbooks. Elles se sont déroulées au printemps 2003 avec différents artistes travaillant sur les comics Star Wars pour Dark Horse, et dont les réalisations faisaient l’actualité. A l’automne 2003, Mike Jozic m’a laissé l’opportunité de faire bénéficier SWU et les fans français de son travail en traduisant les interviews.
Pour des raisons diverses (emploi du temps personnel chargé, manque d’actualité du contexte pour ces interviews, SWU off-line pendant de longs mois), le résultat n’apparaît qu’aujourd’hui.

Si aux Etats-Unis, le contexte de ces interviews est dépassé depuis un an et demi, ce qui est un autre facteur expliquant l’abandon provisoire des textes, en France l’éditeur Delcourt s’est retroussé les manches et s’est jeté dans la Guerre des Clones avec succès, offrant une nouvelle actualité à ces interviews.
Au fil des semaines, vous découvrirez des artistes qui vous seront familiers ou inconnus selon que vous lisiez la VF, la VO ou pas de comics du tout. J’espère vous faire percevoir des choses originales via ces interviews, et qui sait, peut-être l’envie de découvrir de nouvelles choses.

Sur un rythme hebdomadaire, vous avez retrouvé Randy Stradley, John Ostrander et Jan Duursema, la dream team de Dark Horse et Paul Chadwick qui a officié sur la série Empire non traduite en France. Cette semaine, c’est Haden Blackman et Brian Ching qui vous ont traîné dans la boue de Jabiim, et nous conclurons avec un autre inédit : Pop Mahn dont la mini-série très manga-style n’a jamais été adaptée en France.

Haden Blackman est un écrivain déjà bien installé dans le petit monde de Star Wars. Il est moins connu en France qu’aux Etats-Unis car il a travaillé sur des choses non traduites, ou alors il a eu un rôle qui est rarement souligné. Dans le premier cas, il est l’auteur talentueux des New Essential Guides (Personnages et Véhicules jusqu’à présent), dans le second il est l’écrivain qui se cache derrière les histoires qui vous ont fait accrocher à certains des derniers succès en jeux vidéos Star Wars.
Brian Ching a un parcours plus linéaire. Eduqué au bon grain des pin-ups de Top Cow (studio faisant partie de l’éditeur Image), il a ensuite affûté ses crayons sur le design de jeux vidéos avant d’arriver dans l’écurie Dark Horse.

Depuis le printemps 2003, moment où cet interview a été diffusé en prélude à la publication de Last Stand on Jaabim, les deux hommes ont continué leur chemin avec succès. Blackman contribue au succès mondial de Star Wars Galaxies, et Ching a continué sur les comics. Depuis quelques mois, le tandem est plus que jamais d’actualité puisqu’il travaille sur la mini-série Obsession qui sera la ligne directrice vers l’Episode III en ce qui concerne les comics.
Toutes les titres réalisés par Blackman et Ching pour Dark Horse se trouvent dans la zone Star Wars du site de l’éditeur.

Vous pouvez retrouver la version originale de cette interview ici.
Et contacter Mike Jozic par e-mail.

Enfin, un énorme merci à Lili qui a chassé inlassablement toutes mes fautes de traductions ou d’orthographe.


Entrevue avec Haden Blackman et Brian Ching
Par Mike Jozic

Haden Blackman est venu aux comics en provenance de LucasArts, en ayant travaillé sur des jeux Star Wars comme le très populaire Starfighter et le très attendu Star Wars Galaxies. Il s’est vu offrir l’opportunité de poursuivre l’histoire d’un de ses personnages de Starfighter dans la mini-série “Crossbones”, et est également responsable de « Open Seasons » qui a offert à Jango Fett un background un peu plus développé.

Brian Ching est relativement nouveau dans l’écurie Dark Horse, officiant à l’origine chez Top Cow sur les aventures d’une autre héroïne de la culture pop, Lara Croft: Tomb Raider. Brian a été introduit dans l’Univers Star Wars de DHC en commençant par quelques couvertures pour le mensuel, puis avec Republic #55, les lecteurs vont découvrir ce qu’il peut vraiment faire quand on le lâche dans les pages intérieures.

