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Rogue One : A Star Wars Symphony
 
[Critique] La critique de Jagen Eripsa
14/12/2016
Note : cette critique ne révèle rien de plus sur l'histoire que les informations officielles. 

Un film Star Wars, ce n’est pas rien. Ça porte des espoirs, des attentes, suscite des envies, des critiques, des rejets. Alors le premier film Star Wars non numéroté, réalisé par un jeune réalisateur ayant à peine fait ses preuves dans le monde des blockbusters et mettant en scène presqu’exclusivement des personnages inédits à l’écran ? Autant dire que Rogue One était attendu au tournant.

Et Gareth Edwards a relevé le pari. Magistralement même, en mêlant force et finesse, sens épique et moments émouvants. En mêlant références subtiles à l’univers, inspirations historiques et souffle héroïque. Et sans grandiloquence ni manichéisme.

I. L’aspect visuel

Le Réveil de la Force voulait marquer le retour de la saga Star Wars à un style moins « propre », moins « numérique », à l’opposé de ce qui avait été (souvent injustement) l’une des principales critiques contre la prélogie. Rogue One poursuit sur cette lancée à travers une multitude de détails ajoutant du « réel ». L’effet est appréciable et renforce l’immersion dans le film.

Au-delà de ces détails, Edwards réussit là où Abrams avait échoué l’an dernier : ses mondes apportent une touche bienvenue d’exotisme. On reste bien loin des bulbes floraux de Félucia, mais on sent bien qu’il n’y a pas grand-chose de terrestre. On voit aussi qu’il s’agit de nouvelles planètes, bien différenciées des anciennes. Et certains plans larges des paysages sont absolument superbes. La dernière partie du film n'est pas sans rappeler fortement certains passages de Rogue Squadron III - Rebel Strike. Coïncidence ? Inspiration ?

Rogue One bat également Le Réveil de la Force sur un point où largement en défaveur du film d’Abrams : l’innovation. Nouveaux vaisseaux réussis, nouvelles armes, nouveaux uniformes : l’équipe d’Edwards parvient à mêler références à la trilogie, à la prélogie et même à la postlogie… Espérons de Rian Johnson, réalisateur de l’Épisode VIII, saura nous livrer une copie aussi impeccable visuellement parlant.

Les effets numériques – et notamment ceux qui concernent les personnages – m’ont semblé de qualité. J’ai pu lire par endroits que certains les trouvaient trop visibles, mais personnellement cela ne m’a pas choqué.

Rogue One : A Star Wars Symphony

II. L’aspect audio

Le son a toujours été un aspect bien maîtrisé dans la saga, et Rogue One ne fait pas exception. Les bruitages accompagnant les explosions, les vaisseaux ou les tirs s’intègrent parfaitement dans le film.

On pouvait toutefois éprouver des craintes sur un point bien précis : la musique. Le départ surprise d’Alexandre Desplat au mois de septembre laissait craindre le pire, même si son remplaçant était déjà aguerri par son travail de qualité sur d’autres sagas. Et Michael Giacchino a assuré : sa partition est plus qu’honorable et largement au-dessus de la moyenne des blockbusters actuels. Elle s’intègre parfaitement à l’univers en reprenant quelques notes des thèmes de la saga, et d’autres qui rappellent les travaux antérieurs de Giacchino (Notamment le magnifique thème de la station Yorktown de Star Trek Beyond) ou celles de ses collègues ayant déjà travaillé sur les jeux vidéos Star Wars. Le niveau magistral des grandes heures de John Williams n’est pas atteint, mais, après tout, comment passer derrière l’inventeur de la Marche Impériale, sans doute le thème de film le plus iconique jamais créé ?

III. Le scénario

Rogue One ne s’attarde pas vraiment sur ses personnages. En un sens, c’est dommage car ils ne manquent pas d’intérêt (et seront sûrement exploités dans le nouvel Univers Étendu). Mais les raisons en sont simples : c’est un film de guerre, sur un fait de guerre où les hommes sont moins importants que les enjeux. Oui, comme j’ai pu le lire par endroits, Star Wars n’a jamais aussi bien porté son nom.  

