1967… une année qui fera date dans l’histoire de la BD.

En effet, c’est à cette époque que les maintenant célèbres Jean-Claude Mézières et Pierre Christin publient dans le magazine “Pilote” la première aventure de Valérian, agent spatio-temporel, intitulée « Les Mauvais rêves », qui reçoit aussitôt un accueil favorable du lectorat de la BD. En 1970 sort le premier album, « La Cité des eaux mouvantes ». Les Mauvais Rêves devra quant à lui attendre les années 90 pour connaître une édition hors presse.

Une vingtaine d’autres aventures suivront, suscitant un engouement international pour l’agent spatio-temporel et sa compagne Laureline. Le dessin quelque peu naïf des débuts (comme il était de mise dans les années 70) a rapidement évolué vers des décors de science-fiction splendides et intègre aujourd’hui judicieusement des images conçues avec l’outil informatique. « Les Cercles du Pouvoir », paru en 1996, fut une véritable révolution du style de Mézières. A ce jour, peu d’autres productions françaises ont réussi à s’imposer aux Etats-Unis.

Il est évident – que l’on soit fan ou non - que George Lucas s’est inspiré de Valérian et Laureline pour créer sa Guerre des Etoiles. Un exemple flagrant est “L’Ambassadeur des ombres”, publié en 1975. Autre similitude troublante : la station Point Central, sorte d’ « ONU galactique » (pour reprendre les termes de Pierre Christin) a probablement inspiré son nom à la station Centerpoint de la Trilogie Corellienne… Roger McBride Allen lirait-il aussi Valérian ? De plus, le bikini doré de la princesse Léia dans le Retour du Jedi a également habillé – quelques années plus tôt – la belle Laureline… Sans parler des Shingouz, marchands intersidéraux peu scrupuleux dont le design est sûrement à l’origine de celui de Watto.

Ces points communs sautent aux yeux, surtout lorsqu’on sait que “La Guerre des Etoiles” est sorti au cinéma en 1977 : les deux auteurs Français en étaient déjà à leur dixième album ! “Pendant la projection de Star Wars, j'ai beaucoup pensé à moi !, déclare Mézières. En toute modestie, mais c'est vrai : M. Lucas, qui passe pour un grand amateur de bandes dessinées, a dû lire les Valérian (…) Il ne m'a jamais écrit, ni téléphoné. Visiblement, il n'avait pas besoin de moi. Son chef-opérateur m'a confirmé que Valérian est en très bonne place dans sa bibliothèque”, déclarait le dessinateur il y a quelques années.

Valérian n’est sûrement pas le seul dans ce cas : les albums de Moebius aussi (Lucas a fait appel à lui pour Willow), avec la planète Kamino qui n’est pas sans rappeler des lieux-clés de L’Incal, ainsi que les Flash Gordon de Alex Raymond.

Toute la collection Valérian, classique de la BD de SF, se doit de figurer dans l’étagère de tout bédéphile qui se respecte, mais parmi les meilleurs albums, on peut citer « Métro Châtelet Direction Cassiopée » (1980) et sa suite « Brooklyn Station Terminus Cosmos » (1981), « Les spectres d'Inverloch » (1984) et sa suite « Les foudres d'Hypsis (1985). »

« Par des temps incertains » (2001) est le dernier épisode en date et clôt provisoirement cette série de 18 chefs d’œuvre… qui de l’aveu même de Pierre Christin se verra bientôt enrichie d’un dix-neuvième épisode !

Mais George Lucas est-il le seul à avoir « emprunté » des idées à Christin et Mézières ? Non, apparemment les deux compères auraient été plagiés par Roland Emmerich et son Independance Day… en effet la soucoupe volante des héros rappelle étrangement le vaisseau de Valérian…

Il faut également dire que Mézières est le maître de Bollée, dessinateur de la BD ApocalypseMania… qui restera – on l’espère - elle aussi dans l’anthologie de la BD de SF ?