Haden et Brian espèrent bien créer la sensation lorsqu’ils vont prendre en main la destinée créative de Republic avec une histoire intitulée “The Battle of Jabiim”. Elle nous raconte une longue et difficile bataille de la Guerre des Clones dans laquelle Obi-Wan est porté disparu, présumé mort, laissant Anakin seul pour se défendre lui, et les padawans sous sa protection. Les deux créateurs ont promis plus d’action qu’un Jedi ne peut en gérer, et pas mal de choses qui vont exploser façon Star Wars.

Sans plus de détour, la parole est Haden et Brian...


MIKE JOZIC: Brian, on commence avec vous. Pour les lecteurs qui ne sont pas familiers avec vos travaux, qu’avez vous réalisé avant Star Wars #53 ?

Tomb RaiderBRIAN CHING: J’ai travaillé pour Top Cow durant quelques années. J’ai fait également du design de jeux vidéo et un peu de storyboarding. J’ai bossé sur Tomb Raider ainsi que sur Witchblade.

JOZIC: Et quelles sont les circonstances entourant votre arrivée dans l’équipe Dark Horse ?

CHING: J’ai rencontré Randy Stradley à la San Diego Con de l’an dernier, et il s’est souvenu des extraits que je lui ai envoyés par le passé. Ce fut une conversation sympa et il m’a rappelé quelques mois plus tard pour travailler sur Star Wars.

JOZIC: Qu’est ce qui a guidé votre passage du design de jeux au monde des comic-books ?

CHING: J’ai en réalité commencé dans les comics, tous les boulots sur les jeux vidéo sont arrivés un peu par hasard. Travailler sur les jeux est cool, et la paye est vraiment bonne, mais les aspects créatifs sont plutôt limités. Techniquement, vous êtes engagé pour dessiner exactement ce qu’ils veulent, et parfois ça peut être un peu lassant. Dans les comics, on a tellement plus de liberté tant que l’on reste dans les limites du script. Honnêtement, je m’estime très chanceux d’être dans le business des comics. Surtout actuellement, travailler sur les titres Star Wars est ce que j’ai fait de plus fun en tant que dessinateur !

JOZIC: Etiez-vous un grand fan de Star Wars avant d’arriver chez DHC ? Avez-vous lu les comics avant ?

CHING: Tout à fait. Je suis très fan de Vatine, et de Cam Kennedy et son travail sur « Dark Empire ».

JOZIC: Et vous Haden, comment se sent-on quand on lâche les mini-séries et les one-shots pour rejoindre le titre mère de la ligne Star Wars ?

HADEN BLACKMAN: Je suis déjà bien content d’écrire des comics, que je sois sur une mini-série, une histoire courte ou un truc du genre Star Wars Tales, ou une série régulière. Je suis encore un petit peu surpris d’être dedans. J’ai tellement apprécié d’écrire “Crossbones” et “Open Seasons” – le dernier étant un pur délire de geek, de se voir demander d’explorer le passé de Jango Fett et d’aider à définir l’histoire des Mandaloriens.

J’essaie de concevoir la série régulière comme une succession de mini-séries. On écrit sur des “arcs” bien limités, mais en même temps on a l’opportunité de laisser glisser des subplots, d’introduire des personnages récurrents, d’explorer de multiples thèmes au fil du temps. Le plus grand challenge (pour moi en tout cas) est de repousser la limite de l’action, à chaque numéro. J’essaie de faire de mon mieux dans cette logique.

JOZIC: C’est intéressant que vous ayez tous deux un passé dans le design de jeux. Avez-vous fait des trucs ensemble avant ce projet ?

CHING: Non, le travail sur les jeux vidéos a toujours été temporaire et je n’ai jamais fait d’effort conscient pour poursuivre dans cette voie. J’aimerais bien en refaire un jour, mais je suis très heureux là où je suis.

JOZIC: Haden, comment êtes-vous passé de LucasArts à l’écriture de comic-books ?

BLACKMAN: Et bien, je travaille toujours pour LucasArts en tant que Producteur LucasArts de Star Wars Galaxies. Ecrire des comics est quelque chose que je fais de mon temps libre très limité. J’ai commencé lorsque Dave Land m’a demandé d’écrire une histoire courte sur un de nos personnages de jeux vidéo. Cela m’a amené à “Crossbones”, puis sur “Open Seasons”. En vérité, “Open Seasons” est également connecté à un jeu - Star Wars: Bounty Hunter.

JOZIC: La transition vers les comics fut-elle difficile pour vous ? Avez-vous dû développer une nouvelle manière d’écrire ?