Le scénario du film se découpe en deux axes, l’un centré sur l’arme en elle-même et l’autre autour de ceux qui l’affrontent.

I am become death, the destroyer of worlds.

Je suis devenu la mort, le destructeur de mondes.

- Robert J. Oppenheimer

La création de l’Étoile de la Mort est évoquée mais n’occupe finalement pas une place centrale dans le film. Quelques détails sonneront familiers aux oreilles des puristes de la saga, qui apprécieront sans doute les relations entre les officiers impériaux, tellement typiques de l’univers Star Wars. Un point crucial des films, qui interroge depuis 1977, est aussi résolu. Et cette explication redonne du crédit, de la crédibilité à Un Nouvel Espoir, renforçant le rôle de préquel de Rogue One – un rôle que le film remplit parfaitement.

L’Empire dans son ensemble est très bien exposé d’un bout à l’autre du film. Edwards s’est inspiré de la Seconde Guerre Mondiale, référence de Lucas lorsqu’il a créé les maléfiques antagonistes de sa première trilogie. L’an dernier, Le Réveil de la Force avait déjà marqué un retour vers ces inspirations, offrant ainsi des tableaux à la fois splendides et ridiculement grandiloquents. Ici, c’est plus subtil, plus touchant aussi. Les références historiques impériales ne sont pas qu’issues de l’Allemagne Nazie ; les États-Unis sont aussi critiqués. Ce qui n’est pas forcément ce qu’on attendait de la part d’un film produit par Disney.

I have nothing to offer but blood, toil, tears and sweat.

Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur.

- Winston Churchill

De nombreuses autres citations de Churchill auraient pu convenir pour introduire la Rébellion que l’on nous présente ici. La Rébellion idéalisée de la trilogie originelle a vécu ; place à celle, bien moins lumineuse, que Rogue One introduit. Désespoir, exécutions, assassinats même : les scénaristes ne nous épargnent rien.

On est également loin de la Rébellion très optimiste que l'on découvrait dans la trilogie, celle de la princesse Leia. Le découragement est présent. Dans la conduite comme dans les actes, les Rebelles ne sont vraiment valorisés que dans la dernière partie du film.

Un acte final qui offre par ailleurs de magnifiques morceaux de bravoure, qui m’ont fait frissonner comme je ne l’avais plus fait devant un Star Wars depuis 2005.

 

Rogue One : A Star Wars Symphony

Bilan : un essai réussi

Rogue One était attendu. Les pires rumeurs ont circulé autour de ce film. On l’a dit raté, tourné à la hâte, on a craint le pire concernant la musique, le scénario, l’ambiance. On a dit pis que pendre de Disney et de cette obsession « bisounours » qu’on lui prête. Au final ? Un résultat plus qu’honorable, qui à mon avis n’est pas seulement un bon Star Wars : c’est un bon film, tout simplement, qui moyennant quelques petits ajustements aurait parfaitement pu être transposé dans notre univers.

C’est à mon avis la première véritable victoire du Lucasfilm by Disney. Le Réveil de la Force avait un rôle difficile : relancer l’intérêt pour la saga, offrir une suite trente-deux ans après la trilogie originale mythifiée par la culture geek, et y inviter de nouveaux publics qui n’étaient pas encore familiers de la saga. Le premier film de la nouvelle ère a été encensé ou critiqué ; mais, faisant partie d’une trilogie, on ne pourra véritablement juger de sa valeur qu’en décembre 2019, quand sortira l’Épisode IX. Rogue One n’aura pas de suite directe (ou plutôt il en a déjà une, depuis quarante ans). On peut le juger sur pied. L’apprécier, le critiquer. Et, pour ma part, espérer qu’il aura des héritiers spirituels. 

Jagen Eripsa.

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Parution : 14/12/2016
Source : SWU
Validé par : Jagen Eripsa
Type : Critique