BLACKMAN: Techniquement, c’est un tout nouveau processus, mais la grosse différence c’est l'étendue de la collaboration – il y a bien moins de personnes impliquées dans un comic, mais c’est plus intense et précis. Sur un jeu, vous avez toute une équipe de designers et d’artistes qui travaillent sur différents aspects de l’histoire. En tant qu’écrivain sur ces projets, j’aide à superviser le tout en terme d’écriture, mais une partie est dictée par les besoins du projet et l'organisation des missions. Il y a pas mal de « qu’est ce que j’écris pour connecter la Mission A à la Mission B." Vous devez aussi prévoir pas mal de variations, car à certains points de l’histoire, les détails peuvent changer selon les actions du joueur. Avec un comic, tout est superbement agencé et il n’y a qu’un petit groupe de personnes qui dirigent le contenu créatif. J’aime cette sensation de contrôle, et j’apprécie vraiment de pouvoir travailler en binôme avec un artiste pour dicter des histoires bien spécifiques dans des images bien spécifiques.

Cela étant dit, il y a pas mal de recoupements entre les deux médias. Tout deux doivent conter des histoires de manière concise, avec peu de place pour les dialogues. En travaillant sur les jeux vidéos j’ai appris à écrire de manière courte, avec des dialogues bien remplis d’informations, expliquant au joueur juste ce qu’il a besoin de savoir, laissant le visuel faire le reste. Même principe sur les comics par bien des aspects. Les deux conviennent bien à des histoires qui insistent lourdement sur l’action. J’ai appris à visualiser des séquences d’actions en travaillant sur les jeux, ce qui fut très utile sur les comics car j’ai tendance à écrire des descriptions très détaillées cases par cases.

JOZIC: Brian, vous trouvez ça limitatif aussi, ou est-ce que vous pouvez vous lâcher de temps en temps ?

CHING: Bien sur, Haden est très spécifique avec ses scripts, de l’angle de vue à la taille des dessins ou leur construction, mais il insiste toujours sur le fait que si je vois une meilleure opportunité je dois la tenter. Donc il y a quelques fois où je vais insister sur un dessin comme une entrée d’Obi-Wan par exemple, et je vais le faire le plus large possible car c’est ce que je voudrais voir si j’étais le lecteur. C’est vraiment une affaire de petites choses comme ça. Rien de très important mais ça me met à l’aise que Haden accepte de collaborer. Et ça marche dans les deux sens. Je lui ai dit que s’il est en désaccord avec quoi que ce soit que j’ai fait, on peut toujours le reprendre. Jusqu’ici, ça a plutôt bien marché.

JOZIC: En quoi votre approche est différente, artistiquement, sur Star Wars par rapport à Darkness ou Tomb Raider ?

CHING: L’approche du dessin est similaire. La grosse différence est sur le planning. Dark Horse planifie plusieurs mois à l’avance, donc on avance toujours tranquillement. Chez Top Cow, on était toujours à la bourre, de manière que je n’ai jamais eu l’impression de faire de mon mieux. Je dois dire que j’apprécie vraiment que mon éditeur, Randy Stradley, soit aussi attentif et me donne suffisamment de temps pour faire ce que j’ai à faire.

JOZIC: Haden, plusieurs de vos travaux se passent durant la période la République Galactique. Vous préférez cette période à la Guerre Civile des épisodes IV-VI ?

JabiimBLACKMAN: Non, pas nécessairement. Quand j’ai commencé à écrire pour Dark Horse, on se focalisait sur les Episodes I et II, ce qui est normal par rapport aux films. Et mes premières histoires - dans Star Wars Tales puis “Crossbones” – étaient en liaison avec des jeux vidéo se déroulant dans la période prélogique. La transition vers des histoires de Republic était naturelle.

J’adore écrire pour la Guerre des Clones car c’est une part importante de l’histoire Star Wars, mais je suis aussi très attaché aux personnages des films originaux, je ne laisserais pas passer une opportunité de raconter une histoire sur eux.

JOZIC: John Ostrander et Jan Duursema seront brièvement de retour sur Republic avec le #54 pour une aventure de Quinlan Vos, puis les rênes reviendront à vous et Brian avec le numéro suivant. Allez-vous juste assurer les dépannages ou avez-vous pris officiellement la place d’équipe régulière de Republic ?

BLACKMAN: J’écrirai une histoire en quatre parties qui va couvrir "Battle of Jabiim" – le prochain conflit majeur de la Guerre des Clones – puis John reprendra au #59. Nous commençons juste à planifier les histoires du #60 et au-delà.

JOZIC: Brian, allez-vous travailler sur la ligne Star Wars dans un futur proche, ou partirez-vous après “The Battle of Jabiim” ?

CHING: J’espère rester. J’ai tellement apprécié de travailler là-dessus et il reste encore 2 ans avant la sortie de l’Episode III, ça laisse pas mal d’aventures d’Anakin et Obi-Wan à raconter avant qu’Anakin tourne mal.


JOZIC: Dans Republic #51 et 52, vous introduisez un nouveau personnage nommé Durge, un genre de Boba Fett puissance 10. J’ai entendu dire qu’il avait été développé dans un effort commun entre Lucasfilm, DHC et Hasbro, c’est correct ?


BLACKMAN: En fait, c’est le cas de Durge et de Asajj Ventress, une Jedi sombre qui apparaît également pour la première fois dans le #51. Lucasfilm voulait établir deux vilains qui allaient pouvoir tenir tête aux Jedi durant la Guerre des Clones. Les deux devant être des durs à cuire assez mémorables. Ils devaient aussi être créés de manière à être utilisés par différents support, que ce soit les romans, les comics, les dessins animés ou les jouets.

DurgeOn a commencé par définir les visuels – les premiers concepts venant en réalité de concepts de prélogie d’artistes de chez Lucasfilm, bien que je pense qu’Hasbro y a ajouté quelques trucs. J’ai reçu le concept art et j’ai créé leurs passés, les descriptions de leurs personnalités, et tout ce que je pouvais mettre pour donner du relief aux personnages. Leurs noms sont venus d’un effort commun chez Lucasfilm.

Au-delà de ça, on en sait peu sur le personnage. On m’a juste dit qu’il devait être un Chasseur de Primes pouvant être un méchant majeur de la Confédération. Je me suis dit que, afin de pouvoir être pris au sérieux en tant que méchant, il devait être capable de battre des Jedi. Cela signifiait également qu’il devait être en quelque sorte surhumain. On a révélé assez peu de son passé, mais il est un alien plutôt puissant avec des capacités qui font de lui le parfait ennemi des Jedi. Il a une résistance physique presque caricaturale, par exemple. J’ai enfin établi une connexion avec les Clone Troopers, à travers une sorte de rivalité avec Jango.

DurgeJOZIC: Il s'écarte un peu du style habituel des personnages de Star Wars, tant dans son apparence que ses actions.

BLACKMAN: Sa personnalité s’est développée au fur et à mesure que j’écrivais le #51. Ventress et Durge ont tué des milliers de Gungans avec une arme expérimentale, donc ça suggère un personnage vraiment brutal et dur. Mais j’ai aussi essayé de le doter d’un bon sens de l’humour.

JOZIC: Votre utilisation des armes biologiques reflète un récent problème avec l’horreur de la guerre bactériologique. Votre histoire a été influencée par les « évènements actuels » ?

BLACKMAN: Probablement. Je ne crois pas qu’on puisse écrire sur la guerre sans être influencé par l’actualité. En surface, en tout cas, j’ai juste essayé de penser comme la Confédération : si votre armée de droïdes mécaniques affronte un ennemi organique, il est normal que votre « arme secrète » soit une arme ou un agent biologique qui n’affecte que les être organiques.

JOZIC: L'histoire en cours est dessinée par Tomas Giorello – qui est passé à Empire pour aider Paul Chadwick un moment – et votre prochain arc est réalisé par Brian. Pourquoi ce changement ?

BLACKMAN: Déterminer quel artiste est le mieux pour quelle histoire est vraiment le boulot de Randy Stradley, mais j’imagine que c’est surtout un problème d’agendas.

JOZIC: Qu’est ce que chaque artiste apporte à leurs projets respectifs ?

BLACKMAN: J’ai apprécié de bosser avec les deux et je pense qu’ils ont été fantastiques. On a demandé à Brian de créer pas mal de nouveaux personnages, ce fut réellement excitant de voir des personnages issus de brèves descriptions prendre corps dans ses dessins.

JOZIC: En lisant la sollicitation, il semble y avoir pas mal de Jedi en action dans votre histoire en quatre parties. Ce fut un plaisir pour vous Brian, ou vous préférez dessiner les Chasseurs de Primes et la racaille de l’Univers Star Wars ?

CHING: Avec les Episodes I et II sortis si récemment, les aventures des Jedi sont encore fraîches dans mon esprit. La fin de l’Episode II nous a amenés direct à la guerre des Clones donc on en a encore peu vu finalement.

Je m’estime veinard de pouvoir mettre ça en scène, et en quelque sorte boucher le trou entre l’Episode II et le III, mais j’espère un jour m’attaquer à un truc de la trilogie. Boba Fett serait génial.

JOZIC: La sollicitation disait également que ce pourrait être la dernière mission d’Obi-Wan, ce que nous savons tous être impossible en raison de sa présence dans “A New Hope”. Qu’est ce qui vous a poussé à écrire ce type d’histoire alors que la longévité du personnage est déjà gravée dans le marbre ?

BLACKMAN: Vous n’avez pas entendu les rumeurs disant que le Obi-Wan de la trilogie est un clone ?

JabiimL’histoire est surtout centrée sur Anakin, mais nous le plaçons dans une situation qui requiert que lui et le Conseil Jedi pensent qu’Obi-Wan est mort – ou du moins porté disparu. J’en ai fait mon parti pris et j’ai créé une histoire pour le #55 où tout laisse à penser qu’Obi-Wan a été tué. A partir de là, l’attention se focalise sur Anakin et ses nouveaux alliés, un groupe de Padawans également séparés de leurs maîtres, et nous découvrons comment Anakin se comporte lorsqu’il n’est pas dans l’ombre de son maître.
Evidemment, les lecteurs sauront qu’Obi-Wan ne va pas rester mort, mais je veux les voir revenir pour découvrir comment il a survécu.

JOZIC: Maintenant que j’y pense, Obi-Wan est mis hors jeu dans chaque mission. Vous avez un contentieux avec le vieux Ben ?

BLACKMAN: Obi-Wan se prend pas mal de coups dans la série, mais je pense que ça montre sa résilience. Dans les numéros #51-52, il est empoisonné par l’arme chimique mais il continue à se battre. Les Jedi se battent dans une guerre, et Obi-Wan est impliqué dans un paquet de missions dangereuses, ça serait étonnant qu’il s’en sorte sans blessure à un moment ou à un autre. Mais comparé aux autres Jedi de mes histoires, il s’en sort bien. Il n’est pas décapité ou poussé dans la lave.

JOZIC: Brian, que peuvent attendre les lecteurs de vous et Haden au cours des quatre numéros ?

CHING: Pas mal de destructions. Je n’ai jamais dessiné autant de choses qui explosent.

Mais plus sérieusement, Haden a assuré pour placer pas mal d’action pour les lecteurs. Il y a des choses dans la bataille de Jabiim que personne n’a jamais vues. Nous avons de nouveaux Jedi qui apparaissent et des véhicules issus du jeu vidéo Clone Wars. J’ai dû dessiner certaines versions antérieures de véhicules que l’on a vus dans la trilogie originale. Ca va être excellent !

JOZIC: Le premier numéro est encore loin de sortir. Jusqu’à quel point avez-vous avancé dans le travail ?

CHING: Je suis sur le second numéro en ce moment.

JOZIC: Et quel est le processus, du début à la fin, qui permet de créer une page, ou d’assembler un numéro de Republic du point de vue du dessinateur ?

CHING: Après avoir lu le script, je cherche en principe à identifier immédiatement les scènes qui seront les plus importantes, au moins visuellement. C’est important pour moi d’essayer de voir quelles cases vont devoir être mises en avant et pour quelles cases j’ai besoin de réunir des informations. De là je réalise un rapide découpage des séquences, m’assurant que c’est fait de manière légère afin de garder de la spontanéité sur la page. Après ça je transfère les séquences sur la page et ça me prend de 8 à 14 heures pour la dessiner. La partie la plus difficile est d’esquisser, mais la plus intensive est d’assurer les finitions.

JOZIC: Utilisez-vous des références extérieures à Star Wars pour travailler sur l’ambiance de cette galaxie en guerre ?

CHING: Un peu. Certains des uniformes que j’ai créés sont basés sur des uniformes américains de la Seconde Guerre Mondiale. Une partie de l’armement est aussi basée sur des armes réelles, ou du moins des morceaux. J’utilise toutes les références qui peuvent m’aider.

JOZIC: Vu que vous travaillez sur une période de Star Wars “non-définie”, de quelle manière Dark Horse et LFL vous guident-ils ?

CHING: Ils m’envoient un bon paquet de références. Certaines sont vraiment cool lorsque l’on sait que peu de personnes ont accès à ces images. Au-delà, ils me laissent faire en m’éclatant.

JOZIC: Une partie des références viennent déjà de l’Episode III, ou c’est surtout du matériel des autres films ?

SpeederCHING: Presque entièrement des trucs de l’Episode II. Je ne pense pas que beaucoup de choses soient déjà prêtes pour l’Episode III. Et si oui, je ne crois pas qu’ils souhaitent que beaucoup de monde les voit. Dans les choses que j’ai récupérées jusqu’ici, il y a pas mal de designs préliminaires de Durge, et même quelques ébauches de sculpture des jouets.

JOZIC: Haden, en raison de vos précédents postes de Content Supervisor et Project Researcher/Writer chez LucasArts, ainsi que de votre rôle actuel de producteur sur Star Wars Galaxies, pensez-vous avoir un avantage sur certains autres contributeurs des romans Star Wars ?

BLACKMAN: Possible. J’ai été plutôt pas mal immergé dans Star Wars au quotidien ces cinq dernières années.

JOZIC: Sur le site de Galaxies, vous parlez de tous les éléments qui font le succès d’une histoire Star Wars. Quelle part de cette philosophie mettez-vous dans votre travail sur les comic-books ?

BLACKMAN: L’intégralité. Je pense vraiment qu’il y a encore de nombreuses histoires à raconter sur Star Wars, mais nous devons trouver des moyens de diversifier les propos sans perdre la liaison avec les films. J’essaie de suivre cette voie sur Republic. Je préfère me concentrer sur les personnages des films, mais en les plaçant dans de toutes nouvelles situations par exemple.

JOZIC: Quelles sont vos idées pour de futures histoires de Republic ?

BLACKMAN: Un paquet de Jedi morts.

“The Battle of Jabiim” est la prochaine grosse histoire, qui couvrira une énorme bataille sans fin, sur une planète où il ne cesse jamais de pleuvoir des cordes. Nous introduisons un nouveau méchant et pas mal de nouveaux Jedi pour se battre aux côtés d’Obi-Wan et Anakin. L’histoire se concentre largement sur Anakin et ses interactions avec d’autres personnages qu’Obi-Wan. J’essaie également d’explorer différents types de Jedi; des personnages différents du stoïque « Jedi de Coruscant » que l’on voit dans les films. Au-delà de ça, j’espère éventuellement pouvoir poser les jalons nous amenant vers l’Episode III.

JOZIC: Y a-t-il une chance de revoir Nym à l’avenir ?

BLACKMAN: Si je peux trouver un moyen de l’inclure dans une histoire, c’est tout à fait possible, mais il faut vraiment qu’il y ait une bonne raison pour qu’il se montre. Il est vraiment fun à mettre en scène, et agréable visuellement, mais je ne vais pas le ramener juste parce que je pense qu’il est cool. Je ne sais pas s’il se montrera dans Republic, mais ça serait génial si je pouvais l’intégrer dans une des histoires à venir.

JOZIC: Brian, les titres sous licence ont tendance à devenir problématiques lorsque l’on s’attaque à la ressemblance des personnages. Recherchez-vous une ressemblance importante, ou pensez-vous qu’il y a une certaine liberté dans l’interprétation du personnage ?

CHING: Je fais de mon mieux pour capturer la bonne sensation, le bon feeling, au sujet des personnages. Je pense que rechercher une trop grande ressemblance avec les personnages peut être trop contraignant. Produire des dessins pleins d’énergie est vraiment la chose la plus importante pour moi. J’ai regardé ce qu’a fait Vatine sur “Heir to the Empire” et, bien que son Luke et son Han Solo ne ressemble pas exactement à Mark Hamill et Harrison Ford, vous savez très bien qui il dessine et son travail est si terrible que vous vous plongez dedans. C’est ce que j’essaie de faire et jusqu’ici Dark Horse et Lucas Licensing ont été parfaits.

JOZIC: Vous avez commencé par des couvertures d’Empire, puis une pour Republic, avant de passer au dessin régulier. Etait ce un tour de chauffe pour voir de quoi vous étiez capable ?

Empire 5CHING: Exactement. Ca m’a permis de me familiariser avec l’univers Star Wars. Je sors d’une période où j’ai dessiné pas mal de femmes pulpeuses pour Top Cow donc il y a quelques ajustements nécessaires. C’est dingue, je connais plutôt bien les films, je les ai vus un nombre incroyable de fois, mais pourtant dessiner ces trucs est tellement différent.

JOZIC: Ces couvertures étaient encrées par Batt, mais vous allez faire les dessins de Republic en solo, c’est ça ?

CHING: Non, je suis en train de travailler avec deux encreurs fabuleux. Victor Llamas sur deux numéros et Joe Weems sur les deux autres. Ils font vraiment partie des tout meilleurs dans les comics. Ils sont spécialisés dans le look "Image Comics" lancé par Scott Williams lorsque lui et Jim Lee ont rajeuni les X-men. Ca implique pas mal de travail à la plume et produit de très beaux résultats.

JOZIC: Pas mal de choses introduites en premier dans les comics-books ont fait leur chemin jusqu’aux standards Star Wars, comme l’Holocron Jedi ou le personnage d’Aayla Secura qui est même apparu dans l’Episode II. Comment imaginez-vous votre contribution au mythe Star Wars ?

CHING: Haden a créé un paquet de nouveaux Padawans que j’ai dû dessiner. Ca serait génial si l’un deux faisait son chemin jusque dans le prochain film.

JOZIC: Episode I et II en ont pris plein la tête parce qu’ils n’étaient pas “aussi bons” que la première trilogie. Que pensez-vous de nouveaux films, en bien ou en mal ?

CHING: Je pense que les gens se souviennent de leurs sensations lorsqu’ils étaient gosses et recherchent le même “choc”. Je pense aussi que la trilogie originale avait plusieurs personnages auxquels on pouvait s’identifier facilement, surtout Han Solo. Il n’y a pas de ça dans les préquelles et ça frustre pas mal de gens. Mais je les adore quand même. J’adore simplement toute la mythologie autour de Star Wars et visuellement, je crois qu’il y a peu de films qui leur sont comparables.

BLACKMAN: Je suis bien entendu un énorme fan de la trilogie originale et je ne crois pas que quoi que ce soit puisse un jour l’éclipser. Lorsque Star Wars est sorti, c’était unique. En raison de mon âge à l’époque, ça m’a fait une impression énorme. Ca aurait été injuste de ma part d’imaginer qu’un autre film puisse avoir le même impact, à cause de mon âge et du fait que l’environnement a complètement changé. Donc, j’ai vu les Episodes I et II avec une attitude un peu différente de celle des autres fans et je les ai appréciés tous les deux.

JOZIC: Quelles sont les plus grandes forces de la nouvelle trilogie ?

BLACKMAN: En tant qu’écrivain, j’apprécie la difficulté de décrire le background de ces personnages, spécialement Anakin. Comme fan, j’étais heureux de découvrir des choses comme la première rencontre d’Obi-Wan et Anakin, et d’en apprendre plus sur l’Ordre Jedi.

Spécifiquement sur mon travail avec la licence, j’étais extrêmement excité par les opportunités offertes par l’Episode II. Il a bien sur ouvert les portes de la Guerre des Clones, sujet que nous creusons dans les comics. Mais il a aussi sorti des tonnes de nouvelles technologies – des walkers et ce genre de trucs – et les scènes ou des douzaines de Jedi affrontent des droïdes de combat sont vraiment percutantes.

CHING: Je pense que visuellement, la nouvelle trilogie est un délice. Je ne parle pas seulement des effets spéciaux, bien qu’ils soient incroyables, mais du travail de rendu de l’éclairage qui est très spectaculaire. En fait, je dois regarder l’Attaque des Clones en DVD tous les dix jours à peu près. J’ai tendance à bosser en écoutant de la musique ou des DVD, mais quelque chose dans le look et l’esprit d’AOTC est esthétiquement plaisant.

J’adore surtout regarder la scène dans l’usine de droïdes, vers la fin. Les couleurs de cette scène sont étonnantes et je suis toujours épaté que les gars d’ILM aient eu à créer l’ensemble du décor. Il n’y a rien de vrai la-dedans, tout est fait par ordinateur ! Ca m’épate vraiment. Il y a tellement de couleurs à coordonner, les vêtements des personnages et tout le paysage, tout fonctionne parfaitement. Ces mecs connaissent vraiment leur boulot.

PersonnagesJOZIC: De tous les personnages de Star Wars sur lesquels vous n'avez pas encore travaillé, lequel vous fait le plus envie?

BLACKMAN: Lando et Chewie.

CHING: Luke Skywalker.

JOZIC: Qu’est ce qui vous attire chez ces personnages ?

BLACKMAN: Lando est vraiment attachant à cause du dilemme auquel il fait face dans “The Empire Strikes Back” – peut-être que j’ai vu plus de choses dans ce personnage que la plupart des gens, mais je l’ai toujours vu comme un ancien parieur égoïste forcé de faire un choix entre la vie de ses amis et celle des milliers de personnes qui lui font confiance en tant que chef. En tant que spectateurs qui sommes attachés à Han et qui nous rendons compte que Vader est un méchant à qui on ne peut pas faire confiance, nous considérons qu’il a fait le « mauvais » choix, mais il obtient sa rédemption plus tard.

Par contraste avec Lando, Chewbacca est un personnage génial à cause de sa loyauté sans faille envers Han. Une histoire explorant les relations entre Chewie et Lando, probablement dans les moments séparant « Empire » du « Retour » serait très intéressante.

CHING: Mes meilleurs souvenirs de tous les films, ce sont les scènes de Luke dans “Return of the Jedi”. Je pense que ça a à voir avec sa transformation d’un gamin naïf et impulsif dans les deux premiers films, en un Chevalier Jedi dont les mots et les mouvements sont toujours calculés et précis. C’est vraiment trop cool selon moi – et bien sur qui n’adore pas l’uniforme noir. Ca le rapproche de Vader et laisse les spectateurs en suspens quant à son sort. Va-t-il sombrer dans le Côté Obscur ou résistera-t-il ? C’est une dynamique tellement cool pour l’histoire du film et je pense que ça fait partie de la séduction du personnage.

Je sais, je suis très fanboy.

JOZIC: Quel est votre premier souvenir Star Wars ?

BLACKMAN: Le Jawa qui apparait soudain et tire sur R2 dans le premier Star Wars. Ca m'a fichu une frousse incroyable.

CHING: Han qui tire le premier.

JOZIC: Le fait que Han tire le premier est un point essentiel pour pas mal de fans. Pourquoi y êtes-vous attaché ?

CHING: C’est un de ces cas où le héros, ou un des héros, du film n’est pas obligé d’être un boy-scout. On fait toujours référence à lui comme un vaurien ou un pirate dans le dialogue, alors il doit se comporter comme tel.

JOZIC: Selon vous, quelle est le meilleure passage dans Star Wars, films et univers étendu confondus ?

CHING: Mon préféré c’est quand Luke règle leur compte à tous les hommes de main de Jabba sur la barge, dans “Return of the Jedi”. C’était la première fois que l’on voyait un Jedi vraiment en action.

CarboniteBLACKMAN: L’intégralité de la séquence dans la chambre de congélation à la carbonite de “The Empire Strikes Back”. La scène est tellement tendue, et même si les personnages sont nombreux, il y a un petit peu de développement pour chacun d’eux. Les dialogues sont fantastiques, et voir Chewie devenir dingue et commencer à démolir les Stormtroopers est une pure satisfaction de fan. Il y a une tonne de petites subtilités – Vader faisant signe à Boba de baisser son flingue lorsqu’il s’apprête à tirer sur Chewie par exemple – et le "I love you", "I know" qui est sans doute l’échange le plus fort de toute la trilogie.

JOZIC: Pour finir, Brian, vu que vous êtes un peu le petit dernier de la famille DHC, y a-t-il d’autres auteurs Star Wars avec lesquels vous souhaiteriez collaborer ?

CHING: Je ne sais pas trop. Vous savez, je n’ai pas encore travaillé sur beaucoup de numéros et je préfèrerais prendre mes marques sur la série avant de commencer à travailler avec quelqu’un de nouveau. Peut-être pour prouver que je mérite de travailler avec les grands noms, qui sait ? De plus, je passe aussi du bon temps avec Haden en ce moment, et je pense que l’on a vraiment l’opportunité de créer quelque chose de mémorable. En espérant que les gens vont apprécier notre boulot dans les années à venir.

Du moins tel est mon souhait.
Parution : 19/12/2004
Source : www.silverbulletcomicbooks.com
Validé par : Booster
Section : Littérature > Comics
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